1. Entre jazz et soul, pop et rock, musique
africaine et biguine, des Caraïbes au Grand
Nord américain, FM LÆTI a longuement voyagé.
La chanteuse et son groupe ont avalé des
milliers de kilomètres et de sons divers qu’ils
transcendent dans cet album solaire avec
une voix éclatante, légère ou grave, toujours
émouvante. Sur des compositions et des
rythmes réminiscents du rock et de la soul-pop
des années 70. C’est It will all come around.
C’est FM LÆTI. Et c’est un bonheur.
Pascal Dupont - Mars 2011
2. La nuit L’île Nina, Miles, Percy,
du Manitoba de lumière Otis… et Hugo
Elle a neuf / dix ans. Après un passage rapide par la fière Vancouver La Guadeloupe, c’est Karukera, « l’île aux belles eaux» en arawak, Serge et Marie-Claude se sont donc séparés quand Læti a sept ans.
sur la Côte pacifique, la famille de Læti va trouver refuge à Brandon, la langue primitive. Pour en parler, Læti préfère dire « l’île de lumière ». Les maisons où elle a successivement vécu étaient toutes habitées de
au cœur du provincial Manitoba, capitale des hockeyeurs sur glace La maison familiale, la Villa Villeneuve à la Morne Caruel, les dimanches musique. Beaucoup de musiques. Jazz, blues, R’n’B. Chez Marie-Claude,
mais surtout surnommée «wheat city» du fait des champs de blé qui à la plage, Petit Havre, la Porte d’Enfer ou Raisin Clair, elle se souvient. Nina Simone domine avec sa voix impressionnante, très incarnée,
l’entourent à perte de vue. La famille au complet, les amis, les enfants qui courent partout, les plus ses solos incandescents comme sur Say love me or leave me, et ses textes
grands qui vont pêcher, rapportent des oursins ou un poisson qu’on bouleversants comme The other woman. Læti garde en tête Be my
Les escapades en famille et en voiture sont fréquentes. La route tirée
va cuire au feu de bois, le pique-nique sur le sable. Jusqu’au moment husband, où elle chante la servitude de l’amour. Tout est dit. Des histoires
au cordeau monte et descend le cours de doux vallons, à l’infini jusqu’aux
où débarque une grosse pluie en rideau. Il faut alors se dépêcher de tout qui racontent la dureté de la vie que la diva a éprouvée. Par exemple,
crêtes des Rocheuses. D’un côté le jaune tendre du blé, de l‘autre
remballer. Ou bien on attend que ça passe en rigolant et en faisant le fait que, malgré son talent évident, elle sera refusée d’une prestigieuse
le bleuté des fleurs du lin.
la planche dans l’eau. école de piano classique. Elle avait eu le tort de naître noire. Nina comme
Tandis qu’on roule, la musique joue. Du jazz, du classique, de la musique Miles sont parmi les rares artistes qu’on identifie à leurs seuls prénoms.
Serge Bourgeois, le père, est batteur chez Kassav, dont il est l’un
africaine. Mais aussi, dans le walkman de Læti, Nirvana, Run DMC Durant cinquante ans, l’auteur de Kind of blue et de Sketches of Spain
des fondateurs. Et certainement l’un des inventeurs du zouk. Læti est
et du hip hop. ne cessa d’explorer de nouvelles avenues, toujours en quête du moyen
initiée à la scène très tôt, aux rythmes caraïbes, à la biguine, au Gros Ka.
le plus propice d’exprimer son âme.
A l’école, Læti joue de la flûte traversière, mais rapidement décide Et aux galères des artistes-musiciens. Marie-Claude, sa mère, co-fonde
que son instrument sera sa voix. Elle fait partie de la chorale. Au collège, une école de musique. Læti y joue de la batterie, comme papa. « Percy et Otis sont aussi incontournables dans la discothèque de ma
elle se spécialise dans le jazz vocal et le gospel. En même temps, mère, reconnaît Læti. Le premier pour ses ballades colorées Deep South
Cette île-carrefour, port d’attache et de tous les départs, elle lui rend
elle passe à la danse, classique et modern jazz. Vingt heures hebdo. et ses vieux sons d’orgue, When a man loves a woman, mais aussi Take
hommage sur un bel air créole, Coco. « An vini, an pati, an pati pou
Elle a maintenant envie d’être danseuse. Et, tant qu’à faire, ce sera time to know her, où il égrène les conseils sentimentaux que lui avait
rouvinn ti zozyo / Van vanté, chalviré, on ti fi ki pati dot koté (Je suis
danseuse étoile. prodigués sa mère. Et Otis, parce que c’est Otis. Ses beats de batterie
venue, Je suis partie, Je suis partie pour revenir pti oiseau / Il venta et
et cuivres, son interprétation un peu théâtrale et, bien sûr, sa voix sur
David, le beau-père canadien que sa mère a rencontré en Guadeloupe, la vie d’une petite fille changea de cap», dit l’ouverture de la chanson.
