1. LE LIVRE EN GUYANE
État des lieux, diagnostic et préconisations
Synthèse du rapport
juillet 2013
Aïda Diab – Françoise Geoffroy-Bernard
2. Remerciements
Ce rapport d'étude est le fruit de rencontres et d'échanges avec de
nombreux acteurs du livre guyanais et d'un travail en concertation avec le
Conseil régional et la Direction des affaires culturelles de Guyane.
Nous tenons à remercier l'ensemble de nos interlocuteurs et tout
spécialement les éditeurs, auteurs, libraires indépendants, bibliothécaires,
responsables d'associations et de façon générale, les « promoteurs » du livre
en Guyane qui ont rendu cette étude possible en acceptant de nous recevoir
en entretiens et de répondre à nos questions.
Nous les remercions pour leur accueil, leur disponibilité et leur intérêt
pour les résultats de cette enquête qui souhaite rendre compte des difficultés
comme des atouts de ce territoire pour l'avenir du livre en Guyane.
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3. Plan de l'intervention
Présentation de l'étude
•Contexte
•Objectifs
•Méthodologie
État des lieux
•Situation de l'édition en Guyane
•Situation de la librairie indépendante en Guyane
Difficultés et Atouts
•Les lecteurs
•Les éditeurs et les auteurs
•Les libraires
Préconisations
Conclusion
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4. Contexte de l'étude
• Le Conseil régional et la Direction des affaires culturelles de Guyane ont
signé une convention d'accord-cadre triennale pour la période 2012/2014.
• Cette convention culturelle a permis aux deux institutions de programmer
une réflexion sur la situation économique du livre en Guyane.
• Le recours à une étude confiée à l'Asfored (Centre de formation du Syndicat
national de l'édition) doit permettre de définir les premières orientations
dans ce domaine.
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5. Objectifs de l'étude
• L'objectif général de cette enquête est d'avoir une vision claire sur les
menaces et les opportunités, les atouts et les difficultés, les stratégies et
les perspectives, les projets et les attentes des acteurs économiques et
culturels du livre en Guyane.
• Au-delà de cet état des lieux qui a permis d'instaurer un temps de
dialogue et de faciliter un diagnostic partagé avec l'ensemble de la filière,
il s'agit de proposer des dispositifs d'accompagnement qui puissent
conforter et favoriser le développement économique et la
professionnalisation des structures existantes comme celles à venir.
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6. Méthodologie de l'étude
L'étude a été menée en 4 phases :
•État des lieux : étude documentaire approfondie ; conception et rédaction
des questionnaires et guides d'entretien ; sélection d'acteurs de la filière livre
•Entretiens semi-directifs avec 21 acteurs parmi les plus représentatifs du
territoire pour ce secteur économique
•Élaboration d'un diagnostic spécifique à chaque structure rencontrée et
d'une typologie de leurs atouts mais aussi de leurs difficultés et de leurs
besoins, intégrant les problématiques liées au numérique
•Préconisations, propositions d'outils opérationnels adaptés
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7. Étude documentaire
• Il s'agissait de collecter les informations déjà disponibles sur le livre en
Guyane et d'identifier les sources et ressources accessibles et fiables
• L'Asfored a également commencé dès février 2013 à regrouper toutes les
données pertinentes qui permettent des comparaisons sur le secteur livre
avec d'autres régions et au plan national.
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8. Questionnaires
• Cette étape quantitative préalable aux entretiens qualitatifs via des
questionnaires précis était destinée à recueillir les principales données
économiques et à repérer les pratiques actuelles grâce à des indicateurs-
clés de la professionnalisation des structures.
• Elle a permis de mieux préparer les rencontres en face à face, lorsque
nous avons pu, dans certains cas, disposer des résultats au préalable.
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9. Entretiens
Compte tenu du faible nombre d'acteurs du livre en Guyane, nous avons
proposé de retenir l'ensemble des éditeurs et libraires ayant participé à
l'enquête préalable et d'y inclure d'autres intervenants tels des bibliothécaires,
des auteurs, des responsables d'associations culturelles, des représentants des
collectivités territoriales, etc.
La sélection des acteurs rencontrés s'est faite en concertation avec le
Conseil régional et la Direction des affaires culturelles de Guyane. Au total,
5 journées ont été consacrées aux entretiens et visites sur place (du 22 au 26
avril 2013) auxquels s'ajoutent des rendez-vous téléphoniques et des
rencontres à Paris.
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10. Situation de l'édition en Guyane
1 éditeur« historique »
(sciences humaines)
1 nouvel éditeur
(beaux livres, jeunesse, pratique)
1 éditeur public
(éducation)
1 « mook »
(magazine-book)
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11. Caractéristiques
• Un nombre très réduit d'éditeurs présents sur le territoire : quatre
maisons d'édition (dont une publie une revue et relève en partie plutôt du
secteur presse) auxquelles il conviendra d'ajouter des associations
d'auteurs
• Une implantation, sur le littoral comme les librairies mais uniquement
à Cayenne ou à sa périphérie (Matoury) qui, de fait, concentre plus de
50 % de la population du territoire de la Guyane
• Les maisons d'édition en Guyane sont récentes puisque toutes, y compris
les associations d'auteurs, existent depuis moins de 20 ans, hormis le
CRDP de Guyane qui est une structure publique. Les statuts juridiques sont
divers (SARL, EURL, Association loi 1901, établissement public)
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12. Poids économique
• Les quatre maisons d'édition répertoriées pour la Guyane représentent un
chiffre d'affaires global d'environ 600 k€ - chiffre d'affaires que nous avons
déterminé comme l'encaissé ou net éditeur.
• Les structures éditoriales recensées publient de 2-3 à 14 titres par an avec
plutôt une tendance à l'augmentation.
• Le nombre de titres disponibles au catalogue en 2012 est très variable, de 8
« numéros » (3 épuisés en version papier) pour Une saison en Guyane à plus
de 400 publications pour Ibis rouge, les autres éditeurs se situant à 35-50
titres, ce fonds ainsi constitué dépendant évidemment de l'ancienneté de la
maison et surtout de son rythme de parutions.
• En 2012, les maisons d'édition de la région ont publié au total 33
nouveautés, soit 0,08 % de l'ensemble des titres nouveaux publiés à
l'échelle nationale.
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13. Poids économique (suite)
• Chaque structure éditoriale guyanaise exerce d'autres activités en
complément mais toujours connexes au métier d'éditeur : formation,
communication, imprimerie, studio graphique, agence photographique,
tirages d'art, CD audio, diffusion-distribution d'autres éditeurs…
• L'activité édition représente de 70 % à 90 % du chiffre d'affaires global,
à l'exception notable de la revue Une saison en Guyane où elle ne représente
que 10 %.
