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L'Anthropologie (Paris). 1911.




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SUR                     QUELQUES                                               PEINTRES-ETHNOGRAPHES

                                                 DANS                       L'AMÉRIQUE                                               DU           SUD(,)


                                                                                                              PAR

                                                                  LE         DP        HERMAN                            TEN           KATE




       Personne                           n'a             essayé                  jusqu'ici,                       autant                que          je        sache,                de        faire             un
travail                 d'ensemble                               sur         une             catégorie                      de       voyageurs                               que       je           désigne
sous          le        nom               général                      de        peintres-voyageurs.                                           J'appelle                       peintre-voya-
geur           un          voyageur                           plus               ou      moins                     instruit,                voire                 scientifique,                               visi-
tant          un         pays              lointain,                        qui,           en           dehors              de       son          carnet                     déroute,                     porte
sur         lui         son          album                    à dessiner                           et      fait,         avec            plus              ou       moins                  de        talent,
des          croquis                  ou             des          études                   d'après                   nature.                Il        n'est             pas          absolument
nécessaire                           qu'il                soit          artiste                     de         profession                        ou           qu'il            ait          peint               des
tableaux.

       Chez               l'un             de           ces            voyageurs                               prédomine                          l'artiste,                       chez              l'autre
l'homme                         de         science                     ou          l'écrivain.                        Tel         s'occupe                         de        préférence                           du

paysage                    et        de         la      végétation,                               tel      autre            des       hommes                            et     des         animaux.
L'un              est      surtout                      naturaliste                           et          chasseur,                      l'autre                   géologue                         et    bota-

niste,             un         troisième                          archéologue                                  et    ethnographe.
       Je     ne         m'occuperai                                   dans             ce         petit            essai            que         de           ceux             des          peintres-
voyageurs                          qui,              au       xixe               siècle,                 par         leur         oeuvre                   artistique,                       scientifi-

que          ou         littéraire,                        ont              contribué                          à    l'étude                de         l'ethnographie                                     et       de

l'archéologie                             su d-américaines.

       Seulement,                               faire             une              distinction                           nette           n'est              pas          toujours                        possi-
ble.         Je         m'explique.                               Quand                    un            voyageur                     est         à la           fois          paysagiste                             et

ethnographe,                                    j'aurai                 à        parler                  de        son         travail                d'ensemble,                               tout              en

essayant                    do        le        considérer                             avant               tout           comme                   peintre-ethnographe.
       Cet         essai              n'a            nullement                               la         prétention                       d'être                  complet.                       Avec                  la

douzaine                      de      noms                                  je        mentionnerai                                ici,           la        liste             pour            l'Améri-
                                                              que
que          méridionale                                  n'est                                    épuisée.                    Par          exemple,                          en      parlant                     de
                                                                             point
Poeppig,                        j'aurais                      dû            considérer                              également                              l'oeuvre                   de             Robert


   (1) Mémoire                au XVIIe Congrès      international    des Américauistes     à Buenos
                 présente
Aires, et publié   ici avec l'autorisation    du dit Congrès.      Cf. Sumarios     de los confèrent
cias y memorias          Colecciôn   compléta  reunida       por ROBERT LBHMANN-NITSGHE, Buenos
Aires, 1910. Resùmen        n° 5.
             L'ANTHROPOLOOIB. — T. XXII. — 1911.                                                                                                                                                1
14                                                                               Dr HERMAN                         TEN KATE


                                                                                                       Malheureusement,                                                   j'écris                ce        travail
Schomburgk                                  et        de         d'Orbigny.
                                                                                                           de        ces         deux            voyageurs                             célèbres                        me
dans           un        endroit                   où         les          ouvrages
                                                                 J'aurais                                                        aussi               de         Karl                 Appun                       et      de
sont           inaccessibles.                                                                pu            parler
                                                                 Anton                                                  et                                       autres                  encore                       au-
Julius              Platzmann;                                                          Goering                                  quelques
                              être          cités.               Mais            l'oeuvre                       des          deux                                               se     rapporte                         de
raient              pu                                                                                                                        premiers
                                    à      la                                                celle              du           troisième                         au           paysage.                         Quant
préférence                                         végétation,
                                                       dû           les         omettre                                           l'instant                         faute              de             données
aux            autres,                   j'ai                                                                   pour
suffisantes.
       Les                                                                                                                              de      l'Amérique                               du           sud             que
                peintres-voyageurs-ethnographes
                         en revue        sont                                        d'un             mérite                  très           inégal.                 Sans             vouloir                      pro-
je      passerai
noncer                un            verdict                                                                  qui,             d'ailleurs,                        n'est                pas          toujours
                                                                 catégorique
de       ma                                                                tâcherai                    de          faire             ressortir                       les         mérites                      et       les
                    compétence,                                  je
défauts                  de      leurs                travaux,                                                  disparates                       au           double                  point                de         vue
                                                                                     parfois

déjà          indiqué.
        En      traitant                    de         l'oeuvre                      de       ces            peintres-ethnographes,                                                          j'ai            suivi,

autant                                                              l'ordre                 chronologique.                                       Il       m'a               paru            préférable
                    que             possible,
                                   de                                      comme                    règle               la       date           de        publication                                 de         leurs
cependant                                   prendre
                                                                      l'époque                        de        leur             séjour                en        Amérique.                                 Toute-
ouvrages                      plutôt                   que
                                 des            raisons                    évidentes,                           cette            règle            n'a           pas              pu         être             suivie
fois,          pour
                            à la lettre.                         Étant               donnée                     la     vie        aventureuse                                   et    mouvemen-
toujours
tée       de                                            de        ces           voyageurs,                             j'ai          cru         qu'il               serait             intéressant
                    plusieurs

d'ajouter                     à mon                    exposé                   quelques                           renseignements                                           biographiques.
       On                           dire                              Alexandre                            de          Humboldt                           a     inauguré,                             au           xixe
                 peut                                 que
siècle,               la      série              des          peintres-voyageurs                                                 dans            le           sens            que           je        donne                 à

ce       mot.              C'est            lui,            en         effet,             qui,             pour               rendre                  plus              vivantes                       les         des-

                              des                             parcourus,                            des          sites           visités,                 de         la       végétation,                             des
criptions                                  pays
animaux                       et         des           habitants                          du           Nouveau-Continent,                                                        se         servait,                     et

non            sans            succès,                      du        crayon                   et          du        pinceau.                    Dans                   les          planches                         qui
illustrent                       l'atlas                   pittoresque                            de          sa       Relation                   historique                            et          ses          Vues

des          Cordillères                         et        des        monuments                                 des          peuples                  indigènes                         de            l'Améri-

               Humboldt                               s'est            évertué                    à        donner                     ce        qu'il               y       avait                de         mieux
que,
à      cette          époque.                         Plus            tard,            dans                Kosmos                     (1),        le          grand                  voyageur,                          en

faisant                  l'historique                                 de        la        peinture                         des         paysages,                            préconisa                            cette

branche                     de          l'art          comme                         devant                  donner                   un        appui                   à       la     description.
Tout           en        reconnaissant                                     le        grand                 mérite,                   sous         ce           rapport,                     de         l'auteur
des          Ansichten                          der         Natur,                    Ton             sait           que          son          oeuvre                     est                               du         do-
                                                                                                                                                                                     plutôt
maine               de         la        géographie                              physique                            que          du          domaine                           de      l'ethnogra-
phie.

  (1) Vol. II, où il traite                                       de la Landschaf                            tsmalerei                  in     ihrem             Einfluss               auf                die        Bele-
bung des Nalurstudiums.
SUR            QUELQUES                     PEINTRES-ETHNOGRAPHES                                                          DANS           L'AMÉRIQUE                            DU SUD.                            15

       C'est               Eduard                     Friedrich                               Poeppig                          qui       mérite                     d'être                     signalé                  après
Humboldt.                             Poeppig,                          né          à Plauen                         en         1798,              mort                à Wahlenberg                                        près

Leipzig,en                              1868,               voyagea                           de         1827              à     1832              dans              l'Amérique                                   du      sud;
il     parcourut                            le        Chili,                  le     Pérou                      et      le           Brésil.               S'il            n'était                     pas           artiste

dans             le        vrai            sens             du         mot,              il     a        néanmoins                                illustré                 ses                voyages                   ; et        si

ses         illustrations                                  ne         valent                   en         aucune                       façon              son             style                 et        son           talent

merveilleux                                   de       description,                                      on      ne            saurait                les           passer                      sous              silence.

        Le        récit               de       voyage                        de      Poeppig,                              Reise             in       Chile,                   Peruund                           auf          dem

Amazonemtrome                                                    (2         vol.               1835)                 est             accompagné                                     d'un                  Bilderallas

de          24        planches.                        La             plupart                       se         rapportent                             aux            paysages                              et     présen-
tent             un        grand                 intérêt                    pour               la         morphologie                                    de         l'écorce                     terrestre.                       Je

 ne         dirai               un         mot             que              des          planches                          relatives                      à         l'homme.

