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Guide B&O : BD : idées de cadeaux noël 2013
- 1. Guide B&O : Idées de cadeaux Noël 2013
A la fin de chaque année, nous réalisons deux petits guides : une liste d’albums pouvant servir d’idées de
cadeaux de Noël, ainsi que le récapitulatif de nos coups de coeur de l’année. Pour changer un peu, cette
fois nous allons faire d’une pierre deux coups. Voici donc l’ensemble de nos coups de coeur comprenant
nos lectures de fin 2012 à novembre 2013. Une sélection sur mesure réalisée par les chroniqueurs de B&O,
de quoi trouver quelques sympathiques idées de cadeaux pour faire plaisir ou se faire plaisir ;;)
Évidemment cette liste n’est pas exhaustive et ne comporte que les lectures chroniquées sur B&O durant
cette période. Un tas d’autres albums feront de merveilleux cadeaux, et si vous ne trouviez pas votre
bonheur dans la sélection ici présente, n’hésitez pas à aller fouiller dans l’intégralité de nos (bientôt) 5 ans
de coup de coeur sur le site.
NB : Ne cherchez pas de logique dans l’ordre de présentation des albums, il n’y en a pas ;;)
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1
- 2. LES PETITES GENS -‐ CAMPI / ZABUS
Les petites gens nous font entrer un peu plus de 24 heures dans la
vie de gens ordinaires. Mais ce n'est pas parce qu'ils sont ordinaires
qu'ils n'ont rien à raconter, bien au contraire. Au fond d'eux se
cachent des blessures, des tourments, qu'ils vont tenter, de
cicatriser, d'exorciser, chacun à leur manière, mais toujours en
s'entraidant.
Dans cette rue un peu étroite, où se font face deux immeubles, des
habitants se croisent jours après jours.
Certains se connaissent et se parlent, d'autres s'ignorent, parfois ils
n'osent tout simplement pas s'aborder, sans que cela ne soit l'envie
qui manque. Les six personnages que nous allons suivre ont chacun
quelque chose à nous apprendre. Sur un peu plus de 70 pages leurs
peines et leurs joies deviennent les nôtres, par la force de l'empathie.
Il y a cette vieille dame, si petite et âgée que les gens ne la voient
même plus. Ce monsieur et son fils qui subissent une grande douleur
et s'enferment dans leur chagrin. Ce vieil homme, qui prête avec
plaisir ses bouquins à tout le quartier afin de distraire ses voisins.
Cet autre monsieur qui travaille aux objets trouvés des chemins de fer et n'en peut plus de la bonne humeur
constante qu'affiche un de ses collègues. Et cette femme aux longs cheveux gris, qui semble si
épanouie...
Tout le monde ressent le besoin d'exister, pour soi-même et pour autrui, même la personne qui pourrait
nous sembler la plus insignifiante qu'il soit. Nous sommes parfois tellement préoccupé par nos soucis que
nous pourrions avoir tendance à l'oublier. Une personne est semblable à toutes les autres, on peut la
croiser tous les jours sans jamais lui prêter la moindre attention. Mais si l'on prend le temps de l'écouter,
que l'on essaye de la comprendre, elle deviendra unique à nos yeux et dévoilera de nombreux trésors.
C'est tout en finesse que s'installe la proximité. Loin d'être moralisateur, le récit de Vincent Zabus nous
offre des passages d'une humanité à fleur de peau. Le dessin de l'italien Thomas Campi est, à l'image des
mots, très émouvant. Chacun des personnages dégage quelque chose, que cela soit la tristesse, la
plénitude, l'amour, l'inquiétude… Au final peu bavard, cet album s'exprime surtout au travers de tous ces
visages remplis d'émotions.
A l'instar de ces films qu'on appelle "Feel-good movies", les petites gens est ce genre de BD que
l'on referme en se sentant plus léger, heureux, reconnaissant.
Scénario : Vincent Zabus - Dessins : Thomas Campi
Editeur : Le Lombard - Collection Autre regard - Récit complet.
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- 3. JEANGOT -‐ SFAR /OUBRERIE
Qui n’a pas été fasciné un jour par Django Reinhardt, ses
rythmiques entraînantes et les hommes qu’il glanait dans son sillage
? Moi, il me subjugue depuis l’enfance et je ne cesse d’y revenir.
C’était donc avec un mélange d’excitation et d’appréhension que
j’abordais ce premier tome de Jeangot de Joann Sfar et Clément
Oubrerie. Verdict ? Ce « Renard manouche » est prodigieux!
Le récit démarre sous la plume d’un certainNiglaud, hérisson de son
état : « Le problème des manouches, c’est qu’ils bouffent les
hérissons. La plupart des gens s’en tamponnent, mais moi qui suis
un hérisson, ça m’ennuie. »
Lui est né en 1910 dans une roulotte perdue enBelgique qui
appartient au couple Renart. Par chance, le petit Jeangot naît peu
de temps après et se prendra d’affection pour le petit hérisson, qui
échappera ainsi à la casserole.
Les deux vont grandir côte à côte, et comme pour eux c’est tous les
jours jeudi, ils vont mettre à profit ce temps libre pour peaufiner leurs
techniques de pêche, de banjo et de drague. Sillonnant l’Europe et la
Méditerranée avant de se fixer à Paris après guerre, les deux inséparables vont petit à petit se faire une
place dans le monde de la nuit, des bars et des bals. Mais un incendie se déclare une nuit dans la roulotte
de Jeangot, et va tout changer.
On le comprend, même si le récit prend beaucoup de libertés, il reste directement adapté de la vie de
Django Reinhardt. On retrouve les éléments clés de sa biographie, la naissance en 1910 en Belgique, le
banjo qui sera son premier instrument, l’incendie, la longue hospitalisation, la perte de l’usage de deux
doigts de sa main gauche.
Mais le vrai génie de cet album tient en réalité dans le reste : dans cette capacité à mettre le récit en relief
à travers ce personnage de Niglaud, narrateur de l’histoire et peut-être bien personnage principal au final.
Celui qui rappelle le véritable frère de Django, Joseph dit Nin-Nin, son compagnon de toujours.
L’alternance entre ses souvenirs et le présent fait des merveilles, et l’on se passionne presque plus pour
ces intermèdes géniaux que pour le récit de la vie de Jeangot.
Joann Sfar injecte aussi une bonne dose de malice dans ces deux personnages qui s’encanaillent à la
première occasion. L’étaient-ils vraiment, malicieux et rieurs ? Peu importe, leur musique l’est, sans aucun
doute.
Clément Oubrerie est dans le ton également. Il sait tirer profit de toutes les situations pour mettre en
scène ses personnages animaliers et leur conférer toute une palette d’expressions. Les ambiances sont
également très finement dépeintes, avec peu d’éléments. On croit à tout, leParis du début du siècle,
l’ambiance des maisons closes et des bars de campagne, la grisaille des terrains vagues.
Joann Sfar et Clément Oubrerie nous proposent une vie de Django Reinhardt, peut-être pas tout à
fait la vraie, mais celle qui appartient à l’imaginaire collectif. Cette vie, elle est autant nourrie
d’éléments réels que de mythe ;; elle s’est aussi nourrie de cette musique si particulière, ce jazz
rieur, coquin et empli de liberté. L’album est exactement à cette image : rigolard, fougueux et beau.
Scénario & Dessins : Calvo - Editeur : Gallimard - Série en cours - 1 tome.
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- 4. JAZZ MAYNARD -‐ RAULE / ROGER
Les baffes fusent, les insultes aussi. Attachés dos-à-dos, Jazz et
son pote Teo viennent à peine de se retrouver qu'ils sont déjà en
bien mauvaise posture. Mais comment en sont-ils arrivés là ?
Flashbacks, retour deux heures, puis trois jours en arrière. Nous
faisons connaissance avec Jazz et pour ceux qui pensaient encore
avoir affaire à la gentille histoire d'un musicien, ils risquent d'être
plutôt étonnés…
Jazz Maynard aime effectivement la musique dont il porte le prénom
et joue de la trompette. Mais alors qu'il n'en a pas l'air, avec ce corps
grand et sec, il est de ceux dont il vaut mieux ne pas s'attirer les
foudres.
Très habile aussi bien avec un flingue qu'avec ses poings, il ne fait
pas dans la demi-mesure et quand des mafieux s'en prennent à sa
soeur, cela tourne vite au carnage.
Le ton est donné dès l'ambiance graphique, nous sommes ici en
présence d'un bon polar avec tous ses codes et ses charmes. Le charme… en premier lieu ce sont les
dessins élégants, ciselés et ultra dynamiques de Roger qui viennent nous flatter la rétine. En un mot :
sublimes. Et le meilleur c'est que cela va en s'améliorant avec les tomes.