• Le nombre des personnes collaborant à l'activité des quatre structures
éditoriales (mais non nécessairement rémunérées) est de 26 au total. Les
formations initiales des dirigeants ou gérants sont plus techniques ou
commerciales que véritablement en relation avec les métiers du livre et la
fonction éditoriale. Il y a peu d'emplois induits car peu de délégation possible
à des prestataires extérieurs ou même à des stagiaires (pas de formation
Métiers du livre).
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14. Financement
• La situation financière reste globalement plutôt précaire et rend les acteurs
du secteur très exposés au risque économique mais la pérennité de ces
structures éditoriales est a priori assurée par la diversification vers d'autres
activités.
• En l'absence d'informations sur le montant des capitaux propres et/ou celui
des stocks, nous n'avons pas pu évaluer la probable sous-capitalisation des
structures éditoriales guyanaises ainsi que leurs évidents besoins en
trésorerie pour financer l'activité, qu’on peut cependant déduire de leur
faible rentabilité.
• Les maisons d'édition guyanaises sont peu endettées en dépit de marges
faibles voire négatives. Elles ont peu recours aux aides publiques (Conseil
Régional, CNL, Subventions européennes : total de 75 k€) alors que la qualité
de leurs publications le justifierait amplement.
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15. Domaines éditoriaux
• Les maisons d'édition guyanaises (hormis le CRDP spécialisé dans le domaine
éducatif) interviennent dans plusieurs secteurs avec néanmoins pour chacun
une dominante éditoriale, plus transversale car axée sur le territoire guyanais :
sciences humaines et sociales et ouvrages linguistiques; photo-tourisme-nature
et jeunesse; biodiversité, environnement et patrimoine.
• Si les manuscrits édités proviennent tantôt d'envois spontanés (Ibis rouge)
tantôt d'une commande (Une Saison en Guyane) ou les deux à la fois (Plume
verte, CRDP), aucun éditeur guyanais ne publie de textes tombés dans le
domaine public.
• Le tirage moyen s'établit à 1 500 exemplaires (chiffre supérieur aux 1 000
exemplaires, tirage moyen de la moitié des maisons d'édition en Languedoc-
Roussillon ou en Rhône-Alpes) mais très inférieur évidemment au chiffre
national de 7 600 exemplaires tous secteurs confondus.
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16. Fonctionnement, professionnalisme
• Tous les éditeurs guyanais signent des contrats d'édition avec leurs auteurs,
illustrateurs, photographes… L'on sait qu’il s'agit d'un des principaux critères
établis par la Charte nationale des éditeurs en régions de la Fill (Fédération
interrégionale du livre et de la lecture) pour juger qu’une maison d'édition est
professionnelle. Le mode de rémunération est soit un pourcentage du prix
public (5, 7 ou 10 % selon les domaines éditoriaux) conforme aux standards
de la profession, soit un forfait (de 400 à 1 500 €).
• Seul Ibis rouge, compte tenu de ses publications qui intéressent des
chercheurs et universitaires à l'international, pratique l'achat comme la
cession de droits.
• Les éditeurs guyanais nouent des partenariats avec des éditeurs hors région
(notamment en France métropolitaine) voire étrangers mais aucun en
Guyane, ce qui est logique compte tenu du nombre réduit d'acteurs sur le
territoire. Plus étonnant : seuls le CRDP et Une Saison en Guyane déclarent
développer des liens commerciaux et/ou éditoriaux avec des entreprises, des
institutions et des collectivités publiques.
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17. Fonctionnement, professionnalisme
(suite)
• L'ensemble de la chaîne de fabrication (composition, maquette, couverture,
mise en page) hors impression n'est pas déléguée sauf pour Plume verte.
Les autres activités connexes au métier d'éditeur (imprimerie, studio
graphique, photographie…) qui sont exercées par ces structures permettent
une relative autonomie.
• Cette autarcie semble coûteuse puisque pour 3 éditeurs sur 4, les frais de
fabrication représenteraient de 20 jusqu’à 40-45 % du prix public, ce qui est
le double des moyennes professionnelles usuelles.
• Les éditeurs guyanais disposent tous de bases de données clients ainsi que
d'outils de base pour le suivi des stocks et des ventes mais ne semblent pas
tenir une comptabilité analytique précise et investir beaucoup de temps
dans la veille et l'analyse de leur marché.
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18. Diffusion-distribution
• Sauf pour Plume verte, qui possède lui-même une activité de diffuseur local
pour d'autres éditeurs et pour la revue Une Saison en Guyane, et de ce fait,
gère en direct la diffusion globale de tous ses ouvrages, les autres maisons
d'édition ont choisi de déléguer leur diffusion nationale. L'organisation de la
distribution est calquée sur celle de la diffusion.
• Logiquement les disparités sont grandes entre les coûts en autodiffusion-
distribution au moins locale (10 à 15 % du prix public de vente) à ceux d'une
diffusion-distribution déléguée (de 35 à 55 %).
• Les éditeurs auto-diffusés présentent un taux de retour faible voire
nul, du fait de ventes fermes et de l'absence d'office (1) notamment. Les
éditeurs, en diffusion déléguée annoncent des taux de 20 %, correspondant
à la moyenne nationale.
(1) L'office est un mode d'approvisionnement des librairies qui concerne les nouveautés. Il s'agit d'un contrat par lequel le libraire
s'engage auprès d'un fournisseur à lui commander un certain volume de livres parmi les nouveautés et qui lui permet de
renvoyer les invendus, plus de trois mois et moins de douze mois après la parution.
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19. Commercialisation
• Les librairies indépendantes restent le 1er circuit de commercialisation
mais en l'absence de grandes surfaces culturelles en Guyane, ce sont les
grandes surfaces alimentaires (Carrefour, Géant Casino, Super U) qui
viennent en quelque sorte « combler le vide ».
• Caractéristique commune des éditeurs en régions et/ou des éditeurs très
spécialisés : une sur-représentation des ventes directes.
• Les taux de la remise accordée varient de 20 % jusqu’à plus de 40 % selon
le circuit de vente et l'éditeur concerné.
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20. Communication
• Les outils privilégiés sont les catalogues (papier - pour la première fois
concernant Plume verte en 2012, et web - qui parfois le remplace
complètement comme pour Ibis rouge depuis 2009), les relations presse
et le marketing direct.
• Toutes les maisons d'édition sont présentes lors de manifestations en
Guyane : Salon du livre à Cayenne, Festival Carbet des Bulles et dans
certains cas, Salon du livre de Paris avec l'association Promolivres. Pour les
relations des éditeurs de Guyane avec les journalistes, « blogueurs » et
autres relais d'opinion, il semble qu’elles soient vraiment plus efficaces,
s'agissant des medias régionaux (presse, radio voire télévision).
