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FILIÈRE : SCIENCES ECONOMIQUES ET GESTION
SEMESTRE S1
PRÉPARÉ PAR : Pr LECHHEB Houda
Années universitaires : 2020 – 2021
POLYCOPIÉ
INTRODUCTION À L’ÉCONOMIE
2
Plan du Cours
Chapitre I : Définitions et concepts élémentaires
Section 1- Définition de la science économique
Section 2- Le but de l’activité économique
Section 3- Les catégories de la discipline économique
Section 4- La méthodologie de la science économique
Chapitre II- Les acteurs de la vie économique : Les interdépendances
Section I. Les intervenants de la vie économique
Section II - Le circuit économique : Notion de flux réel et monétaire
Section III- La mesure de l'activité économique
Chapitre III- Les grandes écoles de la pensée économique
Section 1 : Le capitalisme commercial et la pensée mercantiliste
Section 2 : La pensée classique
Section 3 : Le développement de l’économie politique à l’étape capitaliste et à l’étape de la
transition pour le socialisme
Section 4 : L'approche keynésienne
3
Introduction :
L’activité économique est la forme d’activité humaine par la quelle les hommes luttent pour
réduire l’inadaptation de la nature à leurs besoins. Elle se présente comme une rencontre
d’actes et de comportements sociaux de production d’achat et de vente de biens et services,
effectués par des agents économiques directement impliqués dans la production, la distribution
et la consommation des composantes des richesses économiques.
L’homme a tenté de dévoiler les secrets de cette activité économique de la connaître, de
formuler les idées qui y sont relatives : relatives à sa nature, à son fonctionnement, à son
résultat et à sa continuité d’une période à l’autre.
Dans cette tentative, l’homme effectue un autre effort qui représente une activité
intellectuelle, activité qu’il pratique suivant des démarches qui l’amènent à son but, aux idées
économiques, aux théories économiques. Ces théories, si elles remplissent certaines conditions
sont scientifiques et font partie d’une science qui est la science économique.
Cela dépasse le simple fait d’observer et de bien observer. Il faut élaborer des instruments
de connaissance et d’investigation économique du concret. Le chercheur observe la réalité par
l’intermédiaire des concepts et des lois. Ce faisant, il élabore, utilise et fait appel à des théories.
C’est pourquoi la théorie n’est pas synonyme de spéculation. La théorie est l’élaboration
d’instrument d’analyse à porter générale et scientifique adaptée à la réalité étudiée. C’est une
élaboration scientifique et des exigences méthodologiques au centre des quelles est posé le
statut de l’analyse économique.
4
Chapitre I : Définitions et concepts élémentaires
L’économie est un observatoire de la réalité matérielle de l’homme. Elle représente pour
cela une masse de connaissances théoriques sur l’activité humaine accumulée à travers
l’histoire.
Ainsi, il est difficile de donner une définition satisfaisante de la science économique. La
difficulté provient notamment de ce que le mot « économie » à revêtu des significations
différentes au cours du temps. Nous allons, dans ce premier chapitre, expliquer le champ
d’étude de la science économique et introduire un certain nombre de concepts élémentaires.
Section 1- Définition de la science économique
En détaillant le mot économie vient du grec oÏkos, la maison et de Nomos, la loi, les
règles), étymologiquement, l'économie désignait donc les règles de conduite de la maison. Il
s'agissait de la science de la vie domestique privée par rapport à la politique dont l'objet était la
gestion de la société.
Le mot économie a revêtu une signification essentiellement gestionnaire et patrimoniale ; il
s’agit de conduire et de bien administrer une maison (au sens ancien du terme).
Il est certain que la conception de l’économie politique a beaucoup évolué depuis cette
première définition qu’aucun économiste contemporain ne pourrait accepter.
La conception même de l’économie politique est passée sommairement par trois phases :
A- L’économie est la science de la richesse :
Si l’on part de la conception des économistes classiques à la fin du 18è siècle, et au début
du 19è siècle, l’économie était conçue comme la science des richesses. A. Smith intitulait son
ouvrage de 1776 « Recherche sur la nature et les causes des richesses des nations ».
Cette conception n’a pas manqué de soulever des interrogations. Les richesses qui
intéressent les classiques, ce sont les richesses principalement matérielles. Or la richesse d’un
homme ou d’une société ne se compose pas seulement de biens matériels. Ceci est
particulièrement vrai de nos jours où les services constituent une partie importante de l’activité
de production et de consommation des agents économiques.
Ainsi, le contenu strict de la richesse ne cadre pas avec les préoccupations de la science
économique. On s’est alors orienté vers une conception élargie de la richesse pour la concevoir
comme tout ce qui satisfait un besoin, ou encore tout ce qui est utile à l’homme.
B- L’économie est la science de l’échange marchand :
Ce type de définition s’intéresse à tout ce qui est utile à l’homme, à tout ce que l’homme
acquiert par l’échange marchand, qu’il soit matériel ou immatériel. C’est le courant
néoclassique, fortement attaché à la notion d’utilité, qui développa cette conception.
Il convient de souligner que cette notion d’utilité est une notion subjective par nature et ne
peut être mesurer que par un prix. C’est la signification de l’échange marchand, celui qui se
déroule sur un marché.
Or, est-il vrai que l’intégralité des échanges passe par le marché ? Certes non, lorsqu’on
observe l’organisation des différentes économies où le marché n’occupe parfois qu’une place
mineure, tel que les économies de subsistance, les anciennes économies communistes, les
économies fortement étatisées…
C- L’économie est la science des choix efficaces :
5
Ce troisième type de définition a voulu dépasser la conception limitative du marché, mais il
reste attaché à l’idée de satisfaction des besoins. Ainsi, l’économie est définie comme la
science qui cherche comment les hommes décident d’utiliser les ressources productives rares
ou limitées en vue de créer des marchandises ou des services variés et de les répartir pour des
fins de consommation entre les différents membres de la société.
Cette définition part du principe que l’homme possède des besoins multiples illimités,
cependant il ne possède que des moyens rares, il doit donc effectuer des choix rationnels.
Mais, l’idée à son tour critiquable, car si l’on considère que l’économie est la science des
choix efficaces, on se trouve placé dans une perspective très large qui dépasse le domaine
économique [opérer des choix peut s’effectuer par exemple dans le domaine de l’organisation
de la circulation urbaine, ou même dans le jeu du hasard, or ces choix ne sont pas de caractère
économique].
D- Définition de P. Samuelson :
Certainement, l’économie comprend tous les éléments cités dans les définitions variées qui
précèdent et bien d’autres éléments qui figureraient dans une liste plus développée si elle était
dressée.
Pour cette raison, on annoncera ici une conception plus explicite et plus concrète qui met
en relief les trois préoccupations fondamentales de l’activité économique à savoir : la
production, la répartition et la consommation. C’est la définition libellée par Paul Samuelson
dans son ouvrage intitulé « l’économique » : « L’économie recherche comment les hommes et
la société décident, en faisant ou non usage de la monnaie, d’affecter des ressources
productives rares à la production à travers le temps de marchandises et services variés et de
répartir ceux-ci, à des fins de consommation présente et future, entre les différents individus et
collectivités constituant la société ».
Cette définition introduit six notions nouvelles :
- Notion de monnaie : la définition de Samuelson laisse supposer qu’une économie pourrait
fonctionner sur la base du troc, mais l’expérience historique montre que dès que l’économie
devient plus complexe, on utilise la monnaie comme instrument des échanges.
- Notion d’emplois alternatifs : cela renvoie au concept d’efficacité. Les ressources doivent
être employées de façon à ce que la production soit le plus proche possible de la frontière de
production.
- Notion de consommation présente ou future : les sociétés épargnent des ressources, c'est-
à-dire renoncent à les consommer immédiatement en vue de la constitution de capital.
- Notion de bien économique : par bien économique, on entend à la fois des biens matériels
et des biens immatériels.
- Notion de production : il important de distinguer le gestionnaire, dont le but est, à partir
des ressources existantes, de se livrer à une activité productive efficace de l’entrepreneur, qui
est innovateur et créateur.
- Notion de distribution : la distribution concerne l’organisation des marchés et du
commerce.
Section 2- Le but de l’activité économique :
Appréhender l'économie ne consiste pas seulement à décrire les faits mais aussi à
comprendre, à expliquer la réalité qui nous entoure et à anticiper l'avenir. Nous pratiquons de
6
l'économie dans notre vie quotidienne : acheter un livre ou un disque mettre de l'argent de
coté…
La science l'économie a pour objet principal l'étude de la Production, de la Répartition et
de la Consommation des biens et services.
En restant plus précis à propos du contenu de ce chapitre, l’activité économique a comme
but la satisfaction des besoins. L’aptitude à satisfaire un besoin s’appelle l’utilité. Les biens
capables de satisfaire les besoins, ou si l’on veut encore, doués d’utilité, sont les biens
économiques. Nous allons consacrer à ces trois notions intimement liées ce deuxième élément.
A- La théorie du besoin :
Dans la terminologie économique, le mot besoin est pris dans une acception plus large que
dans le langage courant. Il ne désigne pas seulement un état de souffrance de malaise ou de
gène que nous éprouvons s’il nous manque telle chose, si tel acte s’accomplit ou ne s’accomplit
pas. Au sens économique du mot, on dit qu’on a besoin de tout ce qu’on désire.
L’observation des lois qui gouvernent les besoins a donné lieu à des analyses importantes.
1- Les lois de Gossen :
Première loi : Loi de la satiabilité des besoins : ils sont limités en capacité. La limitation
des besoins en capacité existe à deux points de vue. Elle signifie d’abord qu’une quantité finie
de l’objet désiré suffit à la satisfaire, ensuite que l’intensité de nos besoins diminue au fur et à
mesure qu’ils reçoivent satisfaction. Une satisfaction élémentaire qui se poursuit décroît et finit
par s’éteindre. A la limite, elle peut donner lieu à une peine, c'est-à-dire à une désutilité.
Deuxième loi : Loi de la comparabilité subjective des besoins : tout individu raisonnable
est capable d’établir une hiérarchie dans l’intensité de ses besoins. Cela signifie qu’un
consommateur, disposant d’un certain nombre de bien, pour satisfaire des besoins divers, est à
tout moment capable d’opérer une sélection et de déterminer un ordre d’urgence.
2- Les lois d’Engel :
Ernest Engel a écrit en 1857 un ouvrage portant sur les rapports de production et de
consommation. Le problème qu’il s’est posé, est le suivant : étudiant les budgets des ouvriers,
Engel a cherché comment varieraient les dépenses de consommation suivant la grandeur du
revenu. Trois propositions doivent être retenues :
- La part du revenu affectée aux dépenses d’alimentation est d’autant plus grande que le
revenu est plus petit ;
- La part du revenu affectée aux dépenses de vêtement, de logement, de chauffage et
d’éclairage demeure sensiblement la même, quelque soit l’importance du revenu. Pour les
faibles revenus, il est toutefois attribué plus à l’habillement qu’à l’habitation ;
- La part affecté aux autres besoins (éducation, distribution, charité …) augmente avec le
montant du revenu.
B- L’utilité économique
Dans la langue ordinaire, le mot utile est pris dans un sens spécial et s’oppose à ce qui est
superflu, ou simplement agréable, ou nuisible soit au point de vue physique soit au point de vue
morale.
Les économistes ont proposé à la place du mot utilité un certain nombre d’autres
expressions : ophélimité, désirabilité, valeur d’usage, ou utilité économique. L’utilité
économique d’un bien pour un individu, « c’est l’intensité du désir que cet individu éprouve de
se procurer ce bien à un moment donné et dans des conditions déterminées. »
7
Il résulte de la définition précédente que l’utilité économique d’un bien présente les
caractéristiques suivantes :
- L’utilité est subjective : Elle n’est pas une propriété objective inhérente à un bien et
provenant de sa nature ;
- Elle est liée au caractère économique du bien : les biens économiques, c'est-à-dire les
biens appropriés susceptibles d’être vendus ou achetés, ont seuls une utilité économique.
L’utilité marginale : c’est le principe de l’utilité décroissante ou des jouissances
décroissantes. On définit l’utilité marginale de la façon suivante : « l’utilité marginale d’un bien
composé de plusieurs exemplaires (ou unités), c’est l’utilité du dernier exemplaire. »
C- La théorie des biens
Les biens économiques comprennent toutes les choses disponibles que les hommes jugent
aptes à satisfaire directement ou indirectement un de leurs désirs. Cette définition implique la
réunion des quatre conditions suivantes :
- L’existence d’un besoin apte à satisfaire ;
- La connaissance qu’ont les hommes de cette aptitude ;
- La disponibilité : c’est la possibilité d’utiliser cette chose ;
- La rareté : si l’abondance d’un bien est telle qu’on puisse l’acquérir sans une peine, sans
un travail, sans un coût, il ne s’agit pas d’un bien économique.
On peut classer les biens économiques selon quatre critères :
1- L’emploi :
Il permet de distinguer entre les biens de production (appelé également biens
d’investissement ou encore biens capitaux) et les biens de consommation (ou encore biens
directs ou du premier degré) :
- Les biens de consommation sont ceux qui satisfont un besoin immédiat ;
- Les biens de production, ou bien de degré supérieur, ceux qui satisfont un besoin plus
éloigné.
La distinction entre les deux marque la frontière entre ce qui est du capital et ce qui n’en est
pas, c'est-à-dire, ce qu’on appelle le revenu, le premier procurant le second. Cependant « un
capital est un ensemble ordonné à une fin et organisé pour l’atteindre » (Perroux). Ainsi, une
poule est un capital si on consomme ses œufs, elle est un revenu si on décide d’en faire un plat.
2- La durabilité :
Certains biens peuvent durer très longtemps, ou même sont quasi éternels, ce sont les biens
durables. D’autres durent moins longtemps parce qu’ils sont atteints par une certaine usure de
fait du temps qui passe ou de l’usage qui en est fait ; ce sont des biens semi-durables. Il existe
enfin des biens qui s’évanouissent dès le premier usage. Il y a aussi des biens qui disparaissent
par non usage, les services, qui n’étant pas stockables.
3- La substituabilité :
On dit de plusieurs biens qu’ils sont substituables, s’ils peuvent être remplacés les uns par
les autres pour satisfaire le besoin du consommateur, ou même du producteur. Ils sont
parfaitement ou imparfaitement substituables selon que le besoin est satisfait dans les mêmes
conditions ou, au contraire au prix d’une moindre satisfaction.
4- La complémentarité :
Deux ou plusieurs biens sont appelés complémentaires s’ils doivent être utilisés
conjointement pour satisfaire un besoin. De ce fait, il existera une corrélation dans les prix de
ces divers biens.
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La complémentarité n’est jamais constante dans le temps ou dans l’espace. Il existe aussi des
complémentarités subjectives et objectives. Elle est objective, s’il n’est pas techniquement
possible de satisfaire certain besoin avec tel bien sans tel autre. Elle est subjective si
l’association des biens résulte d’une appréciation d’une préférence de l’utilisateur.
Section 3- Les catégories de la discipline économique
A- Micro-économie / macroéconomie
La science économique englobe deux branches qui sont la microéconomie et la
macroéconomie.
La différence très importante entre l’analyse micro économique et l’analyse macro
économique provient du fait que les lois qui gouvernent des agrégats ne résultent pas d’une
simple sommation. Un déficit budgétaire global n’a pas le même sens économique qu’un déficit
dans un budget individuel. On appel agrégation, la démarche scientifique par la quelle on passe
des lois micro économiques aux lois macro économiques. Cette procédure caractérise
l’évolution de la science économique depuis les deux guerres mondiales.
1- L’optique Micro économique :
La microéconomie est la branche de la science économique qui étudie le comportement des
différentes agents économiques : le consommateur, l’entreprise, le détenteur de capital, le
travailleur. Elle analyse par exemple comment le consommateur, ayant pour objectif de
maximiser la satisfaction qu’il retire de la consommation de biens, décide d’acheter telle ou
telle qualité de ces biens compte tenu de deux contraintes principales : le revenu à sa
disposition et le prix des produits achetés. Elle étudie également comment une entreprise
détermine le prix de vente de sa production et des quantités produites compte tenu de la
demande qui s’adresse à elle et des coûts auxquels elle doit faire face.
Dans cette optique, il s’agit d’étudier – en fonction des principes hédonistique (maximum
de satisfaction pour le minimum de coût) – la production, la répartition et la consommation des
biens. Cette étude, prolongée au cours des 18è et 19è siècle, donne lieu à l’élaboration de la
théorie générale de l’équilibre économique, qui peut se résumer à l’aide des trois théorèmes
suivants :
1er
théorème : Il existe pour tout système économique une situation d’équilibre parfait ;
2ème
théorème : L’équilibre générale réalise spontanément le plein emploi ;
3ème
théorème : Quand cette position idéale d’équilibre n’est pas atteinte ou quand elle est
compromise, le jeu des forces spontanées du marché tend à l’établir ou à la rétablir.
2- L’optique Macro économique
La macroéconomie, par contre, s’intéresse à l’analyse des comportements d’une
économie nationale et l’étude des relations qu’elle entretient avec les économies étrangères. Au
lieu de s’intéresser au consommateur et à l’entreprise, elle est entrée sur l’étude de la
consommation de l’ensemble des ménages et la production de toutes les entreprises. La
macroéconomie raisonne sur des groupes d’agents économiques et sur des agrégats. Elle a
quatre objectifs :
- Le premier est d’isoler les variables les plus importants permettant d’expliquer le
comportement des groupes d’agents ;
9
- Le deuxième est d’étudier les relations entre les principales variables afin de déterminer
l’existence de rapports stables voire de lois, entre ces variables. Quelles sont par exemple,
les relations entre la consommation et le revenu ; entre la consommation et le revenu et
l’investissement ? La macroéconomie essaye, autrement dit, de mettre à jour les conditions
de réalisation d’un équilibre entre les agrégats économiques.
- Le troisième objectif est d’analyser les principaux déséquilibres qui peuvent apparaître
entre les agrégats : inflation, chômage, déficit de la balance commerciale et d’en
rechercher les causes ;
- Le quatrième objectif est de rechercher les moyens d’atteindre certains buts fixés par la
collectivité : stabilité des prix, plien-emploi, équilibre extérieur, croissance. L’analyse de
ces moyens est du ressort des politiques économiques.
On a passé progressivement au cours du 20è siècle, de l’optique précédente à l’optique
macro économique, pour trois raisons :
1ère
cause : le système change de dimension. Au fur et à mesure que la technique se
développe, elle exige des capitaux de plus en plus importants. Les micros unités tendent en
conséquence à se grouper, à s’agglomérer. Dès lors, l’analyse s’éloigne des quantités
individualisées et se préoccupe des quantités globales.
2ème
cause : l’influence de l’Etat grandit. L’Etat gendarme devient aussi producteur,
distributeur, consommateur. Il intervient dans tous les départements de la vie économique.
3ème
cause : les crises économiques discréditent la théorie de l’équilibre.
3- L’optique Méso économique
Néologisme proposé par S. Holland (1975), qui caractérise la spécificité de l’analyse des
grandes groupes industriels qui dominent la macro économie keynésienne et contrôlent la micro
économie néoclassique. La méso économie fait donc le pont entre micro et macro économie,
c’est une analyse qui prend en compte les niveaux intermédiaires entre les plans individuels et
les plans globaux.
Par extension, la méso économie est une démarche intermédiaire entre les deux optiques
ayant pour dominante : le secteur d’activité (agriculture, industrie, service), la branche
d’activité (santé, éducation, transport…), la région, les corps intermédiaires (syndicats, parti,
association, corporation…).
