avocat au barreau de paris - Histoire du Theatre du Chatelet Paris - extraits du bulletin de batonnier de paris.pdf
1. PATRIMOINE
HISTOIRE DU CHÂTELET
Audience par le Lieutenant de Police, dans une salle du Grand Châtelet ; les accusées de dos comparaissent devant les magistrats, tandis qu’au
premier plan le public assiste debout derrière une rambarde (coll. Ordre des Avocats de Paris).
Façade principale du Grand Châtelet de Paris, vue depuis le débouché de la rue Saint-Denis – 17e
siècle (coll. Ordre des Avocats de Paris).
En 2022 comme depuis plusieurs années déjà, la Rentrée du barreau est organisée au Théâtre du
Châtelet. L’occasion d’un rappel historique pour ce lieu qui fut judiciaire avant d’être culturel, ayant été
un temps l’une des juridictions les plus importantes de la capitale.
Comme son nom l’indique, le Châtelet est d’abord un petit château, construit au XIIe
siècle à l’extrémité
de la rue Saint-Denis pour protéger l’accès nord de l’île de la Cité. Le site connu actuellement sous
cette dénomination, est au Moyen Âge désigné sous le nom de « Grand Châtelet », pour le distinguer
du « Petit Châtelet », seconde forteresse qui joue un rôle analogue rive gauche pour défendre l’accès
sud de l’île au niveau du débouché de la rue Saint-Jacques.
De forteresse, le Grand Châtelet devient rapidement le siège de la Prévôté, juridiction royale dont
le ressort comprend Paris et ses faubourgs. Elle est placée sous l’autorité du Prévôt de Paris, lui-
même assisté à partir du XIVe
siècle d’un lieutenant civil et d’un lieutenant criminel. Les affaires y sont
jugées en première instance au civil et au pénal, la juridiction d’appel étant le Parlement de Paris.
Les attributions du Châtelet comprennent également des pouvoirs de police jusqu’au XVIIe
siècle. Le
fonctionnement de la juridiction est alors assuré par plusieurs centaines de professionnels : magistrats,
notaires, procureurs, commissaires, huissiers, sergents etc. mais aussi bien évidemment des avocats.
2. PATRIMOINE
Évolution de la place du Châtelet à travers les siècles : en 1580, avec ses habitations. La Tour Saint-Jacques
apparaît au centre, ainsi que les toits du Grand Châtelet à gauche / en 1876, avec de part et d’autre le théâtre
du Châtelet et le théâtre de la Ville (coll. Ordre des Avocats de Paris).
Les cachots du Châtelet, sous l’Ancien Régime, sont particulièrement redoutés. Le poète Clément
Marot en ressort indemne en 1526 mais en tire un récit particulièrement explicite intitulé « L’Enfer ». La
torture y est en effet monnaie courante et prélude souvent à une condamnation à mort. Cela n’empêche
toutefois pas l’expérimentation d’une nouvelle législation pénale à compter de 1789 autorisant l’accusé
à bénéficier d’un défenseur à l’instruction et ayant le droit de plaider lors de l’audience publique.
La juridiction cesse ses activités à la Révolution, en janvier 1791, mais garde une fonction de prison.
Des massacres perpétrés en septembre 1792 dans ses geôles, faisant plus de 200 victimes, achèvent
de donner une sinistre réputation à ce lieu.
Sa destruction est ordonnée en 1808 par Napoléon Ier
. Sur son emplacement est aménagée la place
du Châtelet, à laquelle les travaux du Second Empire ont donné sa physionomie actuelle, notamment
avec l’édification du Théâtre, construit en 1862 à la demande du baron Haussmann.
Célébrer la Rentrée du barreau en ce lieu n’est donc pas un hasard : les avocats pourront y voir une
référence tant à leur histoire que plus généralement à l’histoire judiciaire parisienne.