• Internet est désormais une formidable opportunité pour les éditeurs
guyanais, pas encore suffisamment exploitée. Les relations presse ne sont
jamais sous-traitées et aucun éditeur rencontré ne dispose d'outils pour
en suivre les éventuelles retombées.
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21. Numérique
• Actuellement, les éditeurs guyanais les plus engagés dans cette démarche
« multisupport » ou « transmedia » sont d'une part, le CRDP Guyane qui
propose des « ouvrages mixtes » (pour environ un tiers de sa production)
mêlant imprimé et CD-ROM ou audio, éventuellement DVD, mais surtout
Ibis rouge dont le fonds est entièrement numérisé et qui publie tous ses
titres en version papier et numérique (PDF et/ou ePub).
• Tous les éditeurs guyanais ont un site Internet. D’abord « vitrine » pour
présenter la maison d'édition, certains s'en servent pour diffuser leur
catalogue via le web et surtout vendre en ligne.
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22. Fiche éditeur
Site
Année de création
Statut juridique
Effectif
Domaines éditoriaux
Nombre de titres
au catalogue (2012)
Nombre de titres / an (2012)
CA net éditeur (2012)
Mode de diffusion-distribution
Stratégie
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23. Diagnostic SWOT
OPPORTUNITÉS MENACES
FORCES FAIBLESSES
Une analyse SWOT (Strengths, Weaknesses, Opportunities, Threats : Forces,
Faiblesses, Opportunités, Menaces) est un outil de synthèse qui permet de
mettre en perspective les facteurs à la fois externes et internes, positifs et
négatifs qui caractérisent une organisation dans son environnement. Ce
diagnostic complet prépare les choix stratégiques et la prise de décision.
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24. Situation de la librairie en Guyane
Cayenne
1 librairie label + BD
3 librairies
(dont 1 religieuse et 1 en ligne)
+ Matoury (ouvertures récentes)
Kourou
1 librairie label
St-Laurent du Maroni
1 librairie-papeterie-presse
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25. Caractéristiques
• Un faible nombre d'acteurs sur le territoire, six structures indépendantes,
implantées dans les principales villes de Guyane, donc sur le littoral, et
principalement à Cayenne.
• Le paysage de la librairie guyanaise s'est complètement transformé en dix
ans puisque toutes les structures faisant l'objet de cette étude n'existaient
pas avant 2003, sauf Encrage à Kourou, créée dès 1988 mais qui a été
reprise en gérance associée à partir de 2006. Les formes juridiques sont
variées : 1 SAS, 4 SARL, 1 EURL. Les librairies Cas'A Bulles et Encrage ont été
labellisées LIR (Librairie indépendante de référence) dès 2009 et de nouveau
en 2012.
• Les surfaces effectivement réservées à la vente sont comprises entre 45 m2
et 210 m2. Les librairies en Guyane sont généralement ouvertes 6 jours sur
7 à l'exception de Guyalire. Soit une amplitude horaire d'environ 36 h pour
plusieurs librairies, qui s'élève à 42 h et même 45 h, ce qui reste en-deçà des
durées moyennes d'ouverture sur le plan national.
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26. Poids économique
La révolution numérique et les contraintes fortes qui pèsent sur les points de
vente de livres (transport, « tabelle »…) sans parler des vastes rayons « loisirs »
existant désormais dans les grandes surfaces alimentaires guyanaises ont
raréfié le nombre de librairies indépendantes sur le territoire mais
paradoxalement ont conduit de nouveaux entrepreneurs à relever le défi.
Toutes les structures voient leur chiffre d'affaires progresser entre 2010 et
2012, pour certaines de façon très significative et y compris pour l'activité hors
livres. Les six librairies indépendantes en Guyane réaliseraient, pour l'année
2012 un chiffre d'affaires net (livres uniquement) d'un total de 4 450 000 €
environ. Si l'on calcule le ratio CA livres / m2 livres, on obtient de très bons
indices de rentabilisation de la surface de vente.
Les ventes aux collectivités (établissements scolaires, bibliothèques)
représentent au moins 40 % (voire 100 % pour Guyalire) dans le chiffre
d'affaires livres de tous les libraires guyanais.
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27. Poids économique (suite)
• Lorsque les librairies guyanaises ne vendent pas seulement des livres, leur
assortiment se diversifie vers la presse, la papeterie, les consommables
informatiques, les jeux et jouets éducatifs, les cadeaux et articles souvenirs,
les CD/DVD et les objets religieux. Certaines ont également une activité de
grossiste ou de diffusion pour des éditeurs.
• Les effectifs varient de 2 à 11 personnes. Les librairies guyanaises recrutent
du personnel et créent des emplois locaux, au total 30 (la plupart à temps
plein) dont 18 exclusivement affectés à la vente des livres. Parmi eux, des
vendeurs spécialisés et des gestionnaires qualifiés qui, comme les dirigeants
et gérants, ont été formés le plus souvent en France métropolitaine mais ont
également déjà suivi des stages de formation continue.
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28. Financement
• Le taux de résultat net (en % du CA) serait de 0,6 % en moyenne, ce qui est
très faible mais correspond à l'étude nationale Xerfi sur les librairies
indépendantes pour le SLF en 2013. Les marges sont positives et en
progression mais le dirigeant n'est pas toujours rémunéré par la structure et
une seule librairie est propriétaire de ses locaux (un quart au niveau
national).
• Le loyer est soit faible car les libraires bénéficient de conditions
préférentielles (moins de 5 % du CA, conforme à la moyenne nationale de 3
%) soit très élevé (plus de 15 %). Les frais de personnel (y compris les charges
sociales) reflètent la même disparité puisqu’ils varient de 8 / 12 % à plus de
20 %, ce dernier pourcentage correspondant davantage aux taux constatés
habituellement (18 % en moyenne).
• Les montants des stocks révèlent les mêmes différences : de moins de 5 %
du CA à plus de 30 %. Les librairies qui ont les stocks les plus élevés sont
généralement les plus endettées. Trois structures seulement ont bénéficié
d'aides financières (DAC, CNL, CEGIP) pour un montant global, entre 2009 et
2012, de moins de 100 k€.
décembre 2013 - Asfored 28
29. Assortiment
• Les librairies guyanaises mettent particulièrement en avant, par ordre
d'importance, la littérature française et notamment le poche, les livres jeunesse
et/ou la bande dessinée et les mangas, soit les trois segments éditoriaux les
plus dynamiques en 2012 selon les chiffres du SNE et du panel livres GfK.
