L’initiative « Plumes du Lac », lancée par le Club CEWIJE du Lycée du lac TANGANYIKA en 2017, est née de la volonté d’offrir aux jeunes élèves un coaching littéraire professionnel, un accompagnement en écriture et un cadre d’expression libre. Cette initiative vise le renforcement des capacités linguistiques, l’éveil de l’esprit de créativité littéraire et la maitrise de certaines techniques de rédaction.
3. PLUMES DU LAC-CEWIJE 2019
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La poésie, c'est cela qui importe.
La poésie des mots, mais aussi et surtout
Celle des choses, celle des sens,
Du sens et du non-sens,
Celle des sensations
Que l'on éprouve durant
Ce court rêve éveillé
Qu’est la vie.
G.Dor
5. PLUMES DU LAC-CEWIJE 2019
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Préface
S’il existe une aventure
merveilleuse qui a certainement
commencé un jour et qui
continue toujours, c’est bien
« Plumes du Lac ». Cette
année, nous vous présentons
déjà la deuxième édition très
riche en imagination. Comme
vous le savez peut-être, il avait
été demandé aux jeunes élèves
de définir « la vie » à travers un
poème ne dépassant pas deux
pages. Certains ont hésité,
d’autres n’ont trouvé aucun
intérêt dedans. Il y en a d’autres
qui, hantés par la passion de
s’exprimer librement, ont décidé
de se lancer. Parmi eux, nous
avons sélectionné les 12
meilleurs après un travail en
atelier. Il s’agit de :
Kira Jean Aimé Derrick,
Nshimirimana Angel, Nishimwe
Félicien, Mugisha Noëlla,
Ndanga Don Belly Star , Inankuyo
Dennève, Kusimwa King Etienne,
Musore Prince, Nishimwe Gloria
Daniella , Buhire Elsa
Karelle,Tumba Albert, Irutingabo
Jean Baptiste .
6. PLUMES DU LAC-CEWIJE 2019
Page 6
sous Sous la direction du Coach Nday’Ezec
L’initiative « Plumes du Lac », lancée par le Club
CEWIJE du Lycée du lac TANGANYIKA en 2017,
est née de la volonté d’offrir aux jeunes élèves un
coaching littéraire professionnel, un
accompagnement en écriture et un cadre
d’expression libre. Cette initiative vise le
renforcement des capacités linguistiques, l’éveil de
l’esprit de créativité littéraire et la maitrise de
certaines techniques de rédaction.
7. PLUMES DU LAC-CEWIJE 2019
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TABLE DES MATIERES
Page 9 : « Elle qui est belle » par KIRA Jean Aimé Derrick
Page 13 : « Juste une question » par Jean Baptiste Irutingabo
Page 16: « Je ne veux plus mourir » par BUHIRE Elsa Karelle
Page 19 : « Parfum forestier » par Kusimwa King Etienne
Page 21 : « Longue route » par MUSORE Prince
Page 23 : « Arbre géant » par Don Belly Star Ndanga
Page 25 : « Comme un Caméléon » par Gloria Daniella Nishimwe
Page 27 : « Entre désirs et mille plaisirs » par Dennève Inankuyo
Page 30 : « Un arrêt en plein rêve » par Tumba Albert
Page 33 : « Course infinie » par Angel Nshimirimana
Page 35 : « De l'or pur » par Félicien Nishimwe
Page 37 : « A toutes mes déceptions » par MUGISHA Noëlla
9. PLUMES DU LAC-CEWIJE 2019
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Elle qui est belle
Elle me demanda :
Veux-tu me voir ?
Veux-tu m’avoir ?
Je suis Elle,
Je m’appelle Elle.
Tout le monde veut me voir,
Tous les humains rêvent de m’avoir.
Et moi, à mon tour,
Je lui demandai :
Qui es-tu ?
Que veux-tu ?
Où es-tu ?
Elle me répondit :
Ouvre tes yeux
Et regarde vers le haut :
Au sommet, c’est là où je suis.
Porte ce sac et viens vers moi !
KIRA Jean Aimé Derrick
Il est né à Buyenzi (Bujumbura) le 20 février
2001. Il a fréquenté l’ Ecole Maternelle Notre
Dame de la tendresse et l’école primaire Les
Anges de Bujumbura. Il est actuellement
élève au Lycée du Lac TANGANYIKA. Il est
passionné par la poésie-slam, la
cinématographie.
