Cet article décrit la conception d’une méthodologie instrumentée, articulée en différentes étapes, qui vise à analyser les variations terminologiques dans des textes industriels. Nous cherchons notamment à identifier, dans les textes de normes, l’origine et les modes d’élaboration des concepts, ainsi que les variations diachroniques des termes qui les lexicalisent. La présentation du cadre théorique est suivie par la description de l’architecture de l’outil KONTRAST, et de la chaine de traitements associée. En dernier lieu, des modes de représentation associés à des cas d’usage exposent les possibilités d’analyse linguistique et socio-pragmatique de cette méthodologie instrumentée. L’expérimentation est menée en utilisant un corpus issu du domaine de la continuité d’activité. La continuité d’activité désigne l’ensemble des procédures et mesures mises en place par une organisation (entreprise, institution, collectivité…) pour s’assurer que ses fonctions critiques seront préservées en cas de sinistre ou de désastre (catastrophe naturelle, attentat, risque sanitaire…). Ce travail s’inscrit dans une recherche plus large sur les textes et les acteurs de la normalisation industrielle internationale dans le domaine de la sécurité globale.
1. KONTRAST
TOTh 2012
Brigitte Juanals
Martin Lafréchoux
Jean-Luc Minel
Bonjour.
Je vais vous présenter Kontrast, un système d’analyse lexicographique de textes normatifs.
Photo : http://www.flickr.com/photos/daynoir/2180507211/
2. Normalisation et Sécurité Globale
Ce travail s’inscrit dans une recherche plus large sur les textes et les acteurs de la
normalisation industrielle internationale, le projet ANR NOTSEG.
Normalisation et Sécurité Globale : la formulation du concept de sécurité globale dans la
normalisation www.notseg.fr, (appel ANR-CSOG 2009).
3. Partenaires :
• Le laboratoire MODYCO (UMR 7114) spécialisé notamment dans le Traitement Automatique du Langage et la circulation médiatique
des savoirs.
• L’équipe Conception et Qualité des Produits et des Processus Innovation (CQP2I) de l’Université Technologique de Compiègne (UTC)
associe experts en sécurité, design, ergonomie, normalisation et qualité
• L’AFNOR: Association française de normalisation, groupe à vocation international organisé autour de 4 axes : normalisation,
certification, édition et formation.
4. I. Contexte
II. Modèle
III. Méthode
IV.Application
Kontrast est un système qui vise à décrire de manière aussi précise que possible les
différentes terminologies associées à un corpus de normes nationales et internationales, afin
de d’analyser les jeux d’influence à l’oeuvre dans le processus de rédaction de ces normes.
Je vais d’abord vous décrire le contexte dans lequel nous travaillons, c’est-à-dire les
problématiques particulières de la terminologie dans la normalisation des processus.
Ensuite je présenterai le modèle du glossaire ontologique que nous avons conçu, puis les
traitements que nous avons utilisés, et je terminerai par un exemple concret d’utilisation de
la ressource construite.
Photo : http://www.flickr.com/photos/natureindyablogspotcom/3038070680
6. Normalisation &
terminologie
Kontrast a été conçu en réponse aux problématiques spécifiques de la terminologie dans le
champ de la normalisation des processus. Je vais commencer par vous présenter ces
spécificités.
7. Normes
Quand on parle de normes ou de standards, on se représente généralement le calibrage des
concombres ou l’harmonisation des prises de courant - des choses concrètes - en tout cas
on imagine quelque chose de mesurable, une réalité objective à laquelle se référer, en
dernière analyse.
Ce n’est pas le cas des normes que nous étudions. Kontrast étudie des normes de
management, plus précisément des normes qui traitent de continuité d’activité.
Illustration : http://www.flickr.com/photos/double-m2/4341910416/
8. Continuité d’activité :
Ensemble des procédures et mesures mises
en place par une organisation pour s’assurer
que ses fonctions critiques seront
préservées en cas de sinistre ou de désastre.
La continuité d’activité est un sous-domaine de la gestion des risques
Je vous propose cette définition simplifiée :
La continuité d’activité désigne l’ensemble des procédures et mesures mises en place par une
organisation (entreprise, institution, collectivité…) pour s’assurer que ses fonctions critiques
seront préservées en cas de sinistre ou de désastre (catastrophe naturelle, attentat, risque
sanitaire…).