           Les         Pehuenches                                 du            Chili                 y       sont               largement                             représentés.                                     Ainsi,
 il s'y           trouve                    une             scène                   de         rapt,                 lithographiée                                        d'après                      un         tableau
 de         Schubauer.                                Dans                  une          de           ces            belles              vallées                     de            la        Cordillère,                         un

 guerrier                       pehuenche,                              aux              cheveux                        flottants,                        à     cheval,                        tient              étendue
 devant                    lui          une           jeune                  femme                        blanche                      qui          se         débat.                   Plusieurs                        cava-
 liers                chiliens,                       pittoresquement                                                  vêtus,                     poursuivent                                     le        ravisseur
 audacieux.                                L'ensemble                               de          cette                composition                                    est             d'une                  exécution
 très            minutieuse,                                un              peu           conventionnelle,                                                mais                 non              sans              mérite.

 Signalons                              ensuite                      Wasserjagd                                 bei             Talcahuano                                et        Pinnalow.                           Pinar

 (sic,            i.       e.        Pinal),                    où          l'on              voit             quatre                  toldos                  en         peau,                  dressés                  dans
 un         paysage                         montagneux,                                        au          milieu                     des           araucarias.                                 Quatre                   guer-
 riers              pehuenches,                                  dont               un          à cheval,                        semblent                           attendre                         le      retour               de
 leurs                frères.
           Les             autres                 lithographies                                      concernent                                des             scènes                     du         Pérou               : une
 vue             de        la        Mission                    Sion,               avec                 quelques                      Indiens                    au       premier                           plan;               der

 Ruallaga                            anterhalb                              Sion,              où             l'un             des           Indiens                      presque                          nus          est       en
 train                de         lancer                la        petite                  flèche                 dune                   sabarcane                               à        quelque                    oiseau.
 Dans                 la        Saiina                 de        Pilluana,                            nous                 voyons                    un         bivouac                          d'Indiens                        au
 bord               de          l'eau;                au         Pongo                    del             HuaHaga                            enfin,               un           voyageur,                               proba-
 blement                          Poeppig                        lui-même,                                est         représenté                               dans                 un           canot                  monté

     par         sept             Indiens.

           Quant                   au         texte                   relatif                  aux              indigènes,                               les         renseignements                                            que
 notre                 voyageur                            donne                   sur          les           Pehuenches,                                 dans             le           premier                    volume

 de         son            Reise,                ne         sont             pas              non             plus             sans            intérêt.                    Poeppig,                               évidem-

 ment,                     a      vécu             dans                 leur              proximité,                                 mais            ce        qu'il                    dit          au         sujet            des

 idées                                                       de         cette                 tribu              n'a            aucune                    valeur.
                      religieuses
           Les          données                       sur             les          Indiens                       Cholones,                            Xibitos                           et      Lamistos,                         du

                                                                                         en                                           précises,                        sortent                        à         peine             du
 Haut-fluallaga,                                           quoique                                    général
16                                                                               !)•• HERMAN                    TEN KAfE.


cadre                des                                                     ordinaires.                                Mais                                                    j'insiste                        sur          le
                                     descriptions                                                                                          Poeppig,
                était            avant                  tout           naturaliste                             et          on         ne                              vraiment                            pas            lui
fait,                                                                                                                                              peut
                                                faire                                      les          Indiens                                           les          plantes,                           les          ani-
reprocher                            de                           passer                                                          après
maux                 et        les        rochers.                    Et                                                                                   à          ma          connaissance,
                                                                                 cependant                             personne,
n'a           mieux                    décrit                               lui         le        caractère                                                                des          créoles                    sud-
                                                               que                                                                psychique
américains.                                Du            reste,              son                                        comme                        naturaliste,                               le         met            au
                                                                                             oeuvre,
                                                 des                                                anciens                     dans               l'Amérique                                 australe                        et
premier                        rang                           voyageurs
les                                                    actuelles                      ont          tort         de         l'avoir                  un          peu             oublié.
             générations
        Je                            sous                silence                 un             autre              ouvrage                        illustré                     par            lui,             Land-
                passe
                                           Ansichter                         und                  erlauterende                                   Darstellungen                                       aus               dem
schaftliche
Gebiete                    der            Erdkunde,                          comme                        ne          traitant                      que               de          la         géographie

physique.
        Il     est         curieux                                    de     tous                 les      pays              de        l'Amérique                                 du         sud,           le     Bré-
                                                       que,
sil          soit          celui               dont            les         peintres-voyageurs                                                 se        sont               le      plus               occupés.
En            laissant                    de          côté           les         artistes                   du          xvne                et       du          xvme                  siècles,                    dont

Humboldt                             nous                a     parlé,                 ce          sont           Freireis,                         le      compagnon                                      de           von

Eschwege,                                 et         Debret                 qui             ouvrent                     la        série;                   ce           dernier                          était            au

Brésil                en         même                    temps                que            Hercules                        Florence                           et     Poeppig;                            une           di-

zaine                d'autres                    les         suivent               en         ce        pays           merveilleux,                                   au         cours                du         siècle

passé.                    Je          n'aurai                  pas           l'occasion                          de        parler                    de          tous              ces              peintres-

voyageurs,                             mais              Jean-Baptiste                                  Debret                  (1)         ne          saurait                   être           omis.
        Né          en         1768              à Paris,                   où        il     mourut                     en            1848,               comme                        membre                          cor-

respondant                                de         l'Institut                  de         France,                    Debret                     fut           élève             de          David,                   son

parent,                     qu'il                accompagna                                  fort           jeune                     en         Italie.                En             1791,                Debret
obtint                le        2e     grand                   prix          de        Rome.                    11 exécuta                           ensuite                      « dans                   le     style
                           et                                                    de          la                                   des              élèves                    de         David                          —
guindé                                emphatique                                                        plupart                                                                                                  »,
comme                      dit        l'un             de      ses                                                  —
                                                                           biographes                                        plusieurs                          tableaux                       se         rappor-
tant            à         l'époque                       napoléonienne.                                        Appelé                      vers             1816,                  avec                  d'autres

artistes,                       par             la       famille                   royale                   de          Portugal,                               réfugiée                        à          Rio            de

Janeiro,                        pour              former                   dans              cette             ville             un          institut                      des           Beaux-Arts,
Debret                    séjourna                       au       Brésil              jusqu'en                      1831.              Ce         n'est               en        effet                              cette
                                                                                                                                                                                                 qu'à
date            que             l'établissement                                    en            question                       put              être                                                    Pendant
                                                                                                                                                                 inauguré.
cette               longue                     attente,                Debret                     ne      perdit                 pas             son                                     Il     fut
                                                                                                                                                            temps.                                           appelé
par            la         cour             à         exécuter                    de         nombreux                             travaux                        : tableaux                            officiels,
portraits                        de        personnages                                royaux,                       etc.         Il        faisait                                      il     recueillait
                                                                                                                                                                     plus;
les          matériaux                            qui,          après              son             retour                  en         France,                        devaient                       le      mettre



  (1) Cf. Dictionnaire général    des artistes    de l'École                                                                                     frartçaise,     de E. BELLIBR DE LA
CHAVIGNERIB ; Allgem.  Lexicon     der bildenden       Kûnstler                                                                                    de THIEME et BECKER. Leipzig,
1909 et L. DUSSIEUX, Les Artistes     français   à l'étranger.                                                                                               1856.
                                                                                                                                                   Paris,
SUR QUELQUES                               PEINTRES-ETHNOGRAPHES                                                          DANS                L'AMÉRIQUE                             DU SUD.                          17

à même                    de         publier                     son          grand                        ouvrage                      intitulé                        Voyage                          'pittoresque
et     historique                         au          Brésil                (3         vol.            gr.          in-folio,                          Paris,                      1834-39).
       Debret,                  en            « historien                              fidèle                »,        comme                         il                                           lui-même,                            a
                                                                                                                                                               s'appelle
rendu             « les              points                  caractéristiques                                            des          objets                   » qui                l'environnaient.
« Aussi                  »,         dit-il             dans                l'introduction                                          de           son               ouvrage,                             «     mes               cro-
                faits               au         Brésil                   retracent-ils                                       spécialement                                           les         scènes                 natio-
quis
nales            ou           familières                          du        peuple                         chez             lequel                je           passai                    seize               années                   ».

