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Jean-Baptiste Dethieux
Extrait de
Renaissance
Le Code de la propriété intellectuelle n’autorisant, aux termes de l’article
L. 122-5, 2e
et 3e
a, d’une part, que les « copies ou reproductions
strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une
utilisation collective » et, d’autre part, que les analyses et les courtes
citations dans un but d’exemple ou d’illustration, « toute représentation ou
reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l’auteur
ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette
représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit,
constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et
suivants du Code de la propriété intellectuelle.
© 2014, Taurnada Éditions
ISBN : 978-2-37258-000-7
1
Le psychiatre m’avait pourtant prévenu. Il ne
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seuse, j’écrivais. Je tentais de retrouver le chemin
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cotée, l’une de ces boîtes dont le prix d’entrée et
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parents que j’avais et dont les revenus étaient plus
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années quatre-vingt, un certain milieu aisé,
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origines. Fils et filles de cadres supérieurs,
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un projet clairement défini. Je deviendrais le
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national, couvrant les événements phares,
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phare rendait compte des avancées créatives dans
le milieu de la mode. J’étais devenu, au fil du
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l’international, mais pas de la manière dont je
l’avais précédemment envisagé. L’aventurier
avait cédé la place au parasite que j’étais devenu,
invité permanent des défilés de mode ultra-
tendance ou des happenings artistiques, jetant les
derniers souvenirs d’un classicisme à la française
aux oubliettes. En un mot, je me détestais lorsque
je prenais le temps de mesurer l’écart entre mes
rêves de jeunesse et l’indéniable réussite dont je
jouissais dans ce milieu de contorsionnistes hys-
tériques et déjantés. Finalement, je les détestais
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Blanche est arrivée après quelques longues an-
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5
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lisais toute l’intelligente affection d’une femme
qui ne posait pas de questions sur les jugements
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tentais, en vain, de chasser ces anguilles
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phalique. Je ne comprenais pas ce qui m’arrivait.
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J’ai compris bien vite le pourquoi de ce senti-
ment croissant d’un danger qui rôde. Blanche est
tombée malade sans prévenir. Son corps s’est
embrasé pour se consumer lentement sous les
lampées brûlantes de ce cancer dont l’issue restait
très réservée.
À partir de là, l’aventurier que je rêvais encore
un peu d’être s’en est définitivement allé, laissant
la place à l’être le plus vil qui soit. Au lieu d’être
présent sur le pont pour parer au pire, je désertais
le navire. Ainsi, je multipliais les obligations pro-
fessionnelles. Je me tenais aux aguets dans les
salles d’embarquement pour sauter sur le moindre
avion, prêt à m’éloigner de ce malheur d’abord
cristallin puis tonitruant qui prenait ses quartiers à
la maison.
La « bête » était devenue intime avec Liz, qui
en avait fait son animal de compagnie. Dans ce lit
de nos amours et de nos compromissions, avec un
sommeil jamais tranquille, j’avais laissé ma place
et ne concevais plus de l’occuper. Cette chose
montrait ses crocs lorsque je m’approchais pour
décrocher quelques vagues rôles de figuration.
Plus personne ne voulait m’embaucher. Liz avait
renoncé.
7
Blanche, dans sa blondeur joyeuse de petite
fille impertinente, jouait à être la plus forte face à
la maladie. Un matin, elle jeta l’éponge. Mon
petit lézard-boxeur se mit à terre et compta, elle-
même, jusqu’à la fin du round. Je n’étais pas là.
Je n’étais plus là… Puis, ce fut la rémission.
Blanche allait mieux… Tous les espoirs étaient
permis…
Contre toute attente, c’est là que Liz partit en
emmenant notre fille avec elle. Nous nous quit-
tâmes comme ça, sans autre forme de procès,
aussi simplement que nous nous étions ren-
contrés. Elle m’avait parlé d’un séjour chez l’une
de ses meilleures amies qui était en vacances sur
la côte bretonne. Elle ne s’y rendit jamais. Je
vérifiai, mais trop tard
Cela faisait quinze jours qu’elle était partie
lorsque je fus tiré de ma torpeur matinale par une
activité inhabituelle de ma boîte de réception.