B- Individualisme / holisme
1- Individualisme
L’individualisme méthodologique est une méthode des sciences sociales qui consiste à partir
d’une analyse des comportements individuels pour expliquer les phénomènes étudiés.
2- Holisme
L’holisme méthodologique considère que les comportements individuels s’inscrivent dans un
contexte plus global qu’il est nécessaire d’étudier pour comprendre les actes individuels.
C- La science, l’art et la morale
Les discours économiques peuvent relever de différents positionnements. La distinction n’est
pas toujours affichée explicitement par les économistes (elle n’est d’ailleurs parfois pas très
claire !), ce qui peut entretenir une certaine confusion.
1- L’économie comme science ou économie positive.
L’économie est une discipline scientifique qui vise à décrire et expliquer la réalité… c’est à
dire ce qui est. Comme toute science, l’économie doit satisfaire à des critères de scientificité
quant à sa démarche (rigueur du raisonnement, possibilité de réfutation des propositions,
possibilité de tester des hypothèses ou de confronter une théorie à la réalité).
2- L’économie comme art ou la politique économique
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L’économiste a souvent été conseillé du prince. A partir de la connaissance qu’il a du
fonctionnement de l’économie, il propose des solutions à des problèmes économiques à
résoudre.
3- L’économie comme morale ou l’économie normative
L’économie normative décrit ce qui devrait être. On est alors dans le domaine de l’opinion,
de la foi, de la croyance. On quitte les critères de scientificité.
Mais la vie est faite de critères "non scientifiques" qui permettent d’effectuer des choix… en
particulier des choix politiques
11
Section 4- La méthodologie de la science économique :
Dans toutes les branches de la connaissance humaine, la méthode est l’ensemble des
démarches suivies par la raison dans l’étude d’un certain objet afin d’arriver à une loi générale.
C’est l’art d’organiser les idées de telle manière qu’on arrive à découvrir une vérité inconnue
ou à prouver la validité d’une idée connue.
La méthode est donc l’ensemble de démarches suivies par la pensée afin de dégager la
connaissance. Ce chemin de la pensée ne représente pas un simple parcours car il s’associe à
une organisation conceptuelle.
En générale les méthodes utilisées pour acquérir la connaissance économique ne diffèrent
pas des méthodes de la recherche scientifique. Nous connaîtrons alors ces méthodes en parlant
de l’économie politique en tant que science.
Mais, une question se pose ici : est-elle vraiment une science ?
Pour répondre à cette question :
- Nous montrerons d’abord les conditions qui doivent être remplies pour pouvoir parler
d’une science ;
- Nous verrons ensuite si ces conditions se réalisent par rapport à l’économie politique ;
- Enfin, on donnera un bref aperçu sur la méthodologie économique.
A- Qu’est ce qu’une science ?
En ayant recours à la philosophie des sciences et en prenant le terme en général, en entend
par la « science », l’ensemble des connaissances humaines organisées sur la nature, la société et
la pensée, et acquises par la découverte des lois objectives des phénomènes observables et leur
explication, en utilisant les méthodes de la recherche scientifique.
Ainsi, le terme science désigne, « l’ensemble organisé des connaissances relatives à une
certaine catégorie de faits ou de phénomènes ». Elle suppose une réalité sans faille (défaut), elle
part du réel et doit revenir aux faits.
Pour pouvoir parler d’une science, il faut donc :
- D’abord qu’on ait un corps théorique, c'est-à-dire un ensemble d’idées, de théorie
répondant aux conditions de la connaissance scientifique par rapport à un objet bien
déterminé ;
- Il faut également que cet ensemble de connaissances théoriques nous donne la possibilité
de disposer d’un lot minimum de certitudes élémentaires ;
- Il faut finalement que ce dernier nous permette, à son tour d’expliquer les phénomènes
envisagés et de prévoir les tendances générales de leur mouvement.
12
L’économie politique est –elle une science ?
L’économie politique sera une science si, à son égard, les éléments mentionnés ci-dessus
sont réunis :
- L’objet : l’économie politique a un objet bien déterminé. Il s’agit des relations sociales
ayant lieu par l’intermédiaire des biens matériels. Les phénomènes économiques sont régis
par des lois objectives, des lois qui représentent une caractéristique réelle de ces
phénomènes. De plus, ces lois sont indépendantes de la volonté de l’homme. Cela
s’explique d’abord par le fait que les circonstances sociales dans les quelles une certaine
communauté effectue son activité économique sont historiquement déterminées. Cela
s’explique ensuite par le fait que le résultat social de l’activité économique est le résultat
de l’interdépendance des différentes activités individuelles.
- La méthode : l’économiste utilise la méthode générale de la recherche scientifique. Mais il
se trouve désavantagé par rapport à l’analyse des phénomènes de la nature. Cela est dû à
l’impossibilité de recourir à l’expérimentation. Il n’est guère possible à l’analyste de
parvenir à exclure l’action de toutes les forces autres que celles qu’il veut isoler pour en
faire l’objet de son observation. D’où la nécessité de recourir à l’abstraction1
. Au lieu
d’expériences menée en laboratoire, les économistes s’intéressent particulièrement aux
expériences naturelles qu’offre l’histoire.
- L’économie politique nous donne, à l’heure actuelle, un lot minimum de certitudes qui
peuvent servir de base pour l’explication des phénomènes économiques et pour la
prévision raisonnable des tendances générales de leurs mouvements futures. Il s’agit là de
l’ensemble des lois économiques théoriques (ou des théories économiques) qui se trouvent
à notre disposition, qui sont relatives aux différents types du processus économique et qui
ont été vérifiées scientifiquement.
B- La méthodologie économique :
Par méthode scientifique, on entend les procédés rationnels employés pour découvrir la
vérité. Les procédés diffèrent suivant les sciences, mais se ramènent en définitive à deux
méthodes :
- Méthode déductive : Elle part des principes généraux dont l’exactitude à été démontrée ou
qui sont supposés exactes, pour en tirer par un raisonnement logique des propositions
nouvelles. C’est elle qui joue le grand rôle dans les sciences mathématiques.
- Méthode inductive : Elle remonte au contraire des cas particuliers aux vérités générales.
Elle consiste à observer d’abord des faits, à rechercher les liens qui les unissent, les
uniformités qui s’en dégagent et à formuler des principes généraux qu’on appelle des lois.
Son caractère essentiel est de généraliser.
Ces méthodes sont toutes les deux indispensables à l’économie politique.
Dans la recherche des principes économiques généraux, trois séries d’opérations sont
nécessaires :
1- L’observation des faits :
Elle doit porter sur deux domaines :
- Sur les phénomènes extérieurs à l’homme ;
- Sur l’homme lui-même et sur les mobiles de son activité économique.
1
Abstraction : opération intellectuelle qui consiste à isoler par la pensée l’un des caractères d’un objet.
13
Mais il faut noter que l’observation est beaucoup plus difficile dans les sciences sociales que
dans les sciences physiques et naturelles pour deux raisons :
- Les phénomènes sociaux se présentent à nous en nombre tellement considérable
(naissances, émigration, exportation des marchandises) que des observateurs opérants
isolements ne peuvent les connaître tous, parfois même des observations collectives n’y
réussissent que très imparfaitement ;
- Les phénomènes sociaux ne se reproduisent jamais dans des conditions identiques et
l’expérimentation est impossible.
2- Les hypothèses :
Il ne suffit pas d’accumuler les faits au moyen de l’observation : Il faut découvrir les
rapports qui existent entre eux, il faut trouver une explication générale qui permette de prévoir,
et c’est ici que l’induction intervient. Un fait étant observé, on généralise et on prévoit que dans
des circonstances analogues, un fait analogue se produira.
Il est indispensable de faire des hypothèses, de supposer vrais telle loi qui donnerait
l’explication générale de tous les phénomènes analogues aux phénomènes observés.
3- Vérification des hypothèses :
Un principe général étant supposé vrai à la suite des deux séries d’opération précédentes il
faut contrôler son exactitude au moyen de nouvelles observations. La déduction intervient
encore pour indiquer les conséquences logiques du principe général tenu pour vraie et les
observations à faire pour les comparer avec le fait. Si la contradiction est flagrante, il faut
changer les hypothèses. Si les applications du principe correspondant aux faits, la déduction
pourra tirer de ce principe général des vérités générales nouvelles. Mais il faut prendre garde
que les faits économiques ne concorderont jamais tous avec les applications du principe
général, puisque par hypothèse, certains mobiles de l’activité économique auront été négligés.
Phénomènes Naturels
(Observation)
Hypothèses
Théories et lois
Modèles
Politiques économiques
A
B
S
T
R
A
C
T
I
O
N
Induction
Déduction
Vérification
Application
- - - - - - - - - - - - -
- - - - - - - - - - - - -
- - - - - - - - - - - - -
- - - - - - - - - - - - -
14
L’économie comme toute science sociale décompose le réel pour mieux l’observer et
reconstruit ensuite de manière schématique la réalité, sous forme de représentations
mathématiques ou statistiques.
15
Chapitre II- Les acteurs de la vie économique :
Les interdépendances
Cette science est considérée comme un observatoire de la réalité matérielle de l'homme.
Ainsi, l'étude peut aller du comportement individuel c'est l'approche microéconomique, qui
implique la théorie de l'utilité et de la demande, théorie de la production et des coûts,
concurrence parfaite, monopole simple…. Cette partie de l'économie s'intéresse donc à
l'analyse du comportement des agents économiques considérés comme des agents rationnels.
D'une manière plus générale, se trouve l'approche macroéconomique et l'étude du
comportements général et des relations entre données globales de l'économie, les agrégats telles
que l'emploi, la production, l'épargne, l'investissement, la consommation….
Sur la scène économique, les acteurs, appelés antérieurement agents économiques réalisent des
actes ou opérations économiques. Ces opérations qui consistent à produire, échanger des biens
et services, distribuer des revenus, consommer, épargner, sont retracées dans des circuits
économiques.
La rencontre entre agents économiques se déroule sur des marchés où se fixe un prix. Le
prix oriente la décision des acheteurs et des producteurs, mais il n'est pas le seul élément,
interviennent le revenu et des facteurs psychologiques.
Les rouages de l'économie sont améliorés par l'utilisation quotidienne de la monnaie. Elle
facilite l'achat et la vente des produits, permet de mesurer la valeur des biens entre eux et
d'épargner. Dans ce sens, on évoque le rôle primordial des établissements de crédit dans la
création monétaire, ce sont eux qui mettent à la disposition des agents la monnaie scripturale.
Il s'agit ici de s'efforcer de donner une vue d'ensemble de l'activité économique à partir
d'une description des agents économiques et à partir du concept de circuit économique. On
appelle « agent économique » un individu ou un groupe d'individus représentant un
centre de décision autonome. En analyse économique, les agents économiques sont regroupés
en 6 catégories.
Les actes quotidiens de la vie économique sont multiples - qu'il s'agisse de produire, de
vendre, de consommer, il y a une réalité incontournable : tous ces actes sont ordonnés pour
constituer un circuit économique. Le circuit économique résulte donc d'opérations
effectuées par une multitude d'agents économiques ; administrations, entreprises, ménages,
etc.
Avant de procéder à une description du circuit économique nous retiendrons le classement
des agents économiques utilisé par le système élargi de comptabilité nationale. Depuis la mise
en place de ce système, le concept d'agent économique est abandonné - aujourd'hui, on parle
plutôt «d'un ensemble d'unités institutionnelles».
Section I. Les intervenants de la vie économique
La comptabilité nationale compte 6 secteurs institutionnels définis à partir de leur fonction
principale et de leur ressource principale :
Les ménages : ils se composent de l'ensemble des personnes physiques résidents
en tant que titulaires de revenus et entant que consommateurs individuels. Pour la comptabilité
nationale, un célibataire vivant seul est un ménage. Il en est de même pour la population des
institutions constituées de personnes vivant en communauté (Casernes militaires, prisons,
foyers,…).
dont les entreprises individuelles, ils consomment des biens et des services, leurs revenus
proviennent de leur activité, de leur patrimoine ou de prestations sociales ; En économie, le
16
sens du mot « ménage » diffère quelque peu du sens commun. Les familles ordinaires sont,
bien entendu, des ménages mais aussi les célibataires ainsi que les institutions regroupant des
personnes vivant en communauté (prisons, hôpitaux, communautés religieuses ou militaires).
Les ménages consomment et produisent ; c'est leur fonction principale.
Les sociétés et quasi sociétés non financières : elle sont regroupées selon leur
statut juridique, entreprises sociétaire privées (exp : ONA, FILROC), mais aussi publique (exp:
RAM), établissement individuels (Entreprise OTHMANE). Ces entreprises exercent des
activités industrielles, commerciales ou de service. En ce qui concerne les entreprises
individuelles telles que les exploitations agricoles, commerciales, professions libérales
appartenant à une personne physique.
Elles produisent des biens et des services marchands et investissent, leurs ressources sont
issues de la vente de leur production ;
Les sociétés : Il s'agit de toutes les formes de sociétés quelle que soit leur forme juridique -
sociétés privées, société d'économie mixte, société nationalisée, société coopérative, etc.
Les quasis sociétés : on en distingue ici deux catégories :
Les quasi sociétés publiques : il s'agit ici des organismes publics qui vendent leur production
au public.
Les quasi sociétés privées : il s'agit ici des succursales d'entreprises étrangères installées au
Maroc.
Les sociétés financières : il s'agit de Bank Al Maghreb, d'une part et d'autres institutions
monétaires et financières d'autre part. ces dernières ont un rôle prépondérant dans les opérations
de crédit. Ce sont notamment les Banques, la Caisse d'épargne Nationale, la Caisse de Dépôts
et de Gestion. (Les institutions de crédit) dont les entreprises d'assurance collectent l’épargne et
la recyclent sous forme de prêts ou de placements financiers, leurs revenus issus de leurs
services marchands financiers ; Il s'agit en bref de collecter l'épargne pour la redistribuer sous
forme de crédit.
Elles servent à financer l'économie. Il s'agit des banques et des organismes financiers
spécialisés.
Les administrations publiques produisent des services non marchands et redistribuent
des revenus, leurs ressources sont issues des prélèvements obligatoires. Il s'agit de l'Etat, des
collectivités locales, de la sécurité sociale etc. Les administrations publiques fournissent des
services qui apparaissent gratuits aux utilisateurs mais qui sont financés en fait à partir des
prélèvements obligatoires effectués sur les revenus des agents économiques. Ces services sont
qualifiés de services non marchands dans la mesure où ils ne sont pas échangés sur un
marché.
La fonction principale des administrations publiques consiste donc à assurer la satisfaction
des besoins collectifs de l'ensemble de la société.
Les institutions sans but lucratif au service des ménages (Les administrations privées)
produisent des services non-marchands ou à but non lucratif, leurs ressources sont des
adhésions, des dons et/ou des subventions versées par les administrations publiques. Il s'agit par
exemple des associations, des syndicats, des partis politiques.
Le reste du monde : opposé à l'agent économique, la nation, cet agent comprend les
agents résidents sans distinction pour leur activité ou leurs ressources. Cet agent doit être
considéré à part dans la mesure où aucune fonction principale ne le caractérise (contrairement
aux autres secteurs).
On désigne par « reste du monde » un solde comptable d'opérations entre unités résidentes et
unités non résidentes. On comptabilise ici, par exemple, le solde des transferts reçus et des
transferts versés ou encore le solde des capitaux reçus et des capitaux versés.
17
Tableau récapitulatif des agents économiques selon leurs fonctions et ressources :
Secteur Fonction principale Ressource principale Dépense
principale
Les
sociétés
non
financière
s
Produire un bien ou
un service marchand
non financier
Le produit des ventes
de biens ou services
Paiement des salaires,
achat de biens et
services intermédiaires
Les
sociétés
financière
s
Collecter l’épargne
disponible pour la
redistribuer sous
forme de prêts aux
agents ayant des
besoins de
financement
L’épargne collectée
auprès des ménages,
les intérêts perçus sur
emprunt
Paiement des salaires
Les
ménages
Consommer
les biens et services
produits par les
autres agents
économiques
Salaires, allocations Achat de biens et
services finis
Les
administr
ations
publiques
Produire des services
non marchands
collectifs et procéder
à des opérations de
redistribution du
revenu entre agents
économiques
Les ressources
liées à la perception de
l’impôt ou de
cotisations sociales
Financement
de l’Éducation Nationale
, de l’armée, de la justice
, de la police…
Les
administr
ations
privées
Produire des services
non marchands ou à
but non lucratif
Des adhésions, des
dons et/ou des
subventions versées
par les
administrations
publiques
Achat de fournitures
pour leur
fonctionnement
Le reste
du monde
Échanger avec des
agents économiques
nationaux
Le produit des
exportations de biens
et services
L’importation de biens
et services nationaux
18
Classer ces différents intervenants selon les secteurs institutionnels :
Pour bien distinguer les secteurs institutionnels, il faut savoir différencier la production
marchande de la production non-marchande.
La production marchande est assurée par les entreprises et payée par les demandeurs au
prix du marché, alors que la production non-marchande concerne des services collectifs vendus
au-dessous de la moitié de leur coût de production et pour lesquels les contribuables doivent
payer qu'ils les consomment ou non. On appelle le consommateur d'un produit marchand un
client, celui d'un produit non marchand est un usager.
Section II - Le circuit économique : Notion de flux réel et monétaire
Définition : Au sens usuel, un circuit désigne un certain ensemble de chemin à parcourir,
définissant une circulation entre des pôles définis. Le premier modèle complet de circuit
économique sera défini au XVIIIème siècle par le docteur Quesnay par analogie avec la
circulation sanguine.
A. Les opérations et les flux économiques
L'explication du mécanisme du circuit économique simplifié nous conduira à dégager
l'interdépendance entre les fonctions économiques.
Schéma :
Ce schéma met en évidence deux types de flux : les flux réels et les flux monétaires.
Flux réels : Travail et Production.
Flux monétaires : Rémunération et Dépenses de consommation.
Les revenus distribués rémunèrent les facteurs de production apportés par les ménages, que
ce soit le travail, le capital, la terre.
Une fois repérés les agents, il faut prendre en compte le caractère double du circuit.
Chaque échange comporte un flux réel et sa contrepartie sous forme de flux monétaire. Ceci est
évident car les économies contemporaines ne sont pas basées sur le troc donc une prestation de
service ou de biens suppose un paiement monétaire.
Ainsi l’échange de biens et de services est toujours doublé d'un échange de monnaie.
Les flux réels sont exprimés dans des unités physiques différentes alors que les flux
monétaires sont exprimés dans la même unité monétaire, on estimera donc les biens
économiques par les flux monétaires, ce qui est plus simple.
Dans un circuit simplifié à deux types d'agents, on suppose la présence des ménages et des
sociétés non financières. Les ménages consomment la totalité de leurs revenus (revenus
19
"ressources" = consommation "emplois") et les entreprises versent la totalité de leur production
sous forme de revenus (production = revenus). Il n’y a donc pas d’épargne donc pas d’argent à
emprunter pour réaliser des investissements donc économie stationnaire : production
"ressources" = consommation "emplois"). Toute la production est consommée.
Dans cette optique ultra simplifiée, nous pouvons déjà évoquer les «trois temps de la valse
économique».
 En effet, si l'on fait la somme de toutes les rémunérations perçues par tous les ménages,
le chiffre obtenu correspondra au revenu national (RN).