10. PLUMES DU LAC-CEWIJE 2019
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Ouvrant timidement mes yeux,
Devant mes pieds tremblotants,
Je vis un gros sac très lourd.
Son poids rivalisait avec celui de 5 chairs
De loups morts.
Je ne pouvais pas le soulever.
Il était difficile à déplacer.
Et après le sac,
Il y avait une haute montagne,
Une montagne chatoyante,
Une éminente montagne très attrayante.
Sur elle, Elle était posée.
J’avais envie de la voir
Et savoir comment l’avoir.
Grâce à sa voix tendre et douce,
Je repris courage.
Et sur ses ordres,
J’entamai l’escalade.
Je mis le sac sur mon dos
Et me dépêchai à attendre le sommet,
Le plus tôt possible.
Au cours de la route,
Mon énergie fut drainée inévitablement.
Et toujours,
Je ne comprenais pas ce que je faisais.
Je voulais me reposer,
Poser le sac,
Mais ses ordres étaient clairs : pas de repos !
11. PLUMES DU LAC-CEWIJE 2019
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Elle me disait sans cesse :
Ne pas avancer, c’est reculer.
Et comme tu m’a défiée,
Tu dois m’affronter.
Tu ne peux pas laisser tomber,
Joue ton va-tout
Et atteins le sommet !
Après ces mots,
Je réalisai que je marchais sur Elle.
Elle, c’était la montagne.
Rempli de force,
Je décidai de ne pas laisser tomber,
Pour éviter de creuser ma propre tombe.
Petit à petit,
Mon visage devenait mélancolique
Et tout mon corps cessait d’être mécanique.
Je devais continuer ma route
Pour gifler le sommet pointu de la montagne
Terrible Montagne qui me faisait souffrir.
Arrivé au sommet,
Elle apaisa ma douleur,
Elle me combla de bonheur,
Elle fit de moi un homme d’honneur.
Mais qui est-elle,
Elle qui est belle,
Elle qui siège au sommet de la montagne ?
12. PLUMES DU LAC-CEWIJE 2019
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…Elle, c’est la vie.
Pour l’atteindre,
Il ya toujours un long chemin à parcourir,
Une montagne à escalader,
Un fardeau lourd à porter,
Une peine à endurer.
Pour arriver au sommet,
Il y a une seule condition :
Ne pas somnoler en cours de route.
…Elle, c’est la vie.
Pour l’atteindre,
Il ya toujours un long chemin à
parcourir,
Une montagne à escalader,
Un fardeau lourd à porter,
Une peine à endurer.
13. PLUMES DU LAC-CEWIJE 2019
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Juste une question!
Nous essayons de comprendre,
Nous posons de pénibles questions,
Nous briguons un bras de fer
Tantôt avec le mensonge,
Tantôt avec la vérité…
Au final, nous nous perdons
Dans des causeries interminables.
Il n’y a pas un jour qui passe
Sans que nous ne soyons en train de chercher.
Par le pur hasard des temps impérissables,
Nous tombons sur des réponses hasardeuses.
Nous essayons de décrire la chance,
Nous tentons désespérément d’y trouver un remède,
Nous retouchons les idées qui remontent à la surface,
Et bêtement, nous pensons les immortaliser
Sur des papiers périssables.
Jean Baptiste Irutingabo
Il est né le 26 mars 2001à Makamba, commune
Mabanda, colline Kibimba I. Il a fréquenté l’école
primaire de Kinanira III (Bujumbura). Il est
actuellement élève au Lycée du lac TANGANYIKA.
Il est passionné par la poésie, l’art (peinture) et la
musique.
14. PLUMES DU LAC-CEWIJE 2019
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Avec des questions faciles ou difficiles,
Nous creusons hardiment.
A chaque instant, nous nous rappelons…
Nous nous rappelons qu’on ne remet jamais à demain
Ce qu’on peut faire d’une main.
Certains appellent cette histoire la vie,
Mais moi, dans mon coin je me demande :
« Qu’est-ce que la vie ? »
La vie, je me dis…
C’est le commencement et la fin
L’invisible et l’intouchable,
Cette graine qui pousse péniblement
Et qui finit par donner de jolies fleurs.
La vie, je me dis…
Ce sont les échecs et les réussites,
Le rêve et l’accomplissement,
C’est une bataille dès la naissance
Qu’on livre avec des armes fascinantes :
Des balles de conseils de gros calibre,
Un bouclier blindé de décisions,
Une lance ferrée qu’est la redoutable vision,
L’épée à double tranchant qu’est le travail assidu.
