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10 MARS 2017
FLORENCE PIRON, UNIVERSITÉ LAVAL
FLORENCE.PIRON@COM.ULAVAL.CA
Cette œuvre est mise à disposition selon les termes de la licence
creative commons attribution 4.0 canada
Concevoir et rédiger un projet de
recherche dans une perspective de
justice cognitive et de science
ouverte
Séminaire intensif, INUFOCAD
Port-au-Prince
QU’EST-CE QUE LA
SCIENCE? DÉBAT
Vos définitions
À quoi sert-elle?
Qui décide de ce qu’elle fait et devient?
Où la trouve-t-on?
Qui décide si c’est ou non de la science?
Y a-t-il des savoirs qui ne sont pas de la science?
SCIENCE ET SAVOIRS
• Savoirs = un ensemble d’idées, de souvenirs et d’expériences relatifs
à un phénomène, gardé secrètement par un individu ou partagé par
une communauté, formulé explicitement ou de nature pratique et
tacite
• La vie = lieu de création incessante de création et de transmission de
savoirs
• La science = des textes, des articles, des références, un patrimoine
de textes et d’idées exprimant et diffusant des savoirs particuliers,
dits connaissances scientifiques
• La recherche scientifique = le processus de production de
connaissances scientifiques
• L’université = lieu de formation, mais aussi lieu de la recherche
scientifique
• Connaissance (au singulier) = souvent un synonyme de « science » -
et ce n’est pas un hasard
• Information scientifique et technique : ce ne sont pas des documents
officiels ou des rapports de grandes institutions : ce sont des travaux
faits dans les universités et les centres de recherche qui réfléchissent,
entre autres, sur ces documents officiels et institutionnels, qui les
contextualisent et les confrontent à d’autres textes et documents.
POST-DÉVELOPPEMENT
• L’approche critique du développement (Escobar 2007) rejette l’idée que
les pays des Suds seraient en retard par rapport à une norme
prétendument idéale et inéluctable incarnée par l’histoire des pays du
Nord.
• Au lieu de la voir comme le signe d’un retard des pays des Suds par
rapport à une norme prétendument universelle incarnée par le Nord, elle
en fait le signe de la difficulté de certains pays ou communautés des
Suds à se développer selon leurs propres priorités, normes et valeurs,
dans leur langue et de manière respectueuse de leur milieu de vie.
• Cet autre type de « développement », qu’on peut appeler le
développement local ou communautaire, a l’immense intérêt d’inclure
comme allant de soi la nécessité de développer le pouvoir d’agir (ou
empowerment) des populations dans leur territoire ou milieu de
vie.
DÉVELOPPEMENT LOCAL
• D’un point de vue postcolonial, la fracture entre le Nord et les
Suds est interprétée comme une injustice intolérable qui
distingue les pays qui ont pu évoluer selon leurs valeurs et leurs
priorités locales (en les faisant passer pour universelles) et ceux
qui n’y réussissent pas, en grande partie en raison de
l’hégémonie perdurante des priorités des premiers et de leur
capacité d’y assujettir les ressources mondiales, au Nord ou
dans les Suds.
• Revaloriser le local, c’est prendre position pour le droit à la
souveraineté des peuples qui ont vécu l’assujettissement
colonial et pour le respect mutuel des diverses formes de
développement « local » imaginées pour elles-mê mes
par les sociétés, les régions et les villes du monde, au
Nord comme dans les Suds.
ÉCOLE ET DÉVELOPPEMENT
• C’est aussi prendre position pour le droit des systèmes d’éducation et
d’enseignement universitaire de chaque pays ou région du monde à
imaginer et expérimenter des actions variées visant à renforcer les
capacités de leurs habitants et habitantes à contribuer à la
conception et à la mise en place de ces formes locales de
développement.
• Ne plus considérer l’école ou l’université comme des outils
d’uniformisation des esprits par la formation à des savoirs dits universels,
bien qu’ils soient issus du Nord la plupart du temps.
• Les considérer comme des lieux de développement des savoirs
locaux, de l’intelligence locale, de l’imagination collective au service du
local.
• La mise en commun des savoirs locaux est une manière de redéfinir un
universel inclusif, aspirant à la justice cognitive.
LES UNIVERSITÉS POST-COLONIALES
Eric Fredua-Kwarteng (2015) explique ainsi le fossé entre les universités africaines et les
enjeux de développement local:
• « Depuis des décennies, les universités africaines, notamment publiques, ont joué un
rô le important dans le développement des ressources humaines pour les bureaucraties
étatiques, les ministères, les services, les agences, le secteur de l’éducation et les
professionnels comme les avocats, les banquiers, les juges, les ingénieurs, les médecins,
les comptables et les gestionnaires.
• Néanmoins, ces mê mes universités n’ont quasiment pas réussi à produire des personnes
capables de résoudre les problèmes de développement qui accablent le continent. En fait,
les diplômés ont eu tendance à maintenir le statu quo plutô t qu’à transformer les
organisations étatiques qui les emploient. Ils sont imbus de leur mérite, d’un sentiment
colonial de ce qui leur est dû , ils n’ont pas de compétences tournées vers la résolution
de problèmes et ont un faible niveau de productivité au travail ».
• En d’autres mots, les universités africaines post-coloniales sont considérées par les
gouvernements africains comme une machinerie destinée à produire et reproduire l’élite
du pays et son ordre social et non comme des lieux où de nouvelles idées et de nouveaux
savoirs peuvent ê tre créés pour aider à résoudre les problèmes les plus urgents des
populations.
FRANTZ FANON, CONCLUSION DE
LES DAMNÉS DE LA TERRE
Allons, camarades, le jeu européen est définitivement terminé, il faut trouver autre
chose. Nous pouvons tout faire aujourd’hui à condition de ne pas singer l’Europe, à
condition de ne pas être obsédés par le désir de rattraper l’Europe. […]
Nous n’avons plus à la craindre, cessons donc de l’envier. Le tiers monde est
aujourd’hui en face de l’Europe comme une masse colossale dont le projet doit être
d’essayer de résoudre les problèmes auxquels cette Europe n’a pas su apporter de
solutions. […]
Donc, camarades, ne payons pas de tribut à l’Europe en créant des États, des
institutions et des sociétés qui s’en inspirent, L’humanité attend autre chose de nous
que cette imitation caricaturale et dans l’ensemble obscène.
Si nous voulons transformer l’Afrique en une nouvelle Europe, l’Amérique en une
nouvelle Europe, alors confions à des Européens les destinées de nos pays. Ils
sauront mieux faire que les mieux doués d’entre nous.
Mais si nous voulons que l’humanité avance d’un cran, si nous voulons la porter à un
niveau différent de celui où l’Europe l’a manifestée, alors il faut inventer, il faut
découvrir. […] Pour l’Europe, pour nous-mêmes et pour l’humanité, camarades, il faut
faire peau neuve, développer une pensée neuve, tenter de mettre sur pied un homme
neuf.
 Faire peau neuve avec la recherche et l’université pour faire avancer
l’humanité d’un cran
 Décoloniser l’université
 Nécessaire dans les pays du Nord où la science est complètement en
crise
RÉINVENTER L’UNIVERSITÉ
ET L’ÉCOLE
L’école et l’université : des outils de développement local
durable, de renforcement des savoirs locaux et appropriés
au contexte
 Quel rôle pour la recherche scientifique?
 Quel type de formation offrir à la licence et au master?
 Quel modèle de savoir faut-il privilégier?
Créer des savoirs ancrés dans les questions de
développement local, dans les contextes d’utilisation,
accessibles aux populations, cognitivement acceptables,
pertinents, utilisables, etc.
Pas du tout le modèle scientifique offert par la science…
imaginée dans les pays du Nord et pour ses besoins! (on le
verra demain)
UNE VISION DE LA SCIENCE
• La science ouverte juste est une nouvelle façon
de construire et de diffuser le savoir
scientifique.
• C'est une science qui s'ouvre aux savoirs non
scientifiques (traditionnels, locaux, politiques,
quotidiens, etc.) au lieu de les mépriser ou de
les ignorer.
• C'est une science qui s'ouvre à la contribution
des non-scientifiques à la recherche, que ce
soit dans la collecte des données ou la
définition du projet de recherche : ce qu’on
appelle aussi la science citoyenne.
SCIENCE AU SERVICE DU BIEN
COMMUN
• C'est une science qui donne universellement
accès à ses textes et à ses données de recherche,
dans tous les pays du monde et sans barrière
financière, et qui favorise leur réutilisation au
service du bien commun.
• C'est une science qui rejette la tour d'ivoire et la
séparation entre les scientifiques et le reste de la
population du pays.
• C'est une science qui vise le respect de tous les
savoirs humains, qu'ils viennent des pays du Sud
ou des pays du Nord.
RAPPROCHER LA SCIENCE ET L’UNIVERSITÉ DE LA
SOCIÉTÉ ET DE SES PRÉOCCUPATIONS
 Il existe de nombreux lieux ou dispositifs qui permettent de
faire un rapprochement essentiel entre les universitaires et
les populations.
 Dans les pays du Nord, l’arrivée récente du concept de «
responsabilité sociale des universités » est en train de
donner plus de légitimité à cette aspiration et d’amener les
universités à changer tranquillement leurs habitudes pour
s’ouvrir davantage à leur « troisième mission » de service à
la communauté, tentant de réduire le fossé entre elles et
leur région.
 Au cœur de toutes ces propositions se trouve un
mouvement général d’ouverture de l’université, en tant
qu’institution où se fabrique la science, vers la société
civile, les organisations publiques, le monde de l’entreprise
(économie du savoir) et mê me les citoyens individuels,
dans un effort pour en finir avec le syndrome de la tour
d’ivoire.
LA SCIENCE CITOYENNE ET PARTICIPATIVE
1.La « science citoyenne »: la recherche s’ouvre à
la participation de non-scientifiques pour améliorer
les connaissances produites sur différents sujets,
notamment en biologie, en astronomie, en
génomique, en botanique.
2.La « science participative » ou « coopérative » :
Une recherche dont le design inclut les personnes
qui sont l’objet du savoir produit ou qui sont
touchées par le phénomène étudié et dont on
assume l’intelligence, la capacité de comprendre et
de produire de la connaissance.
LES BOUTIQUES DES SCIENCES
• Une « boutique des sciences » (science shop) est un dispositif
permanent, en général intégré à la structure d’une université,
qui permet à cette dernière de se rapprocher de la population
de la région qu’elle dessert en faisant travailler ensemble non
seulement des organismes de la société civile environnante et
des scientifiques, mais aussi des étudiants et étudiantes, c’est-
à-dire des futurs citoyens et citoyennes de la région.
• Des étudiants et étudiantes à réaliser gratuitement, dans le
cadre de leur formation, de leur programme d’études, des
projets de recherche ou des projets pratiques en réponse à
des besoins exprimés par des associations de la région
desservie par l’université.
IMPACT D’UNE BOUTIQUE DES SCIENCES
• mettre les compétences et connaissances disponibles dans une université au
service des projets et des besoins des organisations de la société civile qui
n’ont pas d’autres ressources
• en finir avec le syndrome de la tour d’ivoire et l’existence d’un mur
symbolique entre une université tournée vers « l’universel » et les enjeux
« locaux » d’une région ou d’une société.
• mettre en valeur une pédagogie axée sur l’action et la collaboration « hors les
murs », en valorisant la capacité des étudiants et étudiantes à réaliser des
projets concrets au service de la communauté, ce qui contribue à leur
formation citoyenne
• Empowerment des associations locales et valorisation de leur action et de
leurs savoirs
• Intégration des savoirs des non-scientifiques dans la production de
connaissances locales
LE CONCEPT EN HAÏTI ET EN AFRIQUE?
- l’enseignement magistral y est la norme
- la pédagogie par projets est quasiment inexistante et les
enseignants n’y sont pas formés/habitués
- Le travail d’équipe est rare
- les ressources des organisations du milieu associatif sont
très réduites
- l’idée qu’une université puisse les aider parait très étrange…
Nécessité d’un changement de culture! Mais la pratique et
l’urgence des besoins peuvent entraîner ce changement très
vite.
L’expérience du réseau international des boutiques des
sciences peut être très utile.
ADAPTER LE CONCEPT?
• Sortir des murs de l’université, délocaliser la boutique
• Utiliser les langues locales
• Faire des interventions fréquentes et de l’observation dans les
associations pour recueillir les besoins et proposer des projets
• Transformer les régimes pédagogiques des universités en
valorisant les compétences professionnalisantes, le travail de
terrain, le souci du développement local durable, le service du
bien commun
• Former les enseignants à la pédagogie par projets et au travail
collaboratif
• Créer des cours pour la boutique des sciences
• Ajouter d’autres dimensions à la boutique : tiers-lieu de
fabrication numérique, formation méthodologique et gestion
de projet, formation au numérique, à la demande de
subvention, à la recherche d’emploi, etc.
TRAVAIL COLLABORATIF
Penser, travailler ensemble : pourquoi?
• À plusieurs, on pense mieux, on a plus d’idées, on voit les
choses sous plusieurs angles, on se complète
• Apprendre à faire des compromis avec autrui dans la
réflexion et l’action est un apprentissage citoyen essentiel,
mais aussi une compétence professionnelle
• Le co-working
• Le travail en équipe est croissant : il faut s’y former, ça
ne vient pas naturellement
• Apprendre à accepter la critique, apprendre à écouter
les autres, apprendre à critiquer de manière
respectueuse et constructive
• Partager un objectif commun et y consacrer des
ressources et compétences variées
GOOGLE DOC
• Une plateforme d’écriture collaborative
• Évite les envois et versions multiples
• On peut commenter, suggérer, discuter, construire un texte
ensemble
Votre devoir : un apprentissage de cette manière de
travailler
Quand ce travail est terminé, allez dans la section
« Partagés avec moi » de votre Google drive et allez lire
les Google doc de vos collègues d’équipe.
