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Eric OHLMANN, Consultant Senior, Chappuis Halder Niort
Février 2016
Article « L’économie collaborative, moteur de croissance pour
l’ESS » ?
« L’économie collaborative, moteur de croissance pour l’ESS » ? Février 2016
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Comparer l’économie collaborative et l’économie sociale et solidaire n’est pas
qu’un débat entre l’économie traditionnelle et la nouvelle économie.
Tout d’abord il faut rappeler que l’économie sociale et solidaire (ESS) si elle
est ancienne puisqu’elle débute avec les premières mutuelles et banques
coopératives il y a plus d’un siècle, le terme d’ESS lui n’existe que depuis la loi
du 31 juillet 2014 et regroupe les mutuelles, les associations, les coopératives
(dont certaines banques) et les fondations. De son côté, l’économie
collaborative est jeune et encore plus protéiforme puisqu’elle désigne aussi
bien des nouvelles formes de consommation (covoiturage, location
d’appartements entre particuliers), des nouveaux modes de vie (le coworking
ou le partage de services), le financement participatif (crowdfunding) et la
production contributive (fablabs, Wikipédia, …)
Le développement de l’économie collaborative touche essentiellement 4
secteurs : le transport, le tourisme, le commerce et le financement. Afin
d’observer les relations entre l’économie collaborative et l’ESS nous nous
focaliserons donc sur les banques et mutuelles qui sont directement parties
prenantes de ces 4 secteurs et qui concentrent les structures les plus
importantes (250 salariés et plus) au sein de l’ESS
Le mouvement observé entre les deux économies ces dernières années est
plutôt de constater une multiplication des investissements et des
partenariats voir parfois des rachats d’acteurs de l’économie collaborative
par des acteurs de l’ESS.
Cette stratégie qui s’observe chez plusieurs acteurs de l’ESS peut-elle
constituer une source de croissance ? D’autres formes de convergences entre
ces deux modèles peuvent ils l’être ?
« L’économie collaborative, moteur de croissance pour l’ESS » ? Février 2016
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ESS et économie collaborative, quelques valeurs communes mais des
objectifs différents
Les acteurs de ces deux économies sont orientés vers la satisfaction des
besoins de leur pairs (sociétaires, salariés, membres d’associations ou d’une
communauté virtuelle) et quelques valeurs communes : ouverture,
transparence de l’information, participation active des membres ou de la
communauté.
Si ces aspects les rassemblent, les différences sont bien plus nombreuses :
 Leur capital : l’ESS est composée d’organismes à but non lucratif et les
acteurs de l’économie collaborative sont majoritairement capitalistiques
et ont une absence de partage de capital
 La taille des structures : pour l’ESS des structures de plus de 250 salariés
sont prédominantes alors qu’à contrario dans l’économie collaborative
les petites structures sont majoritaires
 Leurs gouvernances : pour l’ESS une autogestion par des administrateurs
/ représentants et une structure pyramidale pour l’économie
collaborative
 Leurs finalités : l’ESS vise à fournir des biens et/ou services pour tous
alors que l’économie collaborative produit des biens et services en
commun mais avec une propriété qui reste majoritairement individuelle
 Leur digitalisation : si les acteurs de l’ESS introduisent de plus en plus la
digitalisation dans leurs organisations, les acteurs de l’économie
collaborative ont construit leur développement sur le numérique et leur
capacité à fédérer une communauté sur ce support
Au regard de ces différences, il est aisé de comprendre que les logiques
d’investissements et de partenariats sont favorisés dans les relations entre les
deux économies.
Comme nous pouvons l’observer dans le panorama qui suit ; les banques de
l’ESS se sont surtout positionnées sur le crowdfunding car c’est une pratique
émergente mais qui reste dans la continuité de leur activité traditionnelle de
crédit.
