1. 100 Fcfa
N°121
Carnet d’hivernage
Mansour Bouna Ndiaye
Hommage à un aristocrate de
sang, un libéral dans la pensée et
un démocrate de coeur
Page 2
Bimensuel d'informations générales - ISSN 08504331 - DU 15 au 30 Août 2014
HOPITAL REGIONAL AHMADOU SAKHIR MBAYE DE LOUGA
DU RENOUVEAU
A L’HEURE Sauvons
l’artiste
Abdoulaye
Sylla !
PERDU DE VUE ET RETROUVE
Les Lougatois se souviennent toujours
avec émotion de la splendeur
passée de leur vie culturelle. Louga
a toujours été dans le passé un
ardent foyer culturel, où le théâtre, la danse
et la musique ont toujours occupé une place
de choix et fait sa réputation à travers tout
le Sénégal. Parmi les acteurs culturels qui
avaient fait les beaux jours de notre
capitale, les Lougatois aiment à se souvenir
de l’orchestre Wa Sawrouba et de l’un de
ses chanteurs, Abdoulaye Sylla pour ne pas
le nommer, dont la notoriété avait fait le tour
des pays de la sous-région.
Laye était en effet une des plus belles voix
de sa génération, un des artistes les plus
ancrés dans nos traditions et, qui plus est,
gâté par la muse qui lui insufflait
l’inspiration en permanence. Ses
compagnons d’orchestre furent, entre
autres, Badou Ndiaye, ancien guitariste de
Youssou Ndour, Vito MBengue, Cheikh
Kanté, actuel Directeur général du Port
autonome de Dakar, et Lamine Ndiaye, le
célèbre comédien de la troupe Diamonoy
Tey.
Aujourd’hui âgé et éloigné des planches et
des micros, Diéry se débat difficilement
avec le quotidien comme la plupart des
goorgoorlous. Avec une vue qui baisse de
plus en plus, cet artiste émérite qui a fait les
beaux jours de la capitale du Ndiambour ne
parvient plus à vivre de son art. Votre
journal qui l’a retrouvé à travers l’émission
«Perdu de vue» de Astou Mbène Thioub sur
Sud Fm, lance un appel au à monsieur le
Président de tous les sénégalais, aux
autorités lougatoises afin qu’elles puissent
apporter à Laye Sylla le soutien qu’il mérite
pour avoir hissé très haut le flambeau
culturel de la capitale du Ndiambour.
La maternité, la pédiatrie seront réhabilitées et un
centre de transfusion sanguine construit par l’AFD
Lux Dev compte débloquer 26 millions pour
l’extension et le réaménagement du centre
d’accueil et 135 millions pour l’équipement du
service de la réanimation. Page 6-7
3. MOUSTAPHA SARR DIAGNE Sale temps dans le maquis
LOUGA INFOS – N°121 AOûT 2014
POLITIQUE
Quand la décadence marche
à pas martiaux
Chaque jour apporte son lot de scandales. Des mi-nistres
qui poussent l’art de la sujétion jusqu’à l’ab-jection
et qui s’offrent au public dans la platitude du
« chien couchant », comme dirait le maoïste de na-guère
que fut Macky Sall, sous le talon aiguille
d’une dame ; des ex-Premiers ministres qui, sitôt
débarqués, décochent des flèches assassines sur
celui qui ne fut et ne, peut-être, ne pouvait être
qu’un mentor de quelques saisons et par défaut ;
une justice qui s’ingénue jusqu’à l’absurdité à pren-dre
le contrepied d’une justice respectueuse des
droits les plus élémentaires des prévenus, en pas-sant
par la monstruosité de l’acheminement au
sein du tribunal d’un malade sur une chaise rou-lante
et foule du pied toutes les règles essentielles
du consensus juridique international ; une justice
où les huissiers traitent les magistrats de corrom-pus,
où les avocats, devant l’évidence des faits
drainent les juges devant les tribunaux, où les pro-cès
se gagnent, comme les élections, se gagnent
à force de pièces sonnantes et trébuchantes ; un
régime qui se permet d’avoir un fou du roi, si fou
qu’il retourne ses armes contre son propre camp
par le truchement d’un livre qui dévoile les scan-daleuses
tribulations d’une caste ou une dynastie
qui s’est trop tôt et trop vite laissée enivrée par les
délices du pouvoir ; un pays où la police, en plus
de se voir concurrencer dans ses tâches réga-liennes
de maintien de l’ordre par une milice in-crustée
en son sein, se voit trainée en rase-mottes
dans les méandres du trafic de drogue ; un Etat où
on ne peut même plus faire confiance aux corps
d’élite comme la gendarmerie quand les frasques
de ses officiers supérieurs sont révélées au grand
public par un des leurs que l’on a voulu faire passer
pour un paria, un pays où l’on sait maintenant qu’il
est possible que les forces de l’ordre peuvent dé-gainer
leur revolver et tirer sur des étudiants qui ne
font que réclamer un juste droit : celui du paiement
de leur bourse après dix mois d’attente.
Il est encore possible pour un observateur
soucieux d’objectivité intrinsèquement factuelle
d’ajouter des touches encore plus sombres sur la
fresque de cette décadence républicaine que nous
sommes en train de vivre. Mais le tableau est déjà
si noir que l’on a de la peine à y distinguer les
personnages qui sont les acteurs de premier plan
sur cette scène encombrée. Il est encore plus
difficile de pouvoir interpréter les rôles qui sont en
train de s’y jouer. Personne ne peut dire qui porte
le pantalon dans cette république !
Mimi, le crapaud qui se croyait
plus fort qu’un boeuf
C’est dans cette atmosphère de forte péjoration du
climat politique que certains acteurs se signalent
sur le côté jardin de la scène politique. Mimi Touré,
il y a peu Premier ministre adulée par ses frères
de parti, se voit vouée aux gémonies parce qu’elle
a choisi de mettre su pied un parti politique pour
préparer la prochaine présidentielle. Celle qui fut
un peu trop rapidement affublée d’une réputation
surfaite de « dame de fer » s’était laissée griser par
son entourage. Tel un crapaud qui se croyait aussi
fort qu’un boeuf, elle a voulu défier le Président et,
dit-on à voix basse, la première dame. Mal lui en a
prit. Madame est aujourd’hui contrainte de faire
des courbettes dans les antichambres des salons
des hommes religieux pour se refaire une virginité
politique, perdue depuis sa danse de claquettes
dans les couloirs du ministère de la Justice. Sa
nomination au poste de Premier ministre fut le
révélateur d’une compétence dont on se rend
aujourd’hui qu’elle était fortement présupposée…
et qui a été l’accélérateur de la cadence de sa
chute aux enfers. Faudrait-il comme dans la
légende convoquée un Orphée qui se porterait au
secours de cette Eurydice. Un Orphée qui ne
pourrait être qu’Omar Sarr, un ex mari, mieux un
compagnon de jadis dans les froides nuits de
France où l’on se bornait à commenter le «
Programme de Transition » du camarade Trotski.
Mais les récits d’Homère ou la saga des «
marxistes révolutionnaires » à la critique du temps.
Et La Mimi à son errance dans le marécage
politique sénégalais.
Idy, à malin et malin et demi
Laissons là Mimi à ses turpitudes pour nous
occuper d’un autre intervenant qui commence à
polluer le champ de vision des spectateurs de la
vie politique. Il s’agit sans détour de l’ancien maire
de Thiès. On le dit le politicien le plus futé du
Sénégal. Encore une réputation amplement
imméritée. Si Idy était aussi intelligent qu’on le dit,
il ‘aurait jamais commis autant de fautes politiques
en si peu de temps dans sa carrière. Trop pressé
de se voir dans la station du « Soleil », il a gaspillé
toutes ses chances de devenir le légitime dauphin
d’Abdoulaye Wade. Sa rancoeur s’était alors
transposée sur Karim et sa mère Viviane. Son chat
du chat et de la souris avec Wade, ses protocoles
relus et signés sous la lumière blafarde de la prison
de Reubeuss, ses retournements de vestes
spectaculaires durant des audiences nocturnes à
la Présidence, ses silences bavards comme celui
du 23 juin, et enfin un égo surdimensionné qui ne
lui permet pas de voir la réalité au-delà du bout de
son nez, tout cela fait aujourd’hui d’Idrissa Seck
une sorte d’histrion de la politique sénégalaise.
