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REVUE DE PRESSE
DISPAK DISPAC’H
PATRICIA ALLIO
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
© Emmanuel Valette
CONTACT ICE PRODUCTION
AMÉLIE-ANNE CHAPELAIN
T +33 (0)7 81 84 34 06
ice.production29@gmail.com
CONTACT TNB
JEAN-BAPTISTE PASQUIER
Directeur des productions et
du développement international
DISPAK DISPAC'H
PATRICIA ALLIO
Le tribunal où se traitent, entre réquisitoires
et plaidoiries, les affaires du monde est un
théâtre. Patricia Allio en fait l’argument d’un
spectacle documentaire aux prises avec les
politiques migratoires. En janvier 2018, se
tenait la session du «Tribunal Permanent des
Peuples consacrée à la violation des droits des
personnes migrantes et des réfugiées».
Patricia Allio bascule au théâtre sa perception
de ce moment qu’elle suspend entre 2 mots.
En breton, Dispak signifie «ouvert, déployé,
à découvert, défait, déplié, en désordre» et
Dispac’h se traduit par «agitation, révolte,
révolution». 2 mots pour activer une parole
qui cherche la vérité au-delà des lois et des
verdicts. Une actrice, un danseur et acteur,
des citoyen·nes militant·es, des activistes
ou des juristes racontent les méandres qui
guettent les personnes demandeuses d’asile.
Il ne s’agit pas de transcrire le réel mais
d’en opérer une transposition évolutive et
performative.
CRÉATION
Théâtre de Lorient, CDN
03 11 – 05 11 2021
TOURNÉE
Rennes, Théâtre National de Bretagne
10 11 – 13 11 2021
Brest, Le Quartz
25 11 – 27 11 2021
2
©
Emmanuel
Valette
 
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
3
Textes
PATRICIA ALLIO
GISTI/TPP/FORENSIC ARCHITECTURE (extraits)
ÉLISE MARIE
Mise en scène
PATRICIA ALLIO
Scénographie
MATHIEU LORRY-DUPUY
Graphisme
HÉLÈNE MOURRIER
Lumières
EMMANUEL VALETTE
Son
LÉONIE PERNET
Régie générale
KARL EMMANUEL LE BRAS
Régie son
MAËL CORENTIN
Assistanat à la mise en scène
EMMANUEL·LE LINNÉE
Costumes
LAURE MAHÉO
Témoins de la société civile
MORTAZA BEHBOUDI
FALMARÈS
GAËL MANZI/ UTOPIA 56
STÉPHANE RAVACLEY
MARIE-CHRISTINE VERGIAT
Production
AMÉLIE-ANNE CHAPELAIN
Administration
LISE DELENTE
LUCIE MONTIER
Avec
PATRICIA ALLIO
FALMARÈS
ÉLISE MARIE
GAËL MANZI
BERNARDO MONTET
STÉPHANE RAVACLEY
MARIE-CHRISTINE VERGIAT
Durée estimée 2h30
Production: ICE. Coproduction: Théâtre National
de Bretagne; Théâtre de Lorient – Centre
Dramatique National de Bretagne; Le Quartz–
Scène nationale de Brest. Avec le soutien du
Centre Dramatique National Besançon Franche-
Comté, du FRAC Franche-Comté, de Montévidéo
et du fonds de dotation Porosus.
ICE est une association subventionnée par
le ministère de la Culture – Drac Bretagne,
le conseil régional de Bretagne, le département
du Finistère, Morlaix Communauté et les villes
de Plougasnou et Saint-Jean-du-Doigt.
Remerciements à Francis Cape pour le prêt de sa
sculpture Bancs d'utopie / Utopian Benches.
Bancs d’utopie / Utopian Benches est une
sculpture formée par la réunion dans un
même espace de 20 bancs en bois, répliques
fidèles de bancs fabriqués et utilisés par
des communautés utopiques américaines et
européennes, historiques ou vivantes. Les bancs
se ressemblent mais sont tous différents.
Bancs d’utopie est une réflexion sur la
résistance à l’individualisme dominant et sur la
culture matérielle des sociétés communautaires.
L’artiste britannique Francis Cape, qui possède
une formation d’ébéniste, a débuté ce projet en
2011 aux États-Unis, où il vit et travaille. Pour
expliquer comment sa communauté réussit
à éliminer toute hiérarchie, un vieux membre
de Bruderhof (New York) dit un jour à l’artiste
«We sit on the same bench». Invité en 2013 par
Olivier Vadrot et l’École nationale supérieure des
beaux-arts de Lyon, Francis Cape a poursuivi
ce travail en Europe avec des étudiant·es du
master Design Exposition. En 2014-2015, sous
la direction de l’artiste, ils réalisé les répliques
de 12 bancs de communautés utopiques
européennes.
3
Textes
PATRICIA ALLIO
GISTI/TPP/FORENSIC ARCHITECTURE (extraits)
ÉLISE MARIE
Mise en scène
PATRICIA ALLIO
Scénographie
MATHIEU LORRY-DUPUY
Graphisme
HÉLÈNE MOURRIER
Lumières
EMMANUEL VALETTE
Son
LÉONIE PERNET
Régie générale
KARL EMMANUEL LE BRAS
Régie son
MAËL CORENTIN
Assistanat à la mise en scène
EMMANUEL·LE LINNÉE
Costumes
LAURE MAHÉO
Témoins de la société civile
MORTAZA BEHBOUDI
FALMARÈS
GAËL MANZI/ UTOPIA 56
STÉPHANE RAVACLEY
MARIE-CHRISTINE VERGIAT
Production
AMÉLIE-ANNE CHAPELAIN
Administration
LISE DELENTE
LUCIE MONTIER
Avec
PATRICIA ALLIO
FALMARÈS
ÉLISE MARIE
GAËL MANZI
BERNARDO MONTET
STÉPHANE RAVACLEY
MARIE-CHRISTINE VERGIAT
Duré
Produ
de Br
Dram
Scèn
Cent
Comt
et du
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cultu
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une f
2011
expli
à élim
de Br
«We
Olivie
beau
ce tra
mast
la dir
de 12
euro
PRESSE PAPIER
Patrick Sourd - Les Inrockuptibles, Cahier complémentaire Festival TNB, Novembre
2021
WEB
Florian Gaité - Mediapart
https://blogs.mediapart.fr/florian-gaite/blog/131121/dispak-dispach-de-patricia-allio-
circulez-ya-tout-voir
Véronique Hotte - Hotello
https://hottellotheatre.wordpress.com/2021/11/04/dispak-dispach-plateau-tribunal-
dans-une-creation-originale-de-lauteure-metteuse-en-scene-patricia-allio-avec-sur-
scene-patricia-allio-mortaza-behboudi-elise-marie-gael-manzi/
Isabelle Nivet - Sorties de secours
https://www.sortiesdesecours.com/dispak-dispach/
Pierre Wadoux – Ouest France
https://www.ouest-france.fr/bretagne/lorient-56100/lorient-le-theatre-scene-de-
tribunal-et-d-humanite-e6d1d84e-3bc9-11ec-8a6d-f0133bb020c0
Humbert Sarah – Ouest France
https://www.ouest-france.fr/bretagne/rennes-35000/theatre-touchant-humain-actuel-
dispac-h-porte-un-autre-regard-sur-l-immigration-9604e76a-2285-11ec-906c-
ae562130e2fb
LES INROCKUTIBLES	
  
Novembre 2021
Autrice, metteuse en
scène, performeuse
et réalisatrice, Patricia
Allio remet en scène
une session du Tribunal
permanent des peuples
sur les crimes commis
contre les réfugié·es.
Un théâtre performatif
pour repenser nos
politiques migratoires.
Texte Igor Hansen-Løve
Qu’est-ce que le Tribunal permanent
des peuples?
C’est un tribunal d’opinion, intervenant
en marge de la prérogative des États
et répondant aux demandes des
communautés dont les droits ont été
violés. Il s’agit en réalité d’une fiction;
les accusés ne sont pas là et les sentences
ne prennent pas effet – même si elles
sont ensuite remises aux autorités
compétentes. Depuis sa création en 1979
[par l’avocat et sénateur italien Lelio Basso],
le TPP a rendu des jugements sur le
génocide arménien, l’ingérence des
États-Unis au Nicaragua, la déforestation
de l’Amazonie au Brésil… C’est en
quelque sorte le tribunal des causes
perdues. Mais en rejouant leur rôle, les
victimes donnent accès aux
dysfonctionnements des États, et leur
parole est enregistrée. En 2018, j’ai assisté
à la session consacrée à la violation
des droits des migrants et réfugiés qui
m’a beaucoup marquée.
Et pourquoi avez-vous choisi de la
remettre en scène?
D’abord, simplement, pour faire entendre
l’inhumanité du constat politique.
D’une certaine manière, le spectacle est
la caisse de résonance du TPP. Mais il ne
s’agit pas seulement de rejouer la session,
mais plutôt de la revisiter scéniquement,
avec une actrice, un danseur, moi-même
et des témoins. À l’instar de Stéphane
Ravacley, boulanger à Besançon, qui
avait entamé une grève de la faim pour
éviter l’expulsion de l’un de ses employés,
ou Marie-ChristineVergiat, militante
associative et députée européenne. Lors
de la tournée, à chaque représentation, de
nouveaux témoins seront issus du
territoire où nous jouons. Ainsi, le projet
sera en évolution permanente.
Que peut le théâtre sur ce sujet?
Grâce à son espace unique réunissant
le public, les témoins et les acteurs,
le spectacle vivant devient un outil
démocratique formidable. On y partage
une énergie commune, on re-subjective
les questions politiques, on se coupe
du bruit du monde, et l’on convoque
les affects identificatoires nécessaires.
L’objectif : accéder à de nouvelles idées,
de nouvelles utopies, de nouveaux
paradigmes, et ainsi, je l’espère, réussir
à penser autrement nos politiques
migratoires, en dehors du cadre européen
que l’on nous impose.
Dispak Dispac’h texte et mise en scène
Patricia Allio, du 10 au 13 novembre, TNB,
salle Vilar.
VOIX
VOIXD’EXILÉ
D’EXILÉ•
•
ES
ES
TNB
Bernardo Montet, Stéphane
Ravacley, Emmanuel·le Le Linée,
Élise Marie et Patricia Allio.
Interview
9
Festival TNB Les Inrockuptibles |
MEDIAPART	
  
13 novembre 2021
« Dispak Dispac'h » de Patricia Allio : circulez, y'a tout à voir
Mercredi, alors que la situation à la frontière biélorusse s’embrase, j'assiste au
spectacle documentaire de Patricia Allio sur les migrations et la crise de
l’hospitalité. J’en sors ému, piqué au vif, plus conscient. Depuis, les paroles
les plus crasses se déversent sur les plateaux TV, preuve de plus, s'il en fallait,
que les fantasmes autour de la migration engendrent des monstres.
	
  
Dispak Dispach, dernière création de Patricia Allio, fait circuler sans entrave une
parole ouverte (« dispak » en breton) et révoltée (« dispac’h » en breton), ou plutôt
un ensemble de paroles et de silences qui s’opposent aux impasses des discours.