En        jugeant                        le         Voyage                  pittoresque                                   d'après                         sa        date,                     c'est           certaine-
ment             un           recueil                  de         mérite.                        Le         texte                consiste                         en           une                introduction
à     l'étude                  du         pays              et        de      sa            population,                                qui             ne           sort                 guère               des          géné-
ralités            ; ensuite,                          viennent                             un         court                   historique                               et           les              explications
détaillées                      des            planches.                           Ces               planches                          consistent                                  en           lithographies
soignées                      d'après                  les            dessins                     de         Debret.                       Plusieurs                               sont                signées                  par
lui       conjointement                                       avec               la         vicomtesse                                 Pauline                         de           Portés.                    Dans              ces

dessins,                  abondants                              en         détails                    minutieux,                                 il        n'y            a        rien              de       vague                  ni
 d'embrouillé.
       Pour             les         Indiens                      du        Brésil,                    le     tome                premier,                           renfermant                                  36        plan-
ches,             a de              l'intérêt.                        En          dehors                     de          types                 ethniques,                                  de         portraits                       et

d'objets                 ethnographiques,                                                   Debret                  a fait              de       véritables                                compositions.
Parmi                 celles-ci,                      je         ne        ferai                 mention                         que             des              suivantes                                : Intérieur
d'une            station                      de       Caôocles,                            le                                   du            combat                       et           le                               de          la
                                                                                                      Signal                                                                                      Signal
retraite                (chez                 les      Goroados),                                 une             Charge                        de         cavalerie                            des          Guaycou-
ros        et      la          Famille                      d'un             chef                 camacan                             se        préparant                                 pour               une           fête.
La        composition                                  (pi.            20)             intitulée                            Botocoudos,                                 Puris,                        Patachos                        et
Macharis                        ou             Canellas,                           représentant                                        un              festin                      sylvestre                         de         ces

Indiens,                  est             grotesque.                              Ce          groupe                        grimaçant,                                 se          gorgeant                          autour
du        feu,           dévorant                          du          gibier                     de             toute                nature,                       fait             plutôt                   penser                   à
une         réunion                           d'anthropopithèques                                                           en         frénésie                         qu'à                   des         sauvages.
       Parmi                  les         portraits                        d'Indiens,                             je        citerai                    un           chef                 Camacan                          Mon-

goyo             et      une                  femme                   de          la         même                      tribu,                  puis              des           types                    de      Borore-

nos,            Botocudos,                             Charruas                               (Charrous                               ou         Chirous)                                du           fleuve               Uru-

guay,             de          Goyanas,                           Guaranis                             et     Cabocles                            (nom                   générique                                de         tout
Indien                  civilisé),                         un          Jouri,                     un              Maxuruna,                                    un           Jouripassé                                (1)             et

d'autres,                      enfin                 une              momie                       coroado                         dans                    une           urne.                     En           général,
Debret                  n'a          pas              commis                           la        faute                 de         tant                d'autres                            peintres-voya-

geurs,                                                           ou          de             son              temps,                        à     savoir                        :         de           donner                    des
                      précédents
                                                                                                 à         ses           sujets                  exotiques.                                    S'il          n'est             pas
physionomies                                       européennes
toujours                  dans                 le     vrai             au          point                   de       vue               purement                              anthropologique,


     (1) Je suis               la nomenclature                               et        l'orthographe                             de      DEBRET.

                 L'ANTHROPOLOGIE.                                — T. xxu.                       — 1911.                                                                                                               2
18                                                                                          D' HERMAN                       TEN        KATE.


 on                            dire                                 dans               la                                        des         cas,                 on         a vraiment                              affaire                  à
            peut                                 que,                                            majorité
 des       indigènes                                  sud-américains.
        Les          26-36                                    sont              fort             intéressantes                                                         l'ethnographie                                       : elles
                pi.                                                                                                                           pour
                                                      différentes                                     formes                     de           huttes                           de            sauvages,                              des
représentent
                                     des                                                     des                                       employées                                   pour                 les          colliers,
 masques,                                             coiffures,                                            graines
 des                                                                      le                                            des            plantes                          nutritives,                              des         orne-
              végétaux                            pour                               tatouage,
ments                 en                                            d'oiseaux,                              des         instruments                                     de         musique,                          des          cor-
                                     plumes
                           des              armes,                        des                                                          de         la             Serra                do           Anastabia                             et
beilles,                                                                               pétroglyphes
des           bords                       du              Rio              Yapurâ.                          Il      y        a         en         outre                       quelques                             planches

représentant                                     la           forêt             vierge,                     des         plantes                       et         des           arbres,                      toutes                des-

sinées                    avec                  beaucoup                               de         soin.              Quant                   au             paysage                         brésilien,                        deux

planches                            sont              à       signaler                       :        Les          bords               du          Parahiba                                 et         la        Vallée              da
Serra              do           Mar.               En               examinant                                les        planches                             relatives                           aux          Indiens                    et
en        lisant                     le         texte                 qui              s'y            rapporte,                        on         a        l'impression                                     que        Debret
a       vu           la         plupart                          de            ces           Indiens                     à       Rio              de              Janeiro                        et         qu'il           a peu

voyagé                     dans                  l'intérieur                                de          l'empire.                       De             plus,                  ses           amis               brésiliens
lui      fournissaient                                          des             données.                           Ce        qu'il            a            dit          lui-même                              aux                        n
                                                                                                                                                                                                                            pp.
et      ni     de          l'Introduction                                            semble                       confirmer                           cette                  supposition.
       Dans                    le         tome                   II        du               Voyage                   pittoresque,                                      Debret                         s'occupe                     des

Portugais,                                 des                Créoles                        et          des            Nègres.                         Il             s'y           trouve                      plusieurs
planches                            qui          ont                de          l'intérêt                        puisqu'elles                                représentent                                    des        scènes
de       la     vie             sociale                        au         Brésil                  à     cette                                              On                  voit,
                                                                                                                         époque.                                        y                         par            exemple,
comment                              les          prétendus                                 civilisés                    d'alors                      traitaient                            leurs                 esclaves.
       Les            planches                                 22          et         36           sont             particulièrement                                                   précieuses                            pour
la      connaissance                                           de                                           africaine                       exacte                       des           noirs.                    Debret
                                                                          l'origine                                                                                                                                                      y
figure                    un              certain                     nombre                            de          négresses                                et         de                                                           de
                                                                                                                                                                                    nègres,                        parés
leurs           coiffures                                 bizarres                      et            variées.                    La                                          des                                           de       ce
                                                                                                                                             plupart                                        planches
tome            sont                  des             tableaux                          de            genre,                                                                           il         en         est       de         fort
                                                                                                                             parmi                    lesquels
curieux.

        Le      tome                      III         est            le        moins                     intéressant                                                         nous.                Il        ne         se
                                                                                                                                                  pour                                                                         rap-
porte              en          effet              qu'à                la        vie          civilisée,                       voire                                                     des            villes               brési-
                                                                                                                                                  élégante,
liennes.

       Passons                            maintenant                                    à         un         autre                                                                 débuta
                                                                                                                                  peintre                          qui                                       également
au       Brésil                     : Johann                          Moriz                  Rngendas.
       Sa       position                          parmi                         la          petite                 phalange                            d'artistes-voyageurs                                                        qui
nous           occupe                       est           unique.                                                        n'a                          laissé                  de
                                                                                       Rugendas                                        pas                                           livres                 de       voyage,
mais            il        a légué                         à     la        postérité                         une         foule                de            documents                                                               sur
                                                                                                                                                                                                      précieux
le     Brésil                   et        plusieurs                              pays                  hispano-américains,                                                          sous               la        forme               de
croquis,                       de          dessins                        et      de         peintures.
       De          tous                   les                                                                                 dans
                                                      voyageurs-peintres                                                                          l'Amérique                                     australe,                        per-
SUR           QUELQUES                   PEINTRES-ETHNOGRAPHES                                                               DANS                L'AMÉRIQUE                                DU         SUD.                      19

sonne                n'a        été         plus            productif.                               La          vie             d'un                 homme                               ne          suffirait                                   à
                                                                                                                                                                                                                                    pas
utiliser                  ce     qu'il              a réuni.                      Le          nom                   de        Rugendas                                        n'est              cependant                                 pas
connu                 en        dehors                    d'un               cercle                   très               restreint                               de                                                                d'eth-
                                                                                                                                                                                géographes,
nographes                           et       de        peintres.                              Pour                   donner                           une                 idée                 de           l'oubli                  dans

lequel                Rugendas                            est             tombé,                      je            dirai                que               le             directeur                              de          la      Gra-

phische                    Sammlung                                (Alte                     Pinakothek)                                          à        Munich,                               où              l'oeuvre                    de

