1. Jeunes MR
RM senueJ
C’est du belge !
Congrès politique des Jeunes MR
19 mai 2007
« Ce qui constitue une nation, ce n’est pas de parler la même langue ou d’appartenir au même groupe ethnographique,
c’est d’avoir fait ensemble de grandes choses dans le passé et de vouloir en faire encore dans l’avenir »
Ernest RENAN, auteur français, 1823-1892,
citation épinglée par Richard Miller, que nous remercions.
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1. Introduction
Les élections fédérales sont à nos portes. Le 10 juin prochain, les Belges seront appelés à désigner leurs
représentants à la Chambre et au Sénat. Ces deux institutions constituent un des traits d’union essentiels
entre les différentes communautés du pays. Elles rassemblent les Belges autour de politiques communes, et
témoignent à cet égard de notre unité et de notre appartenance à la même Nation.
2. Une démarche d’échanges et de dialogue
Plus qu’à tout autre moment de la vie politique, les élections fédérales, c’est l’occasion de parler de la Belgi-
que et des Belges.
C’est une tâche à la fois difficile et passionnante. La démarche semble a priori banale. Elle n’est pourtant
devenue que trop exceptionnelle ces dernières années.
Il ya quelques mois, la RTBF annonçait que tout était fini : la Flandre avait proclamé son indépendance, et le
Roi quittait le pays.
Indépendamment des considérations que l’on peut développer sur l’indispensable et constant respect qu’un
journaliste doit à sa déontologie, la Belgique a frémi. Si la crainte du séparatisme a vite été dissipée par l’an-
nonce de la fiction, le constat que bon nombre de Belges aient cru que tout cela était possible n’a par contre
pas encore fini de faire couler l’encre.
Indépendamment de ce débat, cela fait à présent de nombreux mois que Flamands et Francophones sem-
blent retrouver chacun un intérêt, voire une curiosité, pour l’autre. Cet intérêt retrouvé n’était à l’agenda
d’aucun programme électoral. Il irait presque jusqu’à étonner.
Pourtant, quoi de plus normal ? Séparez les peuples par des frontières, même linguistiques, ils finiront tou-
jours par vouloir les franchir. Car l’interdit attire, l’étranger gagne souvent à être connu, et ce que fait le voisin
finit toujours par attirer notre curiosité.
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La Belgique, c’est à la fois ça et son contraire. On y circule librement, mais on ne s’arrête plus, on s’y croise,
mais on ne se parle plus, on s’y voit mais on ne se regarde plus. Et tout cela sans raison particulière. Ou alors
des raisons fort simples : ça fait longtemps que l’on vit comme ça, on est bien chez soi, et on suppose que
l’autre est bien chez lui.
Mais la solitude, ça finit toujours par peser. Et puis, ça rend curieux. Alors, on se souvient du bonheur que l’on
ressentait lorsque l’on communiquait, lorsque l’on avait plaisir à croiser son voisin et à discuter avec lui dans
l’ascenseur, lorsque l’on réceptionnait son colis quand il était absent, lorsqu’on pouvait lui indiquer poliment
qu’il nous avait empêché de dormir et qu’il s’en excusait, sans recours ni à la police ni à la justice.
Depuis quelques mois, les habitants de la maison Belgique se sont souvenus qu’ils vivaient en copropriété. Et
qu’une copropriété, ça devait se gérer, et que pour bien s’y sentir, il fallait se parler. Certains se sont même
souvenus qu’au fond, vivre en copropriété, c’était aussi une manière simple de lutter contre la solitude et
d’être plus fort parce que l’on est ensemble. Vivre en copropriété, c’est aussi, dans bien des cas, l’occasion de
développer de nouvelles amitiés, d’aimer la chaleur d’un foyer, sans pour autant être contraint de partager la
même salle de bains ou les mêmes draps…
C’est dans ce cadre que le bureau des Jeunes MR a tenu à organiser une rencontre avec les jeunes de Flandre
qui, comme eux, s’intéressent à la politique et réfléchissent sans doute à son avenir.
Mais d’emblée, une précision s’impose : notre démarche n’est pas le fruit d’un romantisme francophone
primaire.
Nous n’avons rien à vendre, ni à voler. Nous n’avons pas l’intention de frapper à la porte de la Flandre en lui
tendant un bouquet de roses – surtout rouges –, sollicitant sa main pour de nouvelles fiançailles.
