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SOMMAIRE
Juin-Juillet 2017 n° 124
Sommaire
Chers lectrices et lecteurs de l’Inf’Ose
Dans l’édition du mois de Mai, nous vous proposions un article sur le compteur intelligent Linky et les opportu-
nités de valorisation des données qu’il collecte. Dans ce numéro, les données sont encore à l’honneur, cette fois
à l’échelle des entreprises et de la révolution que leur utilisation implique. Les données open source des grands
utilities de l’industrie énergétique promettent pour leur part de stimuler l’innovation et la croissance économique
et d’accompagner la transition énergétique.
Dans un autre registre, nous nous intéresserons aux énergies renouvelables et à l’environnement. D’abord à trav-
ers l’avion électrique qui passe de mythe à réalité suscitant de plus en plus de projets. Nous vous proposons en-
suite un regard sur le recyclage des installations photovoltaïques, enjeu qui prend de l’importance du fait de la
croissance du secteur, dans la lignée des objectifs de la PPE d’ici 2020.
Enfin, nous faisons un point sur le CO2
, à l’heure où la dynamique des projets de CSC semble se lénifier et où de
nouvelles voies de valorisation de ce gaz à effet de serre sont explorées par les chercheurs.
Bonne lecture!
EDITORIAL
NF’ SE
Les actualités ....... p.2
Recyclage des modules
photovoltaïques : où en est-
on ? ................................. p.4
Quel avenir pour le CCS dans l’économie
actuelle ? ............................................ p.8
	
L’avion électrique a-t-il de l’avenir ? ......... p.12
Cet été, plongez dans les données avec l’Open
Data ......................................................................... p.19
Vers une nouvelle révolution numérique ..... p.16
Le Solar Impulse
Source : http://www.solarimpulse.com/
Just Another Newsletter Title
Actualités
INF’OSE Juin-Juillet 2017 n° 124 2
Actualités
Congrès Smart Energies Paris 2017 : l’événement in-
contournable de l’énergie digitale
L’EspaceGrandeArcheàParisaaccueilliles06et07juin
derniers l’édition 2017 du salon Smart Energies, le ren-
dez-vous incontournable dédié aux technologies et aux
solutions intelligentes de l’énergie. Au programme : digi-
talisation de l’énergie, smartgrids et infrastructures, ef-
ficacité énergétique, smart building ou encore stockage
des énergies renouvelables. Chacune des thématiques a
disposé de son propre pavillon, où plus de 80 marques
exposantes et 140 intervenants sont venus discuter des
mutations en cours du paysage énergétique français.
L’événement a notamment été marqué par
l’organisation des Smart Awards, une compétition
qui récompense les projets les plus innovants en
matière d’énergie, où les concurrents sélectionnés
parmi les dossiers de candidature se sont affrontés
lors de battles de deux minutes. Les lauréats sont :
- Actility dans la catégorie “Technologie (innovation et
R&D)”, pour un projet smart-grid d’effacement de con-
sommation électrique à base de batteries.
- Sobre dans la catégorie“Consommateurs et usages”, so-
lution intégrée de suivi, pilotage et animation des écon-
omies d’énergie alliant le digital et le comportemental.
- Smile dans la catégorie “Filière française des Smart
Energies”, association qui fédère des acteurs publics et
privés pour le déploiement d’ici 2020 d’un grand sys-
tème énergétique intelligent à l’échelle du grand Ouest.
La Corée du Sud engage sa sortie du nucléaire
Nous allons entrer dans l’ère post-nucléaire, a déclaré
le président Moon Jae-in lors d’une cérémonie mar-
quant le premier arrêt définitif d’un réacteur nucléaire
dans le pays, le Kori-1, mis en service en avril 1978.
Fidèle à ses engagements de campagne, le nouveau
président sud-coréen a réitéré sa promesse de renoncer
aux nouveaux projets de réacteurs nucléaires en faveur
des énergies renouvelables et du gaz naturel liquéfié.
Ces annonces ouvrent une période d’incertitudes con-
cernant la présence coréenne sur les marchés interna-
tionaux liés à l’industrie nucléaire. Le cinquième pro-
ducteur mondial Kepco E&C, firme coréenne, avait, en
effet, remporté en 2009 un contrat de 20 milliards de
dollars pour construire 4 réacteurs aux Emirats arabes
unis, dont le premier exemplaire doit entrer en service
l’an prochain. Sur le plan national, Kepco a reçu instruc-
tion le mois dernier de geler les travaux de conception
des deux réacteurs nucléaires APR 1400, déjà en cours
de construction sur le site de Shin Hanul sur la côte est.
La justice met à l’arrêt la plus grande centrale bio-
masse de France
C’est un coup dur pour E.ON. Le tribunal adminis-
tratif de Marseille a annulé, le jeudi 8 juin 2017,
l’autorisation préfectorale d’exploitation de la plus
grande centrale biomasse de France, située sur les com-
munes de Gardanne et de Meyreuil, dans les Bouch-
es-du-Rhône. La justice estime que son exploitant, le
groupe allemand Uniper (filiale d’E.ON), n’a pas suf-
fisamment évalué son impact sur les forêts du Sud-Est.
En effet, l’étude d’impact sur l’environnement menée
par Uniper n’a porté que sur un périmètre de trois ki-
lomètres autour de l’installation, alors que la centrale
prévoit de se fournir en combustible dans des forêts
bien plus lointaines, relève le tribunal. L’impact des ro-
tations de camions qui alimenteront la centrale ainsi
que la pollution atmosphérique n’ont pas été suffisam-
ment pris en compte. La décision de justice donne ainsi
en partie raison aux opposants au projet, qui remettent
en cause le caractère“vert”de l’énergie produite, et con-
sidèrent notamment que l’envergure de la centrale peut
remettre en cause l’équilibre de la filière bois locale.
Berlin rembourse 7 milliards d’euros de taxe sur le
combustible nucléaire aux énergéticiens allemands
	
Pour le gouvernement d’Angela Merkel et sa feuille de
route en termes de transition énergétique, il s’agit
d’un important revers. Après six ans, la justice donne rai-
son aux énergéticiens allemands : l’Etat devra leur rem-
bourser la somme de 7 milliards d’euros, perçus indû-
ment via le biais d’une taxe sur le combustible nucléaire.
Saisi par les groupes E.ON, RWE et Vattenfall, le tribunal
constitutionnel de Karlsruhe a jugé, mercredi 7 juin, que
cette taxe n’avait pas de fondement juridique valable.
Just Another Newsletter Title
Actualités
INF’OSE Juin-Juillet 2017 n° 124 3
Sources :
•	 http://www.latribune.fr/entreprises-finance/la-tribune-de-l-energie-avec-enedis/l-autoconsommation-au-coeur-de-smart-energies-
expo-728351.html
•	 https://www.smart-energies-expo.com/smart_awards.html
•	 https://www.lesechos.fr/industrie-services/energie-environnement/030394066152-coree-du-sud-la-sortie-du-nucleaire-porte-un-nou-
veau-coup-au-secteur-2095680.php
•	 http://bfmbusiness.bfmtv.com/entreprise/la-coree-du-sud-veut-sortir-du-nucleaire-quel-impact-pour-la-filiere-francaise-1190419.html
•	 http://www.lemonde.fr/economie/article/2017/06/20/la-coree-du-sud-engage-sa-sortie-du-nucleaire_5148045_3234.html
•	 http://bfmbusiness.bfmtv.com/entreprise/la-justice-met-a-l-arret-la-plus-grande-centrale-biomasse-de-france-1181881.html
•	 https://www.lesechos.fr/industrie-services/energie-environnement/030374401125-la-plus-grande-centrale-biomasse-deurope-bloquee-
par-la-justice-2092856.php
•	 http://www.lemonde.fr/economie/article/2017/06/08/en-allemagne-les-energeticiens-vont-se-faire-rembourser-7-milliards-d-euros-par-
l-etat_5140599_3234.html
•	 http://actualites.reponse-conso.fr/tarifs-reglementes-dedf-pourraient-augmenter-de-17-1er-aout/
Sami GHARDADDOU
Décidée en 2010 pour inciter les énergéticiens à
limiter leur consommation de combustible nuclé-
aire, la mise en place de cette taxe, de 145€ par
gramme d’uranium, avait accompagné la déci-
sion de tourner définitivement le dos à l’atome à la
suite de l’accident nucléaire de Fukushima en 2011.
EDF : éventuelle augmentation des prix du TRV au
1er août
Mauvaise nouvelle pour près de 27 millions de foy-
ers soumis aux tarifs réglementés de vente de
l’électricité. La CRE (Commission de Régulation de
l’Énergie) pourrait annoncer une augmentation de
1,7% du prix de l’électricité à compter du 1er août 2017.
Cette hausse viendrait clôturer un dossier en cours de
discussion depuis 2014 et devrait permettre de rattraper
le manque à gagner d’EDF sur la période 2012-2013. A
cette époque, le gouvernement Ayrault avait décidé de
geler le prix de l’électricité pour‘’faire un geste’’envers les
ménages, faisant perdre au géant français de l’électricité
beaucoup d’argent. EDF a attaqué le gouvernement
en 2014 et a obtenu gain de cause auprès de la justice.
Une partie de ce rattrapage a déjà été effectuée, mais
un reliquat de 190 millions d’euros doit encore être ré-
cupéré sur la facture des clients abonnés aux tarifs régle-
mentés sur la période considérée. Ainsi, la hausse des
tarifs au 1er août varierait entre 1,1 % et 1,7 %, selon que
la CRE décidera de rattraper tout ou partie de ce reliquat.
Un smartgrid
Source : fotolia
Recyclage des modules photovoltaïques :
où en est-on ?
Articles
Just Another Newsletter Title
INF’OSE Juin-Juillet 2017 n° 124 4
Al’heure de la transition énergétique, une forte pro-
gression est observée en continu à l’échelle mon-
diale en ce qui concerne la capacité d’installations pho-
tovoltaïques raccordées. Plus de 300 GW ont été déjà
installés dans le monde, dont un peu plus de 7   GW
en France début 2017. Au niveau national, cette dy-
namique va délibérément se poursuivre dans le but
d’atteindre les objectifs annoncés dans la Program-
mation Pluriannuelle de l'Énergie (PPE) à l’horizon
2018 et 2023, ainsi que dans l’ensemble des Sché-
mas Régionaux Climat Air Energie (SRCAE) à l’horizon
2020. Pour atteindre les 20 GW attendus en 2023, il
faudrait, en effet, installer en moyenne 2 GW par an !
Cependant, à l’instar de tous les autres moyens de pro-
duction d’énergie, les installations photovoltaïques
possèdent une durée de vie limitée, estimée entre 20
et 30 ans selon les technologies et les conditions de
fonctionnement. C’est donc leur cycle de vie global
qui est à considérer pour justifier de leur caractère
renouvelable. Un certain nombre d’études ont été
menées sur le processus de fabrication des différents
composants et l’empreinte énergétique et écologique
associée. Selon la localisation géographique et donc
l’ensoleillement du site, il est ainsi estimé qu’un temps
de production d’électricité minimal par installation de
1,5 à 3 ans est nécessaire afin de compenser l’énergie
grise requise pour sa fabrication. Toutefois, la fin de
vie des installations ne semble pas avoir été analy-
sée de façon analogue, et l’après-vie des modules
reste encore floue pour beaucoup. Où en est-on rée-
llement au sujet du démantèlement de telles instal-
lations et du recyclage des différents composants ?
Une opération encadrée par la loi
La fin de vie des installations photovoltaïques est dé-
sormais réglementée et constitue depuis peu une
obligation pour les exploitants. La législation euro-
péenne s’appuie entre autres sur la directive cadre sur
les déchets 2008/98/CE et sur la directive 2002/96/CE,
dite DEEE (ou D3E) relative aux déchets d’équipements
électriques et électroniques. Cette dernière a imposé
dès 2005 le recyclage des onduleurs au niveau euro-
péen, qui doit être réalisé aux frais de leur fabricant.
C’est désormais également le cas des modules pho-
tovoltaïques en Europe, depuis la révision de cette
directive 2002/96/CE en 2012. Cette obligation a
été transposée dans le droit français en août 2014.
Une filière française de collecte et recyclage
En parallèle de la mise en place du contexte réglemen-
taire sur la gestion des déchets photovoltaïques en fin
de vie, l’éco-organisme européen à but non lucratif PV
Cycle a été créé en 2007. Cette organisation rassemble
les fabricants européens et organise des opérations de
collecte depuis 2010. L’antenne française a été mise
en place à partir de 2014 à la suite de la transposi-
tion de la législation européenne au niveau national.
Cycle de vie des modules photovoltaïques
Source : Association PV Cycle
Just Another Newsletter Title
INF’OSE Juin-Juillet 2017 n° 124 5
Articles
Il est estimé que 30 000 tonnes de déchets de com-
posants en fin de vie seront à traiter d’ici 2025, sans
compter les résidus de fabrication que peuvent con-
stituer les panneaux jugés non conformes au contrôle
qualité ou endommagés. En mars dernier, un contrat
de 4 ans a été signé avec Veolia qui se voit ainsi char-
gé des opérations de collecte et de recyclage pour le
compte de PV Cycle. Bien que la multinationale spé-
cialisée en environnement estime qu’une première
grosse vague de recyclage ne devrait pas avoir lieu
avant 2025 voire 2030, la mise en service d’une usine de
traitement à Rousset (Bouches-du-Rhône) a été annon-
cée pour la fin de l’année. Avec une capacité de traite-
ment de 1 400 tonnes de matières premières, elle sera
en mesure de recycler 96% des matériaux composant
un panneau photovoltaïque, selon l’association PV Cy-
cle France. Tous les panneaux y seront acceptés sans
réserve, quelle que soit la technologie ou la marque.
Il existe d’ores et déjà des points de collecte gra-
tuits répartis sur le Vieux Continent, dont plus
de 100 en France. Pour les installations d’une
certaine taille (en l’occurrence celles consti-
tuées de plus de 40 panneaux), un démantèle-
ment et une collecte sur site sont envisageables.
Seules quelques opérations de collecte ont été
menées jusqu’alors sur le territoire français, la ma-
jorité des panneaux en fin de vie se sont retrou-
vés au milieu des ordures ménagères ou ont
été transportés en Belgique pour être recyclés.
