La juste place des religions dans notre societe moderne, conference donnee par Catherine Boudet le 3 octobre 2017 a Saint-Ignace, Rose-Hill, Maurice a l'invitation de l'association Mauriciens, ensemble.
1. RELIGION :
entre respect et
débordements
Par Dr (Mrs) Catherine Boudet
Conférence organisée par
“Mauriciens, ensemble”,
le 03 octobre 2017 à St-Ignace, Rose-
Hill (Maurice)
9. Fil conducteur:
s’interroger sur le lien
La religion est « la détermination de la vie humaine par le
sentiment d'un lien unissant l'esprit humain à l'esprit mystérieux
dont il reconnaît la domination sur le monde et sur lui-même et
auquel il aime à se sentir uni. » (Albert Réville)
« La religion est une chose éminemment sociale. Les
représentations religieuses sont des représentations collectives
qui expriment des réalités collectives; les rites sont des
manières d'agir qui ne prennent naissance qu'au sein des
groupes assemblés et qui sont destinés à susciter, à entretenir
ou à refaire certains états mentaux de ces groupes. » (Emile
Durkheim)
Pour Thomas Hobbes : historiquement, partout et toujours, la
religion et la politique ont été intimement liées.
10. La place de la religion :
sphère privée
ou espace public ?
11. 1. Religion et politique
2. Religion et espace public
3. Le modèle mauricien
13. 4 conceptions différentes de la
relation Politique/Religion
1. Le modèle occidental séculier
2. le modèle chinois de l’Etat-éthique
3. le système galactique indien
4. l’ordre musulman du Tawhid
(Source : Bertrand Badie & Guy Hermet,
Politique comparée)
15. Le modèle occidental séculier
Un pouvoir politique
centralisé (Etat) qui se
détache et s’affirme
progressivement contre le
pouvoir religieux (13ème-16ème
siècle)
Séparation des domaines
d’influence respectifs :
pouvoir temporel à l’Etat et
pouvoir spirituel à l’Eglise.
Cette distinction entre
religieux et politique entraîne
par glissement une autre
distinction entre sphère
publique et sphère privée.
Laïcité
Etymologie : du grec ancien laikos, peuple.
Au 19e siècle, la laïcité est devenue une
conception de l'organisation de la société
visant à la neutralité réciproque des pouvoirs
spirituels et religieux par rapport aux
domaines politique, civil et administratif. La
laïcité est fondée sur le principe de
séparation juridique des Eglises et de l'Etat
(loi de 1905 en France). Cette séparation
repose sur 3 principes:
la liberté de conscience et celle d'exprimer ses
convictions dans les limites du respect de l’ordre
public
la neutralité de l'État en matière religieuse
l’égalité de tous devant la loi quelles que soient
leurs croyances ou leurs convictions.
16. Le modèle impérial chinois
de l’Etat-éthique
Un modèle basé sur la
philosophie confucéenne,
devenue doctrine officielle
sous la dynastie des Han
(206 BC - 220 AD).
Une éthique de l’harmonie
sociale : le pouvoir politique
doit veiller au respect de
l’ordre familial, moral et
cosmique.
L’empereur, le “fils du Ciel”
représente le trait d’union
entre le ciel et la terre. Confucius (Kong Qiu)
551-479 BC
17. Le système ‘galactique’ indien
Un système de castes
(“varnas” ou couleurs) Les deux castes
supérieures, les
Brahmanes et
Kshatriyas, sont
politiquement
interdépendantes.
Un pouvoir politique
privé de légitimité propre
et fortement atomisé en
une multitude de “rajs”.
18. L’ordre musulman du Tawhid
Le Tawhid (ou “attestation de
l’Unique”) énonce le principe de
l’Unité (croyance en un dieu unique
et absolu, sans associé, sans égal
et sans intercesseur).
Le principe du Tawhid implique
une triple obligation : civile,
religieuse et politique.
Elle s’applique à l’ensemble de la
communauté des croyants
(l’Umma), sans distinction de
classe ou de condition.
L’obligation religieuse est donc la
principale source de l’obligation
politique. La délégation de pouvoir
est de nature instrumentale : le
souverain ne peut agir que par
délégation divine. Abu Bakr, premier calife (632)
20. « En démocratie, le citoyen peut ne pas être
croyant, mais le croyant ne peut pas ne pas être
citoyen, et c’est notamment en tant que citoyen
qu’il exerce sa liberté religieuse. Cependant, il y
a des limites à exercer ce droit, tout comme il y
en a à le restreindre. »
(Jean-Marc Larouche, « De la religion dans l’espace
public. Vers une société postséculière », Ethique publique
vol. 8, n° 1, 2006)
23. « Pour que la séparation du religieux et du politique s’instaure
significativement, pour que la démocratie soit possible, ici comme
ailleurs, il importe que celle-ci ne soit pas perçue comme le
fossoyeur des formes de communalisation religieuse ; il importe
tout autant qu’aucune de ces formes ne cherche à exclure les
autres par la force, la contrainte et la violence. Pour que la liberté
de religion et la tolérance religieuse puissent se conjuguer avec
démocratie, les religions doivent acquiescer à la situation
épistémique d’un monde traversé par le pluralisme des visions du
monde. »
(Jean-Marc Larouche, « De la religion dans l’espace public. Vers
une société postséculière », Ethique publique vol. 8, n° 1, 2006)
30. « La persistance du religieux dans nos sociétés ne doit pas être
enregistrée que comme un simple état de fait social, elle interpelle
aussi la formation d’une éthique publique à hauteur des exigences
d’une société postséculière dans laquelle croyants de diverses
confessions et non-croyants se comprennent comme les citoyens
de la même cité. Loin de favoriser la segmentation des identités,
la société postséculière favorise l’intégration de tous, tous
également reconnus dans leur identité profonde, fût-elle
religieuse. »
(Jean-Marc Larouche, « De la religion dans l’espace public. Vers
une société postséculière », Ethique publique vol. 8, n° 1, 2006)