I’ve got dreams to remember, A change is gonna come, ou Pain in my
est pianiste classique. Il joue Mozart, Bartok, Messiaen. Comme Commentaire de François-Marie avec qui Læti a composé l’album:
heart… La real old school soul ! » Læti adore le fait qu’à un moment,
ses deux petites sœurs, Ingrid et Malika, Læti s’endort toujours sur « Un soir, en studio, on avait commencé à jammer sur une « tournerie »
ces chanteurs furent le présent de sa mère.
une belle berceuse. capverdienne. Laeti s’est mise à improviser en créole. La musique lui
inspirait la nostalgie de sa terre natale et faisait ressortir les maux de l’exil. Dans l’île, les ouragans aussi sont affublés de prénoms. Le dévastateur
« C’est la nuit. Dehors, il fait un froid glacial. Je rêve de Paris, d’un autre
C’est donc une sorte de saudade guadeloupéene. Hugo, Læti l’a vécu de l’intérieur. L’alerte lancée quelques jours avant son
monde. Paris que j’ai connu, toute petite. Je vois les rues pavées,
Les premières versions duraient vingt minutes (quand la biguine arrivée, les fenêtres qu’il faut se dépêcher de contreplaquer, les réserves
les ruelles, les vieux immeubles. Je respire les odeurs des fruits et légumes
begins…). Puis Fatoumata Diawara nous a rejoint en studio. Avec Læti, d’eau et les conserves empilées dans le salon, et puis l’arrivée du grand
sur les marchés. Il fait froid et je me souviens… »
elles ont commencé à se répondre en chanson, chacune évoquant dans vent qui hurle et ne semble plus vouloir partir, la panique ininterrompue,
sa langue natale le regret de son pays respectif, Guadeloupe et Mali, l’immense cocotier qui s’effondre sur la maisonnée. Et puis, après, quand
et l’histoire de cette petite Coco, partagée entre le nécessité de vivre le tyran s’enfuit, la découverte que tous les toits du lotissement ont été
ailleurs et l’envie de retrouver son pays ». arrachés et qu’un gros bateau de la marina s’est encastré dans la mairie.
Coco, c’est Læti pleurant hystériquement à l’aéroport quand, enfant,
elle s’arrache pour le Canada. « Bébé trimbalé dans le couffin musical
du ventre de ma mère ».
Læti a revisité l’île après tant d’années. Pendant douze ans, elle n’avait
pas vu son père. Aujourd’hui, ils sont complices.
