1. Évangélisation
et
Diaconie
(service de la fraternité)
Pour des communautés fraternelles
et missionnaires
Orientation du diocèse d’Agen
2012/2013
Sources : Diaconia2013.fr, Note théologique N°6
2. Diaconie : définition de la CEF * (extrait)
(Conférence des Évêques de France)
1 - « La diaconie désigne les divers engagements
sociaux des communautés chrétiennes, elle est la
mise en œuvre de l’Évangile de Jésus-Christ au
service de la personne, notamment des plus
pauvres, ….».
engagements sociaux
communautés chrétiennes
Avec la diaconie l’engagement social acquiert une
dimension ecclésiale et communautaire !
3. Diaconie : définition de Benoît XVI *
Deus Caritas est, § 21)
2 - « La diaconie est le service de l’amour
du prochain exercé de manière
communautaire et ordonnée ».
Pas
Pas seulement seulement
individuelle service « du
prochain »
Pas seulement spontanée … et si la mais
communauté elle-même organisait la service « de
charité pour témoigner plus l’amour » …
efficacement de l’amour de Dieu et
rendre l’Évangile plus crédible ?
4. Diaconie
Dans son sens le plus simple, la diaconie peut être
comprise comme « le service de la charité ».
« ou le service de l’amour »
l’annonce de la Parole de Dieu
la triple
tâche de
l’Église la célébration des sacrements,
Est l’une des
la diaconie trois tâches
Si la diaconie concerne l’Eglise
Forcément elle concerne aussi notre communauté !!
5. Pour Jésus, évangélisation et diaconie c’est tout un
va à la rencontre des gens
(sortir, proximité, contact direct
….)
Sur les routes de annonce une bonne nouvelle :
Palestine Jésus « le Royaume de Dieu est tout
proche de vous »,
guérit les malades
Pour Jésus, il n’y a pas d’un côté l’évangélisation et
de l’autre la diaconie.
En lui, on découvre « une parole qui guérit et des
guérisons qui parlent ».
6. Service rendu par Jésus, l’envoyé du Père
Jésus permet à chacun de reprendre confiance, de
découvrir qu’il est aimé et qu’il a en lui une foi (« ta
foi t’a sauvé », dit-il fréquemment), une foi qui est un
don de vie qui vient de Dieu.
Jésus évangélisera en servant jusqu’au bout en
donnant sa vie sur la croix pour toute l’humanité.
C’est sa diaconie, lui qui dit : « le Fils de l’homme
n’est pas venu pour être servi mais pour servir et
donner sa vie en rançon pour la multitude » (Mc 10, 45).
7. « évangélisation » et « diaconie ».
Ne peuvent être séparées
Le service le plus important que nous pouvons
rendre à quelqu’un dans une relation d’aide, c’est de
lui permettre de découvrir qu’il a en lui une « foi »,
un don de vie qui fait de lui quelqu’un d’unique qui a
quelque chose à apporter aux autres et à l’humanité.
Servir C’est
à la manière s’évangéliser
de Jésus, soi-même
8. La diaconie de l’Église
fait partie de l’évangélisation
Jésus annonce la bonne ses paroles
nouvelle du règne de Dieu
indissociablement par : et
ses actes
Il est venu sauver toute l’humanité à commencer
par les plus pauvres.
La charité de Dieu établit les hommes comme fils et
frères. C’est pourquoi la fraternité des chrétiens (de
notre communauté) est tendue vers la fraternité de
toute la famille humaine.
9. La diaconie résulte de l’évangélisation
La diaconie (service de la charité)est le résultat de
l’action de Dieu. Comment ?
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Les chrétiens aiment parceequ’ils (e)
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Dieu rce qu’ils aimé persuadés).
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La fraternité tainactes eux aim l’amour
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Dieu.
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on nerpersonnes et les sociétés
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De ce point de vue, la diaconie est une résultante de
l’évangélisation, de la bonne nouvelle de l’amour.
