1. La gouvernance
économique mondiale
depuis 1944
THÈME 4 – LES ÉCHELLES DE GOUVERNEMENT DANS LE MONDE
DE LA FIN DE LA SECONDE GUERRE MONDIALE À NOS JOURS
3ÈME PARTIE : L’ÉCHELLE MONDIALE
2. Évolutions du pouvoir politique depuis 1945
▪ Question centrale : place de l’État-nation.
▪ Fin 2ème Guerre Mondiale → nationalisme rendu responsable des deux conflits →
l’État-nation n’est plus considéré comme étant capable d’assurer une paix durable
et un ordre économique stable.
▪ → projet d’une Europe politique + d’une gouvernance économique mondiale.
▪ → dans quelle mesure ces deux nouvelles échelles de gouvernement du monde ont-
elles remis en cause la souveraineté de l’État-nation ?
3. La notion de « gouvernance »
▪ Un mot tombé en désuétude en France & réapparu à partir de l’Anglais dans le
contexte de la révolution néo-libérale des années 1980 → conception minimaliste
de l’État
▪ Gouvernance ≠ gouvernement → ni gouvernement mondial ni simple coopération
entre états
▪ → Nouveau mode de gestion des relations internationales concernant les
problèmes à caractère mondial nécessitant l'élaboration de normes communes
▪ Aujourd’hui, la gouvernance renvoie aux interactions entre l’État, le corps politique
et la société. La bonne gouvernance vise à rendre l’action publique plus efficace et
proche du bien public et de l'intérêt général, et donc plus légitime.
5. Pourquoi une gouvernance économique
mondiale ?
▪ Crise de 1929 considérée comme causes de la montée du nazisme en Europe.
▪ Il apparait donc nécessaire, à la fin de la 2° guerre mondiale, de garantir l’ordre
économique.
▪ → dès 1944 mises en place de nouvelles institutions (sous l’influence des États
Unis ) pour établir une gouver
▪ Années 70 : crise économique et la mondialisation remise en cause de ces
institutions qui doivent donc s’adapter, subir des mutations face aux nouvelles
donnes économiques et politiques.
6. I. Un nouvel ordre
économique mondial
(1944-1971)
11. La Conférence de Bretton Woods
John Maynard
KEYNES
Officiellement
« Conférence
monétaire et
financière des
Nations Unies »
12. Le rôle des Américains
à Bretton Woods, vu
par un Français
13. Le bloc soviétique reste à l’écart
▪ URSS, seul pays parmi les 45
membres de la Conférence
ne signe pas les accords de
Bretton Woods
▪ → Création du CAEM (Conseil
d’Assistance Economique
Mutuelle) aussi appelé
COMECON
▪ = organisation de coopération
économique sous la
domination de l’URSS
Pays membre Pays observateur
14. Les accords de Bretton Woods (22 juillet
1944)
▪ → Grandes lignes du système financier international
▪ → mise en place d’une organisation monétaire mondiale fondée sur la coopération des
pays (but : éviter le retour d’une crise pareille à celle de 1929) + aide à la reconstruction des
pays touchés par la guerre.
▪ Présence de représentants de l’ensemble des 44 nations alliées + un observateur soviétique
▪ Organisent le système monétaire mondial autour du dollar américain.
▪ Créent aussi 2 organismes :
▪ la Banque mondiale formée de la Banque internationale pour la reconstruction et le développement
(BIRD) et de l'Association internationale de développement (IDA)
▪ le Fonds monétaire international (FMI)
▪ Un 3ème organisme aurait dû être créé, chargé du commerce international. En l'absence
d'accord, il ne verra le jour qu'en 1995 avec la création de l'Organisation mondiale du
commerce (OMC) après les cycles de négociations de l'accord général sur les tarifs
douaniers et le commerce (GATT).