 Si l'on fait la somme de toutes les dépenses effectuées par tous les ménages, le chiffre
obtenu correspondra à la dépense nationale (DN).
 Si l'on fait la somme de toutes les productions en valeur réalisées par toutes les
entreprises, le chiffre obtenu correspondra au produit national (PN).
Bien entendu, il s'agit d'une vision simplifiée des choses, mais, d'ores et déjà nous pouvons
dire que le circuit économique simplifié met en évidence une équation fondamentale :
PN = R N =D N
En d'autres termes production= revenu= dépense.
Toute production génère un revenu qui génère une dépense.
Nous sommes ici à la base du raisonnement économique. Les fonctions de production,
revenu, dépense, répartition, sont donc étroitement interdépendantes.
Par ailleurs, le produit national, la dépense nationale, et le revenu national sont des
agrégats. En économie réelle le produit national correspondra au PIB - le revenu national
correspondra au RNB - la dépense nationale à la DIB.
Définition d'un agrégat : un agrégat est une grandeur utilisée en comptabilité nationale
pour caractériser l'activité économique d'une société donnée.
Dans le circuit simplifié, ces agrégats ne sont pas des grandeurs économiques différentes les
unes des autres. En effet, nous avons vu qu'il représente le même flux circulaire appréhendé
sous trois optiques différentes :
 L’optique de la production pour le produit national
 l'optique du revenu pour le revenu national
 l'optique de la dépense pour la dépense nationale.
Encore une fois, dans la réalité les choses sont un peu plus complexes et nous présenterons
dans l'élément suivant les formules détaillées des agrégats. Mais, la base du raisonnement
économique sur l'interdépendance entre la production le revenu et la dépense ne doit
jamais être perdue de vue.
20
B. L'équilibre "ressources emplois"
L'activité économique est le fait d'une multitude d'agents qui prennent des décisions. Ces
décisions, ou opérations, concernent la production, la distribution de revenus, la consommation,
l'épargne et l'investissement.
Les opérations selon la comptabilité Nationale : Produire, répartir les revenus, dépenser,
ses trois grands types d'opération prises en compte par la comptabilité nationale qui retient:
 La Production Nationale.
 Le revenu national.
 La dépense nationale
Une fois repérée et mesurée, la production est distribuée. La comptabilité nationale décrit
donc les opérations sur les biens et services. Lorsque ces opérations font intervenir le reste du
monde on parle d'importations et d'exportations.
Pour chaque produit, le total des emplois (c'est-à-dire des utilisations qui sont faites des
biens et services) est forcément égal au total des ressources (c'est-à-dire des biens et services
qui sont mis à la disposition des utilisateurs intérieurs ou extérieurs).
Emplois = Ressources
DONC
Pour les ménages : Consommation + Prélèvements obligatoires + Epargne (Variations de
stocks) = Salaires + Transferts et traitements
Les variations de stocks correspondent au fait que les ressources disponibles ne sont pas
entièrement utilisées lors d’une période donnée (variation positive) ou qu'elles sont
insuffisantes pour satisfaire les besoins exprimés (variation négative). Ces variations
apparaissent donc en capacité ou en besoin de financement.
Par exemple on peut consommer plus que l'on ne gagne si on a réussi à se constituer des
ressources supplémentaires au préalable
Pour les entreprises : Consommation + Investissement + Achats publics + Exportations =
Production + Importations + variations des stocks
Pour les administrations publiques : Transferts sociaux et traitements + Achats publics =
Prélèvements obligatoires + variations des stocks
C- Le circuit complexe
Le schéma précédent supposait que la production et la dépense ne portaient que sur des
biens de consommation et non sur des biens de production. On supposait donc que les
ménages n'achetaient que des biens de consommation.
L'équation donnait : DN = C.
En réalité, on comprend bien que la dépense nationale ne se compose pas que de biens de
consommation. Il faut donc réintroduire dans le schéma les biens d'investissement.
En fait : DN = C + I, donc PN = C + I
L’investissement : au sens strict du terme, investir c'est créer des biens de production
permettant de fabriquer d'autres biens.
Au sens large, l'investissement se définit comme un accroissement apporté au capital de
l'économie, c'est-à-dire au capital technique (machines, installation…), mais aussi capital
humain (niveau des connaissances…).
La Comptabilité Nationale ne prend en compte que les biens durables et ne considère pas
comme investissement les dépenses immatérielles (éducation, recherche, formation, étude,
marketing…).
21
Les motivations de l'investissement par les agents peuvent être résumées dans le tableau ci-
après :
Tableau : Les motivations de l'investissement par les agents
AGENTS
ECONOMIQUES
MOTIVATIONS
Entreprises non
Financière
• Profits
• Répondre à la demande
• Sécurité
• Croissance
• Finalité sociale
• Survie
Ménages
• Se loger
• Constituer un patrimoine
Administrations
publiques
• Satisfaction des besoins
collectifs
• Besoin de formation et de
culture
• Santé
• Sécurité
Etablissement de crédit
• Assurer le financement
des besoins de l'économie
• Profit
• Croissance
• Sécurité
• Finalités sociales
22
L'importance de l'investissement sur l'économie ne peut laisser insensibles les pouvoirs
publics qui prennent différentes mesures (notamment sous forme d'avantages fiscaux…)
En effet, l'investissement est le moteur de croissance, en raison de son double rôle :
• D’une part, il agit sur l'économie puisqu'il augmente les capacités de production et donc
la quantité et la qualité des biens disponibles.
• D'autre part, il est une composante de la demande, l'entreprise qui investit fait travailler
d'autres entreprises et les revenus ainsi distribués stimulent la demande et l'activité
économique. (voir le schéma dans le chapitre 3, Analyse Keynésienne: EFFET
STIMULANT DE L'INVESTISSEMENT
On distingue trois catégories d'investissement :
Les investissements de remplacement : ils sont destinés à compenser l'usure du capital
technique. Ce sont les amortissements. L’amortissement n'est donc rien d'autre que la
traduction comptable de l'usure du capital.
Les variations de stocks: Stock final –Stock initial = variations de stocks.
Les investissements nets : il s'agit des achats d'équipements nouveaux.
La formation brute de capital fixe (FBCF) correspond donc à l'investissement brut c'est-à-
dire aux investissements nets auxquels sont rajoutés les investissements de remplacement.
Le circuit économique simplifié ne faisait intervenir que deux catégories d'agents
économiques : les ménages et les entreprises.
Il est donc nécessaire de réintroduire dans le schéma les administrations publiques. En
effet, les administrations publiques contribuent largement à la formation du produit national du
revenu national. Elles effectuent des prélèvements fiscaux et ajoutent à la dépense nationale
notamment grâce aux subventions versées aux producteurs ou grâce aux dépenses qu'elles
effectuent elles-mêmes (travaux publics, fournitures, etc....).
Dans le même ordre d'idées, il est nécessaire de tenir compte des institutions de crédit ainsi
que les échanges avec l'étranger.
Le circuit économique met en évidence les opérations principales qui sont :
 la production de biens et services ce qui inclut aussi l'utilisation de la production et son
origine (consommation, investissement,...).
 La répartition de revenus dont les revenus primaires issus de la rémunération des facteurs
de production (travail par salaire, capital par intérêts ou dividendes, terres par fermages,
loyers) et les revenus disponibles après que l'on rajoute aux revenus primaires les revenus
de transferts (allocations sociales principalement) et que l'on en retire impôts, taxes et
cotisations sociales.
 Les opérations financières relatives aux dettes et aux créances.
Section III- La mesure de l'activité économique
A- La Valeur ajoutée :
VA = Production - Consommations intermédiaires
ou
VA = Valeur des biens et services produits - Valeur des biens que l'entreprise se
procure auprès d'autres entreprises pour produire ou vendre.
Consommations intermédiaires : Ex : Matières premières, électricité, assurances, fournitures
diverses, produits semi-finis, publicité, transports, etc.….
La valeur ajoutée d'une entreprise correspond finalement à la "richesse" qu'elle produit.
Approximativement le PIB correspond à la somme de toutes les valeurs ajoutées réalisées
par les entreprises résidentes.
23
Le PIB est l'un des indicateurs économiques les plus importants dans la mesure où il reflète
l'activité productive d'un pays au travers des richesses produites par ses entreprises.
La VA se répartit principalement entre les salariés, l'état, et les apporteurs de capitaux.
Chacune des composantes de la valeur ajoutée représente un revenu pour une catégorie
d'agent économique. (Logique : Production - Revenu- Dépense).
B- La Valeur Ajoutée est la base de calcul des indicateurs économiques
fondamentaux
Le calcul du Produit Intérieur Brut implique la distinction entre production marchande et
production non marchande ainsi que la comptabilisation de l'activité productive à partir du
concept de valeur ajoutée.
La plupart des biens et services peuvent se vendre. La production de ces biens et services est
dite marchande lorsque leur prix couvre au moins leurs coûts de production. Par convention
tous les biens sont considérés comme marchands.
En revanche, certains services sont gratuits ou sont échangés contre une contribution
inférieure à leurs coûts de production. Leur production est considérée comme non marchande.
Alors que tous les biens sont marchands, les services peuvent être soit marchands (publicité),
soit non marchands (police), soit parfois marchands, parfois non marchands (enseignement,
santé).
La production non marchande des administrations publiques et des administrations privées
est mesurée forfaitairement par les coûts de ces services (rémunération des salariés, etc....). On
dit que le PIB non marchand s'évalue au coût des facteurs. La production marchande quant à
elle, est évaluée au prix du marché.
La mesure de la production ne peut être effectuée que par la comptabilisation de la somme
des valeurs ajoutées. Ainsi, le produit intérieur brut se calcule à partir de la somme des valeurs
ajoutées réalisées par les entreprises. Le PIB mesure la somme des valeurs ajoutées des unités
résidentes.
PIB = Somme des valeurs ajoutées + TVA + droits de douane.
Comme toute production génère des revenus, on passe naturellement du PIB au PNB. Le
PIB est approximativement égal au PNB. Il faut toutefois ajouter au PIB les revenus en
provenance de l'extérieur (transferts reçus) et retrancher les revenus versés à l'étranger
(transferts versés).
PNB = PIB + revenus des salariés et revenus de la propriété des entreprises reçues de
l'extérieur - revenu versés à l'étranger.
On appelle Revenu National (RN) la somme des revenus de l'activité et des revenus de la
propriété.
Soit : RN = Revenus de l'activité + Revenus de la propriété
Les revenus de l'activité sont constitués de la rémunération du travail salarié (salaires +
Charges sociales) et de la rémunération du travail non salarié. Les revenus de la propriété sont
constitués des revenus de l'entreprise (bénéfices mis en réserve, loyers perçus, dividendes
versés aux actionnaires).
Le PNB se répartit en CN (consommation nationale) et EN (épargne nationale)
L'Epargne Nationale se "transforme" en FBCF (Formation Brute de Capital Fixe) au
moyen du processus de transformation de l'épargne par les institutions financières en crédits à
l'économie.
La FBCF est constituée des investissements nets et des amortissements c'est à dire de la
somme des achats d'expansion (achat de matériels et équipements nouveaux) et des achats de
remplacements (amortissements). On a donc :
FBCF = Investissements nets + amortissements.
24
CN + FBCF = DIB - La DIB correspond à la dépense intérieure brute
DIB + Exportations – Importations = PIB.
Logique : Production - Revenu - Dépense
25
Chapitre III- Les grandes écoles de la pensée économique
A la fin du 15e
siècle, le milieu historique se transforme. C’est le début de la période
capitaliste qui s’étend de l’essor du mode de production capitaliste jusqu’au milieu du 19°
siècle. Dans le cadre de cette période, on peut distinguer deux des phases du développement du
mode de production capitaliste et la pensée économique qui y correspond : la phase du
capitalisme commerciale qui représente le contexte historique de la pensée économique
mercantiliste et la phase du capitalisme industriel, témoin de la naissance de l’économie
politique en tant que science.
Nous pouvons étendre une vue sur les courants et les écoles que nous allons aborde dans
ce chapitre par le tableau suivant :
Les Courants de la Pensée économique
Liberal : Préclassiques, Classiques
et Néoclassique
• L’enrichissement est une fin
louable ;
• L’intérêt personnel
• La richesse des
Nation=Métaux précieux
Marxiste : Socialistes Le système est historique
caractérisé par des
contradictions.
Keynésien et Neokeynésien Le souci majeur de Keynes est le
chômage massif résultant de la
crise de 1929
L’intervention L’ETAT
Nous allons faire un tour d’horizon sur 4 époques ou 4 pensées et écoles, en s’intéressant
à l’apport de chaque école dans son analyse déductive ou inductive, comment elle perçoit le
régime économique : les lois qui organisent le fonctionnement et les structures économiques.
Comment explique-t-on la fonction production et son mode: chaque société est
caractérisée à un moment donné par son mode de production, ce qui désigne la combinaison de
deux éléments qui sont productives et les rapports de production. Les forces productives
regroupent les instruments de production, la force de travail, physique et intellectuelle, des
hommes, les objets du travail, les sciences et les techniques en vigueurs. Cette activité permet
aux hommes de nouer des relations sociales que Marx appelle précisément des rapports de
production, en particulier, les rapport de propriété des moyens de production (terre, machines,
usines…) et donne naissance à des classes sociales ;
Ainsi, au lieu de parler de régime économique ou de structure à une époque donnée, Marx
utilise la notion de mode de production Et enfin donne son raisonnement du système
économique en mettant en coordination les régimes et les modes de production pour atteindre
les objectifs fixés par chaque courant de pensée.
26
Source : www.leconomiste.eu
Section 1 : Le capitalisme commercial et la pensée mercantiliste
L’afflux des métaux précieux au 16e siècle et la révolution des prix qui l’accompagne
provoquent des questions relatives à la relation entre la richesse de la nation qu’il faut définir et
son commerce, sa production, le stock des métaux précieux qu’elle doit retenir et sa balance de
commerce. Ce qui a fait que la pensée économique de cette phase, est le produit de certains
hommes d’affaires et administrateurs, qu’on appela à une étape ultérieure les mercantilistes.
Le premier problème qui préoccupe les mercantilistes est celui relatif à la nature de la
richesse. Ici, on rencontre souvent une idée répandue sur la pensée économique. Selon cette
idée, la monnaie sous la forme de métaux précieux, l’or et l’argent surtout, est considérée chez
les mercantilistes comme un élément essentiel de la formation de la richesse, sinon son
synonyme.
Il semble que l’idée se trouve dans les écrits des premiers mercantilistes, partisans de la
politique de la monnaie métallique, les bullionistes (mercantilisme espagnol). Pour eux,
l’avantage principal du commerce extérieur se présente dans l’attraction des métaux précieux.
A cette époque, la monnaie provenait des métaux précieux, qui ne sont pas produits à
l’intérieur des économies de l’Europe occidentale, mais importés en échange des marchandises
exportées. D’où la concentration sur la richesse sous son aspect monétaire, car l’accumulation
des métaux précieux est synonyme de l’accumulation du capital-argent qu’il faut faire
fonctionner pour accroître la richesse nationale. De là vient la recherche de la nature de la
richesse dans l’afflux de l’or et de l’argent, c'est-à-dire dans la sphère de la circulation.
On a ensuite la concentration sur la création d’un surplus de production, mais envisagé au
point de vue de la circulation, d’une manière que ce surplus se manifeste dans un surplus
monétaire : dans le profit. Ce profit est représenté pour la nation par le surplus de la balance du
commerce. Ici, on ne voit le profit que lors de sa réalisation sur le marché, puisqu’on ne peut
pas pénétrer dans la sphère de la production lors de sa production. On est encore dans le cadre
Tableau :Histoire de la Pensée Economique à travers temps
27
de la concentration sur la sphère de la circulation, mais on s’approche davantage de la
production. Car, pour augmenter la quantité des métaux précieux, il faut augmenter les
exportations. Et, pour ce faire, il faut augmenter la production.
Section 2 : La pensée classique
A- Les précurseurs de l’école classique : Les physiocrates
Les physiocrates, surtout leur père F.Quesnay, qui fait de l’économie politique une
science, voient que la richesse se présente dans les biens nécessaires à la vie et à la
reproduction annuelle de ces biens.
L’analyse de Quesnay culmine dans sa conception du processus économique dans son
ensemble, en tant que processus de production et de reproduction, d’une période à l’autre et
dans la présentation de ce processus dans le tableau économique.
En dépit du développement du mode de production capitaliste dans ces différentes
activités, l’agriculture avec sa forme traditionnelle d’exploitation, était encore le centre
productif le plus essentiel. Elle n’a pas seulement supporté la grande majorité de la population,
paysans et aristocrates, mais elle a aussi nourri l’industrie par la force de travail et les matières
premières.
Quesnay conçoit le processus économique à un certain niveau d’abstraction en tant que
tout organique composé de parties entre les quelles existent des relations d’interdépendance
mutuelle. Il conçoit la nation réduite à trois grandes classes définies selon leur fonction
économique à savoir :
- La classe productive, la classe des entrepreneurs - fonciers : c’est cette classe qui produit
l’out put annuel total (c’est la conviction de Quesnay, étant donné que pour lui, l’agriculture
est la source unique de la richesse) ;
- La classe des propriétaires : c’est la classe du souverain, des propriétaires de la terre. C’est
la classe qui, tout en ne cultivant pas la terre, s’approprie annuellement le produit net sous
la forme d’une rente payée par la classe productive ;
- La classe stérile : grossièrement équivalente à la bourgeoisie et formée de tous les citoyens
occupés à d’autres services et d’autres activités que ceux de l’agriculture. Leur travail
n’ajoute rien à la richesse sociale.
B- L’école classique
Dans le domaine de la production, il faut chercher la source de la richesse de la nation,
richesse qu’il faut accroître, et chercher aussi la source et la mesure de la valeur à partir du
travail. D’où l’étude du rôle du travail, de la division du travail et de son effet sur la
productivité du travail, du rôle du capital et du rôle de propriété foncière.
Ces phénomènes économiques étudiés par les classiques sont régis selon eux par des lois
objectives. A ce propos, ils sont influencés par les deux idées qui caractérisent la pensée sociale
du 18e siècle : l’idée de l’ordre naturel et la vision matérialiste de l’univers.
Ces phénomènes économiques se rapportent, sous l’influence de la philosophie
individualiste, à des individus du type « homo oeconomicus ». Cet homme économique
exprime, pour eux la nature humaine dans son aspect relatif à l’activité économique. Il se
caractérise par la recherche de son intérêt personnel pour la réalisation du maximum de
jouissance avec le minimum de peine.
28
Ces individus réalisent, dans la recherche de leur intérêt personnel qui représente la force
motrice de l’activité économique, l’intérêt social, à travers ce que A. Smith appelle « la main
invisible » qui n’est effectivement, que les forces spontanées du marché.
A. Smith était Ecossais, professeur de philosophie et de logique à l’universités de
Glasgow 1751 et d’Oxford, où il avait fait ses études auparavant. Il avait fait un voyage de
deux années en Europe où il rencontre les grands salons parisiens Quesnay et Turgot. Il propose
d’expliquer comment la richesse s’accroit et comment elle sera répartie. Adam Smith comme
philosophe refuse catégoriquement de fonder les jugements de valeur et l'origine du
gouvernement civil sur la raison humaine. Il n'apprécie pas la méthode qui consiste a déduire
des lois universelles de conduite juste, a partir d'un ensemble de vérités générales sur la nature
humaine.
