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n°112 
septembre 2011 
iNTeRVieW - MaMaDOu DiOP, PROFesseuR aGReGe, 
DiReCTeuR De l’iNsTiTuT Du CaNCeR JOliOT-CuRie 
De l’hOPiTal aRisTiDe le DaNTeC 
« Au Sénégal, plus de 18% des femmes sont infectées par 
le virus hpv RESPONSABLE du cancer du col de l’utérus » 
Si seulement 1 à 2% des femmes infectées par le papillomavirus, 
principal vecteur du cancer du col de l’utérus, vont développer ef-fectivement 
un cancer du col de l’utérus, près d’un quart de la po-pulation 
féminine sénégalaise est en contact direct avec le virus. Ce qui situe le cancer 
du col de l’utérus au premier rang des cancers en termes de fréquence tout sexe 
confondu. La situation est d’autant plus grave que les symptômes de cette pernicieuse 
affection ne sont pas visibles au stade précoce. La prévention doit donc reposer sur un 
dépistage régulier qui doit s’effectuer tous les trois ans pour les femmes âgées de 25 à 
65 ans. D’où la nécessité d’une campagne de sensibilisation sur ce tueur silencieux. 
Lire en page 10 
Cheikh MbaCké Guèye 
alias Cheikh baye Fall 
Le débat actuel sur l’attribution par les services de l’Etat à un promoteur 
privé d’une portion de la réserve foncière située sur la zone dite de la bande 
verte relève plus du règlement de comptes entre politiciens que d’une ap-proche 
rationnelle de la gestion de l’espace communal. Tout porte à croire 
que le promoteur privé en question, en l’occurrence la SUARL Souris Immo-bilier, 
est en train de faire les frais de querelles entre l’ancienne et la nou-velle 
administration communale sur fond de tractations peu amènes et de 
chantages larvées. 
Lire en page 4 
La disqualification 
des politiques et des Marabouts 
Un Sénégal nouveau est 
en train de naître. Le 23 
juin, la rue a renvoyé tout 
le monde à ses pénates. 
Les institutions d’abord. 
Le Président de la Répu-blique 
a été proprement 
disqualifié comme ins-tance 
de gouvernance. Le 
Parlement, mis en joue et 
sommé de respecter la vo-lonté 
du peuple. Ensuite 
les Ordres. La classe poli-tique 
ne pouvait que faire 
profil bas devant la rue, 
se prosternant à l’ultime 
seconde comme l’a fait le 
pouvoir, ou, jouant les 
chiffonniers du soir dans 
les médias comme l’a fait 
l’opposition. Les guides 
religieux ont joué aux mé-decins 
après la mort, ce 
qui augure d’un processus 
de mise à l’écart de la reli-gion 
dans les affaires reli-gieuses. 
Quand la 
revendication de l’égalité 
sociale prend cette am-pleur, 
c’est tous les ordres 
qui en reçoivent les 
contrecoups. 
ReVOluTiON CiTOyeNNe au seNeGal 
ATTRIBUTION DE LA BANDE VERTE 
Un promoteur privé victime de chantages larvés 
CYAN MAG. JAUNE NOIR 
Amin’ta l’hi-vernage, 
se la joue trop facile. Depuis le début de les Lougatois vivent un véritable calvaire. Pas une seule 
route praticable dans la ville. Les eaux stagnantes envahissent les 
points bas. Les inondations perturbent le quotidien des popula-tions. 
Tandis que Aminata Mbengue Ndiaye se tourne les pouces 
à la mairie. Quand on l’interpelle sur la question, elle a beau jeu 
de répondre que les principales routes excavées ne relèvent de 
la compétence de commune mais plutôt de l’ATR. P.3 
Samba Khary Cissé « informalise » le Conseil 
régional. De Samba Khary Cissé, on n’a jamais attendu des mira-cles. 
On savait que la présidence du Conseil régional que lui avaient 
trouvé ses mentors du palais présidentiel n’était qu’un marocain pour 
le consoler de la mairie que l’on n’a jamais osé lui donner. Mais on 
pouvait légitimement penser qu’il allait au moins gérer le Conseil Ré-gional 
comme ses prédécesseurs. C’était se faire des illusions. Samba 
Khary a « informalisé » l’institution en créant par fournées des GIE à 
qui il a donné tous les marchés. P.3 
Une culture soufi 
métissée au flamenco 
P.12 
P.12 
Me n s u e l d ' i n f o rma t i o n s g é n é r a l e s - I S SN 0 8 5 0 4 3 31 
Lire notre dossier en pages 5-8
PESTICIDES 
Dans le rétroviseur 
L’hommage de Senghor et le viatique de Amadou Makhtar Mbow 
Peinant à porter sa charge de ca-pitale 
régionale, Louga se voit 
reléguer à des strates secon-daires, 
soutenant douloureuse-ment 
la concurrence manifeste 
que lui imposent ses voisines. Si son consi-dérable 
patrimoine immatériel demeure en-core 
intact dans les limbes du substrat 
culturel, la ville a perdu ses défricheurs d’es-paces 
culturels nouveaux, ses semeurs 
d’idées neuves, cette foi dont parle Senghor 
et qui a lui a valu d’avoir été une locomotive 
dans le développement du Sénégal. La ville 
qui peut se vanter d’avoir très tôt exploré 
des horizons nouveaux par ses hommes po-litiques 
qui se caractérisaient par leur ouver-ture 
au reste du monde, par ses artistes qui 
ont sillonné le monde entier, ne peut au-jourd’hui 
se prévaloir que du FESPOP. 
Certes, la manifestation a pris de l’ampleur 
ces dernières années, elle polarise ce qui se 
fait de mieux dans le domaine folklorique 
mais elle ne peut suffire à la ville. Les Lou-gatois 
se doivent de réapprendre à produire 
du culturel, à former des hommes capables 
de réaliser les plus grandes oeuvres. La lec-ture 
du livre d’or de la ville est éloquente à 
cet égard. Quelques feuilles après l’hom-mage 
de Senghor, on retrouve le témoi-gnage 
de Amadou Moctar Mbow qui, au 
titre de Directeur général de l’UNESCO, 
écrivait : « J’ai été particulièrement heureux de vi-siter 
la commune de Louga où j’ai passé mon en-fance 
et une partie de mon adolescence, d’y voir tant 
de lieux et de visages connus. Y être reçu à la mu-nicipalité 
par un maire dont la famille a été si liée 
à la mienne a été aussi pour moi un grand sujet de 
satisfaction. C’est sur cette terre que j’ai acquis les 
plus profondes convictions qui guident encore mon 
action au service de la communauté internationale. 
A cette terre qui m’a vu grandir, qui m’a instruit, 
qui m’a appris à affronter les difficultés avec séré-nité, 
je voudrais témoigner aujourd’hui ma très pro-fonde 
reconnaissance et mon fidèle attachement ». 
Ces mots valent viatique pour tous les Lou-gatois 
qui aujourd’hui envisagent de s’enga-ger 
dans l’action publique. Il serait 
dommage que subsiste le paradoxe extraor-dinaire 
de Louga qui a donné au Sénégal un 
président de la République et qui a vu sous 
son règne sa splendeur prendre la clé des 
champs. 
Le 23 janvier 1973, le Président Léopold Sédar Senghor 
écrivait dans le livre d’or de la mairie : « A la ville de Louga 
d’où est parti le mouvement de jeunesse, de foi et de travail 
qui a donné naissance à la IIème République ». L’exhuma-tion 
de cet hommage montre à quel point la ville de Louga 
a perdu de son lustre en l’espace de quelques années. Jadis, 
carrefour d’échanges, de rencontres, de circulation des 
hommes et des idées, Louga s’est aujourd’hui installée dans 
une indolence maladive. 
LOUGA INFOS – N°112 SEPTEMBRE 2011 
GROUPE LOUGA COMMUNICATION 
“GLC” 19, AVENUE 
AHMADOU SAKHIR MBAYE 
- SANTHIABA CENTRE 
LOUGA - SÉNÉGAL - 
ISSN 08504331 
TÉL. 609 95 12 
FONDATEUR ÉDITEUR 
ABDOULAYE BAO 
CONSEILLER DE LA RÉDACTION 
MOUSTAPHA SARR DIAGNE 
MAQUETTE & MISE EN PAGES 
SYNTHESIS © +221 77 641 68 37 
ASSISTANTE PAO 
MAME FATOU NDIAYE BAO 
lOuGa a PeRDu De sa sPleNDeuR 
Le train sifflait toujours trois fois. Tous les Lou-gatois 
qui ont quelque peu blanchi de la tête 
se souviennent de ces moments inoubliables 
où le vécu quotidien concordait avec le titre 
d’un célèbre film western. C’est le Président 
Senghor himself qui avait inauguré le célèbre 
train Arigoni (voir notre photo 1) du temps où 
la vie de la commune se rythmait aux départs 
et aux arrivées du train. Senghor avait même 
l’habitude de le prendre ce fameux train pour 
convoyer ses visiteurs officiels. Sur notre photo 
2, on le revoit en compagnie de Modibo Kéita 
à la gare de Louga lors d’une tournée écono-mique 
de l’ancien président du Conseil de gou-vernement 
de la Fédération du Mali. 
Avec Wade, les Lougatois avaient cru que le 
train serait de retour. Que les rails, partis à 
la ferraille, parcourraient de nouveau la ré-gion. 
Que ces trains seraient de superbes 
bolides à grand écartement sillonnant 
comme des météores la brousse lougatoise. 
On y a avait cru et on a eu tort. 
Senghor et Modibo étaient accompagnés de 
leurs épouses. Dans ce Louga des premières 
années de l’indépendance, le faste était tou-jours 
au rendez-vous. Voici le charme de Co-lette 
Senghor et l’élégance toute africaine de 
Mme Kéita. Après Colette qui avait rendu 
complexée la Reine Elisabeth d’Angleterre lors 
de sa mémorable visite au Sénégal, on aime-rait 
avoir aussi un jour au palais de la Répu-blique 
une grande dame africaine comme 
celle que nous voyons sur notre photo 3. 
Quand le train sifflait…
De Samba Khary Cissé, on n’a jamais at-tendu 
des miracles. On savait que la pré-sidence 
du Conseil régional que lui 
avaient trouvée ses mentors du palais 
présidentiel n’était qu’un marocain pour 
le consoler de la mairie que l’on n’a jamais osé lui 
donner. Mais on pouvait légitimement penser qu’il 
allait au moins gérer le Conseil Régional comme 
ses prédécesseurs. C’était se faire des illusions. 
Samba Khary a « informalisé » l’institution en 
créant par fournées des GIE à qui il a donné tous 
les marchés. On en veut pour preuve le gardien-nage 
qu’il a confié à un GIE qui ne dispose même 
pas d’agrément au niveau du ministère de l’Inté-rieur. 
Résultat : les factures déposées par le GIE ne 
peuvent pas être traitées par le trésorier payeur de 
l’Etat et les gardiens ont du mal à percevoir leurs 
salaires. Il fallait voir ces pauvres veilleurs de nuit 
à la veille de la korité, ils étaient à la recherche 
d’une ancien photographe devenu un grand four-nisseur 
de la place et sauveur du Conseil régional 
pour avoir de quoi passer la fête. Il est d’ailleurs de 
notoriété publique que les factures des GIE en 
souffrance sont légion sur le bureau du payeur. 
Voilà bien une preuve manifeste d’incompétence 
qui mériterait une délégation spéciale. Mais l’ami 
Bathie a le bras long et l’oreille de gens haut placés 
à la Présidence. Louga mérite mieux que ça. 
On n’attend pas Wade pour prier Dieu 
LOUGA INFOS – N°112 SEPTEMBRE 2011 
buzz 
de louga 
Il faut parier que le Président Abdoulaye Wade ne connaît rien à la 
ville de Louga. Après avoir fait de Moubarack Lô un ministre conseiller 
éphémère qui ne refuse même aujourd’hui de se prévaloir d’une dis-tinction 
aussi fugace, revoilà qui remet en selle l’ancien député 
Momar Lô pour en faire un ministre. Une nomination qui, d’ailleurs, 
a été faite en catimini, sans aucune annonce officielle. Il faut peut-être 
se payer le journal officiel aux caractères extrêmement petits pour dé-busquer 
l’annonce de cette nomination. Me Wade qui en est toujours 
à ses considérations datant de Mathusalem pense que, pour tenir la 
ville de Louga, il lui faut nécessairement avoir quelqu’un dans la fa-mille 
Lô. C’est une hérésie. La configuration de la ville s’est considé-rablement 
modifiée sociologiquement. Plus personne ne se réfère à 
cette désuète hiérarchisation sauf peut-être quelques uns de ses 
conseillers complètement déphasés. Avec ces dominations qui ne 
sont même pas perceptibles à louga, Wade est en train de commettre 
les erreurs en spirale. 
En marge d’une audience au palais, le Président Wade avait promis à votre serviteur de participer à la prise 
en charge de la construction de la grande mosquée de Louga. Joignant le geste à la parole, il avait d’ailleurs 
dépêché l’architecte officiel du palais Ousseynou NDiaye pour effectuer une mission d’évaluation à Louga 
afin de lui rendre compte de ce qui devait être effectivement fait pour que la capitale du Ndiambour ait une 
grande mosquée digne de sa renommée de centre religieux. Mais quand ce dernier est venu à Louga, il a 
été orienté orienté vers une autre mosquée qui ne nécessitait aucune réfection. Depuis lors, le dossier est 
en l’état. Plus personne n’en a plus fait cas. Aujourd’hui, ce sont les populations par le canal d’un comité de 
gestion de la grande mosquée qui en ont marre des promesses non tenues de Wade qui ont décidé de 
construire de leurs mains avec leur propre argent cette grande mosquée. Le premier palier a déjà été réalisé, 
le second le sera très prochainement. On ne va tout de même pas attendre Wade pour pouvoir prier Dieu 
dans des conditions décentes. 
Amin’ta se la joue trop facile 
Etonnante reconversion que 
celle de certains anciens foot-balleurs 
de l’équipe du Ndiam-bour. 
Deux d’entre eux ont 
troqué le ballon rond avec le 
chapelet. Ils sont aujourd’hui 
dans les mosquées et s’occu-pent 
de vaquer aux affaires 
courantes. Qui nous disait que 
le football éloigne de la reli-gion. 
Ces anciens joueurs du 
Ndiambour sont en train de 
battre en brèche la fameuse 
théorie des intégristes qui 
bannissent toute activité lu-dique 
au prétexte qu’elles dé-tournent 
l’homme de foi. Voilà 
qui s’appelle marquer un but et 
engranger des points en vue 
du décompte final, le seul qui, 
du reste, mérite qu’on y prête 
attention. 
Depuis le début de l’hivernage, les Lougatois vivent un véritable 
calvaire. Pas une seule route praticable dans la ville. Les eaux 
stagnantes envahissent les points bas. Les inondations pertur-bent 
le quotidien des populations. Tandis que Aminata 
Mbengue Ndiaye se tourne les pouces à la mairie. Quand on 
l’interpelle sur la question, elle a beau jeu de répondre que les 
principales routes excavées ne relèvent pas de la compétence 
de commune mais plutôt de l’ATR. On ne comprend pas pour-quoi 
elle se défausse si facilement sur l’Etat central. Si au moins 
elle avait pu combler les nids de poule sur ce qui appartient au 
domaine communal, on comprendrait. Mais Amin’ta la joue 
trop facile. Pour l’instant, elle a, semble-t-il, d’autres préoccu-pations 
qui n’ont rien à voir avec l’amélioration des conditions 
de vie de ses administrés. 
Les points des « reconvertis » 
Samba Khary Cissé 
« informalise » 
le Conseil régional 
Les erreurs en spirale de Wade 
Ibou Ndao Diaw Edmond Hanne
CYAN MAG. JAUNE NOIR 
Un prOMOteUr privé viCtiMe 
LOUGA INFOS – N°112 SEPTEMBRE 2011 
Vie de la Cité 
Revenons à la genèse de 
cette affaire. Aux termes 
du dernier plan directeur 
d’urbanisme de la com-mune 
de Louga, cette 
zone dite de la bande verte devait ser-vir 
de poumon vert pour la ville. Elle 
s’étalait sur deux kilomètres de long et 
sur cent mètres de large et avait été 
aménagée à l’occasion de l’exécution 
du Programme Indépendance de 1982. 
Elle s’insérait dans une politique 
d’aménagement globale de la com-mune 
en conformité avec le Plan direc-teur 
d’aménagement conçu en 1978. 
Pour sa réalisation, 150 familles qui 
occupaient cette emprise avaient été 
expropriées puis reclassées dans des 
quartiers périphériques de la ville. Des 
moyens significatifs ont été mis en 
oeuvre pour réaliser ce poumon vert de 
la ville de Louga. Ainsi pendant cinq 
ans, deux camions citernes ont été mo-bilisés 
pour l’arrosage des plants qui 
avaient été mis en terre sur les lieux. 
Au final, la bande verte était devenue 
un terrain de jeux pour les jeunes des 
quartiers environnants, une sorte de 
bois au coeur de la ville qui rompait 
d’avec un paysage environnant mar-qué 
par l’avancée du désert. Mais très 
tôt, le mal chronique de l’administra-tion 
sénégalaise pris le dessus sur les 
bonnes pratiques. L’entretien de la 
bande fut stoppée, les arbres coupées 
par les charbonniers, le site trans-formé 
en dépotoir et laissé en jachère 
en guise de terrain de vagabondage 
des rats. C’est sur ces entrefaites que 
le déclassement du site est intervenu 
et une série de morcellements ont été 
effectués. Certains privés ont pu béné-ficier 
de lots tandis que la mairie s’est 
réservée l’espace où elle a édifié la case 
des tout petits et un terrain de basket. 
C’est en 2006 que, remarquant que 
l’état de délabrement avancée de la 
dite bande verte que El Hadji Modou 
Fall, propriétaire de la SUARL Souris 
Immobiliers qui revenait d’Espagne, 
s’est ouvert au maire de l’époque Ma-niang 
Faye d’un projet de construction 
d’un complexe d’un coût global de 2 
milliards de francs Cfa comprenant 
une cité de 138 villas, un centre com-mercial 
et un hôtel. A l’époque, le 
maire Maniang Faye qui percevait 
dans la réalisation de ce projet des 
avantages certains pour la commune 
de Louga –et peut-être, l’histoire nous 
le dira, quelque intérêt particulier à 
son accomplissement -, a balisé le che-min 
pour El Hadji Modou Fall. C’est 
sur ses conseils que le promoteur privé 
a pris l’attache des services compé-tents 
de l’Etat pour obtenir un bail sur 
la portion de cette bande verte qui fai-sait 
office de dépotoir d’ordure. Toutes 
les démarches entreprises, la SUARL 
Souris Immobilier a pu bénéficier de la 
part de la mairie de Louga d’un avis 
favorable pour l’affectation de ce site à 
sa société. 
C’est ainsi que les services de l’Etat 
chargés de veiller sur le domaine de 
l’Etat, en l’occurrence la Commission 
de Contrôle des Opérations doma-niales 
logée au ministère des Fi-nances, 
a au terme d’une délibération 
en sa séance du 17 décembre 2007, 
émis un avis favorable à la demande 
de régularisation, par voie de bail, 
d’un terrain du domaine privé de 
l’Etat, sis à Grand Louga, dépendant 
des titres fonciers 1.405/L et 1.406/L à 
la SUARL Souris Immobiliers. Il faut 
noter que l’acte d’attribution signé de 
la main du Directeur de l’Enregistre-ment 
et du Timbre, Ibrahima Wade 
s’est faite à la suite de l’examen d’un 
rapport des services techniques décon-centrés 
et de l’avis favorable de la 
Commune de Louga. Le site d’une su-perficie 
totale de 6,960 hectares a fait 
l’objet d’un redécoupage en quatre ti-tres 
fonctions distincts numérotés de 
1769 à 1772 qui ont tous été cédés par 
l’Etat du Sénégal pour une durée de 
trente ans susceptible de prorogation 
d’une durée maximale de vingt ans à 
la SUARL Souris Immobilier. 
Les polémiques à propos de cette attri-bution 
ont commencé à fleurir quand 
le nouveau maire, Mme Aminata 
Mbengue Ndiaye, jugeant cette ces-sion 
illégale au prétexte de la non 
conformité du projet avec la destina-tion 
initiale de cette bande verte, a 
esté en justice contre Souris Immobi-liers. 
Des accusations avaient été por-tées 
contre Maniang Faye qui, 
disait-on, a apporté sa caution à cette 
attribution. La réponse de ce dernier 
sur la question laisse l’observateur 
perplexe au regard de son implication 
dans le processus d’attribution du site 
à Souris Immobilier. « Le terrain ap-partient 
à l’Etat, je suis étranger à 
cette affaire. Je ne suis ni de près ni de 
loin, impliqué dans cette affaire. La 
mairie n’est informée qu’en aval. Le 
terrain appartient à l’Etat donc, il ne 
revient pas au maire de procéder à son 
attribution. Le promoteur bénéficie 
d’un bail alors qu’aucun maire du Sé-négal 
ne peut délivrer ce document » a 
affirmé l’ancien maire à l’occasion 
d’une interpellation de la presse locale. 
. Il faut reconnaître que même si la 
mairie de Louga n’a pas pouvoir offi-ciellement 
de d’accorder un bail em-phytéotique 
sur un terrain relevant du 
domaine de l’Etat, elle a au moins joué 
un rôle de conseil auprès de la société 
Souris Immobiliers, ce qui du reste 
n’outrepasse aucunement ses préroga-tives 
premières qui sont d’inciter les 
promoteurs privés à investir dans l’es-pace 
communal. 
Pour cette raison, quand Maniang 
Faye déclare dans la presse locale : 
« Je pense objectivement que, même si 
le promoteur a avec lui un acte légal, 
il n’est pas légitime d’attribuer 
l’unique réserve foncière de 8 hectares 
à une seule personne. Elle risque de se 
heurter à la résistance des popula-tions. 
On lui attribue gratuitement un 
terrain qu’il peut revendre facilement 
à 3 milliards. Je suis entièrement d’ac-cord 
avec la position de l’actuel maire 
parce que nous avions identifié ce site 
pour abriter plusieurs projets de la 
municipalité. De ce fait, la Commis-sion 
de Contrôle des Opérations doma-niales 
devrait consulter la mairie 
avant de déclasser et d’attribuer le 
site », ce jugement devient très rapide-ment 
sujet à caution. 
En fait, c’est là que se trouve le noeud 
gordien du problème. La Commission 
de Contrôle des Opérations doma-niales 
n’aurait pu commettre un tel 
acte au mépris des mécanismes qui ré-glementent 
son fonctionnement. 
L’article 8 du Code de l’urbanisme dit 
dans ses alinéas 1, 2, 3 et 4 : « Les 
schémas d'urbanisme fixent les orien-tations 
fondamentales de l'aménage-ment 
des territoires intéressés, compte 
tenu de l'équilibre qu'il convient de 
préserver entre l'extension urbaine, 
l'exercice des activités agricoles, des 
autres activités économiques et la pré-servation 
des sites naturels. Les sché-mas 
d'urbanisme prennent en compte 
les programmes de l'Etat ainsi que 
ceux des collectivités locales et des éta-blissements 
et services publics ou pri-vés. 
Ils déterminent la destination 
générale des sols et, en tant que de be-soin, 
la nature et le tracé des grands 
équipements d'infrastructures, en par-ticulier 
des transports, la localisation 
des services et activités les plus impor-tantes 
ainsi que les zones préféren-tielles 
d'extension ou de rénovation. 
Les schémas d'urbanisme s'appliquent 
à des communes, à des communautés 
rurales, à un ensemble de communes 
et de communautés rurales ou de leurs 
parties.» 
Les autorités communales, à la lecture 
de ces dispositions, détiennent un 
droit de préemption sur les sols dans 
l’espace communal et aucune cession 
ne peut se faire sans leur aval. L’en-quête 
pour l’attribution du site n’au-rait 
jamais proposé un avis favorable 
si la mairie, à l’époque, s’était opposée 
à cette cession. En plus d’un rapport 
du cadastre, un procès-verbal du 
Conseil municipal de la Commune de 
Louga signé de la main du maire Ma-niang 
Faye existe dans le fond du dos-sier 
examiné par la Commission de 
Contrôle des Opérations domaniales 
et qui ont motivé son avis favorable. 
