Briefing de Bruxelles n. 57: Mamadou Goita "Soutenir les marchés territoriaux et la capacité des producteurs à répondre à la demande alimentaire urbaine"
Le briefing de Bruxelles sur le développement n. 57 sur « Investir dans l'agriculture paysanne pour la sécurité alimentaire et la nutrition » organisé par le CTA, la Commission européenne / EuropeAid, et le secrétariat ACP s'est tenu le mercredi 11 septembre 2019 de 9h00 à 13h00 au Secrétariat ACP, 451 Avenue Georges Henri, 1200 Bruxelles, Salle C. Ce briefing aexaminé l’agriculture paysanne et son rôle clé dans la mise en œuvre de la sécurité alimentaire/nutrition et de systèmes alimentaires durables, comme l'illustre par l'ODD 2.
Vision et stratégie du ROPPA pour la sécurisation foncière des EFA (ROPPA)
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Briefing de Bruxelles n. 57: Mamadou Goita "Soutenir les marchés territoriaux et la capacité des producteurs à répondre à la demande alimentaire urbaine"
1. Mamadou GOÏTA, IRPAD/Afrique
57 ème Briefings,
Bruxelles, 11 Septembre2019
PERSPECTIVES DES MARCHES
TERRITORIAUX ET LA CAPACITE DE
L’AGRICULTURE FAMILIALE A
REPONDRE A LA DEMANDE
ALIMENTAIRE
2. DE QUOI PARLE-T-ON?
◦ Marchés liés aux systèmes alimentaires locaux, nationaux et régionaux – ou
‘marchés territoriaux’, définis comme « des marchés très diversifiés, par
lesquels transitent la plupart des aliments consommés dans le monde , qui
peuvent opérer à une échelle locale, transfrontalière ou régionale, en milieu
rural, périurbain ou urbain, ou dans tous ces contextes; par ailleurs, ils sont
directement liés aux systèmes alimentaires locaux, nationaux ou régionaux,
en ce sens que les aliments sont produits, transformés et commercialisés au
sein de ces systèmes ». CSA, Recommandations Politiques « Etablir un lien
entre les petits exploitants et les marchés », 2015, p.2.
3. CARACTERISTIQUES DES MARCHES
TERRITORIAUX
Ils sont plus enracinés que d'autres types de marchés dans le territoire (la grande majorité des
produits, la très grande majorité des producteurs, la plupart des consommateurs et la plupart des
commerçants sont originaires du territoire concerné);
Ils sont plus caractérisé que d'autres marchés par de nombreuses relations horizontales (c'est-à-
dire non hiérarchiques) entre producteurs indépendants, transformateurs, commerçants et
consommateurs);
Ils sont inclusifs et diversifiés en termes d’acteurs intervenant et de produits ;
Ils ont de multiples fonctions économiques, sociales, culturelles et écologiques sur leur propre
territoire et ne se limitent pas seulement à l’approvisionnement en aliments ;
Ils sont les plus rémunérateurs pour les producteurs familiaux qui ont un plus grand pouvoir de
négociation sur les prix
Ils contribuent à structurer l’économie territoriale en permettant la création de la richesse et sa
redistribution dans ce territoire ;
Ils sont appelés « formels » ou « informels » ou sont en transition entre ces deux statuts
Ils peuvent être localisés à différents niveaux des territoires (local, national et transfrontalier)
4. CONSIDERATIONS PRELIMINAIRES
◦ Il est important de définir les FINALITES de l’Agriculture en Afrique
de l’Ouest. Ceci n’est pas le cas dans beaucoup de pays africains
actuellement. Cet exercice de définition de la finalité ou des finalités
des activités agricoles, d’élevage (y compris pastorales),
halieutique/sylvicoles et de foresterie est un point de départ
indispensable pour aborder les autres aspects importants de la vision
des pays.
◦ Conséquence 1: Très peu de pays de la région ont des politiques
Agricoles même si la région à l’ECOWAP en tant que politique
Agricole commune régionale.
5. CONSIDERATIONS PRELIMINAIRES
En faisant cet exercice d’orientation, d’autres questions majeures
connexes doivent aussi trouver des réponses appropriées :
◦ Quel(s) type(s) de marché(s) à créer ou à promouvoir ?
◦ Avec quelles actrices et quels acteurs (en amont et en aval) ?
◦ Avec quels accompagnements pour la valorisation des produits ?
(Partenariats économiques et/ou financiers)
◦ Donc: Quelles finalités et comment y arriver?