Rugendas                         est           conservée,                                M.           le         Dr           Heinrich                                    Pallmann,                                   me           disait

que,            depuis                   quinze                   années                         qu'il                  est           attaché                             à         cet          établissement,
j'étais              la        première                          personne                            qui             lui           ait             demandé                                  de         voir                 ces       des-
sins.            Humboldt                            cependant                                le          signale                       dans                     Kosmos                                           Ratzel,                    au
                                                                                                                                                                                                 (1).
contraire,                       par           qui          pourtant                               j'ai             entendu                             parler                          pour                la         première
fois        de        Rugendas,                             il        y      a         près               de        vingt                   ans,                     ne            le       cite                                     dans
                                                                                                                                                                                                             guère
son             Ueber             Naturschilderung.
        Avant                  d'examiner                                 l'oeuvre                    de            Rugendas,                                    je            m'arrêterai                                   un        ins-
tant            à l'histoire                         de       la          vie           de         cet           artiste                      errant.
        Moriz               Rugendas,                              issu                d'une                famille                           de                                                et      de
                                                                                                                                                           peintres                                                   graveurs,
originaire                       de      Catalogne,                              naquit,                       en        1802,                à Augsbourg.il                                                 y fréquenta
d'abord                    l'école                  des           Beaux-Arts                                     dirigée                          par                son                                                           conti-
                                                                                                                                                                                        père,                pour
nuer             ensuite                 ses          études                     à      l'Académie                                    de           Munich.                                Le          jeune                  Rugen-
das             s'inspira                      surtout                            des                deux                     peintres                               :         Lorenz                                                        et
                                                                                                                                                                                                              Quaglio
Albrecht                       Adam.                   Mais                 son               goût                  pour                 la        vie               errante                                                                de
                                                                                                                                                                                                      l'empêcha
se       perfectionner                                comme                          artiste.                       A      l'âge                  de        19                ans                                il        suit        von
                                                                                                                                                                                           déjà,
Langsdorfï                            (2)       au          Brésil                     en          qualité                       de         dessinateur.                                             L'insuffisance
de         son                                                                                             sur             lui             sa              vie                 durant.                           Plus
                           apprentissage                                    pèsera                                                                                                                                                  tard,
revenu                 de        ses        illusions,                            il        se        l'avoua                           à          lui-même.                                    Les              caractères
de        Langsdorfï                           et      de                                                   étaient,                          à        ce
                                                                   Rugendas                                                                                       qu'il                   paraît,                     incompa-
tibles.              Le         jeune               artiste                  se         sépara                      donc                bientôt                               de        son            compagnon,
pour             voyager                     seul,                à        ses              frais,                  souffrant                               toutes                         sortes                     de          priva-
tions.            En           1825,           Rugendas                                revenait                          en        Europe.                               Il             vendit                    une
                                                                                                                                                                                y                                                 partie
de        ses         dessins,                      ceux-là                       mêmes                                          furent                          réunis                                           tard               dans
                                                                                                                 qui                                                                           plus
Das                                                              aus             der           malerischen                                        Reise                   in         Brasilien
            Merhwûrdigste                                                                                                                                                                                                  (Schaff-
hausen,                     1836),              ouvrage                           dont                    j'aurai                     l'occasion                                     de          parler                     encore.

       Après                avoir              passé                  deux               ans              en            France                        et         en            Italie,                  à        Rome                 sur-

tout,             Rugendas                            met                  de            nouveau                              le              cap                sur                    l'Amérique.                                    Par
voie            de         Haïti,              il      se        rend                  au          Mexique,                             dont                    il        parcourt                           les           régions


    (1) Vol. n, p. 86.
    (2) LANGSDORFF, qui d'abord        prit                                                    part  au voyage                                     autourdu  monde                                                de Krusens-
tern (1803-06),    était  consul   général                                                     de Russie,   au                                Brésil, où il organisa                                               une expédi-
tion dont l'issue     fut malheureuse.                                                        Je revieos    sur                                LMVUSDORFF au sujet                                                 de HERCULES
FLORENCE.
D' HERMAN                        TEN KATE.
20

                                                                                                                 la Californie                                et        ensuite                   fait          voile
centrales                                              trois          ans.            Il visite
                           pendant
                                                                                                           six           ans,             dont               trois            ans               souffrant,
               le        Chili.                                                  y        resta
vers                                           Rugendas
                                                                                                                à        la         main;                                             il        peut,              il        y
                           le                                  et      le        pinceau                                                                     quand
toujours                           crayon
                                                                                                                          Il        traverse                       la        Cordillère,                           fait
                    sa     vie            en        faisant             des               portraits.
gagne
                                                                       la                                                                          à         cette              époque                     pleine
des           chevauchées                              dans                      pampa                     argentine,
                                                                                                                visite               Buenos                        Aires.                  Il     passe                 les
d'Indiens                   plus               ou       moins                  hostiles,
                                                                                     et      en           Bolivie,                        où         il         dessine                     des            ruines
années                 1841-44                    au         Pérou
                                                                                    de        nouveau                              au         Brésil.                    De           là,            enfin,               il
indiennes,                         puis               se       rend

retourne                    en        1847             en        Europe.
                                                                       du                                                     étaient                     volumineux                                      et       son
       Si        les        portefeuilles                                             voyageur
                                                                                                    la      fortune                        restait                      un           rêve.                 Le          roi
cerveau                   rempli                     de       souvenirs,
                                                                                                                          eut             l'occasion                            de         montrer                       sa
Louis            I de           Bavière,                     auquel                   Rugendas
                                 de         dessins                                        acheta                   en             1848,                  contre                     une             modeste
collection                                                            etc.,
                                                la         collection                                                         complète                          du           voyageur.                             Elle
rente               viagère,                                                                 presque
                            3.025                 numéros                                      et         fut        déposée                           au          Kgl.               Kupferstich-
contient                                                                         (1)
                                                                                           à Munich,                          nommé                         plus          tard              Graphische
und           Handzeichnungscabinet
                                      Du                                                             tous            ses                efforts,                    Rugendas                               ne       put
Sammlung.                                            reste,            malgré
                         d'éditeur                                                                   même                      une            partie                de        ses           études.                     Un
trouver                                                   pour          publier
                           la      découverte                               de                                                          que            le         roi         Maximilien                                 de
tableau,                                                                                  l'Amérique,
                          lui      commanda                               en              1852,             lui           procura                           surtout                    du            chagrin.
Bavière
                                                                                                    son             éducation                               artistique                          inachevée
C'est            là,        plus               que          jamais,                   que
        fit     cruellement                                sentir.               Son               talent                inné              d'artiste                         ne        suffisait                    pas
se
à remédier                            à     son                                           d'habileté                           technique.                               De           guerre                     lasse,
                                                            manque
                                 s'assombrit.                             Il        sentait                 sa       vie            brisée.                   Il        était              de        ceux           qui
Rugendas
 suivant                 une                                                                        n'errent                         pas           impunément                                         sous              les
                                          jolie             expression,
                                Son            voeu           de      retourner                           aux            pays              du          soleil                pour                y finir                ses
 palmiers.
                    ne                    se         réaliser.                       Et       un          jour                de         mai,                en          1858,                  la     mort                  le
 jours                      put
                         lors         d'une                 visite             au          village                  de         Weilheim                             an          der             Teck,             dans
 surprit
 le                                                    Comme                        son                                                   anonyme                             le       dit           si         bien              :
         Wurtemberg.                                                                               biographe
 « er,           dem             zwei             Welten                  zu          klein               gewesen,                            fand              endlich                     im           engsten
 WinkelRuhe»                                         (2).
        Jetons                  maintenant                           un             coup                 d'oeil                rapide                     sur           l'oeuvre                      de        Moris

 Rugendas.
         Prise            en       bloc,              cette          oeuvre                   se     divise                    en        deux               parties.                   La            première

     (1) D'après      l'inventaire       dressé     par    RUGENDAS lui-même            en juin     1848. Selon deux
 articles    biographiques           publiés     sur lui, le nombre         serait   de 3353 feuilles.        Un autre
 en nomme         3339. LANGSDORFF aurait               gardé  « un grand        nombre      d'études     » de RUGEN-
 DAS, malgré         leur     séparation.       RUGENDAS aurait       laissé     en outre        « uoch    eine grosse
            anderer,       theilweise      nient    weniger    werthvoller        Studien     ».
 Menge
      (2) Pour plus de détails            sur la vie de RUGENDAS, je renvoie               à YAllgemeine       Deutsche
  Biographie,      Bd. 29. Leipzig,          1889 et à Ylllustrirle        Zeilung,     n<> 781, du 31 juillet      1858.
SUR         QUELQUES                         PEINTRES-ETHNOGRAPHES                                                               DANS              L'AMÉRIQUE                            DU SUD.                              21


partie                 comprend                                des             paysages,                             des              vues                    de         ruines                  et          de          villes                 et
des           tableaux                          de        la        végétation                                  tropicale,                               se                                                     surtout                     au
                                                                                                                                                                    rapportant
Mexique                    ;        d'après                          une                  estimation                              globale,                              elle          forme                     la            grande
moitié                   de             la         collection                                  étudiée                     par                 moi                  récemment                                   à        Munich.
L'autre                    partie                      se           compose                               de         types                 ethniques,                                  de          compositions
de          figures,                         hommes,                                 chevaux,                            etc.,             et             d'études                      d'animaux                                   et      de

plantes.                   Au             point                 de            vue          artistique,                               je        suis              d'avis                                les
                                                                                                                                                                                       que                           paysages
de         Rugendas                                  sont                supérieurs                              à       ses              autres                     dessins                     et         études.                       Ses
faiblesses                          y        sautent                          moins                      aux          yeux,                    l'effet                   est                            immédiat                                et
                                                                                                                                                                                      plus
plus             satisfaisant.                                 Il        y      a     des             sites,              des             vues                  de        volcans                      du            Mexique,
des           vallées                    grandioses                                  et        mornes                      des             Andes,                                     sont                 d'une                   réelle
                                                                                                                                                                         qui
valeur                   pour                 la      géographie                                      descriptive,                                  la        Landschaftskunde.                                                    L'im-

pression                        générale,                                que               ces                études                      peintes                         procurent,                                    est         assez

complexe                            et          quelque                        peu                  contradictoire.                                             Pour              préciser                          :     au             pre-
 mier             abord,                     on         croit                  avoir                     affaire                 à        des              chromolithographies                                                              un

peu              criardes.                           Cela                    vient                  du          romantisme                                         de          cette               époque,                           dont