Faites des corrections en mode « suggestion » et des
commentaires pour aider votre collègue à affiner sa
pensée.
Revenir ensuite sur votre texte pour lire les commentaires
reçus.
RECHERCHE DOCUMENTAIRE
Une autre compétence essentielle qui libère
• Ne plus dépendre des experts arrogants, de leur
disponibilité et de leur bon vouloir…
• Le web (Wikipédia) = un immense réservoir de savoirs
Comment y circuler, comment trouver l’information qu’il nous
faut? Cette information est-elle toujours librement accessible?
Condition : Accès au web...
• Exercice : comment trouver la version web du libre Justice
cognitive?
Un outil : Le Guide de la recherche documentaire dans le web
scientifique libre
http://www.projetsoha.org/?page_id=1040
ENJEUX
ÉPISTÉMOLOGIQUES
DE LA SCIENCE
OUVERTE
QUELLE EST LA DIFFÉRENCE
ENTRE LA VÉRITÉ ET LA RÉALITÉ?
Vos réponses
QUELLE EST LA DIFFÉRENCE
ENTRE LA VÉRITÉ ET LA RÉALITÉ?
Un enjeu épistémologique fondamental : La vérité est
souvent présentée comme un idéal de correspondance
exacte entre les mots (langage) et les choses (le réel, la
réalité) : est-ce possible?
• Oui pour les « positivistes » : la vérité émerge si on fait
de la recherche dans le cadre normatif dominant de la
science actuelle, qui en garantit la scientificité, mais qui
exige l’objectivité et la neutralité
• Non pour les « constructivistes » (notre position) : la
science propose des modèles, des représentations de la
réalité, qui sont toujours construits dans la culture, dans
le langage et qui changent au fil du temps
THÉORIE POSITIVISTE
La vérité est la correspondance exacte entre les mots
(langage) et les choses (le réel, la réalité)
• ambition scientifique classique: trouver un langage qui décrirait le
monde tel qu’il est « en lui-même », hors de tout point de vue ancré
dans une culture, dans l’histoire.
• Il y a une vérité qu’on peut « découvrir » à l’aide de la méthode
scientifique.
• Elle seule permet d’avoir accès à la vérité, car elle ne souffre d’aucun
biais. Son langage doit être « épuré » de tout ce qui est local et culturel.
• Elle est neutre.
MODÈLE DOMINANT
THÉORIE CONSTRUCTIVISTE
La correspondance exacte entre les mots (langage) et
les choses (le réel, la réalité) est impossible : le
langage scientifique reste un langage issu de la
culture.
• Les textes scientifiques (énoncés, démonstrations, etc.), même s’ils
prétendent décrire la vérité font toujours partie des médiations du
langage et de la culture: ils restent une production humaine ancrée
dans l’histoire et l’espace.
• Ce sont des énoncés qui obéissent à des conventions et à une
rhétorique, au même titre que des vers de poésie ou des paragraphes
de romans. Ils font partie de la « construction sociale de la réalité ».
• Un fait scientifique est un artefact (fabriqué par l’humain) pour rendre
compte de manière très précise d’un aspect de la réalité qui intéresse
son auteur (le chercheur ou la chercheuse), tout comme n’importe quel
savoir.
PAS DE DIFFÉRENCE DE NATURE ENTRE
LES SAVOIRS SCIENTIFIQUES ET LES
AUTRES
La science est un savoir humain parmi bien d’autres.
Les autres savoirs sont les savoirs « locaux » (vernaculaires,
profanes, traditionnels, expérientiels, etc.)
- Savoirs issus de la tradition : patrimoine immatériel
- Savoirs issus des pratiques « incorporées » : savoir-faire,
savoir-être (Art, artisanat, parental, etc.)
- Savoirs issus de l’expérience vécue (expérientiels) : savoirs
politiques, savoirs environnementaux, savoirs de la pauvreté,
de la pollution, de la catastrophe, etc.
Dans tous ces savoirs, il peut y avoir de la rigueur, de
l’observation, de l’analyse, de la synthèse, etc.
Mais l’autorité de la science repose sur son statut social
de vérité, de référence, qui lui assure des ressources énormes
et un prestige social très élevé pour ses détenteurs, les
scientifiques.
LA SPÉCIFICITÉ DU SAVOIR
SCIENTIFIQUE (POUR LES
CONSTRUCTIVISTES)
• La science est une énorme quantité de connaissances mises en
commun qui peuvent entrer en dialogue les unes avec les autres pour
s’appuyer sur les acquis et aller plus loin (Les épaules des géants) : LA
SCIENCE EST UN PATRIMOINE COGNITIF QUE SE TRANSMETTENT DES
GÉNÉRATIONS DE CHERCHEURS DANS LES UNIVERSITÉS
 La revue de littérature ou recension des écrits est un passage
obligé, nécessitant l’accès aux savoirs antérieurs, d’où la nécessit
de la publication scientifique
• Les savoirs scientifiques sont écrits et publiés et peuvent ainsi être
cités, utilisés, critiqués, débattus, rejetés sans contrainte de lieu ou de
temps
• Ce sont des savoirs réflexifs, qui exposent les conditions de leur
fabrication : la méthodologie
 La construction de la méthodologie est un autre passage obligé de
la fabrication d’un savoir scientifique
UN FOSSÉ ABYSSAL ORIGINEL
(POUR LES POSITIVISTES)
Pour les positivistes, la science se définit au contraire par
sa différence de nature avec les savoirs locaux : elle
est universelle et produit des vérités universelles ou
éternelles.
Il y a un fossé abyssal entre les « sachants » (les
scientifiques, qui accèdent à ces vérités) et les « non-
sachants », les non-scientifiques, les ignorants, les
citoyens ordinaires.
 Les premiers ont travaillé dur pour entrer dans la
lumière de la connaissance, alors que les autres en
restent à leur savoir spontané et subjectif, prisonniers
des ombres de la caverne.
 Caractère structurellement élitiste de la science
Ce fossé peut devenir un mur absurde…
LE SAVOIR SCIENTIFIQUE EST SOCIAL
C’est un savoir produit par une institution sociale : le champ scientifique.
 Un savoir produit par des scientifiques, selon une méthode scientifique,
dans des institutions scientifiques, publié dans des revues scientifiques,
selon des conventions d’écriture scientifique, pour un public de
scientifiques (et autres) qui présente les traces du processus de
recherche mené par les scientifiques
 Ce savoir scientifique n’existe que dans des formes concrètes qui sont
toujours situées : un article dans une revue, un chapitre d’un livre, une
conférence, un cours, etc.: les PUBLICATIONS SCIENTIFIQUES
 Il est orienté par un cadre normatif et des critères de scientificité qui
départagent la (bonne) science de la moins bonne.
 Il est intrinsèquement lié à un métier, celui de chercheur, qui s’est
professionnalisé depuis 1945. La carrière professionnelle des
chercheurs est devenue une valeur majeure du champ scientifique, au
détriment du bien commun.
 Ce champ est l’objet de contestations et de remises en question,
notamment par le mouvement de la science ouverte.
LE CADRE NORMATIF DOMINANT DE
LA SCIENCE ACTUELLE
Pour être reconnue comme scientifique, une
recherche doit obéir à ces critères de scientificité
• Viser une dimension universelle : un savoir valide
partout et en tous temps
• Canon d’écriture scientifique (revue de littérature,
question de recherche, résultats, interprétation)
• Publication sous forme d’article évalué par les pairs en
double aveugle dans une revue scientifique cotée, avec
un bon facteur d’impact selon le Web of science : en
anglais
• Effort de déontologie en intégrité scientifique (pas de
plagiat, pas de données falsifiées, honnêteté et rigueur)
• Abandon par les scientifiques de leurs caractéristiques
locales et personnelles
LE CADRE NORMATIF DOMINANT DE
LA SCIENCE ACTUELLE
Absence du lien avec la société
L’auteur ou l’auteure se désintéresse de la diffusion et de
l’accessibilité de son travail en dehors du cercle restreint des
collègues. Il ou elle se dit :
• C’est à la revue ou à l’éditeur de faire la publicité
• Les gens intéressés sauront bien trouver mon texte
• Le seul public qui m’intéresse est celui de mes pairs et
collègues
Origine dans l’histoire de la science, reflet du fossé abyssal
entre les sachants et les non-sachants
Publier en anglais dans un pays francophone ne pose pas de
problème de conscience
AVEUGLEMENT AU NORD : CE QUE LES
SCIENTIFIQUES NE VOIENT PAS, NE DISENT
PAS, N’IMAGINENT PAS
 Le patrimoine scientifique est inégalement accessible
selon le pays ou l’université où on se trouve.
 Il est encore plus inaccessible pour les non-scientifiques,
(la population) qui financent pourtant la recherche
publique et sont directement affectés par les innovations.
 Le patrimoine scientifique officiel n’intègre pas de
manière égale la contribution, théorique ou empirique,
des chercheurs et chercheures du monde entier.
 Il ignore les savoirs locaux, les méprise ou les dévalorise
en les qualifiant de doxa, opinion, superstition, croyances,
etc.
 Les conditions de travail dans les universités du Sud
INJUSTICE COGNITIVE
Une injustice cognitive est une situation, un phénomène, une politique
ou une attitude qui empêche les étudiants, étudiantes, chercheurs et
chercheuses de déployer le plein potentiel de leur capacité de recherche
scientifique en faveur du développement durable local de leur pays.
Pour les chercheurs et chercheuses des Suds, plusieurs injustices sont
particulièrement puissantes et difficiles à renverser.
Le projet SOHA vise à lutter contre ces injustices en les identifiant, en
les documentant et en favorisant l’empowerment des étudiants,
étudiantes, chercheurs et chercheuses d’Haïti et d’Afrique francophone
pour mieux les contrer.
Il est nécessaire qu’ils et elles déploient leur potentiel de
création de savoir au service du développement local durable.
UNE INJUSTICE COGNITIVE UNIVERSELLE
Absence ou présence faible des femmes dans la recherche scientifique au Nord et
au Sud
• Lévi-Strauss : « Tout le village s’en alla, il ne resta que les vieux, les femmes
et les enfants »
• Les femmes peu étudiées, peu comprises, peu connues par les hommes
• Peu de femmes à l’université : les tâches traditionnelles, le mariage (le mari
qui ne veut pas une femme instruite), peu de modèles positifs de femmes de
science
• En français, domination du masculin dans le langage. En créole?
La recherche féministe a changé un peu la donne :
• A lancé d’importantes recherches sur les femmes
• A développé la théorie du point de vue des femmes sur le réel qui a inspiré
ensuite les théories décoloniales en science
• A montré les différences de situation parmi les femmes (On ne dit plus « la
femme »)
• A montré le sexisme de la science, de la recherche et de l’université :
harcèlement sexuel, préjugé envers l’intelligence faible des femmes et leur
difficultés avec l’abstraction, peu de postes de décision pour les femmes, des
paies moins élevées, des postes de secrétariat
NEUF INJUSTICES COGNITIVES VÉCUES PAR LES
UNIVERSITAIRES AFRICAINS ET HAÏTIENS
1. Absence d’infrastructure de recherche dans les
universités et absence de politique scientifique
orientée vers le bien commun
PREMIERS RÉSULTATS : NEUF INJUSTICES COGNITIVES VÉCUES
PAR LES UNIVERSITAIRES AFRICAINS ET HAÏTIENS
1. Absence d’infrastructure de recherche dans leurs
universités
2. Barrières financières, légales et numériques
dans l’accès aux publications scientifiques
PREMIERS RÉSULTATS : NEUF INJUSTICES COGNITIVES VÉCUES
PAR LES UNIVERSITAIRES AFRICAINS ET HAÏTIENS
1. Absence d’infrastructure de recherche dans leurs
universités
2. Barrières financières, légales et numériques dans
l’accès aux publications scientifiques
3. Accès difficile à Internet et faible littératie
numérique des universitaires
PREMIERS RÉSULTATS : NEUF INJUSTICES COGNITIVES VÉCUES
PAR LES UNIVERSITAIRES AFRICAINS ET HAÏTIENS
1. Absence d’infrastructure de recherche dans leurs
universités
2. Barrières financières, légales et numériques dans
l’accès aux publications scientifiques
3. Accès difficile à Internet et faible littératie numérique
des universitaires
4. Ignorance ou mépris pour les savoirs locaux,
socialement et culturellement pertinents
PREMIERS RÉSULTATS : NEUF INJUSTICES COGNITIVES VÉCUES
PAR LES UNIVERSITAIRES AFRICAINS ET HAÏTIENS
1. Absence d’infrastructure de recherche dans leurs
universités
2. Barrières financières, légales et numériques dans
l’accès aux publications scientifiques
3. Accès difficile à Internet et faible littératie numérique
des universitaires
4. Ignorance ou mépris pour les savoirs locaux,
socialement et culturellement pertinents
5. Coupure entre les priorités de la recherche et
celles de la société, des communautés locales
PREMIERS RÉSULTATS : NEUF INJUSTICES COGNITIVES VÉCUES
PAR LES UNIVERSITAIRES AFRICAINS ET HAÏTIENS
1. Absence d’infrastructure de recherche dans leurs
universités
2. Barrières financières, légales et numériques dans l’accès
aux publications scientifiques
3. Accès difficile à Internet et faible littératie numérique
des universitaires
4. Ignorance ou mépris pour les savoirs locaux,
socialement et culturellement pertinents
5. Coupure entre les priorités de la recherche et celles de la
société, des communautés locales
6. Le système de la science du Nord est normatif,
exclusif et très difficile à pénétrer (domination du
positivisme)
LA FRACTURE NUMÉRIQUE ET LA FRACTURE
ÉCONOMIQUE SE RETROUVENT DANS LA
FRACTURE COGNITIVE ENTRE NORD ET SUD.
