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Les Racines indo-européennes et
la trajectoire sémantique du marqueur
discursif quoi :
Une Etude sémantique et diachronique
DeAndré A. Espree-Conaway
08 Avril 2013
French Studies Senior Seminar – Sewanee : University of the South
Senior Thesis
Professeur Poe
2
Résumé
En expliquant l’évolution sémantique historique des mots en qu- indo-européens, cette étude
détaille la trajectoire diachronique et le processus par lequel le mot quoi est devenu un marqueur
discursif (MD). On analyse des données trouvées dans un corpus littéraire et un oral tandis
que l’on utilise aussi des méthodes de la reconstruction comparative pour affiner la compréhension
de quoi et, plus globalement, des marqueurs discursifs sur le plan sémanto-diachronique. On
commence par discuter, de la perspective des MD, la théorie de la pragmaticalisation et comment
elle joue un rôle plus général dans une théorie du changement sémantique. Ensuite, on fournit une
histoire évolutive du marqueur discursif quoi tout en discutant comment quoi interagit avec le
phénomène plus général de mots en qu-. Dans cette analyse, on focalisera non seulement sur les
changements de forme mais aussi sur les changements de sens ainsi que les forces cognitives et
linguistiques qui y agissent pour les créer. On suit quoi et les autres mots liés en qu-, à travers
l’étape proto-indo-européenne (PIE) et latine en passant à la période de l’ancien français, puis du
moyen français, jusqu'à ses usages actuels de français moderne. En même temps, l’étude trace
aussi quand et comment le mot quoi se pragmaticalise pour que l’on puisse comprendre son
fonctionnement et son sens actuel en discours. L’étude se termine par une analyse des
changements sémantiques des mots tel que quoi et ceux qui commencent par qu- en relation avec
leur importance et leurs plus grandes implications dans le champ de la diachronie.
mots clés: quoi, diachronie, marqueurs discursif (MD), pragmaticalisation, proto-indo-européen (PIE)
3
I. Introduction
Dans ce mémoire, on vise à fournir une histoire détaillée du mot quoi, son rôle en tant
que marqueur discursif (MD)—« une classe pragmatique, [où] des expressions lexicales[, afin de
devenir une partie du monde linguistique du discours,…sont] tirées des classes syntaxiques de
conjonctions, d’adverbes, de prépositions et de phrases » (Fraser 1999 ; Espree-Conaway 2012)
—et le développement de son sémantisme depuis l’époque indo-européenne jusqu'à la période
actuelle. Ce quoi dont on parle apparaît souvent dans les conversations orales à la quotidienne,
comme dans cette situation:
Enfin, celui qui a appris le métier tout « à la main » comme on dit, il est obligé d'avoir le coup,
quoi !1
Ce quoi est particulier parce qu’il n’a plus de rôle traditionnel sémantique, mais il
fonctionne en tant que particule de discours.
Selon les dictionnaires comme le nouveau Petit Robert de la langue française (2012), ce
quoi se définit comme une interjection « ou un mot employé pour achever une explication ou une
énumération » (Espree-Conaway 2012). Par exemple, dans une citation de Lamartine, on lit:
« Quoi! passés pour jamais? quoi! tout entiers perdus? » (2012). Pour l’exemple d’une deuxième
usage, une citation de Bernanos est offerte: « Je sers au régiment étranger.–Au régiment?[…]–A
la légion, quoi! » et de Céline: « Tout ce qu’ils possédaient […] leurs champs, les arbres et même
les vaches, un chien avec sa chaine, tout, quoi » (2012). Par les dictionnaires, on peut également
entrapercevoir un peu de l’histoire sur les usages discursifs de quoi. Le dictionnaire de
l'Académie française (depuis 1762 jusqu’à 1935) décrit ce quoi discursif comme un pronom et
1
« Les Accents Des Français ». Les Accents Des Français. N.p., n.d. Web. 18 Feb. 2013.
<http://accentsdefrance.free.fr/> est un des corpus oral. Il est basé sur le livre : Léon, Pierre, Fernand Carton, Mario
Rossi, and Denis Autesserre. Les Accents Des Francais. Paris: Hachette, 1983.
« [Cette enregistrement de] haute Bretagne, vaste région qui s'étend de Nantes à Rennes et à Fougères…
[Voici] M. Jean Madec (50 ans), un vigoureux sabotier de Cornouailles. Il parle de son métier (durée l'30).
Enregistrement de Pierre Andro (1978). »
4
une « particule admirative », existant entre les 4e
et 8e
siècles, qui « sert à marquer l'étonnement,
l'indignation, etc…[et] [o]n y ajoute quelquefois l'interjection ». Dans le dictionnaire Larousse,
ce quoi se définit comme un mot familier qui « [m]arque un mouvement d'humeur (souvent après
alors, eh bien, encore) » (2010). On cite l’exemple « Alors quoi! Il faudrait se décider » (Espree-
Conaway 2012). L’utilisation de quoi, dans sa fonction interrogative, commence à la fin 11e
siècle. En tant que « pronom exclamatif » ou « interjection », ce quoi commence son rôle dans la
langue française environ à la fin du 12e
siècle. Cependant, le quoi qu’on décrit ici n’est pas une
interjection (cela se discutera par la suite).
Sur le plan linguistique, ce quoi est un marqueur discursif qui exprime la tentative de
formuler le « non encore catégorisé » (Lefeuvre 2006) , une manière de politesse égalitaire et
solidaire, de camaraderie non formelle, plus axée sur une sorte de déférence dans le processus de
comprendre et de définir le concept inconnu (cf. Beeching 2007). Ce quoi en tant que MD
possède un « sémantisme qui renvoie à ce qui n’a pas encore été nommé […ce qui…] est amené
dans plusieurs de ses emplois à jouer un rôle important dans la formulation », (Lefeuvre 2006)
voire la reformulation d’un énoncé.
Étymologiquement, quoi, dans ce fonctionnement discursif ainsi que dans ses autres
usages, se dérive directement de quid, pris de la forme neutre du mot latin quis. Cependant,
antérieurement à quis, ce quoi possède une diachronie plus étendue. Il prend ses origines dans
« *kw- » 2
(probablement *kwe pour les formes masculines et féminines, *kwi pour la forme
neutre, et *kwo pour la forme adjectivale), une particule lexicale indo-européenne qui a eu un
sémantisme « à la fois d’indéfini et d’interrogatifs de type pronominal » (Muller 2008). Ce *kw-
est à l’origine de tous les mots français en qu-—un fait qui se dévoilera ultérieurement dans cette
2
(*) l’astérisque indique que cette forme est une reconstruction d’habitude d’une protolangue—effectivement une
forme que personne n’a jamais vue dans l’écriture ou entendue à l’orale. exemple : cinq Fr. > quinque Lat. > PIE
*penk eʷ .
5
discussion. Quoi, dans son usage discursif parmi d’autres, ainsi qu’un certain nombre d’autres
mots en qu- (y comprises les racines de plusieurs chiffres comme on verra ultérieurement)
s’initient par les lettres *kw- (en constituant un groupe particulier de mots en *kw-) qui à travers
le temps d’un côté s’affine et de l’autre côté se blanchit pour arriver aux sémantismes actuels
dans tous ces mots étroitement liés. Dans le cas spécifique du quoi discursif, on observe le
blanchiment sémantique alors que le mot passe par un processus appelé la pragmaticalisation—la
manière cognitive par laquelle les mots passent du monde lexical au monde pragmatique ou au
monde du discours— jusqu’à ce qu’il arrive au sens actuel dont on parle. Il s’agit de changement
sémantique— le procédé à travers lequel quoi est passé et que l’on décrit dans ce mémoire.
La théorie de changement sémantique que l’on utilise ici est celle d’Elizabeth Traugott
fondée sur les idées de la typologie langagière3
. Traugott suggère qu’il y a trois périodes— liées
par ce qu’elle appelle en anglais la « subjectification » (une référence commune aux valeurs des
locuteurs et de la fonction linguistique)—comprises dans le changement sémantique (cité dans
Croft 2003; Traugott 1989). Premièrement, on voit un changement de sémantisme au niveau
d’une définition du monde externe vis-à-vis d’un monde interne—c’est-à-dire, un mot qui décrit
une matière extérieure (par exemple, des caractéristiques, des actions ou des objets) est remplacé
sémantiquement (mais pas forcement en forme) par un mot qui exprime une matière intérieure
(comme des perceptions, des évaluations, ou des aspects de la cognition). Deuxièmement,
Traugott affirme que les sens deviennent ceux qui sont axés sur le monde textuel ou
métalinguistique (comme les connecteurs discursifs ou des marqueurs de l’acte de langage).
Enfin, les sens changent par rapport aux croyances, aux attitudes ou aux propositions subjectives
3
Typologie des langues. Une étude qui observe les aspects communs dans plusieurs langues du monde pour arriver
à des corrélations dans leurs structures. Un exemple d’une observation célèbre de la typologie est le fait que des
langues avec une structure de base de la phrase sujet-verbe-objet (le français, l’indonésien, etc.) ont des prépositions
tandis que des langues sujet-objet-verbe (le japonais, l’hindi, etc.) ont des postpositions.
6
des locuteurs. Cette théorie de Traugott offre le cadre par lequel on décrira le changement
sémantique de quoi depuis ces particules ancestrales indo-européennes *kw-.
Dans cette étude, on tracera le développement sémantique de quoi et des mots liés en qu-
afin de décrire en détail la trajectoire diachronique de la forme et du sens ainsi que le processus
par lequel le mot quoi est arrivé à son fonctionnement et à sa signification actuelle en tant que
marqueur discursif. Cette étude examinera des corpus de l’oral ainsi que de la littérature
française et également elle emploiera des méthodes de reconstruction comparative afin de
comprendre ce phénomène sémanto-diachronique. On fait des comparaisons entre quoi et ces
racines italiques et les autres sous-familles dérivées du proto-indo-européen, surtout pour
démontrer les parallèles avec la branche germanique et l’histoire langagière de l’anglais, afin de
comprendre le fonctionnement de ce phénomène plus globalement—c’est-à-dire, plus
typologiquement, dans la famille indo-européenne et dans le langage en général.
On commence par discuter, de la perspective des marqueurs discursifs, la théorie de la
pragmaticalisation et comment elle joue un rôle plus général dans une théorie de changement
sémantique. Ensuite on fournit une histoire évolutive du MD quoi, tout en discutant comment
quoi interagit avec le phénomène global des mots en qu-. Dans cette analyse, on focalisera non
seulement sur les changements de forme mais aussi sur les changements de sens et sur les forces
cognitives et linguistiques qui y agissent pour les créer.
On suit quoi et ces autres mots lies en qu- à travers l’étape proto-indo-européenne [4000
av. J.-C. ], latine [jusqu’à 800 ap. J.-C.] en passant par la période de l’ancien français [800-
1300], du moyen français [1300-1600]4
jusqu'à ses usages actuels en français moderne [1600-
4
Ces dates pour la période de moyen français sont soutenues par Lewis, M. Paul. Ethnologue: Languages of the
World. Dallas, TX: SIL International, 2009. Moyen francais (1400-1600), Multitree: A digital library of language
relationships. Ypsilanti, MI: Institute for Language Information and Technology (LINGUIST List), Eastern
Michigan University. http://multitree.org/. 2009. (15e
- 17e
siècle ap. J.-C.) et 1330-1500 Dictionnaire Du Moyen
Français. N.p.: ATILF - CNRS & Université De Lorraine, n.d. Version 2012 (DMF 2012). Web.
<http://www.atilf.fr/dmf.>.
7
présent]. En même temps, l’étude tracera aussi quand et comment le mot quoi se
« pragmaticalise » afin de comprendre son fonctionnement et sens actuel en discours. L’étude se
terminera en analysant des changements sémantiques des mots comme quoi et en qu- par rapport
à leur importance et leurs implications plus importantes dans le champ de la diachronie.
II. Quoi de neuf sur quoi5
et comment l’emploie-t-on? Une description synchronique
Avant de continuer, il faut poser la question : qu’est-ce que c’est que ce quoi exactement?
Ici on décrit des usages synchroniques dans une revue du plan sémantique/pragmatique (dont les
5
Le titre est pris de: Lefeuvre, Florence. Quoi de neuf sur quoi? Etude morphosyntaxique du mot quoi. Rennes:
Presses Universitaires de Rennes, 2006.
8
aspects discursifs fait partie), syntaxique et sociolinguistique de quoi et d’autres matières en est
liées de près. Afin de faire une description de l’usage synchronique du quoi dans le discours, il
faut dire que ce quoi est une « particule » qui exprime le « non encore catégorisé » d’une
manière de camaraderie, d’égalité, et de solidarité sociale, basée sur une espèce de déférence
dans le processus de préciser et de saisir la connaissance de ce qui est temporairement inconnu
ou nébuleux. Également on peut voir que le sens pragmatique de ce quoi discursif consiste d’une
intersubjectivité construite soit pour affirmer soit pour désapprouver l’idée en question à préciser
(mais cette suggestion est actuellement disputée parmi les scientifiques). Tous les usages actuels
de ce quoi sont visés à la recherche d’une formulation ou même d’une reformulation qui est liée
en sémantisme au « non encore catégorisé » (cf. Lefeuvre 2006).