3. Dans l’œ il Mali Musik Blanc et Noir
du cyclone
Salif Keita suggère à Læti des images du Canada. Elle l’écoutait en La discothèque parentale débordant de 33 tours de rock britiche,
famille dans le Grand Nord. Il y a donné un concert. Salif était même François-Marie l’a su très tôt : les Stones, à commencer par Brian Jones,
Pour Læti, l’apprentissage s’intensifie et se précise quand elle rejoint invité à dîner, il ne viendra finalement pas. C’est la première rencontre mort trop tôt, mais aussi Keith Richards, n’auraient pas existé sans Buddy
le collège de Galesburg, dont le nom signifie la ville des tempêtes, à deux au-delà des océans et des ans avec François-Marie et son grand frère Guy, Muddy Waters (auquel ils emprunteront Mannish Man), Bo Diddley
heures de Chicago, au-milieu de champs de maïs à perte de vue. Elle a Pierre-Marie qui ont mené un voyage initiatique au Mali, puis via Kayes et, plus généralement, le blues du Southside de Chicago. Et leur tube
17 ans et y restera quatre ans. Le collège a abrité Lincoln, venu y faire un dans le petit train de brousse qui rallie le Sénégal. Ils sont à la recherche Love in Vain est une chanson de cette légende qu’était Robert Johnson…
discours. C’est aussi l’une des étapes du fameux «underground railroad », de Toumani Diabaté, griot, joueur de kora, et proche des musiciens écrite en 1937 ! Pareil pour l’ensemble du rock tendance mod, les Animals
le chemin clandestin emprunté par les esclaves fuyant vers le Nord, flamenco que Pierre-Marie a fréquenté dans la Séville andalouse. ou Eric Clapton, qui n’a jamais caché ses influences : Curtis Mayfield,
lors de la ségrégation. Ray Charles ou le gros blues qui tâche en direct du Mississippi. Sa fierté :
Avec Salif Keita, Ali Farka Touré, Cheick Tidiane Seck et le Super Rail
Les élèves viennent des 50 Etats, plus de 36 pays différents. Chaque avoir signé un album avec B.B. King. Quant au Shout des Isley Brothers
Band de Bamako, mais aussi Rokia Traoré, Amadou et Mariam, le Mali
année, on célèbre un festival international avec des spectacles, des chants en 1959, il deviendra Twist and Shout chez les les Fabulous Four quelques
est le berceau ancestral des musiques africaines.
et des plats du monde entier. Avec ses copines indiennes, elle organise années plus tard.
une danse de Gros Ka. Beaucoup de Noirs américains, en quête de leurs racines ancestrales,
En pleine ségrégation raciale, le petit Elvis écoutait, lui, du gospel
à commencer par Dee Dee Bridgewater, viennent y enregistrer,
Comme elle parle l’anglais couramment, elle interprète aussi le griot le dimanche à l’église de South Memphis, le quartier noir. Et quand
rétablissant un pont subtil entre jazz et musique africaine traditionnelle.
dans Death and the King’s Horseman, du Nigérian Wolé Soyinka qui il signera avec Sam Phillips, le producteur de Sun Records, il sait qu’il est
Fut un temps où le Mali était un grand empire. C’est aujourd’hui une des
lui jette avec mépris: « Une femme griot ? On va voir ce que ça donne… » à bonne enseigne : c’est l’ami de B.B. King et de Howlin’ Wolf. Quant
capitales mondiales de la musique. Une major à part entière. Les artistes
Ambigu. à Gainsbourg, auto-proclamé nègre blanc et qui prétendait que le noir
étrangers se pressent dans ce petit pays du Sahel, de Carlos Santana au
et le blanc ne sont pas des couleurs, mais des valeurs, il se rêvait, lui,
Læti mène tout de front: art, théâtre, stylisme… « Je ne voulais pas faire Nigérian Keziah Jones, et jusqu’à Damon Albarn, de Blur, qui lui a même
en chanteur de jazz. Il se contentera de composer des ballades.
qu’une seule chose ». En fait, elle plonge dans l’atelier de costumes consacré un album sobrement intitulé Mali Music.
Et de bien belles.
du département Théâtre. Finit par y vivre. En même temps, elle Au cours de leur périple inspiré, François-Marie et Pierre-Marie
commence à écrire, des bouts de poèmes décousus, en freewriting. C’est ainsi : en s’électrisant, le blues, « musique du diable » pour les
découvrent le n’goni (traditionnelle guitare tétracode) et la kora.
Qui deviendront des chansons. maîtres sudistes devenu gospel, puis negro spirituals, puis doo-wop,
Ce voyage préfigure la collaboration, sur le disque, avec Fatoumata
puis rhythm and blues, est devenus le rock n’roll, écrit et produit par
Diawara et Christophe « Disco » Mink, musicien de la talentueuse
les Blancs. Aujourd’hui, l’inversion des rôles va jusqu’au changement
Franco-Malienne Rokia Traoré.
de peaux : les hip-hopers blancs-becs du Midwest se rêvent en
gangsta-rappers et s’interpellent en se donnant du « Hey, nigger ! »
Le mélange noir et blanc a toujours été explosif. Il a surtout permis
le métissage des musiques, qui est sans doute la plus belle invention
de ces trente dernières années. Dans ce disque, l’union musicale de Læti,
la noire, et de François-Marie, le blanc, en apporte une nouvelle preuve.
