2. 15/4/2015 La cigarette électronique, cette révolution que le gouvernement ne comprend pas | Slate.fr
http://www.slate.fr/story/86869/cigaretteelectroniquerevolutionfrance 2/7
(http://www4.smartadserver.com/diff/650/4193224/go4.asp?
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Par Jean-Yves Nau
Journaliste
Sa bio (/source/jean-yves-
nau), ses 675 articles
(/source/jean-yves-nau)
Ce jourlà, le Pr Bertrand Dautzenberg, pneumologue et président de l’Office français de
prévention du tabagisme (OFT (http://www.oftaasso.fr/)), rendait public son rapport
d’experts sur la cigarette électronique (http://www.oftaasso.fr/docatel/Rapport_e
cigarette_VF_1.pdf), prudent visàvis de cette nouvelle manière d’inhaler de la vapeur
d’eau nicotinée.
Marisol Touraine annonçait alors (http://www.slate.fr/france/73227/interdiction
cigaretteelectroniquetourainemesurettes) que la cigarette électronique ne serait pas
interdite en France, mais que tout serait mis en œuvre pour en encadrer l’usage et freiner
sa commercialisation. Motif: elle n’avait, selon la ministre de la Santé, fait la preuve ni de
son innocuité, ni de son efficacité en matière de sevrage. Aussi annonçaitelle que la
publicité en serait interdite et que la loi prononcerait l’interdiction de sa vente aux
mineurs. Il serait d’autre part interdit de vapoter dans les lieux publics voire dans certains
«espaces publics».
Hostilité en baisse
Un an plus tard, la publicité reste discrète. La vente aux mineurs est officiellement
interdite. Les ventes aux adultes (magasins spécialisés et buralistes) continuent elles de
progresser à un rythme très soutenu: on compte environ 1,5 million d’utilisateurs
réguliers, exclusifs ou non, selon une enquête EtincelOfd
(http://www.ofdt.fr/BDD/publications/docs/eisxalu2.pdf).
Le Premier ministre a changé, mais Marisol Touraine est toujours ministre de la Santé. Le
30 avril, sur BFM TV, elle annonçait (http://www.bfmtv.com/politique/touraineilya
euunvotesoutien765303.html), une fois encore, qu’elle était «favorable» à
l’interdiction de la cigarette électronique dans «certains espaces publics», ajoutant que
des dispositions en ce sens seraient incluses dans la prochaine loi de santé publique –loi
dont le contenu devrait être connu dès l’été.
Le même jour et à la même heure, le Pr Bertrand Dautzenberg tenait une conférence de
presse d’une autre facture, afin de rendre public un rapport
(http://p.arvers.free.fr/forum/IMG/pdf/Avis_experts_e
cigarette_30_avril_2014_VF.pdf) révélant le premier consensus trouvé sur l’ecigarette
au sein de la communauté des tabacologues.
De fait, une fraction croissante de ces spécialistes de l’addiction n’est plus hostile à cet
objet. Alors même que son usage leur échappe (ils ne sont pas prescripteurs), ils
reconnaissent ne plus pouvoir l’ignorer dans la démarche de l’abandon du tabac.
«Ni un produit du tabac, ni un médicament, ni un
dispositif médical»
«La cigarette électronique est un produit récent contenant le plus souvent de la nicotine.
On estime en France qu’en novembre 2013, la moitié des fumeurs l’avaient essayée. Ce
n’est actuellement ni un produit du tabac, ni un médicament, ni un dispositif médical.
Les professionnels de santé doivent toutefois tenir compte de ce nouveau produit lors de
la prise en charge des fumeurs», expliquent ces tabacologues.
Pour autant, ce n’est pas un produit anodin:
(http://www4.smartadserver.com/diff/650/4193226/go4.asp?
4193226%3B464923%3B2633367806526472226%3B8100550922%3BS%3Bsystemtarget=%
4. 15/4/2015 La cigarette électronique, cette révolution que le gouvernement ne comprend pas | Slate.fr
http://www.slate.fr/story/86869/cigaretteelectroniquerevolutionfrance 4/7
NOUS RECOMMANDONS: AILLEURS SUR LE WEB:
Le défi est de taille. Entre 2005 et 2010, la part des fumeurs quotidiens (1875 ans) est
passée en France de 28% à 30% (33% des hommes et 26,6% des femmes), avec une
augmentation significative chez les femmes (en particulier entre 45 et 64 ans). Les chiffres
officiels indiquent que la consommation de tabac atteint des niveaux très préoccupants
chez les jeunes, les personnes précaires, les femmes. L’usage, parmi les jeunes de 15‐16
ans, est plus élevé que la moyenne européenne (38% contre 28%) et l’âge moyen
d’initiation est actuellement de 13 ans.
Pour autant, ce défi n’est peutêtre pas hors de portée. La France peut ici prendre exemple
sur l’Angleterre qui, pour la première fois depuis quatrevingts ans, est passée sous la
barre des 20% de fumeurs. La démonstration en a été apportée en février dernier dans les
colonnes du British Medical Journal (BMJ) par Jamie Brown et Robert West (University
College London). (http://www.bmj.com/content/348/bmj.g1378)
En Angleterre, le tabagisme était rare au début du XX siècle. Le pic a été atteint en 1962
avec 70% de fumeurs et 40% de fumeuses. Puis la nation anglaise prit conscience du fléau.
(http://www.rcplondon.ac.uk/sites/default/files/fiftyyearssmokinghealth.pdf) Le
tabagisme recula ensuite au rythme de 0,6% par an à compter du début des années 1970.
Le progrès ne fut pas égal selon les classes sociales et tout n’est pas encore acquis,
notamment chez les jeunes. Mais il y a bien eu en Angleterre un progrès majeur et
spectaculaire de santé publique; progrès obtenu au prix d’une politique sanitaire
pragmatique et volontariste –politique fondée sur des services publics proactifs et un
véritable soutien financier à l’aide au sevrage qui n’existe toujours pas en France. [1]
Aujourd’hui, la cigarette électronique fait que la donne change. Il serait paradoxal que,
fort de l’engagement du président de la République, le nouveau gouvernement continue
de facto à compliquer le parcours de celles et ceux qui trouvent dans la cigarette
électronique une méthode pour tenter de sortir de leur esclavage tabagique. Une cigarette
électronique dont ils ne demandent pas encore qu’elle soit prise en charge par la Sécurité
sociale dès lors qu’elle s’inscrit dans une démarche de sevrage. Cela pourrait ne pas
tarder.
JeanYves Nau
[1] Le forfait annuel de sevrage tabagique est actuellement de 50 euros. Il est prévu son
«triplement» (de 50 à 150 euros) «pour trois populations particulièrement exposées et
souhaitant s’arrêter de fumer»: les jeunes de 20 à 30 ans; les bénéficiaires de la CMU; les
patients atteints de cancer. Revenir à l'article
Jean-Yves Nau
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