L'utilisation des couleurs, faites de tons bruns, ocres ou bleutés selon les ambiances rendent une
atmosphère feutrée, parfois angoissante et servent parfaitement le récit de Raule. Pour le reste, c'est le
charisme du personnage principal qui achèvera de nous convaincre. Sexy, mystérieux, habile et agile, que
ce soit sous les traits d'un courageux vengeur ou d'un cambrioleur, Jazz Maynard dégage une classe folle.
Au départ annoncé comme une trilogie, la série des deux auteurs
espagnols a en réalité entamé un nouveau cycle avec un quatrième
tome. Intrigues politiques, règlements de comptes, proxénétisme,
cambriole, les thèmes sont nombreux et se rejoignent, sous la coupe
de dirigeants peu scrupuleux et de gangs organisés. Le rythme est
un des atouts du titre, offrant des passages magnifiquement
orchestrés, palpitants.
Sombre, violent, percutant, voilà un polar comme on les aime
avec des personnages captivants et une intrigue fort bien
menée. Ne vous fiez pas à sa couverture, ce titre est un must à
côté duquel il serait vraiment dommage de passer. Véritable
coup de coeur, Jazz Maynard est pour moi entré directement
dans la catégorie des indispensables à toute bonne
bibliothèque. Voilà qui est dit, vous savez ce qu'il vous reste à
faire ;;)
Scénario : Raule - Dessins : Roger - Editeur : Dargaud - Série en cours - 4 tomes.
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- 5. LE MAGICIEN D'OZ -‐ SHANOWER / YOUNG
Il est toujours agréable de se replonger dans des histoires
enchanteresses telles que ce célèbre conte, mais c'est surtout pour
ses graphismes somptueux que cette adaptation mérite largement le
détour.
Le scénario adapté par Eric Shanower reprend fidèlement l'histoire :
Dorothée vit au Kansas avec son oncle et sa tante quant un jour
une incroyable tornade transporte sa maison dans le monde
merveilleux d'Oz. En atterrissant la maison écrase la méchante
sorcière de l'Est et la tue.
Soucieuse de retourner chez elle retrouver les siens, Dorothée se
met en route pour la cité d'Emeraude, rencontrer le Magicien d'Oz,
dont elle espère que les pouvoirs pourront l'aider. Elle rencontre sur
son chemin un épouvantail dont le rêve serait d'avoir un cerveau, un
bûcheron en fer blanc à qui il manque un coeur et un lion peureux
qui aimerait posséder le courage qui ferait de lui le roi des animaux.
Les quatre amis décident de faire route commune, persuadés que le
Magicien d'Oz pourra accéder à leurs requêtes…
Skottie Young nous offre de magnifiques dessins sinueux et ondulés.
C'est dans un style aux effets graphiques très modernes, fait de
nombreux jeux d'ombres et de lumières que nous suivons ces excentriques personnages sur la route de
briques jaunes. Et l'on en prend plein les yeux ! Les extraordinaires couleurs vives et acidulées de
Jean-François Beaulieu y sont également pour quelque chose, achevant de donner à l'ensemble le
caractère magique qui convient au récit.
Alors bien sûr comme pour chaque adaptation certains se poseront la
question du bien fondé de celle-ci. Pour les lecteurs connaissant déjà
l'histoire par coeur, il est certain qu'ils ne seront pas très surpris.
Mais le périple de nos quatre amis si touchants, la morale de
l'histoire (on va souvent chercher bien loin ce qui se trouve sous
notre nez…) et surtout le voyage au travers de ces planches
remarquables constituent suffisamment de raisons de se plonger
dans cet ouvrage sans hésiter.
Vous l'aurez compris, ce Magicien d'Oz version comic est une
claque graphique à ne pas manquer ! Tout public, les plus
jeunes découvrirons un classique de la littérature américaine
tandis que les plus grands pourront sans scrupule retomber en
enfance, le temps de quelques pages.
Scénario : Eric Shanower - Dessins : Skottie Young - Editeur : Panini
Comics - Récit complet
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- 6. LE BEAU VOYAGE -‐ ZIDROU / SPRINGER
Léa a fait de la liberté et de l'extravagance son mode de vie. Devenue
animatrice d'un show télévisé grâce à quelques faveurs accordées à son
patron, elle navigue entre une relation homo et des coups d'un soir avec
des hommes de passage. N'empêche qu'au fond Léa se sent bien seule.
Et que cette façon de vivre ressemble plus à une échappatoire qu'autre
chose.
Le jour où elle apprend la mort de son père, la jeune femme entame de
rassembler les morceaux de son existence.
Il est temps pour elle de comprendre d'où vient ce vide qu'elle ressent en
elle depuis toujours, entre un paternel trop occupé par son travail pour lui
accorder de l'attention et une mère qui n'a jamais su l'aimer comme il se
doit. Puis il y a ce secret de famille, un drame arrivé avant sa naissance et
qu'elle porte sur ses épaules depuis toujours…
Avec "Le Beau Voyage" Zidrou (dont nous avions adoré le magnifique "Lydie") nous livre en cinquante-six pages
un récit d'une profondeur et d'une psychologie incroyable. La trame de la narration est ingénieuse et ne se
contente pas de relater les faits dans l'ordre chronologique. Nous avons comme l'impression de pénétrer dans la
tête de Léa et découvrons ses souvenirs en même temps qu'elle y met de l'ordre. C'est parfois confus comme l'on
peut l'être en période de deuil, mais aussi quand notre famille porte un lourd secret que l'on ne va pas tarder à
découvrir et qui permettra de comprendre bien des choses.
Si le fond du récit n'est pas très joyeux, aucune lourdeur ne se fait ressentir. C'est surtout l'empathie qui nous
gagne et l'on suit cette histoire en essayant d'en saisir tous les aspects. De cette introspection qui s'avérera
salvatrice, le lecteur pourra tirer quelques réflexions intéressantes, de ce qui fait ce que nous sommes, de ce que
l'on transmet quand on est parent, parfois sans le vouloir, de ce que l'on peut ressentir au plus profond de nous dès
le plus jeune âge.
Les dessins de Benoît Springer illustrent parfaitement les propos. Sensibles et réalistes ils correspondent tout à
fait au caractère de l'héroïne et réussissent à respecter une certaine retenue vis-à-vis des personnages, n'en
montrant jamais trop, juste ce qu'il faut.
Le titre de l'album pourrait sembler cynique tant le récit est dramatique. On dit souvent que ce qui compte
n'est pas la destination mais le chemin pour y parvenir. Léa n'aura pas été épargnée, mais elle ressortira si
forte de ces épreuves que l'on peut au final se dire que ce titre lui prédit en fait l'avenir…
Scénario : Zidrou - Dessins : Benoît Springer - Editeur : Dargaud - Récit complet.
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- 7. JUAN SOLO -‐ BESS / JODOROWSKY
Je ne savais pas du tout ce qui m'attendait la première fois que j'ai
ouvert un album de Juan Solo. Ce fils de flingue avait un air
désabusé mais sur de lui, qui le rendait plutôt séduisant. Une arme
dans la main droite, un bébé porté du bras gauche, je me dis que ce
doit être le genre de type à défendre la veuve et l'orphelin…
Il n'en est rien ! Nous sommes ici en présence d'une des plus
grosses ordures de la bande dessinée. Un traitre, sans moral ni
scrupule, prêt à tuer ses amis d'enfance pour servir ses propres
intérêts. Un violeur qui collectionne les femmes choisies au hasard
dans la rue et dont il abuse avant de les laisser à ses comparses. Un
assassin, opportuniste et corrompu.
Juan a été abandonné dans une poubelle alors qu'il n'était qu'un bébé
à cause d'une malformation étrange, une queue dans le prolongement
de son dos. Recueilli par un nain travesti, il est nourri au lait de chien
et doit survivre dans une cité d'une violence crue. Adolescent, il ne
tarde pas à trouver les moyens extrêmes qui lui permettront de se
faire respecter et entrer dans le monde des plus grands criminels.
Avide de pouvoir et d'argent, il passera toutes les épreuves qui lui permettront d'atteindre des sommets,
avant de connaitre la déchéance pour ensuite rechercher la rédemption, quitte à se faire passer pour un
saint… Rarement un personnage principal n'aura été si détestable. Les autres protagonistes ne sont pas en
reste et il est difficile de trouver la moindre parcelle de bon fond dans
ce monde complètement vicié.