Quelques linguistes, comme on a déjà vu surtout chez les lexicographes (du nouveau
Petit Robert de la langue française, du Dictionnaire de l’Académie française, et du dictionnaire
Larousse), qualifie ce quoi d’interjection. Cependant celui-ci en particulier n’en est pas une. Les
marqueurs discursifs se distinguent souvent d’interjections. La plupart des scientifiques disent
aujourd’hui que les interjections sont probablement une sous-catégorie de MD, mais il faut
préciser que la distinction entre les deux est graduelle plutôt que nettement discrète. Les
caractéristiques de fonction des marqueurs discursifs sont principalement ce qui les distingue (cf.
Massam, Starks, et Ikiua 2006). On peut dire qu’il y a quatre sous-catégories qui se distinguent
dans le spectre fonctionnel des MD: les conjonctions, les connecteurs explicatifs ou
« parenthetical connectives » en académie anglophone, les connecteurs pragmatiques ou
« pragmatic connectives » et les interjections. Les conjonctions (mais, cependant, pourtant,
néanmoins, si, or, finalement, etc.) expriment des relations grammaticales et des sens
propositionnels, les connecteurs explicatifs (c’est-à-dire, pour ainsi dire, etc.) possèdent à la fois
9
un sens structural et un sens propositionnel, les connecteurs pragmatiques (écoute[z], faut dire,
dit donc, etc.) expriment tous les deux un sens structural et un sens modal alors que les
interjections (ouf, euh…, tiens, b(i)en, etc.) possèdent des significations modales et
interactionnelles. Les interjections peuvent aussi s’isoler comme l’équivalent d’un énoncé ou
d’une phrase. (cité dans Cuenca et Marín 2009; Norrick 2007). Ce dernier critère est pourquoi ce
quoi n’est pas une interjection—contrairement aux autres, cela ne peut pas être utilisé en
isolement. Ce quoi est plutôt un connecteur pragmatique.
De la perspective de syntaxe, on analyse ce quoi d’être un marqueur discursif à cause de
son manque de cohésion avec les autres éléments de la phrase, notamment dans le discours oral
où il apparaît le plus souvent (Lefeuvre 2006). Bien qu’il n’y ait pas de cohésion avec la phrase,
quoi se situe en position finale d’un syntagme mais il faut dire que même si l’on y trouve dans
une position constante, ce n’est ni lié aux autres éléments du syntagme ni figée à la phrase.
Fernandez suggère que ce quoi devrait se mettre parmi les nombreuses particules énonciatives de
discours langagier (cité en Lefeuvre 2006; 1994). Selon Auchlin et des autres linguistes, ce quoi
sert plus précisément à organiser une conversation, c’est-à-dire structurer le discours linguistique
(cité en Lefeuvre 2006; Fernandez 1994 ; Roulet et al. 1995). Plusieurs érudits ont constaté que
ce quoi fonctionne en tant que « ponctuant propre à l’oral » (cité en Lefeuvre 2006; Morel et
Danon-Boileau 1998).
Sur le plan sociolinguistique, ce quoi, comme la plupart des particules de discours, est
légèrement lié à ceux qui « parlent mal » et ce marqueur est moins fréquent chez les diplômés
(en fait, ces diplômés préfèrent « c’est-à-dire », ce qui possède plusieurs fonctions sémantiques
dont quoi fait partie) (cf. Beeching 2007). Donc, ce quoi exprime « un prestige latent,
promouvant une solidarité entre les locuteurs » et fonctionne à séparer « le dire et le dit,
10
indiquant une gêne par rapport au caractère adéquat de l’expression » (Beeching 2007). Ce quoi
de discours est une particule qui signale à la fois le fait que le locuteur est dépourvu d’assurance
par rapport à ce qu’il dit, ou la manière dont il le formule, et l’action de construire ou de
reconstruire la description de l’inconnu par une interaction sociale. Cette intersubjectivité dans la
construction d’une description linguistique y établit une ambiance égalitaire puisque cette action
réduit forcément l’autorité du locuteur et, donc, une telle hiérarchie cognitive présumée. Cela
équilibre les degrés de connaissance entre les gens situés dans une interaction sociale. Quoi et sa
fonction intersubjective pragmatique « servent à réduire l’expertise du locuteur ; elles projettent
une identité modeste et véhiculent ce mode de politesse solidaire entre égaux » (Beeching 2007).
Donc, ce quoi discursif est un connecteur pragmatique, syntaxiquement non-cohésif qui
tente de formuler ou de reformuler ce qui n’est pas encore catégorisé tout en réduisant
modestement l’expertise et, donc, l’autorité cognitive entre des locuteurs égaux. Le sens de « non
encore catégorisé » de quoi est ce qui le lie aux autres mots en qu-, comme on va discuter
ultérieurement. On tourne maintenant aux théories sur le changement sémantique, la
pragmaticalisation et leur influence dans le cas de quoi afin d’observer comment ce MD est
arrivé à son sens actuel.
III. La pragmaticalisation et une typologie sémantique des marqueurs discursifs
L’affaiblissement du sens et l’affaiblissement de la forme des mots accessoires vont de pair; quand
l’un et l’autre sont assez avancés, le mot accessoire peut finir par ne plus être qu’un élément privé
de sens propre…6
—Antoine Meillet
Les théories présentées ici sur le changement sémantique et sur la sémantique en général
engagent celles de la sémantique et de la diachronie du point de vue de la typologie linguistique.
6
cité dans Bertin 2012; Meillet 1912.
11
Maintenant, on va décrire ces théories et le développement de ces idées afin d’illuminer
finalement cette discussion sur le processus de comment ce quoi est devenu un marqueur
discursif. Comme je l’ai mentionné auparavant, un MD est une catégorie pragmatique où
s’insèrent des expressions lexicales qui sont extraites des catégories syntaxiques et qui
deviennent une partie de ce qui bâtit et organise le discours.
Ce que Robert Longacre (cité dans Brinton 2001; 1976) a appelé des « mystery particles
(particules de mystère) » a suscité beaucoup de recherche à travers les vingt dernières années.
Travis explique que les MD font partie d’une categorie hétérogène d’expressions qui
fonctionnent d’habitude indépendamment du discours, entouré d’une manière syntaxique,
sémantique et de l’intonation. (cité dans Roggia 2012; 2006). Ces marqueurs fonctionnent pour
former des rôles d’interaction et de contextualisation afin de mettre en contexte du discours
entouré l’énoncé qui suit ou qui précède et d’indexer tout à la fois l’attitude du locuteur par
rapport à ce qui a été ou sera dit. Bordería explique que ce terme est une « global label (étiquette
globale) » pour tous les particules qui ne sont pas normalement utilisés dans un sens
propositionnel (cité dans Roggia 2012; 2006).
Les linguistes dans le monde universitaire anglophone actuel ne sont pas d’accord
sur la terminologie et leur préférence pour « discourse marker » ou « discourse particle » (cité
dans Roggia 2012; Fischer, 2006b). Pour eux, « particle » ou « particule » suggère que ce sont
des petites expressions unitaires sans inflexion, alors qu’il existe des unités composées de
plusieurs mots, des idiomes, des pauses, des sons presque instinctifs et des adverbes employés en
tant que MD (cf. Roggia 2012). Cependant, de dire « marker », ou « marqueur », suggère que la
focalisation de ces expressions est sa fonction discursive. Cette définition va inclure beaucoup
d’éléments qui partagent même, d’une manière mineure, ces fonctions faisant une catégorie trop
12
grande; par ailleurs, il faut savoir que ces expressions ne « marquent » pas forcément le discours
comme le morphème peut marquer un cas, mais elles guident comment la locution doit
s’interpréter et se comprendre (cf. Roggia 2012). Dans ce mémoire, les deux termes sont
interchangeables. On peut dire que les quatre sous-catégories (les conjonctions, les connecteurs
explicatifs, les connecteurs pragmatiques et les interjections) dont on a déjà parlé, definissent les
fonctions sous la grande classe de « marqueurs » discursifs.
Même si les érudits débattent encore ce qui est la meilleure façon de définir et d’étiqueter
les marqueurs de discours, les similitudes de caractéristiques partagées par les MD sont
abondantes. Par rapport au discours, les marqueurs discursifs possèdent souvent des fonctions
périphériques et prototypiques communiquées différemment dependant de la nature prosodique
par laquelle les MD sont exprimés (cité dans Roggia 2012; Fraser 1999, 2006; Pons Bordería
2006; Redeker 2006 , Schiffrin 2006; Schourup 1999; Travis 2005, 2006; Yang 2006). Les MD
guident également l’interprétation de segments de discours d’une manière anaphorique ou
cataphorique (cité dans Roggia 2012; Fraser, 1990; Schiffrin, 1987; Schwenter, 1996). En tout
cas, dans ce mémoire on va résumer la définition de « marqueur discursif » en disant que c’est
une classe pragmatique qui reçoit des énoncés lexicaux qui sont, à leur tour, tirés des catégories
syntaxiques afin de s’établir en tant que partie de la construction et de l’organisation du discours.
Après avoir posé la question d’une definition de MD, on est forcément influencé à
réfléchir à la genèse de cette classe langagière, ce qui est au cœur de cette étude. La discussion
sur les origines des marqueurs discursifs est centrée autour de la grammaticalisation (Waltereit
2007). La grammaticalisation est-elle le processus diachronique qui gouverne l’évolution des
MD? Avant que l’on puisse remettre cela en question, il faut premièrement poser la question
« qu’est-ce que c’est exactement que la grammaticalisation ? » Comme Givon l’a élégamment
13
révélé dans ce célèbre slogan: « Today’s morphology is yesterday’s syntax », c’est-à-dire, les
mots lexicaux de jadis sont les mots grammaticaux d’aujourd’hui—même s’ils ne sont pas
forcément des morphèmes (cf. cité en Espree-Conaway 2012 ; Dostie 2004; Traugott 1995a;
Givon 1971). La grammaticalisation est le processus où un énoncé se convertit de la zone
lexicale à la zone grammaticale. Comme dans la citation de Meillet au-dessus, la
grammaticalisation est un phénomène de développement caractérisé par le passage d’un « mot
autonome » ou d’une unité lexicale à un mot ou une unité grammatical (Espree-Conaway 2012 ;
Dostie 2004). En voici deux exemples, un de l’evolution de « ne…rien » grammatical de « non »
et « rem » lexical et un du developpement de « -ai » dans le temps du futur—un cas special de la
grammaticalisation appelé « l’auxiliarisation »:
Exemple de la grammaticalisation latine-française7
De la négation française et Rem/Rien
ne  ne + œnum  non  ne  ne…[pas]
[rien]
[personne]
[jamais]
[etc.]
7
Ces exemples de la grammaticalisation viennent de « Bertin, Annie. "La linguistique diachronique et ses
implications." Conférences, Université de Paris X Nanterre La Défense, Paris, 2012. »
14
LAT : non video rem.8
FRM : Je ne vois rien.
GLOSE: NEG voir-1PER.SING chose-ACC.  GLOSE: PRO NEG voir-1PER.SING rien.
TRAD: Je ne vois pas une chose. TRAD: Je ne vois pas une chose.
____________________________________
REM (de Res (nom.))  RIEN (de ne…rien)
[lexical] [grammatical]
Du habeo « avoir » : le cas de « auxiliarisation »
LAT : cantare habeo
GLOSE: chanter-INF avoir-1PER.SING
Latin tadif : cantare habeo [l’auxiliarisation (processus de devenir un aux. y commence]
Chang. inter : cant’are (h)’abeo [le changement de l’accentuation et la disparation de « h »]
cantare ’ayyo [l’écrasement]
cantar’ayyo [l’agglutination ou la coalescence morphologique]
Fran. Mod : chanterai [la « -ai » désinence dans le futur du français moderne]
___________________________________
HABEO (de avoir)  -AI (de je parlerai)
[lexical] [grammatical]
En voilà, donc, pour la grammaticalisation. Cependant, la majorité des linguistes ne
pensent pas que des DM se forment à travers ce processus. Meillet décrit l’existence d’un autre
phénomène analogue à la grammaticalisation qui sert à former les mots dits « expressifs ». Ce
n’est plus « une migration catégorielle de mots », mais une nouvelle manière de les classifier
(cité dans Espree-Conaway ; Dostie 2004). Donc, les mots peuvent se revêtir d’un sens que
8
Les abréviations dans ces exemples ci-dessus: LAT=Latin ; 1PER=Personne (première personne); SING=
Singulier (numéro grammatical); ACC=Accusative (le cas dans lequel on met l’objet de la phrase) ;
TRAD=Traduction ; FRM=Français moderne ; PRO=Pronom ; nom=nominative (le cas dans lequel on met le sujet
de la phrase) ; INF=Infinitif ; aux=auxiliaire ; chang. inter=changements intermédiaires.
15
Meillet a jugé plus expressif. Pour achever cela, il faut subir ce qui s’appelle « la
pragmaticalisation », ce qui est nécessaire afin de devenir un marqueur discursif. La
pragmaticalisation est le processus par lequel un énoncé du lexique ou de la grammaire adopte
une fonction discursive, c’est-à-dire, il devient une partie du discours—plus précisément la partie
qui le structure. Les MD passent d’habitude de la zone lexicale à la zone grammaticale; et
ensuite, de la zone grammaticale à la zone pragmatique (cf. Dostie 2004). Avant de continuer, on
décrira ce que veut dire la pragmaticalisation.