6. LES PRINCIPES DE BASE DE L’AGRICULTURE FAMILIALE ET LA
BASE DES POLITIQUES FAVORABLES
La finalité de l’agriculture promue par les EF est de nourrir les populations et c’est
seulement après que la création de la richesse intervient (elle n’est pas exclue).
Travaille avec l’environnement dans le sens du respect des principes de la durabilité
de la production basée sur les modes de production agro-écologiques.
Pourvoyeuse d’emplois durables aussi bien pour les membres de l’exploitation que
pour d’autres personnes extérieures ;
Promeut de façon systématique la diversification de la production en minimisant
d’abord les risques au lieu de maximiser les profits (combat les systèmes de
monoculture destructeurs de l’environnement);
7. LES PRINCIPES DE BASE (Suite & fin)
Contribue à organiser les marchés locaux de produits alimentaires selon une
approche d’échelle qui va du niveau du ménage au niveau international en passant
par le village ou le hameau, la commune (là où elle existe), la région, le pays, la sous-
région, la région etc.). Elle contribue à l’Economie Sociale et Solidaire avec une
meilleure redistribution des ressources générées ;
Promeut la recherche-participative dans l’espace de production et assure la
formation professionnelle continue structurée autour du mode de vie ;
Les moyens de production se retrouvent sous le contrôle des membres de
l’exploitation;
Elle est orientée vers l’atteinte de la souveraineté alimentaire dans le respect et la
dignité et des principes de la sécurité humaine.
8. Illustration: Production céréalière en Afrique de
l’Ouest après la crise alimentaire
Production céréalière totale en Afrique de l’Ouest incluant le Tchad (Campagne 2010-2011) :
Production totale : 59 991 000 tonnes dont:
- Riz : 12 614 000 tonnes (+ 11%)/(2009-2010)
- Maïs: 17 727 000 tonnes (+ 10%)/(2009-2010)
- Mil : 12 656 000 tonnes (+ 23%)/(2009-2010)
- Sorgho: 16 575 000 tonnes (+ 18%)
Autres céréales: 419 000 tonnes
Production des autres cultures vivrières :
- Igname : 55 582 700 tonnes (+5%)
- Manioc : 66 970 700 tonnes (-10%)
- Production céréalière du CILSS: 22 271 000 tonnes
Hausse de 39,3% (2009-2010),
Hausse de 45% (moyenne 5 ans.)
Des accroissements dans la quasi-totalité des pays du CILSS (entre 14% et 116%.)
Tchad et Niger respectivement 116% et 50% d’accroissement (ces pays ont été durement éprouvés en 2009).
Le Burkina, la Gambie, la Mauritanie et la Guinée Bissau : des accroissements respectifs de 26%, 17%, 23% et 14%.
Le Cap Vert et le Sénégal: une baisse de 5%
Hausse de production céréalière moins marquée en zone côtière
Production céréalière des pays côtiers: 37 700 000 tonnes
- Hausse de 5% (2009-2010),
- Hausse de 9% (moyenne 5 ans.)
Tous les pays côtiers (sauf Togo et Sierra Leone) des productions céréalières en augmentation. Côte d’Ivoire (8,7%), Guinée (6,6%), Nigeria(5,3%),
Ghana (11,5%), Bénin (1,3%), Libéria(1,1%).
Baisse de production en Sierra Leone (-20,4%) et Togo (-1,5%) (Ces pays avaient eu une production record en 2009-2010.)
Production céréalière dans l’espace CEDEAO: 56 337 000 tonnes en augmentation de 12% (2009-2010)
10. FINANCEMENT AGRICULTURE: QU’EST-CE QUE
C’EST?
