Coach en communication, Stephen Bunard accompagne des dirigeants, des hauts fonctionnaires et des élus à la prise de parole en public et avec les médias, en temps calme et en situation de crise. Il
intervient régulièrement à l'École Nationale d'Administration et à l'Université Paris-Dauphine. Il est également le coauteur de plusieurs ouvrages : Le Tout politique et Gestion de crise.
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Communication politique : ''quand on fabrique des gestes, on fabrique du mensonge"
1. « Quand on fabrique des gestes, on fabrique du mensonge »
Posté par damien.arnaud |
Coach en communication, Stephen Bunard accompagne des dirigeants, des hauts fonctionnaires et
des élus à la prise de parole en public et avec les médias, en temps calme et en situation de crise. Il
intervient régulièrement à l'École Nationale d'Administration et à l'Université Paris-Dauphine. Il est
également le coauteur de plusieurs ouvrages : Le Tout politique et Gestion de crise.
Dans quels cas, le secteur public fait-il appel à vous ?
J'interviens pour accompagner des hauts fonctionnaires dans des
institutions, des ministères ou des collectivités locales dans toutes
leurs prises de parole en public et dans certains cas, avec les
médias, en temps calme et en situation sensible ou de crise.
On travaille beaucoup sur "trouver son style". Les aspects verbaux
: savoir structurer son propos, augmenter son impact, raconter une
histoire, enrichir son style, mieux improviser, argumenter et
contre-argumenter...
Comme j'ai une spécialité sur l'analyse du langage corporel en
qualité de synergologue, je les aide à analyser la façon dont ils
sont perçus et à intégrer la lecture du corps du récepteur comme un élément clé de la
communication interpersonnelle.
Et j'aborde de plus en plus la dimension de coaching vocal. Je suis spécialiste des gestes, à titre
personnel, amoureux des mots, mais moi qui anime régulièrement des stages d'improvisation
théâtrale à Paris, je n'oublie pas que la voix compte pour près de 40% dans l'impact d'une
communication. J'adopte une approche pluridisciplinaire pour aborder toutes les facettes de la prise
de parole. Rien n'est plus dangereux qu'un outil quand on n'a qu'un outil.
2. Les hauts fonctionnaires connaissent-ils les bases de la communication non verbale ?
Les hauts fonctionnaires, comme les dirigeants en entreprise avec lesquels je travaille aussi, et je
dirais comme tout le monde, ont des idées reçues sur le langage corporel qui sont véhiculées par des
croyances personnelles, des lectures hasardeuses, un bouche à oreille approximatif.
L'une des croyances est d'associer un signe à une signification. Les bras croisés seraient une marque
de fermeture. C'est faux dans la plupart des cas. Il faut d'abord recadrer, sur la base de ce
qu'expriment nos observations à grande échelle (base de nos affirmations en synergologie), et
ensuite leur apprendre à regarder le reste du corps et des expressions. Quand on exprime une
émotion, elle se traduit par une série de signes, la plupart du temps.
L'autre croyance qui a la vie dure, c'est que le langage corporel, ça se travaille. C'est de plus en plus
perçu par l'oeil humain. Quand on fabrique des gestes, on fabrique du mensonge.
Vous êtes coach en communication. Les hauts fonctionnaires savent-ils, plus généralement,
bien communiquer ?
Ce n'est pas forcément leur culture. C'est aussi une histoire de tempérament. Mais j'observe que les
organisations publiques, quels que soient leur genre, leur taille, leur mission, et ceux qui les animent
ou les représentent sont de plus en plus friands de méthodes issues du monde privé dans le domaine
de la communication.
Et ils ont eux-mêmes des atouts à faire valoir, des expériences et des réflexes qui peuvent aussi être
bénéfiques, parfois transposables, au privé. Une certaine osmose se fait. Elle doit se faire dans le
respect de la culture de chaque organisation. Et s'il y a une culture publique commune, il y aussi des
disparités.
Bien connaître le monde public est donc nécessaire pour ne pas arriver avec des gros sabots. Pour
ma part, j'ai une approche très "RH" de la communication. Avec les méthodes du coaching, on fait
un travail de fond. Comme disait Montesquieu, et je reprends cette devise depuis dix ans pour mes
activités : le monde s'ouvre aux esprits ouverts.
Quels sont les gestes ou les attitudes à éviter lorsqu'on est filmé ?
Justement, pour compléter une réponse précédente, la seule chose à éviter, c'est de se sur-
préoccuper de ce que je peux exprimer quand je parle. Mais de me soucier davantage de mon
interlocuteur. Ses gestes et expressions sont une mine d'informations pour ajuster ma
communication et interagir.
On peut apprendre à être à l'aise avec son corps, certaines techniques, issues notamment du théâtre,
de l'improvisation, outils que j'utilise, sont adaptés à cela, mais c'est une autre démarche. On ne peut
pas apprendre à son corps à le faire mentir. Ceux qui travaillent leur gestuelle travaillent une part
infime de notre communication non verbale, majoritairement les mouvements des bras et des mains,
parce que gérés par le cortex moteur et donc contrôlables. pas si facilement d'ailleurs.
Mais 95% du langage corporel ne peut pas faire l'objet d'un contrôle conscient : une paupière
gauche cligne pour marquer une émotion négative, les lèvres rentrent dans la bouche et expriment
un non dit, je ressens une démangeaison et le gratte la base du nez ou le bas du dos avec la main
gauche pour prendre du recul... Comment résister à ces gestes alors que le signal envoyé par le
cerveau est si fort et conditionné justement pour nous permettre de mieux gérer nos contradictions
internes d'une part et pour donner des informations que l'autre reçoit non consciemment d'autre
part ?
SOURCE : http://jcp.communication-publique.fr