En fait, c’est sur la régularité de la 
procédure d’attribution que la Cour 
suprême s’est basée le 25 février 2011 
pour annuler la décision portant rejet 
de la demande d’autorisation de 
construire que la nouvelle maire Mme 
Aminata Mbengue Ndiaye avait prise 
à l’encontre de Souris Immobilier. 
En fait, La SUARL Souris Immobilier 
s’est trouvée prise dans l’étau de que-relles 
politiques et chantages innom-mables. 
Il est de notoriété publique 
qu’un conseiller municipal a reçu du 
promoteur privé la somme de 15 mil-lions 
de francs qu’il est en train de 
rembourser sur injonction de Mme 
Aminata Mbengue Ndiaye. A Louga, 
les langues se délient sur les per-sonnes 
qui ont exigé des petits ca-deaux 
du promoteur privé. Il est 
légitime de se demander comment un 
conseiller municipal, auteur d’un tel 
acte de prévarication, peut-il encore lé-gitimement 
siéger au Conseil. Sa dé-mission 
devrait être exigée par le 
maire ou au moins par des membres 
du conseil municipal. Au lieu de cela, 
Mme Aminata Mbengue Ndiaye s’en 
est prise au promoteur, négligeant 
ainsi deux de ses devoirs fondamen-taux. 
Le premier qui est d’encourager 
les ressortissants Lougatois résidant à 
l’étranger d’investir et le second qui 
est de faire régner la probité et la 
transparence au sein du conseil qu’elle 
dirige. De tels manquements à la 
déontologie de l’élu local sont tout sim-plement 
impardonnables. A moins 
qu’il n’y ait d’autres dessous encore 
plus inavouables dans cette affaire. 
Elle montre bien les difficultés 
qu’éprouvent les promoteurs privés à 
investir dans la commune. Si a fortiori 
un Lougatois éprouve autant d’en-traves 
à investir dans sa propre ville 
natale, que dirait-on des étrangers. 
C’est toute la mentalité des autorités 
administratives déconcentrées et com-munales 
qu’il faut impérativement 
changer au risque de voir les capitaux 
déserter la commune. Cette affaire 
doit servir de leçon. 
AttriBUtiOn De LA BAnDe verte 
De ChAntAgeS 
LArvéS 
Le débat actuel sur l’attribution par les 
services de l’Etat à un promoteur privé 
d’une portion de la réserve foncière si-tuée 
sur la zone dite de la bande verte re-lève 
plus du règlement de comptes entre 
politiciens que d’une approche ration-nelle 
de la gestion de l’espace communal. 
Tout porte à croire que le promoteur 
privé en question, en l’occurrence la 
SUARL Souris Immobilier, est en train de 
faire les frais de querelles entre l’an-cienne 
et la nouvelle administration 
communale sur fond de tractations peu 
amènes et de chantages larvées.
LA tripLe DiSqUALifiCAtiOn 
Les évènements du 23 juin 
sont les indices d’une mu-tation 
qualitative dans 
l’histoire politique du Sé-négal 
indépendant. Ce 
n’est peut-être pas pour la première fois 
que le Parlement défie l’exécutif dans 
notre pays. Durant la crise de 1962, les 
parlementaires, évacués de leur siège de 
l’actuelle Place Soweto par la gendarme-rie, 
s’étaient réunis au domicile du prési-dent 
de l’Assemblée nationale Lamine 
Guèye pour voter une motion de dé-fiance 
à l’encontre de Mamadou Dia, 
président du Conseil de gouvernement. 
Cet acte avait sonné le glas de la Pre-mière 
République et donné prétexte à la 
mise en place d’un présidentialisme sen-ghorien 
qui s’est éclairé lentement mais 
progressivement sous les coups de bu-toir 
de la nécessité. 
Pour retrouver une telle polarisation sur 
le Parlement réduit institutionnellement 
à la simple fonction de chambre d’enre-gistrement 
ou de caisse de résonnance, il 
a fallu attendre plus d’une trentaine d’an-nées. 
C’était en 1994. Le vote du Plan 
d’urgence Sakho-Loum, appliqué sur 
l’injonction impérative des institutions 
de Bretton-Woods, qui avait pour effet 
une diminution de 20% des salaires, de-vait 
ramener l’institution parlementaire à 
l’avant-scène de l’actualité. Ce fut une 
nuit mémorable où les syndicalistes 
avaient pris d’assaut la Place Soweto. La 
tension avait été à son extrême mais les 
députés de la majorité socialiste avaient 
tenu bon. Ils avaient respecté les 
consignes de vote de leur parti sauf 
quelques parlementaires syndicalistes qui 
avaient refusé de cautionner le plan. On 
ne saura jamais si cette fronde mimée ne 
fut qu’une simple comédie destinée à 
amuser la galerie. La grève générale qui 
s’en suivit malgré son succès populaire 
ne fut de nul effet sur l’application de 
cette politique de rigueur et la poursuite 
d’une politique de précarisation du tra-vailleur 
sénégalais. 
Cependant, toujours est-il que ce jour-là 
la Place Soweto fut le théâtre d’un face-à- 
face inédit entre le pouvoir et le peuple. 
La victoire du candidat de l’opposition à 
la présidentielle de 2000 trouve ses 
germes dans cette béance ouverte cette 
nuit entre les institutions qui fonction-naient 
sur les logiques externalisées du 
FMI et un corps social pris en étau entre 
la crise économique et la déliquescence 
du pouvoir des socialistes d’alors, décon-nectés 
des réalités. D’autres facteurs sont 
venus se sédimenter à cette césure entre 
les institutions et la société qui sont à 
verser dans l’explication de l’avènement 
de l’alternance. Parmi eux, il faut noter 
le processus de radicalisation démocra-tique 
de l’opposition qui a biffé la cou-pure 
traditionnelle entre la gauche et la 
droite et permis la constitution de fronts 
unitaires que ces socialistes taxaient de « 
contre-nature ». Les luttes de clans in-ternes, 
la perte d’homogénéité et les frac-tionnements 
qui ont vu surgir des flancs 
du Parti socialiste d’autres formations 
politiques ont accéléré son renvoi hors 
du pouvoir en 2000. 
Les évènements du 23 juin dernier sont 
à la fois la réitération des crises de 62 et 
de 94. Le frémissement prérévolution-naire 
porte en filigrane une défiance du 
Parlement à l’égard de l’exécutif. Le refus 
de voter le projet de loi instaurant un 
ticket à la prochaine élection présiden-tielle 
proposé par le Président de la Ré-publique 
a politiquement valeur de mo-tion 
de défiance même si la lettre du 
droit n’impose pas une démission du 
gouvernement. Sous d’autres cieux, un 
Premier ministre n’aurait jamais attendu 
d’être démis pour se retirer après une 
telle déconvenue. 
Le 23 juin consacre la disjonction de 
l’exécutif du corps social. Toute autre 
lecture de ces évènements serait erronée. 
Ayant pu constituer, à la faveur du boy-cott 
par l’opposition des dernières légis-latives, 
une chambre introuvable, 
politiquement scandaleuse d’abord au re-gard 
de la distorsion existant entre la réa-lité 
du corps social et sa représentation 
au niveau de l’Assemblée, ensuite du fait 
de la composition du Sénat dont la ma-jorité 
des membres ont été désignés par 
le Président de la République, le pouvoir 
n’a pas réussi à faire passer son texte. 
LOUGA INFOS – N°112 SEPTEMBRE 2011 
DOSSiER 
L’idée saugrenue d’un référendum.C’est venu comme un che-veu 
dans la soupe. Alors que tout le monde exhorte le Conseil constitu-tionnel 
à prendre ses responsabilités, Sidy Lamine Niasse prend langue 
avec le ministre des Affaires étrangères Madické Niang et nous ressort 
l’idée d’un référendum sur la candidature de Me Abdoulaye Wade. Cette 
éventualité qui serait une présidentielle avant la lettre où le candidat Ab-doulaye 
Wade n’aurait aucun adversaire face à lui est une idée aussi sau-grenue 
qu’est douteuse l’intention de celui l’a émise. Sidy Lamine est un 
expert des positions équivoques. La versatilité, çà lui connaît. 
Alioune Tine récolte les coups et les bénéfices. 
Il a été bastonné par des milices lors de la journée du 23 juin. 
Mais Alioune Tine ne va pas s’en plaindre. Alors que son mou-vement 
avait été submergé par « Y’en a marre », le voilà qui 
reprend le devant de la scène. On sait Alioune Tine assez futé 
pour tirer les marrons du feu de cette bastonnade. Cela suf-fira- 
t-il pour faire de lui le candidat qu’il rêve d’être ? That’s 
the question ! 
CYAN MAG. JAUNE NOIR 
Un Sénégal nouveau est en train de naître. 
Le 23 juin, la rue a renvoyé tout le monde 
à ses pénates. Les institutions d’abord. Le 
Président de la République a été propre-ment 
disqualifié comme instance de gou-vernance. 
Le Parlement, mis en joue et 
sommé de respecter la volonté du peuple. 
Ensuite les Ordres. La classe politique ne 
pouvait que faire profil bas devant la rue, 
se prosternant à l’ultime seconde comme 
l’a fait le pouvoir, ou, jouant les chiffon-niers 
du soir dans les médias comme l’a 
fait l’opposition. Les guides religieux ont 
joué aux médecins après la mort, ce qui au-gure 
d’un processus de mise à l’écart de la 
religion dans les affaires religieuses. 
Quand la revendication de l’égalité sociale 
prend cette ampleur, c’est tous les ordres 
qui en reçoivent les contrecoups. 
LeS MUtAtiOnS DU 23 JUin 
DU préSiDent, De LA CLASSe pOLitiqUe 
et DeS reLigieUx 
Dossier réalisé par Moustapha Sarr DIAGNE
Sans doute que l’institution parlementaire, malgré 
ses clôtures et sa capture par le principal parti au 
pouvoir, a été poreuse à la pression populaire. De 
peur d’entrer en collusion avec un « peuple » massé 
aux grilles de l’Assemblée, les parlementaires ont 
refusé de voter le texte. L’acte de retrait qui mit un 
terme à la séance ne fut que diplomatique. Ce ne 
fut pas seulement une reddition de l’exécutif. C’est 
le commencement d’une nouvelle ère qui sera ca-ractérisée 
par trois déterminants fondamentaux. 
Le premier réside dans le fait que l’échec du parti 
au pouvoir et son candidat annoncé de changer par 
un coup d’état institutionnel les règles du jeu du 
prochain scrutin présidentiel, entérine leur disqua-lification 
de fait. Le Parti démocratique sénégalais 
a perdu l’essentiel de sa base sociale, du fait de la 
répétition des scandales financiers comme « l’Af-faire 
de la mallette Segura », « l’Affaire de l’achat du 
terrain aux Almadies à un milliard et poussières », 
« les Révélations des audits de l’ARMPT », etc. Pas-sons 
sur le scandale à répétition des « Chantiers de 
Thiès » ou la nébuleuse du financement de l’OCI 
qui, le temps jouant, tendent à s’effacer de notre 
champ de vision. L’incapacité chronique du pou-voir 
à résoudre la question cruciale de l’électricité 
alors qu’il n’y a guère réjouissances et célébrations 
rythmaient le temps du pouvoir avec l’inauguration 
du monument de la Renaissance africaine ou l’or-ganisation 
du FESMAN, cette maladive inaptitude 
à déterminer des priorités, au détriment des popu-lations, 
ont valu à la personne du Président l’éva-nescence 
d’une sympathie populaire. La dérive 
monarchiste couronne cette désaffection avec l’oc-troi, 
comme un cadeau de Noël, à sa progéniture 
d’un ministère gigantesque aux contours découpés 
selon le bon vouloir de ce dernier. En quelques 
mois, le Président a tout perdu : sa crédibilité, sa 
popularité et… sa légitimité. Ses adversaires ont au-jourd’hui 
beau jeu de lui demander de retirer sa can-didature. 
Ultime geste qui lui reste à accomplir s’il 
veut encore conserver sa respectabilité. Quelle que 
puisse être la décision du Conseil constitutionnel 
sur cette question, le Président est aujourd’hui dis-qualifié 
pour diriger le pays. 
Le deuxième déterminant concerne une générali-sation 
de la disqualification qui atteint l’essentiel de 
la classe politique sénégalais. Le 19 mars 2011, le 
constat était clair que les manifestations organisées 
par des éléments extérieurs au corps politique 
avaient drainé bien plus de monde que celles des 
partis. Il est tout aussi significatif que ce soit les or-ganisations 
de la société civile qui ont pris en charge 
l’appel à la résistance du 23 juin. La plupart des lea-ders 
n’ont fait que de piètres tentatives de récupé-ration 
des bénéfices politiques de cette journée. 
L’exercice est devenu rituel. Les hommes politiques 
en sont réduits aujourd’hui à faire oeuvre de chif-fonniers 
pour tirer la couverture de leur côté. 
La religion est faite que les politiques sont au-jourd’hui 
hors jeu. La versatilité de leur discours 
que les radios se complaisent à mettre à jour en dif-fusant 
des propos antérieurs, le phénomène dit de 
la transhumance qui nous a fait voir de cocasses ap-paritions 
dans la salle du Conseil des ministres, les 
volte-face spectaculaires de ministres ou Premiers 
ministres défenestrés, une propension à jouer les 
caméléons, tout cela a été le ferment de la perte de 
crédibilité de la classe politique. A de rares excep-tions, 
pouvoir et opposition n’y échappent pas. Le 
23 juin a été un véritable tsunami qui a tout ou 
presque emporté sur son passage. Les cris de vic-toire 
des politiques s’estomperont et leurs sourires 
narquois s’effaceront quand le temps nous aura 
permis de décrypter le sens profond des évène-ments 
du 23 juin. 
Le troisième déterminant concerne la classe mara-boutique. 
Elle a fait son apparition en début de soi-rée 
lors de cette journée du 23 juin. Alors que les 
comptes avaient déjà été réglés dans la rue. Excepté 
le chef de l’Eglise catholique qui avait très tôt lancé 
un cri d’alarme, tous les chefs religieux s‘étaient 
murés dans un silence profond. Leurs interven-tions, 
fort tardives, seront à ranger dans le même 
registre que celui des récupérateurs. Certes, ils ont 
fourni au Président de la République la perche qui 
lui a permis de ne pas perdre complètement la face. 
Mais d’ors et déjà, ils doivent savoir que leur in-fluence 
est en train de s’effilocher. 
Le 23 juin n’a fait que mettre en actes, au sens théâ-tral 
du terme, une dilution de l’influence des mara-bouts 
qui avait commencé depuis bien longtemps. 
Depuis le début du règne des petits fils dans les 
confréries sénégalaises s’est produit un élargisse-ment 
des grandes familles religieuses qui a pour 
conséquence une décentralisation des pôles d’at-traction 
des fidèles. Si au sein des confréries, tous 
s’accordent sur la centralité de la figure tutélaire du 
fondateur, des dissensions apparaissent souvent 
entre les branches familiales. L’apparition de 
cheikhs de nouveau type mobilisant plus que les hé-ritiers 
directs du fondateur a engendré une pertur-bation 
majeure dans l’ordonnancement de la 
dévotion. Tout cela a miné l’homogénéisation de 
l’ordre religieux maraboutique. Il s’y ajoute deux 
autres facteurs qui ont contribué à rétrécir la sphère 
d’influence du religieux. Le premier est la concur-rence 
larvée entre confréries et entre religions. In-nommable, 
inavouable, elle n’en détermine pas 
moins les actes posés par les chefs religieux. L’autre 
facteur est l’immixtion trop profonde des certains 
chefs religieux dans la politique ou - ce qui peut être 
la même chose – la convocation trop fréquente de 
la religion dans la sphère du politique. La confusion 
entre les instances du politique et du religieux fera, 
un jour, le lit de la mise en quarantaine des ordres 
religieux dans les affaires. 
Quand dans la marche d’une société, de tels phé-nomènes 
se produisent sous l’impulsion d’une dou-ble 
revendication à la fois de liberté et d’égalité 
sociale, ce sont tous les fondements du corps social 
qui sont ébranlés. Le 23 juin fut l’un de ces mo-ments 
privilégiés. La remise en question populaire 
n’a rien épargné ni personne. C’est d’abord l’illégi-timité 
du dispositif institutionnel et de son fonc-tionnement 
qui a été décrétée par la rue. C’est 
ensuite la disqualification du pouvoir en place et, 
par un phénomène d’amplification, de toute la 
classe politique à tenir le gouvernail du pays qui a 
été rendu audible par la clameur populaire. En 
écho, on entendait une mise en quarantaine de la 
classe maraboutique. Quand la revendication de 
l’égalité sociale prend cette ampleur, c’est tous les 
ordres qui en reçoivent les contrecoups. Aussi bien 
les politiques et que les religieux. 
LOUGA INFOS – N°112 SEPTEMBRE 2011 
DOSSier 
La mort du Ndiguel politique. La remise en question des 
ordres entraine la mort du ndiguel politique électoral. Cette évi-dence 
a été notée par Chérif Bakhaya Aïdara, haut dignitaire de la 
communauté khadriya, qui revenait d’une cérémonie d’hommage 
au lieu saint de Nimzath en Mauritanie. Pour lui, le ndiguel politique 
n’a plus de sens et les religieux doivent être à équidistance entre les 
acteurs politiques. Une position novatrice qui mérite qu’on y réflé-chisse 
un peu plus. 
La révolution citoyenne. Le concept est nouveau. C’est avec 
l’alternance que les Sénégalais ont vraiment découvert les vertus de 
la citoyenneté. Ce rapport à l’Etat sans intermédiation est inédit au Sé-négal. 
Une révolution silencieuse s’est opérée au cours de ces der-nières 
années dans la conscience collective. C’est toute 
l’opérationnalité de la politique qui s’en trouve modifiée. Le vote n’est 
devenu un acte individuel par excellence et le déclin des « grands élec-teurs 
» est inscrit en filigrane dans les actes de protestation populaire. 
Un Sénégal nouveau 
est en train de naître. 
Le 23 juin en donnait 
les prémices.
Escapade en terre de servitude volontaire 
LOUGA INFOS – N°112 SEPTEMBRE 2011 
DOSSier 
Le M 23. Du M 23, on pense que c’est une nébuleuse, un conglomérat 
d’organisations de la société civile et de partis politiques. Ce qu’on ne dit 
pas vraiment, c’est que ce mouvement, rien que par son existence, établit 
une hiérarchie entre les organisations qui la composent. Aujourd’hui, les 
partis politiques sont à la remorque des organisations de la société civile. 
Et parmi celles-ci, les mouvements qui se sont formés spontanément 
comme « y’en a marre » occupent le haut du pavé. De l’histoire, on a ap-prend 
que c’est en marchant que l’on prouve le mouvement. Les jeunes 
ont mis la contestation en acte. Il leur faut maintenant l’organiser. « Y’en a 
marre » a de l’avenir devant soi. 
La concentration excessive 
des pouvoirs à la prési-dence 
et une parcimo-nieuse 
redistribution des 
prérogatives de la gestion 
des affaires de l’Etat entre les mains de 
quelques individus, ne devant ce privi-lège 
qu’à une proximité du locataire du 
palais ou aux hasards des attirances sym-pathiques, 
a produit un césarisme de 
mauvais aloi dans la République. Ce 
trauma est d’autant plus pernicieux 
qu’une culture de servitude volontaire 
s’est insidieusement incrustée dans les 
esprits. Une sorte d’avilissement moral 
et d’amollissement de la volonté qui a 
frappé les organes les plus essentiels du 
corps social. 
Ce lymphatisme singularise l’appareil ju-diciaire 
où une cécité circonstancielle est 
toujours de mise quand les jugements 
peuvent déplaire en haut lieu. Les dos-siers 
sont laissés à l’entretien sélectif de 
la mémoire qui, comme disait Birago 
Diop, ne rapporte que le fagot qui lui 
plaît quand elle va chercher du bois 
mort. Chez le personnel parlementaire, 
l’indolence a toujours été de rigueur. De 
tout temps, dans tous les régimes. Mais 
la courbure de l’échine n’a jamais été au-tant 
pratiquée que sous cette législature. 
Dans l’aplatissement, les records ont été 
battus. Et de loin. Cet amollissement de 
la volonté retrouve aussi au sein d’une 
grande partie de l’élite politique qui a 
laissé l’initiative à la jachère pour se com-plaire 
des délices et de la paisibilité de 
l’irrésolution qu’induisent la guidance 
servile. Quelques années ont suffi pour 
que cette mentalité de la sujétion s’en-fouisse 
dans les replis les plus profonds 
de leur inconscient. 
Le paroxysme est perceptible quand, 
jouant aux sophistes de saison, quelques 
individus s’offrent la délicate corvée de 
la théoriser dans une vulgate digne d’un 
charretier. Nous avons alors eu droit à la 
réduction des hommes, de tous et de 
toutes, au rang de simples« variables ». 
La seule constante est la personne du 
César qui, du haut d’une hautaine sou-veraineté, 
se joue des destins comme un 
Dieu spinoziste s’amuserait du spectacle 
du monde. Sous le régime des socialistes, 
on avait connu l’allégorie du « maître du 
jeu » qu'avait mise au goût du jour un in-tellectuel 
collectif socialiste qui peinait à 
penser une atmosphère de fin de règne 
et les balancements d’un pouvoir aux al-lures 
de girouette qui ne prenait que la 
direction que les vents de circonstance 
voulaient lui indiquer. Ceux du change-ment 
finirent par lui indiquer la porte de 
sortie démontrant la vanité d’une maî-trise 
qui n’avait d’existence que dans un 
discours idéologique. Avec les libéraux, 
le ravalement de la pensée est tel qu’il de-vient 
interdit de réfléchir. Penser est de-venu 
crime de lèse-majesté. Puisque la 
variable n’a point la dignité de l’initiative. 
On nous dit que nous sommes dans une 
démocratie, que l’alternance de 2000 a 
été un point d’orgue dans la montée en 
gamme du processus démocratique. On 
oublie que pour faire une société démo-cratique, 
il faut des hommes libres. Pour 
faire une société libre, il faut une équité, 
une égalité sociale qui permet à tous les 
citoyens d’accéder aux dignités que leur 
permettent de conquérir leurs compé-tences. 
Depuis la césure produite par l’al-ternance, 
la société sénégalaise se meut 
dans l’antithèse de cette assertion. La dé-mocratie 
marche à rebours. 
Le premier geste dans la transmutation 
des moeurs fut l’adoption presque à 
l’unanimité lors d’un référendum d’un 
présidentialisme exacerbé. Avec la dis-tance 
que procure le temps et à la faveur 
de la révélation à la lumière du dessein 
caché dans les blancs de ce projet de 
constitution, on se rend compte que ce 
geste avait été décisif. On avait fait un ré-férendum 
pour se priver à jamais d’en re-faire. 
Ont suivi alors les modifications 
ubuesques de la Constitution que nous 
avons connues. Au mépris de l’esprit des 
lois en République, la Constitution a sta-tut 
de brouillon, vulgaire bout de papier 
que l’on triture à volonté. Elle ne res-semble 
Un conseil constitutionnel qui devra prendre ses res-ponsabilités. 
La question de la recevabilité de la candidature de Me 
Wade est entre les mains du Conseil constitutionnel. On se rappelle que ce 
conseil avait été instauré en remplacement de la Cour Suprême parce que le 
président Diouf ne faisait pas confiance en son dernier président Hassane Bas-sirou. 
Le Conseil Constitutionnel est donc congénitalement appelé à avoir des 
positions favorables au régime. Mais les conditions ont changé et les sages 
devront prendre leurs responsabilités et non pas se défausser comme l’avait 
fait Kéba Mbaye au moment de proclamer les résultats des élections de 93. 
même plus à rien tant elle a été 
raturée et griffonnée. Le dernier scandale 
en la matière est l’instauration d’un ticket 
à l’élection présidentielle. On ne sait et 
ne saurait deviner pour quelle raison, en 
vue de quel subterfuge, cette nouvelle 
disposition devrait être introduite dans 
la Constitution. On sait tout simplement 
que c’est juste de la volonté de l’Unique, 
de l’Etre Suprême. Robespierre avait pris 
le soin de le placer hors du genre hu-main. 
