2. Introduction Le terme dandy est apparu pour la première fois dans les années 1790, alors que George Bryan Brummell (photo) s’impose à la cour d’Angleterre. Cela semble alors l’invention d’un original, d’un parvenu même, qui se serait imposé à l’aristocratie anglaise par son élégance et son esprit, et qui impose une mode vestimentaire sobre et rigoureuse. L’étymologie de ce terme reste floue, hésitante entre des racines franco-anglaises, ce qui traduit bien les forts échanges franco-britanniques
3. Plan I. Un personnage narcissique 1. L’élégance et la mode 2. La finesse de l’esprit 3. l’égocentrisme II. Un personnage mal dans son époque 1. A contre-courant d’une société de masse 2. Un personnage détaché 3. Un marginal III. Baudelaire et le dandysme 1. L’influence du dandysme 2. Un apport au dandysme
4. I. Un personnage narcissique Le dandy est un personnage qui ne vit qu’à travers les yeux des autres, dans lesquels il s’admire. Il doit, selon Baudelaire, « vivre et dormir devant un miroir »
5. 1. L’élégance vestimentaire Le dandy fait preuve d’un grand sens de la mode, mais il ne la suit pas: il la précède. Il se veut élégant et raffiné, tout en gardant une touche d’originalité, et brigue la position de modèle absolu: inimitable et inégalé: selon Baudelaire, il doit « aspirer à être sublime sans interruption ». Il joue en permanence sur l’être et le paraître: son style sobre mais décalé semble dire « je ne suis pas qui vous croyez », mais il reste très superficiel.
6. 2. La finesse d’esprit À l’origine du dandysme, il y a le choix du parfait, du refus des excès et d’un équilibre, supérieur à la foule. Le caractère personnel du dandy, altier, élégant et raffiné, est à l’origine d’une grande finesse d’esprit: ses remarques sont caustiques mais sans verve. Il porte un regard plutôt cynique sur l’époque dans laquelle il vit, et a un langage bien choisi. Lorsque c’est un jeune provincial, cela lui permet d’atteindre la haute société à laquelle il n’appartient pas.
7. 3. L’égocentrisme Le personnage du dandy ne vit qu’à travers le regard des autres, qui ne lui servent que de miroirs dans lesquels il s’admire. Il a besoin, pour vivre, d’être sûr d’être au centre de l’attention de tous Il est indifférent à tout ce qui n’est pas lui-même, et déteste les femmes: « La femme est le contraire du dandy. Donc elle doit faire horreur. La femme est naturelle, c’est-à-dire abominable. Aussi est-elle toujours vulgaire, c’est-à-dire le contraire du dandy » C. Baudelaire
8. II. Un personnage mal dans son époque Le dandy est un personnage marginal, inadapté à la vie en société de son époque, et dont il est complètement dégouté
9. 1. A contre-courant d’une société de masse Le dandysme est le symbole même de l’individualité à l’épreuve de la société de masse, de plus en plus uniformisée au XIXème siècle. Il ne cherche en effet qu’à se distinguer de la foule et de la société toute entière, qu’il juge décadente et grossière. A l’image de George Brummell, son créateur, il n’affiche pas d’opinion politique particulière.
10. 2. Un personnage détaché Le dandy éprouve un grand sentiment de médiocrité du temps présent: il regarde le monde en tant qu’esthète et le trouve laid: il en est même écœuré. Il est désinvolte et ennuyé: il n’affiche aucune passion, aucune émotion, il reste impassible quoi qu’il arrive. Il s’efforce d’être froid et distant de tout le monde, même de lui-même. Il a donc un caractère autodestructeur: «le dandysme est un soleil couchant; comme l’astre qui décline, il est superbe, sans chaleuret plein de mélancolie ». C. Baudelaire
11. 3. Un marginal Un dandy est nécessairement un inadapté social, à l’écart de toute communauté humaine; mais il recherche cette position marginalisé en pratiquant l’auto-mise à l’écart et le mépris des liens sociaux: il ne donne ni ne reçoit jamais rien des autres: il est ainsi certain de ne rien perdre. Il se place ainsi en position de rejeté-rejetant, d’incompris-incompréhensible. Le dandy est donc un être paradoxal: il se veut élégant, mais reste loin du véritable gentleman, car il n’aime personne.
12. III. Baudelaire et le dandysme Baudelaire a été beaucoup influencé par le dandysme, et a été, avec Jules Barbey d’Aurevilly(photo), l’une des figure phare de ce mouvement. Il l’a toutefois quelque peu changé de l’origine de Brummell en lui apportant quelques touches personnelles.
13. 1. L’influence du dandysme Après son voyage à l’île Bourbon, Baudelaire habite un somptueux hôtel et se vêt avec recherche, mais selon son idéal de dandysme, cette élégance n’est « qu’un symbole de la supériorité aristocratique de son esprit ». Il fait part, dans son Spleen, de son mal-être dans son époque, de sa marginalisation (L’Albatros). On lui reproche son écriture et le choix de ses sujets: il n’est compris que par ses pairs, tel Barbey d’Aurevilly A l’image de Brummell, li perçoit la notion de « Hercule sans emploi »: il se dit dépolitiqué. Son habit noir prolonge la simplicité et la deception du premier dandy.
14. 2. Un apport au dandysme A l’aide de Barbey d’Aurevilly, Baudelaire transforme le personnage du dandy en type idéal. La permanence de l’écriture donne une profondeur à ce personnage, transforme la frivolité en spiritualité, et fait de l’élégance une doctrine rigoureuse. La passion brûle derrière une impassibilité affichée Dans Le peintre de la vie moderne, le dandysme apparaît pour Baudelaire comme « le dernier éclat d’héroïsme dans les décadences »: l’héroïsme et l’incertitude de la vie moderne s’incarnent dans le dandy.
15. Conclusion Après Oscar Wilde et le début du XXème siècle, le dandysme se fige et se crispe en une attitude esthétisante ou en snobisme mondain. Sans se retrouver dans son intégralité initiale, le dandysme reste, pour l’art contemporain un modèle esthétique et un instrument d’intelligibilité. Le style du dandy perdure encore dans notre monde moderne, avec notamment des personnages comme Karl Lagerfeld.