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CULTURE
SPORT
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Kervens Fils Belfort
en Turquie pour
deux ans
par Kenson Désir
28 juillet 2015,
les étudiants ont
gagné le pavé
Par Carl-Henry PIERRE
L
es symboles sont là pour rap-
peler à cette société les che-
mins parcourus. Cependant,
l’occupation américaine est
presque effacée de la mémoire haï-
tienne. Aucun symbole majeur ne
vient rappeler ce fâcheux événement
afin de corriger les erreurs et d’éviter
qu’elles ne se renouvellent. En effet,
comme l’explique Leslie Péan dans «
L’Occupation américaine et les larmes
de sang prédites par Hannibal Price »,
« manger et boire » ne peuvent nul-
lement constituer une marque de
progrès, surtout pour un pays qui a
réhabilité la liberté comme valeur tran-
scendante de l’humanité.
Heureusement, dans la mémoire
des hommes, comme un héritage,
ces souvenirs demeurent et se
transmettent. Pour les générations
d’après, ces bribes remodelées d’une
histoire marquée par le « cynisme et
la férocité » de l’occupant, restent
le seul lien avec cette époque qui a
orienté la vie et contribué à ce que
les Haïtiens sont devenus dans cet
aujourd’hui pesant et incertain.
Un grand déficit de symboles !Par Lionel Edouard
HAÏTI / OCCUPATION AMÉRICAINE
MERCREDI 29 JUILLET 2015 NUMÉRO 49
WWW.LENATIONAL.HT
QUOTIDIEN • 25 gourdesRÉPUBLIQUE D’HAITI
ACTUALITÉ
« Agir, pour couper court
à toute nouvelle occupation »
HAÏTI / CENTENAIRE DE L’OCCUPATION AMÉRICAINE
Certains événements laissent des traces indélébiles dans la mémoire collective. Non
seulement par leur impact dans l’espace physique, mais aussi par les modifications
apportées dans la construction de l’homme. Un homme nouveau, différent, né
précisément dans un contexte où le changement de paradigme, la rupture deviennent
incontournables. Les symboles matériels de ces époques rougis par le sang de nos
semblables nous appellent à la raison et à la responsabilité dans nos actions.
Le Premier ministre Évans Paul au cours d’un point de presse à la Primature, le 28 juillet 2015./ Photos : Stephen Ralph Henri
Une campagne sur
fond de violences
Par Noclès Débréus
2 | N0
49 MERCREDI 29 JUILLET 2015
TRIBUNE
C
ent ans après l’occupation
américaine, Haïti reste et
demeure un territoire occupé.
Ce qui prouve que la désoc-
cupation n’a jamais été totale et n’a
été que maquillée. Car on se rappelle
qu’en 1994 les bottes américaines
ont encore foulé le sol national pour
ramener le président déchu Jean-Ber-
trand Aristide au pouvoir. Et depuis
2004, la Minustah s’est établie dans le
pays pour y rester jusqu’à l’écriture de
ce présent article. Quelles sont les rai-
sons majeures de ce retour récurrent
des forces étrangères, plus particu-
lièrement les forces américaines, dans
le pays ? En quoi leur présence nous
est-elle utile ? Pourquoi Haïti reste
et demeure un pays sous-développé
malgré l’intérêt accru des Américains
? En quoi leur présence répétée sur
le sol haïtien a-t-elle contribué au
développement d’Haïti ? C’est à ces
questions que nous allons essayer de
répondre pour expliquer en quelques
lignes le lourd fardeau qu’a laissé
l’occupation américaine de 1915
pour le pays.
Il n’est un secret pour personne
que la fameuse formule de Monroe,
«l’Amérique aux Américains», con-
stitue le fer de lance de la politique
extérieure des États-Unis.
Ce qui signifie que l’assassinat du
président haïtien Vilbrun Guillaume
Sam à la légation française n’a été
qu’un prétexte dont les Américains
ont allègrement profité pour concré-
tiser un vieux rêve. Pour les Yankees,
il fallait à tout prix rompre les influ-
ences française et allemande dans les
affaires politiques et économiques
haïtiennes pour prendre de plein gré
le contrôle administratif et politique
du pays. Considérant que la situation
géographique d’Haïti fait de celle-ci
l’un des territoires constituant le
« Back Yard » des États-Unis.
Parce qu’avant tout, ce qu’on doit
comprendre, c’est que l’amendement
Platt de 1901 conférait déjà aux
États-Unis le contrôle de la baie de
Guantanamo à Cuba. Plus tard, en
1907, c’était le tour de la République
dominicaine qui eut à conclure un
traité avec les États-Unis pour recon-
naître leur droit de percevoir et de
décaisser les recettes douanières
ainsi que celui de protéger le receveur
général des douanes et ses assistants
dans l’exercice de leurs fonctions.
En 1911, par l’intermédiaire du
président Diaz, le Nicaragua était
neutralisé. Il lui fut imposé de force
la « diplomatie du dollar ». Donc,
l’intervention américaine en Haïti
en 1915 doit être surtout comprise
comme une suite logique, autrement
dit comme un « effet domino » .
Maintenant les occupants américains,
une fois installés dans le pays, avaient
comme comportement l’humiliation
des nationaux, l’irrespect des lois,
l’accaparement manu militari de ses
richesses. De ce fait, si au commence-
ment les élites noires et mulâtres
acceptèrent l’occupation, la paysan-
nerie, de son côté, y opposa une
résistance farouche sous le leader-
ship de Charlemagne Péralte qui fut
remplacé par Benoît Batraville après
son assassinat. La corvée qui était
une loi qui obligeait les paysans à
fournir six jours de travail gratuits
pour la construction et l’entretien des
routes a été rétablie ; les dérivés de
la canne à sucre ont été taxés ; des
mesures féroces ont été prises pour
éviter l’émigration massive des pay-
sans vers Cuba ; les paysans étaient
privés de beaucoup de terre au profit
de la culture massive du sisal implan-
tée par les Américains dans les pro-
jets Shada. Ces raisons profondes ont
causé l’ébullition des paysans dans le
Nord comme dans le Sud .
Vers 1929, les élites qui, jadis, con-
cevaient de bon œil l’occupation
tournaient le dos aux Américains.
Car le progrès socio-économique
dont ces élites espéraient bénéficier
par l’entremise de l’occupation était
illusoire. Les Blancs américains,
pour la plupart venant du sud des
États-Unis, affichaient des comporte-
ments racistes envers ces élites. En
outre, l’élite urbaine perdait de plus
en plus le contrôle de la résistance
paysanne bien menée par des lead-
ers comme Charlemagne Péralte et
Benoît Batraville. Les leaders poli-
tiques, de leur côté, qui leur étaient
soumis aveuglément dans le temps
commençaient à se révolter au point
de barrer la route à Borno pour un
prochain mandat. Cette prise de con-
science mêlée avec la résistance de
la classe paysanne assoiffée de terres
présageait l’imminence du départ des
soldats yankees sur le sol haïtien. Le
massacre de Marchaterre en décem-
bre 1929, qui fit 22 morts et 51 bles-
sés , constitue le paroxysme du senti-
ment antiaméricain grandissant.
C’est un article condensé sur lequel
nous sortirons un ouvrage sous peu.
Le 2 décembre 1823, James Monroe
déclarait : « Aux Européens, le Vieux
Continent, aux américains le Nouveau
Monde. »
Arrière-cour. Au niveau international,
les États-Unis considèrent tous les pays
de l’Amérique centrale comme leur
arrière-cour.
La diplomatie du dollar est une
stratégie américaine qui consistait à
prêter aux pays de fortes sommes
d’argent pour ensuite prendre le
contrôle de leurs douanes et de leurs
C’est une théorie en relations
réaction en chaîne qui provoquera un
changement similaire, et ainsi de suite
au cours d’une séquence linéaire.
Dantès Bellegarde : « L’une des
conséquences morales les plus
désastreuses de l’Occupation, c’est le
mépris général de la loi qu’elle a fait
naître, la loi, étant devenue un simple
instrument de règne qu’ un pouvoir
n’impose plus aucun respect : on n’ y
obéit que pour échapper à ses sévères
sanctions, décrétées et appliquées
par la force brutale. » Citation tirée de
l’ouvrage de Péan, tome III, p. 108.
Société haïtiano- américaine de
développement agricole (Shada).
Kethly Millet, L’occupation américaine
et les paysans 1915-1930, Collectifs
Paroles, p. 143.
Le lourd fardeau de l'occupation
américaine d'Haïti de 1915Par Stanley Karly JEAN-BERNARD
Un regard critique de l’impact de l’occupation américaine de 1915
sur le devenir d’Haïti cent ans plus tard
« Ce texte est écrit dans un contexte d’occupation pour rappeler que cent ans avant on était déjà sous «
occupation ». Pour ainsi dire, rien n’a changé dans l’ordre des choses. En ce sens, on a démontré la liaison que
les deux occupations ont entre elles. Cependant si à travers ces lignes nous avons fait beaucoup d’histoire,
ce n’est pas pour rappeler un passéisme oublié mais pour plutôt utiliser le matérialisme historique cher aux
scientifiques intéressés au matérialisme dialectique. Étant donné que l’avènement du socialisme scientifique est
lié au matérialisme historique et dialectique, nous ne voulions pas procéder différemment. C’est un texte qui a
été également écrit pour placer les niveaux de responsabilité dans le sous-développement du pays. Car il est vrai
que l’histoire nationale regorge de crises intestines, mais il ne faut pas minimiser, voire ignorer le poids qu’a eu
l’international communautaire à travers des occupations incessantes, des diktats répétés et des immixtions osées
dans les affaires internes du pays. »
MERCREDI 29 JUILLET 2015 N0
49 | 3
ACTUALITÉ
Redresser la barre
Lasociétéhaïtienneaétédanssonensemblechoquéeparlenombredecandidatsà
seprésenterauxélectionslégislativesetsurtoutàlaprésidentielle.
C’estledroitden’importequelcitoyendebriguerunefonctionélective.Ilestaussidu
devoird’unesociétéresponsable,etsurtoutconscientedesproblèmesquiseposentà
elle,deprévoirdesbalisespourquenepuissentseprésenterquedescandidatspou-
vantseprévaloird’unesituation,d’unacquisetd’unnombresignificatifdecitoyens
prêtsàs’engageraveceuxdanslesprojetsqu’ilsproposentàlanation.
Notrenation,aprèsdesdécenniesdetâtonnements,dereculsetd’échecs,toujoursen
proieàsesdémons,nepourrapasfairel’économie,àcourtouàmoyenterme,d’une
vraierévisionconstitutionnelle.
Larigueurbudgétaire,l’undesélémentscléspourlaconsolidationd’uneéconomie,
passeparunesimpleéquation.Àchaqueunitémonétairedépenséedoitcorre-
spondreuntravailnécessaire,unproduitimportant.Onnepeuts’embarquerdans
cettecomédied’unpersonnelpolitiquepléthoriquequin’estd’aucuneutilitéàla
nation.Dépensesfastueuses,chevauchementderesponsabilités,toutesceschoses
etd’autresencoredoiventêtrebanniesdanslefonctionnementd’unÉtatsoucieux
deperformance.
Encorefaudra-t-il quelesacteurssurlascènenationaleprennentconsciencedufait
quetousnosindicateurssontaurouge,carmêmedanscettesituationdramatique,
certainspeuventestimerplusimportantdetirerleursmarronsdufeu,dejeterdes
échellessurlesmursbranlantsdenotrequotidienpourespérertraverserseulsdans
lemondemiragedesprivilèges.Nousavonstropdecitoyens,etpasdesmoindres,qui
ontjetél’éponge,quipréfèrentjoueraufunambule,unemaindechaquecôtéduvide,
tendantauxmarionnettisteslesprésentsquecesderniersattendentd’eux.
Onneredresserapaslabarreenrestantdansdessentiersdéjàvisitésaveclesmêmes
guidestropheureuxdenoségarementsdontilstirentbénéfice.Ilnousfautdes
hommesd’Étatcapablesderanimerlesvraiesferveurs,d’engagerlesdiscussions
essentielles,deconvaincreunpeuplemaintenantassoifféderenouveau,afinde
prendrefinalementlesdécisionsquis’imposent.
N’attendonspasquel’étrangernousaime.Oufassesemblantdenousaimer.
Aimons-nousnous-mêmes.
Gary Victor
Édito
« Agir, pour
couper court
à toute nouvelle
occupation »par Stephen Ralph Henri
CENTENAIREDEL’OCCUPATIONAMÉRICAINE
» suite de la première page
T
out en invitant les Haïtiens
à reconnaître leur part
de responsabilités dans
la première occupation
américaine et les autres interventions
militaires dans le pays, le Premier
ministre Évans Paul appelle les
Haïtiens à se responsabiliser et à
travailler à la création de conditions
non favorables à de nouvelles
occupations du pays, au cours
d’un point de presse, organisé pour
marquer les Cent ans de la première
occupation américaine d’Haïti.
Comme dans une démarche
de conscientisation, le Premier
ministre croit, « tout en maudissant
la date du 28 juillet », que tous
les Haïtiens indistinctement
doivent « reconnaître leur part
de responsabilités », dans les
interventions étrangères en Haïti.
Évans Paul dénonce le fait que
la « division et la mésentente »
entre les citoyennes et les citoyens
haïtiens ont toujours servi de «
prétexte à l’étranger pour mettre
la nation haïtienne à genoux ».
Les soldats américains ont
officiellement débarqué dans
le pays le 28 juillet 1915, pour
repartir le 21 août 1934. Au
cours de ces dix-neuf années
d’occupation, des milliers
d’Haïtiennes et d’Haïtiens,
spécialement des paysans, entre
autres ceux qui se sont opposés
à la politique de l’occupant, sont
capturés, enfermés avant d’être
exécutés. Les paysans ont été
transformés en ouvriers agricoles.
Les États-Unis, avec la complicité
des dirigeants haïtiens, les avaient
encouragés à s’exiler à Cuba et en
République dominicaine, où ils ont
été contraints de vendre leur force
de travail, sur des plantations de
firmes agricoles étasuniennes.
Le Premier ministre Paul lance
l’appel à tous les Haïtiens « de
prendre la décision de tracer de
meilleures conditions » pour «
éviter la division » et évoluer dans
« le respect et le progrès ». «
Les Haïtiens de toutes tendances
doivent adopter le principe de
responsabilité partagée pour
hisser le drapeau de la dignité
du pays », enchaîne Évans Paul
pour l’occasion. Dans cette
perspective de vivre ensemble,
tous les citoyens haïtiens sont
conviés à s’investir de la mission
« d’écrire une autre belle page
d’histoire » d’Haïti, à l’instar des
ancêtres Dessalines, Christophe,
Pétion, Toussaint, Boukman et
Mackandal.
Évans Paul juge que cent ans après
le premier débarquement des
soldats américains, les Haïtiens
sont face « à leur responsabilité »
et sont appelés à faire preuve de
maturité, particulièrement dans le
contexte des prochaines élections
générales.
Après leur départ en 1934, des
soldats de l’armée des USA ont
foulé le sol d’Haïti en 1994, dans
un contexte de discorde engen-
dré par un coup d’État militaire
en 1991. Ce retour a été effectif,
soixante ans après leur départ en
1934, et soixante-dix-neuf années
après leur débarquement.
Ce nouveau débarquement a été
accompli dans le cadre d’une
coalition internationale dirigée
par les États-Unis. En 2004,
des militaires venus de divers-
es nations sous la bannière de
l’Organisation des Nations unies
(Onu), se sont pointés au pays,
une nouvelle fois, suite au départ
pour l’exil du président, Jean-
Bertrand Aristide.
Cette mission militaire onusi-
enne, toujours présente au pays,
est considérée par des membres
de la société civile haïtienne et
des politiques comme une force
d’occupation. De nombreuses
organisations continuent de
demander le départ de ces casques
bleus. Le chef du gouvernement
a également profité de la circon-
stance pour saluer la mémoire
des martyrs de cette occupation
américaine.
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LES ÉDITIONS DES ANTILLES S.A
4 | N0
49 MERCREDI 29 JUILLET 2015
ACTUALITÉ
Une offre universitaire
toujours au plus basPar Reynold Aris
HAÏTI/UEH
«
Avant le passage du
tremblement de terre du 12
janvier 2010, elle n’était pas
agréable. Suite au séisme, elle
s’est aggravée davantage compte
tenu de l’écroulement de la quasi-
totalité des bâtiments préposés
à l’enseignement », C’est ce qu’a
déclaré le vice-recteur aux affaires
académiques, Jean Poincy, à
l’occasion d’une conférence de presse
tenue le mardi 28 juillet 2015, dans
les locaux du Rectorat de l’Université
d’État d’Haïti (RUEH) à la rue Rivière.
Absence de conditions adéquates
à l’apprentissage, manque de
documentation, sont, entre
autres, les problèmes auxquels
est confrontée l’UEH, selon Jean
Poincy. Le vice-recteur se plaint
aussi du fait que les autorités n’ont
pas décaissé les fonds nécessaires
à la reconstruction des différents
bâtiments effondrés et fissurés
logeant les entités de l’Université.
Les promesses se sont multipliées.
Mais aucune d’entre elles n’a
été tenue. Aucun mécanisme n’a été
misenbranleenvuederéhabiliterla
quasi-totalité de ces infrastructures.
À ces Facultés, souligne-t-il, les
cours sont encore dispensés sous
des abris provisoires. Ce n’est que
récemment que les dirigeants ont
réparé les locaux du rectorat.
Il rappelle qu’en 2012, le
gouvernement haïtien avait donné
une contribution substantielle à
l’UEH. Vu l’intensité des problèmes
à résoudre à l’Université, cette
somme n’a pas servi à grand-chose.
Quid du Campus
universitaire de Damien ?
Après le passage du séisme de
2010, les autorités ont promis
d’aménager le campus de Damien.
Ce qui permettrait d’augmenter la
capacité d’accueil de l’UEH. Ces
promesses, affirme le vice-recteur,
n’ont pas été respectées. Toutefois,
malgré un décaissement, dit-il,
d’un fonds substantiel, M. Poincy
souligne que les responsables
avaient d’autres travaux à réaliser
dans le cadre de l’amélioration du
système d’enseignement à l’UEH.
Ils n’ont pas pu le faire. La question
d’argent, selon lui, demeure le
handicap majeur.
En ce qui concerne le campus
universitaire de Damien, M. Poincy
affirme que le dossier semble être
au point mort. Alors que plusieurs
milliers de bacheliers vont sur le
pavé à cause de la capacité d’accueil
restreinte de l’UEH. Ce campus,
précise-t-il, pourrait recevoir entre
25 à 30 mille étudiants.
Qu’en est-il du local de l’ENS ?
Selon ce qu’a déclaré M. Poincy,
les autorités ont déjà procédé
à l’acquisition du terrain qui
devrait loger l’École normale
supérieure(ENS). Cependant, le
dossier reste sans suite à cause
d’une question, dit-il, d’argent. Il a
profité de l’occasion pour critiquer
le retard accusé dans le budget
consacré à l’UEH qui se fait en
novembre.
Inscriptions à l’UEH :
Gare aux doublons
Le vice-recteur rappelle aux
postulants qui étudient déjà à
l’UEH que la loi de 2008 leur
interdit de s’inscrire à une autre
faculté. Pas de doublon ! Cela,
prévient M. Poincy, vise à favoriser
l’accès à un plus grand nombre
de postulants, rappelant que les
responsables, durant cette année-
là, en avaient constaté environ 865.
Alors que 400 d’entre eux faisaient
déjà partie d’au moins une entité
de l’UEH.
Prolongation
des inscriptions
Le Conseil exécutif de l’Université
d’État d’Haïti (RUEH) informe le
public en général et les postulant (e)
s en particulier que les inscriptions
au concours d’admission pour
l’année académique 2015-2016 à
l’UEH sont prolongées jusqu’au 12
août prochain.
Débutées le 6 juillet dernier, ces
inscriptions devraient prendre
fin le 31 juillet prochain selon ce
qu’a indiqué le vice-recteur. Cette
prolongation, explique Jean Poincy,
résulte du fait que le nombre de
postulants inscrits, soit 5 mille,
s’avère très insignifiant par rapport
à l’année précédente où 30 mille
121 avaient été enregistrés. Cet
effectif, précise le vice-recteur,
est compréhensible compte tenu
de la décision du ministère de
l’Éducation nationale et de la
Formation professionnelle de
publier les résultats des examens
du baccalauréat à la fin du mois
de juillet.
Jean Poincy invite les postulants à
s’inscrire sous réserve en attendant
la publication de la liste définitive
des résultats de ces examens de la
session ordinaire du baccalauréat.
Il s’agit, à son avis, d’une grande
première dans le cadre du processus
des inscriptions en ce qui concerne
les concours d’admission à l’UEH.
Modalités d’inscription
Quant au processus d’inscription,
le vice-recteur informe que les
postulantes et postulants doivent
se munir, entre autres, du certificat
de fin d’études secondaires, d’un
extrait des archives nationales,
matricule fiscal valide. Il a en outre
expliqué que le rectorat a mis en
place un système pour éviter les
doublons.
L’UEH, informe le vice-recteur, a
une capacité d’accueil global estimé
entre 25 à 30 mille étudiants pour
cette nouvelle cohorte, entre 2 500
à 3000 étudiants entreront dans ses
onze facultés. M. Poincy a en outre
appelé les postulants à la vigilance
au moment de leurs inscriptions.
Soulignant que des personnes
malhonnêtes tentent de tout faire
en vue de soutirer d’eux de l’argent
et risquent de compromettre leurs
inscriptions.
Il a aussi rappelé que les demandes
sont énormes à l’UEH. Arguant
qu’en 2013, près de 28 mille
634 postulantes et postulants ont
participé aux concours d’admission.
En 2012, dit-il, ce nombre était un
peu réduit. Il était passé à 27 mille
244. L’effectif le plus bas suite au
cataclysme de 2010, était celui de
2011 avec environ 16 mille 338
postulants.
Jean Poincy a, par ailleurs, indiqué
que l’UEH dispose, mis à part,
son programme de maîtrise, d’un
programme post-doctoral.
MERCREDI 29 JUILLET 2015 N0
49 | 5
ACTUALITÉ
E
n effet, la construction du
Complexe administratif, la
place d’Armes et le marché
communal des Gonaïves sont,
entre autres, des exemples concrets.
Le complexe administratif est le
plus vieux des chantiers. Certains
disent qu’il est un éternel chantier.