Les processus de recyclage
Les installations photovoltaïques sont principale-
ment composées de modules, d’onduleurs et des
divers éléments de raccordement, similaires à ceux
de tout circuit électrique classique. Les voies de re-
cyclage de ces derniers composants sont donc sup-
posées être déjà connues. Plus précisément, un
panneau solaire photovoltaïque est constitué d’un
cadre en aluminium, de verre, de cellules photovolta-
ïques, de plastique ainsi que de connexions en métal
(cuivre et/ou argent). Le graphe ci-dessous présente
la composition d’un panneau en silicium cristallin.
A noter que le verre et l’aluminium constituant le cadre sont recyclables à 100%, la cellule photovolta-
ïque est réutilisable jusqu’à quatre fois, et le plastique et les connecteurs sont réutilisables également.
Après le démantèlement et la collecte, il s’agit donc tout d’abord de sépar-
er ces différents composants afin que chacun puisse suivre un traitement adap-
té. Les différents produits récupérés et leurs usages sont présentés dans le graphe suivant.
Composition d’un panneau en silicium cristallin
Source : Solarpedia
Just Another Newsletter Title
INF’OSE Juin-Juillet 2017 n° 124 6
Promotion 2015Articles
Séparation et traitements des différents matériaux constitutifs des modules photovoltaïques
Source : RECORD / ENEA Consulting
Le procédé dans le cas de modules à base de silicium
commence par un traitement mécanique, qui consiste
à séparer cadre métallique, câbles et boîtes de jonction.
Suit alors un traitement thermique, qui consiste
en une montée en température (entre 400°C et
600°C) du module photovoltaïque afin de séparer
les composants à base de silicium des autres com-
posants solides (verre et métaux principalement).
Enfin, un traitement chimique a lieu sur les cellules
séparées et récupérées à la suite du traitement ther-
mique : cette étape permet de récupérer le silicium pur.
Il s’agit ainsi d’éliminer les différentes couches super-
ficielles grâce à des réactions chimiques successives.
Le procédé de recyclage des modules photovolta-
ïques en couche mince est toutefois légèrement
plus long et compliqué : Il nécessite un traitement
physique, entre le traitement thermique et le traite-
ment chimique, pour séparer le cuivre et le verre. Un
procédé humique est à prévoir en plus du procédé à
sec commun avec les modules en silicium cristallin.
Anoterquelaproblématiquedurecyclagedesterresrares
est peu présente dans la filière photovoltaïque car celles-
cin’entrentpasdanslacompositiondesmodulesensilici-
umcristallin.Sicertainspanneauxdetechnologiecouche
mince en contiennent, cela représente une part très
faible du marché photovoltaïque global (moins de 5%).
Modèles de financement
Les premiers coûts de traitement des modules solaires
photovoltaïques en fin de vie ont montré que la filière
de recyclage est encore non rentable économiquement,
malgré les gains liés à la vente des matériaux réutil-
isables. Il semble donc évident que des sources de ré-
munération annexes sont nécessaires. Ces financements
vont être assurés par les différents acteurs de la filière.
Le concept de Responsabilité Élargie du Producteur,
également connue sous l’expression « pollueur-pay-
eur », s’applique pour le recyclage des installations
solaires photovoltaïques. Ce sont ainsi les fabricants
des panneaux qui doivent prévoir le traitement en fin
de vie des modules, de telle sorte qu’aucune charge
supplémentaire ne soit imputée au producteur au-
delà de l’investissement initial. Pour cela, deux pos-
sibilités existent : adhérer à l’association PV Cycle,
gérant les services de collecte et de recyclage, en
payant une cotisation annuelle proportionnelle au
volume des modules photovoltaïques produit, ou
provisionner afin de prévoir en amont le traitement
en fin de vie de leurs modules dans le cas où les fab-
ricants possèdent leur propre unité de recyclage.
Just Another Newsletter Title
Promotion 2015
INF’OSE Juin-Juillet 2017 n° 124 7
Promotion 2015Articles
La filière est financée avec un système d’éco-
participation pour chaque équipement mis
sur le marché. Celle-ci est répercutée au con-
sommateur dans le prix d’achat du produit.
Il existe encore peu de retours d’expérience en ce qui
concerne les coûts de recyclage. Toutefois, on peut
retenir comme ordre de grandeur la garantie finan-
cière prévue lors des appels d’offres pour la filière
solaire, égale à 30 €/kWc. A noter que ce prix a été
prévu pour couvrir à la fois la collecte, le recyclage
des composants de l’installation et la remise en état
du site. Ce chiffre reste néanmoins un coût prévision-
nel, il convient donc de le considérer avec précaution.
Le recyclage est aujourd’hui une solution qui répond
à l’obligation de traitement des déchets photovolta-
ïques mais également un moyen d’éviter d’éventuelles
difficultés d’approvisionnement, en silicium purifié
notamment. Enfin, la généralisation de cette voie de
traitement constitue une réponse, sous forme de dé-
monstration, au scepticisme de certains acteurs sur le
caractère renouvelable de l’énergie photovoltaïque.
Le recyclage est une préoccupation au cœur de
l’ensemble des filières d’énergies renouvelables, à
l’heure où des analyses de cycle de vie des installa-
tions sont menées de façon de plus en plus systéma-
tique. C’est ainsi également le cas de la filière éolienne,
où quasiment 90% des composants sont d’ores et déjà
recyclés mais où certains matériaux, tels que les com-
posites, ne peuvent encore qu’être incinérés à ce jour.
Cécilia REILHAN
Sources :
•	 http://www.leparisien.fr/environnement/energies/energie-solaire-une-usine-francaise-va-recycler-les-panneaux-photovoltai-
ques-20-03-2017-6777714.php
•	 http://www.record-net.org/storage/etudes/11-0912-1A/rapport/Rapport_record11-0912_1A.pdf
•	 http://www.photovoltaique.info/Gestion-et-valorisation-des.html#Contexterglementaire
•	 http://www.rte-france.com/sites/default/files/panorama_enr20170522.pdf
•	 http://www.iea-pvps.org/index.php?id=266
•	 http://www.usinenouvelle.com/article/ces-technos-vertes-difficiles-a-recycler.N138028
Modules photovoltaïques
Source : SMA France
Just Another Newsletter Title
Promotion 2015
INF’OSE Juin-Juillet 2017 n° 124 8
Promotion 2015Articles
Quel avenir pour le CCS dans l’économie
actuelle ?
Systématiquement intégré dans les scénarii de pro-
spective comme un levier majeur de la réduction des
gaz à effet de serre, la capture et le stockage du carbone
(CSC) peine cependant à se développer. D’après le rap-
port 2016 du Global CCS1
Institute, le besoin en capac-
ité de capture et de stockage de CO2
identifié par l’AIE
dans le cadre du scénario 2DS2
s’élève à 4000 millions
de tonnes par an en 2040. Malgré l’embellie observée
depuis 2012, la capacité totale de capture des sites en
exploitation et en construction représentera seulement
40 millions de tonnes par an fin 2017. Le chemin paraît
donc bien long pour cette technologie qui est censée as-
surer 14% de réduction des émissions de CO2
d’ici 2050.
Réduction cumulée des émissions de CO2
par secteur et par technologie dans le scénario 2DS pour 2050
Source : AIE, Energy Technology Perspectives 2015
Le captage et le stockage du carbone fait référence
aux trois familles de technologies successives que sont
le captage, le transport et enfin stockage géologique du
CO2
. S’il a été mis en œuvre aux Etats-Unis dès les an-
nées 1930 dans l’industrie agroalimentaire notamment
puis dans l’industrie pétrolière, en Europe, les technolo-
gies de CSC ne se sont développées qu’au début des an-
nées 1990. En 1991, face au prix fixé de la tonne de CO2
par le gouvernement norvégien, Statoil et ExxonMobil
E&P Norway décident de capter les 9% de CO2
du gaz
naturel extrait du gisement offshore de Sleipner. Ainsi
depuis 1996, 1Mt de CO2
par an sont captés et stockés
à 800 mètres de profondeur dans le gisement Utsira.
Depuis, de nombreux projets industriels de captage de
CO2
ont vu le jour majoritairement dans les industries où
la production/séparation du gaz carbonique est inhér-
ente au process (traitement du gaz naturel, production
de fertilisants…) et dans les industries où les procédés
génèrent de forte concentration de CO2
dans les fu-
mées (production d’hydrogène dans les raffineries de
pétrole). Elle peine par contre à se développer dans les
secteurs tels que la cimenterie, l’aciérie et la papeterie
pourtant fortement émetteurs de CO2
. Trois technolo-
gies de captage existent aujourd’hui dans l’industrie et
dans la production d’électricité et permettent de récu-
pérer au moins 90% du CO2
présent dans les fumées.
1
Carbon Capture and Storage
2
Scénario principal de l’AIE qui définit l’évolution des technologies nécessaire pour avoir au moins 50% de chances de limiter l’augmentation de la température moyenne
du globe à 2°C.
Origines des émissions de CO2 dues à la combustion d’énergie en 2013
Source : SOeS, Chiffres clés du climat 2016
Just Another Newsletter Title
INF’OSE Juin-Juillet 2017 n° 124 9
Promotion 2015Articles
Les technologies de captage du CO2
La première technologie est celle dite de post-com-
bustion. Cette technologie utilise des composés orga-
niques, principalement des amines, pour récupérer le
CO2
. Par réaction avec le CO2
, les amines forment des
carbamates, lesquels se décomposent à 110-130°C.
Le principal avantage de cette méthode réside dans
le fait qu’elle permet de traiter des débits de CO2
pou-
vant aller jusqu’à 1 million de m3
/h. La simplicité de sa
mise en œuvre est également plébiscitée mais cette
technologie a un énorme impact sur le rendement
énergétique du process auquel il est appliqué. En ef-
fet, la désulfuration poussée et le séchage du CO2
, le
refroidissement des fumées indispensables pour fa-
ciliter l’action des amines et éviter la formation de
produits corrosifs sont consommateurs d’énergie.
L’utilisation de la post-combustion a donc tendance à
réduire le rendement énergétique initial et à engen-
drer également des surcoûts. Dans le cas des central-
es modernes de production d’électricité, sa mise en
place engendre un surcoût d’au moins 40% et la pro-
duction d’électricité peut être diminuée de 25 à 30%.
Aujourd’hui, les travaux de recherche sur la post-com-
bustion portent sur le développement de nouvelles
technologies (membranes, cryo-condensation), de
nouveaux composés aminés et une gestion plus effi-
cace des flux, expérimentés à l’aide de projets pilotes.
L’oxy-combustion, dont le but est d’obtenir en sor-
tie un CO2
pur et le plus concentré possible, mise sur
une unité de séparation d’air installée en amont de la
phase de combustion. Son but est d’isoler l’oxygène
de l’air pour brûler directement le combustible. Ce
procédé permet de limiter l’intensité du traitement
des fumées mais le problème n’est que reporté car
l’ASU3
utilise une importante quantité d’énergie pour
son fonctionnement. Dans les usines de production
d’électricité, il arrive qu’on perde jusqu’à 18% de la
production. Aujourd’hui, dans le secteur de l’industrie,
des technologies de préchauffage de l’oxygène ou de
gaz naturel comme HeatOx d’Air Liquide permettent
tout de même d’améliorer les rendements d’environ
10% et de réduire la consommation de combustible.
La dernière voie de captage du CO2
est la précombus-
tion. Cette dernière technologie convient particulière-
ment pour les cycles combinés gaz-vapeur associés
avec le processus de gazéification. Dans ces IGCC4
,
le combustible est d’abord gazéifié pour produire un
mélange de monoxyde de carbone et de dihydrogène.
En faisant ensuite réagir le monoxyde de carbone avec
de la vapeur d’eau, on obtient du CO2
très pur et du
dihydrogène. Le CO2
obtenu est alors désulfurisé puis
compressé ou liquéfié, avant d’être pré-stocké afin
de faciliter son transport. Le dihydrogène est quant à
lui brûlé dans une turbine à gaz et la chaleur résidu-
elle sert à alimenter une turbine à vapeur permettant
d’obtenir des rendements de cycle combiné pouvant
atteindre 60%. En dehors de ce rendement énergé-
tique déjà élevé, les avantages de l’IGCC sont multi-
ples. Le gaz de synthèse obtenu peut notamment être
utilisé pour la fabrication de composants chimiques ou
de carburants à l'aide des procédés Fischer Tropschs5
.
Tous ces procédés avancés permettent d'isoler effi-
cacement le CO2
, destiné à être transporté puis stocké
géologiquement. Cette dernière étape est la plus déli-
cate car il s’agit de stocker pendant plusieurs centaines
d’années de grandes quantités de gaz dans des réser-
voirs souterrains tout en minimisant au maximum les
risques de fuite. Aujourd’hui, trois principaux types de
réservoirs sont explorés : les réservoirs naturels, vidés
des hydrocarbures qu’ils contenaient, dont le potentiel
global est estimé à 930 Gt, les aquifères salins profonds,
roches poreuses ou perméables saturées d’eau, d’un
potentiel total de 40 à 10000 Gt et enfin les veines de
charbon non exploitées qui, grâce à la houille, peuvent
retenir des quantités substantielles de CO2
. Leur poten-
tiel est plus faible et s’évalue à 40 Gt. L’industrie pétro-
lière américaine est à la pointe dans l’injection souter-
raine de CO2
qui lui permet de faire de la récupération
assistée (secondaire ou tertiaire) de pétrole ou de gaz et
de récupérer jusqu’au tiers de la réserve totale du puits.
La valorisation comme solution
Cependant,dansuneéconomiemondialedénuéed’une
vraie fiscalité du CO2
, où les processus s’améliorent afin
de multiplier les usages d'une même ressource ainsi
que de ses effluents et où les technologies de valorisa-
tion du CO2
existent, le stockage du CO2
peut paraître
antinomique. La valorisation du CO2
est, en effet, ren-
due possible à travers de nombreuses applications.
Que ce soit dans l’industrie chimique à travers la fab-
rication de l’urée ou dans les constructions par sa mi-
néralisation dans le béton, le CO2
prend véritablement
l’image d’une ressource à utiliser et dont les usages
3
Air Separation Unit
4
Integrated Gasification Combined Cycle
5
Procédé inventé en 1923 par les chimistes allemands Fischer et Tropsch qui consiste à synthétiser des hydrocarbures à partir de monoxyde de carbone et d’hydrogène par
le biais d’une réaction de catalyse. Il sert aujourd’hui dans les filières CTL (Coal to Liquids) et GTL (Gas to Liquids).