La quantité de publications scientifiques en 2001
PREMIERS RÉSULTATS : NEUF INJUSTICES COGNITIVES VÉCUES
PAR LES UNIVERSITAIRES AFRICAINS ET HAÏTIENS
1. Absence d’infrastructure de recherche dans leurs
universités
2. Barrières financières, légales et numériques dans l’accès
aux publications scientifiques
3. Accès difficile à Internet et faible littératie numérique
des universitaires
4. Ignorance ou mépris pour les savoirs locaux,
socialement et culturellement pertinents
5. Coupure entre les priorités de la recherche et celles de la
société, des communautés locales
6. Le système de la science du Nord est normatif, exclusif
et très difficile à pénétrer (domination du positivisme)
7. L’hégémonie des langues coloniales en science
perdure
PREMIERS RÉSULTATS : NEUF INJUSTICES COGNITIVES VÉCUES
PAR LES UNIVERSITAIRES AFRICAINS ET HAÏTIENS
1. Absence d’infrastructure de recherche dans leurs universités
2. Barrières financières, légales et numériques dans l’accès aux
publications scientifiques
3. Accès difficile à Internet et faible littératie numérique des
universitaires
4. Ignorance ou mépris pour les savoirs locaux, socialement et
culturellement pertinents
5. Coupure entre les priorités de la recherche et celles de la
société, des communautés locales
6. Le système de la science du Nord est normatif, exclusif et très
difficile à pénétrer (domination du positivisme)
7. L’hégémonie des langues coloniales en science perdure
8. Pédagogie de l’humiliation encore en vigueur dans les
universités
PREMIERS RÉSULTATS : NEUF INJUSTICES COGNITIVES VÉCUES
PAR LES UNIVERSITAIRES AFRICAINS ET HAÏTIENS
1. Absence d’infrastructure de recherche dans leurs universités
2. Barrières financières, légales et numériques dans l’accès aux
publications scientifiques
3. Accès difficile à Internet et faible littératie numérique des
universitaires
4. Ignorance ou mépris pour les savoirs locaux, socialement et
culturellement pertinents
5. Coupure entre les priorités de la recherche et celles de la société,
des communautés locales
6. Le système de la science du Nord est normatif, exclusif et très
difficile à pénétrer (domination du positivisme)
7. L’hégémonie des langues coloniales en science
8. Pédagogie de l’humiliation encore en vigueur dans les universités
9. Aliénation épistémique : devoir penser dans une
épistémologie et des catégories de pensée post-coloniales
(du Nord), privilégier les références bibliographiques du
Nord, ne pas connaître les travaux scientifiques des Suds
ALIÉNATION ÉPISTÉMIQUE
Les recherches postcoloniales, notamment les travaux de Frantz
Fanon, ont montré que la colonisation des esprits a accompagné celle
des corps et de la terre. Quijano (2000) et d’autres proposent de dé-
coloniser la pensée et les savoirs des Suds en critiquant les prétentions
universalistes de la modernité et en montrant son ancrage très localisé
en Europe. Sur le plan scientifique, le projet de cette « dé-colonialité »
correspond à la déconstruction du positivisme et de son hégémonie sur
la science contemporaine, ainsi qu’à la mise en valeur des
épistémologies ou manières de connaître propres aux pays des Suds.
L’ensemble de ces injustices cognitives a pour effet que les
scientifiques des Suds doivent penser et chercher sans avoir les
moyens pour le faire, dans une langue qui n’est pas la leur et dans une
épistémologie qui leur a été léguée par la colonisation et qui les
conduit à dévaloriser les savoirs et les manières de connaître locales.
JUSTICE COGNITIVE
La justice cognitive est un idéal épistémologique, éthique
et politique visant l’éclosion de savoirs socialement
pertinents partout sur la planète et non pas seulement
dans les pays du Nord, au sein d’une science pratiquant
un universalisme inclusif, ouvert à tous les savoirs.
Elle insiste sur l'empowerment des scientifiques des Suds,
notamment des étudiants et étudiantes, pour mettre leur
potentiel de création de savoir au service du
développement local durable.
PORTÉE DE LA JUSTICE
COGNITIVE
La justice cognitive concerne les rapports entre le Nord et le Sud,
mais aussi entre les savoirs des hommes et ceux des femmes en
science, entre les savoirs populaires et ceux de l’élite bourgeoise,
entre les savoirs oraux et les savoirs écrits, entre les savoirs locaux
et les savoirs à vocation universelle, etc.
Le postulat de tous ceux et celles qui partagent une visée de justice
cognitive est que tous les êtres humains ont des savoirs (politiques,
issus de l’expérience vécue, de l’expérience sociale, familiaux,
traditionnels ou scientifiques) et que le monde se portera mieux si
tous ces savoirs dialoguent et collaborent plutôt que s’ils entrent en
compétition ou s’ignorent les uns les autres.
CE QUE FAIT LA JUSTICE
COGNITIVE À LA SCIENCE
• Exiger que la science et la recherche s’ouvrent à d’autres
épistémologies : des Suds, locales, ou simplement constructivistes
• Lutte active contre les préjugés sur les savoirs locaux : tout le
monde a des savoirs, tous les savoirs nous apprennent quelque
chose sur le monde, chaque savoir est limité et insuffisant tout
seul
• Valoriser les méthodologies participatives (recherche-action, science
citoyenne) qui font entrer dans la recherche des non-scientifiques ou
des personnes/des voix habituellement méprisées par les élites
• Se méfier de la « méthode scientifique » qui est réductionniste,
hyperpointue, au lieu d’essayer d’embrasser la complexité de la
réalité
• Refuser de séparer les valeurs de la science et de la recherche :
• les valeurs collectives, préoccupations locales pour le
développement durable, valeurs individuelles, émotions et
intuitions font partie de la recherche scientifique et n’ont pas à
être ignorées – doivent être réfléchies, analysées, mais pas
exclues
• Exiger le droit à Internet et la formation numérique de tous les
étudiants, étudiantes, partout dans le monde
• Critiquer la marchandisation du savoir et les politiques scientifiques
du Nord
CE QU’IL FAUT CONSERVER
• Un pilier : la recherche d’information scientifique et technique
dans le grand réservoir de connaissances et de savoirs qu’a
construit la science : des livres et surtout des articles
scientifiques récents et à jour
• En s’assurant de retenir des textes du Nord et du Sud, dans
toutes les langues, d’hommes et de femmes, pour multiplier
les points de vue sur la réalité et les approches
• En utilisant le web qui devient une énorme bibliothèque
numérique, mais sans oublier les textes non numérisés, qui
existent seulement en version imprimée
• La transparence sur le mode de fabrication du savoir : qui je
suis, d’où je parle, ce que je veux savoir, pourquoi, ce que j’ai
fait, comment j’ai écrit, à qui je m’adresse, comment je veux
diffuser : la méthodologie, la réflexivité
• La volonté d’archiver les savoirs vivants (paradoxe?) : les
archiver pour la mémoire collective, pour préserver la
biodiversité des savoirs, donc l’importance de publier ou
d’enregistrer (avec le numérique), mais d’une manière qui n’est
pas muséale, car les savoirs évoluent et se transforment,
sont vivants, qu’il s’agisse de la science ou des autres
savoirs
=> Importance de l’accès à la connaissance
GUIDE LA RECHERCHE
DOCUMENTAIRE DANS LE
WEB SCIENTIFIQUE LIBRE
Un guide étape par étape pour vous guider dans
votre recherche en information scientifique et
technique sur le web
http://www.projetsoha.org/?page_id=1040
Aussi dans le livre Justice cognitive, libre accès et
savoirs locaux.
La recherche documentaire ne se limite plus aux
bibliothèques… mais il faut l’accès au web et des
outils pour s’y retrouver.
Et il faut que des personnes déposent des articles
en libre accès sur le web...
LE LIBRE ACCÈS
AUX RESSOURCES
SCIENTIFIQUES EN
LIGNE
UNE BIBLIOTHÈQUE NUMÉRIQUE EN LIBRE ACCÈS
LA SCIENCE FERMÉE : UN MODÈLE
D’AFFAIRES LUCRATIF
Les articles scientifiques sont publiés dans des revues
scientifiques qui peuvent être indépendantes (publiées par des
associations, des départements, des universités) ou qui
appartiennent à des plateformes, des grands éditeurs scientifiques
à but lucratif qui privilégient l’anglais et qui sont situés dans des
pays anglophones.
Ces revues pratiquent l’évaluation par les pairs en double aveugle.
Les auteurs ne sont jamais payés pour les articles qu’ils soumettent
pour évaluation.
Les bibliothèques universitaires doivent payer pour s’abonner à ces
revues : tout l’argent va aux éditeurs, jamais aux auteurs.
Économie du savoir, marchandisation de la connaissance :
Les éditeurs ne cessent d’augmenter le coût des abonnements à
leurs revues. Même si les revues sont en ligne, les éditeurs font
payer aux lecteurs non-abonnés l’accès à chaque article : le mur
payant.
Ce sont ces revues qu’on retrouve dans les cartes des publications
scientifiques, les autres sont invisibles. Mais des moteurs de
recherche comme Google Scholar ou Base-search.net peuvent les
retrouver.
EXEMPLE D’UNE DÉMARCHE
DE RECHERCHE
DOCUMENTAIRE
BUT
• Découvrir la science fermée, les textes
scientifiques inaccessibles, derrière des murs
payants ou des barrières légales
• Comprendre les manières d’accéder à ces textes
• Comprendre l’importance de les rendre
accessibles
• L’importance de mettre ses textes en ligne sur le
web
• L’importance de numériser le patrimoine
scientifique universitaire
Quand notre ordinateur n’est pas connecté à une bibliothèque qui
est abonnée à la revue, il faut payer pour avoir accès au texte…
Mais en fouillant
un peu, on découvre
que les auteurs
avaient déposé leur
texte sur un site web,
en libre accès… avant
même sa publication
Un exemple de mur payant pour accéder à la science : 38$ pour un pdf!
38 $
pour
acheter
un
compte
rendu
de livre
sur la
malaria!
Cet
argent
va à
l’éditeur
et non à
l’auteur
qui a
cédé
ses
droits
ET POURTANT…
• Les publications scientifiques sont de plus en plus
nombreuses, accessibles en ligne de n’importe où dans
le monde
• Des moteurs de recherche puissants, comme Google
Scholar, permettent d’y accéder grâce à la recherche
par mots-clés
• Le web permet de partager un texte à l’infini sans
coûts et sans jamais le perdre
Tout pourrait faire de la science un bien commun, un
patrimoine commun à partager!
• Le mouvement du libre accès et de la science ouverte
s’efforcent de réaliser cette vision depuis les années
1990.
• Déclaration de Budapest en 2002, réaffirmée en 2012
DÉFINITION DU LIBRE
ACCÈS – DÉCLARATION DE
BUDAPEST 2002
Par "accès libre" à la littérature scientifique, nous
entendons sa mise à disposition gratuite sur l'Internet
public, permettant à tout un chacun de lire, télécharger,
copier, transmettre, imprimer, chercher ou faire un lien
vers le texte intégral de ces articles, les disséquer pour
les indexer, s'en servir de données pour un logiciel, ou
s'en servir à toute autre fin légale, sans barrière
financière, légale ou technique autre que celles
indissociables de l'accès et l'utilisation d'Internet.
La seule contrainte sur la reproduction et la distribution,
et le seul rôle du copyright dans ce domaine devrait être
de garantir aux auteurs un contrôle sur l'intégrité de leurs
travaux et le droit à être correctement reconnus et cités.
RECOMMANDATIONS DU RAPPORT DE
L’ONU SUR LE DROIT À LA SCIENCE ET
LE DROIT D’AUTEUR, MARS 2015
Recommandation 112:
Le produit des travaux de création subventionnés par des
gouvernements, des organisations intergouvernementales ou des
entités caritatives devrait être rendu largement accessible. Les États
devraient réorienter leur soutien financier aux modèles de publication
fondés sur la propriété vers des modèles de publication ouverts.
Recommandation 113 :
Les universités publiques et privées, ainsi que les institutions publiques
de recherche devraient adopter des politiques en vue de promouvoir le
libre accès aux travaux de recherche, documents et données ayant fait
l’objet d’une publication, sur la base d’un système ouvert et équitable,
notamment grâce à l’utilisation de licences Creative Commons.