Lancé en avril 2005, le chantier
du complexe administratif et
socioculturel des Gonaïves est déjà
vieux d’une décennie. À l’heure
actuelle, rien n’est encore concret
en termes d’avancée des travaux.
On peut remarquer la réalisation
de sa base et l’implantation de
quelques poteaux. Les travaux
sont de temps à autre interrompus.
Ces interruptions fréquentes ont
eu lieu, du fait que les ouvriers
ne peuvent pas percevoir leur
salaire régulièrement et à cause
de l’insuffisance des matériaux,
avons-nous appris.
La construction du complexe
administratif sert d’outil politique
pour les autorités, ont déploré
plusieurs citoyens de la ville. À
plusieurs reprises, l’ex-député
Sadrac Dieudonné a laissé croire
qu’il a entrepris des démarches
pour l’avancement de ces travaux.
En 2015, au cours d’une marche,
l’ex-Sénateur Youri Latortue a
lui aussi opté pour la poursuite
des travaux du complexe
administratif. Alors que les
ouvriers étaient très critiques
envers le maître d’ouvrage, qui
aurait refusé de les rémunérer.
Selon les informations, ce projet
a été financé par la Banque
interaméricaine de développement
(BID). Tous les chefs-lieux de
département du pays sont pourvus
d’un complexe administratif, mais
celui de la ville des Gonaïves est
encore inachevé, a-t-on appris.
La place d’Armes des Gonaïves
est sur sa deuxième initiative de
rénovation inachevée. D’abord, en
2003, sous la présidence de Jean-
Bertrand Aristide, et en suite à la
fin de l’année 2014 avec le régime
Tèt kale. La remise de l’ouvrage
était prévue pour le 1er janvier
2015.
Depuis l’ouverture forcée du
chantier, le 1er janvier dernier, à
l’occasion de la commémoration
du 211e anniversaire de notre
indépendance, les barrières
restent fermées jusqu’à date. Les
autorités municipales ne peuvent
donner d’explications claires. La
société civile gonaïvienne ne cesse
de critiquer les responsables.
L’exécution du projet était confiée
à la Société haïtienne de construc-
tion (SOHACO) et la primature en
est le maître d’ouvrage, lit-on sur
un panneau placé dans le péri-
mètre de la place.
Deux fois incendié, le marché
communal des Gonaïves est en
chantier depuis quatre ans. Peu
après l’incendie de ce centre
commercial, dans la nuit du 20 au
21 mai 2011, les autorités avaient
lancé les travaux de restauration
de cet espace. Ces travaux
devaient durer trois mois, avait
déclaré Saint Justin Pierrelus,
maire titulaire de l’époque. Nous
sommes aujourd’hui en 2015, le
marché communal des Gonaïves
ne peut rouvrir ses portes.
Depuis le lancement des travaux
de restauration du marché, la
ville a connu quatre commissions
communales intérimaires. La
réouverture du marché communal
a représenté pour eux un véritable
défi. Signalons que l’inauguration
du marché communal a été faite
par le président de la République
Michel Joseph Martelly, en
novembre 2013, c’est ce qu’on
peut lire sur le site officiel du
ministère de la Communication.
Interrogé par Le National, le
président de l’actuelle commission
communale, Jean Robert Louidor,
a refusé de se prononcer sur le
dossier du marché communal et
sur celui de la place d’Armes des
Gonaïves.
Gonaïves, siège des chantiers
publics mauditsPar Dieulivens Jules
HAÏTI/INFRASTRUCTURES
Décidément, la construction ou la réhabilitation des bâtiments publics dans la cité de l’Indépendance constitue
un véritable casse-tête chinois. Depuis le déblocage des fonds pour le projet jusqu’à sa mise en œuvre, une main
maudite semble planer sur les chantiers publics de la ville.
P
as une semaine ne passe
sans que des cas de violences
liées à la question électorale
ne soient enregistrés un peu
partout à travers le pays. Personne
n’est à l’abri. Le lundi 27 juillet,
Pierre Louis Kersy, président du
bureau électoral communal (BEC) de
Beaumont, commune de la Grand-
Anse, a été pris en otage par le
candidat à la députation pour cette
circonscription sous la bannière du
parti politique Paysan, Marc Daniel
André, suite à la publication de la liste
desnomsdessuperviseursélectoraux.
Le candidat s’est présenté
calmement au BEC en vue de
produire une doléance relative à
certains noms qui sont engagés
dans la campagne électorale avec
des candidats au vu et au su de
tout le monde alors qu’ils sont
retenus comme superviseurs, nous
explique le président du BEC. En
réponse, Pierre Louis Kersy nous
dit avoir informé le candidat que
de tels cas ne relèvent pas de la
compétence du Bureau électoral
communal, car les superviseurs
sont recrutés directement par
le Conseil électoral provisoire
via les bureaux électoraux
départementaux (BED). N’étant
pas en mesure de satisfaire sa
demande, Marc André Daniel,
accompagné d’une foule en furie,
lui a demandé de vider les lieux
afin de procéder à la fermeture
du bureau.
Refusant de se soumettre à la
demande du candidat, le président
du BEC a été séquestré dans les
locaux dudit bureau durant une
bonne heure avant que la police
et un juge de paix n’arrivent sur
les lieux. Après le constat du juge
de paix, dans l’après-midi, Marc
André Daniel et ses partisans
ont quand même procédé à la
fermeture du BEC, a informé Pierre
Louis Kersy qui dit constater un
calme apparent, le mardi 28 juillet
2015, dans la commune alors que
le bureau électoral a pu retrouver
son fonctionnement normal. Le
porte-parole du Conseil électoral
provisoire, Frantz Bernadin, dit
n’être pas informé de cet incident,
alors que le président du BEC
a fait savoir que la conseillère
Lourde Edith Joseph, en mission
dans la Grand-Anse, a été informée
sur-le-champ du déroulement des
événements.
Ce n’est pas un cas isolé. Les
communes de Petit-Goâve, de
Cayes-Jacmel et de Marigot ont
été aussi le théâtre d’actes de
violences. Outre les attaques
sur des institutions électorales,
la guerre entre les candidats ou
leurs sympathisants fait peur. Les
colleurs d’affiches sont souvent
en proie à ces violences. La
semaine écoulée, à Carrefour,
dans l’Ouest, trois jeunes garçons
ont été retrouvés morts alors que
les informations ont rapporté
qu’ils étaient en train d’apposer
des affiches pour le candidat de
la plateforme VERITE.
De plus, les menaces réciproques
entre candidats sont légion.
Récemment, les responsables de la
Fusion avaient dénoncé une série
de menaces dont sont l’objet leurs
candidats. La Plateforme VERITE,
de son côté, projette une marche
pour ce mercredi 29 juillet pour
dénoncer les violences et menaces
dont sont victimes les aspirants
législateurs. Alors que certains
actes de violences sont placés à
l’actif des partisans du PTHK, les
responsables de cette plateforme
politique n’entendent nullement
cautionner de tels agissements.
Le directoire du parti présidentiel
a, dans une note de presse,
condamné avec véhémence les
actes de violences perpétrées
lors du déroulement de cette
campagne électorale. Il lance ainsi
un appel à cultiver la tolérance à
tous les acteurs impliqués dans le
processus électoral.
De son côté, le décret électoral
du 2 mars 2015 interdit les actes
de violences en son article 116,
stipulant que, durant tout le
processus électoral, les candidats
et leurs partisans doivent observer
une attitude correcte.
Ils doivent se garder de toute
incitation à la violence et de tout
acte mettant en péril la vie et
les biens de la population, sous
peine de sanctions prévues par
le Code pénal. Le commissaire
du gouvernement ou le juge de
paix, assisté d’agents de la PNH,
régulièrement saisi par le CEP,
engage les poursuites.
À la question de savoir les suites
que le CEP entend donner à cette
vague de violences répétées lors
du déroulement de la campagne,
Frantz Bernadin a informé que
l’institution électorale était en
train de diligenter une enquête
pour pouvoir déceler si ces
violences sont liées réellement
à la question électorale. Entre-
temps, personne ne sait où est
passé le plan de sécurité de la
Police nationale, annoncé depuis
le début de la campagne.
6 | N0
49 MERCREDI 29 JUILLET 2015
ACTUALITÉ
Un grand déficit de symboles !Par Lionel Edouard
Une campagne sur fond de violencesPar Noclès Débréus
HAÏTI/ÉLECTIONS
HAÏTI/OCCUPATIONAMÉRICAINE
1915 est derrière, malgré la hantise
de cette honte nationale infligée
peu après une indépendance
centenaire.
Pierre Sully, Charlemagne Péralte
et Benoît Batraville sont du lot.
Rien que ça. Peine est de constater
qu’aucun symbole ne vient rendre
gloire à ces héros déchus par
leur propre peuple victime d’une
amnésie provoquée et orientée.
Le Champ de Mars est vide ou
vidé des traces de cette époque.
Pourtant, aux grands hommes
qui ont marqué l’histoire, des
offrandes florales, constituant
un devoir de mémoire, sont
présentées tous les ans, encore
plus tous les cent ans.
Ceux-là qui ont vécu l’enfer des
montagnes entre 1920 et 1930
sont épargnés de ces honneurs et
n’existent que dans les discours
circonstanciés des politiques
intéressés. De 1915, restent donc
les sagas des historiens et les
contes démodés des vieillards.
« Nous sommes passés par une
période d’expulsion de la mémoire.
» Les actions de certaines gens de
l’époque, notamment des autorités,
ont été préjudiciables dans la
conservation des souvenirs pour
la postérité. Wesner Emmanuel
confie que, malgré les trahisons
du président Sténio Vincent,
considéré comme un chantre de
la futilité par Leslie Péan pour
sa participation à la corruption
généralisée et la destruction de
l’essence haïtienne, celui-ci avait
pris sur lui d’installer dans les
grandes villes des bibliothèques
avec de nombreux ouvrages
retraçant cette période qui a
changé le cours de l’histoire du
pays.
Au grand dam des générations
actuelles, ces hauts lieux de
mémoire ont été pillés les soirs,
durant l’administration de Paul
Eugène Magloire. « Des camions
sont venus, la nuit, et ont emporté
les bouquins. » Un drame que
Wesner Emmanuel a vécu dans
la ville des Gonaïves et qu’il
dépeint avec amertume. Même les
grands sites historiques n’ont pas
été épargnés. Le vieil historien
explique que des lieux comme
la Ravine à couleuvre étaient
pourvus de monuments qui ont
bizarrement disparu au fil des ans.
Même l’enseignement de l’histoire
a connu des censures. Les adeptes
de la théorie du complot y verront
sans doute un pacte entre les
nationaux et les étrangers au
détriment même de la nation.
Cette fourberie que dénonce
Wesner Emmanuel prend un ton
plus soutenu durant la période
duvaliériste, où l’occupation
américaine disparaît du cursus
académique. Aucun appel à
protéger la mémoire n’a réussi à
inverser cette tendance en vue de
garantir aux générations futures
cette connaissance nécessaire
des faits qui ont façonné leur
environnement.
La destruction des symboles
qui participent, pour Wesner
Emmanuel, d’un complot global
ourdi pour la destruction de
la mémoire haïtienne, trouve
son origine dès l’Indépendance.
Un événement que les renégats
dépeints par Louis Joseph Janvier
ont, à maintes reprises, tenté de
saboter.
L’après 1986 et cet ordre
démocratique mal digéré n’offrent
guère un meilleur sort dans cette
lutte subtile pour la sauvegarde de
la mémoire. En exemple, Wesner
Emmanuel cite Fort Dimanche,
lieu de torture célèbre, témoignage
de la férocité duvaliériste rejeté
dans les oubliettes, alors qu’un
nombre incalculable de victimes
aux âmes meurtries crient encore
justice dans les méandres de
l’histoire.
Pour juguler ce projet macabre
d’éradication du passé qui,
malgré certaines déconvenues,
continue d’inspirer l’humanité, le
professeur d’école appelle à un
effort collectif pour protéger ce
qui fait l’essence du pays.
» suite de la première page
MERCREDI 29 JUILLET 2015 N0
49 | 7
L
a dernière carte de pauvreté
d’Haïti remonte à environ
une dizaine d’années. Elle a
été réalisée en 2004, sous la
direction du MPCE. Les réalités socio-
économiques du pays ayant changés,
l’ONPES se lance dans une campagne
d’actualisation des informations
disponibles, en vue de doter Haïti
d’unenouvellecartedepauvreté.Selon
Shirley Augustin, coordonnatrice de
l’ONPES, la première carte produite a
été seulement axée sur la statistique
des besoins fondamentaux insatisfaits
de la population, tels que nourriture,
éducation, assainissement, santé, etc.
Mais avec la nouvelle carte, rassure-
t-elle, l’ONPES va non seulement
diagnostiquer ces problèmes, mais
aussi il va doter la population de
meilleurs moyens pour sortir de la
pauvreté.
C’est une carte qui vise à mettre
l’accent sur les zones les plus
pauvres en Haïti, à identifier les
personnes les plus vulnérables
et à repérer leurs principaux
besoins, pour ensuite faire des
recommandations.
Avec cet outil, l’ONPES caresse
l’idée d’aider le gouvernement à
avoir une meilleure planification
en termes de priorisation des
actions pour améliorer la situation
des classes les plus défavorisées
du pays.
La coordonnatrice a de plus
indiqué que la méthodologie de
l’élaboration de cette nouvelle
carte comprend trois aspects
spécifiques. L’ONPES va vérifier
l’existence des services sociaux
de base, et ensuite contrôler si
les services sont fonctionnels,
s’ils sont dotés des ressources
humaines et matérielles qu’il faut
pour répondre aux besoins de la
population, pour enfin jeter un œil
sur l’accessibilité à ces services
sociaux. Avant le lancement de
la grande opération de la carte
de pauvreté sur l’ensemble du
territoire national, l’ONPES et le
Centre national d’information géo-
spatiale (CNIGS) ont réalisé une
opération pilote de collecte des
données du 5 au 12 juillet 2015,
en vue de tester la méthodologie
qui va être adoptée, ainsi que les
outils de collecte préparés à cet
effet.
Environ 10 millions de gourdes,
fournies par le Trésor public
et l’Union européenne ont été
injecté pour la réalisation de cette
opération de pilotage.
L’opération a été menée plus
précisément dans les départements
du Nord-Est, et du Nord-Ouest, et
les informations recueillies ont
révélé que les milieux ruraux sont
les plus touchés par le phénomène
de pauvreté en Haïti.
Plus d’une centaine d’agents
de l’ONPES et du CNIGS,
accompagnés de plusieurs cadres
du MPCE, ont été déployés sur
le terrain pour la collecte de ces
données quantitatives relatives
aux services sociaux de base
disponibles dans les zones ciblées.
Les agents ont en ce sens organisé
des ateliers de focus group
destinés à recueillir les données
qualitatives nécessaires, pour
évaluer les informations relatives
à la dotation des services, leur
accessibilité et leur fonctionnalité.
Actuellement, indique Mme
Augustin, les équipes techniques
sont en train de traiter les
informations recueillies, de
manière à produire les différents
rapports qui permettront d’aboutir
à partir d’octobre prochain, à la
concrétisation de cette nouvelle
carte de la pauvreté d’Haïti.
Une nouvelle carte pour mieux
appréhender le problèmePar Évens RÉGIS
HAÏTI/PAUVRETÉ
Le ministère de la Planification et de la Coopération externe (MPCE) et l’Observatoire national de la pauvreté
et de l’exclusion sociale (ONPES) ont annoncé lundi, au local du ministère de la Communication, l’élaboration
prochaine d’une nouvelle carte de pauvreté et de potentialités d’Haïti. En phase de matérialisation, cette
nouvelle carte va aider les instances concernées à disposer d’informations actualisées relatives à la pauvreté,
pour une meilleure prise en charge de ce problème en Haïti.
ACTUALITÉ
8 | N0
49 MERCREDI 29 JUILLET 2015
MONDE
A Téhéran, la chef de l'UE salue une nouvelle
page avec l'Iran
Sources : AFP
L
a chef de la diplomatie de
l’Union européenne Federica
Mogherini a salué mardi un «
nouveau chapitre » dans les
relations avec l’Iran à l’occasion de sa
première visite à Téhéran, effectuée
moins d’un mois après la conclusion
d’un accord nucléaire historique.
La visite de Mme Mogherini est sur-
venue à la veille de celle de Laurent
Fabius, qui sera la première depuis
12 ans d’un ministre français des
Affaires étrangères en République
islamique d’Iran.
L’accord nucléaire conclu le 14
juillet entre l’Iran et les grandes
puissances va « ouvrir un nouveau
chapitre dans les relations entre
l’Iran et l’UE », et il s’agit mainte-
nant de le mettre en œuvre, a dit
Mme Mogherini lors d’une con-
férence de presse avec le ministre
des Affaires étrangères Mohammad
Javad Zarif.
Elle a discuté avec M. Zarif et le pré-
sident Hassan Rohani de leur volo-
nté commune d’appliquer l’accord
qui vise à limiter au nucléaire
civil le programme iranien contre
une levée progressive et révers-
ible des sanctions internationales,
et d’entamer un dialogue de haut
niveau.
« De la même façon que des efforts
ont été entrepris pour parvenir à
l’accord, nous devrions nous con-
centrer sur son application exacte
et complète afin que nos nations et
le monde puissent en apprécier les
bénéfices », a dit M. Rohani.
« L’Iran a toujours respecté ses
engagements », a affirmé de son
côté M. Zarif. « Nous avons parlé
des mesures qui doivent être prises.
Nous atteindrons ce stade d’ici 60
à 70 jours ».
Téhéran « continuera à collaborer
avec l’Agence internationale de
l’énergie atomique (AIEA), j’espère
que les Etats-Unis et l’UE continu-
eront à appliquer leurs engage-
ments », a-t-il ajouté.
« Dialogue de haut niveau »
M. Zarif a en outre affirmé que son
pays et l’UE avaient « décidé de com-
mencer une nouvelle phase de dia-
logue de haut niveau », portant sur
la coopération « dans les domaines
de l’énergie, des transports, du
commerce, de l’environnement, des
droits de l’Homme (...) des crises
régionales qui représentent une
menace pour la région, mais aussi
pour le monde entier en particulier
l’Europe ».
L’UE a joué un rôle important pen-
dant les années de négociations
entre l’Iran et les puissances du
5+1 (Grande-Bretagne, Chine,
France, Russie, USA et Allemagne)
qui ont été nécessaires à la conclu-
sion de l’accord nucléaire.
Mme Mogherini, dont la visite en
Iran est la première en tant que
chef de la diplomatie de l’UE, avait
participé activement à la dernière
phase des négociations.
Ces deux dernières semaines, les
opposants à cet accord, en particu-
lier Israël, l’Arabie saoudite et les
Républicains américains l’ont cri-
tiqué à des degrés divers, arguant
qu’il donnerait à l’Iran les moyens
de renforcer son influence dans
la région. En Iran même, certains
conservateurs ont aussi critiqué
le compromis, en estimant que les
négociateurs iraniens avaient fait
trop de concessions sans obtenir
de garanties pour que les sanctions
économiques soient levées rap-
idement et qu’elles ne seront pas
rétablies.
Arabie VS Iran
Avant sa venue à Téhéran, Mme
Mogherini se trouvait à Ryad où elle
qualifié l’accord de « signe d’espoir
pour le monde entier », tout en
assurant qu’elle comprenait « très
bien » les inquiétudes saoudiennes.
Elle y a notamment entendu les
critiques du ministre saoudien des
Affaires étrangères Adel al-Jubeir
qui a exprimé sa colère au sujet
des « déclarations agressives » de
responsables iraniens.
Dimanche à Koweït, M. Zarif a
estimé que la région n’avait pas
besoin « d’un changement de poli-
tique de la part de l’Iran mais d’un
changement de politique de la part
de certains pays qui cherchent les
conflits et la guerre », en allusion
à l’Arabie saoudite. Le lendemain,
à Bagdad, il a de nouveau accusé,
sans les nommer, « certains pays
de la région » d’attiser la violence.
« Ces déclarations montent en
puissance et il y en a beaucoup », a
déploré M. Jubeir, « ceci est inac-
ceptable pour nous ».
Ryad et les autres monarchies du
Golfe craignent que la levée des
sanctions ne donne à l’Iran davan-
tage de moyens pour soutenir ses
alliés régionaux, s’inquiétant d’une
influence grandissante de la Répub-
lique islamique, qu’elles accusent
d’interventionnisme à Bahreïn,
en Irak, en Syrie, au Liban et au
Yémen.
J
onathan Pollard, citoyen améri-
cain condamné en 1987 à la
prison à perpétuité aux Etats-
Unis pour espionnage au profit
d’Israël, bénéficiera en novembre
prochain d’une mesure de libération
conditionnelle après trente années
de détention, ont annoncé mardi ses
avocats.
Cette libération devrait intervenir
le 21 novembre, ont-ils ajouté.
Aux termes de la décision de la
commission des libérations condi-
tionnelles, Jonathan Pollard, qui
aura 61 ans dans quelques jours,
devra rester sur le territoire améri-
cain pendant cinq ans mais le pré-
sident Barack Obama pourra, s’il
le désire, l’autoriser à se rendre en
Israël dès sa libération.
Le secrétaire d’Etat américain
John Kerry a affirmé que cette
libération n’avait aucun lien avec
le récent accord conclu entre les
grandes puissances et Téhéran
sur le programme nucléaire ira-
nien, accord qu’Israël a vivement
dénoncé.
Les deux avocats de Pollard, Eliot
Lauer et Jacques Semmelman, ont
également souligné que la déci-
sion de la commission « n’était
pas liée aux récents événements
aux Proche-Orient ».
Des responsables américains
avaient récemment démenti les
rumeurs selon lesquelles une pos-
sible libération de Pollard visait à
calmer la colère d’Israël à propos
de l’accord de Vienne sur le nuclé-
aire iranien, signé le 14 juillet.
Officier dans les services de ren-
seignement de la marine améri-
caine, Jonathan Pollard avait
livré de nombreux documents
confidentiels aux Israéliens avant
d’être arrêté fin 1985.
Il avait plaidé coupable en juin
1986 et a été condamné à la prison
à vie le 4 mars 1987. Son épouse
de l’époque, Anne, condamnée à
cinq ans de prison, a été libérée
en 1989.