Aussi dans son ouvrage considéré comme le socle de la pensée économique classique,
« Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations » 1776 : le résultat des gains
de productivité issus de la division du travail. Comprendre les principes qui donnent lieu à la
division du travail et à son extension, c'est fournir une des clefs du progrès et des
transformations économiques.
Cette division du travail, d'où proviennent tant d'avantages, sagesse humaine, prévoyant et
projetant l'opulence générale à laquelle elle donne lieu. C'est la conséquence nécessaire quoique
très lente et graduelle, d'une certaine pro- pension de la nature qui n'a point en vue une utilité
aussi considérable : "la propension à changer, troquer et échanger une chose pour une autre." -
A. Smith, 1776.
Dans leur analyse des phénomènes économique, les classiques visent à découvrir les lois
objectives qui les régissent :
Smith utilise la méthode inductive : parvenir à des vérités simples par la généralisation
qui amène à la synthèse, s’adresser ensuite aux événements réels de l’histoire, à des phases
différentes, et les confronter aux idées dégagées, pour en tirer la preuve directe ou indirecte.
Quant à Ricardo, Il était un banquier à ses débuts, cet auteur anglais le plus célèbre
après A.SMITH , Juifs espagnols il a appris beaucoup sur l’argent avec son père avant
d’épouser une protestante ou il se convertisse à l’église anglicane. S’enrichi facilement
en 35 ans et se concrétise finalement aux études mathématiques et en sciences, après
avoir lu le livre de A.SMITH, il se spécialise dans l’économie politique et il élabore la
fameuse théorie de la rente, il avait une méthode entièrement déductible. Son principal
ouvrage « Principes de l’économie politique et de l’impôt » publié en 1817 ou il étudie
la répartition et aborde aussi l’équilibre économique à court terme.
Ses apports constituent une base d’assise très forte pour d’autres auteur tel que Carl
Marx, à propos la création de la plus-value et l’exploitation de la force de travail par le
capitalisme qui ne fera que conduire l’état vers un état stationnaire.
Il fait abstraction de tous les éléments secondaires qui peuvent détourner l’esprit de ce
qu’il y a d’essentiel dans le phénomène, en vue d’aboutir aux idées principales. Il utilise donc
la déduction en tant que méthode d’inférence.
Notamment, La théorie de la répartition développée par Smith et reprise par Ricardo
distingue trois groupes d’individus aux intérêts contradictoires :
 Les propriétaires fonciers perçoivent une rente définie comme étant la différence
entre le prix des produits agricoles et le coût de production de ces produits ; c’est un
29
prélèvement effectué par les propriétaires fonciers sur le revenu du travail... (donc plus
la terre est fertile plus il y a de grandes rentes).
 Les travailleurs qui perçoivent un salaire.
 Les entrepreneurs qui perçoivent un profit, ce dernier est un résidu il est égal au
revenu du travail – salaire – rente foncière, l’entrepreneur a donc intérêt de comprimer
le salaire et la rente foncière.
L’antagonique de D. RICARDO entre le Salaire et Profit, pour garder les salaires bas il
faut que le prix du blé soit bas aussi, car c’est le produit le plus consommé par les travailleurs et
si les terres sont rares et moins fertiles, il faut appeler le Commerce Extérieur pour contrecarrer
la menace. Car si le Profit diminue le capitalisme disparait et ne vont plus travailler.
 La Théorie de Commerce Extérieur chez D. RICARDO ;
C’est une solution pour l’Antagonisme entre salaire et Profit ;
A la différence d’A.SMITH, qui se base sur les Avantages Comparatifs des coûts des
produits, D. RICARDO il faut aller au-delà de l’échelle des prix et il faut comparer les prix de
tous les biens.
Section 3 : Le développement de l’économie politique à l’étape capitaliste et à l’étape
de la
transition pour le socialisme
L’objet de cette section, est de tracer les lignes générales du développement de l’économie
politique, au cours de la période qui couvre la deuxième moitié du 19e siècle et qui s’étend
jusqu’aux années du 20e siècle précédant la première guerre mondiale. Et pour ce faire, nous
verrons :
- D’abord, l’économie politique d’après les classiques au cours de la phase qui couvre la
deuxième moitié du 19e siècle : la pensée néoclassique ;
- Deuxièmement, l’économie politique chez Marx.
A- La pensée "néo classique"
On emploie le terme néo classique pour désigner une pensée qui reprend certains termes de
la pensée classique (par ex. les rendements décroissants), mais en retire tout ce qui sort de
l'analyse économique. Un certain nombre de variables exogènes seront donc retirées,
notamment les préjugés agronomique ou démographique. Elle englobe la pensée classique en
ayant une vision plus large de l'échange.
1- La lignée franco- italienne : Le courant de pensée Walrasien.
Dans un cadre de concurrence pure et parfaite, Walras étudie l'équilibre entre quantité
d’offre et quantité de demande et les rapports d'échange ou prix relatifs. Walras n'étudie pas la
valeur d'usage, mais la valeur comme combinaison de l'utilité et de la rareté qui sera " l'utilité
du dernier besoin satisfait", les besoins décroissant en fonction des quantités. En fait, il traite
successivement de la "détermination mathématique des produits" et de celle du prix des
services producteurs.
30
Dans une économie d'échange pur, les quantités disponibles des biens sont données et leurs
prix sont proportionnels aux utilités marginales.
Les prix ou rapports d'échange sont égaux aux rapports inverses des quantités de
marchandises échangées :
Pa / Pb = Mb/Ma
L'équilibre général :
 Cadre du raisonnement :
- La concurrence pure et parfaite, impliquant que le profit soit nul.
- Une économie statique : l'équilibre général est un équilibre simultané sur tous les marchés
interdépendants.
- Le principe de dichotomie : une économie " réelle", en prix relatifs où une marchandise sera
choisie comme numéraire.
- La centralisation des échanges analogue à la Bourse: un processus de tâtonnement avec un
crieur tel qu'il n'existe pas d'échange effectif en dehors de l'équilibre, sinon des bons
provisoires.
- En fait, un gigantesque système de troc : tous les biens sont liquides et immédiatement
échangeables.
- Deux postulats : le postulat de nomenclature (la liste des biens est donnée) et celui du
numéraire (un bien est choisi pour nommer la valeur des autres biens).
 Objectifs.
On recherche les quantités échangées et les prix d'équilibre tel que les individus
obtiennent le maximum de satisfaction.
- L'équilibre sur chaque marché est double pour ce prix d’équilibre :
Quantité échangée = quantité demandée. Quantité échangée= quantité offerte.
- Les prix chez Walras (cf. la théorie moderne) sont des véhicules d'information.
Loi de Walras : annulation des demandes nettes sur plusieurs marchés ou encore idée que si n-
1 marchés sont équilibrés, le énième l'est également.
2- V. Pareto continuateur de Walras
Le modèle d'équilibre général, auquel Pareto parvient, est exprimé à l'aide d'un système
d'équations simultanées, dont certaines se réfèrent à la contrainte budgétaire de l'individu liant
le revenu et les dépenses et d'autres à l'activité des entreprises qui créent des produits et des
biens capitaux.
3- Aperçu de la pensée néo-classique anglaise : de Jevons à Alfred Marshall.
a- William Stanley Jevons (1835- 1882)
Pour Jevons, " Le travail détermine l'offre et l'offre détermine le degré d'utilité qui
gouverne la valeur ou le rapport d'échange". Le travail ne saurait donc être assimilé à la valeur,
il détermine la valeur à travers l'offre et le degré final d'utilité.
Jevons fournit aussi une théorie de la répartition en précisant le "taux final de rendement
du capital" qui deviendra la "productivité marginale du capital". Plus précisément, la quantité
de travail employée par une entreprise est déterminée par l'égalité du produit marginal du
capital au taux de l'intérêt. Dans un ouvrage ultérieur, " The State in relation to labour" (1882),
il développe ses idées contre le socialisme et l'idée associée que le salaire soit inversement
31
proportionnel au profit. Le salaire est déterminé par la productivité du travail (nette de la rente,
des impôts et de l'intérêt du capital) et donc" Le conflit que l'on suppose entre le travail et le
capital est imaginaire...le conflit réel est entre producteurs et consommateurs."
b- Alfred Marshall (1842- 1924)
Il apporte des contributions décisives à la théorie de la firme et une théorie synthétique de
l'équilibre partiel. Il développe encore la dimension temporelle de l'analyse néo- classique,
branche qui deviendra dominante par rapport à l'analyse axiomatique des choix.
Marshall distingue :
- La période ultra- courte dite période du marché : le montant de l'offre est fixe.
- La "courte période", les quantités de production peuvent varier, mais la capacité de
production est fixe.
- La "longue période", la capacité de production peut varier, mais le montant des
ressources disponibles pour la branche est fixe, ainsi que l'état des techniques.
- La très longue période : les techniques varient et avec elles, la capacité de production.
B - Les pensées économiques socio- historiques.
Les auteurs les plus cités au titre de cette pensée sont Karl Marx (1818- 1883), l'école
historique allemande et les auteurs institutionnalistes auxquels on adjoint quelque fois
Schumpeter.
D’après K. Marx, Chaque société doit passer par les stades suivants appelés
modes de production : Le communisme primitif, l’esclavagisme, le féodalisme, le
capitalisme, le socialisme et le communisme ; ce dernier mode est une société sans
classes sociales ni Etat.
De façon générale, la démarche socio- historique fait intervenir l'hétérogénéité et le
mouvement dans une dialectique des contraires. L'hétérogénéité consiste par exemple à poser
un système social total fait de sous-systèmes (économiques, domestiques, religieux, etc.),
relativement autonomes et pouvant être en contradiction. Le mouvement vient des
contradictions entre ces instances, par exemple de l’opposition entre le politique et
l'économique. A un autre niveau, ces instances sont composées de structures hiérarchisées et
complémentaires (la relation capitalistes /salariés par ex.) d'une part et de comportements. Ces
derniers peuvent exprimer des passions ou des instincts.
La démarche socio- historique apporte des compléments précieux à la théorie économiques,
mais pose des problèmes :
- Elle relativise les lois économiques dans le temps et dans l'espace, en important des notions
issues d’autres disciplines ;
- Elle ne peut prétendre à l’objectivité historique, elle est idéal-typique (M. Weber) ;
- Elle ne peut traiter d’un certain nombre de problèmes analytiques par exemple d’ «
existence» de la valeur, qui nécessite un cadre statique ;
- Elle pose alors le problème de la « transformation » des données socio historiques en
variables économiques (par exemple des valeurs en prix) ;
- La référence à l’histoire n’est pas neutre, elle peut être anthropocentrique sinon raciste ;
- Elle risque de devenir une philosophie de l’histoire avec des itinéraires obligatoires.
De ce point de vue, l'œuvre de Marx occupe une place exceptionnelle au sein de la pensée
historique en économie. Les principaux concepts du Livre I sont :
32
- Le capitalisme est une "immense accumulation de marchandises".
- La force de travail comme marchandise. Ce n'est pas donc l'homme qui est exploité, mais la
force de travail. L'exploitation est un rapport matériel.
- Le produit du travail est supérieur au "minimum vital", nécessaire à la reproduction de la
force de travail.
- La plus value absolue revient à augmenter le produit du travail ; la plus value relative, plus
subtile, consiste à dévaloriser le minimum vital, d'où l'importance du mode de production en
agriculture.
- La composition organique du capital analyse la part des "avances " en travail (capital
variable, V) et en capital (capital constant, C). On en déduira des lois structurelles
(augmentation de C/V et disparition de la race ouvrière) sous hypothèse de comportement de
maximisation du profit par les capitalistes.
- D'où vient le capitalisme ? ... de la "séparation "du travailleur de ses moyens de production
et de sa dépendance vis à vis du marché au cours du processus "d'accumulation primitive".
Le capitalisme est donc historiquement une double négation (de son environnement et de sa
propre structure par élimination de la concurrence).
Section 4 : L'approche keynésienne :
Keynes marque un tournant dans l’histoire de la pensée économique. Il a été le premier à
décrire l'activité économique à l'aide du processus du circuit économique. Il a également été le
premier à montrer la nécessité de créer une véritable comptabilité nationale. Il a également
démontré que les comportements des agents économiques pris isolément étaient parfois
incompatibles avec l'intérêt général. La base de la pensée keynésienne réside dans le fait de
considérer que la demande effective (c'est-à-dire le niveau de consommation et le niveau
d'investissement) détermine le niveau de production donc le niveau de l'emploi.
Les « stratégies » politiques de relance keynésienne se fondent également sur l'importance
du rôle de l'état dans l'économie. Keynes ne croit pas à l'autorégulation de l'économie par les
mécanismes naturels des lois du marché. L'état doit donc intervenir en tant qu'agent régulateur
car le capitalisme livré à lui-même ne peut que conduire à des crises chroniques. C'est à l'Etat
d'intervenir pour relancer la demande de biens de consommation et de biens d'investissement.
Keynes a en quelque sorte été l'artisan du développement de l'Etat providence après la 2°
guerre mondiale.
Keynes conteste totalement les fondements de l'analyse classique libérale.
Pour Keynes, un excès d'épargne peut entraîner la crise. Donc, seul l'Etat est en mesure de
stimuler la demande lorsque celle-ci est insuffisante. En effet, en période de crise les agents
économiques ne dépensent pas et les entreprises n'investissent pas. L'investissement ne peut
donc « repartir » que si les anticipations des entreprises sont positives. Keynes préconise donc
des mesures de relance.
Il s'agit en bref :
 De redonner confiance aux consommateurs.
 De mettre en œuvre des moyens de répartition des richesses permettant aux agents
économiques qui ont la propension moyenne à consommer la plus élevée (c'est-à-dire les
catégories sociales les plus « défavorisées ») de dépenser pour mieux relancer la machine
économique.
 De baisser les taux d'intérêts pour stimuler le crédit à la consommation et aux
investissements.
33
 D'engager une politique de grands travaux publics qui provoqueront un effet
multiplicateur de revenus et accélérateur d'investissements.
Le rôle de l'état consiste donc à injecter des revenus pour « doper » la machine économique.
La reprise de la consommation entraînera une augmentation des investissements donc la
situation de l'emploi s'en trouvera améliorée.
Il précise que, Le niveau de l’emploi dépend du niveau de la production, qui à son tour
dépend du niveau de la demande effective ou de la demande solvable appuyée par un pouvoir
d’achat disponible. Cette demande effective comporte la demande de consommation des
ménages qui dépend principalement du revenu et la demande d’investissement qui correspond à
l’achat de machines et bâtiments destinés à produire des biens et services.
Néanmoins ce niveau de la demande effective ne correspond pas nécessairement au plein
emploi, il peut être excessif par rapport aux capacités de l’économie et aboutir à l’inflation ou
insuffisante et entraîner du chômage. Par conséquent le plein emploi (égalité entre offre et
demande) n’est plus normal et naturel comme le pensa les classiques et les néoclassiques, l’Etat
doit agir sur la demande effective pour assurer le plein emploi par une politique budgétaire et
monétaire expansive même si cette action entraîne un déficit budgétaire.
A -- Le multiplicateur de revenus
Pour expliquer ces mécanismes, nous partirons d'exemples concrets.
L'idée de départ est la suivante : toute injection de revenus dans l'économie par l'Etat (voir
plus haut pour les moyens utilisés) provoquera une augmentation du revenu national qui lui est
bien supérieure.
Exemple : : l'Etat engage 1 000 de dépenses publiques pour construire une route.
Si les titulaires de ces revenus (salariés embauchés) ont une propension marginale à
consommer de 3/4 (0,75) ils vont dépenser 750 de plus en biens de consommation. Les
producteurs de ces biens de consommation vont percevoir un revenu supplémentaire de 750. Si
leur propension marginale à consommer est également de 3/4, ils vont dépenser 750 x 0,75 =
562,5 en biens de consommation. etc.….
On constate donc que l'injection de revenus au départ provoquera des vagues successives de
revenus et de dépenses qui continueront mais en diminuant peu à peu d'amplitude et ceci
jusqu'à 0.
L'efficacité d'une relance de la consommation dépend donc de l'importance de la
propension marginale à consommer (c'est-à-dire la tendance des agents économiques à
consommer un supplément de revenus) des agents économiques.
Mais, l'effet d'une relance ne pourra être réellement mesuré que par le jeu du multiplicateur
et de l'accélérateur. En quoi consiste donc le mécanisme d'accélération d'investissement dans
une optique keynésienne ?
B-- L'accélérateur d'investissements
L'idée de départ est la suivante : à partir du moment où la consommation augmente sous
l'effet d'une relance, la production doit nécessairement s'adapter.
Le mécanisme de l'accélérateur implique qu'une variation de la demande de biens de
consommation entraîne une variation beaucoup plus importante de la demande de biens
d'investissements.
Par exemple, supposons qu'au cours d'une période déterminée, le montant de la production
(P) soit de 100 et que le stock de machines, d'équipements, donc le stock de capital (K) soit de
400, le coefficient de capital K/P sera de 400/100 = 4.
Cela signifie que toute variation supplémentaire de la consommation devra être multipliée
par 4 en investissement nouveau.
34
Si la demande augmente de 10, la production devra être de 110 -- pour maintenir un
coefficient de capital de 4 l'entreprise devra investir 40 en équipements nouveaux (440 / 110 =
4).
Le mécanisme de l'accélérateur ne peut réellement jouer qu'à condition que le taux
d'utilisation des équipements (capital) soit voisin de 100% (travail en continu). Si tel n'est pas
le cas, l'entreprise pourra toujours augmenter la durée d'utilisation des équipements. Il s'agit là
tout de même d'une limite à l'efficacité du modèle keynésien de relance.
On voit donc qu'en théorie le jeu du multiplicateur et de l'accélérateur doit stimuler la
croissance. Mais, hélas, le keynésianisme n'a pas connu que des succès et connaît lui aussi
certaines limites.
Les politiques keynésiennes ont été appliquées dans les pays occidentaux à partir des
années 40. L'économie n'était pas aussi mondialisée qu'aujourd'hui et les politiques de relance
étaient souvent très efficaces pour relever le niveau de demande. De telles politiques ont été
menées en 1954,1957,1966, et 1969. Les échecs ont commencé à partir des années 70.
Keynes considère que la grande crise de 1929 n’est pas une crise provisoire qui pouvait être
dépassé grâce aux seules vertus du marché. Par conséquent, en économie de marché, les
déséquilibres peuvent se former et persister ; une dose d’interventionnisme est nécessaire pour
assurer la régulation économique.
35
Bibliographie :
- ALAOUI AMINI Abdellah : « Economie : Fondements et Equilibres » ; Edition
Revue REMALD, 70/1007, ISBN :9954-0-0135-X
- BARRE. Raymond : « Economie politique 1 » ; Edition : PUF 1975 ;
- CAPUL JEAN YVES et OLIVIER GARNIER : « Dictionnaire d’économie et des
Sciences sociales » : ; Edition : Hatier 2014
- DE MONTBRIAL. Thierry, FAUCHART. Emmanuelle : « Introduction à
l’économie » ; Edition : Dunod 2004 ;
- DROUIN Jean-Claude : « Tous Economistes Guide d’introduction à l’économie » ;
Edition Presse Universitaires de France, ISBN 978-2-13-057136-0, Septembre 2008.