Je tournais comme un lion en cage. J’étais
enfin revenu à la maison et n’en bougeais plus.
Le départ de Liz m’avait assommé. J’étais sans
nouvelles.
Je laissais sur la boîte vocale de son téléphone
portable éteint de nombreux messages, jusqu’au
moment où je tombai sur cette annonce en retour
qui me glaça le sang :
« La boîte vocale de votre correspondant ne
peut plus recevoir de message. Vous êtes priés de
rappeler ultérieurement. »
8
Le souvenir de Liz, de ma fille dont j’étais
aussi sans nouvelles, se perdait dans les limbes
jusqu’à laisser s’insinuer ce doute vertigineux.
Avais-je vraiment vécu cette vie si tranquille ou
bien était-ce encore l’une de ces impressions
larvées gagnant le seuil de la réalité ? Ainsi en
était-il des ombres qui peuplaient ma chambre la
nuit. Non plus celle de ma femme ou de ma fille
recroquevillée en boule contre nous, mais plutôt
celle des diseurs de bonne aventure tous ramassés
autour de mon lit pour rire de moi dans mon som-
meil en lambeaux.
Que devaient-ils penser, ceux qui m’avaient
prédit un brillant avenir au royaume des bienheu-
reux ? Je masquais mon désarroi mais pour
combien de temps encore ? Je mentais. Je me
mentais… Ma seule confidente était cette
bouteille de whiskey qui me tendait les bras et
qui, dans un élan de générosité qui allait en
diminuant, libérait ses molécules de bien-être
dans un sang saturé d’angoisse.
9
À paraître courant
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www.taurnada.fr
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EXTRAIT du roman « Renaissance » de Jean-Baptiste Dethieux

  • 1.
  • 2. Jean-Baptiste Dethieux Extrait de Renaissance Le Code de la propriété intellectuelle n’autorisant, aux termes de l’article L. 122-5, 2e et 3e a, d’une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d’autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d’exemple ou d’illustration, « toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle. © 2014, Taurnada Éditions ISBN : 978-2-37258-000-7
  • 3. 1 Le psychiatre m’avait pourtant prévenu. Il ne fallait pas tenter cette plongée dans les abîmes, tout seul. Surtout pas ! Vouloir remonter le temps ou plutôt le dérouler sans l’aide d’un compagnon de route, d’un guide de haute montagne aguerri, grand connaisseur du terrain et de tous les pièges que représente cette virée dans les recoins de ma mémoire, c’était de la folie ! Mais j’étais déjà pris dans les remous d’une eau si trouble qu’il m’im- portait peu… Fou, je l’étais car hospitalisé, protégé de je ne sais quel danger par les hauts murs de l’enceinte de la clinique spécialisée. Depuis quand, je ne sa- vais, car le temps prenait la tangente et s’enroulait sur lui-même comme une corde qui me nar- guait… Celle-là même qu’ils avaient réussi à me 2
  • 4. confisquer de crainte qu’elle ne se resserre autour de ma gorge afin de me délivrer de cet enfer vide de sens. Aussi, le soir, à la lumière d’une lampe élec- trique, comme les enfants lorsqu’ils trompent la vigilance des parents, je me recroquevillais sous les draps et, ralentissant ma respiration pour ne plus sentir l’air confiné de cette chambre pois- seuse, j’écrivais. Je tentais de retrouver le chemin sinueux dans lequel je m’étais embarqué et qui m’avait conduit à occuper la place de celui que j’étais devenu : un fantôme errant dans les bribes de ses souvenirs à la recherche d’une identité bien improbable. Le docteur Mangin m’avait mis en garde… Aujourd’hui, je comprends vaguement ce qu’il entendait par là… Je me suis retrouvé, un peu, mais à quel prix ? Il me prend de regretter cet état cotonneux dans lequel je me débattais comme un poisson dans une vase sans fond. J’en vois bien a posteriori tout le caractère protecteur. Mieux va- lait l’oubli douloureux plutôt que ça ! Il se fait si tard dans ma vie. Il est trop tard… Je dérive à présent. J’ai l’impression qu’il me reste à vivre une éternité dans cet univers baroque qui, d’évi- dences en faux-semblants, est devenu la vie que ce démiurge toqué m’a donnée. À quoi bon… Tout a commencé par un bip sur mon ordina- teur, signant l’arrivée d’un message. L’un de ces 3