Les partisans de Pollard jugent
qu’il a été condamné trop dure-
ment, puisqu’Israël est un pays
allié des Etats-Unis et que nombre
des documents qu’il a transmis à
l’Etat hébreu ne pouvaient porter
préjudice aux intérêts américains.
Ils avançaient également l’état
de santé du prisonnier, qui selon
ses avocats souffre de diabète et
d’hypertension.
Les Etats-Unis vont libérer Pollard,
qui espionnait pour Israël
Sources : Reuters
Jonathan Pollard, citoyen américain condamné en 1987 à la prison à perpétuité
détention. / Photo : prise en mai 1991/REUTERS
MERCREDI 29 JUILLET 2015 N0
49 | 9
MONDE
L
es services secrets canadiens
disposent à l’étranger de 25
stations d’interception des
échanges sur internet selon
un document confidentiel publié par
le groupe de pirates informatiques
Anonymous.
Les services secrets canadiens
disposent à l’étranger de 25 stations
d’interception des échanges sur
internet et Ottawa a récemment
déboursé 21 millions de dollars
pour les rénover, selon un document
confidentiel publié par le groupe de
pirates informatiques Anonymous.
Cette fuite d’informations sensibles
a été révélée mardi par le National
Post et a déclenché une enquête
de la Gendarmerie royale ainsi
que du Centre de la sécurité des
télécommunications (CST, équivalent
canadien de la NSA), selon la
télévision publique CBC. Portant la
classification «secret», ce rapport du
Service canadien du renseignement
de sécurité (SCRS) est daté du 6
février 2014 et fait le point sur «la
sécurisation des infrastructures
réseaux du Service dans ses stations
à l’étranger», est-il indiqué dans le
document.
Le SCRS y déplore un «processus de
traitement des données inefficace et
laborieux» dont les «retards nuisent
à l’efficacité du Service et mettent
en danger ses agents». Faute de
logiciels modernes, les analystes
travaillant au siège du service de
renseignement, à Ottawa, «doivent
examiner manuellement le grand
volume d’informations reçues»,
souligne cette note.
En conséquence, un investissement
de 21 millions de dollars canadiens
(14,6 millions d’euros) est
demandé au gouvernement afin
de connecter «en temps réel» les
stations d’interception à l’étranger
au quartier général du SCRS. Cela
«permettra au service de satisfaire les
besoins croissants du gouvernement
en informations collectées en temps
réel à l’étranger», est-il souligné.
Dans son article, le National Post
relève qu’Ottawa n’a jusqu’à présent
reconnu l’existence que de trois
stations d’opération du SCRS à
l’étranger : à Washington, Londres
et Paris. Le réseau est donc bien
plus vaste et comprend «beaucoup»
de stations d’interception «établies
dans des pays en développement et/
ou instables», est-il noté. Le site du
SCRS avait été visé fin juin par une
cyber-attaque et quelques jours plus
tôt le groupe de pirates informatiques
avait revendiqué la paralysie de
plusieurs portails internet d’agences
fédérales. Le Canada forme, avec
les Etats-Unis, le Royaume-Uni,
l’Australie et la Nouvelle-Zélande, le
groupe des «Five Eyes», une alliance
de services de renseignement dont
la puissance a notamment été mise
en lumière par les révélations de
l’ancien analyste de la NSA Edward
Snowden.
L'espionnage à l'étranger du Canada éventé par
Anonymous
Sources : AFP
Un fils de Kadhafi condamné à mort en Libye, tollé international
Sources : AFP
S
eif al-Islam Kadhafi, le fils le
plus en vue du défunt dicta-
teur libyen, et huit proches de
ce dernier ont été condamnés
à mort mardi à Tripoli, un verdict
condamné par l’ONU, le Conseil de
l’Europe et plusieurs ONG. Après un
procès de 16 mois éclipsé par les vio-
lences et les divisions politiques qui
ravagent la Libye, des accusés, vêtus
de l’habit bleu des prisonniers, la
barbe rasée, ont assisté à la dernière
audience, l’air impassible, assis en
silence dans une cage noire.
A l’annonce du verdict, l’un d’eux
a crié « criminels, voyous, tyrans »,
avant d’être renvoyé de la salle. Seif
al-Islam et 36 autres prévenus étaient
jugéspourleurrôledanslarépression
meurtrière de la révolte ayant mis fin
à l’ancien régime en 2011. Ils étaient
poursuivis pour assassinats, pillages
et sabotages, actes portant atteinte
à l’union nationale, complicité dans
l’incitation au viol et recrutement de
mercenaires africains.
Souvent présenté comme le
successeur potentiel de l’ex-dictateur,
Seif al-Islam était absent à l’audience.
Depuis son arrestation en novembre
2011, il est détenu à Zenten, aux
mains de groupes aujourd’hui
opposés aux autorités contrôlant
Tripoli. Plus de trois ans après la
chute du régime Kadhafi, la Libye,
en proie au chaos, compte deux
Parlements - et deux gouvernements
- rivaux, l’un basé à Tripoli sous la
coupe de la coalition de milices
Fajr Libya, et l’autre dans l’est, le
seul reconnu par la communauté
internationale.
Procédure entachée
Sur les 37 accusés, 29 étaient
présents dans la salle du tribunal
du centre de Tripoli, où de strictes
mesures de sécurité avaient été
prises à l’occasion de l’audience.
Le tribunal a également condamné
à mort le dernier Premier ministre
de Kadhafi, Baghdadi al-Mahmoudi,
et son ex-chef des services de
renseignements, Abdallah Senoussi,
présents à l’audience. Seuls les
condamnés à mort peuvent faire
appel du verdict en vertu du droit
libyen, les peines de prison étant
applicables immédiatement, selon
le procureur général.
Au total, neuf accusés ont été
condamnés à mort par peloton
d’exécution, et huit à la prison à
perpétuité. Quatre ont été acquittés
et les poursuites ont été abandonnées
pour un accusé qui sera transféré
dans un hôpital psychiatrique. Les
autres prévenus ont été condamnés
à des peines allant d’un à 12 ans de
prison. Le procès, ouvert en avril
2014,aétécritiquéparlesdéfenseurs
des droits de l’Homme et marqué par
un différend toujours en cours avec
la Cour pénale internationale (CPI),
qui souhaite juger Seif al-Islam.
L’ONU a déploré les condamnations
à mort, estimant que « les normes
en matière de procès équitables
n’ont clairement pas été atteintes »
et que le tribunal libyen n’était pas
parvenu « à établir la responsabilité
pénale individuelle ». La procédure
« est entachée de sérieux vices qui
mettent en évidence l’incapacité de
la Libye à rendre justice efficacement
», a estimé Amnesty International.
Human Rights Watch a rapporté que
de nombreux accusés n’avaient pu
bénéficier d’une défense digne de ce
nom, et a appelé à un « réexamen
approfondi et indépendant du
verdict » par la Cour suprême
saisie en cas d’appel. Le secrétaire
général du Conseil de l’Europe,
Thorbjørn Jagland, a dénoncé les
condamnations à mort, estimant que
l’affaire aurait dû être portée « devant
la Cour pénale internationale de La
Haye pour un procès équitable ».
Vrai tribunal
Seif al-Islam, qui a comparu au total
à trois reprises par vidéoconférence
depuis Zenten, n’a pas été vu depuis
juin 2014 et on ignore où il se trouve,
selon HRW. Il fait, comme Abdallah
Senoussi, l’objet de mandats d’arrêt
de la CPI pour crimes de guerre
présumés lors de la révolte de
2011. M. Senoussi a été extradé en
septembre 2012 par la Mauritanie,
où il avait trouvé refuge après la
chute du régime.
Sa fille Salma, âgée de 17 ans,
a demandé depuis son lieu de
résidence en Angleterre que son père
soit « présenté à un vrai tribunal à
un endroit où le droit est respecté ».
En mai 2014, la CPI, qui a réclamé
à maintes reprises une extradition
de Seif al-Islam, avait débouté les
autorités libyennes de leur demande
de le juger devant les tribunaux
libyens, en raison des doutes sur
la capacité de Tripoli à lui garantir
un procès juste et équitable. La CPI
avait toutefois donné son feu vert à
la Libye pour juger M. Senoussi.
10 | N0
49 MERCREDI 29 JUILLET 2015
ÉCONOMIE
La débâcle consacrée et programmée
de l'économie haïtiennePar Henri Alphonse (3e
partie)
ENTREVUE
P
our les parties prenantes des
folles équipées de la mon-
naie nationale, c’est presque
l’heure du bilan, leurs effets
commençant déjà à se faire sentir.
Mais faites gaffe ! Attention à ne pas
se laisser conter fleurette. Une mise
en garde que nous partageons avec
l’économiste Eddy Labossière qui a
gracieusement accepté d’accorder
une entrevue au National*.
La pointe de l’iceberg ?
« Nous sommes au creux de la
vague ! » Un long soupir. Presque
un ricanement. Le professeur
Labossière pourrait emprunter
plus d’un millier de voies pour
introduire le sujet. Il préfère
raisonner par l’absurde. « La
contrôle de la monnaie, déclare-
t-il abruptement, ça n’entre pas
dans les attributions de la Banque
centrale. » Tiens, tiens ! Je hume
l’air. Je flaire du gros gibier. Et
notre interlocuteur de poursuivre :
« L’une des attributions de la BRH,
c’est la stabilité de l’inflation (...)
Veiller à ce que l’économie ne soit
perturbée par une augmentation
des prix. »
La stabilisation des prix. C’est
peut-être la seule et vraie mission
de la BRH. Évidemment, en
intervenant pour sécuriser le
cours de la gourde, on stabilise les
prix. On agit ainsi indirectement
sur l’inflation. « Comme le cours
de la gourde par rapport au dollar
est lié à l’inflation, l’on peut ainsi
mieux approcher la problématique
de la monnaie nationale. » Il va
plus loin. Les autorités monétaires
sont plutôt contentes quand elles
constatent une dépréciation de la
monnaie.
Ce serait plutôt favorable aux
exportations du pays. Ce n’est pas
une mauvaise chose en soi. « Tous
ceux qui reçoivent des recettes
en dollar sont en train de festoyer
(…) Pour la plupart, ce moment
d’euphorie sera de courte durée,
car ils devront subir le choc en
retour, lorsque viendra le temps
de constater la flambée des autres
prix à la consommation.
« Même l’État haïtien est en
train de savourer ce moment lui
aussi (…) Lorsqu’un importateur
de marchandises déclare 50
millions – pour prendre un
exemple – l’État, après en avoir
prélevé les taxes, pourra toujours
engranger le surplus de gourdes
qui en résultera (…) L’État haïtien
en profite ! » Et c’est le cas de
tous ceux qui exportent et qui
reçoivent des dollars. Le drame
de l’économie haïtienne, c’est
en quelque sorte cet arrimage
de la gourde à l’inflation…
D’où l’obligation des autorités
monétaires de gérer la volatilité
de la gourde sur le marché. Une
situation de force majeure.
Ma pensée s’envole vers les
véritables perdants de cette
situation. Ceux et celles qui ont
dû subir les effets négatifs des
récentes transactions impliquant
la gourde comme intermédiaire
des échanges. Que diront
ces nombreux autres agents
économiques qui en ont pâti ?
Et qui probablement en pâtissent
encore aujourd’hui ?
Revenons à la réaction de la Banque
centrale. Le gouverneur, Charles
Castel, a fait état d’interventions
à l’aide d’un certain nombre
d’instruments à sa disposition.
Eddy Labossière en énumère
quatre. D’abord, une opération
d’open market – marché ouvert –.
Ensuite, la possibilité d’utiliser les
réserves obligatoires, pour alléger
le système de son trop-plein de
gourdes. Et, enfin, les bons BRH.
Et les mises en pension des bons,
une opération de rachat des bons.
« Nous y reviendrons ».
Le gouverneur l’a bien expliqué.
Les réserves internationales,
ça fait moins d’un milliard de
dollars en caisse, entre 800 et 850
millions de dollars de réserves
de change. On dit aussi réserves
internationales. Les réserves de
change représentent les avoirs
en devises étrangères – le dollar
US surtout dans notre cas – ou
en or détenues par une banque
centrale. Elles sont utilisées par
les autorités monétaires pour
réguler les taux de change.
Imperturbable, mon interlocuteur
poursuit son diagnostic. Toujours
sans aucune complaisance. Il
regrette que le niveau des réserves
internationales soit aussi bas. «
Dans un passé récent, elles étaient
de deux milliards. Presque.
Actuellement, elles représentent
six mois d’importation. »
Autrement dit, la quantité de
devises étrangères nécessaires
au financement de six mois
d’importation de marchandises.
La Banque centrale a pour
obligation de constituer des
réserves équivalant à au moins
trois mois d’importation.
« De ces 800 millions, extrayons
les 600 millions requis pour
garantir les importations. Il nous
reste 200 millions. Le gouverneur
a donc 200 millions de dollars US
à sa disposition pour intervenir sur
le marché et y injecter des dollars
le cas échéant ». Trop de gourdes
en circulation, ça ne contribue
pas du tout à l’amélioration de la
santé de la monnaie nationale.
Il faut donc intervenir dans le
jeu de l’offre et de la demande
et réduire l’offre de gourdes.
C’est le cas. Et il faut ramasser
le surplus de liquidité en gourde.
Mais à qui profite le « crime »
? À qui la faute ? Ce surplus de
liquidité, ces millions de gourdes
supplémentaires en circulation,
d’où proviennent-elles finalement
?
Les fautifs épinglés
La grande question. Maintenant,
je ne me considère plus comme
une victime non consentante de
la canicule et qui fait semblant
de l’ignorer. Je suis tous yeux
et toutes oreilles. On est sur le
point d’épingler les « coupables
» et je suis aux premières loges.
D’où sort donc ce surplus ? Il ne
s’est sûrement pas matérialisé,
comme ça, dans le système.
Comme disait l’autre, en tout
cas, « La matérialisation de la
puissance ainsi mise en œuvre
inscrit irrémédiablement le fait
dans une histoire de pouvoir ».
Pouvoir économique. Pouvoir
politique.
Soumis à la même conjugaison,
les deux se complètent et le cas
est avéré. Alors, la provenance de
ce surplus de gourdes ?
Mon interlocuteur en a sans doute
eu assez de faire durer le suspense.
Et il se décide à les identifier. Pas
pour lui car ces choses-là lui sont
bien familières. Mais pour moi qui
suis impatient de savoir et pour
mes lecteurs aussi. Je le disais
au tout début de cet entretien :
le temps est venu de savoir. De
comprendre.
Les auteurs de ce surplus de
liquidité, ce sont d’abord les
banques commerciales. « Si vous
avez la possibilité d’avoir accès
à certaines données – explique
notre économiste – vous verrez
que l’épargne nationale équivaut
à environ 40 milliards de gourdes.
Cette épargne ne fait pratiquement
pas l’objet de prêts. » Eddy
Labossière prend une pause, peut-
être le temps de mesurer l’effet
que cette information a sur moi.
Me voilà admis dans le cercle des
initiés. Apprenti initié, ça se dit,
n’est-ce pas ?
Ces 40 milliards de gourdes, elles
appartiennent aux épargnants
et les banques, par peur d’un
environnement inadéquat,
rechignent à les verser dans leur
portefeuille de crédit. « L’épargne
haïtienne – s’exaspère notre
économiste –, est enfermée dans
les banques, pendant ce temps
les entreprises ne peuvent pas
trouver de l’argent pour investir. »
Voyez-vous l’élément pervers de la
situation ? J’acquiesce de la tête,
songeur. Et lui de s’exclamer : «
C’est une situation de plus grand
danger pour la gourde ! »
Je commence à assembler les
pièces de ce nouveau puzzle.
La décote de la gourde, la
pointe de l’iceberg. Cachés, les
marionnettistes qui tirent les
ficelles et décident de notre
quotidien. Le tout, sans état
d’âme. L’important étant de faire
fortune, bien vite, de temps en
temps. Tout le temps. Des secteurs
de pouvoir dans le secret des
dieux. Des gens sachant convertir
des contraintes en opportunités.
Des spécialistes de l’intrigue.
Des experts de la cooptation. Je
respire profondément. Il fait tout
à coup plus chaud !
« L’épargne nationale est enfermée
dans les banques et savez-vous
ce que les banques en font ? Ces
gens vont l’utiliser pour spéculer.
» Le mot est lâché. La spéculation,
sur fond de pauvreté extrême.
Miserere mei : Deus ! Un système
bancaire régi par une loi. Une
épargne nationale récupérée et qui
dort dans les caisses. Savez-vous
que c’est le plus grand danger
pour la gourde ? Nous faudrait-
il un génie, avec le savoir-faire
approprié et qui sache comment
« libérer » cette épargne ?
Comment, dans un environnement
des affaires inapproprié, un
environnement légal inadapté,
obtenir que l’épargne soit
réinvestie dans l’économie
? Le temps des questions
fondamentales. Et des réponses
appropriées. Le temps d’identifier
les autres artisans de la décote de
notre monnaie nationale. Ils ne
sont pas légion. Ce sera le sujet
du prochain article.
*Voir les éditions # 47 et 48 pour
les deux premières parties de cette
entrevue.
La dégringolade de la gourde a fait des heureux et des perdants. Le malheur des communautés a fait le bonheur
de quelques camarillas. Les récentes équipées de notre monnaie nationale l’ont suffisamment démontré. La
valse-hésitation des autorités monétaires sur l’air de « je fais une sortie publique… ou pas » lui a coûté des
plumes. Les agents économiques qui ont eu à concocter la décote de la gourde sont identifiables et identifiés.
MERCREDI 29 JUILLET 2015 N0
49 | 11
ÉCONOMIE
Port de l'uniforme unique,
déficitaire pour les fournisseurs
et détaillants de toiles ?Par Therno N. A. Sénélus
C
’est ce qu’ont fait savoir au
National, des employés de
l’entreprises ACRA (Pétion-
Ville) et d’autres marchandes
du Centre-ville de Port-au-Prince dans
leurs commentaires. Depuis cette
annonce faite par Nesmy Manigat,
titulaire du ministère de l’Éducation
nationale et de la Formation
professionnelle (MENFP), certains
fournisseurs et détaillants sont
très acerbes du fait que cet arrêté
engendredesdéficitssurleurschiffres
d’affaires en gelant leurs commandes
déjà entreposées dans des industries
comme à l’accoutumée.
On doit le savoir. On n’a pas
d’industries textiles en Haïti. À
cet effet, il faut placer les com-
mandes très tôt, selon l’avis des
commerçants : « Depuis le mois de
janvier, nous avons commandé une
quantité de tonnes métriques de
toiles pour toutes les écoles.
Du kindergarden à la philo.
Toutefois, la commande pour les
lycéens était quasiment supérieure
compte tenu de leur nombre dans
le pays. Nous avons dépensé une
forte somme d’argent pour faire
un entrepôt ». Certains fournis-
seurs et commerçants de toiles
d’uniforme, à Pétion-Ville, sont
très remontés contre cette déci-
sion. Pour eux, c’est une décision
informelle et chicanière. Ces négo-
ciants affirment que le Ministre
devait s’entretenir d’abord avec
eux afin de trouver une meilleure
façon de prendre une décision qui
concerne exactement le secteur
commercial. Ils déclarent que cette
mesure ministérielle a un impact
négatif sur le commerce des uni-
formes pour les grossistes et les
détaillants.
Les industries étrangères ne vont
pas nous rembourser l’argent
investi dans les commandes. De
plus, nous ne pouvons pas retourn-
er les commandes déjà passées.
Certains parmi nous ont encore
des stocks de toiles restant de
l’année dernière. Qu’est-ce qu’on
va en faire ? », se désolent ces
vendeurs qui critiquent vertement
cette décision du ministre Nesmy
Manigat.
Néanmoins, ils disent espérer que
le MENFP subventionnera même à
5 % les vendeurs, pourcentage qui,
selon eux, ne représente rien par
rapport au déficit enregistré chez
les marchands.
Sous les témoignages de certaines
employées d’ACRA, la décision du
MENFP affecte « tout le monde
» sur le plan économique. « Cet
arrêt oblige les parents à faire un
autre calcul quant à leurs dépens-
es. Il y en a ceux qui avaient déjà
acheté des uniformes pour leurs
enfants. Ils seront obligés d’en
acheter d’autres. Surtout que les
conditions de vie des gens sont très
précaires. On croit qu’il serait sage
que le ministre Manigat renvoie
une telle mesure à l’année aca-
démique 2016-2017 ».
Marlène Jean a trois enfants : une
fille et deux garçons respective-
ment élèves de neuvième, rhéto et
philo. Tous sont au lycée national
de Pétion-Ville. L’année dernière,
elle avait acheté des uniformes
pour tous ces enfants. Pour la rent-
rée des classes de septembre 2015,
elle est obligée de se courber au
principe établi par le MENFP alors
que ses conditions de vie sont déjà
très précaires.
Elle s’explique : « Je vis dans des
conditions difficiles. Bientôt ce
sera la réouverture des classes.
Jusqu’à date, je ne sais quoi faire.
Je n’ai pas d’argent pour faire les
préparatifs pour mes enfants».
Pour Marle Jean, la décision du
MENFP n’aurait pas de graves
conséquences économiques sur la
population si tout le monde avait
un emploi. Elle souligne, par ail-
leurs que cette décision fait tort
aux consommateurs qui sont pour
la majeure partie des chômeurs.
Approuvant la position des com-
merçants pétionvilois, Ariette
Cinéus et Enold Flamant, tous deux
détaillants de tissus au centre-
ville, fustigent le comportement du
titulaire du MENFP qui, selon eux,
a soudainement pris une décision
sans consulter les fournisseurs.
Énold Cinéus s’en prend au min-
istre Nesmy Manigat qui n’a pas
tenu compte des déficits sur les
achats de tissus enregistrés par les
marchands. Pour lui, le gouverne-
ment doit plancher sur ce cas afin
de subventionner les marchands
en situation déficitaire.
À rappeler que cette décision
prise par le MENFP sur le port de
l’uniforme unique n’est pas impo-
sée aux écoles privées. Le ministre
encourage toutefois les directeurs
de ces institutions à adopter la
nouvelle mesure.
L’arrêté présidentiel signé en conseil des ministres le 18 mars 2015 relatif au port unique de l’uniforme pour les
élèves des écoles publiques, du fondamental au secondaire, a causé des déficits aux commerçants concernés,
qu’ils soient grossistes ou détaillants.
COMMERCE
Vers la construction d'un centre
polyvalent pour jeunes ?