10. La diaconie est la source de l’évangélisation
Mais en même temps, la diaconie (amour du frère)
participe directement du mouvement
on
msource, car
’nous e
j aimpresse d’annoncer
d’évangélisation, elle en est même la
l’autre e
c’est l’amour dece ququi
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L’Église s Comme
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q la Parole le
par
l’év angi par ce qu’il disait
par les sacrements par ce qu’il était
par le service par ce qu’il faisait
11. La diaconie est un élément constitutif de l’annonce
de la Parole de Dieu
« Le curé est tenu par l’obligation de pourvoir à ce que
la Parole de Dieu soit annoncée intégralement aux
habitants de la paroisse ; c’est pourquoi [...] il favorisera
aussi les œuvres par lesquelles est stimulé l’esprit
évangélique, y compris ce qui regarde la justice sociale »
(Droit canonique n°528 §1).
Rappel : La paroisse est un territoire, une zone géographique qui dépasse largement
l’assemblée dominicale
12. La diaconie de l’Église
La diaconie de notre communauté
rend crédible l’annonce de la Bonne Nouvelle
Dans les premiers siècles du christianisme l’annonce,
la célébration et la charité étaient intimement liés.
Le partage, le service social s’effectuaient au moment
de la liturgie.
C’est l’un des facteurs de l’expansion rapide du
christianisme et de l’Église dans les cités de l’Antiquité.
13. La diaconie de l’Église
La diaconie de notre communauté
rend crédible l’annonce de la Bonne Nouvelle
Au Moyen âge, la fonction diaconale des
monastères participe, par l’hospitalité mais aussi
par le travail et l’économie, à l’œuvre
d’évangélisation des campagnes.
Au XIXe siècle, quand Frédéric Ozanam et ses
confrères fondent la Société Saint-Vincent-de- Paul,
il est significatif qu’ils décident de visiter les
pauvres aussi pour la crédibilité de leur foi dans
un milieu hostile.
14. La diaconie de l’Église
La diaconie de notre communauté
rend crédible l’annonce de la Bonne Nouvelle
« L’homme contemporain écoute plus volontiers les
témoins que les maîtres ou s’il écoute les maîtres,
c’est parce qu’ils sont des témoins. [...] C’est donc
par sa conduite, par sa vie, que l’Église
évangélisera tout d’abord le monde, c’est-à-dire
par son témoignage vécu de fidélité au Seigneur
Jésus, de pauvreté et détachement, de liberté face
aux pouvoirs de ce monde, en un mot, de sainteté »
(exhortation apostolique Paul VI Evangelii nuntiandi n°41).
15. La diaconie de l’Église
La diaconie de notre communauté
rend crédible l’annonce de la Bonne Nouvelle
Cependant …..
« La charité ne doit pas être un que au
moyen ….service de ce
qu’on appelle aujourd’huition
pas on
di pour parvenir à d’autres fins.
gratuit. Il n’est à cutilisé
le prosélytisme. L’amour est
Cela neaide
’ signifie côté, pour ainsique l’action caritative
pas toutefois
J et
doive laisser de dire, Dieu et le Christ.
(...) Celui qui pratique la charité au nom de l’Église ne
….
sivenu de parler de
cherchera jamais à imposer aux autres la foi de l’Église.
ime
Le chrétien sait quand le temps est
t’ade Le taire et de ne laisser
Dieu et quand il est e J juste
parler que l’amour.» (Benoît XVI encyclique Dieu est Amour :
n°31)
16. Lien entre diaconie et annonce
Si l’engagement des chrétiens au service des autres
n’était pas pleinement désintéressé, s’il avait pour
but de faire entrer des personnes dans l’Eglise
(dans notre communauté), alors il ne pourrait plus
être un témoignage rendu à l’amour gratuit de
Dieu.
Par contre si les personnes en détresse expriment
leur soif spirituelle ou un intérêt pour les choses
de la foi « le temps est venu de parler de Dieu »
sans qu’on le conditionne à quelque retour que ce
soit.
17. La Bonne nouvelle est annoncée
aussi par les pauvres.
« La pierre rejetée par les bâtisseurs est devenue la
pierre d’angle » (Lc 20, 17).
Jésus, est cette « pierre d’angle »
Or, Jésus s’identifie aux pauvres, aux malheureux
Cela nous invite à considérer les pauvres comme
des « pierres d’angle » Diaconia 2013 à Lourdes
Le chemin fait avec des personnes en précarité
permettent d’entendre l’Évangile avec l’accent des
origines, à la manière de Jésus.