- EL KATTANI. Omar : « Manuel d’économie » ; Edition : Imprimerie Najah El Jadida
2003 ;
- ELABDAIMI. Mohamed : « Economie politique » ; Edition : Imprimerie Najah El
Jadida 2001 ;
- IBN KHALDOUN : « La Muqaddima » ; Centre Pédagogique Maghrébin,
Hachette1965 ;
- GUITTON. Henri : « Economie politique, Tome 1 » ; Edition : Dalloz 1971 ;
- LEONTIEV. Lev : « Précis d’économie politique » ; Edition du Progrès, Moscou
1972 ;
- MANKIW. N. Gregory : « L’économie » ; Edition : Economica 1998;
- MONTIGNY. Gilles : « Cours d’histoire et d’analyse économique » ; Edition : Ellipses
1993 ;
- SABY. Bernard, SABY. Dominique : « Les grandes théories économiques » ;
Edition : Dunod 2000 ;
- SAMUELSON. Paul : « L’économique, tome 1 » ; Edition : Librairie Armande Colin
1970 ;
- SILK. Leonard : « Après Keynes : Cinq grands économistes » ; Edition :
d’organisation 1978 ;
- TRACHEN. Ahmed : « Economie politique » ; Edition : Afrique Orient 1998 ;
- TRITAH Said : « Introduction A Economie Politique »; Premiere edition, N de depot
2010 MO 2933.
36
- WOLFF. Jacques : « Histoire de la pensée économique : des origines à nos jours » ;
Edition : Montchrestien 1991.

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  • 1. FILIÈRE : SCIENCES ECONOMIQUES ET GESTION SEMESTRE S1 PRÉPARÉ PAR : Pr LECHHEB Houda Années universitaires : 2020 – 2021 POLYCOPIÉ INTRODUCTION À L’ÉCONOMIE
  • 2. 2 Plan du Cours Chapitre I : Définitions et concepts élémentaires Section 1- Définition de la science économique Section 2- Le but de l’activité économique Section 3- Les catégories de la discipline économique Section 4- La méthodologie de la science économique Chapitre II- Les acteurs de la vie économique : Les interdépendances Section I. Les intervenants de la vie économique Section II - Le circuit économique : Notion de flux réel et monétaire Section III- La mesure de l'activité économique Chapitre III- Les grandes écoles de la pensée économique Section 1 : Le capitalisme commercial et la pensée mercantiliste Section 2 : La pensée classique Section 3 : Le développement de l’économie politique à l’étape capitaliste et à l’étape de la transition pour le socialisme Section 4 : L'approche keynésienne
  • 3. 3 Introduction : L’activité économique est la forme d’activité humaine par la quelle les hommes luttent pour réduire l’inadaptation de la nature à leurs besoins. Elle se présente comme une rencontre d’actes et de comportements sociaux de production d’achat et de vente de biens et services, effectués par des agents économiques directement impliqués dans la production, la distribution et la consommation des composantes des richesses économiques. L’homme a tenté de dévoiler les secrets de cette activité économique de la connaître, de formuler les idées qui y sont relatives : relatives à sa nature, à son fonctionnement, à son résultat et à sa continuité d’une période à l’autre. Dans cette tentative, l’homme effectue un autre effort qui représente une activité intellectuelle, activité qu’il pratique suivant des démarches qui l’amènent à son but, aux idées économiques, aux théories économiques. Ces théories, si elles remplissent certaines conditions sont scientifiques et font partie d’une science qui est la science économique. Cela dépasse le simple fait d’observer et de bien observer. Il faut élaborer des instruments de connaissance et d’investigation économique du concret. Le chercheur observe la réalité par l’intermédiaire des concepts et des lois. Ce faisant, il élabore, utilise et fait appel à des théories. C’est pourquoi la théorie n’est pas synonyme de spéculation. La théorie est l’élaboration d’instrument d’analyse à porter générale et scientifique adaptée à la réalité étudiée. C’est une élaboration scientifique et des exigences méthodologiques au centre des quelles est posé le statut de l’analyse économique.
  • 4. 4 Chapitre I : Définitions et concepts élémentaires L’économie est un observatoire de la réalité matérielle de l’homme. Elle représente pour cela une masse de connaissances théoriques sur l’activité humaine accumulée à travers l’histoire. Ainsi, il est difficile de donner une définition satisfaisante de la science économique. La difficulté provient notamment de ce que le mot « économie » à revêtu des significations différentes au cours du temps. Nous allons, dans ce premier chapitre, expliquer le champ d’étude de la science économique et introduire un certain nombre de concepts élémentaires. Section 1- Définition de la science économique En détaillant le mot économie vient du grec oÏkos, la maison et de Nomos, la loi, les règles), étymologiquement, l'économie désignait donc les règles de conduite de la maison. Il s'agissait de la science de la vie domestique privée par rapport à la politique dont l'objet était la gestion de la société. Le mot économie a revêtu une signification essentiellement gestionnaire et patrimoniale ; il s’agit de conduire et de bien administrer une maison (au sens ancien du terme). Il est certain que la conception de l’économie politique a beaucoup évolué depuis cette première définition qu’aucun économiste contemporain ne pourrait accepter. La conception même de l’économie politique est passée sommairement par trois phases : A- L’économie est la science de la richesse : Si l’on part de la conception des économistes classiques à la fin du 18è siècle, et au début du 19è siècle, l’économie était conçue comme la science des richesses. A. Smith intitulait son ouvrage de 1776 « Recherche sur la nature et les causes des richesses des nations ». Cette conception n’a pas manqué de soulever des interrogations. Les richesses qui intéressent les classiques, ce sont les richesses principalement matérielles. Or la richesse d’un homme ou d’une société ne se compose pas seulement de biens matériels. Ceci est particulièrement vrai de nos jours où les services constituent une partie importante de l’activité de production et de consommation des agents économiques. Ainsi, le contenu strict de la richesse ne cadre pas avec les préoccupations de la science économique. On s’est alors orienté vers une conception élargie de la richesse pour la concevoir comme tout ce qui satisfait un besoin, ou encore tout ce qui est utile à l’homme. B- L’économie est la science de l’échange marchand : Ce type de définition s’intéresse à tout ce qui est utile à l’homme, à tout ce que l’homme acquiert par l’échange marchand, qu’il soit matériel ou immatériel. C’est le courant néoclassique, fortement attaché à la notion d’utilité, qui développa cette conception. Il convient de souligner que cette notion d’utilité est une notion subjective par nature et ne peut être mesurer que par un prix. C’est la signification de l’échange marchand, celui qui se déroule sur un marché. Or, est-il vrai que l’intégralité des échanges passe par le marché ? Certes non, lorsqu’on observe l’organisation des différentes économies où le marché n’occupe parfois qu’une place mineure, tel que les économies de subsistance, les anciennes économies communistes, les économies fortement étatisées… C- L’économie est la science des choix efficaces :
  • 5. 5 Ce troisième type de définition a voulu dépasser la conception limitative du marché, mais il reste attaché à l’idée de satisfaction des besoins. Ainsi, l’économie est définie comme la science qui cherche comment les hommes décident d’utiliser les ressources productives rares ou limitées en vue de créer des marchandises ou des services variés et de les répartir pour des fins de consommation entre les différents membres de la société. Cette définition part du principe que l’homme possède des besoins multiples illimités, cependant il ne possède que des moyens rares, il doit donc effectuer des choix rationnels. Mais, l’idée à son tour critiquable, car si l’on considère que l’économie est la science des choix efficaces, on se trouve placé dans une perspective très large qui dépasse le domaine économique [opérer des choix peut s’effectuer par exemple dans le domaine de l’organisation de la circulation urbaine, ou même dans le jeu du hasard, or ces choix ne sont pas de caractère économique]. D- Définition de P. Samuelson : Certainement, l’économie comprend tous les éléments cités dans les définitions variées qui précèdent et bien d’autres éléments qui figureraient dans une liste plus développée si elle était dressée. Pour cette raison, on annoncera ici une conception plus explicite et plus concrète qui met en relief les trois préoccupations fondamentales de l’activité économique à savoir : la production, la répartition et la consommation. C’est la définition libellée par Paul Samuelson dans son ouvrage intitulé « l’économique » : « L’économie recherche comment les hommes et la société décident, en faisant ou non usage de la monnaie, d’affecter des ressources productives rares à la production à travers le temps de marchandises et services variés et de répartir ceux-ci, à des fins de consommation présente et future, entre les différents individus et collectivités constituant la société ». Cette définition introduit six notions nouvelles : - Notion de monnaie : la définition de Samuelson laisse supposer qu’une économie pourrait fonctionner sur la base du troc, mais l’expérience historique montre que dès que l’économie devient plus complexe, on utilise la monnaie comme instrument des échanges. - Notion d’emplois alternatifs : cela renvoie au concept d’efficacité. Les ressources doivent être employées de façon à ce que la production soit le plus proche possible de la frontière de production. - Notion de consommation présente ou future : les sociétés épargnent des ressources, c'est- à-dire renoncent à les consommer immédiatement en vue de la constitution de capital. - Notion de bien économique : par bien économique, on entend à la fois des biens matériels et des biens immatériels. - Notion de production : il important de distinguer le gestionnaire, dont le but est, à partir des ressources existantes, de se livrer à une activité productive efficace de l’entrepreneur, qui est innovateur et créateur. - Notion de distribution : la distribution concerne l’organisation des marchés et du commerce. Section 2- Le but de l’activité économique : Appréhender l'économie ne consiste pas seulement à décrire les faits mais aussi à comprendre, à expliquer la réalité qui nous entoure et à anticiper l'avenir. Nous pratiquons de
  • 6. 6 l'économie dans notre vie quotidienne : acheter un livre ou un disque mettre de l'argent de coté… La science l'économie a pour objet principal l'étude de la Production, de la Répartition et de la Consommation des biens et services. En restant plus précis à propos du contenu de ce chapitre, l’activité économique a comme but la satisfaction des besoins. L’aptitude à satisfaire un besoin s’appelle l’utilité. Les biens capables de satisfaire les besoins, ou si l’on veut encore, doués d’utilité, sont les biens économiques. Nous allons consacrer à ces trois notions intimement liées ce deuxième élément. A- La théorie du besoin : Dans la terminologie économique, le mot besoin est pris dans une acception plus large que dans le langage courant. Il ne désigne pas seulement un état de souffrance de malaise ou de gène que nous éprouvons s’il nous manque telle chose, si tel acte s’accomplit ou ne s’accomplit pas. Au sens économique du mot, on dit qu’on a besoin de tout ce qu’on désire. L’observation des lois qui gouvernent les besoins a donné lieu à des analyses importantes. 1- Les lois de Gossen : Première loi : Loi de la satiabilité des besoins : ils sont limités en capacité. La limitation des besoins en capacité existe à deux points de vue. Elle signifie d’abord qu’une quantité finie de l’objet désiré suffit à la satisfaire, ensuite que l’intensité de nos besoins diminue au fur et à mesure qu’ils reçoivent satisfaction. Une satisfaction élémentaire qui se poursuit décroît et finit par s’éteindre. A la limite, elle peut donner lieu à une peine, c'est-à-dire à une désutilité. Deuxième loi : Loi de la comparabilité subjective des besoins : tout individu raisonnable est capable d’établir une hiérarchie dans l’intensité de ses besoins. Cela signifie qu’un consommateur, disposant d’un certain nombre de bien, pour satisfaire des besoins divers, est à tout moment capable d’opérer une sélection et de déterminer un ordre d’urgence. 2- Les lois d’Engel : Ernest Engel a écrit en 1857 un ouvrage portant sur les rapports de production et de consommation. Le problème qu’il s’est posé, est le suivant : étudiant les budgets des ouvriers, Engel a cherché comment varieraient les dépenses de consommation suivant la grandeur du revenu. Trois propositions doivent être retenues : - La part du revenu affectée aux dépenses d’alimentation est d’autant plus grande que le revenu est plus petit ; - La part du revenu affectée aux dépenses de vêtement, de logement, de chauffage et d’éclairage demeure sensiblement la même, quelque soit l’importance du revenu. Pour les faibles revenus, il est toutefois attribué plus à l’habillement qu’à l’habitation ; - La part affecté aux autres besoins (éducation, distribution, charité …) augmente avec le montant du revenu. B- L’utilité économique Dans la langue ordinaire, le mot utile est pris dans un sens spécial et s’oppose à ce qui est superflu, ou simplement agréable, ou nuisible soit au point de vue physique soit au point de vue morale. Les économistes ont proposé à la place du mot utilité un certain nombre d’autres expressions : ophélimité, désirabilité, valeur d’usage, ou utilité économique. L’utilité économique d’un bien pour un individu, « c’est l’intensité du désir que cet individu éprouve de se procurer ce bien à un moment donné et dans des conditions déterminées. »
  • 7. 7 Il résulte de la définition précédente que l’utilité économique d’un bien présente les caractéristiques suivantes : - L’utilité est subjective : Elle n’est pas une propriété objective inhérente à un bien et provenant de sa nature ; - Elle est liée au caractère économique du bien : les biens économiques, c'est-à-dire les biens appropriés susceptibles d’être vendus ou achetés, ont seuls une utilité économique. L’utilité marginale : c’est le principe de l’utilité décroissante ou des jouissances décroissantes. On définit l’utilité marginale de la façon suivante : « l’utilité marginale d’un bien composé de plusieurs exemplaires (ou unités), c’est l’utilité du dernier exemplaire. » C- La théorie des biens Les biens économiques comprennent toutes les choses disponibles que les hommes jugent aptes à satisfaire directement ou indirectement un de leurs désirs. Cette définition implique la réunion des quatre conditions suivantes : - L’existence d’un besoin apte à satisfaire ; - La connaissance qu’ont les hommes de cette aptitude ; - La disponibilité : c’est la possibilité d’utiliser cette chose ; - La rareté : si l’abondance d’un bien est telle qu’on puisse l’acquérir sans une peine, sans un travail, sans un coût, il ne s’agit pas d’un bien économique. On peut classer les biens économiques selon quatre critères : 1- L’emploi : Il permet de distinguer entre les biens de production (appelé également biens d’investissement ou encore biens capitaux) et les biens de consommation (ou encore biens directs ou du premier degré) : - Les biens de consommation sont ceux qui satisfont un besoin immédiat ; - Les biens de production, ou bien de degré supérieur, ceux qui satisfont un besoin plus éloigné. La distinction entre les deux marque la frontière entre ce qui est du capital et ce qui n’en est pas, c'est-à-dire, ce qu’on appelle le revenu, le premier procurant le second. Cependant « un capital est un ensemble ordonné à une fin et organisé pour l’atteindre » (Perroux). Ainsi, une poule est un capital si on consomme ses œufs, elle est un revenu si on décide d’en faire un plat. 2- La durabilité : Certains biens peuvent durer très longtemps, ou même sont quasi éternels, ce sont les biens durables. D’autres durent moins longtemps parce qu’ils sont atteints par une certaine usure de fait du temps qui passe ou de l’usage qui en est fait ; ce sont des biens semi-durables. Il existe enfin des biens qui s’évanouissent dès le premier usage. Il y a aussi des biens qui disparaissent par non usage, les services, qui n’étant pas stockables. 3- La substituabilité : On dit de plusieurs biens qu’ils sont substituables, s’ils peuvent être remplacés les uns par les autres pour satisfaire le besoin du consommateur, ou même du producteur. Ils sont parfaitement ou imparfaitement substituables selon que le besoin est satisfait dans les mêmes conditions ou, au contraire au prix d’une moindre satisfaction. 4- La complémentarité : Deux ou plusieurs biens sont appelés complémentaires s’ils doivent être utilisés conjointement pour satisfaire un besoin. De ce fait, il existera une corrélation dans les prix de ces divers biens.