« On sait nos origines, on les partage, dit Læti. C’est un échange très
naturel, comme une évidence. Mais qui n’aurait sans doute pas pu
se faire comme ça dans un autre temps ».
4. 60’s, 70’s Les filles Pigalle
et les deux Mitchell chantent mieux la nuit
A l’évidence, de nombreux compositeurs et musiciens ont exercé leur Dès ses premiers albums, Words & Sounds, puis Experience : Jill Scott, Un port d’immigrés au début. Il l’est toujours un peu. La Goutte d’Or,
influence sur la travail de FM LÆTI : John Lennon et la magie de ses où figurait Bilal et Erikah Badu, la jeune diva noire de Philadelphie territoire sombre, incontrôlé, non encore tout-à-fait balisé, n’est pas loin.
albums Plastic Ono Band et Imagine, mais aussi Stevie Wonder, Keith imposait une nouvelle griffe, la Nu Soul, qui se définit par sa sensibilité Le quartier raconte des histoires d’éloignement et de solitude, d’enfants
Richards et George Harrison, Billy Preston et Donny Hathaway, George extrême, son élégance affichée, sa préférence des arpèges délicats et perdus et de mauvais garçons. A 16 ans, le père de Læti y a traîné ses
Martin et Phil Spector, Aretha Franklin et Dorothy Ashby, Brian Wilson de la sonorité des paroles aux grosses vibes tapageuses et aux textes guêtres. Il campait à La Baguetterie, le magasin spécialisé dans les
et Paul McCartney. Ce qu’ils ont en commun ? être apparus dans les de rap lourdauds. batteries et les percussions, rue Victor Massé.
années soixante et soixante-dix, ou avant.
Sacrée héritière d’Aretha Franklin, Lauryn Hill, des Fugees, offre quant La boucle est bouclée quand Læti y revient. Pendant trois ans, elle
Durant la fabrication de l’album, François-Marie, Læti et les autres à elle des spirituals épurés et incantatoires. De sa voix ébréchée, elle passe beaucoup de temps chez un ami rue Condorcet, avec accès direct
reconnaissent avoir beaucoup écouté le travail du soulman Willie poétise, murmure et psalmodie. Son chant s’apparente à un sanglot. aux caves. Jam sessions et fiestas improvisés tous les soirs jusqu’à plus
Mitchell, notamment pour le son de la section rythmique et des cuivres. Et c’est sans compter avec Janet Jackson, Macy Gray, Tracy Chapman d’heure !
Ce Mississippien, trompettiste sur les premiers albums de B.B. King, ou Joan Osborne (la voix du film sur la Motown). Sans compter non
Læti aime le Nord de Paris définitivement. Elle déambule entre les
reste, avec le batteur Al Jackson, comme le grand architecte sonore plus avec Aretha Franklin ou Etta James.
Batignolles et la gare du Nord, pousse la porte des bars de jazz, comme
des merveilles d’Al Green. Dès leur première collaboration, Green
Toutes sont distinctes, elles inventent des univers différents. Ce qu’elles L’Etreinte, rue Bleue. Elle y crée des complicités, écrit des textes et
Is Blues, les cuivres sont mis en exergue, le kick d’Al Jackson ponctue
ont en commun, c’est de raconter leurs passions, leur âme, leur vie. compose des chansons. Et rencontre F.-M. pour un bœuf sur Radio
ça et là la mélodie, la voix d’Al Green avance à pas de velours, avec
Avec courage et sincérité. Ce sont les grandes sœurs de Læti, qui, à sa Campus. Le début d’un échange où chacun trouve sa place. Des bribes
sensualité, Mitchell gérant seul les arrangements, la prise de son
manière, fait de même sur ce disque. De sa voix chaude, légèrement de textes naissent des lignes mélodiques. Puis un projet de disque,
et la production. Il offre à Al Green quelques uns de ses plus gros hits
cassée, qui s’éraille. Qui dit je suis tendre et j’ai pris des bleus à l’âme moi au feeling live, pur. Pigalle, c’est aussi le nom du label de Pierre-Marie,
dans les années 70 (I’m Still In Love With You, Let’s Stay Together,
aussi. Une voix dont elle joue comme elle veut. le producteur de FM LÆTI.