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Promotion 2015
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Promotion 2015Promotion 2015Articles
doivent être multipliés. Sa valorisation permet en outre
de fabriquer des polymères tels que le polycarbonate
présent dans les verres de lunettes et de l’acide sali-
cylique contenu dans de l’aspirine, comme l’explique
Marc Robert, chercheur au Laboratoire d’électrochimie
moléculairel’UniversitéParis7.Lesautresformesdeval-
orisation issues du monoxyde de carbone sont l’acide
formique et le méthanol. Le premier peut se substituer
à l’hydrogène pour les voitures du futur et le second,
plus difficile à obtenir, est présent dans les peintures
et les vernis mais aussi et surtout dans l’aérospatial
où il sert de carburant pour les fusées. Une filière de
conversion des algues utilise également du CO2
pour
la production d’éthanol, de méthanol et de biodiesel.
La production de ces différents débouchés correspond
à une consommation de 150 millions de tonnes de
CO2
par an, une quantité relativement faible comparée
aux milliards de tonnes des gaz à effet de serre émis
par an. Les chercheurs tentent ainsi de plus en plus de
s’inspirer de la nature en explorant la piste de la fabri-
cation de roches à l’instar des carbonates à partir du
CO2
. Dans le cadre du projet Carmex, le consortium de
chercheurs s’est donné pour objectif de reproduire ar-
tificiellement et d’accélérer la formation des cailloux de
calcite (CaCO3
), de sidérite (FeCO3
) ou de la magnésite
(MgCO3
). Le CO2
serait ainsi stocké sous forme solide
hors de l’atmosphère et son impact en tant que gaz à
effet de serre serait annihilé. L’ambition du projet va
au-delà du fait de garder le CO2
hors de l’atmosphère
car il vise également à valoriser les carbonates qui
pourront être utilisés dans la production de ciment.
5
Procédé inventé en 1923 par les chimistes allemands Fischer et Tropsch qui consiste à synthétiser des hydrocarbures à partir de monoxyde de carbone et d’hydrogène par
le biais d’une réaction de catalyse. Il sert aujourd’hui dans les filières CTL (Coal to Liquids) et GTL (Gas to Liquids).
“Caillou” de carbonate de magnésium produit en laboratoire
Source: F. GUYOT/ Institut de minéralogie, de physique des matériaux et de cosmochimie
Tous ces projets passionnants se heurtent cependant aux problèmes de la consomma-
tion énergétique des procédés de catalyse (pour la synthèse du monoxyde de carbone et
des polymères) et de la nature des éléments catalytiques qui sont pour la plupart des mé-
taux précieux (or, argent, iridium…) auxquels la recherche essaie de trouver des solutions.
Aujourd’hui, même si de plus en plus de projets de CCS voient le jour, le prix de la tonne de CO2
est en-
core trop faible pour contraindre les entreprises à systématiquement envisager le captage. Selon
l’ADEME, en 2013, le coût moyen de la chaîne de captage et de stockage était de 60 € la tonne dont 40
€ pour le captage uniquement. Le développement espéré de la filière ne sera sans doute possible que
dans un contexte politique taxant le CO2
à 80 voire 120 € la tonne et subventionnant largement les pro-
jets de recherche visant à améliorer les rendements et à réduire les coûts des technologies actuelles.
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Promotion 2015Articles
Gildas SIGGINI
Sources :
•	 Industries & Technologies, N°993-994, Décembre 2016
•	 http://encyclopedie-energie.org/articles/captage-et-stockage-du-carbone-carbon-capture-and-storage-%E2%80%93ccs#_ftn12
•	 http://www.afhypac.org/documents/tout-savoir/fiche_3.1.2_captage_et_stockage_co2_rev._nov.2014_pm.pdf
•	 http://www.the-linde-group.com/fr/clean_technology/clean_technology_portfolio/carbon_capture_storage/precombustion_ccs/in-
dex.html
•	 https://lejournal.cnrs.fr/articles/le-co2-une-ressource-a-exploiter
•	 http://hub.globalccsinstitute.com/sites/default/files/publications/201158/global-status-ccs-2016-summary-report.pdf
•	 http://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/fileadmin/documents/Produits_editoriaux/Publications/Datalab/2016/chif-
fres-cles-du-climat-edition2017-2016-12-05-fr.pdf
Centrale thermique du Havre
Source: EDF
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Promotion 2015
INF’OSE Juin-Juillet 2017 n° 124 12
Promotion 2015Promotion 2015Articles
L’avion électrique a-t-il de l’avenir ?
L’exploit du Solar Impulse, avec lequel les suisses Ber-
trand Piccard et André Borschberg ont effectué le
tour du monde à l’aide d’un avion utilisant uniquement
l’énergie solaire, permet d’entrevoir la possibilité d’une
généralisation de l’avion électrique. De nombreux
constructeurs se penchent aujourd’hui sur ce champ
de recherche et s’associent à des start-up pour lancer
des avions hybrides électriques qui offrent des per-
spectives pour un transport aérien propre (du moins si
l’électricité l’est elle-même) : Boeing et JetBlue ont ainsi
investi en avril dans la start-up Zunum Aero. Mais sera-
t-il réellement possible de voler en tout électrique ?
Définition et ordre de grandeur
Un avion électrique est un aéronef qui possède com-
me seul moyen de propulsion des moteurs élec-
triques. Les principaux avions électriques existent
déjà sous la forme de monoplace, dont la fiabilité
est éprouvée. On peut citer, par exemple, le MC15E
Cri-Cri (motorisation par Electravia), premier avi-
on électrique à avoir réussi à traverser la Manche.
MC15E Cri-Cri électrique en test pour la traversée de la manche
Source : blog electravia
Cependant, la densité énergétique massique (et volu-
mique) des batteries est aujourd’hui très inférieure à
celle du kérosène :
- Kérosène : 12 000 Wh/kg avec une énergie volumique
de 9 600 Wh/L.
- Batterie Lithium-ion : 200 Wh/kg avec une énergie
volumique du même ordre (200 Wh/l).
NB : La consommation d’un Airbus A380 est d’environ
2000 litres/100 km.
Les applications sont donc aujourd’hui réduites aux
monoplaces de loisirs ou à l’application des drones.
Enfin, les vitesses obtenues par ces appareils sont 6
à 10 fois inférieures à celles des appareils tradition-
nels, tandis que leur autonomie (entre 50 et 200 km)
ne laisse pour l’instant pas présager d’avenir dans
le transport aérien, sauf saut technologique majeur.
Quid des ailes solaires ?
Solar Impulse a pourtant réussi à effectuer un tour du
monde, soit 20 000 km en seulement 8 arrêts. Cepen-
dant, ce concept de production d’électricité via des
panneaux solaires installés sur les ailes, pour réduire
la dimension des batteries, n’est pas forcément viable.
En effet, avec plus de 17 000 cellules photovoltaïques
soit près de 415 m2
de surface réparties sur 2 ailes de
63m soit une envergure équivalente à celle d’un A340,
Solar Impulse transporte un seul et unique passager.
Il paraît donc inimaginable de créer des appareils 500
fois plus importants pour des vols commerciaux. En-
fin, la vitesse moyenne du Solar Impulse n’était que de
70 km/h contre 900 km/h de moyenne pour l’Airbus.
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INF’OSE Juin-Juillet 2017 n° 124 13
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Le Solar Impulse ayant effectué le tour du monde sans apport énergétique extérieur
Source : http://www.solarimpulse.com/
Vers un changement de Business Model
L’avenir du transport aérien long courrier électrique
est à l’heure actuelle difficile à envisager, du fait de
ces points techniques (dimension, énergie, capacité,..).
Cependant, à l’instar des véhicules électriques d’il y a
quelques années, le transport aérien électrique pour-
rait s’orienter vers les courtes ou très courtes distances.
Rappel du modèle aérien d’aujourd’hui :
Le modèle du transport aérien est depuis le début des
années 1980 aux Etats-Unis et en 1987 en Europe, basé
sur un modèle de lignes déployées sous forme de hub.
Les aéroports d’aujourd’hui peuvent ainsi depuis un
même lieu de départ transporter des passagers dans
différentes zones du monde (voir figure 3). Cette stra-
tégie a été mise en place par les transporteurs aériens
afin de réduire les coûts d’exploitations, ce qui a en-
trainé la suppression des lignes les moins rentables au
profit des autres. Ainsi les hubs connectent aujourd’hui
des pôles très attractifs en délaissant les petites villes.
Le modèle hub du transport aérien
Un modèle complémentaire à celui mis en place ac-
tuellement
Sachant que le coût du carburant est la principale
source de dépense dans l’exploitation des avions, of-
frir un service sur la desserte de villes proches entre
elles pourrait être un marché potentiel pour les avi-
ons électriques. Ce modèle, appelé transport du point
à point, est aujourd’hui très peu rentable pour le trans-
port aérien. C’est sur ce marché que l’entreprise Zunum
Aero souhaite se positionner dans les années à venir.
C’est également sur cette stratégie hybride que se
positionnent aujourd’hui les équipes de recher-
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INF’OSE Juin-Juillet 2017 n° 124 14
Evénement OSEPromotion 2015Promotion 2015Articles
che d’Airbus, après avoir abandonné le tout élec-
trique sur leur projet E-Fan il y a quelques semaines.
Il est donc nécessaire de changer de dimension à
l’heure actuelle pour obtenir des résultats rentables.
Les drones-taxis pour une solution viable du trans-
port aérien électrique
Etant donné que le transport long ou court cour-
rier demande actuellement des quantités énergé-
tiques importantes, le secteur pourrait s’orienter
sur les transports urbains aujourd’hui inexistants.
Le rêve des « voitures-volantes » est plus près qu’il
n’y paraît et commence à prendre forme grâce aux
progrès considérables dans de nombreux secteurs :
- L’allègement des matériaux
- La progression des moteurs électriques puissants et
compacts
- L’amélioration des batteries
- Les systèmes de géolocalisation et de guidage
Ainsi, Airbus développe un hélicoptère électrique
de poche appelé « Vahana » avec des tests program-
més fin 2017 et une commercialisation en 2021.
D’autres entreprises, notamment le groupe des GAFA
(Google Facebook Amazon Apple), planchent sur le
sujet depuis de nombreuses années. Des projets exis-
tent aujourd’hui (Aeromobil, Lilium,..) mais fonction-
nent actuellement grâce à des moteurs thermiques.
Une visualisation du modèle Vahana de Airbus
Source : Airbus
Le projet le plus abouti aujourd’hui est le drone EHang
184 qui pourrait effectuer des essais dans la ville de
Dubaï dès cet été. Ce drone pourrait transporter un seul
passagersurunedistancemaximalede50km.Ilfonction-
nerait grâce à 8 moteurs électriques et serait totalement
autonome, sans aucun instrument de contrôle. Le choix
de la destination pourra être fait à partir du smartphone
4Gdel’utilisateur,connectéautableaudeborddudrone.
Tableau de bord du drone EHang 184
Source : EHang
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Test sur le drone EHang 184
Source : EHang
Ce drone pourrait s’élever jusqu’à 500 mètres
et atteindre des vitesses proches de 100km/h.
Cependant, le chemin est encore long pour le
développement de ces produits. Il existe, en ef-
fet, de nombreuses contraintes empêchant
leur développement dans les pays développés :
- Au niveau de la sécurisation informatique des don-
nées : au vue de l’attaque d’envergure de Wanna-
cry (logiciel malveillant de type ransomware auto-
répliquant, utilisé lors d'une cyberattaque massive
en mai 2017), il est essentiel de s’assurer de la ro-
bustesse des informations traitées par le drone, afin
d’éviter toute déviation de direction non volontaire.
- Au niveau légal : notamment de la part des fédéra-
tions nationales du transport aérien ou des gouverne-
ments (aujourd’hui, les espaces aériens sont contrôlés).
- Au niveau technique : l’autonomie n’est que
de 50km et nécessite encore des tests notam-
ment sur le choix des zones d’atterrissage qui
sont définies aujourd’hui via des capteurs.
Conclusion et Perspectives
Ces différentes données montrent que le transport
aérien moins polluant passera d’abord par la voie
de l’hybridation au vu des contraintes énergétiques
de ce type de transport. Cependant, l’électrification
du transport aérien pourra passer par des modèles
d’exploitation sur de plus courtes distances, voire con-
currencer les transports classiques dans les zones urba-
ines. Ces technologies, encore en cours de développe-
ment, pourraient voir le jour dans les années à venir
si la réglementation, la sécurité ou encore les perfor-
mances énergétiques évoluent de manière positive.
Michael CHAN
Sources :
•	 Electravia, “Le MC15E Cri-Cri de Hugues Duval, le 1er avion électrique ayant traversé la Manche”,Juin 2015, disponible sur :http://
www.blog.electravia.fr/archives/5068 .
•	 Solar Impulse,Fiche technique, disponible sur : http://www.solarimpulse.com/
•	 Science et avenir, “Solar Impulse : l’avion impulse va traverser l’océan Pacifique“, Avril 2016, disponible sur : https://www.sciencese-
tavenir.fr/high-tech/transports/15-avril-2016-l-avion-solar-impulse-reprend-son-tour-du-monde_103797
•	 Wavestone, William Huschard, “Comment l’énergie va bouleverser le business model du court-courrier”, mai 2017, disponible sur :
https://www.energystream-wavestone.com/2017/05/avion-electrique-aerien-zunum/
•	 Le Parisien, “Avions : Airbus abandonne le tout-électrique au profit de l’hybride”, mars 2017, disponible sur : http://www.leparisien.fr/
high-tech/avions-airbus-abandonne-le-tout-electrique-au-profit-de-l-hybride-28-03-2017-6803553.php
•	 Le Figaro, “Airbus fête les 10 ans de l’A380 et envisage de nouveaux développements“, Avril 2015; disponible sur :http://www.lefigaro.
fr/societes/2015/04/27/20005-20150427ARTFIG00007-airbus-fete-les-10-ans-de-l-a380-et-envisage-de-nouveaux-developpements.
php
•	 REE, « Les drones-taxis : le rêve de la voiture volante devient réalité», Numéro 2, 2017
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Evénement OSEPromotion 2015Promotion 2015Articles
Vers une nouvelle révolution numérique
Lorsqu’on contemple l’histoire contemporaine, on
peut s’apercevoir que chaque révolution indus-
trielle fut initiée par une rupture technologique in-
duisant une modification de l’organisation des modes
de production existants. La 1ère révolution industrielle
a été marquée par l’avènement de la machine à va-
peur, la mécanisation et l’utilisation massive du char-
bon. La 2ème révolution a suivi avec la découverte
de l’électricité, la production de masse, le développe-
ment des transports et des moyens de communica-
tion. La 3ème révolution industrielle, initiée au cours
du vingtième siècle, s’est fondée sur l’automatisme,
l’électronique, l’informatique puis l’internet.
