1. 16 E
JOURNEE DE RENCONTRE DE L'OBSERVATOIRE TECHNOLOGIQUE
Réseaux de personnes, réseaux d'objets
La 16è
Journée de rencontre de l’Observatoire technologique (OT) du Centre des technologies de l’information (CTI) organisée le 11 décembre 2006
était consacrée au thème de « l’Internet des objets ». Près de 200 personnes ont assisté à cette manifestation et ont pu apprécier le vent de fraicheur
soulevé par les quatre jeunes orateurs de l’après-midi ainsi que la pertinence des défis mis en évidence.
En un peu plus de dix ans, l'Internet nous
a fait entrer de plain-pieds dans la société
du savoir. La mise en réseaux de plus d'un
milliard de personnes sur toute la planète
a induit des changements profonds dans
notre société et les perspectives liées au
partage de l'information et de la
connaissance nous ouvrent des horizons
extraordinaires.
Or à peine apprivoisons-nous ce nouveau
paradigme qu'une évolution majeure est
en cours: l'Internet de l'information et des
personnes s'enrichit d'un Internet des
objets qui en démultiplie les potentialités.
Les objets peuvent maintenant
communiquer et interagir, que ce soit entre
eux, avec d'autres systèmes ou avec les
utilisateurs. Ils engendreront bientôt des
réseaux dynamiques, véritables systèmes
interactifs et intelligents dans lesquels
personnes et objets pourront échanger des
données en tous lieux et en tous temps. Ils
pénétreront ainsi au cœur de notre réalité,
nous immergeant au sein d'une véritable
« intelligence ambiante » qui fusionne les
mondes numériques et physiques.
Le potentiel d'innovation que recèle ce
nouvel Internet est considérable. Mais les
interrogations qu'il suscite sont tout aussi
importantes. Car au-delà des défis
techniques, sécuritaires ou écologiques, il
s'agira surtout de savoir replacer
correctement l'homme au coeur des
réseaux.
Davantage d’informations sur ot.geneve.ch
Les intervenants de cette Journée ont
ébauché ce nouvel Internet des personnes
et des objets en mettant en lumière
certains des enjeux fondamentaux qui y
sont liés.
Lara Srivastava est responsable de
programme à l'Unité Stratégie et Politique
de l'Union Internationale des Télécom-
munications à Genève. Elle s'intéresse
aux tendances dans les technologies de
l'information, aux politiques de mise en
œuvre et aux structures de marché.
Nicolas Nova est assistant de recherche
à l’Ecole Polytechnique de Lausanne. Ses
travaux se situent à la croisée des
sciences cognitives, de l'ergonomie ainsi
que des interfaces homme-machine.
Sami Coll est assistant au Département
de sociologie de l’Université de Genève. Il
explore les risques de surveillance accrue
dont les technologies pourraient être
porteuses.
Olivier Liechti est architecte logiciel chez
Sun Microsystems, spécialisé dans les
technologies et méthodes d'intégration et
de développement. Il a passé plusieurs
années au Japon où il a obtenu un
doctorat dans le domaine de l'informatique
diffuse.
Le conseiller d'Etat Mark Muller, en charge
du Département des constructions et des
technologies de l'information et Jean-
Marie Leclerc, directeur général du Centre
des technologies de l’information se sont
également exprimés sur les enjeux liés
aux nouvelles technologies.
UN OBSERVATOIRE TECHNOLOGIQUE,
POURQUOI FAIRE ?
Créé en 1996 et rattaché à la direction générale
du CTI, l’Observatoire technologique (OT)
apporte son soutien à l’exercice des métiers
informatiques dans les domaines liés aux grands
systèmes d’informations de l’Etat. Il assure une
vision stratégique de la technologie à mettre en
oeuvre, une interaction de solutions techniques
et technologiques cohérentes et compatibles
entre les divers métiers de l’administration.
L’OT a pour principal mandat d’aider la direction
générale du CTI à intégrer une vision e-Société
dans ses choix. Cela passe par une veille
stratégique et technologique, à l’intersection des
mondes de la recherche, des technologies de
pointe et de la société. De larges domaines sont
ainsi explorés, au-delà des seules questions
technologiques et tout en replaçant l’individu et
la société au centre de la réflexion. C’est dans
cette perspective que l’OT a élaboré en 2002 le
« référentiel e-Société ».
L’OT est également une structure d’échange où
peuvent se rencontrer des organisations
intéressées par une collaboration avec l’Etat de
Genève dans le domaine des technologies de
l’information et de la communication. Le
partenariat de l’OT regroupe des organisations
étatiques et paraétatiques, des milieux
académiques, des organisations internationales
et des entreprises privées. C’est un lieu de
réflexion sur des sujets touchant les intérêts des
différents partenaires. L’OT y joue un rôle de
médiateur et de catalyseur et y apporte conseils
et expertise.
Janvier 2007 Département des constructions et des technologies de l'information
2. LES INTERVENTIONS EN BREF
L’Internet des objets enrichit celui des personnes en s'y juxtaposant, voir même en s'y mêlant intimement. Les potentialités qu'offre ce nouvel
espace sont extraordinaires. Mais les défis qu'il lance à la société ne le sont pas moins, notamment lorsqu'on aborde la protection des données
et celle de la sphère privée. Les interventions brièvement résumées ci-dessous illustrent cette richesse et ces défis.