18. La Bonne nouvelle est annoncée
aussi par les pauvres.
Le service « je suis Vu sous cet
de la charité chrétien, … angle cela
n’est pas – donc je devient (à la
d’abord - une « dois » me longue) une
conséquence mettre au « obligation »,
de la foi service des un poids, un
autres », fardeau ….
Le service de la charité est un lieu source pour la
foi. La foi de tous est revigorée par les personnes
marquées par le handicap, la grande pauvreté, la
maladie, etc.
Voir démarche Diaconia2013
19. La Bonne nouvelle est annoncée
aussi par les pauvres.
Les personnes qui vivent la précarité ramènent en
effet souvent aux questions essentielles de la vie, à une
soif profonde qu’on pourrait avoir tendance à oublier
dans notre société de la compétition et de l’avoir.
Elles expriment souvent une « foi », une confiance
étonnante, au milieu de problèmes qui paraissent
pourtant insolubles.
Quand on a la chance de vivre des partages de foi avec
des personnes en précarité (échanges à partir de la Parole
de Dieu, prière ensemble, célébration des sacrements,
pèlerinages ...), la Parole de Dieu se découvre de façon
nouvelle et étonnante pour tous.
20. La Bonne nouvelle est annoncée
aussi par les pauvres.
Des communauté fraternelles et missionnaires
Cela est valable non seulement à l’échelle personnelle,
mais aussi pour une communauté paroissiale ou autre.
Nos communautés sont évangéliques quand elles
accueillent en leur sein des personnes en grande
précarité.
Cela pose la question de savoir comment elles sont
accueillies et écoutées à ce niveau de l’expérience
spirituelle.
21. La Bonne nouvelle est annoncée
aussi par les pauvres.
Des communauté fraternelles et missionnaires
D’où l’importance de la dimension communautaire de
la diaconie dans la démarche d’évangélisation.
Rappel définition de Benoît XVI : « La diaconie est
Diaconia (etde l’amour du prochain exercé de développer
le service le diocèse d’Agen) cherchent à
dans les communautés chrétiennes une culture de la
manière communautaire et ordonnée ».
fraternité (« servons la fraternité »). Cela peut être un
signe évangélique fort dans une culture marquée par
la compétition et le calcul, la peur de l’autre, le
repliement identitaire, individuel et communautaire.
22. L’Eglise évangélise
et se laisse évangéliser dans la diaconie vécue
Au plan personnel nous sommes appelés, non
seulement à croître dans la foi, mais dans le même
mouvement à « une vie chrétienne intégrale » (Ad gentes, n° 14)
Tous les chrétiens sont invités à trouver une
cohérence entre leur foi et toute leur existence, à vivre
dans un style évangélique.
Jean-Paul II exhortait les laïcs à « surmonter en eux-
mêmes la rupture entre l'Évangile et la vie, en sachant
créer dans leur activité de chaque jour, en famille, au
travail, en société, l'unité d'une vie qui trouve dans
l'Évangile inspiration et force de pleine réalisation. »
exhortation Apostolique Christifideles laici sur l’Apostolat des laïcs en 1988
23. L’Eglise évangélise
et se laisse évangéliser dans la diaconie vécue
Des communauté fraternelles et missionnaires
Comme l’évangélisation, la liturgie
aussi est affectée par l’importance
« La transmission de la foi amène les communautés
que l’on donne
chrétiennes à articuler de façon stricte les œuvres
fondamentales de la vie deou non –
– foi : charité, témoignage,
annonce, célébration, servicepartage »(diaconie)
au écoute, du frère
(Instrumentum laboris du synode n°92).