  • 5. signaux d’alerte comme j’en entendais des dizaines chaque jour de mon existence de journa- liste très en vue… Je me considérais, moi, comme un raté… À l’unisson de ceux dont j’étais censé parler jour après jour : ces jeunes créateurs de mode, ces artistes underground qu’un article suffisait à tirer de l’oubli potentiel, ces faiseurs de rien érigés en vision surréaliste d’une humanité presque déchue. Au fil du temps, ma carrière avait évolué. Après des études dans une école de journalisme cotée, l’une de ces boîtes dont le prix d’entrée et les frais de scolarité mettent sur la paille les parents que j’avais et dont les revenus étaient plus que modestes… Je fréquentais, dans ce Paris des années quatre-vingt, un certain milieu aisé, prenant bien soin, pour ma part, de masquer mes origines. Fils et filles de cadres supérieurs, d’industriels en vue, de journaleux médiatisés dont les succès relatifs avaient tourné la tête de leur progéniture se succédaient sur les bancs de cette belle institution dont le but était surtout la fabrication d’un carnet d’adresses plus fourni que celui de papa… J’étais arrivé plein d’ambitions avec, en tête, un projet clairement défini. Je deviendrais le prochain grand journaliste d’investigation inter- national, couvrant les événements phares, débusquant les scandales politico-médiatiques de la planète, suivant le déroulement des conflits 4
  • 6. étrangers et démêlant les intérêts gouverne- mentaux engagés pour mieux les dénoncer. Au lieu de quoi, j’avais rencontré Liz, dont le père dirigeait ce groupe de presse dont le mensuel phare rendait compte des avancées créatives dans le milieu de la mode. J’étais devenu, au fil du temps, le météorologue du milieu, annonçant le beau et le mauvais temps, défaisant des carrières, en propulsant d’autres vers le firmament d’une coterie parisienne fermée. Je touchais également l’international, mais pas de la manière dont je l’avais précédemment envisagé. L’aventurier avait cédé la place au parasite que j’étais devenu, invité permanent des défilés de mode ultra- tendance ou des happenings artistiques, jetant les derniers souvenirs d’un classicisme à la française aux oubliettes. En un mot, je me détestais lorsque je prenais le temps de mesurer l’écart entre mes rêves de jeunesse et l’indéniable réussite dont je jouissais dans ce milieu de contorsionnistes hys- tériques et déjantés. Finalement, je les détestais aussi, ceux qui m’enrichissaient ; ces inutiles créateurs de l’art qui vole en fumée et se perd dans les volutes d’une époque regardant les plis de son abdomen graisseux. Mais j’étais heureux. Liz et moi avons eu une fille, une adorable petite fille tombée du ciel. Blanche est arrivée après quelques longues an- nées de mariage où le temps nous a manqué pour nous interroger sur le sens que prenaient nos vies 5
  • 7. et pour faire des enfants. D’un cocktail à une réception, d’une présence obligée à Shanghai pour saluer les efforts balbutiants des novateurs bridés à une retraite dans les salles à la lumière toujours tamisée du nouveau centre de remise en forme New Age du moment, mon agenda ne me laissait pas une seconde pour envisager les choses telles qu’elles étaient. Tellement inutiles et prétentieuses… Jusqu’à la naissance de Blanche. Liz m’aimait. Enfin, je crois… Elle me vouait une admiration sans bornes et dans son regard, je lisais toute l’intelligente affection d’une femme qui ne posait pas de questions sur les jugements tapis dans les recoins de mon cerveau fatigué par les courtes nuits, l’alcool, la désillusion. Mais était-ce de l’amour ? Je l’ignore encore aujour- d’hui, dans le fond de mes nuits crasseuses. Sur mes réveils itératifs ponctués par des cris d’animal, Liz ne me posait pas de questions. Je tentais, en vain, de chasser ces anguilles nocturnes qui ouvraient leur gueule en se prenant pour d’assassines baudroies déféquant ces cau- chemars blancs dans les plis du sommeil. Avant que tout ne commence, ces mauvais rêves sans image venaient, toujours plus fort, me taper comme un marteau donne des coups sourds sur la tête du clou qui me servait d’appendice cé- phalique. Je ne comprenais pas ce qui m’arrivait. Certes, je sentais bien que cette zone morte- vivante en moi ne demandait qu’à se réveiller 6