« L’économie collaborative, moteur de croissance pour l’ESS » ? Février 2016
Page 4 sur 10
Pour les mutuelles, le premier positionnement et sur celui des échanges de
biens puisque celle-ci sont légitimes en proposant une assurance de location à
l’usage. L’investissement dans ces acteurs de l’économie collaborative est aussi
une opportunité pour les mutuelles de l’ESS de proposer de nouveaux services
comme l’inventaire de bien en ligne (cbien.com), une plateforme de paiement
entre particuliers (payname) ou une météo collaborative (wezzoo)
Panorama des investissements et partenariats des acteurs de l’ESS avec les
acteurs de l’économie collaborative
« L’économie collaborative, moteur de croissance pour l’ESS » ? Février 2016
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1) L’investissement, 1er
niveau de convergence entre l’ESS et l’économie
collaborative
L’arrivée de nouveaux entrants sur des périmètres proches de ceux de l’ESS
notamment la banque et l’assurance a suscité quelques interrogations chez ces
acteurs : comment collaborer avec eux ? Faut-il adapter nos produits ou en
proposer de nouveaux ? Comment gérer ces nouveaux risques ?
Ainsi Finsquare, désormais un des leaders du financement participatif a eu de
grandes difficultés à ses débuts à trouver un assureur au regard de la
nouveauté du modèle économique et du risque.
Afin de mieux comprendre les évolutions des usages, mieux apprécier les
risques et accumuler des données permettant de définir les offres les banques
et mutuelles de l’ESS ont investi dans plusieurs acteurs de l’économie
collaborative :
 Maif via le fond Maif avenir qui investit dans plusieurs sociétés : « Mon
p’tit voisinage », Mutum, Numa, Payname, Cbien.com, …
 Maif soutient financier de OuiShare, fondation pour la promotion de
l’économie collaborative
 Groupama a annoncé investir 100 millions d’€ sur 4 ans sur la
plateforme Unilend
 Crédit Mutuel a récemment annoncé le rachat de Leetchi (cagnotte en
ligne) pour 50 millions d’€ et un investissement dans le crowdlending
via Prêt d’Union
 Banque Populaire Atlantique avec le lancement de sa propre plateforme
de d’equity crowdfunding pour le grand Ouest
 La création d’incubateurs : Caisse d’Épargne pour des start-up de l’ESS à
Lyon, Le Village by Crédit Agricole à Paris, Lille et en 2016 à Bordeaux
L’investissement dans ces acteurs de l’économie collaborative comporte
nécessairement une part de risque pour les acteurs de l’ESS. Toutefois, elle
leur permet de se positionner auprès d’acteurs qui seront peut-être leaders de
leur secteur, de développer de nouvelles relations / interactions et de détecter
les tendances
« L’économie collaborative, moteur de croissance pour l’ESS » ? Février 2016
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Le crowdfunding semble être un des secteurs les plus porteur de l’économie
collaborative avec une croissance de plus de 100% entre le 1er
septembre 2015
et l’année précédente (source : association du Financement Participatif Français).
De par leur proximité avec cette activité et au regard du potentiel, cette
activité concentre une part importante de l’investissement des banques dans
l’économie collaborative.
2) Le développement de services et produits spécifiques, 2ème
niveau de
convergence entre l’ESS et l’économie collaborative
Le développement de l’économie collaborative fait aussi émerger de nouveaux
besoins qui sont autant d’opportunités pour les acteurs de l’ESS.