Les discours c’est généralement ce qu’on oppose aux actes. Ce sont les conventions
internationales, les programmes de campagne, les déclarations d’intentions, les
promesses en l’air, les lois qu’on oublie. Les beaux discours, les officiels, ceux qu’on
préfère dire plutôt que mettre en pratique. C’est au Tribunal Permanent des
Peuples[1], dont la pièce reproduit une séance, que revient ici la charge de les mettre
en accusation. De son souffle net et son débit tranchant, aussi inflexible qu’un
principe juridique, Élise Marie égrène les violations systémiques des droits de
l’humain, de la personne, de l’enfant et des travailleur·se·s en Europe par les États-
Nations mêmes qui les ont mis en place et sont censés les garantir. Son contre-
discours rappelle la loi à la loi : ici on défend les droits humains jusqu’à s’époumoner,
un moindre mal quand tant d’autres rendent pour rien leur dernier souffle.
"Dispak Dispac'h", Patricia
Allio, théâtre, 2h30,
création 2021 au Théâtre
National de Bretagne de
Rennes. Crédit photo:
Emmanuel Valette
On n’est plus au théâtre ordinaire, ou alors dans un théâtre rappelé à son agentivité
sociale et politique. Il n’est pas un lieu de divertissement, on n’y va plus vraiment
pour la détente, ou alors pour appuyer sur celle d’une arme : on ne résiste pas sans
poigne à la puissance de la nécropolitique. La scène est un asile ouvert où chacun
peut dire son refus, son engagement, son humanité. On est sur un ring, au tribunal,
en manif, au parlement, dans une réunion militante, en suspens au-dessus de la
Méditerranée. En club aussi parfois. L’agora est un site de rencontre, au sens
propre, qui lubrifie les mécanismes d’identification, une "communauté de regards"
selon les mots de Patricia Allio dans laquelle nous nous voyons toustes et observons
nos silences de plus d’une minute. Face à l’indifférence collective, à celle des navires
marchands qui laissent crever les bateaux à la dérive, face à notre attentisme
général et à la tentation de voir la misère comme un spectacle, Dispak Dispac’h nous
remet littéralement à notre place. Celle de spectatrices et de spectateurs pressés
d’agir, de comprendre, de ne pas ne pas ressentir. La pièce déconstruit juste assez
le dispositif théâtral pour nous émanciper du show quotidien. On rejoint le centre, on
circule, on s’assoie sur les bancs d’utopie, ceux de Francis Cape, pour commencer à
y croire.
"Dispak Dispac'h", Patricia Allio,
théâtre, 2h30, création 2021 au
Théâtre National de Bretagne de
Rennes. Crédit photo:
Emmanuel Valette
Puis viennent les témoins. Ce soir-là, iels sont quatre : une ancienne députée
européenne, un boulanger gréviste de la faim, un journaliste afghan, un des
fondateurs d’Utopia 56. Marie-Christine Vergiat fait parler les affects de la langue
politique, celle qui fait et défait tout. Elle dit aussi des chiffres implacables : les
personnes migrantes représentent aujourd’hui 0,6 % de la population européenne,
les Européens sont 70 millions sur 700 à actuellement migrer, les Africains 37 pour
un milliard. Qui pour encore dire que toute la misère du monde est à nos portes ?
Mortaza Behboudi rappelle la condition d’exil à la possibilité du dialogue, être
migrant·e c’est demander à être écouté·e, à répondre, à être interpelé·e pour être
reconnu·e comme personne. On écoute Gaël Manzi qui sait plus que quiconque que
toutes les existences précaires doivent être nos deuils, que c’est à ce prix seulement
qu’on peut accorder de la valeur à la vie. On rencontre enfin Stéphane Ravacley, le
boulanger gréviste de la faim, qui touche comme il magnétise, à peine à distance,
mais déjà au plus profond de nous. Il est bouleversant.
Livret graphique d'Hélène Alix Mourrier
pour Dispak Dispac'h de Patricia Allio,
2021. Impression Nathalie Bihan /
Super Banco. Production Théâtre
National de Bretagne (Rennes).
L’ensemble est un collectif. Toute les dimensions d’un art effrontément vivant sont
convoquées : la danse expressionniste de Bernardo Montet, qui dialectise la
puissance et la vulnérabilité des corps en crise, le graphisme insolent d’Hélène Alix
Mourrier qui sublime les colères motrices de ces luttes, la musique de Léonie Pernet
qui dit la fragilité du combat, la mélancolie et la violence qui l’animent, la lumière
précise d’Emmanuelle Valette et la scénographie vive de Mathieu Lorry-Dupuy qui à
deux organisent l’espace de ce jeu complexe entre réalité et fiction. Il y a enfin la
(re)médiation de Patricia Allio qui, metteuse en scène, ne la quitte pourtant pas,
intimement liée aux existences qui s’y expriment. Elle accompagne d’une voix posée,
limpide et articulée les paroles mobiles qui questionnent avec urgence les formes du
témoignage silencié : que fait-on concrètement du désir de parler de l’autre ? Quelles
voix méritent d’être entendues et pourtant ne le sont pas ? Que dit-on enfin lorsqu’on
ne trouve plus les mots ? Evitant le double écueil du misérabilisme et des
raisonnements simplifiés, Dispak Dispac’h ouvre elle le dialogue, les esprits et
l’espace d’une micro-révolution où célébrer les indisciplines. Nos défaites sont alors
bien nos victoires, comme elle l’assure, consciente que la seule chose à ne pas
perdre pour pouvoir s’insurger, ce sont encore nos voix.
"Dispak Dispac'h", Patricia Allio, théâtre, 2h30, création 2021 au Théâtre National de
Bretagne de Rennes. Crédit photo: Emmanuel Valette
[1] Le TPP est un tribunal d’opinion qui agit de manière indépendante des États et
répond aux demandes des communautés et des peuples dont les droits ont été
violés. Le but des audiences est de « restaurer l’autorité des peuples lorsque les
États et les organisations internationales ont échoué à protéger les droits des
peuples ». Le TPP fait suite au Tribunal Russel et s’appuie sur la Déclaration
universelle des droits des peuples (Alger, 1976) et de tous les instruments du droit
international. Il dénonce les actes portant atteintes aux droits des peuples. Le
Tribunal se compose de personnes venues du monde entier, garantissant ainsi son
indépendance. Les sentences prononcées sont remises à plusieurs instances telles
que : le Parlement européen, la Cour Européenne des droits de l’Homme, les
commissions de l’ONU, aux organisations internationales et régionales, aux
organisations humanitaires, etc. (source: www.ldh-france.org/).
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
HOTHELLO
04 novembre 2021
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
OTHELLO
Dispak dispac’h, plateau tribunal
dans une création originale de
l’auteure, metteuse en scène
Patricia Allio, avec sur scène,
Patricia Allio, Mortaza Behboudi,
Elise Marie, Gaël Manzi,
Bernardo Montet, Stéphane
Ravacley, Marie-
Christine Vergiat.
Dispak dispac’h, plateau tribunal dans une création originale de l’auteure, metteuse en scène, performeuse et
réalisatrice Patricia Allio, avec sur scène, Patricia Allio, Mortaza Behboudi, Elise Marie, Gaël Manzi,
Bernardo Montet, Stéphane Ravacley, Marie- Christine Vergiat.
Adepte d’un théâtre sociétal et politique porté par les réalités du monde, Patricia Allio, auteure, metteuse en
scène et performeuse, est présente avec sa dernière création au Grand Théâtre de Lorient – Centre dramatique
national -, lors de la Semaine de l’Hospitalité. Artiste associée au Théâtre National de Bretagne de Renne, elle y
présente sa création, avant le Quartz à Brest.
Le tribunal où se traitent, entre réquisitoires et plaidoiries, les affaires du monde est un théâtre. Patricia Allio
saisit l’argument d’un spectacle documentaire aux prises avec les politiques migratoires. En janvier 2018, se
tenait la session du « Tribunal Permanent des Peuples consacrée à la violation des droits des personnes migrantes
et des réfugiées ». Soit l’occasion pour la conceptrice d’inventer un spectacle suspendu entre deux mots : en
breton, Dispak signifiant « ouvert, déployé, à découvert, défait, déplié, en désordre » et Dispac’h, traduit par
« agitation, révolte, révolution », des mots activant une parole en quête de la vérité par-delà les lois et verdicts.
Aussi les spectateurs de la soirée vont-ils être confrontés à la nécessaire protection des migrants et au manque de
respect par les Etats de la Convention européenne des Droits de l’Homme et de la Charte sociale européenne. Le
projet documentaire s’inspire des archives sonores de cette fameuse session du TPP, de cette lecture d’accusation
à l’encontre de la politique migratoire de l’Europe et de la France – acte rédigé en 2018 par une trentaine
d’associations humanitaires.
« Depuis 2014, on dénombre 21 000 morts en Mer Méditerranée. On peut donc parler de nécropolitique, et c’est
bien de crise démocratique dont il s’agit et non de crise migratoire. Qu’est-ce qui fait qu’une vie mérite d’être
pleurée ou non ? », déclare Patricia Allio.
Tribunal sans tribunaux, le spectacle rassemble une démarche juridique, politique et militante, dans une forme
théâtrale : en jouant leur propre rôle, les acteurs de la société civile participant à cet événement mettent en cause
l’hypocrisie des Etats européens pour les personnes demandeuses d’asile – une résistance citoyenne mise en
lumière et re-visitée scéniquement. La scène et la salle sont réunies sur le plateau, public, acteurs et intervenants
mêlés étroitement.
Sur le plateau quadri-frontal, le public est convié sur des gradins puis sur des bancs de bois solidaires. Une
actrice, un acteur, une juriste, un danseur, un boulanger, un journaliste vont témoigner des épreuves vécues par
les personnes demandeuses d’asile, au cours d’une dramatisation progressive et engagée.
 
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
	
  
La comédienne Elise Marie énonce les différents articles ressortissant à la Convention européenne des Droits de
l’Homme et à la Déclaration universelle des Droits de l’Homme et leur non-application illustrée par un jeu
graphique au sol et par des mouvements évocateurs de danse.
Viennent ensuite les témoignages.
Marie- Christine Vergiat, vice-présidente des la Ligue des droits de l’Homme, ex-eurodéputée invite l’assemblée
à réfléchir sur les statistiques déclinées quotidiennement tandis que Gaël Manzi partage son histoire de militant,
créateur de l’association Utopie56 qui encadre le bénévolat, donnant l’opportunité de s’engager sur le terrain,
sans formation ni engagement de temps minimal requis.
Mortaza Behboudi, journaliste afghan, raconte son exil forcé d’Afghanistan, fuyant la mort des Talibans en 2015
pour s’arrêter en France à Paris – avec les « restos du coeur » pour seule cantine, l’errance, l’abandon et la
solitude dans les rues de Paris. Il s’en sort, devenu correspondant de France 2 et Arte. Il apprend le français en
quelques mois, se débat avec tous ses rendez-vous administratifs à la Préfecture, notamment. Le récit de ses
reportages dans les camps de rétention des îles grecques – il fut le premier journaliste à y pénétrer puis à y
demeurer – est particulièrement émouvant.
Stéphane Ravacley, boulanger à Besançon, devenu célèbre quand il prend parti pour son apprenti-boulanger
exilé, qui doit à ses dix-huit ans repartir immédiatement dans son pays africain d’origine. Appels aux médias,
coordination avec les autres artisans entrepreneurs – il est fondateur de Patrons solidaires -, grève de la faim : le
boulanger obtient gain de cause.
De plus, sur la scène, il est aussi un bel interprète du spectacle, non seulement récitant mais danseur au côté du
charismatique et silencieux chorégraphe Bernardo Montet, mimant les exilés d’Erytrée, d’Ethiopie, du Soudan,
d’Irak, d’Iran, d’Afghanistan…Il revêt la parure de policier des frontières – protections diverses et casque sur la
tête – pour danser encore et donner à voir la douleur, l’inouï, l’inacceptable de ce que les corps migrants
subissent.