Pour lui, la messe est partiellement dite. Les revers
du parti présidentiel durant les élections locales
sont les prémices de l’ouverture du cycle
concernant la succession de Macky Sall. Idy est
en train de faire des pieds et des mains pour
former le plus large rassemblement autour de sa
personne. Il se rend courtoisement à l’investiture
de Khalifa Sall comme maire de Dakar. Il fait le pied
de grue au siège du parti d’Abdoulaye Baldé pour
lui apporter son tonitruant soutien dans l’affaire de
la traque des biens mal acquis. Il reçoit en grandes
pompes et plus que la raison ne devrait le
commander un certain Moubarak Lô dont le
curriculum vitae est saturé par la mention «
candidat malheureux » à différentes élections et
une petite mention de « directeur de cabinet adjoint
» de Macky Sall. Il faut dire que la pêche d’Idy ne
fut pas très fructueuse. Il n’a pas réussi à
accrocher, comme il le voulait, Khalifa Sall à ses
wagons. Cependant, il faut reconnaître que sa
campagne est de bonne guerre. Il est en train de
disqualifier Macky à sa propre succession. Et ce
que les partisans du Président ne peuvent lui
pardonner. Mais, comme dans la plupart
des contes d’Ahmadou Coumba, les ruses
d’Idrissa Seck est si cousues de fil blanc qu’il ne
parvient jamais à ses fins. Gageons au dernier
tournant, il sera, comme d’habitude, dépassé par
un de ses concurrents au fauteuil présidentiel. Les
choses sont telles que si l’on accepte qu’Idrissa
Seck est malin, il y a alors toujours un malin et
demi les plus avisés ferait mieux de parier.
Le non sens du référendum de
Macky
Parlons maintenant de ceux qui veulent jouer au
malin… et de ce président qui veut nous faire
prendre des poires pour des prunes. De son
piédestal américain, répondant aux questions des
journalistes de la presse occidentale, Macky nous
annonce qu’il va opter pour un référendum en ce
qui concerne les modifications institutionnelles ou
tout au moins la durée du mandat présidentiel. En
plus, une telle initiative va entraîner des surcoûts
considérables dans le financement du
fonctionnement des institutions aujourd’hui
fortement plombé par un train de vie dantesque
des l’Etat qui se permet de faire des « cadeaux »
juteux à coups de milliards à des cabinets d’études
pour des études qui ne sont que le « copier-coller
» des travaux réalisés par les fonctionnaires du
ministère des finances. Mais le plus paradoxal,
c’est que ce référendum va nous installer dans une
totale ambiguïté. De fait, il n’a aucun sens. Parce
que tout le monde est acquis ou presque sur la
nécessité de réduire le mandat présidentiel à cinq
ans. Il n’y aura donc aucune gloire à tirer de ce
résultat, étant donné que ceux sont les plus
farouches adversaires de l’actuel président qui
seront les premiers à apprécier positivement sa
proposition. Il ne sera pas question de vouloir nous
faire en trompe-l’oeil les résultats de cette élection,
de vouloir attribuer à un Président de la République
est en baisse vertigineuse une victoire à la Pyrrhus.
Macky se croit vraiment plus malin que tout le
monde en choisissant ce terme de l’alternative.
Encore une fois, comme presque tout ce qui
concerne le fonctionnement de la république
depuis qu’il est au pouvoir, le Président se met le
doigt dans l’oeil. Ne dit-on pas qu’au pays des
aveugles…
Les adeptes des jeux de mots un peu triviaux n’auraient pas à chercher loin
pour trouver la formule qui sied le mieux aujourd’hui à ce qui se passe au
Sénégal. Elle est toute trouvée et la réalité est rocambolesque, si fertile
d’ubuesques situations qu’elle parvient à surpasser l’imagination du conteur
le plus prolixe. « Il fait sale temps dans le maquis ». Ce titre, que le plus
mauvais des échotiers, qui ferait sa pêche au scoop dans les couloirs du
palais ou se délecterait des effluves des ‘’némali’’ qui s’échappent du boudoir
de la première dame, n’aurait aucune peine à trouver, résume pourtant à
merveille le climat délétère qui règne aujourd’hui sur la République.
CONSEIL DEPARTEMENTAL
Mberry Sylla prend le taureau par les cornes
Si nombre de Sénégalais s’interrogent sur le rôle de
Conseils départementaux et les textes de l’acte 3, Mberry
Sylla pour sa part semble avoir déjà compris les enjeux
et va directement à l’essentiel. C’est ainsi qu’ayant
compris que la gestion des structures comme l’hôpital régional
Amadou Sakhir Mbaye revenait au Conseil départemental, Mberry
Sylla a organisé un séminaire de mise à niveau pour les femmes
conseillères afin de les informer sur leur rôle et le travail qu’elles
devront accomplir en tant qu’élues du département. C’est ainsi
qu’en marge de ce séminaire organisé en présence du préfet,
Mberry Sylla a informé les participants et la presse de l’arrivée à
Louga de deux experts de l’Union européenne dans le cadre d’une
mission d’évaluation des besoins de l’hôpital Amadou Sakhir
Mbaye en vue d’une coopération éventuelle. Dans ce sens,
Mberry Sylla a fait savoir qu’il avait d’ailleurs déjà demandé au
Directeur de l’hôpital de préparer cette visite «en faisant ressortir
toutes les données relatives à la superficie de l’hôpital pour voir
avec les experts les possibilités d’extension». Espérons seulement
que le Conseil départemental, qui s’occupe désormais de cet
hôpital, fera mieux que le défunt Conseil régional dont les
tergiversations ont conduit à des incompréhensions entre les
syndicalistes et les autorités hospitalières.
BADARA SAMB
4. Installation officielle du maire KHALIFA WÉLLÉ
HYDRAULIQUE
36 systèmes d’alimentation en
eau seront installés à Louga
LOUGA INFOS – N°121 AOûT 2014
4 SOCIÉTÉ
Tout est bien parti pour que les Conseillers municipaux de notre ville se mettent
au travail. Lors de la cérémonie d’installation du nouveau maire par l’autorité
administrative, tant Moustapha Diop que le maire sortant, madame Aminata
Mbengue Ndiaye ont exhorté les nouveaux élus à ne travailler que pour les
intérêts exclusifs de Louga. Après donc les joutes politiques qui se sont soldées par
l’élection d’une nouvelle équipe municipale, les adversités ont été appelées à se taire
pour céder la place à l’engagement en faveur des populations. C’est ainsi que madame
Aminata Mbengue Ndiaye, agissant avec une remarquable élégance, appellera les
Lougatois à soutenir Moustapha Diop de toutes leurs forces. «Vous m’avez tout donné»
a-t-elle rappelé à ses concitoyens, «et je vous souhaite que vous fassiez la même chose
pour mon successeur» a-t-elle ajouté, avant de souhaiter plein succès à ce dernier.
A ces civilités bien appréciées par les conseillers municipaux et les autorités
administratives, le nouveau maire répondra avec la même courtoisie : «Je rends un
vibrant hommage à Aminata Mbengue Ndiaye, qui est une tante pour moi. Elle a fait de
son mieux, avec son équipe, pour le développement de Louga».
Le ton était donc donné. Si tant le maire sortant que le nouvel élu se retrouvent sur la
même longueur d’onde, il faut espérer que les préoccupations des Lougatois seront
bien prises en charge par la nouvelle équipe municipale de qui les populations attendent
beaucoup. Car ces dernières élections municipales ont été l’une des plus disputées et
des plus incertaines de l’histoire politique de notre ville. Mais grâce à Dieu, elles se sont
déroulées dans le calme malgré les passions, et les tous les acteurs ont accepté le
verdict des urnes, pour le plus grand bonheur des électeurs qui rendent grâce à Dieu
de leur avoir permis de choisir leur maire en toute quiétude et sans contestations
majeures. Pourvu seulement que les adversités politiques ne viennent pas plomber
l’action de la nouvelle équipe municipale…
Le nouveau ministre de l'Hydraulique,
Mansour Faye, était dans la capitale du
Ndiambour le lundi 18 août pour y présider
un CRD spécial sur la situation de l'eau dans
la région de Louga dans les anciens locaux du
Conseil régional de Louga. Une rencontre qui
a permis de recueillir les préoccupations des
populations des collectivités. Au terme de la
rencontre, le ministre Mansour Faye a décliné
quelques aspects de ses priorités.