Les libéraux au pouvoir ont réussi 
la prouesse de lui voler ses attributs et de 
les confier à leur guide. Dans une telle 
atmosphère de surréalisme institutionnel 
combinée à une évanescence progressive 
de l’égalité sociale incarnée par l’appari-tion 
sur la scène politique d’une classe de 
citoyens, hissée au-dessus du commun, 
par leur faculté à obéir, par cette prodi-gieuse 
faculté à se vautrer dans la sujé-tion, 
le cours monarchiste est en train de 
prendre tournure. La sujétion à la 
Constante, à l’Unique trouve sa perfec-tion 
dans une extension à son engeance. 
Le pays se meurt dans la dévotion. Et le 
plaisir du César se trouve dans la 
contemplation de cette grande fresque 
de l’adoration où de piteuses figures ri-valisent 
d’ingéniosité dans l’abaissement 
pour attirer son regard. Et encore, cet 
étalage de gueuserie ne le satisfait point. 
Il lui faut, suprême humiliation pour nos 
nobles âmes, indépassable dépravation 
des moeurs, il faut à ce César la curée. 
Elle est presque indescriptible la ruée 
vers les richesses, vers les terres, les mai-sons, 
les bijoux, l’argent et les factices 
honneurs. Hommes et femmes s’inju-rient, 
s’entredéchirent, s’étripent. La mal-séance 
est dans une parfaite mise en 
scène dans la République. 
Est-il nécessaire de convoquer quelqu’un 
d’autre pour faire apprécier au lecteur 
l’état de déchéance démocratique dans la-quelle 
le Sénégal se trouve aujourd’hui. 
L’acte serait futile puisque la réalité est si 
éloquente qu’elle surpasserait l’imagina-tion 
du plus fantaisiste des observateurs 
qui se serait permis à l’orée de l’alternance 
de faire une description du Sénégal de 
2011. Il faut aller chercher loin, très loin 
pour dénicher une béquille à servir au lec-teur. 
Nous l’avons débusquée dans un 
vieux texte, un texte de Tocqueville, qui 
pourrait faire office de grimoire pour la 
démocratie, dans lequel il parle des tyrans. 
Il y est écrit : « Chacun d’eux, retiré à l’écart 
et comme étranger à la destinée de tous les 
autres ; ses enfants et ses amis particuliers 
forment pour lui l’espèce humaine ; quant au 
demeurant de ses concitoyens, il est à côté 
d’eux, mais il ne les voit pas ; il les touche et 
il ne les sent pas ; il n’existe qu’en lui-même 
et pour lui seul, et, s’il lui reste encore une 
famille, on peut dire du moins qu’il n’a plus 
de patrie. Au dessus de ceux-là s’élève un 
pouvoir immense et tutélaire qui se charge 
seul d’assurer leur existence et de veiller sur 
leur sort ; il est absolu, détaillé, prévoyant et 
doux. Il ressemblerait à la puissance pater-nelle 
si, comme elle, elle avait pour objet de 
préparer les hommes à l’âge viril ; mais il ne 
cherche au contraire qu’à les fixer irrévoca-blement 
dans l’enfance ; il aime que les ci-toyens 
se réjouissent pourvu qu’ils ne songent 
qu’à se réjouir ; il travaille volontiers à leur 
bonheur, mais il veut en être l’unique agent 
et le seul arbitre ; il pourvoit à leur sécurité, 
prévoit et assure leurs besoins, facilite leurs 
plaisirs, conduit leurs principales affaires, di-rige 
leur industrie, règle leurs successions, di-vise 
leurs héritages : que ne peut-il leur ôter 
entièrement le trouble de penser et la peine de 
vivre ». La citation est longue mais elle en 
valait la peine. On jurerait que Tocqueville 
en rêve a, un jour, fait une escale au Séné-gal 
en 2011. Une si parfaite coïncidence 
avec la réalité ne peut être fortuite. Parce 
que tout simplement nous vivons dans la 
parfaite caricature d’une démocratie qui a 
mal tourné. 
Pour remettre les choses à l’endroit, et 
soigner cette corruption du corps social, 
il faudrait que la prochaine présidentielle 
se joue sur le registre de la restauration 
des moeurs. Là et uniquement sur ce plan 
se trouvera le salut de la nation. 
le seNeGal sOus WaDe 
Le Sénégal offre aujourd’hui le désolant 
spectacle d’une société traumatisée 
par l’exercice d’une gouvernance ou-trancièrement 
piratée par la politique 
politicienne. 
Pour remettre les choses à l’endroit, et soigner 
cette corruption du corps social, il faudrait que 
la prochaine présidentielle se joue sur le registre 
de la restauration des moeurs. Là et uniquement 
sur ce plan se trouvera le salut de la nation.
PResiDeNTielle 2012 
De l’encombrement humain sur la scène 
LOUGA INFOS – N°112 SEPTEMBRE 2011 
DOSSier 
Les constitutionnalistes s’accordent 
tous à reconnaître qu’il n’existe pas 
de supériorité de fait d’un régime 
sur l’autre. Tous les deux peuvent 
donner lieu à des dérives. Un parle-mentarisme 
débridé avec une assemblée à la pro-portionnelle 
intégrale peut être vecteur d’une 
instabilité chronique. Il fait le lit des régimes de 
partis où les minorités influent beaucoup sur le 
jeu politique. Le cas de la Quatrième République 
française est souvent cité en exemple. Malgré la 
qualité d’hommes politiques d’une envergure po-litique 
exceptionnelle comme Pierre Mendes 
France, Maurice Thorez ou Vincent Auriol, cette 
République, formatée pour empêcher le Parti 
communiste français de tenir les rênes du pouvoir 
exécutif, fut celle des guerres coloniales et des 
politiques ultra-marines d’arrière-garde. Le dé-tour, 
par l’ex métropole n’est que pour montrer, 
contrairement à ce qui est généralement admis, 
que les travers d’un parlementarisme radical ne 
se limitent pas seulement à l’instabilité qui lui est 
constamment accolée. Le parlementarisme est le 
moyen le plus efficace pour les partis minoritaires 
de faire exécuter leur dessein politique. L’Europe 
d’aujourd’hui nous en fournit un exemple élo-quent. 
C’est dans les pays à régime parlementaire 
comme la Suisse ou l’Autriche que la montée de 
l’extrémisme de droite a été corollaire d’une ra-dicalisation 
des politiques discriminatoires contre 
les immigrés et les étrangers. Autre exemple : la 
grande influence qu’exerce le courant religieux 
pourtant très minoritaire sur la politique du gou-vernement 
israélien n’est que le fait d’un parle-mentarisme 
dont l’impact se traduit toujours par 
une radicalisation vers les extrêmes. 
Dans notre pays, comme on s’en rend compte, les 
principaux tenants du parlementarisme sont les 
petits partis. Ils ont, pour la plupart, une certaine 
légitimité historique pour avoir vu le jour sous la 
clandestinité. Les plus fervents partisans de cette 
thèses sont la Ligue démocratique, le PIT, les 
ailes soi-disant authentiques d’And Jëf, les divers 
restes du RND plus quelques partis « minuscu-laires 
» dont on connaît pour militants que le lea-der 
ou son second qui squattent les salles de 
rédaction et les plateaux de télé. Ce sont des or-ganisations 
généralement structurées sur le mode 
du centralisme démocratique avec des systèmes 
très resserrés de l’encadrement des militants. Ha-bitués 
à l’entrisme dans les syndicats, à la mani-pulation 
des assemblées générales, aux synthèses 
déformées, ces partis sont de véritables appareils 
de détournement d’objectifs politiques. Ils n’ont 
jamais pu conquérir une assise populaire et donc 
ne trouvent grâce que dans les coalitions où elles 
viennent avec comme finalité d’embrigader les 
autres. L’exemple type de genre de regroupement 
fut la Coalition 2000 qui avait soutenu la candi-dature 
de Me Abdoulaye Wade. Dans le pro-gramme, 
ces partis avaient fait accepter au PDS 
l’inscription dans un programme de gouverne-ment 
l’adoption du régime parlementaire. On sait 
ce qu’il est devenu de cette promesse. Si tôt élu, 
le Président Wade l’a jetée aux orties faisant une 
constitution par référendum une constitution 
hyper présidentialiste que ces formations poli-tiques, 
à part le PIT, ont approuvée. Ce sont exac-tement 
les mêmes partis politiques qui 
reviennent, par le truchement des assises natio-nales, 
pour exiger un parlementarisme, juste 
quelques années après avoir cautionné un régime 
présidentiel. Si les assises nationales valent ce 
qu’ils valent parce que d’éminents sénégalais ont 
participé à l’élaboration de ses conclusions, il 
convient de passer au crible de la critique ses pro-positions 
et d’en extirper les scories tel que ce 
parlementarisme qui ne convient qu’aux partis 
marginalisés par les consultations électorales et 
qui cherchent par des voies détournées à se repo-sitionner 
sur la scène politique. Très souvent, 
c’est par le moyen du chantage dans le procès de 
constitution des majorités qu’ils interviennent. 
Imaginons quelle serait leur marge de manoeuvre 
dans un régime parlementaire surtout si l’on sait 
que la plupart de ces partis sont de grands adeptes 
des allers et retours entre le pouvoir et l’opposi-tion. 
Ils ont l’enjambement facile de cette ligne 
rouge qui devrait délimiter les clivages entre une 
majorité et une opposition. Un parlementarisme 
instauré sous leur égide serait la porte ouverte aux 
pratiques opportunistes, un tapis rouge pour les 
maîtres chanteurs et un pas de plus vers la déli-quescence 
des moeurs, déjà peu reluisantes, de la 
classe politique. 
Cependant, on comprend bien que les Sénégalais 
puissent avoir un regard de défiance par rapport 
au régime présidentiel. Près d’une dizaine d’an-nées 
d’exercice d’un présidentialisme exacerbé 
sous l’ère libérale ont fini par les dégouter de ce 
mode de gouvernement. Ils ont envie de voir les 
pouvoirs du Président de la République balisés. 
Ils veulent que « le pouvoir limite le pouvoir ». 
Ils ne veulent plus être les jouets d’une sorte de 
Deus Ex Machina qui peut se donner le luxe de 
modifier à sa guise les circonstances et les condi-tions 
de leur existence. Plus de blanc-seing, di-sent- 
ils. Certains acteurs de la classe politique ne 
l’entendent pas ainsi. Parmi eux, les anciens Pre-miers 
ministres. On peut citer Moustapha Niasse, 
Idrissa Seck, Macky Sall. Pour avoir ressenti 
dans leur chair les frustrations inhérentes à la 
condition de Premier ministre sous l’alternance, 
ces anciens vizirs rêvent tous de détenir un jour 
cette liberté de mouvement que confère le statut 
de Président de la République. Leur sortie des 
cercles du pouvoir a provoqué chez eux une sorte 
de rébellion. Ils ont créé leur parti politique pour 
revenir dans le jeu. Après avoir été Premier mi-nistre, 
aucune autre fonction n’est digne d’être 
assumée à leurs yeux que celle de Président de la 
République. Ces anciens Premiers ministres ne 
seront jamais pour une modification du régime. 
D’ailleurs, ils éludent souvent la question et pré-fèrent 
ne pas l’aborder de front. Pour être juste, 
il faudra ajouter dans le lot Ousmane Tanor Dieng 
qui a, sous l’ère socialiste, occupé une position 
très particulière dans le régime. Mamadou Loum 
fut le Premier ministre par procuration qu’il avait 
choisi. On se souvient du jour où l’on annonçait 
la nomination de Loum. Le décret nommant Ous-mane 
Tanor Dieng était déjà paru. Au moment où 
Mamadou Loum se présentait aux journalistes en 
qualité de Premier ministre, Ousmane Tanor 
Dieng était debout un palier supérieur à celui se 
tenait Loum sur l’escalier qui mène aux apparte-ments 
du Président de la République. Ce ne serait 
que justice donc d’assimiler le Premier secrétaire 
des socialistes à la liste des anciens Premiers mi-nistres. 
Il est évident que si un jour, ces personnes 
parviennent au pouvoir, il n’est pas évident 
qu’elles vont changer le régime. Tout au plus 
pourrait-on espérer de la part de Moustapha 
Niasse, Ousmane Tanor Dieng ou Macky Sall une 
certaine humilité et un exercice plus pondéré des 
pouvoirs du Président de la République. Des au-tres, 
Dieu seul sait ce qu’ils feront. 
Mais, on le sait ! il ne faut point compter sur la 
tempérance des hommes pour espérer avoir une 
stabilité institutionnelle. Les promesses des 
hommes politiques ne valent que pour ceux qui 
y croient. L’expérience le prouve éloquemment. 
Il faudra alors que la prochaine présidentielle 
soit l’occasion du débat public sur le meilleur 
régime pour équilibrer les pouvoirs, préserver 
la stabilité des institutions et brider les pratiques 
peu orthodoxes d’une classe politique aux écus-sons 
écornés. 
ReGiMe PResiDeNTiel Ou PaRleMeNTaiRe 
pourquoi devrait-on brider les pratiques 
peu orthodoxes de la classe politique 
A la veille de chaque élection présidentielle, la question resur-git 
inévitablement dans le débat cité politique. Faudrait-il au 
Sénégal un régime présidentiel, le seul qui, selon les adeptes de 
cette thèse, pourrait permettre à un chef de l’Etat élu au suf-frage 
universel de disposer de tous les moyens pour définir des 
orientations politiques et les appliquer ? Ou, au contraire, de-vrait- 
on opter pour un régime parlementaire avec un Premier 
ministre recevant son adoubement de la représentation natio-nale 
devant qui elle serait responsable ? Exposée dans une di-mension 
purement théorique, ces questions suscitent toujours 
des réponses à la normande. 
C’est peut-être une des tares de notre système démocratique. Le pli est pris à chaque scrutin présidentiel 
d’enregistrer un certain nombre de candidatures fantaisistes. A la dernière élection de 2007, la majeure 
partie des candidats était sortie de nulle part. On a souffert le martyre face aux histrions et aux saltim-banques 
venus juste pour jouer leur partition de figurant sur la scène politique. 
On s’est payé la candidature d’un organisateur de combats de lutte qui, confondant la popularité de ce 
sport avec son aura personnelle, a failli faire tourner au burlesque notre élection présidentielle. La justice 
étant immanente et la vérité finissant toujours par sortir du puits, le candidat « aux mains blanches » 
s’était révélé délinquant notoire qui a fini par prendre le large pour échapper à l’épée de Damoclès de 
Dame justice. 
On a aussi eu notre lot d’illusionnés qui pensaient, parce que quelque part dans nos voisinages un candidat 
de la société civile avait remporté une présidentielle, qu’il fallait juste se mettre sous l’égide d’une telle 
appellation pour réussir le hold up politique parfait. Une candidature à la présidentielle, on le sait, est un 
puissant moyen de promotion. Beaucoup de gens sacrifient à ce rituel pour avoir une ligne de plus sur 
leur carte de visite, surtout si ces personnes ambitionnent d’amorcer une carrière internationale. 
En 2007, on ne s’est pas plaint d’avoir échappé à des « Lech Walesa » tropicalisés qui avaient faussement 
établi l’équivalence entre leur propre popularité avec le succès de quelques journées mortes organisées à 
l’occasion de la mise du Plan de rigueur budgétaire du couple Sakho-Loum ou de trois journées mémora-bles 
de grève où l’Etat avait été pris en otage par un syndicat. On le sait aussi, un soutien au second tour 
se monnaie très cher. Quelques candidats aux scores électoraux lilliputiens ont bien gagné au change. Leur 
soutien leur a valu non point une mais des ou plusieurs sinécures. Certainement que cet exemple avaient 
inspiré beaucoup de candidats en 2007. 
La conviction serait légitimement faite que cet exemple inspire encore aujourd’hui. .Certains candidats 
s’engagent dans la bataille électorale comme on ferait un investissement en affaires. Les quelques millions 
déposés à titre de caution seraient rendus au multiple à deux chiffres, une fois bien serrée la négociation 
du soutien à un candidat presque sûr de gagner au deuxième tour serait bien. Sinon comment expliquer 
que quelqu’un qui ne parvient même pas à mobiliser au-delà de son quartier lors des dernières élections 
locales puisse prétendre se présenter à la présidentielle. Comment est-ce que quelqu’un qui ne peut même 
pas gérer une fédération sportive parmi les moindres en audience et en importance, peut-il oser venir 
nous demander de voter pour lui ? Il faut être clown ou fou pour avoir culot de ces personnes ! Si encore, 
ils avaient eu le sens de la satyre d’un Coluche dont la fausse candidature en 81 à la présidentielle avait 
été la plus acerbe critique contre le système français, on aurait compris. Mais ce n’est pas le cas. Ces gens 
y croient et croient qu’ils sont plus malins que tout le monde. Et qu’ils peuvent se jouer du peuple pour se 
positionner dans la société. Il y a de ces candidatures à la présidentielle qui ne sont que de l’encombrement 
humain. Il faudra un jour trouver un système de récurage des coulisses de la compétition en vue de la pré-sidentielle 
pour nous préserver du cirque auquel on est en train d’assister. Non pas qu’il faille adopter à 
un système censitaire qui ne permettrait qu’aux riches de se présenter mais trouver en toute bonne foi 
une solution pour éviter cette comédie. L’augmentation de la caution à 65 millions est un faux remède 
d’autant plus dangereux qu’elle va pousser certains candidats à nouer des alliances douteuses avec des fi-nanciers 
peu recommandables. 
L’échéance électorale ne doit pas aussi être l’occasion de prendre des revanches personnelles. La remarque 
vaut aussi bien pour les candidats indépendants que pour ceux qui sont investis par les partis politiques. 
Bon nombre de candidats ne le sont que par le dépit qu’ils éprouvent pour quelque autorité. On a beau 
jouer au petit seigneur dans quelque organisme international dont, du reste, l’inefficience a été mis au 
jour, on ne peut, soit parce qu’on a perdu cette planque, soit qu’on a acquis une certaine notoriété inter-nationale, 
estimer que le maroquin de Président de la République est le seul qui vous sied. Le statut de 
candidat à la Présidence doit se mériter. Et le fauteuil de l’Avenue Senghor ne peut être un siège de re-change. 
La vocation de candidat ne peut s’acquérir parce qu’on s’est miré le matin et qu’on y pense chaque 
fois qu’on se rase mais cette vocation doit naître chez celui qui est digne parce qu’il a longuement réfléchi, 
qu’il a regardé comment vit ce peuple et qu’il est prêt à se mettre à son service. Ce n’est pas ceux qui 
avaient imposé des plans drastiques dont l’inanité est aujourd’hui prouvée, ce n’est pas ceux qui agissaient 
sous les injonctions des institutions de Bretton-Woods et qui nous imposaient des retraits intenables sur 
nos revenus qui doivent aujourd’hui venir nous seriner de beaux discours. Il fait de la décence pour être 
candidat et un peu d’humilité pour ne pas obstruer le chemin pour ceux qui ont du mérite à revendre. A 
bon entendeur, salut !
CONQueTe Du POuVOiR 
Pourquoi le débat économique 
est prioritaire 
Au Sénégal, l’alternance politique 
réalisée en mars 2000 portait la 
marque d’une jeunesse désem-parée 
en quête d’emplois que le 
candidat WADE les promettait 
gracieusement. De même que les manifesta-tions 
du 23 juin 2011 sont l’oeuvre d’un peuple 
trahi, toujours confronté à un chômage endé-mique. 
Le chômage et l’inflation, ennemis jurés 
du pouvoir d’achat, sont des fléaux décriés dans 
tous les pays du monde actuellement. Ils font, 
en ce moment, l’actualité dans des pays puis-sants 
tels que les Etats-Unis, la France, l’Alle-magne 
ou l’Italie. Devant cette situation, 
aggravée dans les pays sous développés par le 
manque d’infrastructures et la pauvreté, il est 
unanimement reconnu que les solutions passent 
d’abord par la croissance économique et la ré-partition 
des richesses. Quand l’économie va, 
même la délinquance et le banditisme (polluant 
la qualité de la vie) qui s’explique en partie par 
l’inaccessibilité de certaines masses aux ri-chesses, 
peuvent être combattus avec une 
bonne politique de répartition, qui viendra en 
même temps juguler la pauvreté. 
C’est pourquoi, dans la compétition pour 
l’exercice du pouvoir, on peut déclarer sans se 
tromper que l’économie est un sujet prioritaire. 
Cela reste, tout de même, l’avis de l’écono-miste, 
puisque le sociologue non convaincu 
peut vouloir mettre l’accent sur l’importance 
des relations sociales, des moeurs et des valeurs. 
De cette polysémie jaillit une possibilité de pré-cision 
: les économistes campent le débat sur le 
développement en considérant que celui-ci, 
n’est pas seulement expliqué par l’abondance 
en termes financiers et matériels. C’est pour-quoi, 
la définition du développement par l’in-termédiaire 
du Produit National Brut (PNB) par 
tête d’habitant, qui a prévalu jusqu’au milieu 
des années 90, a été progressivement abandon-née. 
On considérait, suivant cette logique, que 
les pays ayant un PNB par tête supérieur ou 
égal à 25 000 US$ sont développés. Néan-moins, 
il a été remarqué que des pays comme 
le Gabon, la Lybie, le Qatar ou l’Arabie dépas-saient 
ces niveaux de PNB par tête, mais ne 
pouvaient pas être considérés comme pays dé-veloppés. 
Dans ce 20ème siècle, il est de plus 
en plus théorisé une nouvelle définition révolu-tionnaire 
qui est venue intégrer la qualité de la 
vie, la stabilité ou la bonne gouvernance. D’ail-leurs, 
dans certains pays développés, à la place 
du Produit Intérieur Brut, on théorise de plus 
en plus le Bonheur Intérieur Brut (BIP). Cer-tains 
pays comme la Suède s’illustrent égale-ment 
dans la prise en compte des impacts 
environnementaux dans le calcul des créations 
réelles de richesses. 
Selon les économistes, la croissance écono-mique, 
aussi forte soit-elle, n’est pas suffisante 
pour qu’on parle de développement. Elle doit 
s’accompagner de changements mentaux et so-ciaux 
favorables à l’épanouissement collectif, 
sans inégalités sociales. C’est sous cet angle 
que les critiques formulées à l’égard du néoca-pitalisme 
s’avèrent difficiles à réfuter, mail il 
importe de préciser que ce débat idéologique 
n’est pas l’objet de cet article. Parallèlement, 
l’aspiration des peuples à la démocratie est une 
autre donne qui corrobore la prééminence de 
l’économie sur tous les autres domaines de la 
vie des sociétés. Les économistes sont généra-lement 
d’avis que la démocratie ne peut se 
consolider dans des conditions de dénuement 
profond, comme c’est le cas dans nos pays. 
Ceci donne une bonne idée de la fragilité de la 
jeune démocratie sénégalaise, relativement aux 
médiocres résultats glanés sur le plan écono-mique 
au bout de la décennie 2000-2011. Cer-tains 
grands économistes ont émis des avis 
concordants sur ce sujet du développement et 
de la démocratie. Barro (2000) a dressé un bilan 
des interactions entre le développement écono-mique 
et le développement de la démocratie. 
Mais ce débat doit tenir compte de phénomènes 
très complexes, comme les bons résultats éco-nomiques 
constatés chez certains régimes au-toritaires 
tels que la Chine. Toutefois, à partir 
d’un comparatif Inde/Chine, Amartya Sen (Prix 
Nobel d’économie en 1998), a aussi expliqué 
que la démocratie est surtout importante dans 
les moments difficiles. Dans ses travaux, il a 
argué que l’Inde s’est tiré plus facilement des 
famines que la Chine qui a connu encore au 
début des années 1960 une grande famine ayant 
fait 30 millions de morts. Mais tous ces grands 
économistes reconnaissent que devant un afflux 
de richesses, se pose le problème d’une bonne 
gestion aussi bien dans un régime de démocra-tie 
que dans un régime autoritaire. En tout cas 
selon Barro « des accroissements du niveau de 
vie tendent à engendrer un accroissement pro-gressif 
de la démocratie. A l’opposé, les démo-craties 
qui se sont érigées sans développement 
économique antérieur se révèlent fragiles. 
Par Mounirou NDIAYE 
LOUGA INFOS – N°112 SEPTEMBRE 2011 
economie 
Comme le rappelle souvent le Pr Moustapha KASSE, l’économie est la sphère dé-terminante 
en dernière instance. Autrement dit, les solutions aux problèmes d’un 
pays doivent être inéluctablement accompagnées d’une bonne dynamique écono-mique. 