Dans une scénographie lumineuse de Mathieu Lorry-Dupuy et sous les lumières d’Emmanuel Valette, le
graphisme d’Hélène Mourrier et sous le son de Léonie Pernet, le sol se métamorphose en une carte de la
Méditerranée puis de l’Europe. Les interprètes collent des petits points luminescents sur la carte géographique,
autant de centres de rétention administratives (CRA) et de hotspots ou points d’enregistrement européen –
approche européenne visant à améliorer le procédé servant à identifier, enregistrer et prendre les empreintes
digitales des migrants arrivant.
Un spectacle de grande sobriété, à la fois pédagogique et sensible, attentif à la dimension épique des exilés en
question que l’on ne peut évoquer dignement que par la danse et l’écoute des corps.
Véronique Hotte
Spectacle vu le 3 novembre, les 4 et 5 novembre 2021 au Théâtre de Lorient. Du 10 au 13 novembre, au Théâtre
National de Bretagne. Du 26 au 28 novembre 2021, au Quartz Brest.
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SORTIES DE SECOURS
04 novembre 2021
Dispak Dispac’h. Plein la gueule
Peut-être tu as vu l’affiche, le flyer, les photos. Peut-être tu as retenu les
mots réfugiés, tribunal des peuples, crimes contre l’humanité, violation des droits…
Peut-être tu as lu mon article, le récit de ma rencontre avec Patricia Allio. Peut-être
tu t’es dit oh non, les trucs de migrants merci ça va me plomber j’ai pas envie de ça
en ce moment. Je le sais je me suis dit ça aussi. Mais moi j’avais rencontré Patricia
le 1er
novembre, le jour de la Toussaint, le jour des Morts. Et j’avais plongé la main
dans son cœur, et j’avais senti ses battements et j’avais senti les millions de cœurs
pour lesquels le sien à elle battait. Patricia, elle va pas pouvoir aller te voir toi, toi, et
toi, et toi aussi au fond là-bas pour te convaincre juste en te regardant avec ses yeux
mouillés et son petit air entêté.
Peut-être que moi non plus, mais je te raconte, au moins. Tu vois, tu vas arriver au
théâtre, et tu vas pas t’asseoir dans la salle, mais derrière le rideau, sur la scène. Tu
vas enlever tes chaussures, tu vas trottiner en chaussettes jusqu’à l’espace de jeu,
clos comme un lit breton, cerné de praticables. Tu vas en choisir un, tu vas t’asseoir
en tailleur, le plus droit possible, en te disant faut que je reste concentrée faut pas
que je pense à autre chose et non tu penses pas à autre chose tu écoutes tu
comprends cet acte d’accusation sur la violation des droits des personnes migrantes
et réfugiées que la belle Elise Marie et ses cheveux de folle vénitienne dévide
comme une pelote de fil de soie. Peut-être tu vas pleurer. Peut-être tu vas serrer les
poings dans tes poches. Peut-être tu vas réaliser que ceux qui sont assis en face de
toi, à côté de toi, derrière toi, ont le même regard, grave, exactement en équilibre
entre sidération et espoir, mais pas désespéré, non. Mobilisé.
Et puis Bernardo Montet va danser, de sa belle puissance, une danse de la fatigue,
une danse de l’épuisement, une danse des nerfs, une danse de l’inacceptable, une
danse de la violence, une danse qui dit non. Non. Il dit non avec son corps. Et puis il
y a Stéphane Ravacley, tu le connaissais pas ce boulanger de Besançon et ce matin
c’est comme si c’était le Dalaï Lama qui t’avait pris dans ses bras. Stéphane, il a dit
non aussi, quand on a voulu expulser son apprenti, Laye. Stéphane il a dit non et il a
arrêté de manger, et aujourd’hui une proposition de loi portant son nom a été
proposée à l’Assemblée Nationale. Stéphane il est là, en scène, tu le vois tout de
suite, il ressemble à François Hadji-Lazzaro tu t’attends à entendre la ritournelle du
bar-tabac de la rue des Martyrs. Stéphane il ressemble à Abel Tiffauges, l’homme
qui sauve, le Roi des Aulnes, Stéphane est un géant mythologique, Stéphane est un
Juste.
Tu te dis que c’est du blabla de gonzesse trop sensible, d’écrivailleuse qui en fait
des tonnes, là, en me lisant ? Ben non. Stéphane, on aurait pu faire le spectacle
entier rien que sur lui – pardon aux autres. Stéphane qui a donné 200 interviews
alors qu’il n’était jamais sorti de son fournil, Stéphane que voilà sur scène, racontant
son histoire à sa façon, avec sa vérité très simple, Stéphane avec ses grands bras
qui portent, enveloppent, bougent et dansent. Et dansent juste. Il est là Stéphane. Ça
peut paraître une coquetterie de cultureuse de dire ça mais non, Stéphane, quand il
danse on voit un ange, on voit l’humanité toute entière, c’est comme ça et foutez-
vous de ma gueule si vous voulez, j’en démordrai pas. C’est comme ça que des
légendes se sont formées, juste sur la grâce d’un homme simplement juste qui dit
non.
Bien sûr, il ne faudra pas oublier l’ancienne députée européenne Marie-Christine
Vergiat, ses petits escarpins en daim noir, son envie de dire encore et toujours plus
les chiffres, les vrais chiffres, et leur traduction, ce qu’ils racontent. Marie-Christine
Vergiat elle nous donne des billes pour écrire la nouvelle légende, participer à
l’écriture de ce « non » nécessaire. Bien sûr il y a le récit tout simple, vrai, d’un
migrant, le journaliste afghan Mortaza Behboudi, arrivé en France et dormant dans la
rue, puant et mangeant aux Restos du cœur, et aujourd’hui reporter pour arte et
France tv. Bien sûr tu auras vu cette scéno délicate, carte de la Méditerranée
s’illuminant des points tragiques des camps de réfugiés, pastilles fluo collées sur
cette Europe forteresse comme les gouttes d’une pluie acide.
Bien sûr, tu te diras que bon sang, mais c’est à ça que sert le théâtre aujourd’hui,
oui, tu te dis ça toi aussi que les peines de coeur de Perdican, c’est bien joli, mais
que peut-être le théâtre, les théâtres, ils pourraient ouvrir plus grand leurs portes au
sens, à l’utile, quand il est aussi beau que ça. Parce que ça, ce spectacle, là, il dit
des choses, parce que c’est du théâtre, justement que tu n’entendrais pas
autrement, ailleurs. Parce que l’art c’est une manière de toucher certaines
personnes. Ce spectacle, il donne forme à la réalité, la révolte, à l’indignation, il la
rend lisible, visible. Et la réalité lui rend la pareille, elle donne au théâtre tout son
sens, elle le légitime. Voilà. Merci Allio. Tu nous as rendu le théâtre. Essentiel.
Isabelle Nivet 4 novembre 2021
Dispak Dispac’h. Plein la gueule
Alors nous voilà, un 1er novembre, trottinant, parapluie à la main, dans les rues,
plutôt vides, d’un Lorient où peut-être les autres sont au cimetière, tandis que
Patricia Allio nous « guette » à l’entrée des artistes, tout au fond derrière le Grand
théâtre. Une brunette aux yeux pleins d’émotion, qui « guette » la vôtre et cherche
dans votre regard si vous avez bien pigé ce qu’elle vous raconte, jusqu’à ce qu’elle
se rassure, oui, vous avez pigé. Même si ça va être un pari, un défi, un casse-tête,
de parler de Dispak Dispac’h. Un casse-tête, parce que décrire ce « spectacle » –
qu’on n’a pas encore vu, puisque la première a lieu dans une heure, au moment où
on écrit ceci – pourrait vous faire peur. Pourtant, si, comme moi vous aviez passé
deux heures face à la scène, face à cette femme, vous n’hésiteriez pas une seconde
avant de prendre votre place, sur le plateau, ce soir, demain… Nous voilà donc en
proie à une « conviction intime », avec en main des sensations, des émotions, des
signes. Et la certitude que si on vous écrit un papier formel, sans prendre la voie (la
voix ?) intuitive, vous allez jeter l’éponge.
Alors prenons les signes. Ce parfum d’agrumes, tout à coup, venant de la scène et
montant dans la salle, et nous deux, narines dilatées, nous en émerveillant. Une
odeur d’orange qui restera associée à l’émotion, face à Patricia qui raconte
comment, lorsque l’on commence à prendre conscience de la profonde inhumanité
des politiques migratoires, « on ne peut plus s’enlever ça de la tête, après… » Les
techniciens, arrivant comme par magie pour déshabiller les bancs de leur gangue de
plastique, au moment précis où Patricia explique ce qu’ils sont, une œuvre de
l’artiste Francis Cape, Bancs d’utopie / Utopian Benches (1), prêtée par le FRAC
Franche-Comté. Moi, décrivant la broche brodée offerte à Véro, un poing levé aux
ongles vernis en rouge et les mots « People have the power » après que Patricia
m’ait expliqué ce qu’est le « Tribunal Permanent des Peuples », un tribunal réel,
qu’elle a revisité en scène.
Car il s’agit de cela, se battre et s’indigner. « Le fond, ce sont les politiques
migratoires. Pourquoi cette Europe forteresse, terrifiante ? Aucun état accueillant en
Europe, une France qui a la politique d’enfermement la plus dure d’Europe… », ici,
dans ce décor voulu comme « une agora, et pas une scène où on attend une
représentation ». Tous, spectateurs, comédiens, témoins de la société civile,
170 personnes rassemblées sur le plateau, nous allons vivre l’indignation, la
prise de responsabilité, l’engagement, l’empathie, découvrir l’inacceptable et le
partager. Par le sol, par nos pieds, un espace commun à nous tous, sur lequel se
dessinera une cartographie du monde migratoire, « jolie comme un jeu d’enfant, sur
laquelle on intervient, on déplace des parties du monde, on fait apparaître des points,
ceux des appels aux secours… ».
Dans cet espace, une parole, portée par des artistes, Patricia Allio (8), la
comédienne Elise Marie, le chorégraphe Bernardo Montet, et des témoins de la
société civile, Mortaza Behboudi (6), Falmarès (2), Stéphane Ravacley (4) et Marie-
Christine Vergiat (5), plus, dans chaque ville où sera donné le spectacle, un·e
activiste local·e. A Lorient, ce sera Gaël Manzi, d’Utopia56 (3). L’ossature de la
dramaturgie, c’est l’acte d’accusation réel du « Tribunal Permanent des Peuples »
(7) sur la violation des droits des personnes migrantes et réfugiées : « Dix
points par violation : c’est quelque chose de grave, génocidaire, avec des morts. Le
fait d’être intégré dans cette assemblée rend le spectateur actif. ». Mi théâtre
documentaire, mi performance, le spectacle est entrecoupé par « de la musique, de
la danse, du récit, pour rendre tout ça partageable, et rétablir l’équilibre avec
l’analytique ».
« Dispak Dispac’h, c’est un électrochoc sensible et politique. J’ai envie qu’on en
ressorte désespéré et en colère, mais aussi plein d’une humanité nouvelle »
Nous avons choisi de mettre les biographies et explications en fin d’article,
pour ne pas en alourdir la lecture.
Nous vous les conseillons néanmoins, elles éclairent le spectacle.