Jodorowsky n'emprunte pas de chemins détournés. D'emblée
l'histoire est brutale et il ne suffit que de quelques planches pour
deviner que rien ne nous sera épargné. La série est d'ailleurs à
déconseiller aux âmes un peu trop sensibles, les dessins de Bess
ajoutant au réalisme des situations. Les trois premiers tomes ne
laisseront aucun répit au lecteur tandis que le dernier insufflera une
ambiance bizarre, quelque peu hors sujet, un peu trop onirique et
religieuse.
Juan Solo est aussi immoral que captivant. Parce que l'on se
demande jusqu'où il est capable d'aller pour arriver à ses fins,
peut-être aussi parce que nous attendons de voir quand est-ce
que ce salaud va payer pour ses crimes et que nous désirons le
voir tomber. Violemment si possible.
Scénario : Alexandro Jodorowsky - Dessins : Bess - Editeur : Les Humanoïdes Associés
Série Terminée - 4 tomes.
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- 8. SAILOR TWAIN OU LA SIRÈNE DANS L’HUDSON
Mark Siegel est le directeur éditorial de First Second Books (basé
à New-York), au catalogue apparemment sans faute : on y retrouve
pêle-mêleLewis Trondheim, Eddie Campbell, Jessica Abel,
Joann Sfar, Emmanuel Guibert, Lat, etc. On lui doit aussi
American Born Chinese de Gene Luen Yang, multi-récompensé à
fort juste titre. Mark Siegel est aussi auteur ;; on découvre
chezGallimard en ce début d’année sa première œuvre traduite en
français (me semble-t-il) : Sailor Twain ou la Sirène dans
l’Hudson. Et c’est très bon !
On est à la fin du XIXe siècle, sur la côte est des Etats-Unis. Elijah
Twain est capitaine sur l’un des bateaux à vapeur qui sillonnent
l’Hudson river. A son bord, on retrouve une faune particulière,
notables locaux principalement. Parmi ces figures se distingue
Dieudonné Lafayette, propriétaire de la Lorelei depuis que son frère
ainéJacques-Henri a mystérieusement disparu en mer.
En ce 25 mai 1887, jour de son trente-septième anniversaire, le
destin de Twain va basculer. Alors qu’il erre sur le pont du bateau, il
aperçoit une femme à l’agonie tentant de remonter de l’eau. Il se précipite, l’extirpe du fleuve et se rend
compte que la jeune femme en question possède une queue de poisson. La sirène, puisqu’il faut bien s’y
résoudre malgré l’hébétude, a été blessée par un harpon. Il l’emmène dans sa chambre, lui procure les
premiers soins. Débute alors une grande histoire, faite d’amours contrariées, de mystérieuses disparitions
et d’une mythologie propre à l’Hudson river…
On retrouve dans ce récit, merveilleusement mené, pléthore de références à la littérature américaine du
XIXe siècle. En premier lieu, bien sûr, Mark Twain : par le patronyme du héros, le machiniste Horatio, les
bateaux à vapeur, mais surtout par l’approche quasi journalistique du contexte du récit. On peut aussi y voir
l’influence d’Hawthorne pour la portée symbolique, voire occulte, mais aussi de Melville.
Mark Siegel a construit un récit à la croisée de plusieurs genres, mêlant drame, naturalisme, mystères.
Dès l’entrée dans le cœur de l’histoire (le chapitre introductif étant peut-être un ressort un peu trop artificiel),
on se laisse porter par les évènements sans jamais décrocher. La structure en chapitres courts rythme
parfaitement l’ensemble. Structure probablement favorisée par la prépublication sur son blog durant toute
l’année 2012 (prépublication gratuite il va de soi).
Sailor Twain est un véritable bonheur de lecture ! Conte dans l’Amérique du XIXe, on y croise le
merveilleux et quelques figures tutélaires que sont Twain et Hawthorne. Le récit est rythmé à
merveille et les crayonnés, alternant réalisme quasi documentaire (notamment dans le rendu des
bateaux) et symbolisme, apportent énormément. Un beau coup de cœur !
Scénario & Dessins : Mark Siegel - Editeur : Gallimard - Récit complet
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- 9. GATSBY LE MAGNIFIQUE
Il est toujours difficile de s’attaquer à un mythe ;; au-delà du plaisir de
rendre compte d’une œuvre qu’on chérit pointe souvent la peur de
décevoir, de ne pas rendre justice à la grandeur du texte. En la
matière, Gatsby le magnifique est sans conteste un des romans
mythiques de la littérature américaine. Il suffit de se rappeler la
polémique autour de la récente traduction de Julie Wolkenstein pour
se convaincre que l’entreprise de Stéphane Melchior-Durand et
Benjamin Bachelier est osée.
Nick Carraway est un jeune architecte. Il s’installe à Shangaï, à sa
grande surprise dans un des quartiers les plus huppés. Il y loue une
petite bicoque sans prétention, coincée entre de somptueuses villas.
Il se retrouve proche d’une de ses cousines, Daisy, mariée au riche
Tom Buchanan. Lors du premier repas pris chez eux, il fait la
connaissance de Jordan Baker, joueuse de golf professionnelle et
plutôt attirante. C’est lors de ce repas qu’est aussi évoqué LE
notable du coin, Jay Gatsby.
De lui, on ne sait pas grand-chose. Voisin de Nick, il organise très
régulièrement de fastueuses réceptions où chacun se rend, sans y
avoir été forcément invité. Dandy mystérieux, il va nouer
connaissance avec Nick dans l’espoir de reconquérir le cœur de Daisy, perdu quelques années avant.
On passera rapidement sur la transposition dans la Chine moderne : c’est en effet seulement après rouvert
l’album que je m’en suis aperçu. Pourtant tout est évident : les traits asiatiques, le plan de la ville itou et
nombre d’autres détails. Mais jamais je n’ai vu autre chose qu’un New-York d’antan.
Il faut y voir, à mon sens, plus qu’un étourdissement du lecteur une vraie qualité dans l’adaptation du texte
et dans son rendu visuel. Dès la couverture on est happé par les dessins de Benjamin Bachelier, d’une
luminosité et d’une expressivité incroyables. S’il remercie l’artiste français JR pour l’hommage à son travail
(les portraits gigantesques qui jalonnent les murs de la ville en particulier), on ne peut s’empêcher d’y voir
la marque d’Hopper, dans les aplats de couleur, la simplicité des mises en scènes et ce léger flou qui
entoure les lignes. Peut-être aussi dans l’importance accordée aux éléments architecturaux.
Cette adaptation de Gatsby le magnifique est, qu’on se le dise, de toute beauté. L’esprit du texte est
respecté, on le redécouvre même sous un jour nouveau. Et sa mise en image n’est pas loin de la
perfection. On ne peut que remercier les deux auteurs, Stéphane Melchior-Durand et Benjamin
Bachelier, pour leur incroyable travail. Gageons que l’adaptation cinématographique à venir de Baz
Luhrmann leur offrira une large visibilité.
Scénario : Stéphane Melchior-Durand - Dessins : Benjamin Bachelier
Editeur : Gallimard - Collection : Fétiche - Récit complet.
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- 10. LA BRIGADE CHIMÉRIQUE -‐ L'INTÉGRALE
Les super-héros français ont existé, mais on les a oubliés ! C’est le
postulat de départ de La Brigade Chimérique, écrite par Serge
Lehman et Fabrice Colin. Et venant d’un scénariste qui a publié une
lettre dans le courrier des lecteurs de Strangenuméro 100, LE numéro
qui a marqué le début de ma collection de comics, j’aurais tendance à
le croire !
Avant la sortie de cet épais volume, intégrale reprenant les 12
épisodes précédemment publiés en 6 tomes, j’avoue que je ne
connaissais pas La Brigade Chimérique. Lacune béante désormais
comblée par cette très belle édition chez l’Atalante. Couverture
carrée, papier épais, nombreux bonus, c’est un très bel objet à la
mesure de cette très bonne histoire.
Elle constitue une plongée dans notre passé, au début du XXe siècle
et jusqu’à la Seconde Guerre Mondiale. Un passé dont on connaît peu
de héros, car ceux-ci n’ont quasiment pas traversé les âges. Si on se
rappelle encore d’Arsène Lupin ou de Fantomas, voire de
Garou-Garou le Passe-Muraille, qui se souvient de Palmyre la
sorcière mondaine, de Félifaxl’homme-tigre ou du Nyctalope ? Des
héros dont les aventures ont sombré dans l’oubli, que l’astucieux
scénario teinté de psychanalyse mêle à des personnages réels, Irène
et Marie Curie en tête. Serge Lehman, dans ses passionnantes notes de préparation, livre la genèse de
l’histoire, et fait preuve d’une exceptionnelle érudition envers la culture de ce genre, aussi populaire antan
que perdu désormais.