• Viennent ensuite le fonds local guyanais, qu’il s'agisse de fiction, de patrimoine
ou de tourisme et tout ce qui relève du secteur référence : ouvrages scolaires et
parascolaires, pédagogie, encyclopédies et dictionnaires.
• La largeur de l'assortiment est étroitement corrélée à la taille comme à l'effectif
de la librairie. Le nombre de références varie ainsi de plus de 40 000 à 1 000. Le
nombre de volumes en stocks oscille entre 5 000 et 75 000 exemplaires. Le ratio
nombre d'exemplaires / nombre de références est à peu près constant, de 2
volumes par référence.
décembre 2013 - Asfored 29
30. Fonctionnement, professionnalisme
• Tous les libraires rencontrés connaissent bien les éditeurs installés en Guyane,
y compris les associations d'auteurs, mais aussi les éditeurs d'outre-mer
comme Orphie et bien entendu, de nombreux éditeurs (jusqu’à 3 600) de
France métropolitaine. Leurs publications sont généralement bien mises en
valeur dans les différents points de vente et des animations, lectures ou
dédicaces sont régulièrement organisées.
• Les ventes à terme (collectivités) constituent une part prépondérante de
l'activité des libraires guyanais, en termes de chiffre d'affaires mais aussi de
services et donc d'investissements : bibliographies, conseil, sites de vente en
ligne... Les libraires déplorent assez souvent un manque de qualification pour
les procédures de commandes et les choix des ouvrages et surtout une
relative méconnaissance des enjeux et des contraintes liés aux ventes de
livres scolaires ou jeunesse dans le contexte particulier du marché guyanais.
• Les libraires appartenant à des groupements (Canal BD, Siloë) ont parfois
l'occasion de nouer des partenariats. Mais c’est l'exception pour d'autres
institutions ou lieux culturels, d'autres structures publiques ou non, d'autres
événements ou manifestations existant en Guyane.
décembre 2013 - Asfored 30
31. Fonctionnement, professionnalisme
(suite)
• Toutes les librairies guyanaises utilisent Dilicom, qui leur donne accès au
Fichier exhaustif du livre (FEL) et à la transmission des commandes vers plus
de 600 distributeurs représentant 5 000 éditeurs. Ils pratiquent donc l'EDI
(Echange de données informatisées) et certains sont également abonnés à la
base Electre.
• Les librairies guyanais sont plutôt bien informatisées : serveurs, plusieurs PC
(jusqu’à 10 postes), des portables, imprimantes, imprimantes codes à
barres, douchettes, platines axcel, concentrateur de caisse…
• Les libraires tiennent une comptabilité analytique. Ils disposent tous de
logiciels de gestion comptable et/ou de gestion des stocks : Inference, Ebp
Open line, Gestmac, Ellipses (TMIC), Librisoft, Tite Live Medialog. Certains
ont une base de données clients (jusqu’à 10 000 contacts). Les libraires
guyanais ne bénéficient pas comme en Métropole des visites fréquentes des
représentants des maisons d'édition pour s'informer sur leur marché.
décembre 2013 - Asfored 31
32. Commercialisation
• Les librairies guyanaises ont plutôt bien négocié leurs remises puisque le
taux se situe autour de 36-37 %, tout à fait conforme au taux moyen des
meilleures librairies en Métropole (37,3%).
• C’est une singularité des librairies guyanaises : les taux de retours sont
tous inférieurs à 5 %. Plusieurs facteurs l'expliquent : pas d'office, gestion
rigoureuse et prudente des commandes, rationalisation des stocks. Un
seul libraire indique un taux de retour de 30 % plus proches des standards
métropolitains.
• Le transport représente de 2,5 à 3 % au moins du CA, ce qui atteste du
poids considérable de ce poste budgétaire en Guyane (malgré l'absence
d'office, un taux de retour très faible et la gratuité du transport maritime)
par rapport aux librairies de France métropolitaine (1,5 % en moyenne
nationale).
décembre 2013 - Asfored 32
33. Communication
• Outre le rôle de relais pour la communication des éditeurs (ILV et PLV :
information et publicité sur le lieu de vente, promotion des ventes :
primes, concours…), les libraires guyanais privilégient les catalogues
(papier et/ou web), les e-mailings et newsletters pour certains et les
relations presse, qui ne sont jamais sous-traitées à un prestataire extérieur
et ne font pas l'objet d'un suivi des retombées.
• La plupart des libraires guyanais participent à de nombreux salons du livre
ou sur d'autres thématiques, très majoritairement en Guyane. La librairie
Cas'A Bulles organise tous les ans le festival Carbet des Bulles dédié à la
bande dessinée et participe à des salons nationaux, notamment au Brésil.
• Les librairies en Guyane, tout spécialement celles labellisées LiR (c’est un
des critères d'attribution du label) ont une politique très dynamique
d'animations généralement régulières, à la fois classiques (lectures,
dédicaces, conférences-débats…) et plus originales : clubs de lecteurs
enfants, adolescents ou adultes ; ateliers et contes pour enfants ;
représentations théâtrales ; rendez-vous littéraires…
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34. Numérique
• Aucun libraire guyanais n'envisage à court terme de proposer une offre
multisupport (hormis CD, DVD, livres audio en faible quantité) sauf
Guyalire dans la logique de son projet de librairie en ligne sans magasin et
en tant que diffuseur en Guyane des éditions Ibis rouge, dont tous les
livres sont numérisés.
• Concernant la présence des librairies guyanaises sur Internet, trois choix
très différents existent : axe stratégique majeur et investissement
prioritaire (Cas'A Bulles, Guyalire); service supplémentaire apporté aux
clients du magasin (Le Toucan, Sel et lumière); pas de site actif par
manque de temps et de moyens pour l'enrichir régulièrement (Encrage,
Librairie guyanaise) avec présence renforcée, dans ce dernier cas, sur les
réseaux sociaux (Facebook).
décembre 2013 - Asfored 34
35. Fiche libraire
Site
Année de création
Statut juridique
Effectif
Spécialités
Nombre de références
en stock (2012)
Nombre d'exemplaires en stock (2012)
CA net (2012)
Stratégie
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36. Diagnostic SWOT
OPPORTUNITÉS MENACES
FORCES FAIBLESSES
Une analyse SWOT (Strengths, Weaknesses, Opportunities, Threats : Forces,
Faiblesses, Opportunités, Menaces) est un outil de synthèse qui permet de
mettre en perspective les facteurs à la fois externes et internes, positifs et
négatifs qui caractérisent une organisation dans son environnement. Ce
diagnostic complet prépare les choix stratégiques et la prise de décision.
