1. Compte rendu du Festival d’Angoulème
(Sidonie Astorg, George Dasque, Lionel Monéger, Myriam Ourteau, Christine Sibille)
26 – 29 janvier 2012
Mardi 25 – Jeudi 26 : Le stage des bibliothécaires
En amont du festival, la cité de la bande dessinée (CIBDI) organise chaque année un stage
destiné aux bibliothécaires acquéreurs de bandes dessinées, autour d’une thématique. Sous
forme de conférences et tables rondes, ce sont des rencontres riches avec des auteurs, des
éditeurs, et des spécialistes du média comme Jean-Paul Jennequin, pour la bande dessinée
américaine (Histoire du comic-book,. V1, Des origines à 1954 – Vertige Graphic) ou Jean-
Pierre Mercier, conseiller scientifique du Musée de la bande dessinée.
Cette année « La bande dessinée, fenêtre sur le monde » fut prétexte à un voyage dans
différents continents de bandes dessinées. L’intervention de l’auteur africain Pat Masioni, qui
a réalisé sa première BD pour Albin Michel, sur un banc public, en attendant d’obtenir un titre
de séjour fut particulièrement émouvante.
La dernière demi-journée, était consacrée à la bande dessinée numérique avec une
présentation du portail élaboré par la bibliothèque de la cité, une présentation de la bande
dessinée numérique par Iznéo fournisseur d’accès de bandes dessinées numériques. Ce
fournisseur propose un abonnement aux bibliothèques pour la lecture de bd numériques dans
les murs. Quelques bibliothèques testent le service.
L’emprunt de ressources numériques n’est pas encore d’actualité car les éditeurs restent
frileux sur le sujet.
Quelques sites à visiter :
www.avecomics.com : un catalogue de bd numériques en ligne
www.coconino-world.com : présente des auteurs contemporains et de la bande dessinée
patrimoniale
www.prisedetete.net : pour voir comment explorer les possibilités narratives du numérique
www.lesautresgens : premier site payant, œuvre collective, feuilleton scénarisé par Thomas
Cadène, parution papier régulière, 5 volumes actuellement.
www.festival-blogs-bd.com : le site du festival des blogs, il y aurait actuellement 10 000 à
20 000 blogs BD des amateurs aux professionnels.
> Stage sur la la Bande Dessinée Finlandaise et Suédoise
La Finlande une île, un village (5 millions d’hab.) avec un trait de caractère : se
démarquer. En effet, la bd en Finlande représente un art nouveau, il n’y a pas de trad. de bd
d’humour ni d’aventure et l’objectif de nombre d’auteurs est d’être original, de créer qqch de
nouveau.
La langue finnoise sous-tend une façon de penser étonnante : pas de masc / feminin, pas
d’article, pas de futur, pas de connecteurs logiques…le finnois, langue méditative,
introspective, descriptive. Le nirvana pour finlandais pourrait être de ne pas éprouver le
besoin de communiquer, de pouvoir se taire avec quelqu’un. Traduire le finnois n’est pas
chose aisée si l’on se contente d’une traduction littérale le rendu est très sec et plat. Depuis
2000, la BD finlandaise est assez présente en France (environ une 50aine BD).
2. Aapo Rapi. Fait entendre la voix des personnes âgées….. humour débonnaire pas de nostalgie
mais toujours un hommage à un monde qui va disparaître, univers proche de celui de
Kaurismaki. Meti a été une sélection Angoulême 2011
Meti est le récit des rencontres entre Aapo Rapi et sa grand-
mère Meeri, aujourd'hui âgée de 85 ans, qui coule une vie
tranquille dans la forêt finlandaise, loin du tumulte citadin.
Elle y raconte avec sérénité, humour et franchise ses
tracasseries au travail ou ses relations parfois difficiles avec
les hommes…
Ville Ranta. Personnalité
importante de la scène culturelle finlandaise. Autodidacte, il est l’un
des 1ers à avoir créé un blog (très riche) en Finlande, 1er petit
éditeur, un des seuls à y faire du roman graphique, de
l’autobiographie…
Sélection officielle Angoulême 2011.
Pour créer le héros de son roman graphique, Ville
Ranta s’est inspiré d’une personnalité historique finlandaise, Elias Lönnrot
(1802-1886) qui fut médecin de campagne, poète, et auteur du recueil des
poèmes chantés qui constituent Le Kalevala, l’épopée nationale finlandaise.
Le héros du présent ouvrage porte son nom, mais cette histoire est presque
entièrement imaginée.