On parle parfois de résilience, de reprise après sinistre, de gestion des crises.
Ce sont des concepts voisins mais pas identiques.
(définition simplifiée, compilée à partir de différentes sources - je ne suis pas un expert)
9. • L’objet des normes étudiées est
abstrait — processus, règles,
concepts, méthodes
• Les normes ont une partie «Termes
et définitions» (T&D) qui vise à
remédier aux ambiguïtés de la langue
Contrairement à la normalisation de produits physiques, il n'existe pas de référent tangible,
concret. Il n'y a pas de réalité mesurable à laquelle se reporter en cas de désaccord ou
d'incompréhension.
Le normes de management cherchent à standardiser un matériau abstrait : des processus,
des règles, des méthodes. Elles le font en utilisant la langue : en définissant des termes et
des concepts qui seront interprétés par des experts au moment de mettre en oeuvre la
norme.
(C’est pour ça qu’il faudra m’excuser si les illustrations de mes slides sont un peu
métaphoriques : il n’y a pas grand chose à montrer)
Au début de chaque norme se trouve défini le vocabulaire qui y sera utilisé, dans un glossaire
thématique ou alphabétique traditionnellement intitulé “Termes et définitions”. Ce sont ces
terminologies qui sont étudiées par Kontrast.
Illustration : http://www.flickr.com/photos/double-m2/4341910416/
10. Par exemple, vous pouvez voir ici le début des T&D de la norme ISO 31000:2009.
La décision de centrer notre étude sur ces sections « T&D » a été motivée par l’observation
des débats dans les réunions de normalisation. Nous avons pu assister à de longues
discussions et à des négociations parfois véhémentes à leur sujet .
11. Consensus
Donc différents pays rédigent une norme nationale sur tel ou tel sujet, chacune disposant de
sa propre terminologie.
Illustration : http://www.flickr.com/photos/double-m2/4324115629/
12. “Moi quand j'emploie
un mot”, dit Humpty
Dumpty d'une voix
assez méprisante, “il
signifie exactement ce
que je veux qu'il
signifie, ni plus ni
moins.”
Chaque organisme de normalisation reste libre de proposer son propre vocabulaire, avec ses
propres définitions.
On se trouve avec des définitions concurrentes, mais qui, théoriquement, peuvent toute
prétendre au même degré de validité.
Photo : http://www.flickr.com/photos/thecarrolllegacy/7172993882/
Quote : De l'autre coté du miroir, Lewis Carrol, 1871 (trad. H. Parisot, Aubier, 1976)
13. • Au niveau international, ll peut y avoir
concurrence entre différentes
terminologies.
• La rédaction des textes se fait alors
selon une procédure ‘de consensus’
Si une norme internationale sur le même thème ou un thème proche est rédigée, chaque pays
a intérêt à ce que sa définition d’un terme soit utilisée. Dans le processus d'écriture des
normes internationales, il y a donc concurrence entre des normes nationales ou entre des
référentiels soutenus par des groupes d'influence.
Comment faire ?
Illustration : http://www.flickr.com/photos/double-m2/4324115629/
14. Les experts
Dans les comités de l’ISO comme au niveau national, un nombre limité d’acteurs – dénommés
« experts » – représentent les organismes nationaux par le biais de délégations. Ces experts
sont le plus souvent des représentants de grandes sociétés ou d’industriels (ou de
consortiums industriels internationaux) et des consultants.
Illustration : http://www.flickr.com/photos/beatnic/3683822225/
15. • Les T&D conditionnent la mise en œuvre
concrète de la norme
• Ils reflètent le système notionnel des
experts
• Ils sont un enjeu économique et politique
Ce sont ces experts qui vont effectuer une harmonisation terminologique et rédiger les T&D
de la norme internationale.
Cette rédaction négociée, assez laborieuse, se fait dans le cadre d’une procédure dite ‘de
consensus’.
Le choix des termes et de la définition qui leur est donnée est de première importance :
d’une part, il est le reflet du système notionnel des experts et, d’autre part, il conditionne la
mise en œuvre concrète de la norme. L’emploi d’un terme plutôt qu’un autre est un enjeu
économique, voire politique.