La pragmaticalisation est considérée le processus dont émergent des MD. C’est un
« processus diachronique à part entière, qui tout en partageant certains traits avec la
grammaticalisation ne s’identifie pas complètement à ce type de changement » (cite dans
Waltereit 2007; Aijmer 2002, Waltereit 2002, Dostie 2004, Hansen 2005). La pragmaticalisation
et la grammaticalisation partagent plusieurs caratéristiques, surtout de la perspective du
changement sémantique (quoi?quoi! [MD]) et d’érosion phonétique (bienben [MD]). En
particulier, quant au sémantisme, les MD se transforment par rapport à leurs formes d’origine de
la même manière que le semantisme des morphèmes grammaticaux se modifient par rapport aux
leurs. Malgré cette relation entre la grammaticalisation et la pragmaticalisation, il y a d’autres
critères qui empêchent les MD d’avoir la genèse dans la grammaticalisation (Waltereit 2007). Il
y a trois raisons principales d’exclure le développement des MD du domaine de la
grammaticalisation (cité en Dostie 2004; Traugott 1995a). Premièrement, il s’agit du fait que
l’unidirectionnalité—une hypothèse fondamentale à la théorie de la grammaticalisation axée sur
l’idée d’une augmentation de la fusion en morphologie et d’une perte de liberté en syntaxe
(Dostie 2004)—est parfois défiée par la pragmaticalisation (cité en Dostie 2004; Haspelmath
1999; Heine et Kuteva 2002).
16
L’unidirectionnalité du changement dans le processus de grammaticalisation9
PERSONNEOBJETPROCESESPACETEMPSQUALITÉ
Deuxièmement, les MD n’appartiennent probablement pas à la grammaire, une idée sur laquelle
beaucoup de linguistes ne se sont pas entièrement décidés. Troisièmement, les marqueurs
discursifs sont syntaxiquement libres, un autre fait qui ne permet pas que les MD soient
considérés en tant que partie de la grammaire. Donc, ce quoi et les MD en général font partie
d’une zone assez séparée des autres.
Cependant, que l’on sélectionne l’étiquette de la « pragmaticalisation » ou de la
« grammaticalisation », cela n’importe peu. Il s’agit de savoir pourquoi certains aspects d’une
langue produisent des MD. Pourquoi les locuteurs emploient-ils une expression non-discursive
avec une fonction nouvelle ? C’est-à-dire, comment les marqueurs discursifs ont-ils acquis leurs
fonctions? Waltereit propose que:
le sémantisme de certaines formes offre un attrait pour la structure du discours ou pour
l’interaction, ce qui amène les locuteurs à les utiliser non pas pour leur sens codé, mais pour des
effets collatéraux de leur sémantisme (2007, 2006, 2002). Les locuteurs cherchent des occasions
de les utiliser dans le discours afin de pouvoir profiter de cet effet collatéral, à tel point qu’ils
commenceront à les utiliser, même s’il n’y a « rien à montrer » ; ils ne l’utiliseront donc que pour
mieux attirer l’attention de l’interlocuteur sur leur discours. À partir de ce momentlà,
[l’expression] a subi un changement sémantique et est devenu un MD. (Waltereit 2007).
Donc, les locuteurs les emploient en focalisant sur les aspects collatéraux du sémantisme des
expressions jusqu’à ce que les expressions deviennent principalement des énoncés qui ne servent
qu’à structurer le discours. Toutes ces étapes composent un changement sémantique—caractérisé
par la gradualité—qui est considéré comme une partie du procédé de la pragmaticalisation
(Waltereit 2007; Dostie 2004).
Pour décrire exactement comment les sens collatéraux de MD prospectifs dépassent ceux
du lexique pour organiser le discours—c’est-à-dire, comment ces sens se pragmaticalisent—on
applique la théorie de la diachronie sémantique, basée sur les idées de la typologie linguistique,
9
cité dans Bertin 2012; Heine, Claudi, Hünnemeyer.
17
encore une fois, de la linguiste Elizabeth Traugott. Dans cette théorie, comme on l’a déjà
mentionné, il y a trois périodes qui se lient par le fil de—et qui entraînent finalement d’une
manière complète à—la « subjectification », effectivement l’acte d’indexer à la fois les valeurs
communes partagées par les locuteurs et leur fonction langagière—la structuration du discours
(cf. cité dans Croft 2003; et dans Traugott 1989).
La trajet du changement dans le pragmaticalisation10
EXTERNETEXTUELSUBJECTIFICATION
( ——–————–———[SUBJECTIFICATION] )
Premièrement, il existe le changement sémantique où un mot qui exprime le monde externe (des
actions, des objets ou des caractéristiques,) est remplacé sémantiquement par un mot qui décrit le
monde interne (des évaluations, des perceptions ou des aspects de la cognition). Deuxièmement,
les sens deviennent ceux qui sont axés sur le monde métalinguistique ou textuel. Troisièmement,
les sens se modifient par rapport aux croyances, aux attitudes ou aux propositions subjectives des
locuteurs. Dans cette analyse, on appliquera la théorie de Traugott pour décrire le changement
sémantique par lequel quoi est passé depuis le temps de sa forme ancestrale indo-européenne
*kw-.
IV. Les racines historique de quoi : l’évolution développement de mots français en qu-
… la vérification la plus sûre qu’on en puisse faire sera l’examen de chacun de ces changements.
L’étymologie est bonne, si la chaîne de ces altérations est une suite de faits connus directement, ou
prouvés par des inductions vraisemblables ; […] Mais nous avons prouvé qu’en multipliant à
volonté les altérations intermédiaires, soit dans le son, soit dans la signification, il est aisé de
dériver un mot quelconque de tout autre mot donné : c’est le moyen d’expliquer tout, et dès-lors
de ne rien expliquer….
–de chevalier Louis de Jaucourt, Encyclopédie
Les formes et les emplois différents de quoi et d’autres mots en qu- sont tous apparentés
du proto-indo-européen par la caractéristique de « l’indéfinition » — effectivement, le trait
sémantique du « non encore catégorisé ». Selon quelques linguistes (cf. cité dans Espree-
10
cité aussi dans Bertin 2012; Heine, Claudi, Hünnemeyer.
18
Conaway 2012 ; Lefeuvre 2006; Bonnard 1989 ; Le Goffic 1994), les mots en qu- possèdent une
valeur d’indéfinition qui est basée sur le thème *kw- indo-européen originel dont ces mots
proviennent. Le Goffic explique que « le thème *kw- [est] l’instrument privilégié d’expression
de l’indéfini » (cité dans Espree-Conaway 2012 ; Lefeuvre 2006; 1994). Tous ces linguistes (cf.
Espree-Conaway 2012 ; Lefeuvre 2006 ; Haspelmath 1997; Kerenski 1969; Bhat 1981; Meillet
& Vendryes 1960), qui ont observé ce regroupement sémantique, établissent leurs idées sur
l’étymologie commune des indéfinis et des interrogatifs dérivant du même *kw- indo-européen.
Un autre groupe de mots apparentés que les linguistes n’ont pas remarqué recouvre les chiffres.
Il y a des chiffres (quatre, cinq, quarante, etc.) qui sont étymologiquement liés aux autres mots
de la sorte dans ces sémantismes de « l’indéfinition énumérée » et de la quantification — un
point que l’on discutera davantage ultérieurement. Mushin explique que les mots en qu- indéfinis
et interrogatifs sont « des variantes d’une seule classe typologique » (cf. cité dans Espree-
Conaway 2012 ; Lefeuvre 2006; 1995) — effectivement, ce qu’il nomme des « epistememes »
(un terme anglais) (Mushin 1995).Selon Espree-Conaway (2012) :
Le terme epistememe (dérivé du grec) représente une typologie d'un groupe de formes
traditionnellement conçu comme ‘interrogatifs’ ou ‘interrogatifs/indéfinis’. Mushin crée cette
typologie par ses études des grammaires descriptives des langues australiennes. L’idée de
l’epistememe, basée sur la notion premièrement exprimée par Durie (1985), suggère qu'il existe
une classe de mots fermée et cohérente qui fonctionne à classifier les genres de connaissance.
L’usage dépend des contextes auxquels la connaissance appartient (Mushin 1995).
Ici on élargit le domaine du sémantisme pour inclure aussi la numération (les mots
comme combien, chacun, quelques-uns, etc., mais aussi des chiffres) et c’est le terme que l’on
donne dans ce mémoire pour renvoyer à ce phénomène. Donc, le *kw- indo-européen originel
des mots en qu-, dont provient finalement le MD quoi, est composé sémantiquement de trois
champs : l’indéfinition, l’interrogation et la numération.
19
Maintenant il faut tracer en détail cette histoire de quoi en abordant l’usage particulier
dans chaque période langagière: le proto-indo-européen, le latin, l’ancien français, le moyen
français et le français moderne.
Proto-indo-européen (PIE)
Le système qu- et donc l’histoire de quoi commencent en *kw- pendant la période proto-
indo-européenne de 4000 av. J-C. Comme on l’a déjà mentionné, « epistememe », ou la
sémantique de non-spécifié du complexe *kw-, se divise en trois groupes : l’indéfinition,
l’interrogation et la numération. Ces trois aspects du sémantisme se manifestent dans les
« variables » qui proviennent de *kw-. *kw- possède les formes *kwe (formes masculines et
féminines) *kwi, (forme neutre), et *kwo (forme adjectivale) (Muller 2008). Il existe le
paradigme de trois formes dans quelques langues indo-européennes: le sanscrit–kas, ka, kat
[/kim], le latin–quis, quid, qui [quae/quod] (adj.); le gothique–hwas, hwo, hwa. On estime qu’il y
avait une forme accentuée (l’interrogatif) et une forme inaccentuée (l’indefini) (Beekes 2011).
Pour la morphologie, *kwe/kwi- n’a qu’une forme pour le masculin et le feminin. *kwo-
est infléchi avec un -i déictique pour faire référence à la personne grammaticale, un fait que l’on
observe dans le latin: qui >*kwo-i (quae > *qua + -i) (Beekes 2011).
Jusqu’à ce point, on n’a discuté que les formes de l’indéfinition et de l’interrogation;
cependant, la numération est aussi attachée à cet « epistememe ». On sait que *kwotero- (« lequel
des deux ») se dérive de cet « epistememe » avec le suffixe -tero ajouté (le latin uter [le « *kw- »
ayant disparu]; le gothique hwathar) (Beekes 2011). Il est curieux qu’il y ait plusieurs numéros
qui partagent la forme qu- — par exemple, quatre, quatorze, quinze, quarante ainsi que cinq et
cinquante historiquement. Le numéro « quatre » en PIE était *kwetores (une forme pas très loin
de *kwoteros qui signifiait « lequel des deux »), qui en évoluant vers le français a gardé la forme
20
qu-, mais quelques autres langues dans la famille indo-européenne ont éprouvé des changements
(la sous-famille germanique /kw//f/ : l’anglais-four, fifteen, fifty ; l’allemand-vier, fünfzehn,
fünfzig).
Latin
La forme latine de qu- est l’ancêtre de quoi et d’autres mots français qui se terminent en
qu-. Quoi provient du latin quid, la forme neutre du pronom relatif quis. Quoi et ses cousins en
qu- ne correspondent pas aux objets précis mais renvoient aux éléments non spécifiquement
classifiés (Lefeuvre 2006). Meillet écrit au sujet de cette « construction référentielle » pour le
mots quis et autres mots tels:
Le terme d’indéfini pourrait trouver une nouvelle justification dans ce monde de construction
référentielle qui ne peut désigner à lui seul ni un individu, ni même une collection d’objet, mais
qui passe nécessairement par le renvoi à une classe […] d’éléments non discernables (cf. cité en
Lefeuvre 2006; Meillet 1994).
Ce mot quis avec un sémantisme de référence aux « éléments non discernables », en
évolution vers le français, devient quei(t) avec un /t/ qui disparaît en fin. Après cela, quei
devient quoi [ou qoi/coi]. Voici la trajectoire historique du latin vers l’ancien français :
Du latin à l’ancient français
[quid>quei(t)>quei>quoi [qoi/coi]]
Voici des exemples de la littérature qui démontrent ces changements linguistiques :
Guernes, 1920 Il s’en ala avant, ne dist ne ço ne quei.
Becket,
Rutebeuf
Charl. et 94 Charlot ne vaut ne ce ne qoi. (Moignet 1984)
Barb.
Ancien français
C’est pendant la période de l’ancien français que l’on trouve les racines du quoi discursif, même
si dans la période elle-même quoi n’est pas encore pragmaticalisé. Le MD évolue d’un tel quoi,
ce qui fait partie à la fois d’une construction grammaticale (et donc d’une forme grammaticalisée
21
de quoi) ne ce ne quoi [qoi/coi] et d’un mot indéfini du lexique. Moignet décrit en montrant un
exemple où ce quoi indéfini se glosse par « quelque chose »:
Renart, 13177 Dites moi dont, n’avez qoi ? (= « quelque chose »). (Moignet 1984)
En français moderne, ce type d’expression est rare, mais on peut le trouver actuellement dans
cette phrase typique de la région du nord:
Vous me direz quoi. (Wilmet 2003)
En ancien français, quoi joue également le rôle d’un indéfini dans les emplois de négation
coordonnée et grammaticalisée avec ce, ce qui est probablement la source historique du quoi
discursif :
N’il ne voleient faire pur d’une ce ne quoi (cité dans Lefeuvre 2006; Becket; Kuntsmann 1988).
Yvain, 6630 Je ne voel pas qu’après demain
m’an metoiz sus ne ce ne quoi
que vos n’an feites rien por moi. (Moignet 1984).
Cet énoncé associe un terme actuel « ce » avec un terme virtuel « quoi » en coordination
négative. Moignet exprime que le ne ce ne quoi que l’on observe comme en exemple signifie « ni
cela ni quoi que ce soit » ou en d’autres termes « rien » (cité dans Lefeuvre 2006 ; 1984).