« articuler de façon stricte »
La diaconiefait penser au « ordonnée »est un lieu
d’une communauté chrétienne
test de la qualité de sa foi et de sa vitalité liturgique.
de la définition dede la communion
Aussi la diaconie de l’Église est fruit
la
confessée et célébrée. de Benoît XVI
diaconie
24. L’Eglise évangélise
et se laisse évangéliser dans la diaconie vécue
L’Église ne peut être De chaque chrétien
au service du monde et
que grâce à l’action De chaque communauté
Notre communauté, sur le territoire qui lui est
« Il faut concevoir l'évangélisation comme le processus
confiée par l’évêque : mue par l'Esprit, annonce et
à travers lequel l'Église,
répand l'Évangile dans le monde entier ; poussée par la
Comment répand-elle l’évangile ?
charité, elle imprègne et transforme tout l'ordre
temporel, en assumant les cultures et en les
Comment » (n°92).force de transformation ?
renouvelant est-elle
L’Évangile est une force de transformation pour la
société contemporaine.
25. Foi et charité se répondent et croissent ensemble.
« l’Année de la foi sera aussi une occasion propice pour
intensifier le témoignage de la charité » (Porta fidei n°14).
« Je voudrais vous adresser mes encouragements pour la
démarche Diaconia 2013, par laquelle vous voulez inciter
vos communautés diocésaines et locales, ainsi que
chaque fidèle, à remettre au cœur du dynamisme
ecclésial le service du frère, particulièrement du plus
fragile. Que le service du frère, enraciné dans l’amour de
Dieu, suscite en tous vos diocésains le souci de contribuer,
chacun à sa mesure, à faire de l’humanité, dans le Christ,
une unique famille, fraternelle et solidaire ! ».
Benoît XVI aux évêques français (dont Mgr Herbreteau) en visite ad limina en septembre 2012
Ainsi, réussir Diaconia permettra de réussir l’Année de la foi,
car la nouvelle évangélisation sera ancrée dans un service
renouvelé de la charité : la fraternité avec les plus fragiles.
26. Bon temps de l’Avent et joyeux Noël
Votre communauté sera-t-elle représentée au rassemblement
Diaconia à Lourdes en mai 2013 ?
Hinweis der Redaktion
On peut trouver cette définition sur le site de l’épiscopat, elle est beaucoup plus longue mais on peut s’arrêter aux deux premières lignes et imaginer un instant ce que cela peut impliquer pour une communauté chrétienne de décider, d’organiser et de mettre en œuvre des « engagements sociaux » Clic Animation Chaque chrétien a l’habitude d’entendre dans nos églises (et ailleurs) des encouragements, des exhortations à être solidaire avec son « prochain ». Nous découvrons ici une notion nouvelle : celle de l’engagement social non plus seulement de chaque individu (ou des services dont c’est la « spécialité ») mais de celui de la communauté chrétienne (de toutes les communautés) ! L’engagement social acquiert une dimension ecclésiale . **************************** Définition complète de la CEF : 1 - « La diaconie désigne les divers engagements sociaux des communautés chrétiennes, elle est la mise en œuvre de l’Évangile de Jésus-Christ au service de la personne, notamment des plus pauvres, mais elle est beaucoup plus vaste que le caritatif, elle touche et fonde toute vie chrétienne. L’emploi de ce terme donne l’occasion de revisiter les fondements théologiques de l’action solidaire et d’en montrer la dimension spirituelle ». (Conférence des Évêques de France)
On notera également ici deux idées qui semblent assez nouvelles : **La première, souligne encore que la diaconie doit avoir une dimension communautaire (et pas seulement personnelle) et qu’elle intéresse donc une communauté, un groupe de chrétiens appelés à agir « ensemble » ou au moins à réfléchir ensemble (tout le monde ne peut pas tout faire). Certes la diaconie concerne tous les baptisés (individuellement ) mais également toutes les structures ecclésiales (en tant que telles, donc tous les baptisés ensemble) La deuxième précise que la communauté se doit d’organiser elle-même le service de la charité de "mettre de l’ordre" (ordonné) là où chacun ferait, sans concertation avec sa communauté, ce qu’il veut ou ce qu’il peut (avec le risque d’oublier ou de ne pas voir certaines détresse) . Il y a aussi la notion d’ordonner vers un but … se fixer un axe d’actions de charité Clic La deuxième définition est d’Etienne Grieu, jésuite au Centre de Sèvres qui, depuis 2008, accompagne le conseil national de la solidarité dans sa réflexion sur la Diaconie : elle reprend en d’autres termes la même idée. Il sera parmi nous en octobre prochain pour notre journée pastorale 2012
Pour Jésus, évangélisation et diaconie c’est tout un Quand on lit les évangiles, on est frappé par la façon dont Jésus de Nazareth se situe vis-à-vis des gens qu’il rencontre sur les routes de Palestine. Il annonce une bonne nouvelle : « le Royaume de Dieu est tout proche de vous », et il guérit les malades : ces guérisons sont des signes de la proximité nouvelle et étonnante d’un Dieu qu’il révèle comme un Père qui aime tous les humains. Pour Jésus, il n’y a pas d’un côté l’évangélisation et de l’autre la diaconie. En lui, on découvre « une parole qui guérit et des guérisons qui parlent 3 ».