Entre la naissance et la mort,
C’est le grand voyage terrifiant.
Chaque jour, on se réveillera
Et on se mettra en route,
On marchera sur des épines,
On piétinera des cailloux impitoyables.
15. PLUMES DU LAC-CEWIJE 2019
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Quelle que soit la douleur,
On ne rebroussera pas chemin.
La vie, elle est une danse parfaite,
Même le meilleur chorégraphe s’éteindra
Sans avoir trouvé la vraie chorégraphie.
Le plus important,
Ce ne sera pas d’avoir atteint la perfection,
Mais de s’endormir après avoir dansé
Le plus longtemps possible.
La vie, je me dis…
C’est le commencement et la fin
L’invisible et l’intouchable,
Cette graine qui pousse péniblement
Et qui finit par donner de jolies fleurs.
16. PLUMES DU LAC-CEWIJE 2019
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Je ne veux plus mourir
Un proverbe dit que ce sont de petits ruisseaux
Qui font de grandes rivières…je ne vous apprends rien.
Simplement, j’ajoute que ce sont les tierces
Qui font les secondes,
Les secondes qui font les minutes,
Les minutes qui font les heures,
Les heures qui font les jours,
Les jours qui font les années,
Les années qui font toute une vie.
Mais, où est-ce que je veux en venir ?
Personnellement, je crois…
Je crois que ce qui nous fait
Perdre la magie de la vie,
Ce sont de petits détails.
C’est ce bonjour qu’on reçoit le matin,
Ce merci venant d’un cœur chaud,
BUHIRE Elsa Karelle
Elle est née le 2 Septembre 1998 à
Kinindo (Bujumbura). Elle a fait l’école
primaire ESCAF au Rwanda. Elle est
actuellement élève au Lycée du Lac
TANGANYIKA. Elle est passionnée par la
lecture, l’écriture et le dessin. Elle rêve de
se lancer dans la programmation en
informatique.
17. PLUMES DU LAC-CEWIJE 2019
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Ce sourire que les yeux d’un être cher dégagent,
Ce bonheur de garder l’espoir
Que dans peu qu’on possède, on aura plus demain.
Parfois, on désire être comme…
On cherche à imiter ceux qui ont touché le sommet,
On se bat pour incarner leur personnage,
Et au lieu de vivre…on meurt en eux.
Autrefois, je voulais être comme…
Et j’en suis morte.
Ressuscitée, je ne veux plus mourir.
Mes qualités, mes convictions…
Je ne les enterrerai plus.
Je ne me morfondrai plus dans la foule,
Je n’aurai plus peur des risques,
Je ne laisserai plus jamais la personne unique,
La reine qui siège en moi…mourir bêtement.
Non, je ne veux plus mourir !
Etre appelée une marginale,
Si le combat m’y oblige…je prends la main.
Je n’assisterai plus aux obsèques de ma personne,
Ooooh oui! J’ai pris la décision de vivre.
Ecoutez-moi !
J’ai décidé d’oublier ce que j’ai à perdre,
J’ignore les critiques et les injures,
Et être marginalisée, c’est une musique je danse sans gêne.
Subir les moqueries du monde, c’est rien !
Le plus important, c’est l’accomplissent de mes rêves.
18. PLUMES DU LAC-CEWIJE 2019
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Chaque jour,
Je me concentre sur mes capacités,
Je cherche ce qui me fait plaisir,
Je découvre ce qui me passionne,
Je valorise mes points forts,
J’améliore mes points faibles,
Je reste fière de ce que je suis.
Ils ont fait le monde, dit-on,
C’est normal, c’était leur époque.
Mon époque ! Elle a fait déjà son entrée triomphale.
Les gars, c’est mon tour de régner.
Plus jamais, je ne me laisserai intimider.
Je ne veux plus ressembler à personne,
Je ne veux plus mourir,
J’ai pris la décision d’aller de l’avant.
A tous ceux qui ne comprennent pas encore
Le vrai sens de mes mots,
Je vous donne rendez-vous au sommet
De la montagne multicolore,
…je suis née pour briller. That’s all !
Personnellement, je crois…
Je crois que ce qui nous fait
Perdre la magie de la vie,
Ce sont de petits détails.