◦ Formation de capital (non spéculatif)
◦ Acquisition et/ou création de richesse pour investir dans l’Agriculture (amont et aval)
Production, la récolte et le stockage;
Valorisation des produits y compris la transformation et la consommation
La mise à marché
Investissement: doit contribuer à l’amélioration des la production et du bien être des populations
11. LES RISQUES INTERLIES DONT FONT
FACE LES EF EN AFRIQUE DE L’OUEST
Risques
économiques
Risques sociaux
et politiques
(internes)
EF
Moyens
d’existence
durables
Risques naturels
et techniques
12. LES ACTEURS DU FINANCEMENT DE
L’AGRICULTURE
◦Les Etats
◦Les EF
◦Les coopérations bilatérales et multinationales
◦Les ONG
◦Le secteur privé (national et international)
13. QUELQUES EXEMPLES D’OUTILS/MODES DE
FINANCEMENT ACTUEL EN AFRIQUE DONT BEAUCOUP
POSENT DES PROBLEMES DE COHERENCE
NEPAD (New Partnership for African Development)
AGRA (Alliance for Green Revolution in Africa)
GAFSP (Global Agricultural and Food Security Programme) G8
NOUVELLE ALLIANCE (G8 et USA)
ECOWAP/CEDEAO (ECOWAS Agricultural Policy)
FONDS NATIONAUX DE DEVELOPPEMENT AGRICOLE (FNDA),
BANQUES/CAISSES NATIONALES DE DEVELOPPEMENT AGRICOLE
(BNDA ou CNDA)
BANQUES CMMERCIALES
14. OBJECTIFS D’UNE POLITIQUE
AGRICOLE
◦ Objectifs économiques
◦ Objectifs sociaux et culturels
◦ Objectifs relatifs à l’environnement, à l’environnement du
système de production et à l’aménagement du territoire
15. CONDITIONS DE SUCCES
◦ Les niveaux d’intervention et d’analyse
◦ Les conditions de succès et de cohérence
-Pertinence et cohérence interne d’une politique agricole
-Appropriation de la politique par les acteurs
-Moyens de financement
-Cohérence des niveaux politiques d’intervention
-Cohérence avec les autres politiques
16. QUE FAIRE? (Connaître les besoins)
Différents niveaux de stratification
Capacités à influencer
la formulation des
politiques agricoles et
autres
avoir plus de pouvoir
sur les marchés des
produits Agrcoles
Améliorer les
ressources de base
Moyens d'existence des
producteurs
Renforcer le capital
humain et social
17. QUE FAIRE?
◦ Domaines d’investissement
Accès aux
ressources
financières
Système
financier et
bancaire
Accès aux
marchés
Différentiation
des niveaux de
marchés
Accès aux
marchés et autres
ressources liées
Maîtrise des
liens entre les
difféents niveaux
des produits
Industries agro-
alimentaires
Accès aux droits
sociaux,
économiques et
politiques
Accès aux
services
publiques
18. QUE FAIRE?
Schéma global
Reconnaissance sociale et politique Régulation des marchés
Renforcement des droits et accès aux
ressources notamment la terre, l'eau, les
semences et les ressources institutionnelles
Accès aux biens publics incluant les
services sociaux de base
Politiques publiques pour
renforcer le soutien à
l'agriculture familiale
19. PROJET TEST DE CARTOGRAPHIE DES MARCHES
TERRITORIAUX COMME REPONSE AUX ENJEUX LIES A CES
MARCHES
◦ Une dynamique en cours initiée et portée par la FAO, la Via Campesina, le ROPPA, Terra Nova, IRPAD et d’autres
acteurs pour donner une meilleure visibilité aux marchés territoriaux;
◦ Un test en cours en Afrique sous la responsabilité du ROPPA,
◦ Une méthodologie qui sera validée et teste en Amérique Latine à partir de Novembre 2019 et qui est portée par
La Via Campesina
◦ Une approche méthodologique basée sur les approches suivantes:
◦ -Engager des initiatives participatives de collecte des données à caractère scientifique en partenariat multi-
acteurs (OP, chercheurs, autres…) pilotés par les OP et autres organisations de la société civile afin que les
résultats contribuent à améliorer les effets et les impacts des actions menées autour des marchés territoriaux.
◦ - Mettre en place des dispositifs méthodologiques qui favorisent effectivement la participation et surtout la
responsabilisation des OP et leurs membres dans le processus de collecte et de co-traitement des données avec
les autres acteurs tels que les chercheurs, les gouvernements, les agences des Nations Unies etc.).
◦ -Articuler de façon systématique et pragmatique la cartographie avec les problématiques précises traitées par
les OP de manière qu’elle alimente le travail thématique sur les marchés territoriaux et les actions de plaidoyer.
◦ -Assurer un équilibre adéquat entre cartographie sur les marchés territoriaux et d’autres types de méga données
qui existent,
20.
OBJECTIFS DE LA CARTOGRAPHIE
Objectif général:
◦ Influencer les politiques, d’amener les décideurs à prendre des décisions visant le
renforcement des marchés territoriaux» (Rapport première réunion du groupe de
coordination (GC), 2018)
◦ Objectifs spécifiques
◦ Rendre plus visibles les marchés territoriaux dans le but d’influencer les politiques publiques
en leur faveur ;
◦ Mettre en place des dispositifs permanents de collecte de données et de traitement des
données sur les marchés territoriaux ;
◦ Créer des alliances entre différents acteurs afin de consolider les liens entre les marchés et les
systèmes de production.