L’objet général de notre projet est de déterminer dans quelle mesure certains acteurs
influents ont réussi à imposer des concepts, des termes, des définitions, des procédures,
etc., lors de l’élaboration des normes internationales.
Illustration : http://www.flickr.com/photos/beatnic/3683822225/
16. Autorité ?
Il est important de noter que si l’ISO jouit d’une large influence, il ne constitue pas pour
autant une autorité centralisatrice.
L’ISO se borne à proposer des normes et des référentiels auxquels chacun est libre d’adhérer
ou non. La définition adoptée par l’ISO n’invalide pas ni ne remplace les autres définitions.
Illustration : http://www.flickr.com/photos/double-m2/4324611290/
17. “resilience”
ISO DIS 22300:2011 ISO/IEC 27031:2011
“The adaptive capacity “The ability of an
of an organization in a organization to resist being
complex and changing affected by an incident”
environment”
Le résultat :
Ici, deux définitions du terme ‘resilience’ dans deux normes ISO rédigées en parallèle.
18. Emprunts & références
Créer une terminologie est un processus long et coûteux. Il est rare que l’ensemble des
termes et définitions d’une norme soit nouveaux et originaux.
Souvent, la section « T&D » d’une norme cite ou reprend explicitement les définitions d’une
norme préexistante. Ces réseaux de citations, qui ne sont pas toujours explicités, forment un
système complexe d’emprunts et de références, tant au sein de chaque norme (réseau
interne) qu’entre les normes du corpus (réseau externe).
Photo : http://www.flickr.com/photos/linneberg/6976347269/
19. Héritage
Une norme peut commencer par ‘importer’ l’ensemble de la terminologie d’une autre norme.
C’est souvent le cas pour les normes de la même ‘série’.
Source : ISO DIS 22301:2010
20. Citation
Quand une norme reprend entièrement la définition d’une autre norme, la référence
correspondante est indiquée entre crochets.
25. • De nombreux systèmes terminologiques
concurrents cohabitent
• Des relations complexes d’emprunts et de
citations les relient
• Comment les représenter
simultanément ?
Notre problématique était la suivante : comment bâtir une ressource susceptible de
représenter ensemble des terminologies concurrentes, sans les réduire les unes aux autres,
ni les hiérarchiser, tout en préservant leur intégrité et leurs spécificités ?
Photo : http://www.flickr.com/photos/moofbong/4240137966/
27. Un glossaire ontologique
contrastif
Kontrast est une ressource ontologique a la structure particulière. Cette structure reflète les
contraintes spécifiques de notre cadre de travail - d’une part les spécificités de la
normalisation que je viens de vous présenter, et d’autre part la particularité de nos objectifs.
Kontrast a été produit à des fins d’analyse d’une situation particulière, où la terminologie est
un enjeu politique et économique en soi. Nous devions donc représenter ensemble les
données terminologiques et les données concernant leur élaboration et leur provenance.
Le modèle de Kontrast est en deux parties : une partie lexicographique, et une partie
organisationnelle.
Photo : http://www.flickr.com/photos/esm723/3573226450/
28. Partie lexicographique
Il existe donc beaucoup de modèles de ressources termino-ontologiques (RTO). Je vais
essayer de vous montrer ce qui fait l’originalité du nôtre.
Photo : http://www.flickr.com/photos/fijneman/2971217479/
29. • De nombreux modèles de
ressources termino-ontologiques
existent
• Adaptées à différents domaines
(industrie, traduction, biologie)
• Le domaine de la normalisation a
ses propres spécificités
Les approches mêlant ontologie formelle et ressources terminologiques qui en résultent sont
diverses ; elles dépendent fortement de leur contexte de réalisation.
Dans notre cas, la contrainte était de représenter simultanément plusieurs systèmes
notionnels et terminologiques en parallèle.
Notre approche s’appuie sur les propriétés opérationnelles des ontologies en RDF/OWL ;
toutefois, elle n’a pas recours à la démarche terminologique classique.
30. Ontoterminologie
D’après Damas & Tricot (2010)
Essayons de voir les différences avec l'ontoterminologie décrite par (Roche, 2007) et (Damas
et Tricot, 2010).
L'ontoterminologie rapproche un réseau conceptuel représentant le domaine étudié et les
termes d'usage de la langue de spécialité correspondante, en commençant par le réseau
conceptuel.