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38. Lecteurs en Guyane : Difficultés
Un marché théorique restreint, de la taille d'un département de Métropole
Selon l'Insee (2010), il y a bien moins de professions intermédiaires et surtout de cadres (4,8 % au
lieu de 11,23 %) en Guyane qu’en métropole, qui sont les plus forts acheteurs de livres. La
consommation théorique s'élèverait à 14 millions € (voir tableau ci-dessous), comparable à celui
d'un département comme l'Aude.
décembre 2013 - Asfored 38
CSP Nb de ménages Consommation Valeur livre
Guyane nationale (2006) Guyane
Agriculteurs 1 332 43 € 57 276 €
Artisans, commerçants 8 343 98 € 817 614 €
Cadres, prof. intellectuelles 7 129 229 € 1 632 541 €
Professions intermédiaires 15 891 136 € 2 161 176 €
Employés 24 120 72 € 1 736 640 €
Ouvriers 16 728 83 € 1 388 424 €
Retraités 10 247 56 € 573 832 €
Autres inactifs 64 528 84 € 5 420 352 €
TOTAL 148 316 13 787 855 €
39. Lecteurs en Guyane : Difficultés
Un marché réel essentiellement francophone et mouvant
La consommation de livres en Guyane se situe probablement bien en deçà de cette estimation
théorique car les ouvrages disponibles et achetés sont très majoritairement en langue française.
Le marché « domestique » de taille réduite, est aussi « mouvant » car pour les « Métropolitains »,
il se renouvelle en grande partie tous les 2-3 ans au rythme des mutations. L’activité est également
très inférieure à celle des autres Régions d'outre-mer (voir tableau ci-dessous).
décembre 2013 - Asfored 39
VENTES DANS LES DOM-TOM [MILLIERS D'EUROS]
2012 PDM 2011 2012 / 2011 2010 2009 Evol
Réunion 21 522 37.6% 25 428 (15.4%) 23 496 21 929 (0.6%)
Guadeloupe 11 627 20.3% 10 422 11.6% 9 992 9 057 8.7%
Martinique 11 268 19.7% 13 896 (18.9%) 15 523 14 216 (7.5%)
Nouvelle-Calédonie 4 286 7.5% 4 912 (12.7%) 4 543 4 210 0.6%
Guyane 3 357 5.9% 4 135 (18.8%) 3 838 3 763 (3.7%)
Polynésie-Française 2 973 5.2% 3 711 (19.9%) 3 718 3 401 (4.4%)
Mayotte 2 039 3.6% 2 331 (12.5%) 1 658 1 655 7.2%
Saint-Pierre et Miquelon 127 0.2% 157 (19.1%) 180 139 (3.0%)
Wallis et Futuna 31 0.1% 7 342.9% 2 6 72.9%
TOTAL 57 230 100.0% 64 999 (12.0%) 62 950 58 378
TOTAL 57 230 100.0% 64 999 (12.0%) 62 950 58 378
40. Lecteurs en Guyane : Difficultés
Des pratiques culturelles peu favorables à un pays « jeune » ?
Selon la dernière enquête Pratiques culturelles des Français (2008) du ministère de la Culture et
de la Communication, depuis plusieurs décennies, et bien avant la généralisation d'Internet,
chaque nouvelle génération arrive à l'âge adulte avec un niveau d'engagement inférieur à la
précédente, si bien que la diminution des forts lecteurs de livres s'accompagne d'un vieillissement
du lectorat.
décembre 2013 - Asfored 40
41. Lecteurs en Guyane : Atouts
L'explosion démographique guyanaise : de nouveaux lecteurs potentiels ?
C’est bien évidemment la spécificité majeure par rapport à la France
métropolitaine du marché du livre en Guyane, davantage comparable aux
pays « grands émergents » comme son voisin le Brésil qu’aux indicateurs
démographiques actuels de l'Europe vieillissante.
La population a été pratiquement multipliée par 2 entre 1990 et 2010. La
population serait de 574 000 habitants en 2040. Les moins de 20 ans
représentent plus de 43 % de la population guyanaise (contre 23 % en
moyenne nationale) et les moins de 15 ans, 34 % des habitants de Guyane.
C’est dire l'enjeu pour le livre en Guyane de bien comprendre l'évolution des
usages et des modes de consommation culturels des jeunes générations (10-
24 ans), nées dans un univers où l'accès à l'information, au savoir et à la
culture est aussi numérique.
décembre 2013 - Asfored 41
42. Lecteurs en Guyane : Atouts
Des cibles prioritaires : les enseignants et les adultes en auto-formation
Alors qu’en Métropole, les effectifs scolarisés stagnent ou diminuent, ils
augmentent en Guyane de 3,2% par an, au même rythme que la population
totale. Parallèlement, sur la période 2002–2009, le nombre d'enseignants a
crû rapidement (+ 21 %). Ces professeurs toujours plus nombreux auraient
besoin d'outils pédagogiques adaptés au contexte particulier du territoire,
notamment pour l'enseignement face aux élèves qui n'ont pas la langue
française comme langue maternelle (soit 80 %).
Une autre attente prioritaire ressort également de l'analyse du lectorat
potentiel en Guyane : les adolescents sans diplôme (43 % des 18-24 ans en
2007) et les adultes en auto-formation qui souhaitent préparer des
concours, reprendre des études, apprendre le français, une langue régionale
ou une langue étrangère.
décembre 2013 - Asfored 42
43. Lecteurs en Guyane : Atouts
Des opportunités : les touristes en Guyane et les Guyanais de Métropole
Il y a peu de tourisme en Guyane par comparaison avec la Martinique ou la Guadeloupe mais il
tend à se développer. Selon le site du Comité de tourisme guyanais, qui propose des chiffres de
2007, 108 800 touristes ont choisi la destination Guyane contre 93 100 en 2005. Il s'agit pour
moitié de déplacements professionnels mais aussi de proches venus visiter une personne
mutée. Ainsi plus d'un touriste sur deux réside en Métropole. Près des trois-quarts des touristes
recommandent la Guyane comme lieu de séjour touristique. On peut en tout cas supposer
qu’ils préparent leur voyage et ont besoin de se documenter sur la Guyane avant, pendant voire
après leur séjour.
Selon les données 2008 de l'Insee, 24 400 Guyanais sont installés en Métropole (contre
117 000 Martiniquais et 115 000 Guadeloupéens) mais la croissance récente de la population
en Guyane pourrait accélérer ces migrations. La moitié des Guyanais venus en Métropole sont
installés dans la région parisienne. Il faut ajouter à ce public potentiel pour les éditeurs guyanais
tous les fonctionnaires, gendarmes, enseignants, ingénieurs qui ont séjourné en Guyane au gré
de mutations et ont conservé un vif intérêt pour cette région.
décembre 2013 - Asfored 43
45. Éditeurs/Auteurs en Guyane :
Difficultés
Des éditeurs isolés en amont
Les maisons d'édition guyanaises sont peu nombreuses et fragiles. Leur chiffre d'affaires et plus
encore leur marge commerciale sont trop faibles pour autoriser des recrutements. Personnalités
dynamiques et pleines d'initiatives, ces éditeurs se retrouvent le plus souvent à « tout faire tout
seuls ». Ils sont de plus contraints à développer une activité complémentaire. Loin des Antilles et
surtout de Métropole, ces maisons d'édition sont pourtant obligées de trouver des compétences
hors de Guyane, en particulier pour la fabrication de leurs livres. La contrepartie est le coût du
transport qui vient renchérir le prix de revient du livre et augmenter le « point mort ».