15. 35 dollars 1 once d’or (31,1
gr)
Monnaie de réserve des banques
centrales (« as good as gold »)
Le système de
Bretton Woods (mis
en place en juillet
1944, il fonctionne
jusqu’en 1976)
Système de parités fixes
Marge de
variation des
monnaies du
SMI
+
_
FED
Le dollar, monnaie internationale
16. Le dollar au centre du système
1 $
Japon
360 ¥
3,5
FF
625
Lires
4,2
DM
0, 35
£
Les taux en 1955
17. À Washington, le FMI
promouvoir la coopération monétaire internationale
favoriser le développement harmonieux du commerce
mondial
améliorer la stabilité des taux de change
mettre temporairement à la disposition des États
membres des ressources financières (prêts à court
terme)
Buts du FMI selon l’art. 1er de ses statuts
18. À Washington, la Banque Mondiale
De la BIRD à la Banque Mondiale
▪ 1944 : création
▪ 1946 : début du fonctionnement
▪ Buts : financer la reconstruction en
Europe
19. Le GATT
▪ 1947 - 1990 : GATT → General Agreement on
Tariffs and Trade (Accord général sur les tarifs
douaniers et le commerce)
▪ Objectif : libéraliser progressivement le commerce
international en limitant le protectionnisme
▪ → faire baisser les prix pour les consommateurs et
favoriser l'emploi dans les secteurs où chaque pays
détient un avantage comparatif.
▪ Série de conférences et d’accords appelés « cycles »
(« rounds » en anglais)
▪ Pb : ≠ une véritable organisation internationale
(juste un secrétariat à Genève), des dérogations
trop nombreuses
20. Le Plan Marshall (1947)
Affiche de 1950
Photographie
de propagande
prise dans le
secteur
américain ,
Berlin, 1948
26. « L'heure des
Européens »,
Caricature Gabor
BENEDEK, parue
dans le
Süddeutsche
Zeitung, le 20
aout 1971, après
l'annonce de la
fin de la
convertibilité du
dollar par le
président
américain Nixon
Communauté
Économique
Européenne
Le Président américain,
Richard NIXON,
lors de son allocution
télévisée,
le 15 août 1971
27. La critique des politiques keynésiennes
▪ La politique de plein emploi a d’abord été pratiquée systématiquement par
l’organisation de grands travaux, puis par l’acceptation et la création volontaire de
déficits budgétaires. […] Le dérèglement du système monétaire international, dû à la
pratique généralisée de l’étalon de change-or (Gold Exchange Standard), a engendré,
dans tout l’Occident, des balances dollar génératrices d’inflation. Cette inflation est
restée modérée jusqu’au 17 mars 1968 parce qu’elle s’étanchait par l’absorption des
réserves d’or et de devises du pool de l’or — essentiellement celles des Etats-Unis — mais
lorsque, à cette date, le dollar est devenu en fait inconvertible, avant de le devenir en
droit temporairement le 15 août 1971, le processus inflationniste s’est spontanément
accéléré pour devenir, le 15 mars 1973, galopant. […]
▪ Le chômage est apparu et s’est généralisé dans tout l’Occident. […] A pareille crise, les
gouvernements ont réagi en appliquant partout des politiques keynésiennes, dites de
« relance ». […] Elles avaient presque toujours pour effet, sous prétexte de sauvegarder le
pouvoir d’achat et de défendre les niveaux de vie, de créer du chômage.
▪ C’est ainsi que l’on est entré dans une ère où l’effet keynésien, bien loin de jouer, s’est
trouvé inversé.
▪ Jacques Rueff, « Les voies du retour au plein emploi », Le Monde, 20/21 février 1976
28. La création du G6
2. […] Chacun d’entre nous a la responsabilité d’assurer la prospérité de l’économie d’un
pays industriel important. La croissance et la stabilité de nos économies aideront à la
prospérité de l’ensemble du monde industriel et des pays en développement.
3. Pour atteindre ces objectifs, dans un monde marqué par une interdépendance
croissante, nous sommes décidés à assumer pleinement nos responsabilités et à
développer nos efforts en vue d’une coopération internationale accrue et d’un dialogue
constructif entre tous les pays, dépassant les disparités de leur développement
économique, l’inégalité des ressources dont ils disposent et les différences de leurs
systèmes politiques et sociaux.
5. La tâche la plus urgente consiste à assurer le redressement de nos économies et à
réduire le gaspillage de ressources humaines que provoque le chômage. […]
7. Nous nous sommes aussi attachés à définir les nouveaux efforts qui sont nécessaires
dans les domaines du commerce international, des questions monétaires et des
matières premières, y compris l’énergie.
Déclaration de Rambouillet, 17 novembre 1975
32. Le discours de Bruges
▪ La leçon de l’histoire économique de l’Europe des années 1970 et 1980 est que la planification centrale
ne marche pas, contrairement à l’effort et à l’initiative personnels. Qu’une économie dirigée par l’Etat est
une recette de croissance lente, et que la libre entreprise dans le cadre du droit donne de meilleurs
résultats.