Ainsi de nombreux partenariats entre acteurs de l’ESS et de l’économie
collaborative permettent à ces derniers de proposer des assurances liées à des
locations « à l’usage », par exemple :
 Pour la location entre particuliers (auto, appartement) : Macif et Deways,
Maif et Koolicar/Guesttoguest, MMA et Livop, …
 Pour la location entre professionnels : Groupama et WefarmUp
Des assurances liées aux besoins de l’économie collaborative
 Pour les créateurs de start-up numériques : RC professionnel, cyber-
risques, indisponibilité d’un acteur clé
 Pour le financement participatif : Axa avec la plateforme Particeep
 Au développement de nouvelles activités liées à l’économie
collaborative: Metromile soustrait de l’assurance classique les kilomètres
parcourus par les chauffeurs d’Uber dans le cadre de leur activité
Dans le domaine bancaire,
 Le financement de l’ESS par une plateforme collaborative : Crédit
Agricole avec les Poulets de Loué
 Le développement de services à destination des acteurs de l’économie
collaborative : La Caisse d’Épargne avec un partenariat avec Happy
Capital (crowdequity) et la création d’une plateforme collaborative pour
les projets soutenus
« L’économie collaborative, moteur de croissance pour l’ESS » ? Février 2016
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Si le chiffre d’affaire généré par ces initiatives est marginal pour les acteurs
bancaires et mutualistes, c’est en se positionnant dès le départ avec les futurs
leaders du secteur qu’ils pourront prendre des parts de marché d’une
économie collaborative à forte croissance.
Cette collaboration permet aussi d’identifier les nouveaux besoins qui pour
certains sont même imaginés par les acteurs de l’économie collaborative.
Ainsi BlaBlaCar imaginent de nouvelles options d’assurances lors des co-
voiturages : objets oubliés, annulation de dernières minutes, casse moteur.
En effet si l’économie collaborative ne représenta aujourd’hui que 15 milliards
de $ dans le monde en 2014 selon Forbes le marché devrait atteindre les 355
milliards de $ dès 2020 soit une croissance de plus de 2 200%.
Une autre étude confirme ces perspectives positives. Celles de Frost and
Sullivan estiment que le nombre d’automobiles en auto partage a été multiplié
par huit entre 2006 et 2014 et que cette tendance devrait se poursuivre soit
autant d’assurances « à l’usage » à souscrire.
3) L’achat groupé, 3ème
niveau de convergence entre l’ESS et l’économie
collaborative
L’économie collaborative, en facilitant la constitution de communauté et le
regroupement affinitaire a permis le développement de plateforme d’achat
groupé notamment dans le domaine de l’assurance.
Dans cette logique les acteurs de l’ESS répondent à un besoin exprimé par une
communauté de couverture d’un risque.
Via un site tel que Bought by Many, les internautes créent une communauté
(par exemple de possesseurs de Harley-Davidson) définissent les garanties
souhaitées et soumettent cette demande aux assurances.
Ces dernières formulent une offre optimisée en fonction des garanties de cette
communauté. Ainsi cette forme de convergence répond aux trois motivations
premières des participants à l’économie collaborative (étude Sharevolution « je
partage et vous ») :
« L’économie collaborative, moteur de croissance pour l’ESS » ? Février 2016
Page 8 sur 10
Si la logique affinitaire de cette démarche est en lien avec le modèle des
acteurs de l’ESS, la concentration sur un groupe restreint et la spécialisation du
risque sont contraires à l’esprit mutualiste. En cela, cette orientation ne
constitue pas un axe de croissance pour les banques et mutuelles de l’ESS
En revanche, elle peut constituer un levier de rassemblement comme l’illustre
le ‘Maif Social Club’. Le site permet de mettre en relation ses sociétaires pour
des échanges entre particulier, notamment sur les plateformes partenaires de
la MAIF, ainsi que de réaliser des achats groupés pour ses sociétaires suite à
négociation de la mutuelle.