Aujourd’hui, la 4ème Révolution Industrielle est
bien présente : elle se distingue par la mise en place
d’usines intelligentes « smart factories », via la nu-
mérisation et la digitalisation des informations échan-
gées entre les produits, les machines et les utilisateurs.
L’industrie 4.0 est un nouveau tournant de l’industrie,
vers la numérisation. Elle introduit un ensemble
de capacités, de technologies, d'approches et de
méthodologies centrées sur le traitement de vol-
umes de données (Big Data), l’informatique déci-
sionnelle (Business Intelligence), les nouvelles in-
terfaces d’interaction homme-machine (Réalité
augmentée) et le transfert des données physiques
vers le monde virtuel (Robotique et Impression 3D).
L’industrie 4.0 est caractérisée par une mise en réseau
verticale des systèmes de production intelligents, par
une intégration horizontale des collaborateurs qui
s'étend, au-delà des fournisseurs, aux clients et à tous
les partenaires clés de la chaîne de valeur, par une in-
génierie intervenant tout au long du cycle de vie du
produit, et enfin par une numérisation des offres de
produits et de services en intégrant des capteurs intel-
ligents et des dispositifs de communication couplés
à des outils intégrés de collecte et d’analyse de don-
nées. Toutefois, ce qui la différencie le plus, c’est son ap-
proche tournée vers le consommateur, selon laquelle
des produits individualisés et personnalisés sont con-
çus, afin de s’adapter aux exigences du client final.
L’environnement de l’industrie 4.0 s’articule autour
de plusieurs notions, notamment l’internet des ob-
jets (Internet of things), l’internet des services (In-
ternet of services) et l’internet des données (Inter-
net of data). Elle se base pour cela sur des systèmes
cyber-physiques de production (CPPS), des réseaux
connectés de machines communicantes liant les TIC
(Technologies de l’information et de la communi-
cation) à des composants mécaniques et électron-
iques. Ces systèmes sont considérés comme l’interface
séparant le monde réel du monde numérique virtuel.
Environnement de l’industrie 4.0
Source : Deloitte, 2015
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INF’OSE Juin-Juillet 2017 n° 124 17
De ce fait, les machines intelligentes partagent continuellement plusieurs informations recensées par des capteurs
intelligents,comme,parexemple,lebesoinderéalimenterlesstocks,lesdéfautsdeproductionetlesarrêtsenclenchés,
leschangementsdanslescommandesoulesniveauxdedemande.Lesprocessusetleséchéancessontcoordonnés
dans le but de stimuler l'efficacité, d'optimiser les délais de production et d’allouer convenablement les ressources.
L’industrie 4.0 se doit de répondre à plusieurs enjeux majeurs de la production : premièrement l’adaptabilité
à la variabilité de la demande et aux tendances d’évolution du marché. Ensuite, le souci de la performance
de la production et l’efficience des processus industriels. Puis, la flexibilité des processus internes face aux
changements s’opérant tout au long du cycle de vie du produit. En outre, la traçabilité logistique et le suivi
qualité du produit et enfin l’organisation du management face à une approche « Demande » orientée client.
Enjeux de l’industrie 4.0
Source : exeisconseil
Pour accompagner cette nouvelle envolée
de l’industrie, les entreprises doivent évalu-
er le potentiel de cette transformation digi-
tale, c’est-à-dire ses opportunités et ses limites.
Selon l'enquête Global Industry 4.0 (PwC, 2015) qui a
concerné plus de 2000 participants issus de 9 secteurs
industriels majeurs de 26 pays, la plupart des diri-
geants reconnaissent que cette transition néces-
sitera l’acquisition de nouvelles compétences liées à
l’automatisation, la programmation et la digitalisation à
travers le recrutement et la formation des employés, ce
qui va avoir un impact sur la structure organisationnelle
des entreprises. D’autres entreprises déclarent qu'elles
n'ontpasl'infrastructureinformatiqueadéquatepourac-
compagner ce changement structurel à grande échelle,
ce qui a pour effet d’accroître le risque cybernétique.
Cependant, les industriels sont conscients de la val-
eur ajoutée apportée par cette révolution numéri-
que ; elle favorise la compétitivité et ralentit la relo-
calisation de la production vers les pays à bas salaires.
Les revenus numériques annuels pourraient augment-
er en moyenne de 2,9% et les coûts seraient réduits
de 3,6%. Cela permettrait de gagner plus de 493 mil-
liards de dollars et d’en économiser 421 milliards
chaque année pendant les cinq prochaines années.
Le concept de l'industrie 4.0 est répandu en Eu-
rope, en particulier dans le secteur manufacturier al-
lemand, mais aussi aux États-Unis et dans le monde
anglophone. Dans le cadre du projet INDUSTRIE 4.0
du pays, l'Allemagne vise à être le principal fournis-
seur de systèmes cyberphysiques d'ici 2020. Dans
ce contexte, l’Académie nationale allemande des
sciences et de l'ingénierie mène des programmes
de recherche sur les CPS (Cyber-physical systems).
De nos jours, l’industrie 4.0 a fortement influencé la
dynamique de plusieurs secteurs dont l’industrie én-
ergétique. Les récentes avancées technologiques dans
la digitalisation et la transition globale vers les éner-
gies renouvelables ont contribué à l’application du
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INF’OSE Juin-Juillet 2017 n° 124 18
Evénement OSEPromotion 2015Promotion 2015Articles
concept d’Industrie 4.0 à l’énergie et à l’émergence
de la notion « Energy 4.0 », particulièrement en Alle-
magne, dans les domaines de la production, du trans-
port, de la distribution, du stockage, de l’optimisation
et du trading, et des services énergétiques.
En conclusion, le déploiement de l’industrie 4.0
est imminente et sera une réalité dans les pro-
chaines années, les industriels doivent donc antici-
per au plus vite ce changement en préparant con-
venablement leur management à relever ce défi.
Adnane BAIZ
Sources :
•	 Deloitte, 2015, Industry 4.0: Challenges and solutions for the digital transformation and use of exponential technologies
•	 Germany Trade & Invest, 2014, Industrie 4.0: Smart Manufacturing for the Future
•	 Global Industry 4.0 Survey, 2016, Industry 4.0: Building the digital enterprise
•	 https://exeisconseil.com/supply-chain/industrie40-la-revolution-de-demain-digital
•	 http://www.entreprises.gouv.fr/semaine-industrie/industrie-fait-revolution-industrie-40
•	 https://home.kpmg.com/xx/en/home/insights/2017/05/industry-4-0-its-all-about-the-people.html
•	 http://www.mckinsey.com/business-functions/operations/our-insights/manufacturings-next-act
Robot main
Source : Infoteam SA - Automation
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Cet été, plongez dans les données avec
l’Open Data
L’Open Data, qu’est-ce que c’est ?
L’Open Data est une pratique d’ouverture et de mise à
disposition de données libres par les institutions pub-
liques et privées. La loi NOTRe du 7 août 2015 et la loi
pour une république numérique sont venues poser un
premier cadre législatif autour de cette démarche. Les
contours de ces législations doivent encore être affinés,
en particulier au niveau des formats de données et des
modèles économiques associés. Elles sont toutefois ap-
plicables par défaut à toutes les administrations d’Etat,
communes de plus de 3500 habitants et certaines in-
stitutions chargées d’une mission de service public.
En complément, plusieurs décrets sont venus encad-
rer la publication de données (consommation, produc-
tion, réseaux…) par les gestionnaires de réseaux de
transport et de distribution d’électricité et de gaz. A ti-
tre d’exemple, l’article 179 de la LTECV1
, mis en œuvre
par le décret n° 2016-973 du 18 juillet 2016 et un arrêté
de la même date, impose la publication des consom-
mations par secteur (agriculture, industrie, tertiaire,
résidentiel et non affecté), à la maille géographique
de l'IRIS2
ou de la commune en fonction des cas.
Publier des données pour quoi faire ?
Au-delà de la réponse à ces obligations réglemen-
taires, la démarche d’ouverture des données s’inscrit
dans une volonté de transparence avec les instances
ministérielles, les collectivités, les clients ainsi que les
parties prenantes. Les GRT3
et GRD4
vont souvent au-
delà des attendus fixés par le ministère de l’énergie
de l’environnement et de la mer et mettent à disposi-
tion des données supplémentaires, tout en veillant à
respecter les aspects de confidentialité : ICS5
et DCP6
.
ICS : une information est dite commercialement sensible
si sa communication pourrait porter atteinte aux règles
de concurrence libre et loyale et de non-discrimination.
Dans le secteur de l’énergie, les données catégorisées
ICS sont relatives aux puissances enregistrées, aux vol-
umes d’énergie produits ou consommés, à la qualité de
l’électricité issue des comptages ou les mesures
physiques effectuées par le distributeur sur les
ouvrages de raccordement, ainsi qu’à toute infor-
mation contractuelle. Ces données peuvent être
toutefois publiées dès lors que le secret statistique
est respecté. D’après l’INSEE, ce critère est validé
pour les données agrégeant plus de trois entre-
prises, et pour lesquelles une seule entreprise ne
représente pas 85% ou plus de la valeur obtenue.
DCP : l’article 2 de la loi « Informatique et lib-
ertés » définit une donnée à caractère person-
nelle comme « [...] toute information relative à
une personne physique identifiée ou qui peut
être identifiée, directement ou indirectement [...]
». Pour publier les données de particuliers, il est
nécessaire qu’elles soitent agrégées pour être se-
crétisées : le critère est que le nombre de points
de livraison de l’agrégat doit être supérieur à 10.
Les nombreux jeux de données mis en ligne
par les transporteurs et distributeurs d’énergie
visent également à stimuler l’innovation pour
mieux accompagner la transition énergétique.
Cette externalité positive mise en avant par les
partisans de l’Open Data, vient du potentiel de
réutilisation et de croisement de ces données.
Elles offrent la possibilité de faire émerger de
nouveaux services et d’aboutir à la création
et au développement de nouvelles sociétés.
Pour citer un exemple, EDF SEI, la direction des Sys-
tèmes Energétiques Insulaires d’EDF, met en ligne
depuis juin 2017 un signal pour une recharge citoy-
enne des véhicules électriques dans les ZNI (Zone
Non Interconnectées). Le mix de production forte-
ment carboné, les coûts de production élevés et la
plusgrandefragilitédesréseauxélectriquesinsulai-
res nécessitent d’accompagner le développement
de la mobilité électrique sur ces territoires. Prenant
en compte un critère environnemental (émissions
CO2
du mix électrique) et système (tensions sur le
réseau électrique), le signal mis à disposition par
1
Loi relative à la Transition Energétique pour une Croissance Verte
2
Ilots Regroupés pour l’Information Statistique
3
Gestionnaires de Réseau de Transport
4
Gestionnaires de Réseau de Distribution
5
Information Commercialement Sensible
6
Donnée à Caractère Personnel
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INF’OSE Juin-Juillet 2017 n° 124 20
l’énergéticien informe en temps réel si le moment est
opportun pour recharger son véhicule électrique. Cette
information, consultable par tous sur la plateforme Open
Data d’EDF SEI et facilement récupérable via une API7
,
peut être lue par les bornes pour adapter la recharge en
conséquence. En fonction de la valeur : favorable ou dé-
favorable, plusieurs solutions s’offrent à eux : modulation
de la puissance de recharge, tarification variable ou en-
core report de la recharge. Des fournisseurs se sont déjà
positionnés sur l’intégration de ce signal à leurs bornes.
7
Application Programming Interface
Signal de recharge de véhicules électriques (1 = favorable / 0 = défavorable)
Source : Open Data EDF SEI
Quel avenir pour l’Open Data ?
	
Les enjeux de l’Open Data sont considérables, pour les
institutions publiques comme pour les acteurs privés.
Les analystes estiment que la réutilisation des données
issues de la démarche Open Data pourrait rapporter plus
de 2 600 milliards de dollars à l’échelle de l’économie
mondiale. De nombreux acteurs de l’énergie (RTE, GRT-
gaz, Enedis, GRDF, Engie, EDF), d’autres secteurs comme
le transport (SNCF, Saemes, RATP), des administrations
publiques (INSEE, AFD, ministères), des collectivités
territoriales (Lille, Rennes, Paris, Issy les Moulineaux,
Roubaix, Poitiers, La Rochelle, Toulouse) ont déjà lancé
leurs initiatives Open Data. Et dans les années à venir,
de nombreux autres acteurs devraient leur emboîter
le pas. Néanmoins, il existe un risque d’une dispersion
des données. Un effort de centralisation et de coordi-
nation des initiatives faciliterait l’accès et la réutilisa-
tion de ces données. Une homogénéisation des formats
ainsi qu’une interopérabilité dans le temps sont égale-
ment des enjeux incontournables pour l’open data.
A l’origine la fragmentation potentielle des données
sur de nombreuses plateformes, et de nombreux for-
mats, posait la question de la coordination entre initia-
tives privées et initiatives publiques. En France, force est
de constater qu’une plateforme Open Data domine le
marché. OpenDataSoft, de la société éponyme, semble
faire l’unanimité auprès des industriels et des collectiv-
ités ayant pris le virage de l’ouverture des données. La
force de cette plateforme est qu’elle permet d’analyser,
croiser et cartographier les jeux de données en ligne
sur un portail, mais aussi de réutiliser directement
des données publiques provenant d’autres portails.