▪ C’est en nous débarrassant des barrières et en donnant aux entreprises la possibilité d’opérer à l’échelle
européenne que nous pourrons le mieux concurrencer les Etats-Unis, le Japon et les autres puissances
économiques qui naissent en Asie et ailleurs.
▪ Cela signifie agir pour libérer les marchés, élargir les choix, réduire l’intervention gouvernementale et donc
entraîner une plus grande convergence économique.
▪ Notre objectif ne doit pas être de fabriquer à partir du centre des règlements toujours plus nombreux et
détaillés ; il doit être de déréglementer, d’éliminer les contraintes commerciales, de nous ouvrir. […]
▪ Nous avons ouvert notre marché des télécommunications, introduit la concurrence entre les services et
jusque dans le réseau lui-même ; ce sont des mesures que les autres pays d’Europe commencent
seulement à envisager.
▪ En matière de transports aériens, nous avons montré l’exemple avec la libéralisation, et nous avons pu en
voir les avantages avec des tarifs moins élevés et un choix élargi. […]
Déclaration de Margaret Thatcher, Premier
Ministre britannique, au Conseil européen lors
du sommet de Bruges, le 20 septembre 1988
34. Le nouveau rôle du FMI
▪ Prêts conditionnés :
▪ → en échanges les pays concernés doivent réaliser des réformes libérales
▪ → privatisation des entreprises, libéralisation du commerce international, dérégulation financière
36. Le FMI remis en cause
▪ Ecouter les réflexions des "pays clients" sur des sujets
comme la stratégie du développement ou l'austérité
budgétaire n'intéresse pas beaucoup le FMI. Trop
souvent, il s'adresse à eux sur le ton du maître colonial.
Une image peut valoir mille mots, et une photo saisie au
vol en 1998 et montrée dans le monde entier s’est
gravée dans l’esprit de millions de personnes, en
particulier dans les ex-colonies. On y voit le directeur
général du FMI, Michel Camdessus, un ex-bureaucrate du
Trésor français, de petite taille et bien vêtu, qui se disait
autrefois socialiste – il se définit lui-même, avec malice,
comme un « socialiste de l’espèce néolibérale » – debout,
regard sévère et bras croisés, dominant le président
indonésien assis et humilié. Celui-ci, impuissant, se voit
contraint d’abandonner la souveraineté économique de
son pays au FMI en échange de l’aide dont il a besoin.
Paradoxalement, une bonne partie de cet argent n'a pas
servi, en fin de compte, à aider l'Indonésie mais à tirer
d'affaire ses créanciers - qui appartenaient au secteur
privé des puissances coloniales …
▪ Joseph STIGLITZ, La Grande Désillusion, Fayard, Paris, 2002
39. Années 1980 : dérégulation financière
▪ Remise en cause de la régulation publique de l’économie
▪ Relâchement du contrôle des États sur la circulation des capitaux → accélération
des flux de capitaux mondiaux :
▪ flux d’IDE passent de 25 à 200 milliards de dollars
▪ ↘ barrières douanières → intensification des échanges, mondialisation
41. Le poids du crédit et de la spéculation
▪ De profondes similitudes apparaissent entre la crise mondiale d'aujourd'hui et la Grande
Dépression de 1929-1934 […]
▪ Qu'il s'agisse de la spéculation sur les monnaies ou de la spéculation sur les actions, ou de la
spéculation sur les produits dérivés, le monde est devenu un vaste casino où les tables de jeu sont
réparties sur toutes les longitudes et toutes les latitudes. Le jeu et les enchères, auxquelles
participent des millions de joueurs, ne s'arrêtent jamais. Aux cotations américaines se succèdent
les cotations à Tokyo et à Hongkong, puis à Londres, Francfort et Paris.
▪ Partout la spéculation est favorisée par le crédit puisqu’on peut acheter sans payer et vendre sans
détenir. On constate le plus souvent une dissociation entre les données de l’économie réelle et les
cours nominaux déterminés par la spéculation. Sur toutes les places, cette spéculation, frénétique
et fébrile, est permise, alimentée et amplifiée par le crédit. Jamais dans le passé elle n'avait atteint
une telle ampleur.