  • 8. 8 La complémentarité n’est jamais constante dans le temps ou dans l’espace. Il existe aussi des complémentarités subjectives et objectives. Elle est objective, s’il n’est pas techniquement possible de satisfaire certain besoin avec tel bien sans tel autre. Elle est subjective si l’association des biens résulte d’une appréciation d’une préférence de l’utilisateur. Section 3- Les catégories de la discipline économique A- Micro-économie / macroéconomie La science économique englobe deux branches qui sont la microéconomie et la macroéconomie. La différence très importante entre l’analyse micro économique et l’analyse macro économique provient du fait que les lois qui gouvernent des agrégats ne résultent pas d’une simple sommation. Un déficit budgétaire global n’a pas le même sens économique qu’un déficit dans un budget individuel. On appel agrégation, la démarche scientifique par la quelle on passe des lois micro économiques aux lois macro économiques. Cette procédure caractérise l’évolution de la science économique depuis les deux guerres mondiales. 1- L’optique Micro économique : La microéconomie est la branche de la science économique qui étudie le comportement des différentes agents économiques : le consommateur, l’entreprise, le détenteur de capital, le travailleur. Elle analyse par exemple comment le consommateur, ayant pour objectif de maximiser la satisfaction qu’il retire de la consommation de biens, décide d’acheter telle ou telle qualité de ces biens compte tenu de deux contraintes principales : le revenu à sa disposition et le prix des produits achetés. Elle étudie également comment une entreprise détermine le prix de vente de sa production et des quantités produites compte tenu de la demande qui s’adresse à elle et des coûts auxquels elle doit faire face. Dans cette optique, il s’agit d’étudier – en fonction des principes hédonistique (maximum de satisfaction pour le minimum de coût) – la production, la répartition et la consommation des biens. Cette étude, prolongée au cours des 18è et 19è siècle, donne lieu à l’élaboration de la théorie générale de l’équilibre économique, qui peut se résumer à l’aide des trois théorèmes suivants : 1er théorème : Il existe pour tout système économique une situation d’équilibre parfait ; 2ème théorème : L’équilibre générale réalise spontanément le plein emploi ; 3ème théorème : Quand cette position idéale d’équilibre n’est pas atteinte ou quand elle est compromise, le jeu des forces spontanées du marché tend à l’établir ou à la rétablir. 2- L’optique Macro économique La macroéconomie, par contre, s’intéresse à l’analyse des comportements d’une économie nationale et l’étude des relations qu’elle entretient avec les économies étrangères. Au lieu de s’intéresser au consommateur et à l’entreprise, elle est entrée sur l’étude de la consommation de l’ensemble des ménages et la production de toutes les entreprises. La macroéconomie raisonne sur des groupes d’agents économiques et sur des agrégats. Elle a quatre objectifs : - Le premier est d’isoler les variables les plus importants permettant d’expliquer le comportement des groupes d’agents ;
  • 9. 9 - Le deuxième est d’étudier les relations entre les principales variables afin de déterminer l’existence de rapports stables voire de lois, entre ces variables. Quelles sont par exemple, les relations entre la consommation et le revenu ; entre la consommation et le revenu et l’investissement ? La macroéconomie essaye, autrement dit, de mettre à jour les conditions de réalisation d’un équilibre entre les agrégats économiques. - Le troisième objectif est d’analyser les principaux déséquilibres qui peuvent apparaître entre les agrégats : inflation, chômage, déficit de la balance commerciale et d’en rechercher les causes ; - Le quatrième objectif est de rechercher les moyens d’atteindre certains buts fixés par la collectivité : stabilité des prix, plien-emploi, équilibre extérieur, croissance. L’analyse de ces moyens est du ressort des politiques économiques. On a passé progressivement au cours du 20è siècle, de l’optique précédente à l’optique macro économique, pour trois raisons : 1ère cause : le système change de dimension. Au fur et à mesure que la technique se développe, elle exige des capitaux de plus en plus importants. Les micros unités tendent en conséquence à se grouper, à s’agglomérer. Dès lors, l’analyse s’éloigne des quantités individualisées et se préoccupe des quantités globales. 2ème cause : l’influence de l’Etat grandit. L’Etat gendarme devient aussi producteur, distributeur, consommateur. Il intervient dans tous les départements de la vie économique. 3ème cause : les crises économiques discréditent la théorie de l’équilibre. 3- L’optique Méso économique Néologisme proposé par S. Holland (1975), qui caractérise la spécificité de l’analyse des grandes groupes industriels qui dominent la macro économie keynésienne et contrôlent la micro économie néoclassique. La méso économie fait donc le pont entre micro et macro économie, c’est une analyse qui prend en compte les niveaux intermédiaires entre les plans individuels et les plans globaux. Par extension, la méso économie est une démarche intermédiaire entre les deux optiques ayant pour dominante : le secteur d’activité (agriculture, industrie, service), la branche d’activité (santé, éducation, transport…), la région, les corps intermédiaires (syndicats, parti, association, corporation…). B- Individualisme / holisme 1- Individualisme L’individualisme méthodologique est une méthode des sciences sociales qui consiste à partir d’une analyse des comportements individuels pour expliquer les phénomènes étudiés. 2- Holisme L’holisme méthodologique considère que les comportements individuels s’inscrivent dans un contexte plus global qu’il est nécessaire d’étudier pour comprendre les actes individuels. C- La science, l’art et la morale Les discours économiques peuvent relever de différents positionnements. La distinction n’est pas toujours affichée explicitement par les économistes (elle n’est d’ailleurs parfois pas très claire !), ce qui peut entretenir une certaine confusion. 1- L’économie comme science ou économie positive. L’économie est une discipline scientifique qui vise à décrire et expliquer la réalité… c’est à dire ce qui est. Comme toute science, l’économie doit satisfaire à des critères de scientificité quant à sa démarche (rigueur du raisonnement, possibilité de réfutation des propositions, possibilité de tester des hypothèses ou de confronter une théorie à la réalité). 2- L’économie comme art ou la politique économique
  • 10. 10 L’économiste a souvent été conseillé du prince. A partir de la connaissance qu’il a du fonctionnement de l’économie, il propose des solutions à des problèmes économiques à résoudre. 3- L’économie comme morale ou l’économie normative L’économie normative décrit ce qui devrait être. On est alors dans le domaine de l’opinion, de la foi, de la croyance. On quitte les critères de scientificité. Mais la vie est faite de critères "non scientifiques" qui permettent d’effectuer des choix… en particulier des choix politiques
  • 11. 11 Section 4- La méthodologie de la science économique : Dans toutes les branches de la connaissance humaine, la méthode est l’ensemble des démarches suivies par la raison dans l’étude d’un certain objet afin d’arriver à une loi générale. C’est l’art d’organiser les idées de telle manière qu’on arrive à découvrir une vérité inconnue ou à prouver la validité d’une idée connue. La méthode est donc l’ensemble de démarches suivies par la pensée afin de dégager la connaissance. Ce chemin de la pensée ne représente pas un simple parcours car il s’associe à une organisation conceptuelle. En générale les méthodes utilisées pour acquérir la connaissance économique ne diffèrent pas des méthodes de la recherche scientifique. Nous connaîtrons alors ces méthodes en parlant de l’économie politique en tant que science. Mais, une question se pose ici : est-elle vraiment une science ? Pour répondre à cette question : - Nous montrerons d’abord les conditions qui doivent être remplies pour pouvoir parler d’une science ; - Nous verrons ensuite si ces conditions se réalisent par rapport à l’économie politique ; - Enfin, on donnera un bref aperçu sur la méthodologie économique. A- Qu’est ce qu’une science ? En ayant recours à la philosophie des sciences et en prenant le terme en général, en entend par la « science », l’ensemble des connaissances humaines organisées sur la nature, la société et la pensée, et acquises par la découverte des lois objectives des phénomènes observables et leur explication, en utilisant les méthodes de la recherche scientifique. Ainsi, le terme science désigne, « l’ensemble organisé des connaissances relatives à une certaine catégorie de faits ou de phénomènes ». Elle suppose une réalité sans faille (défaut), elle part du réel et doit revenir aux faits. Pour pouvoir parler d’une science, il faut donc : - D’abord qu’on ait un corps théorique, c'est-à-dire un ensemble d’idées, de théorie répondant aux conditions de la connaissance scientifique par rapport à un objet bien déterminé ; - Il faut également que cet ensemble de connaissances théoriques nous donne la possibilité de disposer d’un lot minimum de certitudes élémentaires ; - Il faut finalement que ce dernier nous permette, à son tour d’expliquer les phénomènes envisagés et de prévoir les tendances générales de leur mouvement.
  • 12. 12 L’économie politique est –elle une science ? L’économie politique sera une science si, à son égard, les éléments mentionnés ci-dessus sont réunis : - L’objet : l’économie politique a un objet bien déterminé. Il s’agit des relations sociales ayant lieu par l’intermédiaire des biens matériels. Les phénomènes économiques sont régis par des lois objectives, des lois qui représentent une caractéristique réelle de ces phénomènes. De plus, ces lois sont indépendantes de la volonté de l’homme. Cela s’explique d’abord par le fait que les circonstances sociales dans les quelles une certaine communauté effectue son activité économique sont historiquement déterminées. Cela s’explique ensuite par le fait que le résultat social de l’activité économique est le résultat de l’interdépendance des différentes activités individuelles. - La méthode : l’économiste utilise la méthode générale de la recherche scientifique. Mais il se trouve désavantagé par rapport à l’analyse des phénomènes de la nature. Cela est dû à l’impossibilité de recourir à l’expérimentation. Il n’est guère possible à l’analyste de parvenir à exclure l’action de toutes les forces autres que celles qu’il veut isoler pour en faire l’objet de son observation. D’où la nécessité de recourir à l’abstraction1 . Au lieu d’expériences menée en laboratoire, les économistes s’intéressent particulièrement aux expériences naturelles qu’offre l’histoire. - L’économie politique nous donne, à l’heure actuelle, un lot minimum de certitudes qui peuvent servir de base pour l’explication des phénomènes économiques et pour la prévision raisonnable des tendances générales de leurs mouvements futures. Il s’agit là de l’ensemble des lois économiques théoriques (ou des théories économiques) qui se trouvent à notre disposition, qui sont relatives aux différents types du processus économique et qui ont été vérifiées scientifiquement. B- La méthodologie économique : Par méthode scientifique, on entend les procédés rationnels employés pour découvrir la vérité. Les procédés diffèrent suivant les sciences, mais se ramènent en définitive à deux méthodes : - Méthode déductive : Elle part des principes généraux dont l’exactitude à été démontrée ou qui sont supposés exactes, pour en tirer par un raisonnement logique des propositions nouvelles. C’est elle qui joue le grand rôle dans les sciences mathématiques. - Méthode inductive : Elle remonte au contraire des cas particuliers aux vérités générales. Elle consiste à observer d’abord des faits, à rechercher les liens qui les unissent, les uniformités qui s’en dégagent et à formuler des principes généraux qu’on appelle des lois. Son caractère essentiel est de généraliser. Ces méthodes sont toutes les deux indispensables à l’économie politique. Dans la recherche des principes économiques généraux, trois séries d’opérations sont nécessaires : 1- L’observation des faits : Elle doit porter sur deux domaines : - Sur les phénomènes extérieurs à l’homme ; - Sur l’homme lui-même et sur les mobiles de son activité économique. 1 Abstraction : opération intellectuelle qui consiste à isoler par la pensée l’un des caractères d’un objet.
  • 13. 13 Mais il faut noter que l’observation est beaucoup plus difficile dans les sciences sociales que dans les sciences physiques et naturelles pour deux raisons : - Les phénomènes sociaux se présentent à nous en nombre tellement considérable (naissances, émigration, exportation des marchandises) que des observateurs opérants isolements ne peuvent les connaître tous, parfois même des observations collectives n’y réussissent que très imparfaitement ; - Les phénomènes sociaux ne se reproduisent jamais dans des conditions identiques et l’expérimentation est impossible. 2- Les hypothèses : Il ne suffit pas d’accumuler les faits au moyen de l’observation : Il faut découvrir les rapports qui existent entre eux, il faut trouver une explication générale qui permette de prévoir, et c’est ici que l’induction intervient. Un fait étant observé, on généralise et on prévoit que dans des circonstances analogues, un fait analogue se produira. Il est indispensable de faire des hypothèses, de supposer vrais telle loi qui donnerait l’explication générale de tous les phénomènes analogues aux phénomènes observés. 3- Vérification des hypothèses : Un principe général étant supposé vrai à la suite des deux séries d’opération précédentes il faut contrôler son exactitude au moyen de nouvelles observations. La déduction intervient encore pour indiquer les conséquences logiques du principe général tenu pour vraie et les observations à faire pour les comparer avec le fait. Si la contradiction est flagrante, il faut changer les hypothèses. Si les applications du principe correspondant aux faits, la déduction pourra tirer de ce principe général des vérités générales nouvelles. Mais il faut prendre garde que les faits économiques ne concorderont jamais tous avec les applications du principe général, puisque par hypothèse, certains mobiles de l’activité économique auront été négligés. Phénomènes Naturels (Observation) Hypothèses Théories et lois Modèles Politiques économiques A B S T R A C T I O N Induction Déduction Vérification Application - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
  • 14. 14 L’économie comme toute science sociale décompose le réel pour mieux l’observer et reconstruit ensuite de manière schématique la réalité, sous forme de représentations mathématiques ou statistiques.
  • 15. 15 Chapitre II- Les acteurs de la vie économique : Les interdépendances Cette science est considérée comme un observatoire de la réalité matérielle de l'homme. Ainsi, l'étude peut aller du comportement individuel c'est l'approche microéconomique, qui implique la théorie de l'utilité et de la demande, théorie de la production et des coûts, concurrence parfaite, monopole simple…. Cette partie de l'économie s'intéresse donc à l'analyse du comportement des agents économiques considérés comme des agents rationnels. D'une manière plus générale, se trouve l'approche macroéconomique et l'étude du comportements général et des relations entre données globales de l'économie, les agrégats telles que l'emploi, la production, l'épargne, l'investissement, la consommation…. Sur la scène économique, les acteurs, appelés antérieurement agents économiques réalisent des actes ou opérations économiques. Ces opérations qui consistent à produire, échanger des biens et services, distribuer des revenus, consommer, épargner, sont retracées dans des circuits économiques. La rencontre entre agents économiques se déroule sur des marchés où se fixe un prix. Le prix oriente la décision des acheteurs et des producteurs, mais il n'est pas le seul élément, interviennent le revenu et des facteurs psychologiques. Les rouages de l'économie sont améliorés par l'utilisation quotidienne de la monnaie. Elle facilite l'achat et la vente des produits, permet de mesurer la valeur des biens entre eux et d'épargner. Dans ce sens, on évoque le rôle primordial des établissements de crédit dans la création monétaire, ce sont eux qui mettent à la disposition des agents la monnaie scripturale. Il s'agit ici de s'efforcer de donner une vue d'ensemble de l'activité économique à partir d'une description des agents économiques et à partir du concept de circuit économique. On appelle « agent économique » un individu ou un groupe d'individus représentant un centre de décision autonome. En analyse économique, les agents économiques sont regroupés en 6 catégories. Les actes quotidiens de la vie économique sont multiples - qu'il s'agisse de produire, de vendre, de consommer, il y a une réalité incontournable : tous ces actes sont ordonnés pour constituer un circuit économique. Le circuit économique résulte donc d'opérations effectuées par une multitude d'agents économiques ; administrations, entreprises, ménages, etc. Avant de procéder à une description du circuit économique nous retiendrons le classement des agents économiques utilisé par le système élargi de comptabilité nationale. Depuis la mise en place de ce système, le concept d'agent économique est abandonné - aujourd'hui, on parle plutôt «d'un ensemble d'unités institutionnelles». Section I. Les intervenants de la vie économique La comptabilité nationale compte 6 secteurs institutionnels définis à partir de leur fonction principale et de leur ressource principale : Les ménages : ils se composent de l'ensemble des personnes physiques résidents en tant que titulaires de revenus et entant que consommateurs individuels. Pour la comptabilité nationale, un célibataire vivant seul est un ménage. Il en est de même pour la population des institutions constituées de personnes vivant en communauté (Casernes militaires, prisons, foyers,…). dont les entreprises individuelles, ils consomment des biens et des services, leurs revenus proviennent de leur activité, de leur patrimoine ou de prestations sociales ; En économie, le
  • 16. 16 sens du mot « ménage » diffère quelque peu du sens commun. Les familles ordinaires sont, bien entendu, des ménages mais aussi les célibataires ainsi que les institutions regroupant des personnes vivant en communauté (prisons, hôpitaux, communautés religieuses ou militaires). Les ménages consomment et produisent ; c'est leur fonction principale. Les sociétés et quasi sociétés non financières : elle sont regroupées selon leur statut juridique, entreprises sociétaire privées (exp : ONA, FILROC), mais aussi publique (exp: RAM), établissement individuels (Entreprise OTHMANE). Ces entreprises exercent des activités industrielles, commerciales ou de service. En ce qui concerne les entreprises individuelles telles que les exploitations agricoles, commerciales, professions libérales appartenant à une personne physique. Elles produisent des biens et des services marchands et investissent, leurs ressources sont issues de la vente de leur production ; Les sociétés : Il s'agit de toutes les formes de sociétés quelle que soit leur forme juridique - sociétés privées, société d'économie mixte, société nationalisée, société coopérative, etc. Les quasis sociétés : on en distingue ici deux catégories : Les quasi sociétés publiques : il s'agit ici des organismes publics qui vendent leur production au public. Les quasi sociétés privées : il s'agit ici des succursales d'entreprises étrangères installées au Maroc. Les sociétés financières : il s'agit de Bank Al Maghreb, d'une part et d'autres institutions monétaires et financières d'autre part. ces dernières ont un rôle prépondérant dans les opérations de crédit. Ce sont notamment les Banques, la Caisse d'épargne Nationale, la Caisse de Dépôts et de Gestion. (Les institutions de crédit) dont les entreprises d'assurance collectent l’épargne et la recyclent sous forme de prêts ou de placements financiers, leurs revenus issus de leurs services marchands financiers ; Il s'agit en bref de collecter l'épargne pour la redistribuer sous forme de crédit. Elles servent à financer l'économie. Il s'agit des banques et des organismes financiers spécialisés. Les administrations publiques produisent des services non marchands et redistribuent des revenus, leurs ressources sont issues des prélèvements obligatoires. Il s'agit de l'Etat, des collectivités locales, de la sécurité sociale etc. Les administrations publiques fournissent des services qui apparaissent gratuits aux utilisateurs mais qui sont financés en fait à partir des prélèvements obligatoires effectués sur les revenus des agents économiques. Ces services sont qualifiés de services non marchands dans la mesure où ils ne sont pas échangés sur un marché. La fonction principale des administrations publiques consiste donc à assurer la satisfaction des besoins collectifs de l'ensemble de la société. Les institutions sans but lucratif au service des ménages (Les administrations privées) produisent des services non-marchands ou à but non lucratif, leurs ressources sont des adhésions, des dons et/ou des subventions versées par les administrations publiques. Il s'agit par exemple des associations, des syndicats, des partis politiques. Le reste du monde : opposé à l'agent économique, la nation, cet agent comprend les agents résidents sans distinction pour leur activité ou leurs ressources. Cet agent doit être considéré à part dans la mesure où aucune fonction principale ne le caractérise (contrairement aux autres secteurs). On désigne par « reste du monde » un solde comptable d'opérations entre unités résidentes et unités non résidentes. On comptabilise ici, par exemple, le solde des transferts reçus et des transferts versés ou encore le solde des capitaux reçus et des capitaux versés.
  • 17. 17 Tableau récapitulatif des agents économiques selon leurs fonctions et ressources : Secteur Fonction principale Ressource principale Dépense principale Les sociétés non financière s Produire un bien ou un service marchand non financier Le produit des ventes de biens ou services Paiement des salaires, achat de biens et services intermédiaires Les sociétés financière s Collecter l’épargne disponible pour la redistribuer sous forme de prêts aux agents ayant des besoins de financement L’épargne collectée auprès des ménages, les intérêts perçus sur emprunt Paiement des salaires Les ménages Consommer les biens et services produits par les autres agents économiques Salaires, allocations Achat de biens et services finis Les administr ations publiques Produire des services non marchands collectifs et procéder à des opérations de redistribution du revenu entre agents économiques Les ressources liées à la perception de l’impôt ou de cotisations sociales Financement de l’Éducation Nationale , de l’armée, de la justice , de la police… Les administr ations privées Produire des services non marchands ou à but non lucratif Des adhésions, des dons et/ou des subventions versées par les administrations publiques Achat de fournitures pour leur fonctionnement Le reste du monde Échanger avec des agents économiques nationaux Le produit des exportations de biens et services L’importation de biens et services nationaux
  • 18. 18 Classer ces différents intervenants selon les secteurs institutionnels : Pour bien distinguer les secteurs institutionnels, il faut savoir différencier la production marchande de la production non-marchande. La production marchande est assurée par les entreprises et payée par les demandeurs au prix du marché, alors que la production non-marchande concerne des services collectifs vendus au-dessous de la moitié de leur coût de production et pour lesquels les contribuables doivent payer qu'ils les consomment ou non. On appelle le consommateur d'un produit marchand un client, celui d'un produit non marchand est un usager. Section II - Le circuit économique : Notion de flux réel et monétaire Définition : Au sens usuel, un circuit désigne un certain ensemble de chemin à parcourir, définissant une circulation entre des pôles définis. Le premier modèle complet de circuit économique sera défini au XVIIIème siècle par le docteur Quesnay par analogie avec la circulation sanguine. A. Les opérations et les flux économiques L'explication du mécanisme du circuit économique simplifié nous conduira à dégager l'interdépendance entre les fonctions économiques. Schéma : Ce schéma met en évidence deux types de flux : les flux réels et les flux monétaires. Flux réels : Travail et Production. Flux monétaires : Rémunération et Dépenses de consommation. Les revenus distribués rémunèrent les facteurs de production apportés par les ménages, que ce soit le travail, le capital, la terre. Une fois repérés les agents, il faut prendre en compte le caractère double du circuit. Chaque échange comporte un flux réel et sa contrepartie sous forme de flux monétaire. Ceci est évident car les économies contemporaines ne sont pas basées sur le troc donc une prestation de service ou de biens suppose un paiement monétaire. Ainsi l’échange de biens et de services est toujours doublé d'un échange de monnaie. Les flux réels sont exprimés dans des unités physiques différentes alors que les flux monétaires sont exprimés dans la même unité monétaire, on estimera donc les biens économiques par les flux monétaires, ce qui est plus simple. Dans un circuit simplifié à deux types d'agents, on suppose la présence des ménages et des sociétés non financières. Les ménages consomment la totalité de leurs revenus (revenus
  • 19. 19 "ressources" = consommation "emplois") et les entreprises versent la totalité de leur production sous forme de revenus (production = revenus). Il n’y a donc pas d’épargne donc pas d’argent à emprunter pour réaliser des investissements donc économie stationnaire : production "ressources" = consommation "emplois"). Toute la production est consommée. Dans cette optique ultra simplifiée, nous pouvons déjà évoquer les «trois temps de la valse économique».  En effet, si l'on fait la somme de toutes les rémunérations perçues par tous les ménages, le chiffre obtenu correspondra au revenu national (RN).  Si l'on fait la somme de toutes les dépenses effectuées par tous les ménages, le chiffre obtenu correspondra à la dépense nationale (DN).  Si l'on fait la somme de toutes les productions en valeur réalisées par toutes les entreprises, le chiffre obtenu correspondra au produit national (PN). Bien entendu, il s'agit d'une vision simplifiée des choses, mais, d'ores et déjà nous pouvons dire que le circuit économique simplifié met en évidence une équation fondamentale : PN = R N =D N En d'autres termes production= revenu= dépense. Toute production génère un revenu qui génère une dépense. Nous sommes ici à la base du raisonnement économique. Les fonctions de production, revenu, dépense, répartition, sont donc étroitement interdépendantes. Par ailleurs, le produit national, la dépense nationale, et le revenu national sont des agrégats. En économie réelle le produit national correspondra au PIB - le revenu national correspondra au RNB - la dépense nationale à la DIB. Définition d'un agrégat : un agrégat est une grandeur utilisée en comptabilité nationale pour caractériser l'activité économique d'une société donnée. Dans le circuit simplifié, ces agrégats ne sont pas des grandeurs économiques différentes les unes des autres. En effet, nous avons vu qu'il représente le même flux circulaire appréhendé sous trois optiques différentes :  L’optique de la production pour le produit national  l'optique du revenu pour le revenu national  l'optique de la dépense pour la dépense nationale. Encore une fois, dans la réalité les choses sont un peu plus complexes et nous présenterons dans l'élément suivant les formules détaillées des agrégats. Mais, la base du raisonnement économique sur l'interdépendance entre la production le revenu et la dépense ne doit jamais être perdue de vue.