GRT : https://opendata.reseaux-energies.fr
RTE : https://rte-opendata.opendatasoft.com/
Enedis : https://data.enedis.fr
GRTgaz : https://opendata.grtgaz.com
GRDF : https://opendata.grdf.fr
EDF SEI : https://opendata-corse-outremer.edf.fr
Thibaud ROY
Sources :
•	 http://www.enedis.fr/la-confidentialite-des-donnees-gerees-par-erdf
•	 https://lenergeek.com/2017/03/08/open-data-edf-donnees-corse-outre-mer/
•	 http://www.cil.cnrs.fr/CIL/spip.php?rubrique299
•	 https://www.legifrance.gouv.fr/eli/decret/2016/7/18/DEVR1610081D/jo/texte
Rédacteurs en Chefs
Apolline FAURE - Thibaud ROY - Gildas SIGGINI
Maquettiste
Amine EL MOUSSAOUI
Journalistes
Tous les élèves du MS OSE
Rédaction : Contacts :
Contact
infose@mastere-ose.fr
Téléphone
04 97 15 70 73
Mastère Spécialisé OSE
Centre de Mathématiques Appliquées
Mines ParisTech
Rue Claude Daunesse - CS 10207
06 904 SOPHIAANTIPOLIS Cedex
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Remise des diplômes de la promotion 2015 à MINES ParisTech le 30/06/2017
Source : MINES ParisTech

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Infose Juin-Juillet 2017 N°124

  • 1. SOMMAIRE Juin-Juillet 2017 n° 124 Sommaire Chers lectrices et lecteurs de l’Inf’Ose Dans l’édition du mois de Mai, nous vous proposions un article sur le compteur intelligent Linky et les opportu- nités de valorisation des données qu’il collecte. Dans ce numéro, les données sont encore à l’honneur, cette fois à l’échelle des entreprises et de la révolution que leur utilisation implique. Les données open source des grands utilities de l’industrie énergétique promettent pour leur part de stimuler l’innovation et la croissance économique et d’accompagner la transition énergétique. Dans un autre registre, nous nous intéresserons aux énergies renouvelables et à l’environnement. D’abord à trav- ers l’avion électrique qui passe de mythe à réalité suscitant de plus en plus de projets. Nous vous proposons en- suite un regard sur le recyclage des installations photovoltaïques, enjeu qui prend de l’importance du fait de la croissance du secteur, dans la lignée des objectifs de la PPE d’ici 2020. Enfin, nous faisons un point sur le CO2 , à l’heure où la dynamique des projets de CSC semble se lénifier et où de nouvelles voies de valorisation de ce gaz à effet de serre sont explorées par les chercheurs. Bonne lecture! EDITORIAL NF’ SE Les actualités ....... p.2 Recyclage des modules photovoltaïques : où en est- on ? ................................. p.4 Quel avenir pour le CCS dans l’économie actuelle ? ............................................ p.8 L’avion électrique a-t-il de l’avenir ? ......... p.12 Cet été, plongez dans les données avec l’Open Data ......................................................................... p.19 Vers une nouvelle révolution numérique ..... p.16 Le Solar Impulse Source : http://www.solarimpulse.com/
  • 2. Just Another Newsletter Title Actualités INF’OSE Juin-Juillet 2017 n° 124 2 Actualités Congrès Smart Energies Paris 2017 : l’événement in- contournable de l’énergie digitale L’EspaceGrandeArcheàParisaaccueilliles06et07juin derniers l’édition 2017 du salon Smart Energies, le ren- dez-vous incontournable dédié aux technologies et aux solutions intelligentes de l’énergie. Au programme : digi- talisation de l’énergie, smartgrids et infrastructures, ef- ficacité énergétique, smart building ou encore stockage des énergies renouvelables. Chacune des thématiques a disposé de son propre pavillon, où plus de 80 marques exposantes et 140 intervenants sont venus discuter des mutations en cours du paysage énergétique français. L’événement a notamment été marqué par l’organisation des Smart Awards, une compétition qui récompense les projets les plus innovants en matière d’énergie, où les concurrents sélectionnés parmi les dossiers de candidature se sont affrontés lors de battles de deux minutes. Les lauréats sont : - Actility dans la catégorie “Technologie (innovation et R&D)”, pour un projet smart-grid d’effacement de con- sommation électrique à base de batteries. - Sobre dans la catégorie“Consommateurs et usages”, so- lution intégrée de suivi, pilotage et animation des écon- omies d’énergie alliant le digital et le comportemental. - Smile dans la catégorie “Filière française des Smart Energies”, association qui fédère des acteurs publics et privés pour le déploiement d’ici 2020 d’un grand sys- tème énergétique intelligent à l’échelle du grand Ouest. La Corée du Sud engage sa sortie du nucléaire Nous allons entrer dans l’ère post-nucléaire, a déclaré le président Moon Jae-in lors d’une cérémonie mar- quant le premier arrêt définitif d’un réacteur nucléaire dans le pays, le Kori-1, mis en service en avril 1978. Fidèle à ses engagements de campagne, le nouveau président sud-coréen a réitéré sa promesse de renoncer aux nouveaux projets de réacteurs nucléaires en faveur des énergies renouvelables et du gaz naturel liquéfié. Ces annonces ouvrent une période d’incertitudes con- cernant la présence coréenne sur les marchés interna- tionaux liés à l’industrie nucléaire. Le cinquième pro- ducteur mondial Kepco E&C, firme coréenne, avait, en effet, remporté en 2009 un contrat de 20 milliards de dollars pour construire 4 réacteurs aux Emirats arabes unis, dont le premier exemplaire doit entrer en service l’an prochain. Sur le plan national, Kepco a reçu instruc- tion le mois dernier de geler les travaux de conception des deux réacteurs nucléaires APR 1400, déjà en cours de construction sur le site de Shin Hanul sur la côte est. La justice met à l’arrêt la plus grande centrale bio- masse de France C’est un coup dur pour E.ON. Le tribunal adminis- tratif de Marseille a annulé, le jeudi 8 juin 2017, l’autorisation préfectorale d’exploitation de la plus grande centrale biomasse de France, située sur les com- munes de Gardanne et de Meyreuil, dans les Bouch- es-du-Rhône. La justice estime que son exploitant, le groupe allemand Uniper (filiale d’E.ON), n’a pas suf- fisamment évalué son impact sur les forêts du Sud-Est. En effet, l’étude d’impact sur l’environnement menée par Uniper n’a porté que sur un périmètre de trois ki- lomètres autour de l’installation, alors que la centrale prévoit de se fournir en combustible dans des forêts bien plus lointaines, relève le tribunal. L’impact des ro- tations de camions qui alimenteront la centrale ainsi que la pollution atmosphérique n’ont pas été suffisam- ment pris en compte. La décision de justice donne ainsi en partie raison aux opposants au projet, qui remettent en cause le caractère“vert”de l’énergie produite, et con- sidèrent notamment que l’envergure de la centrale peut remettre en cause l’équilibre de la filière bois locale. Berlin rembourse 7 milliards d’euros de taxe sur le combustible nucléaire aux énergéticiens allemands Pour le gouvernement d’Angela Merkel et sa feuille de route en termes de transition énergétique, il s’agit d’un important revers. Après six ans, la justice donne rai- son aux énergéticiens allemands : l’Etat devra leur rem- bourser la somme de 7 milliards d’euros, perçus indû- ment via le biais d’une taxe sur le combustible nucléaire. Saisi par les groupes E.ON, RWE et Vattenfall, le tribunal constitutionnel de Karlsruhe a jugé, mercredi 7 juin, que cette taxe n’avait pas de fondement juridique valable.
  • 3. Just Another Newsletter Title Actualités INF’OSE Juin-Juillet 2017 n° 124 3 Sources : • http://www.latribune.fr/entreprises-finance/la-tribune-de-l-energie-avec-enedis/l-autoconsommation-au-coeur-de-smart-energies- expo-728351.html • https://www.smart-energies-expo.com/smart_awards.html • https://www.lesechos.fr/industrie-services/energie-environnement/030394066152-coree-du-sud-la-sortie-du-nucleaire-porte-un-nou- veau-coup-au-secteur-2095680.php • http://bfmbusiness.bfmtv.com/entreprise/la-coree-du-sud-veut-sortir-du-nucleaire-quel-impact-pour-la-filiere-francaise-1190419.html • http://www.lemonde.fr/economie/article/2017/06/20/la-coree-du-sud-engage-sa-sortie-du-nucleaire_5148045_3234.html • http://bfmbusiness.bfmtv.com/entreprise/la-justice-met-a-l-arret-la-plus-grande-centrale-biomasse-de-france-1181881.html • https://www.lesechos.fr/industrie-services/energie-environnement/030374401125-la-plus-grande-centrale-biomasse-deurope-bloquee- par-la-justice-2092856.php • http://www.lemonde.fr/economie/article/2017/06/08/en-allemagne-les-energeticiens-vont-se-faire-rembourser-7-milliards-d-euros-par- l-etat_5140599_3234.html • http://actualites.reponse-conso.fr/tarifs-reglementes-dedf-pourraient-augmenter-de-17-1er-aout/ Sami GHARDADDOU Décidée en 2010 pour inciter les énergéticiens à limiter leur consommation de combustible nuclé- aire, la mise en place de cette taxe, de 145€ par gramme d’uranium, avait accompagné la déci- sion de tourner définitivement le dos à l’atome à la suite de l’accident nucléaire de Fukushima en 2011. EDF : éventuelle augmentation des prix du TRV au 1er août Mauvaise nouvelle pour près de 27 millions de foy- ers soumis aux tarifs réglementés de vente de l’électricité. La CRE (Commission de Régulation de l’Énergie) pourrait annoncer une augmentation de 1,7% du prix de l’électricité à compter du 1er août 2017. Cette hausse viendrait clôturer un dossier en cours de discussion depuis 2014 et devrait permettre de rattraper le manque à gagner d’EDF sur la période 2012-2013. A cette époque, le gouvernement Ayrault avait décidé de geler le prix de l’électricité pour‘’faire un geste’’envers les ménages, faisant perdre au géant français de l’électricité beaucoup d’argent. EDF a attaqué le gouvernement en 2014 et a obtenu gain de cause auprès de la justice. Une partie de ce rattrapage a déjà été effectuée, mais un reliquat de 190 millions d’euros doit encore être ré- cupéré sur la facture des clients abonnés aux tarifs régle- mentés sur la période considérée. Ainsi, la hausse des tarifs au 1er août varierait entre 1,1 % et 1,7 %, selon que la CRE décidera de rattraper tout ou partie de ce reliquat. Un smartgrid Source : fotolia
  • 4. Recyclage des modules photovoltaïques : où en est-on ? Articles Just Another Newsletter Title INF’OSE Juin-Juillet 2017 n° 124 4 Al’heure de la transition énergétique, une forte pro- gression est observée en continu à l’échelle mon- diale en ce qui concerne la capacité d’installations pho- tovoltaïques raccordées. Plus de 300 GW ont été déjà installés dans le monde, dont un peu plus de 7   GW en France début 2017. Au niveau national, cette dy- namique va délibérément se poursuivre dans le but d’atteindre les objectifs annoncés dans la Program- mation Pluriannuelle de l'Énergie (PPE) à l’horizon 2018 et 2023, ainsi que dans l’ensemble des Sché- mas Régionaux Climat Air Energie (SRCAE) à l’horizon 2020. Pour atteindre les 20 GW attendus en 2023, il faudrait, en effet, installer en moyenne 2 GW par an ! Cependant, à l’instar de tous les autres moyens de pro- duction d’énergie, les installations photovoltaïques possèdent une durée de vie limitée, estimée entre 20 et 30 ans selon les technologies et les conditions de fonctionnement. C’est donc leur cycle de vie global qui est à considérer pour justifier de leur caractère renouvelable. Un certain nombre d’études ont été menées sur le processus de fabrication des différents composants et l’empreinte énergétique et écologique associée. Selon la localisation géographique et donc l’ensoleillement du site, il est ainsi estimé qu’un temps de production d’électricité minimal par installation de 1,5 à 3 ans est nécessaire afin de compenser l’énergie grise requise pour sa fabrication. Toutefois, la fin de vie des installations ne semble pas avoir été analy- sée de façon analogue, et l’après-vie des modules reste encore floue pour beaucoup. Où en est-on rée- llement au sujet du démantèlement de telles instal- lations et du recyclage des différents composants ? Une opération encadrée par la loi La fin de vie des installations photovoltaïques est dé- sormais réglementée et constitue depuis peu une obligation pour les exploitants. La législation euro- péenne s’appuie entre autres sur la directive cadre sur les déchets 2008/98/CE et sur la directive 2002/96/CE, dite DEEE (ou D3E) relative aux déchets d’équipements électriques et électroniques. Cette dernière a imposé dès 2005 le recyclage des onduleurs au niveau euro- péen, qui doit être réalisé aux frais de leur fabricant. C’est désormais également le cas des modules pho- tovoltaïques en Europe, depuis la révision de cette directive 2002/96/CE en 2012. Cette obligation a été transposée dans le droit français en août 2014. Une filière française de collecte et recyclage En parallèle de la mise en place du contexte réglemen- taire sur la gestion des déchets photovoltaïques en fin de vie, l’éco-organisme européen à but non lucratif PV Cycle a été créé en 2007. Cette organisation rassemble les fabricants européens et organise des opérations de collecte depuis 2010. L’antenne française a été mise en place à partir de 2014 à la suite de la transposi- tion de la législation européenne au niveau national. Cycle de vie des modules photovoltaïques Source : Association PV Cycle
  • 5. Just Another Newsletter Title INF’OSE Juin-Juillet 2017 n° 124 5 Articles Il est estimé que 30 000 tonnes de déchets de com- posants en fin de vie seront à traiter d’ici 2025, sans compter les résidus de fabrication que peuvent con- stituer les panneaux jugés non conformes au contrôle qualité ou endommagés. En mars dernier, un contrat de 4 ans a été signé avec Veolia qui se voit ainsi char- gé des opérations de collecte et de recyclage pour le compte de PV Cycle. Bien que la multinationale spé- cialisée en environnement estime qu’une première grosse vague de recyclage ne devrait pas avoir lieu avant 2025 voire 2030, la mise en service d’une usine de traitement à Rousset (Bouches-du-Rhône) a été annon- cée pour la fin de l’année. Avec une capacité de traite- ment de 1 400 tonnes de matières premières, elle sera en mesure de recycler 96% des matériaux composant un panneau photovoltaïque, selon l’association PV Cy- cle France. Tous les panneaux y seront acceptés sans réserve, quelle que soit la technologie ou la marque. Il existe d’ores et déjà des points de collecte gra- tuits répartis sur le Vieux Continent, dont plus de 100 en France. Pour les installations d’une certaine taille (en l’occurrence celles consti- tuées de plus de 40 panneaux), un démantèle- ment et une collecte sur site sont envisageables. Seules quelques opérations de collecte ont été menées jusqu’alors sur le territoire français, la ma- jorité des panneaux en fin de vie se sont retrou- vés au milieu des ordures ménagères ou ont été transportés en Belgique pour être recyclés. Les processus de recyclage Les installations photovoltaïques sont principale- ment composées de modules, d’onduleurs et des divers éléments de raccordement, similaires à ceux de tout circuit électrique classique. Les voies de re- cyclage de ces derniers composants sont donc sup- posées être déjà connues. Plus précisément, un panneau solaire photovoltaïque est constitué d’un cadre en aluminium, de verre, de cellules photovolta- ïques, de plastique ainsi que de connexions en métal (cuivre et/ou argent). Le graphe ci-dessous présente la composition d’un panneau en silicium cristallin. A noter que le verre et l’aluminium constituant le cadre sont recyclables à 100%, la cellule photovolta- ïque est réutilisable jusqu’à quatre fois, et le plastique et les connecteurs sont réutilisables également. Après le démantèlement et la collecte, il s’agit donc tout d’abord de sépar- er ces différents composants afin que chacun puisse suivre un traitement adap- té. Les différents produits récupérés et leurs usages sont présentés dans le graphe suivant. Composition d’un panneau en silicium cristallin Source : Solarpedia
  • 6. Just Another Newsletter Title INF’OSE Juin-Juillet 2017 n° 124 6 Promotion 2015Articles Séparation et traitements des différents matériaux constitutifs des modules photovoltaïques Source : RECORD / ENEA Consulting Le procédé dans le cas de modules à base de silicium commence par un traitement mécanique, qui consiste à séparer cadre métallique, câbles et boîtes de jonction. Suit alors un traitement thermique, qui consiste en une montée en température (entre 400°C et 600°C) du module photovoltaïque afin de séparer les composants à base de silicium des autres com- posants solides (verre et métaux principalement). Enfin, un traitement chimique a lieu sur les cellules séparées et récupérées à la suite du traitement ther- mique : cette étape permet de récupérer le silicium pur. Il s’agit ainsi d’éliminer les différentes couches super- ficielles grâce à des réactions chimiques successives. Le procédé de recyclage des modules photovolta- ïques en couche mince est toutefois légèrement plus long et compliqué : Il nécessite un traitement physique, entre le traitement thermique et le traite- ment chimique, pour séparer le cuivre et le verre. Un procédé humique est à prévoir en plus du procédé à sec commun avec les modules en silicium cristallin. Anoterquelaproblématiquedurecyclagedesterresrares est peu présente dans la filière photovoltaïque car celles- cin’entrentpasdanslacompositiondesmodulesensilici- umcristallin.Sicertainspanneauxdetechnologiecouche mince en contiennent, cela représente une part très faible du marché photovoltaïque global (moins de 5%). Modèles de financement Les premiers coûts de traitement des modules solaires photovoltaïques en fin de vie ont montré que la filière de recyclage est encore non rentable économiquement, malgré les gains liés à la vente des matériaux réutil- isables. Il semble donc évident que des sources de ré- munération annexes sont nécessaires. Ces financements vont être assurés par les différents acteurs de la filière. Le concept de Responsabilité Élargie du Producteur, également connue sous l’expression « pollueur-pay- eur », s’applique pour le recyclage des installations solaires photovoltaïques. Ce sont ainsi les fabricants des panneaux qui doivent prévoir le traitement en fin de vie des modules, de telle sorte qu’aucune charge supplémentaire ne soit imputée au producteur au- delà de l’investissement initial. Pour cela, deux pos- sibilités existent : adhérer à l’association PV Cycle, gérant les services de collecte et de recyclage, en payant une cotisation annuelle proportionnelle au volume des modules photovoltaïques produit, ou provisionner afin de prévoir en amont le traitement en fin de vie de leurs modules dans le cas où les fab- ricants possèdent leur propre unité de recyclage.