▪ L'économie mondiale tout entière repose aujourd'hui sur de gigantesques pyramides de dettes,
prenant appui les unes sur les autres dans un équilibre fragile. Jamais dans le passé une pareille
accumulation de promesses de payer ne s'était constatée. Jamais sans doute il n'est devenu plus
difficile d'y faire face. Jamais sans doute une telle instabilité potentielle n'était apparue avec une
telle menace d'un effondrement général.
▪ Maurice Allais, (économiste français, prix Nobel en 1988), La Crise mondiale d'aujourd'hui, Éditions Clément Juglar, 1999
43. L’OMC remplace le GATT
▪ 1995 : création de l’OMC
▪ Chargé de libéraliser le commerce et
de régler les différends entre États
partenaires
▪ corriger les défauts du GATT →
pouvoir de sanctions contre les Etats
▪ inclut quasiment tous les États du
monde : 1 État = 1 voix
▪ 2001 : adhésion de la Chine à l’OMC
44. Les limites de l’OMC
▪ Procédures longues et complexes
▪ → difficultés des pays pauvres pour défendre réellement leurs intérêts.
▪ → pays industrialisés maintiennent une forme de protectionnisme toute en
encourageant une ouverture des marchés des PED au nom du libre-échange.
▪ Décisions limitées par la multiplication des accords régionaux comme l’UE ou
l’ALENA.
45. Le G7
▪ Rappel : G6 créé en 1975
▪ 1976 : G7 → Canada
▪ 1977 : inclusion de l’UE en tant qu’invitée
▪ 1997 : G8 (→ Russie)
▪ 2014 : exclusion de la Russie
▪ Réunion annuelle, présidence tournante
▪ → traiter les questions économiques et
financières de façon informelle
▪ Le pays tenant la présidence accueille une
série de réunions au niveau ministériel
amenant à un sommet de deux ou trois jours
au milieu de l'année avec les chefs d'États et
de gouvernements.
Campagne de protestation d'Oxfam à Rostock
en 2007
46. Le G20 : une gouvernance économique globale
Créé en 1999
→ groupe des 19 États les +
puissants de la planète (+ UE)
→ ici à Séoul en 2010 pour tenter
de juguler la crise de 2007
47. Bilan des G20
▪ Le G20 a été créé en 1999, en réponse aux crises financières qui ont touché les pays émergents pendant les
années 1990, notamment la crise asiatique. Les ministres des finances et les gouverneurs des banques
centrales des pays industrialisés et émergents se sont réunis une fois par an dans ce format. En 2008, face à
la crise financière mondiale, le G20 a été promu en forum de pilotage de l’économie mondiale, désormais au
niveau des chefs d’Etat et de gouvernement. La montée en puissance du G20 va de pair avec une perte
d’importance du G8. Représentant 85% de l’économie mondiale et 66% de la population mondiale, le G20
reflète mieux les réalités du 21ème siècle.
▪ Bilan de cinq sommets du G20 :
▪ Coordination des mesures pour limiter les effets de la crise au niveau national (mesures de soutien aux activités de crédit
des banques, injections de liquidités par les banques centrales, plans de relance, etc.) : l’idée est d’optimiser la réponse
politique et d’éviter des problèmes d’action collective (passagers clandestins). Pourtant, la coopération ne s’est pas faite
sans frictions ou réflexes protectionnistes. Deux exemples sont les querelles sur la clause « Buy America » du plan de
relance américain et les querelles monétaires, notamment la sous-évaluation du taux d’échange de la monnaie chinoise.
▪ Détermination de l’agenda de réforme pour la régulation et la surveillance financières.
▪ Renforcement des capacités d’aide des institutions financières internationales. Le sommet de Washington, par exemple,
a augmenté les ressources du FMI et des banques de développement de 850 milliards €.
▪ Réformes des institutions internationales (FMI, Banque mondiale, CSF*,…) pour accroître leur efficacité ainsi que leur
légitimité, notamment en tenant compte du poids croissant des pays émergents. »
▪ Source: Sebastian Paulo, L’Europe et la crise mondiale expliquée en 10 fiches, Fondation Robert Schuman, avril 2011.