Les gouvernements, en Afrique plus particulièrement, s’évertuent à résou-dre 
quatre problèmes fondamentaux et prioritaires : le chômage, la pauvreté, le 
manque d’infrastructures et la faiblesse du pouvoir d’achat qui renvoie au taux 
d’inflation. D’ailleurs, dans son dernier essai publié en 2005, l’économiste améri-cain 
John Kenneth Galbraith (décédé en 2006 à 94 ans) écrivait que les deux 
problèmes fondamentaux auxquels l’humanité va être confrontée dans ce 20ème 
siècle s’appellent Inflation et chômage.
« Au Sénégal, plus de 18% des femmes sont infectées 
par le virus hpv RESP0NSABLE du cancer du col de l’utérus » 
LOUGA INFOS – N°112 SEPTEMBRE 2011 
Santé 
Louga Infos : Professeur, pouvez-vous 
nous parler des données épidémiolo-giques 
du cancer du col de l’utérus au Sé-négal 
? 
Pr Mamadou Diop : Le cancer du col de 
l'utérus est consécutif à l'infection persis-tante 
par le virus du papillome humain 
(HPV). 
Au Sénégal, avec 1.197 nouveaux cas esti-més 
en 2008, le cancer du col de l'utérus se 
situe au 1er rang en termes de fréquence tout 
sexe confondu. 4 femmes sur 5 sexuellement 
actives risquent d’être infectées au cours de 
leur vie. Dans la plupart des cas, ce virus dis-paraît 
naturellement, mais pour certaines, il 
reste dans le col et il s’attaque aux cellules 
saines. 
Les papillomavirus sont très répandus, très 
contagieux et ils se transmettent par contact 
sexuel. Cette infection passe souvent inaper-çue 
car le virus est éliminé chez la plupart 
des femmes sans avoir donné lieu à des 
symptômes particuliers. Cependant, certains 
types de papillomavirus s’installent de façon 
permanente au niveau du col de l’utérus. Ils 
peuvent alors transformer, de manière très 
lente, les cellules normales en cellules cancé-reuses. 
C’est une maladie silencieuse qui ne 
s’accompagne pas de symptômes aux stades 
précoces. 
Les femmes âgées de 50 ans sont particu-lièrement 
touchées. Ces cancers restent rela-tivement 
très rares avant 25 ans et ils devien-nent 
plus fréquents dès la trentaine. Ainsi, 
40% des femmes atteintes ont entre 35 et 54 
ans. Au Sénégal, plus de 18% des femmes 
sont infectés par le papillomavirus (HPV). 
A défaut d’un programme national orga-nisé 
de dépistage et à cause d’une consulta-tion 
tardive, la mortalité est très élevée aux 
alentours de 70 %. 
Quels sont les principaux facteurs de 
risque de cette affection ? 
Le virus du papillome humain (HPV) est 
à l'origine du cancer du col de l'utérus. Il en 
existe de nombreux types, mais ce sont plus 
particulièrement les sérotypes 16 et 18 qui 
sont en cause. Au Sénégal, les sérotypes 16, 
58 et 18 sont respectivement les plus fré-quents. 
La contamination s'effectue à l'occa-sion 
de rapports sexuels non protégés. Elle 
est très fréquente puisqu'on estime que 70 % 
des personnes qui ont une activité sexuelle 
sont en contact avec le virus. Dans l'extrême 
majorité des cas, le système immunitaire par-vient 
à contrôler spontanément l'infection vi-rale 
(contre laquelle il n'existe pas de 
traitement médical efficace) et à l'éliminer. 
Seules 1 à 2 % des femmes contaminées par 
le virus vont développer un cancer du col de 
l'utérus. 
D'autres facteurs de risque en rapport avec 
cette contamination ont été identifiés. Ils in-terviennent 
également dans l’apparition de la 
maladie telle que la précocité des rapports 
sexuels et la multiplicité des partenaires, le 
tabagisme, la contraception, les grossesses et 
accouchements et d’autres infections sexuel-lement 
transmissibles. 
Quels sont les symptômes de ce type de 
cancer et comment se manifestent-ils ? 
Il n’y a pas de symptômes perceptibles 
aux stades précoces. Les symptômes peuvent 
apparaître sous la forme de saignements pro-voqués 
lors des rapports ou de la toilette, de 
saignements spontanés, de pertes, de dou-leurs 
pelviennes Plus tardivement, on peut 
observer des pertes de sang entre les règles, 
après la ménopause ou après les relations 
sexuelles. Des pertes blanches indolores sont 
parfois associées. 
L'examen clinique permet d'évaluer l'ex-tension 
locale et régionale. L'imagerie est es-sentielle, 
notamment le scanner ou l'IRM 
abdominale. Une échographie peut égale-ment 
être pratiquée. Le dosage sanguin de la 
créatinine permet d'évaluer un éventuel re-tentissement 
de la maladie sur les reins, ce 
qui témoignerait d'une maladie déjà avancée. 
Quels sont les modes de traitement ? 
Les modalités de traitement dépendent du 
stade de la maladie. Les stades précoces re-lèvent 
de la chirurgie. La «conisation» permet 
de n'enlever qu'une partie du col de l'utérus. 
Mais le chirurgien est parfois obligé de pra-tiquer 
une hystérectomie qui est un est un 
acte chirurgical qui consiste à enlever tout ou 
partie de l'utérus. Celle-ci s'accompagne ha-bituellement 
d'un contrôle, voire de l'ablation 
des ganglions loco-régionaux. 
Les stades plus avancés relèvent de l'asso-ciation 
de la radiothérapie et de la chimiothé-rapie. 
Est-il possible de prévenir ce type de 
cancer ? 
Le dépistage repose sur la pratique régu-lière 
d'un frottis qui, en prélevant des cel-lules 
du col, permet leur analyse au 
microscope. L'examen direct du col (colpo-scopie) 
permet également de mettre directe-ment 
en évidence des lésions suspectes. Mais 
seule l'analyse au microscope de ces lésions 
prélevées permet d'affirmer le diagnostic en 
constatant la présence de cellules cancé-reuses. 
On préconise un premier frottis vers 
25 ans et, en l’absence d’anomalies, tous les 
3 ans jusque 65 ans. Malheureusement, 7O à 
8O% des femmes arrivent en consultation à 
un stade avancé de la maladie. 
Au Sénégal comme dans les pays pauvres, 
le test de détection de l’ADN du virus HPV 
à moindre coût suivi d’un traitement immé-diat 
par la cryothérapie chez les femmes tes-tées 
positives, sera le meilleur moyen pour 
faire baisser l’incidence et la mortalité du 
cancer du col de l’utérus. La grande sensibi-lité 
du test HPV comme test principal pour 
réduire la mortalité par cancer du col a été 
prouvée par un grand essai contrôlé rando-misé 
en Inde. 
Le programme détection-traitement peut 
être institué à un coût beaucoup plus bas 
qu’un programme de vaccination contre 
HPV basé sur les 3 doses actuelles du vaccin. 
La vaccination des jeunes filles prendra des 
dizaines d’années pour réduire le taux de 
mortalité pour le cancer du col alors que le 
dépistage a un effet dans les 5 ans. Des vac-cins 
plus pratiques sont cependant en cours 
de développement. 
Dans nos conditions de ressources limi-tées, 
il est actuellement plus logique de met-tre 
en place un programme de dépistage de 
qualité et de compléter la stratégie par les 
prochaines générations de vaccins dés qu’ils 
seront disponibles. Cependant, il faut noter 
que le reflexe de se faire dépister n’est pas 
encore ancré dans les esprits. C’est pourquoi 
il est nécessaire de mener une sensibilisation 
à grande échelle pour informer les femmes 
sur les dangers du cancer du col de l’utérus. 
iNTeRVieW - MaMaDOu DiOP, PROFesseuR aGReGe, 
DiReCTeuR De l’iNsTiTuT Du CaNCeR JOliOT-CuRie De l’hOPiTal aRisTiDe le DaNTeC 
Si seulement 1 à 2% des femmes infectées par le papillomavirus, principal vecteur du cancer du col de l’utérus, 
vont développer effectivement un cancer du col de l’utérus, près d’un quart de la population féminine sénégalaise 
est en contact direct avec le virus. Ce qui situe le cancer du col de l’utérus au premier rang des cancers en termes 
de fréquence tout sexe confondu. La situation est d’autant plus grave que les symptômes de cette pernicieuse af-fection 
ne sont pas visibles au stade précoce. La prévention doit donc reposer sur un dépistage régulier qui doit 
s’effectuer tous les trois ans pour les femmes âgées de 25 à 65 ans. D’où la nécessité d’une campagne de sensibi-lisation 
sur ce tueur silencieux. 
Propos recueillis par Cherif SARR et Abdoulaye BAO
international 
FRaNCaFRiQue 
LOUGA INFOS – N°112 SEPTEMBRE 2011 
Dur apprentissage pour Kar im. Le fils du Président est cu-rieusement 
convoqué dans la rubrique International du journal. C’est 
bien parce que Karim Wade est devenue, contre son bon gré, une figure 
de la scène politique françafricaine. Les dernières accusations portées 
contre lui par Rober t Bourgi ont l’air cousu de fil blanc. Spécialiste en 
procès gagnés, Kar im aura quand même beaucoup de mal à reprofiler 
son image. Les fronts semblent trop nombreux et les requins trop car-nassiers 
pour un novice en politique comme lui. Que c’est dur cet ap-prentissage 
! On dira qu’il s’est trop tôt frotté à plus dangereux que lui. 
Cela lui fera une bonne leçon pour l’avenir. 
La dent dure de Bolloré Il s’est donné un devoir d’ingérence 
dans la politique sénégalaise. Depuis qu’il a éjecté par dessus bord 
par son concurrent Dubaï Port, Bolloré ne parvient pas digérer sa dé-convenue 
au Sénégal. Le magnat français fait tout pour déstabiliser le 
régime du Président Wade. Il mène un combat de l’ombre, finance des 
candidats à la présidentielle qui ont déserté les rangs des libéraux et, 
dit-on, joue de son influence auprès de Sarkozy pour qu’il lâche Wade. 
Vincent Bolloré a la dent dure. Mais il devra faire face à dur à cuire. 
Les bombardements de Tripoli et les gesticulations du 
Président Nicolas Sarkozy pour mener une campagne 
militaire en Libye ou l’intervention de la Force Licorne 
en Côte d’Ivoire sous le sceau des Nations Unies sont-elles 
une continuation de l’aventurisme français en 
Afrique communément appelé Foccartisme ? Est-on toujours dans 
cette segmentation spatio-temporelle dite Françafrique qui désigne 
cette conjonction de réseaux de mafieux, d’hommes d’affaires véreux, 
de sociétés-écrans, de compagnies fictives et de multinationales, tous 
acteurs d’une praxis politique particulière faite de conspirations, de 
complots, de manipulations des groupes ethniques, d’assassinats d’op-posants 
? Quels sont les ressorts des nouvelles formes d’intervention 
de la France sur la scène africaine ? Voilà des questions bien légitimes 
au regard de cette récente actualité qui nous donne l’impression que le 
siècle n’a pas changé. Que sous le ciel des Afriques, c’est à travers les 
siècles un éternel recommencement des équipées de la soldatesque 
française. Juste quelques modifications du décor. La tunique bleue, le 
casque Edgan et le cheval de la garde républicaine ont laissé place au 
béret, au kaki et à la jeep du légionnaire auxquels se sont substitués les 
treuils et les chars amx des bataillons de l’infanterie marine. Sous Sar-kozy, 
effet de mode oblige ! l’Armée française, empruntant les straté-gies 
américaines initiées lors de la Guerre du Golfe, recourt à sa chasse 
aérienne détruisant l’aviation ivoirienne à Bouaké, stoppant l’avancée 
des chars libyens vers Benghazi, rasant les abords du bunker de 
Gbagbo. Quelle est la différence entre le pilonnage des forces libyennes 
par les mirages français portant l’étendard de l’OTAN et le saut des 
parachutistes sur Kolwezi ? La Côte d’Ivoire, est-elle seulement un Li-beria 
du 21ème siècle ? La réponse à apporter à cette série d’interro-gations 
nécessite un coup d’oeil dans le rétroviseur. 
Le Foccartisme était la clé de voûte de la Françafrique. C’était un sys-tème, 
une connexion d’hommes politiques ayant pignon sur rue et ar-borant 
la cocarde des officiels, d’hommes de l’ombre souvent revenus 
avec de profondes cicatrices des guerres coloniales du Vietnam et d’Al-gérie, 
d’hommes d’affaires passant le plus clair de leur temps à hanter 
les antichambres des bureaux de présidents africains. La françafrique 
avait enserré dans ses rets toutes les chancelleries françaises sur le conti-nent. 
Elle dictait ses oukases à Bercy, au Quai d’Orsay et à la Rue Mon-sieur. 
Elle a toujours un pied bien planté à l’Elysée, bousculant quel-quefois 
l’ordonnancement du protocole et souvent gênant aux 
entournures le secrétariat général. Du temps de Chirac, les réseaux 
avaient une existence quasi-officielle, occupant Rue de l’Elysée le rez-de- 
chaussée du bâtiment abritant la Cellule africaine. La topographie 
rejoignait parfaitement la symbolique. Ce Foccartisme se riait de l’al-ternance 
gauche/droite au sommet de l’Etat. Elle n’en avait cure 
puisqu’elle a, de tout temps, l’oreille de l’occupant du Palais de l’Elysée. 
De Gaulle avait donné carte blanche à Jacques Foccart, lui, laissant le 
loisir de faire assassiner, quand il le voulait, au détour d’une rue un pré-sident 
Sylvanus Olympio, juste coupable de n’avoir pas une fibre fran-cophile 
très sensible, de liquider le trop rectiligne Outel Bono, cet 
opposant tchadien qui refusait de courber devant le Président François 
Tombalbaye et risquait de perturber les plans français conçus par l’am-bassadeur 
Fernand Wibaux, de susciter une sécession au Biafra. Gis-card 
D’Estain, moins cynique, ne put néanmoins échapper à l’influence 
des réseaux foccartiens. Il a fait sauter sur injonction sa soldatesque 
sur le Shaba et n’a pas empêché Foccart de lancer une attaque, par Bob 
Denard et sa clique de mercenaires interposés, sur le palais de Mathieu 
Kérékou. Mitterrand, obsédé par la conservation de l’écluse qu’était le 
Rwanda a laissé les mains libres aux généraux de l’Armée française 
dans l’instrumentalisation des conflits ethniques dans ce pays, la dia-bolisation 
des Tutsis et la commission d’un génocide. 
Dans l’entendement de ceux qui tiraient les ficelles de ce Foccartisme, 
l’Afrique était une pâte à modeler. Cette françafrique avait l’initiative. 
Il lui suffisait juste de trouver des motivations pour entrer en action. 
Quelques lignes directrices traversaient toutes ces actions. Fortement 
perturbés par le complexe de Fachoda et les défaites de la vallée de 
Dien Ben Phu et des plateaux oranais, « ces « Françafricains » étaient 
habités par la phobie de l’anglo-saxon. Ils avaient une idée particulière 
des intérêts de la France qui s’imbriquaient naturellement leurs intérêts 
personnels et leur offraient l’occasion de remplir à bord les caisses de 
leurs multiples compagnies d’import-export et sociétés de sécurité. Ils 
avaient partie fortement liée avec le capital français. Elf, Bolloré, 
Bouygues, Matra et consorts utilisaient leurs services à volonté. La cé-lèbre 
Jacques Foccart, 
le mentor 
compagnie pétrolière française implantée au Gabon et au Congo 
fut, de renommée mondiale, le cheval de Troie de cette Françafrique. 
Cet imbroglio se nourrissait de l’exploitation des rentes qu’offraient 
les ressources pétrolières, minières et agricoles de l’Afrique et de trafics 
délictueux ou criminels. Du réseau de trafic de drogue, d’or ou de dia-mants 
aux décaissements très officiels de l’aide publique au dévelop-pement 
en passant par les valises diplomatiques, la vente clé en main 
des éléphants blancs que furent certaines unités industrielles, les ex-portations 
de matières premières et les importations de biens d’équi-pement, 
tout était entremêlé en Françafrique. Multiples logiques se 
superposaient. Celles des militaires voulant garder l’intégrité physique 
du pré carré, des affairistes cherchant fortune à travers steppes et forêts, 
des sociétés voulant faire main basse sur les marchés et ressources, et 
enfin des mercenaires atteints par les démangeaisons de l’inaction. La 
Françafrique avait l’initiative. Il suffisait qu’il y ait une conjugaison cir-constancielle 
des motivations pour qu’une action soit déclenchée. Soit 
au Soudan où Pasqua taillait bavette avec le Président El Béchir et son 
ex idéologue de service, le racé Hassan Al Tourabi, pour circonscrire 
l’influence anglo-saxonne aux limites de la frontière avec l’Ouganda, 
soit en Angola où les trafics d’armes ont rattrapé le même Pasqua et 
son acolyte Pierre Falcone, soit en Afrique du sud à qui la France avait 
voulu fourguer une centrale nucléaire. 
Lionel Jospin avait voulu mettre un terme à ce fatras de relations dou-teuses. 
Sans succès. Avant lui, Jean-Pierre Cot avait balancé un coup 
de pied dans la fourmilière. Mal lui en prit parce qu’il a été bien vite 
congédié. Sarkozy avait promis lors d’un séjour au Bénin qu’il tuerait 
la bête immonde. Il avait juré sur tous les saints de mettre fin au mythe 
qui prête à la France « la faculté de redresser les situations, de recher-cher 
ses intérêts (…) et d’être capable d’assurer la stabilité ou de créer 
l’instabilité dans un pays ». Faut-il voir là rien qu’encore une promesse 
non tenue du Président français. L’explication serait trop courte. 
Il semble qu’aujourd’hui l’on se retrouve face à une logique de l’aléa-toire 
où la Françafrique ne ressurgit qu’à la faveur de circonstances 
particulières. Aussi bien en Côte d’Ivoire qu’en Libye, les interventions 
Mort est le serpent, mort est le venin. 
Quand il s’agit de la Françafrique, le 
statut d’évidence de l’assertion prend 
la clé des champ tant il est manifeste 
que ce système de mise sous coupe 
des anciennes colonies africaines de 
la France survit à son créateur 
Jacques Foccart. Le mentor ayant 
passé l’arme à gauche, le venin est 
toujours là, distillé par la bouche d’un 
petit commis du système. Dans un 
subit accès de bonne conscience, Ro-bert 
Bourgi donne l’air de faire des 
révélations pourrissant à volonté l’at-mosphère 
de la campagne électorale 
française et réglant à titre personnel 
ses ultimes contentieux. Faudrait-il 
voir dans ses propos la volonté de re-cueillir 
les derniers sacrements. La 
confession de Bourgi, il faut le dire, 
n’est pas au diapason des crimes per-pétrés 
en Afrique. Ce ne sont pas les 
demies vérités sur quelques mallettes 
de billets qui permettront d’absoudre 
les crimes perpétrés par la França-frique. 
Des révélations, il en faudrait 
plus. Bien plus que ce grenouillard 
nous dit. La Françafrique est-elle 
vraiment morte ? 
Les aveux du petit commis 
du système et les premières 
notes d’un requiem 
Par Moustapha Sarr DIAGNE 
Suite en P.12 
Bourgi, le p’tit 
commis
Il est particulier dans son 
genre. Cheikh Baye Fall, de 
son nom d’artiste, ou Cheikh 
Mbacké Guèye, tel que l’état-civil 
sénégalais le connaît est 
le seul percussionniste séné-galais 
qui touche au flamenco, 
ce genre pluriséculaire qui a 
fait la notoriété de la musique 
espagnole. Cheikh Baye Fall 
est un style particulier que 
l’on nomme l’afro-flamenco. 
Cheikh MbaCké Guèye alias Cheikh baye Fall 
Une culture soufi métissée au flamenco 
LOUGA INFOS – N°112 SEPTEMBRE 2011 
Culture 
Un mélange de sonorités 
castillanes et de rythmes 
africains, une sorte de 
métissage du son eth-nique. 
S’il est peu connu 
au Sénégal, parce que comme le dit 
l ‘adage, nul n’est prophète chez soi, 
Cheikh a un digest des plus riche dans le 
monde hispanique. Il a joué avec les 
meilleurs joueurs de flamenco au 
monde. Lors du festival Dakar Cultura 
organisé l’ambassade d’Espagne à 
Dakar et qui a enregistré la participation 
de Youssou Ndour, Cheikh s’est produit 
avec Antonio Carmona, un maestro de 
l’afro-flamenco dont la notoriété n’est 
plus à faire en Espagne. Cheikh a joué 
aussi pour Bede, un immense artiste es-pagnol 
qui collectionne les disques d’or 
en Espagne. Gipsy King, un groupe in-ternationalement 
connu a aussi enregis-tré 
la collaboration de Cheikh. Parmi les 
groupes qu’il a fréquenté, on note aussi 
Latin Jazz. Il a aussi eu un compagnon-nage 
avec Jerry Gonzales et Javier Co-lina 
qui sont des vedettes du monde 
hispanique. 
Pourtant rien ne prédestinait Cheikh 
Baye Fall à ce compagnonnage avec le 
flamenco. Cheikh est natif de Louga. 
Comme tout Lougatois, il a excellé 
dans la danse. Cheikh a fait partie du 
ballet des danseurs lougatois qui avait 
gagné le trophée de Oscar des va-cances 
en 1996. C’est par la suite, sui-vant 
les muses d’une vocation déjà 
ouverte, il s’est inscrit à l’Ecole des 
Arts dans la section Danse pendant 
deux ans, de 1998 à 2000. C’est à la 
suite de ce cursus académique que 
Cheikh Baye Fall s’est rendu en Es-pagne. 
Au pays de Cervantès, il s’est 
entiché du flamenco. Depuis lors, pas 
un pas de « pakargni » pour lui sans le 
claquement des castagnettes. Pas de 
frappe du pied au sol sans aussi que ne 
vibre la peau tendue du sabar. Cheikh 
est cette synthèse. Il assure ne puiser 
sa source d’inspiration que dans les 
enseignements de son guide spirituel, 
Serigne Dame Ibn Cheikh Mourtalla 
Mbacké. Aux âmes qui vont chercher 
leur inspiration dans les profondeurs 
de la spiritualité, le rythme n’a aucun 
secret. N’est-ce pas là la source du 
mystère de la culture soufi. 
Le lion, Gaston et Eumeu. Il est celui qui, tout seul, a 
réussi organiser un ch ampionnat de lutte qui a fait ressortir les 
jeunes loups de l’arène. Ce promoteur, originaire de Louga, f ait la 
fierté de sa ville. Mais au lieu de cela, certains lui jettent des bâtons 
dans le s roues dans l’a ff aire Eumeu Sène. C’est un faux procès 
qu’on est en train de lui faire. Faisons lui confiance pour se défen-dre. 
C’est un vrai lion. Tout comme Eumeu Sène. Et c’est pourquoi 
ils sont en si bonne compagnie sur notre photo. 
Mamadou Kébé part à la retraite. Mamadou Kébé, qui a di - 
r igé le C e n tre culturel de Louga es t aujourd ’hui p arti à la retraite. 
Après Ké-bémer 
avoir séjour n é dans la capit ale du Ndiambour, ce natif d e a ensuite occupé le poste de Commissaire général au mémorial 
de vi-bra 
Gorée avant de re gagner Douta Seck. La ville de Louga rend un nt à un cet homm e qui a beaucoup contr ibué le rayonnement de la 
cult ure lougatoise. 
CYAN MAG. JAUNE NOIR 
françaises ont un caractère réactif. Il a fallu que des 
révolutions soient déclenchées dans le monde arabe, 
que des Libyens forment un comité de salut public 
et prennent le fusil contre Mouamar El Khadafi pour 
que Nicolas, « Le petit » -allusion faite à ce maître de 
la Françafrique que le grand, au sens premier du 
terme, Charles de Gaulle- enfile sa combinaison 
d’aviateur pour lancer ses missiles sur la Libye. La 
Côte d’Ivoire a été le champ d’une invasion subite 
par une armée surgie de nulle part, équipée de chars 
et d’auto-mitrailleuses, composée d’hommes suffi-samment 
entraînés pour pouvoir mettre en déroute 
les FANCI (Forces armées nationales de Côte 
d’Ivoire) pour que le bataillon des parachutistes 
transalpins débarquent à Bouaké. 