  • 7. Just Another Newsletter Title Promotion 2015 INF’OSE Juin-Juillet 2017 n° 124 7 Promotion 2015Articles La filière est financée avec un système d’éco- participation pour chaque équipement mis sur le marché. Celle-ci est répercutée au con- sommateur dans le prix d’achat du produit. Il existe encore peu de retours d’expérience en ce qui concerne les coûts de recyclage. Toutefois, on peut retenir comme ordre de grandeur la garantie finan- cière prévue lors des appels d’offres pour la filière solaire, égale à 30 €/kWc. A noter que ce prix a été prévu pour couvrir à la fois la collecte, le recyclage des composants de l’installation et la remise en état du site. Ce chiffre reste néanmoins un coût prévision- nel, il convient donc de le considérer avec précaution. Le recyclage est aujourd’hui une solution qui répond à l’obligation de traitement des déchets photovolta- ïques mais également un moyen d’éviter d’éventuelles difficultés d’approvisionnement, en silicium purifié notamment. Enfin, la généralisation de cette voie de traitement constitue une réponse, sous forme de dé- monstration, au scepticisme de certains acteurs sur le caractère renouvelable de l’énergie photovoltaïque. Le recyclage est une préoccupation au cœur de l’ensemble des filières d’énergies renouvelables, à l’heure où des analyses de cycle de vie des installa- tions sont menées de façon de plus en plus systéma- tique. C’est ainsi également le cas de la filière éolienne, où quasiment 90% des composants sont d’ores et déjà recyclés mais où certains matériaux, tels que les com- posites, ne peuvent encore qu’être incinérés à ce jour. Cécilia REILHAN Sources : • http://www.leparisien.fr/environnement/energies/energie-solaire-une-usine-francaise-va-recycler-les-panneaux-photovoltai- ques-20-03-2017-6777714.php • http://www.record-net.org/storage/etudes/11-0912-1A/rapport/Rapport_record11-0912_1A.pdf • http://www.photovoltaique.info/Gestion-et-valorisation-des.html#Contexterglementaire • http://www.rte-france.com/sites/default/files/panorama_enr20170522.pdf • http://www.iea-pvps.org/index.php?id=266 • http://www.usinenouvelle.com/article/ces-technos-vertes-difficiles-a-recycler.N138028 Modules photovoltaïques Source : SMA France
  • 8. Just Another Newsletter Title Promotion 2015 INF’OSE Juin-Juillet 2017 n° 124 8 Promotion 2015Articles Quel avenir pour le CCS dans l’économie actuelle ? Systématiquement intégré dans les scénarii de pro- spective comme un levier majeur de la réduction des gaz à effet de serre, la capture et le stockage du carbone (CSC) peine cependant à se développer. D’après le rap- port 2016 du Global CCS1 Institute, le besoin en capac- ité de capture et de stockage de CO2 identifié par l’AIE dans le cadre du scénario 2DS2 s’élève à 4000 millions de tonnes par an en 2040. Malgré l’embellie observée depuis 2012, la capacité totale de capture des sites en exploitation et en construction représentera seulement 40 millions de tonnes par an fin 2017. Le chemin paraît donc bien long pour cette technologie qui est censée as- surer 14% de réduction des émissions de CO2 d’ici 2050. Réduction cumulée des émissions de CO2 par secteur et par technologie dans le scénario 2DS pour 2050 Source : AIE, Energy Technology Perspectives 2015 Le captage et le stockage du carbone fait référence aux trois familles de technologies successives que sont le captage, le transport et enfin stockage géologique du CO2 . S’il a été mis en œuvre aux Etats-Unis dès les an- nées 1930 dans l’industrie agroalimentaire notamment puis dans l’industrie pétrolière, en Europe, les technolo- gies de CSC ne se sont développées qu’au début des an- nées 1990. En 1991, face au prix fixé de la tonne de CO2 par le gouvernement norvégien, Statoil et ExxonMobil E&P Norway décident de capter les 9% de CO2 du gaz naturel extrait du gisement offshore de Sleipner. Ainsi depuis 1996, 1Mt de CO2 par an sont captés et stockés à 800 mètres de profondeur dans le gisement Utsira. Depuis, de nombreux projets industriels de captage de CO2 ont vu le jour majoritairement dans les industries où la production/séparation du gaz carbonique est inhér- ente au process (traitement du gaz naturel, production de fertilisants…) et dans les industries où les procédés génèrent de forte concentration de CO2 dans les fu- mées (production d’hydrogène dans les raffineries de pétrole). Elle peine par contre à se développer dans les secteurs tels que la cimenterie, l’aciérie et la papeterie pourtant fortement émetteurs de CO2 . Trois technolo- gies de captage existent aujourd’hui dans l’industrie et dans la production d’électricité et permettent de récu- pérer au moins 90% du CO2 présent dans les fumées. 1 Carbon Capture and Storage 2 Scénario principal de l’AIE qui définit l’évolution des technologies nécessaire pour avoir au moins 50% de chances de limiter l’augmentation de la température moyenne du globe à 2°C. Origines des émissions de CO2 dues à la combustion d’énergie en 2013 Source : SOeS, Chiffres clés du climat 2016
  • 9. Just Another Newsletter Title INF’OSE Juin-Juillet 2017 n° 124 9 Promotion 2015Articles Les technologies de captage du CO2 La première technologie est celle dite de post-com- bustion. Cette technologie utilise des composés orga- niques, principalement des amines, pour récupérer le CO2 . Par réaction avec le CO2 , les amines forment des carbamates, lesquels se décomposent à 110-130°C. Le principal avantage de cette méthode réside dans le fait qu’elle permet de traiter des débits de CO2 pou- vant aller jusqu’à 1 million de m3 /h. La simplicité de sa mise en œuvre est également plébiscitée mais cette technologie a un énorme impact sur le rendement énergétique du process auquel il est appliqué. En ef- fet, la désulfuration poussée et le séchage du CO2 , le refroidissement des fumées indispensables pour fa- ciliter l’action des amines et éviter la formation de produits corrosifs sont consommateurs d’énergie. L’utilisation de la post-combustion a donc tendance à réduire le rendement énergétique initial et à engen- drer également des surcoûts. Dans le cas des central- es modernes de production d’électricité, sa mise en place engendre un surcoût d’au moins 40% et la pro- duction d’électricité peut être diminuée de 25 à 30%. Aujourd’hui, les travaux de recherche sur la post-com- bustion portent sur le développement de nouvelles technologies (membranes, cryo-condensation), de nouveaux composés aminés et une gestion plus effi- cace des flux, expérimentés à l’aide de projets pilotes. L’oxy-combustion, dont le but est d’obtenir en sor- tie un CO2 pur et le plus concentré possible, mise sur une unité de séparation d’air installée en amont de la phase de combustion. Son but est d’isoler l’oxygène de l’air pour brûler directement le combustible. Ce procédé permet de limiter l’intensité du traitement des fumées mais le problème n’est que reporté car l’ASU3 utilise une importante quantité d’énergie pour son fonctionnement. Dans les usines de production d’électricité, il arrive qu’on perde jusqu’à 18% de la production. Aujourd’hui, dans le secteur de l’industrie, des technologies de préchauffage de l’oxygène ou de gaz naturel comme HeatOx d’Air Liquide permettent tout de même d’améliorer les rendements d’environ 10% et de réduire la consommation de combustible. La dernière voie de captage du CO2 est la précombus- tion. Cette dernière technologie convient particulière- ment pour les cycles combinés gaz-vapeur associés avec le processus de gazéification. Dans ces IGCC4 , le combustible est d’abord gazéifié pour produire un mélange de monoxyde de carbone et de dihydrogène. En faisant ensuite réagir le monoxyde de carbone avec de la vapeur d’eau, on obtient du CO2 très pur et du dihydrogène. Le CO2 obtenu est alors désulfurisé puis compressé ou liquéfié, avant d’être pré-stocké afin de faciliter son transport. Le dihydrogène est quant à lui brûlé dans une turbine à gaz et la chaleur résidu- elle sert à alimenter une turbine à vapeur permettant d’obtenir des rendements de cycle combiné pouvant atteindre 60%. En dehors de ce rendement énergé- tique déjà élevé, les avantages de l’IGCC sont multi- ples. Le gaz de synthèse obtenu peut notamment être utilisé pour la fabrication de composants chimiques ou de carburants à l'aide des procédés Fischer Tropschs5 . Tous ces procédés avancés permettent d'isoler effi- cacement le CO2 , destiné à être transporté puis stocké géologiquement. Cette dernière étape est la plus déli- cate car il s’agit de stocker pendant plusieurs centaines d’années de grandes quantités de gaz dans des réser- voirs souterrains tout en minimisant au maximum les risques de fuite. Aujourd’hui, trois principaux types de réservoirs sont explorés : les réservoirs naturels, vidés des hydrocarbures qu’ils contenaient, dont le potentiel global est estimé à 930 Gt, les aquifères salins profonds, roches poreuses ou perméables saturées d’eau, d’un potentiel total de 40 à 10000 Gt et enfin les veines de charbon non exploitées qui, grâce à la houille, peuvent retenir des quantités substantielles de CO2 . Leur poten- tiel est plus faible et s’évalue à 40 Gt. L’industrie pétro- lière américaine est à la pointe dans l’injection souter- raine de CO2 qui lui permet de faire de la récupération assistée (secondaire ou tertiaire) de pétrole ou de gaz et de récupérer jusqu’au tiers de la réserve totale du puits. La valorisation comme solution Cependant,dansuneéconomiemondialedénuéed’une vraie fiscalité du CO2 , où les processus s’améliorent afin de multiplier les usages d'une même ressource ainsi que de ses effluents et où les technologies de valorisa- tion du CO2 existent, le stockage du CO2 peut paraître antinomique. La valorisation du CO2 est, en effet, ren- due possible à travers de nombreuses applications. Que ce soit dans l’industrie chimique à travers la fab- rication de l’urée ou dans les constructions par sa mi- néralisation dans le béton, le CO2 prend véritablement l’image d’une ressource à utiliser et dont les usages 3 Air Separation Unit 4 Integrated Gasification Combined Cycle 5 Procédé inventé en 1923 par les chimistes allemands Fischer et Tropsch qui consiste à synthétiser des hydrocarbures à partir de monoxyde de carbone et d’hydrogène par le biais d’une réaction de catalyse. Il sert aujourd’hui dans les filières CTL (Coal to Liquids) et GTL (Gas to Liquids).