Illustrée par d’excellents dessins de Gess, dotés d’une précision et d’une économie de trait qui forcent
l’admiration (et qui ne sont pas sans parfois me faire penser à Mike Mignola), l’histoire bénéficie aussi
d’une très belle colorisation de Céline Bessonneau, l’ensemble étant mis en valeur par le papier glacé du
volume.
Une uchronie fantastique, qui n’est pas sans rappeler par certains
aspects la Ligue des Gentlemen Extraordinaires ou dans un autre
genre les Aventures d’Adèle Blanc-Sec. Pourquoi, dans un pays où
la BD a pourtant acquis ses lettres de noblesse, les héros costumés
sont-ils si rares ? Certains sont pourtant nés dans les tranchées de
1914, et ont oeuvré contre le mal grandissant de la fin des années
30... Pourquoi est-ce Outre-Atlantique que le genre super héroïque a
finalement percé ? La Brigade Chimérique répond à ces questions,
avec toute la stupeur que peux provoquer la réponse apportée.
Consolons-nous en nous rappelant que chronologiquement, le
premier super-héros est français, enfin gaulois ;;)
En bonus, notes de création, reproductions de crayonnés, esquisses,
affiches, couvertures, marque-pages et pages d’explication sur les
multiples références dont est truffé le récit complètent cette édition tout
simplement parfaite..
Scénario : Serge Lehman et Fabrice Colin - Dessins : Gess - Editeur : L'Atalante - Collection Flambant
Neuf - Série Terminée - 6 tomes ou 1 intégrale.
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- 11. BATMAN : UN LONG HALLOWEEN
Batman : Un Long Halloween vient d’être ré-édité chez Urban
Comics, après avoir été présenté il y a quelques années chez
Panini en deux versions. Épais volume de 408 pages, ce tome est
un bel objet et reprend le contenu de l’édition Absolute américaine.
Dans la chronologie moderne de Batman, Un Long Halloween se
situe peu de temps aprèsAnnée Un, le chef d’oeuvre de Frank
Miller etDavid Mazzucchelli.
Il est centré sur des meurtres gravitant autour deCarmine Falcone,
chef de la pègre de Gotham, dit“le Romain”, et ceux qui veulent
l’arrêter, Batmanbien sûr, mais aussi le Commissaire Gordon et un
Procureur Général nommé Harvey Dent.
Histoire concept à part entière, Un Long Halloween fut publié
initialement aux USA en 1996 sous forme de 13 numéros mensuels,
avec deux numéros doubles. Une enquête de Batmanqui dure une
année et suit un calendrier meurtrier, puisqu’un mystérieux assassin
ne frappe que lors des jours fériés !
Un récit qui renvoie aux films policiers (Le Parrain étant notamment
une référence évidente) ce qui se retrouve à la fois dans le scénario de Jeph Loeb et dans les dessins très
sombres de Tim Sale, avec une ambiance graphique digne d’un film noir. Car Batman est né dans
Detective Comics, et les enquêtes ont toujours été très présentes dans ses aventures, en faisant un
personnage urbain dans des aventures policières. Mais au fur et à mesure que les truands classiques
disparaissent, les super vilains semblent peu à peu prendre leur place face au justicier masqué. Est-ce
Gotham la corrompue qui les attire, ou la présence de Batman ? En tout cas, la transition se fait
progressivement et évoque, en filigrane, un changement d’époque et de style dans les aventures du héros.
Récit très accessible au néophyte, Un Long Halloween présente aussi l’avantage de passer en revue
quelques uns des adversaires les plus emblématiques de Batman. Le Joker, Poison Ivy, l’Epouvantail,
Double Face bien sûr... Ou encore la troublante Catwoman, toujours aussi ambiguë... Une technique que
le scénariste utilisera d’ailleurs plus tard dans Batman : Silence. Jeph Loeb sème indices et fausses
pistes tout au long de cette année meurtrière et nous amène à une fin qui révèle son lot de surprise !
Le dessin, assez particulier car différent des standards actuels, peut nécessiter un petit temps
d’adaptation. Personnellement, j’ai adoré ce style. Tim Sale s’encre lui-même avec brio et la couleur est
utilisée avec parcimonie pour souligner certains détails. Le résultat est superbe !
La superbe édition d’Urban Comics est un sacré pavé, truffé de bonus : interviews des auteurs,
crayonnés, couvertures originales commentées, pages supplémentaires, le tout sur un très agréable papier
mat qui met en valeur le dessin et les couleurs... Incontournable ! Et l’histoire se prolonge dans Batman :
Amère Victoire, des mêmes auteurs, chez Urban Comics également. Sans surprise, il est sur ma liste !
Gagnants de nombreux prix, mérités, Un Long Halloween est considéré comme un classique, une
réputation amplement justifiée. Et une source d’inspiration pour les films récents, à commencer par
Batman The Dark Knight de Christopher Nolan, qui préface d’ailleurs cette édition. Un récit qui
plaira à la fois aux fans du justicier, et à ceux qui le découvrent.
Scénario : Jeph Loeb - Dessins : Tim Sale - Editeur : Urban Comics - Récit complet.
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- 12. LE SINGE DE HARTLEPOOL -‐ LUPANO / MOREAU
C’est un album qu’on pouvait s’attendre à voir apparaître au
palmarès du dernier festival d’Angoulême. Basé sur une légende
britannique récente (assez vraisemblable visiblement même si cela
peut paraître insensé !), le Singe de Hartlepool est signé Wilfried
Lupano, scénariste aguerri (Alim le Tanneur, Célestin-Gobe-la-Lune,
Little Big Joe), et Jérémie Moreau, jeune dessinateur lauréat l’an
dernier du prix Jeunes Talents à Angoulême. Un album en tous
points passionnant !
On est au début du XIXe siècle, en pleines guerres napoléoniennes.
Un navire français vogue dans les eaux britanniques, non loin de la
côte est. Son capitaine, Louis-Armand Narraud, est un
bonapartiste convaincu et nourrit une haine tenace contre les
anglais. Alors qu’il s’amuse des mimiques de son chimpanzé, un
jeune mousse commet l’affront d’entonner un chant de marin anglais.
Ni une, ni deux, le capitaine ordonne que l’impudent soit passé
par-dessus bord. Une tempête se déchaîne dans l’instant, fracasse
le mât et envoie tout le monde dans les abysses.
Seuls le jeune garçon et le singe s’en sortiront, s’échouant sur la
plage de Hartlepool, bourgade perdue de la lande anglaise. Alors que
le garçon se joint à un groupe d’enfants, le singe est découvert par la
populace. Son uniforme français (loufoquerie de son ancien maître) et leur inculture les induisent en erreur :
les habitants sont persuadés d’avoir mis la main sur un espion français et sont bien décidés à lui soutirer
des informations cruciales !Cette légende, on n’ose croire qu’elle puisse être vraie. Pourtant, aujourd’hui
encore les habitants de Hartlepoolportent le surnom de Monkey Hangers.
Wilfried Lupano en tire un scénario passionnant, fin mélange de
burlesque et de fable. Tout y est parfaitement dosé, les dialogues sont
aussi savoureux que la morale cruelle. Il a aussi su ajouter avec le
personnage de Charles une dimension supplémentaire à cette histoire
d’inculture crasse et de croyances populaires.
Jérémie Moreau assure lui aussi une partition parfaite. Ses
personnages sont truculents, leur bêtise ou leur humanité ressort de
leurs expressions ;; le décor, pluvieux, crasseux, épouse le propos et
sait se faire rougeoyant au comble de l’ignominie. On retiendra surtout
ce portrait du singe meurtri emmené par ses geôliers, qui persiste bien
après avoir refermé l’album.
Le Singe de Hartlepool est sans conteste un des meilleurs albums
de 2012. Le propos est intelligent, Lupano et Moreau le mettent
merveilleusement en scène. Et si l’on s’étonne ou l’on se
scandalise de cette méprise et de cette bêtise ahurissantes, pas tout
à fait sûr que l’on soit forcément plus éclairés de nos jours. Les
frontières ont la dent dure...
-Scénario : Wilfried Lupano - Dessins : Jérémie Moreau
Editeur : Delcourt - Collection : Mirages - Récit complet.
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- 13. MUTAFUKAZ TOME 4 -‐ DE4D END
Le voilà ! Il est enfin sorti la semaine dernière après une longue
attente, le tome quatre de Mutafukaz est là. Même si son titre est
"De4d End", ce tome n'est pas le dernier, c'est le prochain tome
cinq qui viendra conclure l'histoire. La couverture de l'album est une
nouvelle fois sublime et parfaitement à l'image des événements
apocalyptiques qui nous attendent.