Louga fait partie des régions qui ont les meilleurs taux
d’accès à l’eau potable avec un chiffre de 80 % mais
beaucoup reste à faire dans le domaine surtout de
l’alimentation en eau bétail. Le taux d’accès à l’eau
potable dans la région de Louga est de 80 %. Du fait que le
département de Linguère est une zone sylvopastorale, la
disponibilité en eau pour le bétail doit alors y être renforcée.
Dans cette dynamique, plusieurs projets sont déjà repérés
dont les financements sont déjà acquis. Le renforcement de
l’alimentation en eau sera renforcé non seulement dans le
département de Louga mais également dans les
départements de Linguère et de
Kébémer. C’est ainsi que 36
systèmes d’alimentation en eau au
bénéfice de plusieurs villages
seront installés dans les trois
départements de la région de
Louga. Celui de Linguère en
recevra le plus grand nombre en
raison de sa particularité. Le
raccordement d’une quarantaine
de villages situés sur la zone du
Lac de Guiers à Keur Momar Sarr
se fera d’ici 2015.
Concernant le littoral, des solutions
seront apportées par rapport à la
qualité de l’eau. èabilisation de
l’eau, la dilution ou le transfert d’eau à partir d’autres nappes.
Ces importantes mesures seront prises dans les deux ans
à venir.
Le ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement a, en
outre, fait part de la volonté du gouvernement sénégalais de
mettre en oeuvre dans les deux ans à venir d’importants
projets visant à améliorer davantage l’accès de l’alimentation
en eau dans la région de Louga.
A nos amis…et nos
ennemis !
Louga infos tient à remercier tous nos
concitoyens qui nous ont témoigné leur
sympathie lors de la cabale que certains
acteurs politiques ont tenté de mener
contre votre journal préféré. Nombreux sont en
effet les Lougatois qui nous ont appelé nous
exhortant à ne pas descendre sur le terrain de
l’invective, des procès d’intention ou de la critique
subjective. Nous les en remercions vivement car
ils sont la preuve palpable que nos concitoyens
mettent toujours en avant le sens de l’honneur et
de la loyauté. Leur soutien et leurs conseils nous
rassurent et nous poussent à nous détourner de
tout ce qui peut nous distraire dans notre travail
qui est tout tourné vers la seule cause de Louga.
Que les aboyeurs aboient, la caravane poursuivra
son chemin.
KHALIFA WÉLLÉ
5. FOOTBALL Peut-on redorer le blason du Ndiambour ?
La première coupe régionale de Diourbel disputée à Louga en
1961, remportée par les Lougatois
LOUGA INFOS – N°121 AOûT 2014
SPORT 5
L'ambition est louable. Votre journal
numéro 120 annonce : "Le président
veut préparer une équipe du
Ndiambour performante sur tous les
plans... avec comme objectifs de remonter en
première division et de s'y maintenir parmi
ceux qui jouent les premiers rôles".
Pour une équipe naguère habituée aux
podiums, champion et vainqueur de la Coupe
avec des passages dans les grandes
compétitions africaines de clubs, revenir aux
premiers plans semble être un voeu plein
d'ambition. Mais plus qu'une intention, le
chantier s'annonce énorme car il faut relever
de grands défis en remontant tout un chemin
perdu. Et ce chemin est énorme. Il est d'abord
humain, social, solidaire, voire moral avant
d'être managérial et technique.
Le Ndiambour est l'une des rares équipes de
football issues de groupes humains déjà
soudés par un noble but, celui d'un amour
pour une ville. Il y a eu d'abord le Football
Club de Louga, première fusion à l'aube des
indépendances, qui regroupait le trois
équipes fortes de Louga : le Cercle, l'Effort et
le Foyer. Seules la Sodéo (ancienne usine
Dégomis), et l'Espoir de Santhiaba (une
dissidence du Cercle) firent bande à part.
Cette équipe de fusion remportera la
première Coupe régionale de Diourbel,
disputée à Louga même en 1961.
Mais les Matar Ndiaye, Badou Antoine, Tapha
Diaw, Ngagne Sy, Isma Mbengue, etc.,
dirigés par Moustapha Diallo, ne survécurent
pas au démantèlement de la ville de Louga
au profit de Diourbel où tout était à faire. Et la
réforme de Lamine Diack vers la fin de la
décennie va trouver un environnement pointu
de "navétanes" qui avait fini de suppléer le
mouvement associatif fédéral. C'est ainsi que
les Progrès, Reims, Benfica, Santos,
Cosmos, allaient fournir l'ossature de la
première équipe du Ndiambour, entrainée par
feu Médoune Diop "Lorro".
Ce jeune groupe allait faire un apprentissage
en deuxième division avant d'être vite mature
et rejoindre l'élite dès 1972, avec l'arrivée de
Iba Dia comme entraineur. Et le grand
Ndiambour allait naître. Ses héros
s'appelaient Fodé, Tapha Diop, Matar Fall,
Poulo, Séye, Serigne Camara, Ibou Diaw,
Ibou Kébé et autres Ngagne Sarr, Yakhya et
Mamadou Diop, etc.
Mais la force morale de l'équipe résidait dans
son encadrement administratif. C'était le club
ouvert des "hommes ordinaires”, ces
messieurs "tout le monde" qui savaient se
mêler à la grande famille apportant des
soutiens sur le plan moral et humain, plus que
sur le leadership exacerbé ou le plan
financier. Ils s'appelaient Dame Cissé, Cheikh
Gaye Seck, Saliou Seck, Doudou Gaye,
Samba Souna Fall, Ndieuk Fall ou encore Iba
Bao ou Djiby Diouf. Des hommes humbles,
désintéressés, et supportant toute une famille
soudée et à qui pourtant des performances
allaient sourire, bien que issue d'un milieu
départemental.
Et Serigne Aly Cissé d'écrire dans le Soleil :
"La joie de jouer, seul talisman du
Ndiambour". Et vinrent ensuite les grands
chamboulements pour les dits bien fondés du
club de type nouveau qui va basculer dans le
milieu affairiste. Et après le passage de Daby
Diagne à la présidence et résidant à Dakar,
l'arrivée de l'ère Magued Diouf allait densifier
la gestion affairiste et éloigner de plus en plus
le Ndiambour de son cadre originel. Et la
dimension sociale de l'équipe, son aura
humaine et surtout l'amour prononcé pour la
ville de Louga, en prirent un grand coup
d'arrêt, surtout que la gestion nouvelle a voulu
couper la poire en deux pour laisser à la ville
les soins de l'encadrement technique.
Le Ndiambour emporté par l'affairisme va
bâtir un siège, engager des "brésiliens",
prendre des «Sénefs» et dépensera des
fortunes, et la barre de la gestion sera élevée
pour un milieu modeste.
On connait la suite. Les trois présidents qui
se sont succédés après l'ère Magued Diouf,
au nom de portefeuilles garnis, ne purent
relever les défis lancés orgueilleusement. Et
l'équipe va crescendo prendre les chemins de
sa descente vers l'enfer pour retomber dans
les gouffres de la deuxième division. Et arriva
l'ère du Président Gaston Mbengue.
Assurément la plus mauvaise de l'histoire de
l'équipe.
Sous la direction du président Mafall, l'équipe
avait fini de redevenir une équation de
quartier, recroquevillée sur elle même, les
autres quartiers avaient presque fait
dissidence en créant leurs propres entités
fédérales, ce qui fragilisa l'esprit de groupe.
L'arrivée du président Mbengue allait ré-ouvrir
les chemins des confrontations conflictuelles,
IBA DIA
rendant l'équipe plus fragile.
Et après un an d'attente, le
purgatoire fut évité de justesse. Et
maintenant ?
Si le but de refaire le Ndiambour est louable
en y associant toutes les compétences
locales, des questions restent en suspens, et
qu'il faut disséquer. D'abord la ville de Louga
est-elle encore porteuse de grandes
ambitions sportives ? Le contexte
générationnel actuel est-il en mesure de
générer des valeurs fondamentales
porteuses de projets fiables ? La jeunesse
pratiquante de nos jours est-elle garante d'un
amour loyal pour la ville ? Et surtout le
président a-t-il bien tiré les leçons de ces deux
années de directions conflictuelles ?
Autant de questions à débattre pour un
possible retour vers les sommets en redorant
un blason fortement terni. Le chantier est
vaste mais impossible n’est pas lougatois.