  • 10. Just Another Newsletter Title Promotion 2015 INF’OSE Juin-Juillet 2017 n° 124 10 Promotion 2015Promotion 2015Articles doivent être multipliés. Sa valorisation permet en outre de fabriquer des polymères tels que le polycarbonate présent dans les verres de lunettes et de l’acide sali- cylique contenu dans de l’aspirine, comme l’explique Marc Robert, chercheur au Laboratoire d’électrochimie moléculairel’UniversitéParis7.Lesautresformesdeval- orisation issues du monoxyde de carbone sont l’acide formique et le méthanol. Le premier peut se substituer à l’hydrogène pour les voitures du futur et le second, plus difficile à obtenir, est présent dans les peintures et les vernis mais aussi et surtout dans l’aérospatial où il sert de carburant pour les fusées. Une filière de conversion des algues utilise également du CO2 pour la production d’éthanol, de méthanol et de biodiesel. La production de ces différents débouchés correspond à une consommation de 150 millions de tonnes de CO2 par an, une quantité relativement faible comparée aux milliards de tonnes des gaz à effet de serre émis par an. Les chercheurs tentent ainsi de plus en plus de s’inspirer de la nature en explorant la piste de la fabri- cation de roches à l’instar des carbonates à partir du CO2 . Dans le cadre du projet Carmex, le consortium de chercheurs s’est donné pour objectif de reproduire ar- tificiellement et d’accélérer la formation des cailloux de calcite (CaCO3 ), de sidérite (FeCO3 ) ou de la magnésite (MgCO3 ). Le CO2 serait ainsi stocké sous forme solide hors de l’atmosphère et son impact en tant que gaz à effet de serre serait annihilé. L’ambition du projet va au-delà du fait de garder le CO2 hors de l’atmosphère car il vise également à valoriser les carbonates qui pourront être utilisés dans la production de ciment. 5 Procédé inventé en 1923 par les chimistes allemands Fischer et Tropsch qui consiste à synthétiser des hydrocarbures à partir de monoxyde de carbone et d’hydrogène par le biais d’une réaction de catalyse. Il sert aujourd’hui dans les filières CTL (Coal to Liquids) et GTL (Gas to Liquids). “Caillou” de carbonate de magnésium produit en laboratoire Source: F. GUYOT/ Institut de minéralogie, de physique des matériaux et de cosmochimie Tous ces projets passionnants se heurtent cependant aux problèmes de la consomma- tion énergétique des procédés de catalyse (pour la synthèse du monoxyde de carbone et des polymères) et de la nature des éléments catalytiques qui sont pour la plupart des mé- taux précieux (or, argent, iridium…) auxquels la recherche essaie de trouver des solutions. Aujourd’hui, même si de plus en plus de projets de CCS voient le jour, le prix de la tonne de CO2 est en- core trop faible pour contraindre les entreprises à systématiquement envisager le captage. Selon l’ADEME, en 2013, le coût moyen de la chaîne de captage et de stockage était de 60 € la tonne dont 40 € pour le captage uniquement. Le développement espéré de la filière ne sera sans doute possible que dans un contexte politique taxant le CO2 à 80 voire 120 € la tonne et subventionnant largement les pro- jets de recherche visant à améliorer les rendements et à réduire les coûts des technologies actuelles.
  • 11. Just Another Newsletter Title INF’OSE Juin-Juillet 2017 n° 124 11 Promotion 2015Articles Gildas SIGGINI Sources : • Industries & Technologies, N°993-994, Décembre 2016 • http://encyclopedie-energie.org/articles/captage-et-stockage-du-carbone-carbon-capture-and-storage-%E2%80%93ccs#_ftn12 • http://www.afhypac.org/documents/tout-savoir/fiche_3.1.2_captage_et_stockage_co2_rev._nov.2014_pm.pdf • http://www.the-linde-group.com/fr/clean_technology/clean_technology_portfolio/carbon_capture_storage/precombustion_ccs/in- dex.html • https://lejournal.cnrs.fr/articles/le-co2-une-ressource-a-exploiter • http://hub.globalccsinstitute.com/sites/default/files/publications/201158/global-status-ccs-2016-summary-report.pdf • http://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/fileadmin/documents/Produits_editoriaux/Publications/Datalab/2016/chif- fres-cles-du-climat-edition2017-2016-12-05-fr.pdf Centrale thermique du Havre Source: EDF
  • 12. Just Another Newsletter Title Promotion 2015 INF’OSE Juin-Juillet 2017 n° 124 12 Promotion 2015Promotion 2015Articles L’avion électrique a-t-il de l’avenir ? L’exploit du Solar Impulse, avec lequel les suisses Ber- trand Piccard et André Borschberg ont effectué le tour du monde à l’aide d’un avion utilisant uniquement l’énergie solaire, permet d’entrevoir la possibilité d’une généralisation de l’avion électrique. De nombreux constructeurs se penchent aujourd’hui sur ce champ de recherche et s’associent à des start-up pour lancer des avions hybrides électriques qui offrent des per- spectives pour un transport aérien propre (du moins si l’électricité l’est elle-même) : Boeing et JetBlue ont ainsi investi en avril dans la start-up Zunum Aero. Mais sera- t-il réellement possible de voler en tout électrique ? Définition et ordre de grandeur Un avion électrique est un aéronef qui possède com- me seul moyen de propulsion des moteurs élec- triques. Les principaux avions électriques existent déjà sous la forme de monoplace, dont la fiabilité est éprouvée. On peut citer, par exemple, le MC15E Cri-Cri (motorisation par Electravia), premier avi- on électrique à avoir réussi à traverser la Manche. MC15E Cri-Cri électrique en test pour la traversée de la manche Source : blog electravia Cependant, la densité énergétique massique (et volu- mique) des batteries est aujourd’hui très inférieure à celle du kérosène : - Kérosène : 12 000 Wh/kg avec une énergie volumique de 9 600 Wh/L. - Batterie Lithium-ion : 200 Wh/kg avec une énergie volumique du même ordre (200 Wh/l). NB : La consommation d’un Airbus A380 est d’environ 2000 litres/100 km. Les applications sont donc aujourd’hui réduites aux monoplaces de loisirs ou à l’application des drones. Enfin, les vitesses obtenues par ces appareils sont 6 à 10 fois inférieures à celles des appareils tradition- nels, tandis que leur autonomie (entre 50 et 200 km) ne laisse pour l’instant pas présager d’avenir dans le transport aérien, sauf saut technologique majeur. Quid des ailes solaires ? Solar Impulse a pourtant réussi à effectuer un tour du monde, soit 20 000 km en seulement 8 arrêts. Cepen- dant, ce concept de production d’électricité via des panneaux solaires installés sur les ailes, pour réduire la dimension des batteries, n’est pas forcément viable. En effet, avec plus de 17 000 cellules photovoltaïques soit près de 415 m2 de surface réparties sur 2 ailes de 63m soit une envergure équivalente à celle d’un A340, Solar Impulse transporte un seul et unique passager. Il paraît donc inimaginable de créer des appareils 500 fois plus importants pour des vols commerciaux. En- fin, la vitesse moyenne du Solar Impulse n’était que de 70 km/h contre 900 km/h de moyenne pour l’Airbus.
  • 13. Just Another Newsletter Title INF’OSE Juin-Juillet 2017 n° 124 13 Promotion 2015Articles Le Solar Impulse ayant effectué le tour du monde sans apport énergétique extérieur Source : http://www.solarimpulse.com/ Vers un changement de Business Model L’avenir du transport aérien long courrier électrique est à l’heure actuelle difficile à envisager, du fait de ces points techniques (dimension, énergie, capacité,..). Cependant, à l’instar des véhicules électriques d’il y a quelques années, le transport aérien électrique pour- rait s’orienter vers les courtes ou très courtes distances. Rappel du modèle aérien d’aujourd’hui : Le modèle du transport aérien est depuis le début des années 1980 aux Etats-Unis et en 1987 en Europe, basé sur un modèle de lignes déployées sous forme de hub. Les aéroports d’aujourd’hui peuvent ainsi depuis un même lieu de départ transporter des passagers dans différentes zones du monde (voir figure 3). Cette stra- tégie a été mise en place par les transporteurs aériens afin de réduire les coûts d’exploitations, ce qui a en- trainé la suppression des lignes les moins rentables au profit des autres. Ainsi les hubs connectent aujourd’hui des pôles très attractifs en délaissant les petites villes. Le modèle hub du transport aérien Un modèle complémentaire à celui mis en place ac- tuellement Sachant que le coût du carburant est la principale source de dépense dans l’exploitation des avions, of- frir un service sur la desserte de villes proches entre elles pourrait être un marché potentiel pour les avi- ons électriques. Ce modèle, appelé transport du point à point, est aujourd’hui très peu rentable pour le trans- port aérien. C’est sur ce marché que l’entreprise Zunum Aero souhaite se positionner dans les années à venir. C’est également sur cette stratégie hybride que se positionnent aujourd’hui les équipes de recher-
  • 14. Just Another Newsletter Title INF’OSE Juin-Juillet 2017 n° 124 14 Evénement OSEPromotion 2015Promotion 2015Articles che d’Airbus, après avoir abandonné le tout élec- trique sur leur projet E-Fan il y a quelques semaines. Il est donc nécessaire de changer de dimension à l’heure actuelle pour obtenir des résultats rentables. Les drones-taxis pour une solution viable du trans- port aérien électrique Etant donné que le transport long ou court cour- rier demande actuellement des quantités énergé- tiques importantes, le secteur pourrait s’orienter sur les transports urbains aujourd’hui inexistants. Le rêve des « voitures-volantes » est plus près qu’il n’y paraît et commence à prendre forme grâce aux progrès considérables dans de nombreux secteurs : - L’allègement des matériaux - La progression des moteurs électriques puissants et compacts - L’amélioration des batteries - Les systèmes de géolocalisation et de guidage Ainsi, Airbus développe un hélicoptère électrique de poche appelé « Vahana » avec des tests program- més fin 2017 et une commercialisation en 2021. D’autres entreprises, notamment le groupe des GAFA (Google Facebook Amazon Apple), planchent sur le sujet depuis de nombreuses années. Des projets exis- tent aujourd’hui (Aeromobil, Lilium,..) mais fonction- nent actuellement grâce à des moteurs thermiques. Une visualisation du modèle Vahana de Airbus Source : Airbus Le projet le plus abouti aujourd’hui est le drone EHang 184 qui pourrait effectuer des essais dans la ville de Dubaï dès cet été. Ce drone pourrait transporter un seul passagersurunedistancemaximalede50km.Ilfonction- nerait grâce à 8 moteurs électriques et serait totalement autonome, sans aucun instrument de contrôle. Le choix de la destination pourra être fait à partir du smartphone 4Gdel’utilisateur,connectéautableaudeborddudrone. Tableau de bord du drone EHang 184 Source : EHang
  • 15. Just Another Newsletter Title INF’OSE Juin-Juillet 2017 n° 124 15 Evénement OSEPromotion 2015Promotion 2015Articles Test sur le drone EHang 184 Source : EHang Ce drone pourrait s’élever jusqu’à 500 mètres et atteindre des vitesses proches de 100km/h. Cependant, le chemin est encore long pour le développement de ces produits. Il existe, en ef- fet, de nombreuses contraintes empêchant leur développement dans les pays développés : - Au niveau de la sécurisation informatique des don- nées : au vue de l’attaque d’envergure de Wanna- cry (logiciel malveillant de type ransomware auto- répliquant, utilisé lors d'une cyberattaque massive en mai 2017), il est essentiel de s’assurer de la ro- bustesse des informations traitées par le drone, afin d’éviter toute déviation de direction non volontaire. - Au niveau légal : notamment de la part des fédéra- tions nationales du transport aérien ou des gouverne- ments (aujourd’hui, les espaces aériens sont contrôlés). - Au niveau technique : l’autonomie n’est que de 50km et nécessite encore des tests notam- ment sur le choix des zones d’atterrissage qui sont définies aujourd’hui via des capteurs. Conclusion et Perspectives Ces différentes données montrent que le transport aérien moins polluant passera d’abord par la voie de l’hybridation au vu des contraintes énergétiques de ce type de transport. Cependant, l’électrification du transport aérien pourra passer par des modèles d’exploitation sur de plus courtes distances, voire con- currencer les transports classiques dans les zones urba- ines. Ces technologies, encore en cours de développe- ment, pourraient voir le jour dans les années à venir si la réglementation, la sécurité ou encore les perfor- mances énergétiques évoluent de manière positive. Michael CHAN Sources : • Electravia, “Le MC15E Cri-Cri de Hugues Duval, le 1er avion électrique ayant traversé la Manche”,Juin 2015, disponible sur :http:// www.blog.electravia.fr/archives/5068 . • Solar Impulse,Fiche technique, disponible sur : http://www.solarimpulse.com/ • Science et avenir, “Solar Impulse : l’avion impulse va traverser l’océan Pacifique“, Avril 2016, disponible sur : https://www.sciencese- tavenir.fr/high-tech/transports/15-avril-2016-l-avion-solar-impulse-reprend-son-tour-du-monde_103797 • Wavestone, William Huschard, “Comment l’énergie va bouleverser le business model du court-courrier”, mai 2017, disponible sur : https://www.energystream-wavestone.com/2017/05/avion-electrique-aerien-zunum/ • Le Parisien, “Avions : Airbus abandonne le tout-électrique au profit de l’hybride”, mars 2017, disponible sur : http://www.leparisien.fr/ high-tech/avions-airbus-abandonne-le-tout-electrique-au-profit-de-l-hybride-28-03-2017-6803553.php • Le Figaro, “Airbus fête les 10 ans de l’A380 et envisage de nouveaux développements“, Avril 2015; disponible sur :http://www.lefigaro. fr/societes/2015/04/27/20005-20150427ARTFIG00007-airbus-fete-les-10-ans-de-l-a380-et-envisage-de-nouveaux-developpements. php • REE, « Les drones-taxis : le rêve de la voiture volante devient réalité», Numéro 2, 2017