C’est ce bonjour qu’on reçoit le matin,
Ce merci venant d’un cœur chaud,…
19. PLUMES DU LAC-CEWIJE 2019
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Parfum forestier
La vie,
Elle est comme un géant invisible,
Elle est comme ce parfum forestier aux multiples odeurs,
Ce parfum qui embaume les cœurs écœurés
Par la méchanceté des hommes
Et qui laisse les papillons voyageurs survoler
L’immense pâturage labouré
Par nos envies pressantes de vivre.
La vie,
Elle est comme un vent léger qui fouette les champs fleuris
Et qui me fait penser à ce pouvoir terrestre
Qui fait couler notre sueur sur l’argile qui nous façonne,
Sème dans nos pensées le cauchemar d’héroïsme
Qui ne s’accomplit jamais au moment voulu.
Kusimwa King Etienne
Il est né à Bwiza (Bujumbura) le 21
Septembre 2001. Il a fréquenté l’école
primaire La Colombière de Kigobe. Il est
actuellement élève au Lycée du Lac
TANGANYIKA. Il est passionné par la
musique (choriste) et la poésie.
20. PLUMES DU LAC-CEWIJE 2019
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La vie,
Elle est comme une voix obscure, intrinsèque
Qui parle à nos âmes impures
Et qui abaisse la tension de nos ambitions.
La vie,
Elle est ce cadeau divin,
Qui commence avec l’arrivée sur terre
Et qui se poursuit dans l’au-delà.
La vie,
Elle est cette image panoramique
Qu’on zieute avec un regard froussard,
Qu’on affronte avec sueur contre vampires nocturnes
Pour arriver au sommet où loge la racine d'or.
La vie,
Elle est cette histoire belle ou mauvaise
Qui s'écrit avec une encre colorée
Sortant d’une plume constamment zélée
Et qui se lit aisément dans les yeux des pionniers.
La vie,
Elle est cette lumière intense
Qui freine les ombres inéluctables
Et qui répare les iris aveuglés
Par l’envie incessante de goûter à
A tous les plaisirs d’ici-bas.
La vie,
Elle est ce cadeau divin,
Qui commence avec l’arrivée sur terre
Et qui se poursuit dans l’au-delà.
21. PLUMES DU LAC-CEWIJE 2019
Page21
Longue route
C’est dans cet endroit chaud et calme que tout commence.
On entame une longue route en silence,
On lance le premier pas sans résilience.
Bien qu’on ne voie pas tout devant,
On garde jalousement les yeux sur la perle rare
Que les humains surnomment la vie.
Pour éviter de déraper avant l’heure,
On reste dans le jeu,
Et on avance.
La perle rare nous intrigue
Car c’est elle l’essence du bonheur,
De la liberté, de l’existence.
MUSORE Prince
Il est né à Kinindo (Bujumbura) le
30 juillet 2001. Il a fréquenté l’école
du Progrès, l’école primaire Saint-
Michel et l’école primaire de
Kinindo. Il est actuellement élève
au Lycée du Lac TANGANYIKA. Il
est passionné par les langues, le
sport, l’art, le design, les livres et
aimerait devenir un homme
politique.
22. PLUMES DU LAC-CEWIJE 2019
Page22
Comme la route,
Elle montre son ventre
Chaque fois qu’on progresse.
Des cailloux, du sable mouvant, des trous…
Plus d’obstacles à surmonter.
Atteindre la destinée, c'est le défi commun à relever.
Demain ou après demain,
Tout le monde sera l’invité du jour.
Quant aux règles du voyage,
Personne ne saura avec qui danser.
Sur cette longue route,
Des cris d’oiseaux jailliront de partout,
Des projets, des billets de banque
Des amis, des ennemis…
Il y aura tout un monde à découvrir.
Pour une fin heureuse,
On affrontera l’impossible.
Demain ou après demain,
Tout le monde sera l’invité du jour.
Quant aux règles du voyage,
Personne ne saura avec qui danser.
23. PLUMES DU LAC-CEWIJE 2019
Page23
Arbre géant
La vie… elle est cette histoire unique qu’on écrit
Et qu’on n’arrête pas d’actualiser à chaque lever du soleil.
Elle est une plume ivre de liberté
Avec laquelle on remplit chaque page du destin.
Avec une touche entachée d’humanité,
On verse l’encre et on se laisse aller.
La vie est comme cette toile sans étoiles
Sur laquelle un peintre jovialement inspiré
Pose des coups de pinceaux hautement calculés
Et transmet un message divinement crypté
Que seuls les grands esprits décryptent avec sagacité.