▪ Note : CSF = Conseil de Stabilité Financière
48. La formalisation des BRICS
▪ 2001 : apparition du terme BRIC dans
une note de Jim O'Neill, économiste
de la banque d'investissement
Goldman Sachs
▪ 2009 : 1er sommet des BRIC
▪ 2011 : adhésion de l’Afrique du Sud
→ BRICS
49. La formalisation des BRICS
▪ Pour Jim O'Neil, de Goldman Sachs, l'inventeur du terme, l'entrée de l'Afrique du Sud dans ce club
ne peut se comprendre que si « on la considère comme le représentant du continent africain ».
L'avis est partagé par Catherine Grant, ancienne diplomate et chercheuse à l'Institut sud-africain
pour les affaires internationales (SAIIA), qui estime que : « pour être crédible et représenter le Sud
sur la scène mondiale, les BRICS avaient besoin d'un membre africain, et le choix de l'Afrique du
Sud est très judicieux.» En effet, selon elle, les BRICS ne sont plus aujourd'hui une simple alliance
économique, mais bel et bien un groupe de puissances dont les ambitions sont devenues
politiques, notamment celle de concurrencer les grandes institutions internationales occidentales.
Catherine Grant souligne que « les BRICS ne sont pas une union économique. Avant, la taille
économique comptait, mais maintenant c'est un regroupement politique.»
▪ […] Lors du sommet de Fortaleza, au Brésil, en juillet 2014, les BRICS ont décidé la création d'une
banque de développement basée à Shanghai et d'un fonds de réserve. La banque est dotée d'un
capital de 50 milliards de dollars qui doit être porté à 100 milliards de dollars dans deux ans. Elle
peut accorder jusqu'à 350 milliards de prêts pour financer des projets d'infrastructures, de santé,
d'éducation, etc., dans les pays concernés et, à terme, dans d’autres émergents. Point notable, elle
n’assortit pas ses prêts de conditions contraignantes, comme c'est le cas du FMI, qui lui « exige des
réformes structurelles et une ingérence politique intolérable en échange de son aide », a expliqué
Anton Silouanov, le ministre des Finances russe.
▪ Source : Article Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud de Wikipédia en français
50. Un renversement de situation ?
▪ La crise financière a entraîné dans une certaine mesure la montée du protectionnisme, même s’il
ne sape pas les fondements de la mondialisation économique. Dans un contexte de forte
interdépendance entre les pays, le commerce et la libéralisation des investissements continueront
d’être les courants du développement économique du monde. Par exemple, le plan de relance
américain comprend des dispositions sur le « Buy American » et « Hire American » et prévoyait
d’augmenter les taxes sur les bénéfices des grandes entreprises américaines à l’étranger. La
portée de ces mesures a été par la suite considérablement réduite en raison de la menace de
représailles de partenaires commerciaux des États-Unis et de la forte opposition des entreprises
américaines. […]
▪ Grâce à l’amélioration de leur compétitivité sur le plan international, les économies émergentes
vont devenir les principaux défenseurs de la libéralisation du commerce. […] Si les différents pays
doivent apprendre quelque chose de la crise, - à savoir comprendre vraiment la nécessité d’une
coopération internationale pour promouvoir un système économique international égalitaire,
équitable et transparent – alors les négociations du cycle de Doha* devraient pouvoir aboutir.
▪ Xiaoji Zhang, « La Chine dans le commerce international de l’après-crise », Département de la recherche des relations économiques
extérieures et du développement, Chine, 2010
* Cycle de Doha : round de négociations de l’OMC commencé en 2001
51. Le Forum économique mondial
▪ Fondation à but non lucratif
▪ Siège en Suisse
▪ réunion annuelle à Davos, en Suisse :
dirigeants d’entreprise, responsables
politiques du monde entier,
intellectuels, journalistes → débattre
des problèmes les plus urgents de la
planète
▪ statut d’observateur auprès du
Conseil économique et social des
Nations unies - placé sous la
supervision du gouvernement suisse
52. Vers la fin du multilatéralisme ?
Partenariat transatlantique de
commerce et d'investissement
Accord de partenariat transpacifique
53. Vers la fin du
multilatéralisme ?