(1) Bancs d’utopie / Utopian Benches est une sculpture formée par la réunion dans
un même espace de 20 bancs en bois, répliques fidèles de bancs fabriqués et
utilisés par des communautés utopiques américaines et européennes, historiques ou
vivantes. L’artiste britannique Francis Cape, qui possède une formation d’ébéniste, a
débuté ce projet en 2011 aux États-Unis. Pour expliquer comment sa communauté
réussit à éliminer toute hiérarchie, un vieux membre de Bruderhof (New York) dit un
jour à l’artiste « We sit on the same bench ».
(2) Falmarès est né en 2001 à Conakry en Guinée, habite à Nantes où il est est
lycéen. En 2016, âgé de 14 ans, il quitte la Guinée après la disparition de sa mère.
Après avoir traversé le Mali, l’Algérie, la Libye, il embarque sur un zodiac où sont
entassées 180 personnes en direction de l’Italie. C’est dans le camp pour « migrants
» de Bolzano en Italie qu’il commence à écrire ses premiers poèmes. Rapidement, il
se rend dans les bibliothèques et rencontre le poète Michel L’Hostis. Il participe à
des rencontres littéraires, publie. En 2020, il est nommé Ambassadeur de la paix
entre la France et la Suisse. Le 21 avril 2021, il reçoit une lettre de la préfecture de la
Loire-Atlantique lui demandant de quitter le territoire français sous 30 jours.
(3) Gaël Manzi se rend en 2015 avec ses parents au bidonville de Calais pour venir
en aide aux personnes exilées. Ensemble, ils fondent l’association Utopia 56, à
Lorient. Il coordonne les actions de l’association dans le bidonville de Calais puis
s’engage dans le bidonville de Grande-Synthe. Il devient ensuite président et
coordinateur national de l’association.
(4) Stéphane Ravacley est boulanger-pâtissier à Besançon. Sa vie prend une
direction extraordinaire quand il rencontre son apprenti Laye Traoré, jeune exilé
arrivé de Guinée. En janvier 2021, il entame une grève de la faim pour dénoncer la
décision d’expulsion injustifiée de Laye, ce qui permettra d’engager une procédure
de régularisation de l’apprenti. Pendant son combat ultra-médiatisé, il découvre que
d’autres sont dans la même situation. Il fonde alors son association Patron·nes
Solidaires, qui accompagne et rend visible les patron·nes qui, comme lui, se battent
quotidiennement pour leurs jeunes apprenti·es migrant·es menacé·es d’expulsion.
Une loi Ravacley a été discutée à l’Assemblée Nationale en octobre 2021.
(5) Marie-Christine Vergiat est militante de la Ligue des Droits de l’homme depuis
1983 et a été députée européenne de 2009 à 2019. Au sein de la LDH dont elle est
vice-présidente depuis 2019, elle est particulièrement mobilisée sur les questions
migratoires et sur les droits économiques et sociaux.
(6) Mortaza Behboudi est journaliste. Il né en Afghanistan. Il a travaillé sur l’île de
Lesbos en Grèce, au camp de Moria pour ARTE.
(7) Le Tribunal Permanent des Peuples a été créé en 1979. C’est une instance
symbolique, un outil de résistance démocratique, un espace de prise de parole où
les peuples sont acteurs principaux dans la défense de leurs droits. Il agit de manière
indépendante des États et examine à la demande de personnes et d’organisations
de la société civile toute violation des droits fondamentaux des peuples. Plus de
quarante sessions du Tribunal se sont tenues à travers le monde.
(8) Patricia Allio a commencé sa vie professionnelle en étant prof de philosophie,
elle est autrice, metteuse en scène, performeuse et réalisatrice. Elle met la marge au
centre, interroge nos constructions identitaires. A Saint Jean-du-Doigt, elle anime
depuis 2016 les rencontres pluri-disciplinaires de ICE autour des minorités sexuelles,
politiques et linguistiques. Elle devient artiste associée au TNB en 2021, où elle
présente également cette saison Autoportrait à ma grand-mère.
(9) Deux mots bretons : Dispack, pour ouvert, déployé, à découvert, défait, déplié,
en désordre ; Dispac’h pour agitation, révolte, révolution
	
  
OUEST FRANCE	
  
02 novembre 2021
Lorient. Le théâtre, scène de tribunal et d’humanité
Le Grand Théâtre de Lorient (Morbihan), accueille, du 3 au 5 novembre 2021, la
Semaine de l’hospitalité, et transforme son plateau en tribunal pour Dispak
dispac’h, la création originale de Patricia Allio. Une première nationale.
Dispak ; ouvert, à découvert, en désordre. Dispac’h : agitation, révolte, révolution. Et
deux mots de breton pour tenter de résumer l’étincelle qui a allumé la mèche.
En janvier 2018, Patricia Allio assiste, à Paris, à une session du Tribunal permanent
des peuples (le TPP), créé en 1979. Elle est dédiée à la violation des droits des
personnes migrantes et des réfugiéss. Pour Patricia Allio, auteure et metteuse en
scène, la séance est un déclic. Le début d’une histoire, non pas à réécrire mais à
revisiter. « La question migratoire se pose partout dans le monde, explique
l’auteure de Dispak dispac’h. On peut partir d’un pays, on doit pouvoir y revenir
en toute liberté. Le désir de circulation est un droit universel. Ici, en France, en
Bretagne, nous sommes des privilégiés. Ce droit est, pour nous, une évidence.
Il ne l’est pas pour tout le monde sur cette planète. »
Acte d’accusation
La séquence du TPP, vécue de près par Patricia Allio, pique la curiosité de l’auteure.
« J’ai eu cette envie de réinterroger ce droit à la liberté de circuler. De créer un
spectacle original à partir de cette session du tribunal des peuples. Il s’agit là
d’un projet documentaire qui prend sa source dans les archives sonores de
cette fameuse session, de cette lecture d’acte d’accusation à l’encontre de la
politique migratoire de l’Europe et de la France. L’acte a été rédigé en 2018 par
le GISTI (Groupe d’information et de soutien aux immigrés). »
Le TPP est porté par une trentaine d’associations dont la Cimade, Utopia 56 ou SOS
Méditerranée, tous partie prenante de cette semaine de l’hospitalité au Grand
Théâtre dont Dispak dispac’h est le vaisseau amiral.
Au cœur de l’arène
Imaginée et portée par Patricia Allio, cette création originale a pris sa source voici un
an, lors d’une résidence de création au CDDB. Elle se joue jusqu’à vendredi (à 20 h)
sur le plateau du Grand Théâtre transformé en arène. Où acteurs, témoins,
représentants de la société civile et spectateurs (160 maximum) sont intimement
mêlés. Connectés sur la question migratoire. Terriblement d’actualité.
On y verra et entendra dès ce mercredi soir, Marie-Christine Vergiat, vice-présidente
de la Ligue des droits de l’Homme, ex-eurodéputée ; Mortaza Behboudi, journaliste
afghan, correspondant de France 2 et Arte ; Gaël Manzi, militant d’Utopia56 ;
Stéphane Ravacley, boulanger à Besançon, fondateur de Patrons solidaires et
surprenant acteur de ce spectacle ; la comédienne Élise Marie et le danseur et
chorégraphe Bernardo Montet. « Une assemblée engagée. La question n’est pas
de savoir, conclut Patricia Allio, s’il faut ouvrir ou fermer des frontières mais de
parler d’humanité. Ici, en France, en Bretagne, avec des Lorientais qui agissent
ici et ailleurs. »
L’hospitalité au programme du Grand théâtre
Autour du spectacle, le Théâtre de Lorient et ses partenaires proposent un temps fort
Hospitalité.
Mercredi 3 novembre : diffusion du court-métrage The migrating image de Stefan
Kruse et rencontre, de 18 h à 19 h, au Studio du Théâtre de Lorient. Diffusion de
courts-métrages dans le hall du Grand Théâtre, de 18 h jusqu’à 1 h, après le
spectacle. En partenariat avec J’ai vu un documentaire et SOS Méditerranée.
Jeudi 4 novembre : débat-lecture avec l’UPPL, de 17 h 30 à 19 h, au Studio. Avec
David Torondel (Ligue des droits de l’Homme Bretagne), Colette David (Amnesty
International Lorient/Quimperlé), La Cimade Lorient, Soutien Migrants Redon.
Diffusion de courts-métrages dans le hall du Grand Théâtre, de 18 h jusqu’à 1 h,
après le spectacle. En partenariat avec SOS Méditerranée.
Vendredi 5 novembre : lectures de textes de Philippe Claudel, Laurent Gaudé,
Jean-Michel Ribes, Matéi Visniec, Antoine Cassar ; des poèmes de Falmarès,
Jacques Prévert, Adeline-allias-Éolienne, une Pensée de Georges Brassens, et
Bienvenue à Calais. Les textes seront entrecoupés de chansons : Frontières d’Alain
Leprest, Les Sans Papiers sur une musique de Gainsbourg, Le Flamenco de Paris
de Léo Ferré. Abdoulaye interprétera quelques-unes de ses compositions.
OUEST FRANCE	
  
10 novembre 2021
Théâtre. Touchant, humain, actuel :
Dispac’h porte un autre regard sur l’immigration
Patricia Allio évoque les migrants en reconstituant sur scène une session de
tribunal mêlant comédiens et témoins de la société civile. À voir à Rennes à
partir du mercredi 10 novembre et à Brest, du 25 au 27 novembre.
Touchant, immersif, humain, actuel… Beaucoup de mots pourraient définir le
spectacle Dispac’h (1), mis en scène par la Bretonne Patricia Allio, joué du mercredi
10 au samedi 13 novembre à Rennes.
L’artiste est pourtant partie avec une seule inspiration : « En 2018, je découvre
qu’une session du Tribunal permanent des peuples a lieu à Paris. J’y assiste. »
Le Tribunal permanent des peuples (TPP) existe depuis 1979. Il s’agit d’un tribunal
d’opinion qui s’appuie sur la Déclaration universelle des droits des peuples et agit de
manière indépendante des États. « C’est un vrai-faux tribunal. Ça m’a tout de
suite intéressée. J’y ai vu une sorte de théâtre populaire », décrit-elle. Le TPP
n’exécute pas de sanction.
Sur scène, des témoins
Il y a trois ans, le TPP s’est penché sur la question des migrants, nombreux à tenter
de traverser la Méditerranée et à y périr. Patricia Allio a voulu « prolonger le geste
du tribunal en l’amenant sur scène ».
De cet échange, elle a principalement gardé « l’acte d’accusation », qu’elle a
retravaillé, pour qu’il soit « plus fluide, rythmé et démocratisé ». Sur les planches,
il est déclamé par l’actrice Élise Marie, toute de noire vêtue. Au milieu du plateau,
entourée par les spectateurs, elle déclame, en regardant le public, lui faisant prendre
part à l’histoire.
Mais Dispac’h, ce n’est pas seulement un monologue. Parce que la réalité a guidé le
travail de Patricia Allio, elle a fait appel, en plus des comédiens, à des « témoins,
occasionnels ou permanents ».
Ces derniers, issus de la société civile, racontent comment ils ont été confrontés à
l’immigration. Mais surtout aux vies de femmes, d’hommes et d’enfants cachés
derrière ce mot.
La grève de la faim du boulanger de Besançon
Par exemple, Stéphane Ravacley, boulanger à Besançon (Doubs). En janvier 2021, il
avait entamé une « grève de la faim », raconte-t-il, pour protester contre l’obligation
de quitter le territoire reçue par son apprenti, un Guinéen qui venait d’avoir 18 ans.
À force de mobilisation, il a obtenu la régularisation de la situation du jeune homme.
Lui qui est plus habitué aux fourneaux qu’à la scène, met en avant « une autre
forme de sensibilisation ». Depuis, il a créé une association, Patrons solidaires,
et tente de changer les choses.