La vie, c’est ce voyage éternel vers l’infini,
Cette longue route où on marche inlassablement
Sans toutefois se rendre compte qu’on dévore des km.
Elle est une longue expédition sous un soleil exténuant,
Visages tristes remplis de sueur et pieds terrassés par la fatigue.
Don Belly Star Ndanga
Il est né à Musaga (Bujumbura) le 8
juillet 2001. Il a fréquenté l’école
maternelle « centre artisanal »,
l’école maternelle et primaire des
sœurs « Bene Mukama ». Il est
actuellement élève au Lycée du Lac
TANGANYIKA. Il est passionné par
la prière, la poésie, la musique, le
dessin, l’architecture, la danse et la
politique.
24. PLUMES DU LAC-CEWIJE 2019
Page24
Canne à la main, on progressera, on tombera, on se relèvera
Et malgré tout, on ne croisera jamais les pieds.
La vie…elle est aussi un verbe,
Un verbe qui se conjugue parfois à deux, à trois…
Aujourd’hui, on croise un frère et un projet est fait.
Demain, on croisera une sœur et une famille sera fondée.
Et l’autre jour, on tombera sur trois frères
Et des exploits seront accomplis.
La vie…elle est un arbre géant qui traverse toutes les saisons,
Qui affronte les ouragans les plus terribles,
Qui se nourrit de la terre, des eaux profondes
Et qui renouvelle constamment ses forces.
La vie…elle est un mystère qu’on perce au péril de nos envies.
La vie est comme cette toile sans étoiles
Sur laquelle un peintre jovialement inspiré
Pose des coups de pinceaux hautement calculés
Et transmet un message divinement crypté
Que seuls les grands esprits décryptent avec sagacité
25. PLUMES DU LAC-CEWIJE 2019
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Comme un Caméléon
Toutes les heures, elle change de veste,
De voix et de rythme.
Elle porte la peau féerique du caméléon
Depuis la nuit des temps.
Elle tourne le masque à chaque vent qui passe,
Elle grince les dents contre les visages rébarbatifs ;
Sous plusieurs facettes, elle dévoile ses secrets.
La vie,
Sans tenir compte du ciel qui règne,
Elle pulvérise nos envies.
Au moment où l’on s’apprête à accélérer,
La fin devient le commencement,
Et nos déceptions remontent à la surface.
Obstinément, on aura parcouru tous les chemins
Gloria Daniella Nishimwe
Elle est née à Kinanira III (Bujumbura) le 14
juin 1999. Elle a fréquenté l’école primaire
Notre Dame de l’Annonciation, le lycée
Clarté Notre Dame de Vugizo, l’école des
travaux publics. Elle est actuellement élève
au Lycée du Lac TANGANYIKA. Elle est
passionnée par les écrits Bibliques et la
poésie.
26. PLUMES DU LAC-CEWIJE 2019
Page26
Avant de se rendre compte que nos pertes sont
Indubitablement irrémédiables.
Exigeante, elle voudra qu’on soit pionnier,
Qu’on laisse le passé aux passeurs oisifs,
Qu’on impressionne le monde avec hardiesse,
Qu’on endosse le costume du caméléon,
Qu’on s’adapte à toute saison qui montre ses griffes.
Tantôt, elle nous suppliera de nous envoler
Au moment où la pluie sortira de sa tanière ;
Tantôt, avec l’épée de la persévérance,
Celle qui façonne l’élégance des braves gens,
Elle nous exhortera de prendre le gouvernail,
D’épouser la sagesse et l’intelligence,
De se transformer en un caméléon venimeux
Pour conquérir des territoires.
C’est elle qui raisonne les paresseux,
Qui revigore la force des audacieux,
Qui fait barrière aux échecs et remords,
Et qui rend radieuse l’existence des bosseurs.
Comme un caméléon,
Elle est imprévisible et invisible.
Dans ce monde en perpétuelles agitations,
Elle s’offre généreusement
À qui veut l’héberger ne fût ce qu’une nuit…
La vie,
Sans tenir compte du ciel qui règne,
Elle pulvérise nos envies.
27. PLUMES DU LAC-CEWIJE 2019
Page27
Entre désirs
et mille plaisirs
Emportés par l’envie ardente de vivre,
Entre désirs et mille plaisirs,
Devant l’existence glacée qui dégringole
Et les loisirs qui séduisent nos cœurs,
On se perd et on court derrière le vent.