ECONOMIE-JEUNESSE
L
asectionpolitique-économique
de l’ambassade du Canada à
Port-au-Prince, en collabo-
ration avec la Chambre de
commerce et d’industrie haïtiano-
canadienne (CCHIC) et en appui à la
Jeune chambre internationale Haïti
(JCI-Haïti), a commencé à collecter
des fonds pour la construction d’un
centre polyvalent pour la formation
des jeunes dans la zone de Delmas,
apprend AlterPresse.
Une soirée a eu lieu le 23 juillet
à Pétion-Ville dans le cadre des
opérations de collecte de fonds
pour le financement de cette con-
struction.
Le conseiller politique de
l’ambassade, Tristan Laundry,
décrit cette démarche de collecte
de fonds comme la manifestation
de l’engagement des contribu-
teurs « envers l’épanouissement
de la jeunesse haïtienne (…) »
encourageant ainsi « les jeunes à
poursuivre leurs objectifs visant à
renforcer des initiatives locales ».
Il souhaite par ailleurs que
d’autres partenaires puissent con-
tribuer à la réalisation de cette
œuvre, lit-on dans une note de
l’ambassade, qui rapporte que des
activités de collecte d’argent sont
déjà réalisées dans cette perspec-
tive.
Déjà 19 mille dollars américains
sont actuellement disponibles
pour permettre à ce projet de
prendre forme.
Le Centre polyvalent qui doit être
construit dans l’aire de Delmas
(est de la capitale) devra con-
tribuer à la formation de 1 080
jeunes et à la mise en place de
10 projets d’entreprises durables,
lesquelles devront desservir une
population de 10 mille jeunes,
toujours d’après le document
transmis à AlterPresse.
Michel Lamarre, président de la
CCIHC, inscrit la construction
de ce centre dans le combat de
son institution « pour renforcer le
secteur associatif et social » dans
le pays.
Aucune date n’est encore fixée
pour le début des travaux et les
informations sur le coût total de
la réalisation des travaux ne sont
pas non plus disponibles.
COURSDELAGOURDES
EN DATE DU 28 JUILLET 2015
. TAUX MOYEN D’ACHAT (TAUX DE
RÉFÉRENCE) : 55.5604
. TAUX MOYEN DE VENTE DES
BANQUES (TMA) : 56.2481
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JUSTICE
Cent ans après, la justice haïtienne garde
encore des empreintes de l'occupantPar Eddy Laguerre, Av.
L
’un des premiers textes norma-
tifs que l’occupant américain
a pu, grâce à son influence,
faire passer en Haïti, c’est la
fameuse convention du 16 septembre
1915 qui visait à donner un semblant
de légalité à la présence des soldats
américains sur le sol de Dessalines.
Cette convention aussi appelée « la
charte de l’occupation » a pu obte-
nir le vote du Parlement de l’époque
malgré les contestations énergiques
et virulentes de certains parlemen-
taires, comme Raymond Cabèche,
révulsés par l’arrogance de l’occupant
et l’aveugle soumission de ses sup-
porteurs haïtiens.
L’Occupation américaine a eu
aussi l’occasion de toucher à la
plus importante loi du patrimoine
juridique de l’époque : la consti-
tution de 1889. L’adoption d’une
nouvelle constitution en 1918
aura été une grande triomphe
pour l’occupant qui y a trouvé une
nouvelle façon de donner un cou-
vert de légitimité à l’occupation.
Selon le professeur Monferrier
Dorval, cette constitution de 1918
sous l’influence américaine a
apporté des modifications touch-
ant trois domaines importants
dans le droit haïtien : le droit de
propriété immobilière des étrang-
ers, le contrôle de constitution-
nalité des lois et l’organisation de
l’administration fiscale.
Des étrangers propriétaires
pour la première fois en Haïti
Depuis 1805, toutes les consti-
tutions haïtiennes interdisaient
aux étrangers le droit de propriété
immobilière en Haïti. Même si
plusieurs changements de con-
stitutions se sont opérés entre
1805 et 1918, elles étaient toutes
unanimes à prohiber ce droit aux
étrangers. Cette interdiction, en
plus de toute autre explication
juridique, trouvait sa justification
dans une réalité qui mélange soci-
ologie et histoire. Les souvenirs
de l’esclavage et les circonstances
de l’indépendance haïtienne ont
laissé chez l’haïtien un rapport
particulier avec la terre. La terre
étant devenue à la fois symbole de
liberté et de souveraineté, toute
propriété privée de la part d’un
étranger apparait comme une
menace.
En des termes différents, les con-
stitutions que le pays a connu
depuis l’indépendance jusqu’au
débarquement des américains,
ont repris l’article 12 de la con-
stitution dessalinienne de 1805 :
« Aucun blanc, quelle que soit sa
nation, ne mettra les pieds sur ce
territoire, à titre de maitre ou de
propriétaire et ne pourra à l’avenir
y acquérir aucune propriété. »
La Constitution de 1918 viendra
renverser la donne avec un article
5 qui donne l’impression de fixer
des « conditions » permettant à
un étranger de posséder des biens
immobiliers en Haïti. L’article 5
de cette constitution stipulait : «
Aucun étranger ne pourra acquérir
d’immeubles en Haïti que s’il a
sa résidence dans l’une des com-
munes de la République et s’il a
rempli les formalités prescrites
par la loi du 23 août 1913 sur le
séjour des étrangers. » La loi sur
le séjour des étrangers a certes
existé avant l’occupation mais
l’occupant a pu utiliser ses dispo-
sitions pour essayer de créer des
conditions suivant lesquelles une
personne physique ou morale de
nationalité étrangère peut légale-
ment posséder des immeubles en
Haïti.
Ce changement apporté dans
notre constitution par l’occupant
américain a pu traverser le temps
et les constitutions pour rester
aujourd’hui encore, 100 ans après
le début de l’occupation, une dis-
position reconnue par notre con-
stitution en vigueur, celle de 1987.
Ainsi en ce qui a trait au droit con-
stitutionnel de propriété accordé
aux étrangers, le régime juridique
haïtien garde encore l’empreinte
historique de l’occupant.
La DGI un autre héritage de
l’Occupation
En plus du domaine strictement
civil, l’occupant, à travers la Con-
stitution de 1918 et plusieurs
lois d’application, a pu opérer
des changements importants en
matière de droit constitutionnel
et de droit fiscal. Dans les deux
cas, l’occupant a procédé à la cen-
tralisation de certaines activités
jusqu’ici menées par des institu-
tions éparses.
Avant l’occupation américaine,
tous les tribunaux haïtiens pou-
vaient vérifier la constitutionnalité
des lois évoquées par les parties à
l’occasion d’un litige. Mais la con-
stitution de 1918 en son article 99
viendra confier l’exclusivité au tri-
bunal de cassation en matière de
contrôle de la constitutionnalité
des lois. Ce contrôle judiciaire
concentré qui a remplacé le con-
trôle judiciaire diffus qui existait
avant, a pu aussi transcender le
temps jusqu’à la constitution de
1987. Ce n’est qu’en 2011, lors du
récent amendement de la constitu-
tion de 1987 que ce changement
introduit en Haïti par les améri-
cains en matière de contrôle de
constitutionnalité des lois a connu
un nouveau revirement.
Même si le contrôle concentré est
toujours présent, le tribunal de
cassation a été remplacé, en cette
matière, par une juridiction qui ne
relève pas de la justice judiciaire,
il s’agit du conseil constitutionnel.
Ce conseil créé par la loi consti-
tutionnelle du 9 mai 2011 n’a pas
encore été mis sur pied, quatre
ans après.
Une autre œuvre de centralisation
entreprise par l’occupant améri-
cain concerne la perception des
impôts. Cette perception qui se
faisait dans institutions différen-
tes a pu désormais se faire par une
seule entité soit l’Administration
générale des contributions créées
par la loi du 6 juin 1924. Même
si depuis 1985, cette institution a
été rebaptisée « Direction générale
des impôts, DGI », elle continue
d’exercer les principales attri-
butions qui lui étaient confiées
depuis l’occupation américaine.
Ainsi les traces de l’Occupation
américaine sont aujourd’hui
encore présentes dans le fonc-
tionnement de nos institutions,
dans leur architecture et dans
les dispositions légales suivant
lesquelles nos juges sont à appeler
à dire le mot du droit. La justice
haïtienne a toutefois pu continuer
à fonctionner suivant les principes
de la famille romano-germanique
et n’a pas épousé la famille du
common law dont les Etats-Unis
est l’un des porte-étendards.
Aujourd’hui, l’influence améri-
caine en dehors d’une situation
officielle d’occupation pèse encore
sur les débats juridiques en Haïti.
Tandis que le pays s’apprête à
avoir un nouveau code pénal, les
exemples tirés de certaines légis-
lations modernes, dont celles des
Etats-Unis, ne sont pas sans inci-
dences sur le législateur haïtien.
Dans son nouveau code pénal qui
pourrait entrer en vigueur dès la
50e législature, Haïti s’apprête
à parler de liberté surveillée, de
bracelet électronique ou encore
de légalisation de l’avortement
qui sont tous des concepts déjà
présents dans la législation améri-
caine. Même si plusieurs autres
pays auront servi d’exemple,
l’influence des Etats-Unis par sa
proximité géographique ou en
raison de son poids culturel sans
cesse grandissant en Haïti, sera
donc considérable.
Ainsi, les empreintes de l’occupant
américain bien que faibles, com-
parées à celles du colon français,
sont encore présentes dans la jus-
tice et dans le droit positif haïtien
et risquent de s’accentuer progres-
sivement, plus d’un siècle après le
début de l’occupation officielle.
L’Occupation américaine d’Haïti plus de cent ans après le départ des colons français du sol d’Haïti, n’a pas enlevé
au système judiciaire haïtien et à l’arsenal juridique qui l’accompagne l’empreinte remarquable de la France et
de la famille romano-germanique. Cependant l’occupant américain a pu apporter des changements majeurs
dans nos lois notamment sur la propriété privée et le contrôle de constitutionnalité des lois . La plupart de ces
dispositions introduites dans nos lois depuis le temps de l’occupation existent aujourd’hui et font partie du Droit
positif haïtien.
MERCREDI 29 JUILLET 2015 N0
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SOCIÉTÉ
Centenaire de la première Occupation
(28 Juillet 1915-28 Juillet 2015)2ème partie
Par Georges Michel
L
a Commission Forbes de 1930
dans un rapport avait émis des
doutes grands à la durabilité
des résultats politiques de
l’occupation de 1915. M. Forbes en
parla aussi dans une lettre person-
nelle qu’il écrivit au président Hoover.
En 1934, au moment de la fin de
celle-ci Monsieur Berthold, un
fonctionnaire civil américain de
l’occupation avait dit au général
Vogel, dernier commandant mili-
taire américain de la Garde d’Haïti
: « In sixty years, we’ll be back ».
Dans soixante ans, nous serons
de retour. Et effectivement, les
Américains revinrent encore une
seconde fois en Haïti soixante ans
après en être sortis, conformé-
ment à la prophétie de Berthold
(1934-1994).
En 1994, le président Clinton,
après avoir obtenu une résolu-
tion de complaisance du Conseil
de Sécurité des Nations Unies
pour donner un petit vernis de
légalité à son entreprise de domi-
nation, fit occuper une seconde
fois Haïti par les militaires améri-
cains, dans l’espoir de réimposer
aux Haïtiens l’ordre américain
établi par la première occupation
entre 1915 et 1934 et qui comme
nous l’avions dit plus haut, avait
commencé à se défaire en1946
et en 1986. Durant cette seconde
occupation qui débuta en 1994,
on a pu entendre sur les ondes
le porte-parole de l’Ambassade
américaine en Haïti M. Stanley
Schrager déclarer : « C’est moi
seul qui donne des ordres en Haïti
parce que c’est moi qui ai 15.000
hommes de troupe sur le terrain. »
Difficile d’être plus clair. On verra
un peu plus tard le même Schrager
jouer les ouvreuses au parlement
haïtien et déterminer souveraine-
ment qui aurait le droit d’y siéger.
Des parlementaires haïtiens hos-
tiles à la seconde occupation,
comme le député de Grand-Bois
Gabriel Sanon, furent physique-
ment agressés par des gamins
de la rue alors que les soldats
américains assistaient à la scène
sans bouger, riant au contraire
; les parlementaires qui avaient
refusés de voter la convention en
1915 furent aussi agressés par les
gamins de la rue, avec la bénédic-
tion des soldats américains.
La seconde occupation est une
expérience extrême douloureuse
pour tout patriote haïtien, mais
pour les historiens haïtiens qui
étudiaient la première occupa-
tion elle a constitué une véri-
table aubaine, leur permettant
de revivre certains événements,
d’apporter des réponses décisives
à certaines questions qui étaient
restées sans réponses et de mieux
comprendre et de mieux pénétrer
la réalité de la première occupa-
tion. Les déclarations des officiels
américains, les articles de jour-
naux, le comportement des occu-
pants sont exactement les mêmes,
on n’a qu’à changer les noms et
les dates.
Par exemple, l’éditorial du Nou-
velliste du 29 juillet 1915 et le
célèbre éditorial de Carlo Désinor
dans le même journal 79 ans plus
tard, intitulé « Notre Position
», sont deux textes de la même
facture qui se ressemblent beau-
coup, tant dans la forme que dans
le fond. Carlo nous avait assuré
ne pas avoir eu connaissance en
1994 de l’éditorial de son jour-
nal dans son numéro du 29 juillet
1915.
La seconde occupation fut pour
nous l’occasion de questionner
les rares témoins de la première
occupation qui étaient encore en
vie en 1994.
Nous allons rapporter une con-
versation qui eut lieu entre nous
et Mme Alexandre Moyse, née
Francine Casséus en 1901. Elle
avait 14 ans quand les Américains
étaient venus en Haïti la première
fois et 93 ans quand ils revinrent
chez nous pour la deuxième fois.
Nous lui demandâmes :
« Mère Moyse, comment
comparerais-tu la première et
la seconde occupation ? ». Elle
nous répondit exactement en ces
termes :
« Mon cher, elles se ressemblent
comme deux sœurs. Ce sont
deux choses aussi dégoûtantes
et humiliantes l’une que l’autre.
L’une est en quelque sorte la fille
de l’autre. Cependant, la première
occupation était plus respectable
sur un point : elle avait amené
l’ordre, la seconde occupation
est venue amener le désordre et
institutionnaliser le chaos.
En effet, pendant la première
occupation, tu ne verrais jamais
un soldat américain faire sauter
les cadenas d’un magasin avec son
fusil de guerre et inviter la foule
à venir piller le magasin pendant
qu’il préside lui-même à ce pillage,
comme j’ai vu récemment la scène
à la Saline sur CNN à la télévision.
C’est un très mauvais signal que
les Américains ont envoyé là ».
Elle continua aussi « que jamais
pendant la première occupation on
n’aurait vu des soldats américains
se déguiser en femmes et organiser
leur propre défilé carnavalesque
dans les rues de Port-au-Prince ».
Madame Moyse mourut en 1998
à 97ans sans voir la fin officielle
de la seconde occupation qui se
termina par le départ du dernier
soldat américain le 1er janvier
2000 à l’aube, sans tambours
ni trompettes, ni défilé d’adieu,
à bord d’un avion militaire
américain.
Pour donner raison à la prophétie
de Mme Moyse, le cycle de la
violence reprit dès 2001 et en
2004, quatre ans après le départ
du dernier soldat américain en
2000, les troupes américaines
étaient de retour en Haïti pour une
troisième intervention qui avait
pour mission de rétablir l’ordre
en Haïti, un ordre qui avait été
compromis par des mois de graves
troubles politiques et de violence
armée.
Le répit entre la 2e et la 3e
intervention ne dura pas soixante
ans, il ne dura pas même soixante
mois, juste cinquante mois…
Cette 3e intervention fut pour
nous l’occasion de converser
avec le commandant du 3e
corps expéditionnaire américain,
le général de brigade Ronald
Coleman, USMC. Le général
Coleman était un général noir
qui aimait beaucoup et respectait
beaucoup les Haïtiens. Il ne faisait
que son travail en Haïti, que le
travail que son gouvernement
l’avait chargé de faire. Il mérite
tout notre respect.
Un jour nous lui dîmes :
« Mon général, c’est extrêmement
humiliant pour nous Haïtiens,
d’avoir été envahis par vous
Américains, trois fois en moins
d’un siècle. »
Le général Coleman nous répondit
:
« Oui, je comprends que c’est
extrêmement humiliant pour
vous Haïtiens, d’avoir été envahis
par nous Américains, trois fois
en moins d’un siècle, mais c’est
extrêmement humiliant aussi
pour nous Américains, de vous
avoir envahis trois fois en moins
d’un siècle et de n’avoir rien réglé.
Alors, s’il vous plaît, Docteur
Michel, ne nous humiliez pas une
quatrième fois, en nous forçant à
vous envahir une quatrième fois. »
Le général Coleman avait bien
compris la dynamique de ces
interventions militaires étrangères
á répétition en Haïti.
Nous avons vu comment la seconde
intervention a été rapidement
suivie par une troisième
intervention qui avait pour objectif
de corriger une situation délétère
que la seconde avait contribué
à créer. De la même manière, si
l’on jette un regard critique sur
la situation actuelle, alors que la
troisième intervention n’est pas
terminée mais que la MINUSTAH
prépare activement son retrait,
il faut penser à une quatrième
intervention à brève échéance,
peu après la fin de la troisième.
Le seul moyen d’échapper à
cette perspective est de remettre
sur pied une armée nationale
haïtienne capable de prendre la
relève de la composante militaire
de la MINUSTAH à son départ,
dans tous ses rôles, de dissuasion,
de protection de l’Etat et des
Institutions, de stabilisation.
Si ceci n’est pas fait, cette stabilité
et cette paix relative dont nous
jouissons depuis une dizaine
d’années grâce à la présence
bénéfique de la MINUSTAH
s’évanouiront rapidement et tous
les acquis de la MINUSTAH seront
balayés tout aussi rapidement
par les forces locales qui se
déchaîneront avec tous les moyens
à leur disposition. La MINUSTAH
a été un véritable gouffre financier
pour obtenir seulement des
résultats fragiles et précaires.
Aux intervenants nous dirons
simplement : «Avoir autant de
moyens et réussir si mal. »
Aux Haïtiens, nous dirons qu’on
n’a pas besoin de tirer un seul
coup de feu pour faire échouer
les objectifs politiques d’une
intervention militaire étrangère,
les armes appropriées ici sont très
puissantes et elles s’appellent la
résistance politique, la résistance
intellectuelle, la résistance
passive, la résistance souriante,
le refus de collaborer. Les Haïtiens
doivent réaliser qu’ils disposent
du pouvoir illimité de contraindre
l’occupant à jeter son argent.
L’auteur français Alain Joxe
n’écrit-il pas que pour gagner la
guerre, il faut avoir l’assentiment
du vaincu ?
De notre côté, nous annoncions
l’échec politique de la 2e
intervention et de la 3e
intervention dans deux articles
parus respectivement dans le
quotidien Le Matin le 28 mars
1995 intitulé « A l’intention de
nos amis américains » et dans le
quotidien Le Nouvelliste le 14
décembre 2004 intitulé « Echec
et Mat. » C’est maintenant au
tour des lecteurs du quotidien Le
National d’avoir des réflexions sur
le même sujet.
Vive Haïti, libre, souveraine et
indépendante !
16 | N0
49 MERCREDI 29 JUILLET 2015
SOCIÉTÉ
APPEL D’OFFRES
Feed the Future Haiti Chanje Lavi Plantè
Moringa et ses espèces
D’après l’Organisation des nations unies
pour l’alimentation et la l’agriculture
(FAO), il existe 13 espèces de moringa
à travers le monde. Cet arbre « aux
baguettes de tambour » connu aussi
sous le nom de ben oléifère ou arbre à
raifort (Moringa olifera), est très répan-
du sur la planète. Il y a également le
Moringa stenopetala ou encore arbre à
chou. Cette plante nutritive peut être
cultivée dans différents types de sol, car
elle ne nécessite pas beaucoup de soins
et a une capacité de s’adapter même à
des sols les plus pauvres et arides. En
Haïti, on connait le végétal sous le nom
de « Oliv ou benzoliv. »
Caractéristiques du moringa
La moringa est une variété d’arbrisseaux
servant à usages multiples. On utilise
ses feuilles, ses racines et ses gousses
vertes comme légumes. Toutes les par-
ties de l’arbuste telles : écorce, gouss-
es, feuilles, noix, graines, tubercules,
racines et fleurs, sont utilisées dans
l’alimentation et peuvent être com-
mercialisées. Les feuilles du moringa
sont utilisées fraîches ou séchées et
transformées en poudre. Les gousses de
la plante olifera contenant les graines
sont cueillies encore vertes aux fins
de cuisson pour être consommées. De
ses graines sèches, on extrait de l’huile
douce encore propre à la cuisson. Cette
huile, tirée du moringa, ne sèche pas
et est conservée facilement. Le mor-
inga peut être consommé sous diverses
formes. Les graines sont consommées
vertes, grillées, en poudre, ou trempées
pour le thé ou l’écurie.
Origine du moringa
Le moringa qui est au nombre de 13
espèces est cultivé un peu partout
dans le monde. Le Moringa oleifera,
cet espèce qui à la plus grande valeur
économique, est originaire d’Asie du
Sud où elle pousse sur les contreforts
de l’Himalaya - cette chaine de mon-
tagne du sud de l’Asie centrale dans
le Cashmir indien long de 2400 kms.
Elle est largement cultivée sous les
tropiques. Dans l’Est de l’Éthiopie,
au nord du Kenya, et en Somalie, on
trouve neuf espèces.
Où est cultivée la plante olé-
ifère ?
Le moringa, riche en propriétés nutri-
tives pour les personnes et pour les ani-
maux, est cultivé en Afrique de l’Ouest,
de l’Est et du Sud, en Inde, en Éthiopie,
aux Philippines, au Soudan. Dans ces
régions de la planète, elle est consi-
dérée comme une culture importante.
Aussi, elle est cultivée en Asie tropicale,
en Amérique latine, dans les Caraïbes,
en Floride, au Canada et dans les Iles
du Pacifique.
Les vertus du moringa
Les feuilles du moringa sont riches en
protéines et en vitamines A, B C, D et
E et en minéraux. Il est fortement con-
seillé aux femmes enceintes et allaitan-
tes d’en faire usage fréquent dans leur
consommation et celle des nourrissons.