La Françafrique se retrouve aujourd’hui des circons-tances. 
La démocratisation des sociétés africaines et 
l’émergence d’une société civile et d’une opinion pu-blique 
africaine sont passées par là. Pour pouvoir in-tervenir 
en Afrique, en dépit des nombreux 
lobbyings dans les instances internationales pour la 
reconnaissance et d’effectivité du droit d’ingérence, 
La France est obligée de se revêtir du manteau des 
Nations Unies pour faire le coup de feu en Afrique. 
Même si, comme ce fut le cas en Côte d’Ivoire, l’avis 
de non objection de l’ONU a été acquise a posteriori. 
Elle a beaucoup perdu de ses capacités proactives, ne 
se risquant à ne faire le larron que quand l’occasion 
se présente. 
Cependant, comme dans l’opération Turquoise 
menée sur la frontière entre l’actuel République dé-mocratique 
du Congo et Rwanda en 1994, la ban-nière 
bleu ciel ne sert qu’à occulter les véritables 
enjeux des interventions françaises en Afrique. En 
Côte d’Ivoire où les intérêts du capital français sont 
immenses avec plus de 200 filiales de ses transnatio-nales 
et près d’un millier de petites et moyennes en-treprises 
implantées dans ce pays, la France de Chirac 
et de Sarkozy ne pouvait laisser prospérer une rébel-lion 
venant du nord qu’elle ne maîtrisait pas. Son in-tervention 
sous prétexte de restaurer la paix n’a été 
que la préservation d’une chasse gardée. C’était au 
risque de maintenir un Président Gbagbo qui tirait 
bien malhabilement à lui, à des fins de politique in-térieure, 
une couverture d’anti-impérialiste. La France 
avait misé depuis longtemps sur Alassane Dramane 
Ouattara. Le meilleur cheval pour lui, c’était l’homme 
qui avait, au moment de la libéralisation, permis le 
rachat par le capital français de toutes les sociétés na-tionales 
ivoiriennes privatisées. Récemment, l’intru-sion 
en Côte d’Ivoire des Américains avec la 
multinationale Cargill ou des Chinois avait suscité les 
inquiétudes d’un patronat français qui n’en voulait 
plus du fantasque Laurent Gbagbo. Ce dernier, plus 
par stupidité qu’autre chose, leur a offert l’occasion 
en or de le mettre définitivement hors jeu. 
En Libye, il est évident que l’intervention française 
est piratée par des enjeux de politique intérieure. La 
montée du lepenisme en France risque de priver Sar-kozy 
d’une part importante de son bassin électoral. 
Dans ce pays où quand le patriotisme avait un sens, 
il signifiait auparavant prendre les armes pour affron-ter 
l’ennemi au « sang impur », le nationalisme rime 
avec casser de l’arabe. Au mieux en horde le soir sous 
la lumière blafarde des lampadaires de bord de Seine. 
Avec si peu de courage, Sarkozy fait de même. Il pi-lonne 
les villes libyennes faisant des milliers de vic-times 
civiles. Vive la guerre facile ! 
Mais il y a plus profond dans cette intervention en 
Libye. Sarkozy n’a jamais digéré le fait que la France 
n’ait pas suivi les Etats-Unis dans sa deuxième guerre 
du Golfe. La France, évincée des marchés de la re-construction 
de l’Irak, ayant perdu la mainmise 
qu’elle avait sur le pétrole irakien avant l’invasion du 
Koweit et les contrats d’armement de ce pays, a 
voulu s’offrir sa guerre en Libye. Elle escompte à 
terme domestiquer le pétrole libyen. Le capital fran-çais 
est à l’affût pour voler au devant des contrats qui 
se présenteront très prochainement. C’est pourquoi, 
Sarkozy fait feu de tout bois. Plus on détruit, plus il 
y aura à reconstruire. C’est l’implacable logique du 
capital qui épouse les mêmes contours que la logique 
d’une Françafrique devenue, par la force des choses, 
réactive. 
Peut-être, sommes-nous en train de percevoir au loin, 
à travers le vacarme des missiles qui sont tombés sur 
Tripoli, les premières notes du requiem de la Fran-çafrique. 
Les révélations de Robert Bourgi donnent 
raison à ce penseur qui disait que quand l’histoire met 
en terre une forme particulière de rapports sociaux, 
c’est toujours une première fois comme tragédie et 
une seconde fois comme comédie. La tragédie, elle a 
été ivoirienne ou tripolitaine ; Bourgi est le nom de 
la comédie. La Françafrique se confine dans le risible. 
Dans cette « insoutenable légèreté » qui est au coeur 
des fausses révélations et vraies traditions des aveux 
d’un commis et petit porteur de valises du système. 
Les aveux du petit commis du système 
et les premières notes d’un requiem 
Suite de la P.11 
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  • 1. 100 FCFA n°112 septembre 2011 iNTeRVieW - MaMaDOu DiOP, PROFesseuR aGReGe, DiReCTeuR De l’iNsTiTuT Du CaNCeR JOliOT-CuRie De l’hOPiTal aRisTiDe le DaNTeC « Au Sénégal, plus de 18% des femmes sont infectées par le virus hpv RESPONSABLE du cancer du col de l’utérus » Si seulement 1 à 2% des femmes infectées par le papillomavirus, principal vecteur du cancer du col de l’utérus, vont développer ef-fectivement un cancer du col de l’utérus, près d’un quart de la po-pulation féminine sénégalaise est en contact direct avec le virus. Ce qui situe le cancer du col de l’utérus au premier rang des cancers en termes de fréquence tout sexe confondu. La situation est d’autant plus grave que les symptômes de cette pernicieuse affection ne sont pas visibles au stade précoce. La prévention doit donc reposer sur un dépistage régulier qui doit s’effectuer tous les trois ans pour les femmes âgées de 25 à 65 ans. D’où la nécessité d’une campagne de sensibilisation sur ce tueur silencieux. Lire en page 10 Cheikh MbaCké Guèye alias Cheikh baye Fall Le débat actuel sur l’attribution par les services de l’Etat à un promoteur privé d’une portion de la réserve foncière située sur la zone dite de la bande verte relève plus du règlement de comptes entre politiciens que d’une ap-proche rationnelle de la gestion de l’espace communal. Tout porte à croire que le promoteur privé en question, en l’occurrence la SUARL Souris Immo-bilier, est en train de faire les frais de querelles entre l’ancienne et la nou-velle administration communale sur fond de tractations peu amènes et de chantages larvées. Lire en page 4 La disqualification des politiques et des Marabouts Un Sénégal nouveau est en train de naître. Le 23 juin, la rue a renvoyé tout le monde à ses pénates. Les institutions d’abord. Le Président de la Répu-blique a été proprement disqualifié comme ins-tance de gouvernance. Le Parlement, mis en joue et sommé de respecter la vo-lonté du peuple. Ensuite les Ordres. La classe poli-tique ne pouvait que faire profil bas devant la rue, se prosternant à l’ultime seconde comme l’a fait le pouvoir, ou, jouant les chiffonniers du soir dans les médias comme l’a fait l’opposition. Les guides religieux ont joué aux mé-decins après la mort, ce qui augure d’un processus de mise à l’écart de la reli-gion dans les affaires reli-gieuses. Quand la revendication de l’égalité sociale prend cette am-pleur, c’est tous les ordres qui en reçoivent les contrecoups. ReVOluTiON CiTOyeNNe au seNeGal ATTRIBUTION DE LA BANDE VERTE Un promoteur privé victime de chantages larvés CYAN MAG. JAUNE NOIR Amin’ta l’hi-vernage, se la joue trop facile. Depuis le début de les Lougatois vivent un véritable calvaire. Pas une seule route praticable dans la ville. Les eaux stagnantes envahissent les points bas. Les inondations perturbent le quotidien des popula-tions. Tandis que Aminata Mbengue Ndiaye se tourne les pouces à la mairie. Quand on l’interpelle sur la question, elle a beau jeu de répondre que les principales routes excavées ne relèvent de la compétence de commune mais plutôt de l’ATR. P.3 Samba Khary Cissé « informalise » le Conseil régional. De Samba Khary Cissé, on n’a jamais attendu des mira-cles. On savait que la présidence du Conseil régional que lui avaient trouvé ses mentors du palais présidentiel n’était qu’un marocain pour le consoler de la mairie que l’on n’a jamais osé lui donner. Mais on pouvait légitimement penser qu’il allait au moins gérer le Conseil Ré-gional comme ses prédécesseurs. C’était se faire des illusions. Samba Khary a « informalisé » l’institution en créant par fournées des GIE à qui il a donné tous les marchés. P.3 Une culture soufi métissée au flamenco P.12 P.12 Me n s u e l d ' i n f o rma t i o n s g é n é r a l e s - I S SN 0 8 5 0 4 3 31 Lire notre dossier en pages 5-8
  • 2. PESTICIDES Dans le rétroviseur L’hommage de Senghor et le viatique de Amadou Makhtar Mbow Peinant à porter sa charge de ca-pitale régionale, Louga se voit reléguer à des strates secon-daires, soutenant douloureuse-ment la concurrence manifeste que lui imposent ses voisines. Si son consi-dérable patrimoine immatériel demeure en-core intact dans les limbes du substrat culturel, la ville a perdu ses défricheurs d’es-paces culturels nouveaux, ses semeurs d’idées neuves, cette foi dont parle Senghor et qui a lui a valu d’avoir été une locomotive dans le développement du Sénégal. La ville qui peut se vanter d’avoir très tôt exploré des horizons nouveaux par ses hommes po-litiques qui se caractérisaient par leur ouver-ture au reste du monde, par ses artistes qui ont sillonné le monde entier, ne peut au-jourd’hui se prévaloir que du FESPOP. Certes, la manifestation a pris de l’ampleur ces dernières années, elle polarise ce qui se fait de mieux dans le domaine folklorique mais elle ne peut suffire à la ville. Les Lou-gatois se doivent de réapprendre à produire du culturel, à former des hommes capables de réaliser les plus grandes oeuvres. La lec-ture du livre d’or de la ville est éloquente à cet égard. Quelques feuilles après l’hom-mage de Senghor, on retrouve le témoi-gnage de Amadou Moctar Mbow qui, au titre de Directeur général de l’UNESCO, écrivait : « J’ai été particulièrement heureux de vi-siter la commune de Louga où j’ai passé mon en-fance et une partie de mon adolescence, d’y voir tant de lieux et de visages connus. Y être reçu à la mu-nicipalité par un maire dont la famille a été si liée à la mienne a été aussi pour moi un grand sujet de satisfaction. C’est sur cette terre que j’ai acquis les plus profondes convictions qui guident encore mon action au service de la communauté internationale. A cette terre qui m’a vu grandir, qui m’a instruit, qui m’a appris à affronter les difficultés avec séré-nité, je voudrais témoigner aujourd’hui ma très pro-fonde reconnaissance et mon fidèle attachement ». Ces mots valent viatique pour tous les Lou-gatois qui aujourd’hui envisagent de s’enga-ger dans l’action publique. Il serait dommage que subsiste le paradoxe extraor-dinaire de Louga qui a donné au Sénégal un président de la République et qui a vu sous son règne sa splendeur prendre la clé des champs. Le 23 janvier 1973, le Président Léopold Sédar Senghor écrivait dans le livre d’or de la mairie : « A la ville de Louga d’où est parti le mouvement de jeunesse, de foi et de travail qui a donné naissance à la IIème République ». L’exhuma-tion de cet hommage montre à quel point la ville de Louga a perdu de son lustre en l’espace de quelques années. Jadis, carrefour d’échanges, de rencontres, de circulation des hommes et des idées, Louga s’est aujourd’hui installée dans une indolence maladive. LOUGA INFOS – N°112 SEPTEMBRE 2011 GROUPE LOUGA COMMUNICATION “GLC” 19, AVENUE AHMADOU SAKHIR MBAYE - SANTHIABA CENTRE LOUGA - SÉNÉGAL - ISSN 08504331 TÉL. 609 95 12 FONDATEUR ÉDITEUR ABDOULAYE BAO CONSEILLER DE LA RÉDACTION MOUSTAPHA SARR DIAGNE MAQUETTE & MISE EN PAGES SYNTHESIS © +221 77 641 68 37 ASSISTANTE PAO MAME FATOU NDIAYE BAO lOuGa a PeRDu De sa sPleNDeuR Le train sifflait toujours trois fois. Tous les Lou-gatois qui ont quelque peu blanchi de la tête se souviennent de ces moments inoubliables où le vécu quotidien concordait avec le titre d’un célèbre film western. C’est le Président Senghor himself qui avait inauguré le célèbre train Arigoni (voir notre photo 1) du temps où la vie de la commune se rythmait aux départs et aux arrivées du train. Senghor avait même l’habitude de le prendre ce fameux train pour convoyer ses visiteurs officiels. Sur notre photo 2, on le revoit en compagnie de Modibo Kéita à la gare de Louga lors d’une tournée écono-mique de l’ancien président du Conseil de gou-vernement de la Fédération du Mali. Avec Wade, les Lougatois avaient cru que le train serait de retour. Que les rails, partis à la ferraille, parcourraient de nouveau la ré-gion. Que ces trains seraient de superbes bolides à grand écartement sillonnant comme des météores la brousse lougatoise. On y a avait cru et on a eu tort. Senghor et Modibo étaient accompagnés de leurs épouses. Dans ce Louga des premières années de l’indépendance, le faste était tou-jours au rendez-vous. Voici le charme de Co-lette Senghor et l’élégance toute africaine de Mme Kéita. Après Colette qui avait rendu complexée la Reine Elisabeth d’Angleterre lors de sa mémorable visite au Sénégal, on aime-rait avoir aussi un jour au palais de la Répu-blique une grande dame africaine comme celle que nous voyons sur notre photo 3. Quand le train sifflait…
  • 3. De Samba Khary Cissé, on n’a jamais at-tendu des miracles. On savait que la pré-sidence du Conseil régional que lui avaient trouvée ses mentors du palais présidentiel n’était qu’un marocain pour le consoler de la mairie que l’on n’a jamais osé lui donner. Mais on pouvait légitimement penser qu’il allait au moins gérer le Conseil Régional comme ses prédécesseurs. C’était se faire des illusions. Samba Khary a « informalisé » l’institution en créant par fournées des GIE à qui il a donné tous les marchés. On en veut pour preuve le gardien-nage qu’il a confié à un GIE qui ne dispose même pas d’agrément au niveau du ministère de l’Inté-rieur. Résultat : les factures déposées par le GIE ne peuvent pas être traitées par le trésorier payeur de l’Etat et les gardiens ont du mal à percevoir leurs salaires. Il fallait voir ces pauvres veilleurs de nuit à la veille de la korité, ils étaient à la recherche d’une ancien photographe devenu un grand four-nisseur de la place et sauveur du Conseil régional pour avoir de quoi passer la fête. Il est d’ailleurs de notoriété publique que les factures des GIE en souffrance sont légion sur le bureau du payeur. Voilà bien une preuve manifeste d’incompétence qui mériterait une délégation spéciale. Mais l’ami Bathie a le bras long et l’oreille de gens haut placés à la Présidence. Louga mérite mieux que ça. On n’attend pas Wade pour prier Dieu LOUGA INFOS – N°112 SEPTEMBRE 2011 buzz de louga Il faut parier que le Président Abdoulaye Wade ne connaît rien à la ville de Louga. Après avoir fait de Moubarack Lô un ministre conseiller éphémère qui ne refuse même aujourd’hui de se prévaloir d’une dis-tinction aussi fugace, revoilà qui remet en selle l’ancien député Momar Lô pour en faire un ministre. Une nomination qui, d’ailleurs, a été faite en catimini, sans aucune annonce officielle. Il faut peut-être se payer le journal officiel aux caractères extrêmement petits pour dé-busquer l’annonce de cette nomination. Me Wade qui en est toujours à ses considérations datant de Mathusalem pense que, pour tenir la ville de Louga, il lui faut nécessairement avoir quelqu’un dans la fa-mille Lô. C’est une hérésie. La configuration de la ville s’est considé-rablement modifiée sociologiquement. Plus personne ne se réfère à cette désuète hiérarchisation sauf peut-être quelques uns de ses conseillers complètement déphasés. Avec ces dominations qui ne sont même pas perceptibles à louga, Wade est en train de commettre les erreurs en spirale. En marge d’une audience au palais, le Président Wade avait promis à votre serviteur de participer à la prise en charge de la construction de la grande mosquée de Louga. Joignant le geste à la parole, il avait d’ailleurs dépêché l’architecte officiel du palais Ousseynou NDiaye pour effectuer une mission d’évaluation à Louga afin de lui rendre compte de ce qui devait être effectivement fait pour que la capitale du Ndiambour ait une grande mosquée digne de sa renommée de centre religieux. Mais quand ce dernier est venu à Louga, il a été orienté orienté vers une autre mosquée qui ne nécessitait aucune réfection. Depuis lors, le dossier est en l’état. Plus personne n’en a plus fait cas. Aujourd’hui, ce sont les populations par le canal d’un comité de gestion de la grande mosquée qui en ont marre des promesses non tenues de Wade qui ont décidé de construire de leurs mains avec leur propre argent cette grande mosquée. Le premier palier a déjà été réalisé, le second le sera très prochainement. On ne va tout de même pas attendre Wade pour pouvoir prier Dieu dans des conditions décentes. Amin’ta se la joue trop facile Etonnante reconversion que celle de certains anciens foot-balleurs de l’équipe du Ndiam-bour. Deux d’entre eux ont troqué le ballon rond avec le chapelet. Ils sont aujourd’hui dans les mosquées et s’occu-pent de vaquer aux affaires courantes. Qui nous disait que le football éloigne de la reli-gion. Ces anciens joueurs du Ndiambour sont en train de battre en brèche la fameuse théorie des intégristes qui bannissent toute activité lu-dique au prétexte qu’elles dé-tournent l’homme de foi. Voilà qui s’appelle marquer un but et engranger des points en vue du décompte final, le seul qui, du reste, mérite qu’on y prête attention. Depuis le début de l’hivernage, les Lougatois vivent un véritable calvaire. Pas une seule route praticable dans la ville. Les eaux stagnantes envahissent les points bas. Les inondations pertur-bent le quotidien des populations. Tandis que Aminata Mbengue Ndiaye se tourne les pouces à la mairie. Quand on l’interpelle sur la question, elle a beau jeu de répondre que les principales routes excavées ne relèvent pas de la compétence de commune mais plutôt de l’ATR. On ne comprend pas pour-quoi elle se défausse si facilement sur l’Etat central. Si au moins elle avait pu combler les nids de poule sur ce qui appartient au domaine communal, on comprendrait. Mais Amin’ta la joue trop facile. Pour l’instant, elle a, semble-t-il, d’autres préoccu-pations qui n’ont rien à voir avec l’amélioration des conditions de vie de ses administrés. Les points des « reconvertis » Samba Khary Cissé « informalise » le Conseil régional Les erreurs en spirale de Wade Ibou Ndao Diaw Edmond Hanne
  • 4. CYAN MAG. JAUNE NOIR Un prOMOteUr privé viCtiMe LOUGA INFOS – N°112 SEPTEMBRE 2011 Vie de la Cité Revenons à la genèse de cette affaire. Aux termes du dernier plan directeur d’urbanisme de la com-mune de Louga, cette zone dite de la bande verte devait ser-vir de poumon vert pour la ville. Elle s’étalait sur deux kilomètres de long et sur cent mètres de large et avait été aménagée à l’occasion de l’exécution du Programme Indépendance de 1982. Elle s’insérait dans une politique d’aménagement globale de la com-mune en conformité avec le Plan direc-teur d’aménagement conçu en 1978. Pour sa réalisation, 150 familles qui occupaient cette emprise avaient été expropriées puis reclassées dans des quartiers périphériques de la ville. Des moyens significatifs ont été mis en oeuvre pour réaliser ce poumon vert de la ville de Louga. Ainsi pendant cinq ans, deux camions citernes ont été mo-bilisés pour l’arrosage des plants qui avaient été mis en terre sur les lieux. Au final, la bande verte était devenue un terrain de jeux pour les jeunes des quartiers environnants, une sorte de bois au coeur de la ville qui rompait d’avec un paysage environnant mar-qué par l’avancée du désert. Mais très tôt, le mal chronique de l’administra-tion sénégalaise pris le dessus sur les bonnes pratiques. L’entretien de la bande fut stoppée, les arbres coupées par les charbonniers, le site trans-formé en dépotoir et laissé en jachère en guise de terrain de vagabondage des rats. C’est sur ces entrefaites que le déclassement du site est intervenu et une série de morcellements ont été effectués. Certains privés ont pu béné-ficier de lots tandis que la mairie s’est réservée l’espace où elle a édifié la case des tout petits et un terrain de basket. C’est en 2006 que, remarquant que l’état de délabrement avancée de la dite bande verte que El Hadji Modou Fall, propriétaire de la SUARL Souris Immobiliers qui revenait d’Espagne, s’est ouvert au maire de l’époque Ma-niang Faye d’un projet de construction d’un complexe d’un coût global de 2 milliards de francs Cfa comprenant une cité de 138 villas, un centre com-mercial et un hôtel. A l’époque, le maire Maniang Faye qui percevait dans la réalisation de ce projet des avantages certains pour la commune de Louga –et peut-être, l’histoire nous le dira, quelque intérêt particulier à son accomplissement -, a balisé le che-min pour El Hadji Modou Fall. C’est sur ses conseils que le promoteur privé a pris l’attache des services compé-tents de l’Etat pour obtenir un bail sur la portion de cette bande verte qui fai-sait office de dépotoir d’ordure. Toutes les démarches entreprises, la SUARL Souris Immobilier a pu bénéficier de la part de la mairie de Louga d’un avis favorable pour l’affectation de ce site à sa société. C’est ainsi que les services de l’Etat chargés de veiller sur le domaine de l’Etat, en l’occurrence la Commission de Contrôle des Opérations doma-niales logée au ministère des Fi-nances, a au terme d’une délibération en sa séance du 17 décembre 2007, émis un avis favorable à la demande de régularisation, par voie de bail, d’un terrain du domaine privé de l’Etat, sis à Grand Louga, dépendant des titres fonciers 1.405/L et 1.406/L à la SUARL Souris Immobiliers. Il faut noter que l’acte d’attribution signé de la main du Directeur de l’Enregistre-ment et du Timbre, Ibrahima Wade s’est faite à la suite de l’examen d’un rapport des services techniques décon-centrés et de l’avis favorable de la Commune de Louga. Le site d’une su-perficie totale de 6,960 hectares a fait l’objet d’un redécoupage en quatre ti-tres fonctions distincts numérotés de 1769 à 1772 qui ont tous été cédés par l’Etat du Sénégal pour une durée de trente ans susceptible de prorogation d’une durée maximale de vingt ans à la SUARL Souris Immobilier. Les polémiques à propos de cette attri-bution ont commencé à fleurir quand le nouveau maire, Mme Aminata Mbengue Ndiaye, jugeant cette ces-sion illégale au prétexte de la non conformité du projet avec la destina-tion initiale de cette bande verte, a esté en justice contre Souris Immobi-liers. Des accusations avaient été por-tées contre Maniang Faye qui, disait-on, a apporté sa caution à cette attribution. La réponse de ce dernier sur la question laisse l’observateur perplexe au regard de son implication dans le processus d’attribution du site à Souris Immobilier. « Le terrain ap-partient à l’Etat, je suis étranger à cette affaire. Je ne suis ni de près ni de loin, impliqué dans cette affaire. La mairie n’est informée qu’en aval. Le terrain appartient à l’Etat donc, il ne revient pas au maire de procéder à son attribution. Le promoteur bénéficie d’un bail alors qu’aucun maire du Sé-négal ne peut délivrer ce document » a affirmé l’ancien maire à l’occasion d’une interpellation de la presse locale. . Il faut reconnaître que même si la mairie de Louga n’a pas pouvoir offi-ciellement de d’accorder un bail em-phytéotique sur un terrain relevant du domaine de l’Etat, elle a au moins joué un rôle de conseil auprès de la société Souris Immobiliers, ce qui du reste n’outrepasse aucunement ses préroga-tives premières qui sont d’inciter les promoteurs privés à investir dans l’es-pace communal. Pour cette raison, quand Maniang Faye déclare dans la presse locale : « Je pense objectivement que, même si le promoteur a avec lui un acte légal, il n’est pas légitime d’attribuer l’unique réserve foncière de 8 hectares à une seule personne. Elle risque de se heurter à la résistance des popula-tions. On lui attribue gratuitement un terrain qu’il peut revendre facilement à 3 milliards. Je suis entièrement d’ac-cord avec la position de l’actuel maire parce que nous avions identifié ce site pour abriter plusieurs projets de la municipalité. De ce fait, la Commis-sion de Contrôle des Opérations doma-niales devrait consulter la mairie avant de déclasser et d’attribuer le site », ce jugement devient très rapide-ment sujet à caution. En fait, c’est là que se trouve le noeud gordien du problème. La Commission de Contrôle des Opérations doma-niales n’aurait pu commettre un tel acte au mépris des mécanismes qui ré-glementent son fonctionnement. L’article 8 du Code de l’urbanisme dit dans ses alinéas 1, 2, 3 et 4 : « Les schémas d'urbanisme fixent les orien-tations fondamentales de l'aménage-ment des territoires intéressés, compte tenu de l'équilibre qu'il convient de préserver entre l'extension urbaine, l'exercice des activités agricoles, des autres activités économiques et la pré-servation des sites naturels. Les sché-mas d'urbanisme prennent en compte les programmes de l'Etat ainsi que ceux des collectivités locales et des éta-blissements et services publics ou pri-vés. Ils déterminent la destination générale des sols et, en tant que de be-soin, la nature et le tracé des grands équipements d'infrastructures, en par-ticulier des transports, la localisation des services et activités les plus impor-tantes ainsi que les zones préféren-tielles d'extension ou de rénovation. Les schémas d'urbanisme s'appliquent à des communes, à des communautés rurales, à un ensemble de communes et de communautés rurales ou de leurs parties.» Les autorités communales, à la lecture de ces dispositions, détiennent un droit de préemption sur les sols dans l’espace communal et aucune cession ne peut se faire sans leur aval. L’en-quête pour l’attribution du site n’au-rait jamais proposé un avis favorable si la mairie, à l’époque, s’était opposée à cette cession. En plus d’un rapport du cadastre, un procès-verbal du Conseil municipal de la Commune de Louga signé de la main du maire Ma-niang Faye existe dans le fond du dos-sier examiné par la Commission de Contrôle des Opérations domaniales et qui ont motivé son avis favorable. En fait, c’est sur la régularité de la procédure d’attribution que la Cour suprême s’est basée le 25 février 2011 pour annuler la décision portant rejet de la demande d’autorisation de construire que la nouvelle maire Mme Aminata Mbengue Ndiaye avait prise à l’encontre de Souris Immobilier. En fait, La SUARL Souris Immobilier s’est trouvée prise dans l’étau de que-relles politiques et chantages innom-mables. Il est de notoriété publique qu’un conseiller municipal a reçu du promoteur privé la somme de 15 mil-lions de francs qu’il est en train de rembourser sur injonction de Mme Aminata Mbengue Ndiaye. A Louga, les langues se délient sur les per-sonnes qui ont exigé des petits ca-deaux du promoteur privé. Il est légitime de se demander comment un conseiller municipal, auteur d’un tel acte de prévarication, peut-il encore lé-gitimement siéger au Conseil. Sa dé-mission devrait être exigée par le maire ou au moins par des membres du conseil municipal. Au lieu de cela, Mme Aminata Mbengue Ndiaye s’en est prise au promoteur, négligeant ainsi deux de ses devoirs fondamen-taux. Le premier qui est d’encourager les ressortissants Lougatois résidant à l’étranger d’investir et le second qui est de faire régner la probité et la transparence au sein du conseil qu’elle dirige. De tels manquements à la déontologie de l’élu local sont tout sim-plement impardonnables. A moins qu’il n’y ait d’autres dessous encore plus inavouables dans cette affaire. Elle montre bien les difficultés qu’éprouvent les promoteurs privés à investir dans la commune. Si a fortiori un Lougatois éprouve autant d’en-traves à investir dans sa propre ville natale, que dirait-on des étrangers. C’est toute la mentalité des autorités administratives déconcentrées et com-munales qu’il faut impérativement changer au risque de voir les capitaux déserter la commune. Cette affaire doit servir de leçon. AttriBUtiOn De LA BAnDe verte De ChAntAgeS LArvéS Le débat actuel sur l’attribution par les services de l’Etat à un promoteur privé d’une portion de la réserve foncière si-tuée sur la zone dite de la bande verte re-lève plus du règlement de comptes entre politiciens que d’une approche ration-nelle de la gestion de l’espace communal. Tout porte à croire que le promoteur privé en question, en l’occurrence la SUARL Souris Immobilier, est en train de faire les frais de querelles entre l’an-cienne et la nouvelle administration communale sur fond de tractations peu amènes et de chantages larvées.