Love and Happiness, Call Me).
Un autre Mitchell a influencé FM LÆTI dans sa recherche sonore :
Mitch Mitchell. Il est l’un des batteurs les plus influents de la fin des
années 1960. Entré dans la légende avec son travail dans le Jimi Hendrix
Experience, Mitchell a imposé son style novateur sous le nom de
« fusion ». Il met la batterie en avant et ne se contente plus de structurer
la chanson avec la basse.
Qu’on se rassure, David Byrne, Damon Albarn, Air et Morcheeba font
aussi partie de la discothèque du groupe, et la rajeunissent.
5. FM It will all Naissance
come around d’un groupe
FM, ça dit fréquence radio, de celles qu’on cherchait, petit, sur la plage et
sur un vieux transistor, sur la Côte d’Azur l’été, ou en Guadeloupe. Jazz,
pop, rock ou variétoche inspirée, peu importe pour ceux qui sont toujours La chanson qui donne son titre à l’album sonne comme un mantra … Ou, faudrait-il plutôt dire, naissance d’une tribu ! Ici, elle s’est très
impatients d’écouter, de découvrir et jouer de la musique. Toutes les apaisant. Ou, interprété selon François-Marie, comme un projet positif, simplement faite par cooptations successives. Pierre-Marie Dru, qui
musiques. Deux titres de FM LÆTI, les deux premiers en fait, disent solaire : « On a tous des hauts et des bas et il est parfois dur de rester préside aux destinées de Pigalle Production, se trouve travailler à deux
la recherche de cette inspiration musicale éclectique et qui traverse serein et optimiste quand on traverse une zone d’orages. It will all come pas de Bleeps, le studio de Stéphane « Alf » Briat, qui mixe ses petites
le temps. En musicologue précis, François-Marie les commente : « Rise around, c’est ce que l’on s’est répété tout au long du projet, comme un merveilles, dont les galettes d’Air, dans un sous-sol de la rue d’Enghien.
in The Sun est un des premiers titres que l’on a écrit. C’est sûrement le leitmotiv pour se rassurer lorsque l’on doutait ou quand le moral n’était Mais il a aussi travaillé avec Yann Arnaud (le son de Syd Matters) sur
plaisir de jouer les premières fois ensemble qui nous l’a inspiré. On est pas au mieux ». Et de donner en exemple Rise in the sun, le premier titre le mixage du film suédois Sound of Noise dont il a produit la musique.
parti de la mélodie en improvisant sur des rythmes à la Stax ou Motown. de l’album : « L’humeur de la chanson a dicté l’écriture des paroles : l’envie Yann se réjouit aussitôt de partager la fabrication du son avec l’ami
Avec Steve Arguelles à la batterie et Christophe « Disco » Minck à la de laisser chanter un rayon de soleil dans le cœur et ne pas le laisser « Alf ». L’un s’occupera des prises et de l’editing, l’autre du mix. Et ainsi
basse, on a essayé de se rapprocher des sections rythmiques soul des s’éclipser ». de suite, chacun fait la passe à l’autre. Ou apporte sa touche au tableau,
années 60. On doit bien reconnaître qu’avec leur souffle dans le dos, comme dans un jeu du « cadavre exquis ». « Alf » connaît le batteur
Maintenant, il faut assurer la sortie de l’album. Les morceaux remontent
la chanson a pris de l’ampleur. La section cuivre et les chœurs ont fini par Steve Arguelles. Et c’est Steve, à son tour, qui parle à la bande en train
en tête. Ce qui frappe à les écouter, c’est cette éclatante envie de
emporter le morceau dans une ambiance live et « gospelisante ». Quant à de grossir de Christophe « Disco » Minck, bassiste de Rokia Traoré. Mais
bonheur et de l’exprimer. Comme la quête d’une paix profonde et vraie
Out of my hands, Læti avait écrit le texte et on a commencé à improviser qui est aussi harpiste et, plus rare, joueur de n’goni (instrument à cordes
au sortir de la galère. Læti : « Ce projet, c’est le début du reste de ma
dans un registre bluesy à la New Orleans. La mélodie est venue assez traditionnel). Débarquent encore le claviste Laurian Daire, Fatoumata
vie… Il est tourné vers demain. Pourvu qu’il fasse beau ».
