1. A l’origine de la couverture de The Economist : l’absence du thème de la compétitivité durant la campagne
présidentielle. Discours de François Hollande au Bourget : 16 pages. La compétitivité n’y est pas nommée une seule
fois !
Je me sens concernée par la situation française, c’est pourquoi j’ai écrit ce livre Le déni français, les derniers
enfants gâtés de l’Europe. J’ai voulu briser quelques idées préconçues sur les Français en abordant les thèmes
cruciaux de la dépense publique et de la compétitivité.
1. A propos de la dépense publique et de ce que nous pouvons entendre fréquemment : « nous, Français,
croyons beaucoup plus que vous dans le service public. En effet, la France a un modèle de dépense publique
beaucoup plus important que partout ailleurs avec tout d’abord une structure administrative beaucoup plus lourde
que d’autres pays comparables. Prenons l’exemple de l’Allemagne où il y a 50 agents publics pour mille habitants ;
en France, il y en 90 pour mille !
D’autre part, il y a la dépense sociale : 30% du PIB français est consacré aux dépenses sociales. C’est plus que dans
tous les autres pays, plus qu’en Allemagne et plus qu’en Suède. Je vous donne l’exemple de l’assurance chômage :
elle peut aller jusqu’à 6000€/mois en France alors qu’elle ne peut pas dépasser 2000€/mois au Danemark !
Il y a trois semaines, François Hollande a promis une baisse des dépenses « il faut faire mieux en dépensant
moins ». Mais nous ne savons pas encore dans quel domaine cette baisse va se faire. Tous les autres pays d’Europe
ont fait des efforts, sauf la France !
Or, cette baisse doit se faire avec intelligence : la dépense qui reste peut-elle développer le marché du travail ? En
Suède, de gros sacrifices ont été fait, qui ont aboutis à de bien meilleures performances ; en Irlande, les allocations
aux familles ont baissés de 20%.
Les pays actuels qui font ces choix ont des difficultés. Pourtant, c’est maintenant qu’il faut réformer et mener cette
réflexion, plutôt qu’après une vraie crise.
2. La compétitivité est enfin mise sur la table. Il suffit, pour s’en convaincre, de voir l’intérêt porté au rapport
Gallois.
La compétitivité ne représente pas seulement un coût mais aussi une réglementation des marchés et des entreprises.
Là encore, il y a une exception française : les entreprises de 49 employés sont deux fois plus nombreuses que les
entreprises de 50 employés ; on ne trouve une telle différence nulle part ailleurs. Cela s’explique quand on sait
qu’aucun pays n’a une telle réglementation pour les entreprises de plus de 50 salariés et cette réglementation est trop
lourde (d’après la commission Attali, il y a au moins trente mesures supplémentaires dès que l’on passe au statut
d’entreprise de plus de 50 salariés). Enfin, la France est le seul pays où il y a une obligation de résultat dans le bien-
être de ses employés.
Le CDI est surprotégé et cette situation nuit à toutes les parties. En effet, les employeurs ont peur de créer des
emplois, ils leur préfèrent les CDD et stages. Cela cause une grande précarité et représente, en conséquence, la
première cause du chômage.
Cette situation n’est bonne ni pour l’entreprise qui manque de stabilité, ni pour les jeunes qui accumulent CDD et
missions d’intérim et n’arrivent pas entrer sur le marché du travail.
La France doit donc mettre en place rapidement une nouvelle réglementation, une baisse des dépenses publiques et
une réforme de la réglementation du travail. Il faut faire vite, avant l’arrivée d’une véritable grande crise !