DEUX VOIES PLUS DURABLES
VERS LE LIBRE ACCÈS
Voie dorée
Publier dans une
revue en libre accès
sur le web
(les éditeurs en
proposent , mais
imposent parfois des
frais aux auteurs)
Rôle plus traditionnel
de l’auteur
DEUX VOIES PLUS DURABLES
VERS LE LIBRE ACCÈS
Voie dorée
Publier dans une revue
en libre accès sur le
web
(les éditeurs en
proposent , mais
imposent parfois des
frais aux auteurs)
Rôle passif traditionnel
de l’auteur, à part au
moment de choisir la
revue
Voie verte
Archiver une copie en
libre accès de son
article dans un dépôt
institutionnel
universitaire
Rôle actif essentiel de
l’auteur
LA VOIE DORÉE
(REVUES EN
LIBRE ACCÈS)
DOAJ: Le portail des revues en accès libre
LA VOIE VERTE
(AUTO-
ARCHIVAGE DES
ARTICLES PAR
L’AUTEUR)
AUTO-ARCHIVAGE
Un auteur place lui-même son texte sur le web dans le
but de le rendre accessible au monde entier:
Les internautes pourront:
- Lire son texte en ligne
- Le télécharger en pdf pour lecture ultérieure
- Le citer dans leurs travaux
- Le faire connaître à leurs étudiants dans les recueils de
texte
Conséquences :
- visibilité accrue du travail de recherche, sortie de la tour
d’ivoire
- Seconde vie pour des travaux dormant sur des étagères
ou dans des disques durs, qui ne servent à personne
LES ARCHIVES
NUMÉRIQUES OUVERTES
INSTITUTIONNELLES
• Des sites web qui sont réalisés et gérés par les
bibliothèques universitaires à l’aide de logiciels libres
qui ont été conçus pour ça : Dspace, eprints
• Une volonté de pérenniser l’existence des publications
• L’auteur-e fait le dépôt personnellement, en respectant
la politique éditoriale de la revue
• Les métadonnées permettent un repérage efficace
dans les moteurs de recherche
• L’équipe du dépôt (à la bibliothèque) valide le dépôt
• Il reste difficile de mobiliser les chercheurs qui ne sont
pas habitués à prendre soin de la diffusion de leur
article…
Exemple d’archive numérique ouverte
HAL : l’Archive ouverte du CNRS
Le répertoire des archives universitaires ouvertes
POUR VÉRIFIER LA POLITIQUE DE LIBRE ACCÈS D’UNE REVUE
POUR VÉRIFIER LA POLITIQUE DE
LIBRE ACCÈS D’UN ORGANISME
QUI SUBVENTIONNE LA RECHERCHE
DROIT D’AUTEUR
SCIENCE
CONVENTIONNELLE
• Croire que toutes les
revues exigent la cession
du droit d’auteur ou
interdisent l’auto-
archivage
• Oublier que l’auteur a
toujours des droits
moraux sur son texte,
même s’il a été payé
pour l’écrire
• Ne pas oser diffuser,
publiciser ou mettre
en libre accès ses
propres travaux de peur
de faire quelque chose
d’illégal ou de déplaire
aux revues commerciales
SCIENCE OUVERTE
• Tout auteur d’un texte a le
droit de librement donner
une licence ouverte à son
texte, sans demander de
permission : Creative
commons
 Cette famille de licence
autorise la diffusion, la
reproduction et la
réutilisation d’un texte dans
la mesure où l’auteur est
nommé

POUR SORTIR
DU PARADIGME
DE LA
PROPRIÉTÉ INTELLECTUELLE ET APPRENDRE À PARTAGER
LA SCIENCE
S’OUVRE À LA
PLURALITÉ DES
SAVOIRS
TROIS FORMES DE RECHERCHE
OUVERTE
1. La « science citoyenne »: des projets de recherche qui s’ouvrent à la
participation de non-scientifiques pour améliorer les connaissances produites
sur différents sujets, notamment en biologie, en astronomie, en génomique,
en botanique, etc.
2. La « science participative » ou « coopérative » : Des projets de recherche
dont le design inclut les personnes qui sont l’objet du savoir produit ou qui
sont touchées par le phénomène étudié et dont on assume l’intelligence, la
capacité de comprendre et de produire de la connaissance.
3. Les dispositifs de médiation science-société ou universitaires-population
L'UNESCO, dans son rapport mondial Vers les sociétés du savoir, nous propose cet
idéal :
• « Les sociétés du savoir ne mériteront vraiment leur nom que si le plus grand
nombre possible d'individus peuvent devenir producteurs de savoirs et ne
demeurent pas simplement consommateurs du savoir actuellement
disponible ».
1. LA SCIENCE CITOYENNE : UNE SCIENCE DEVENUE
HOSPITALIÈRE POUR LES AUTRES SAVOIRS
Cette science citoyenne fait une place à la participation de citoyens
définis ici en creux comme des non-professionnels de la science, des
profanes, des non-experts.
- ne gagnent pas leur vie comme chercheurs
- n’ont pas le statut social et les exigences de reconnaissance
publique, de salaire et de carrière des chercheurs.
- Sont passionnés, motivés par leur contribution à l’édifice de la
science
Innombrables exemples passionnants de projets de science citoyenne,
centrés sur deux buts:
- Améliorer les connaissances du monde naturel (tela botanica,
observatoire des oiseaux, des chauve-souris, des forêts, etc.)
- Résoudre collectivement des problèmes scientifiques:
- Polymaths
- Foldit (optimisation de la structure de certaines protéines dans
un jeu vidéo_
- Galaxy Zoo (coder des données astronomiques)
2. LA RECHERCHE-ACTION
PARTICIPATIVE : DES CHERCHEURS
DEVENUS HOSPITALIERS POUR LES
NON-SCIENTIFIQUES
Points communs :
• Aspiration à la justice cognitive et à l’empowerment
collectif par la science et la connaissance
• Confiance dans l’intelligence collective, même chez les
« non-sachants ».
• La coopération permet de réaliser des projets
impossibles à faire autrement
Système de culture intensive du riz au Tamil Nadu
EXEMPLE 1 . LE PROJET BHOO CHETANA
Graves problèmes d’insécurité alimentaire en Inde
- La solution Bayer-Monsanto: les cultures génétiquement modifiées
et tous les problèmes subséquents
- La solution Bhoo Chetana (Bengaluru, Inde): régénérer les sols
(affaiblis par la sécheresse) par un emploi judicieux, localisé, de
nutriments.
95 000 échantillons de sols envoyés par les paysans de tout l’État du
Karnataka à un centre de recherche qui, en échange, leur indique
quels nutriments utiliser.
10 000 facilitateurs engagés dans les villages
La production augmente de 20 à 30%
Les experts mondiaux du riz n’en reviennent pas…
- “Bhoo means land and Chetana means rejuvenation. This initiative
is to revive our agriculture which involves farmers, farm
facilitators, extension workers, universities, research institutes
and government,” explained S.V. Ranganath, Chief Secretary of
Karnataka State Government.
EXEMPLE 2. LA MÉTHODE PHOTO-
VOIX
• Des personnes non-scientifiques prennent des photos
pour répondre à une question de recherche sur un
problème social ou environnemental
• Leur groupe discute et analyse les photos pour en tirer
du savoir
• Le projet photovert : les 6 conclusions étaient les
mêmes que celles d’une étude scientifique!
LES BOUTIQUE DE SCIENCES
Un dispositif original qui fait le pont entre
- les organismes de la société civile, les associations,
les organismes communautaires ou d’économie
sociale, mais aussi des organismes para-publics
comme des écoles
- Les étudiants universitaires des 3 cycles
Dans le cadre de leur formation, ces derniers réalisent des
projets qui répondent aux demandes des organismes pour
des produits, des synthèses, mais aussi de la recherche.
La demande vient de l’organisme, les étudiants y répondent
sous la supervision de leur professeur. Ils et elles sont payés
en « crédits d’études ».
Du transfert de connaissances dans les deux sens, du
dialogue, ébranlement du mur entre la société et
l’université.
Accès savoirs, la boutique de sciences de l’Université Laval
INVENTORIER ET RENDRE
ACCESSIBLES LES SAVOIRS LOCAUX
• Anthropologie, ethnologie, inventaire du patrimoine
immatériel
• Wikipedia
• Afripedia
En Kinyarwanda
En malagasy
En Kiswahili
LES LOGICIELS
LIBRES OU
COLLABORATIFS
EXEMPLES DE LOGICIEL
LIBRE
Zotero
Mozilla Firefox
Thunderbird (pour les mails)
Wordpress (pour les sites web)
Drupal (pour les sites web)
Logiciels gratuits, mais non libre
Google
Trello
INSTALLER ZOTERO
Ouvrir le navigateur Firefox ou chrome
Aller sur le site http://zotero.org
Se créer un compte avec le bouton « register » (aller dans
votre mail pour trouver le message de confirmation)
Télécharger Zotero
Télécharger le plug-in pour Word ou Libre office (Page de
téléchargement de Zotero)
Chercher le « Z » dans le menu et cliquer dessus
Chercher le plug-in dans le menu script ou dans les
compléments de MS Word (sur windows)
DÉMONSTRATION
PARTAGER SES RÉFÉRENCES
BIBLIOGRAPHIQUES AVEC ZOTERO
SCIENCE
CONVENTIONNELLE
• Fiches
individuelles de
lecture
• Endnote (logiciel
propriétaire) :
fiches
bibliographiques
électroniques
• Ne pas partager
ses références
ailleurs que dans
l’article publié
SCIENCE OUVERTE
Utiliser Zotero.org
 Application Web libre et gratuite qui permet de
collecter des références, d’importer les pdf, de
sélectionner les citations à déposer dans son manuscrit,
puis de générer les bibliographies d’un seul clic sous
n’importe quel format (comme Endnote)
 capacité de créer des collections de groupe
ouvertes ou fermées : chacun peut puiser dans les
références rassemblées. Ces collections deviennent des
biens communs!
 Très utile pour un Centre de recherche, un
département, une revue (demander aux auteurs de
puiser dans Zotero pour simplifier l’édition des
bibliographies)
LE DROIT À INTERNET
Internet : un bien commun
Le droit à Internet, pour lutter contre l’injustice cognitive,
de deux façons
1. Consulter Internet pour s’informer (essentiel,
mais passif)
2. Contribuer à Internet pour
 Rendre visible la production scientifique locale et la
diffuser pour permettre aux internautes de s’informer
 Mettre en valeur les savoirs locaux
 Partager des savoirs et des idées
 Créer des réseaux et des liens internationaux
UNE AUTRE SCIENCE EST POSSIBLE
Il est possible de remettre en question le cadre normatif
dominant et de proposer un cadre alternatif : la science
ouverte :
• Une science pluraliste, inclusive, qui intègre de plein droit
des épistémologies européennes et non européennes
• Une science qui valorise la publication en libre accès
• Qui valorise le partage de ses travaux, ses données et
ses ressources sur le web et avec les médias sociaux
• Traduire et vulgariser ses articles pour les rendre
accessibles à un plus large public
• dialoguer, commenter (au lieu du secret et de la peur)
• intégrer des non-scientifiques au processus de recherche
• Intégrer des savoirs autres que scientifiques : savoirs
locaux traditionnels, expérientiels, politiques, etc.
• Décider de l’agenda de la recherche selon les priorités de
la société, le bien commun
• Privilégier les logiciels libres et les ressources éducatives
libres
IMPACTS CONCRETS DE LA
SCIENCE OUVERTE POUR LES PAYS
DU SUD
• Un meilleur accès à la science du Nord pour les
étudiants et les chercheurs du Sud
• Un meilleur accès des étudiants et des chercheurs du
Sud à la science du Sud
• Une meilleure visibilité de la science du Sud dans le
monde entier
• Le partage des données et des textes scientifiques, qui
améliore la qualité de la recherche et donne le goût de
la science en coopération
• Les sciences citoyennes et participatives libèrent (un
peu) la science de ses conventions et de son élitisme
et revalorisent les savoirs locaux, pour plus de justice
cognitive.
POURQUOI EST-CE IMPORTANT? SCIENCE ET
DÉVELOPPEMENT
La science peut être un outil fondamental du
développement – (voir le site Sci-dev), mais de deux
manières très différentes.
Priorité au développement
économique, à la croissance du
PIB, aux échanges marchands, à
l’exploitation des ressources
naturelles
Science orientée vers innovation
technologique, mondialisée, liée
aux entreprises = modèle
dominant de la science,
économie du savoir, science
comme outil économique : les
étudiants du sud reproduisent ce
modèle aliénant
Priorité au développement local
défini selon les priorités locales, à
l’empowerment des collectivités,
à l’autonomie et à la non-
dépendance mondiale
Une autre science est nécessaire!
Une science qui répond aux
priorités locales, avec des
chercheurs connectés à leur
société, qui développe leur
confiance en eux: la science
ouverte engagée
PILIERS DE L’UTOPIE
CONCRÈTE SOHA
• Une maison d’édition de livres en libre accès : les Éditions
science et bien commun
• Le Grenier des savoirs : une plateforme de revues
scientifiques africaines en libre accès, pilotée par
l’APSOHA (Association pour la promotion de la science
ouverte en Haïti et en Afrique francophone)
• Le dépôt institutionnel du CAMES (Conseil africain et
malgache de l’enseignement supérieur)
• Le réseau africain des boutiques des sciences et des
savoirs (8 en émergence)
• SOHA phase 2 : Des universités ouvertes et connectées
• Décentralisation des activités de recherche et
d’empowerment : Judite et Thomas
UN PATRIMOINE
• La science est un bien commun de l’humanité, un
PATRIMOINE partagé et transmis de générations en
générations, un commun de la connaissance.
• Qu’est-ce qu’un « Commun de la connaissance »?