Quand on est attentif à la manière de faire de Jésus, on découvre qu’il permet à chacun de reprendre confiance, de découvrir qu’il est aimé et qu’il a en lui une foi (« ta foi t’a sauvé », dit-il fréquemment), une foi qui est un don de vie qui vient de Dieu. C’est cela le service qu’il rend comme envoyé du Père. C’est sa diaconie, lui qui dit : « le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude » (Mc 10, 45). Et il évangélisera jusqu’au bout en donnant sa vie sur la croix pour toute l’humanité.
Nous découvrons donc qu’on ne peut séparer « évangélisation » et « diaconie ». Le service le plus important que nous pouvons rendre à quelqu’un dans une relation d’aide, c’est de lui permettre de découvrir qu’il a en lui une « foi », un don de vie qui fait de lui quelqu’un d’unique qui a quelque chose à apporter aux autres et à l’humanité. La bonne nouvelle commence là, dans cette attitude que nous puisons en Jésus et qui nous fait aller de découverte en découverte. Dans cette attitude de service à la manière de Jésus, nous sommes nous-mêmes évangélisés.
La diaconie de l’Église fait partie de l’évangélisation Jésus annonce donc la bonne nouvelle du règne de Dieu indissociablement par ses paroles et ses actes. Il est venu sauver toute l’humanité à commencer par les plus pauvres. L’amour du Père est manifesté par le Fils, dont la diaconie s’accomplit sur la croix, pour envahir toute l’humanité dans l’Esprit. La charité de Dieu établit les hommes comme fils et frères. C’est pourquoi la fraternité des chrétiens est tendue vers la fraternité de toute la famille humaine. La foi est la certitude de l’amour reçu et espéré pour tous. « J’aurais beau avoir la foi jusqu’à transporter les montagnes, s’il me manque l’amour, je ne suis rien », dit St Paul (1Co 13, 2).
La diaconie, comme service de la charité, est donc à comprendre d’abord comme le résultat de l’action de Dieu. Les chrétiens aiment parce qu’ils sont aimés de Dieu et qu’ils le croient. La fraternité en actes est la manifestation de l’amour reçu de Dieu, qui transforme les personnes et les sociétés. De ce point de vue, la diaconie est une résultante de l’évangélisation, de la bonne nouvelle de l’amour.
Mais en même temps, la diaconie participe directement du mouvement d’évangélisation, elle en est même la source , car c’est l’amour de l’autre qui nous presse d’annoncer l’évangile. L’Église évangélise par la Parole, les sacrements et le service. Comme Jésus évangélisait par ce qu’il disait, ce qu’il faisait et ce qu’il était, l’être-dans-la-charité de l’Église fait partie de sa sacramentalité, de ce par quoi elle est bonne nouvelle et signe, ici et au plan international, « de l’union intime avec Dieu et de l’unité de tout le genre humain » ( Lumen Gentium n°1).
Il est significatif que le Droit canonique comprend la diaconie de l’Église comme un élément constitutif de l’annonce de la Parole de Dieu : « Le curé est tenu par l’obligation de pourvoir à ce que la Parole de Dieu soit annoncée intégralement aux habitants de la paroisse ; c’est pourquoi [...] il favorisera aussi les œuvres par lesquelles est stimulé l’esprit évangélique, y compris ce qui regarde la justice sociale » (n°528 §1).
La diaconie de l’Église rend crédible l’annonce de la Bonne Nouvelle Les Actes des Apôtres indiquent bien le lien originaire entre l’annonce, la célébration et la charité. Les premières agapes sont en même temps des lieux de mémoire, de liturgie et de partage. La dynamique eucharistique de partage se manifeste dans diverses œuvres diaconales de partage. C’est l’un des facteurs de l’expansion rapide de l’Église dans les cités de l’Antiquité.