Ce végétal qui n’a pas peur de la sécher-
esse, pousse des bourgeons, des feuilles
et des gousses tout au long de l’année.
C’est une source intarissable de légume
vert. Elle pousse vite et n’a pas de
saison. Cependant, il ne tolère pas les
sols saturés d’eau. Cette graminée, qui
est un arbuste, sert de brise-vent et pro-
tège le sol contre l’érosion. Les produits
extraits du moringa ont des propriétés
antibiotiques, antispasmodiques, anti-
inflammatoires. On utilise également le
moringa pour minimiser les risques de
développement de certaines maladies
telles : les trypanosomes, les ulcères,
l’hypocholestérolémie, l’hypoglycémie.
On s’en sert aussi pour régulariser la
tension artérielle. C’est une véritable
source de nutrition maternelle et infan-
tile, de médicament et de revenus pour
la famille, a soutenu la FAO.
Promouvoir le Moringa en
Haïti
Haïti emboîte le pas vers la production
du moringa. En effet, sous l’obédience
des ministères de la Santé publique
et de l’Agriculture, avec la participa-
tion d’une bonne partie du secteur
privé, une séance de travail a été tenue
en Haïti en avril 2013, dans le but
d’élaborer et de valider le Programme
national de culture et d’utilisation du
« Benzolive. Aussi, l’autre objectif de
cette rencontre était d’encourager la
population à le vulgariser, à le cultiver
et à le consommer. Selon les données
présentées par le Dr Joceline Marhone
Pierre, nutritionniste au MSPP qui est
intervenue lors de ces assises, le mor-
inga contient trois fois plus de fer que
l’épinard, autant de potassium que les
œufs, sept fois plus de vitamine C que
l’orange, quatre fois plus de vitamine A
que la carotte, trois fois plus de potassi-
um que la banane et quatre fois plus de
calcium que le lait. D’où l’importance
de consommer le moringa.Les acteurs
de cet événement sont unanimes à
reconnaître que la richesse et les vertus
de cette plante nutritive et médicinale
d’une qualité rare font d’elle, une plante
miracle pour Haïti. Ils invitent la popu-
lation à cultiver le « Benzolive » pour
faire le reboisement afin de réhabiliter
la couverture forestière d’Haïti.Il faut
souligner que la FAO a fait ces révéla-
tions lors de l’annonce d’une étude sur
la production commerciale du Moringa
en Haïti.
«Moringa oleifera » (Benzolive) :
une richesse nutritive à mettre en valeur en Haïti
Par Ronald Singer
Le moringa est une plante miracle pour Haïti. Les gens qui évoluent dans le secteur de la santé sont unanimes
à le reconnaître. Elle contient trois fois plus de fer que l’épinard, autant de potassium que les œufs, sept fois
plus de vitamines C que l’orange, quatre fois plus de vitamines A que la carotte, trois fois plus de potassium
que la banane et quatre fois plus de calcium que le lait, a fait savoir le docteur Joceline Marhone Pierre, une
nutritionniste au MSPP.
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  • 1. » P. 19 » P. 22 »   P. 6 CULTURE SPORT » suite page 6 » lire page 3 Kervens Fils Belfort en Turquie pour deux ans par Kenson Désir 28 juillet 2015, les étudiants ont gagné le pavé Par Carl-Henry PIERRE L es symboles sont là pour rap- peler à cette société les che- mins parcourus. Cependant, l’occupation américaine est presque effacée de la mémoire haï- tienne. Aucun symbole majeur ne vient rappeler ce fâcheux événement afin de corriger les erreurs et d’éviter qu’elles ne se renouvellent. En effet, comme l’explique Leslie Péan dans « L’Occupation américaine et les larmes de sang prédites par Hannibal Price », « manger et boire » ne peuvent nul- lement constituer une marque de progrès, surtout pour un pays qui a réhabilité la liberté comme valeur tran- scendante de l’humanité. Heureusement, dans la mémoire des hommes, comme un héritage, ces souvenirs demeurent et se transmettent. Pour les générations d’après, ces bribes remodelées d’une histoire marquée par le « cynisme et la férocité » de l’occupant, restent le seul lien avec cette époque qui a orienté la vie et contribué à ce que les Haïtiens sont devenus dans cet aujourd’hui pesant et incertain. Un grand déficit de symboles !Par Lionel Edouard HAÏTI / OCCUPATION AMÉRICAINE MERCREDI 29 JUILLET 2015 NUMÉRO 49 WWW.LENATIONAL.HT QUOTIDIEN • 25 gourdesRÉPUBLIQUE D’HAITI ACTUALITÉ « Agir, pour couper court à toute nouvelle occupation » HAÏTI / CENTENAIRE DE L’OCCUPATION AMÉRICAINE Certains événements laissent des traces indélébiles dans la mémoire collective. Non seulement par leur impact dans l’espace physique, mais aussi par les modifications apportées dans la construction de l’homme. Un homme nouveau, différent, né précisément dans un contexte où le changement de paradigme, la rupture deviennent incontournables. Les symboles matériels de ces époques rougis par le sang de nos semblables nous appellent à la raison et à la responsabilité dans nos actions. Le Premier ministre Évans Paul au cours d’un point de presse à la Primature, le 28 juillet 2015./ Photos : Stephen Ralph Henri Une campagne sur fond de violences Par Noclès Débréus
  • 2. 2 | N0 49 MERCREDI 29 JUILLET 2015 TRIBUNE C ent ans après l’occupation américaine, Haïti reste et demeure un territoire occupé. Ce qui prouve que la désoc- cupation n’a jamais été totale et n’a été que maquillée. Car on se rappelle qu’en 1994 les bottes américaines ont encore foulé le sol national pour ramener le président déchu Jean-Ber- trand Aristide au pouvoir. Et depuis 2004, la Minustah s’est établie dans le pays pour y rester jusqu’à l’écriture de ce présent article. Quelles sont les rai- sons majeures de ce retour récurrent des forces étrangères, plus particu- lièrement les forces américaines, dans le pays ? En quoi leur présence nous est-elle utile ? Pourquoi Haïti reste et demeure un pays sous-développé malgré l’intérêt accru des Américains ? En quoi leur présence répétée sur le sol haïtien a-t-elle contribué au développement d’Haïti ? C’est à ces questions que nous allons essayer de répondre pour expliquer en quelques lignes le lourd fardeau qu’a laissé l’occupation américaine de 1915 pour le pays. Il n’est un secret pour personne que la fameuse formule de Monroe, «l’Amérique aux Américains», con- stitue le fer de lance de la politique extérieure des États-Unis. Ce qui signifie que l’assassinat du président haïtien Vilbrun Guillaume Sam à la légation française n’a été qu’un prétexte dont les Américains ont allègrement profité pour concré- tiser un vieux rêve. Pour les Yankees, il fallait à tout prix rompre les influ- ences française et allemande dans les affaires politiques et économiques haïtiennes pour prendre de plein gré le contrôle administratif et politique du pays. Considérant que la situation géographique d’Haïti fait de celle-ci l’un des territoires constituant le « Back Yard » des États-Unis. Parce qu’avant tout, ce qu’on doit comprendre, c’est que l’amendement Platt de 1901 conférait déjà aux États-Unis le contrôle de la baie de Guantanamo à Cuba. Plus tard, en 1907, c’était le tour de la République dominicaine qui eut à conclure un traité avec les États-Unis pour recon- naître leur droit de percevoir et de décaisser les recettes douanières ainsi que celui de protéger le receveur général des douanes et ses assistants dans l’exercice de leurs fonctions. En 1911, par l’intermédiaire du président Diaz, le Nicaragua était neutralisé. Il lui fut imposé de force la « diplomatie du dollar ». Donc, l’intervention américaine en Haïti en 1915 doit être surtout comprise comme une suite logique, autrement dit comme un « effet domino » . Maintenant les occupants américains, une fois installés dans le pays, avaient comme comportement l’humiliation des nationaux, l’irrespect des lois, l’accaparement manu militari de ses richesses. De ce fait, si au commence- ment les élites noires et mulâtres acceptèrent l’occupation, la paysan- nerie, de son côté, y opposa une résistance farouche sous le leader- ship de Charlemagne Péralte qui fut remplacé par Benoît Batraville après son assassinat. La corvée qui était une loi qui obligeait les paysans à fournir six jours de travail gratuits pour la construction et l’entretien des routes a été rétablie ; les dérivés de la canne à sucre ont été taxés ; des mesures féroces ont été prises pour éviter l’émigration massive des pay- sans vers Cuba ; les paysans étaient privés de beaucoup de terre au profit de la culture massive du sisal implan- tée par les Américains dans les pro- jets Shada. Ces raisons profondes ont causé l’ébullition des paysans dans le Nord comme dans le Sud . Vers 1929, les élites qui, jadis, con- cevaient de bon œil l’occupation tournaient le dos aux Américains. Car le progrès socio-économique dont ces élites espéraient bénéficier par l’entremise de l’occupation était illusoire. Les Blancs américains, pour la plupart venant du sud des États-Unis, affichaient des comporte- ments racistes envers ces élites. En outre, l’élite urbaine perdait de plus en plus le contrôle de la résistance paysanne bien menée par des lead- ers comme Charlemagne Péralte et Benoît Batraville. Les leaders poli- tiques, de leur côté, qui leur étaient soumis aveuglément dans le temps commençaient à se révolter au point de barrer la route à Borno pour un prochain mandat. Cette prise de con- science mêlée avec la résistance de la classe paysanne assoiffée de terres présageait l’imminence du départ des soldats yankees sur le sol haïtien. Le massacre de Marchaterre en décem- bre 1929, qui fit 22 morts et 51 bles- sés , constitue le paroxysme du senti- ment antiaméricain grandissant. C’est un article condensé sur lequel nous sortirons un ouvrage sous peu. Le 2 décembre 1823, James Monroe déclarait : « Aux Européens, le Vieux Continent, aux américains le Nouveau Monde. » Arrière-cour. Au niveau international, les États-Unis considèrent tous les pays de l’Amérique centrale comme leur arrière-cour. La diplomatie du dollar est une stratégie américaine qui consistait à prêter aux pays de fortes sommes d’argent pour ensuite prendre le contrôle de leurs douanes et de leurs C’est une théorie en relations réaction en chaîne qui provoquera un changement similaire, et ainsi de suite au cours d’une séquence linéaire. Dantès Bellegarde : « L’une des conséquences morales les plus désastreuses de l’Occupation, c’est le mépris général de la loi qu’elle a fait naître, la loi, étant devenue un simple instrument de règne qu’ un pouvoir n’impose plus aucun respect : on n’ y obéit que pour échapper à ses sévères sanctions, décrétées et appliquées par la force brutale. » Citation tirée de l’ouvrage de Péan, tome III, p. 108. Société haïtiano- américaine de développement agricole (Shada). Kethly Millet, L’occupation américaine et les paysans 1915-1930, Collectifs Paroles, p. 143. Le lourd fardeau de l'occupation américaine d'Haïti de 1915Par Stanley Karly JEAN-BERNARD Un regard critique de l’impact de l’occupation américaine de 1915 sur le devenir d’Haïti cent ans plus tard « Ce texte est écrit dans un contexte d’occupation pour rappeler que cent ans avant on était déjà sous « occupation ». Pour ainsi dire, rien n’a changé dans l’ordre des choses. En ce sens, on a démontré la liaison que les deux occupations ont entre elles. Cependant si à travers ces lignes nous avons fait beaucoup d’histoire, ce n’est pas pour rappeler un passéisme oublié mais pour plutôt utiliser le matérialisme historique cher aux scientifiques intéressés au matérialisme dialectique. Étant donné que l’avènement du socialisme scientifique est lié au matérialisme historique et dialectique, nous ne voulions pas procéder différemment. C’est un texte qui a été également écrit pour placer les niveaux de responsabilité dans le sous-développement du pays. Car il est vrai que l’histoire nationale regorge de crises intestines, mais il ne faut pas minimiser, voire ignorer le poids qu’a eu l’international communautaire à travers des occupations incessantes, des diktats répétés et des immixtions osées dans les affaires internes du pays. »
  • 3. MERCREDI 29 JUILLET 2015 N0 49 | 3 ACTUALITÉ Redresser la barre Lasociétéhaïtienneaétédanssonensemblechoquéeparlenombredecandidatsà seprésenterauxélectionslégislativesetsurtoutàlaprésidentielle. C’estledroitden’importequelcitoyendebriguerunefonctionélective.Ilestaussidu devoird’unesociétéresponsable,etsurtoutconscientedesproblèmesquiseposentà elle,deprévoirdesbalisespourquenepuissentseprésenterquedescandidatspou- vantseprévaloird’unesituation,d’unacquisetd’unnombresignificatifdecitoyens prêtsàs’engageraveceuxdanslesprojetsqu’ilsproposentàlanation. Notrenation,aprèsdesdécenniesdetâtonnements,dereculsetd’échecs,toujoursen proieàsesdémons,nepourrapasfairel’économie,àcourtouàmoyenterme,d’une vraierévisionconstitutionnelle. Larigueurbudgétaire,l’undesélémentscléspourlaconsolidationd’uneéconomie, passeparunesimpleéquation.Àchaqueunitémonétairedépenséedoitcorre- spondreuntravailnécessaire,unproduitimportant.Onnepeuts’embarquerdans cettecomédied’unpersonnelpolitiquepléthoriquequin’estd’aucuneutilitéàla nation.Dépensesfastueuses,chevauchementderesponsabilités,toutesceschoses etd’autresencoredoiventêtrebanniesdanslefonctionnementd’unÉtatsoucieux deperformance. Encorefaudra-t-il quelesacteurssurlascènenationaleprennentconsciencedufait quetousnosindicateurssontaurouge,carmêmedanscettesituationdramatique, certainspeuventestimerplusimportantdetirerleursmarronsdufeu,dejeterdes échellessurlesmursbranlantsdenotrequotidienpourespérertraverserseulsdans lemondemiragedesprivilèges.Nousavonstropdecitoyens,etpasdesmoindres,qui ontjetél’éponge,quipréfèrentjoueraufunambule,unemaindechaquecôtéduvide, tendantauxmarionnettisteslesprésentsquecesderniersattendentd’eux. Onneredresserapaslabarreenrestantdansdessentiersdéjàvisitésaveclesmêmes guidestropheureuxdenoségarementsdontilstirentbénéfice.Ilnousfautdes hommesd’Étatcapablesderanimerlesvraiesferveurs,d’engagerlesdiscussions essentielles,deconvaincreunpeuplemaintenantassoifféderenouveau,afinde prendrefinalementlesdécisionsquis’imposent. N’attendonspasquel’étrangernousaime.Oufassesemblantdenousaimer. Aimons-nousnous-mêmes. Gary Victor Édito « Agir, pour couper court à toute nouvelle occupation »par Stephen Ralph Henri CENTENAIREDEL’OCCUPATIONAMÉRICAINE » suite de la première page T out en invitant les Haïtiens à reconnaître leur part de responsabilités dans la première occupation américaine et les autres interventions militaires dans le pays, le Premier ministre Évans Paul appelle les Haïtiens à se responsabiliser et à travailler à la création de conditions non favorables à de nouvelles occupations du pays, au cours d’un point de presse, organisé pour marquer les Cent ans de la première occupation américaine d’Haïti. Comme dans une démarche de conscientisation, le Premier ministre croit, « tout en maudissant la date du 28 juillet », que tous les Haïtiens indistinctement doivent « reconnaître leur part de responsabilités », dans les interventions étrangères en Haïti. Évans Paul dénonce le fait que la « division et la mésentente » entre les citoyennes et les citoyens haïtiens ont toujours servi de « prétexte à l’étranger pour mettre la nation haïtienne à genoux ». Les soldats américains ont officiellement débarqué dans le pays le 28 juillet 1915, pour repartir le 21 août 1934. Au cours de ces dix-neuf années d’occupation, des milliers d’Haïtiennes et d’Haïtiens, spécialement des paysans, entre autres ceux qui se sont opposés à la politique de l’occupant, sont capturés, enfermés avant d’être exécutés. Les paysans ont été transformés en ouvriers agricoles. Les États-Unis, avec la complicité des dirigeants haïtiens, les avaient encouragés à s’exiler à Cuba et en République dominicaine, où ils ont été contraints de vendre leur force de travail, sur des plantations de firmes agricoles étasuniennes. Le Premier ministre Paul lance l’appel à tous les Haïtiens « de prendre la décision de tracer de meilleures conditions » pour « éviter la division » et évoluer dans « le respect et le progrès ». « Les Haïtiens de toutes tendances doivent adopter le principe de responsabilité partagée pour hisser le drapeau de la dignité du pays », enchaîne Évans Paul pour l’occasion. Dans cette perspective de vivre ensemble, tous les citoyens haïtiens sont conviés à s’investir de la mission « d’écrire une autre belle page d’histoire » d’Haïti, à l’instar des ancêtres Dessalines, Christophe, Pétion, Toussaint, Boukman et Mackandal. Évans Paul juge que cent ans après le premier débarquement des soldats américains, les Haïtiens sont face « à leur responsabilité » et sont appelés à faire preuve de maturité, particulièrement dans le contexte des prochaines élections générales. Après leur départ en 1934, des soldats de l’armée des USA ont foulé le sol d’Haïti en 1994, dans un contexte de discorde engen- dré par un coup d’État militaire en 1991. Ce retour a été effectif, soixante ans après leur départ en 1934, et soixante-dix-neuf années après leur débarquement. Ce nouveau débarquement a été accompli dans le cadre d’une coalition internationale dirigée par les États-Unis. En 2004, des militaires venus de divers- es nations sous la bannière de l’Organisation des Nations unies (Onu), se sont pointés au pays, une nouvelle fois, suite au départ pour l’exil du président, Jean- Bertrand Aristide. Cette mission militaire onusi- enne, toujours présente au pays, est considérée par des membres de la société civile haïtienne et des politiques comme une force d’occupation. De nombreuses organisations continuent de demander le départ de ces casques bleus. Le chef du gouvernement a également profité de la circon- stance pour saluer la mémoire des martyrs de cette occupation américaine.
  • 4. WWW.LENATIONAL.HT 10, RUE GABART · PÉTION-VILLE EMAIL: INFO@LENATIONAL.HT PUBLICITE@LENATIONAL.HT REDACTION@LENATIONAL.HT (509) 4611-1010 / 3214-5554 PROPRIÉTAIRE : LE NATIONAL. 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Suite au séisme, elle s’est aggravée davantage compte tenu de l’écroulement de la quasi- totalité des bâtiments préposés à l’enseignement », C’est ce qu’a déclaré le vice-recteur aux affaires académiques, Jean Poincy, à l’occasion d’une conférence de presse tenue le mardi 28 juillet 2015, dans les locaux du Rectorat de l’Université d’État d’Haïti (RUEH) à la rue Rivière. Absence de conditions adéquates à l’apprentissage, manque de documentation, sont, entre autres, les problèmes auxquels est confrontée l’UEH, selon Jean Poincy. Le vice-recteur se plaint aussi du fait que les autorités n’ont pas décaissé les fonds nécessaires à la reconstruction des différents bâtiments effondrés et fissurés logeant les entités de l’Université. Les promesses se sont multipliées. Mais aucune d’entre elles n’a été tenue. Aucun mécanisme n’a été misenbranleenvuederéhabiliterla quasi-totalité de ces infrastructures. À ces Facultés, souligne-t-il, les cours sont encore dispensés sous des abris provisoires. Ce n’est que récemment que les dirigeants ont réparé les locaux du rectorat. Il rappelle qu’en 2012, le gouvernement haïtien avait donné une contribution substantielle à l’UEH. Vu l’intensité des problèmes à résoudre à l’Université, cette somme n’a pas servi à grand-chose. Quid du Campus universitaire de Damien ? Après le passage du séisme de 2010, les autorités ont promis d’aménager le campus de Damien. Ce qui permettrait d’augmenter la capacité d’accueil de l’UEH. Ces promesses, affirme le vice-recteur, n’ont pas été respectées. Toutefois, malgré un décaissement, dit-il, d’un fonds substantiel, M. Poincy souligne que les responsables avaient d’autres travaux à réaliser dans le cadre de l’amélioration du système d’enseignement à l’UEH. Ils n’ont pas pu le faire. La question d’argent, selon lui, demeure le handicap majeur. En ce qui concerne le campus universitaire de Damien, M. Poincy affirme que le dossier semble être au point mort. Alors que plusieurs milliers de bacheliers vont sur le pavé à cause de la capacité d’accueil restreinte de l’UEH. Ce campus, précise-t-il, pourrait recevoir entre 25 à 30 mille étudiants. Qu’en est-il du local de l’ENS ? Selon ce qu’a déclaré M. Poincy, les autorités ont déjà procédé à l’acquisition du terrain qui devrait loger l’École normale supérieure(ENS). Cependant, le dossier reste sans suite à cause d’une question, dit-il, d’argent. Il a profité de l’occasion pour critiquer le retard accusé dans le budget consacré à l’UEH qui se fait en novembre. Inscriptions à l’UEH : Gare aux doublons Le vice-recteur rappelle aux postulants qui étudient déjà à l’UEH que la loi de 2008 leur interdit de s’inscrire à une autre faculté. Pas de doublon ! Cela, prévient M. Poincy, vise à favoriser l’accès à un plus grand nombre de postulants, rappelant que les responsables, durant cette année- là, en avaient constaté environ 865. Alors que 400 d’entre eux faisaient déjà partie d’au moins une entité de l’UEH. Prolongation des inscriptions Le Conseil exécutif de l’Université d’État d’Haïti (RUEH) informe le public en général et les postulant (e) s en particulier que les inscriptions au concours d’admission pour l’année académique 2015-2016 à l’UEH sont prolongées jusqu’au 12 août prochain. Débutées le 6 juillet dernier, ces inscriptions devraient prendre fin le 31 juillet prochain selon ce qu’a indiqué le vice-recteur. Cette prolongation, explique Jean Poincy, résulte du fait que le nombre de postulants inscrits, soit 5 mille, s’avère très insignifiant par rapport à l’année précédente où 30 mille 121 avaient été enregistrés. Cet effectif, précise le vice-recteur, est compréhensible compte tenu de la décision du ministère de l’Éducation nationale et de la Formation professionnelle de publier les résultats des examens du baccalauréat à la fin du mois de juillet. Jean Poincy invite les postulants à s’inscrire sous réserve en attendant la publication de la liste définitive des résultats de ces examens de la session ordinaire du baccalauréat. Il s’agit, à son avis, d’une grande première dans le cadre du processus des inscriptions en ce qui concerne les concours d’admission à l’UEH. Modalités d’inscription Quant au processus d’inscription, le vice-recteur informe que les postulantes et postulants doivent se munir, entre autres, du certificat de fin d’études secondaires, d’un extrait des archives nationales, matricule fiscal valide. Il a en outre expliqué que le rectorat a mis en place un système pour éviter les doublons. L’UEH, informe le vice-recteur, a une capacité d’accueil global estimé entre 25 à 30 mille étudiants pour cette nouvelle cohorte, entre 2 500 à 3000 étudiants entreront dans ses onze facultés. M. Poincy a en outre appelé les postulants à la vigilance au moment de leurs inscriptions. Soulignant que des personnes malhonnêtes tentent de tout faire en vue de soutirer d’eux de l’argent et risquent de compromettre leurs inscriptions. Il a aussi rappelé que les demandes sont énormes à l’UEH. Arguant qu’en 2013, près de 28 mille 634 postulantes et postulants ont participé aux concours d’admission. En 2012, dit-il, ce nombre était un peu réduit. Il était passé à 27 mille 244. L’effectif le plus bas suite au cataclysme de 2010, était celui de 2011 avec environ 16 mille 338 postulants. Jean Poincy a, par ailleurs, indiqué que l’UEH dispose, mis à part, son programme de maîtrise, d’un programme post-doctoral.