« Un projet de partenariat transatlantique
menaçant »
« Le traité transatlantique, un typhon qui menace
les Européens »
Imagine-t-on des multinationales traîner en justice les
gouvernements dont l’orientation politique aurait pour effet
d’amoindrir leurs profits ? Se conçoit-il qu’elles puissent
réclamer — et obtenir ! — une généreuse compensation pour
le manque à gagner induit par un droit du travail trop
contraignant ou par une législation environnementale trop
spoliatrice ? Si invraisemblable qu’il paraisse, ce scénario ne
date pas d’hier. Il figurait déjà en toutes lettres dans le projet
d’accord multilatéral sur l’investissement (AMI) négocié
secrètement entre 1995 et 1997 par les vingt-neuf Etats
membres de l’Organisation de coopération et de
développement économiques (OCDE). Divulguée in extremis,
notamment par Le Monde diplomatique, la copie souleva une
vague de protestations sans précédent, contraignant ses
promoteurs à la remiser. Quinze ans plus tard, la voilà qui fait
son grand retour sous un nouvel habillage.
L’accord de partenariat transatlantique (APT) négocié depuis
juillet 2013 par les Etats-Unis et l’Union européenne est une
version modifiée de l’AMI. Il prévoit que les législations en
vigueur des deux côtés de l’Atlantique se plient aux normes
du libre-échange établies par et pour les grandes entreprises
européennes et américaines, sous peine de sanctions
commerciales pour le pays contrevenant, ou d’une réparation
de plusieurs millions d’euros au bénéfice des plaignants.
Lori M. Wallach, Le Monde diplomatique, novembre 2013
Si le cycle des négociations multilatérales est
définitivement enterré, c'est l'avenir de l'OMC qui
est en jeu. […] Sur l'Europe, les Etats-Unis disposent
de deux avantages essentiels. Le premier est qu'ils
sont un Etat pour lequel le commerce est l'élément
d'une équation géopolitique beaucoup plus large
dont l'objectif avoué est de contenir la montée en
puissance de la Chine. Dans cette perspective, leur
objectif est de mettre en place deux mâchoires
réglementaires puissantes couvrant 60 % du
commerce américain : l'une avec l'Europe, l'autre
avec l'Asie mais sans la Chine, et ce en plaçant la
barre des négociations de l'accord Partenariat
transpacifique (TPP) suffisamment haut pour
dissuader Pékin d'y entrer.
Zaki Laïdi, directeur de recherche au Centre d'études européennes de Sciences Po,
Le Monde, 15/03/2013
54. Mouvement altermondialiste
▪ ONG, associations ou syndicats
▪ Dénoncent dérives sociales et environnementales de
la mondialisation libérale.
▪ Critiquent l’action des acteurs de la finance
défendant les intérêts des plus riches.
▪ En 1999, la mobilisation antimondialiste apparaît
au grand jour : 40 000 personnes manifestent lors
d’un sommet de l’OMC à Seattle (Etats-Unis) contre la
« dictature des marchés financiers ».
▪ 2001, contre Davos, 1er Forum social mondial à Porto
Alegre (Brésil). → slogan « Un autre monde est
possible »
▪ → Antimondialistes deviennent altermondialistes.
56. Les 3 échelles de la gouvernance
▪ Je dis souvent à mes étudiants que j'ai eu la chance de passer par trois états de
gouvernance dans ma vie professionnelle : la République française, qui est solide ;
l'Union européenne, qui est liquide ; et le système international, qui est gazeux. [...] Dans
un État-nation, on ne se demande pas pourquoi on est ensemble. [...] À l'échelon
européen, c'est déjà plus compliqué. [...] À l'échelon mondial, les institutions sont faibles
et le sentiment d'appartenance est encore plus ténu. [...] Pour que la gouvernance
marche, elle doit combiner leadership, cohérence et légitimité. C'est le cas dans une
entreprise, dans un club de football ou en politique nationale. [...] Dans le système
international, il n'y a pas un lieu qui regroupe ces trois fonctions. Le G20 exerce un vrai
leadership mais il n'a pas beaucoup de légitimité ni d'efficacité. Les Nations unies sont
légitimes mais elles n'ont pas beaucoup d'efficacité ou de leadership. Les organisations
internationales spécialisées sont efficaces, elles ont une vrai capacité à mobiliser les
ressources, de l'expertise, des financements, mais elles sont régulièrement mises en
question sur leur légitimité ou leur leadership.
▪ Pascal Lamy (directeur de l'OMC de 2005 à 2013), « La gouvernance en pensée et en action », dans Christine Lagarde,
Angel Gurria, Pascal Lamy, François Bourguignon et Michel Camdessus, Pour une gouvernance mondiale ; entretiens
avec Jean-Marc Vittori, Paris, éditions Autrement, 2010