Au Moyen âge, la fonction diaconale des monastères participe, par l’hospitalité mais aussi par le travail et l’économie, à l’œuvre d’évangélisation des campagnes. Au XIX e siècle, quand Frédéric Ozanam et ses confrères fondent la Société Saint-Vincent-de- Paul, il est significatif qu’ils décident de visiter les pauvres aussi pour la crédibilité de leur foi dans un milieu hostile. Paul VI, dans son exhortation apostolique Evangelii nuntiandi en 1975, écrivait: « L’homme contemporain écoute plus volontiers les témoins que les maîtres ou s’il écoute les maîtres, c’est parce qu’ils sont des témoins. [...] C’est donc par sa conduite, par sa vie, que l’Église évangélisera tout d’abord le monde, c’est-à-dire par son témoignage vécu de fidélité au Seigneur Jésus, de pauvreté et détachement, de liberté face aux pouvoirs de ce monde, en un mot, de sainteté » (n°41).
Cependant, le lien entre diaconie et annonce peut donner lieu à une certaine ambigüité, d’où les précisions apportées par Benoît XVI dans son encyclique Dieu est Amour : « La charité ne doit pas être un moyen au service de ce qu’on appelle aujourd’hui le prosélytisme. L’amour est gratuit. Il n’est pas utilisé pour parvenir à d’autres fins. Cela ne signifie pas toutefois que l’action caritative doive laisser de côté, pour ainsi dire, Dieu et le Christ. (...) Celui qui pratique la charité au nom de l’Église ne cherchera jamais à imposer aux autres la foi de l’Église. Il sait que l’amour, dans sa pureté et dans sa gratuité, est le meilleur témoignage du Dieu auquel nous croyons et qui nous pousse à aimer. Le chrétien sait quand le temps est venu de parler de Dieu et quand il est juste de Le taire et de ne laisser parler que l’amour. Il sait que Dieu est amour (cf. 1 Jn 4,8) et qu’il se rend présent précisément dans les moments où rien d’autre n’est fait sinon qu’aimer. » (n°31)
Si l’engagement des chrétiens au service des autres n’était pas pleinement désintéressé, s’il avait pour but de faire entrer des personnes dans l’Eglise, alors il ne pourrait plus être un témoignage rendu à l’amour gratuit de Dieu. Mais, comme dit le pape, « le chrétien sait quand le temps est venu de parler de Dieu ». Il doit être prêt à partager sa foi, par exemple avec les personnes en détresse, quand elles expriment leur soif spirituelle. Cela n’est pas renoncer à la gratuité : la finalité de l’engagement solidaire est bien la vie de l’autre, sans qu’on le conditionne à quelque retour que ce soit, notamment l’intérêt pour les choses de la foi. Mais quand cet intérêt se manifeste, refuser de lui faire écho, c’est faire violence à l’Evangile. On voit bien ici encore le lien entre diaconie et annonce.
La Bonne nouvelle est annoncée aussi par les pauvres. Par son identification aux pauvres, le Christ nous indique la pierre d’angle de toute évangélisation : l’Evangile s’annonce à partir des pauvres et avec eux. C’est pourquoi le rassemblement Diaconia 2013 à Lourdes insistera sur la parole de Jésus : « La pierre rejetée par les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle » (Lc 20, 17). La rencontre et le chemin fait avec des personnes en précarité permettent d’entendre l’Evangile avec l’accent des origines, à la manière de Jésus. La démarche Diaconia est de penser et vivre le service de la charité non d’abord comme une conséquence de la foi (« je suis chrétien, donc je dois me mettre au service des autres »), mais comme un lieu source pour la foi. La foi de tous est revigorée par les personnes marquées par le handicap, la grande pauvreté, la maladie, etc.