4) Les banques et assurances collaboratives, dernier niveau de
convergence entre l’ESS et l’économie collaborative
Le dernier niveau de convergence entre les deux économies correspond à la
création de banques et de mutuelles collaboratives. Si le modèle est encore
peu présent en France (hormis Payname), il est plus développé en Allemagne et
au Royaume-Uni avec par exemple :
 Fidor Bank en Allemagne met les clients au cœur de la banque
communautaire. Ainsi ils participent, à la rédaction des documents de
l’entreprise, proposent de nouveaux produits à développer, prêtent à
leur amis en P2P, font du social trading, et s’échangent les bons plans
 L’open bank project initié en Allemagne par une équipe d’ingénieurs met
à disposition des applications et services en « open source » qui peuvent
facilement s’implémenter dans plusieurs banques par une API standard
 L’assurance P2P (Inspeer en France et Friendsurance au Royaume-Uni)
permet à ses membres de se réapproprier l’assurance. Les membres
19%
36%
40%
0% 5% 10% 15% 20% 25% 30% 35% 40% 45%
Personnalisation / adaptation
Recherche d'économies
Simplicité / Praticité
« L’économie collaborative, moteur de croissance pour l’ESS » ? Février 2016
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définissent les risques à couvrir et se constituent une couverture pour
assurer les petits sinistres que pourraient rencontrer les membres
Si ces acteurs sont de petites tailles et ne sont pas des concurrents pour les
banques et mutuelles de l’ESS ; ils mettent néanmoins en avant des
caractéristiques qui pourraient être inspirantes pour eux.
Ainsi selon Anne-Sophie Novel, auteure de « La Vie Share, mode d’emploi »,
« l’économie sociale et solidaire peut apprendre de l’économie collaborative
sur l’agilité, la fluidité des processus, la façon d’interagir avec les
communautés »
Plutôt qu’une menace ou une opportunité commerciale, l’économie
collaborative doit être envisagée comme une source d’inspiration par les
acteurs de l’ESS
En effet, la complexité réglementaire et juridique, les besoins en capitaux, le
besoin de confiance des clients sont des barrières à l’émergence d’une
concurrence frontale des acteurs de l’économie collaborative. Cependant selon
un sondage Syntec Odoxa ces acteurs sont plébiscités pour leur proportion à
diminuer la « paperasse » administrative, la rapidité des transactions et les
réductions tarifaires proposées.
Comme le constate le prix Nobel Joseph Stiglitz, « l’économie collaborative ne
génère pas de gains de productivité aussi puissants que ceux de la révolution
industriel et nous ne savons pas mesurer ce qu’elle apporte au PIB ».
Aussi la croissance que peut apporter l’économie collaborative aux acteurs de
l’ESS n’est pas à mesurer en termes de chiffre d’affaire mais dans l’importance
de la construction de la relation.
Les liens tissés avec les acteurs de l’économie collaborative (investissements,
partenariats, développements de produits / services, incubateurs) pourront
être des sources de croissances pour les acteurs de l’ESS.
Le dernier observatoire OpinionWay-Argus sur « les français, la banque et
l’assurance » le confirme si les acteurs de l’ESS occupent les 8ères places du
« L’économie collaborative, moteur de croissance pour l’ESS » ? Février 2016
Page 10 sur 10
classement d’image, de notoriété et d’attractivité dans le secteur, celui-ci est
très en retrait par rapport aux acteurs du secteur numérique. Les français ont
confiance dans les banques et les mutuelles mais ils ne les considèrent pas
comme innovants et à la point d’internet.
Pour s’orienter vers l’innovation et l’orientation client, la logique de Lab se
développe. Par exemple chez Covea ou MAIF. Ces petites cellules s’organisent
en mode start-up, parfois accueillent des start-ups, et diffusent la culture
intrapreneuriale et l’expérience utilisateur par des projets concrets.
L’observation fine des besoins des clients par la définition de personna ou des
concours d’initiatives des collaborateurs peuvent permettre d’identifier des
besoins non couverts ou partiellement couverts. La collaboration avec les start-
up dans une logique « d’open innovation » ou de lab permet d’y apporter une
réponse rapide et centrée sur les attentes des clients.
Ce nouveau mode d’organisation est une formidable passerelle entre les deux
économies de l’ESS et de l’économie collaborative. Permettant aux salariés de
l’ESS d’envisager une nouvelle façon de penser la transformation vers le
numérique et l’orientation client et d’intégrer ces nouvelles pratiques
collaboratives.
