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REPUBLIQUE DU BENIN
MINISTERE DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR
ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE (MESRS)
UNIVERSITE DE PARAKOU
ECOLE NATIONALE SUPERIEURE D’AMENAGEMENT ET DE GESTION DES AIRES
PROTEGEES (ENSAGAP)
OPTION : FAUNE-FLORE
Mémoire de fin de formation pour l’obtention de la Licence Professionnelle en Aménagement
et Gestion des Aires Protégées
EVALUATION DES DIFFERENTES FORMES DE PRESSIONS ANTHROPIQUES SUR
LA MANGROVE ET IMPLICATION POUR UNE GESTION DURABLE DANS LA
COMMUNE DE OUIDAH AU BENIN
Présenté par
TANDA Mohamed Cheick Fadel.
Superviseur Co-superviseur
Prof Madjidou OUMOROU Dr Ir Laurent G. HOUESSOU
1ère
Promotion
ANNEE ACADEMIQUE : 2014 – 2015
Réalisé par TANDA Mohamed C.F.
EVALUATION DES DIFFERENTES FORMES DE PRESSIONS ANTHROPIQUES SUR LA MANGROVE ET
IMPLICATION POUR UNE GESTION DURABLE
Certification
-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
CERTIFICATION
Je soussigné, Prof Madjidou OUMOROU, certifie que ce travail a été réalisé sous ma
supervision par Mohamed Cheick Fadel TANDA, étudiant à l’Ecole Nationale Supérieure
d’Aménagement et de Gestion des Aires Protégées (ENSAGAP) de l’Université de Parakou,
Après maintes corrections, je l’autorise à déposer le nombre d’exemplaires exigé par la
coordination des études en vue de sa soutenance.
Prof Madjidou OUMOROU
Maitre de Conférences des Universités, CAMES
I
Réalisé par TANDA Mohamed C.F.
EVALUATION DES DIFFERENTES FORMES DE PRESSIONS ANTHROPIQUES SUR LA MANGROVE ET
IMPLICATION POUR UNE GESTION DURABLE
Dédicace
-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
DEDICACE
Je dédie ce travail à :
• Mon père TANDA Hilaire
• Ma mère TANDA Rafiatou
• Ma sœur MAMA Reynath
II
Réalisé par TANDA Mohamed C.F.
EVALUATION DES DIFFERENTES FORMES DE PRESSIONS ANTHROPIQUES SUR LA MANGROVE ET
IMPLICATION POUR UNE GESTION DURABLE
Remerciements
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REMERCIEMENTS
Avant tout propos je voudrais remercier mon superviseur, le Professeur Madjidou
OUMOROU, Maître conférence des Universités (CAMES), Directeur de l’Ecole Nationale
Supérieure d’Aménagement et de Gestion des Aires Protégées et mon co-superviseur le Dr Ir
Laurent HOUESSOU, pour leurs conseils et leur disponibilité qu’ils ne m’ont pas marchandés
pendant la rédaction de cet ouvrage.
Je voudrais également remercier l’administration de notre Université, et tous nos
enseignants pour toute l’aide qu’ils ont bien voulu nous apporter, la disponibilité et les efforts
fournis afin de nous offrir une formation de qualité.
Je remercie aussi les responsables du Laboratoire de Cartographie et du Projet de
Restauration des Ecosystèmes de Mangrove de la DGFRN, le Dr Ismaïl TOKO et le Commandant
Isaac QUENUM pour m’avoir accepté en stage dans leurs structures respectives. Cette expérience
fut très enrichissante ; la confiance qu’ils m’ont accordée a été très motivante. Je les remercie de
m’avoir permis d’effectuer ces recherches et d’avoir reçu mon travail avec beaucoup d’intérêt.
Je remercie Deen NOUROU pour sa disponibilité, son aide et ses conseils.
Je remercie Mr Mathias GBOGBANOU, forestier en service à Ouidah, avec qui j’ai travaillé
lors des enquêtes ethnobiologiques.
Je n’oublie pas Mr Stanislas DJIMADJA, stagiaire à la DGFRN.
Merci également à Mon père, à ma mère et à ma sœur pour leur soutien inconditionnel.
J’exprime ma profonde gratitude à tous ceux qui, de près ou de loin, ont contribué à la
rédaction de ce mémoire. Je n’ai pas pu les citer tous.
III
Réalisé par TANDA Mohamed C.F.