Tout d’abord, cela n’aurait de sens que dans le cadre d’une union brisée. Or, chacun conviendra sans doute
que nous n’en sommes pas là. Ensuite, une déclaration d’amour ne suffit pas à la Belgique. Car la mariée est
une femme exigeante. Il faut que l’on s’occupe d’elle, de ses institutions, de ses Communautés culturelles et
de leurs compétences personnalisables, de ses Régions et de leur économie, de son Roi et de ses nombreux
parlements et gouvernements…
Non. La démarche des Jeunes MR est d’abord rationnelle. Elle est motivée par une volonté d’intensification
des contacts et des dialogues avec celles et ceux qui, comme nous, défendent des projets politiques démocra-
tiques en Flandre. Notre souhait, notre volonté, est de contribuer à retisser des liens sociaux entre l’ensemble
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des Belges, dans le respect des spécificités de chacun, dans un esprit d’ouverture et de tolérance. Car parler
de la Belgique, c’est parler des Belges, de leurs différences, de leurs histoires, mais aussi, selon nous, de ce qui
les unit et les rassemble.
Nous ne craignons pas le débat. Nous n’avons pas peur des tabous. Mais nous sommes attachés à la Belgique,
nous misons sur son avenir, et nous défendons ce qu’elle représente pour nous tous.
Parce que nous sommes jeunes, parce que nous sommes européens, parce qu’aborder la Belgique de manière
rationnelle n’empêche pas de l’aimer.
3. Un monde en mutation
La Belgique, c’est d’abord une – déjà – longue histoire, notamment institutionnelle.
Une histoire que chacun de nous a étudiée, une histoire que chacun de nous ressent selon ses sensibilités
personnelles, une histoire que l’on s’approprie peut-être de manière différente selon la façon dont elle a été
enseignée ou selon le milieu dans lequel on a grandi.
Mais une chose est certaine : la Belgique de papa, c’est fini ! L’Etat belge unitaire et centralisé a vécu. Les Bel-
ges ont voulu un Etat fédéral, et le fédéralisme est aujourd’hui acquis. Il constitue notre cadre institutionnel, il
garantit déjà de larges compétences aux Régions et aux Communautés, tout en maintenant au niveau fédéral
des compétences non moins importantes.
Si en 175 ans d’histoire la Belgique a beaucoup évolué, le reste du monde a lui aussi connu bien des événe-
ments, bien des bouleversements. Nombreux ont malheureusement été tragiques : deux guerres mondiales,
de nombreux conflits plus localisés, des famines, des attentats, beaucoup de souffrances.
D’autres événements ont fort heureusement été bien plus positifs. Pensons à la mise en place de l’Organisation
des Nations Unies (ONU), à l’augmentation sans précédent du nombre d’Etats adoptant un régime politique
démocratique, à la mondialisation – certes encore imparfaite – des Droits de l’Homme et des Libertés
fondamentales, au progrès de la science et à l’amélioration des conditions de vie de plusieurs milliards
d’hommes, de femmes et d’enfants. Pensons également, bien entendu, à la construction européenne pour
laquelle la Belgique s’est tant battue.
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Notre pays a d’ailleurs toujours attaché une grande importance à l’évolution de la situation internationale.
Notre pragmatisme et notre expertise confèrent à notre politique étrangère une plus-value et une incontes-
table spécificité. Notre intérêt particulier pour l’Afrique centrale, pour le Moyen-Orient, nos prises de posi-
tion encore récentes dans les grands conflits mondiaux, ou encore notre esprit d’ouverture et de tolérance à
l’égard des cultures non occidentales, ont fait de notre Etat un ambassadeur respecté qui œuvre pour la paix
et la promotion des libertés et droits fondamentaux.
Dans ce monde qui bouge, où tout va toujours plus vite, où les hommes se déplacent de plus en plus libre-
ment et rapidement, où les échanges entre les peuples n’ont jamais été aussi importants, le besoin d’identité
ou de référence nationale reste pourtant manifestement présent.
Comme si, plus l’homme prenait conscience de la diversité des cultures qui peuplent le monde, plus il avait
envie de rappeler qui il est et d’où il vient.