Rédaction: Patrick Genoud – Observatoire technologique – Tél.: +41 (22) 388 13 50 – Fax: +41 (22) 388 13 57 – E-mail: ot@etat.ge.ch - Site Web: http://ot.geneve.ch
Centre des technologies de l'information – Département des constructions et des technologies de l'information – République et canton de Genève
Lara Srivastava
Responsable de programme, Unité Stratégie et Politique,
Union Internationale des Télécommunications, Genève
Lara Srivastava, a débroussaillé le thème de la Journée en
clarifiant les différentes notions rencontrées lorsque l’on
évoque l’Internet des objets : ubiquitous computing, pervasive
computing, intelligence collective, RFID, etc.
Elle a insisté sur les défis que pose ce nouvel espace
d’échange, notamment ceux liés à la gestion des identités, à la
protection de la sphère privée et à la gouvernance. Selon elle,
ces points doivent être pris en compte dès la conception d’une
technologie, quelle qu’elle soit.
Mark Muller
Conseiller d'Etat, Département des constructions et des technologies
de l'information, République et canton de Genève
Mark Muller a introduit la Journée en insistant sur la nécessité
de poser un regard critique sur les technologies émergentes,
de les envisager dans un cadre large et, si possible, avant
qu’elles ne se soient imposées de facto dans l’usage courant.
Dans cette approche sociétale la voix de chacun compte, que
ce soit à titre individuel ou à titre collectif. Les administrations
publiques ont ainsi un rôle fondamental à jouer car elles sont
les garantes d’une utilisation responsable et réfléchie des
technologies de l’information.
Sami Coll
Assistant de recherche, Département de sociologie,
Université de Genève
Sami Coll s’est attaché à présenter une analyse de l’utilisation
actuelle des technologies de l’information avec le point de vue
du sociologue. Il est parti de la réalité d’aujourd’hui pour, par
extension, comprendre le développement de l’Internet des
objets et son rôle dans notre société.
Il a mis en évidence les deux faces de ces technologies, à la
fois pratiques, commodes et libératrices et indirectement,
technologies de surveillance. Selon lui l’Internet des objets va
réduire les espaces qui ne sont pas encore sous contrôle. On
peut (on doit) donc légitimenent se poser la question : l’Internet
des objets va-t-il nous libérer ou nous asservir ? Et si c’est de
libération qu’il s’agit, nous libérer de quoi ?
Nicolas Nova
Assistant de recherche, Centre de Recherche et d'Appui pour la
Formation et ses Technologies, EPFL, Lausanne
Jean-Marie Leclerc
Directeur général, Centre des technologies de l'information,
République et canton de Genève
Le dernier mot de l’après-midi est revenu à Jean-Marie Leclerc
qui a présenté ses perspectives pour l’informatique de demain
dans le canton de Genève. Il a notamment insisté sur le fait
que les technologies actuelles changent complètement le
paradigme dans lequel l’administration évolue. Cette dernière
est amenée inéluctablement à s’ouvrir vers le citoyen et vers la
société. Elle doit en outre prendre conscience de la nécessité
de considérer l’information comme une ressource stratégique
qu’elle a le devoir de valoriser et de pérenniser.
Olivier Liechti
Architecte logiciel, Sun Microsystems, Gland
Pour donner une note très concrète à la Journée, Olivier Liechti
a montré que les technologies RFID, qui existent depuis plus
de 50 ans, sont déjà massivement déployées autour de nous.
Mais elles n’ont pu prendre un réel essor que lorsque les
industriels ont véritablement compris l’importance cruciale de la
standardisation dans ce domaine, comme dans d’autres
d’ailleurs. On assiste depuis lors à une utilisation plus large (en
réseau) des technologies RFID, d’autant qu’elles peuvent
s’appuyer sur des architectures toujours plus performantes.
Mais les défis techniques restent malgré tout importants.
Dans son message de bienvenue, l’OT a rappelé le contexte dans lequel s’inscrivent ces Journées de rencontre en évoquant le
rôle nécessaire d’information et de sensibilisation que cette structure doit jouer auprès des citoyens et des collaborateurs de
l’administration genevoise. Aujourd'hui le travail de veille et de réflexion large que mène l'OT depuis plusieurs années converge
très directement vers les préoccupations du Conseil d’Etat genevois dans les domaines de l’administration électronique, des
logiciels libres, de la gestion électronique de documents ou du retour sur investissement des projets informatiques.
Nicolas Nova a proposé une vision alternative de l’Internet des
objets en insistant sur son imbrication avec l’Internet des lieux
et des personnes. Il a donné un panorama très large des
usages, parfois exotiques, de ces nouvelles technologies en
puisant dans des exemples provenant du monde artistique ou
académique.
Il a montré comment l’Internet des objets nous permettait
aujourd’hui d'expliciter l’invisible ou l’implicite; comment il tisse
des liens de plus en entrelacés entre le monde physique et une
multiplicité de mondes virtuels qui s’entrecroisent; et comment
il pose la question de notre rapport aux objets, aux lieux et
autres individus.