vite, le reste du texte a suivi. On a voulu créer une ambiance musicale Diawara qui va donner de la voix sur un titre de l’album, Sébastien Llado
qui rappellerait un vieux cabaret des années trente. On a travaillé à (trombone et lambi), Sylvain Gontard (trompette et bugle), Roberto
plusieurs pour trouver cet arrangement de vieux cirque ambulant qui Moreno (cavaquinho), Christophe Panzani (sax baryton et clarinette)
souligne le caractère un rien désabusé des paroles de Læti ». et, enfin, l’ami guitariste Kabinet Kanté... L’un après l’autre, les talents
s’agrègent. A la fin, c’est devenu une escouade, emmenée par le même
FM, ça dit aussi les fréquences de l’âme, les humeurs, les envies élan. Un peu comme les Merry Pranksters, elle trace sa route joyeuse.
changeantes.
Bien avant ça, Læti et François-Marie ont démarré l’ouvrage.
Fréquence, ou fréquentation. Car ce sont les initiales de François-Marie, Ce qui veut dire écrire et composer sur une base pré-enregistrée
l’alter ego artistique de Læti, son complice absolu dans ce projet. de basse batterie, jeter des mots et des phrases qu’on aime et leur coller
des notes, ou, à l’inverse, tenter des lignes harmoniques et y accrocher
des bouts de phrase.
C’est Yann qui a eu l’idée des studios de La Frette (où ont enregistré,
entre autres, Syd Matters, Feist, Gonzales…) Quatre jours et nuits
de pure dinguerie en ce mois de juillet. François-Marie a amené toutes
ses guitares, « Disco » la basse, la contre-basse, le n’goni, la kora et la
guitare-sitar. Yann et son complice Raphaël sont aux manettes, ils ont
investi l’espace jusqu’au moindre recoin de la cuisine... On joue fenêtres
ouvertes, température et barbecue obligent.
Suivent deux semaines de mix, fin octobre 2010 chez Bleeps. L’esprit de
Willie Mitchell habite la dream team. « Simply Beautiful ». L’album est fini
quelques semaines plus tard.
6. Fiche artistique
Réalisation Thierry Bellia et Jérôme Didelot Prises de son et editing
François-Marie Dru, Pierre-Marie Dru Optigan, choeurs, ukulélé Yann Arnaud, assisté de Raphaël Seguin,
& Yann Arnaud Christel M’Barga, Valérie Belinga, Guillaume à La Frette Studios
Lætitia Bourgeois Eyango, Eric Filet et Pierre-Marie Dru Mixé par Stéphane « Alf » Briat
chant, choeurs choeurs au Studio Bleeps
François-Marie Dru Roberto Moreno Masterisé par Chab au Studio Translab
chant, choeurs, guitare acoustique, guitare cavaquinho Arrangements : François-Marie Dru sauf
électrique, piano, Rhodes, Wurlitzer, Kabinet Kanté Out of My Hands : Thierry Bellia, Jérôme
orgue B3, Moog guitare acoustique Didelot et François-Marie Dru, Arrangements
Steve Arguelles Fatoumata Diawara (« courtesy of World cuivres : François-Marie Dru et Sébastien Llado
batterie, percussions, claquettes Circuit Records ») Photos : Vera Palsdottir
Christophe « Disco » Minck chant Stylisme : Agniezka Baranowska
basse, contre-basse, harpe, n’goni, kamalengoni Paroles et Musiques Maquillage : Isak Helgason
Laurian Daire Lætitia Bourgeois et François-Marie Dru Graphisme : Atelier 25
Wurlitzer, orgue B3, piano sauf I Got the Boogie et Sunshine on My Face / (Capucine Merkenbrack & Chloé Tercé)
Sébastien Llado Paroles et musiques : François-Marie Dru Produit par Pierre-Marie Dru
trombone, lambi Coco / Paroles : Lætitia Bourgeois Pigalle Production :
Christophe Panzani et Fatoumata Diawara / Musique : Lætitia www.pigalleproduction.com
saxophone, clarinette Bourgeois et François-Marie Dru
Sylvain Gontard Sous Licence Exclusive Wagram Music
trompette, bugle FM LÆTI est représenté par
www.voyezmonproducteur.com