Pour ce qui nous concerne, l’identité des Belges est sans doute multiple. Pour certains, elle sera surtout na-
tionale, pour d’autres, elle sera davantage communautaire ou territoriale.
L’identité monolithique nationale à la française, chez nous, c’est Kafka.
Mais cela n’enlève pourtant rien à l’importance d’être fiers de ce que nous sommes, même si notre identité
est plurielle. Car sans passion, sans amour de la nation, une patrie perd sa cohésion et meurt.
Certains diront que cette conception de l’Etat est dépassée. Qu’à l’heure de la citoyenneté européenne, voire
mondiale, le patriotisme c’est ringard. Qu’il est peut-être même, bien pire, l’expression d’une pensée extré-
miste.
Mais cette citoyenneté européenne, précisément, elle a du mal à naître dans les cœurs des Européens parce
que l’Europe n’est pas encore parvenue à être aimée par ses ressortissants, de la même manière que ceux-ci
aiment leur pays.
Et si l’Europe souffre d’un déficit affectif, c’est bien parce que ses ressortissants éprouvent des difficultés à
s’identifier à elle.
Car les Européens ne veulent pas d’une Europe technocratique, sans idéal, sans solidarité entre ses peuples,
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sans projet de société commun, sans capacité à protéger ses citoyens et à répondre à leurs préoccupations.
Les peuples n’adhèrent pas à des unions économiques ou monétaires. Ils adhèrent à des communautés de
valeurs et à des projets politiques dans lesquels ils se reconnaissent.
Cela, les Etats membres devront le comprendre. Eux qui semblent redouter l’émergence d’une citoyenneté
européenne qui remplacerait les citoyennetés nationales. Alors qu’une citoyenneté n’en chasse pas une autre
si elle apporte une valeur ajoutée.
Aimer l’Europe n’empêche pas d’aimer son pays.
Aimer l’Europe ne nous empêche pas d’aimer la Belgique.
De la même manière, aimer une communauté, qu’elle soit culturelle, religieuse ou linguistique, ne peut nous
empêcher d’aimer notre pays.
A défaut, c’est le repli identitaire et communautaire. C’est refaire l’histoire à l’envers. C’est retourner à l’épo-
que où l’on opposait les hommes les uns aux autres. A cette époque où l’intolérance faisait de la force du
plus fort la seule loi.
Les Européens ne se sont pas rassemblés pour que renaissent les communautarismes de ce type. La Commu-
nauté européenne ne s’est pas transformée en Union européenne sans raison, sans vouloir, par sa spécificité,
unir dans la diversité, rassembler les forces mais respecter les différences.
La citoyenneté européenne est encore loin d’équivaloir à la citoyenneté belge. Sans doute d’ailleurs n’y équi-
vaudra-t-elle jamais. Car leurs objets sont différents. Les droits qu’elles procurent ne sont pas comparables.
Mais une chose est certaine : si la citoyenneté européenne a besoin d’un contenu et de valeurs suffisantes
pour se développer et que les peuples y adhèrent, la citoyenneté belge ne peut être sauvegardée qu’à la
condition de continuer à signifier davantage pour les Belges que la marque d’une seule appartenance à une
union d’intérêts dépourvue de toute valeur.
Ce n’est pas parce que nous construisons l’Europe des peuples que ceux-ci sont disposés à abandonner une
part substantielle de leur identité.
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4. Une identité belge réaffirmée
La Belgique, pour les Jeunes MR, c’est une plus-value pour chacune de nos communautés linguistiques.
Cette plus-value, elle se mesure par toutes les actions qui, parce qu’elles sont menées de concert, apportent
de meilleurs résultats que si elles étaient menées par chacun dans son coin. Cette méthode fonde d’ailleurs
également tout l’esprit de la construction européenne.
Transposée à la Belgique, cette méthode implique que l’Etat fédéral doit être et rester compétent pour tout
ce qu’il est apte, par sa nature, à mieux faire que les Régions et les Communautés. Et parce qu’il est souverain,
l’Etat fédéral doit également être compétent pour toutes les grandes missions principales de l’Etat, et notam-
ment : la justice, la police, la défense, la cohésion sociale, ou encore la politique étrangère et d’asile.
Mais nous l’avons dit, un Etat, ce n’est pas qu’une structure ou une liste de compétences. Un Etat c’est aussi
un symbole, une référence, une puissance affective et identitaire dans le sens noble du terme.