Les éditeurs guyanais souhaiteraient pouvoir déléguer davantage les tâches notamment de pré-
presse (corrections et préparation de copie, maquette et couverture, illustration, iconographie, mise
en page, etc.) qu’ils ne parviennent pas à sous-traiter ni à des prestataires locaux ni même à des
stagiaires puisqu’il n'existe pas en Guyane de formations aux métiers du livre. Ils auraient également
besoin de trouver sur place des interlocuteurs / des intervenants pour les conseiller dans leurs
développements numériques, leur informatisation, la création et la gestion de leurs sites internet,
leur présence sur les réseaux sociaux, leur communication vis-à-vis des libraires et des médias …
décembre 2013 - Asfored 45
46. Éditeurs/Auteurs en Guyane :
Difficultés
Des débouchés limités en aval
Les maisons d'édition guyanaises sont confrontées aux caractéristiques du marché « intérieur »
structurellement encore restreint. Or, un éditeur auto-diffusé et auto-distribué n'a pas accès, sauf
ventes via les librairies en ligne, aux lecteurs hors de son territoire.
Cette distance avec d'éventuels débouchés commerciaux et promotionnels n'est hélas, semble-t-il,
pas compensée par la proximité avec les Antilles. Tous les éditeurs comme les libraires guyanais
rencontrés ont expliqué qu’un livre d'un auteur guyanais ou même édité en Guyane se vend très peu
en Martinique ou en Guadeloupe. Alors qu’à l'inverse, les lecteurs comme les points de vente
guyanais sont beaucoup plus ouverts et curieux des publications des Antilles ou d'Haïti, par exemple,
et qu’un éditeur comme Orphie, implanté depuis 1984 à La Réunion, est très visible dans les librairies
en Guyane et plus encore dans les rayons livres des grandes surfaces alimentaires. Cette production,
pas toujours d'excellente qualité, « encombre » les étals guyanais au détriment de publications qui
pourraient être davantage locales sur des sujets aussi porteurs (cuisine, tourisme…).
décembre 2013 - Asfored 46
47. Éditeurs/ Auteurs en Guyane :
Atouts
Un vivier d'auteurs soutenus par des associations locales
Les auteurs guyanais contrairement à ceux d'Haïti notamment restent peu connus hors de Guyane
même les plus emblématiques comme Serge Patient, Elie Stephenson ou André Paradis, par
exemple. Il y a, semble-t-il, en Guyane une persistance de l'édition « à compte d'auteur » ou « à
demi », notamment pour des ouvrages universitaires, comme en témoigne la visibilité de la
collection des Presses de l'Université des Antilles et de la Guyane via le site publibook.com.
il s'agit davantage en Guyane d'auto-édition, notamment portée par des associations loi 1901
comme l'AGE (Association guyanaise d'édition) ou l'AAG (Association des auteurs guyanais), née en
1994, ou encore l'association MKT (Mayouri Kozé Tracé), créée en 2008, qui est une structure
éditoriale puisqu’elle possède déjà 19 livres édités à son actif (soit environ 4 par an et dont 5 dédiés
aux enfants) mais organise aussi des cafés, jardins et même abattis littéraires, des ateliers
d'écriture, un prix littéraire et des rencontres dans les écoles et collèges avec les « écrivains en
herbe », soit les auteurs guyanais de demain…
décembre 2013 - Asfored 47
48. Éditeurs/ Auteurs en Guyane :
Atouts
Des secteurs éditoriaux particulièrement porteurs
Le domaine de la littérature et de façon plus globale, la promotion de la culture et de l'histoire
guyanaises à travers essais, documents et ouvrages de référence semblent déjà « pris en charge » et il
convient surtout de favoriser la numérisation, l'impression à la demande, les cessions de droits ou les
traductions, les achats par les bibliothèques, la communication hors Guyane pour les sciences humaines
et sociales comme pour les romans. A noter une demande croissante en Guyane pour des
« romans féminins » pas forcément « sentimentaux ».
Il s'agit pour les éditeurs guyanais d'imaginer en priorité des titres ou de nouvelles collections
attractives et de qualité (texte comme iconographie) dans les domaines suivants du secteur pratique :
cuisine, santé, plantes, jardinage, écologie, tourisme vert, artisanat, couture, décoration, etc. avec des
déclinaisons pour les enfants et des ouvrages de référence mais aussi des adaptions à petits prix. On
ajoutera les ouvrages pédagogiques, de vulgarisation scientifique (nature, biodiversité, espace) avec des
partenariats, des ouvrages parascolaires et d'autoformation dans une logique d'édition multisupport, et
des ouvrages jeunesse (fiction et documentaire) ainsi que BD-Mangas, dont les thèmes et les
illustrations font référence à l'univers guyanais.