Moyen français
Ici on focalise sur une description de quoi en moyen français. C’est à cette époque que
l’on voit la pragmaticalisation de quoi (parfois écrit quoy). Même si le terme n’a pas encore
acquis exactement le sens de quoi discursif que l’on décrit ici, on peut voir qu’il est devenu un
marqueur discursif. Pendant cette période, on peut observer les usages du quoi discursif comme
dans ces citations de François Villon et de Theodore Agrippa d’Aubigné:
Hé! Dieu, si j’eusse étudié
Au temps de ma jeunesse folle
Et à bonnes meurs dédié,
J’eusse maison et couche molle !
Mais quoi ? Je fuyais l’école,
Comme fait le mauvais enfant.
22
Quand j’écris cette parole, (François Villon « Je plains le temps de ma jeunesse »
Peu s’en faut que le cœur ne me fende. du Testament [recueil de poèmes], 1489)
Mais quoi ! déjà les Cieux s’accordent à pleurer,
Le soleil s’obscurcit, une amère rosée
Vient de gouttes de fiel la terre énamourer, (Theodore Agrippa d’Aubigné « Mais quoi !
D’un crêpe noir la lune en gémit déguisée, déjà les Cieux s’accordent à pleurer »
Et tout pour mon amour veut ma mort honorer. des Stances [recueil de poèmes], 1575)
Après s’être pragmaticalisé au moyen âge, ce quoi se développe à travers le temps pour arriver à
son sémantisme actuel.
Français moderne
Meillet écrit à l’égard de l’existence d’un autre phénomène linguistique analogue à la
grammaticalisation qui forme des énoncés « expressifs » ; en d’autres termes, ces locutions
peuvent se revêtir d’un sens « expressif ». Même après que ces expressions sont passées d’une
zone linguistique à une autre, « les mots en différentes zones peuvent se rassembler (comme le
quoi discursif dont on parle et le quoi interrogatif) » (Espree-Conaway 2013). Ce sont des
« correspondant[s] non discursif[s] » (Dostie 2004). Cette relation existe toujours entre les sens
propositionnels et les sens discursifs. C’est, en fait, la situation avec quoi et sa relation avec les
autres usages de quoi et les mots en qu- ––c’est la parenté sémantique entre tous les mots de «
l’epistememe ». Néanmoins, ce quoi en français moderne se pragmaticalise pour adopter un sens
séparé en tant que marqueur discursif pour exprimer le « non encore catégorisé » dans le
processus d’expliquer et de comprendre ce qui est temporairement inconnu.
V. L’analyse des changements sémantiques
Maintenant, il faut expliquer comment le processus de la pragmaticalisation de quoi a eu
lieu historiquement. Waltereit constate que le sémantisme de certaines formes a une tendance à
être utilisée pour structurer le discours au moyen des « effets collatéraux » de leur sémantisme
(2007, 2006, 2002). Quand cette expression est utilisée en focalisant sur ses effets collatéraux,
23
elle a effectivement subi le changement sémantique de la pragmaticalisation pour devenir un MD
(Waltereit 2007; Dostie 2004). Selon Traugott, ce processus possède trois périodes—toutes avec
un fil de « subjectification » —qui commencent par un sémantisme traitant le monde externe
pour ensuite se revêtir d’un sens métalinguistique jusqu’à ce qu’il arrive finalement à un état où
la « subjectification » est la focalisation sémantique.
On sait que tout cela commence, il y a 6000 ans en proto-indo-européen, par les mots en
*kw-. La forme qu- en latin est ensuite dérivée de ce *kw- et le quoi discursif provient
directement du qu-. On sait aussi que la période de l’ancien français se trouve là où le processus
de la pragmaticalisation commence avec le quoi indéfini. Selon la théorie de changement
sémantique de Traugott, il existe premièrement le changement où un mot du monde externe (des
actions, des objets ou des caractéristiques) est replacé par un mot qui décrit le monde interne (des
évaluations, des perceptions ou des aspects de la cognition). Ce quoi en l’ancien français possède
un sens externe—un sens de « quelque chose » —plus ou moins préservé sous sa forme
grammaticalisée ne ce ne quoi. En moyen français, quoi acquiert un sens métalinguistique dans
un MD. Cette acquisition d’un sens métalinguistique est la deuxième partie de la théorie de
Traugott. Troisièmement, les sens commencent à se focaliser sur des aspects collatéraux en se
transformant par rapport aux croyances, aux attitudes ou aux propositions subjectives des
locuteurs. Selon l’évidence présentée ici, dans l’évolution du français moderne, quoi assume les
sens de la camaraderie, de l’égalité et de la solidarité, et l’on observe la « subjectification »
complète de ce MD.
24
VI. Conclusion
En expliquant l’histoire sémantique de quoi et de son rôle parmi les mots en qu-, avec
lesquels il partage des aspects du sens à cause de ces racines communes en *kw- indo-européen,
ce mémoire trace précisément le chemin diachronique et le processus par lequel le mot quoi est
devenu ce marqueur discursif tel qu’il est aujourd’hui, tout en affinant, de surcroît, la
25
compréhension des marqueurs discursifs sur le plan sémanto-diachronique. Les marqueurs
discursifs constituent une catégorie pragmatique où s’insèrent des expressions lexicales qui sont
extraites des catégories syntaxiques et qui deviennent une partie de ce qui construit et structure le
discours. On a analysé ce phénomène en utilisant à la fois des données trouvées dans les corpus
littéraire/oral et les méthodes de reconstruction comparative. On a élucidé le fait que ce quoi de
discours est actuellement une expression de « non encore catégorisé » (cf. Lefeuvre 2006). Ce
quoi discursif est un connecteur pragmatique, ou « pragmatic connective », syntaxiquement non-
cohésif qui vise la recherche d’une formulation ou même d’une reformulation de ce qui n’est pas
encore catégorisé tout en réduisant, par la modestie du locuteur, son expertise et donc l’autorité
cognitive entre locuteurs pour créer une atmosphère sociale de camaraderie, d’égalité et de
solidarité. Cette structuration intersubjective évoquée par quoi, dans le processus de préciser et
de saisir ce qui est temporairement nébuleux est axée sur une espèce de déférence du locuteur
pour former une aire d’égalité sociale. Le sens de « non encore catégorisé » de quoi est ce qui le
lie aux autres mots en qu-.
D’après cet argument, quoi est un connecteur pragmatique, pas une interjection; quelques
lexicographes, comme on l’a déjà vu dans le Nouveau Petit Robert de la langue française, le
Dictionnaire de l’Académie française et le dictionnaire Larousse considèrent ce quoi d être une
interjection. Ces dictionnaires définissent quoi comme une « interjection », « pronom
exclamatif », ou « particule admirative » qui fonctionne, en tant que mot familier, à indiquer
« l'étonnement » ou « l'indignation », à lancer un élément dans la conversation, à marquer un
changement d'humeur, ou à formuler comment expliquer ou énumérer quelque chose (cf. Espree-
Conaway 2012). Il n’y a que ce dernier sens de l’énumération qui constitue décidément une
partie du sémantisme de ce quoi que l’on y décrit. Toutefois, on présente ici puisque les
26
interjections s’utilisent en isolement comme l’équivalent d’un énoncé ou d’une phrase (cité dans
Cuenca et Marín 2009; Norrick 2007), on sait que quoi, qui ne peut jamais s’isoler, ne compte
pas comme interjection. Ce quoi est un connecteur pragmatique comme « écoute[z], faut dire,
dit donc, etc. » qui exprime à la fois un sens structural et un sens modal. Ce quoi, le connecteur
pragmatique—une des quatre sous-catégories des MD—apparaît à la quotidienne dans des
conversations orales actuelles mais porte un sémantisme qui s’est développé à travers plusieurs
milliers d’années, effectivement depuis l’époque indo-européenne à nos jours.
Les formes et les emplois différents de quoi et d’autres mots en qu- sont tous apparentés
du proto-indo-européen par « une tentative à définir », d’où dérivent effectivement les traits
sémantiques du « non encore catégorisé » ou « non-spécifié ». Tous les mots que l’on observe de
ce « voisinage » sémantique partagent sûrement l’ancêtre commun *kw-. Ce système de mots
apparentés est un « epistememe »—une catégorie de mots fermée et cohérente qui sert à
classifier les genres de connaissance (Mushin 1995). Cet « epistememe » du *kw- indo-européen
originel est composé sémantiquement de trois champs : l’indéfinition, l’interrogation et la
numération.
Lorsque l’on trace le côté spécifique de quoi dans l’histoire de cet « epistememe », on
observe des formes *kwe (formes masculines et féminines), *kwi, (forme neutre), et *kwo (forme
adjectivale) (Muller 2008) en proto-indo-européen suivi par le mot latin quis/ quid (forme
masculine/féminine et forme neutre respectivement). Quid (forme étymologique directe) devient
en ancien français quei(t), avec un /t/ qui disparaît finalement, avant qu’il n’arrive à la
prononciation quoi [écrit aussi qoi/coi] vers la fin de la période de l’ancien français ou au début
de la période du moyen français.
27
Dans l’étape de l’ancien français, on trouve les racines du quoi discursive, même si dans
la période elle-même quoi n’est pas encore pragmaticalisé. Avec le quoi indéfini, signifiant
« quelque chose », c’est là où le processus de la pragmaticalisation commence lorsque l’on
observe le changement où un mot du monde externe est remplacé par un mot qui décrit le monde
interne, selon la théorie de changements sémantiques de Traugott. A l’époque du moyen français,
quoi se revêt d’un sens métalinguistique en tant que marqueur discursif. En français moderne,
quoi acquiert un sens de camaraderie, d’égalité et de solidarité — effectivement, la
transformation à une focalisation sur les aspects collatéraux du sémantisme liés aux croyances,
aux attitudes ou aux propositions subjectives des locuteurs. Ces trois transformations—le
changement sémantique de la représentation du monde externe à l’interne, l’acquisition du sens
métalinguistique et l’acquisition complète des sens de la « subjectification »—font partie de la
théorie de la sémantique diachronique de Traugott.
Cette étude démontre comment le processus de changement sémantique se passe pour
former des marqueurs discursifs. Ce quoi est une « particule » qui exprime le non-spécifié d’une
manière égalitaire et socialement solidaire, basée sur une espèce de déférence dans le processus
de préciser et de saisir ce qui est temporairement inconnu ou nébuleux. Cette analyse détaillée
sur l’histoire de quoi sert à fournir un corps d’évidence nuancée sur l’évolution des marqueurs
discursifs et à indiquer plus globalement l’interaction entre les champs de la sémantique et de la
diachronie.
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Deborah, Deborah Tannen, and Heidi E. Hamilton.
Malden: Blackwell, 2001. 538-547.
Swanton, Michael. Beowulf. Manchester: Manchester
UP, 1997.
Traugott, Elizabeth Closs., and Richard B.
Dasher. Regularity in Semantic Change. New York:
Cambridge UP, 2002.
Wheelock, Frederic M., and Richard A.
LaFleur. Wheelock's Latin. 6th ed. New York:
HarperCollins, 2005.
Wright, Joseph. A Primer of the Gothic Language.
New York: Oxford UP, 1892.