Petit rappel de la situation à la fin du tome précédent : les émeutes
de Dark Meat City se sont transformées en guerre civile et la
section Z-7, devenue incontrôlable fait un véritable carnage. Les
gangs voyant en elle un ennemi commun cessent leurs guerres
internes.
Les blancs, blacks, asiats et latinos s'unissent sous la couleur verte
et se battent côte à côte. Revenus dans leur quartier, Angelino,
Vinz etWilly ont échappé à l'agent Crocodile devenu de plus en
plus paranoïaque. Ils reprennent la fuite de plus belle.
Mais le président Gore W. Tex, inquiet pour ses concitoyens décide
de se détourner desMachos et déclare la loi martiale afin de faire
cesser le massacre. Même s'il se doute des conséquences d'un tel
acte, il n'imagine pas encore l'ampleur que vont prendre les événements. Pendant ce temps, les membres
de la Lucha mettent au point un plan pour arrêter les Machos avec l'aide du professeur Fagor.
RUN revisite le Nouveau Testament, allant jusqu'à faire intervenir les Quatre Cavaliers de l'Apocalypse
dans une scène finale explosive. Dans ce joyeux bordel (n'ayons pas peur des mots) l'histoire d'Angelino
et Vinz stagne un peu, les événements les dépassants complètement. Après le bon lot de révélations que
contenait le précédent tome, c'est au tour de l'action d'envahir les pages dans un déchainement de
violence.
Très chapitré, le scénario suit de nombreux protagonistes et s'est
complexifié pour devenir un univers toujours plus complet et convaincant.
Les dessins de RUN sont encore plus maîtrisé qu'auparavant et l'auteur
nous offre de nombreuses grandes cases et pleines pages vraiment
superbes. Il expérimente une nouvelle fois quelques effets graphiques, dont
certains nous font littéralement tourner la tête (je vous laisse la surprise ;;)).
Ce nouveau tome de Mutafukaz est une tuerie (dans les deux sens du
terme), qui devrait ravir les fans de la série et décider ceux qui ne s'y
sont pas encore penché à s'y mettre sérieusement ! Un scénario
travaillé, des personnages originaux et drôles, des graphismes
exceptionnels, une édition magnifique… Lisez Mutafukaz, c'est bon,
c'est beau, c'est bien !
Scénario & Dessins : RUN - Editeur : Ankama - Série en cours - 4 tomes.
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- 14. X-‐MEN : LE COMPLEXE DU MESSIE
Après les évènements relatés dans House of M, les mutants
sont une espèce en voie de disparition : il n’en apparaît plus
de nouveaux, et les combats permanents diminuent
dramatiquement leur nombre. Aussi, lorsque le Professeur
Xavierdétecte une nouvelle naissance mutante, les X-Men se
précipitent-ils pour suivre sa trace. Mais ils ne sont pas seuls
à vouloir trouver celui qui pourrait être le Messie de leur
race...
Les Purificateurs, humains hostiles aux mutants, ainsi que
les Maraudeurs du super vilain Sinistresont à la recherche
du bébé mystérieux.
Commence alors une course poursuite intense et une longue
série de combats, quand chaque camp cherche à mettre la
main sur l’enfant prodige. Mais un protagoniste inattendu ne
serait-il pas en avance sur les adversaires ?
Crossover de plusieurs séries paru en 2007/2008, cette édition Marvel Deluxe (couverture
rigide, papier glacé) du Complexe du Messie reprend les épisodes d’une saga qui s’avère être
le début d’une trilogie. “La Guerre du Messie” et “Second Coming” suivront.
Combats intenses, action non-stop et même voyage dans le
temps, les scénaristes (Brubaker,Carey, Kyle, Yost, David) ne
nous laissent pas un instant de répit ! Au dessin, plusieurs
crayons se succèdent (Silvestri, Ramos, Bachalo, Eaton ou
encore Tan) avec des styles parfois assez éloignés, mais la
tonalité reste globalement cohérente grâce aux couleurs
homogènes.
Au niveau de l’édition, un rédactionnel de Paniniaurait été le
bienvenu pour aider le lecteur à s’y retrouver. De même, classer
les couvertures par nom de série US et non par ordre
chronologique dans l’histoire est un peu dommage.
Pas forcément destinée au néophyte, qui risque d’être un
peu perdu devant la pléthore de personnages et de factions
qui s’affrontent, “le Complexe du Messie” reste néanmoins
une grande histoire des X-Men et un récit incontournable
pour les fans.
Scénario & Dessins : Collectif - Editeur : Panini Comics
Collection Marvel Deluxe - Récit complet
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- 15. NOTRE SEUL AMI COMMUN -‐ BORIS MIRROIR
Je ne connais pas vraiment le catalogue de CFSL, filiale d’Ankama.
Tout juste ai-je ouvert quelques artbooks, passionnants au
demeurant, et survolé Magnitude 9, très belle initiative en soutien
auJapon touché par la catastrophe. Boris Mirroir, connu aussi sous
les pseudos BenGrrr et La Tête X, y sort ces mois-ci un récit en
trois tomes, Notre seul ami commun (tome 1 en mars, T2 en avril,
T3 en mai). Superbe en tous points.
Une nuit, dans ce qui ressemble de près à une petite bourgade
tranquille. Un jeune homme (représenté en chien) est prostré dans
son fauteuil, entouré par tout ce qui fait son monde. Une sorte
d’enfance figée. Une super NES, des clopes, une table basse bon
marché, une boîte à pizza qui traîne.
Il se met en tête de se procurer le tout dernier jeu sorti, mais il est
déjà tard. S’interdisant d’abord de passer boire un verre au café du
coin, il finit par céder à la débauche. S’ensuit une longue nuit
d’excès, terminée dans sa pisse au petit matin. On apprendra vite
les raisons de cette prostration tout juste trompée par l’alcool : un
décès, qui n’en finit plus d’arriver.
On démarre cet album sans trop savoir où l’on va. Les dessins, les personnages, l’univers, ont un côté très
cartoon qui nous laisse penser à une succession de strips, que l’on imagine forcément humoristiques. Et
pourtant on comprend vite que l’on ne va pas rire des masses, ou alors jaune.Boris Mirroir décrit une
vacuité abyssale à travers son personnage principal. Proche du gouffre, il se raccroche à quelques
éléments tangibles, une cartouche de jeu, une canette de bière, la compagnie d’un autre à la dérive.
Cependant on ne tombe jamais dans le pathos. Tout est amené finement, tout est affaire d’impressions.
Notamment l’évocation de la mère à travers ses mains décharnées est d’une incroyable force. On écoute
ce qu’elles ont à nous raconter, elles disent tout de la souffrance, de la fatigue, de l’imminence de la fin.
Notre seul ami commun laisse sans voix. Evocation d’un deuil imminent, derniers vestiges de
l’enfance, chaque détail fait sens dans cet album. Les intertitres rédigés comme des entrées de
dictionnaire sonnent comme un bilan. On attend la suite fébrilement.
Scénario & Dessins : Boris Mirroir - Editeur : CFSL Ink - Série finie - 3 tomes.
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- 16. L'HOMME TRUQUÉ -‐ LEHMAN / GESS
Après "La Brigade Chimérique", excellente histoire de
super-héros français, retour dans cet univers très spécial
avec "L'Homme Truqué", qui se déroule antérieurement, en
1919.
Serge Lehman, le scénariste , retrouve ici son complice, le
dessinateur Gess pour nous raconter l'histoire d'un soldat de
la Grande Guerre, blessé aux yeux et enlevé par un groupe
mystérieux. Doté d'un équipement optique révolutionnaire, il
sera relâché plusieurs mois plus tard et sèmera la terreur
autour de Paris.
Aidé par Marie Curie, qui vient de fonder son Institut du
Radium pour aider les victimes de guerre, et le fameux
Nyctalope, héros parisien, il tentera de maîtriser ses
pouvoirs . Mais les surprises ne vont pas manquer, comme
cette force invisible cachée sous Paris !
"L'Homme Truqué" reprend les codes de "La Brigade Chimérique" - que l'on croise d'ailleurs
- en étoffant son univers truffé de références aux histoires et feuilletons du début du siècle. Ce
n'est d'ailleurs pas un hasard si l'histoire est inspirée d'un récit de Maurice Renard, qui tient un
rôle de premier plan dans la BD ! Mais la BD peut également se lire de façon indépendante et
reste compréhensible pour le néophyte.
Fausses couvertures de revues d'époque ou photographies datées complètent également
l'histoire principale en étayant son background.
Des allusions appellent une suite, ce dont on ne peut que se réjouir, tant cet univers,
mélange d'ambiance de début de siècle et de superscience (une SF uchronique originale)
est encore riche de potentialités à explorer !