  • 16. Just Another Newsletter Title INF’OSE Juin-Juillet 2017 n° 124 16 Evénement OSEPromotion 2015Promotion 2015Articles Vers une nouvelle révolution numérique Lorsqu’on contemple l’histoire contemporaine, on peut s’apercevoir que chaque révolution indus- trielle fut initiée par une rupture technologique in- duisant une modification de l’organisation des modes de production existants. La 1ère révolution industrielle a été marquée par l’avènement de la machine à va- peur, la mécanisation et l’utilisation massive du char- bon. La 2ème révolution a suivi avec la découverte de l’électricité, la production de masse, le développe- ment des transports et des moyens de communica- tion. La 3ème révolution industrielle, initiée au cours du vingtième siècle, s’est fondée sur l’automatisme, l’électronique, l’informatique puis l’internet. Aujourd’hui, la 4ème Révolution Industrielle est bien présente : elle se distingue par la mise en place d’usines intelligentes « smart factories », via la nu- mérisation et la digitalisation des informations échan- gées entre les produits, les machines et les utilisateurs. L’industrie 4.0 est un nouveau tournant de l’industrie, vers la numérisation. Elle introduit un ensemble de capacités, de technologies, d'approches et de méthodologies centrées sur le traitement de vol- umes de données (Big Data), l’informatique déci- sionnelle (Business Intelligence), les nouvelles in- terfaces d’interaction homme-machine (Réalité augmentée) et le transfert des données physiques vers le monde virtuel (Robotique et Impression 3D). L’industrie 4.0 est caractérisée par une mise en réseau verticale des systèmes de production intelligents, par une intégration horizontale des collaborateurs qui s'étend, au-delà des fournisseurs, aux clients et à tous les partenaires clés de la chaîne de valeur, par une in- génierie intervenant tout au long du cycle de vie du produit, et enfin par une numérisation des offres de produits et de services en intégrant des capteurs intel- ligents et des dispositifs de communication couplés à des outils intégrés de collecte et d’analyse de don- nées. Toutefois, ce qui la différencie le plus, c’est son ap- proche tournée vers le consommateur, selon laquelle des produits individualisés et personnalisés sont con- çus, afin de s’adapter aux exigences du client final. L’environnement de l’industrie 4.0 s’articule autour de plusieurs notions, notamment l’internet des ob- jets (Internet of things), l’internet des services (In- ternet of services) et l’internet des données (Inter- net of data). Elle se base pour cela sur des systèmes cyber-physiques de production (CPPS), des réseaux connectés de machines communicantes liant les TIC (Technologies de l’information et de la communi- cation) à des composants mécaniques et électron- iques. Ces systèmes sont considérés comme l’interface séparant le monde réel du monde numérique virtuel. Environnement de l’industrie 4.0 Source : Deloitte, 2015
  • 17. Just Another Newsletter Title Article INF’OSE Juin-Juillet 2017 n° 124 17 De ce fait, les machines intelligentes partagent continuellement plusieurs informations recensées par des capteurs intelligents,comme,parexemple,lebesoinderéalimenterlesstocks,lesdéfautsdeproductionetlesarrêtsenclenchés, leschangementsdanslescommandesoulesniveauxdedemande.Lesprocessusetleséchéancessontcoordonnés dans le but de stimuler l'efficacité, d'optimiser les délais de production et d’allouer convenablement les ressources. L’industrie 4.0 se doit de répondre à plusieurs enjeux majeurs de la production : premièrement l’adaptabilité à la variabilité de la demande et aux tendances d’évolution du marché. Ensuite, le souci de la performance de la production et l’efficience des processus industriels. Puis, la flexibilité des processus internes face aux changements s’opérant tout au long du cycle de vie du produit. En outre, la traçabilité logistique et le suivi qualité du produit et enfin l’organisation du management face à une approche « Demande » orientée client. Enjeux de l’industrie 4.0 Source : exeisconseil Pour accompagner cette nouvelle envolée de l’industrie, les entreprises doivent évalu- er le potentiel de cette transformation digi- tale, c’est-à-dire ses opportunités et ses limites. Selon l'enquête Global Industry 4.0 (PwC, 2015) qui a concerné plus de 2000 participants issus de 9 secteurs industriels majeurs de 26 pays, la plupart des diri- geants reconnaissent que cette transition néces- sitera l’acquisition de nouvelles compétences liées à l’automatisation, la programmation et la digitalisation à travers le recrutement et la formation des employés, ce qui va avoir un impact sur la structure organisationnelle des entreprises. D’autres entreprises déclarent qu'elles n'ontpasl'infrastructureinformatiqueadéquatepourac- compagner ce changement structurel à grande échelle, ce qui a pour effet d’accroître le risque cybernétique. Cependant, les industriels sont conscients de la val- eur ajoutée apportée par cette révolution numéri- que ; elle favorise la compétitivité et ralentit la relo- calisation de la production vers les pays à bas salaires. Les revenus numériques annuels pourraient augment- er en moyenne de 2,9% et les coûts seraient réduits de 3,6%. Cela permettrait de gagner plus de 493 mil- liards de dollars et d’en économiser 421 milliards chaque année pendant les cinq prochaines années. Le concept de l'industrie 4.0 est répandu en Eu- rope, en particulier dans le secteur manufacturier al- lemand, mais aussi aux États-Unis et dans le monde anglophone. Dans le cadre du projet INDUSTRIE 4.0 du pays, l'Allemagne vise à être le principal fournis- seur de systèmes cyberphysiques d'ici 2020. Dans ce contexte, l’Académie nationale allemande des sciences et de l'ingénierie mène des programmes de recherche sur les CPS (Cyber-physical systems). De nos jours, l’industrie 4.0 a fortement influencé la dynamique de plusieurs secteurs dont l’industrie én- ergétique. Les récentes avancées technologiques dans la digitalisation et la transition globale vers les éner- gies renouvelables ont contribué à l’application du
  • 18. Just Another Newsletter Title INF’OSE Juin-Juillet 2017 n° 124 18 Evénement OSEPromotion 2015Promotion 2015Articles concept d’Industrie 4.0 à l’énergie et à l’émergence de la notion « Energy 4.0 », particulièrement en Alle- magne, dans les domaines de la production, du trans- port, de la distribution, du stockage, de l’optimisation et du trading, et des services énergétiques. En conclusion, le déploiement de l’industrie 4.0 est imminente et sera une réalité dans les pro- chaines années, les industriels doivent donc antici- per au plus vite ce changement en préparant con- venablement leur management à relever ce défi. Adnane BAIZ Sources : • Deloitte, 2015, Industry 4.0: Challenges and solutions for the digital transformation and use of exponential technologies • Germany Trade & Invest, 2014, Industrie 4.0: Smart Manufacturing for the Future • Global Industry 4.0 Survey, 2016, Industry 4.0: Building the digital enterprise • https://exeisconseil.com/supply-chain/industrie40-la-revolution-de-demain-digital • http://www.entreprises.gouv.fr/semaine-industrie/industrie-fait-revolution-industrie-40 • https://home.kpmg.com/xx/en/home/insights/2017/05/industry-4-0-its-all-about-the-people.html • http://www.mckinsey.com/business-functions/operations/our-insights/manufacturings-next-act Robot main Source : Infoteam SA - Automation
  • 19. Just Another Newsletter Title Article INF’OSE Juin-Juillet 2017 n° 124 19 Cet été, plongez dans les données avec l’Open Data L’Open Data, qu’est-ce que c’est ? L’Open Data est une pratique d’ouverture et de mise à disposition de données libres par les institutions pub- liques et privées. La loi NOTRe du 7 août 2015 et la loi pour une république numérique sont venues poser un premier cadre législatif autour de cette démarche. Les contours de ces législations doivent encore être affinés, en particulier au niveau des formats de données et des modèles économiques associés. Elles sont toutefois ap- plicables par défaut à toutes les administrations d’Etat, communes de plus de 3500 habitants et certaines in- stitutions chargées d’une mission de service public. En complément, plusieurs décrets sont venus encad- rer la publication de données (consommation, produc- tion, réseaux…) par les gestionnaires de réseaux de transport et de distribution d’électricité et de gaz. A ti- tre d’exemple, l’article 179 de la LTECV1 , mis en œuvre par le décret n° 2016-973 du 18 juillet 2016 et un arrêté de la même date, impose la publication des consom- mations par secteur (agriculture, industrie, tertiaire, résidentiel et non affecté), à la maille géographique de l'IRIS2 ou de la commune en fonction des cas. Publier des données pour quoi faire ? Au-delà de la réponse à ces obligations réglemen- taires, la démarche d’ouverture des données s’inscrit dans une volonté de transparence avec les instances ministérielles, les collectivités, les clients ainsi que les parties prenantes. Les GRT3 et GRD4 vont souvent au- delà des attendus fixés par le ministère de l’énergie de l’environnement et de la mer et mettent à disposi- tion des données supplémentaires, tout en veillant à respecter les aspects de confidentialité : ICS5 et DCP6 . ICS : une information est dite commercialement sensible si sa communication pourrait porter atteinte aux règles de concurrence libre et loyale et de non-discrimination. Dans le secteur de l’énergie, les données catégorisées ICS sont relatives aux puissances enregistrées, aux vol- umes d’énergie produits ou consommés, à la qualité de l’électricité issue des comptages ou les mesures physiques effectuées par le distributeur sur les ouvrages de raccordement, ainsi qu’à toute infor- mation contractuelle. Ces données peuvent être toutefois publiées dès lors que le secret statistique est respecté. D’après l’INSEE, ce critère est validé pour les données agrégeant plus de trois entre- prises, et pour lesquelles une seule entreprise ne représente pas 85% ou plus de la valeur obtenue. DCP : l’article 2 de la loi « Informatique et lib- ertés » définit une donnée à caractère person- nelle comme « [...] toute information relative à une personne physique identifiée ou qui peut être identifiée, directement ou indirectement [...] ». Pour publier les données de particuliers, il est nécessaire qu’elles soitent agrégées pour être se- crétisées : le critère est que le nombre de points de livraison de l’agrégat doit être supérieur à 10. Les nombreux jeux de données mis en ligne par les transporteurs et distributeurs d’énergie visent également à stimuler l’innovation pour mieux accompagner la transition énergétique. Cette externalité positive mise en avant par les partisans de l’Open Data, vient du potentiel de réutilisation et de croisement de ces données. Elles offrent la possibilité de faire émerger de nouveaux services et d’aboutir à la création et au développement de nouvelles sociétés. Pour citer un exemple, EDF SEI, la direction des Sys- tèmes Energétiques Insulaires d’EDF, met en ligne depuis juin 2017 un signal pour une recharge citoy- enne des véhicules électriques dans les ZNI (Zone Non Interconnectées). Le mix de production forte- ment carboné, les coûts de production élevés et la plusgrandefragilitédesréseauxélectriquesinsulai- res nécessitent d’accompagner le développement de la mobilité électrique sur ces territoires. Prenant en compte un critère environnemental (émissions CO2 du mix électrique) et système (tensions sur le réseau électrique), le signal mis à disposition par 1 Loi relative à la Transition Energétique pour une Croissance Verte 2 Ilots Regroupés pour l’Information Statistique 3 Gestionnaires de Réseau de Transport 4 Gestionnaires de Réseau de Distribution 5 Information Commercialement Sensible 6 Donnée à Caractère Personnel
  • 20. Just Another Newsletter Title Article INF’OSE Juin-Juillet 2017 n° 124 20 l’énergéticien informe en temps réel si le moment est opportun pour recharger son véhicule électrique. Cette information, consultable par tous sur la plateforme Open Data d’EDF SEI et facilement récupérable via une API7 , peut être lue par les bornes pour adapter la recharge en conséquence. En fonction de la valeur : favorable ou dé- favorable, plusieurs solutions s’offrent à eux : modulation de la puissance de recharge, tarification variable ou en- core report de la recharge. Des fournisseurs se sont déjà positionnés sur l’intégration de ce signal à leurs bornes. 7 Application Programming Interface Signal de recharge de véhicules électriques (1 = favorable / 0 = défavorable) Source : Open Data EDF SEI Quel avenir pour l’Open Data ? Les enjeux de l’Open Data sont considérables, pour les institutions publiques comme pour les acteurs privés. Les analystes estiment que la réutilisation des données issues de la démarche Open Data pourrait rapporter plus de 2 600 milliards de dollars à l’échelle de l’économie mondiale. De nombreux acteurs de l’énergie (RTE, GRT- gaz, Enedis, GRDF, Engie, EDF), d’autres secteurs comme le transport (SNCF, Saemes, RATP), des administrations publiques (INSEE, AFD, ministères), des collectivités territoriales (Lille, Rennes, Paris, Issy les Moulineaux, Roubaix, Poitiers, La Rochelle, Toulouse) ont déjà lancé leurs initiatives Open Data. Et dans les années à venir, de nombreux autres acteurs devraient leur emboîter le pas. Néanmoins, il existe un risque d’une dispersion des données. Un effort de centralisation et de coordi- nation des initiatives faciliterait l’accès et la réutilisa- tion de ces données. Une homogénéisation des formats ainsi qu’une interopérabilité dans le temps sont égale- ment des enjeux incontournables pour l’open data. A l’origine la fragmentation potentielle des données sur de nombreuses plateformes, et de nombreux for- mats, posait la question de la coordination entre initia- tives privées et initiatives publiques. En France, force est de constater qu’une plateforme Open Data domine le marché. OpenDataSoft, de la société éponyme, semble faire l’unanimité auprès des industriels et des collectiv- ités ayant pris le virage de l’ouverture des données. La force de cette plateforme est qu’elle permet d’analyser, croiser et cartographier les jeux de données en ligne sur un portail, mais aussi de réutiliser directement des données publiques provenant d’autres portails. GRT : https://opendata.reseaux-energies.fr RTE : https://rte-opendata.opendatasoft.com/ Enedis : https://data.enedis.fr GRTgaz : https://opendata.grtgaz.com GRDF : https://opendata.grdf.fr EDF SEI : https://opendata-corse-outremer.edf.fr Thibaud ROY Sources : • http://www.enedis.fr/la-confidentialite-des-donnees-gerees-par-erdf • https://lenergeek.com/2017/03/08/open-data-edf-donnees-corse-outre-mer/ • http://www.cil.cnrs.fr/CIL/spip.php?rubrique299 • https://www.legifrance.gouv.fr/eli/decret/2016/7/18/DEVR1610081D/jo/texte
  • 21. Rédacteurs en Chefs Apolline FAURE - Thibaud ROY - Gildas SIGGINI Maquettiste Amine EL MOUSSAOUI Journalistes Tous les élèves du MS OSE Rédaction : Contacts : Contact infose@mastere-ose.fr Téléphone 04 97 15 70 73 Mastère Spécialisé OSE Centre de Mathématiques Appliquées Mines ParisTech Rue Claude Daunesse - CS 10207 06 904 SOPHIAANTIPOLIS Cedex Votre avis nous intéresse ! Afin de faire progresser la qualité de ce journal nous sollicitons votre avis. N’hésitez pas à nous transmettre vos commentaires par mail. L’ équipe Inf’OSE Toute reproduction, représentation, traduction ou adaptation, qu’elle soit intégrale ou partielle, quel qu’en soit le procèdé, le support ou le média, est strictement interdite sans l’autorisation des auteurs sauf cas prévus par l’article L. 122-5 du code de la propriété intellectuelle. Sources photo : fotolia Remise des diplômes de la promotion 2015 à MINES ParisTech le 30/06/2017 Source : MINES ParisTech