Les personnes qui vivent la précarité ramènent en effet souvent aux questions essentielles de la vie, à une soif profonde qu’on pourrait avoir tendance à oublier dans notre société de la compétition et de l’avoir. Elles expriment souvent une « foi », une confiance étonnante, au milieu de problèmes qui paraissent pourtant insolubles. Quand on a la chance de vivre des partages de foi avec des personnes en précarité (échanges à partir de la Parole de Dieu, prière ensemble, célébration des sacrements, pèlerinages ...), la Parole de Dieu se découvre de façon nouvelle et étonnante pour tous.
Cela est valable non seulement à l’échelle personnelle, mais aussi pour une communauté paroissiale ou autre. Nos communautés sont évangéliques quand elles accueillent en leur sein des personnes en grande précarité. Cela pose la question de savoir comment elles sont accueillies et écoutées à ce niveau de l’expérience spirituelle.
D’où l’importance de la dimension communautaire de la diaconie dans la démarche d’évangélisation. Diaconia cherche à développer dans les communautés chrétiennes une culture de la fraternité (« servons la fraternité »). Cela peut être un signe évangélique fort dans une culture marquée par la compétition et le calcul, la peur de l’autre, le repliement identitaire, individuel et communautaire.
L’Eglise évangélise et se laisse évangéliser dans la diaconie vécue Au plan personnel, il est significatif que les textes du Concile appellent les catéchumènes, non seulement à croître dans la foi, mais dans le même mouvement à « une vie chrétienne intégrale ( Ad gentes , n° 14). ». Tous les chrétiens sont invités à trouver une cohérence entre leur foi et toute leur existence, à vivre dans un style évangélique. Dans l’exhortation Apostolique Christifideles laici sur l’Apostolat des laïcs en 1988, Jean-Paul II exhortait les laïcs à « surmonter en eux-mêmes la rupture entre l'Évangile et la vie, en sachant créer dans leur activité de chaque jour, en famille, au travail, en société, l'unité d'une vie qui trouve dans l'Évangile inspiration et force de pleine réalisation. »
Cela vaut pour les communautés chrétiennes. « La transmission de la foi amène les communautés chrétiennes à articuler de façon stricte les œuvres fondamentales de la vie de foi : charité, témoignage, annonce, célébration, écoute, partage » ( Instrumentum laboris du synode n°9 2). La diaconie d’une communauté chrétienne est un lieu test de la qualité de sa foi et de sa vitalité liturgique. Aussi la diaconie de l’Église est fruit de la communion confessée et célébrée.
Plus largement, par l’action des personnes et celle des communautés, c’est toute l’Église qui est diaconie du monde. « Il faut concevoir l'évangélisation comme le processus à travers lequel l'Église, mue par l'Esprit, annonce et répand l'Évangile dans le monde entier ; poussée par la charité, elle imprègne et transforme tout l'ordre temporel, en assumant les cultures et en les renouvelant » (n°92). L’Évangile est une force de transformation pour la société contemporaine. Ainsi, « l'Église donne corps et visibilité à la prophétie de l'Apocalypse : " Voici, je fais l'univers nouveau " (Ap 21, 5), en transformant du dedans l'humanité et son histoire » (n°30).
Année de la foi, synode et Diaconia 2013 Tout ceci nous conduit à considérer comme une formidable opportunité la concomitance de l’Année de la foi, du synode et de Diaconia 2013 . Foi et charité se répondent et croissent ensemble. Nul doute, écrit Benoît XVI dans le texte préparatoire de l’Année de la foi, que « l’Année de la foi sera aussi une occasion propice pour intensifier le témoignage de la charité » ( Porta fidei n°14). D’où les encouragements qu’il a adressés aux évêques français en visite ad limina en septembre : « Je voudrais vous adresser mes encouragements pour la démarche Diaconia 2013, par laquelle vous voulez inciter vos communautés diocésaines et locales, ainsi que chaque fidèle, à remettre au cœur du dynamisme ecclésial le service du frère, particulièrement du plus fragile. Que le service du frère, enraciné dans l’amour de Dieu, suscite en tous vos diocésains le souci de contribuer, chacun à sa mesure, à faire de l’humanité, dans le Christ, une unique famille, fraternelle et solidaire ! ». Ainsi, réussir Diaconia permettra de réussir l’Année de la foi, car la nouvelle évangélisation sera ancrée dans un service renouvelé de la charité : la fraternité avec les plus fragiles.