Marko Turunen
Hannu Lukkarinen
Adaptation d’un roman historique avec un
graphisme à la Pratt
Tommi Musturi
Des albums souvent en bichromie quasi-muets,
oniriques
La Suède
Il existe une sorte de jalousie ancestrale entre la Suède et la Finlande… (Finlande 1 des
derniers pays où Ikea s’est implanté…). Néanmoins beaucoup d’échanges notamment dans
l’édition
Il y existe une forte tradition de dessins satiriques avec un ton assez noir. Beaucoup d’auteurs
femmes (1/3) avec un discours plutôt féministe, humoristique et sans concession (Liv
Stomquist ; Anneli Furmark « peindre sur le rivage »)
3. Anthologie de la BD suédoise chez les Requins Marteaux (A paraitre en avril…). Sur le salon
on constate la grande vitalité de toute la bd nordique : de nombreux stands, distribution de
luxueuses plaquettes, de petites anthologies bien faites en anglais souvent
> Stage sur la Bande dessinée Israélienne, par Didier Pasamonik
http://www.mundo-bd.fr/?p=3737
On retiendra outre la grande diversité de thèmes, de graphismes, le groupe Actus Tragicus,
créé en 1995 qui incarne une nouvelle émergence de la bd indépendante israélienne. Fondé
par Rutu Modan et Yirmi Pinkus. Beaucoup sont édités chez Actes Sud BD
Rutu Modan
Batia Kolton / Substance profonde (Actes Sud)
David Polonsky / Valse avec Bachir (Actes sud)
Les freres Hanuka, ils sont jumeaux, les 2 veulent faire de la bd. Asaf fera des études en
France, Tomer aux Etats-Unis. http://www.mundo-bd.fr/?p=549
4. > Quelques rééditions classiques bd américaine
Réédité sous l’impulsion de Chris Ware,
Gasoline Alley est un comic strip
Américain qui a commencé fin 1918 sous
forme d'intervention hebdomadaire en
une seule case créant un petit gag avec
des personnages amateurs d'automobiles.
A partir de 1921 les USA ont pu lire tous
les jours un strip en noir et blanc de
Gasoline Alley qui paraissait dans
quantité de journaux locaux et/ou
nationaux et le dimanche ils avaient le droit à une page entière grand format en couleur.
Considéré comme pionnier du courant autobiographique en bd,
Justin Green ouvre la voie au courant underground ainsi
Spiegelman et Crumb le tiennent pour maître …Dans Binky
Brown il se met en scène : blanc américain élevé dans la crainte
de dieu et la culpabilité victime d’hallucinations visuelles (voit
des phallus partout !)…
Prix du patrimoine 2012 pour cette
luxueuse réed de l’immense œuvre de Carl
Barks, l’auteur le plus réputé des studios
Disney, créateur de nombreux personnages
Picsou…24 tomes sont attendus…
5. > Quelques rencontres avec les auteurs
Parmi les rencontres d’auteurs je retiendrai l’incroyable intervention de Pat Masioni
Né à Mikusi dans la région du Bas-Congo, il étudie la
peinture à l’Académie des Beaux-arts de Kinshasa. A
travers son récit on peut appréhender différentes
strates de l’histoire…
Son pays les massacres la censure…….
L’histoire de la bd en Afrique : essentiellement à visée préventive (santé hygiène),
éducative et religieuse (évangéliser les masses) …..Grand succès de Masioni avec une vie de
Jésus en 9 tomes (20 000 ex. chaque tome). Ses caricatures dans la presse font vendre
énormément mais contrôle drastique et Pat Masioni effectuera plusieurs séjours en prison
L’histoire d’un exilé en France : arrivé en France sans papier, il vit
dans la rue et dessine le 1er tome de Rwanda 1994 dans des squares et
des conditions terribles
Un africain chez vertigo ….1er africain à y
travailler relate la manière de fonctionner des
américains : grand pouvoir des éditeurs sur
l’aspect artistique, travail dans l’urgence
Pas très bon souvenir on dirait…….
Sur son blog il évoque cette rencontre (avec les bib) quelques photos
à l’appui …
http://patmasioni.canalblog.com/
Pour creuser : un autre intervenant Christophe Cassiau-Haurie, spécialiste de la Bd africaine
va faire paraitre chez l’Harmantan une « histoire de la BD africaine »
Rencontre très enjouée mais un peu compliquée (langue) avec 2 coréennes :
Yoon-sun Park est née en 1980 à Séoul. Elle est l’auteur du bel album Sous l’eau, l’obscurité
qui relate les difficultés d’une petite fille coréenne à supporter la pression d’une société et
d’un système scolaire obsédés par la réussite, quitte à oublier ses valeurs
morales.
Elle nous a présenté les planches de son prochain album qu’elle a réalisé
dans le cadre de sa résidence à Angoulême et écrit pour la 1ere fois
directement en français.
Un homme qui se réveille chien….