27ème édition du Tournoi Mademba Diop
Encore une fois Louga s’est souvenu
de feu Mademba Diop, ancien
footballeur du Diamono puis du
Ndiambour de Louga. Ancien
pensionnaire de l’Ecole normale de Bambey,
cet enseignant était par ailleurs un virtuose du
ballon, un vrai poison pour les défenses qui
s’opposaient à lui. Mademba Diop qui fut un
illustre représentant de l’élite sportive
lougatoise, brillait par sa courtoisie, son
élégance, son sens de la camaraderie… Et
sur le terrain, lorsqu’il était avec sa bande de
copains, Mor Thiam, Kaba Kabir Dieng,
Leweul, feu Modou Dièye et le capitaine
courage Wade Diagne, ils donnaient du plaisir
aux fans de foot du Jamono grâce à leur
talent. C’était une bande d’artistes du ballon
que l’on avait plaisir à regarder jouer.
Indécrottable optimiste, Mademba Diop était
toujours confiant quant aux futurs succès du
Diamono de Louga et du Ndiambour, et il
recommandait toujours aux supporters et
dirigeants de son quartier, Santhiaba, de ne
jamais baisser les bras.
Hélàs, ce sportif dans l’âme a très tôt été
arraché à notre affection puisqu’il a été
rappelé à Dieu en 1987 à l’âge de 25 ans.
Depuis lors, les jeunes de Louga lui rendent
hommage par un tournoi de football qui porte
son nom. Il faut signaler que l’année 1987 a
été assez funeste pour les sportifs lougatois,
qui ont enregistré successivement le décès
de Mademba Diop, celui de la femme de
Aïdar et la descente en deuxième division de
l’équipe du Ndiambour. On comprend
aisément donc la charge d’émotion que
ressentent les Lougatois lors de l’organisation
de ce tournoi.
Cette année l’édition s’est déroulée les 8 et 9
août dans la capitale du Ndiambour sous le
parrainage de messieurs Cheikh Sabibou
Dia, Dr Ousmane Bao et Macodou Sall.
Aussi, M. Yoro Ndiaye, président de l’équipe
du Diamono et tous les membres du comité
directeur qui sont les organisateurs du
tournoi, ont saisi cette belle occasion pour
remercier les parrains, qui ont honoré de leur
présence les manifestations, accompagnés
de fortes délégations, mais qui ont surtout mis
la main à la poche pour contribuer plus
efficacement au succès de l’événement.
A l’issue du tournoi, les
résultats suivants ont été
enregistrés :
Penc bat Jawrigne : 3-2
Diakarlo bat Jamono : 2-1
3ème et 4ème places
Jamono bat Jawrigne par série : 5
tirs au but à 4 après un match nul
vierge 0 à 0.
Finale
Dëkëndo bat Penc 4 tirs au but à 3
après un match nul 1 but partout.
PAR LAYE BAO ANCIEN PR DU JAMONO Les ‘’Jamalamanis’’ se souviennent
Yoro Ndiaye Président du Jamono
en compagnie de Macodou Sall
Dr Ousmane Bao en boubou blanc, Cheikh Sadibou Dia en casquette avec ses enfants Souleymane
Jules Diop, Directeur de la haute compétition et Samba Diop griot attitréd de Louga
6. MANSOUR NDIAYE
Aly Nabédé, secrétaire général de la section Sutsas du Centre hospitalier régional de Louga
‘’Cela fait plus de 5 ans que nous n’avons pas bénéficié du BCI’’
LOUGA INFOS – N°121 AOûT 2014
SOCIÉTÉ
Quatorze heures. A l’entrée principale,
les vendeurs ont le temps de
palabrer. En ce début d’après-midi,
la canicule qui règne sur la capitale
du Ndiambour a sans doute confiné les clients
chez eux. Assis sur une chaise en fer devant
le portail, un vigile, grand et mince, le regard
imprécis, semble terrassé par la chaleur. C’est
à peine s’il remarque les entrées et sorties.
L’hôpital est accessible, aucune barrière à
l’entrée... A l’intérieur, quelques visiteurs et
accompagnants de malades se regroupent par
affinité, couchés à même le sol, sur des nattes,
sous les arbres. Les uns s’acquittent de la
prière de « Tisbar », les autres, sans doute
rongés par la fatigue, se tapent un petit
somme. Le centre hospitalier régional de
Louga s’ouvre à nous.
Malgré ses maigres années d’existence (31
ans), il présente des rides visibles : des
bâtiments vétustes, une peinture qui lâche, des
lits et du matériel amorti entassés ça et là.
L’image ne trompe pas. Ici, la lourde dette
hospitalière, amplifiée par la politique de
gratuité instaurée par l’Etat, sans véritable
mesures compensatoires, n’est pas la seule «
pathologie ». Au plan humain, Louga souffre
d’un manque criard de spécialistes dans
maints services et ne doit ses performances
qu’au dévouement et au sens des
responsabilités de son personnel soignant.
Pourtant, par sa position géographique dans
l’axe nord, cet hôpital qui reçoit des malades
de presque toute la région du fleuve a une
valeur stratégique certaine. Aussi, elle n’a pas
mauvaise réputation.
Rencontré dans l’un des nombreux couloirs,
Seydi Kâ, un accompagnant, ne s’est pas fait
prier pour louer la qualité des soins dispensés.
Dans un Wolof très sommaire, notre
interlocuteur résume sa satisfaction en ces
termes : « J’habite Kodjélal, dans la
communauté rurale de Mboulo, département
de Linguère. Nous avons été transférés à
Dahra où les médecins nous ont référés à
l’hôpital régional de Louga. L’année dernière
j’avais amené un malade ici et il a été bien pris
en charge. Je trouve cet hôpital très
accessible, avec des soins de qualités. Le seul
hic, c’est que la facture est un peu salée ».
Seydi Kâ confirme ainsi les propos de
madame Ndèye Diop, vendeuse de fruits
devant le portail principal de l’hôpital. Elle disait
: « Je travaille ici depuis bientôt une décennie
et je ne trouve pas à redire dans le
fonctionnement de l’hôpital. Les médecins
fournissent des soins de qualité et les gens qui
y travaillent sont très humains ». Madame
Ndèye Diop sera confortée dans son propos
par une de ses collègues. « A deux reprises,
j’ai subi une césarienne et cela c’est très bien
passé », témoigne celle-ci.
Néanmoins, des efforts restent à faire. A la
maternité surtout où, une accompagnante a
partagé son amertume avec nous. « Ce que je
déplore le plus, c’est le désordre qui règne ici
à la maternité. La salle d’accouchement est
trop accessible. Il n’est pas normal que les
gens – des visiteurs pour la plupart – y entrent
comme dans un moulin au moment où des
femmes enceintes et à terme y sont en plein
travail. C’est la première fois que je mets les
pieds ici mais, j’ai remarqué ce désordre qui
me fait mal. Aussi, les toilettes sont trop
éloignées de la salle d’accouchement et les
malades sont obligées de trainer avec leur
douleur pour y accéder », dit-elle sous le
couvert de l’anonymat.
Un pari fou
Globalement, le centre hospitalier régional
Ahmadou Sakhir Mbaye est très fréquenté.
Outre les différents départements de la région
de Louga (Linguère et Kébémer) qui y référent
souvent leurs malades, cette structure est le lit
d’accueil spontané des victimes d’accidents de
la route sur cet axe très fréquenté. Surtout à
l’occasion des grandes manifestations
religieuses comme le Gamou et le grand
Magal de Touba. C’est sans doute l’une des
raisons qui avaient poussé le milliardaire feu
Djily Mbaye à ériger cette infrastructure qui, à
l’époque, « constituait un véritable joyau ».
Aujourd’hui, fort du soutien de l’Etat et des
partenaires, les responsables de l’hôpital
comptent lui redonner son lustre d’antan. Le
top management compte relever ce défi et
injecter à la structure une bonne dose de
renouveau. Il ne sera pas seul dans son
combat.
Malgré toutes les difficultés auxquelles il fait
face, l’hôpital de Louga, qui a déjà pris les
commandes de son destin, peut compter sur
les syndicalistes dont la plateforme
revendicative est plutôt dégarnie. Mieux
encore, le directeur et le représentant du
Syndicat unique des travailleurs de la santé et
de l’action sociale (Sutsas) mènent le même
combat : L’érection de l’hôpital en
établissement public de santé de niveau 3…
avant 2015. Pour ce faire, le choc des
contraires ne pouvait pas être violent entre le
directeur général de l’hôpital et le syndicaliste
que nous avons interrogés.