décembre 2013 - Asfored 48
50. Libraires en Guyane : Difficultés
Des problématiques communes aux librairies de Métropole
- problèmes de succession, de transmission de commerces dont la rentabilité moyenne est la plus
faible pour le commerce de détail (0,6 % selon le Syndicat de la librairie française)
- hausse continue des charges d'exploitation : personnel, loyers en centre-ville qui ne leur
permettent pas forcément d'avoir les emplacements les plus visibles pour la clientèle de passage,
touristes ou professionnels en déplacement (à l'inverse des « bazars chinois »)
- développement des librairies en ligne et des téléchargements d'e-books qui induisent un risque
croissant de désintermédiation entre les livres et les lecteurs encore plus hors Métropole
- déplacement des zones de chalandise en périphérie des villes qui se trouve illustrée à Cayenne
par l'ouverture, après celle du magasin But (le plus grand de l'enseigne) en 2008 et du multiplex
cinématographique Agora en 2011, de la galerie marchande Family Plaza
- concurrence plus récente qu’en Métropole mais croissante des rayons livres des grandes surfaces
alimentaires aggravée par l'érosion continue du public des gros acheteurs et des grands lecteurs,
coeur de cible des librairies indépendantes
décembre 2013 - Asfored 50
51. Libraires en Guyane : Difficultés
Accentuées par des spécificités du territoire
- leur nombre réduit et les distances qui les séparent entre eux (60 kms entre Cayenne et Kourou,
250 kms jusqu’à Saint-Laurent du Maroni) mais aussi d'associations, groupements ou réseaux en
Métropole ; les délais et erreurs de livraisons, le coût du transport et le coefficient de majoration
de 1,15 (sauf livres scolaires)
- l'énorme difficulté de recrutement d'un personnel à la fois qualifié (donc arrivant presque
toujours de Métropole puisqu’il n'existe pas notamment de DUT Librairie en Guyane) et stable (le
turn over est un souci récurrent et majeur pour tous les libraires rencontrés)
- les spécificités très contraignantes de la gestion des commandes d'une librairie implantée en
Guyane : pas d'offices, rares visites des représentants (en moyenne, 3 à 4 par an) soit la nécessité
de s'informer soi-même sur les fonds et les nouveautés des maisons d'édition, le risque
permanent de surstockage
- la prééminence du marché des livres scolaires, et donc, une forte dépendance vis-à-vis des
budgets des collectivités, des commandes complexes à gérer, des stocks coûteux (nécessitant des
garanties COFACE) des retards de paiement…
décembre 2013 - Asfored 51
52. Libraires en Guyane : Atouts
L'absence de grandes surfaces culturelles
Il n'existe aucune grande surface culturelle sur le territoire. Certes ni les Antilles ni la Guyane n'ont
échappé à la montée en puissance des grandes surfaces alimentaires (GSA), « nouveaux venus »
dans le commerce du livres : hypermarchés (Cora installé en 2005 et devenu en 2009, Géant Casino,
Carrefour) ou de supermarchés (Super U de Kourou ou de St-Laurent du Maroni). Mais cette forme
de concurrence assez récente pour les points de vente livres en Guyane ne peut soutenir la
comparaison avec de véritables librairies qui font du conseil, de l'accueil et de l'animation leur
cœur de métier.
La problématique serait très différente si certaines chaînes de produits culturels s'avisaient de
s'intéresser à un territoire aussi porteur que celui de la Guyane en termes de croissance
démographique et d'opportunités commerciales. Ainsi, Gibert Joseph, forte déjà de 29 points de
vente et spécialiste des livres scolaires, parascolaires et universitaires et des livres d'occasion (en
forte croissance : 25 % des achats en septembre 2012 selon GfK) ou encore Cultura ,
particulièrement performante pour son assortiment (ouvrages jeunesse, parascolaires, pratiques
mais aussi loisirs créatifs, instruments de musique ) auprès des familles (listes scolaires, animation
d'ateliers, etc.).
décembre 2013 - Asfored 52
53. Libraires en Guyane : Atouts
Des entrepreneurs dynamiques
Ce sont d'abord des professionnels dont la qualité est reconnue par leurs pairs comme en atteste
notamment l'attribution par le Centre national du livre du label LiR à Lettres d' Amazonie – Cas'A
Bulles et Encrage. Ils font preuve d'une véritable expertise dans la gestion de leurs commandes (soit
la connaissance de leur clientèle comme des catalogues des éditeurs) puisque la plupart indique des
taux de retour de 5 % seulement. Certains appartiennent également à des groupements
professionnels comme Canal BD ou Siloë et entretiennent leur réseau de contacts avec les éditeurs
et les auteurs en Guyane comme en Métropole pour organiser de très nombreuses animations dans
leurs magasins mais également « hors les murs ».
Les libraires guyanais sont de vrais chefs d'entreprise qui investissent (achat des locaux,
déménagements, réaménagements, extensions ; sites de ventes en ligne ; logiciels de gestion
professionnels ; informatisation…), embauchent en dépit des conditions difficiles de recrutement et
donc créent des emplois locaux, répondent aux appels d'offres des collectivités publiques, et
s'impliquent dans des services de proximité en dépit de la concurrence des adjudicataires de
Métropole, vont à la rencontre des publics qui n'osent pas forcément pousser la porte d'une
librairie ou d'une bibliothèque et avant tout maintiennent une relation forte avec leurs clients qu’ils
parviennent à fidéliser en restant à l'écoute de leurs attentes.
décembre 2013 - Asfored 53
55. Préalable
Aider les acteurs de la chaîne du livre à se structurer en
association où aider à la création d'une Agence du Livre qui les
représente, afin qu’ils puissent :
•devenir des partenaires de la politique de soutien du Conseil régional ;
•dialoguer de manière responsable et unifiée, à travers leurs représentants,
avec la collectivité régionale et les instances professionnelles de la filière du
livre, tant au niveau régional que national, voire international.
décembre 2013 - Asfored 55
56. Professionnalisation des acteurs
Ressources
•Informations clés sur le livre centralisées
•Outils, modèles et procédures spécifiques téléchargeables
(ex : contrat d'auteur ; fiche argumentaire ; budget-type communication ; compte
d'exploitation prévisionnel ; procédures et règles des appels d'offres ; …)
Ateliers
•Atelier d'une ½ journée ou d'1 journée, programme annuel sur la base de 8 ateliers
(groupe interprofessionnel ou interrégional) sur un aspect spécifique de l'organisation
et la gestion d'une maison d'édition ou d'une librairie
(ex : contrat de diffusion ; bases de données clients ; site internet et réseaux sociaux ;
participation à un salon ; relations avec les medias ; diffusion à l'international ;
négociation commerciale ; relations avec les bibliothèques…)
décembre 2013 - Asfored 56
57. Professionnalisation des acteurs (suite)
Conseil / Accompagnement
Mise en relation avec experts en gestion juridique, économique ou marketing et
communication
Accompagnement des maisons d'édition et des librairies indépendantes confrontées à
une question stratégique ou à un stade crucial de leur développement par un
consultant spécialisé dans l'accompagnement de PME/TPE de l'édition.
Plan de formation continue
Journées de formations dédiées et opérationnelles à destination des éditeurs, des
libraires et des auteurs selon les besoins identifiés
Filière Livre
Favoriser la constitution d'un « écosystème du livre » en Guyane et la délégation à des
compétences locales
Création d'un BTS ou DUT (+ Licence Pro) Métiers du livre, en particulier option
Librairie, si possible en alternance
décembre 2013 - Asfored 57
58. Liens interprofessionnels
Annuaire / Agenda
Constitution de bases de données professionnelles pour un meilleur accès des
éditeurs et des libraires aux prestataires et acteurs du secteur livre en Guyane et hors
Guyane
Voir infra : Portail « Livre en Guyane »
Rencontres interprofessionnelles
Organisation de journées thématiques permettant de réunir les acteurs de
l'interprofession et plus globalement les acteurs culturels de la région et hors région,
élaboration d'un planning de rencontres : environ 3 par an
Rencontres interrégionales / transfrontalières
Journées autour de problématiques communes
décembre 2013 - Asfored 58
59. Liens interprofessionnels
Mutualisation des moyens
Accès à des moyens partagés en matière de veille, de gestion, de distribution,
d'impression, de communication, d'administration à de meilleures conditions.