Il s’agit d’éviter l’écueil des ontologies métier constituées automatiquement à partir de
termes de spécialité.
Le travail préparatoire du terminologue qui est fondamental.
Illustration : D’après Damas & Tricot, L’ontoterminologie pour la recherche d’information
sémantique, TOTh 2010
31. Ontoterminologie
D’après Damas & Tricot (2010)
La première différence, c’est qu’au moment auquel où nous arrivons, le travail des
terminologues à déjà été fait au sein des comités et groupes de travail. Le travail de
conceptualisation du domaine et d'harmonisation terminologique fait partie coeur de métier
des instances de normalisation.
Les terminologies associées aux normes sur lesquelles nous travaillons sont le reflet de ce
travail, et c’est avec elle que nous devons travailler.
32. ?
Le second problème, c’est qu’il y a autant de terminologies et de réseaux de concepts que de
normes dans le corpus. Il y a entre elles des liens et des chevauchements, mais aussi des
nuances, voire des oppositions.
Concrètement, on se trouve avec plusieurs concepts qui ont tous une prétention à
l’universalité, et qui pourtant sont en désaccord, sans référentiel objectif ni autorité centrale
qui permettrait de trancher.
Comment les représenter simultanément ?
On doit s’abstraire du concept.
33. Dans Kontrast, un ‘concept’
désigne l’emploi d’un terme dans
un contexte, caractérisé par une
définition.
Le choix que nous avons fait est d’adopter une définition peut-être pas très orthodoxe, mais
très opérationnelle du concept.
34. “An unstable condition
involving an impending abrupt
or significant change...”@en
Définition
Ce choix nous permet d’adopter un modèle éclaté, décentralisé, où les individus qui
représentent les concepts sont, en réalité, des réifications de relations ternaires.
J’insiste sur le fait qu’il s’agit d’un choix essentiellement pratique.
35. L’autre intérêt de cette définition du concept, c’est qu’elle s’accordait bien avec un standard
existant, SKOS.
SKOS est conçu pour représenter simultanément plusieurs thésaurus qui peuvent partager
des termes ou des définitions.
Illustration : http://www.w3.org/TR/2005/WD-swbp-skos-core-guide-20051102/
36. Dans Kontrast, un individu de type skos:Concept représente nos ‘concepts’. Cet individu a
des propriétés pour stocker sa définition et une ou plusieurs graphies associées.
37. Les relations de similarité se font entre ces concepts. Elles proviennent elles aussi de skos.
Les définitions identiques sont des skos:exactMatch, les très proches sont :closeMatch, celles
qui présentent une parenté sont :relatedMatch.
38. Un concept qui apparaît dans le glossaire associé à une norme, directement ou sous forme
d’importation, est lié par une relation d’appartenance à l’individu représentant la norme.
Dans le modèle skos, un skos:ConceptScheme correspond à un thésaurus indépendant. C’est
ainsi que nous avons représenté les T&D de chaque norme.
39. Pour regrouper les concepts rendus par une même terme - la même forme graphique -, nous
avons utilisé des skos:Collection, qui sont des “groupes non ordonnés” de skos:concepts.
40. Voilà le modèle complet de la partie terminologique. C’est à la fois très simple et très souple,
et extensible.
41. Partie organisationnelle
Kontrast contient une partie organisationnelle qui décrit les instances de normalisation
nationales et internationales ayant rédigé ou publié les normes du corpus.
Photo : http://www.flickr.com/photos/hindrik/1919291052/
42. • Données sur la norme : date,
version, statut, portée
• Données sur la rédaction et la
publication : organisme éditeur,
working group, secrétariat
Kontrast contient une partie organisationnelle qui décrit les instances de normalisation
nationales et internationales ayant rédigé ou publié les normes du corpus. (par ex. quel pays
assurait le secrétariat de tel working group).
La prise en compte de ces informations a pour objectif de permettre l’analyse des variations
dans les définitions associées aux « skos:Concept » au moyen de leur mise en relation avec
les instances de normalisation.
Photo : http://www.flickr.com/photos/hindrik/1919291052/
43. Le lien avec la partie terminologique se fait par le biais des individus représentant les
normes.
D’autres individus représentent les acteurs de la normalisation (comités, instances de
normalisation).