Chappuis Halder est un cabinet de conseil international spécialisé dans le domaine des
services financiers. Nous intervenons sur un large spectre d’activités à partir de nos
différents bureaux situés en Europe, Amérique du Nord et en Asie.

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  • 1. http://www.chappuishalder.com/ Eric OHLMANN, Consultant Senior, Chappuis Halder Niort Février 2016 Article « L’économie collaborative, moteur de croissance pour l’ESS » ?
  • 2. « L’économie collaborative, moteur de croissance pour l’ESS » ? Février 2016 Page 2 sur 10 Comparer l’économie collaborative et l’économie sociale et solidaire n’est pas qu’un débat entre l’économie traditionnelle et la nouvelle économie. Tout d’abord il faut rappeler que l’économie sociale et solidaire (ESS) si elle est ancienne puisqu’elle débute avec les premières mutuelles et banques coopératives il y a plus d’un siècle, le terme d’ESS lui n’existe que depuis la loi du 31 juillet 2014 et regroupe les mutuelles, les associations, les coopératives (dont certaines banques) et les fondations. De son côté, l’économie collaborative est jeune et encore plus protéiforme puisqu’elle désigne aussi bien des nouvelles formes de consommation (covoiturage, location d’appartements entre particuliers), des nouveaux modes de vie (le coworking ou le partage de services), le financement participatif (crowdfunding) et la production contributive (fablabs, Wikipédia, …) Le développement de l’économie collaborative touche essentiellement 4 secteurs : le transport, le tourisme, le commerce et le financement. Afin d’observer les relations entre l’économie collaborative et l’ESS nous nous focaliserons donc sur les banques et mutuelles qui sont directement parties prenantes de ces 4 secteurs et qui concentrent les structures les plus importantes (250 salariés et plus) au sein de l’ESS Le mouvement observé entre les deux économies ces dernières années est plutôt de constater une multiplication des investissements et des partenariats voir parfois des rachats d’acteurs de l’économie collaborative par des acteurs de l’ESS. Cette stratégie qui s’observe chez plusieurs acteurs de l’ESS peut-elle constituer une source de croissance ? D’autres formes de convergences entre ces deux modèles peuvent ils l’être ?
  • 3. « L’économie collaborative, moteur de croissance pour l’ESS » ? Février 2016 Page 3 sur 10 ESS et économie collaborative, quelques valeurs communes mais des objectifs différents Les acteurs de ces deux économies sont orientés vers la satisfaction des besoins de leur pairs (sociétaires, salariés, membres d’associations ou d’une communauté virtuelle) et quelques valeurs communes : ouverture, transparence de l’information, participation active des membres ou de la communauté. Si ces aspects les rassemblent, les différences sont bien plus nombreuses :  Leur capital : l’ESS est composée d’organismes à but non lucratif et les acteurs de l’économie collaborative sont majoritairement capitalistiques et ont une absence de partage de capital  La taille des structures : pour l’ESS des structures de plus de 250 salariés sont prédominantes alors qu’à contrario dans l’économie collaborative les petites structures sont majoritaires  Leurs gouvernances : pour l’ESS une autogestion par des administrateurs / représentants et une structure pyramidale pour l’économie collaborative  Leurs finalités : l’ESS vise à fournir des biens et/ou services pour tous alors que l’économie collaborative produit des biens et services en commun mais avec une propriété qui reste majoritairement individuelle  Leur digitalisation : si les acteurs de l’ESS introduisent de plus en plus la digitalisation dans leurs organisations, les acteurs de l’économie collaborative ont construit leur développement sur le numérique et leur capacité à fédérer une communauté sur ce support Au regard de ces différences, il est aisé de comprendre que les logiques d’investissements et de partenariats sont favorisés dans les relations entre les deux économies. Comme nous pouvons l’observer dans le panorama qui suit ; les banques de l’ESS se sont surtout positionnées sur le crowdfunding car c’est une pratique émergente mais qui reste dans la continuité de leur activité traditionnelle de crédit.