  • 5. LA tripLe DiSqUALifiCAtiOn Les évènements du 23 juin sont les indices d’une mu-tation qualitative dans l’histoire politique du Sé-négal indépendant. Ce n’est peut-être pas pour la première fois que le Parlement défie l’exécutif dans notre pays. Durant la crise de 1962, les parlementaires, évacués de leur siège de l’actuelle Place Soweto par la gendarme-rie, s’étaient réunis au domicile du prési-dent de l’Assemblée nationale Lamine Guèye pour voter une motion de dé-fiance à l’encontre de Mamadou Dia, président du Conseil de gouvernement. Cet acte avait sonné le glas de la Pre-mière République et donné prétexte à la mise en place d’un présidentialisme sen-ghorien qui s’est éclairé lentement mais progressivement sous les coups de bu-toir de la nécessité. Pour retrouver une telle polarisation sur le Parlement réduit institutionnellement à la simple fonction de chambre d’enre-gistrement ou de caisse de résonnance, il a fallu attendre plus d’une trentaine d’an-nées. C’était en 1994. Le vote du Plan d’urgence Sakho-Loum, appliqué sur l’injonction impérative des institutions de Bretton-Woods, qui avait pour effet une diminution de 20% des salaires, de-vait ramener l’institution parlementaire à l’avant-scène de l’actualité. Ce fut une nuit mémorable où les syndicalistes avaient pris d’assaut la Place Soweto. La tension avait été à son extrême mais les députés de la majorité socialiste avaient tenu bon. Ils avaient respecté les consignes de vote de leur parti sauf quelques parlementaires syndicalistes qui avaient refusé de cautionner le plan. On ne saura jamais si cette fronde mimée ne fut qu’une simple comédie destinée à amuser la galerie. La grève générale qui s’en suivit malgré son succès populaire ne fut de nul effet sur l’application de cette politique de rigueur et la poursuite d’une politique de précarisation du tra-vailleur sénégalais. Cependant, toujours est-il que ce jour-là la Place Soweto fut le théâtre d’un face-à- face inédit entre le pouvoir et le peuple. La victoire du candidat de l’opposition à la présidentielle de 2000 trouve ses germes dans cette béance ouverte cette nuit entre les institutions qui fonction-naient sur les logiques externalisées du FMI et un corps social pris en étau entre la crise économique et la déliquescence du pouvoir des socialistes d’alors, décon-nectés des réalités. D’autres facteurs sont venus se sédimenter à cette césure entre les institutions et la société qui sont à verser dans l’explication de l’avènement de l’alternance. Parmi eux, il faut noter le processus de radicalisation démocra-tique de l’opposition qui a biffé la cou-pure traditionnelle entre la gauche et la droite et permis la constitution de fronts unitaires que ces socialistes taxaient de « contre-nature ». Les luttes de clans in-ternes, la perte d’homogénéité et les frac-tionnements qui ont vu surgir des flancs du Parti socialiste d’autres formations politiques ont accéléré son renvoi hors du pouvoir en 2000. Les évènements du 23 juin dernier sont à la fois la réitération des crises de 62 et de 94. Le frémissement prérévolution-naire porte en filigrane une défiance du Parlement à l’égard de l’exécutif. Le refus de voter le projet de loi instaurant un ticket à la prochaine élection présiden-tielle proposé par le Président de la Ré-publique a politiquement valeur de mo-tion de défiance même si la lettre du droit n’impose pas une démission du gouvernement. Sous d’autres cieux, un Premier ministre n’aurait jamais attendu d’être démis pour se retirer après une telle déconvenue. Le 23 juin consacre la disjonction de l’exécutif du corps social. Toute autre lecture de ces évènements serait erronée. Ayant pu constituer, à la faveur du boy-cott par l’opposition des dernières légis-latives, une chambre introuvable, politiquement scandaleuse d’abord au re-gard de la distorsion existant entre la réa-lité du corps social et sa représentation au niveau de l’Assemblée, ensuite du fait de la composition du Sénat dont la ma-jorité des membres ont été désignés par le Président de la République, le pouvoir n’a pas réussi à faire passer son texte. LOUGA INFOS – N°112 SEPTEMBRE 2011 DOSSiER L’idée saugrenue d’un référendum.C’est venu comme un che-veu dans la soupe. Alors que tout le monde exhorte le Conseil constitu-tionnel à prendre ses responsabilités, Sidy Lamine Niasse prend langue avec le ministre des Affaires étrangères Madické Niang et nous ressort l’idée d’un référendum sur la candidature de Me Abdoulaye Wade. Cette éventualité qui serait une présidentielle avant la lettre où le candidat Ab-doulaye Wade n’aurait aucun adversaire face à lui est une idée aussi sau-grenue qu’est douteuse l’intention de celui l’a émise. Sidy Lamine est un expert des positions équivoques. La versatilité, çà lui connaît. Alioune Tine récolte les coups et les bénéfices. Il a été bastonné par des milices lors de la journée du 23 juin. Mais Alioune Tine ne va pas s’en plaindre. Alors que son mou-vement avait été submergé par « Y’en a marre », le voilà qui reprend le devant de la scène. On sait Alioune Tine assez futé pour tirer les marrons du feu de cette bastonnade. Cela suf-fira- t-il pour faire de lui le candidat qu’il rêve d’être ? That’s the question ! CYAN MAG. JAUNE NOIR Un Sénégal nouveau est en train de naître. Le 23 juin, la rue a renvoyé tout le monde à ses pénates. Les institutions d’abord. Le Président de la République a été propre-ment disqualifié comme instance de gou-vernance. Le Parlement, mis en joue et sommé de respecter la volonté du peuple. Ensuite les Ordres. La classe politique ne pouvait que faire profil bas devant la rue, se prosternant à l’ultime seconde comme l’a fait le pouvoir, ou, jouant les chiffon-niers du soir dans les médias comme l’a fait l’opposition. Les guides religieux ont joué aux médecins après la mort, ce qui au-gure d’un processus de mise à l’écart de la religion dans les affaires religieuses. Quand la revendication de l’égalité sociale prend cette ampleur, c’est tous les ordres qui en reçoivent les contrecoups. LeS MUtAtiOnS DU 23 JUin DU préSiDent, De LA CLASSe pOLitiqUe et DeS reLigieUx Dossier réalisé par Moustapha Sarr DIAGNE
  • 6. Sans doute que l’institution parlementaire, malgré ses clôtures et sa capture par le principal parti au pouvoir, a été poreuse à la pression populaire. De peur d’entrer en collusion avec un « peuple » massé aux grilles de l’Assemblée, les parlementaires ont refusé de voter le texte. L’acte de retrait qui mit un terme à la séance ne fut que diplomatique. Ce ne fut pas seulement une reddition de l’exécutif. C’est le commencement d’une nouvelle ère qui sera ca-ractérisée par trois déterminants fondamentaux. Le premier réside dans le fait que l’échec du parti au pouvoir et son candidat annoncé de changer par un coup d’état institutionnel les règles du jeu du prochain scrutin présidentiel, entérine leur disqua-lification de fait. Le Parti démocratique sénégalais a perdu l’essentiel de sa base sociale, du fait de la répétition des scandales financiers comme « l’Af-faire de la mallette Segura », « l’Affaire de l’achat du terrain aux Almadies à un milliard et poussières », « les Révélations des audits de l’ARMPT », etc. Pas-sons sur le scandale à répétition des « Chantiers de Thiès » ou la nébuleuse du financement de l’OCI qui, le temps jouant, tendent à s’effacer de notre champ de vision. L’incapacité chronique du pou-voir à résoudre la question cruciale de l’électricité alors qu’il n’y a guère réjouissances et célébrations rythmaient le temps du pouvoir avec l’inauguration du monument de la Renaissance africaine ou l’or-ganisation du FESMAN, cette maladive inaptitude à déterminer des priorités, au détriment des popu-lations, ont valu à la personne du Président l’éva-nescence d’une sympathie populaire. La dérive monarchiste couronne cette désaffection avec l’oc-troi, comme un cadeau de Noël, à sa progéniture d’un ministère gigantesque aux contours découpés selon le bon vouloir de ce dernier. En quelques mois, le Président a tout perdu : sa crédibilité, sa popularité et… sa légitimité. Ses adversaires ont au-jourd’hui beau jeu de lui demander de retirer sa can-didature. Ultime geste qui lui reste à accomplir s’il veut encore conserver sa respectabilité. Quelle que puisse être la décision du Conseil constitutionnel sur cette question, le Président est aujourd’hui dis-qualifié pour diriger le pays. Le deuxième déterminant concerne une générali-sation de la disqualification qui atteint l’essentiel de la classe politique sénégalais. Le 19 mars 2011, le constat était clair que les manifestations organisées par des éléments extérieurs au corps politique avaient drainé bien plus de monde que celles des partis. Il est tout aussi significatif que ce soit les or-ganisations de la société civile qui ont pris en charge l’appel à la résistance du 23 juin. La plupart des lea-ders n’ont fait que de piètres tentatives de récupé-ration des bénéfices politiques de cette journée. L’exercice est devenu rituel. Les hommes politiques en sont réduits aujourd’hui à faire oeuvre de chif-fonniers pour tirer la couverture de leur côté. La religion est faite que les politiques sont au-jourd’hui hors jeu. La versatilité de leur discours que les radios se complaisent à mettre à jour en dif-fusant des propos antérieurs, le phénomène dit de la transhumance qui nous a fait voir de cocasses ap-paritions dans la salle du Conseil des ministres, les volte-face spectaculaires de ministres ou Premiers ministres défenestrés, une propension à jouer les caméléons, tout cela a été le ferment de la perte de crédibilité de la classe politique. A de rares excep-tions, pouvoir et opposition n’y échappent pas. Le 23 juin a été un véritable tsunami qui a tout ou presque emporté sur son passage. Les cris de vic-toire des politiques s’estomperont et leurs sourires narquois s’effaceront quand le temps nous aura permis de décrypter le sens profond des évène-ments du 23 juin. Le troisième déterminant concerne la classe mara-boutique. Elle a fait son apparition en début de soi-rée lors de cette journée du 23 juin. Alors que les comptes avaient déjà été réglés dans la rue. Excepté le chef de l’Eglise catholique qui avait très tôt lancé un cri d’alarme, tous les chefs religieux s‘étaient murés dans un silence profond. Leurs interven-tions, fort tardives, seront à ranger dans le même registre que celui des récupérateurs. Certes, ils ont fourni au Président de la République la perche qui lui a permis de ne pas perdre complètement la face. Mais d’ors et déjà, ils doivent savoir que leur in-fluence est en train de s’effilocher. Le 23 juin n’a fait que mettre en actes, au sens théâ-tral du terme, une dilution de l’influence des mara-bouts qui avait commencé depuis bien longtemps. Depuis le début du règne des petits fils dans les confréries sénégalaises s’est produit un élargisse-ment des grandes familles religieuses qui a pour conséquence une décentralisation des pôles d’at-traction des fidèles. Si au sein des confréries, tous s’accordent sur la centralité de la figure tutélaire du fondateur, des dissensions apparaissent souvent entre les branches familiales. L’apparition de cheikhs de nouveau type mobilisant plus que les hé-ritiers directs du fondateur a engendré une pertur-bation majeure dans l’ordonnancement de la dévotion. Tout cela a miné l’homogénéisation de l’ordre religieux maraboutique. Il s’y ajoute deux autres facteurs qui ont contribué à rétrécir la sphère d’influence du religieux. Le premier est la concur-rence larvée entre confréries et entre religions. In-nommable, inavouable, elle n’en détermine pas moins les actes posés par les chefs religieux. L’autre facteur est l’immixtion trop profonde des certains chefs religieux dans la politique ou - ce qui peut être la même chose – la convocation trop fréquente de la religion dans la sphère du politique. La confusion entre les instances du politique et du religieux fera, un jour, le lit de la mise en quarantaine des ordres religieux dans les affaires. Quand dans la marche d’une société, de tels phé-nomènes se produisent sous l’impulsion d’une dou-ble revendication à la fois de liberté et d’égalité sociale, ce sont tous les fondements du corps social qui sont ébranlés. Le 23 juin fut l’un de ces mo-ments privilégiés. La remise en question populaire n’a rien épargné ni personne. C’est d’abord l’illégi-timité du dispositif institutionnel et de son fonc-tionnement qui a été décrétée par la rue. C’est ensuite la disqualification du pouvoir en place et, par un phénomène d’amplification, de toute la classe politique à tenir le gouvernail du pays qui a été rendu audible par la clameur populaire. En écho, on entendait une mise en quarantaine de la classe maraboutique. Quand la revendication de l’égalité sociale prend cette ampleur, c’est tous les ordres qui en reçoivent les contrecoups. Aussi bien les politiques et que les religieux. LOUGA INFOS – N°112 SEPTEMBRE 2011 DOSSier La mort du Ndiguel politique. La remise en question des ordres entraine la mort du ndiguel politique électoral. Cette évi-dence a été notée par Chérif Bakhaya Aïdara, haut dignitaire de la communauté khadriya, qui revenait d’une cérémonie d’hommage au lieu saint de Nimzath en Mauritanie. Pour lui, le ndiguel politique n’a plus de sens et les religieux doivent être à équidistance entre les acteurs politiques. Une position novatrice qui mérite qu’on y réflé-chisse un peu plus. La révolution citoyenne. Le concept est nouveau. C’est avec l’alternance que les Sénégalais ont vraiment découvert les vertus de la citoyenneté. Ce rapport à l’Etat sans intermédiation est inédit au Sé-négal. Une révolution silencieuse s’est opérée au cours de ces der-nières années dans la conscience collective. C’est toute l’opérationnalité de la politique qui s’en trouve modifiée. Le vote n’est devenu un acte individuel par excellence et le déclin des « grands élec-teurs » est inscrit en filigrane dans les actes de protestation populaire. Un Sénégal nouveau est en train de naître. Le 23 juin en donnait les prémices.
  • 7. Escapade en terre de servitude volontaire LOUGA INFOS – N°112 SEPTEMBRE 2011 DOSSier Le M 23. Du M 23, on pense que c’est une nébuleuse, un conglomérat d’organisations de la société civile et de partis politiques. Ce qu’on ne dit pas vraiment, c’est que ce mouvement, rien que par son existence, établit une hiérarchie entre les organisations qui la composent. Aujourd’hui, les partis politiques sont à la remorque des organisations de la société civile. Et parmi celles-ci, les mouvements qui se sont formés spontanément comme « y’en a marre » occupent le haut du pavé. De l’histoire, on a ap-prend que c’est en marchant que l’on prouve le mouvement. Les jeunes ont mis la contestation en acte. Il leur faut maintenant l’organiser. « Y’en a marre » a de l’avenir devant soi. La concentration excessive des pouvoirs à la prési-dence et une parcimo-nieuse redistribution des prérogatives de la gestion des affaires de l’Etat entre les mains de quelques individus, ne devant ce privi-lège qu’à une proximité du locataire du palais ou aux hasards des attirances sym-pathiques, a produit un césarisme de mauvais aloi dans la République. Ce trauma est d’autant plus pernicieux qu’une culture de servitude volontaire s’est insidieusement incrustée dans les esprits. Une sorte d’avilissement moral et d’amollissement de la volonté qui a frappé les organes les plus essentiels du corps social. Ce lymphatisme singularise l’appareil ju-diciaire où une cécité circonstancielle est toujours de mise quand les jugements peuvent déplaire en haut lieu. Les dos-siers sont laissés à l’entretien sélectif de la mémoire qui, comme disait Birago Diop, ne rapporte que le fagot qui lui plaît quand elle va chercher du bois mort. Chez le personnel parlementaire, l’indolence a toujours été de rigueur. De tout temps, dans tous les régimes. Mais la courbure de l’échine n’a jamais été au-tant pratiquée que sous cette législature. Dans l’aplatissement, les records ont été battus. Et de loin. Cet amollissement de la volonté retrouve aussi au sein d’une grande partie de l’élite politique qui a laissé l’initiative à la jachère pour se com-plaire des délices et de la paisibilité de l’irrésolution qu’induisent la guidance servile. Quelques années ont suffi pour que cette mentalité de la sujétion s’en-fouisse dans les replis les plus profonds de leur inconscient. Le paroxysme est perceptible quand, jouant aux sophistes de saison, quelques individus s’offrent la délicate corvée de la théoriser dans une vulgate digne d’un charretier. Nous avons alors eu droit à la réduction des hommes, de tous et de toutes, au rang de simples« variables ». La seule constante est la personne du César qui, du haut d’une hautaine sou-veraineté, se joue des destins comme un Dieu spinoziste s’amuserait du spectacle du monde. Sous le régime des socialistes, on avait connu l’allégorie du « maître du jeu » qu'avait mise au goût du jour un in-tellectuel collectif socialiste qui peinait à penser une atmosphère de fin de règne et les balancements d’un pouvoir aux al-lures de girouette qui ne prenait que la direction que les vents de circonstance voulaient lui indiquer. Ceux du change-ment finirent par lui indiquer la porte de sortie démontrant la vanité d’une maî-trise qui n’avait d’existence que dans un discours idéologique. Avec les libéraux, le ravalement de la pensée est tel qu’il de-vient interdit de réfléchir. Penser est de-venu crime de lèse-majesté. Puisque la variable n’a point la dignité de l’initiative. On nous dit que nous sommes dans une démocratie, que l’alternance de 2000 a été un point d’orgue dans la montée en gamme du processus démocratique. On oublie que pour faire une société démo-cratique, il faut des hommes libres. Pour faire une société libre, il faut une équité, une égalité sociale qui permet à tous les citoyens d’accéder aux dignités que leur permettent de conquérir leurs compé-tences. Depuis la césure produite par l’al-ternance, la société sénégalaise se meut dans l’antithèse de cette assertion. La dé-mocratie marche à rebours. Le premier geste dans la transmutation des moeurs fut l’adoption presque à l’unanimité lors d’un référendum d’un présidentialisme exacerbé. Avec la dis-tance que procure le temps et à la faveur de la révélation à la lumière du dessein caché dans les blancs de ce projet de constitution, on se rend compte que ce geste avait été décisif. On avait fait un ré-férendum pour se priver à jamais d’en re-faire. Ont suivi alors les modifications ubuesques de la Constitution que nous avons connues. Au mépris de l’esprit des lois en République, la Constitution a sta-tut de brouillon, vulgaire bout de papier que l’on triture à volonté. Elle ne res-semble Un conseil constitutionnel qui devra prendre ses res-ponsabilités. La question de la recevabilité de la candidature de Me Wade est entre les mains du Conseil constitutionnel. On se rappelle que ce conseil avait été instauré en remplacement de la Cour Suprême parce que le président Diouf ne faisait pas confiance en son dernier président Hassane Bas-sirou. Le Conseil Constitutionnel est donc congénitalement appelé à avoir des positions favorables au régime. Mais les conditions ont changé et les sages devront prendre leurs responsabilités et non pas se défausser comme l’avait fait Kéba Mbaye au moment de proclamer les résultats des élections de 93. même plus à rien tant elle a été raturée et griffonnée. Le dernier scandale en la matière est l’instauration d’un ticket à l’élection présidentielle. On ne sait et ne saurait deviner pour quelle raison, en vue de quel subterfuge, cette nouvelle disposition devrait être introduite dans la Constitution. On sait tout simplement que c’est juste de la volonté de l’Unique, de l’Etre Suprême. Robespierre avait pris le soin de le placer hors du genre hu-main. Les libéraux au pouvoir ont réussi la prouesse de lui voler ses attributs et de les confier à leur guide. Dans une telle atmosphère de surréalisme institutionnel combinée à une évanescence progressive de l’égalité sociale incarnée par l’appari-tion sur la scène politique d’une classe de citoyens, hissée au-dessus du commun, par leur faculté à obéir, par cette prodi-gieuse faculté à se vautrer dans la sujé-tion, le cours monarchiste est en train de prendre tournure. La sujétion à la Constante, à l’Unique trouve sa perfec-tion dans une extension à son engeance. Le pays se meurt dans la dévotion. Et le plaisir du César se trouve dans la contemplation de cette grande fresque de l’adoration où de piteuses figures ri-valisent d’ingéniosité dans l’abaissement pour attirer son regard. Et encore, cet étalage de gueuserie ne le satisfait point. Il lui faut, suprême humiliation pour nos nobles âmes, indépassable dépravation des moeurs, il faut à ce César la curée. Elle est presque indescriptible la ruée vers les richesses, vers les terres, les mai-sons, les bijoux, l’argent et les factices honneurs. Hommes et femmes s’inju-rient, s’entredéchirent, s’étripent. La mal-séance est dans une parfaite mise en scène dans la République. Est-il nécessaire de convoquer quelqu’un d’autre pour faire apprécier au lecteur l’état de déchéance démocratique dans la-quelle le Sénégal se trouve aujourd’hui. L’acte serait futile puisque la réalité est si éloquente qu’elle surpasserait l’imagina-tion du plus fantaisiste des observateurs qui se serait permis à l’orée de l’alternance de faire une description du Sénégal de 2011. Il faut aller chercher loin, très loin pour dénicher une béquille à servir au lec-teur. Nous l’avons débusquée dans un vieux texte, un texte de Tocqueville, qui pourrait faire office de grimoire pour la démocratie, dans lequel il parle des tyrans. Il y est écrit : « Chacun d’eux, retiré à l’écart et comme étranger à la destinée de tous les autres ; ses enfants et ses amis particuliers forment pour lui l’espèce humaine ; quant au demeurant de ses concitoyens, il est à côté d’eux, mais il ne les voit pas ; il les touche et il ne les sent pas ; il n’existe qu’en lui-même et pour lui seul, et, s’il lui reste encore une famille, on peut dire du moins qu’il n’a plus de patrie. Au dessus de ceux-là s’élève un pouvoir immense et tutélaire qui se charge seul d’assurer leur existence et de veiller sur leur sort ; il est absolu, détaillé, prévoyant et doux. Il ressemblerait à la puissance pater-nelle si, comme elle, elle avait pour objet de préparer les hommes à l’âge viril ; mais il ne cherche au contraire qu’à les fixer irrévoca-blement dans l’enfance ; il aime que les ci-toyens se réjouissent pourvu qu’ils ne songent qu’à se réjouir ; il travaille volontiers à leur bonheur, mais il veut en être l’unique agent et le seul arbitre ; il pourvoit à leur sécurité, prévoit et assure leurs besoins, facilite leurs plaisirs, conduit leurs principales affaires, di-rige leur industrie, règle leurs successions, di-vise leurs héritages : que ne peut-il leur ôter entièrement le trouble de penser et la peine de vivre ». La citation est longue mais elle en valait la peine. On jurerait que Tocqueville en rêve a, un jour, fait une escale au Séné-gal en 2011. Une si parfaite coïncidence avec la réalité ne peut être fortuite. Parce que tout simplement nous vivons dans la parfaite caricature d’une démocratie qui a mal tourné. Pour remettre les choses à l’endroit, et soigner cette corruption du corps social, il faudrait que la prochaine présidentielle se joue sur le registre de la restauration des moeurs. Là et uniquement sur ce plan se trouvera le salut de la nation. le seNeGal sOus WaDe Le Sénégal offre aujourd’hui le désolant spectacle d’une société traumatisée par l’exercice d’une gouvernance ou-trancièrement piratée par la politique politicienne. Pour remettre les choses à l’endroit, et soigner cette corruption du corps social, il faudrait que la prochaine présidentielle se joue sur le registre de la restauration des moeurs. Là et uniquement sur ce plan se trouvera le salut de la nation.