6. http://www.bodoi.info/magazine/2011-04-20/une-enfance-coreenne-vue-par-yoon-sun-
park/45696
Choi Juhyun née en Corée du Sud en 1978, vit et travaille à Poitiers
Elle crée également des spectacles d’ombres et est très motivée pour
travailler avec les bibliothèques !! Beau site où l’on peut trouver le
travail qu’elle réalise avec Le monde
diplomatique http://choijuhyun.wordpress.com/
8. Jeudi 26
> Exposition rétrospective de l’œuvre de Fred le créateur de
Philémon dans le cadre du très bel hôtel
Saint Simon qui nous a permis de
découvrir (ou redécouvrir) les planches
étonnantes de ce grand poète à
l’imagination débridée et grand
dynamiteur de cases.
Vous trouverez plus de renseignements sur le site suivant :
http://www.bdangouleme.com/programmation-
2012/6/26/toute-la-journee/0/fred%20lenchanteur/95
Vous trouverez une petite histoire en 4 épisodes de Fred sur le
site de France 5 à l’adresse suivante :
http://www.tv5.org/TV5Site/publication/galerie-135-1-
Philemon.htm
Signalons la sortie de l’intégrale des 15 albums de Philémon.
> Exposition DiRosa Magazine dans les locaux du Musée des
Beaux Arts d’Angoulême. La brochure disait « Acteur majeur de la
figuration libre, compagnon de route du groupe Bazooka, concepteur
de l’art modeste ». Vous trouverez plus d’info sur son site
http://www.dirosa.org/fr/news.php et sur le site du Festival : d’info là :
http://www.bdangouleme.com/programmation-2012/6/26/toute-la-
journee/0/dirosamagazine%20a%20angouleme/93
> Exposition sur le Tampographe Sardon dans les sous sols
du théâtre… Deux salles absolument
géniales sur un illustrateur fabriquant
des tampons pour adultes,
politiquement très incorrect. Pas pour
les enfants. Vous trouverez plus d’info
là :
http://www.bdangouleme.com/actualit
e/latelier%20noir%20de%20vincent%20sardon/312.
D’ailleurs n’hésitez pas à visiter son site http://le-tampographe-sardon.blogspot.com/ pour
découvrir son travail et acheter ses tampons en tirages limités.
9. > Emission de France Culture avec Bastien Vivès, Blutch et Etienne Davodeau autour des
générations de la BD et des expériences personnelles des auteurs. A
écouter sur http://www.franceculture.fr/emission-le-carnet-d-or-page-
22-angouleme-2012-01-28
> Vernissage à la Maison des Auteurs.
Afin d’apporter un soutien aux créateurs d’images installés à Angoulême ou
désireux d’y venir en résidence, une maison des auteurs a été créée en 2002
à l’initiative du Syndicat Mixte du Pôle Image – Magelis. Depuis le 1er
janvier 2008, elle compose l’un des départements de la Cité internationale
de la bande dessinée et de l’image.
Decouverte de nombreux jeunes auteurs dont la coréenne Mi Young Baek
voir son Blog et notamment la vidéo « You were so precious » :
http://www.baekmi.blogspot.com/
Vendredi 27
> Exposition une autre histoire : bande dessinée, l’œuvre peint à la
CIBDI fait découvrir le double visage d’une quarantaine d’artistes
européens qui se sont livrés, simultanément ou consécutivement à leur
création de bande dessinée, à l’élaboration d’une œuvre picturale
autonome. Voir http://www.citebd.org/spip.php?rubrique274
Autant l’intelligence de la confrontation entre la peinture et les planches
d’Hergé apparait improbable, autant pour d’autres artistes comme Mattoti,
Bramanti, Baudouin ou Barbier le face à face est très intéressant.
> La cité de la BD à confié à Art Spiegelman,
président du Jury ses espaces permanents pour
présenter son parcours personnel dans l’histoire de la
BD. A partir des réserves du Musée et de différents
prêts, un parcours unique des premières bandes
dessinées de Topffer jusqu’aux comics américains.
Plus d’info ici :
http://www.citebd.org/spip.php?rubrique276
> Le quartier Jeunesse
Dès l’ouverture du festival, le jeudi matin, Angoulême est envahie par des hordes d’enfants,
« les scolaires ». Des conférences et des ateliers leurs sont particulièrement destinés dans le
« quartier jeunesse » sur le site du Musée de la bande
dessinée, par exemple «Rencontre Jeunesse avec Le
Journal de Mickey, making-off du journal ».
Une exposition est consacrée aux travaux des lauréats
du prix de la bande dessinée scolaire.