  • 4. « L’économie collaborative, moteur de croissance pour l’ESS » ? Février 2016 Page 4 sur 10 Pour les mutuelles, le premier positionnement et sur celui des échanges de biens puisque celle-ci sont légitimes en proposant une assurance de location à l’usage. L’investissement dans ces acteurs de l’économie collaborative est aussi une opportunité pour les mutuelles de l’ESS de proposer de nouveaux services comme l’inventaire de bien en ligne (cbien.com), une plateforme de paiement entre particuliers (payname) ou une météo collaborative (wezzoo) Panorama des investissements et partenariats des acteurs de l’ESS avec les acteurs de l’économie collaborative
  • 5. « L’économie collaborative, moteur de croissance pour l’ESS » ? Février 2016 Page 5 sur 10 1) L’investissement, 1er niveau de convergence entre l’ESS et l’économie collaborative L’arrivée de nouveaux entrants sur des périmètres proches de ceux de l’ESS notamment la banque et l’assurance a suscité quelques interrogations chez ces acteurs : comment collaborer avec eux ? Faut-il adapter nos produits ou en proposer de nouveaux ? Comment gérer ces nouveaux risques ? Ainsi Finsquare, désormais un des leaders du financement participatif a eu de grandes difficultés à ses débuts à trouver un assureur au regard de la nouveauté du modèle économique et du risque. Afin de mieux comprendre les évolutions des usages, mieux apprécier les risques et accumuler des données permettant de définir les offres les banques et mutuelles de l’ESS ont investi dans plusieurs acteurs de l’économie collaborative :  Maif via le fond Maif avenir qui investit dans plusieurs sociétés : « Mon p’tit voisinage », Mutum, Numa, Payname, Cbien.com, …  Maif soutient financier de OuiShare, fondation pour la promotion de l’économie collaborative  Groupama a annoncé investir 100 millions d’€ sur 4 ans sur la plateforme Unilend  Crédit Mutuel a récemment annoncé le rachat de Leetchi (cagnotte en ligne) pour 50 millions d’€ et un investissement dans le crowdlending via Prêt d’Union  Banque Populaire Atlantique avec le lancement de sa propre plateforme de d’equity crowdfunding pour le grand Ouest  La création d’incubateurs : Caisse d’Épargne pour des start-up de l’ESS à Lyon, Le Village by Crédit Agricole à Paris, Lille et en 2016 à Bordeaux L’investissement dans ces acteurs de l’économie collaborative comporte nécessairement une part de risque pour les acteurs de l’ESS. Toutefois, elle leur permet de se positionner auprès d’acteurs qui seront peut-être leaders de leur secteur, de développer de nouvelles relations / interactions et de détecter les tendances
  • 6. « L’économie collaborative, moteur de croissance pour l’ESS » ? Février 2016 Page 6 sur 10 Le crowdfunding semble être un des secteurs les plus porteur de l’économie collaborative avec une croissance de plus de 100% entre le 1er septembre 2015 et l’année précédente (source : association du Financement Participatif Français). De par leur proximité avec cette activité et au regard du potentiel, cette activité concentre une part importante de l’investissement des banques dans l’économie collaborative. 2) Le développement de services et produits spécifiques, 2ème niveau de convergence entre l’ESS et l’économie collaborative Le développement de l’économie collaborative fait aussi émerger de nouveaux besoins qui sont autant d’opportunités pour les acteurs de l’ESS. Ainsi de nombreux partenariats entre acteurs de l’ESS et de l’économie collaborative permettent à ces derniers de proposer des assurances liées à des locations « à l’usage », par exemple :  Pour la location entre particuliers (auto, appartement) : Macif et Deways, Maif et Koolicar/Guesttoguest, MMA et Livop, …  Pour la location entre professionnels : Groupama et WefarmUp Des assurances liées aux besoins de l’économie collaborative  Pour les créateurs de start-up numériques : RC professionnel, cyber- risques, indisponibilité d’un acteur clé  Pour le financement participatif : Axa avec la plateforme Particeep  Au développement de nouvelles activités liées à l’économie collaborative: Metromile soustrait de l’assurance classique les kilomètres parcourus par les chauffeurs d’Uber dans le cadre de leur activité Dans le domaine bancaire,  Le financement de l’ESS par une plateforme collaborative : Crédit Agricole avec les Poulets de Loué  Le développement de services à destination des acteurs de l’économie collaborative : La Caisse d’Épargne avec un partenariat avec Happy Capital (crowdequity) et la création d’une plateforme collaborative pour les projets soutenus