  • 8. PResiDeNTielle 2012 De l’encombrement humain sur la scène LOUGA INFOS – N°112 SEPTEMBRE 2011 DOSSier Les constitutionnalistes s’accordent tous à reconnaître qu’il n’existe pas de supériorité de fait d’un régime sur l’autre. Tous les deux peuvent donner lieu à des dérives. Un parle-mentarisme débridé avec une assemblée à la pro-portionnelle intégrale peut être vecteur d’une instabilité chronique. Il fait le lit des régimes de partis où les minorités influent beaucoup sur le jeu politique. Le cas de la Quatrième République française est souvent cité en exemple. Malgré la qualité d’hommes politiques d’une envergure po-litique exceptionnelle comme Pierre Mendes France, Maurice Thorez ou Vincent Auriol, cette République, formatée pour empêcher le Parti communiste français de tenir les rênes du pouvoir exécutif, fut celle des guerres coloniales et des politiques ultra-marines d’arrière-garde. Le dé-tour, par l’ex métropole n’est que pour montrer, contrairement à ce qui est généralement admis, que les travers d’un parlementarisme radical ne se limitent pas seulement à l’instabilité qui lui est constamment accolée. Le parlementarisme est le moyen le plus efficace pour les partis minoritaires de faire exécuter leur dessein politique. L’Europe d’aujourd’hui nous en fournit un exemple élo-quent. C’est dans les pays à régime parlementaire comme la Suisse ou l’Autriche que la montée de l’extrémisme de droite a été corollaire d’une ra-dicalisation des politiques discriminatoires contre les immigrés et les étrangers. Autre exemple : la grande influence qu’exerce le courant religieux pourtant très minoritaire sur la politique du gou-vernement israélien n’est que le fait d’un parle-mentarisme dont l’impact se traduit toujours par une radicalisation vers les extrêmes. Dans notre pays, comme on s’en rend compte, les principaux tenants du parlementarisme sont les petits partis. Ils ont, pour la plupart, une certaine légitimité historique pour avoir vu le jour sous la clandestinité. Les plus fervents partisans de cette thèses sont la Ligue démocratique, le PIT, les ailes soi-disant authentiques d’And Jëf, les divers restes du RND plus quelques partis « minuscu-laires » dont on connaît pour militants que le lea-der ou son second qui squattent les salles de rédaction et les plateaux de télé. Ce sont des or-ganisations généralement structurées sur le mode du centralisme démocratique avec des systèmes très resserrés de l’encadrement des militants. Ha-bitués à l’entrisme dans les syndicats, à la mani-pulation des assemblées générales, aux synthèses déformées, ces partis sont de véritables appareils de détournement d’objectifs politiques. Ils n’ont jamais pu conquérir une assise populaire et donc ne trouvent grâce que dans les coalitions où elles viennent avec comme finalité d’embrigader les autres. L’exemple type de genre de regroupement fut la Coalition 2000 qui avait soutenu la candi-dature de Me Abdoulaye Wade. Dans le pro-gramme, ces partis avaient fait accepter au PDS l’inscription dans un programme de gouverne-ment l’adoption du régime parlementaire. On sait ce qu’il est devenu de cette promesse. Si tôt élu, le Président Wade l’a jetée aux orties faisant une constitution par référendum une constitution hyper présidentialiste que ces formations poli-tiques, à part le PIT, ont approuvée. Ce sont exac-tement les mêmes partis politiques qui reviennent, par le truchement des assises natio-nales, pour exiger un parlementarisme, juste quelques années après avoir cautionné un régime présidentiel. Si les assises nationales valent ce qu’ils valent parce que d’éminents sénégalais ont participé à l’élaboration de ses conclusions, il convient de passer au crible de la critique ses pro-positions et d’en extirper les scories tel que ce parlementarisme qui ne convient qu’aux partis marginalisés par les consultations électorales et qui cherchent par des voies détournées à se repo-sitionner sur la scène politique. Très souvent, c’est par le moyen du chantage dans le procès de constitution des majorités qu’ils interviennent. Imaginons quelle serait leur marge de manoeuvre dans un régime parlementaire surtout si l’on sait que la plupart de ces partis sont de grands adeptes des allers et retours entre le pouvoir et l’opposi-tion. Ils ont l’enjambement facile de cette ligne rouge qui devrait délimiter les clivages entre une majorité et une opposition. Un parlementarisme instauré sous leur égide serait la porte ouverte aux pratiques opportunistes, un tapis rouge pour les maîtres chanteurs et un pas de plus vers la déli-quescence des moeurs, déjà peu reluisantes, de la classe politique. Cependant, on comprend bien que les Sénégalais puissent avoir un regard de défiance par rapport au régime présidentiel. Près d’une dizaine d’an-nées d’exercice d’un présidentialisme exacerbé sous l’ère libérale ont fini par les dégouter de ce mode de gouvernement. Ils ont envie de voir les pouvoirs du Président de la République balisés. Ils veulent que « le pouvoir limite le pouvoir ». Ils ne veulent plus être les jouets d’une sorte de Deus Ex Machina qui peut se donner le luxe de modifier à sa guise les circonstances et les condi-tions de leur existence. Plus de blanc-seing, di-sent- ils. Certains acteurs de la classe politique ne l’entendent pas ainsi. Parmi eux, les anciens Pre-miers ministres. On peut citer Moustapha Niasse, Idrissa Seck, Macky Sall. Pour avoir ressenti dans leur chair les frustrations inhérentes à la condition de Premier ministre sous l’alternance, ces anciens vizirs rêvent tous de détenir un jour cette liberté de mouvement que confère le statut de Président de la République. Leur sortie des cercles du pouvoir a provoqué chez eux une sorte de rébellion. Ils ont créé leur parti politique pour revenir dans le jeu. Après avoir été Premier mi-nistre, aucune autre fonction n’est digne d’être assumée à leurs yeux que celle de Président de la République. Ces anciens Premiers ministres ne seront jamais pour une modification du régime. D’ailleurs, ils éludent souvent la question et pré-fèrent ne pas l’aborder de front. Pour être juste, il faudra ajouter dans le lot Ousmane Tanor Dieng qui a, sous l’ère socialiste, occupé une position très particulière dans le régime. Mamadou Loum fut le Premier ministre par procuration qu’il avait choisi. On se souvient du jour où l’on annonçait la nomination de Loum. Le décret nommant Ous-mane Tanor Dieng était déjà paru. Au moment où Mamadou Loum se présentait aux journalistes en qualité de Premier ministre, Ousmane Tanor Dieng était debout un palier supérieur à celui se tenait Loum sur l’escalier qui mène aux apparte-ments du Président de la République. Ce ne serait que justice donc d’assimiler le Premier secrétaire des socialistes à la liste des anciens Premiers mi-nistres. Il est évident que si un jour, ces personnes parviennent au pouvoir, il n’est pas évident qu’elles vont changer le régime. Tout au plus pourrait-on espérer de la part de Moustapha Niasse, Ousmane Tanor Dieng ou Macky Sall une certaine humilité et un exercice plus pondéré des pouvoirs du Président de la République. Des au-tres, Dieu seul sait ce qu’ils feront. Mais, on le sait ! il ne faut point compter sur la tempérance des hommes pour espérer avoir une stabilité institutionnelle. Les promesses des hommes politiques ne valent que pour ceux qui y croient. L’expérience le prouve éloquemment. Il faudra alors que la prochaine présidentielle soit l’occasion du débat public sur le meilleur régime pour équilibrer les pouvoirs, préserver la stabilité des institutions et brider les pratiques peu orthodoxes d’une classe politique aux écus-sons écornés. ReGiMe PResiDeNTiel Ou PaRleMeNTaiRe pourquoi devrait-on brider les pratiques peu orthodoxes de la classe politique A la veille de chaque élection présidentielle, la question resur-git inévitablement dans le débat cité politique. Faudrait-il au Sénégal un régime présidentiel, le seul qui, selon les adeptes de cette thèse, pourrait permettre à un chef de l’Etat élu au suf-frage universel de disposer de tous les moyens pour définir des orientations politiques et les appliquer ? Ou, au contraire, de-vrait- on opter pour un régime parlementaire avec un Premier ministre recevant son adoubement de la représentation natio-nale devant qui elle serait responsable ? Exposée dans une di-mension purement théorique, ces questions suscitent toujours des réponses à la normande. C’est peut-être une des tares de notre système démocratique. Le pli est pris à chaque scrutin présidentiel d’enregistrer un certain nombre de candidatures fantaisistes. A la dernière élection de 2007, la majeure partie des candidats était sortie de nulle part. On a souffert le martyre face aux histrions et aux saltim-banques venus juste pour jouer leur partition de figurant sur la scène politique. On s’est payé la candidature d’un organisateur de combats de lutte qui, confondant la popularité de ce sport avec son aura personnelle, a failli faire tourner au burlesque notre élection présidentielle. La justice étant immanente et la vérité finissant toujours par sortir du puits, le candidat « aux mains blanches » s’était révélé délinquant notoire qui a fini par prendre le large pour échapper à l’épée de Damoclès de Dame justice. On a aussi eu notre lot d’illusionnés qui pensaient, parce que quelque part dans nos voisinages un candidat de la société civile avait remporté une présidentielle, qu’il fallait juste se mettre sous l’égide d’une telle appellation pour réussir le hold up politique parfait. Une candidature à la présidentielle, on le sait, est un puissant moyen de promotion. Beaucoup de gens sacrifient à ce rituel pour avoir une ligne de plus sur leur carte de visite, surtout si ces personnes ambitionnent d’amorcer une carrière internationale. En 2007, on ne s’est pas plaint d’avoir échappé à des « Lech Walesa » tropicalisés qui avaient faussement établi l’équivalence entre leur propre popularité avec le succès de quelques journées mortes organisées à l’occasion de la mise du Plan de rigueur budgétaire du couple Sakho-Loum ou de trois journées mémora-bles de grève où l’Etat avait été pris en otage par un syndicat. On le sait aussi, un soutien au second tour se monnaie très cher. Quelques candidats aux scores électoraux lilliputiens ont bien gagné au change. Leur soutien leur a valu non point une mais des ou plusieurs sinécures. Certainement que cet exemple avaient inspiré beaucoup de candidats en 2007. La conviction serait légitimement faite que cet exemple inspire encore aujourd’hui. .Certains candidats s’engagent dans la bataille électorale comme on ferait un investissement en affaires. Les quelques millions déposés à titre de caution seraient rendus au multiple à deux chiffres, une fois bien serrée la négociation du soutien à un candidat presque sûr de gagner au deuxième tour serait bien. Sinon comment expliquer que quelqu’un qui ne parvient même pas à mobiliser au-delà de son quartier lors des dernières élections locales puisse prétendre se présenter à la présidentielle. Comment est-ce que quelqu’un qui ne peut même pas gérer une fédération sportive parmi les moindres en audience et en importance, peut-il oser venir nous demander de voter pour lui ? Il faut être clown ou fou pour avoir culot de ces personnes ! Si encore, ils avaient eu le sens de la satyre d’un Coluche dont la fausse candidature en 81 à la présidentielle avait été la plus acerbe critique contre le système français, on aurait compris. Mais ce n’est pas le cas. Ces gens y croient et croient qu’ils sont plus malins que tout le monde. Et qu’ils peuvent se jouer du peuple pour se positionner dans la société. Il y a de ces candidatures à la présidentielle qui ne sont que de l’encombrement humain. Il faudra un jour trouver un système de récurage des coulisses de la compétition en vue de la pré-sidentielle pour nous préserver du cirque auquel on est en train d’assister. Non pas qu’il faille adopter à un système censitaire qui ne permettrait qu’aux riches de se présenter mais trouver en toute bonne foi une solution pour éviter cette comédie. L’augmentation de la caution à 65 millions est un faux remède d’autant plus dangereux qu’elle va pousser certains candidats à nouer des alliances douteuses avec des fi-nanciers peu recommandables. L’échéance électorale ne doit pas aussi être l’occasion de prendre des revanches personnelles. La remarque vaut aussi bien pour les candidats indépendants que pour ceux qui sont investis par les partis politiques. Bon nombre de candidats ne le sont que par le dépit qu’ils éprouvent pour quelque autorité. On a beau jouer au petit seigneur dans quelque organisme international dont, du reste, l’inefficience a été mis au jour, on ne peut, soit parce qu’on a perdu cette planque, soit qu’on a acquis une certaine notoriété inter-nationale, estimer que le maroquin de Président de la République est le seul qui vous sied. Le statut de candidat à la Présidence doit se mériter. Et le fauteuil de l’Avenue Senghor ne peut être un siège de re-change. La vocation de candidat ne peut s’acquérir parce qu’on s’est miré le matin et qu’on y pense chaque fois qu’on se rase mais cette vocation doit naître chez celui qui est digne parce qu’il a longuement réfléchi, qu’il a regardé comment vit ce peuple et qu’il est prêt à se mettre à son service. Ce n’est pas ceux qui avaient imposé des plans drastiques dont l’inanité est aujourd’hui prouvée, ce n’est pas ceux qui agissaient sous les injonctions des institutions de Bretton-Woods et qui nous imposaient des retraits intenables sur nos revenus qui doivent aujourd’hui venir nous seriner de beaux discours. Il fait de la décence pour être candidat et un peu d’humilité pour ne pas obstruer le chemin pour ceux qui ont du mérite à revendre. A bon entendeur, salut !
  • 9. CONQueTe Du POuVOiR Pourquoi le débat économique est prioritaire Au Sénégal, l’alternance politique réalisée en mars 2000 portait la marque d’une jeunesse désem-parée en quête d’emplois que le candidat WADE les promettait gracieusement. De même que les manifesta-tions du 23 juin 2011 sont l’oeuvre d’un peuple trahi, toujours confronté à un chômage endé-mique. Le chômage et l’inflation, ennemis jurés du pouvoir d’achat, sont des fléaux décriés dans tous les pays du monde actuellement. Ils font, en ce moment, l’actualité dans des pays puis-sants tels que les Etats-Unis, la France, l’Alle-magne ou l’Italie. Devant cette situation, aggravée dans les pays sous développés par le manque d’infrastructures et la pauvreté, il est unanimement reconnu que les solutions passent d’abord par la croissance économique et la ré-partition des richesses. Quand l’économie va, même la délinquance et le banditisme (polluant la qualité de la vie) qui s’explique en partie par l’inaccessibilité de certaines masses aux ri-chesses, peuvent être combattus avec une bonne politique de répartition, qui viendra en même temps juguler la pauvreté. C’est pourquoi, dans la compétition pour l’exercice du pouvoir, on peut déclarer sans se tromper que l’économie est un sujet prioritaire. Cela reste, tout de même, l’avis de l’écono-miste, puisque le sociologue non convaincu peut vouloir mettre l’accent sur l’importance des relations sociales, des moeurs et des valeurs. De cette polysémie jaillit une possibilité de pré-cision : les économistes campent le débat sur le développement en considérant que celui-ci, n’est pas seulement expliqué par l’abondance en termes financiers et matériels. C’est pour-quoi, la définition du développement par l’in-termédiaire du Produit National Brut (PNB) par tête d’habitant, qui a prévalu jusqu’au milieu des années 90, a été progressivement abandon-née. On considérait, suivant cette logique, que les pays ayant un PNB par tête supérieur ou égal à 25 000 US$ sont développés. Néan-moins, il a été remarqué que des pays comme le Gabon, la Lybie, le Qatar ou l’Arabie dépas-saient ces niveaux de PNB par tête, mais ne pouvaient pas être considérés comme pays dé-veloppés. Dans ce 20ème siècle, il est de plus en plus théorisé une nouvelle définition révolu-tionnaire qui est venue intégrer la qualité de la vie, la stabilité ou la bonne gouvernance. D’ail-leurs, dans certains pays développés, à la place du Produit Intérieur Brut, on théorise de plus en plus le Bonheur Intérieur Brut (BIP). Cer-tains pays comme la Suède s’illustrent égale-ment dans la prise en compte des impacts environnementaux dans le calcul des créations réelles de richesses. Selon les économistes, la croissance écono-mique, aussi forte soit-elle, n’est pas suffisante pour qu’on parle de développement. Elle doit s’accompagner de changements mentaux et so-ciaux favorables à l’épanouissement collectif, sans inégalités sociales. C’est sous cet angle que les critiques formulées à l’égard du néoca-pitalisme s’avèrent difficiles à réfuter, mail il importe de préciser que ce débat idéologique n’est pas l’objet de cet article. Parallèlement, l’aspiration des peuples à la démocratie est une autre donne qui corrobore la prééminence de l’économie sur tous les autres domaines de la vie des sociétés. Les économistes sont généra-lement d’avis que la démocratie ne peut se consolider dans des conditions de dénuement profond, comme c’est le cas dans nos pays. Ceci donne une bonne idée de la fragilité de la jeune démocratie sénégalaise, relativement aux médiocres résultats glanés sur le plan écono-mique au bout de la décennie 2000-2011. Cer-tains grands économistes ont émis des avis concordants sur ce sujet du développement et de la démocratie. Barro (2000) a dressé un bilan des interactions entre le développement écono-mique et le développement de la démocratie. Mais ce débat doit tenir compte de phénomènes très complexes, comme les bons résultats éco-nomiques constatés chez certains régimes au-toritaires tels que la Chine. Toutefois, à partir d’un comparatif Inde/Chine, Amartya Sen (Prix Nobel d’économie en 1998), a aussi expliqué que la démocratie est surtout importante dans les moments difficiles. Dans ses travaux, il a argué que l’Inde s’est tiré plus facilement des famines que la Chine qui a connu encore au début des années 1960 une grande famine ayant fait 30 millions de morts. Mais tous ces grands économistes reconnaissent que devant un afflux de richesses, se pose le problème d’une bonne gestion aussi bien dans un régime de démocra-tie que dans un régime autoritaire. En tout cas selon Barro « des accroissements du niveau de vie tendent à engendrer un accroissement pro-gressif de la démocratie. A l’opposé, les démo-craties qui se sont érigées sans développement économique antérieur se révèlent fragiles. Par Mounirou NDIAYE LOUGA INFOS – N°112 SEPTEMBRE 2011 economie Comme le rappelle souvent le Pr Moustapha KASSE, l’économie est la sphère dé-terminante en dernière instance. Autrement dit, les solutions aux problèmes d’un pays doivent être inéluctablement accompagnées d’une bonne dynamique écono-mique. Les gouvernements, en Afrique plus particulièrement, s’évertuent à résou-dre quatre problèmes fondamentaux et prioritaires : le chômage, la pauvreté, le manque d’infrastructures et la faiblesse du pouvoir d’achat qui renvoie au taux d’inflation. D’ailleurs, dans son dernier essai publié en 2005, l’économiste améri-cain John Kenneth Galbraith (décédé en 2006 à 94 ans) écrivait que les deux problèmes fondamentaux auxquels l’humanité va être confrontée dans ce 20ème siècle s’appellent Inflation et chômage.