Gaël Manzi, cofondateur d’Utopia 56, qui s’est mobilisé dans différents camps de
migrants, interviendra également. « On fait un retour d’expérience sur notre vécu
», dit-il.
Marie-Christine Vergiat, eurodéputée de 2009 à 2019, livrera elle aussi sa vision des
choses. Parce que l’histoire n’est jamais fixe, au fil des jours, différents témoins se
succéderont sur scène.
(1) En breton, Dispac’h signifie agitation, révolte. À voir au TNB à Rennes du 10 au
13 novembre 2021, au Quartz à Brest du 25 au 27 novembre 2021.
 
@Emmanuel Valette
	
  
6

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  • 1.                                                 REVUE DE PRESSE DISPAK DISPAC’H PATRICIA ALLIO                     © Emmanuel Valette CONTACT ICE PRODUCTION AMÉLIE-ANNE CHAPELAIN T +33 (0)7 81 84 34 06 ice.production29@gmail.com CONTACT TNB JEAN-BAPTISTE PASQUIER Directeur des productions et du développement international DISPAK DISPAC'H PATRICIA ALLIO Le tribunal où se traitent, entre réquisitoires et plaidoiries, les affaires du monde est un théâtre. Patricia Allio en fait l’argument d’un spectacle documentaire aux prises avec les politiques migratoires. En janvier 2018, se tenait la session du «Tribunal Permanent des Peuples consacrée à la violation des droits des personnes migrantes et des réfugiées». Patricia Allio bascule au théâtre sa perception de ce moment qu’elle suspend entre 2 mots. En breton, Dispak signifie «ouvert, déployé, à découvert, défait, déplié, en désordre» et Dispac’h se traduit par «agitation, révolte, révolution». 2 mots pour activer une parole qui cherche la vérité au-delà des lois et des verdicts. Une actrice, un danseur et acteur, des citoyen·nes militant·es, des activistes ou des juristes racontent les méandres qui guettent les personnes demandeuses d’asile. Il ne s’agit pas de transcrire le réel mais d’en opérer une transposition évolutive et performative. CRÉATION Théâtre de Lorient, CDN 03 11 – 05 11 2021 TOURNÉE Rennes, Théâtre National de Bretagne 10 11 – 13 11 2021 Brest, Le Quartz 25 11 – 27 11 2021 2 © Emmanuel Valette
  • 2.                                                                                                 3 Textes PATRICIA ALLIO GISTI/TPP/FORENSIC ARCHITECTURE (extraits) ÉLISE MARIE Mise en scène PATRICIA ALLIO Scénographie MATHIEU LORRY-DUPUY Graphisme HÉLÈNE MOURRIER Lumières EMMANUEL VALETTE Son LÉONIE PERNET Régie générale KARL EMMANUEL LE BRAS Régie son MAËL CORENTIN Assistanat à la mise en scène EMMANUEL·LE LINNÉE Costumes LAURE MAHÉO Témoins de la société civile MORTAZA BEHBOUDI FALMARÈS GAËL MANZI/ UTOPIA 56 STÉPHANE RAVACLEY MARIE-CHRISTINE VERGIAT Production AMÉLIE-ANNE CHAPELAIN Administration LISE DELENTE LUCIE MONTIER Avec PATRICIA ALLIO FALMARÈS ÉLISE MARIE GAËL MANZI BERNARDO MONTET STÉPHANE RAVACLEY MARIE-CHRISTINE VERGIAT Durée estimée 2h30 Production: ICE. Coproduction: Théâtre National de Bretagne; Théâtre de Lorient – Centre Dramatique National de Bretagne; Le Quartz– Scène nationale de Brest. Avec le soutien du Centre Dramatique National Besançon Franche- Comté, du FRAC Franche-Comté, de Montévidéo et du fonds de dotation Porosus. ICE est une association subventionnée par le ministère de la Culture – Drac Bretagne, le conseil régional de Bretagne, le département du Finistère, Morlaix Communauté et les villes de Plougasnou et Saint-Jean-du-Doigt. Remerciements à Francis Cape pour le prêt de sa sculpture Bancs d'utopie / Utopian Benches. Bancs d’utopie / Utopian Benches est une sculpture formée par la réunion dans un même espace de 20 bancs en bois, répliques fidèles de bancs fabriqués et utilisés par des communautés utopiques américaines et européennes, historiques ou vivantes. Les bancs se ressemblent mais sont tous différents. Bancs d’utopie est une réflexion sur la résistance à l’individualisme dominant et sur la culture matérielle des sociétés communautaires. L’artiste britannique Francis Cape, qui possède une formation d’ébéniste, a débuté ce projet en 2011 aux États-Unis, où il vit et travaille. Pour expliquer comment sa communauté réussit à éliminer toute hiérarchie, un vieux membre de Bruderhof (New York) dit un jour à l’artiste «We sit on the same bench». Invité en 2013 par Olivier Vadrot et l’École nationale supérieure des beaux-arts de Lyon, Francis Cape a poursuivi ce travail en Europe avec des étudiant·es du master Design Exposition. En 2014-2015, sous la direction de l’artiste, ils réalisé les répliques de 12 bancs de communautés utopiques européennes. 3 Textes PATRICIA ALLIO GISTI/TPP/FORENSIC ARCHITECTURE (extraits) ÉLISE MARIE Mise en scène PATRICIA ALLIO Scénographie MATHIEU LORRY-DUPUY Graphisme HÉLÈNE MOURRIER Lumières EMMANUEL VALETTE Son LÉONIE PERNET Régie générale KARL EMMANUEL LE BRAS Régie son MAËL CORENTIN Assistanat à la mise en scène EMMANUEL·LE LINNÉE Costumes LAURE MAHÉO Témoins de la société civile MORTAZA BEHBOUDI FALMARÈS GAËL MANZI/ UTOPIA 56 STÉPHANE RAVACLEY MARIE-CHRISTINE VERGIAT Production AMÉLIE-ANNE CHAPELAIN Administration LISE DELENTE LUCIE MONTIER Avec PATRICIA ALLIO FALMARÈS ÉLISE MARIE GAËL MANZI BERNARDO MONTET STÉPHANE RAVACLEY MARIE-CHRISTINE VERGIAT Duré Produ de Br Dram Scèn Cent Comt et du ICE e le mi le co du Fi de Pl Reme sculp Banc sculp mêm fidèle des c europ se re Banc résis cultu L’arti une f 2011 expli à élim de Br «We Olivie beau ce tra mast la dir de 12 euro
  • 3. PRESSE PAPIER Patrick Sourd - Les Inrockuptibles, Cahier complémentaire Festival TNB, Novembre 2021 WEB Florian Gaité - Mediapart https://blogs.mediapart.fr/florian-gaite/blog/131121/dispak-dispach-de-patricia-allio- circulez-ya-tout-voir Véronique Hotte - Hotello https://hottellotheatre.wordpress.com/2021/11/04/dispak-dispach-plateau-tribunal- dans-une-creation-originale-de-lauteure-metteuse-en-scene-patricia-allio-avec-sur- scene-patricia-allio-mortaza-behboudi-elise-marie-gael-manzi/ Isabelle Nivet - Sorties de secours https://www.sortiesdesecours.com/dispak-dispach/ Pierre Wadoux – Ouest France https://www.ouest-france.fr/bretagne/lorient-56100/lorient-le-theatre-scene-de- tribunal-et-d-humanite-e6d1d84e-3bc9-11ec-8a6d-f0133bb020c0 Humbert Sarah – Ouest France https://www.ouest-france.fr/bretagne/rennes-35000/theatre-touchant-humain-actuel- dispac-h-porte-un-autre-regard-sur-l-immigration-9604e76a-2285-11ec-906c- ae562130e2fb
  • 4. LES INROCKUTIBLES   Novembre 2021 Autrice, metteuse en scène, performeuse et réalisatrice, Patricia Allio remet en scène une session du Tribunal permanent des peuples sur les crimes commis contre les réfugié·es. Un théâtre performatif pour repenser nos politiques migratoires. Texte Igor Hansen-Løve Qu’est-ce que le Tribunal permanent des peuples? C’est un tribunal d’opinion, intervenant en marge de la prérogative des États et répondant aux demandes des communautés dont les droits ont été violés. Il s’agit en réalité d’une fiction; les accusés ne sont pas là et les sentences ne prennent pas effet – même si elles sont ensuite remises aux autorités compétentes. Depuis sa création en 1979 [par l’avocat et sénateur italien Lelio Basso], le TPP a rendu des jugements sur le génocide arménien, l’ingérence des États-Unis au Nicaragua, la déforestation de l’Amazonie au Brésil… C’est en quelque sorte le tribunal des causes perdues. Mais en rejouant leur rôle, les victimes donnent accès aux dysfonctionnements des États, et leur parole est enregistrée. En 2018, j’ai assisté à la session consacrée à la violation des droits des migrants et réfugiés qui m’a beaucoup marquée. Et pourquoi avez-vous choisi de la remettre en scène? D’abord, simplement, pour faire entendre l’inhumanité du constat politique. D’une certaine manière, le spectacle est la caisse de résonance du TPP. Mais il ne s’agit pas seulement de rejouer la session, mais plutôt de la revisiter scéniquement, avec une actrice, un danseur, moi-même et des témoins. À l’instar de Stéphane Ravacley, boulanger à Besançon, qui avait entamé une grève de la faim pour éviter l’expulsion de l’un de ses employés, ou Marie-ChristineVergiat, militante associative et députée européenne. Lors de la tournée, à chaque représentation, de nouveaux témoins seront issus du territoire où nous jouons. Ainsi, le projet sera en évolution permanente. Que peut le théâtre sur ce sujet? Grâce à son espace unique réunissant le public, les témoins et les acteurs, le spectacle vivant devient un outil démocratique formidable. On y partage une énergie commune, on re-subjective les questions politiques, on se coupe du bruit du monde, et l’on convoque les affects identificatoires nécessaires. L’objectif : accéder à de nouvelles idées, de nouvelles utopies, de nouveaux paradigmes, et ainsi, je l’espère, réussir à penser autrement nos politiques migratoires, en dehors du cadre européen que l’on nous impose. Dispak Dispac’h texte et mise en scène Patricia Allio, du 10 au 13 novembre, TNB, salle Vilar. VOIX VOIXD’EXILÉ D’EXILÉ• • ES ES TNB Bernardo Montet, Stéphane Ravacley, Emmanuel·le Le Linée, Élise Marie et Patricia Allio. Interview 9 Festival TNB Les Inrockuptibles |
  • 5. MEDIAPART   13 novembre 2021 « Dispak Dispac'h » de Patricia Allio : circulez, y'a tout à voir Mercredi, alors que la situation à la frontière biélorusse s’embrase, j'assiste au spectacle documentaire de Patricia Allio sur les migrations et la crise de l’hospitalité. J’en sors ému, piqué au vif, plus conscient. Depuis, les paroles les plus crasses se déversent sur les plateaux TV, preuve de plus, s'il en fallait, que les fantasmes autour de la migration engendrent des monstres.   Dispak Dispach, dernière création de Patricia Allio, fait circuler sans entrave une parole ouverte (« dispak » en breton) et révoltée (« dispac’h » en breton), ou plutôt un ensemble de paroles et de silences qui s’opposent aux impasses des discours. Les discours c’est généralement ce qu’on oppose aux actes. Ce sont les conventions internationales, les programmes de campagne, les déclarations d’intentions, les promesses en l’air, les lois qu’on oublie. Les beaux discours, les officiels, ceux qu’on préfère dire plutôt que mettre en pratique. C’est au Tribunal Permanent des Peuples[1], dont la pièce reproduit une séance, que revient ici la charge de les mettre en accusation. De son souffle net et son débit tranchant, aussi inflexible qu’un principe juridique, Élise Marie égrène les violations systémiques des droits de l’humain, de la personne, de l’enfant et des travailleur·se·s en Europe par les États- Nations mêmes qui les ont mis en place et sont censés les garantir. Son contre- discours rappelle la loi à la loi : ici on défend les droits humains jusqu’à s’époumoner, un moindre mal quand tant d’autres rendent pour rien leur dernier souffle. "Dispak Dispac'h", Patricia Allio, théâtre, 2h30, création 2021 au Théâtre National de Bretagne de Rennes. Crédit photo: Emmanuel Valette
  • 6. On n’est plus au théâtre ordinaire, ou alors dans un théâtre rappelé à son agentivité sociale et politique. Il n’est pas un lieu de divertissement, on n’y va plus vraiment pour la détente, ou alors pour appuyer sur celle d’une arme : on ne résiste pas sans poigne à la puissance de la nécropolitique. La scène est un asile ouvert où chacun peut dire son refus, son engagement, son humanité. On est sur un ring, au tribunal, en manif, au parlement, dans une réunion militante, en suspens au-dessus de la Méditerranée. En club aussi parfois. L’agora est un site de rencontre, au sens propre, qui lubrifie les mécanismes d’identification, une "communauté de regards" selon les mots de Patricia Allio dans laquelle nous nous voyons toustes et observons nos silences de plus d’une minute. Face à l’indifférence collective, à celle des navires marchands qui laissent crever les bateaux à la dérive, face à notre attentisme général et à la tentation de voir la misère comme un spectacle, Dispak Dispac’h nous remet littéralement à notre place. Celle de spectatrices et de spectateurs pressés d’agir, de comprendre, de ne pas ne pas ressentir. La pièce déconstruit juste assez le dispositif théâtral pour nous émanciper du show quotidien. On rejoint le centre, on circule, on s’assoie sur les bancs d’utopie, ceux de Francis Cape, pour commencer à y croire. "Dispak Dispac'h", Patricia Allio, théâtre, 2h30, création 2021 au Théâtre National de Bretagne de Rennes. Crédit photo: Emmanuel Valette Puis viennent les témoins. Ce soir-là, iels sont quatre : une ancienne députée européenne, un boulanger gréviste de la faim, un journaliste afghan, un des fondateurs d’Utopia 56. Marie-Christine Vergiat fait parler les affects de la langue politique, celle qui fait et défait tout. Elle dit aussi des chiffres implacables : les personnes migrantes représentent aujourd’hui 0,6 % de la population européenne, les Européens sont 70 millions sur 700 à actuellement migrer, les Africains 37 pour un milliard. Qui pour encore dire que toute la misère du monde est à nos portes ? Mortaza Behboudi rappelle la condition d’exil à la possibilité du dialogue, être migrant·e c’est demander à être écouté·e, à répondre, à être interpelé·e pour être reconnu·e comme personne. On écoute Gaël Manzi qui sait plus que quiconque que toutes les existences précaires doivent être nos deuils, que c’est à ce prix seulement qu’on peut accorder de la valeur à la vie. On rencontre enfin Stéphane Ravacley, le boulanger gréviste de la faim, qui touche comme il magnétise, à peine à distance, mais déjà au plus profond de nous. Il est bouleversant.