  • 7. « L’économie collaborative, moteur de croissance pour l’ESS » ? Février 2016 Page 7 sur 10 Si le chiffre d’affaire généré par ces initiatives est marginal pour les acteurs bancaires et mutualistes, c’est en se positionnant dès le départ avec les futurs leaders du secteur qu’ils pourront prendre des parts de marché d’une économie collaborative à forte croissance. Cette collaboration permet aussi d’identifier les nouveaux besoins qui pour certains sont même imaginés par les acteurs de l’économie collaborative. Ainsi BlaBlaCar imaginent de nouvelles options d’assurances lors des co- voiturages : objets oubliés, annulation de dernières minutes, casse moteur. En effet si l’économie collaborative ne représenta aujourd’hui que 15 milliards de $ dans le monde en 2014 selon Forbes le marché devrait atteindre les 355 milliards de $ dès 2020 soit une croissance de plus de 2 200%. Une autre étude confirme ces perspectives positives. Celles de Frost and Sullivan estiment que le nombre d’automobiles en auto partage a été multiplié par huit entre 2006 et 2014 et que cette tendance devrait se poursuivre soit autant d’assurances « à l’usage » à souscrire. 3) L’achat groupé, 3ème niveau de convergence entre l’ESS et l’économie collaborative L’économie collaborative, en facilitant la constitution de communauté et le regroupement affinitaire a permis le développement de plateforme d’achat groupé notamment dans le domaine de l’assurance. Dans cette logique les acteurs de l’ESS répondent à un besoin exprimé par une communauté de couverture d’un risque. Via un site tel que Bought by Many, les internautes créent une communauté (par exemple de possesseurs de Harley-Davidson) définissent les garanties souhaitées et soumettent cette demande aux assurances. Ces dernières formulent une offre optimisée en fonction des garanties de cette communauté. Ainsi cette forme de convergence répond aux trois motivations premières des participants à l’économie collaborative (étude Sharevolution « je partage et vous ») :
  • 8. « L’économie collaborative, moteur de croissance pour l’ESS » ? Février 2016 Page 8 sur 10 Si la logique affinitaire de cette démarche est en lien avec le modèle des acteurs de l’ESS, la concentration sur un groupe restreint et la spécialisation du risque sont contraires à l’esprit mutualiste. En cela, cette orientation ne constitue pas un axe de croissance pour les banques et mutuelles de l’ESS En revanche, elle peut constituer un levier de rassemblement comme l’illustre le ‘Maif Social Club’. Le site permet de mettre en relation ses sociétaires pour des échanges entre particulier, notamment sur les plateformes partenaires de la MAIF, ainsi que de réaliser des achats groupés pour ses sociétaires suite à négociation de la mutuelle. 4) Les banques et assurances collaboratives, dernier niveau de convergence entre l’ESS et l’économie collaborative Le dernier niveau de convergence entre les deux économies correspond à la création de banques et de mutuelles collaboratives. Si le modèle est encore peu présent en France (hormis Payname), il est plus développé en Allemagne et au Royaume-Uni avec par exemple :  Fidor Bank en Allemagne met les clients au cœur de la banque communautaire. Ainsi ils participent, à la rédaction des documents de l’entreprise, proposent de nouveaux produits à développer, prêtent à leur amis en P2P, font du social trading, et s’échangent les bons plans  L’open bank project initié en Allemagne par une équipe d’ingénieurs met à disposition des applications et services en « open source » qui peuvent facilement s’implémenter dans plusieurs banques par une API standard  L’assurance P2P (Inspeer en France et Friendsurance au Royaume-Uni) permet à ses membres de se réapproprier l’assurance. Les membres 19% 36% 40% 0% 5% 10% 15% 20% 25% 30% 35% 40% 45% Personnalisation / adaptation Recherche d'économies Simplicité / Praticité