• Un commun (air, eau, forêt, jardins communautaires,
Internet, échange de services) est une ressource
• qui n’appartient à personne
• que tout le monde peut utiliser
• dont une collectivité prend soin de manière
coopérative, selon des règles qu’elle fixe elle-même
• La science comme commun : les chercheurs doivent en
prendre soin… un défi!
CETTE PRÉSENTATION
Est sous licence Creative Commons:
Vous pouvez l’utiliser, telle quelle ou en la
modifiant, pour vos activités d’enseignement ou de
formation.
Elle fait partie des communs de la connaissance,
elle appartient à tous.
À vous de jouer!

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Science ouverte et justice cognitive - mars 2017

  • 1. 10 MARS 2017 FLORENCE PIRON, UNIVERSITÉ LAVAL FLORENCE.PIRON@COM.ULAVAL.CA Cette œuvre est mise à disposition selon les termes de la licence creative commons attribution 4.0 canada Concevoir et rédiger un projet de recherche dans une perspective de justice cognitive et de science ouverte Séminaire intensif, INUFOCAD Port-au-Prince
  • 2. QU’EST-CE QUE LA SCIENCE? DÉBAT Vos définitions À quoi sert-elle? Qui décide de ce qu’elle fait et devient? Où la trouve-t-on? Qui décide si c’est ou non de la science? Y a-t-il des savoirs qui ne sont pas de la science?
  • 3. SCIENCE ET SAVOIRS • Savoirs = un ensemble d’idées, de souvenirs et d’expériences relatifs à un phénomène, gardé secrètement par un individu ou partagé par une communauté, formulé explicitement ou de nature pratique et tacite • La vie = lieu de création incessante de création et de transmission de savoirs • La science = des textes, des articles, des références, un patrimoine de textes et d’idées exprimant et diffusant des savoirs particuliers, dits connaissances scientifiques • La recherche scientifique = le processus de production de connaissances scientifiques • L’université = lieu de formation, mais aussi lieu de la recherche scientifique • Connaissance (au singulier) = souvent un synonyme de « science » - et ce n’est pas un hasard • Information scientifique et technique : ce ne sont pas des documents officiels ou des rapports de grandes institutions : ce sont des travaux faits dans les universités et les centres de recherche qui réfléchissent, entre autres, sur ces documents officiels et institutionnels, qui les contextualisent et les confrontent à d’autres textes et documents.
  • 4. POST-DÉVELOPPEMENT • L’approche critique du développement (Escobar 2007) rejette l’idée que les pays des Suds seraient en retard par rapport à une norme prétendument idéale et inéluctable incarnée par l’histoire des pays du Nord. • Au lieu de la voir comme le signe d’un retard des pays des Suds par rapport à une norme prétendument universelle incarnée par le Nord, elle en fait le signe de la difficulté de certains pays ou communautés des Suds à se développer selon leurs propres priorités, normes et valeurs, dans leur langue et de manière respectueuse de leur milieu de vie. • Cet autre type de « développement », qu’on peut appeler le développement local ou communautaire, a l’immense intérêt d’inclure comme allant de soi la nécessité de développer le pouvoir d’agir (ou empowerment) des populations dans leur territoire ou milieu de vie.
  • 5. DÉVELOPPEMENT LOCAL • D’un point de vue postcolonial, la fracture entre le Nord et les Suds est interprétée comme une injustice intolérable qui distingue les pays qui ont pu évoluer selon leurs valeurs et leurs priorités locales (en les faisant passer pour universelles) et ceux qui n’y réussissent pas, en grande partie en raison de l’hégémonie perdurante des priorités des premiers et de leur capacité d’y assujettir les ressources mondiales, au Nord ou dans les Suds. • Revaloriser le local, c’est prendre position pour le droit à la souveraineté des peuples qui ont vécu l’assujettissement colonial et pour le respect mutuel des diverses formes de développement « local » imaginées pour elles-mê mes par les sociétés, les régions et les villes du monde, au Nord comme dans les Suds.
  • 6. ÉCOLE ET DÉVELOPPEMENT • C’est aussi prendre position pour le droit des systèmes d’éducation et d’enseignement universitaire de chaque pays ou région du monde à imaginer et expérimenter des actions variées visant à renforcer les capacités de leurs habitants et habitantes à contribuer à la conception et à la mise en place de ces formes locales de développement. • Ne plus considérer l’école ou l’université comme des outils d’uniformisation des esprits par la formation à des savoirs dits universels, bien qu’ils soient issus du Nord la plupart du temps. • Les considérer comme des lieux de développement des savoirs locaux, de l’intelligence locale, de l’imagination collective au service du local. • La mise en commun des savoirs locaux est une manière de redéfinir un universel inclusif, aspirant à la justice cognitive.
  • 7. LES UNIVERSITÉS POST-COLONIALES Eric Fredua-Kwarteng (2015) explique ainsi le fossé entre les universités africaines et les enjeux de développement local: • « Depuis des décennies, les universités africaines, notamment publiques, ont joué un rô le important dans le développement des ressources humaines pour les bureaucraties étatiques, les ministères, les services, les agences, le secteur de l’éducation et les professionnels comme les avocats, les banquiers, les juges, les ingénieurs, les médecins, les comptables et les gestionnaires. • Néanmoins, ces mê mes universités n’ont quasiment pas réussi à produire des personnes capables de résoudre les problèmes de développement qui accablent le continent. En fait, les diplômés ont eu tendance à maintenir le statu quo plutô t qu’à transformer les organisations étatiques qui les emploient. Ils sont imbus de leur mérite, d’un sentiment colonial de ce qui leur est dû , ils n’ont pas de compétences tournées vers la résolution de problèmes et ont un faible niveau de productivité au travail ». • En d’autres mots, les universités africaines post-coloniales sont considérées par les gouvernements africains comme une machinerie destinée à produire et reproduire l’élite du pays et son ordre social et non comme des lieux où de nouvelles idées et de nouveaux savoirs peuvent ê tre créés pour aider à résoudre les problèmes les plus urgents des populations.
  • 8. FRANTZ FANON, CONCLUSION DE LES DAMNÉS DE LA TERRE Allons, camarades, le jeu européen est définitivement terminé, il faut trouver autre chose. Nous pouvons tout faire aujourd’hui à condition de ne pas singer l’Europe, à condition de ne pas être obsédés par le désir de rattraper l’Europe. […] Nous n’avons plus à la craindre, cessons donc de l’envier. Le tiers monde est aujourd’hui en face de l’Europe comme une masse colossale dont le projet doit être d’essayer de résoudre les problèmes auxquels cette Europe n’a pas su apporter de solutions. […] Donc, camarades, ne payons pas de tribut à l’Europe en créant des États, des institutions et des sociétés qui s’en inspirent, L’humanité attend autre chose de nous que cette imitation caricaturale et dans l’ensemble obscène. Si nous voulons transformer l’Afrique en une nouvelle Europe, l’Amérique en une nouvelle Europe, alors confions à des Européens les destinées de nos pays. Ils sauront mieux faire que les mieux doués d’entre nous. Mais si nous voulons que l’humanité avance d’un cran, si nous voulons la porter à un niveau différent de celui où l’Europe l’a manifestée, alors il faut inventer, il faut découvrir. […] Pour l’Europe, pour nous-mêmes et pour l’humanité, camarades, il faut faire peau neuve, développer une pensée neuve, tenter de mettre sur pied un homme neuf.  Faire peau neuve avec la recherche et l’université pour faire avancer l’humanité d’un cran  Décoloniser l’université  Nécessaire dans les pays du Nord où la science est complètement en crise
  • 9. RÉINVENTER L’UNIVERSITÉ ET L’ÉCOLE L’école et l’université : des outils de développement local durable, de renforcement des savoirs locaux et appropriés au contexte  Quel rôle pour la recherche scientifique?  Quel type de formation offrir à la licence et au master?  Quel modèle de savoir faut-il privilégier? Créer des savoirs ancrés dans les questions de développement local, dans les contextes d’utilisation, accessibles aux populations, cognitivement acceptables, pertinents, utilisables, etc. Pas du tout le modèle scientifique offert par la science… imaginée dans les pays du Nord et pour ses besoins! (on le verra demain)
  • 10. UNE VISION DE LA SCIENCE • La science ouverte juste est une nouvelle façon de construire et de diffuser le savoir scientifique. • C'est une science qui s'ouvre aux savoirs non scientifiques (traditionnels, locaux, politiques, quotidiens, etc.) au lieu de les mépriser ou de les ignorer. • C'est une science qui s'ouvre à la contribution des non-scientifiques à la recherche, que ce soit dans la collecte des données ou la définition du projet de recherche : ce qu’on appelle aussi la science citoyenne.
  • 11. SCIENCE AU SERVICE DU BIEN COMMUN • C'est une science qui donne universellement accès à ses textes et à ses données de recherche, dans tous les pays du monde et sans barrière financière, et qui favorise leur réutilisation au service du bien commun. • C'est une science qui rejette la tour d'ivoire et la séparation entre les scientifiques et le reste de la population du pays. • C'est une science qui vise le respect de tous les savoirs humains, qu'ils viennent des pays du Sud ou des pays du Nord.
  • 12. RAPPROCHER LA SCIENCE ET L’UNIVERSITÉ DE LA SOCIÉTÉ ET DE SES PRÉOCCUPATIONS  Il existe de nombreux lieux ou dispositifs qui permettent de faire un rapprochement essentiel entre les universitaires et les populations.  Dans les pays du Nord, l’arrivée récente du concept de « responsabilité sociale des universités » est en train de donner plus de légitimité à cette aspiration et d’amener les universités à changer tranquillement leurs habitudes pour s’ouvrir davantage à leur « troisième mission » de service à la communauté, tentant de réduire le fossé entre elles et leur région.  Au cœur de toutes ces propositions se trouve un mouvement général d’ouverture de l’université, en tant qu’institution où se fabrique la science, vers la société civile, les organisations publiques, le monde de l’entreprise (économie du savoir) et mê me les citoyens individuels, dans un effort pour en finir avec le syndrome de la tour d’ivoire.
  • 13. LA SCIENCE CITOYENNE ET PARTICIPATIVE 1.La « science citoyenne »: la recherche s’ouvre à la participation de non-scientifiques pour améliorer les connaissances produites sur différents sujets, notamment en biologie, en astronomie, en génomique, en botanique. 2.La « science participative » ou « coopérative » : Une recherche dont le design inclut les personnes qui sont l’objet du savoir produit ou qui sont touchées par le phénomène étudié et dont on assume l’intelligence, la capacité de comprendre et de produire de la connaissance.
  • 14. LES BOUTIQUES DES SCIENCES • Une « boutique des sciences » (science shop) est un dispositif permanent, en général intégré à la structure d’une université, qui permet à cette dernière de se rapprocher de la population de la région qu’elle dessert en faisant travailler ensemble non seulement des organismes de la société civile environnante et des scientifiques, mais aussi des étudiants et étudiantes, c’est- à-dire des futurs citoyens et citoyennes de la région. • Des étudiants et étudiantes à réaliser gratuitement, dans le cadre de leur formation, de leur programme d’études, des projets de recherche ou des projets pratiques en réponse à des besoins exprimés par des associations de la région desservie par l’université.
  • 15.
  • 16. IMPACT D’UNE BOUTIQUE DES SCIENCES • mettre les compétences et connaissances disponibles dans une université au service des projets et des besoins des organisations de la société civile qui n’ont pas d’autres ressources • en finir avec le syndrome de la tour d’ivoire et l’existence d’un mur symbolique entre une université tournée vers « l’universel » et les enjeux « locaux » d’une région ou d’une société. • mettre en valeur une pédagogie axée sur l’action et la collaboration « hors les murs », en valorisant la capacité des étudiants et étudiantes à réaliser des projets concrets au service de la communauté, ce qui contribue à leur formation citoyenne • Empowerment des associations locales et valorisation de leur action et de leurs savoirs • Intégration des savoirs des non-scientifiques dans la production de connaissances locales
  • 17. LE CONCEPT EN HAÏTI ET EN AFRIQUE? - l’enseignement magistral y est la norme - la pédagogie par projets est quasiment inexistante et les enseignants n’y sont pas formés/habitués - Le travail d’équipe est rare - les ressources des organisations du milieu associatif sont très réduites - l’idée qu’une université puisse les aider parait très étrange… Nécessité d’un changement de culture! Mais la pratique et l’urgence des besoins peuvent entraîner ce changement très vite. L’expérience du réseau international des boutiques des sciences peut être très utile.
  • 18. ADAPTER LE CONCEPT? • Sortir des murs de l’université, délocaliser la boutique • Utiliser les langues locales • Faire des interventions fréquentes et de l’observation dans les associations pour recueillir les besoins et proposer des projets • Transformer les régimes pédagogiques des universités en valorisant les compétences professionnalisantes, le travail de terrain, le souci du développement local durable, le service du bien commun • Former les enseignants à la pédagogie par projets et au travail collaboratif • Créer des cours pour la boutique des sciences • Ajouter d’autres dimensions à la boutique : tiers-lieu de fabrication numérique, formation méthodologique et gestion de projet, formation au numérique, à la demande de subvention, à la recherche d’emploi, etc.