Scénario : Serge Lehman - Dessins : Gess - Éditeur : L'Atalante
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- 17. ORIGNAL -‐ MAX DE RADIGUÈS
C'est arrivé de façon insidieuse et cela a pris des proportions
vraiment inquiétantes. A tel point queJo n'ose plus prendre le bus
pour se rendre à l'école, de peur que Jason le martyrise encore. Le
jeune homme préfère s'y rendre à pied, en coupant par le bois.
Mais ce n'est qu'un court répit, car une fois arrivé dans
l'établissement scolaire Jason est là, dans sa classe, dans les
couloirs, à le chercher pour l'humilier et le blesser toujours
davantage. Joprends la situation avec fatalité, n'ose pas parler aux
adultes de ce que son bourreau lui fait subir et ne trouve du
réconfort qu'en allant se réfugier à l'infirmerie.
Max De Radiguès nous plonge dans le quotidien de cet
adolescent en proie au harcèlement en milieu scolaire d'une façon
très profonde et psychologue. Si le sujet à récemment fait débat
avec la sortie du nouveau titre d'Indochine "Collège Boy" et son
clip choquant, il est loin d'être nouveau. Depuis toujours les
adolescents s'affirment en choisissant des boucs émissaires. La
gravité ne dépend pas de jusqu'où vont les choses, quel qu'il soit
ce traitement laisse rarement indemne et inflige en général des
séquelles psychologiques importantes.
On se retrouve très vite plein d'empathie pour ce jeune sympathique, rêveur et impuissant. Dans un style
graphique très épuré, en noir et blanc, Max De Radiguès illustre à merveille chaque instant, de la cachette
dans le placard à balais, des moments à se détendre enfin à l'infirmerie en passant par les rencontres avec
la faune des bois. Avec comme point culminant cette rencontre
avec un orignal, personnage à part entière de l'histoire.
N'hésitant pas à découper généreusement certaines actions, le
dessinateur exprime, plus en images qu'avec des mots, les
nombreux sentiments qui submergent son personnage. Sans entrer
complètement dans la contemplation, De Radiguès prend tout de
même le temps de poser chaque décor, comme s'il voulait que l'on
s'approprie certains lieux. Et cela fonctionne parfaitement.
Le sujet grave d'Orignal est traité tout en justesse, évitant toute
sensiblerie qui l'aurait décrédibilisé. Le quotidien de Jo et ses
tourments ne peuvent laisser indifférent, jusqu'à cette
conclusion, déstabilisante, peut-être un peu cruelle, mais au
final salvatrice.
Scénario & Dessins : Max De Radiguès - Editeur : Delcourt
Collection Shampooing - Récit complet.
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- 18. LE BLEU EST UNE COULEUR CHAUDE -‐ JULIE MAROH
Clémentine a 15 ans. Comme tous les jeunes de son âge, elle
commence à s'intéresser à l'amour. Mais c'est le jour où elle croise
dans la rue une jeune fille aux yeux et cheveux bleus qu'elle craque
littéralement. Elle ne comprend pas ce qui lui arrive, mais le regard
lancé par cette inconnue l'a complètement bouleversée.
Dans l'obscurité de la nuit, Clémentine revoit la fille aux cheveux
bleus et imagine des choses auxquelles elle s'interdit de penser et
qui la mettent très mal à l'aise. Pour contrer ses idées folles, elle
décide de sortir avec Thomas, un garçon qui la drague depuis
quelques temps.
Au bout de six mois, sa relation avec le jeune homme n'a toujours
pas évoluée dans le bon sens et Clémentine n'arrive pas à partager
son intimité avec lui. Elle se rend compte qu'il y a un malaise et qu'il
ne correspond pas a ses attentes. Elle décide de le quitter alors que
ses fantasmes nocturnes continuent à s'emparer d'elle et qu'elle
commence à les accepter de plus en plus, jusqu'à les apprécier.
Alors quand elle retrouve par le plus grand des hasards Emma, la
fille aux cheveux bleus, lors d'une sortie de samedi soir, son destin bascule. Ce sera la naissance d'une
magnifique histoire d'amour, mais également d'un combat, pour s'accepter soi-même, accepter le regard
des autres, réussir à aimer sans tenir compte de ce que peut penser autrui et s'épanouir en tant que
personne.
Julie Maroh exprime tous ces sentiments avec un trait qui a énormément de caractère, très sincère. Une
attention toute particulière est portée aux regards, aux mains et aux postures. La majorité de l'album
racontée en flashback est colorisée en niveaux de gris avec juste des teintes de bleus, qui, la plupart du
temps, sont les yeux et cheveux d'Emma.
De plus, cette édition de Glénat est tout à fait magnifique. Sa
couverture souple rend la lecture très confortable et les planches
d'un format généreux s'expriment vraiment pleinement.
Au delà de l'intimité et de la sincérité de ce récit, un des points qui
j'ai personnellement beaucoup apprécié est que cet album se déroule
dans ma belle ville de Lille. On peut facilement reconnaitre de
nombreux endroits connus, comme la Grand Place, la Place Rihour
et même certaines rues du Vieux Lille. De plus l'architecture de la
capitale des Flandres ajoute un charme indéniable, avec ses rues
en pavés et ses façades typiques.
Cet album nous propose une histoire d'amour magnifique, qui
fait fi des différences, et qui nous exprime a quel point
l'important est d'aimer malgré les difficultés et d'être heureux
avant tout. Des sentiments à l'état brut, un titre imprégnant pour
une relation profonde et authentique.
Scénario & Dessins : Julie Maroh - Editeur : Glénat - Récit complet.
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- 19. L'ATELIER MASTODONTE -‐ TRONDHEIM / ALFRED / BIANCO / NEEL /
PEDROSA / TÉBO / YOANN
L'atelier Mastodonte est un atelier fictif d'auteurs de BD. Nous
retrouvons, réunis autour de Lewis Trondheim, des auteurs tels
que Alfred,Guillaume Bianco, Julien Neel, Cyril Pedrosa,Tébo
et Yoann ainsi que quelques guest au détours des strips.
C'est en effet sous la forme de gags d'une demi-planche que se
déroulent ces aventures. Chaque auteur y va de sa petite histoire,
répond à une provocation ou crée une interaction avec les
histoires précédentes. Nous découvrons ainsi les coulisses de cet
atelier imaginaire et pas mal de clins d'oeil au petit monde de la
BD.
Le côté feuilletonnant (les planches ont été pré-publiées dans le
Spirou Magazine) et le concept du strip (un gag et sa chute par
demi-planche) donne un peu de difficulté à se lancer dans les
aventures de nos auteurs. Comme pour une sitcom, il faut laisser
le temps aux personnages de s'installer, d'instaurer entre eux
habitudes et petites manies.
Mais une fois passée la découverte, l'humour composé de
nombreux running gag fait mouche et les privates jokes nous deviennent familières au point de nous laisser
entrer parfaitement dans cet univers et d'en intégrer chaque code, chaque allusion.
On prend alors un plaisir intense à suivre ces aventures, dont certaines sont particulièrement savoureuses.
Je pense aux nombreuses blagues de Tébo, mais aussi au duel entre Trondheimet Bianco, se raillant l'un
de l'autre à coup de strips acides et moqueurs. Jusqu'au fourreau de l'album, "réalisé par Bilal" et donnant
lieu à un gag de quatrième de couverture simplement jubilatoire.
Les auteurs ne manquent pas d'auto-dérision et le monde de la BD n'est pas épargné (maisons
d'édition, festival d'Angoulême, rédaction du journal de Spirou…). L'ensemble créé des
personnages hauts en couleur, de l'humour bien senti et une ambiance bon enfant vraiment
rafraichissante. Un gros coup de coeur !
Scénario & Dessins : Trondheim / Alfred / Bianco / Neel / Pedrosa / Tébo / Yoann
Editeur : Dupuis - Série en cours - 1 tome.
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- 20. BATMAN : LA SPLENDEUR DU PINGOUIN
Parmi les vilains qui combattent régulièrementBatman, un de ses
plus anciens adversaires (il a été créé en 1941 !) est le Pingouin.
Petit bonhomme particulièrement laid, il est souvent ridicule,
affublé des parapluies truqués et de gadgets en tout genre.
Un choix de personnage a priori étonnant pour la collection DC
Nemesis chez Urban Comics, consacrée aux plus grands
méchants de l’univers DC. Et pourtant, un récit qui rend
passionnant l’histoire de celui qui est souvent éclipsé par le Joker!