  • 10. « Au Sénégal, plus de 18% des femmes sont infectées par le virus hpv RESP0NSABLE du cancer du col de l’utérus » LOUGA INFOS – N°112 SEPTEMBRE 2011 Santé Louga Infos : Professeur, pouvez-vous nous parler des données épidémiolo-giques du cancer du col de l’utérus au Sé-négal ? Pr Mamadou Diop : Le cancer du col de l'utérus est consécutif à l'infection persis-tante par le virus du papillome humain (HPV). Au Sénégal, avec 1.197 nouveaux cas esti-més en 2008, le cancer du col de l'utérus se situe au 1er rang en termes de fréquence tout sexe confondu. 4 femmes sur 5 sexuellement actives risquent d’être infectées au cours de leur vie. Dans la plupart des cas, ce virus dis-paraît naturellement, mais pour certaines, il reste dans le col et il s’attaque aux cellules saines. Les papillomavirus sont très répandus, très contagieux et ils se transmettent par contact sexuel. Cette infection passe souvent inaper-çue car le virus est éliminé chez la plupart des femmes sans avoir donné lieu à des symptômes particuliers. Cependant, certains types de papillomavirus s’installent de façon permanente au niveau du col de l’utérus. Ils peuvent alors transformer, de manière très lente, les cellules normales en cellules cancé-reuses. C’est une maladie silencieuse qui ne s’accompagne pas de symptômes aux stades précoces. Les femmes âgées de 50 ans sont particu-lièrement touchées. Ces cancers restent rela-tivement très rares avant 25 ans et ils devien-nent plus fréquents dès la trentaine. Ainsi, 40% des femmes atteintes ont entre 35 et 54 ans. Au Sénégal, plus de 18% des femmes sont infectés par le papillomavirus (HPV). A défaut d’un programme national orga-nisé de dépistage et à cause d’une consulta-tion tardive, la mortalité est très élevée aux alentours de 70 %. Quels sont les principaux facteurs de risque de cette affection ? Le virus du papillome humain (HPV) est à l'origine du cancer du col de l'utérus. Il en existe de nombreux types, mais ce sont plus particulièrement les sérotypes 16 et 18 qui sont en cause. Au Sénégal, les sérotypes 16, 58 et 18 sont respectivement les plus fré-quents. La contamination s'effectue à l'occa-sion de rapports sexuels non protégés. Elle est très fréquente puisqu'on estime que 70 % des personnes qui ont une activité sexuelle sont en contact avec le virus. Dans l'extrême majorité des cas, le système immunitaire par-vient à contrôler spontanément l'infection vi-rale (contre laquelle il n'existe pas de traitement médical efficace) et à l'éliminer. Seules 1 à 2 % des femmes contaminées par le virus vont développer un cancer du col de l'utérus. D'autres facteurs de risque en rapport avec cette contamination ont été identifiés. Ils in-terviennent également dans l’apparition de la maladie telle que la précocité des rapports sexuels et la multiplicité des partenaires, le tabagisme, la contraception, les grossesses et accouchements et d’autres infections sexuel-lement transmissibles. Quels sont les symptômes de ce type de cancer et comment se manifestent-ils ? Il n’y a pas de symptômes perceptibles aux stades précoces. Les symptômes peuvent apparaître sous la forme de saignements pro-voqués lors des rapports ou de la toilette, de saignements spontanés, de pertes, de dou-leurs pelviennes Plus tardivement, on peut observer des pertes de sang entre les règles, après la ménopause ou après les relations sexuelles. Des pertes blanches indolores sont parfois associées. L'examen clinique permet d'évaluer l'ex-tension locale et régionale. L'imagerie est es-sentielle, notamment le scanner ou l'IRM abdominale. Une échographie peut égale-ment être pratiquée. Le dosage sanguin de la créatinine permet d'évaluer un éventuel re-tentissement de la maladie sur les reins, ce qui témoignerait d'une maladie déjà avancée. Quels sont les modes de traitement ? Les modalités de traitement dépendent du stade de la maladie. Les stades précoces re-lèvent de la chirurgie. La «conisation» permet de n'enlever qu'une partie du col de l'utérus. Mais le chirurgien est parfois obligé de pra-tiquer une hystérectomie qui est un est un acte chirurgical qui consiste à enlever tout ou partie de l'utérus. Celle-ci s'accompagne ha-bituellement d'un contrôle, voire de l'ablation des ganglions loco-régionaux. Les stades plus avancés relèvent de l'asso-ciation de la radiothérapie et de la chimiothé-rapie. Est-il possible de prévenir ce type de cancer ? Le dépistage repose sur la pratique régu-lière d'un frottis qui, en prélevant des cel-lules du col, permet leur analyse au microscope. L'examen direct du col (colpo-scopie) permet également de mettre directe-ment en évidence des lésions suspectes. Mais seule l'analyse au microscope de ces lésions prélevées permet d'affirmer le diagnostic en constatant la présence de cellules cancé-reuses. On préconise un premier frottis vers 25 ans et, en l’absence d’anomalies, tous les 3 ans jusque 65 ans. Malheureusement, 7O à 8O% des femmes arrivent en consultation à un stade avancé de la maladie. Au Sénégal comme dans les pays pauvres, le test de détection de l’ADN du virus HPV à moindre coût suivi d’un traitement immé-diat par la cryothérapie chez les femmes tes-tées positives, sera le meilleur moyen pour faire baisser l’incidence et la mortalité du cancer du col de l’utérus. La grande sensibi-lité du test HPV comme test principal pour réduire la mortalité par cancer du col a été prouvée par un grand essai contrôlé rando-misé en Inde. Le programme détection-traitement peut être institué à un coût beaucoup plus bas qu’un programme de vaccination contre HPV basé sur les 3 doses actuelles du vaccin. La vaccination des jeunes filles prendra des dizaines d’années pour réduire le taux de mortalité pour le cancer du col alors que le dépistage a un effet dans les 5 ans. Des vac-cins plus pratiques sont cependant en cours de développement. Dans nos conditions de ressources limi-tées, il est actuellement plus logique de met-tre en place un programme de dépistage de qualité et de compléter la stratégie par les prochaines générations de vaccins dés qu’ils seront disponibles. Cependant, il faut noter que le reflexe de se faire dépister n’est pas encore ancré dans les esprits. C’est pourquoi il est nécessaire de mener une sensibilisation à grande échelle pour informer les femmes sur les dangers du cancer du col de l’utérus. iNTeRVieW - MaMaDOu DiOP, PROFesseuR aGReGe, DiReCTeuR De l’iNsTiTuT Du CaNCeR JOliOT-CuRie De l’hOPiTal aRisTiDe le DaNTeC Si seulement 1 à 2% des femmes infectées par le papillomavirus, principal vecteur du cancer du col de l’utérus, vont développer effectivement un cancer du col de l’utérus, près d’un quart de la population féminine sénégalaise est en contact direct avec le virus. Ce qui situe le cancer du col de l’utérus au premier rang des cancers en termes de fréquence tout sexe confondu. La situation est d’autant plus grave que les symptômes de cette pernicieuse af-fection ne sont pas visibles au stade précoce. La prévention doit donc reposer sur un dépistage régulier qui doit s’effectuer tous les trois ans pour les femmes âgées de 25 à 65 ans. D’où la nécessité d’une campagne de sensibi-lisation sur ce tueur silencieux. Propos recueillis par Cherif SARR et Abdoulaye BAO
  • 11. international FRaNCaFRiQue LOUGA INFOS – N°112 SEPTEMBRE 2011 Dur apprentissage pour Kar im. Le fils du Président est cu-rieusement convoqué dans la rubrique International du journal. C’est bien parce que Karim Wade est devenue, contre son bon gré, une figure de la scène politique françafricaine. Les dernières accusations portées contre lui par Rober t Bourgi ont l’air cousu de fil blanc. Spécialiste en procès gagnés, Kar im aura quand même beaucoup de mal à reprofiler son image. Les fronts semblent trop nombreux et les requins trop car-nassiers pour un novice en politique comme lui. Que c’est dur cet ap-prentissage ! On dira qu’il s’est trop tôt frotté à plus dangereux que lui. Cela lui fera une bonne leçon pour l’avenir. La dent dure de Bolloré Il s’est donné un devoir d’ingérence dans la politique sénégalaise. Depuis qu’il a éjecté par dessus bord par son concurrent Dubaï Port, Bolloré ne parvient pas digérer sa dé-convenue au Sénégal. Le magnat français fait tout pour déstabiliser le régime du Président Wade. Il mène un combat de l’ombre, finance des candidats à la présidentielle qui ont déserté les rangs des libéraux et, dit-on, joue de son influence auprès de Sarkozy pour qu’il lâche Wade. Vincent Bolloré a la dent dure. Mais il devra faire face à dur à cuire. Les bombardements de Tripoli et les gesticulations du Président Nicolas Sarkozy pour mener une campagne militaire en Libye ou l’intervention de la Force Licorne en Côte d’Ivoire sous le sceau des Nations Unies sont-elles une continuation de l’aventurisme français en Afrique communément appelé Foccartisme ? Est-on toujours dans cette segmentation spatio-temporelle dite Françafrique qui désigne cette conjonction de réseaux de mafieux, d’hommes d’affaires véreux, de sociétés-écrans, de compagnies fictives et de multinationales, tous acteurs d’une praxis politique particulière faite de conspirations, de complots, de manipulations des groupes ethniques, d’assassinats d’op-posants ? Quels sont les ressorts des nouvelles formes d’intervention de la France sur la scène africaine ? Voilà des questions bien légitimes au regard de cette récente actualité qui nous donne l’impression que le siècle n’a pas changé. Que sous le ciel des Afriques, c’est à travers les siècles un éternel recommencement des équipées de la soldatesque française. Juste quelques modifications du décor. La tunique bleue, le casque Edgan et le cheval de la garde républicaine ont laissé place au béret, au kaki et à la jeep du légionnaire auxquels se sont substitués les treuils et les chars amx des bataillons de l’infanterie marine. Sous Sar-kozy, effet de mode oblige ! l’Armée française, empruntant les straté-gies américaines initiées lors de la Guerre du Golfe, recourt à sa chasse aérienne détruisant l’aviation ivoirienne à Bouaké, stoppant l’avancée des chars libyens vers Benghazi, rasant les abords du bunker de Gbagbo. Quelle est la différence entre le pilonnage des forces libyennes par les mirages français portant l’étendard de l’OTAN et le saut des parachutistes sur Kolwezi ? La Côte d’Ivoire, est-elle seulement un Li-beria du 21ème siècle ? La réponse à apporter à cette série d’interro-gations nécessite un coup d’oeil dans le rétroviseur. Le Foccartisme était la clé de voûte de la Françafrique. C’était un sys-tème, une connexion d’hommes politiques ayant pignon sur rue et ar-borant la cocarde des officiels, d’hommes de l’ombre souvent revenus avec de profondes cicatrices des guerres coloniales du Vietnam et d’Al-gérie, d’hommes d’affaires passant le plus clair de leur temps à hanter les antichambres des bureaux de présidents africains. La françafrique avait enserré dans ses rets toutes les chancelleries françaises sur le conti-nent. Elle dictait ses oukases à Bercy, au Quai d’Orsay et à la Rue Mon-sieur. Elle a toujours un pied bien planté à l’Elysée, bousculant quel-quefois l’ordonnancement du protocole et souvent gênant aux entournures le secrétariat général. Du temps de Chirac, les réseaux avaient une existence quasi-officielle, occupant Rue de l’Elysée le rez-de- chaussée du bâtiment abritant la Cellule africaine. La topographie rejoignait parfaitement la symbolique. Ce Foccartisme se riait de l’al-ternance gauche/droite au sommet de l’Etat. Elle n’en avait cure puisqu’elle a, de tout temps, l’oreille de l’occupant du Palais de l’Elysée. De Gaulle avait donné carte blanche à Jacques Foccart, lui, laissant le loisir de faire assassiner, quand il le voulait, au détour d’une rue un pré-sident Sylvanus Olympio, juste coupable de n’avoir pas une fibre fran-cophile très sensible, de liquider le trop rectiligne Outel Bono, cet opposant tchadien qui refusait de courber devant le Président François Tombalbaye et risquait de perturber les plans français conçus par l’am-bassadeur Fernand Wibaux, de susciter une sécession au Biafra. Gis-card D’Estain, moins cynique, ne put néanmoins échapper à l’influence des réseaux foccartiens. Il a fait sauter sur injonction sa soldatesque sur le Shaba et n’a pas empêché Foccart de lancer une attaque, par Bob Denard et sa clique de mercenaires interposés, sur le palais de Mathieu Kérékou. Mitterrand, obsédé par la conservation de l’écluse qu’était le Rwanda a laissé les mains libres aux généraux de l’Armée française dans l’instrumentalisation des conflits ethniques dans ce pays, la dia-bolisation des Tutsis et la commission d’un génocide. Dans l’entendement de ceux qui tiraient les ficelles de ce Foccartisme, l’Afrique était une pâte à modeler. Cette françafrique avait l’initiative. Il lui suffisait juste de trouver des motivations pour entrer en action. Quelques lignes directrices traversaient toutes ces actions. Fortement perturbés par le complexe de Fachoda et les défaites de la vallée de Dien Ben Phu et des plateaux oranais, « ces « Françafricains » étaient habités par la phobie de l’anglo-saxon. Ils avaient une idée particulière des intérêts de la France qui s’imbriquaient naturellement leurs intérêts personnels et leur offraient l’occasion de remplir à bord les caisses de leurs multiples compagnies d’import-export et sociétés de sécurité. Ils avaient partie fortement liée avec le capital français. Elf, Bolloré, Bouygues, Matra et consorts utilisaient leurs services à volonté. La cé-lèbre Jacques Foccart, le mentor compagnie pétrolière française implantée au Gabon et au Congo fut, de renommée mondiale, le cheval de Troie de cette Françafrique. Cet imbroglio se nourrissait de l’exploitation des rentes qu’offraient les ressources pétrolières, minières et agricoles de l’Afrique et de trafics délictueux ou criminels. Du réseau de trafic de drogue, d’or ou de dia-mants aux décaissements très officiels de l’aide publique au dévelop-pement en passant par les valises diplomatiques, la vente clé en main des éléphants blancs que furent certaines unités industrielles, les ex-portations de matières premières et les importations de biens d’équi-pement, tout était entremêlé en Françafrique. Multiples logiques se superposaient. Celles des militaires voulant garder l’intégrité physique du pré carré, des affairistes cherchant fortune à travers steppes et forêts, des sociétés voulant faire main basse sur les marchés et ressources, et enfin des mercenaires atteints par les démangeaisons de l’inaction. La Françafrique avait l’initiative. Il suffisait qu’il y ait une conjugaison cir-constancielle des motivations pour qu’une action soit déclenchée. Soit au Soudan où Pasqua taillait bavette avec le Président El Béchir et son ex idéologue de service, le racé Hassan Al Tourabi, pour circonscrire l’influence anglo-saxonne aux limites de la frontière avec l’Ouganda, soit en Angola où les trafics d’armes ont rattrapé le même Pasqua et son acolyte Pierre Falcone, soit en Afrique du sud à qui la France avait voulu fourguer une centrale nucléaire. Lionel Jospin avait voulu mettre un terme à ce fatras de relations dou-teuses. Sans succès. Avant lui, Jean-Pierre Cot avait balancé un coup de pied dans la fourmilière. Mal lui en prit parce qu’il a été bien vite congédié. Sarkozy avait promis lors d’un séjour au Bénin qu’il tuerait la bête immonde. Il avait juré sur tous les saints de mettre fin au mythe qui prête à la France « la faculté de redresser les situations, de recher-cher ses intérêts (…) et d’être capable d’assurer la stabilité ou de créer l’instabilité dans un pays ». Faut-il voir là rien qu’encore une promesse non tenue du Président français. L’explication serait trop courte. Il semble qu’aujourd’hui l’on se retrouve face à une logique de l’aléa-toire où la Françafrique ne ressurgit qu’à la faveur de circonstances particulières. Aussi bien en Côte d’Ivoire qu’en Libye, les interventions Mort est le serpent, mort est le venin. Quand il s’agit de la Françafrique, le statut d’évidence de l’assertion prend la clé des champ tant il est manifeste que ce système de mise sous coupe des anciennes colonies africaines de la France survit à son créateur Jacques Foccart. Le mentor ayant passé l’arme à gauche, le venin est toujours là, distillé par la bouche d’un petit commis du système. Dans un subit accès de bonne conscience, Ro-bert Bourgi donne l’air de faire des révélations pourrissant à volonté l’at-mosphère de la campagne électorale française et réglant à titre personnel ses ultimes contentieux. Faudrait-il voir dans ses propos la volonté de re-cueillir les derniers sacrements. La confession de Bourgi, il faut le dire, n’est pas au diapason des crimes per-pétrés en Afrique. Ce ne sont pas les demies vérités sur quelques mallettes de billets qui permettront d’absoudre les crimes perpétrés par la França-frique. Des révélations, il en faudrait plus. Bien plus que ce grenouillard nous dit. La Françafrique est-elle vraiment morte ? Les aveux du petit commis du système et les premières notes d’un requiem Par Moustapha Sarr DIAGNE Suite en P.12 Bourgi, le p’tit commis
  • 12. Il est particulier dans son genre. Cheikh Baye Fall, de son nom d’artiste, ou Cheikh Mbacké Guèye, tel que l’état-civil sénégalais le connaît est le seul percussionniste séné-galais qui touche au flamenco, ce genre pluriséculaire qui a fait la notoriété de la musique espagnole. Cheikh Baye Fall est un style particulier que l’on nomme l’afro-flamenco. Cheikh MbaCké Guèye alias Cheikh baye Fall Une culture soufi métissée au flamenco LOUGA INFOS – N°112 SEPTEMBRE 2011 Culture Un mélange de sonorités castillanes et de rythmes africains, une sorte de métissage du son eth-nique. S’il est peu connu au Sénégal, parce que comme le dit l ‘adage, nul n’est prophète chez soi, Cheikh a un digest des plus riche dans le monde hispanique. Il a joué avec les meilleurs joueurs de flamenco au monde. Lors du festival Dakar Cultura organisé l’ambassade d’Espagne à Dakar et qui a enregistré la participation de Youssou Ndour, Cheikh s’est produit avec Antonio Carmona, un maestro de l’afro-flamenco dont la notoriété n’est plus à faire en Espagne. Cheikh a joué aussi pour Bede, un immense artiste es-pagnol qui collectionne les disques d’or en Espagne. Gipsy King, un groupe in-ternationalement connu a aussi enregis-tré la collaboration de Cheikh. Parmi les groupes qu’il a fréquenté, on note aussi Latin Jazz. Il a aussi eu un compagnon-nage avec Jerry Gonzales et Javier Co-lina qui sont des vedettes du monde hispanique. Pourtant rien ne prédestinait Cheikh Baye Fall à ce compagnonnage avec le flamenco. Cheikh est natif de Louga. Comme tout Lougatois, il a excellé dans la danse. Cheikh a fait partie du ballet des danseurs lougatois qui avait gagné le trophée de Oscar des va-cances en 1996. C’est par la suite, sui-vant les muses d’une vocation déjà ouverte, il s’est inscrit à l’Ecole des Arts dans la section Danse pendant deux ans, de 1998 à 2000. C’est à la suite de ce cursus académique que Cheikh Baye Fall s’est rendu en Es-pagne. Au pays de Cervantès, il s’est entiché du flamenco. Depuis lors, pas un pas de « pakargni » pour lui sans le claquement des castagnettes. Pas de frappe du pied au sol sans aussi que ne vibre la peau tendue du sabar. Cheikh est cette synthèse. Il assure ne puiser sa source d’inspiration que dans les enseignements de son guide spirituel, Serigne Dame Ibn Cheikh Mourtalla Mbacké. Aux âmes qui vont chercher leur inspiration dans les profondeurs de la spiritualité, le rythme n’a aucun secret. N’est-ce pas là la source du mystère de la culture soufi. Le lion, Gaston et Eumeu. Il est celui qui, tout seul, a réussi organiser un ch ampionnat de lutte qui a fait ressortir les jeunes loups de l’arène. Ce promoteur, originaire de Louga, f ait la fierté de sa ville. Mais au lieu de cela, certains lui jettent des bâtons dans le s roues dans l’a ff aire Eumeu Sène. C’est un faux procès qu’on est en train de lui faire. Faisons lui confiance pour se défen-dre. C’est un vrai lion. Tout comme Eumeu Sène. Et c’est pourquoi ils sont en si bonne compagnie sur notre photo. Mamadou Kébé part à la retraite. Mamadou Kébé, qui a di - r igé le C e n tre culturel de Louga es t aujourd ’hui p arti à la retraite. Après Ké-bémer avoir séjour n é dans la capit ale du Ndiambour, ce natif d e a ensuite occupé le poste de Commissaire général au mémorial de vi-bra Gorée avant de re gagner Douta Seck. La ville de Louga rend un nt à un cet homm e qui a beaucoup contr ibué le rayonnement de la cult ure lougatoise. CYAN MAG. JAUNE NOIR françaises ont un caractère réactif. Il a fallu que des révolutions soient déclenchées dans le monde arabe, que des Libyens forment un comité de salut public et prennent le fusil contre Mouamar El Khadafi pour que Nicolas, « Le petit » -allusion faite à ce maître de la Françafrique que le grand, au sens premier du terme, Charles de Gaulle- enfile sa combinaison d’aviateur pour lancer ses missiles sur la Libye. La Côte d’Ivoire a été le champ d’une invasion subite par une armée surgie de nulle part, équipée de chars et d’auto-mitrailleuses, composée d’hommes suffi-samment entraînés pour pouvoir mettre en déroute les FANCI (Forces armées nationales de Côte d’Ivoire) pour que le bataillon des parachutistes transalpins débarquent à Bouaké. La Françafrique se retrouve aujourd’hui des circons-tances. La démocratisation des sociétés africaines et l’émergence d’une société civile et d’une opinion pu-blique africaine sont passées par là. Pour pouvoir in-tervenir en Afrique, en dépit des nombreux lobbyings dans les instances internationales pour la reconnaissance et d’effectivité du droit d’ingérence, La France est obligée de se revêtir du manteau des Nations Unies pour faire le coup de feu en Afrique. Même si, comme ce fut le cas en Côte d’Ivoire, l’avis de non objection de l’ONU a été acquise a posteriori. Elle a beaucoup perdu de ses capacités proactives, ne se risquant à ne faire le larron que quand l’occasion se présente. Cependant, comme dans l’opération Turquoise menée sur la frontière entre l’actuel République dé-mocratique du Congo et Rwanda en 1994, la ban-nière bleu ciel ne sert qu’à occulter les véritables enjeux des interventions françaises en Afrique. En Côte d’Ivoire où les intérêts du capital français sont immenses avec plus de 200 filiales de ses transnatio-nales et près d’un millier de petites et moyennes en-treprises implantées dans ce pays, la France de Chirac et de Sarkozy ne pouvait laisser prospérer une rébel-lion venant du nord qu’elle ne maîtrisait pas. Son in-tervention sous prétexte de restaurer la paix n’a été que la préservation d’une chasse gardée. C’était au risque de maintenir un Président Gbagbo qui tirait bien malhabilement à lui, à des fins de politique in-térieure, une couverture d’anti-impérialiste. La France avait misé depuis longtemps sur Alassane Dramane Ouattara. Le meilleur cheval pour lui, c’était l’homme qui avait, au moment de la libéralisation, permis le rachat par le capital français de toutes les sociétés na-tionales ivoiriennes privatisées. Récemment, l’intru-sion en Côte d’Ivoire des Américains avec la multinationale Cargill ou des Chinois avait suscité les inquiétudes d’un patronat français qui n’en voulait plus du fantasque Laurent Gbagbo. Ce dernier, plus par stupidité qu’autre chose, leur a offert l’occasion en or de le mettre définitivement hors jeu. En Libye, il est évident que l’intervention française est piratée par des enjeux de politique intérieure. La montée du lepenisme en France risque de priver Sar-kozy d’une part importante de son bassin électoral. Dans ce pays où quand le patriotisme avait un sens, il signifiait auparavant prendre les armes pour affron-ter l’ennemi au « sang impur », le nationalisme rime avec casser de l’arabe. Au mieux en horde le soir sous la lumière blafarde des lampadaires de bord de Seine. Avec si peu de courage, Sarkozy fait de même. Il pi-lonne les villes libyennes faisant des milliers de vic-times civiles. Vive la guerre facile ! Mais il y a plus profond dans cette intervention en Libye. Sarkozy n’a jamais digéré le fait que la France n’ait pas suivi les Etats-Unis dans sa deuxième guerre du Golfe. La France, évincée des marchés de la re-construction de l’Irak, ayant perdu la mainmise qu’elle avait sur le pétrole irakien avant l’invasion du Koweit et les contrats d’armement de ce pays, a voulu s’offrir sa guerre en Libye. Elle escompte à terme domestiquer le pétrole libyen. Le capital fran-çais est à l’affût pour voler au devant des contrats qui se présenteront très prochainement. C’est pourquoi, Sarkozy fait feu de tout bois. Plus on détruit, plus il y aura à reconstruire. C’est l’implacable logique du capital qui épouse les mêmes contours que la logique d’une Françafrique devenue, par la force des choses, réactive. Peut-être, sommes-nous en train de percevoir au loin, à travers le vacarme des missiles qui sont tombés sur Tripoli, les premières notes du requiem de la Fran-çafrique. Les révélations de Robert Bourgi donnent raison à ce penseur qui disait que quand l’histoire met en terre une forme particulière de rapports sociaux, c’est toujours une première fois comme tragédie et une seconde fois comme comédie. La tragédie, elle a été ivoirienne ou tripolitaine ; Bourgi est le nom de la comédie. La Françafrique se confine dans le risible. Dans cette « insoutenable légèreté » qui est au coeur des fausses révélations et vraies traditions des aveux d’un commis et petit porteur de valises du système. Les aveux du petit commis du système et les premières notes d’un requiem Suite de la P.11 Bombardements en Libye