On utilise au maximum des propriétés DCTerms (Dublin Core) pour décrire les normes et les
lier aux acteurs, toujours dans un souci de perennité et d’interopérabilité, avec
éventuellement des sous-propriétés pour mieux préciser (:hasWorkgroup est par exemple
une sous-propriété de dcterms:contributor).
44. On utilise aussi dcterms pour représenter différentes versions d’une norme.
Les normes sont mises à jour tous les deux à trois ans, et deux versions d’une même norme
doivent pouvoir être représentées par l’ontologie. Il ne suffit pas de déclarer les anciennes
versions caduques : le jeu des citations et des références peut conduire à ce qu’une définition
supplantée dans une nouvelle version reste utilisée, sous forme de citation, dans une autre
norme.
Dans notre corpus, c’est notamment le cas de plusieurs définitions issues de la version 2002
de l’ISO Guide 73, qui demeurent en utilisation dans des normes qui n’ont pas été révisées
après 2009.
45. Certaines des normes de notre corpus sont présentes sur DBPedia. Nous utilisons alors des
assertions owl:sameAs ou dcterms:isPartOf pour intégrer Kontrast au Linked Data.
46. • Un modèle décentralisé, simple
et extensible.
• Utilisation de vocabulaires
standard du web sémantique
• Intégration au linked data
L’emploi de propriétés issues de vocabulaires standards doit permettre à Kontrast d’être
interrogé comme un thésaurus normal.
Photo : http://www.flickr.com/photos/sperkyajachtu/5497757852/
48. La chaîne de traitements
Photo : http://www.flickr.com/photos/heartlover1717/6879621997/
49. Normes en PDF
Les normes sont vendus (cher) par les différents organismes éditeurs.
Les normes sont toujours livrées en PDF, pour des raisons de propriété intellectuelle, mais
surtout parce qu’elles sont principalement destinées à des experts humains qui n’utilisent
aucun outil de gestion de la connaissance.
(C’est symptomatique d’un processus de rédaction des normes encore largement
‘analogique’ : les discussions des experts, qui examinent chaque phrase et conservent toutes
les variantes successives, s’apparentent à une forme de contrôle de version manuel.)
La première étape sera donc toujours d’extraire le texte du PDF, ce qui n’est pas trivial.
50. Les problèmes à régler sont les mêmes que lorsqu’on travaille avec des PDF : le fichier est
prévu pour des humains, et non pour des machines.
Il y a des problèmes d’encodage, d’ordre des paragraphes, etc. L’encodage et les caractères
spéciaux est réglé par des expressions régulières, mais une bonne partie du nettoyage est
manuelle.
51. Une fois ce nettoyage fait, on isole le texte des définitions pour produire manuellement un
glossaire alphabétique. Le glossaire est linéaire, structuré en XML.
C’est ce glossaire qui est transformé en OWL au moyen de feuilles de styles XSLT qui
décomposent les définitions du glossaire, en réifiant les différents éléments du modèle
(définition, graphie, occurrences) et en créant les relations correspondantes.
52. “residual risk”
ISO Guide 81 ASIS SPC1:2009
risk remaining after risk treatment Risk remaining after risk treatment.
[ISO/PAS 22399:2007]
- NOTE 1 Residual risk can contain
unidentified risk.
- NOTE 2 Residual risk is also ISO IEC 27001:2005
known as retained risk. the risk remaining after risk treatment.
[ISO/IEC Guide 73:2002]
ISO 31000:2009
risk (2.1) remaining after risk ISO/IEC 27005:2011
treatment (2.25) risk (3.9) remaining after risk
- NOTE 1 Residual risk can contain treatment (3.17)
unidentified risk. [ISO Guide 73:2009]
- NOTE 2 Residual risk can also be - NOTE 1 Residual risk can contain
known as “retained risk”. unidentified risk.
[ISO Guide 73:2009, definition - NOTE 2 Residual risk can also be
3.8.1.6] known as “retained risk”.
En parallèle, lors de la transposition du glossaire, des relations sont automatiquement
extraites afin de lier les concepts ayant des définitions proches ou identiques, mais qui
n’étaient pas explicitement référencées comme telles - les citations non avouées.