  • 9. « L’économie collaborative, moteur de croissance pour l’ESS » ? Février 2016 Page 9 sur 10 définissent les risques à couvrir et se constituent une couverture pour assurer les petits sinistres que pourraient rencontrer les membres Si ces acteurs sont de petites tailles et ne sont pas des concurrents pour les banques et mutuelles de l’ESS ; ils mettent néanmoins en avant des caractéristiques qui pourraient être inspirantes pour eux. Ainsi selon Anne-Sophie Novel, auteure de « La Vie Share, mode d’emploi », « l’économie sociale et solidaire peut apprendre de l’économie collaborative sur l’agilité, la fluidité des processus, la façon d’interagir avec les communautés » Plutôt qu’une menace ou une opportunité commerciale, l’économie collaborative doit être envisagée comme une source d’inspiration par les acteurs de l’ESS En effet, la complexité réglementaire et juridique, les besoins en capitaux, le besoin de confiance des clients sont des barrières à l’émergence d’une concurrence frontale des acteurs de l’économie collaborative. Cependant selon un sondage Syntec Odoxa ces acteurs sont plébiscités pour leur proportion à diminuer la « paperasse » administrative, la rapidité des transactions et les réductions tarifaires proposées. Comme le constate le prix Nobel Joseph Stiglitz, « l’économie collaborative ne génère pas de gains de productivité aussi puissants que ceux de la révolution industriel et nous ne savons pas mesurer ce qu’elle apporte au PIB ». Aussi la croissance que peut apporter l’économie collaborative aux acteurs de l’ESS n’est pas à mesurer en termes de chiffre d’affaire mais dans l’importance de la construction de la relation. Les liens tissés avec les acteurs de l’économie collaborative (investissements, partenariats, développements de produits / services, incubateurs) pourront être des sources de croissances pour les acteurs de l’ESS. Le dernier observatoire OpinionWay-Argus sur « les français, la banque et l’assurance » le confirme si les acteurs de l’ESS occupent les 8ères places du
  • 10. « L’économie collaborative, moteur de croissance pour l’ESS » ? Février 2016 Page 10 sur 10 classement d’image, de notoriété et d’attractivité dans le secteur, celui-ci est très en retrait par rapport aux acteurs du secteur numérique. Les français ont confiance dans les banques et les mutuelles mais ils ne les considèrent pas comme innovants et à la point d’internet. Pour s’orienter vers l’innovation et l’orientation client, la logique de Lab se développe. Par exemple chez Covea ou MAIF. Ces petites cellules s’organisent en mode start-up, parfois accueillent des start-ups, et diffusent la culture intrapreneuriale et l’expérience utilisateur par des projets concrets. L’observation fine des besoins des clients par la définition de personna ou des concours d’initiatives des collaborateurs peuvent permettre d’identifier des besoins non couverts ou partiellement couverts. La collaboration avec les start- up dans une logique « d’open innovation » ou de lab permet d’y apporter une réponse rapide et centrée sur les attentes des clients. Ce nouveau mode d’organisation est une formidable passerelle entre les deux économies de l’ESS et de l’économie collaborative. Permettant aux salariés de l’ESS d’envisager une nouvelle façon de penser la transformation vers le numérique et l’orientation client et d’intégrer ces nouvelles pratiques collaboratives. Chappuis Halder est un cabinet de conseil international spécialisé dans le domaine des services financiers. Nous intervenons sur un large spectre d’activités à partir de nos différents bureaux situés en Europe, Amérique du Nord et en Asie.