  • 5. MERCREDI 29 JUILLET 2015 N0 49 | 5 ACTUALITÉ E n effet, la construction du Complexe administratif, la place d’Armes et le marché communal des Gonaïves sont, entre autres, des exemples concrets. Le complexe administratif est le plus vieux des chantiers. Certains disent qu’il est un éternel chantier. Lancé en avril 2005, le chantier du complexe administratif et socioculturel des Gonaïves est déjà vieux d’une décennie. À l’heure actuelle, rien n’est encore concret en termes d’avancée des travaux. On peut remarquer la réalisation de sa base et l’implantation de quelques poteaux. Les travaux sont de temps à autre interrompus. Ces interruptions fréquentes ont eu lieu, du fait que les ouvriers ne peuvent pas percevoir leur salaire régulièrement et à cause de l’insuffisance des matériaux, avons-nous appris. La construction du complexe administratif sert d’outil politique pour les autorités, ont déploré plusieurs citoyens de la ville. À plusieurs reprises, l’ex-député Sadrac Dieudonné a laissé croire qu’il a entrepris des démarches pour l’avancement de ces travaux. En 2015, au cours d’une marche, l’ex-Sénateur Youri Latortue a lui aussi opté pour la poursuite des travaux du complexe administratif. Alors que les ouvriers étaient très critiques envers le maître d’ouvrage, qui aurait refusé de les rémunérer. Selon les informations, ce projet a été financé par la Banque interaméricaine de développement (BID). Tous les chefs-lieux de département du pays sont pourvus d’un complexe administratif, mais celui de la ville des Gonaïves est encore inachevé, a-t-on appris. La place d’Armes des Gonaïves est sur sa deuxième initiative de rénovation inachevée. D’abord, en 2003, sous la présidence de Jean- Bertrand Aristide, et en suite à la fin de l’année 2014 avec le régime Tèt kale. La remise de l’ouvrage était prévue pour le 1er janvier 2015. Depuis l’ouverture forcée du chantier, le 1er janvier dernier, à l’occasion de la commémoration du 211e anniversaire de notre indépendance, les barrières restent fermées jusqu’à date. Les autorités municipales ne peuvent donner d’explications claires. La société civile gonaïvienne ne cesse de critiquer les responsables. L’exécution du projet était confiée à la Société haïtienne de construc- tion (SOHACO) et la primature en est le maître d’ouvrage, lit-on sur un panneau placé dans le péri- mètre de la place. Deux fois incendié, le marché communal des Gonaïves est en chantier depuis quatre ans. Peu après l’incendie de ce centre commercial, dans la nuit du 20 au 21 mai 2011, les autorités avaient lancé les travaux de restauration de cet espace. Ces travaux devaient durer trois mois, avait déclaré Saint Justin Pierrelus, maire titulaire de l’époque. Nous sommes aujourd’hui en 2015, le marché communal des Gonaïves ne peut rouvrir ses portes. Depuis le lancement des travaux de restauration du marché, la ville a connu quatre commissions communales intérimaires. La réouverture du marché communal a représenté pour eux un véritable défi. Signalons que l’inauguration du marché communal a été faite par le président de la République Michel Joseph Martelly, en novembre 2013, c’est ce qu’on peut lire sur le site officiel du ministère de la Communication. Interrogé par Le National, le président de l’actuelle commission communale, Jean Robert Louidor, a refusé de se prononcer sur le dossier du marché communal et sur celui de la place d’Armes des Gonaïves. Gonaïves, siège des chantiers publics mauditsPar Dieulivens Jules HAÏTI/INFRASTRUCTURES Décidément, la construction ou la réhabilitation des bâtiments publics dans la cité de l’Indépendance constitue un véritable casse-tête chinois. Depuis le déblocage des fonds pour le projet jusqu’à sa mise en œuvre, une main maudite semble planer sur les chantiers publics de la ville.
  • 6. P as une semaine ne passe sans que des cas de violences liées à la question électorale ne soient enregistrés un peu partout à travers le pays. Personne n’est à l’abri. Le lundi 27 juillet, Pierre Louis Kersy, président du bureau électoral communal (BEC) de Beaumont, commune de la Grand- Anse, a été pris en otage par le candidat à la députation pour cette circonscription sous la bannière du parti politique Paysan, Marc Daniel André, suite à la publication de la liste desnomsdessuperviseursélectoraux. Le candidat s’est présenté calmement au BEC en vue de produire une doléance relative à certains noms qui sont engagés dans la campagne électorale avec des candidats au vu et au su de tout le monde alors qu’ils sont retenus comme superviseurs, nous explique le président du BEC. En réponse, Pierre Louis Kersy nous dit avoir informé le candidat que de tels cas ne relèvent pas de la compétence du Bureau électoral communal, car les superviseurs sont recrutés directement par le Conseil électoral provisoire via les bureaux électoraux départementaux (BED). N’étant pas en mesure de satisfaire sa demande, Marc André Daniel, accompagné d’une foule en furie, lui a demandé de vider les lieux afin de procéder à la fermeture du bureau. Refusant de se soumettre à la demande du candidat, le président du BEC a été séquestré dans les locaux dudit bureau durant une bonne heure avant que la police et un juge de paix n’arrivent sur les lieux. Après le constat du juge de paix, dans l’après-midi, Marc André Daniel et ses partisans ont quand même procédé à la fermeture du BEC, a informé Pierre Louis Kersy qui dit constater un calme apparent, le mardi 28 juillet 2015, dans la commune alors que le bureau électoral a pu retrouver son fonctionnement normal. Le porte-parole du Conseil électoral provisoire, Frantz Bernadin, dit n’être pas informé de cet incident, alors que le président du BEC a fait savoir que la conseillère Lourde Edith Joseph, en mission dans la Grand-Anse, a été informée sur-le-champ du déroulement des événements. Ce n’est pas un cas isolé. Les communes de Petit-Goâve, de Cayes-Jacmel et de Marigot ont été aussi le théâtre d’actes de violences. Outre les attaques sur des institutions électorales, la guerre entre les candidats ou leurs sympathisants fait peur. Les colleurs d’affiches sont souvent en proie à ces violences. La semaine écoulée, à Carrefour, dans l’Ouest, trois jeunes garçons ont été retrouvés morts alors que les informations ont rapporté qu’ils étaient en train d’apposer des affiches pour le candidat de la plateforme VERITE. De plus, les menaces réciproques entre candidats sont légion. Récemment, les responsables de la Fusion avaient dénoncé une série de menaces dont sont l’objet leurs candidats. La Plateforme VERITE, de son côté, projette une marche pour ce mercredi 29 juillet pour dénoncer les violences et menaces dont sont victimes les aspirants législateurs. Alors que certains actes de violences sont placés à l’actif des partisans du PTHK, les responsables de cette plateforme politique n’entendent nullement cautionner de tels agissements. Le directoire du parti présidentiel a, dans une note de presse, condamné avec véhémence les actes de violences perpétrées lors du déroulement de cette campagne électorale. Il lance ainsi un appel à cultiver la tolérance à tous les acteurs impliqués dans le processus électoral. De son côté, le décret électoral du 2 mars 2015 interdit les actes de violences en son article 116, stipulant que, durant tout le processus électoral, les candidats et leurs partisans doivent observer une attitude correcte. Ils doivent se garder de toute incitation à la violence et de tout acte mettant en péril la vie et les biens de la population, sous peine de sanctions prévues par le Code pénal. Le commissaire du gouvernement ou le juge de paix, assisté d’agents de la PNH, régulièrement saisi par le CEP, engage les poursuites. À la question de savoir les suites que le CEP entend donner à cette vague de violences répétées lors du déroulement de la campagne, Frantz Bernadin a informé que l’institution électorale était en train de diligenter une enquête pour pouvoir déceler si ces violences sont liées réellement à la question électorale. Entre- temps, personne ne sait où est passé le plan de sécurité de la Police nationale, annoncé depuis le début de la campagne. 6 | N0 49 MERCREDI 29 JUILLET 2015 ACTUALITÉ Un grand déficit de symboles !Par Lionel Edouard Une campagne sur fond de violencesPar Noclès Débréus HAÏTI/ÉLECTIONS HAÏTI/OCCUPATIONAMÉRICAINE 1915 est derrière, malgré la hantise de cette honte nationale infligée peu après une indépendance centenaire. Pierre Sully, Charlemagne Péralte et Benoît Batraville sont du lot. Rien que ça. Peine est de constater qu’aucun symbole ne vient rendre gloire à ces héros déchus par leur propre peuple victime d’une amnésie provoquée et orientée. Le Champ de Mars est vide ou vidé des traces de cette époque. Pourtant, aux grands hommes qui ont marqué l’histoire, des offrandes florales, constituant un devoir de mémoire, sont présentées tous les ans, encore plus tous les cent ans. Ceux-là qui ont vécu l’enfer des montagnes entre 1920 et 1930 sont épargnés de ces honneurs et n’existent que dans les discours circonstanciés des politiques intéressés. De 1915, restent donc les sagas des historiens et les contes démodés des vieillards. « Nous sommes passés par une période d’expulsion de la mémoire. » Les actions de certaines gens de l’époque, notamment des autorités, ont été préjudiciables dans la conservation des souvenirs pour la postérité. Wesner Emmanuel confie que, malgré les trahisons du président Sténio Vincent, considéré comme un chantre de la futilité par Leslie Péan pour sa participation à la corruption généralisée et la destruction de l’essence haïtienne, celui-ci avait pris sur lui d’installer dans les grandes villes des bibliothèques avec de nombreux ouvrages retraçant cette période qui a changé le cours de l’histoire du pays. Au grand dam des générations actuelles, ces hauts lieux de mémoire ont été pillés les soirs, durant l’administration de Paul Eugène Magloire. « Des camions sont venus, la nuit, et ont emporté les bouquins. » Un drame que Wesner Emmanuel a vécu dans la ville des Gonaïves et qu’il dépeint avec amertume. Même les grands sites historiques n’ont pas été épargnés. Le vieil historien explique que des lieux comme la Ravine à couleuvre étaient pourvus de monuments qui ont bizarrement disparu au fil des ans. Même l’enseignement de l’histoire a connu des censures. Les adeptes de la théorie du complot y verront sans doute un pacte entre les nationaux et les étrangers au détriment même de la nation. Cette fourberie que dénonce Wesner Emmanuel prend un ton plus soutenu durant la période duvaliériste, où l’occupation américaine disparaît du cursus académique. Aucun appel à protéger la mémoire n’a réussi à inverser cette tendance en vue de garantir aux générations futures cette connaissance nécessaire des faits qui ont façonné leur environnement. La destruction des symboles qui participent, pour Wesner Emmanuel, d’un complot global ourdi pour la destruction de la mémoire haïtienne, trouve son origine dès l’Indépendance. Un événement que les renégats dépeints par Louis Joseph Janvier ont, à maintes reprises, tenté de saboter. L’après 1986 et cet ordre démocratique mal digéré n’offrent guère un meilleur sort dans cette lutte subtile pour la sauvegarde de la mémoire. En exemple, Wesner Emmanuel cite Fort Dimanche, lieu de torture célèbre, témoignage de la férocité duvaliériste rejeté dans les oubliettes, alors qu’un nombre incalculable de victimes aux âmes meurtries crient encore justice dans les méandres de l’histoire. Pour juguler ce projet macabre d’éradication du passé qui, malgré certaines déconvenues, continue d’inspirer l’humanité, le professeur d’école appelle à un effort collectif pour protéger ce qui fait l’essence du pays. » suite de la première page
  • 7. MERCREDI 29 JUILLET 2015 N0 49 | 7 L a dernière carte de pauvreté d’Haïti remonte à environ une dizaine d’années. Elle a été réalisée en 2004, sous la direction du MPCE. Les réalités socio- économiques du pays ayant changés, l’ONPES se lance dans une campagne d’actualisation des informations disponibles, en vue de doter Haïti d’unenouvellecartedepauvreté.Selon Shirley Augustin, coordonnatrice de l’ONPES, la première carte produite a été seulement axée sur la statistique des besoins fondamentaux insatisfaits de la population, tels que nourriture, éducation, assainissement, santé, etc. Mais avec la nouvelle carte, rassure- t-elle, l’ONPES va non seulement diagnostiquer ces problèmes, mais aussi il va doter la population de meilleurs moyens pour sortir de la pauvreté. C’est une carte qui vise à mettre l’accent sur les zones les plus pauvres en Haïti, à identifier les personnes les plus vulnérables et à repérer leurs principaux besoins, pour ensuite faire des recommandations. Avec cet outil, l’ONPES caresse l’idée d’aider le gouvernement à avoir une meilleure planification en termes de priorisation des actions pour améliorer la situation des classes les plus défavorisées du pays. La coordonnatrice a de plus indiqué que la méthodologie de l’élaboration de cette nouvelle carte comprend trois aspects spécifiques. L’ONPES va vérifier l’existence des services sociaux de base, et ensuite contrôler si les services sont fonctionnels, s’ils sont dotés des ressources humaines et matérielles qu’il faut pour répondre aux besoins de la population, pour enfin jeter un œil sur l’accessibilité à ces services sociaux. Avant le lancement de la grande opération de la carte de pauvreté sur l’ensemble du territoire national, l’ONPES et le Centre national d’information géo- spatiale (CNIGS) ont réalisé une opération pilote de collecte des données du 5 au 12 juillet 2015, en vue de tester la méthodologie qui va être adoptée, ainsi que les outils de collecte préparés à cet effet. Environ 10 millions de gourdes, fournies par le Trésor public et l’Union européenne ont été injecté pour la réalisation de cette opération de pilotage. L’opération a été menée plus précisément dans les départements du Nord-Est, et du Nord-Ouest, et les informations recueillies ont révélé que les milieux ruraux sont les plus touchés par le phénomène de pauvreté en Haïti. Plus d’une centaine d’agents de l’ONPES et du CNIGS, accompagnés de plusieurs cadres du MPCE, ont été déployés sur le terrain pour la collecte de ces données quantitatives relatives aux services sociaux de base disponibles dans les zones ciblées. Les agents ont en ce sens organisé des ateliers de focus group destinés à recueillir les données qualitatives nécessaires, pour évaluer les informations relatives à la dotation des services, leur accessibilité et leur fonctionnalité. Actuellement, indique Mme Augustin, les équipes techniques sont en train de traiter les informations recueillies, de manière à produire les différents rapports qui permettront d’aboutir à partir d’octobre prochain, à la concrétisation de cette nouvelle carte de la pauvreté d’Haïti. Une nouvelle carte pour mieux appréhender le problèmePar Évens RÉGIS HAÏTI/PAUVRETÉ Le ministère de la Planification et de la Coopération externe (MPCE) et l’Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale (ONPES) ont annoncé lundi, au local du ministère de la Communication, l’élaboration prochaine d’une nouvelle carte de pauvreté et de potentialités d’Haïti. En phase de matérialisation, cette nouvelle carte va aider les instances concernées à disposer d’informations actualisées relatives à la pauvreté, pour une meilleure prise en charge de ce problème en Haïti. ACTUALITÉ
  • 8. 8 | N0 49 MERCREDI 29 JUILLET 2015 MONDE A Téhéran, la chef de l'UE salue une nouvelle page avec l'Iran Sources : AFP L a chef de la diplomatie de l’Union européenne Federica Mogherini a salué mardi un « nouveau chapitre » dans les relations avec l’Iran à l’occasion de sa première visite à Téhéran, effectuée moins d’un mois après la conclusion d’un accord nucléaire historique. La visite de Mme Mogherini est sur- venue à la veille de celle de Laurent Fabius, qui sera la première depuis 12 ans d’un ministre français des Affaires étrangères en République islamique d’Iran. L’accord nucléaire conclu le 14 juillet entre l’Iran et les grandes puissances va « ouvrir un nouveau chapitre dans les relations entre l’Iran et l’UE », et il s’agit mainte- nant de le mettre en œuvre, a dit Mme Mogherini lors d’une con- férence de presse avec le ministre des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif. Elle a discuté avec M. Zarif et le pré- sident Hassan Rohani de leur volo- nté commune d’appliquer l’accord qui vise à limiter au nucléaire civil le programme iranien contre une levée progressive et révers- ible des sanctions internationales, et d’entamer un dialogue de haut niveau. « De la même façon que des efforts ont été entrepris pour parvenir à l’accord, nous devrions nous con- centrer sur son application exacte et complète afin que nos nations et le monde puissent en apprécier les bénéfices », a dit M. Rohani. « L’Iran a toujours respecté ses engagements », a affirmé de son côté M. Zarif. « Nous avons parlé des mesures qui doivent être prises. Nous atteindrons ce stade d’ici 60 à 70 jours ». Téhéran « continuera à collaborer avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), j’espère que les Etats-Unis et l’UE continu- eront à appliquer leurs engage- ments », a-t-il ajouté. « Dialogue de haut niveau » M. Zarif a en outre affirmé que son pays et l’UE avaient « décidé de com- mencer une nouvelle phase de dia- logue de haut niveau », portant sur la coopération « dans les domaines de l’énergie, des transports, du commerce, de l’environnement, des droits de l’Homme (...) des crises régionales qui représentent une menace pour la région, mais aussi pour le monde entier en particulier l’Europe ». L’UE a joué un rôle important pen- dant les années de négociations entre l’Iran et les puissances du 5+1 (Grande-Bretagne, Chine, France, Russie, USA et Allemagne) qui ont été nécessaires à la conclu- sion de l’accord nucléaire. Mme Mogherini, dont la visite en Iran est la première en tant que chef de la diplomatie de l’UE, avait participé activement à la dernière phase des négociations. Ces deux dernières semaines, les opposants à cet accord, en particu- lier Israël, l’Arabie saoudite et les Républicains américains l’ont cri- tiqué à des degrés divers, arguant qu’il donnerait à l’Iran les moyens de renforcer son influence dans la région. En Iran même, certains conservateurs ont aussi critiqué le compromis, en estimant que les négociateurs iraniens avaient fait trop de concessions sans obtenir de garanties pour que les sanctions économiques soient levées rap- idement et qu’elles ne seront pas rétablies. Arabie VS Iran Avant sa venue à Téhéran, Mme Mogherini se trouvait à Ryad où elle qualifié l’accord de « signe d’espoir pour le monde entier », tout en assurant qu’elle comprenait « très bien » les inquiétudes saoudiennes. Elle y a notamment entendu les critiques du ministre saoudien des Affaires étrangères Adel al-Jubeir qui a exprimé sa colère au sujet des « déclarations agressives » de responsables iraniens. Dimanche