  • 8. comme un dragon attend l’errant qui se jettera dans ses griffes. Mais jusqu’alors, nous avions pu rester en relatifs bons termes, ce bout de ma personne frappé d’un indice de folie et moi- même. J’ai compris bien vite le pourquoi de ce senti- ment croissant d’un danger qui rôde. Blanche est tombée malade sans prévenir. Son corps s’est embrasé pour se consumer lentement sous les lampées brûlantes de ce cancer dont l’issue restait très réservée. À partir de là, l’aventurier que je rêvais encore un peu d’être s’en est définitivement allé, laissant la place à l’être le plus vil qui soit. Au lieu d’être présent sur le pont pour parer au pire, je désertais le navire. Ainsi, je multipliais les obligations pro- fessionnelles. Je me tenais aux aguets dans les salles d’embarquement pour sauter sur le moindre avion, prêt à m’éloigner de ce malheur d’abord cristallin puis tonitruant qui prenait ses quartiers à la maison. La « bête » était devenue intime avec Liz, qui en avait fait son animal de compagnie. Dans ce lit de nos amours et de nos compromissions, avec un sommeil jamais tranquille, j’avais laissé ma place et ne concevais plus de l’occuper. Cette chose montrait ses crocs lorsque je m’approchais pour décrocher quelques vagues rôles de figuration. Plus personne ne voulait m’embaucher. Liz avait renoncé. 7
  • 9. Blanche, dans sa blondeur joyeuse de petite fille impertinente, jouait à être la plus forte face à la maladie. Un matin, elle jeta l’éponge. Mon petit lézard-boxeur se mit à terre et compta, elle- même, jusqu’à la fin du round. Je n’étais pas là. Je n’étais plus là… Puis, ce fut la rémission. Blanche allait mieux… Tous les espoirs étaient permis… Contre toute attente, c’est là que Liz partit en emmenant notre fille avec elle. Nous nous quit- tâmes comme ça, sans autre forme de procès, aussi simplement que nous nous étions ren- contrés. Elle m’avait parlé d’un séjour chez l’une de ses meilleures amies qui était en vacances sur la côte bretonne. Elle ne s’y rendit jamais. Je vérifiai, mais trop tard Cela faisait quinze jours qu’elle était partie lorsque je fus tiré de ma torpeur matinale par une activité inhabituelle de ma boîte de réception. Je tournais comme un lion en cage. J’étais enfin revenu à la maison et n’en bougeais plus. Le départ de Liz m’avait assommé. J’étais sans nouvelles. Je laissais sur la boîte vocale de son téléphone portable éteint de nombreux messages, jusqu’au moment où je tombai sur cette annonce en retour qui me glaça le sang : « La boîte vocale de votre correspondant ne peut plus recevoir de message. Vous êtes priés de rappeler ultérieurement. » 8
  • 10. Le souvenir de Liz, de ma fille dont j’étais aussi sans nouvelles, se perdait dans les limbes jusqu’à laisser s’insinuer ce doute vertigineux. Avais-je vraiment vécu cette vie si tranquille ou bien était-ce encore l’une de ces impressions larvées gagnant le seuil de la réalité ? Ainsi en était-il des ombres qui peuplaient ma chambre la nuit. Non plus celle de ma femme ou de ma fille recroquevillée en boule contre nous, mais plutôt celle des diseurs de bonne aventure tous ramassés autour de mon lit pour rire de moi dans mon som- meil en lambeaux. Que devaient-ils penser, ceux qui m’avaient prédit un brillant avenir au royaume des bienheu- reux ? Je masquais mon désarroi mais pour combien de temps encore ? Je mentais. Je me mentais… Ma seule confidente était cette bouteille de whiskey qui me tendait les bras et qui, dans un élan de générosité qui allait en diminuant, libérait ses molécules de bien-être dans un sang saturé d’angoisse. 9
  • 11. À paraître courant septembre Taurnada Éditions www.taurnada.fr ISBN : 978-2-37258-000-7