  • 20. 20 B. L'équilibre "ressources emplois" L'activité économique est le fait d'une multitude d'agents qui prennent des décisions. Ces décisions, ou opérations, concernent la production, la distribution de revenus, la consommation, l'épargne et l'investissement. Les opérations selon la comptabilité Nationale : Produire, répartir les revenus, dépenser, ses trois grands types d'opération prises en compte par la comptabilité nationale qui retient:  La Production Nationale.  Le revenu national.  La dépense nationale Une fois repérée et mesurée, la production est distribuée. La comptabilité nationale décrit donc les opérations sur les biens et services. Lorsque ces opérations font intervenir le reste du monde on parle d'importations et d'exportations. Pour chaque produit, le total des emplois (c'est-à-dire des utilisations qui sont faites des biens et services) est forcément égal au total des ressources (c'est-à-dire des biens et services qui sont mis à la disposition des utilisateurs intérieurs ou extérieurs). Emplois = Ressources DONC Pour les ménages : Consommation + Prélèvements obligatoires + Epargne (Variations de stocks) = Salaires + Transferts et traitements Les variations de stocks correspondent au fait que les ressources disponibles ne sont pas entièrement utilisées lors d’une période donnée (variation positive) ou qu'elles sont insuffisantes pour satisfaire les besoins exprimés (variation négative). Ces variations apparaissent donc en capacité ou en besoin de financement. Par exemple on peut consommer plus que l'on ne gagne si on a réussi à se constituer des ressources supplémentaires au préalable Pour les entreprises : Consommation + Investissement + Achats publics + Exportations = Production + Importations + variations des stocks Pour les administrations publiques : Transferts sociaux et traitements + Achats publics = Prélèvements obligatoires + variations des stocks C- Le circuit complexe Le schéma précédent supposait que la production et la dépense ne portaient que sur des biens de consommation et non sur des biens de production. On supposait donc que les ménages n'achetaient que des biens de consommation. L'équation donnait : DN = C. En réalité, on comprend bien que la dépense nationale ne se compose pas que de biens de consommation. Il faut donc réintroduire dans le schéma les biens d'investissement. En fait : DN = C + I, donc PN = C + I L’investissement : au sens strict du terme, investir c'est créer des biens de production permettant de fabriquer d'autres biens. Au sens large, l'investissement se définit comme un accroissement apporté au capital de l'économie, c'est-à-dire au capital technique (machines, installation…), mais aussi capital humain (niveau des connaissances…). La Comptabilité Nationale ne prend en compte que les biens durables et ne considère pas comme investissement les dépenses immatérielles (éducation, recherche, formation, étude, marketing…).
  • 21. 21 Les motivations de l'investissement par les agents peuvent être résumées dans le tableau ci- après : Tableau : Les motivations de l'investissement par les agents AGENTS ECONOMIQUES MOTIVATIONS Entreprises non Financière • Profits • Répondre à la demande • Sécurité • Croissance • Finalité sociale • Survie Ménages • Se loger • Constituer un patrimoine Administrations publiques • Satisfaction des besoins collectifs • Besoin de formation et de culture • Santé • Sécurité Etablissement de crédit • Assurer le financement des besoins de l'économie • Profit • Croissance • Sécurité • Finalités sociales
  • 22. 22 L'importance de l'investissement sur l'économie ne peut laisser insensibles les pouvoirs publics qui prennent différentes mesures (notamment sous forme d'avantages fiscaux…) En effet, l'investissement est le moteur de croissance, en raison de son double rôle : • D’une part, il agit sur l'économie puisqu'il augmente les capacités de production et donc la quantité et la qualité des biens disponibles. • D'autre part, il est une composante de la demande, l'entreprise qui investit fait travailler d'autres entreprises et les revenus ainsi distribués stimulent la demande et l'activité économique. (voir le schéma dans le chapitre 3, Analyse Keynésienne: EFFET STIMULANT DE L'INVESTISSEMENT On distingue trois catégories d'investissement : Les investissements de remplacement : ils sont destinés à compenser l'usure du capital technique. Ce sont les amortissements. L’amortissement n'est donc rien d'autre que la traduction comptable de l'usure du capital. Les variations de stocks: Stock final –Stock initial = variations de stocks. Les investissements nets : il s'agit des achats d'équipements nouveaux. La formation brute de capital fixe (FBCF) correspond donc à l'investissement brut c'est-à- dire aux investissements nets auxquels sont rajoutés les investissements de remplacement. Le circuit économique simplifié ne faisait intervenir que deux catégories d'agents économiques : les ménages et les entreprises. Il est donc nécessaire de réintroduire dans le schéma les administrations publiques. En effet, les administrations publiques contribuent largement à la formation du produit national du revenu national. Elles effectuent des prélèvements fiscaux et ajoutent à la dépense nationale notamment grâce aux subventions versées aux producteurs ou grâce aux dépenses qu'elles effectuent elles-mêmes (travaux publics, fournitures, etc....). Dans le même ordre d'idées, il est nécessaire de tenir compte des institutions de crédit ainsi que les échanges avec l'étranger. Le circuit économique met en évidence les opérations principales qui sont :  la production de biens et services ce qui inclut aussi l'utilisation de la production et son origine (consommation, investissement,...).  La répartition de revenus dont les revenus primaires issus de la rémunération des facteurs de production (travail par salaire, capital par intérêts ou dividendes, terres par fermages, loyers) et les revenus disponibles après que l'on rajoute aux revenus primaires les revenus de transferts (allocations sociales principalement) et que l'on en retire impôts, taxes et cotisations sociales.  Les opérations financières relatives aux dettes et aux créances. Section III- La mesure de l'activité économique A- La Valeur ajoutée : VA = Production - Consommations intermédiaires ou VA = Valeur des biens et services produits - Valeur des biens que l'entreprise se procure auprès d'autres entreprises pour produire ou vendre. Consommations intermédiaires : Ex : Matières premières, électricité, assurances, fournitures diverses, produits semi-finis, publicité, transports, etc.…. La valeur ajoutée d'une entreprise correspond finalement à la "richesse" qu'elle produit. Approximativement le PIB correspond à la somme de toutes les valeurs ajoutées réalisées par les entreprises résidentes.
  • 23. 23 Le PIB est l'un des indicateurs économiques les plus importants dans la mesure où il reflète l'activité productive d'un pays au travers des richesses produites par ses entreprises. La VA se répartit principalement entre les salariés, l'état, et les apporteurs de capitaux. Chacune des composantes de la valeur ajoutée représente un revenu pour une catégorie d'agent économique. (Logique : Production - Revenu- Dépense). B- La Valeur Ajoutée est la base de calcul des indicateurs économiques fondamentaux Le calcul du Produit Intérieur Brut implique la distinction entre production marchande et production non marchande ainsi que la comptabilisation de l'activité productive à partir du concept de valeur ajoutée. La plupart des biens et services peuvent se vendre. La production de ces biens et services est dite marchande lorsque leur prix couvre au moins leurs coûts de production. Par convention tous les biens sont considérés comme marchands. En revanche, certains services sont gratuits ou sont échangés contre une contribution inférieure à leurs coûts de production. Leur production est considérée comme non marchande. Alors que tous les biens sont marchands, les services peuvent être soit marchands (publicité), soit non marchands (police), soit parfois marchands, parfois non marchands (enseignement, santé). La production non marchande des administrations publiques et des administrations privées est mesurée forfaitairement par les coûts de ces services (rémunération des salariés, etc....). On dit que le PIB non marchand s'évalue au coût des facteurs. La production marchande quant à elle, est évaluée au prix du marché. La mesure de la production ne peut être effectuée que par la comptabilisation de la somme des valeurs ajoutées. Ainsi, le produit intérieur brut se calcule à partir de la somme des valeurs ajoutées réalisées par les entreprises. Le PIB mesure la somme des valeurs ajoutées des unités résidentes. PIB = Somme des valeurs ajoutées + TVA + droits de douane. Comme toute production génère des revenus, on passe naturellement du PIB au PNB. Le PIB est approximativement égal au PNB. Il faut toutefois ajouter au PIB les revenus en provenance de l'extérieur (transferts reçus) et retrancher les revenus versés à l'étranger (transferts versés). PNB = PIB + revenus des salariés et revenus de la propriété des entreprises reçues de l'extérieur - revenu versés à l'étranger. On appelle Revenu National (RN) la somme des revenus de l'activité et des revenus de la propriété. Soit : RN = Revenus de l'activité + Revenus de la propriété Les revenus de l'activité sont constitués de la rémunération du travail salarié (salaires + Charges sociales) et de la rémunération du travail non salarié. Les revenus de la propriété sont constitués des revenus de l'entreprise (bénéfices mis en réserve, loyers perçus, dividendes versés aux actionnaires). Le PNB se répartit en CN (consommation nationale) et EN (épargne nationale) L'Epargne Nationale se "transforme" en FBCF (Formation Brute de Capital Fixe) au moyen du processus de transformation de l'épargne par les institutions financières en crédits à l'économie. La FBCF est constituée des investissements nets et des amortissements c'est à dire de la somme des achats d'expansion (achat de matériels et équipements nouveaux) et des achats de remplacements (amortissements). On a donc : FBCF = Investissements nets + amortissements.
  • 24. 24 CN + FBCF = DIB - La DIB correspond à la dépense intérieure brute DIB + Exportations – Importations = PIB. Logique : Production - Revenu - Dépense
  • 25. 25 Chapitre III- Les grandes écoles de la pensée économique A la fin du 15e siècle, le milieu historique se transforme. C’est le début de la période capitaliste qui s’étend de l’essor du mode de production capitaliste jusqu’au milieu du 19° siècle. Dans le cadre de cette période, on peut distinguer deux des phases du développement du mode de production capitaliste et la pensée économique qui y correspond : la phase du capitalisme commerciale qui représente le contexte historique de la pensée économique mercantiliste et la phase du capitalisme industriel, témoin de la naissance de l’économie politique en tant que science. Nous pouvons étendre une vue sur les courants et les écoles que nous allons aborde dans ce chapitre par le tableau suivant : Les Courants de la Pensée économique Liberal : Préclassiques, Classiques et Néoclassique • L’enrichissement est une fin louable ; • L’intérêt personnel • La richesse des Nation=Métaux précieux Marxiste : Socialistes Le système est historique caractérisé par des contradictions. Keynésien et Neokeynésien Le souci majeur de Keynes est le chômage massif résultant de la crise de 1929 L’intervention L’ETAT Nous allons faire un tour d’horizon sur 4 époques ou 4 pensées et écoles, en s’intéressant à l’apport de chaque école dans son analyse déductive ou inductive, comment elle perçoit le régime économique : les lois qui organisent le fonctionnement et les structures économiques. Comment explique-t-on la fonction production et son mode: chaque société est caractérisée à un moment donné par son mode de production, ce qui désigne la combinaison de deux éléments qui sont productives et les rapports de production. Les forces productives regroupent les instruments de production, la force de travail, physique et intellectuelle, des hommes, les objets du travail, les sciences et les techniques en vigueurs. Cette activité permet aux hommes de nouer des relations sociales que Marx appelle précisément des rapports de production, en particulier, les rapport de propriété des moyens de production (terre, machines, usines…) et donne naissance à des classes sociales ; Ainsi, au lieu de parler de régime économique ou de structure à une époque donnée, Marx utilise la notion de mode de production Et enfin donne son raisonnement du système économique en mettant en coordination les régimes et les modes de production pour atteindre les objectifs fixés par chaque courant de pensée.
  • 26. 26 Source : www.leconomiste.eu Section 1 : Le capitalisme commercial et la pensée mercantiliste L’afflux des métaux précieux au 16e siècle et la révolution des prix qui l’accompagne provoquent des questions relatives à la relation entre la richesse de la nation qu’il faut définir et son commerce, sa production, le stock des métaux précieux qu’elle doit retenir et sa balance de commerce. Ce qui a fait que la pensée économique de cette phase, est le produit de certains hommes d’affaires et administrateurs, qu’on appela à une étape ultérieure les mercantilistes. Le premier problème qui préoccupe les mercantilistes est celui relatif à la nature de la richesse. Ici, on rencontre souvent une idée répandue sur la pensée économique. Selon cette idée, la monnaie sous la forme de métaux précieux, l’or et l’argent surtout, est considérée chez les mercantilistes comme un élément essentiel de la formation de la richesse, sinon son synonyme. Il semble que l’idée se trouve dans les écrits des premiers mercantilistes, partisans de la politique de la monnaie métallique, les bullionistes (mercantilisme espagnol). Pour eux, l’avantage principal du commerce extérieur se présente dans l’attraction des métaux précieux. A cette époque, la monnaie provenait des métaux précieux, qui ne sont pas produits à l’intérieur des économies de l’Europe occidentale, mais importés en échange des marchandises exportées. D’où la concentration sur la richesse sous son aspect monétaire, car l’accumulation des métaux précieux est synonyme de l’accumulation du capital-argent qu’il faut faire fonctionner pour accroître la richesse nationale. De là vient la recherche de la nature de la richesse dans l’afflux de l’or et de l’argent, c'est-à-dire dans la sphère de la circulation. On a ensuite la concentration sur la création d’un surplus de production, mais envisagé au point de vue de la circulation, d’une manière que ce surplus se manifeste dans un surplus monétaire : dans le profit. Ce profit est représenté pour la nation par le surplus de la balance du commerce. Ici, on ne voit le profit que lors de sa réalisation sur le marché, puisqu’on ne peut pas pénétrer dans la sphère de la production lors de sa production. On est encore dans le cadre Tableau :Histoire de la Pensée Economique à travers temps
  • 27. 27 de la concentration sur la sphère de la circulation, mais on s’approche davantage de la production. Car, pour augmenter la quantité des métaux précieux, il faut augmenter les exportations. Et, pour ce faire, il faut augmenter la production. Section 2 : La pensée classique A- Les précurseurs de l’école classique : Les physiocrates Les physiocrates, surtout leur père F.Quesnay, qui fait de l’économie politique une science, voient que la richesse se présente dans les biens nécessaires à la vie et à la reproduction annuelle de ces biens. L’analyse de Quesnay culmine dans sa conception du processus économique dans son ensemble, en tant que processus de production et de reproduction, d’une période à l’autre et dans la présentation de ce processus dans le tableau économique. En dépit du développement du mode de production capitaliste dans ces différentes activités, l’agriculture avec sa forme traditionnelle d’exploitation, était encore le centre productif le plus essentiel. Elle n’a pas seulement supporté la grande majorité de la population, paysans et aristocrates, mais elle a aussi nourri l’industrie par la force de travail et les matières premières. Quesnay conçoit le processus économique à un certain niveau d’abstraction en tant que tout organique composé de parties entre les quelles existent des relations d’interdépendance mutuelle. Il conçoit la nation réduite à trois grandes classes définies selon leur fonction économique à savoir : - La classe productive, la classe des entrepreneurs - fonciers : c’est cette classe qui produit l’out put annuel total (c’est la conviction de Quesnay, étant donné que pour lui, l’agriculture est la source unique de la richesse) ; - La classe des propriétaires : c’est la classe du souverain, des propriétaires de la terre. C’est la classe qui, tout en ne cultivant pas la terre, s’approprie annuellement le produit net sous la forme d’une rente payée par la classe productive ; - La classe stérile : grossièrement équivalente à la bourgeoisie et formée de tous les citoyens occupés à d’autres services et d’autres activités que ceux de l’agriculture. Leur travail n’ajoute rien à la richesse sociale. B- L’école classique Dans le domaine de la production, il faut chercher la source de la richesse de la nation, richesse qu’il faut accroître, et chercher aussi la source et la mesure de la valeur à partir du travail. D’où l’étude du rôle du travail, de la division du travail et de son effet sur la productivité du travail, du rôle du capital et du rôle de propriété foncière. Ces phénomènes économiques étudiés par les classiques sont régis selon eux par des lois objectives. A ce propos, ils sont influencés par les deux idées qui caractérisent la pensée sociale du 18e siècle : l’idée de l’ordre naturel et la vision matérialiste de l’univers. Ces phénomènes économiques se rapportent, sous l’influence de la philosophie individualiste, à des individus du type « homo oeconomicus ». Cet homme économique exprime, pour eux la nature humaine dans son aspect relatif à l’activité économique. Il se caractérise par la recherche de son intérêt personnel pour la réalisation du maximum de jouissance avec le minimum de peine.