 Rugendas                               était             imprégné.                                  Puis,                en          regardant                                 de         plus              près,                  on           y
 découvre                           une                certaine                            affinité                       avec                     les           paysagistes                                    modernes.
 C'est            le      même                       inachevé,                                 le        même                    reflet                  dune                   impression                                    indivi-
 duelle.                 Mais,                    c'est                 surtout                      la        partie                 ethnographique                                                  et        anthropo-
logique                    de           l'oeuvre                        qui          nous                 intéresse                         ici.
       Une                partie                          infiniment                                      minime                           seulement                                    des                  dessins                        de

Rugendas                            fut            publiée                      dans                     la     Malerlsche                                 Reise,                 déjà                citée,                  et     plus
tard             dans            le          livre             intitulé                        Mexico                     und               die               Mexicaner                           ; Landschafts-
bilder               und            Skizzenausdem                                                    Volksleben                            (Darmstadt,                                 1855),                    publié                   par
C.       L.        Sartorius.                               Les                lithographies                                         du             premier                           ouvrage                            donnent

une           bonne                     idée           de               ce          que               Rugendas                                 a         fait           au       Brésil,                    bien               que              je

préfère                  les             dessins                             originaux                             du            voyageur                                aux           lithographies                                        un

peu           trop             conventionnelles                                                       contenues                             dans                   le     livre.

       La         partie                      ethnographique                                                   de          la             Reise                    représente                              des            Indiens

et         des           Nègres,                          un             peu               à          l'instar                        de             Debret.                          On           y         trouve                       des

planches                       où            des                                ethniques,                                des              costumes                              et        des             scènes                   de          la
                                                          types
vie           des             Indiens                          sont                  figurés.                         Les                 portraits                              de          Botocudos,                                     de

Camacanes,                                   de        Machacalis,                                        de         Puris,                     de         Coroados                           et           de        Coropos,
hommes                         et                                             ont              aussi                de          la         valeur                       anthropologique.                                                 Les
                                         femmes,
                               relatives                            à        leurs              moeurs                     et         coutumes                                 sont           fort              curieuses.
planches
Il            a     en         outre                   des              études                      au        crayon                      de         têtes                de       Nègres                       brésiliens
       y
              offrent                    un            intérêt                                                                   Les               tatouages                           dits            à        cicatrices,
qui                                                                                  particulier.
en         effet,                   y.          sont                    si          soigneusement                                                   indiqués                            qu'on                       pourrait,
comme                                           ceux                de                                         retrouver                                 l'origine                     africaine                              exacte
                         pour                                                   Debret,
22                                                                                     D' HERMAN                       TEN KATE.


de        ces          esclaves.                                                       au         texte              de          la         Reise,               nous              ne       perdons                      rien
                                                          Quant
en        le     passant                         sous              silence.

                                                 mentionné                                   sur              le                                               contient                     une             série           de
        L'ouvrage                                                                                                           Mexique
                                     sur              acier                                                  les          dessins                         de          Rugendas.                             Le          titre
gravures                                                                     d'après
                           assez                 le     contenu                             de         ce     livre.
indique
        En         ce                           concerne                               le         Chili              et          l'Argentine,                                 je        crois               pouvoir
                                qui
affirmer                                    les                                        et        les         dessins                    se         rapportant                           aux         Indiens                     et
                            que                        croquis
aux             créoles                     de          ces              deux                                       représentent,                                     avec              une             partie              de
                                                                                                 pays
ceux            relatifs                    au         Pérou,                         la         plus              grande                     valeur                    ethnographique                                      de

l'oeuvre                   de          Rugendas.                                 Les             types,                   la          plupart                    des            scènes                  qu'il            fait

revivre                    devant                      nos              yeux,                    appartiennent                                       à         tout           jamais                   au         passé.
La       civilisation,                                 on          le        sait,               a passé                    comme                     un            ouragan                       destructeur

sur       les          pays                 naguère                           araucans.                              Les               ethnographes,                                     malheureuse-

ment,                  y        sont              venus                     trop                  tard.               Sachons                             donc                gré             à     Rugendas
d'avoir                    laissé                à       la         postérité,                               comme                      Poeppig                         et      d'Orbigny,                          quel-
ques            images                      araucaniennes                                           d'antan.

       Ainsi               le        cahier                   18,           contenant                               100           feuilles,                       nous             mène                au        milieu
des          Araucans                            chiliens                         :        des          combats,                             des           scènes                  de       pillage                 et      de

rapt,            la        traite                des              prisonniers;                                     puis,               des          scènes                   aux          campements,
des          danses,                      des         jeux,                  des            chasses,                       des              cavalcades,                            un       peu             enfin           de
cette            vie            libre             de         la         Cordillère                             et         de           la      pampa,                      où       figurent                      tour           à
tour            des             Pehuenches,                                           des          Patagons                             et          des           gauchos.                        D'un              autre

cahier,                je        ne         signale                         que            deux              lanciers                       araucans                     et     plusieurs                        jeunes
femmes,                         fort            jolies,                  de           la         même                  nation.                       Je          n'en           nomme                       que         Col-

mavidi,                     Chanquitiry                                     et        Boyel,                   d'après                        les          indications                            du        peintre.
Ce        sont             là        de      véritables                                études,                  où          le        type            est           bien           saisi,           où       chaque
détail             de           la        coiffure,                         des            vêtements                             et     des          ornements                            différents                       est
dessiné                    avec             grand                   soin.

