2. « L’Inox » ce train « rapide » mettait une journée pour
relier Perrégaux à Colomb-Béchar, environ 650 km,
alors que « la Rafale » effectuait le même parcours en 2
jours, un train que l’on n’oublie pas quand on a eu
l’occasion de voyager avec.
3. Je vais vous raconter mon voyage offert par l’Armée début janvier 1962 où
après une croisière en 4ème classe entre Marseille et Oran, nous devions
continuer par le train pour nous rendre à Colomb-Béchar et ainsi grossir
l’Armée Française et une certaine 711ème Compagnie de Transmissions qui
devait m’attendre avec impatience.
Après quelque jours de remise en forme au D.I.M. d’Oran nous avons rejoint
la gare afin de prendre le train régulier Oran / Alger, en 1 h nous étions
descendus à Perrégaux où nous passions la nuit avec nos bagages que nous
appelions pompeusement paquetage. Lendemain matin, départ très tôt afin de
passer les gorges de Mascara de nuit.
Découverte de notre train « la Rafale » pour nous rendre à Colomb-Béchar sur
une voie étroite de 1,055 mètre de large.
4. Description de « la Rafale », 2 ou 3 wagons plats avec des sacs de sable
(dispositif anti-mines) ensuite 1- 2 voire 3 locomotives diésel, joliment décorées de
plaques de tôle faisant office de blindage parsemées de nombreux impacts de
balles qui pouvaient servir à l’aération des moteurs. Ces locos permettaient de
tracter l’ensemble du train à des vitesses proches des 30 km/heure sur le plat !!
Ensuite nous avions les wagons de marchandises qui devaient transporter du
matériel, et autres marchandises.
Vue d’une locomotive du train
« la Rafale »
sans les plaques de blindage
5. Pour faire voyager la Troupe, l’Armée utilisait des wagons à bestiaux avec une
inscription sur chacune des portes coulissantes :
6 chevaux en long ou 28 hommes
Pour les chevaux il y avait de la paille, pas pour le Troupe car il y avait eu des
incendies de wagons par des mégots mal éteints. De toute manière, dans la journée
nous étions nombreux sur les toits de ces wagons à commencer notre bronzage. Enfin
le train se terminait avec un wagon provenant d’un film de western où nous nous
attendions à voir descendre John Wayne, mais qui était réservé aux officiers et sous-
offs de notre belle armée.
6. La Rafale
Le wagon des officiers, et
devant les wagons à bestiaux
pour la Troupe.
Détail du wagon
« western »
de officiers, derrière il y
avait, parfois, un wagon
de protection
8. Photo prise par
Daniel Heutte.
Jolie photo du wagon « western » prise début 1960, devant ce wagon on
aperçoit la Troupe dans les wagons à bestiaux.
9. Voici enfin la photo tant recherchée, les
wagons à bestiaux où voyageait la troupe,
sur les portes coulissantes figurait cette
inscription :
(28 hommes ou 6 chevaux en long)
Photo trouvée par François Roszyk
14. Cette deuxième journée nous permettait de faire Perrégaux / Aïn-Séfra, environ à 400 km
en une bonne douzaine d’heures. Nouvel hébergement nocturne dans des baraquements qui
ne ressemblaient même pas aux cases du Club Med. Enfin le troisième jour, et après
environ 250 km, nous arrivions, dans nos conforts respectifs, à notre destination finale
Colomb-Béchar. Nous étions à la porte du Sahara ! J’allais oublier la restauration, je
plaisante car nous avions nos boîtes de rations à déguster froides.
La gare de Colomb-Béchar
15. Après l’indépendance de l’Algérie (juillet 1962), les autorités algériennes ont interdit « la
Rafale » pour le transport de la Troupe, nous devions tous voyager dans « l’Inox » où nous
pouvions nous prélasser sur de confortables banquettes en bois. Ce train ne contenait pas 1
gramme d’inox, les voitures en bois étaient peintes avec du minium blanc ce qui permettait de
loin et surtout de très loin à lui donner cette apparence de l’inox. C’est dans ce train, début
octobre 1962 que j’ai fait mon retour vers Perrégaux et ensuite Oran / Port-Vendres et enfin
Paris. Tous les libérables qui revenaient du Sahara et de Colomb-Béchar débarquaient en
général avec un animal, souvent un dob ou dabb (uromastix), mais aussi des fennecs et plus
rarement des vautours et autres chacals. Le soleil avait du nous taper sur la tête !
Pour information cette ligne de chemin de fer étroite (1,055 m) à voie unique a été construite en 29 ans, entre
1877 et 1906, elle allait du petit port d’Arzew à l’oasis de Colomb-Béchar soit 711 km. Vers 1914 cette ligne
fut prolongée en direction de Kenadsa à une quinzaine de km au sud de Colomb-Béchar afin de permettre
l’exploitation du charbon qui alimentait la centrale électrique jusqu’aux années 60. Les trains de
voyageurs, au temps de la vapeur, mettaient 21 heures pour rejoindre Oran depuis Colomb-Béchar, en 1948
avec les locomotives Diesel la durée du trajet était réduite à 17h30.
17. 711e Compagnie de Transmissions
Créée à Bayonne le 15 mai 1956 - Transférée en Algérie elle opère dans les secteurs de
Tindouf, Colomb-Béchar et Aïn-Sefra - Dissoute à Sissonne le 15 décembre 1962.
Les dates souvenirs :
18 mars 1962, signature des accords d’Évian.
19 mars 1962, cessez-le-feu bilatéral en Algérie et donc la fin formelle de la guerre d’Algérie.
5 juillet 1962, indépendance de l’Algérie.
19. Ce texte se retrouve dans dans le site saharien, en particulier
le 3ème Groupe de Transport que vous pouvez consulter a
l’adresse ci-dessous :
http://groupedetransport3.ifrance.com
http://www.giraudguy.com
Nous espérons ainsi pouvoir retrouver un certain nombre
d’anciens qui auraient gardé des photos de ces 2 trains « la
Rafale » et « l’Inox »
Pour me joindre :
michel.mariet@orange.fr
Avec mes sincères remerciements à Michel Fernez,
Fernez
Administrateur du site :
3ème Groupe de Transport