  • 28. 28 Ces individus réalisent, dans la recherche de leur intérêt personnel qui représente la force motrice de l’activité économique, l’intérêt social, à travers ce que A. Smith appelle « la main invisible » qui n’est effectivement, que les forces spontanées du marché. A. Smith était Ecossais, professeur de philosophie et de logique à l’universités de Glasgow 1751 et d’Oxford, où il avait fait ses études auparavant. Il avait fait un voyage de deux années en Europe où il rencontre les grands salons parisiens Quesnay et Turgot. Il propose d’expliquer comment la richesse s’accroit et comment elle sera répartie. Adam Smith comme philosophe refuse catégoriquement de fonder les jugements de valeur et l'origine du gouvernement civil sur la raison humaine. Il n'apprécie pas la méthode qui consiste a déduire des lois universelles de conduite juste, a partir d'un ensemble de vérités générales sur la nature humaine. Aussi dans son ouvrage considéré comme le socle de la pensée économique classique, « Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations » 1776 : le résultat des gains de productivité issus de la division du travail. Comprendre les principes qui donnent lieu à la division du travail et à son extension, c'est fournir une des clefs du progrès et des transformations économiques. Cette division du travail, d'où proviennent tant d'avantages, sagesse humaine, prévoyant et projetant l'opulence générale à laquelle elle donne lieu. C'est la conséquence nécessaire quoique très lente et graduelle, d'une certaine pro- pension de la nature qui n'a point en vue une utilité aussi considérable : "la propension à changer, troquer et échanger une chose pour une autre." - A. Smith, 1776. Dans leur analyse des phénomènes économique, les classiques visent à découvrir les lois objectives qui les régissent : Smith utilise la méthode inductive : parvenir à des vérités simples par la généralisation qui amène à la synthèse, s’adresser ensuite aux événements réels de l’histoire, à des phases différentes, et les confronter aux idées dégagées, pour en tirer la preuve directe ou indirecte. Quant à Ricardo, Il était un banquier à ses débuts, cet auteur anglais le plus célèbre après A.SMITH , Juifs espagnols il a appris beaucoup sur l’argent avec son père avant d’épouser une protestante ou il se convertisse à l’église anglicane. S’enrichi facilement en 35 ans et se concrétise finalement aux études mathématiques et en sciences, après avoir lu le livre de A.SMITH, il se spécialise dans l’économie politique et il élabore la fameuse théorie de la rente, il avait une méthode entièrement déductible. Son principal ouvrage « Principes de l’économie politique et de l’impôt » publié en 1817 ou il étudie la répartition et aborde aussi l’équilibre économique à court terme. Ses apports constituent une base d’assise très forte pour d’autres auteur tel que Carl Marx, à propos la création de la plus-value et l’exploitation de la force de travail par le capitalisme qui ne fera que conduire l’état vers un état stationnaire. Il fait abstraction de tous les éléments secondaires qui peuvent détourner l’esprit de ce qu’il y a d’essentiel dans le phénomène, en vue d’aboutir aux idées principales. Il utilise donc la déduction en tant que méthode d’inférence. Notamment, La théorie de la répartition développée par Smith et reprise par Ricardo distingue trois groupes d’individus aux intérêts contradictoires :  Les propriétaires fonciers perçoivent une rente définie comme étant la différence entre le prix des produits agricoles et le coût de production de ces produits ; c’est un
  • 29. 29 prélèvement effectué par les propriétaires fonciers sur le revenu du travail... (donc plus la terre est fertile plus il y a de grandes rentes).  Les travailleurs qui perçoivent un salaire.  Les entrepreneurs qui perçoivent un profit, ce dernier est un résidu il est égal au revenu du travail – salaire – rente foncière, l’entrepreneur a donc intérêt de comprimer le salaire et la rente foncière. L’antagonique de D. RICARDO entre le Salaire et Profit, pour garder les salaires bas il faut que le prix du blé soit bas aussi, car c’est le produit le plus consommé par les travailleurs et si les terres sont rares et moins fertiles, il faut appeler le Commerce Extérieur pour contrecarrer la menace. Car si le Profit diminue le capitalisme disparait et ne vont plus travailler.  La Théorie de Commerce Extérieur chez D. RICARDO ; C’est une solution pour l’Antagonisme entre salaire et Profit ; A la différence d’A.SMITH, qui se base sur les Avantages Comparatifs des coûts des produits, D. RICARDO il faut aller au-delà de l’échelle des prix et il faut comparer les prix de tous les biens. Section 3 : Le développement de l’économie politique à l’étape capitaliste et à l’étape de la transition pour le socialisme L’objet de cette section, est de tracer les lignes générales du développement de l’économie politique, au cours de la période qui couvre la deuxième moitié du 19e siècle et qui s’étend jusqu’aux années du 20e siècle précédant la première guerre mondiale. Et pour ce faire, nous verrons : - D’abord, l’économie politique d’après les classiques au cours de la phase qui couvre la deuxième moitié du 19e siècle : la pensée néoclassique ; - Deuxièmement, l’économie politique chez Marx. A- La pensée "néo classique" On emploie le terme néo classique pour désigner une pensée qui reprend certains termes de la pensée classique (par ex. les rendements décroissants), mais en retire tout ce qui sort de l'analyse économique. Un certain nombre de variables exogènes seront donc retirées, notamment les préjugés agronomique ou démographique. Elle englobe la pensée classique en ayant une vision plus large de l'échange. 1- La lignée franco- italienne : Le courant de pensée Walrasien. Dans un cadre de concurrence pure et parfaite, Walras étudie l'équilibre entre quantité d’offre et quantité de demande et les rapports d'échange ou prix relatifs. Walras n'étudie pas la valeur d'usage, mais la valeur comme combinaison de l'utilité et de la rareté qui sera " l'utilité du dernier besoin satisfait", les besoins décroissant en fonction des quantités. En fait, il traite successivement de la "détermination mathématique des produits" et de celle du prix des services producteurs.
  • 30. 30 Dans une économie d'échange pur, les quantités disponibles des biens sont données et leurs prix sont proportionnels aux utilités marginales. Les prix ou rapports d'échange sont égaux aux rapports inverses des quantités de marchandises échangées : Pa / Pb = Mb/Ma L'équilibre général :  Cadre du raisonnement : - La concurrence pure et parfaite, impliquant que le profit soit nul. - Une économie statique : l'équilibre général est un équilibre simultané sur tous les marchés interdépendants. - Le principe de dichotomie : une économie " réelle", en prix relatifs où une marchandise sera choisie comme numéraire. - La centralisation des échanges analogue à la Bourse: un processus de tâtonnement avec un crieur tel qu'il n'existe pas d'échange effectif en dehors de l'équilibre, sinon des bons provisoires. - En fait, un gigantesque système de troc : tous les biens sont liquides et immédiatement échangeables. - Deux postulats : le postulat de nomenclature (la liste des biens est donnée) et celui du numéraire (un bien est choisi pour nommer la valeur des autres biens).  Objectifs. On recherche les quantités échangées et les prix d'équilibre tel que les individus obtiennent le maximum de satisfaction. - L'équilibre sur chaque marché est double pour ce prix d’équilibre : Quantité échangée = quantité demandée. Quantité échangée= quantité offerte. - Les prix chez Walras (cf. la théorie moderne) sont des véhicules d'information. Loi de Walras : annulation des demandes nettes sur plusieurs marchés ou encore idée que si n- 1 marchés sont équilibrés, le énième l'est également. 2- V. Pareto continuateur de Walras Le modèle d'équilibre général, auquel Pareto parvient, est exprimé à l'aide d'un système d'équations simultanées, dont certaines se réfèrent à la contrainte budgétaire de l'individu liant le revenu et les dépenses et d'autres à l'activité des entreprises qui créent des produits et des biens capitaux. 3- Aperçu de la pensée néo-classique anglaise : de Jevons à Alfred Marshall. a- William Stanley Jevons (1835- 1882) Pour Jevons, " Le travail détermine l'offre et l'offre détermine le degré d'utilité qui gouverne la valeur ou le rapport d'échange". Le travail ne saurait donc être assimilé à la valeur, il détermine la valeur à travers l'offre et le degré final d'utilité. Jevons fournit aussi une théorie de la répartition en précisant le "taux final de rendement du capital" qui deviendra la "productivité marginale du capital". Plus précisément, la quantité de travail employée par une entreprise est déterminée par l'égalité du produit marginal du capital au taux de l'intérêt. Dans un ouvrage ultérieur, " The State in relation to labour" (1882), il développe ses idées contre le socialisme et l'idée associée que le salaire soit inversement
  • 31. 31 proportionnel au profit. Le salaire est déterminé par la productivité du travail (nette de la rente, des impôts et de l'intérêt du capital) et donc" Le conflit que l'on suppose entre le travail et le capital est imaginaire...le conflit réel est entre producteurs et consommateurs." b- Alfred Marshall (1842- 1924) Il apporte des contributions décisives à la théorie de la firme et une théorie synthétique de l'équilibre partiel. Il développe encore la dimension temporelle de l'analyse néo- classique, branche qui deviendra dominante par rapport à l'analyse axiomatique des choix. Marshall distingue : - La période ultra- courte dite période du marché : le montant de l'offre est fixe. - La "courte période", les quantités de production peuvent varier, mais la capacité de production est fixe. - La "longue période", la capacité de production peut varier, mais le montant des ressources disponibles pour la branche est fixe, ainsi que l'état des techniques. - La très longue période : les techniques varient et avec elles, la capacité de production. B - Les pensées économiques socio- historiques. Les auteurs les plus cités au titre de cette pensée sont Karl Marx (1818- 1883), l'école historique allemande et les auteurs institutionnalistes auxquels on adjoint quelque fois Schumpeter. D’après K. Marx, Chaque société doit passer par les stades suivants appelés modes de production : Le communisme primitif, l’esclavagisme, le féodalisme, le capitalisme, le socialisme et le communisme ; ce dernier mode est une société sans classes sociales ni Etat. De façon générale, la démarche socio- historique fait intervenir l'hétérogénéité et le mouvement dans une dialectique des contraires. L'hétérogénéité consiste par exemple à poser un système social total fait de sous-systèmes (économiques, domestiques, religieux, etc.), relativement autonomes et pouvant être en contradiction. Le mouvement vient des contradictions entre ces instances, par exemple de l’opposition entre le politique et l'économique. A un autre niveau, ces instances sont composées de structures hiérarchisées et complémentaires (la relation capitalistes /salariés par ex.) d'une part et de comportements. Ces derniers peuvent exprimer des passions ou des instincts. La démarche socio- historique apporte des compléments précieux à la théorie économiques, mais pose des problèmes : - Elle relativise les lois économiques dans le temps et dans l'espace, en important des notions issues d’autres disciplines ; - Elle ne peut prétendre à l’objectivité historique, elle est idéal-typique (M. Weber) ; - Elle ne peut traiter d’un certain nombre de problèmes analytiques par exemple d’ « existence» de la valeur, qui nécessite un cadre statique ; - Elle pose alors le problème de la « transformation » des données socio historiques en variables économiques (par exemple des valeurs en prix) ; - La référence à l’histoire n’est pas neutre, elle peut être anthropocentrique sinon raciste ; - Elle risque de devenir une philosophie de l’histoire avec des itinéraires obligatoires. De ce point de vue, l'œuvre de Marx occupe une place exceptionnelle au sein de la pensée historique en économie. Les principaux concepts du Livre I sont :
  • 32. 32 - Le capitalisme est une "immense accumulation de marchandises". - La force de travail comme marchandise. Ce n'est pas donc l'homme qui est exploité, mais la force de travail. L'exploitation est un rapport matériel. - Le produit du travail est supérieur au "minimum vital", nécessaire à la reproduction de la force de travail. - La plus value absolue revient à augmenter le produit du travail ; la plus value relative, plus subtile, consiste à dévaloriser le minimum vital, d'où l'importance du mode de production en agriculture. - La composition organique du capital analyse la part des "avances " en travail (capital variable, V) et en capital (capital constant, C). On en déduira des lois structurelles (augmentation de C/V et disparition de la race ouvrière) sous hypothèse de comportement de maximisation du profit par les capitalistes. - D'où vient le capitalisme ? ... de la "séparation "du travailleur de ses moyens de production et de sa dépendance vis à vis du marché au cours du processus "d'accumulation primitive". Le capitalisme est donc historiquement une double négation (de son environnement et de sa propre structure par élimination de la concurrence). Section 4 : L'approche keynésienne : Keynes marque un tournant dans l’histoire de la pensée économique. Il a été le premier à décrire l'activité économique à l'aide du processus du circuit économique. Il a également été le premier à montrer la nécessité de créer une véritable comptabilité nationale. Il a également démontré que les comportements des agents économiques pris isolément étaient parfois incompatibles avec l'intérêt général. La base de la pensée keynésienne réside dans le fait de considérer que la demande effective (c'est-à-dire le niveau de consommation et le niveau d'investissement) détermine le niveau de production donc le niveau de l'emploi. Les « stratégies » politiques de relance keynésienne se fondent également sur l'importance du rôle de l'état dans l'économie. Keynes ne croit pas à l'autorégulation de l'économie par les mécanismes naturels des lois du marché. L'état doit donc intervenir en tant qu'agent régulateur car le capitalisme livré à lui-même ne peut que conduire à des crises chroniques. C'est à l'Etat d'intervenir pour relancer la demande de biens de consommation et de biens d'investissement. Keynes a en quelque sorte été l'artisan du développement de l'Etat providence après la 2° guerre mondiale. Keynes conteste totalement les fondements de l'analyse classique libérale. Pour Keynes, un excès d'épargne peut entraîner la crise. Donc, seul l'Etat est en mesure de stimuler la demande lorsque celle-ci est insuffisante. En effet, en période de crise les agents économiques ne dépensent pas et les entreprises n'investissent pas. L'investissement ne peut donc « repartir » que si les anticipations des entreprises sont positives. Keynes préconise donc des mesures de relance. Il s'agit en bref :  De redonner confiance aux consommateurs.  De mettre en œuvre des moyens de répartition des richesses permettant aux agents économiques qui ont la propension moyenne à consommer la plus élevée (c'est-à-dire les catégories sociales les plus « défavorisées ») de dépenser pour mieux relancer la machine économique.  De baisser les taux d'intérêts pour stimuler le crédit à la consommation et aux investissements.
  • 33. 33  D'engager une politique de grands travaux publics qui provoqueront un effet multiplicateur de revenus et accélérateur d'investissements. Le rôle de l'état consiste donc à injecter des revenus pour « doper » la machine économique. La reprise de la consommation entraînera une augmentation des investissements donc la situation de l'emploi s'en trouvera améliorée. Il précise que, Le niveau de l’emploi dépend du niveau de la production, qui à son tour dépend du niveau de la demande effective ou de la demande solvable appuyée par un pouvoir d’achat disponible. Cette demande effective comporte la demande de consommation des ménages qui dépend principalement du revenu et la demande d’investissement qui correspond à l’achat de machines et bâtiments destinés à produire des biens et services. Néanmoins ce niveau de la demande effective ne correspond pas nécessairement au plein emploi, il peut être excessif par rapport aux capacités de l’économie et aboutir à l’inflation ou insuffisante et entraîner du chômage. Par conséquent le plein emploi (égalité entre offre et demande) n’est plus normal et naturel comme le pensa les classiques et les néoclassiques, l’Etat doit agir sur la demande effective pour assurer le plein emploi par une politique budgétaire et monétaire expansive même si cette action entraîne un déficit budgétaire. A -- Le multiplicateur de revenus Pour expliquer ces mécanismes, nous partirons d'exemples concrets. L'idée de départ est la suivante : toute injection de revenus dans l'économie par l'Etat (voir plus haut pour les moyens utilisés) provoquera une augmentation du revenu national qui lui est bien supérieure. Exemple : : l'Etat engage 1 000 de dépenses publiques pour construire une route. Si les titulaires de ces revenus (salariés embauchés) ont une propension marginale à consommer de 3/4 (0,75) ils vont dépenser 750 de plus en biens de consommation. Les producteurs de ces biens de consommation vont percevoir un revenu supplémentaire de 750. Si leur propension marginale à consommer est également de 3/4, ils vont dépenser 750 x 0,75 = 562,5 en biens de consommation. etc.…. On constate donc que l'injection de revenus au départ provoquera des vagues successives de revenus et de dépenses qui continueront mais en diminuant peu à peu d'amplitude et ceci jusqu'à 0. L'efficacité d'une relance de la consommation dépend donc de l'importance de la propension marginale à consommer (c'est-à-dire la tendance des agents économiques à consommer un supplément de revenus) des agents économiques. Mais, l'effet d'une relance ne pourra être réellement mesuré que par le jeu du multiplicateur et de l'accélérateur. En quoi consiste donc le mécanisme d'accélération d'investissement dans une optique keynésienne ? B-- L'accélérateur d'investissements L'idée de départ est la suivante : à partir du moment où la consommation augmente sous l'effet d'une relance, la production doit nécessairement s'adapter. Le mécanisme de l'accélérateur implique qu'une variation de la demande de biens de consommation entraîne une variation beaucoup plus importante de la demande de biens d'investissements. Par exemple, supposons qu'au cours d'une période déterminée, le montant de la production (P) soit de 100 et que le stock de machines, d'équipements, donc le stock de capital (K) soit de 400, le coefficient de capital K/P sera de 400/100 = 4. Cela signifie que toute variation supplémentaire de la consommation devra être multipliée par 4 en investissement nouveau.
  • 34. 34 Si la demande augmente de 10, la production devra être de 110 -- pour maintenir un coefficient de capital de 4 l'entreprise devra investir 40 en équipements nouveaux (440 / 110 = 4). Le mécanisme de l'accélérateur ne peut réellement jouer qu'à condition que le taux d'utilisation des équipements (capital) soit voisin de 100% (travail en continu). Si tel n'est pas le cas, l'entreprise pourra toujours augmenter la durée d'utilisation des équipements. Il s'agit là tout de même d'une limite à l'efficacité du modèle keynésien de relance. On voit donc qu'en théorie le jeu du multiplicateur et de l'accélérateur doit stimuler la croissance. Mais, hélas, le keynésianisme n'a pas connu que des succès et connaît lui aussi certaines limites. Les politiques keynésiennes ont été appliquées dans les pays occidentaux à partir des années 40. L'économie n'était pas aussi mondialisée qu'aujourd'hui et les politiques de relance étaient souvent très efficaces pour relever le niveau de demande. De telles politiques ont été menées en 1954,1957,1966, et 1969. Les échecs ont commencé à partir des années 70. Keynes considère que la grande crise de 1929 n’est pas une crise provisoire qui pouvait être dépassé grâce aux seules vertus du marché. Par conséquent, en économie de marché, les déséquilibres peuvent se former et persister ; une dose d’interventionnisme est nécessaire pour assurer la régulation économique.
  • 35. 35 Bibliographie : - ALAOUI AMINI Abdellah : « Economie : Fondements et Equilibres » ; Edition Revue REMALD, 70/1007, ISBN :9954-0-0135-X - BARRE. Raymond : « Economie politique 1 » ; Edition : PUF 1975 ; - CAPUL JEAN YVES et OLIVIER GARNIER : « Dictionnaire d’économie et des Sciences sociales » : ; Edition : Hatier 2014 - DE MONTBRIAL. Thierry, FAUCHART. Emmanuelle : « Introduction à l’économie » ; Edition : Dunod 2004 ; - DROUIN Jean-Claude : « Tous Economistes Guide d’introduction à l’économie » ; Edition Presse Universitaires de France, ISBN 978-2-13-057136-0, Septembre 2008. - EL KATTANI. Omar : « Manuel d’économie » ; Edition : Imprimerie Najah El Jadida 2003 ; - ELABDAIMI. Mohamed : « Economie politique » ; Edition : Imprimerie Najah El Jadida 2001 ; - IBN KHALDOUN : « La Muqaddima » ; Centre Pédagogique Maghrébin, Hachette1965 ; - GUITTON. Henri : « Economie politique, Tome 1 » ; Edition : Dalloz 1971 ; - LEONTIEV. Lev : « Précis d’économie politique » ; Edition du Progrès, Moscou 1972 ; - MANKIW. N. Gregory : « L’économie » ; Edition : Economica 1998; - MONTIGNY. Gilles : « Cours d’histoire et d’analyse économique » ; Edition : Ellipses 1993 ; - SABY. Bernard, SABY. Dominique : « Les grandes théories économiques » ; Edition : Dunod 2000 ; - SAMUELSON. Paul : « L’économique, tome 1 » ; Edition : Librairie Armande Colin 1970 ; - SILK. Leonard : « Après Keynes : Cinq grands économistes » ; Edition : d’organisation 1978 ; - TRACHEN. Ahmed : « Economie politique » ; Edition : Afrique Orient 1998 ; - TRITAH Said : « Introduction A Economie Politique »; Premiere edition, N de depot 2010 MO 2933.
  • 36. 36 - WOLFF. Jacques : « Histoire de la pensée économique : des origines à nos jours » ; Edition : Montchrestien 1991.