Ceux qui ont vu le film Batman : Le Défi, réalisé par Tim Burton,
ont déjà une petite connaissance du Pingouin, campé alors par
Danny DeVito. Ici subsiste de nombreuses similitudes, même si
l’histoire est quand même différente. Rejeté par son père, battu
par ses frères, qui mourront tous précocement... mais protégé
(couvé !) par sa mère, le jeune Oswald Cobblepot est un être
solitaire qui ne trouve du plaisir que dans la compagnie des
oiseaux.
Moqué et humilié, que ce soit dans sa famille ou à l’école, il va
développer une nature cruelle, sadique et sans pitié. Le récit
alterne d’ailleurs scènes actuelles et flashbacks pour développer
le personnage et son histoire. Insistant sur ses relations avec les femmes, recherchant malgré tout l’amour
de l’aveugle Cassandra alors qu’il est repoussant au possible, obsédé par sa mère grabataire qu’il veut
gâter à outrance avec des bijoux volés (comme une pie attirée par tout ce qui brille), le Pingouin est un
être traumatisé qui ne supporte pas la contrariété et abat sans pitié tous ceux qu’il soupçonne de
moqueries à son encontre. Mais il le fait rarement directement, préférant détruire une réputation, faire
accuser à tort ou encore faire éliminer sans pitié les proches de celui qui l’a offensé !
Propriétaire d’un club qui sert de repaire aux trafiquants en tout genre, véritable parrain du crime, il se
heurte forcément à Batman qui peut rarement prouver son implication dans les délits sur lesquels il
enquête. Un justicier qui se présente comme l’anti-thèse du Pingouin, tant il paraît fort et craint, voire
respecté, par sa seule présence, alors que le nabot maléfique, pourtant haï, inspire rapidement moqueries
et mépris dès qu’il a le dos tourné ou commet un faux pas.
Un récit qui donne un éclairage nouveau à ce vilain, doté d’une vie tragique et qui recherche
désespérément un amour impossible auprès de femmes qu’il n’arrive pas à garder. Une mini-série
dotée d’un graphisme sombre comme le coeur de Cobblepot, qui sied parfaitement à l'histoire,
laquelle arrive à nous faire prendre en pitié ce malheureux et pathétique personnage. Et à lui donner
une autre stature que celle d’un avorton déguisé en volatile.
En complément, un one-shot nommé Joker’s Asylum : The Penguin, ou les origines du Pingouin racontées
par le Joker, depuis le fond de sa cellule à l’asile d’Arkham. Intéressante, mais un peu redondante, on
peut se demander d’ailleurs si cette courte histoire n’a pas servi de modèle à la mini-série présentée
précédemment..
Scénario : Gregg Hurwitz et Jason Aaron - Dessins : Szymon Kudranski et Jason Pearson
Editeur : Urban Comics - Collection : DC Nemesis - Série terminée - 1 tome.
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- 21. LA MÉLODIE DE JENNY -‐ TSUKASA HOJO
Récemment les éditions Ki-oon ont sorti deux nouveaux titres
dans leur catalogue, "Sous un rayon de Soleil" (1er d'une série
de 3 tomes) et"La mélodie de Jenny" dans la collection "Les
trésors de Tsukasa Hojo". Ces mangas de l'auteur de City
Hunter (Nicky Larson) et Cat's Eyes étaient déjà parus aux
éditions Tonkam et bénéficient ici d'excellentes rééditions,
retraduites pour l'occasion.
La mélodie de Jenny est un one-shot composé de trois petites
histoires se déroulant lors de la seconde guerre mondiale (voir
même un peu avant).
Dans la première histoire, "Aux confins du ciel"nous suivons le
destin d'un pilote de chasse parti sur les traces de son frère ainé
et rêvant de voler tout en défendant sa patrie. Malheureusement
son unité sera désignée pour une mission kamikaze…
La seconde histoire, "La mélodie de Jenny", suit l'évasion de
quatre enfants, fuyant un centre de placement pour retrouver leurs
parents restés à Tokyo sous les bombardements. Leur chemin
par la forêt sera semé d'embuches mais ils y rencontreront un
autre évadé, un américain désirant également rejoindre la ville et
prêt à les aider.
La troisième "American Dream" nous emmène aux Etats-Unis, peu de temps avant le conflit. Un joueur
de baseball japonais en tournée découvre la dure réalité de ce continent dont il pensait qu'il était celui de
l'accomplissement des rêves.
Les trois récits sont aussi durs et réalistes qu'ils sont profonds et touchants. Nous y découvrons certains
aspects du Japon pendant la guerre (comment devient-on un kamikaze, que sont les camps d'enfants à la
campagne, certaines lois et fonctionnements…) tout à fait passionnants et instructifs.
Sans jamais tomber dans la mièvrerie, Tsukasa Hojo tisse des destins frappés par la guerre et nous livre
de puissants témoignages sur ces vies sacrifiées totalement inutilement. Son dessin est d'une grande
justesse, tout en finesse et n'a pas pris une ride (la parution date de 1995 au Japon).
Enorme coup de coeur que ce one-shot qui frappe les esprits et laissera certainement une emprunte
durable dans la mémoire. C'était la première fois que je lisais une oeuvre plus intimiste de Tsukasa
Hojo et il me tarde maintenant de découvrir les autres. A noter, deux autres one-shot à paraitre dans
la même collection, "Le temps des cerisiers" le 26 septembre et "Le cadeau de l'ange" le 16 janvier
2014. Vivement !
Scénario & Dessins : Tsukasa Hojo - Editeur : Ki-oon
Collection "Les trésors de Tsukasa Hojo" - one-shot.
SHONENTACHI NO ITA NATSU - Melody of Jenny
© 1995 by TSUKASA HOJO / NSP Approved No. WA-31F All Rights Reserved. F
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- 22. IRRÉCUPÉRABLE -‐ TOME 1 : SANS RETOUR
Et si Superman craquait ? S’il devenait fou et se mettait à tuer
ses coéquipiers super-héros, à dévaster le monde et massacrer
des populations ? Pourrait-on l’arrêter ? C’est la question que pose
Mark Waid, scénariste confirmé (Kingdom Come, Superman,
Captain America, Daredevil...), non pas en utilisant les
personnages de DC Comics, mais avec un univers de création
originale. Enfin si on veut, puisque le personnage principal
s’appelle le Plutonien, pas le Kryptonien...
Un héros déchu qui va supprimer, un à un, ses anciens
co-équipiers au sein du groupe nommé le Paradigme. Un être
quasi divin qui va dévaster des pays et tuer des millions de
gens...
Comment est-ce possible ? Quel événement a bien pu faire
basculer un héros adulé vers des tendances maléfiques
assumées ? L’histoire alterne flashbacks, d’une époque dorée où
le Paradigme combattait le mal, et présent, où ses membres
tentent désespérément d’échapper à leur ancien ami assoiffé de
sang. Ce qui est particulièrement difficile quand celui-ci peut vous repérer d’un bout à l’autre du globe !
Irrécupérable, c’est donc la descente aux enfers d’un super héros,
et l’on comprend vite qu’il est des secrets bien cachés qui ont
conduit à cette situation. Moqueries, frustrations, tromperies, le
super héros peut-il tout encaisser et rester moralement irréprochable
? Et qui peut l’arrêter lorsqu'il devient pire que son adversaire le plus
coriace ?
C’est ce qu’explore ce premier tome, porté par le scénario
jubilatoire de Mark Waid (car avouons-le, on prend un plaisir
régressif à voir les codes héroïques être transgressés) et par les
dessins classiques mais efficaces de son complice Peter
Krause. A suivre dans les 6 autres tomes de la série.
Scénario : Mark Waid - Dessins : Peter Krause -
Editeur : Delcourt - Collection : Contrebande - Série en cours
6 tomes déjà parus (sur 7).
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- 23. BATMAN : TERRE-‐UN
Replongez dans les origines de Batman avecTerre-Un, qui les
revisite de fort belle façon, dans une version alternative de
grande qualité.
Qu’est-ce que la série Terre-Un ? Tout simplement une carte
blanche laissée à des équipes créatives pour revoir et moderniser
les origines des super-héros de DC Comics. Nous avons déjà parlé
ici de Superman, cette fois c’est au tour de Batman, en attendant
Wonder Woman.
Le scénariste Geoff Johns nous montre un Bruce Wayne débutant
dans l’exercice de justicier, dans des séquences qui ne sont pas
sans évoquer parfois Batman Année Un.
Ainsi, Batman n’est pas toujours en position de force dans ses
combats, il manque d'entraînement et ses gadgets ne sont pas
vraiment au point. Mais sa volonté est intacte, et il aura l’occasion
de la tester puisqu’il cherche à venger ses parents du
commanditaire de leur mort, qui n’est autre quele Pingouin !