Les Belges le savent, ils le ressentent.
Chacun des grands événements communs à notre pays réunit encore en effet les Belges, toutes communau-
tés confondues. Qu’ils soient sportifs, culturels, ou économiques, de nombreux événements continuent à
nous rassembler. Ils témoignent de l’existence d’un lien qui nous unit tous : un lien culturel.
La Belgique, c’est donc également une plus-value culturelle. Cette affirmation pourrait paraître incongrue
à l’heure où plus personne ne songe à remettre en cause la communautarisation de la culture. Et pourtant,
cette communautarisation a délaissé un pan pourtant essentiel de notre identité : la culture belge. Celle qui
n’est propre ni à la Flandre, ni à la Wallonie, mais que l’on ressent pourtant encore souvent non seulement à
Bruxelles, mais aussi et surtout dans le cœur de la plupart des Belges.
Qu’il s’agisse de la bonne humeur, de l’humour, de l’autodérision, ou de la bonhommie, qu’il s’agisse de cho-
colat, de frites ou de bière, qu’il s’agisse encore du Manneken-pis ou de nos grands musées nationaux, qu’il
s’agisse enfin de notre histoire commune ou de l’image que nous véhiculons de par le monde, il y a une cultu-
re belge qu’aucune communautarisation ne parviendra jamais à s’approprier. Une culture belge qui n’existe
que parce qu’elle est belge, une culture irréductible à l’une ou l’autre de nos communautés. Cette culture,
aussi, fonde l’Etat belge, le légitimise, le grandit, et contribue à forger l’identité et la cohésion nationales.
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Ne laissons pas ce ciment se fissurer. Pour les Jeunes MR, il incombe à l’Etat fédéral aussi de défendre et de
promouvoir cette culture qui unit les Belges, qui fonde leur identité, qui justifie leur rassemblement et le
partage de leurs intérêts.
Plaider en faveur d’une politique culturelle propre à l’Etat belge, ce n’est bien entendu pas remettre, en quoi
que ce soit, en cause l’autonomie culturelle des Communautés.
Mais estimer qu’un Etat qui croit en son avenir et qui est fier de son histoire, c’est un Etat qui doit financer
adéquatement ses grands musées, et promouvoir le meilleur de ce qu’il est dans le monde entier, en laissant
au placard ses petits problèmes de couple, c’est faire preuve de responsabilité et de sens de l’Etat.
5. La richesse d’une auberge espagnole
Les jeunes qui se passionnent pour la politique ont souvent envie de changer le monde. Il y a souvent, dans
leurs engagements, une part d’utopie et de rêve.
En mai 68, les étudiants voulaient des libertés et revendiquaient le droit au plaisir. Aujourd’hui, les jeunes
d’Europe occidentale ne manifestent plus guère en masse, sauf lorsqu’ils demandent davantage de moyens
pour l’enseignement. Des plaisirs, ils en ont souvent à foison. Le monde, ils sont nombreux à le parcourir en
avion grâce aux compagnies « low cost ». Les pavés de mai 68 ont fait place à Erasmus et Socrates. Nom-
breux sont ceux qui connaissent d’ailleurs bien mieux le patrimoine de Rome, Madrid ou Oxford plutôt que
celui, pourtant aussi beau, qu’ils voient dans leur pays depuis qu’ils sont nés.
Cela ne doit toutefois pas nous désintéresser de ce qu’il se passe à nos portes. Le regard que nous avons la
chance aujourd’hui de pouvoir porter sur le monde ne nous autorise pas à garder les yeux fermés lorsque l’on
est en Belgique.
Récemment encore, les chaînes de télévision diffusaient ce magnifique film français de Cédric Klapisch «
L’auberge espagnole ». L’histoire est celle de jeunes issus de différents pays européens qui participent au
programme d’études « Erasmus ». Ils se retrouvent tous à Barcelone, et appréhendent de manière concrète
la réalité du projet européen.
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Cette réalité, c’est la multi-culturalité, c’est la diversité, c’est le plaisir de rencontrer d’autres cultures, d’autres
traditions. C’est le droit de découvrir ce que l’on ne connaît pas, d’aller où on n’aurait pas eu l’occasion d’aller.