  • 7. Livret graphique d'Hélène Alix Mourrier pour Dispak Dispac'h de Patricia Allio, 2021. Impression Nathalie Bihan / Super Banco. Production Théâtre National de Bretagne (Rennes). L’ensemble est un collectif. Toute les dimensions d’un art effrontément vivant sont convoquées : la danse expressionniste de Bernardo Montet, qui dialectise la puissance et la vulnérabilité des corps en crise, le graphisme insolent d’Hélène Alix Mourrier qui sublime les colères motrices de ces luttes, la musique de Léonie Pernet qui dit la fragilité du combat, la mélancolie et la violence qui l’animent, la lumière précise d’Emmanuelle Valette et la scénographie vive de Mathieu Lorry-Dupuy qui à deux organisent l’espace de ce jeu complexe entre réalité et fiction. Il y a enfin la (re)médiation de Patricia Allio qui, metteuse en scène, ne la quitte pourtant pas, intimement liée aux existences qui s’y expriment. Elle accompagne d’une voix posée, limpide et articulée les paroles mobiles qui questionnent avec urgence les formes du témoignage silencié : que fait-on concrètement du désir de parler de l’autre ? Quelles voix méritent d’être entendues et pourtant ne le sont pas ? Que dit-on enfin lorsqu’on ne trouve plus les mots ? Evitant le double écueil du misérabilisme et des raisonnements simplifiés, Dispak Dispac’h ouvre elle le dialogue, les esprits et l’espace d’une micro-révolution où célébrer les indisciplines. Nos défaites sont alors bien nos victoires, comme elle l’assure, consciente que la seule chose à ne pas perdre pour pouvoir s’insurger, ce sont encore nos voix. "Dispak Dispac'h", Patricia Allio, théâtre, 2h30, création 2021 au Théâtre National de Bretagne de Rennes. Crédit photo: Emmanuel Valette
  • 8. [1] Le TPP est un tribunal d’opinion qui agit de manière indépendante des États et répond aux demandes des communautés et des peuples dont les droits ont été violés. Le but des audiences est de « restaurer l’autorité des peuples lorsque les États et les organisations internationales ont échoué à protéger les droits des peuples ». Le TPP fait suite au Tribunal Russel et s’appuie sur la Déclaration universelle des droits des peuples (Alger, 1976) et de tous les instruments du droit international. Il dénonce les actes portant atteintes aux droits des peuples. Le Tribunal se compose de personnes venues du monde entier, garantissant ainsi son indépendance. Les sentences prononcées sont remises à plusieurs instances telles que : le Parlement européen, la Cour Européenne des droits de l’Homme, les commissions de l’ONU, aux organisations internationales et régionales, aux organisations humanitaires, etc. (source: www.ldh-france.org/).                                                                      
  • 9. HOTHELLO 04 novembre 2021                                                                                               OTHELLO Dispak dispac’h, plateau tribunal dans une création originale de l’auteure, metteuse en scène Patricia Allio, avec sur scène, Patricia Allio, Mortaza Behboudi, Elise Marie, Gaël Manzi, Bernardo Montet, Stéphane Ravacley, Marie- Christine Vergiat. Dispak dispac’h, plateau tribunal dans une création originale de l’auteure, metteuse en scène, performeuse et réalisatrice Patricia Allio, avec sur scène, Patricia Allio, Mortaza Behboudi, Elise Marie, Gaël Manzi, Bernardo Montet, Stéphane Ravacley, Marie- Christine Vergiat. Adepte d’un théâtre sociétal et politique porté par les réalités du monde, Patricia Allio, auteure, metteuse en scène et performeuse, est présente avec sa dernière création au Grand Théâtre de Lorient – Centre dramatique national -, lors de la Semaine de l’Hospitalité. Artiste associée au Théâtre National de Bretagne de Renne, elle y présente sa création, avant le Quartz à Brest. Le tribunal où se traitent, entre réquisitoires et plaidoiries, les affaires du monde est un théâtre. Patricia Allio saisit l’argument d’un spectacle documentaire aux prises avec les politiques migratoires. En janvier 2018, se tenait la session du « Tribunal Permanent des Peuples consacrée à la violation des droits des personnes migrantes et des réfugiées ». Soit l’occasion pour la conceptrice d’inventer un spectacle suspendu entre deux mots : en breton, Dispak signifiant « ouvert, déployé, à découvert, défait, déplié, en désordre » et Dispac’h, traduit par « agitation, révolte, révolution », des mots activant une parole en quête de la vérité par-delà les lois et verdicts. Aussi les spectateurs de la soirée vont-ils être confrontés à la nécessaire protection des migrants et au manque de respect par les Etats de la Convention européenne des Droits de l’Homme et de la Charte sociale européenne. Le projet documentaire s’inspire des archives sonores de cette fameuse session du TPP, de cette lecture d’accusation à l’encontre de la politique migratoire de l’Europe et de la France – acte rédigé en 2018 par une trentaine d’associations humanitaires. « Depuis 2014, on dénombre 21 000 morts en Mer Méditerranée. On peut donc parler de nécropolitique, et c’est bien de crise démocratique dont il s’agit et non de crise migratoire. Qu’est-ce qui fait qu’une vie mérite d’être pleurée ou non ? », déclare Patricia Allio. Tribunal sans tribunaux, le spectacle rassemble une démarche juridique, politique et militante, dans une forme théâtrale : en jouant leur propre rôle, les acteurs de la société civile participant à cet événement mettent en cause l’hypocrisie des Etats européens pour les personnes demandeuses d’asile – une résistance citoyenne mise en lumière et re-visitée scéniquement. La scène et la salle sont réunies sur le plateau, public, acteurs et intervenants mêlés étroitement. Sur le plateau quadri-frontal, le public est convié sur des gradins puis sur des bancs de bois solidaires. Une actrice, un acteur, une juriste, un danseur, un boulanger, un journaliste vont témoigner des épreuves vécues par les personnes demandeuses d’asile, au cours d’une dramatisation progressive et engagée.