  • 19. TRAVAIL COLLABORATIF Penser, travailler ensemble : pourquoi? • À plusieurs, on pense mieux, on a plus d’idées, on voit les choses sous plusieurs angles, on se complète • Apprendre à faire des compromis avec autrui dans la réflexion et l’action est un apprentissage citoyen essentiel, mais aussi une compétence professionnelle • Le co-working • Le travail en équipe est croissant : il faut s’y former, ça ne vient pas naturellement • Apprendre à accepter la critique, apprendre à écouter les autres, apprendre à critiquer de manière respectueuse et constructive • Partager un objectif commun et y consacrer des ressources et compétences variées
  • 20. GOOGLE DOC • Une plateforme d’écriture collaborative • Évite les envois et versions multiples • On peut commenter, suggérer, discuter, construire un texte ensemble Votre devoir : un apprentissage de cette manière de travailler Quand ce travail est terminé, allez dans la section « Partagés avec moi » de votre Google drive et allez lire les Google doc de vos collègues d’équipe. Faites des corrections en mode « suggestion » et des commentaires pour aider votre collègue à affiner sa pensée. Revenir ensuite sur votre texte pour lire les commentaires reçus.
  • 21. RECHERCHE DOCUMENTAIRE Une autre compétence essentielle qui libère • Ne plus dépendre des experts arrogants, de leur disponibilité et de leur bon vouloir… • Le web (Wikipédia) = un immense réservoir de savoirs Comment y circuler, comment trouver l’information qu’il nous faut? Cette information est-elle toujours librement accessible? Condition : Accès au web... • Exercice : comment trouver la version web du libre Justice cognitive? Un outil : Le Guide de la recherche documentaire dans le web scientifique libre http://www.projetsoha.org/?page_id=1040
  • 23. QUELLE EST LA DIFFÉRENCE ENTRE LA VÉRITÉ ET LA RÉALITÉ? Vos réponses
  • 24. QUELLE EST LA DIFFÉRENCE ENTRE LA VÉRITÉ ET LA RÉALITÉ? Un enjeu épistémologique fondamental : La vérité est souvent présentée comme un idéal de correspondance exacte entre les mots (langage) et les choses (le réel, la réalité) : est-ce possible? • Oui pour les « positivistes » : la vérité émerge si on fait de la recherche dans le cadre normatif dominant de la science actuelle, qui en garantit la scientificité, mais qui exige l’objectivité et la neutralité • Non pour les « constructivistes » (notre position) : la science propose des modèles, des représentations de la réalité, qui sont toujours construits dans la culture, dans le langage et qui changent au fil du temps
  • 25. THÉORIE POSITIVISTE La vérité est la correspondance exacte entre les mots (langage) et les choses (le réel, la réalité) • ambition scientifique classique: trouver un langage qui décrirait le monde tel qu’il est « en lui-même », hors de tout point de vue ancré dans une culture, dans l’histoire. • Il y a une vérité qu’on peut « découvrir » à l’aide de la méthode scientifique. • Elle seule permet d’avoir accès à la vérité, car elle ne souffre d’aucun biais. Son langage doit être « épuré » de tout ce qui est local et culturel. • Elle est neutre. MODÈLE DOMINANT
  • 26. THÉORIE CONSTRUCTIVISTE La correspondance exacte entre les mots (langage) et les choses (le réel, la réalité) est impossible : le langage scientifique reste un langage issu de la culture. • Les textes scientifiques (énoncés, démonstrations, etc.), même s’ils prétendent décrire la vérité font toujours partie des médiations du langage et de la culture: ils restent une production humaine ancrée dans l’histoire et l’espace. • Ce sont des énoncés qui obéissent à des conventions et à une rhétorique, au même titre que des vers de poésie ou des paragraphes de romans. Ils font partie de la « construction sociale de la réalité ». • Un fait scientifique est un artefact (fabriqué par l’humain) pour rendre compte de manière très précise d’un aspect de la réalité qui intéresse son auteur (le chercheur ou la chercheuse), tout comme n’importe quel savoir.
  • 27. PAS DE DIFFÉRENCE DE NATURE ENTRE LES SAVOIRS SCIENTIFIQUES ET LES AUTRES La science est un savoir humain parmi bien d’autres. Les autres savoirs sont les savoirs « locaux » (vernaculaires, profanes, traditionnels, expérientiels, etc.) - Savoirs issus de la tradition : patrimoine immatériel - Savoirs issus des pratiques « incorporées » : savoir-faire, savoir-être (Art, artisanat, parental, etc.) - Savoirs issus de l’expérience vécue (expérientiels) : savoirs politiques, savoirs environnementaux, savoirs de la pauvreté, de la pollution, de la catastrophe, etc. Dans tous ces savoirs, il peut y avoir de la rigueur, de l’observation, de l’analyse, de la synthèse, etc. Mais l’autorité de la science repose sur son statut social de vérité, de référence, qui lui assure des ressources énormes et un prestige social très élevé pour ses détenteurs, les scientifiques.
  • 28. LA SPÉCIFICITÉ DU SAVOIR SCIENTIFIQUE (POUR LES CONSTRUCTIVISTES) • La science est une énorme quantité de connaissances mises en commun qui peuvent entrer en dialogue les unes avec les autres pour s’appuyer sur les acquis et aller plus loin (Les épaules des géants) : LA SCIENCE EST UN PATRIMOINE COGNITIF QUE SE TRANSMETTENT DES GÉNÉRATIONS DE CHERCHEURS DANS LES UNIVERSITÉS  La revue de littérature ou recension des écrits est un passage obligé, nécessitant l’accès aux savoirs antérieurs, d’où la nécessit de la publication scientifique • Les savoirs scientifiques sont écrits et publiés et peuvent ainsi être cités, utilisés, critiqués, débattus, rejetés sans contrainte de lieu ou de temps • Ce sont des savoirs réflexifs, qui exposent les conditions de leur fabrication : la méthodologie  La construction de la méthodologie est un autre passage obligé de la fabrication d’un savoir scientifique
  • 29. UN FOSSÉ ABYSSAL ORIGINEL (POUR LES POSITIVISTES) Pour les positivistes, la science se définit au contraire par sa différence de nature avec les savoirs locaux : elle est universelle et produit des vérités universelles ou éternelles. Il y a un fossé abyssal entre les « sachants » (les scientifiques, qui accèdent à ces vérités) et les « non- sachants », les non-scientifiques, les ignorants, les citoyens ordinaires.  Les premiers ont travaillé dur pour entrer dans la lumière de la connaissance, alors que les autres en restent à leur savoir spontané et subjectif, prisonniers des ombres de la caverne.  Caractère structurellement élitiste de la science
  • 30. Ce fossé peut devenir un mur absurde…
  • 31. LE SAVOIR SCIENTIFIQUE EST SOCIAL C’est un savoir produit par une institution sociale : le champ scientifique.  Un savoir produit par des scientifiques, selon une méthode scientifique, dans des institutions scientifiques, publié dans des revues scientifiques, selon des conventions d’écriture scientifique, pour un public de scientifiques (et autres) qui présente les traces du processus de recherche mené par les scientifiques  Ce savoir scientifique n’existe que dans des formes concrètes qui sont toujours situées : un article dans une revue, un chapitre d’un livre, une conférence, un cours, etc.: les PUBLICATIONS SCIENTIFIQUES  Il est orienté par un cadre normatif et des critères de scientificité qui départagent la (bonne) science de la moins bonne.  Il est intrinsèquement lié à un métier, celui de chercheur, qui s’est professionnalisé depuis 1945. La carrière professionnelle des chercheurs est devenue une valeur majeure du champ scientifique, au détriment du bien commun.  Ce champ est l’objet de contestations et de remises en question, notamment par le mouvement de la science ouverte.
  • 32. LE CADRE NORMATIF DOMINANT DE LA SCIENCE ACTUELLE Pour être reconnue comme scientifique, une recherche doit obéir à ces critères de scientificité • Viser une dimension universelle : un savoir valide partout et en tous temps • Canon d’écriture scientifique (revue de littérature, question de recherche, résultats, interprétation) • Publication sous forme d’article évalué par les pairs en double aveugle dans une revue scientifique cotée, avec un bon facteur d’impact selon le Web of science : en anglais • Effort de déontologie en intégrité scientifique (pas de plagiat, pas de données falsifiées, honnêteté et rigueur) • Abandon par les scientifiques de leurs caractéristiques locales et personnelles
  • 33. LE CADRE NORMATIF DOMINANT DE LA SCIENCE ACTUELLE Absence du lien avec la société L’auteur ou l’auteure se désintéresse de la diffusion et de l’accessibilité de son travail en dehors du cercle restreint des collègues. Il ou elle se dit : • C’est à la revue ou à l’éditeur de faire la publicité • Les gens intéressés sauront bien trouver mon texte • Le seul public qui m’intéresse est celui de mes pairs et collègues Origine dans l’histoire de la science, reflet du fossé abyssal entre les sachants et les non-sachants Publier en anglais dans un pays francophone ne pose pas de problème de conscience
  • 34. AVEUGLEMENT AU NORD : CE QUE LES SCIENTIFIQUES NE VOIENT PAS, NE DISENT PAS, N’IMAGINENT PAS  Le patrimoine scientifique est inégalement accessible selon le pays ou l’université où on se trouve.  Il est encore plus inaccessible pour les non-scientifiques, (la population) qui financent pourtant la recherche publique et sont directement affectés par les innovations.  Le patrimoine scientifique officiel n’intègre pas de manière égale la contribution, théorique ou empirique, des chercheurs et chercheures du monde entier.  Il ignore les savoirs locaux, les méprise ou les dévalorise en les qualifiant de doxa, opinion, superstition, croyances, etc.  Les conditions de travail dans les universités du Sud
  • 35. INJUSTICE COGNITIVE Une injustice cognitive est une situation, un phénomène, une politique ou une attitude qui empêche les étudiants, étudiantes, chercheurs et chercheuses de déployer le plein potentiel de leur capacité de recherche scientifique en faveur du développement durable local de leur pays. Pour les chercheurs et chercheuses des Suds, plusieurs injustices sont particulièrement puissantes et difficiles à renverser. Le projet SOHA vise à lutter contre ces injustices en les identifiant, en les documentant et en favorisant l’empowerment des étudiants, étudiantes, chercheurs et chercheuses d’Haïti et d’Afrique francophone pour mieux les contrer. Il est nécessaire qu’ils et elles déploient leur potentiel de création de savoir au service du développement local durable.
  • 36. UNE INJUSTICE COGNITIVE UNIVERSELLE Absence ou présence faible des femmes dans la recherche scientifique au Nord et au Sud • Lévi-Strauss : « Tout le village s’en alla, il ne resta que les vieux, les femmes et les enfants » • Les femmes peu étudiées, peu comprises, peu connues par les hommes • Peu de femmes à l’université : les tâches traditionnelles, le mariage (le mari qui ne veut pas une femme instruite), peu de modèles positifs de femmes de science • En français, domination du masculin dans le langage. En créole? La recherche féministe a changé un peu la donne : • A lancé d’importantes recherches sur les femmes • A développé la théorie du point de vue des femmes sur le réel qui a inspiré ensuite les théories décoloniales en science • A montré les différences de situation parmi les femmes (On ne dit plus « la femme ») • A montré le sexisme de la science, de la recherche et de l’université : harcèlement sexuel, préjugé envers l’intelligence faible des femmes et leur difficultés avec l’abstraction, peu de postes de décision pour les femmes, des paies moins élevées, des postes de secrétariat
  • 37. NEUF INJUSTICES COGNITIVES VÉCUES PAR LES UNIVERSITAIRES AFRICAINS ET HAÏTIENS 1. Absence d’infrastructure de recherche dans les universités et absence de politique scientifique orientée vers le bien commun
  • 38. PREMIERS RÉSULTATS : NEUF INJUSTICES COGNITIVES VÉCUES PAR LES UNIVERSITAIRES AFRICAINS ET HAÏTIENS 1. Absence d’infrastructure de recherche dans leurs universités 2. Barrières financières, légales et numériques dans l’accès aux publications scientifiques
  • 39. PREMIERS RÉSULTATS : NEUF INJUSTICES COGNITIVES VÉCUES PAR LES UNIVERSITAIRES AFRICAINS ET HAÏTIENS 1. Absence d’infrastructure de recherche dans leurs universités 2. Barrières financières, légales et numériques dans l’accès aux publications scientifiques 3. Accès difficile à Internet et faible littératie numérique des universitaires
  • 40. PREMIERS RÉSULTATS : NEUF INJUSTICES COGNITIVES VÉCUES PAR LES UNIVERSITAIRES AFRICAINS ET HAÏTIENS 1. Absence d’infrastructure de recherche dans leurs universités 2. Barrières financières, légales et numériques dans l’accès aux publications scientifiques 3. Accès difficile à Internet et faible littératie numérique des universitaires 4. Ignorance ou mépris pour les savoirs locaux, socialement et culturellement pertinents
  • 41. PREMIERS RÉSULTATS : NEUF INJUSTICES COGNITIVES VÉCUES PAR LES UNIVERSITAIRES AFRICAINS ET HAÏTIENS 1. Absence d’infrastructure de recherche dans leurs universités 2. Barrières financières, légales et numériques dans l’accès aux publications scientifiques 3. Accès difficile à Internet et faible littératie numérique des universitaires 4. Ignorance ou mépris pour les savoirs locaux, socialement et culturellement pertinents 5. Coupure entre les priorités de la recherche et celles de la société, des communautés locales
  • 42. PREMIERS RÉSULTATS : NEUF INJUSTICES COGNITIVES VÉCUES PAR LES UNIVERSITAIRES AFRICAINS ET HAÏTIENS 1. Absence d’infrastructure de recherche dans leurs universités 2. Barrières financières, légales et numériques dans l’accès aux publications scientifiques 3. Accès difficile à Internet et faible littératie numérique des universitaires 4. Ignorance ou mépris pour les savoirs locaux, socialement et culturellement pertinents 5. Coupure entre les priorités de la recherche et celles de la société, des communautés locales 6. Le système de la science du Nord est normatif, exclusif et très difficile à pénétrer (domination du positivisme)
  • 43. LA FRACTURE NUMÉRIQUE ET LA FRACTURE ÉCONOMIQUE SE RETROUVENT DANS LA FRACTURE COGNITIVE ENTRE NORD ET SUD. La quantité de publications scientifiques en 2001
  • 44.