à Koweït, M. Zarif a estimé que la région n’avait pas besoin « d’un changement de poli- tique de la part de l’Iran mais d’un changement de politique de la part de certains pays qui cherchent les conflits et la guerre », en allusion à l’Arabie saoudite. Le lendemain, à Bagdad, il a de nouveau accusé, sans les nommer, « certains pays de la région » d’attiser la violence. « Ces déclarations montent en puissance et il y en a beaucoup », a déploré M. Jubeir, « ceci est inac- ceptable pour nous ». Ryad et les autres monarchies du Golfe craignent que la levée des sanctions ne donne à l’Iran davan- tage de moyens pour soutenir ses alliés régionaux, s’inquiétant d’une influence grandissante de la Répub- lique islamique, qu’elles accusent d’interventionnisme à Bahreïn, en Irak, en Syrie, au Liban et au Yémen. J onathan Pollard, citoyen améri- cain condamné en 1987 à la prison à perpétuité aux Etats- Unis pour espionnage au profit d’Israël, bénéficiera en novembre prochain d’une mesure de libération conditionnelle après trente années de détention, ont annoncé mardi ses avocats. Cette libération devrait intervenir le 21 novembre, ont-ils ajouté. Aux termes de la décision de la commission des libérations condi- tionnelles, Jonathan Pollard, qui aura 61 ans dans quelques jours, devra rester sur le territoire améri- cain pendant cinq ans mais le pré- sident Barack Obama pourra, s’il le désire, l’autoriser à se rendre en Israël dès sa libération. Le secrétaire d’Etat américain John Kerry a affirmé que cette libération n’avait aucun lien avec le récent accord conclu entre les grandes puissances et Téhéran sur le programme nucléaire ira- nien, accord qu’Israël a vivement dénoncé. Les deux avocats de Pollard, Eliot Lauer et Jacques Semmelman, ont également souligné que la déci- sion de la commission « n’était pas liée aux récents événements aux Proche-Orient ». Des responsables américains avaient récemment démenti les rumeurs selon lesquelles une pos- sible libération de Pollard visait à calmer la colère d’Israël à propos de l’accord de Vienne sur le nuclé- aire iranien, signé le 14 juillet. Officier dans les services de ren- seignement de la marine améri- caine, Jonathan Pollard avait livré de nombreux documents confidentiels aux Israéliens avant d’être arrêté fin 1985. Il avait plaidé coupable en juin 1986 et a été condamné à la prison à vie le 4 mars 1987. Son épouse de l’époque, Anne, condamnée à cinq ans de prison, a été libérée en 1989. Les partisans de Pollard jugent qu’il a été condamné trop dure- ment, puisqu’Israël est un pays allié des Etats-Unis et que nombre des documents qu’il a transmis à l’Etat hébreu ne pouvaient porter préjudice aux intérêts américains. Ils avançaient également l’état de santé du prisonnier, qui selon ses avocats souffre de diabète et d’hypertension. Les Etats-Unis vont libérer Pollard, qui espionnait pour Israël Sources : Reuters Jonathan Pollard, citoyen américain condamné en 1987 à la prison à perpétuité détention. / Photo : prise en mai 1991/REUTERS
  • 9. MERCREDI 29 JUILLET 2015 N0 49 | 9 MONDE L es services secrets canadiens disposent à l’étranger de 25 stations d’interception des échanges sur internet selon un document confidentiel publié par le groupe de pirates informatiques Anonymous. Les services secrets canadiens disposent à l’étranger de 25 stations d’interception des échanges sur internet et Ottawa a récemment déboursé 21 millions de dollars pour les rénover, selon un document confidentiel publié par le groupe de pirates informatiques Anonymous. Cette fuite d’informations sensibles a été révélée mardi par le National Post et a déclenché une enquête de la Gendarmerie royale ainsi que du Centre de la sécurité des télécommunications (CST, équivalent canadien de la NSA), selon la télévision publique CBC. Portant la classification «secret», ce rapport du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) est daté du 6 février 2014 et fait le point sur «la sécurisation des infrastructures réseaux du Service dans ses stations à l’étranger», est-il indiqué dans le document. Le SCRS y déplore un «processus de traitement des données inefficace et laborieux» dont les «retards nuisent à l’efficacité du Service et mettent en danger ses agents». Faute de logiciels modernes, les analystes travaillant au siège du service de renseignement, à Ottawa, «doivent examiner manuellement le grand volume d’informations reçues», souligne cette note. En conséquence, un investissement de 21 millions de dollars canadiens (14,6 millions d’euros) est demandé au gouvernement afin de connecter «en temps réel» les stations d’interception à l’étranger au quartier général du SCRS. Cela «permettra au service de satisfaire les besoins croissants du gouvernement en informations collectées en temps réel à l’étranger», est-il souligné. Dans son article, le National Post relève qu’Ottawa n’a jusqu’à présent reconnu l’existence que de trois stations d’opération du SCRS à l’étranger : à Washington, Londres et Paris. Le réseau est donc bien plus vaste et comprend «beaucoup» de stations d’interception «établies dans des pays en développement et/ ou instables», est-il noté. Le site du SCRS avait été visé fin juin par une cyber-attaque et quelques jours plus tôt le groupe de pirates informatiques avait revendiqué la paralysie de plusieurs portails internet d’agences fédérales. Le Canada forme, avec les Etats-Unis, le Royaume-Uni, l’Australie et la Nouvelle-Zélande, le groupe des «Five Eyes», une alliance de services de renseignement dont la puissance a notamment été mise en lumière par les révélations de l’ancien analyste de la NSA Edward Snowden. L'espionnage à l'étranger du Canada éventé par Anonymous Sources : AFP Un fils de Kadhafi condamné à mort en Libye, tollé international Sources : AFP S eif al-Islam Kadhafi, le fils le plus en vue du défunt dicta- teur libyen, et huit proches de ce dernier ont été condamnés à mort mardi à Tripoli, un verdict condamné par l’ONU, le Conseil de l’Europe et plusieurs ONG. Après un procès de 16 mois éclipsé par les vio- lences et les divisions politiques qui ravagent la Libye, des accusés, vêtus de l’habit bleu des prisonniers, la barbe rasée, ont assisté à la dernière audience, l’air impassible, assis en silence dans une cage noire. A l’annonce du verdict, l’un d’eux a crié « criminels, voyous, tyrans », avant d’être renvoyé de la salle. Seif al-Islam et 36 autres prévenus étaient jugéspourleurrôledanslarépression meurtrière de la révolte ayant mis fin à l’ancien régime en 2011. Ils étaient poursuivis pour assassinats, pillages et sabotages, actes portant atteinte à l’union nationale, complicité dans l’incitation au viol et recrutement de mercenaires africains. Souvent présenté comme le successeur potentiel de l’ex-dictateur, Seif al-Islam était absent à l’audience. Depuis son arrestation en novembre 2011, il est détenu à Zenten, aux mains de groupes aujourd’hui opposés aux autorités contrôlant Tripoli. Plus de trois ans après la chute du régime Kadhafi, la Libye, en proie au chaos, compte deux Parlements - et deux gouvernements - rivaux, l’un basé à Tripoli sous la coupe de la coalition de milices Fajr Libya, et l’autre dans l’est, le seul reconnu par la communauté internationale. Procédure entachée Sur les 37 accusés, 29 étaient présents dans la salle du tribunal du centre de Tripoli, où de strictes mesures de sécurité avaient été prises à l’occasion de l’audience. Le tribunal a également condamné à mort le dernier Premier ministre de Kadhafi, Baghdadi al-Mahmoudi, et son ex-chef des services de renseignements, Abdallah Senoussi, présents à l’audience. Seuls les condamnés à mort peuvent faire appel du verdict en vertu du droit libyen, les peines de prison étant applicables immédiatement, selon le procureur général. Au total, neuf accusés ont été condamnés à mort par peloton d’exécution, et huit à la prison à perpétuité. Quatre ont été acquittés et les poursuites ont été abandonnées pour un accusé qui sera transféré dans un hôpital psychiatrique. Les autres prévenus ont été condamnés à des peines allant d’un à 12 ans de prison. Le procès, ouvert en avril 2014,aétécritiquéparlesdéfenseurs des droits de l’Homme et marqué par un différend toujours en cours avec la Cour pénale internationale (CPI), qui souhaite juger Seif al-Islam. L’ONU a déploré les condamnations à mort, estimant que « les normes en matière de procès équitables n’ont clairement pas été atteintes » et que le tribunal libyen n’était pas parvenu « à établir la responsabilité pénale individuelle ». La procédure « est entachée de sérieux vices qui mettent en évidence l’incapacité de la Libye à rendre justice efficacement », a estimé Amnesty International. Human Rights Watch a rapporté que de nombreux accusés n’avaient pu bénéficier d’une défense digne de ce nom, et a appelé à un « réexamen approfondi et indépendant du verdict » par la Cour suprême saisie en cas d’appel. Le secrétaire général du Conseil de l’Europe, Thorbjørn Jagland, a dénoncé les condamnations à mort, estimant que l’affaire aurait dû être portée « devant la Cour pénale internationale de La Haye pour un procès équitable ». Vrai tribunal Seif al-Islam, qui a comparu au total à trois reprises par vidéoconférence depuis Zenten, n’a pas été vu depuis juin 2014 et on ignore où il se trouve, selon HRW. Il fait, comme Abdallah Senoussi, l’objet de mandats d’arrêt de la CPI pour crimes de guerre présumés lors de la révolte de 2011. M. Senoussi a été extradé en septembre 2012 par la Mauritanie, où il avait trouvé refuge après la chute du régime. Sa fille Salma, âgée de 17 ans, a demandé depuis son lieu de résidence en Angleterre que son père soit « présenté à un vrai tribunal à un endroit où le droit est respecté ». En mai 2014, la CPI, qui a réclamé à maintes reprises une extradition de Seif al-Islam, avait débouté les autorités libyennes de leur demande de le juger devant les tribunaux libyens, en raison des doutes sur la capacité de Tripoli à lui garantir un procès juste et équitable. La CPI avait toutefois donné son feu vert à la Libye pour juger M. Senoussi.
  • 10. 10 | N0 49 MERCREDI 29 JUILLET 2015 ÉCONOMIE La débâcle consacrée et programmée de l'économie haïtiennePar Henri Alphonse (3e partie) ENTREVUE P our les parties prenantes des folles équipées de la mon- naie nationale, c’est presque l’heure du bilan, leurs effets commençant déjà à se faire sentir. Mais faites gaffe ! Attention à ne pas se laisser conter fleurette. Une mise en garde que nous partageons avec l’économiste Eddy Labossière qui a gracieusement accepté d’accorder une entrevue au National*. La pointe de l’iceberg ? « Nous sommes au creux de la vague ! » Un long soupir. Presque un ricanement. Le professeur Labossière pourrait emprunter plus d’un millier de voies pour introduire le sujet. Il préfère raisonner par l’absurde. « La contrôle de la monnaie, déclare- t-il abruptement, ça n’entre pas dans les attributions de la Banque centrale. » Tiens, tiens ! Je hume l’air. Je flaire du gros gibier. Et notre interlocuteur de poursuivre : « L’une des attributions de la BRH, c’est la stabilité de l’inflation (...) Veiller à ce que l’économie ne soit perturbée par une augmentation des prix. » La stabilisation des prix. C’est peut-être la seule et vraie mission de la BRH. Évidemment, en intervenant pour sécuriser le cours de la gourde, on stabilise les prix. On agit ainsi indirectement sur l’inflation. « Comme le cours de la gourde par rapport au dollar est lié à l’inflation, l’on peut ainsi mieux approcher la problématique de la monnaie nationale. » Il va plus loin. Les autorités monétaires sont plutôt contentes quand elles constatent une dépréciation de la monnaie. Ce serait plutôt favorable aux exportations du pays. Ce n’est pas une mauvaise chose en soi. « Tous ceux qui reçoivent des recettes en dollar sont en train de festoyer (…) Pour la plupart, ce moment d’euphorie sera de courte durée, car ils devront subir le choc en retour, lorsque viendra le temps de constater la flambée des autres prix à la consommation. « Même l’État haïtien est en train de savourer ce moment lui aussi (…) Lorsqu’un importateur de marchandises déclare 50 millions – pour prendre un exemple – l’État, après en avoir prélevé les taxes, pourra toujours engranger le surplus de gourdes qui en résultera (…) L’État haïtien en profite ! » Et c’est le cas de tous ceux qui exportent et qui reçoivent des dollars. Le drame de l’économie haïtienne, c’est en quelque sorte cet arrimage de la gourde à l’inflation… D’où l’obligation des autorités monétaires de gérer la volatilité de la gourde sur le marché. Une situation de force majeure. Ma pensée s’envole vers les véritables perdants de cette situation. Ceux et celles qui ont dû subir les effets négatifs des récentes transactions impliquant la gourde comme intermédiaire des échanges. Que diront ces nombreux autres agents économiques qui en ont pâti ? Et qui probablement en pâtissent encore aujourd’hui ? Revenons à la réaction de la Banque centrale. Le gouverneur, Charles Castel, a fait état d’interventions à l’aide d’un certain nombre d’instruments à sa disposition. Eddy Labossière en énumère quatre. D’abord, une opération d’open market – marché ouvert –. Ensuite, la possibilité d’utiliser les réserves obligatoires, pour alléger le système de son trop-plein de gourdes. Et, enfin, les bons BRH. Et les mises en pension des bons, une opération de rachat des bons. « Nous y reviendrons ». Le gouverneur l’a bien expliqué. Les réserves internationales, ça fait moins d’un milliard de dollars en caisse, entre 800 et 850 millions de dollars de réserves de change. On dit aussi réserves internationales. Les réserves de change représentent les avoirs en devises étrangères – le dollar US surtout dans notre cas – ou en or détenues par une banque centrale. Elles sont utilisées par les autorités monétaires pour réguler les taux de change. Imperturbable, mon interlocuteur poursuit son diagnostic. Toujours sans aucune complaisance. Il regrette que le niveau des réserves internationales soit aussi bas. « Dans un passé récent, elles étaient de deux milliards. Presque. Actuellement, elles représentent six mois d’importation. » Autrement dit, la quantité de devises étrangères nécessaires au financement de six mois d’importation de marchandises. La Banque centrale a pour obligation de constituer des réserves équivalant à au moins trois mois d’importation. « De ces 800 millions, extrayons les 600 millions requis pour garantir les importations. Il nous reste 200 millions. Le gouverneur a donc 200 millions de dollars US à sa disposition pour intervenir sur le marché et y injecter des dollars le cas échéant ». Trop de gourdes en circulation, ça ne contribue pas du tout à l’amélioration de la santé de la monnaie nationale. Il faut donc intervenir dans le jeu de l’offre et de la demande et réduire l’offre de gourdes. C’est le cas. Et il faut ramasser le surplus de liquidité en gourde. Mais à qui profite le « crime » ? À qui la faute ? Ce surplus de liquidité, ces millions de gourdes supplémentaires en circulation, d’où proviennent-elles finalement ? Les fautifs épinglés La grande question. Maintenant, je ne me considère plus comme une victime non consentante de la canicule et qui fait semblant de l’ignorer. Je suis tous yeux et toutes oreilles. On est sur le point d’épingler les « coupables » et je suis aux premières loges. D’où sort donc ce surplus ? Il ne s’est sûrement pas matérialisé, comme ça, dans le système. Comme disait l’autre, en tout cas, « La matérialisation de la puissance ainsi mise en œuvre inscrit irrémédiablement le fait dans une histoire de pouvoir ». Pouvoir économique. Pouvoir politique. Soumis à la même conjugaison, les deux se complètent et le cas est avéré. Alors, la provenance de ce surplus de gourdes ? Mon interlocuteur en a sans doute eu assez de faire durer le suspense. Et il se décide à les identifier. Pas pour lui car ces choses-là lui sont bien familières. Mais pour moi qui suis impatient de savoir et pour mes lecteurs aussi. Je le disais au tout début de cet entretien : le temps est venu de savoir. De comprendre. Les auteurs de ce surplus de liquidité, ce sont d’abord les banques commerciales. « Si vous avez la possibilité d’avoir accès à certaines données – explique notre économiste – vous verrez que l’épargne nationale équivaut à environ 40 milliards de gourdes. Cette épargne ne fait pratiquement pas l’objet de prêts. » Eddy Labossière prend une pause, peut- être le temps de mesurer l’effet que cette information a sur moi. Me voilà admis dans le cercle des initiés. Apprenti initié, ça se dit, n’est-ce pas ? Ces 40 milliards de gourdes, elles appartiennent aux épargnants et les banques, par peur d’un environnement inadéquat, rechignent à les verser dans leur portefeuille de crédit. « L’épargne haïtienne – s’exaspère notre économiste –, est enfermée dans les banques, pendant ce temps les entreprises ne peuvent pas trouver de l’argent pour investir. » Voyez-vous l’élément pervers de la situation ? J’acquiesce de la tête, songeur. Et lui de s’exclamer : « C’est une situation de plus grand danger pour la gourde ! » Je commence à assembler les pièces de ce nouveau puzzle. La décote de la gourde, la pointe de l’iceberg. Cachés, les marionnettistes qui tirent les ficelles et décident de notre quotidien. Le tout, sans état d’âme. L’important étant de faire fortune, bien vite, de temps en temps. Tout le temps. Des secteurs de pouvoir dans le secret des dieux. Des gens sachant convertir des contraintes en opportunités. Des spécialistes de l’intrigue. Des experts de la cooptation. Je respire profondément. Il fait tout à coup plus chaud ! « L’épargne nationale est enfermée dans les banques et savez-vous ce que les banques en font ? Ces gens vont l’utiliser pour spéculer. » Le mot est lâché. La spéculation, sur fond de pauvreté extrême. Miserere mei : Deus ! Un système bancaire régi par une loi. Une épargne nationale récupérée et qui dort dans les caisses. Savez-vous que c’est le plus grand danger pour la gourde ? Nous faudrait- il un génie, avec le savoir-faire approprié et qui sache comment « libérer » cette épargne ? Comment, dans un environnement des affaires inapproprié, un environnement légal inadapté, obtenir que l’épargne soit réinvestie dans l’économie ? Le temps des questions fondamentales. Et des réponses appropriées. Le temps d’identifier les autres artisans de la décote de notre monnaie nationale. Ils ne sont pas légion. Ce sera le sujet du prochain article. *Voir les éditions # 47 et 48 pour les deux premières parties de cette entrevue. La dégringolade de la gourde a fait des heureux et des perdants. Le malheur des communautés a fait le bonheur de quelques camarillas. Les récentes équipées de notre monnaie nationale l’ont suffisamment démontré. La valse-hésitation des autorités monétaires sur l’air de « je fais une sortie publique… ou pas » lui a coûté des plumes. Les agents économiques qui ont eu à concocter la décote de la gourde sont identifiables et identifiés.