HOPITAL REGIONAL AHMADOU SAKHIR MBAYE DE LOUGA A l’heure du renouveau
Technicien en appareillage orthopédique, Aly
Nabédé a passé une bonne partie de sa carrière
à l’hôpital régional de Louga. Pour avoir passé
quatorze ans dans cette structure, le Sg de la
section Sutsas du Centre hospitalier régional
Ahmadou Sakhir Mbaye a participé à tous les
combats. Dans cet entretien qu’il nous a accordé,
il partage ses craintes non sans partager
l’ambition du directeur de faire de Louga un
hôpital de niveau 3.
Quelle est la température sociale au sein
de l’hôpital de Louga ?
Le dialogue se fait de manière très lente et
discontinue. Parce qu’ici les directeurs sont un
peu limités dans leur fonction d’autant que les
hôpitaux sont confrontés à de sérieux
problèmes depuis la réforme hospitalière
financée par la Banque mondiale en 1998. La
majeure partie des directeurs qui sont venus
dernièrement ont trouvé des hôpitaux déjà
pillés, des recrutements mal faits, des
réalisations qui n’ont pas répondu au cahier de
charges. Nous ne pouvons pas directement
accusés les gestionnaires du moment même
s’ils ont une part de responsabilité liée à
gestion mais, ce sont ceux qui ont
accompagné la réforme depuis le début qui ont
faussé le jeu. Les responsabilités sont
partagées entre le personnel, les gestionnaires
et les Conseils régionaux qui ont politisé les
recrutements.
A ce propos qu’attendez-vous de l’Acte 3
de la décentralisation avec le changement
qui va s’opérer au niveau de la tutelle ?
Les populations n’ont pas encore compris cet
Acte. Quelle sera la position du Conseil
départemental par rapport à l’hôpital ? Nous
supposons que comme c’est le Conseil régional
qui gérait l’hôpital régional, c’est le Conseil
départemental qui va prendre le relais d’autant
plus que l’hôpital régional de Louga est dans le
département de Louga. Linguère a son hôpital,
Kébémer aura bientôt son hôpital ou son centre
de santé. Donc ce que nous attendons de l’Acte
3 c’est que les erreurs qui ont été commises ne
soient pas répétées par le Conseil départemental
dont nous attendons une forte implication. La
subvention qui était de 100 millions en 2000 est
aujourd’hui ramenée à 20 millions.
Pour quelles raisons ?
En son temps l’ancien président du Conseil
régional avait prétexté la création de nouvelles
régions. Comme c’était au cours de l’année, il
fallait ponctionner sur le budget pour financer les
nouvelles régions. Il nous avait promis que la
situation allait revenir à la normale.
Quand est-il aujourd’hui ?
Non, nous en sommes toujours à une subvention
de 20 millions et, pour en disposer, c’est la croix
et la bannière. Il y a juste un mois, nous avons
organisé une marche avec tout le personnel de
l’hôpital pour réclamer la subvention de 2013
alors que nous sommes en train d’exécuter le
budget de 2014. Nous avons des craintes par
rapport à la disponibilité des fonds d’autant plus
qu’on était informé du changement impliqué par
l’Acte 3 avec la disparition du Conseil régional et
le changement de tutelle qui en résulterait. Nous
ne savions déjà pas à qui s’adresser.
Le principe de la continuité de l’Etat devait
vous guider, non ?
Certes, mais le président du Conseil régional ne
sera plus là pour nous dire où sont passés les 20
millions. Nous avons tapé sur la table et obtenu
des résultats probants, aujourd’hui ils ont donné
une avance. Il reste maintenant à déterminer les
rapports que nous aurons avec la nouvelle tutelle.
Jusqu’à présent (l’entretien s’est déroulé le 7 août
2014) nous n’avons pas encore tenu de réunion
avec le Conseil gouvernemental.
Au niveau interne sur quoi portent vos
revendications ?
Dans notre plateforme, nous insistons sur
l’avancement des travailleurs. Il n’est pas normal
qu’un titulaire d’un CDI n’avance pas après dix
années de services, sans cotisations à l’IPRES.
Nous parlons également de la réhabilitation des
infrastructures. Cela fait plus de 5 ans que nous
n’avons pas bénéficié du BCI (Budget consolidé
d’investissement) qui nous permettait de faire
certains travaux. Ce budget aurait permis de
réfectionner les salles, changer les draps, les lits,
les matelas etc. Parce que là il y a urgence à
l’hôpital : les matelas sont totalement usés. (Il
soulève le drap qui laisse apparaître un vieux
matelas posé sur son lit de consultation. Un
matelas aussi vieux et aussi insalubre que le drap
qui le couvre). Heureusement, ici je ne fais que
de l’appareillage orthopédique. Mais, un matelas
comme celui-ci en chirurgie, absorbera facilement
le sang qui suinte.
C’est ce même type de matelas que vous
avez en salle de chirurgie ?
Je pense que le mien est de meilleure qualité
d’ailleurs ! J’ai fait 14 ans dans cet hôpital et, de
2000 à nos jours, beaucoup d’argent a été investi.
Malheureusement, les premiers gestionnaires de
cette réforme l’ont mal fait. Ils recrutaient à tort et
à travers. Au moment où nous n’avions pas plus
de 5 médecins, 8 infirmiers dans l’hôpital, d’autres
postes ont triplé voire quadruplé.
Mais semblent bouger dans le bon sens.
Vous confirmez ?
Oui, je crois que le directeur a fait des efforts
dans sa capacité de management. Chaque
directeur a sa spécificité. Il y en a qui travaille
beaucoup sur les recettes, d’autres peuvent
mettre le paquet sur le personnel pour soulager
les populations.
Il dit rêver d’un hôpital de niveau 3 pour
Louga…
C’est ce que nous voulons avant 2015. La région
occupe une grande partie sur la route nationale.
De Mpal à Ndande sur près de 100 km environ,
les gens qui souvent font des accidents sur cet
axe sont forcément acheminés à l’hôpital.
Aujourd’hui, la route de Ndoyène est prête et les
voyageurs vont l’emprunter cette route au lieu
d’aller jusqu’à Kébémer. L’autre avantage de
l’hôpital, c’est que nous disposons d’un espace
que nous pouvons exploiter à notre guise. Nous
pouvons tout faire ici, contrairement à l’hôpital de
Saint-Louis qui est entouré de maisons.
Que faut-il pour que ce « tout » soit fait ?
Ma principale demande c’est que d’abord que
nous avons une réanimation qui marche bien et
un excellent médecin, très dévoué qui sauve
énormément de vies. Avant cette réanimation qui
a été installée devant moi, beaucoup de gens
mouraient. Avec les césariennes surtout, on
perdait banalement des jeunes filles de 20, 25
ans. Mais, depuis que la réanimation existe, le
taux de décès a drastiquement chuté. Nous
voulons une réanimation plus à même de
prendre en charge les besoins des populations.
Nous avons même « récupéré » des malades
atteints de tétanos, qui tremblaient et qu’il fallait
attacher. C’est vous dire l’importance de la
réanimation.
Les médecins qui sont là ont fait les mêmes
études que ceux qui sont à Dakar ou ailleurs. Ils
sont juste confrontés à un manque de matériel.
Quand Louga n’a pas le matériel nécessaire pour
faire telle ou telle autre opération, nous sommes
obligés d’envoyer le malade à Dakar qui devient
de plus en plus submergé. Les malades paient
les pots cassés avec des rendez-vous de trois à
quatre mois alors que ce même travail peut être
fait à Louga si le matériel existe.
Ensuite, il faut que le bloc opératoire soit équipé.
Parce que l’équipement qui est là est très vétuste,
il date de l’époque de feu Djily Mbaye. Il a été un
équipement moderne et à l’époque tous les
médecins voulaient faire leur stage à Louga.
Mais, il a fait son temps. Il nous faut un bloc à la
dimension de Louga où les patients ont presque
triplé. C’est pour cette raison que toutes les
bonnes volontés de Louga doivent apporter leur
pierre à l’édifice. Changer des draps et des lits,
ce n’est pas la mer à boire.
Grand Louga. A une dizaine de minutes de la gare routière, le centre
hospitalier régional Ahmadou Sakhir Mbaye de Louga impose sa grandeur.
Bâti sur un vaste domaine, cette infrastructure construite aux frais d’un fils
du pays feu Djily Mbaye a été littéralement « offert » à l’Etat du Sénégal en
1983. Trois décennies après, la direction et le syndicat partagent
l’audacieuse volonté d’en faire un hôpital de niveau 3.