  • 10.                                                                                                 La comédienne Elise Marie énonce les différents articles ressortissant à la Convention européenne des Droits de l’Homme et à la Déclaration universelle des Droits de l’Homme et leur non-application illustrée par un jeu graphique au sol et par des mouvements évocateurs de danse. Viennent ensuite les témoignages. Marie- Christine Vergiat, vice-présidente des la Ligue des droits de l’Homme, ex-eurodéputée invite l’assemblée à réfléchir sur les statistiques déclinées quotidiennement tandis que Gaël Manzi partage son histoire de militant, créateur de l’association Utopie56 qui encadre le bénévolat, donnant l’opportunité de s’engager sur le terrain, sans formation ni engagement de temps minimal requis. Mortaza Behboudi, journaliste afghan, raconte son exil forcé d’Afghanistan, fuyant la mort des Talibans en 2015 pour s’arrêter en France à Paris – avec les « restos du coeur » pour seule cantine, l’errance, l’abandon et la solitude dans les rues de Paris. Il s’en sort, devenu correspondant de France 2 et Arte. Il apprend le français en quelques mois, se débat avec tous ses rendez-vous administratifs à la Préfecture, notamment. Le récit de ses reportages dans les camps de rétention des îles grecques – il fut le premier journaliste à y pénétrer puis à y demeurer – est particulièrement émouvant. Stéphane Ravacley, boulanger à Besançon, devenu célèbre quand il prend parti pour son apprenti-boulanger exilé, qui doit à ses dix-huit ans repartir immédiatement dans son pays africain d’origine. Appels aux médias, coordination avec les autres artisans entrepreneurs – il est fondateur de Patrons solidaires -, grève de la faim : le boulanger obtient gain de cause. De plus, sur la scène, il est aussi un bel interprète du spectacle, non seulement récitant mais danseur au côté du charismatique et silencieux chorégraphe Bernardo Montet, mimant les exilés d’Erytrée, d’Ethiopie, du Soudan, d’Irak, d’Iran, d’Afghanistan…Il revêt la parure de policier des frontières – protections diverses et casque sur la tête – pour danser encore et donner à voir la douleur, l’inouï, l’inacceptable de ce que les corps migrants subissent. Dans une scénographie lumineuse de Mathieu Lorry-Dupuy et sous les lumières d’Emmanuel Valette, le graphisme d’Hélène Mourrier et sous le son de Léonie Pernet, le sol se métamorphose en une carte de la Méditerranée puis de l’Europe. Les interprètes collent des petits points luminescents sur la carte géographique, autant de centres de rétention administratives (CRA) et de hotspots ou points d’enregistrement européen – approche européenne visant à améliorer le procédé servant à identifier, enregistrer et prendre les empreintes digitales des migrants arrivant. Un spectacle de grande sobriété, à la fois pédagogique et sensible, attentif à la dimension épique des exilés en question que l’on ne peut évoquer dignement que par la danse et l’écoute des corps. Véronique Hotte Spectacle vu le 3 novembre, les 4 et 5 novembre 2021 au Théâtre de Lorient. Du 10 au 13 novembre, au Théâtre National de Bretagne. Du 26 au 28 novembre 2021, au Quartz Brest. Share this:
  • 11. SORTIES DE SECOURS 04 novembre 2021 Dispak Dispac’h. Plein la gueule Peut-être tu as vu l’affiche, le flyer, les photos. Peut-être tu as retenu les mots réfugiés, tribunal des peuples, crimes contre l’humanité, violation des droits… Peut-être tu as lu mon article, le récit de ma rencontre avec Patricia Allio. Peut-être tu t’es dit oh non, les trucs de migrants merci ça va me plomber j’ai pas envie de ça en ce moment. Je le sais je me suis dit ça aussi. Mais moi j’avais rencontré Patricia le 1er novembre, le jour de la Toussaint, le jour des Morts. Et j’avais plongé la main dans son cœur, et j’avais senti ses battements et j’avais senti les millions de cœurs pour lesquels le sien à elle battait. Patricia, elle va pas pouvoir aller te voir toi, toi, et toi, et toi aussi au fond là-bas pour te convaincre juste en te regardant avec ses yeux mouillés et son petit air entêté. Peut-être que moi non plus, mais je te raconte, au moins. Tu vois, tu vas arriver au théâtre, et tu vas pas t’asseoir dans la salle, mais derrière le rideau, sur la scène. Tu vas enlever tes chaussures, tu vas trottiner en chaussettes jusqu’à l’espace de jeu, clos comme un lit breton, cerné de praticables. Tu vas en choisir un, tu vas t’asseoir en tailleur, le plus droit possible, en te disant faut que je reste concentrée faut pas que je pense à autre chose et non tu penses pas à autre chose tu écoutes tu comprends cet acte d’accusation sur la violation des droits des personnes migrantes et réfugiées que la belle Elise Marie et ses cheveux de folle vénitienne dévide comme une pelote de fil de soie. Peut-être tu vas pleurer. Peut-être tu vas serrer les poings dans tes poches. Peut-être tu vas réaliser que ceux qui sont assis en face de toi, à côté de toi, derrière toi, ont le même regard, grave, exactement en équilibre entre sidération et espoir, mais pas désespéré, non. Mobilisé. Et puis Bernardo Montet va danser, de sa belle puissance, une danse de la fatigue, une danse de l’épuisement, une danse des nerfs, une danse de l’inacceptable, une danse de la violence, une danse qui dit non. Non. Il dit non avec son corps. Et puis il y a Stéphane Ravacley, tu le connaissais pas ce boulanger de Besançon et ce matin c’est comme si c’était le Dalaï Lama qui t’avait pris dans ses bras. Stéphane, il a dit non aussi, quand on a voulu expulser son apprenti, Laye. Stéphane il a dit non et il a arrêté de manger, et aujourd’hui une proposition de loi portant son nom a été proposée à l’Assemblée Nationale. Stéphane il est là, en scène, tu le vois tout de suite, il ressemble à François Hadji-Lazzaro tu t’attends à entendre la ritournelle du bar-tabac de la rue des Martyrs. Stéphane il ressemble à Abel Tiffauges, l’homme qui sauve, le Roi des Aulnes, Stéphane est un géant mythologique, Stéphane est un Juste. Tu te dis que c’est du blabla de gonzesse trop sensible, d’écrivailleuse qui en fait des tonnes, là, en me lisant ? Ben non. Stéphane, on aurait pu faire le spectacle entier rien que sur lui – pardon aux autres. Stéphane qui a donné 200 interviews
  • 12. alors qu’il n’était jamais sorti de son fournil, Stéphane que voilà sur scène, racontant son histoire à sa façon, avec sa vérité très simple, Stéphane avec ses grands bras qui portent, enveloppent, bougent et dansent. Et dansent juste. Il est là Stéphane. Ça peut paraître une coquetterie de cultureuse de dire ça mais non, Stéphane, quand il danse on voit un ange, on voit l’humanité toute entière, c’est comme ça et foutez- vous de ma gueule si vous voulez, j’en démordrai pas. C’est comme ça que des légendes se sont formées, juste sur la grâce d’un homme simplement juste qui dit non. Bien sûr, il ne faudra pas oublier l’ancienne députée européenne Marie-Christine Vergiat, ses petits escarpins en daim noir, son envie de dire encore et toujours plus les chiffres, les vrais chiffres, et leur traduction, ce qu’ils racontent. Marie-Christine Vergiat elle nous donne des billes pour écrire la nouvelle légende, participer à l’écriture de ce « non » nécessaire. Bien sûr il y a le récit tout simple, vrai, d’un migrant, le journaliste afghan Mortaza Behboudi, arrivé en France et dormant dans la rue, puant et mangeant aux Restos du cœur, et aujourd’hui reporter pour arte et France tv. Bien sûr tu auras vu cette scéno délicate, carte de la Méditerranée s’illuminant des points tragiques des camps de réfugiés, pastilles fluo collées sur cette Europe forteresse comme les gouttes d’une pluie acide. Bien sûr, tu te diras que bon sang, mais c’est à ça que sert le théâtre aujourd’hui, oui, tu te dis ça toi aussi que les peines de coeur de Perdican, c’est bien joli, mais que peut-être le théâtre, les théâtres, ils pourraient ouvrir plus grand leurs portes au sens, à l’utile, quand il est aussi beau que ça. Parce que ça, ce spectacle, là, il dit des choses, parce que c’est du théâtre, justement que tu n’entendrais pas autrement, ailleurs. Parce que l’art c’est une manière de toucher certaines personnes. Ce spectacle, il donne forme à la réalité, la révolte, à l’indignation, il la rend lisible, visible. Et la réalité lui rend la pareille, elle donne au théâtre tout son sens, elle le légitime. Voilà. Merci Allio. Tu nous as rendu le théâtre. Essentiel. Isabelle Nivet 4 novembre 2021
  • 13. Dispak Dispac’h. Plein la gueule Alors nous voilà, un 1er novembre, trottinant, parapluie à la main, dans les rues, plutôt vides, d’un Lorient où peut-être les autres sont au cimetière, tandis que Patricia Allio nous « guette » à l’entrée des artistes, tout au fond derrière le Grand théâtre. Une brunette aux yeux pleins d’émotion, qui « guette » la vôtre et cherche dans votre regard si vous avez bien pigé ce qu’elle vous raconte, jusqu’à ce qu’elle se rassure, oui, vous avez pigé. Même si ça va être un pari, un défi, un casse-tête, de parler de Dispak Dispac’h. Un casse-tête, parce que décrire ce « spectacle » – qu’on n’a pas encore vu, puisque la première a lieu dans une heure, au moment où on écrit ceci – pourrait vous faire peur. Pourtant, si, comme moi vous aviez passé deux heures face à la scène, face à cette femme, vous n’hésiteriez pas une seconde avant de prendre votre place, sur le plateau, ce soir, demain… Nous voilà donc en proie à une « conviction intime », avec en main des sensations, des émotions, des signes. Et la certitude que si on vous écrit un papier formel, sans prendre la voie (la voix ?) intuitive, vous allez jeter l’éponge. Alors prenons les signes. Ce parfum d’agrumes, tout à coup, venant de la scène et montant dans la salle, et nous deux, narines dilatées, nous en émerveillant. Une odeur d’orange qui restera associée à l’émotion, face à Patricia qui raconte comment, lorsque l’on commence à prendre conscience de la profonde inhumanité des politiques migratoires, « on ne peut plus s’enlever ça de la tête, après… » Les techniciens, arrivant comme par magie pour déshabiller les bancs de leur gangue de plastique, au moment précis où Patricia explique ce qu’ils sont, une œuvre de l’artiste Francis Cape, Bancs d’utopie / Utopian Benches (1), prêtée par le FRAC Franche-Comté. Moi, décrivant la broche brodée offerte à Véro, un poing levé aux ongles vernis en rouge et les mots « People have the power » après que Patricia m’ait expliqué ce qu’est le « Tribunal Permanent des Peuples », un tribunal réel, qu’elle a revisité en scène. Car il s’agit de cela, se battre et s’indigner. « Le fond, ce sont les politiques migratoires. Pourquoi cette Europe forteresse, terrifiante ? Aucun état accueillant en Europe, une France qui a la politique d’enfermement la plus dure d’Europe… », ici, dans ce décor voulu comme « une agora, et pas une scène où on attend une représentation ». Tous, spectateurs, comédiens, témoins de la société civile, 170 personnes rassemblées sur le plateau, nous allons vivre l’indignation, la prise de responsabilité, l’engagement, l’empathie, découvrir l’inacceptable et le partager. Par le sol, par nos pieds, un espace commun à nous tous, sur lequel se dessinera une cartographie du monde migratoire, « jolie comme un jeu d’enfant, sur laquelle on intervient, on déplace des parties du monde, on fait apparaître des points, ceux des appels aux secours… ». Dans cet espace, une parole, portée par des artistes, Patricia Allio (8), la comédienne Elise Marie, le chorégraphe Bernardo Montet, et des témoins de la société civile, Mortaza Behboudi (6), Falmarès (2), Stéphane Ravacley (4) et Marie- Christine Vergiat (5), plus, dans chaque ville où sera donné le spectacle, un·e activiste local·e. A Lorient, ce sera Gaël Manzi, d’Utopia56 (3). L’ossature de la dramaturgie, c’est l’acte d’accusation réel du « Tribunal Permanent des Peuples » (7) sur la violation des droits des personnes migrantes et réfugiées : « Dix points par violation : c’est quelque chose de grave, génocidaire, avec des morts. Le
  • 14. fait d’être intégré dans cette assemblée rend le spectateur actif. ». Mi théâtre documentaire, mi performance, le spectacle est entrecoupé par « de la musique, de la danse, du récit, pour rendre tout ça partageable, et rétablir l’équilibre avec l’analytique ». « Dispak Dispac’h, c’est un électrochoc sensible et politique. J’ai envie qu’on en ressorte désespéré et en colère, mais aussi plein d’une humanité nouvelle » Nous avons choisi de mettre les biographies et explications en fin d’article, pour ne pas en alourdir la lecture. Nous vous les conseillons néanmoins, elles éclairent le spectacle. (1) Bancs d’utopie / Utopian Benches est une sculpture formée par la réunion dans un même espace de 20 bancs en bois, répliques fidèles de bancs fabriqués et utilisés par des communautés utopiques américaines et européennes, historiques ou vivantes. L’artiste britannique Francis Cape, qui possède une formation d’ébéniste, a débuté ce projet en 2011 aux États-Unis. Pour expliquer comment sa communauté réussit à éliminer toute hiérarchie, un vieux membre de Bruderhof (New York) dit un jour à l’artiste « We sit on the same bench ». (2) Falmarès est né en 2001 à Conakry en Guinée, habite à Nantes où il est est lycéen. En 2016, âgé de 14 ans, il quitte la Guinée après la disparition de sa mère. Après avoir traversé le Mali, l’Algérie, la Libye, il embarque sur un zodiac où sont entassées 180 personnes en direction de l’Italie. C’est dans le camp pour « migrants » de Bolzano en Italie qu’il commence à écrire ses premiers poèmes. Rapidement, il se rend dans les bibliothèques et rencontre le poète Michel L’Hostis. Il participe à des rencontres littéraires, publie. En 2020, il est nommé Ambassadeur de la paix entre la France et la Suisse. Le 21 avril 2021, il reçoit une lettre de la préfecture de la Loire-Atlantique lui demandant de quitter le territoire français sous 30 jours. (3) Gaël Manzi se rend en 2015 avec ses parents au bidonville de Calais pour venir en aide aux personnes exilées. Ensemble, ils fondent l’association Utopia 56, à Lorient. Il coordonne les actions de l’association dans le bidonville de Calais puis s’engage dans le bidonville de Grande-Synthe. Il devient ensuite président et coordinateur national de l’association. (4) Stéphane Ravacley est boulanger-pâtissier à Besançon. Sa vie prend une direction extraordinaire quand il rencontre son apprenti Laye Traoré, jeune exilé arrivé de Guinée. En janvier 2021, il entame une grève de la faim pour dénoncer la décision d’expulsion injustifiée de Laye, ce qui permettra d’engager une procédure de régularisation de l’apprenti. Pendant son combat ultra-médiatisé, il découvre que d’autres sont dans la même situation. Il fonde alors son association Patron·nes Solidaires, qui accompagne et rend visible les patron·nes qui, comme lui, se battent quotidiennement pour leurs jeunes apprenti·es migrant·es menacé·es d’expulsion. Une loi Ravacley a été discutée à l’Assemblée Nationale en octobre 2021. (5) Marie-Christine Vergiat est militante de la Ligue des Droits de l’homme depuis 1983 et a été députée européenne de 2009 à 2019. Au sein de la LDH dont elle est vice-présidente depuis 2019, elle est particulièrement mobilisée sur les questions migratoires et sur les droits économiques et sociaux.