Table des matières
Résumé …….………………………………………………………………….………… 2
I. Introduction ……………………………………………………….………..….……… 3
II. Quoi de neuf sur quoi et comment l’emploie-t-on? Une description synchronique … 8
III. La Pragmaticalisation et une typologie sémantique des marqueurs discursifs .…….. 11
31
IV. Les Racines historique de quoi : l’évolution développement de mots français en qu- 18
Proto-indo-européen ………………………………………………………….… 19
Latin ………………………………………………………………………….…. 20
Ancien français ………………………………………………………..……...… 21
Moyen français ………………………………………………….………...…..… 21
Français moderne ………………………………………………………….…… 22
V. L’Analyse des changements sémantiques ……………………………………….…… 23
VI. Conclusion ………………………………………………………………………….. 25
Corpus …………………………………………………………………………………... 28
Bibliographie ……………………………………………………………………………. 29

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  • 1. 1 Les Racines indo-européennes et la trajectoire sémantique du marqueur discursif quoi : Une Etude sémantique et diachronique DeAndré A. Espree-Conaway 08 Avril 2013 French Studies Senior Seminar – Sewanee : University of the South Senior Thesis Professeur Poe
  • 2. 2 Résumé En expliquant l’évolution sémantique historique des mots en qu- indo-européens, cette étude détaille la trajectoire diachronique et le processus par lequel le mot quoi est devenu un marqueur discursif (MD). On analyse des données trouvées dans un corpus littéraire et un oral tandis que l’on utilise aussi des méthodes de la reconstruction comparative pour affiner la compréhension de quoi et, plus globalement, des marqueurs discursifs sur le plan sémanto-diachronique. On commence par discuter, de la perspective des MD, la théorie de la pragmaticalisation et comment elle joue un rôle plus général dans une théorie du changement sémantique. Ensuite, on fournit une histoire évolutive du marqueur discursif quoi tout en discutant comment quoi interagit avec le phénomène plus général de mots en qu-. Dans cette analyse, on focalisera non seulement sur les changements de forme mais aussi sur les changements de sens ainsi que les forces cognitives et linguistiques qui y agissent pour les créer. On suit quoi et les autres mots liés en qu-, à travers l’étape proto-indo-européenne (PIE) et latine en passant à la période de l’ancien français, puis du moyen français, jusqu'à ses usages actuels de français moderne. En même temps, l’étude trace aussi quand et comment le mot quoi se pragmaticalise pour que l’on puisse comprendre son fonctionnement et son sens actuel en discours. L’étude se termine par une analyse des changements sémantiques des mots tel que quoi et ceux qui commencent par qu- en relation avec leur importance et leurs plus grandes implications dans le champ de la diachronie. mots clés: quoi, diachronie, marqueurs discursif (MD), pragmaticalisation, proto-indo-européen (PIE)
  • 3. 3 I. Introduction Dans ce mémoire, on vise à fournir une histoire détaillée du mot quoi, son rôle en tant que marqueur discursif (MD)—« une classe pragmatique, [où] des expressions lexicales[, afin de devenir une partie du monde linguistique du discours,…sont] tirées des classes syntaxiques de conjonctions, d’adverbes, de prépositions et de phrases » (Fraser 1999 ; Espree-Conaway 2012) —et le développement de son sémantisme depuis l’époque indo-européenne jusqu'à la période actuelle. Ce quoi dont on parle apparaît souvent dans les conversations orales à la quotidienne, comme dans cette situation: Enfin, celui qui a appris le métier tout « à la main » comme on dit, il est obligé d'avoir le coup, quoi !1 Ce quoi est particulier parce qu’il n’a plus de rôle traditionnel sémantique, mais il fonctionne en tant que particule de discours. Selon les dictionnaires comme le nouveau Petit Robert de la langue française (2012), ce quoi se définit comme une interjection « ou un mot employé pour achever une explication ou une énumération » (Espree-Conaway 2012). Par exemple, dans une citation de Lamartine, on lit: « Quoi! passés pour jamais? quoi! tout entiers perdus? » (2012). Pour l’exemple d’une deuxième usage, une citation de Bernanos est offerte: « Je sers au régiment étranger.–Au régiment?[…]–A la légion, quoi! » et de Céline: « Tout ce qu’ils possédaient […] leurs champs, les arbres et même les vaches, un chien avec sa chaine, tout, quoi » (2012). Par les dictionnaires, on peut également entrapercevoir un peu de l’histoire sur les usages discursifs de quoi. Le dictionnaire de l'Académie française (depuis 1762 jusqu’à 1935) décrit ce quoi discursif comme un pronom et 1 « Les Accents Des Français ». Les Accents Des Français. N.p., n.d. Web. 18 Feb. 2013. <http://accentsdefrance.free.fr/> est un des corpus oral. Il est basé sur le livre : Léon, Pierre, Fernand Carton, Mario Rossi, and Denis Autesserre. Les Accents Des Francais. Paris: Hachette, 1983. « [Cette enregistrement de] haute Bretagne, vaste région qui s'étend de Nantes à Rennes et à Fougères… [Voici] M. Jean Madec (50 ans), un vigoureux sabotier de Cornouailles. Il parle de son métier (durée l'30). Enregistrement de Pierre Andro (1978). »
  • 4. 4 une « particule admirative », existant entre les 4e et 8e siècles, qui « sert à marquer l'étonnement, l'indignation, etc…[et] [o]n y ajoute quelquefois l'interjection ». Dans le dictionnaire Larousse, ce quoi se définit comme un mot familier qui « [m]arque un mouvement d'humeur (souvent après alors, eh bien, encore) » (2010). On cite l’exemple « Alors quoi! Il faudrait se décider » (Espree- Conaway 2012). L’utilisation de quoi, dans sa fonction interrogative, commence à la fin 11e siècle. En tant que « pronom exclamatif » ou « interjection », ce quoi commence son rôle dans la langue française environ à la fin du 12e siècle. Cependant, le quoi qu’on décrit ici n’est pas une interjection (cela se discutera par la suite). Sur le plan linguistique, ce quoi est un marqueur discursif qui exprime la tentative de formuler le « non encore catégorisé » (Lefeuvre 2006) , une manière de politesse égalitaire et solidaire, de camaraderie non formelle, plus axée sur une sorte de déférence dans le processus de comprendre et de définir le concept inconnu (cf. Beeching 2007). Ce quoi en tant que MD possède un « sémantisme qui renvoie à ce qui n’a pas encore été nommé […ce qui…] est amené dans plusieurs de ses emplois à jouer un rôle important dans la formulation », (Lefeuvre 2006) voire la reformulation d’un énoncé. Étymologiquement, quoi, dans ce fonctionnement discursif ainsi que dans ses autres usages, se dérive directement de quid, pris de la forme neutre du mot latin quis. Cependant, antérieurement à quis, ce quoi possède une diachronie plus étendue. Il prend ses origines dans « *kw- » 2 (probablement *kwe pour les formes masculines et féminines, *kwi pour la forme neutre, et *kwo pour la forme adjectivale), une particule lexicale indo-européenne qui a eu un sémantisme « à la fois d’indéfini et d’interrogatifs de type pronominal » (Muller 2008). Ce *kw- est à l’origine de tous les mots français en qu-—un fait qui se dévoilera ultérieurement dans cette 2 (*) l’astérisque indique que cette forme est une reconstruction d’habitude d’une protolangue—effectivement une forme que personne n’a jamais vue dans l’écriture ou entendue à l’orale. exemple : cinq Fr. > quinque Lat. > PIE *penk eʷ .
  • 5. 5 discussion. Quoi, dans son usage discursif parmi d’autres, ainsi qu’un certain nombre d’autres mots en qu- (y comprises les racines de plusieurs chiffres comme on verra ultérieurement) s’initient par les lettres *kw- (en constituant un groupe particulier de mots en *kw-) qui à travers le temps d’un côté s’affine et de l’autre côté se blanchit pour arriver aux sémantismes actuels dans tous ces mots étroitement liés. Dans le cas spécifique du quoi discursif, on observe le blanchiment sémantique alors que le mot passe par un processus appelé la pragmaticalisation—la manière cognitive par laquelle les mots passent du monde lexical au monde pragmatique ou au monde du discours— jusqu’à ce qu’il arrive au sens actuel dont on parle. Il s’agit de changement sémantique— le procédé à travers lequel quoi est passé et que l’on décrit dans ce mémoire. La théorie de changement sémantique que l’on utilise ici est celle d’Elizabeth Traugott fondée sur les idées de la typologie langagière3 . Traugott suggère qu’il y a trois périodes— liées par ce qu’elle appelle en anglais la « subjectification » (une référence commune aux valeurs des locuteurs et de la fonction linguistique)—comprises dans le changement sémantique (cité dans Croft 2003; Traugott 1989). Premièrement, on voit un changement de sémantisme au niveau d’une définition du monde externe vis-à-vis d’un monde interne—c’est-à-dire, un mot qui décrit une matière extérieure (par exemple, des caractéristiques, des actions ou des objets) est remplacé sémantiquement (mais pas forcement en forme) par un mot qui exprime une matière intérieure (comme des perceptions, des évaluations, ou des aspects de la cognition). Deuxièmement, Traugott affirme que les sens deviennent ceux qui sont axés sur le monde textuel ou métalinguistique (comme les connecteurs discursifs ou des marqueurs de l’acte de langage). Enfin, les sens changent par rapport aux croyances, aux attitudes ou aux propositions subjectives 3 Typologie des langues. Une étude qui observe les aspects communs dans plusieurs langues du monde pour arriver à des corrélations dans leurs structures. Un exemple d’une observation célèbre de la typologie est le fait que des langues avec une structure de base de la phrase sujet-verbe-objet (le français, l’indonésien, etc.) ont des prépositions tandis que des langues sujet-objet-verbe (le japonais, l’hindi, etc.) ont des postpositions.
  • 6. 6 des locuteurs. Cette théorie de Traugott offre le cadre par lequel on décrira le changement sémantique de quoi depuis ces particules ancestrales indo-européennes *kw-. Dans cette étude, on tracera le développement sémantique de quoi et des mots liés en qu- afin de décrire en détail la trajectoire diachronique de la forme et du sens ainsi que le processus par lequel le mot quoi est arrivé à son fonctionnement et à sa signification actuelle en tant que marqueur discursif. Cette étude examinera des corpus de l’oral ainsi que de la littérature française et également elle emploiera des méthodes de reconstruction comparative afin de comprendre ce phénomène sémanto-diachronique. On fait des comparaisons entre quoi et ces racines italiques et les autres sous-familles dérivées du proto-indo-européen, surtout pour démontrer les parallèles avec la branche germanique et l’histoire langagière de l’anglais, afin de comprendre le fonctionnement de ce phénomène plus globalement—c’est-à-dire, plus typologiquement, dans la famille indo-européenne et dans le langage en général. On commence par discuter, de la perspective des marqueurs discursifs, la théorie de la pragmaticalisation et comment elle joue un rôle plus général dans une théorie de changement sémantique. Ensuite on fournit une histoire évolutive du MD quoi, tout en discutant comment quoi interagit avec le phénomène global des mots en qu-. Dans cette analyse, on focalisera non seulement sur les changements de forme mais aussi sur les changements de sens et sur les forces cognitives et linguistiques qui y agissent pour les créer. On suit quoi et ces autres mots lies en qu- à travers l’étape proto-indo-européenne [4000 av. J.-C. ], latine [jusqu’à 800 ap. J.-C.] en passant par la période de l’ancien français [800- 1300], du moyen français [1300-1600]4 jusqu'à ses usages actuels en français moderne [1600- 4 Ces dates pour la période de moyen français sont soutenues par Lewis, M. Paul. Ethnologue: Languages of the World. Dallas, TX: SIL International, 2009. Moyen francais (1400-1600), Multitree: A digital library of language relationships. Ypsilanti, MI: Institute for Language Information and Technology (LINGUIST List), Eastern Michigan University. http://multitree.org/. 2009. (15e - 17e siècle ap. J.-C.) et 1330-1500 Dictionnaire Du Moyen Français. N.p.: ATILF - CNRS & Université De Lorraine, n.d. Version 2012 (DMF 2012). Web. <http://www.atilf.fr/dmf.>.
  • 7. 7 présent]. En même temps, l’étude tracera aussi quand et comment le mot quoi se « pragmaticalise » afin de comprendre son fonctionnement et sens actuel en discours. L’étude se terminera en analysant des changements sémantiques des mots comme quoi et en qu- par rapport à leur importance et leurs implications plus importantes dans le champ de la diachronie. II. Quoi de neuf sur quoi5 et comment l’emploie-t-on? Une description synchronique Avant de continuer, il faut poser la question : qu’est-ce que c’est que ce quoi exactement? Ici on décrit des usages synchroniques dans une revue du plan sémantique/pragmatique (dont les 5 Le titre est pris de: Lefeuvre, Florence. Quoi de neuf sur quoi? Etude morphosyntaxique du mot quoi. Rennes: Presses Universitaires de Rennes, 2006.