Pour extraire les relations, nous effectuons une série de tests qui comparent les définitions
correspondant aux mêmes termes, en allant du test le plus précis (identité parfaite - /
skos:closeMatch/) au plus lâche (parenté - /skos:relatedMatch/). Lorsqu’un test réussit, la
relation identifiée est transcrite sous forme de triplet RDF/OWL. Cette approche permet de
maximiser la précision des résultats.
Le travail principal est de normaliser les variations typographiques provenant des différentes
conventions employées par les organismes de normalisation.
53. Le résultat est une ontologie OWL qu’on manipule généralement dans l’éditeur Protégé.
Cette importation permet de tester l’intégrité des données et de naviguer dans le
« triplestore » en exprimant des requêtes dans le langage SPARQL et en utilisant des outils
de visualisation.
54. XML-TEI
L’ISO a annoncé qu’il publierait prochainement ses normes au format XML. Ce serait un grand
progrès. Nous avons réalisé des conversions manuelles et nous avons pu constater que
c’était un processus coûteux en temps.
55. • Une chaîne classique : PDF -> TXT ->
XML -> RDF/OWL
• Encore beaucoup de travail manuel
• Des perspectives d’automatisation
supplémentaires
Pour l’instant, la majorité des étapes utilisées sont au moins partiellement manuelles. Il y a
plusieurs raisons, principalement : coûts d’opportunité très élevés pour un si petit corpus,
obligation d’obtenir un résultat parfait pour pouvoir l’exploiter.
De plus, si XSLT a l’avantage de produire du RDF très propre, il n’est guère réputé pour la
puissance des traitements sur les chaînes de caractères.
A court et moyen termes, on espère pouvoir bénéficier de plusieurs avancées pour poursuivre
l’automatisation : la publication des normes au format XML par l’ISO (annoncée pour 2013
(?)), et les efforts de standardisation des formules écrites.
Photo : http://www.flickr.com/photos/mbiddulph/3087388964/
56. IV. Application
A l’heure actuelle, KONTRAST ne dispose pas de sa propre interface graphique. L’exploration
visuelle repose sur des outils tiers capables de représenter visuellement un fichier OWL, par
exemple RDF Gravity ou Ontograf . Le fonctionnement de ces outils repose sur une recherche
textuelle qui permet de filtrer les individus affichés jusqu’à ce que l’on obtienne les individus
souhaités.
Photo : http://www.flickr.com/photos/daynoir/2180507271/
57. Etude de cas
A l’heure actuelle, KONTRAST ne dispose pas de sa propre interface graphique. L’exploration
visuelle repose sur des outils tiers capables de représenter visuellement un fichier OWL, par
exemple RDF Gravity ou Ontograf . Le fonctionnement de ces outils repose sur une recherche
textuelle qui permet de filtrer les individus affichés jusqu’à ce que l’on obtienne les individus
souhaités.
Photo : http://www.flickr.com/photos/daynoir/2180507271/
58. “resilience”
ISO DIS 22300:2011 ISO/IEC 27031:2011
“The adaptive capacity “The ability of an
of an organization in a organization to resist being
complex and changing affected by an incident”
environment”
Revenons-en aux deux définitions de «resilience» que je vous montrais tout à l’heure.
59. “resilience”
Voici les différents concepts utilisant la graphie ‘resilience’ dans Kontrast, avec les relations
existant entre eux.
En jaune, les lien closeMatch, en vert les exactMatch, en marron les relatedMatch
Capture : Ontograf (plug-in de Protégé)
60. “resilience”
Les trois noeuds que vous voyez correspondent à trois normes britanniques sur la continuité
d’activité. Il s’agit d’une norme en deux volets, qui est liée à un guide de bonnes pratiques.
61. “resilience”
“The ability of an
organization to resist being
affected by an incident”
Ils partagent la même définition de la résilience .
La Grande-Bretagne ait travaillé dès les années 1980 sur des plans d’urgence, à la suite d’une
loi sur la sécurité. C’est ce qui a amené le BSI a développer une norme nationale reconnue à
l’international, et à occuper une position dominante à l’ISO en supervisant l’édition de
plusieurs normes internationales sur le même thème.
62. “resilience”
“The ability of an
organization to resist being
affected by an incident”
La norme ISO 27031, récemment finalisée, adopte la définition du BSI.