        Heureusement,                                         il        y     a peu                    d'aquarelles.                                Les           rares            fois           que        Rugen-
das            s'est             essayé                     dans                  ce         genre,                    il         a         échoué;                       évidemment,                                    cela
n'était                pas            son             affaire.                    La             seule             exception                          à cette                                                             me
                                                                                                                                                                                règle,              que            je
rappelle                        avoir                  notée,                         est          la        tête              d'un                Néo-Zélandais,                                       aquarelle
faite           d'après                     nature                      en            quelque                      port               du       Pacifique.
        En        ce            qui             concerne                              le         Pérou,                il         faut              mentionner                                les                           de
                                                                                                                                                                                                         types
femmes                     de        Lima,                  80          environ,                            figurées                   de       la        tête          aux                         dans            leurs
                                                                                                                                                                                   pieds
costumes                        si pittoresques.                                            Dessinée                        au                                    d'un             achevé                tout
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                                                                                                   d'Arequipa
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  • 1. L'Anthropologie (Paris). 1911. 1/ Les contenus accessibles sur le site Gallica sont pour la plupart des reproductions numériques d'oeuvres tombées dans le domaine public provenant des collections de la BnF.Leur réutilisation s'inscrit dans le cadre de la loi n°78-753 du 17 juillet 1978 : *La réutilisation non commerciale de ces contenus est libre et gratuite dans le respect de la législation en vigueur et notamment du maintien de la mention de source. *La réutilisation commerciale de ces contenus est payante et fait l'objet d'une licence. Est entendue par réutilisation commerciale la revente de contenus sous forme de produits élaborés ou de fourniture de service. Cliquer ici pour accéder aux tarifs et à la licence 2/ Les contenus de Gallica sont la propriété de la BnF au sens de l'article L.2112-1 du code général de la propriété des personnes publiques. 3/ Quelques contenus sont soumis à un régime de réutilisation particulier. Il s'agit : *des reproductions de documents protégés par un droit d'auteur appartenant à un tiers. Ces documents ne peuvent être réutilisés, sauf dans le cadre de la copie privée, sans l'autorisation préalable du titulaire des droits. *des reproductions de documents conservés dans les bibliothèques ou autres institutions partenaires. Ceux-ci sont signalés par la mention Source gallica.BnF.fr / Bibliothèque municipale de ... (ou autre partenaire). L'utilisateur est invité à s'informer auprès de ces bibliothèques de leurs conditions de réutilisation. 4/ Gallica constitue une base de données, dont la BnF est le producteur, protégée au sens des articles L341-1 et suivants du code de la propriété intellectuelle. 5/ Les présentes conditions d'utilisation des contenus de Gallica sont régies par la loi française. En cas de réutilisation prévue dans un autre pays, il appartient à chaque utilisateur de vérifier la conformité de son projet avec le droit de ce pays. 6/ L'utilisateur s'engage à respecter les présentes conditions d'utilisation ainsi que la législation en vigueur, notamment en matière de propriété intellectuelle. En cas de non respect de ces dispositions, il est notamment passible d'une amende prévue par la loi du 17 juillet 1978. 7/ Pour obtenir un document de Gallica en haute définition, contacter reutilisation@bnf.fr.
  • 2. SUR QUELQUES PEINTRES-ETHNOGRAPHES DANS L'AMÉRIQUE DU SUD(,) PAR LE DP HERMAN TEN KATE Personne n'a essayé jusqu'ici, autant que je sache, de faire un travail d'ensemble sur une catégorie de voyageurs que je désigne sous le nom général de peintres-voyageurs. J'appelle peintre-voya- geur un voyageur plus ou moins instruit, voire scientifique, visi- tant un pays lointain, qui, en dehors de son carnet déroute, porte sur lui son album à dessiner et fait, avec plus ou moins de talent, des croquis ou des études d'après nature. Il n'est pas absolument nécessaire qu'il soit artiste de profession ou qu'il ait peint des tableaux. Chez l'un de ces voyageurs prédomine l'artiste, chez l'autre l'homme de science ou l'écrivain. Tel s'occupe de préférence du paysage et de la végétation, tel autre des hommes et des animaux. L'un est surtout naturaliste et chasseur, l'autre géologue et bota- niste, un troisième archéologue et ethnographe. Je ne m'occuperai dans ce petit essai que de ceux des peintres- voyageurs qui, au xixe siècle, par leur oeuvre artistique, scientifi- que ou littéraire, ont contribué à l'étude de l'ethnographie et de l'archéologie su d-américaines. Seulement, faire une distinction nette n'est pas toujours possi- ble. Je m'explique. Quand un voyageur est à la fois paysagiste et ethnographe, j'aurai à parler de son travail d'ensemble, tout en essayant do le considérer avant tout comme peintre-ethnographe. Cet essai n'a nullement la prétention d'être complet. Avec la douzaine de noms je mentionnerai ici, la liste pour l'Améri- que que méridionale n'est épuisée. Par exemple, en parlant de point Poeppig, j'aurais dû considérer également l'oeuvre de Robert (1) Mémoire au XVIIe Congrès international des Américauistes à Buenos présente Aires, et publié ici avec l'autorisation du dit Congrès. Cf. Sumarios de los confèrent cias y memorias Colecciôn compléta reunida por ROBERT LBHMANN-NITSGHE, Buenos Aires, 1910. Resùmen n° 5. L'ANTHROPOLOOIB. — T. XXII. — 1911. 1
  • 3. 14 Dr HERMAN TEN KATE Malheureusement, j'écris ce travail Schomburgk et de d'Orbigny. de ces deux voyageurs célèbres me dans un endroit où les ouvrages J'aurais aussi de Karl Appun et de sont inaccessibles. pu parler Anton et autres encore au- Julius Platzmann; Goering quelques être cités. Mais l'oeuvre des deux se rapporte de raient pu premiers à la celle du troisième au paysage. Quant préférence végétation, dû les omettre l'instant faute de données aux autres, j'ai pour suffisantes. Les de l'Amérique du sud que peintres-voyageurs-ethnographes en revue sont d'un mérite très inégal. Sans vouloir pro- je passerai noncer un verdict qui, d'ailleurs, n'est pas toujours catégorique de ma tâcherai de faire ressortir les mérites et les compétence, je défauts de leurs travaux, disparates au double point de vue parfois déjà indiqué. En traitant de l'oeuvre de ces peintres-ethnographes, j'ai suivi, autant l'ordre chronologique. Il m'a paru préférable que possible, de comme règle la date de publication de leurs cependant prendre l'époque de leur séjour en Amérique. Toute- ouvrages plutôt que des raisons évidentes, cette règle n'a pas pu être suivie fois, pour à la lettre. Étant donnée la vie aventureuse et mouvemen- toujours tée de de ces voyageurs, j'ai cru qu'il serait intéressant plusieurs d'ajouter à mon exposé quelques renseignements biographiques. On dire Alexandre de Humboldt a inauguré, au xixe peut que siècle, la série des peintres-voyageurs dans le sens que je donne à ce mot. C'est lui, en effet, qui, pour rendre plus vivantes les des- des parcourus, des sites visités, de la végétation, des criptions pays animaux et des habitants du Nouveau-Continent, se servait, et non sans succès, du crayon et du pinceau. Dans les planches qui illustrent l'atlas pittoresque de sa Relation historique et ses Vues des Cordillères et des monuments des peuples indigènes de l'Améri- Humboldt s'est évertué à donner ce qu'il y avait de mieux que, à cette époque. Plus tard, dans Kosmos (1), le grand voyageur, en faisant l'historique de la peinture des paysages, préconisa cette branche de l'art comme devant donner un appui à la description. Tout en reconnaissant le grand mérite, sous ce rapport, de l'auteur des Ansichten der Natur, Ton sait que son oeuvre est du do- plutôt maine de la géographie physique que du domaine de l'ethnogra- phie. (1) Vol. II, où il traite de la Landschaf tsmalerei in ihrem Einfluss auf die Bele- bung des Nalurstudiums.