  • 11. MERCREDI 29 JUILLET 2015 N0 49 | 11 ÉCONOMIE Port de l'uniforme unique, déficitaire pour les fournisseurs et détaillants de toiles ?Par Therno N. A. Sénélus C ’est ce qu’ont fait savoir au National, des employés de l’entreprises ACRA (Pétion- Ville) et d’autres marchandes du Centre-ville de Port-au-Prince dans leurs commentaires. Depuis cette annonce faite par Nesmy Manigat, titulaire du ministère de l’Éducation nationale et de la Formation professionnelle (MENFP), certains fournisseurs et détaillants sont très acerbes du fait que cet arrêté engendredesdéficitssurleurschiffres d’affaires en gelant leurs commandes déjà entreposées dans des industries comme à l’accoutumée. On doit le savoir. On n’a pas d’industries textiles en Haïti. À cet effet, il faut placer les com- mandes très tôt, selon l’avis des commerçants : « Depuis le mois de janvier, nous avons commandé une quantité de tonnes métriques de toiles pour toutes les écoles. Du kindergarden à la philo. Toutefois, la commande pour les lycéens était quasiment supérieure compte tenu de leur nombre dans le pays. Nous avons dépensé une forte somme d’argent pour faire un entrepôt ». Certains fournis- seurs et commerçants de toiles d’uniforme, à Pétion-Ville, sont très remontés contre cette déci- sion. Pour eux, c’est une décision informelle et chicanière. Ces négo- ciants affirment que le Ministre devait s’entretenir d’abord avec eux afin de trouver une meilleure façon de prendre une décision qui concerne exactement le secteur commercial. Ils déclarent que cette mesure ministérielle a un impact négatif sur le commerce des uni- formes pour les grossistes et les détaillants. Les industries étrangères ne vont pas nous rembourser l’argent investi dans les commandes. De plus, nous ne pouvons pas retourn- er les commandes déjà passées. Certains parmi nous ont encore des stocks de toiles restant de l’année dernière. Qu’est-ce qu’on va en faire ? », se désolent ces vendeurs qui critiquent vertement cette décision du ministre Nesmy Manigat. Néanmoins, ils disent espérer que le MENFP subventionnera même à 5 % les vendeurs, pourcentage qui, selon eux, ne représente rien par rapport au déficit enregistré chez les marchands. Sous les témoignages de certaines employées d’ACRA, la décision du MENFP affecte « tout le monde » sur le plan économique. « Cet arrêt oblige les parents à faire un autre calcul quant à leurs dépens- es. Il y en a ceux qui avaient déjà acheté des uniformes pour leurs enfants. Ils seront obligés d’en acheter d’autres. Surtout que les conditions de vie des gens sont très précaires. On croit qu’il serait sage que le ministre Manigat renvoie une telle mesure à l’année aca- démique 2016-2017 ». Marlène Jean a trois enfants : une fille et deux garçons respective- ment élèves de neuvième, rhéto et philo. Tous sont au lycée national de Pétion-Ville. L’année dernière, elle avait acheté des uniformes pour tous ces enfants. Pour la rent- rée des classes de septembre 2015, elle est obligée de se courber au principe établi par le MENFP alors que ses conditions de vie sont déjà très précaires. Elle s’explique : « Je vis dans des conditions difficiles. Bientôt ce sera la réouverture des classes. Jusqu’à date, je ne sais quoi faire. Je n’ai pas d’argent pour faire les préparatifs pour mes enfants». Pour Marle Jean, la décision du MENFP n’aurait pas de graves conséquences économiques sur la population si tout le monde avait un emploi. Elle souligne, par ail- leurs que cette décision fait tort aux consommateurs qui sont pour la majeure partie des chômeurs. Approuvant la position des com- merçants pétionvilois, Ariette Cinéus et Enold Flamant, tous deux détaillants de tissus au centre- ville, fustigent le comportement du titulaire du MENFP qui, selon eux, a soudainement pris une décision sans consulter les fournisseurs. Énold Cinéus s’en prend au min- istre Nesmy Manigat qui n’a pas tenu compte des déficits sur les achats de tissus enregistrés par les marchands. Pour lui, le gouverne- ment doit plancher sur ce cas afin de subventionner les marchands en situation déficitaire. À rappeler que cette décision prise par le MENFP sur le port de l’uniforme unique n’est pas impo- sée aux écoles privées. Le ministre encourage toutefois les directeurs de ces institutions à adopter la nouvelle mesure. L’arrêté présidentiel signé en conseil des ministres le 18 mars 2015 relatif au port unique de l’uniforme pour les élèves des écoles publiques, du fondamental au secondaire, a causé des déficits aux commerçants concernés, qu’ils soient grossistes ou détaillants. COMMERCE Vers la construction d'un centre polyvalent pour jeunes ? ECONOMIE-JEUNESSE L asectionpolitique-économique de l’ambassade du Canada à Port-au-Prince, en collabo- ration avec la Chambre de commerce et d’industrie haïtiano- canadienne (CCHIC) et en appui à la Jeune chambre internationale Haïti (JCI-Haïti), a commencé à collecter des fonds pour la construction d’un centre polyvalent pour la formation des jeunes dans la zone de Delmas, apprend AlterPresse. Une soirée a eu lieu le 23 juillet à Pétion-Ville dans le cadre des opérations de collecte de fonds pour le financement de cette con- struction. Le conseiller politique de l’ambassade, Tristan Laundry, décrit cette démarche de collecte de fonds comme la manifestation de l’engagement des contribu- teurs « envers l’épanouissement de la jeunesse haïtienne (…) » encourageant ainsi « les jeunes à poursuivre leurs objectifs visant à renforcer des initiatives locales ». Il souhaite par ailleurs que d’autres partenaires puissent con- tribuer à la réalisation de cette œuvre, lit-on dans une note de l’ambassade, qui rapporte que des activités de collecte d’argent sont déjà réalisées dans cette perspec- tive. Déjà 19 mille dollars américains sont actuellement disponibles pour permettre à ce projet de prendre forme. Le Centre polyvalent qui doit être construit dans l’aire de Delmas (est de la capitale) devra con- tribuer à la formation de 1 080 jeunes et à la mise en place de 10 projets d’entreprises durables, lesquelles devront desservir une population de 10 mille jeunes, toujours d’après le document transmis à AlterPresse. Michel Lamarre, président de la CCIHC, inscrit la construction de ce centre dans le combat de son institution « pour renforcer le secteur associatif et social » dans le pays. Aucune date n’est encore fixée pour le début des travaux et les informations sur le coût total de la réalisation des travaux ne sont pas non plus disponibles. COURSDELAGOURDES EN DATE DU 28 JUILLET 2015 . TAUX MOYEN D’ACHAT (TAUX DE RÉFÉRENCE) : 55.5604 . TAUX MOYEN DE VENTE DES BANQUES (TMA) : 56.2481
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  • 14. 14 | N0 49 MERCREDI 29 JUILLET 2015 JUSTICE Cent ans après, la justice haïtienne garde encore des empreintes de l'occupantPar Eddy Laguerre, Av. L ’un des premiers textes norma- tifs que l’occupant américain a pu, grâce à son influence, faire passer en Haïti, c’est la fameuse convention du 16 septembre 1915 qui visait à donner un semblant de légalité à la présence des soldats américains sur le sol de Dessalines. Cette convention aussi appelée « la charte de l’occupation » a pu obte- nir le vote du Parlement de l’époque malgré les contestations énergiques et virulentes de certains parlemen- taires, comme Raymond Cabèche, révulsés par l’arrogance de l’occupant et l’aveugle soumission de ses sup- porteurs haïtiens. L’Occupation américaine a eu aussi l’occasion de toucher à la plus importante loi du patrimoine juridique de l’époque : la consti- tution de 1889. L’adoption d’une nouvelle constitution en 1918 aura été une grande triomphe pour l’occupant qui y a trouvé une nouvelle façon de donner un cou- vert de légitimité à l’occupation. Selon le professeur Monferrier Dorval, cette constitution de 1918 sous l’influence américaine a apporté des modifications touch- ant trois domaines importants dans le droit haïtien : le droit de propriété immobilière des étrang- ers, le contrôle de constitution- nalité des lois et l’organisation de l’administration fiscale. Des étrangers propriétaires pour la première fois en Haïti Depuis 1805, toutes les consti- tutions haïtiennes interdisaient aux étrangers le droit de propriété immobilière en Haïti. Même si plusieurs changements de con- stitutions se sont opérés entre 1805 et 1918, elles étaient toutes unanimes à prohiber ce droit aux étrangers. Cette interdiction, en plus de toute autre explication juridique, trouvait sa justification dans une réalité qui mélange soci- ologie et histoire. Les souvenirs de l’esclavage et les circonstances de l’indépendance haïtienne ont laissé chez l’haïtien un rapport particulier avec la terre. La terre étant devenue à la fois symbole de liberté et de souveraineté, toute propriété privée de la part d’un étranger apparait comme une menace. En des termes différents, les con- stitutions que le pays a connu depuis l’indépendance jusqu’au débarquement des américains, ont repris l’article 12 de la con- stitution dessalinienne de 1805 : « Aucun blanc, quelle que soit sa nation, ne mettra les pieds sur ce territoire, à titre de maitre ou de propriétaire et ne pourra à l’avenir y acquérir aucune propriété. » La Constitution de 1918 viendra renverser la donne avec un article 5 qui donne l’impression de fixer des « conditions » permettant à un étranger de posséder des biens immobiliers en Haïti. L’article 5 de cette constitution stipulait : « Aucun étranger ne pourra acquérir d’immeubles en Haïti que s’il a sa résidence dans l’une des com- munes de la République et s’il a rempli les formalités prescrites par la loi du 23 août 1913 sur le séjour des étrangers. » La loi sur le séjour des étrangers a certes existé avant l’occupation mais l’occupant a pu utiliser ses dispo- sitions pour essayer de créer des conditions suivant lesquelles une personne physique ou morale de nationalité étrangère peut légale- ment posséder des immeubles en Haïti. Ce changement apporté dans notre constitution par l’occupant américain a pu traverser le temps et les constitutions pour rester aujourd’hui encore, 100 ans après le début de l’occupation, une dis- position reconnue par notre con- stitution en vigueur, celle de 1987. Ainsi en ce qui a trait au droit con- stitutionnel de propriété accordé aux étrangers, le régime juridique haïtien garde encore l’empreinte historique de l’occupant. La DGI un autre héritage de l’Occupation En plus du domaine strictement civil, l’occupant, à travers la Con- stitution de 1918 et plusieurs lois d’application, a pu opérer des changements importants en matière de droit constitutionnel et de droit fiscal. Dans les deux cas, l’occupant a procédé à la cen- tralisation de certaines activités jusqu’ici menées par des institu- tions éparses. Avant l’occupation américaine, tous les tribunaux haïtiens pou- vaient vérifier la constitutionnalité des lois évoquées par les parties à l’occasion d’un litige. Mais la con- stitution de 1918 en son article 99 viendra confier l’exclusivité au tri- bunal de cassation en matière de contrôle de la constitutionnalité des lois. Ce contrôle judiciaire concentré qui a remplacé le con- trôle judiciaire diffus qui existait avant, a pu aussi transcender le temps jusqu’à la constitution de 1987. Ce n’est qu’en 2011, lors du récent amendement de la constitu- tion de 1987 que ce changement introduit en Haïti par les améri- cains en matière de contrôle de constitutionnalité des lois a connu un nouveau revirement. Même si le contrôle concentré est toujours présent, le tribunal de cassation a été remplacé, en cette matière, par une juridiction qui ne relève pas de la justice judiciaire, il s’agit du conseil constitutionnel. Ce conseil créé par la loi consti- tutionnelle du 9 mai 2011 n’a pas encore été mis sur pied, quatre ans après. Une autre œuvre de centralisation entreprise par l’occupant améri- cain concerne la perception des impôts. Cette perception qui se faisait dans institutions différen- tes a pu désormais se faire par une seule entité soit l’Administration générale des contributions créées par la loi du 6 juin 1924. Même si depuis 1985, cette institution a été rebaptisée « Direction générale des impôts, DGI », elle continue d’exercer les principales attri- butions qui lui étaient confiées depuis l’occupation américaine. Ainsi les traces de l’Occupation américaine sont aujourd’hui encore présentes dans le fonc- tionnement de nos institutions, dans leur architecture et dans les dispositions légales suivant lesquelles nos juges sont à appeler à dire le mot du droit. La justice haïtienne a toutefois pu continuer à fonctionner suivant les principes de la famille romano-germanique et n’a pas épousé la famille du common law dont les Etats-Unis est l’un des porte-étendards. Aujourd’hui, l’influence améri- caine en dehors d’une situation officielle d’occupation pèse encore sur les débats juridiques en Haïti. Tandis que le pays s’apprête à avoir un nouveau code pénal, les exemples tirés de certaines légis- lations modernes, dont celles des Etats-Unis, ne sont pas sans inci- dences sur le législateur haïtien. Dans son nouveau code pénal qui pourrait entrer en vigueur dès la 50e législature, Haïti s’apprête à parler de liberté surveillée, de bracelet électronique ou encore de légalisation de l’avortement qui sont tous des concepts déjà présents dans la législation améri- caine. Même si plusieurs autres pays auront servi d’exemple, l’influence des Etats-Unis par sa proximité géographique ou en raison de son poids culturel sans cesse grandissant en Haïti, sera donc considérable. Ainsi, les empreintes de l’occupant américain bien que faibles, com- parées à celles du colon français, sont encore présentes dans la jus- tice et dans le droit positif haïtien et risquent de s’accentuer progres- sivement, plus d’un siècle après le début de l’occupation officielle. L’Occupation américaine d’Haïti plus de cent ans après le départ des colons français du sol d’Haïti, n’a pas enlevé au système judiciaire haïtien et à l’arsenal juridique qui l’accompagne l’empreinte remarquable de la France et de la famille romano-germanique. Cependant l’occupant américain a pu apporter des changements majeurs dans nos lois notamment sur la propriété privée et le contrôle de constitutionnalité des lois . La plupart de ces dispositions introduites dans nos lois depuis le temps de l’occupation existent aujourd’hui et font partie du Droit positif haïtien.
  • 15. MERCREDI 29 JUILLET 2015 N0 49 | 15 SOCIÉTÉ Centenaire de la première Occupation (28 Juillet 1915-28 Juillet 2015)2ème partie Par Georges Michel L a Commission Forbes de 1930 dans un rapport avait émis des doutes grands à la durabilité des résultats politiques de l’occupation de 1915. M. Forbes en parla aussi dans une lettre person- nelle qu’il écrivit au président Hoover. En 1934, au moment de la fin de celle-ci Monsieur Berthold, un fonctionnaire civil américain de l’occupation avait dit au général Vogel, dernier commandant mili- taire américain de la Garde d’Haïti : « In sixty years, we’ll be back ». Dans soixante ans, nous serons de retour. Et effectivement, les Américains revinrent encore une seconde fois en Haïti soixante ans après en être sortis, conformé- ment à la prophétie de Berthold (1934-1994). En 1994, le président Clinton, après avoir obtenu une résolu- tion de complaisance du Conseil de Sécurité des Nations Unies pour donner un petit vernis de légalité à son entreprise de domi- nation, fit occuper une seconde fois Haïti par les militaires améri- cains, dans l’espoir de réimposer aux Haïtiens l’ordre américain établi par la première occupation entre 1915 et 1934 et qui comme nous l’avions dit plus haut, avait commencé à se défaire en1946 et en 1986. Durant cette seconde occupation qui débuta en 1994, on a pu entendre sur les ondes le porte-parole de l’Ambassade américaine en Haïti M. Stanley Schrager déclarer : « C’est moi seul qui donne des ordres en Haïti parce que c’est moi qui ai 15.000 hommes de troupe sur le terrain. » Difficile d’être plus clair. On verra un peu plus tard le même Schrager jouer les ouvreuses au parlement haïtien et déterminer souveraine- ment qui aurait le droit d’y siéger. Des parlementaires haïtiens hos- tiles à la seconde occupation, comme le député de Grand-Bois Gabriel Sanon, furent physique- ment agressés par des gamins de la rue alors que les soldats américains assistaient à la scène sans bouger, riant au contraire ; les parlementaires qui avaient refusés de voter la convention en 1915 furent aussi agressés par les gamins de la rue, avec la bénédic- tion des soldats américains. La seconde occupation est une expérience extrême douloureuse pour tout patriote haïtien, mais pour les historiens haïtiens qui étudiaient la première occupa- tion elle a constitué une véri- table aubaine, leur permettant de revivre certains événements, d’apporter des réponses décisives à certaines questions qui étaient restées sans réponses et de mieux comprendre et de mieux pénétrer la réalité de la première occupa- tion. Les déclarations des officiels américains, les articles de jour- naux, le comportement des occu- pants sont exactement les mêmes, on n’a qu’à changer les noms et les dates. Par exemple, l’éditorial du Nou- velliste du 29 juillet 1915 et le célèbre éditorial de Carlo Désinor dans le même journal 79 ans plus tard, intitulé « Notre Position », sont deux textes de la même facture qui se ressemblent beau- coup, tant dans la forme que dans le fond. Carlo nous avait assuré ne pas avoir eu connaissance en 1994 de l’éditorial de son jour- nal dans son numéro du 29 juillet 1915. La seconde occupation fut pour nous l’occasion de questionner les rares témoins de la première occupation qui étaient encore en vie en 1994. Nous allons rapporter une con- versation qui eut lieu entre nous et Mme Alexandre Moyse, née Francine Casséus en 1901. Elle avait 14 ans quand les Américains étaient venus en Haïti la première fois et 93 ans quand ils revinrent chez nous pour la deuxième fois. Nous lui demandâmes : « Mère Moyse, comment comparerais-tu la première et la seconde occupation ? ». Elle nous répondit exactement en ces termes : « Mon cher, elles se ressemblent comme deux sœurs. Ce sont deux choses aussi dégoûtantes et humiliantes l’une que l’autre. L’une est en quelque sorte la fille de l’autre. Cependant, la première occupation était plus respectable sur un point : elle avait amené l’ordre, la seconde occupation est venue amener le désordre et institutionnaliser le chaos. En effet, pendant la première occupation, tu ne verrais jamais un soldat américain faire sauter les cadenas d’un magasin avec son fusil de guerre et inviter la foule à venir piller le magasin pendant qu’il préside lui-même à ce pillage, comme j’ai vu récemment la scène à la Saline sur CNN à la télévision. C’est un très mauvais signal que les Américains ont envoyé là ». Elle continua aussi « que jamais pendant la première occupation on n’aurait vu des soldats américains se déguiser en femmes et organiser leur propre défilé carnavalesque dans les rues de Port-au-Prince ». Madame Moyse mourut en 1998 à 97ans sans voir la fin officielle de la seconde occupation qui se termina par le départ du dernier soldat américain le 1er janvier 2000 à l’aube, sans tambours ni trompettes, ni défilé d’adieu, à bord d’un avion militaire américain. Pour donner raison à la prophétie de Mme Moyse, le cycle de la violence reprit dès 2001 et en 2004, quatre ans après le départ du dernier soldat américain en 2000, les troupes américaines étaient de retour en Haïti pour une troisième intervention qui avait pour mission de rétablir l’ordre en Haïti, un ordre qui avait été compromis par des mois de graves troubles politiques et de violence armée. Le répit entre la 2e et la 3e intervention ne dura pas soixante ans, il ne dura pas même soixante mois, juste cinquante mois… Cette 3e intervention fut pour nous l’occasion de converser avec le commandant du 3e corps expéditionnaire américain, le général de brigade Ronald Coleman, USMC. Le général Coleman était un général noir qui aimait beaucoup et respectait beaucoup les Haïtiens. Il ne faisait que son travail en Haïti, que le travail que son gouvernement l’avait chargé de faire. Il mérite tout notre respect. Un jour nous lui dîmes : « Mon général, c’est extrêmement humiliant pour nous Haïtiens, d’avoir été envahis par vous Américains, trois fois en moins d’un siècle. » Le général Coleman nous répondit : « Oui, je comprends que c’est extrêmement humiliant pour vous Haïtiens, d’avoir été envahis par nous Américains, trois fois en moins d’un siècle, mais c’est extrêmement humiliant aussi pour nous Américains, de vous avoir envahis trois fois en moins d’un siècle et de n’avoir rien réglé. Alors, s’il vous plaît, Docteur Michel, ne nous humiliez pas une quatrième fois, en nous forçant à vous envahir une quatrième fois. » Le général Coleman avait bien compris la dynamique de ces interventions militaires étrangères á répétition en Haïti. Nous avons vu comment la seconde intervention a été rapidement suivie par une troisième intervention qui avait pour objectif de corriger une situation délétère que la seconde avait contribué à créer. De la même manière, si l’on jette un regard critique sur la situation actuelle, alors que la troisième intervention n’est pas terminée mais que la MINUSTAH prépare activement son retrait, il faut penser à une quatrième intervention à brève échéance, peu après la fin de la troisième. Le seul moyen d’échapper à cette perspective est de remettre sur pied une armée nationale haïtienne capable de prendre la relève de la composante militaire de la MINUSTAH à son départ, dans tous ses rôles, de dissuasion, de protection de l’Etat et des Institutions, de stabilisation. Si ceci n’est pas fait, cette stabilité et cette paix relative dont nous jouissons depuis une dizaine d’années grâce à la présence bénéfique de la MINUSTAH s’évanouiront rapidement et tous les acquis de la MINUSTAH seront balayés tout aussi rapidement par les forces locales qui se déchaîneront avec tous les moyens à leur disposition. La MINUSTAH a été un véritable gouffre financier pour obtenir seulement des résultats fragiles et précaires. Aux intervenants nous dirons simplement : «Avoir autant de moyens et réussir si mal. » Aux Haïtiens, nous dirons qu’on n’a pas besoin de tirer un seul coup de feu pour faire échouer les objectifs politiques d’une intervention militaire étrangère, les armes appropriées ici sont très puissantes et elles s’appellent la résistance politique, la résistance intellectuelle, la résistance passive, la résistance souriante, le refus de collaborer. Les Haïtiens doivent réaliser qu’ils disposent du pouvoir illimité de contraindre l’occupant à jeter son argent. L’auteur français Alain Joxe n’écrit-il pas que pour gagner la guerre, il faut avoir l’assentiment du vaincu ? De notre côté, nous annoncions l’échec politique de la 2e intervention et de la 3e intervention dans deux articles parus respectivement dans le quotidien Le Matin le 28 mars 1995 intitulé « A l’intention de nos amis américains » et dans le quotidien Le Nouvelliste le 14 décembre 2004 intitulé « Echec et Mat. » C’est maintenant au tour des lecteurs du quotidien Le National d’avoir des réflexions sur le même sujet. Vive Haïti, libre, souveraine et indépendante !
  • 16. 16 | N0 49 MERCREDI 29 JUILLET 2015 SOCIÉTÉ APPEL D’OFFRES Feed the Future Haiti Chanje Lavi Plantè Moringa et ses espèces D’après l’Organisation des nations unies pour l’alimentation et la l’agriculture (FAO), il existe 13 espèces de moringa à travers le monde. Cet arbre « aux baguettes de tambour » connu aussi sous le nom de ben oléifère ou arbre à raifort (Moringa olifera), est très répan- du sur la planète. Il y a également le Moringa stenopetala ou encore arbre à chou. Cette plante nutritive peut être cultivée dans différents types de sol, car elle ne nécessite pas beaucoup de soins et a une capacité de s’adapter même à des sols les plus pauvres et arides. En Haïti, on connait le végétal sous le nom de « Oliv ou benzoliv. » Caractéristiques du moringa La moringa est une variété d’arbrisseaux servant à usages multiples. On utilise ses feuilles, ses racines et ses gousses vertes comme légumes. Toutes les par- ties de l’arbuste telles : écorce, gouss- es, feuilles, noix, graines, tubercules, racines et fleurs, sont utilisées dans l’alimentation et peuvent être com- mercialisées. Les feuilles du moringa sont utilisées fraîches ou séchées et transformées en poudre. Les gousses de la plante olifera contenant les graines sont cueillies encore vertes aux fins de cuisson pour être consommées. De ses graines sèches, on extrait de l’huile douce encore propre à la cuisson. Cette huile, tirée du moringa, ne sèche pas et est conservée facilement. Le mor- inga peut être consommé sous diverses formes. Les graines sont consommées vertes, grillées, en poudre, ou trempées pour le thé ou l’écurie. Origine du moringa Le moringa qui est au nombre de 13 espèces est cultivé un peu partout dans le monde. Le Moringa oleifera, cet espèce qui à la plus grande valeur économique, est originaire d’Asie du Sud où elle pousse sur les contreforts de l’Himalaya - cette chaine de mon- tagne du sud de l’Asie centrale dans le Cashmir indien long de 2400 kms. Elle est largement cultivée sous les tropiques. Dans l’Est de l’Éthiopie, au nord du Kenya, et en Somalie, on trouve neuf espèces. Où est cultivée la plante olé- ifère ? Le moringa, riche en propriétés nutri- tives pour les personnes et pour les ani- maux, est cultivé en Afrique de l’Ouest, de l’Est et du Sud, en Inde, en Éthiopie, aux Philippines, au Soudan. Dans ces régions de la planète, elle est consi- dérée comme une culture importante. Aussi, elle est cultivée en Asie tropicale, en Amérique latine, dans les Caraïbes, en Floride, au Canada et dans les Iles du Pacifique. Les vertus du moringa Les feuilles du moringa sont riches en protéines et en vitamines A, B C, D et E et en minéraux. Il est fortement con- seillé aux femmes enceintes et allaitan- tes d’en faire usage fréquent dans leur consommation et celle des nourrissons. Ce végétal qui n’a pas peur de la sécher- esse, pousse des bourgeons, des feuilles et des gousses tout au long de l’année. C’est une source intarissable de légume vert. Elle pousse vite et n’a pas de saison. Cependant, il ne tolère pas les sols saturés d’eau. Cette graminée, qui est un arbuste, sert de brise-vent et pro- tège le sol contre l’érosion. Les produits extraits du moringa ont des propriétés antibiotiques, antispasmodiques, anti- inflammatoires. On utilise également le moringa pour minimiser les risques de développement de certaines maladies telles : les trypanosomes, les ulcères, l’hypocholestérolémie, l’hypoglycémie. On s’en sert aussi pour régulariser la tension artérielle. C’est une véritable source de nutrition maternelle et infan- tile, de médicament et de revenus pour la famille, a soutenu la FAO. Promouvoir le Moringa en Haïti Haïti emboîte le pas vers la production du moringa. En effet, sous l’obédience des ministères de la Santé publique et de l’Agriculture, avec la participa- tion d’une bonne partie du secteur privé, une séance de travail a été tenue en Haïti en avril 2013, dans le but d’élaborer et de valider le Programme national de culture et d’utilisation du « Benzolive. Aussi, l’autre objectif de cette rencontre était d’encourager la population à le vulgariser, à le cultiver et à le consommer. Selon les données présentées par le Dr Joceline Marhone Pierre, nutritionniste au MSPP qui est intervenue lors de ces assises, le mor- inga contient trois fois plus de fer que l’épinard, autant de potassium que les œufs, sept fois plus de vitamine C que l’orange, quatre fois plus de vitamine A que la carotte, trois fois plus de potassi- um que la banane et quatre fois plus de calcium que le lait. D’où l’importance de consommer le moringa.Les acteurs de cet événement sont unanimes à reconnaître que la richesse et les vertus de cette plante nutritive et médicinale d’une qualité rare font d’elle, une plante miracle pour Haïti. Ils invitent la popu- lation à cultiver le « Benzolive » pour faire le reboisement afin de réhabiliter la couverture forestière d’Haïti.Il faut souligner que la FAO a fait ces révéla- tions lors de l’annonce d’une étude sur la production commerciale du Moringa en Haïti. «Moringa oleifera » (Benzolive) : une richesse nutritive à mettre en valeur en Haïti Par Ronald Singer Le moringa est une plante miracle pour Haïti. Les gens qui évoluent dans le secteur de la santé sont unanimes à le reconnaître. Elle contient trois fois plus de fer que l’épinard, autant de potassium que les œufs, sept fois plus de vitamines C que l’orange, quatre fois plus de vitamines A que la carotte, trois fois plus de potassium que la banane et quatre fois plus de calcium que le lait, a fait savoir le docteur Joceline Marhone Pierre, une nutritionniste au MSPP.