7. LOUGA INFOS – N°121 AOûT 2014
SOCIÉTÉ
Saliou Gaye, directeur du Centre hospitalier régional de Louga
‘’Des malades nous viennent de Dakar et Tambacounda’’
Entre deux visites, le directeur
du conseil d’administration de l’hôpital ?
que si le besoin se fait sentir. Nous avons des
général de l’hôpital régional de
Je n’ai pas encore entièrement lu le document
médecins vacataires. C’est le cas du psychiatre
portant Acte 3 de la décentralisation pour voir ce
qui vient tous les mardis. Là par exemple, il ne
Louga nous reçoit dans son bureau
qu’il réserve aux hôpitaux régionaux. Nous
s’agit pas d’un recrutement. Nous faisons juste le
et accepte de répondre à questions.
sommes une structure régionale jadis gérée par
prorata des recettes pour respecter une
la région en tant que Collectivité locale.
convention que nous avons signée. Nous ne
Grand dans son ensemble kaki,
Aujourd’hui, à l’heure de la départementalisation,
cherchons pas de bénéfice à ce niveau mais
l’homme présente les aspects d’un
je ne sais pas réellement ce qui nous attend. Je
plutôt la disponibilité d’un type de prestation qui
manager moderne. Dans un débit
sais que la santé restera une compétence
n’existait pas dans la région. Il fallait trouver
transférée, mais je ne sais pas comment le
quelqu’un pour éviter aux malades les longs
modéré et assuré, Saliou Gaye livre
conseil sera organisé.
déplacements sur Dakar ou ailleurs. De la même
ses ambitions…
manière, nous sommes parvenus à avoir un
N’avez-vous pas été impliqué dans l’élaboration
spécialiste en ORL. Auparavant, les malades
Comment fonctionne le l’hôpital régional de
de l’Acte 3 dans son volet sanitaire ?
souffrant de ces pathologies ne savaient pas où
Louga ?
Le Ministère de la Santé a peut-être été
donner de la tête. Maintenant, ils ont des
Le centre hospitalier régional Ahmadou Sakhir
consulté…Peut-être !
spécialistes à leur disposition. Mieux, des
Mbaye de Louga est un établissement public de
Y aura-t-il un représentant pour chaque
malades quittent Dakar pour venir se faire
santé hospitalier régi par un certains nombre
département dans le CA, comment le président
consulter ici et repartir le même jour, compte tenu
d’organes. Il y a d’abord le Conseil
sera nommé, de quel département sera-t-il issu ?
de la diligence de la prestation. De la même
d’Administration (CA) qui se réunit au moins une
Ce sont là des questions qui méritent des
manière, des malades nous viennent de
fois par trimestre et chaque fois que de besoin,
réponses. Parler d'une compétence transférée,
Tambacounda pour le même type de prestation.
tient des sessions extraordinaires. Nous avons
signifie que la collectivité devrait prendre en charge
aussi la Commission médicale d'établissement
la santé, mieux que l’Etat. Nous espérons une
Est-il permis de parler d’un renouveau
(CMA) qui regroupe les médecins, pharmaciens
meilleure prise en charge de la Santé par l’Acte 3.
hospitalier à Louga ?
et chirurgiens dentistes de l’établissement. Il y a
C’est ce qu’attendent également les populations.
Je le confirme dans la mesure où certaines
également le Comité technique d’établissement
prestations que nous demandions ailleurs sont
(CTE) qui n’est pas encore mis en place. Il
Comment est la qualité du service à l’hôpital
maintenant disponibles ici. Je cite souvent la
regroupera les représentants des différents corps
et les envoyer dans les régions. Si on ne facilite
régional de Louga ?
mammographie. Nous sommes les seuls à
présents dans l’établissement. Nous avons enfin
pas la spécialisation, il sera difficile de combler ce
Malgré la faiblesse de nos ressources
disposer de cette prestation mammographie dans
la direction qui est l’organe d’exécution. Si le CA
déficit.
financières, nous veillons sur la qualité. D’une
presque tout l’axe nord. Thiès en dispose
est l’organe de décision et la direction l’organe
part, les agents de santé, qu’ils soient médecins,
maintenant, mais il y a juste quelques mois, nous
d’exécution, il faut noter que la CMA et le CTE
En attendant, vous définissez sans doute une
infirmiers ou autres, sont des professionnels.
étions les seuls à en disposer à part Dakar. Nous
sont des organes consultatifs.
politique de renforcement de capacités ?
D’autre part, nous agissons sur des humains. Et,
avons aussi une unité de réanimation. C’est
La médecine évolue très rapidement et, il faut que
si vous ne faites pas des prestations de qualité,
important puisque si vous n’en disposez, il vous
L’avis des organes consultatifs lie-t-il la
le personnel suive. Le renforcement de capacités
soit vous aggravez la maladie ou bien vous
faudra au moins une ambulance médicalisée
Direction ?
reste nécessaire et il doit être continu. Mais là
laissez des séquelles. Et, c’est des malades qui
pour pouvoir transporter les malades.
Oui et non. La CME par exemple est un organe
également, il faut des ressources. Le plus
vous reviennent et qui constitueront une charge
technique, médical. Et, un avis médical nous lie
souvent, nous recevons l’appui des partenaires
de travail de plus. Il est rare de voir des gens qui
Avez-vous ce type d’ambulance ?
forcément. Tel n’est pas le cas de l’avis administratif.
au développement, des Ongs. Ce matin par
ne soient pas satisfaits des prestations médicales
Nous n’en avons pas pour le moment mais, un
exemple (l’entretien s’est déroulé le 7 août 2014),
de l’hôpital. C’est exceptionnellement que nous
appel d’offre est déjà lancé et la procédure suit
Quels sont les offres de soin dont vous
nous avons tenu un atelier sur la prise en charge
recevons des réclamations sur le plan des soins
son cours pour l’acquisition de cette ambulance
disposez ?
des femmes après avortement. Les thèmes sont
médicaux. L’on peut parler de l’accueil, de
qui viendra appuyer le service de réanimation.
Nous avons un plateau technique les services
choisis en fonction de la fréquence des affections.
l’hôtellerie. Et là aussi, il faut dire que nous
Nous avons aussi un scanner qui vient de
généraux, principalement les services médicaux
n’avons qu’un seul service d’accueil des
démarrer. Auparavant, les malades allaient à
techniques : médecine, chirurgie (viscérale,
Avez-vous de bonnes performances
urgences pour toute la région et tous ceux qui
Saint-Louis, Thiès ou à Dakar. Mais, depuis que
urologique et orthopédique), maternité, pédiatrie,
économiques ?
passent par la région. C’est important de le
cet outil est fonctionnel, il y a un ouf de
réanimation, ophtalmologie, service dentaire,
Sur ce plan également, il faut dire que c’est
souligner. Outre les urgences médicales pures,
soulagement aussi bien pour les malades que
service d’accueil des urgences, cardiologie,
difficile. En effet, l’hôpital fonctionne avec des prix
les urgences obstétricales, nous devons gérer les
pour les médecins. Toujours pour confirmer ce
dermatologie, le service d’aide diagnostique –
et des tarifs. Et, il faut faire la différence entre les
urgences nées des accidents de la circulation. Et,
renouveau, il faut dire que l’hôpital dispose d’une
imagerie médicale (radiologie) –, le laboratoire et
deux notions. Le prix tient compte du coût de
nous avons des équipes réduites. Ce sont en
centrale d’oxygène. Auparavant, nous avions
la pharmacie. Nous faisons également de la
production et du bénéfice. Tout le contraire du
général des personnes qui fonctionnent presque
souvent des problèmes d’approvisionnement
mammographie et, il y a juste quelques jours,
tarif, fixé à une somme bien déterminée par l’Etat.
toute la nuit par moments. Il faut se rappeler qu’ils
mais aujourd’hui, le ministère de la santé nous a
nous avons démarré le scanner. En appui à ces
On peut ainsi faire une prestation dont le coût de
sont des êtres humains pour comprendre
permis de disposer de cette infrastructure. Dans
services, nous avons également le bloc
production est de 200 000 FCFA. Si l’Etat, compte
certaines situations.
le cadre des perspectives, je dois dire que
opératoire, la kinésithérapie, le centre
tenu du revenu des populations, décide de fixer
l’Agence française de développement va
d’appareillage orthopédique et nous parvenons à
cette prestation à 50 000 FCFA, il va de soi que
Comment sont vos rapports avec les
réhabiliter la maternité, la pédiatrie et construire
faire des prothèses pour les amputations de
l’hôpital perd au change. Donc, sur le plan
représentants des travailleurs ? Le climat
un centre de transfusion sanguine. Nous
jambes, nous fabriquons également des cannes
économique, nous rencontrons également des
social à l’hôpital de Louga est-il serein ?
disposerons ainsi d’une banque régionale de
destinées aux personnes qui souffrent d’une
difficultés, surtout si la compensation ne suit pas.