  • 4. SUR QUELQUES PEINTRES-ETHNOGRAPHES DANS L'AMÉRIQUE DU SUD. 15 C'est Eduard Friedrich Poeppig qui mérite d'être signalé après Humboldt. Poeppig, né à Plauen en 1798, mort à Wahlenberg près Leipzig,en 1868, voyagea de 1827 à 1832 dans l'Amérique du sud; il parcourut le Chili, le Pérou et le Brésil. S'il n'était pas artiste dans le vrai sens du mot, il a néanmoins illustré ses voyages ; et si ses illustrations ne valent en aucune façon son style et son talent merveilleux de description, on ne saurait les passer sous silence. Le récit de voyage de Poeppig, Reise in Chile, Peruund auf dem Amazonemtrome (2 vol. 1835) est accompagné d'un Bilderallas de 24 planches. La plupart se rapportent aux paysages et présen- tent un grand intérêt pour la morphologie de l'écorce terrestre. Je ne dirai un mot que des planches relatives à l'homme. Les Pehuenches du Chili y sont largement représentés. Ainsi, il s'y trouve une scène de rapt, lithographiée d'après un tableau de Schubauer. Dans une de ces belles vallées de la Cordillère, un guerrier pehuenche, aux cheveux flottants, à cheval, tient étendue devant lui une jeune femme blanche qui se débat. Plusieurs cava- liers chiliens, pittoresquement vêtus, poursuivent le ravisseur audacieux. L'ensemble de cette composition est d'une exécution très minutieuse, un peu conventionnelle, mais non sans mérite. Signalons ensuite Wasserjagd bei Talcahuano et Pinnalow. Pinar (sic, i. e. Pinal), où l'on voit quatre toldos en peau, dressés dans un paysage montagneux, au milieu des araucarias. Quatre guer- riers pehuenches, dont un à cheval, semblent attendre le retour de leurs frères. Les autres lithographies concernent des scènes du Pérou : une vue de la Mission Sion, avec quelques Indiens au premier plan; der Ruallaga anterhalb Sion, où l'un des Indiens presque nus est en train de lancer la petite flèche dune sabarcane à quelque oiseau. Dans la Saiina de Pilluana, nous voyons un bivouac d'Indiens au bord de l'eau; au Pongo del HuaHaga enfin, un voyageur, proba- blement Poeppig lui-même, est représenté dans un canot monté par sept Indiens. Quant au texte relatif aux indigènes, les renseignements que notre voyageur donne sur les Pehuenches, dans le premier volume de son Reise, ne sont pas non plus sans intérêt. Poeppig, évidem- ment, a vécu dans leur proximité, mais ce qu'il dit au sujet des idées de cette tribu n'a aucune valeur. religieuses Les données sur les Indiens Cholones, Xibitos et Lamistos, du en précises, sortent à peine du Haut-fluallaga, quoique général
  • 5. 16 !)•• HERMAN TEN KAfE. cadre des ordinaires. Mais j'insiste sur le descriptions Poeppig, était avant tout naturaliste et on ne vraiment pas lui fait, peut faire les Indiens les plantes, les ani- reprocher de passer après maux et les rochers. Et à ma connaissance, cependant personne, n'a mieux décrit lui le caractère des créoles sud- que psychique américains. Du reste, son comme naturaliste, le met au oeuvre, des anciens dans l'Amérique australe et premier rang voyageurs les actuelles ont tort de l'avoir un peu oublié. générations Je sous silence un autre ouvrage illustré par lui, Land- passe Ansichter und erlauterende Darstellungen aus dem schaftliche Gebiete der Erdkunde, comme ne traitant que de la géographie physique. Il est curieux de tous les pays de l'Amérique du sud, le Bré- que, sil soit celui dont les peintres-voyageurs se sont le plus occupés. En laissant de côté les artistes du xvne et du xvme siècles, dont Humboldt nous a parlé, ce sont Freireis, le compagnon de von Eschwege, et Debret qui ouvrent la série; ce dernier était au Brésil en même temps que Hercules Florence et Poeppig; une di- zaine d'autres les suivent en ce pays merveilleux, au cours du siècle passé. Je n'aurai pas l'occasion de parler de tous ces peintres- voyageurs, mais Jean-Baptiste Debret (1) ne saurait être omis. Né en 1768 à Paris, où il mourut en 1848, comme membre cor- respondant de l'Institut de France, Debret fut élève de David, son parent, qu'il accompagna fort jeune en Italie. En 1791, Debret obtint le 2e grand prix de Rome. 11 exécuta ensuite « dans le style et de la des élèves de David — guindé emphatique plupart », comme dit l'un de ses — biographes plusieurs tableaux se rappor- tant à l'époque napoléonienne. Appelé vers 1816, avec d'autres artistes, par la famille royale de Portugal, réfugiée à Rio de Janeiro, pour former dans cette ville un institut des Beaux-Arts, Debret séjourna au Brésil jusqu'en 1831. Ce n'est en effet cette qu'à date que l'établissement en question put être Pendant inauguré. cette longue attente, Debret ne perdit pas son Il fut temps. appelé par la cour à exécuter de nombreux travaux : tableaux officiels, portraits de personnages royaux, etc. Il faisait il recueillait plus; les matériaux qui, après son retour en France, devaient le mettre (1) Cf. Dictionnaire général des artistes de l'École frartçaise, de E. BELLIBR DE LA CHAVIGNERIB ; Allgem. Lexicon der bildenden Kûnstler de THIEME et BECKER. Leipzig, 1909 et L. DUSSIEUX, Les Artistes français à l'étranger. 1856. Paris,
  • 6. SUR QUELQUES PEINTRES-ETHNOGRAPHES DANS L'AMÉRIQUE DU SUD. 17 à même de publier son grand ouvrage intitulé Voyage 'pittoresque et historique au Brésil (3 vol. gr. in-folio, Paris, 1834-39). Debret, en « historien fidèle », comme il lui-même, a s'appelle rendu « les points caractéristiques des objets » qui l'environnaient. « Aussi », dit-il dans l'introduction de son ouvrage, « mes cro- faits au Brésil retracent-ils spécialement les scènes natio- quis nales ou familières du peuple chez lequel je passai seize années ». En jugeant le Voyage pittoresque d'après sa date, c'est certaine- ment un recueil de mérite. Le texte consiste en une introduction à l'étude du pays et de sa population, qui ne sort guère des géné- ralités ; ensuite, viennent un court historique et les explications détaillées des planches. Ces planches consistent en lithographies soignées d'après les dessins de Debret. Plusieurs sont signées par lui conjointement avec la vicomtesse Pauline de Portés. Dans ces dessins, abondants en détails minutieux, il n'y a rien de vague ni d'embrouillé. Pour les Indiens du Brésil, le tome premier, renfermant 36 plan- ches, a de l'intérêt. En dehors de types ethniques, de portraits et d'objets ethnographiques, Debret a fait de véritables compositions. Parmi celles-ci, je ne ferai mention que des suivantes : Intérieur d'une station de Caôocles, le du combat et le de la Signal Signal retraite (chez les Goroados), une Charge de cavalerie des Guaycou- ros et la Famille d'un chef camacan se préparant pour une fête. La composition (pi. 20) intitulée Botocoudos, Puris, Patachos et Macharis ou Canellas, représentant un festin sylvestre de ces Indiens, est grotesque. Ce groupe grimaçant, se gorgeant autour du feu, dévorant du gibier de toute nature, fait plutôt penser à une réunion d'anthropopithèques en frénésie qu'à des sauvages. Parmi les portraits d'Indiens, je citerai un chef Camacan Mon- goyo et une femme de la même tribu, puis des types de Borore- nos, Botocudos, Charruas (Charrous ou Chirous) du fleuve Uru- guay, de Goyanas, Guaranis et Cabocles (nom générique de tout Indien civilisé), un Jouri, un Maxuruna, un Jouripassé (1) et d'autres, enfin une momie coroado dans une urne. En général, Debret n'a pas commis la faute de tant d'autres peintres-voya- geurs, ou de son temps, à savoir : de donner des précédents à ses sujets exotiques. S'il n'est pas physionomies européennes toujours dans le vrai au point de vue purement anthropologique, (1) Je suis la nomenclature et l'orthographe de DEBRET. L'ANTHROPOLOGIE. — T. xxu. — 1911. 2
  • 7. 18 D' HERMAN TEN KATE. on dire dans la des cas, on a vraiment affaire à peut que, majorité des indigènes sud-américains. Les 26-36 sont fort intéressantes l'ethnographie : elles pi. pour différentes formes de huttes de sauvages, des représentent des des employées pour les colliers, masques, coiffures, graines des le des plantes nutritives, des orne- végétaux pour tatouage, ments en d'oiseaux, des instruments de musique, des cor- plumes des armes, des de la Serra do Anastabia et beilles, pétroglyphes des bords du Rio Yapurâ. Il y a en outre quelques planches représentant la forêt vierge, des plantes et des arbres, toutes des- sinées avec beaucoup de soin. Quant au paysage brésilien, deux planches sont à signaler : Les bords du Parahiba et la Vallée da Serra do Mar. En examinant les planches relatives aux Indiens et en lisant le texte qui s'y rapporte, on a l'impression que Debret a vu la plupart de ces Indiens à Rio de Janeiro et qu'il a peu voyagé dans l'intérieur de l'empire. De plus, ses amis brésiliens lui fournissaient des données. Ce qu'il a dit lui-même aux n pp. et ni de l'Introduction semble confirmer cette supposition. Dans le tome II du Voyage pittoresque, Debret s'occupe des Portugais, des Créoles et des Nègres. Il s'y trouve plusieurs planches qui ont de l'intérêt puisqu'elles représentent des scènes de la vie sociale au Brésil à cette On voit, époque. y par exemple, comment les prétendus civilisés d'alors traitaient leurs esclaves. Les planches 22 et 36 sont particulièrement précieuses pour la connaissance de africaine exacte des noirs. Debret l'origine y figure un certain nombre de négresses et de de nègres, parés leurs coiffures bizarres et variées. La des de ce plupart planches tome sont des tableaux de genre, il en est de fort parmi lesquels curieux. Le tome III est le moins intéressant nous. Il ne se pour rap- porte en effet qu'à la vie civilisée, voire des villes brési- élégante, liennes. Passons maintenant à un autre débuta peintre qui également au Brésil : Johann Moriz Rngendas. Sa position parmi la petite phalange d'artistes-voyageurs qui nous occupe est unique. n'a laissé de Rugendas pas livres de voyage, mais il a légué à la postérité une foule de documents sur précieux le Brésil et plusieurs pays hispano-américains, sous la forme de croquis, de dessins et de peintures. De tous les dans voyageurs-peintres l'Amérique australe, per-