10. > Découverte de la Librairie du Musée
> Exposition Art Spiegelman
> BD Suédoise autour d’August Strindberg.
http://www.bdangouleme.com/actualite/en%20direct%20de%20suede/315 ou
http://www.citebd.org/spip.php?article3435
> Découverte de la Bibliothèque du CNBI
> Conférence –Spectacle une ascension sans
ascenseur par les Requins Marteaux au
Conservatoire. Voir sur le site de la Charente
Libre : Les éditions des Requins Marteaux,
invités au FIBD d’Angoulême fêtent leurs 20
ans, et ont proposé une conférence racontant
leur histoire d’éditeur indépendant. Une
conférence humoristique, ponctuée d’anecdotes
et de vidéos, qui a régalé l’assemblée présente.
Quelques extraits de ces moments :
http://www.youtube.com/watch?v=TdQTJkHgAs8&NR=1&feature=endscr
een
http://www.youtube.com/watch?v=vrEFW0A_rNE&feature=related
Le site des requins marteaux, afin de découvrir leurs publications :
http://www.lesrequinsmarteaux.org/
> Vernissage de l’exposition Lucie in the Skeud au 44Restaurant.
Détournement des plus grandes pochettes du rock des années 70-80 par
Joan Spiess. Plus d’info sur son blog : http://blog.lapetitelucie.com/
> Remise du Prix Tournesol en Off au Bar le
11. Garage par Eva Joly. Créé à l’initiative du Parti des Verts pour populariser un album
développant les valeurs de l’écologie politique.
Le Tournesol 2012 revient donc à Tchernobyl la zone, de Natacha Bustos et Francisco
Sanchez aux éditions Des ronds dans l’O (http://www.desrondsdanslo.com/).
Vous trouverez Sur Wikipedia le palmarès des années précédentes :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Prix_Tournesol
> Soirée dédiée à la vivacité des Manhwas Coréens dans
l’espace « Mangasie » afin de d’annoncer la présence des
éditeurs coréens l’année prochaine au coeur du festival
pour fêter les 10 ans de la BD coréenne à Angoulême.
Voir l’info du festival :
http://www.bdangouleme.com/actualite/destination%20c
oree/335
L’accent de cette soirée fut mis sur l’évolution qualitative des contenus, très différents du
Manga japonais et les évolutions numériques à venir. Un rapide reportage de France 3 sur
cette soirée : http://www.youtube.com/watch?v=0pUk5A-Oe68
Samedi 28
> Pavillon Nouveau Monde sur les petits éditeurs de BD
* Bicephale, éditeur en autres des petits livres de L.L. de Mars et J. & E. LeGlatin construit
selon le principe des accordéons de Kundig (sorte de BD avec contrainte de construction
forte) ainsi que la revue 52. http://www.chezbicephale.com/
Le lézard noir nous a été présenté par son fondateur Stéphane Duval
Des difficultés à faire vivre une petite maison d’édition dans un salon…
Spécialisée en avant-garde japonaise, manga
d'auteur (entre romantisme noir et japonisme
décadent), art contemporain, sa maison
d’édition a vu le jour en 2004.
Dénicheur d’artistes inconnus en France grâce à
un travail méticuleux de veille (à travers les
blogs notamment), réalise un travail
extrêmement soigné avec appareil critique, belle
traduction beaux papiers …
Stéphane Duval avec ses nouveautés et les deux romans
graphiques sélectionnés à Angoulême.
Nobrow
Une partie de la collection des éditions Britanniques Nobrow va sortir en
France cette année. Les fans de dessins ont de quoi se réjouir, étant donné
12. la belle collection de cette maison d'édition indépendante, attachée à faire découvrir de
nouveaux talents, et qui exporte sa collection à l'international.
> Rencontre internationale Charles Burns, animée par Hilary Chute. Il
était normal qu’un festival présidé par Art Spiegelman, fondateur de la
revue RAW laisse une place à de grands auteurs américains. Charles
Burns fait partie de cette nouvelle génération, surtout connu en France
par son Black Hole ou plus récemment par la sortie de Xed’Out (Toxic
en Français). Un univers étrange où se mêlent une
sorte d’autobiographie punk et l’univers renouvelé de
Tintin. Durant près d’une heure nous avons pu donc
découvrir les leçons de création du maitre : sa lecture
très particulière d’Hergé, ses relectures de William S.
Burroughs et le ton particulièrement angoissant de ses
visions de l’adolescence.
Charles Burns est ainsi revenu sur l’usage de ses carnets,
l’écriture très littéraire de ses œuvres avant de les
traduire en image et l’usage nouveau de la couleur dans
Toxic. C’est d’ailleurs cette nouvelle référence à la
bande dessinée Franco-Belge qui tout à coup lui ouvre
les portes de la couleur et d’un format inhabituel aux
Etats-Unis.
Une exposition de ses œuvres a lieu au Musée de Louvain en Belgique. Voir le site suivant :
http://www.beeldbeeld.be/burns/index.php?l=fr
Le Palmares 2012
Cf http://www.bdangouleme.com/palmares-officiel