63. “resilience”
L’autre partie du graphe montre les normes sous l’influence américaine - vers le centre du
graphe, vous pouvez voir la norme ASIS SPC.1, appuyée par l’ANSI.
64. “resilience”
The adaptive capacity of an organization in a complex and
changing environment.
- NOTE 1: Resilience is the ability of an organization to resist
being affected by an event or the ability to return to an acceptable
level of performance in an acceptable period of time after being
affected by an event.
«The adaptive capacity of an organization in a complex and changing environment.»
Sa définition de la résilience est différente. Mais si vous regardez la première note...
65. “resilience”
The adaptive capacity of an organization in a complex and
changing environment.
- NOTE 1: Resilience is the ability of an organization to resist
being affected by an event or the ability to return to an acceptable
level of performance in an acceptable period of time after being
affected by an event.
La norme ASIS est encore sous l’influence britannique : elle cite, en note, la définition des
normes de l’autre ‘groupe’.
Au moment où cette norme a été publiée, en 2009, la conception britannique était encore
prédominante.
66. “resilience”
“The adaptive capacity
of an organization in a
complex and changing
environment”
A partir de 2009, les Etats-Unis ont tenté de contourner la domination anglaise en passant
par des normes plus générales de gestion des risques, de la série ISO 31000.
Sous l’influence américaine, relayée par un expert Israëlien, ces normes ont adopté la
première partie de la définition de l’ASIS. Ces normes incluent notamment le guide
terminologique 73, ici en haut à droite. Les définitions des guides terminologiques sont
facilement reprises, comme on le voit ici avec la norme australienne / néo-zélandaise (en
bas).
67. “resilience”
“The adaptive capacity of
an organization in a
complex and changing
environment, to achieve the
organizations objectives
NOTE 1
Resilience is the ability of
an organization to manage
the risks of events”
A l’heure actuelle, les Etats-Unis défendent même une nouvelle définition pour la norme la
plus récente de la série 22300, définition qui se distingue encore plus nettement de la
britannique.
Ces manoeuvres ont donné lieu à de vives controverses : cette norme
68. “resilience”
Ainsi, on se trouve avec deux normes internationales rédigées pratiquement en même temps
et proposant deux définitions entièrement différentes d’un même concept, resilience, que les
deux normes s’accordent à reconnaître comme central.
Il apparaît que le rôle d’éditeur, en permettant à un expert de proposer une première version
du texte, de participer à l’écriture et de superviser l’écriture des autres experts, est
fondamental. L’éditeur d’une norme se trouve en position d’imposer sa conception du
domaine au travers d’une sélection de termes essentiels et de leurs définitions associées.
Dans le processus d’écriture de la norme et dans la négociation entre les experts, l’éditeur et
ses proches collaborateurs introduisent, dans le contexte international, le rapport de force
qui est en leur faveur sur le marché et, plus largement, le cadre industriel et culturel dans
lequel il s’inscrit.
69. “resilience”
ISO/IEC 27031:2011 ISO DIS 22300:2011
“The ability of an “The adaptive capacity
organization to resist being of an organization in a
affected by an incident” complex and changing
environment”
La position américano-israélienne limite le management de la continuité d’activité à la
capacité stratégique et opérationnelle d’une organisation à planifier et à répondre aux
conditions, situations et événements de telle manière qu’elle poursuive ses opérations au
niveau acceptable pré-défini. La position anglaise sur la continuité d’activité est différente :
elle inclut la résilience et se concentre sur la gestion des incidents jusqu’au retour à une
situation acceptable. Les experts anglais critiquent la conception détaillée de l’estimation des
risques (risk assessment) qu’ils estiment irréaliste (sur le motif qu’il est impossible d’anticiper
tous les risques potentiels) et très coûteuse.
70. • Kontrast fonctionne bien en
appui d’une analyse humaine
• Améliorations possibles :
remplacer SKOS par Lemon,
extraire plus de relations
automatiquement
Le modèle Lemon est plus avancé que SKOS, et il permettrait une représentation plus fine et
plus fidèle des différentes graphies.
La particularité de notre domaine tient au statut de la langue de la normalisation, qui aspire à
être prescriptive comme un texte juridique, mais sans pouvoir être contraignante.
L’ISO fait des efforts de rationalisation de ses pratiques d’écriture et de publication : les
perspectives d’automatisation sont prometteuses.
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