  • 45. PREMIERS RÉSULTATS : NEUF INJUSTICES COGNITIVES VÉCUES PAR LES UNIVERSITAIRES AFRICAINS ET HAÏTIENS 1. Absence d’infrastructure de recherche dans leurs universités 2. Barrières financières, légales et numériques dans l’accès aux publications scientifiques 3. Accès difficile à Internet et faible littératie numérique des universitaires 4. Ignorance ou mépris pour les savoirs locaux, socialement et culturellement pertinents 5. Coupure entre les priorités de la recherche et celles de la société, des communautés locales 6. Le système de la science du Nord est normatif, exclusif et très difficile à pénétrer (domination du positivisme) 7. L’hégémonie des langues coloniales en science perdure
  • 46. PREMIERS RÉSULTATS : NEUF INJUSTICES COGNITIVES VÉCUES PAR LES UNIVERSITAIRES AFRICAINS ET HAÏTIENS 1. Absence d’infrastructure de recherche dans leurs universités 2. Barrières financières, légales et numériques dans l’accès aux publications scientifiques 3. Accès difficile à Internet et faible littératie numérique des universitaires 4. Ignorance ou mépris pour les savoirs locaux, socialement et culturellement pertinents 5. Coupure entre les priorités de la recherche et celles de la société, des communautés locales 6. Le système de la science du Nord est normatif, exclusif et très difficile à pénétrer (domination du positivisme) 7. L’hégémonie des langues coloniales en science perdure 8. Pédagogie de l’humiliation encore en vigueur dans les universités
  • 47. PREMIERS RÉSULTATS : NEUF INJUSTICES COGNITIVES VÉCUES PAR LES UNIVERSITAIRES AFRICAINS ET HAÏTIENS 1. Absence d’infrastructure de recherche dans leurs universités 2. Barrières financières, légales et numériques dans l’accès aux publications scientifiques 3. Accès difficile à Internet et faible littératie numérique des universitaires 4. Ignorance ou mépris pour les savoirs locaux, socialement et culturellement pertinents 5. Coupure entre les priorités de la recherche et celles de la société, des communautés locales 6. Le système de la science du Nord est normatif, exclusif et très difficile à pénétrer (domination du positivisme) 7. L’hégémonie des langues coloniales en science 8. Pédagogie de l’humiliation encore en vigueur dans les universités 9. Aliénation épistémique : devoir penser dans une épistémologie et des catégories de pensée post-coloniales (du Nord), privilégier les références bibliographiques du Nord, ne pas connaître les travaux scientifiques des Suds
  • 48. ALIÉNATION ÉPISTÉMIQUE Les recherches postcoloniales, notamment les travaux de Frantz Fanon, ont montré que la colonisation des esprits a accompagné celle des corps et de la terre. Quijano (2000) et d’autres proposent de dé- coloniser la pensée et les savoirs des Suds en critiquant les prétentions universalistes de la modernité et en montrant son ancrage très localisé en Europe. Sur le plan scientifique, le projet de cette « dé-colonialité » correspond à la déconstruction du positivisme et de son hégémonie sur la science contemporaine, ainsi qu’à la mise en valeur des épistémologies ou manières de connaître propres aux pays des Suds. L’ensemble de ces injustices cognitives a pour effet que les scientifiques des Suds doivent penser et chercher sans avoir les moyens pour le faire, dans une langue qui n’est pas la leur et dans une épistémologie qui leur a été léguée par la colonisation et qui les conduit à dévaloriser les savoirs et les manières de connaître locales.
  • 49. JUSTICE COGNITIVE La justice cognitive est un idéal épistémologique, éthique et politique visant l’éclosion de savoirs socialement pertinents partout sur la planète et non pas seulement dans les pays du Nord, au sein d’une science pratiquant un universalisme inclusif, ouvert à tous les savoirs. Elle insiste sur l'empowerment des scientifiques des Suds, notamment des étudiants et étudiantes, pour mettre leur potentiel de création de savoir au service du développement local durable.
  • 50. PORTÉE DE LA JUSTICE COGNITIVE La justice cognitive concerne les rapports entre le Nord et le Sud, mais aussi entre les savoirs des hommes et ceux des femmes en science, entre les savoirs populaires et ceux de l’élite bourgeoise, entre les savoirs oraux et les savoirs écrits, entre les savoirs locaux et les savoirs à vocation universelle, etc. Le postulat de tous ceux et celles qui partagent une visée de justice cognitive est que tous les êtres humains ont des savoirs (politiques, issus de l’expérience vécue, de l’expérience sociale, familiaux, traditionnels ou scientifiques) et que le monde se portera mieux si tous ces savoirs dialoguent et collaborent plutôt que s’ils entrent en compétition ou s’ignorent les uns les autres.
  • 51. CE QUE FAIT LA JUSTICE COGNITIVE À LA SCIENCE • Exiger que la science et la recherche s’ouvrent à d’autres épistémologies : des Suds, locales, ou simplement constructivistes • Lutte active contre les préjugés sur les savoirs locaux : tout le monde a des savoirs, tous les savoirs nous apprennent quelque chose sur le monde, chaque savoir est limité et insuffisant tout seul • Valoriser les méthodologies participatives (recherche-action, science citoyenne) qui font entrer dans la recherche des non-scientifiques ou des personnes/des voix habituellement méprisées par les élites • Se méfier de la « méthode scientifique » qui est réductionniste, hyperpointue, au lieu d’essayer d’embrasser la complexité de la réalité • Refuser de séparer les valeurs de la science et de la recherche : • les valeurs collectives, préoccupations locales pour le développement durable, valeurs individuelles, émotions et intuitions font partie de la recherche scientifique et n’ont pas à être ignorées – doivent être réfléchies, analysées, mais pas exclues • Exiger le droit à Internet et la formation numérique de tous les étudiants, étudiantes, partout dans le monde • Critiquer la marchandisation du savoir et les politiques scientifiques du Nord
  • 52. CE QU’IL FAUT CONSERVER • Un pilier : la recherche d’information scientifique et technique dans le grand réservoir de connaissances et de savoirs qu’a construit la science : des livres et surtout des articles scientifiques récents et à jour • En s’assurant de retenir des textes du Nord et du Sud, dans toutes les langues, d’hommes et de femmes, pour multiplier les points de vue sur la réalité et les approches • En utilisant le web qui devient une énorme bibliothèque numérique, mais sans oublier les textes non numérisés, qui existent seulement en version imprimée • La transparence sur le mode de fabrication du savoir : qui je suis, d’où je parle, ce que je veux savoir, pourquoi, ce que j’ai fait, comment j’ai écrit, à qui je m’adresse, comment je veux diffuser : la méthodologie, la réflexivité • La volonté d’archiver les savoirs vivants (paradoxe?) : les archiver pour la mémoire collective, pour préserver la biodiversité des savoirs, donc l’importance de publier ou d’enregistrer (avec le numérique), mais d’une manière qui n’est pas muséale, car les savoirs évoluent et se transforment, sont vivants, qu’il s’agisse de la science ou des autres savoirs => Importance de l’accès à la connaissance
  • 53. GUIDE LA RECHERCHE DOCUMENTAIRE DANS LE WEB SCIENTIFIQUE LIBRE Un guide étape par étape pour vous guider dans votre recherche en information scientifique et technique sur le web http://www.projetsoha.org/?page_id=1040 Aussi dans le livre Justice cognitive, libre accès et savoirs locaux. La recherche documentaire ne se limite plus aux bibliothèques… mais il faut l’accès au web et des outils pour s’y retrouver. Et il faut que des personnes déposent des articles en libre accès sur le web...
  • 54. LE LIBRE ACCÈS AUX RESSOURCES SCIENTIFIQUES EN LIGNE
  • 55. UNE BIBLIOTHÈQUE NUMÉRIQUE EN LIBRE ACCÈS
  • 56.
  • 57. LA SCIENCE FERMÉE : UN MODÈLE D’AFFAIRES LUCRATIF Les articles scientifiques sont publiés dans des revues scientifiques qui peuvent être indépendantes (publiées par des associations, des départements, des universités) ou qui appartiennent à des plateformes, des grands éditeurs scientifiques à but lucratif qui privilégient l’anglais et qui sont situés dans des pays anglophones. Ces revues pratiquent l’évaluation par les pairs en double aveugle. Les auteurs ne sont jamais payés pour les articles qu’ils soumettent pour évaluation. Les bibliothèques universitaires doivent payer pour s’abonner à ces revues : tout l’argent va aux éditeurs, jamais aux auteurs. Économie du savoir, marchandisation de la connaissance : Les éditeurs ne cessent d’augmenter le coût des abonnements à leurs revues. Même si les revues sont en ligne, les éditeurs font payer aux lecteurs non-abonnés l’accès à chaque article : le mur payant. Ce sont ces revues qu’on retrouve dans les cartes des publications scientifiques, les autres sont invisibles. Mais des moteurs de recherche comme Google Scholar ou Base-search.net peuvent les retrouver.
  • 58. EXEMPLE D’UNE DÉMARCHE DE RECHERCHE DOCUMENTAIRE BUT • Découvrir la science fermée, les textes scientifiques inaccessibles, derrière des murs payants ou des barrières légales • Comprendre les manières d’accéder à ces textes • Comprendre l’importance de les rendre accessibles • L’importance de mettre ses textes en ligne sur le web • L’importance de numériser le patrimoine scientifique universitaire
  • 59.
  • 60. Quand notre ordinateur n’est pas connecté à une bibliothèque qui est abonnée à la revue, il faut payer pour avoir accès au texte…
  • 61.
  • 62.
  • 63. Mais en fouillant un peu, on découvre que les auteurs avaient déposé leur texte sur un site web, en libre accès… avant même sa publication
  • 64. Un exemple de mur payant pour accéder à la science : 38$ pour un pdf!
  • 65. 38 $ pour acheter un compte rendu de livre sur la malaria! Cet argent va à l’éditeur et non à l’auteur qui a cédé ses droits
  • 66.
  • 67. ET POURTANT… • Les publications scientifiques sont de plus en plus nombreuses, accessibles en ligne de n’importe où dans le monde • Des moteurs de recherche puissants, comme Google Scholar, permettent d’y accéder grâce à la recherche par mots-clés • Le web permet de partager un texte à l’infini sans coûts et sans jamais le perdre Tout pourrait faire de la science un bien commun, un patrimoine commun à partager! • Le mouvement du libre accès et de la science ouverte s’efforcent de réaliser cette vision depuis les années 1990. • Déclaration de Budapest en 2002, réaffirmée en 2012
  • 68.
  • 69. DÉFINITION DU LIBRE ACCÈS – DÉCLARATION DE BUDAPEST 2002 Par "accès libre" à la littérature scientifique, nous entendons sa mise à disposition gratuite sur l'Internet public, permettant à tout un chacun de lire, télécharger, copier, transmettre, imprimer, chercher ou faire un lien vers le texte intégral de ces articles, les disséquer pour les indexer, s'en servir de données pour un logiciel, ou s'en servir à toute autre fin légale, sans barrière financière, légale ou technique autre que celles indissociables de l'accès et l'utilisation d'Internet. La seule contrainte sur la reproduction et la distribution, et le seul rôle du copyright dans ce domaine devrait être de garantir aux auteurs un contrôle sur l'intégrité de leurs travaux et le droit à être correctement reconnus et cités.
  • 70. RECOMMANDATIONS DU RAPPORT DE L’ONU SUR LE DROIT À LA SCIENCE ET LE DROIT D’AUTEUR, MARS 2015 Recommandation 112: Le produit des travaux de création subventionnés par des gouvernements, des organisations intergouvernementales ou des entités caritatives devrait être rendu largement accessible. Les États devraient réorienter leur soutien financier aux modèles de publication fondés sur la propriété vers des modèles de publication ouverts. Recommandation 113 : Les universités publiques et privées, ainsi que les institutions publiques de recherche devraient adopter des politiques en vue de promouvoir le libre accès aux travaux de recherche, documents et données ayant fait l’objet d’une publication, sur la base d’un système ouvert et équitable, notamment grâce à l’utilisation de licences Creative Commons.
  • 71. DEUX VOIES PLUS DURABLES VERS LE LIBRE ACCÈS Voie dorée Publier dans une revue en libre accès sur le web (les éditeurs en proposent , mais imposent parfois des frais aux auteurs) Rôle plus traditionnel de l’auteur
  • 72. DEUX VOIES PLUS DURABLES VERS LE LIBRE ACCÈS Voie dorée Publier dans une revue en libre accès sur le web (les éditeurs en proposent , mais imposent parfois des frais aux auteurs) Rôle passif traditionnel de l’auteur, à part au moment de choisir la revue Voie verte Archiver une copie en libre accès de son article dans un dépôt institutionnel universitaire Rôle actif essentiel de l’auteur
  • 73. LA VOIE DORÉE (REVUES EN LIBRE ACCÈS)
  • 74.