  • 8. 8 aspects discursifs fait partie), syntaxique et sociolinguistique de quoi et d’autres matières en est liées de près. Afin de faire une description de l’usage synchronique du quoi dans le discours, il faut dire que ce quoi est une « particule » qui exprime le « non encore catégorisé » d’une manière de camaraderie, d’égalité, et de solidarité sociale, basée sur une espèce de déférence dans le processus de préciser et de saisir la connaissance de ce qui est temporairement inconnu ou nébuleux. Également on peut voir que le sens pragmatique de ce quoi discursif consiste d’une intersubjectivité construite soit pour affirmer soit pour désapprouver l’idée en question à préciser (mais cette suggestion est actuellement disputée parmi les scientifiques). Tous les usages actuels de ce quoi sont visés à la recherche d’une formulation ou même d’une reformulation qui est liée en sémantisme au « non encore catégorisé » (cf. Lefeuvre 2006). Quelques linguistes, comme on a déjà vu surtout chez les lexicographes (du nouveau Petit Robert de la langue française, du Dictionnaire de l’Académie française, et du dictionnaire Larousse), qualifie ce quoi d’interjection. Cependant celui-ci en particulier n’en est pas une. Les marqueurs discursifs se distinguent souvent d’interjections. La plupart des scientifiques disent aujourd’hui que les interjections sont probablement une sous-catégorie de MD, mais il faut préciser que la distinction entre les deux est graduelle plutôt que nettement discrète. Les caractéristiques de fonction des marqueurs discursifs sont principalement ce qui les distingue (cf. Massam, Starks, et Ikiua 2006). On peut dire qu’il y a quatre sous-catégories qui se distinguent dans le spectre fonctionnel des MD: les conjonctions, les connecteurs explicatifs ou « parenthetical connectives » en académie anglophone, les connecteurs pragmatiques ou « pragmatic connectives » et les interjections. Les conjonctions (mais, cependant, pourtant, néanmoins, si, or, finalement, etc.) expriment des relations grammaticales et des sens propositionnels, les connecteurs explicatifs (c’est-à-dire, pour ainsi dire, etc.) possèdent à la fois
  • 9. 9 un sens structural et un sens propositionnel, les connecteurs pragmatiques (écoute[z], faut dire, dit donc, etc.) expriment tous les deux un sens structural et un sens modal alors que les interjections (ouf, euh…, tiens, b(i)en, etc.) possèdent des significations modales et interactionnelles. Les interjections peuvent aussi s’isoler comme l’équivalent d’un énoncé ou d’une phrase. (cité dans Cuenca et Marín 2009; Norrick 2007). Ce dernier critère est pourquoi ce quoi n’est pas une interjection—contrairement aux autres, cela ne peut pas être utilisé en isolement. Ce quoi est plutôt un connecteur pragmatique. De la perspective de syntaxe, on analyse ce quoi d’être un marqueur discursif à cause de son manque de cohésion avec les autres éléments de la phrase, notamment dans le discours oral où il apparaît le plus souvent (Lefeuvre 2006). Bien qu’il n’y ait pas de cohésion avec la phrase, quoi se situe en position finale d’un syntagme mais il faut dire que même si l’on y trouve dans une position constante, ce n’est ni lié aux autres éléments du syntagme ni figée à la phrase. Fernandez suggère que ce quoi devrait se mettre parmi les nombreuses particules énonciatives de discours langagier (cité en Lefeuvre 2006; 1994). Selon Auchlin et des autres linguistes, ce quoi sert plus précisément à organiser une conversation, c’est-à-dire structurer le discours linguistique (cité en Lefeuvre 2006; Fernandez 1994 ; Roulet et al. 1995). Plusieurs érudits ont constaté que ce quoi fonctionne en tant que « ponctuant propre à l’oral » (cité en Lefeuvre 2006; Morel et Danon-Boileau 1998). Sur le plan sociolinguistique, ce quoi, comme la plupart des particules de discours, est légèrement lié à ceux qui « parlent mal » et ce marqueur est moins fréquent chez les diplômés (en fait, ces diplômés préfèrent « c’est-à-dire », ce qui possède plusieurs fonctions sémantiques dont quoi fait partie) (cf. Beeching 2007). Donc, ce quoi exprime « un prestige latent, promouvant une solidarité entre les locuteurs » et fonctionne à séparer « le dire et le dit,
  • 10. 10 indiquant une gêne par rapport au caractère adéquat de l’expression » (Beeching 2007). Ce quoi de discours est une particule qui signale à la fois le fait que le locuteur est dépourvu d’assurance par rapport à ce qu’il dit, ou la manière dont il le formule, et l’action de construire ou de reconstruire la description de l’inconnu par une interaction sociale. Cette intersubjectivité dans la construction d’une description linguistique y établit une ambiance égalitaire puisque cette action réduit forcément l’autorité du locuteur et, donc, une telle hiérarchie cognitive présumée. Cela équilibre les degrés de connaissance entre les gens situés dans une interaction sociale. Quoi et sa fonction intersubjective pragmatique « servent à réduire l’expertise du locuteur ; elles projettent une identité modeste et véhiculent ce mode de politesse solidaire entre égaux » (Beeching 2007). Donc, ce quoi discursif est un connecteur pragmatique, syntaxiquement non-cohésif qui tente de formuler ou de reformuler ce qui n’est pas encore catégorisé tout en réduisant modestement l’expertise et, donc, l’autorité cognitive entre des locuteurs égaux. Le sens de « non encore catégorisé » de quoi est ce qui le lie aux autres mots en qu-, comme on va discuter ultérieurement. On tourne maintenant aux théories sur le changement sémantique, la pragmaticalisation et leur influence dans le cas de quoi afin d’observer comment ce MD est arrivé à son sens actuel. III. La pragmaticalisation et une typologie sémantique des marqueurs discursifs L’affaiblissement du sens et l’affaiblissement de la forme des mots accessoires vont de pair; quand l’un et l’autre sont assez avancés, le mot accessoire peut finir par ne plus être qu’un élément privé de sens propre…6 —Antoine Meillet Les théories présentées ici sur le changement sémantique et sur la sémantique en général engagent celles de la sémantique et de la diachronie du point de vue de la typologie linguistique. 6 cité dans Bertin 2012; Meillet 1912.
  • 11. 11 Maintenant, on va décrire ces théories et le développement de ces idées afin d’illuminer finalement cette discussion sur le processus de comment ce quoi est devenu un marqueur discursif. Comme je l’ai mentionné auparavant, un MD est une catégorie pragmatique où s’insèrent des expressions lexicales qui sont extraites des catégories syntaxiques et qui deviennent une partie de ce qui bâtit et organise le discours. Ce que Robert Longacre (cité dans Brinton 2001; 1976) a appelé des « mystery particles (particules de mystère) » a suscité beaucoup de recherche à travers les vingt dernières années. Travis explique que les MD font partie d’une categorie hétérogène d’expressions qui fonctionnent d’habitude indépendamment du discours, entouré d’une manière syntaxique, sémantique et de l’intonation. (cité dans Roggia 2012; 2006). Ces marqueurs fonctionnent pour former des rôles d’interaction et de contextualisation afin de mettre en contexte du discours entouré l’énoncé qui suit ou qui précède et d’indexer tout à la fois l’attitude du locuteur par rapport à ce qui a été ou sera dit. Bordería explique que ce terme est une « global label (étiquette globale) » pour tous les particules qui ne sont pas normalement utilisés dans un sens propositionnel (cité dans Roggia 2012; 2006). Les linguistes dans le monde universitaire anglophone actuel ne sont pas d’accord sur la terminologie et leur préférence pour « discourse marker » ou « discourse particle » (cité dans Roggia 2012; Fischer, 2006b). Pour eux, « particle » ou « particule » suggère que ce sont des petites expressions unitaires sans inflexion, alors qu’il existe des unités composées de plusieurs mots, des idiomes, des pauses, des sons presque instinctifs et des adverbes employés en tant que MD (cf. Roggia 2012). Cependant, de dire « marker », ou « marqueur », suggère que la focalisation de ces expressions est sa fonction discursive. Cette définition va inclure beaucoup d’éléments qui partagent même, d’une manière mineure, ces fonctions faisant une catégorie trop
  • 12. 12 grande; par ailleurs, il faut savoir que ces expressions ne « marquent » pas forcément le discours comme le morphème peut marquer un cas, mais elles guident comment la locution doit s’interpréter et se comprendre (cf. Roggia 2012). Dans ce mémoire, les deux termes sont interchangeables. On peut dire que les quatre sous-catégories (les conjonctions, les connecteurs explicatifs, les connecteurs pragmatiques et les interjections) dont on a déjà parlé, definissent les fonctions sous la grande classe de « marqueurs » discursifs. Même si les érudits débattent encore ce qui est la meilleure façon de définir et d’étiqueter les marqueurs de discours, les similitudes de caractéristiques partagées par les MD sont abondantes. Par rapport au discours, les marqueurs discursifs possèdent souvent des fonctions périphériques et prototypiques communiquées différemment dependant de la nature prosodique par laquelle les MD sont exprimés (cité dans Roggia 2012; Fraser 1999, 2006; Pons Bordería 2006; Redeker 2006 , Schiffrin 2006; Schourup 1999; Travis 2005, 2006; Yang 2006). Les MD guident également l’interprétation de segments de discours d’une manière anaphorique ou cataphorique (cité dans Roggia 2012; Fraser, 1990; Schiffrin, 1987; Schwenter, 1996). En tout cas, dans ce mémoire on va résumer la définition de « marqueur discursif » en disant que c’est une classe pragmatique qui reçoit des énoncés lexicaux qui sont, à leur tour, tirés des catégories syntaxiques afin de s’établir en tant que partie de la construction et de l’organisation du discours. Après avoir posé la question d’une definition de MD, on est forcément influencé à réfléchir à la genèse de cette classe langagière, ce qui est au cœur de cette étude. La discussion sur les origines des marqueurs discursifs est centrée autour de la grammaticalisation (Waltereit 2007). La grammaticalisation est-elle le processus diachronique qui gouverne l’évolution des MD? Avant que l’on puisse remettre cela en question, il faut premièrement poser la question « qu’est-ce que c’est exactement que la grammaticalisation ? » Comme Givon l’a élégamment
  • 13. 13 révélé dans ce célèbre slogan: « Today’s morphology is yesterday’s syntax », c’est-à-dire, les mots lexicaux de jadis sont les mots grammaticaux d’aujourd’hui—même s’ils ne sont pas forcément des morphèmes (cf. cité en Espree-Conaway 2012 ; Dostie 2004; Traugott 1995a; Givon 1971). La grammaticalisation est le processus où un énoncé se convertit de la zone lexicale à la zone grammaticale. Comme dans la citation de Meillet au-dessus, la grammaticalisation est un phénomène de développement caractérisé par le passage d’un « mot autonome » ou d’une unité lexicale à un mot ou une unité grammatical (Espree-Conaway 2012 ; Dostie 2004). En voici deux exemples, un de l’evolution de « ne…rien » grammatical de « non » et « rem » lexical et un du developpement de « -ai » dans le temps du futur—un cas special de la grammaticalisation appelé « l’auxiliarisation »: Exemple de la grammaticalisation latine-française7 De la négation française et Rem/Rien ne  ne + œnum  non  ne  ne…[pas] [rien] [personne] [jamais] [etc.] 7 Ces exemples de la grammaticalisation viennent de « Bertin, Annie. "La linguistique diachronique et ses implications." Conférences, Université de Paris X Nanterre La Défense, Paris, 2012. »
  • 14. 14 LAT : non video rem.8 FRM : Je ne vois rien. GLOSE: NEG voir-1PER.SING chose-ACC.  GLOSE: PRO NEG voir-1PER.SING rien. TRAD: Je ne vois pas une chose. TRAD: Je ne vois pas une chose. ____________________________________ REM (de Res (nom.))  RIEN (de ne…rien) [lexical] [grammatical] Du habeo « avoir » : le cas de « auxiliarisation » LAT : cantare habeo GLOSE: chanter-INF avoir-1PER.SING Latin tadif : cantare habeo [l’auxiliarisation (processus de devenir un aux. y commence] Chang. inter : cant’are (h)’abeo [le changement de l’accentuation et la disparation de « h »] cantare ’ayyo [l’écrasement] cantar’ayyo [l’agglutination ou la coalescence morphologique] Fran. Mod : chanterai [la « -ai » désinence dans le futur du français moderne] ___________________________________ HABEO (de avoir)  -AI (de je parlerai) [lexical] [grammatical] En voilà, donc, pour la grammaticalisation. Cependant, la majorité des linguistes ne pensent pas que des DM se forment à travers ce processus. Meillet décrit l’existence d’un autre phénomène analogue à la grammaticalisation qui sert à former les mots dits « expressifs ». Ce n’est plus « une migration catégorielle de mots », mais une nouvelle manière de les classifier (cité dans Espree-Conaway ; Dostie 2004). Donc, les mots peuvent se revêtir d’un sens que 8 Les abréviations dans ces exemples ci-dessus: LAT=Latin ; 1PER=Personne (première personne); SING= Singulier (numéro grammatical); ACC=Accusative (le cas dans lequel on met l’objet de la phrase) ; TRAD=Traduction ; FRM=Français moderne ; PRO=Pronom ; nom=nominative (le cas dans lequel on met le sujet de la phrase) ; INF=Infinitif ; aux=auxiliaire ; chang. inter=changements intermédiaires.
  • 15. 15 Meillet a jugé plus expressif. Pour achever cela, il faut subir ce qui s’appelle « la pragmaticalisation », ce qui est nécessaire afin de devenir un marqueur discursif. La pragmaticalisation est le processus par lequel un énoncé du lexique ou de la grammaire adopte une fonction discursive, c’est-à-dire, il devient une partie du discours—plus précisément la partie qui le structure. Les MD passent d’habitude de la zone lexicale à la zone grammaticale; et ensuite, de la zone grammaticale à la zone pragmatique (cf. Dostie 2004). Avant de continuer, on décrira ce que veut dire la pragmaticalisation. La pragmaticalisation est considérée le processus dont émergent des MD. C’est un « processus diachronique à part entière, qui tout en partageant certains traits avec la grammaticalisation ne s’identifie pas complètement à ce type de changement » (cite dans Waltereit 2007; Aijmer 2002, Waltereit 2002, Dostie 2004, Hansen 2005). La pragmaticalisation et la grammaticalisation partagent plusieurs caratéristiques, surtout de la perspective du changement sémantique (quoi?quoi! [MD]) et d’érosion phonétique (bienben [MD]). En particulier, quant au sémantisme, les MD se transforment par rapport à leurs formes d’origine de la même manière que le semantisme des morphèmes grammaticaux se modifient par rapport aux leurs. Malgré cette relation entre la grammaticalisation et la pragmaticalisation, il y a d’autres critères qui empêchent les MD d’avoir la genèse dans la grammaticalisation (Waltereit 2007). Il y a trois raisons principales d’exclure le développement des MD du domaine de la grammaticalisation (cité en Dostie 2004; Traugott 1995a). Premièrement, il s’agit du fait que l’unidirectionnalité—une hypothèse fondamentale à la théorie de la grammaticalisation axée sur l’idée d’une augmentation de la fusion en morphologie et d’une perte de liberté en syntaxe (Dostie 2004)—est parfois défiée par la pragmaticalisation (cité en Dostie 2004; Haspelmath 1999; Heine et Kuteva 2002).
