H.Jaafoura, I.Riahi, M.Sakli, S.Idriss, R.Lahiani, S.Mannoubi, M.Ben Salah
Service d’ORL et de chirurgie cervico-faciale
Hôpital Charles Nicolle, Tunis, Tunisie
UN CAS DE PEMPHIGUS REVELE PAR UNE OTITE EXTERNE
Objectif :
Observation :
Discussion :
Le pemphigus est une maladie dermatologique
chronique d'origine auto-immune. Il atteint la
peau ou les muqueuses avec des lésions à type
de bulles ou de croûtes. La fréquence de
l'atteinte otorhinolaryngologique n'est pas
précisée au cours du pemphigus. Une atteinte
isolée de l'oreille est rare.
On propose via ce travail d’étudier un cas de
pemphigus révélé par une otite externe colligé
au service ORL et dermatologie de HCN de
Tunis.
Patiente D.K âgée de 22ans, sans
antécédents pathologiques qui présente
depuis 3 mois une otorrhée droite avec
otalgie et prurit du pavillon et du CAE pour
lesquelles traites en ville par ATB locale et
générale sans amélioration. A l’examen
elle présentait des lésions bulleuses de
tailles variables au niveau du visage sur
peau saine non érythémateuse avec des
érosions post bulleuses bordées par des
collerettes épidermiques. La peau du
pavillon était macérée avec présence de
quelques bulls surinfectées, une otorrhée
et une sténose du conduit auditif externe à
50% empêchant de voir le tympan en
totalité. L’examen otologique controlatéral
est sans anomalies. Pas d’asymétrie
faciale.la muqueuse buccale présente des
érosions couvertes d’enduit fibrineux.
Elle a eu une biopsie cutanée avec examen
anatomopathologique et IFD confirmant le
diagnostic de pemphigus. Elle a été mise
sous corticothérapie par voie générale et
un traitement antiseptique local avec
bonne évolution après un mois de
traitement.
La macération du CAE par l’eau, lors des baignades, une
plaie du conduit auditif externe, un furoncle de la zone
pileuse du conduit, les lésions de grattage, les
suintements et les affections dermatologiques peuvent
être la cause d’une otite externe. La recherche du
facteur favorisant et son contrôle sont aussi importants
que le traitement de l’infection. En effet c’est la récidive
des otites malgré le traitement adéquat et l’association à
d’autres lésions cutanées qui doivent orienter le clinicien
pour chercher une pathologie cutanée sous-jacente.
Parmi ces affections le pemphigus qui est une dermatose
bulleuse secondaire à une atteinte du système de jonction
interkératinocytaires où la perte de cohésion des
kératinocytes (acantholyse) est due à l’altération des
desmosomes par des autoanticorps. les infections
cutanees peuvent être corrélées à une multitude de
facteurs dont la physiopathologie de la maladie, les
lésions de grattage et la corticothérapie locale et ou
générale et le traitement immunosuppresseur auquel on
peut recourir dans les cas rares de mauvaise réponse aux
corticoides... Les complications infectieuses cutanées
peuvent être classées selon le degré de gravité en
mineures à type d’impétiginisation, modérées tel que
l’érysipèle, un abcès ou un phlegmon, et sévères tel que
la fasciite nécrosante. Ces complications surviennent
après des durées de dermocorticoïdes DC très variables.
Les DC ont montré leur avantage par rapport à la
corticothérapie générale vis-à-vis du risque de survenue
d’infections graves compliquant le traitement des
patients atteints de Pemphigus. Récemment, un protocole
allégé de DC avec des doses initiales de 10 à 30 g/jour au
lieu de 40 g/jour dans le protocole initial, a montré son
équivalence d’efficacité et sa moindre toxicité en termes
d’effets systémiques. Par contre, les événements
infectieux ne sont pas moins fréquents avec des doses
allégées de DC.
Dans le pemphigus, seules quelques observations isolées
de surinfections virales ou bactériennes, touchant
essentiellement des patients sous corticothérapie
générale, ont été rapportées. Les DC très forts ont
largement prouvé leur intérêt dans le traitement du
pemphigus mais leur risque infectieux potentiel ne doit
pas être négligé, d’autant que les doses utilisées sont
importantes, que le traitement est prolongé et que les
patients sont âgés, fragiles et poly-tarés, combinant
plusieurs facteurs de risque d’infection cutanée grave.Devant une otite externe trainante il faut chercher les
facteurs favorisants autant locaux que généraux.
Conclusion :
Références :
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