Nos envies insatisfaites
Nous embêtent et nous tourmentent incessamment.
Et sans faire autrement, on délire.
Lumière du matin mélodieux,
Traqueuse des ombres infernales,
Parole messagère des jours qui viennent,
Complice des jours sans soleil,
Ô toi, vie…
Dennève Inankuyo
Elle est née à Kinanira (Bujumbura) le 30
septembre. Elle a fréquenté l’école primaire
Himbaza de Jabe, l’E.P Musaga, Kinindo et
Ngagara, le lycée Municipal de Cibitoke, le
lycée Municipal de Ngagara, l’ECOFO
Kanyosha I, le lycée de Bon Carmel de
Kanyosha, le Lycée du Lac TANGANYIKA.
Elle est passionnée par la poésie, la littérature
africaine, la musique, la danse, le basketball.
28. PLUMES DU LAC-CEWIJE 2019
Page28
Comment conquérir tes paupières
Pour échapper aux vampires de ce siècle abusé ?
Lundi, j’ai eu l’amabilité de te surnommer « cool »
Car dans ta splendeur inestimable
Tu as su raviver mon âme languissante.
Mardi, quand l’ambiance battait son plein
Je ne t’ai pas quittée des yeux…
Tu étais pour moi ce que le ciel est pour la pluie.
Mercredi, même dans mes choix les plus déraisonnables,
Tu n’as pas cessé de roder au tour de moi.
Te voyant m’encercler, rien ne pouvait m’empêcher
De penser à la suite de l’histoire…
Chaque semaine, chaque jour, chaque matin
Ton souffle glissait et glisse encore
Sur le front de ma tête désemparée.
Je peux, je pourrai te baptiser anti-scélérat ;
Je peux, je pourrai t’apostropher anti-funeste,
Anti-dépression…
Car tu as préservé mon existence des choses horribles.
Mais, je t’appellerai aussi traître
Car un jour ou deux tu m’as joué des sales tours.
Ô toi, vie…
Galère, résistance, révolte…j’ai tout appris.
Imposer mes actions, mes choix,
Etre robuste, incarner la gloire,
Etre terrassée par le pessimisme,
Me relever et continuer ma route…
Oui, avec toi, j’ai tout expérimenté.
29. PLUMES DU LAC-CEWIJE 2019
Page29
Ô toi, vie…
Certains de mes compatriotes te chérissent
Quand tu dévoiles tes secrets pour satisfaire leurs envies.
Mais quand la nuit de la souffrance tombe,
Ils te me maudissent et te crachent dessus.
L’heure, le temps passent et ils ne remarquent rien.
On a tous les jours comptés,
Et même si on fait semblant de l’ignorer,
L’ambiance finit toujours ses jours dans la tombe.
J’ai déjà respiré le vent de l’existence,
Maintenant je sais…mon âme en est convaincue,
La folie des désirs puérils, je la chasse comme la grippe ;
Le doute qui m’accable, je le réduit à néant ;
Et les plaisirs qui s’invitent dans mes nuits,
Je les amadoue à ma guise ;
Je vis, je respire et je te déguste…ô toi, vie.
Lumière du matin mélodieux,
Traqueuse des ombres infernales,
Parole messagère des jours qui viennent,
Complice des jours sans soleil,
Ô toi, vie…
30. PLUMES DU LAC-CEWIJE 2019
Page30
Un arrêt en plein rêve
C'est vers minuit, devant ma feuille blanche,
Ne sachant plus quoi écrire,
Que les mots les plus doux de la terre
Se sont éloignés de moi.
A cet instant
Tu m'as échappé toi...
Toi fleur qui pousse chez les riches
Comme chez les pauvres.
Je te voyais venir à moi
Dans un tourbillon de syllabes
Avant que tout ne s'arrête.
Tumba Albert
Il est né à Bwiza (Bujumbura) le 1er
décembre 2000. Il a fréquenté l’école
primaire Saint-Michel Archange. Il est
actuellement élève au Lycée du Lac
Tanganyika. Il est passionné par la
poésie et les sciences. Il rêve de
poursuivre la médecine à l’université.
31. PLUMES DU LAC-CEWIJE 2019
Page31
Cloué, bouche-bée, devant ma feuille vierge,
Embrouillé par un arrêt inattendu
En plein rêve,
Je m'en voulais à moi-même.