  • 16. 16 L’unidirectionnalité du changement dans le processus de grammaticalisation9 PERSONNEOBJETPROCESESPACETEMPSQUALITÉ Deuxièmement, les MD n’appartiennent probablement pas à la grammaire, une idée sur laquelle beaucoup de linguistes ne se sont pas entièrement décidés. Troisièmement, les marqueurs discursifs sont syntaxiquement libres, un autre fait qui ne permet pas que les MD soient considérés en tant que partie de la grammaire. Donc, ce quoi et les MD en général font partie d’une zone assez séparée des autres. Cependant, que l’on sélectionne l’étiquette de la « pragmaticalisation » ou de la « grammaticalisation », cela n’importe peu. Il s’agit de savoir pourquoi certains aspects d’une langue produisent des MD. Pourquoi les locuteurs emploient-ils une expression non-discursive avec une fonction nouvelle ? C’est-à-dire, comment les marqueurs discursifs ont-ils acquis leurs fonctions? Waltereit propose que: le sémantisme de certaines formes offre un attrait pour la structure du discours ou pour l’interaction, ce qui amène les locuteurs à les utiliser non pas pour leur sens codé, mais pour des effets collatéraux de leur sémantisme (2007, 2006, 2002). Les locuteurs cherchent des occasions de les utiliser dans le discours afin de pouvoir profiter de cet effet collatéral, à tel point qu’ils commenceront à les utiliser, même s’il n’y a « rien à montrer » ; ils ne l’utiliseront donc que pour mieux attirer l’attention de l’interlocuteur sur leur discours. À partir de ce momentlà, [l’expression] a subi un changement sémantique et est devenu un MD. (Waltereit 2007). Donc, les locuteurs les emploient en focalisant sur les aspects collatéraux du sémantisme des expressions jusqu’à ce que les expressions deviennent principalement des énoncés qui ne servent qu’à structurer le discours. Toutes ces étapes composent un changement sémantique—caractérisé par la gradualité—qui est considéré comme une partie du procédé de la pragmaticalisation (Waltereit 2007; Dostie 2004). Pour décrire exactement comment les sens collatéraux de MD prospectifs dépassent ceux du lexique pour organiser le discours—c’est-à-dire, comment ces sens se pragmaticalisent—on applique la théorie de la diachronie sémantique, basée sur les idées de la typologie linguistique, 9 cité dans Bertin 2012; Heine, Claudi, Hünnemeyer.
  • 17. 17 encore une fois, de la linguiste Elizabeth Traugott. Dans cette théorie, comme on l’a déjà mentionné, il y a trois périodes qui se lient par le fil de—et qui entraînent finalement d’une manière complète à—la « subjectification », effectivement l’acte d’indexer à la fois les valeurs communes partagées par les locuteurs et leur fonction langagière—la structuration du discours (cf. cité dans Croft 2003; et dans Traugott 1989). La trajet du changement dans le pragmaticalisation10 EXTERNETEXTUELSUBJECTIFICATION ( ——–————–———[SUBJECTIFICATION] ) Premièrement, il existe le changement sémantique où un mot qui exprime le monde externe (des actions, des objets ou des caractéristiques,) est remplacé sémantiquement par un mot qui décrit le monde interne (des évaluations, des perceptions ou des aspects de la cognition). Deuxièmement, les sens deviennent ceux qui sont axés sur le monde métalinguistique ou textuel. Troisièmement, les sens se modifient par rapport aux croyances, aux attitudes ou aux propositions subjectives des locuteurs. Dans cette analyse, on appliquera la théorie de Traugott pour décrire le changement sémantique par lequel quoi est passé depuis le temps de sa forme ancestrale indo-européenne *kw-. IV. Les racines historique de quoi : l’évolution développement de mots français en qu- … la vérification la plus sûre qu’on en puisse faire sera l’examen de chacun de ces changements. L’étymologie est bonne, si la chaîne de ces altérations est une suite de faits connus directement, ou prouvés par des inductions vraisemblables ; […] Mais nous avons prouvé qu’en multipliant à volonté les altérations intermédiaires, soit dans le son, soit dans la signification, il est aisé de dériver un mot quelconque de tout autre mot donné : c’est le moyen d’expliquer tout, et dès-lors de ne rien expliquer…. –de chevalier Louis de Jaucourt, Encyclopédie Les formes et les emplois différents de quoi et d’autres mots en qu- sont tous apparentés du proto-indo-européen par la caractéristique de « l’indéfinition » — effectivement, le trait sémantique du « non encore catégorisé ». Selon quelques linguistes (cf. cité dans Espree- 10 cité aussi dans Bertin 2012; Heine, Claudi, Hünnemeyer.
  • 18. 18 Conaway 2012 ; Lefeuvre 2006; Bonnard 1989 ; Le Goffic 1994), les mots en qu- possèdent une valeur d’indéfinition qui est basée sur le thème *kw- indo-européen originel dont ces mots proviennent. Le Goffic explique que « le thème *kw- [est] l’instrument privilégié d’expression de l’indéfini » (cité dans Espree-Conaway 2012 ; Lefeuvre 2006; 1994). Tous ces linguistes (cf. Espree-Conaway 2012 ; Lefeuvre 2006 ; Haspelmath 1997; Kerenski 1969; Bhat 1981; Meillet & Vendryes 1960), qui ont observé ce regroupement sémantique, établissent leurs idées sur l’étymologie commune des indéfinis et des interrogatifs dérivant du même *kw- indo-européen. Un autre groupe de mots apparentés que les linguistes n’ont pas remarqué recouvre les chiffres. Il y a des chiffres (quatre, cinq, quarante, etc.) qui sont étymologiquement liés aux autres mots de la sorte dans ces sémantismes de « l’indéfinition énumérée » et de la quantification — un point que l’on discutera davantage ultérieurement. Mushin explique que les mots en qu- indéfinis et interrogatifs sont « des variantes d’une seule classe typologique » (cf. cité dans Espree- Conaway 2012 ; Lefeuvre 2006; 1995) — effectivement, ce qu’il nomme des « epistememes » (un terme anglais) (Mushin 1995).Selon Espree-Conaway (2012) : Le terme epistememe (dérivé du grec) représente une typologie d'un groupe de formes traditionnellement conçu comme ‘interrogatifs’ ou ‘interrogatifs/indéfinis’. Mushin crée cette typologie par ses études des grammaires descriptives des langues australiennes. L’idée de l’epistememe, basée sur la notion premièrement exprimée par Durie (1985), suggère qu'il existe une classe de mots fermée et cohérente qui fonctionne à classifier les genres de connaissance. L’usage dépend des contextes auxquels la connaissance appartient (Mushin 1995). Ici on élargit le domaine du sémantisme pour inclure aussi la numération (les mots comme combien, chacun, quelques-uns, etc., mais aussi des chiffres) et c’est le terme que l’on donne dans ce mémoire pour renvoyer à ce phénomène. Donc, le *kw- indo-européen originel des mots en qu-, dont provient finalement le MD quoi, est composé sémantiquement de trois champs : l’indéfinition, l’interrogation et la numération.
  • 19. 19 Maintenant il faut tracer en détail cette histoire de quoi en abordant l’usage particulier dans chaque période langagière: le proto-indo-européen, le latin, l’ancien français, le moyen français et le français moderne. Proto-indo-européen (PIE) Le système qu- et donc l’histoire de quoi commencent en *kw- pendant la période proto- indo-européenne de 4000 av. J-C. Comme on l’a déjà mentionné, « epistememe », ou la sémantique de non-spécifié du complexe *kw-, se divise en trois groupes : l’indéfinition, l’interrogation et la numération. Ces trois aspects du sémantisme se manifestent dans les « variables » qui proviennent de *kw-. *kw- possède les formes *kwe (formes masculines et féminines) *kwi, (forme neutre), et *kwo (forme adjectivale) (Muller 2008). Il existe le paradigme de trois formes dans quelques langues indo-européennes: le sanscrit–kas, ka, kat [/kim], le latin–quis, quid, qui [quae/quod] (adj.); le gothique–hwas, hwo, hwa. On estime qu’il y avait une forme accentuée (l’interrogatif) et une forme inaccentuée (l’indefini) (Beekes 2011). Pour la morphologie, *kwe/kwi- n’a qu’une forme pour le masculin et le feminin. *kwo- est infléchi avec un -i déictique pour faire référence à la personne grammaticale, un fait que l’on observe dans le latin: qui >*kwo-i (quae > *qua + -i) (Beekes 2011). Jusqu’à ce point, on n’a discuté que les formes de l’indéfinition et de l’interrogation; cependant, la numération est aussi attachée à cet « epistememe ». On sait que *kwotero- (« lequel des deux ») se dérive de cet « epistememe » avec le suffixe -tero ajouté (le latin uter [le « *kw- » ayant disparu]; le gothique hwathar) (Beekes 2011). Il est curieux qu’il y ait plusieurs numéros qui partagent la forme qu- — par exemple, quatre, quatorze, quinze, quarante ainsi que cinq et cinquante historiquement. Le numéro « quatre » en PIE était *kwetores (une forme pas très loin de *kwoteros qui signifiait « lequel des deux »), qui en évoluant vers le français a gardé la forme
  • 20. 20 qu-, mais quelques autres langues dans la famille indo-européenne ont éprouvé des changements (la sous-famille germanique /kw//f/ : l’anglais-four, fifteen, fifty ; l’allemand-vier, fünfzehn, fünfzig). Latin La forme latine de qu- est l’ancêtre de quoi et d’autres mots français qui se terminent en qu-. Quoi provient du latin quid, la forme neutre du pronom relatif quis. Quoi et ses cousins en qu- ne correspondent pas aux objets précis mais renvoient aux éléments non spécifiquement classifiés (Lefeuvre 2006). Meillet écrit au sujet de cette « construction référentielle » pour le mots quis et autres mots tels: Le terme d’indéfini pourrait trouver une nouvelle justification dans ce monde de construction référentielle qui ne peut désigner à lui seul ni un individu, ni même une collection d’objet, mais qui passe nécessairement par le renvoi à une classe […] d’éléments non discernables (cf. cité en Lefeuvre 2006; Meillet 1994). Ce mot quis avec un sémantisme de référence aux « éléments non discernables », en évolution vers le français, devient quei(t) avec un /t/ qui disparaît en fin. Après cela, quei devient quoi [ou qoi/coi]. Voici la trajectoire historique du latin vers l’ancien français : Du latin à l’ancient français [quid>quei(t)>quei>quoi [qoi/coi]] Voici des exemples de la littérature qui démontrent ces changements linguistiques : Guernes, 1920 Il s’en ala avant, ne dist ne ço ne quei. Becket, Rutebeuf Charl. et 94 Charlot ne vaut ne ce ne qoi. (Moignet 1984) Barb. Ancien français C’est pendant la période de l’ancien français que l’on trouve les racines du quoi discursif, même si dans la période elle-même quoi n’est pas encore pragmaticalisé. Le MD évolue d’un tel quoi, ce qui fait partie à la fois d’une construction grammaticale (et donc d’une forme grammaticalisée
  • 21. 21 de quoi) ne ce ne quoi [qoi/coi] et d’un mot indéfini du lexique. Moignet décrit en montrant un exemple où ce quoi indéfini se glosse par « quelque chose »: Renart, 13177 Dites moi dont, n’avez qoi ? (= « quelque chose »). (Moignet 1984) En français moderne, ce type d’expression est rare, mais on peut le trouver actuellement dans cette phrase typique de la région du nord: Vous me direz quoi. (Wilmet 2003) En ancien français, quoi joue également le rôle d’un indéfini dans les emplois de négation coordonnée et grammaticalisée avec ce, ce qui est probablement la source historique du quoi discursif : N’il ne voleient faire pur d’une ce ne quoi (cité dans Lefeuvre 2006; Becket; Kuntsmann 1988). Yvain, 6630 Je ne voel pas qu’après demain m’an metoiz sus ne ce ne quoi que vos n’an feites rien por moi. (Moignet 1984). Cet énoncé associe un terme actuel « ce » avec un terme virtuel « quoi » en coordination négative. Moignet exprime que le ne ce ne quoi que l’on observe comme en exemple signifie « ni cela ni quoi que ce soit » ou en d’autres termes « rien » (cité dans Lefeuvre 2006 ; 1984). Moyen français Ici on focalise sur une description de quoi en moyen français. C’est à cette époque que l’on voit la pragmaticalisation de quoi (parfois écrit quoy). Même si le terme n’a pas encore acquis exactement le sens de quoi discursif que l’on décrit ici, on peut voir qu’il est devenu un marqueur discursif. Pendant cette période, on peut observer les usages du quoi discursif comme dans ces citations de François Villon et de Theodore Agrippa d’Aubigné: Hé! Dieu, si j’eusse étudié Au temps de ma jeunesse folle Et à bonnes meurs dédié, J’eusse maison et couche molle ! Mais quoi ? Je fuyais l’école, Comme fait le mauvais enfant.