Nous avons un climat acceptable…
sang. Déjà pour avoir du sang, il nous arrive de
impotence fonctionnelle. Tout ceci pour vous dire
ratisser jusqu’à Saint-Louis, à Dakhar Bango.
que l’hôpital de Louga a un plateau technique
Vous avez l’appui de l’Etat tout de même ?
Certes, mais l’Etat lui-même ayant des moyens
Juste acceptable ?
Toujours dans le cadre de la coopération, Luxdev
acceptable pour une structure régionale.
limités, il ne peut pas tout faire. Nous bénéficions
Acceptable, parce que quand on a pas assez de
va construire un centre d’accueil de qualité et va
également de l’appui du Conseil régional. Sinon,
ressources…(il ne termine pas sa phrase). Mais
réhabiliter la réanimation. Et, tout cela, il faut dire
Avez-vous assez de spécialistes pour ces
services ?
nous comptons essentiellement sur les recettes
nous remercions le bon Dieu parce que souvent,
que l’avons obtenu grâce à l’appui constant du
quand vous parlez aux gens, ils comprennent la
ministère de la santé. Il s’agit là d’un bon relais,
Je dois dire qu’en dehors de la maternité où nous
internes. Et, là également, il y a les gratuités :
césarienne, plan sésame, soins pour les enfants
situation. Ils savent que la direction veut bien faire
voire une continuité de l’effort de feu Djily Mbaye
avons deux gynécologues, nous n’avons qu’un
seul spécialiste pour chaque service spécialisé.
de 0 à 5 ans, etc. Pour ces gratuités, nous
des efforts, mais elle a des ressources limitées.
qui a construit et équipé cet hôpital et mis à la
assurons d’abord la prestation avant d’envoyer la
Les mouvements existent partout où il y a des
disposition de l’Etat en 1983. Actuellement, nous
De la même manière, nous sommes très limités
en qui concerne les spécialistes paramédicaux.
facture. Globalement, nous avons deux types de
effectifs important, c’est normal. L’essentiel est
avons une capacité de 192 lits.
recettes : celles facturées et celles encaissées.
que le fil du dialogue ne soit pas rompu avec les
Hormis les infirmiers anesthésistes réanimateurs
qui sont au nombre de quatre, les autres services
Entre les deux, la différence est souvent très
responsables. Et, ici, chaque fois qu’il y a un
S’il vous était donné d’enrayer une difficulté
font face à la rareté des ressources humaines.
énorme. Il est alors difficile pour l’hôpital de couvrir
mouvement d’humeur, le service continu est
à quoi vous attaqueriez-vous ?
toutes ses charges. Sans l’appui de l’Etat, qui ne
assuré et c’est cela l’essentiel. Je n’ai jamais
Je dois dire d’abord que la santé n’est pas
Globalement, nous disposons d’un nombre très
assisté à un mouvement de grève où les urgences
seulement l’affaire de l’Etat. Nous avons besoin
limité d’infirmiers spécialistes.
peut pas laisser les populations prendre en
charge le coût des prestations médicales, les
ne sont pas assurées. Nous avons affaire à des
de l’appui des populations, des bonnes volontés.
choses allaient être extrêmement difficiles.
vies humaines et les gens l’ont compris.
Si tout le monde avait suivi les pas de Djily
Cela impacte sans doute sur les
Mbaye, ce serait déjà une bonne chose. Nous ne
performances de l’hôpital ?
Pourquoi parle-t-on moins de l’implication
Sur quoi portent leurs revendications en
demandons pas de l’argent liquide. Nous
Malgré le déficit de ressources humaines, l’hôpital
général ?
demandons aux populations de nous aider dans
ne rejette pas de malade. Quelque que soit leur
des collectivités locales dans la gestion des
nombre, ils sont pris en charge par les agents qui
problèmes de santé alors qu’elle est une
Pour faire fonctionner un hôpital, il faut de l’argent.
l’acquisition de médicaments, d’équipements, des
En dehors des produits de fonctionnement, des
pots de peinture ou quelques mètres carrés de
sont en place. Je saisi l’occasion pour leur rendre
compétence transférée ?
approvisionnements, nous devons également
carreaux, ne serait-ce que pour améliorer le cadre
hommage. Je vous ai parlé d’un spécialiste
Normalement, la collectivité devrait fortement
appuyer les établissements de santé, ce qui n’est
gérer la masse salariale. Quelques fois, les
de vie de l’hôpital qui doit être un lieu attrayant où
médical par service, il travaille jour et nuit et a des
recettes encaissées ne permettent pas de faire
il doit faire bon vivre. Aussi, nous attendons
problèmes même pour jouir de son droit de
pas le cas actuellement. Mais, pour ce faire, elles
face à certaines charges de personnel. Cela
beaucoup de la nouvelle collectivité locale ; l’Acte
congé. Il peut passer toute la nuit au bloc
doivent disposer de moyens. Le Conseil régional
opératoire et, le lendemain, à 7 heures 30 déjà,
qui n’a pas de recettes propres, ne compte que
engendre des retards dans le règlement
3 devrait bien contribuer à l’équilibrage du déficit
concernant les motivations. Mais, pour les
financier. Aujourd’hui, les évacuations sanitaires
des malades l’attendent. Cela pose problème.
sur les subventions de l’Etat pour vivre. En
Europe par exemple, les régions ont des recettes
salaires, nous faisons tout pour qu’il n’y ait pas de
ont fortement baissé. Surtout pour les besoins
propres qui leur permettent d’appuyer
retard. Il y a eu juste quelques moments où le
relatifs au scanner, il nous fallait évacuer au
Que faut-il pour palier ce déficit de
spécialistes dans les hôpitaux régionaux de
considérablement les structures publiques de
problème s’est posé. Mais, globalement, malgré
moins deux malades sur Saint-Louis ou Thiès. Il
santé. Mais, tel n’est pas le cas au Sénégal.
les difficultés auxquelles nous sommes
en est de même pour les gros malades de la
manière globale ?
confrontés, nous donnons la priorité aux salaires.
réanimation. Mieux, nous en recevons d’autres
Il faut encourager les professionnels médicaux à
hôpitaux. Luxdev compte débloquer 26 millions
se spécialiser en nombre. Il y a beaucoup de
A l’heure de l’Acte 3 de la décentralisation
A Louga la masse salariale n’est-elle pas
pour l’extension et 135 millions pour l’équipement
médecins généralistes qui sont en chômage.
qu’attendez-vous de la nouvelle collectivité qui
alourdie par un recrutement massif ?
de la réanimation.
L’Etat devrait les recruter, en faire des spécialistes
remplacera le Conseil régional à la présidence
Hormis certains spécialistes, nous ne recrutons
Je rêve d’un hôpital de niveau 3 à Louga.
8. Tout ce que vous devez savoir sur EBOLA
Elaboré par le Pr Bernard Marcel DIOP, infectiologue à la retraite
Thiès le 4 juillet 2014
Depuis quelques semaines, on ne parle plus que de ce virus. Ebola s’est fait, à peu de frais mais avec déjà plus de milliers de décès
à son actif, une notoriété internationale qui concurrence aujourd’hui dans la conscience collective des agents aussi dévastateurs
que le célèbre VIH ou le multiséculaire bacille de Koch. Louga apporte sa pierre dans la campagne de prophylaxie initiée par les
autorités sénégalaises et internationales en publiant cette fiche, intéressante à plusieurs égards, que le Pr. Bernard Marcel Diop,
éminent spécialiste du virus Ebola, a voulu mettre à notre disposition. Vous y trouverez des chiffres que la nocivité trop vive de ce
virus contraint à constamment réactualiser. C’est dire combien il est important de devoir s’informer pour repousser cette « peste »
nouvelle. Tout ce que vous devez savoir sur Ebola se trouve dans les lignes ci-dessous
LOUGA INFOS – N°121 AOûT 2014
8 SANTÉ
INTRODUCTION
- Définition : La maladie à virus Ebola ou MVE
(autrefois appelée aussi fièvre hémorragique à
virus Ebola) est zoonose virale hémorragique
(transmise à l’homme et l’animal) grave,
hautement contagieuse et mortelle due au
virus Ebola du genre Ebolavirus appartenant à
la famille Filoviridae (ressemble en
microscopie électronique à un fil).