Temps d'agiter mes doigts congelés,
Temps de réfléchir
Pour trouver de quoi remplir
Ma feuille tremblante...
Temps de saisir mon stylo
Afin de vomir mes peurs et mes ennuis,
Je n’en trouvais pas.
Tout en moi devint sombre
Comme un mur éclaboussé
Par les vagues noires de la nuit fuyante.
Toi, je voulais te décrire,
Toi fleur qui pousse chez les riches
Comme chez les pauvres,
Toi douleur, souffrance, endurance,
Joie des sans soucis, bonheur purement humain,
Toi inquiétude des ambitieux et des rêveurs,
Toi qui est cette histoire qu'on écrit
Sans en être conscient...
Toi mystère à vivre
Et non algorithme à résoudre,
Toi voyage plein de choix,
D'embûches à surmonter,
Toi parcours incertain
Où sexe, alcool et drogue
Se liguent pour faire des ravages.
32. PLUMES DU LAC-CEWIJE 2019
Page32
Me voilà enfin réveillé
Ne sachant plus quoi accoucher
Sur cette feuille en sanglot
Qui ne réclame qu'à être abimée.
Quelqu'un,
Quelqu'un peut-il me prêter sa plume
Pour que je raconte cette histoire
Où le bonheur des uns fait le malheur des autres?
Quelqu'un peut-il me prêter sa mémoire
Pour que je me souvienne de ce cauchemar
Où le premier devient le dernier,
Où le plus doué se voit disqualifié?
Quelqu'un peut-il me prêter
Enfin sa loupe pour que je discerne
De loin ou de près le dilemme
De cette histoire drôle d'humains
Qui se croient supérieurs aux autres
Pendant que les autres se donnent le droit
D'ôter la vie à ces êtres formidables...?
Quelqu'un peut-il me prêter un crayon,
Des mots, une gomme...?
Tu m'as échappé toi...
Toi fleur qui pousse chez les riches
Comme chez les pauvres.
Je te voyais venir à moi
Dans un tourbillon de syllabes
Avant que tout ne s'arrête.
33. PLUMES DU LAC-CEWIJE 2019
Page33
Course infinie
Une fois au milieu du terrain
Que je nomme existence terrestre,
On se rend compte qu'on fait partie
D'un groupe d'athlètes avides du succès,
Qu'on est candidat à une course
Dont la ligne d'arrivée demeure inconnue
Même au-delà de la dernière seconde de la respiration.
Instinctivement ou machinalement,
On affronte cette course effroyable,
On pleure, on implore les forces de l'univers
Dans l'espoir d'y échapper,
Mais on n'y peut rien
Car la règle du jeu est indéfectible:
"Naître égal participer"
Angel Nshimirimana
Elle est née le 6 février 2000 à
Kanyosha (Bujumbura).
Actuellement, elle est élève au
Lycée du Lac TANGANYIKA.
Elle est passionnée par la
Poésie
34. PLUMES DU LAC-CEWIJE 2019
Page34
Avec ou sans entraînement,
On se voit obligé de courir
Courir sans aucune idée de la trajectoire,
Courir sans aucune notion de temps,
Courir sans jamais franchir la ligne d'arrivée.
Les jours se succèdent inévitablement,
Et on continue inlassablement.
On rassemble toutes nos forces,
Pour éviter d'être un sujet de raillerie.
En vain, on cherchera à faire recours
À notre 6ème sens pour discerner
La fin de la trajectoire.
Plus on avancera,
Elle aura l'apparence d'une muraille gigantesque
Devant nos yeux affamés.
A moindre goûte d'espoir qui jaillira,
On se précipitera pour afin arriver
Mais on n'arrivera jamais.
Au bout du compte,
On se rendra compte
Que la course est infinie.
Avec ou sans entraînement,
On se voit obligé de courir
Courir sans aucune idée de la trajectoire,
Courir sans aucune notion de temps,
Courir sans jamais franchir la ligne d'arrivée.
35. PLUMES DU LAC-CEWIJE 2019
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De l'or pur...
Être dans ce monde,
Ça n'a jamais été une affaire de volonté.
On s'est tous retrouvé
Dans ce gigantesque cosmos
Sans l'avoir demandé.
On y est né sans en avoir été averti.
Un bon matin,
En plein soleil ou au bon milieu de la nuit,
Les uns se sont vus dans des palais royaux,
Les autres sous des huttes en paille
Les moins chanceux dans des poubelles puantes
Et personne ne l'avait planifié ainsi.