Dans ce film, le libre échange européen prend un visage humain, il en prend d’ailleurs même plusieurs. On
perçoit alors toute la chance que l’on a de vivre au sein d’un espace aussi grand et diversifié, d’y être libre et
respecté tel que l’on est.
En mars dernier, une délégation des Jeunes MR s’est rendue au congrès de Nicolas Sarkozy à Paris. Là-bas,
les jeunes de l’UMP leur ont présenté une délégation des Jong CDV, et côte à côte, assis dans les mêmes
tribunes, tous ont applaudi à l’unité nationale de la France. En Belgique, ils ne s’étaient pourtant jamais vus.
Deux exemples, deux contrastes.
Réapprenons à nous connaître. Réjouissons-nous de nous rencontrer. Emerveillons-nous de nos différences et
enrichissons-nous de nos expériences respectives.
De nouveau, il ne s’agit pas de formuler le vœu d’une société « peace and love » à la mode des années 60.
Mais il s’agit de veiller à ne pas trouver extraordinaire la rencontre entre les peuples européens alors que, dans
le même temps, nous évitons ou craignons la rencontre entre nous, alors que nous sommes tous jeunes, tous
européens, et que nous vivons tous en Belgique, les uns à côté des autres, et pour toujours.
6. Des échanges plus constructifs
Pour cela, nous sommes conscients des efforts à accomplir. Erasmus, c’est l’envie de découvrir l’autre, l’envie
de s’intégrer et d’être compris. C’est aussi l’envie d’être respecté tel que l’on est, sans avoir besoin d’être
assimilable à l’autre pour être accepté par lui.
En Belgique, ces échanges doivent bien entendu passer par une meilleure connaissance par chacun de la
langue de l’autre. Nous ne le contestons pas. Nous choisissons même de faire la promotion de cet appren-
tissage par le plus grand nombre. C’est dès l’enseignement qu’il faut réellement placer le bilinguisme, ou du
moins la connaissance suffisante de la langue de l’autre communauté, comme objectif prioritaire à atteindre.
A cet égard, les Jeunes MR plaident pour des échanges systématiques, dès le plus jeune âge, entre les élèves
de Communauté française et de Communauté flamande, sans oublier bien entendu ceux de Communauté
germanophone. L’échange linguistique est vecteur non seulement d’une meilleure connaissance de la langue,
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mais il permet également de créer des liens entre les communautés et les gens. Il renforce indubitablement
la culture belge.
Communiquer, c’est bien entendu s’exprimer dans une langue comprise de chacun des interlocuteurs, mais
c’est aussi écouter l’autre, tenter de le comprendre, et ne pas le caricaturer.
Ainsi, l’image que l’on doit chacun avoir de l’autre doit être objectivée.
Non, nous ne sommes pas une communauté sous-développée économiquement, pauvre et socialiste. Non,
nous ne sommes pas tous au chômage, ni à Bruxelles, ni en Wallonie. Non, il n’y a pas que des mines de char-
bon en Wallonie. Non, nous ne sommes pas maladivement profiteurs ou assistés. Et non, nous n’avons pas de
difficulté intellectuelle chronique en particulier, même pour apprendre le néerlandais.
De la même manière, l’image que les Francophones ont de la Flandre doit, elle aussi, évoluer. Non, vous n’êtes
pas un « bloc/k » riche et égoïste, pas plus qu’extrémiste ou intolérant.
Mais il est vrai que chacune de nos régions connaît ses difficultés propres.
Le taux de chômage en Wallonie et à Bruxelles reste inquiétant, et sans doute tout n’a-t-il toujours pas été
fait pour lutter efficacement contre le manque d’emplois et réussir la reconversion économique. De la même
manière, un certain nombre d’affaires politico-financières ont terni notre image en Flandre, et il nous revient
de faire en sorte que cela cesse. A Bruxelles, des défis majeurs doivent être relevés, comme l’amélioration de
la formation, la lutte contre la pauvreté, ou l’équilibre entre intégration et diversité culturelle.