  • 8. SUR QUELQUES PEINTRES-ETHNOGRAPHES DANS L'AMÉRIQUE DU SUD. 19 sonne n'a été plus productif. La vie d'un homme ne suffirait à pas utiliser ce qu'il a réuni. Le nom de Rugendas n'est cependant pas connu en dehors d'un cercle très restreint de d'eth- géographes, nographes et de peintres. Pour donner une idée de l'oubli dans lequel Rugendas est tombé, je dirai que le directeur de la Gra- phische Sammlung (Alte Pinakothek) à Munich, où l'oeuvre de Rugendas est conservée, M. le Dr Heinrich Pallmann, me disait que, depuis quinze années qu'il est attaché à cet établissement, j'étais la première personne qui lui ait demandé de voir ces des- sins. Humboldt cependant le signale dans Kosmos Ratzel, au (1). contraire, par qui pourtant j'ai entendu parler pour la première fois de Rugendas, il y a près de vingt ans, ne le cite dans guère son Ueber Naturschilderung. Avant d'examiner l'oeuvre de Rugendas, je m'arrêterai un ins- tant à l'histoire de la vie de cet artiste errant. Moriz Rugendas, issu d'une famille de et de peintres graveurs, originaire de Catalogne, naquit, en 1802, à Augsbourg.il y fréquenta d'abord l'école des Beaux-Arts dirigée par son conti- père, pour nuer ensuite ses études à l'Académie de Munich. Le jeune Rugen- das s'inspira surtout des deux peintres : Lorenz et Quaglio Albrecht Adam. Mais son goût pour la vie errante de l'empêcha se perfectionner comme artiste. A l'âge de 19 ans il suit von déjà, Langsdorfï (2) au Brésil en qualité de dessinateur. L'insuffisance de son sur lui sa vie durant. Plus apprentissage pèsera tard, revenu de ses illusions, il se l'avoua à lui-même. Les caractères de Langsdorfï et de étaient, à ce Rugendas qu'il paraît, incompa- tibles. Le jeune artiste se sépara donc bientôt de son compagnon, pour voyager seul, à ses frais, souffrant toutes sortes de priva- tions. En 1825, Rugendas revenait en Europe. Il vendit une y partie de ses dessins, ceux-là mêmes furent réunis tard dans qui plus Das aus der malerischen Reise in Brasilien Merhwûrdigste (Schaff- hausen, 1836), ouvrage dont j'aurai l'occasion de parler encore. Après avoir passé deux ans en France et en Italie, à Rome sur- tout, Rugendas met de nouveau le cap sur l'Amérique. Par voie de Haïti, il se rend au Mexique, dont il parcourt les régions (1) Vol. n, p. 86. (2) LANGSDORFF, qui d'abord prit part au voyage autourdu monde de Krusens- tern (1803-06), était consul général de Russie, au Brésil, où il organisa une expédi- tion dont l'issue fut malheureuse. Je revieos sur LMVUSDORFF au sujet de HERCULES FLORENCE.
  • 9. D' HERMAN TEN KATE. 20 la Californie et ensuite fait voile centrales trois ans. Il visite pendant six ans, dont trois ans souffrant, le Chili. y resta vers Rugendas à la main; il peut, il y le et le pinceau quand toujours crayon Il traverse la Cordillère, fait sa vie en faisant des portraits. gagne la à cette époque pleine des chevauchées dans pampa argentine, visite Buenos Aires. Il passe les d'Indiens plus ou moins hostiles, et en Bolivie, où il dessine des ruines années 1841-44 au Pérou de nouveau au Brésil. De là, enfin, il indiennes, puis se rend retourne en 1847 en Europe. du étaient volumineux et son Si les portefeuilles voyageur la fortune restait un rêve. Le roi cerveau rempli de souvenirs, eut l'occasion de montrer sa Louis I de Bavière, auquel Rugendas de dessins acheta en 1848, contre une modeste collection etc., la collection complète du voyageur. Elle rente viagère, presque 3.025 numéros et fut déposée au Kgl. Kupferstich- contient (1) à Munich, nommé plus tard Graphische und Handzeichnungscabinet Du tous ses efforts, Rugendas ne put Sammlung. reste, malgré d'éditeur même une partie de ses études. Un trouver pour publier la découverte de que le roi Maximilien de tableau, l'Amérique, lui commanda en 1852, lui procura surtout du chagrin. Bavière son éducation artistique inachevée C'est là, plus que jamais, que fit cruellement sentir. Son talent inné d'artiste ne suffisait pas se à remédier à son d'habileté technique. De guerre lasse, manque s'assombrit. Il sentait sa vie brisée. Il était de ceux qui Rugendas suivant une n'errent pas impunément sous les jolie expression, Son voeu de retourner aux pays du soleil pour y finir ses palmiers. ne se réaliser. Et un jour de mai, en 1858, la mort le jours put lors d'une visite au village de Weilheim an der Teck, dans surprit le Comme son anonyme le dit si bien : Wurtemberg. biographe « er, dem zwei Welten zu klein gewesen, fand endlich im engsten WinkelRuhe» (2). Jetons maintenant un coup d'oeil rapide sur l'oeuvre de Moris Rugendas. Prise en bloc, cette oeuvre se divise en deux parties. La première (1) D'après l'inventaire dressé par RUGENDAS lui-même en juin 1848. Selon deux articles biographiques publiés sur lui, le nombre serait de 3353 feuilles. Un autre en nomme 3339. LANGSDORFF aurait gardé « un grand nombre d'études » de RUGEN- DAS, malgré leur séparation. RUGENDAS aurait laissé en outre « uoch eine grosse anderer, theilweise nient weniger werthvoller Studien ». Menge (2) Pour plus de détails sur la vie de RUGENDAS, je renvoie à YAllgemeine Deutsche Biographie, Bd. 29. Leipzig, 1889 et à Ylllustrirle Zeilung, n<> 781, du 31 juillet 1858.
  • 10. SUR QUELQUES PEINTRES-ETHNOGRAPHES DANS L'AMÉRIQUE DU SUD. 21 partie comprend des paysages, des vues de ruines et de villes et des tableaux de la végétation tropicale, se surtout au rapportant Mexique ; d'après une estimation globale, elle forme la grande moitié de la collection étudiée par moi récemment à Munich. L'autre partie se compose de types ethniques, de compositions de figures, hommes, chevaux, etc., et d'études d'animaux et de plantes. Au point de vue artistique, je suis d'avis les que paysages de Rugendas sont supérieurs à ses autres dessins et études. Ses faiblesses y sautent moins aux yeux, l'effet est immédiat et plus plus satisfaisant. Il y a des sites, des vues de volcans du Mexique, des vallées grandioses et mornes des Andes, sont d'une réelle qui valeur pour la géographie descriptive, la Landschaftskunde. L'im- pression générale, que ces études peintes procurent, est assez complexe et quelque peu contradictoire. Pour préciser : au pre- mier abord, on croit avoir affaire à des chromolithographies un peu criardes. Cela vient du romantisme de cette époque, dont Rugendas était imprégné. Puis, en regardant de plus près, on y découvre une certaine affinité avec les paysagistes modernes. C'est le même inachevé, le même reflet dune impression indivi- duelle. Mais, c'est surtout la partie ethnographique et anthropo- logique de l'oeuvre qui nous intéresse ici. Une partie infiniment minime seulement des dessins de Rugendas fut publiée dans la Malerlsche Reise, déjà citée, et plus tard dans le livre intitulé Mexico und die Mexicaner ; Landschafts- bilder und Skizzenausdem Volksleben (Darmstadt, 1855), publié par C. L. Sartorius. Les lithographies du premier ouvrage donnent une bonne idée de ce que Rugendas a fait au Brésil, bien que je préfère les dessins originaux du voyageur aux lithographies un peu trop conventionnelles contenues dans le livre. La partie ethnographique de la Reise représente des Indiens et des Nègres, un peu à l'instar de Debret. On y trouve des planches où des ethniques, des costumes et des scènes de la types vie des Indiens sont figurés. Les portraits de Botocudos, de Camacanes, de Machacalis, de Puris, de Coroados et de Coropos, hommes et ont aussi de la valeur anthropologique. Les femmes, relatives à leurs moeurs et coutumes sont fort curieuses. planches Il a en outre des études au crayon de têtes de Nègres brésiliens y offrent un intérêt Les tatouages dits à cicatrices, qui particulier. en effet, y. sont si soigneusement indiqués qu'on pourrait, comme ceux de retrouver l'origine africaine exacte pour Debret,
  • 11. 22 D' HERMAN TEN KATE. de ces esclaves. au texte de la Reise, nous ne perdons rien Quant en le passant sous silence. mentionné sur le contient une série de L'ouvrage Mexique sur acier les dessins de Rugendas. Le titre gravures d'après assez le contenu de ce livre. indique En ce concerne le Chili et l'Argentine, je crois pouvoir qui affirmer les et les dessins se rapportant aux Indiens et que croquis aux créoles de ces deux représentent, avec une partie de pays ceux relatifs au Pérou, la plus grande valeur ethnographique de l'oeuvre de Rugendas. Les types, la plupart des scènes qu'il fait revivre devant nos yeux, appartiennent à tout jamais au passé. La civilisation, on le sait, a passé comme un ouragan destructeur sur les pays naguère araucans. Les ethnographes, malheureuse- ment, y sont venus trop tard. Sachons donc gré à Rugendas d'avoir laissé à la postérité, comme Poeppig et d'Orbigny, quel- ques images araucaniennes d'antan. Ainsi le cahier 18, contenant 100 feuilles, nous mène au milieu des Araucans chiliens : des combats, des scènes de pillage et de rapt, la traite des prisonniers; puis, des scènes aux campements, des danses, des jeux, des chasses, des cavalcades, un peu enfin de cette vie libre de la Cordillère et de la pampa, où figurent tour à tour des Pehuenches, des Patagons et des gauchos. D'un autre cahier, je ne signale que deux lanciers araucans et plusieurs jeunes femmes, fort jolies, de la même nation. Je n'en nomme que Col- mavidi, Chanquitiry et Boyel, d'après les indications du peintre. Ce sont là de véritables études, où le type est bien saisi, où chaque détail de la coiffure, des vêtements et des ornements différents est dessiné avec grand soin. Heureusement, il y a peu d'aquarelles. Les rares fois que Rugen- das s'est essayé dans ce genre, il a échoué; évidemment, cela n'était pas son affaire. La seule exception à cette me règle, que je rappelle avoir notée, est la tête d'un Néo-Zélandais, aquarelle faite d'après nature en quelque port du Pacifique. En ce qui concerne le Pérou, il faut mentionner les de types femmes de Lima, 80 environ, figurées de la tête aux dans leurs pieds costumes si pittoresques. Dessinée au d'un achevé tout crayon, par- ticulier, cette série constitue, à coup sûr, l'une des les parties plus précieuses de la collection. Un cahier contient les spécial portraits des vice-rois du Pérou, également dessinés au De il crayon. plus, y a des habitants de Cuzco, et d'ailleurs. Mais où m'ar- d'Arequipa