Pour certains, la vie semble avoir été injuste,
Pour d'autres , elle a été plus que généreuse.
Félicien Nishimwe
Il est né à Rutovu (Bururi) le 25 mai 1997. Il
a fréquenté l’E.P Kinindo. Il est
actuellement élève au Lycée du Lac
TANGANYIKA. Il est passionné par les
sciences, la littérature, le slam-poésie, la
lecture, le sport et le travail.
36. PLUMES DU LAC-CEWIJE 2019
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Hélas,
Parce qu'elle est ce qu'elle est,
Quel que soit l'endroit où on est né,
Elle posera toujours ses conditions.
Il y en a ceux qui finiront par quitter les palais,
Et d'autres qui finiront pas y entrer.
La vie, pour rendre justice à tous,
Elle s'offrira à tous.
Tantôt elle aura l'apparence d'un contrat,
Tantôt celle d'un examen de math.
Il y a des fois où elle se déguisera en chair humaine.
Elle tentera, jour et nuit, de se cacher partout,
Dans l'espoir d'être embrassée par tous.
Un jour, elle sera dans un livre,
L'autre jour, dans un cœur.
Un jour, elle sera dans une école,
L'autre jour, dans une entreprise.
Un jour, elle sera dans une église,
L'autre jour, dans une voiture qui passe.
Elle sera même là où on n'espérait pas la trouver
Parce que tout simplement,
Elle veut que tout le monde sache
Qu'elle n'est pas injuste,
Qu'elle est juste un trésor rare,
Une richesse cachée quelque part,
Une pierre précieuse, de l'or pur
Qu'il faut juste découvrir et chérir.
Pour certains, la vie semble avoir été injuste,
Pour d'autres , elle a été plus que généreuse.
37. PLUMES DU LAC-CEWIJE 2019
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A toutes mes déceptions
Je n’ai pas reçu de porte bonheur
Pourtant, je suis née avec honneur.
Je réponds au nom de bénédiction
Nom convoité depuis des siècles
Et qui a fini par incarner mon existence.
Chez nous, on m’appelle « Mugisha »,
Symbole de paix, de bonheur et de prospérité
Sans que je ne sois pour autant celle qui est née
Comblée de toutes les grâces.
Ou peut-être que si…que sais-je ?
Le destin… Nul besoin d’en être attristée.
J’ai souvent raté les occasions en or
Qui m’invitaient à faire usage de mes bonnes manières.
Devant tous ceux qui me regardaient d’un air rancunier,
J’ai enterré mes armes.
MUGISHA Noëlla
Elle est née le 26 juin 2001. Elle a
fréquentée l’école maternelle des
petites abeilles et l’école Arc-en-ciel.
Elle est actuellement élève au lycée du
Lac TANGANYIKA. Elle est passionnée
par la poésie et la philosophie.
38. PLUMES DU LAC-CEWIJE 2019
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J’ai été bannie de ce monde en agitation
Et des bêtises sur mon compte se sont accumulées.
Ne dit-on pas qu’à travers nos bêtises inopinées
On grandit mieux que quiconque ?
Ou peut-être que non…que sais-je ?
Devant toute situation porteuse d’avenir,
J’ai toujours trouvé de brûlantes excuses.
Au lieu de continuer à croire…je délirais.
Est-ce cela une raison de rester en vie ?
Ne dit-on pas que le piment de la vie
Est parmi ses nombreux défauts ?
Ou peut-être que non…que sais-je ?
J’ai marché avec le vent et non avec le temps.
J’ai perdu la tête et me suis mis à divaguer.
J’ai couronné l’émotion et détrôné la raison…
Ma philosophie a tout chambardé.
Au bout de quelques heures,
Mes journées me semblaient plus longues que jamais.
Mais, peu importe où le vent m’emmène,
Je monterai dans les hauteurs,
Je toucherai les quatre coins de la terre.
Vers les nouveaux horizons, je m’envolerai.
A toutes mes déceptions,
J’écrirai une longue lettre d’héroïsme.
Ma dignité perdue, je la récupérerai.
Dans ma jeunesse, je renouvellerai mes forces.
Dans ma vieillesse, je goûterai à la gloire.
Pendant les saisons les plus mouvementées,
Je donnerai du repos à mon cœur.
Le destin… Nul
besoin d’en être
attristée.