2. plan de la sécurité alimentaire dans le Grand Nord. Ils n'ont pas souvent suffisamment à manger.
«Des statistiques nationales fiables manquent en ce qui concerne la situation socioéconomique des
peuples autochtones. Cependant, plusieurs études démontrent que les communautés autochtones
du Cameroun sont particulièrement menacées dans la jouissance de leur droit à une nourriture
suffisante», souligne le rapport.
Dans le chapelet des recommandations, Olivier De Schutter insiste sur le fait de «développer un
programme visant à améliorer structurellement la situation du Grand Nord, vulnérable aux effets
du changement climatique, notamment en développant une politique ambitieuse de création de
greniers villageois; en établissant des programmes à large échelle de plantation d'arbres
fertilisants et fourragers, et en soutenant les mesures qui maximisent à la fois la production
fourragère et la captation de l'eau de pluie, comme les bandes antiérosives et les micro-barrages».
Le Rapporteur spécial demande également au Gouvernement d'adopter des mesures visant à
améliorer la situation alimentaire des groupes marginalisés ou vulnérables, et à assurer que le
cadre juridique du Cameroun intègre la définition des peuples autochtones, telle qu'adoptée dans
la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, et surtout investir dans
les programmes pratiques et politiques qui permettent de développer les approches agro-
écologiques. L'objectif est de «stimuler la production locale en améliorant l'accès aux marchés
pour les paysans regroupés en organisations de producteurs; poursuivre les efforts de
désenclavement de certaines régions isolées; promouvoir l'extension des magasins-témoins dans
les zones rurales, et y inclure des produits locaux, tels que le manioc, le mil ou le maïs, parmi les
denrées alimentaires offertes à des prix réglementés, afin de soutenir les producteurs locaux».
Aussi, pour garantir la sécurité alimentaire dans le Septentrion, l'État doit-il prendre des mesures
courageuses à court terme pour «un coût abordable des denrées alimentaires de base pour les
groupes défavorisés, et faire des préparations à long terme, en allant vers un élargissement de la
protection sociale et vers une relance des cultures vivrières permettant au pays de réduire sa
dépendance sur l'évolution des prix sur les marchés internationaux». La stratégie consistera à
préparer la transition dans le long terme par l'implémentation des stratégies pluriannuelles et
plurisectorielles.
En insistant donc sur le cadre législatif et institutionnel qui garantit le droit à l'alimentation, le
rapport propose au final trois axes majeurs pour la réalisation du droit à l'alimentation, notamment
l'amélioration de la disponibilité de l'alimentation, l'accès à cette alimentation et sa soute-nabilité.
C'est dans ce sens qu'il a rencontré une vingtaine de membres du Gouvernement, des membres de
la société civile et des organismes internationaux. Ces démarches visent à inviter les pouvoirs
publics à intervenir tant dans le développement agricole et rural que dans les domaines sociaux.