  • 15. (6) Mortaza Behboudi est journaliste. Il né en Afghanistan. Il a travaillé sur l’île de Lesbos en Grèce, au camp de Moria pour ARTE. (7) Le Tribunal Permanent des Peuples a été créé en 1979. C’est une instance symbolique, un outil de résistance démocratique, un espace de prise de parole où les peuples sont acteurs principaux dans la défense de leurs droits. Il agit de manière indépendante des États et examine à la demande de personnes et d’organisations de la société civile toute violation des droits fondamentaux des peuples. Plus de quarante sessions du Tribunal se sont tenues à travers le monde. (8) Patricia Allio a commencé sa vie professionnelle en étant prof de philosophie, elle est autrice, metteuse en scène, performeuse et réalisatrice. Elle met la marge au centre, interroge nos constructions identitaires. A Saint Jean-du-Doigt, elle anime depuis 2016 les rencontres pluri-disciplinaires de ICE autour des minorités sexuelles, politiques et linguistiques. Elle devient artiste associée au TNB en 2021, où elle présente également cette saison Autoportrait à ma grand-mère. (9) Deux mots bretons : Dispack, pour ouvert, déployé, à découvert, défait, déplié, en désordre ; Dispac’h pour agitation, révolte, révolution  
  • 16. OUEST FRANCE   02 novembre 2021 Lorient. Le théâtre, scène de tribunal et d’humanité Le Grand Théâtre de Lorient (Morbihan), accueille, du 3 au 5 novembre 2021, la Semaine de l’hospitalité, et transforme son plateau en tribunal pour Dispak dispac’h, la création originale de Patricia Allio. Une première nationale. Dispak ; ouvert, à découvert, en désordre. Dispac’h : agitation, révolte, révolution. Et deux mots de breton pour tenter de résumer l’étincelle qui a allumé la mèche. En janvier 2018, Patricia Allio assiste, à Paris, à une session du Tribunal permanent des peuples (le TPP), créé en 1979. Elle est dédiée à la violation des droits des personnes migrantes et des réfugiéss. Pour Patricia Allio, auteure et metteuse en scène, la séance est un déclic. Le début d’une histoire, non pas à réécrire mais à revisiter. « La question migratoire se pose partout dans le monde, explique l’auteure de Dispak dispac’h. On peut partir d’un pays, on doit pouvoir y revenir en toute liberté. Le désir de circulation est un droit universel. Ici, en France, en Bretagne, nous sommes des privilégiés. Ce droit est, pour nous, une évidence. Il ne l’est pas pour tout le monde sur cette planète. » Acte d’accusation La séquence du TPP, vécue de près par Patricia Allio, pique la curiosité de l’auteure. « J’ai eu cette envie de réinterroger ce droit à la liberté de circuler. De créer un spectacle original à partir de cette session du tribunal des peuples. Il s’agit là d’un projet documentaire qui prend sa source dans les archives sonores de cette fameuse session, de cette lecture d’acte d’accusation à l’encontre de la politique migratoire de l’Europe et de la France. L’acte a été rédigé en 2018 par le GISTI (Groupe d’information et de soutien aux immigrés). » Le TPP est porté par une trentaine d’associations dont la Cimade, Utopia 56 ou SOS Méditerranée, tous partie prenante de cette semaine de l’hospitalité au Grand Théâtre dont Dispak dispac’h est le vaisseau amiral. Au cœur de l’arène Imaginée et portée par Patricia Allio, cette création originale a pris sa source voici un an, lors d’une résidence de création au CDDB. Elle se joue jusqu’à vendredi (à 20 h) sur le plateau du Grand Théâtre transformé en arène. Où acteurs, témoins, représentants de la société civile et spectateurs (160 maximum) sont intimement mêlés. Connectés sur la question migratoire. Terriblement d’actualité.
  • 17. On y verra et entendra dès ce mercredi soir, Marie-Christine Vergiat, vice-présidente de la Ligue des droits de l’Homme, ex-eurodéputée ; Mortaza Behboudi, journaliste afghan, correspondant de France 2 et Arte ; Gaël Manzi, militant d’Utopia56 ; Stéphane Ravacley, boulanger à Besançon, fondateur de Patrons solidaires et surprenant acteur de ce spectacle ; la comédienne Élise Marie et le danseur et chorégraphe Bernardo Montet. « Une assemblée engagée. La question n’est pas de savoir, conclut Patricia Allio, s’il faut ouvrir ou fermer des frontières mais de parler d’humanité. Ici, en France, en Bretagne, avec des Lorientais qui agissent ici et ailleurs. » L’hospitalité au programme du Grand théâtre Autour du spectacle, le Théâtre de Lorient et ses partenaires proposent un temps fort Hospitalité. Mercredi 3 novembre : diffusion du court-métrage The migrating image de Stefan Kruse et rencontre, de 18 h à 19 h, au Studio du Théâtre de Lorient. Diffusion de courts-métrages dans le hall du Grand Théâtre, de 18 h jusqu’à 1 h, après le spectacle. En partenariat avec J’ai vu un documentaire et SOS Méditerranée. Jeudi 4 novembre : débat-lecture avec l’UPPL, de 17 h 30 à 19 h, au Studio. Avec David Torondel (Ligue des droits de l’Homme Bretagne), Colette David (Amnesty International Lorient/Quimperlé), La Cimade Lorient, Soutien Migrants Redon. Diffusion de courts-métrages dans le hall du Grand Théâtre, de 18 h jusqu’à 1 h, après le spectacle. En partenariat avec SOS Méditerranée. Vendredi 5 novembre : lectures de textes de Philippe Claudel, Laurent Gaudé, Jean-Michel Ribes, Matéi Visniec, Antoine Cassar ; des poèmes de Falmarès, Jacques Prévert, Adeline-allias-Éolienne, une Pensée de Georges Brassens, et Bienvenue à Calais. Les textes seront entrecoupés de chansons : Frontières d’Alain Leprest, Les Sans Papiers sur une musique de Gainsbourg, Le Flamenco de Paris de Léo Ferré. Abdoulaye interprétera quelques-unes de ses compositions.
  • 18. OUEST FRANCE   10 novembre 2021 Théâtre. Touchant, humain, actuel : Dispac’h porte un autre regard sur l’immigration Patricia Allio évoque les migrants en reconstituant sur scène une session de tribunal mêlant comédiens et témoins de la société civile. À voir à Rennes à partir du mercredi 10 novembre et à Brest, du 25 au 27 novembre. Touchant, immersif, humain, actuel… Beaucoup de mots pourraient définir le spectacle Dispac’h (1), mis en scène par la Bretonne Patricia Allio, joué du mercredi 10 au samedi 13 novembre à Rennes. L’artiste est pourtant partie avec une seule inspiration : « En 2018, je découvre qu’une session du Tribunal permanent des peuples a lieu à Paris. J’y assiste. » Le Tribunal permanent des peuples (TPP) existe depuis 1979. Il s’agit d’un tribunal d’opinion qui s’appuie sur la Déclaration universelle des droits des peuples et agit de manière indépendante des États. « C’est un vrai-faux tribunal. Ça m’a tout de suite intéressée. J’y ai vu une sorte de théâtre populaire », décrit-elle. Le TPP n’exécute pas de sanction. Sur scène, des témoins Il y a trois ans, le TPP s’est penché sur la question des migrants, nombreux à tenter de traverser la Méditerranée et à y périr. Patricia Allio a voulu « prolonger le geste du tribunal en l’amenant sur scène ». De cet échange, elle a principalement gardé « l’acte d’accusation », qu’elle a retravaillé, pour qu’il soit « plus fluide, rythmé et démocratisé ». Sur les planches, il est déclamé par l’actrice Élise Marie, toute de noire vêtue. Au milieu du plateau, entourée par les spectateurs, elle déclame, en regardant le public, lui faisant prendre part à l’histoire. Mais Dispac’h, ce n’est pas seulement un monologue. Parce que la réalité a guidé le travail de Patricia Allio, elle a fait appel, en plus des comédiens, à des « témoins, occasionnels ou permanents ». Ces derniers, issus de la société civile, racontent comment ils ont été confrontés à l’immigration. Mais surtout aux vies de femmes, d’hommes et d’enfants cachés derrière ce mot.
  • 19. La grève de la faim du boulanger de Besançon Par exemple, Stéphane Ravacley, boulanger à Besançon (Doubs). En janvier 2021, il avait entamé une « grève de la faim », raconte-t-il, pour protester contre l’obligation de quitter le territoire reçue par son apprenti, un Guinéen qui venait d’avoir 18 ans. À force de mobilisation, il a obtenu la régularisation de la situation du jeune homme. Lui qui est plus habitué aux fourneaux qu’à la scène, met en avant « une autre forme de sensibilisation ». Depuis, il a créé une association, Patrons solidaires, et tente de changer les choses. Gaël Manzi, cofondateur d’Utopia 56, qui s’est mobilisé dans différents camps de migrants, interviendra également. « On fait un retour d’expérience sur notre vécu », dit-il. Marie-Christine Vergiat, eurodéputée de 2009 à 2019, livrera elle aussi sa vision des choses. Parce que l’histoire n’est jamais fixe, au fil des jours, différents témoins se succéderont sur scène. (1) En breton, Dispac’h signifie agitation, révolte. À voir au TNB à Rennes du 10 au 13 novembre 2021, au Quartz à Brest du 25 au 27 novembre 2021.