Groupes de réflexion
Regroupement d'acteurs du livre ayant des intérêts communs pour constituer un
groupe de réflexion et de travail et parler « d'une même voix » + Antilles-Guyane
(ex : Enjeux et spécificités du livre scolaire dans les DOM-TOM)
Numérique
Portail « Livre en Guyane »
(Ressources + Bases de données professionnelles + Sitothèque
+ Agenda événements culturels)
décembre 2013 - Asfored 59
60. Numérique
Portail « Livre en Guyane »
Ressources + Bases de données professionnelles+ Sitothèque + Agenda événements
Editeurs et Auteurs
Soutien à la numérisation des fonds
Soutien à la création d'outils innovants (ex. : applications)
Soutien à la création de sites, blogs, présence sur les réseaux sociaux
Aide à la mise en relation librairies et bibliothèques numériques
Conseil contrats d'édition (droits numériques)
Information plateformes autoédition et impression à la demande
Libraires
Soutien stratégie multicanal (web + magasin)
Renouvellement parc informatique, logiciels
Soutien commercialisation œuvres du patrimoine numérisé (BnF) : ouvrages
indisponibles dur la Guyane
décembre 2013 - Asfored 60
61. Livre scolaire
Éditeurs
Former un groupe d'enseignants et d'experts pour réfléchir à des outils numériques
pour l'apprentissage des élèves et des adultes (français langue étrangère notamment)
Constituer un pôle de ressources en Guyane (auteurs, illustrateurs, enseignants…)
pour favoriser des partenariats avec des éditeurs scolaires ou des sites partage
enseignants
Libraires
Renforcer l’information sur les appels d'offres et sur la concurrence des adjudicataires
Rappel des règles et procédures légales
Signature d'une « charte des bons usages »
Favoriser les achats directs des livres scolaires lycéens / libraires guyanais avec une
carte (voir projet Pass culture 973)
décembre 2013 - Asfored 61
62. Vie littéraire et culturelle
Résidences d'écrivains, d'illustrateurs, de traducteurs, de chercheurs
Organisation de rencontres dans les établissements scolaires, d'ateliers d'écriture,
d'animations dans les librairies indépendantes
En partenariat avec les associations d'auteurs guyanaises
Salons du livre en Guyane et hors Guyane
Salon du livre de Paris (stand Outre-mer / Guyane)
Foire de Paris, manifestations Guyane en Métropole
Salon du livre jeunesse à Cayenne
Rencontres du livre de voyage et d'aventures
Animations itinérantes
Aller à la rencontre des publics (enfants et parents) ayant peu accès au livre grâce à
des animations originales et itinérantes
décembre 2013 - Asfored 62
63. Aides et subventions
Renforcer l'information sur les aides existantes et nouvelles
Simplifier les procédures
Mise en valeur du dispositif existant (notamment Région Guyane) et des aides
nationales (CNL, ADELC, IFCIC, …)
Simplification et aide au montage des dossiers
Consolider les aides dédiées aux supports de promotion
Soutien des éditeurs et des libraires indépendants pour la réalisation de leurs
catalogues papier et/ou web
Consolider les aides aux salons
Soutien des éditeurs et des libraires pour leur participation à des salons nationaux ou
internationaux y compris thématiques (Blois, Saint-Malo, Belem…)
décembre 2013 - Asfored 63
64. Aides et subventions
Consolider les aides financières pour les investissements matériels
Soutien des éditeurs et des libraires
(ex : équipement informatique, travaux de modernisation et d'agrandissement,
aménagement et achat de mobilier)
Consolider les aides financières à l'investissement et au développement
Soutien des éditeurs et des libraires indépendants pour faciliter l'aboutissement de
projets d'investissement liés à leur professionnalisation et la réalisation de projets
d'investissements mutualisés ou non
(ex : aides à la publication et à la traduction ; projets de numérisation ; création et
enrichissement du fonds ; rachat de stocks ; centre d'impression à la demande)
Participer au financement de la croissance des maisons d'édition et des librairies
indépendantes
Consolider les capacités financières des maisons d'édition et des librairies
indépendantes, accélérer le développement économique des maisons d'édition et des
librairies indépendantes sous capitalisées
décembre 2013 - Asfored 64
66. D’un point de vue purement économique, les maisons d'édition
comme les librairies guyanaises (hormis Cas'A Bulles) sont toutes des
microentreprises, soit des structures occupant moins de 10 personnes et
ayant un chiffre d'affaires annuel n'excédant pas 2 millions d'euros. Il en va
bien autrement de leur « poids symbolique » et de leur rayonnement culturel
pour faire mieux connaître la Guyane sur et au-delà de son territoire mais
surtout en raison du rôle majeur que tous les acteurs du livre guyanais, avec
leurs manques mais aussi leurs réussites, ont à jouer pour l'avenir de la
lecture (et aussi de la francophonie) dans cette partie du monde.
Tous les acteurs de l'écosystème du livre en Guyane, auteurs,
éditeurs, libraires, bibliothécaires, associations culturelles doivent être
mobilisés pour que la promotion de la lecture prépare les lecteurs de demain.
décembre 2013 - Asfored 66
67. Que veut la Guyane pour le livre ? Des acteurs déjà professionnels, qui
innovent mais sont isolés, en nombre trop réduit et qui cumulent les
difficultés de leurs confrères métropolitains avec certaines contraintes
inhérentes à leur situation géographique ?
La Guyane a la chance d'avoir des entrepreneurs qui lui ressemblent, qui
osent et savent prendre des risques mesurés, relever les nouveaux défis
comme ceux qui persistent. C’est bien le rôle de l'Etat et de la Région de les
accompagner dans leurs projets, d'être à leurs côtés dans leurs difficultés et
de contribuer à cet effort vital pour le territoire.
Car, en effet, l'enjeu majeur pour la Guyane, davantage encore que pour
d'autres régions du fait de sa croissance démographique, c’est l'éducation au
livre et à la lecture de toute sa jeunesse, futurs lecteurs mais aussi futurs
auteurs, éditeurs, libraires, bibliothécaires, journalistes, et tout simplement
citoyens éclairés de demain…
décembre 2013 - Asfored 67
68. Merci de votre attention.
Étude sur le livre en Guyane
disponible en ligne :
http://www.asfored.org/page.php?rubrique=mp_audit__conseil&page=10
(Rapport entier hors annexes confidentielles)