De la même manière encore, les propos qui sont tenus à notre égard en Flandre nous blessent parfois pro-
fondément. Peut-être contribuent-ils d’ailleurs à décourager un certain nombre de francophones, résignés
et persuadés de l’infériorité économique chronique de leurs industries par rapport à celles de la Flandre. La
montée des extrémismes est un phénomène qui, par ailleurs, nous inquiète fortement car il remet en cause
les libertés et droits fondamentaux qui fondent notre démocratie même. Ces extrémismes nous inquiètent
d’autant plus que certains démocrates les combattent en nous pointant du doigt.
C’est aux jeunes de ce pays principalement qu’il revient de combattre ces clichés. C’est à nous qu’il incombe
de proposer les politiques nécessaires pour sortir notre communauté respective de ses travers, et pour que
l’image qu’elle donne d’elle soit le reflet de ses qualités et de ses valeurs.
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A cet égard, réinstaurer par exemple une circonscription électorale unique à l’ensemble de la Belgique pour
un nombre déterminé de députés nous paraît pouvoir renforcer la qualité du débat et du dialogue entre l’en-
semble des Belges. Cela promouvrait également le bilinguisme chez les représentants politiques…
7. Une vision jeune et responsable, dynamique et moderne d’un avenir commun
Défendre la Belgique et vanter les mérites des plus-values qu’elle apporte, c’est une chose, s’entendre ensuite
sur la mise en place d’un projet politique commun, c’en est une autre.
Le présent message adressé par les Jeunes MR aux jeunes politiques de Flandre n’a pas pour ambition d’être
un programme électoral ou de gouvernement. Notre but était d’abord de rappeler ce qui, à nos yeux, fonde
notre Etat et justifie que l’on défende son existence et son avenir.
Une fois que l’on s’entend sur cela, encore faut-il alors, il est vrai, s’entendre sur le contenu précis des politi-
ques à mettre en œuvre.
S’il fallait se limiter à l’essentiel, à ce qui tient le plus à cœur aux Jeunes MR, nous dirions que nous militons
en faveur d’une politique qui poursuit une vision à la fois jeune et responsable, dynamique et moderne.
a. Une vision jeune et responsable
La jeunesse, c’est ce qui nous unit et nous caractérise tous. Notre motivation s’inscrit donc non seulement
dans le présent, mais nécessairement aussi dans notre avenir commun. Le monde qui nous est légué a besoin
que l’on s’occupe de lui et des générations qui nous succéderont. Pour notre avenir, pour celui de nos enfants
et des enfants de nos enfants, nous devons unir nos forces pour préserver notre environnement, notre cadre
de vie.
Nos parents nous ont offert la paix. C’est un héritage précieux que nous devons bien entendu préserver. C’est
à nous à présent qu’il revient de léguer le fruit de notre travail à nos enfants. La plus-value que l’on attend de
nous, la dette que nous avons à l’égard de ceux qui nous succéderont, c’est la protection de la planète.
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Ce message, il est universel. Du plus petit de nos villages, au plus prestigieux colloque international, l’envi-
ronnement doit être la préoccupation de chacun. Pour cela, de nouveau, la Belgique est une plus-value et
doit faire entendre sa voix sur la scène internationale. Ne rajoutons pas de la cacophonie au concert des
Nations.
Sur le plan intérieur, la protection de l’environnement, c’est l’affaire de tous. Il n’y a pas l’écologie bourgeoise
d’un côté, et l’écologie sociale de l’autre. Ceux qui, une nouvelle fois, créent des discriminations dans ce do-
maine prouvent qu’ils n’ont rien compris aux enjeux auxquels nous sommes confrontés.
L’environnement, c’est un enjeu. C’est aussi une formidable opportunité. Prédire la fin des temps ne servira
aucun intérêt. La peur gagnerait les peuples, et la résignation empêcherait toute réforme.
Par contre, concevoir la protection de l’environnement comme une valeur positive, comme un défi à relever,
comme une manière d’améliorer nos conditions de vie et d’assurer un développement durable de l’ensemble
des régions du monde, c’est un défi merveilleux pour lequel, nous en sommes certains, les peuples peuvent
se mobiliser.
b. Une vision dynamique et moderne
La politique que nous souhaitons pour les prochaines années, c’est aussi une politique dynamique et mo-
derne.
En termes de mobilité, d’emploi, de fiscalité, de politique économique ou encore de cohésion sociale, c’est
l’approche choisie par les Jeunes MR.