  • 22. 22 Quand j’écris cette parole, (François Villon « Je plains le temps de ma jeunesse » Peu s’en faut que le cœur ne me fende. du Testament [recueil de poèmes], 1489) Mais quoi ! déjà les Cieux s’accordent à pleurer, Le soleil s’obscurcit, une amère rosée Vient de gouttes de fiel la terre énamourer, (Theodore Agrippa d’Aubigné « Mais quoi ! D’un crêpe noir la lune en gémit déguisée, déjà les Cieux s’accordent à pleurer » Et tout pour mon amour veut ma mort honorer. des Stances [recueil de poèmes], 1575) Après s’être pragmaticalisé au moyen âge, ce quoi se développe à travers le temps pour arriver à son sémantisme actuel. Français moderne Meillet écrit à l’égard de l’existence d’un autre phénomène linguistique analogue à la grammaticalisation qui forme des énoncés « expressifs » ; en d’autres termes, ces locutions peuvent se revêtir d’un sens « expressif ». Même après que ces expressions sont passées d’une zone linguistique à une autre, « les mots en différentes zones peuvent se rassembler (comme le quoi discursif dont on parle et le quoi interrogatif) » (Espree-Conaway 2013). Ce sont des « correspondant[s] non discursif[s] » (Dostie 2004). Cette relation existe toujours entre les sens propositionnels et les sens discursifs. C’est, en fait, la situation avec quoi et sa relation avec les autres usages de quoi et les mots en qu- ––c’est la parenté sémantique entre tous les mots de « l’epistememe ». Néanmoins, ce quoi en français moderne se pragmaticalise pour adopter un sens séparé en tant que marqueur discursif pour exprimer le « non encore catégorisé » dans le processus d’expliquer et de comprendre ce qui est temporairement inconnu. V. L’analyse des changements sémantiques Maintenant, il faut expliquer comment le processus de la pragmaticalisation de quoi a eu lieu historiquement. Waltereit constate que le sémantisme de certaines formes a une tendance à être utilisée pour structurer le discours au moyen des « effets collatéraux » de leur sémantisme (2007, 2006, 2002). Quand cette expression est utilisée en focalisant sur ses effets collatéraux,
  • 23. 23 elle a effectivement subi le changement sémantique de la pragmaticalisation pour devenir un MD (Waltereit 2007; Dostie 2004). Selon Traugott, ce processus possède trois périodes—toutes avec un fil de « subjectification » —qui commencent par un sémantisme traitant le monde externe pour ensuite se revêtir d’un sens métalinguistique jusqu’à ce qu’il arrive finalement à un état où la « subjectification » est la focalisation sémantique. On sait que tout cela commence, il y a 6000 ans en proto-indo-européen, par les mots en *kw-. La forme qu- en latin est ensuite dérivée de ce *kw- et le quoi discursif provient directement du qu-. On sait aussi que la période de l’ancien français se trouve là où le processus de la pragmaticalisation commence avec le quoi indéfini. Selon la théorie de changement sémantique de Traugott, il existe premièrement le changement où un mot du monde externe (des actions, des objets ou des caractéristiques) est replacé par un mot qui décrit le monde interne (des évaluations, des perceptions ou des aspects de la cognition). Ce quoi en l’ancien français possède un sens externe—un sens de « quelque chose » —plus ou moins préservé sous sa forme grammaticalisée ne ce ne quoi. En moyen français, quoi acquiert un sens métalinguistique dans un MD. Cette acquisition d’un sens métalinguistique est la deuxième partie de la théorie de Traugott. Troisièmement, les sens commencent à se focaliser sur des aspects collatéraux en se transformant par rapport aux croyances, aux attitudes ou aux propositions subjectives des locuteurs. Selon l’évidence présentée ici, dans l’évolution du français moderne, quoi assume les sens de la camaraderie, de l’égalité et de la solidarité, et l’on observe la « subjectification » complète de ce MD.
  • 24. 24 VI. Conclusion En expliquant l’histoire sémantique de quoi et de son rôle parmi les mots en qu-, avec lesquels il partage des aspects du sens à cause de ces racines communes en *kw- indo-européen, ce mémoire trace précisément le chemin diachronique et le processus par lequel le mot quoi est devenu ce marqueur discursif tel qu’il est aujourd’hui, tout en affinant, de surcroît, la
  • 25. 25 compréhension des marqueurs discursifs sur le plan sémanto-diachronique. Les marqueurs discursifs constituent une catégorie pragmatique où s’insèrent des expressions lexicales qui sont extraites des catégories syntaxiques et qui deviennent une partie de ce qui construit et structure le discours. On a analysé ce phénomène en utilisant à la fois des données trouvées dans les corpus littéraire/oral et les méthodes de reconstruction comparative. On a élucidé le fait que ce quoi de discours est actuellement une expression de « non encore catégorisé » (cf. Lefeuvre 2006). Ce quoi discursif est un connecteur pragmatique, ou « pragmatic connective », syntaxiquement non- cohésif qui vise la recherche d’une formulation ou même d’une reformulation de ce qui n’est pas encore catégorisé tout en réduisant, par la modestie du locuteur, son expertise et donc l’autorité cognitive entre locuteurs pour créer une atmosphère sociale de camaraderie, d’égalité et de solidarité. Cette structuration intersubjective évoquée par quoi, dans le processus de préciser et de saisir ce qui est temporairement nébuleux est axée sur une espèce de déférence du locuteur pour former une aire d’égalité sociale. Le sens de « non encore catégorisé » de quoi est ce qui le lie aux autres mots en qu-. D’après cet argument, quoi est un connecteur pragmatique, pas une interjection; quelques lexicographes, comme on l’a déjà vu dans le Nouveau Petit Robert de la langue française, le Dictionnaire de l’Académie française et le dictionnaire Larousse considèrent ce quoi d être une interjection. Ces dictionnaires définissent quoi comme une « interjection », « pronom exclamatif », ou « particule admirative » qui fonctionne, en tant que mot familier, à indiquer « l'étonnement » ou « l'indignation », à lancer un élément dans la conversation, à marquer un changement d'humeur, ou à formuler comment expliquer ou énumérer quelque chose (cf. Espree- Conaway 2012). Il n’y a que ce dernier sens de l’énumération qui constitue décidément une partie du sémantisme de ce quoi que l’on y décrit. Toutefois, on présente ici puisque les
  • 26. 26 interjections s’utilisent en isolement comme l’équivalent d’un énoncé ou d’une phrase (cité dans Cuenca et Marín 2009; Norrick 2007), on sait que quoi, qui ne peut jamais s’isoler, ne compte pas comme interjection. Ce quoi est un connecteur pragmatique comme « écoute[z], faut dire, dit donc, etc. » qui exprime à la fois un sens structural et un sens modal. Ce quoi, le connecteur pragmatique—une des quatre sous-catégories des MD—apparaît à la quotidienne dans des conversations orales actuelles mais porte un sémantisme qui s’est développé à travers plusieurs milliers d’années, effectivement depuis l’époque indo-européenne à nos jours. Les formes et les emplois différents de quoi et d’autres mots en qu- sont tous apparentés du proto-indo-européen par « une tentative à définir », d’où dérivent effectivement les traits sémantiques du « non encore catégorisé » ou « non-spécifié ». Tous les mots que l’on observe de ce « voisinage » sémantique partagent sûrement l’ancêtre commun *kw-. Ce système de mots apparentés est un « epistememe »—une catégorie de mots fermée et cohérente qui sert à classifier les genres de connaissance (Mushin 1995). Cet « epistememe » du *kw- indo-européen originel est composé sémantiquement de trois champs : l’indéfinition, l’interrogation et la numération. Lorsque l’on trace le côté spécifique de quoi dans l’histoire de cet « epistememe », on observe des formes *kwe (formes masculines et féminines), *kwi, (forme neutre), et *kwo (forme adjectivale) (Muller 2008) en proto-indo-européen suivi par le mot latin quis/ quid (forme masculine/féminine et forme neutre respectivement). Quid (forme étymologique directe) devient en ancien français quei(t), avec un /t/ qui disparaît finalement, avant qu’il n’arrive à la prononciation quoi [écrit aussi qoi/coi] vers la fin de la période de l’ancien français ou au début de la période du moyen français.
  • 27. 27 Dans l’étape de l’ancien français, on trouve les racines du quoi discursive, même si dans la période elle-même quoi n’est pas encore pragmaticalisé. Avec le quoi indéfini, signifiant « quelque chose », c’est là où le processus de la pragmaticalisation commence lorsque l’on observe le changement où un mot du monde externe est remplacé par un mot qui décrit le monde interne, selon la théorie de changements sémantiques de Traugott. A l’époque du moyen français, quoi se revêt d’un sens métalinguistique en tant que marqueur discursif. En français moderne, quoi acquiert un sens de camaraderie, d’égalité et de solidarité — effectivement, la transformation à une focalisation sur les aspects collatéraux du sémantisme liés aux croyances, aux attitudes ou aux propositions subjectives des locuteurs. Ces trois transformations—le changement sémantique de la représentation du monde externe à l’interne, l’acquisition du sens métalinguistique et l’acquisition complète des sens de la « subjectification »—font partie de la théorie de la sémantique diachronique de Traugott. Cette étude démontre comment le processus de changement sémantique se passe pour former des marqueurs discursifs. Ce quoi est une « particule » qui exprime le non-spécifié d’une manière égalitaire et socialement solidaire, basée sur une espèce de déférence dans le processus de préciser et de saisir ce qui est temporairement inconnu ou nébuleux. Cette analyse détaillée sur l’histoire de quoi sert à fournir un corps d’évidence nuancée sur l’évolution des marqueurs discursifs et à indiquer plus globalement l’interaction entre les champs de la sémantique et de la diachronie. Corpus Corpus littéraire Old French Literary Corpus. Le Nouveau Corpus d'Amsterdam http://www.uni-stuttgart.de/lingrom/stein/corpus/
  • 28. 28 Corpus oral « Les Accents Des Français ». Les Accents Des Français. N.p., n.d. Web. 18 Feb. 2013. <http://accentsdefrance.free.fr/> basé sur le livre : Léon, Pierre, Fernand Carton, Mario Rossi, and Denis Autesserre. Les Accents Des Francais. Paris: Hachette, 1983. Bibliographie Anglade, Joseph. Grammaire élémentaire De L'ancien Français. Paris: Armand Colin, 1970. Barnes, Betsy K. "Discourse Particles in French Conversation: (eh) Ben, Bon, and Enfin." The French Review 68, no. 5 (1995): 813-21. Batany, Jean. Français Médiéval. Paris: Bordas, 1981. Beeching, Kate. "La Co-variation Des Marqueurs Discursifs Bon, C'est-à-dire, Enfin, Hein, Quand Même, Quoi Et Si Vous Voulez : Une Question D'identité ?" Langue Française 154.2 (2007): 78-93.
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  • 30. 30 Moine, André G. The Role of Discourse Markers in the Structuring of Discourse: A Study of the Use of the Word "alors" in the French Language. Lewiston: Edwin Mellen, 2005. Muller, Claude. "Valeurs Communes Et Valeurs Particulières Des Formes QU- En Français."Langue Française 158.2 (2008): 13-28. Mushin, Liana. "Epistememes in Australian Languages*." Australian Journal of Linguistics 15, no. 1 (1995): 1-31. Myhill, John. "Typology and Discourse Analysis." The Handbook of Discourse Analysis. Ed. Deborah Deborah, Deborah Tannen, and Heidi E. Hamilton. Malden: Blackwell, 2001. 161-174. Norrick, Neal R. "Discourse and Semantics." The Handbook of Discourse Analysis. Ed. Deborah Deborah, Deborah Tannen, and Heidi E. Hamilton. Malden: Blackwell, 2001. 54-75. Pope, M. K. From Latin to Modern French with Especial Consideration of Anglo-Norman. Manchester: Manchester UP, 1952. Pusch, Claus D. "Faut Dire : Variation Et Sens D'un Marqueur Parenthétique Entre Connectivité Et (inter)subjectivité." Langue Française 154.2 (2007): 29-44. Rey, Alain, Marianne Tomi, Tristan Hordé, and Chantal Tanet. Dictionnaire Historique De La Langue Française. Vol. 3. Paris: Dictionnaires Le Robert, 1998. Rickard, Peter. A History of the French Language. London: Routledge, 1993. Ringe, Donald A. From Proto-Indo-European to Proto-Germanic. Oxford: Oxford UP, 2006. Robert, Paul, Josette Rey-Debove, et Alain Rey. Le nouveau petit Robert: Dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française. Paris: Le Robert, 2010. Rousseau, Jean-Jacques. Essai Sur L'origine Des Langues: Chapitres I a XI Et Chapitre XX. Comp. Eric Zernik. Paris: Hatier, 1983. Schiffrin, Deborah, Deborah Tannen, and Heidi Ehernberger Hamilton. The Handbook of Discourse Analysis. Malden: Wiley-Blackwell, 2003. Schiffrin, Deborah. "Discourse Markers: Language, Meaning, and Context." The Handbook of Discourse Analysis. Ed. Deborah Deborah, Deborah Tannen, and Heidi E. Hamilton. Malden: Blackwell, 2001. 54- 75. Schiffrin, Deborah, Deborah Tannen, and Heidi Ehernberger. Hamilton, eds. The Handbook of Discourse Analysis. Malden: Blackwell, 2001. Scollon, Ron and Suzanne Wong Scollon. " Discourse and Intercultural Communication." The Handbook of Discourse Analysis. Ed. Deborah Deborah, Deborah Tannen, and Heidi E. Hamilton. Malden: Blackwell, 2001. 538-547. Swanton, Michael. Beowulf. Manchester: Manchester UP, 1997. Traugott, Elizabeth Closs., and Richard B. Dasher. Regularity in Semantic Change. New York: Cambridge UP, 2002. Wheelock, Frederic M., and Richard A. LaFleur. Wheelock's Latin. 6th ed. New York: HarperCollins, 2005. Wright, Joseph. A Primer of the Gothic Language. New York: Oxford UP, 1892. Table des matières Résumé …….………………………………………………………………….………… 2 I. Introduction ……………………………………………………….………..….……… 3 II. Quoi de neuf sur quoi et comment l’emploie-t-on? Une description synchronique … 8 III. La Pragmaticalisation et une typologie sémantique des marqueurs discursifs .…….. 11
  • 31. 31 IV. Les Racines historique de quoi : l’évolution développement de mots français en qu- 18 Proto-indo-européen ………………………………………………………….… 19 Latin ………………………………………………………………………….…. 20 Ancien français ………………………………………………………..……...… 21 Moyen français ………………………………………………….………...…..… 21 Français moderne ………………………………………………………….…… 22 V. L’Analyse des changements sémantiques ……………………………………….…… 23 VI. Conclusion ………………………………………………………………………….. 25 Corpus …………………………………………………………………………………... 28 Bibliographie ……………………………………………………………………………. 29