Le scénario bouscule donc un peu les origines connues et
“officielles”, et n’oublie pas les autres personnages qui gravitent
autour de Batman. Le majordome Alfred, par exemple, devient un vétéran de guerre plutôt musclé, le
commissaire Gordon est bien présent, mais pas forcément intègre, et l’inspecteur Bullock est bien
différent lui aussi de ce qu’on a l’habitude de lire.
Les dessins de Gary Frank sont très réussis et détaillés, et
l’ambiance devient vite oppressante quand Batman doit explorer les
lieux de son passé, sur la trace d’un tueur en série nommé Happy
Birthday !
Batman Terre-Un se révèle donc une relecture intéressante du
mythe de Batman, accessible pour les néophytes et agréable à
lire pour ceux qui connaissent déjà bien le Chevalier Noir, qui
s’amuseront à remarquer les variations dans l’histoire. Vivement
la suite, en 2014 !
Scénario : Geoff Johns - Dessins : Gary Frank
Editeur : Urban Comics - Collection DC Deluxe
Série en cours - 1 tome.
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©BullesetOnomatopées - 2013 - Tout droit de reproduction réservé
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- 24. GOKINJO, UNE VIE DE QUARTIER -‐ AÏ YAZAWA
Les éditions Delcourt ont récemment réédité en format deluxe la
série Gokinjo, une vie de quartier de Aï Yazawa. Les sept
volumes de la série sont regroupés en quatre tomes. Si cette
réédition, agrémentée de nouvelles couvertures et de pages
couleurs, est une bonne nouvelle, je regrette toutefois que l'on y
perde la très jolie frise que forment les sept tomes originaux mis
bout à bout.
Gokinjo, une vie de quartier est une préquelle de Paradise
Kiss, créé en 1994 et sortie en France entre 2004 et 2005. Nous y
suivons l'histoire de Mikako et Tsutomu, deux voisins d'un même
immeuble, amis d'enfance. L'adolescence et ses premiers émois
feront naitre entre eux des sentiments amoureux qu'ils auront du
mal à accepter dans un premier temps.
Très créatifs, Mikako rêve de devenir styliste tandis que
Tsutomu qui se cherche encore un peu a toujours été attiré par
toute sorte de formes de création, les deux étudiants suivent les
cours de l'école de mode Yazawa. Ils y retrouvent d'autres amis,
avec lesquels ils créeront une association leur permettant de
vendre leurs oeuvres. Mais Mikako voit grand et elle espère un
jour pouvoir lancer sa propre marque :Happy Berry.
Nous suivons alors les aventures du petit groupe. Amour, amitié et passion pour différentes formes d'art
sont au coeur du récit. Comme pour chaque titre de Aï Yazawa, l'attachement aux personnages se fait très
rapidement et ceux-ci sont comme à l'accoutumé toujours très bien campé avec des personnalités fortes.
L'émotion mais aussi l'humour sont également fort présents dans ce titre et l'on reconnait sans peine le
style de l'auteure.
Qui dit école de mode dit beaux habits et même si les vêtements ne sont pas encore aussi sophistiqués
qu'ils pourront l'être par la suite dansParadise Kiss (ou même Nana), Yazawa use déjà d'une grande
imagination pour habiller ses personnages.
Gokinjo, une vie de quartier est une lecture vraiment fraiche et agréable. Pleine de bons sentiments
sans jamais tomber dans la niaiserie, c'est le genre de série qui met du baume au coeur.
A noter le dernier chapitre du tome sept, introduisant les aventures à venir dans Paradise Kiss, série
qui reprend comme personnages la petite soeur de Mikako ainsi que les enfants de certains des
protagonistes de Gokinjo.
Scénario & Dessins : Aï Yazawa - Editeur :Delcourt - Série Terminée
7 tomes édition classique, 4 tomes éditions deluxe.
GOKINJO MONOGATARI © 1994 by Yazawa Manga Seisakusho/SHUEISHA Inc.
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- 25. MASTER KEATON -‐ URASAWA / KATSUSHIKA / NAGASAKI
Taïchi Hiraga Keaton est un drôle de personnage. Ce
professeur d'université, passionné d'archéologie, travaille
également pour le compte d'une compagnie d'assurance
anglaise. Ce qui lui donne l'occasion de parcourir le monde entre
deux cours, pour résoudre des affaires plus ou moins
complexes.
Keaton a également été instructeur pour les forces spéciales
britanniques (S.A.S.) et il possède de nombreuses techniques
de combats et de survie qui en font un enquêteur plein de
ressources, sous ses airs de simple professeur taciturne.
Chacun des chapitres nous propose donc une petite histoire et
nous fait voyager dans de nombreux pays.
Toutes ne sont pas d'égale qualité, mais le dépaysement est de
mise et Urasawa, toujours généreux en détails quand il s'agit de
représenter des décors, a dû sacrément se documenter pour
dessiner les nombreux lieux. Dans cette série qui date d'avant
Monster (et sort enfin en France, bénéficiant de l'incroyable
popularité qu'y a acquis son auteur) le trait d'Urasawa est tout
de suite reconnaissable et n'a pas tellement vieilli.
Comme a l'accoutumée chez le dessinateur, les nombreux protagonistes que nous croisons possèdent tous
une identité propre et des visages aux personnalités variés, même chez les personnages secondaires que
nous ne reverrons peut-être jamais. Nous retrouvons au travers eux toute l'humanité qu'Urasawa réussit
toujours à insuffler dans ses nombreux portraits.
Pour cette édition française les éditions Kana ont réalisé un travail de qualité. Grand format, nombre de
page conséquent, jaquette sublimée d'un vernis sélectif et d'un titre doré, beau papier et impression
parfaite, le prix un peu élevé est parfaitement justifié et le manga a fière allure sur une étagère de
bibliothèque.
De l'aventure, un peu d'histoire, des enquêtes, des rencontres, Master Keaton dépayse et ferait
presque penser à ces séries TV qui passaient dans les années 80 : un bon divertissement, servi par
un personnage principal charismatique et intrigant sous forme d'histoires courtes.
La série est terminée et fera 12 tomes dans cette édition deluxe. La sortie du tome 2 est prévue le
24/05/2013.
Scénario : Hokusei Katsushika / Takashi Nagasaki - Dessins : Naoki Urasawa
Editeur : Kana - Série en cours - 1 tome.
MASTER KEATON © 1989 Hokusei KATSUSHIKA, Naoki URASAWA / Studio Nuts / Shogakukan Inc.
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- 26. BARAKAMON -‐ SATSUKI YOSHINO
Seishû Handa possède un talent particulier pour la
calligraphie. Malgré son jeune âge, il a déjà reçu de nombreux
prix pour son art. Mais le jeune homme orgueilleux et sur de
lui gâche toutes ses chances de réussite le jour où il agresse
le conservateur d'un musée ayant osé critiquer son travail.
Pour le punir, son père l'envoi sur une petite île, à la
campagne, histoire de le remettre à sa place et lui permettre
de travailler dans des conditions idéales.
Du moins c'est ce que l'on aurait pu espérer d'un tel exile.
La vie de Seishû va être plus mouvementé que jamais : la
maison dans laquelle il emménage sert de base secrète aux
jeunes du village, en particulier Naru une petite fille espiègle
et pleine de vie, et ils n'ont pas l'intention de quitter les lieux.
Les villageois sont également très prévenants et attentionnés
et n'hésitent pas à rendre visite au nouveau venu pour lui
apporter leur aide.
A l'image de la petite fille qui respire la joie de vivre (et qui n'est pas sans rappeler une
certaineYotsuba), le village et ses habitants offrent de vrais moments de fraternité et de
simplicité. Peu habitué à ce genre de comportements, Seishû devra bien admettre avoir
quelques leçons à recevoir de ces gens, lui qui ne pense qu'à sa petite personne et à sa
réussite.
Nullement moralisateur, mais plein de bon sens et de respectables sentiments, Barakamon est
de ces titres qui nous rappellent que ce sont les petites choses qui sont la clé du bonheur. Le
titre déborde d'une bonne humeur contagieuse et offre une bouffée d'optimise très agréable.
Composé de chapitres plus ou moins longs, ce sont un tas de petites tranches de vie
qu'illustreSatsuki Yoshino, dans un style graphique moderne et très frais.
Avec son ambiance rurale et ensoleillée, Barakamon dépayse et séduit dès les premières
pages. Ces personnages aussi excentriques qu'attachants nous accueillent d'une bien
jolie manière, qui donne envie de faire plus largement connaissance. Vivement les
prochains tomes !
Scénario & Dessins : Satsuki Yoshino - Editeur : Ki-oon - Série en cours - 1 tome.
© Satsuki Yoshino / SQUARE ENIX CO., LTD.
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