Il existe 5 sous-types
o Ébola-Soudan (SUDV/SEBOV, Nzara et
Maridi,1976)
o Ebola-Zaïre (EBOV/ZEBOV, Yambuku, 1976
), plus dangereux
o Ébola-Côte d'Ivoire (TAFV/CIBOV ou , Taï
forest, 1994)
o Ébola-Bundibugyo (BDBV/BEBOV, Gulu en
Ouganda, 2008)
o Ébola-Reston (RESTV/REBOV, 1989) :USA-Philippines,
forme asymptomatique chez les
l’homme et le porc (moindre virulence?)
zoonose mortelle chez les singes
- Intérêt :
o Sévit avec ampleur en République de Guinée
depuis le 6 décembre 2013, puis s’est
propagé au Libéria puis en Sierra Anglais en
Avril 2014
o Mortalité entre 60 – 70 mais peut atteindre 90%
o Il n’existe ni traitement curatif, ni vaccin
protecteur.
Epidémiologie
- Situation actuelle :
Depuis sa notification officielle par la République
de Guinée le 03 mars 2014, la maladie à Virus
Ebola qui est apparu en Guinée à Guéckédou
en zone forestière ne cesse de sévir et c’est
même propagé à deux pays frontaliers : le
Libéria le 6 avril et la Sierra Léone le 24 avril
2014.
La situation au 30 juin 2014 est la suivante :
o Guinée : 413 cas dont 303 décès et 293 cas
confirmés
o Libéria : 96 cas dont 49 décès et 56 confirmés
o Sierra Léone : 339 cas et 99 décès dont 199
confirmés.
Aucun cas n’a été notifié, pour le moment, en
Côte d’Ivoire, au Mali, Guinée Bissau et au
Sénégal Réservoir du virus
- Le réservoir naturel du virus est constitué
par les chauves-souris frugivores. Elles sont
présentes en Afrique de l’Ouest. Elles sont
porteuses saines du virus
- Le mode de transmission se fait par contact
o direct ou transmission inter humaine
(malades, les convalescents via le sperme
jusqu’à 7 semaines, et les cadavres) après un
contact étroit avec du sang ou les liquides
biologiques ou
o indirect avec les fruits, animaux de brousse
vivants ou morts (chauves-souris, Primates
non humains, antilopes des bois, porcs
épics…) après un contact étroit avec du sang,
des secrétions, des organes, des liquides
biologiques avec des animaux infectés ou en
consommant leur viande ou des fruits souillés.
- Réceptivité : toute personne en contact avec
une source de contamination y compris les
agents de santé médicaux ou vétérinaires
En Afrique, l’infection a été constatée après la
manipulation de chimpanzés, de gorilles, de
chauves souris frugivores, de singes, d’antilopes
des bois et de porcs-épics retrouvés malades
ou morts dans la forêt tropicale.
Signes et symptômes de la maladie
- La durée d’incubation (délai d’apparition de
la maladie entre sa pénétration dans
l’organisme et les premiers signes) est de 2 à
21 jours
- Signes : La MVE se caractérise par une fièvre
élevée (39-40°C) d’apparition brutale, une
faiblesse, des douleurs musculaires, des maux
de têtes et une irritation de la gorge. Ces
symptômes sont suivis de vomissements, de
diarrhée sanglante, d’une éruption cutanée,
d’une insuffisance fonctionnelle du rein et du
foie et, dans certains cas, d’hémorragies
internes et externes.
- Seule un laboratoire de référence peut
confirmer le diagnostic de Maladie à Virus
Ebola (MVE)
- L’évolution est défavorable, mortelle dans
50 à 90% des cas avant le 12ème jour. Au-delà
les chances de guérir sont grandes.
Les sujets atteints restent contagieux tant que
le virus est présent dans leur sang et leurs
sécrétions. On a isolé le virus Ebola dans le
liquide séminal 61 jours après l’apparition de la
maladie chez un homme ayant contracté
l’infection dans un laboratoire.
Diagnostic
- Définition communautaire de cas suspect
de MVE :
o Toute personne qui présente une fièvre (corps
chaud) et des signes hémorragiques et qui a
séjourné ou qui a été en contact avec une
personne provenant d’une zone épidémique
dans les 42 jours précédant le début de la
maladie ;
o Toute personne qui décède à domicile dans
un contexte de fièvre et de signes
hémorragiques
Remarque: Toute notification communautaire
doit faire appel au SAMU national (1515; 77 740
93 43; 77 253 97 73 ou 77 253 97 70) ,
- Définition du sujet contact : toute personne
n’ayant pas de symptômes; mais qui a été en
contact physique avec un cas ou avec les
sécrétions ou excrétions d’un cas au cours des
trois dernières semaines.
Remarque : il peut s'agir d'une personne qui a
partagé la même chambre ou le même
lit, ou a soigné le malade, ou touché ses liquides
physiologiques, ou participé de manière
rapprochée à l’enterrement en touchant le corps.
- Le diagnostic de confirmation nécessite
obligatoirement l’existence d’un laboratoire de
référence (Au Sénégal, c’est l’institut Pasteur
de Dakar). Sans laboratoire, il est difficile de
faire la différence avec :
- Un paludisme grave
- Une fièvre jaune, une dengue hémorragique et
d’autres fièvres hémorragiques virales
- La Fièvre typhoïde, les dysenteries
bactériennes (exemple shigellose)
- Une maladie non infectieuse (cancers du sang,
envenimation par le venin de serpent, personne
sous médication anti coagulante …)
traitement : Il est symptomatique. Les malades
doivent être réhydratés, confinés, admis en
milieux de soins intensifs. Les convalescents
devraient mis en quarantaine pendant au moins
21 jours voir plus.
Prévention : Il n’existe pas, pour le moment, de
vaccin homologué protecteur ni humain, ni
vétérinaire. En l’absence de traitement efficace
et de vaccin pour l’homme, la sensibilisation aux
facteurs de risque et la connaissance des
mesures de protection à prendre à titre
individuel sont le seul moyen de réduire
l’infection et la mortalité chez l’être humain.
- Réduire les risques de transmission entre
les animaux sauvages et l’homme par :
o contact avec des chauves-souris ou des
singes/primates infectés ou antilopes des bois
et
o la consommation de leur sang ou de leur
viande crue. Les produits (sang et viande)
doivent être cuits soigneusement avant d’être
consommés.
o Consommation de fruits infectés par les
chauves-souris frugivores. Ils doivent être
lavés avec de l’eau et du savon ou de l’eau
javélisée
- Réduire le risque de transmission
interhumaine dans la communauté provenant
:
o De contacts directs ou rapprochés avec des
sujets infectés, notamment avec leurs liquides
biologiques.
o De contact rapproché avec des patients
infectés
Il faut porter des gants et un équipement de
protection individuel (masque, lunette, blouse
longue, botte) adapté lorsqu’on soigne des
patients à domicile.
Il est indispensable de se laver régulièrement les
mains (avec de l’eau et du savon ou une
solution hydro-alcoolique) après avoir rendu
visite à des parents malades à l’hôpital ou après
les avoir soignés à domicile.
Il faut rester à plus d’un mètre du malade et être
équipé d’un habit de protecteur lorsque l’on rend
visite à un malade
- Informer la population de la nature de la
maladie et des mesures prises pour endiguer
la flambée, y compris lors des rites funéraires.
Les personnes mortes de cette infection
doivent être enterrées rapidement et sans
prendre de risque.
CONCLUSION :
La Maladie à Virus Ebola ou MVE est une
zoonose grave, hautement contagieuse. En
l’absence de traitement efficace et de vaccin
pour l’homme ou l’animal, la sensibilisation aux
facteurs de risque et la connaissance des
mesures de protection à prendre à titre
individuel sont le seul moyen de réduire
l’infection et la mortalité chez l’être humain
Sources :
- Aide –mémoire : Maladie à virus Ebola OMS
avril 2014
- Directives Ministère de la santé et des Affaires
Sociales du Sénégal mars 2014
- Leroy EM. & al., Multiple Ebola Virus
Transmission Events and Rapid Decline of
Central African Wildlife, Science, 2004, 303 :
5655.