En matière de mobilité, nous voulons davantage de transports en commun, des trains qui sillonnent toute
la Belgique, même là où la densité de la population est moindre, une fiscalité propre, un développement
aéroportuaire national et respectueux des droits de chacun, mais aussi un sens de la circulation qui demeure
identique de part et d’autre de la frontière linguistique…
En matière d’emploi et de développement économique, nous voulons des politiques cohérentes entre les
niveaux de pouvoir avec des partages de compétences clairs. Nous voulons également des politiques réso-
lument modernes, ouvertes sur les nouvelles technologies de l’information et de la communication. Des
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politiques qui favorisent le développement de la connaissance et du progrès auprès du plus grand nombre.
Nous voulons des incitants positifs de mise à l’emploi, et ne craignons pas que des sanctions soient adoptées,
le cas échéant, à l’encontre de celui qui ferait preuve d’une mauvaise volonté manifeste face aux emplois qui
lui seraient proposés.
En matière de cohésion sociale, nous voulons une sécurité sociale fédérale, qui garantisse la solidarité natio-
nale. S’il y a des abus, où qu’ils soient, nous voulu qu’ils soient combattus. Nous voulons également qu’une
bonne gouvernance garantisse la gestion seine et transparente de notre système social. Car il unit les belges,
et il les rend chacun plus fort face aux défis de demain : financement des pensions, remboursement des soins
de santé (sans cesse plus coûteux mais aussi plus performants), paiement des allocations familiales, etc.
8. Conclusion : une Belgique tolérante et respectueuse
Les programmes des formations politiques flamandes ne nous sont bien entendu pas inconnus. Les agendas
communautaires existent, et les velléités de réformes institutionnelles font partie du quotidien de la politique
belge.
L’ambition du présent message à la Flandre n’est pas de démonter chacune des réformes que telle ou telle
formation politique propose. Notre ambition n’est pas non plus de dire à la Flandre qu’elle a tort, et que les
Francophones ont raison. Notre ambition n’est pas davantage de dresser un catalogue de revendications, ou
d’aiguiser nos armes en vue du prochain round institutionnel.
Notre ambition première, c’est de relancer le dialogue entre communautés, et entre les jeunes des forma-
tions politiques en particulier.
Notre ambition, c’est également de rappeler ce qui, aujourd’hui, caractérise la jeunesse et ses valeurs. Ce qui
la fait rêver, ce qui l’émerveille.
Notre ambition, enfin, c’est que chacun de nous, dans nos familles, dans nos partis, dans nos écoles, dans nos
entreprises, puissions parler de la Belgique et de son avenir avec tolérance et respect pour chaque Belge et
chaque communauté.
N’oublions pas que la Belgique est diverse, et que cette diversité fait notre richesse. Nous ne gagnerons rien
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à être uniformisés. S’il est un devoir de favoriser les rencontres entre les Belges, si le multilinguisme doit être
promu à tout prix, si chacun doit accepter la culture et l’identité de son voisin, être Belge est une qualité
constitutionnelle en soi suffisante pour vivre et habiter en Belgique, quelle que soit la région linguistique
choisie.
La Belgique ne connaît pas de sous-nationalité flamande, bruxelloise ou wallonne. Toute tentative de repli
identitaire est à condamner. Etre belge, c’est avoir le droit de circuler et de s’exprimer partout en Belgique
selon la langue de son choix. C’est le droit d’être écouté et épaulé par les administrations, dans la langue
nationale de son choix. C’est également le droit d’appeler des services de secours, dans n’importe quelle lan-
gue, partout où l’on se trouve en Belgique. Car s’il faut promouvoir la diversité et la tolérance chez les Belges,
l’exemple doit nécessairement d’abord être donné par l’Etat, sous quelle que forme qu’il soit.
Etre belge, c’est encore avoir le droit de porter l’identité qui est la nôtre sur tout le territoire national. Bien
sûr il y a les régions linguistiques, les communes de la périphérie, la législation sur l’emploi des langues, mais
dans une société tolérante, c’est toujours le droit des gens qui doit prévaloir sur le droit du sol.
On n’est pas moins Belge si on parle français à Ostende ou néerlandais à Arlon. On est Belge tout court. Et
c’est ça qui nous unit, et qui nous rend fort.
L’Union fait la force. Eendracht maakt macht. Einigkeit macht stark.
Vive la Belgique !
C’est du belge !
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