21. QUELLES ORIENTATIONS POUR LES POLITIQUES PUBLIQUES
?
Soutenir l’agriculture familiale pour qu’elle puisse être plus performante et plus contributive dans une
optique de durabilité. Il faut signaler qu’en Afrique de l’Ouest, c’est cette agriculture familiale qui
nourrit les populations et donc assure la sécurité alimentaire et nutritionnelle.
Soutenir la mise en place des stocks de souveraineté alimentaire avec une priorité à
l’approvisionnement avec la production locale, nationale, régionale.
Mettre en place des mécanismes de soutien à l’agriculture ouest-africaine (sous forme de
subventions à la production et de subvention à la consommation) pour prendre en charge les
investissements, la maîtrise de l’eau de façon durable ainsi que d’autres contraintes majeures. Il est
impératif de développement les alternatives agro-écologiques au détriment du model d’agriculture
industrielle qui non seulement tue les emplois dans cette région (cas Côte d’Ivoire avec les défis
environnementaux) mais prive aussi les EF de la bonne redistribution de la richesse créée .
Assurer une meilleure organisation des marchés territoriaux ( locaux, sous-régionaux et régionaux)
des produits locaux à travers entre autres les bourses de céréales qui mettent les producteurs et les
consommateurs en lien et qui ne sont pas des bourses spéculatives (exemple des membres du
réseau Afrique Verte).
Donner des revenus rémunérateurs aux producteurs pour assurer des investissements dans les
exploitations mais aussi pour les permettre de prendre en charge les besoins liés aux services
sociaux de base.
22. QUELLES ORIENTATIONS POUR LES POLITIQUES
PUBLIQUES? -Suite-
Promouvoir la sécurité sociale pour les producteurs et mettre en place des fonds de calamités,
des fonds d’assurance récolte pu d’assurance agricole qui constituent des modes de gestion du
changement climatique et ses conséquences ;
Mettre en place des fonds de transformation/valorisation des produits locaux et assurer la
promotion de ces produits.
Mettre en place des programmes de recherches participatives et les intégrer dans le dispositif
national de la recherche. La souveraineté de la recherche doit être affirmée.
Assurer la formation et l’installation des jeunes agriculteurs, pêcheurs et pastoralistes/éleveurs
dans une logique de création d’emplois, de création de richesses et de renouvellement des chefs
et cheffes d’exploitations.
Régler les questions foncières ou agraires en prenant en compte les réalités de chaque pays. Il
sera important d’éviter la « titrisation » des terres qui ne peut que conduire à la privatisation du
patrimoine foncier national. Le bradage du patrimoine foncier ne peut conduire à des conflits
difficiles à gérer. Des outils alternatifs de sécurisation doivent être promus dans les nouvelles lois
foncières en gestation.
23. QUELLES ORIENTATIONS POUR LES POLITIQUES
PUBLIQUES? -Suite et fin-
Mettre en place des industries agro-alimentaires orientées vers les besoins nationaux et
régionaux en priorité (autant que possible) qui sont des outils stratégiques pour le
développement agricole au sens marge. La question de l’industrialisation sera déterminante
pour l’avenir de l’agriculture de l’Afrique en termes de valeur ajoutée nationale, de
promotion des emplois et surtout de la redistribution de la richesse.
Elaborer et mettre en œuvre des politiques agricoles basées sur la souveraineté alimentaire
qui fait de l’alimentation, la production et d’autres sujets liés, des questions de droits
humains mais aussi un moyen de créer de la richesse et la redistribuer de façon durable.
24. MESSAGES CLES (1/2)
Les outils de financement actuels de l’Agriculture ne sont
pas adaptés aux EAF et à leur mode opératoire;
Le financement public en priorité avec une gouvernance
appropriée constitue le meilleur canal pour assurer un
financement souverain de l’Agriculture;
Le financement de l’Agriculture ne peut pas être dissocié du
système de production, de valorisation des produits et des
types de marchés qui sont privilégiés.
25. MESSAGES CLES (2/2)
◦ L’approche Partenariat Public Privé (PPP) excluant les
producteurs constitue un problème majeur des modes de
financement de l’Agriculture;
◦ Il y a une nécessité de changer de paradigme afin de
favoriser une meilleure intégration des systèmes de
financement de l’agriculture.