  • 75.
  • 76.
  • 77.
  • 78. DOAJ: Le portail des revues en accès libre
  • 79.
  • 80.
  • 81.
  • 82. LA VOIE VERTE (AUTO- ARCHIVAGE DES ARTICLES PAR L’AUTEUR)
  • 83. AUTO-ARCHIVAGE Un auteur place lui-même son texte sur le web dans le but de le rendre accessible au monde entier: Les internautes pourront: - Lire son texte en ligne - Le télécharger en pdf pour lecture ultérieure - Le citer dans leurs travaux - Le faire connaître à leurs étudiants dans les recueils de texte Conséquences : - visibilité accrue du travail de recherche, sortie de la tour d’ivoire - Seconde vie pour des travaux dormant sur des étagères ou dans des disques durs, qui ne servent à personne
  • 84. LES ARCHIVES NUMÉRIQUES OUVERTES INSTITUTIONNELLES • Des sites web qui sont réalisés et gérés par les bibliothèques universitaires à l’aide de logiciels libres qui ont été conçus pour ça : Dspace, eprints • Une volonté de pérenniser l’existence des publications • L’auteur-e fait le dépôt personnellement, en respectant la politique éditoriale de la revue • Les métadonnées permettent un repérage efficace dans les moteurs de recherche • L’équipe du dépôt (à la bibliothèque) valide le dépôt • Il reste difficile de mobiliser les chercheurs qui ne sont pas habitués à prendre soin de la diffusion de leur article…
  • 86.
  • 87. HAL : l’Archive ouverte du CNRS
  • 88. Le répertoire des archives universitaires ouvertes
  • 89. POUR VÉRIFIER LA POLITIQUE DE LIBRE ACCÈS D’UNE REVUE
  • 90. POUR VÉRIFIER LA POLITIQUE DE LIBRE ACCÈS D’UN ORGANISME QUI SUBVENTIONNE LA RECHERCHE
  • 91. DROIT D’AUTEUR SCIENCE CONVENTIONNELLE • Croire que toutes les revues exigent la cession du droit d’auteur ou interdisent l’auto- archivage • Oublier que l’auteur a toujours des droits moraux sur son texte, même s’il a été payé pour l’écrire • Ne pas oser diffuser, publiciser ou mettre en libre accès ses propres travaux de peur de faire quelque chose d’illégal ou de déplaire aux revues commerciales SCIENCE OUVERTE • Tout auteur d’un texte a le droit de librement donner une licence ouverte à son texte, sans demander de permission : Creative commons  Cette famille de licence autorise la diffusion, la reproduction et la réutilisation d’un texte dans la mesure où l’auteur est nommé 
  • 92. POUR SORTIR DU PARADIGME DE LA PROPRIÉTÉ INTELLECTUELLE ET APPRENDRE À PARTAGER
  • 93. LA SCIENCE S’OUVRE À LA PLURALITÉ DES SAVOIRS
  • 94. TROIS FORMES DE RECHERCHE OUVERTE 1. La « science citoyenne »: des projets de recherche qui s’ouvrent à la participation de non-scientifiques pour améliorer les connaissances produites sur différents sujets, notamment en biologie, en astronomie, en génomique, en botanique, etc. 2. La « science participative » ou « coopérative » : Des projets de recherche dont le design inclut les personnes qui sont l’objet du savoir produit ou qui sont touchées par le phénomène étudié et dont on assume l’intelligence, la capacité de comprendre et de produire de la connaissance. 3. Les dispositifs de médiation science-société ou universitaires-population L'UNESCO, dans son rapport mondial Vers les sociétés du savoir, nous propose cet idéal : • « Les sociétés du savoir ne mériteront vraiment leur nom que si le plus grand nombre possible d'individus peuvent devenir producteurs de savoirs et ne demeurent pas simplement consommateurs du savoir actuellement disponible ».
  • 95. 1. LA SCIENCE CITOYENNE : UNE SCIENCE DEVENUE HOSPITALIÈRE POUR LES AUTRES SAVOIRS Cette science citoyenne fait une place à la participation de citoyens définis ici en creux comme des non-professionnels de la science, des profanes, des non-experts. - ne gagnent pas leur vie comme chercheurs - n’ont pas le statut social et les exigences de reconnaissance publique, de salaire et de carrière des chercheurs. - Sont passionnés, motivés par leur contribution à l’édifice de la science Innombrables exemples passionnants de projets de science citoyenne, centrés sur deux buts: - Améliorer les connaissances du monde naturel (tela botanica, observatoire des oiseaux, des chauve-souris, des forêts, etc.) - Résoudre collectivement des problèmes scientifiques: - Polymaths - Foldit (optimisation de la structure de certaines protéines dans un jeu vidéo_ - Galaxy Zoo (coder des données astronomiques)
  • 96.
  • 97.
  • 98. 2. LA RECHERCHE-ACTION PARTICIPATIVE : DES CHERCHEURS DEVENUS HOSPITALIERS POUR LES NON-SCIENTIFIQUES Points communs : • Aspiration à la justice cognitive et à l’empowerment collectif par la science et la connaissance • Confiance dans l’intelligence collective, même chez les « non-sachants ». • La coopération permet de réaliser des projets impossibles à faire autrement
  • 99. Système de culture intensive du riz au Tamil Nadu
  • 100. EXEMPLE 1 . LE PROJET BHOO CHETANA Graves problèmes d’insécurité alimentaire en Inde - La solution Bayer-Monsanto: les cultures génétiquement modifiées et tous les problèmes subséquents - La solution Bhoo Chetana (Bengaluru, Inde): régénérer les sols (affaiblis par la sécheresse) par un emploi judicieux, localisé, de nutriments. 95 000 échantillons de sols envoyés par les paysans de tout l’État du Karnataka à un centre de recherche qui, en échange, leur indique quels nutriments utiliser. 10 000 facilitateurs engagés dans les villages La production augmente de 20 à 30% Les experts mondiaux du riz n’en reviennent pas… - “Bhoo means land and Chetana means rejuvenation. This initiative is to revive our agriculture which involves farmers, farm facilitators, extension workers, universities, research institutes and government,” explained S.V. Ranganath, Chief Secretary of Karnataka State Government.
  • 101. EXEMPLE 2. LA MÉTHODE PHOTO- VOIX • Des personnes non-scientifiques prennent des photos pour répondre à une question de recherche sur un problème social ou environnemental • Leur groupe discute et analyse les photos pour en tirer du savoir • Le projet photovert : les 6 conclusions étaient les mêmes que celles d’une étude scientifique!
  • 102. LES BOUTIQUE DE SCIENCES Un dispositif original qui fait le pont entre - les organismes de la société civile, les associations, les organismes communautaires ou d’économie sociale, mais aussi des organismes para-publics comme des écoles - Les étudiants universitaires des 3 cycles Dans le cadre de leur formation, ces derniers réalisent des projets qui répondent aux demandes des organismes pour des produits, des synthèses, mais aussi de la recherche. La demande vient de l’organisme, les étudiants y répondent sous la supervision de leur professeur. Ils et elles sont payés en « crédits d’études ». Du transfert de connaissances dans les deux sens, du dialogue, ébranlement du mur entre la société et l’université. Accès savoirs, la boutique de sciences de l’Université Laval
  • 103.
  • 104.
  • 105.
  • 106.
  • 107.
  • 108.
  • 109.
  • 110. INVENTORIER ET RENDRE ACCESSIBLES LES SAVOIRS LOCAUX • Anthropologie, ethnologie, inventaire du patrimoine immatériel • Wikipedia • Afripedia
  • 111.
  • 112.
  • 113.
  • 114.
  • 115.
  • 116.
  • 119.
  • 121. EXEMPLES DE LOGICIEL LIBRE Zotero Mozilla Firefox Thunderbird (pour les mails) Wordpress (pour les sites web) Drupal (pour les sites web) Logiciels gratuits, mais non libre Google Trello
  • 122. INSTALLER ZOTERO Ouvrir le navigateur Firefox ou chrome Aller sur le site http://zotero.org Se créer un compte avec le bouton « register » (aller dans votre mail pour trouver le message de confirmation) Télécharger Zotero Télécharger le plug-in pour Word ou Libre office (Page de téléchargement de Zotero) Chercher le « Z » dans le menu et cliquer dessus Chercher le plug-in dans le menu script ou dans les compléments de MS Word (sur windows) DÉMONSTRATION
  • 123. PARTAGER SES RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES AVEC ZOTERO SCIENCE CONVENTIONNELLE • Fiches individuelles de lecture • Endnote (logiciel propriétaire) : fiches bibliographiques électroniques • Ne pas partager ses références ailleurs que dans l’article publié SCIENCE OUVERTE Utiliser Zotero.org  Application Web libre et gratuite qui permet de collecter des références, d’importer les pdf, de sélectionner les citations à déposer dans son manuscrit, puis de générer les bibliographies d’un seul clic sous n’importe quel format (comme Endnote)  capacité de créer des collections de groupe ouvertes ou fermées : chacun peut puiser dans les références rassemblées. Ces collections deviennent des biens communs!  Très utile pour un Centre de recherche, un département, une revue (demander aux auteurs de puiser dans Zotero pour simplifier l’édition des bibliographies)
  • 124.
  • 125. LE DROIT À INTERNET Internet : un bien commun Le droit à Internet, pour lutter contre l’injustice cognitive, de deux façons 1. Consulter Internet pour s’informer (essentiel, mais passif) 2. Contribuer à Internet pour  Rendre visible la production scientifique locale et la diffuser pour permettre aux internautes de s’informer  Mettre en valeur les savoirs locaux  Partager des savoirs et des idées  Créer des réseaux et des liens internationaux
  • 126. UNE AUTRE SCIENCE EST POSSIBLE Il est possible de remettre en question le cadre normatif dominant et de proposer un cadre alternatif : la science ouverte : • Une science pluraliste, inclusive, qui intègre de plein droit des épistémologies européennes et non européennes • Une science qui valorise la publication en libre accès • Qui valorise le partage de ses travaux, ses données et ses ressources sur le web et avec les médias sociaux • Traduire et vulgariser ses articles pour les rendre accessibles à un plus large public • dialoguer, commenter (au lieu du secret et de la peur) • intégrer des non-scientifiques au processus de recherche • Intégrer des savoirs autres que scientifiques : savoirs locaux traditionnels, expérientiels, politiques, etc. • Décider de l’agenda de la recherche selon les priorités de la société, le bien commun • Privilégier les logiciels libres et les ressources éducatives libres
  • 127. IMPACTS CONCRETS DE LA SCIENCE OUVERTE POUR LES PAYS DU SUD • Un meilleur accès à la science du Nord pour les étudiants et les chercheurs du Sud • Un meilleur accès des étudiants et des chercheurs du Sud à la science du Sud • Une meilleure visibilité de la science du Sud dans le monde entier • Le partage des données et des textes scientifiques, qui améliore la qualité de la recherche et donne le goût de la science en coopération • Les sciences citoyennes et participatives libèrent (un peu) la science de ses conventions et de son élitisme et revalorisent les savoirs locaux, pour plus de justice cognitive.
  • 128. POURQUOI EST-CE IMPORTANT? SCIENCE ET DÉVELOPPEMENT La science peut être un outil fondamental du développement – (voir le site Sci-dev), mais de deux manières très différentes. Priorité au développement économique, à la croissance du PIB, aux échanges marchands, à l’exploitation des ressources naturelles Science orientée vers innovation technologique, mondialisée, liée aux entreprises = modèle dominant de la science, économie du savoir, science comme outil économique : les étudiants du sud reproduisent ce modèle aliénant Priorité au développement local défini selon les priorités locales, à l’empowerment des collectivités, à l’autonomie et à la non- dépendance mondiale Une autre science est nécessaire! Une science qui répond aux priorités locales, avec des chercheurs connectés à leur société, qui développe leur confiance en eux: la science ouverte engagée
  • 129. PILIERS DE L’UTOPIE CONCRÈTE SOHA • Une maison d’édition de livres en libre accès : les Éditions science et bien commun • Le Grenier des savoirs : une plateforme de revues scientifiques africaines en libre accès, pilotée par l’APSOHA (Association pour la promotion de la science ouverte en Haïti et en Afrique francophone) • Le dépôt institutionnel du CAMES (Conseil africain et malgache de l’enseignement supérieur) • Le réseau africain des boutiques des sciences et des savoirs (8 en émergence) • SOHA phase 2 : Des universités ouvertes et connectées • Décentralisation des activités de recherche et d’empowerment : Judite et Thomas
  • 130. UN PATRIMOINE • La science est un bien commun de l’humanité, un PATRIMOINE partagé et transmis de générations en générations, un commun de la connaissance. • Qu’est-ce qu’un « Commun de la connaissance »? • Un commun (air, eau, forêt, jardins communautaires, Internet, échange de services) est une ressource • qui n’appartient à personne • que tout le monde peut utiliser • dont une collectivité prend soin de manière coopérative, selon des règles qu’elle fixe elle-même • La science comme commun : les chercheurs doivent en prendre soin… un défi!
  • 131. CETTE PRÉSENTATION Est sous licence Creative Commons: Vous pouvez l’utiliser, telle quelle ou en la modifiant, pour vos activités d’enseignement ou de formation. Elle fait partie des communs de la connaissance, elle appartient à tous. À vous de jouer!