EVALUATION DES DIFFERENTES FORMES DE PRESSIONS ANTHROPIQUES SUR LA MANGROVE ET
IMPLICATION POUR UNE GESTION DURABLE
Remerciements
-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
TABLE DES MATIERES
SOUS-CHAPITRE I : RESULTATS D’ENQUETE ETHNOBIOLOGIQUE.............................................................................30
SOUS-CHAPITRE II : RESULTAT DE L’ANALYSE DIACHRONIQUE.................................................................................40
CHAPITRE V : PROPOSITION DE PROJET DE GESTION DES RESSOURCES DE LA MANGROVE......................................51
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES..............................................................................................................................I
Liste des Figures
FIGURE 1 : ORGANIGRAMME DE LA DGFRN............................................................................................................14
FIGURE 2 : SITUATION DES ARRONDISSEMENTS DU SUD DE OUIDAH......................................................................21
FIGURE 3 : NIVEAU D’IMPORTANCE PERÇUE DE LA MANGROVE PAR LES POPULATIONS LOCALES............................30
FIGURE 4 : FRÉQUENCE DE CITATION DES DIFFÉRENTES ESPÈCES VÉGÉTALES EXPLOITÉES........................................31
FIGURE 5 : PROPORTION D’UTILISATION DE LA MANGROVE....................................................................................33
FIGURE 6 : VALEUR D’USAGE TOTALE DES DIFFÉRENTES ESPÈCES VÉGÉTALES EXPLOITÉES.......................................36
FIGURE 7 : VALEUR D’USAGE TOTALE DES DIFFÉRENTES RESSOURCES HALIEUTIQUES..............................................37
FIGURE 8 : UNITÉS D’OCCUPATION DU SOL EN 1995 ET EN 2010..............................................................................41
FIGURE 9: INTENSITÉ DES CHANGEMENTS SURVENUS POUR CHAQUE UNITÉ D’OCCUPATION DU SOL.....................44
FIGURE 10 : INTENSITÉ ET VITESSE DE CHANGEMENTS DES DIFFÉRENTES UNITÉS D’OCCUPATION...........................46
IV
Réalisé par TANDA Mohamed C.F.
EVALUATION DES DIFFERENTES FORMES DE PRESSIONS ANTHROPIQUES SUR LA MANGROVE ET
IMPLICATION POUR UNE GESTION DURABLE
Remerciements
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Liste des tableaux
TABLEAU 1 : FRÉQUENCE DE CITATION DES ESPÈCES ANIMALES HALIEUTIQUES......................................................31
TABLEAU 2 : FRÉQUENCE DE CITATION DES ESPÈCES ANIMALES TERRESTRES..........................................................32
TABLEAU 5 : MATRICE DE TRANSITION ENTRE 1995 ET 2010....................................................................................42
TABLEAU 6 : TAUX DE CONVERSION TC DES UNITÉS D’OCCUPATION (%).................................................................42
TABLEAU 7: ANALYSE DIAGNOSTIQUE DES ACTIVITÉS DU PROJET MANGROVE........................................................48
TABLEAU 8 : INVESTISSEMENT................................................................................................................................57
TABLEAU 9 : DÉPENSE PRÉVISIONNELLE..................................................................................................................57
TABLEAU 10 : COÛT GLOBAL DU PROJET.................................................................................................................58
TABLEAU 11 : AMORTISSEMENT.............................................................................................................................58
TABLEAU 12 : COÛT DE PRODUCTION.....................................................................................................................59
TABLEAU 13 : QUANTITÉ DE POISSONS DE D’HUÎTRES PRODUITS............................................................................59
TABLEAU 14 : RENDEMENT PRÉVISIONNEL..............................................................................................................60
TABLEAU 15 : CASH FLOW DU PROJET.....................................................................................................................60
TABLEAU 16 : VALEUR ACTUALISÉE NET..................................................................................................................60
Liste des photos
PHOTO 1 : EXEMPLE DE RESSOURCES HALIEUTIQUES..............................................................................................33
PHOTO 2 : PIÈGE TRADITIONNEL À POISSON...........................................................................................................34
PHOTO 3 : DISPOSITIF DE PRÉPARATION DE SEL......................................................................................................34
PHOTO 4 : EXEMPLE DE PLANTES COLLECTÉES POUR DES FINS MÉDICINALES..........................................................35
PHOTO 5 : INDIVIDUS DE POMADASYS JUBELINI FRAICHEMENT PÊCHÉS.................................................................52
PHOTO 6 : INDIVIDUS DE LUTJANNUS AGENNES FRAICHEMENT PÊCHÉS..................................................................53
PHOTO 7 : HUÎTRE COLLECTÉE PAR LES BONNES DAMES.........................................................................................53
V
Réalisé par TANDA Mohamed C.F.
EVALUATION DES DIFFERENTES FORMES DE PRESSIONS ANTHROPIQUES SUR LA MANGROVE ET
IMPLICATION POUR UNE GESTION DURABLE
Liste des Sigles et Abréviations
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LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS
AFEL : Association des Femmes Exploitantes de la Lagune
CEDA : Centre pour l’Environnement et le Développement en Afrique
DGFRN : Direction Générale des Forêts et Ressources Naturelles
FAO : Food and Agriculture Association
GPS : Global Positionner Service
LaCarto : Laboratoire de Cartographie
MAEP : Ministère de l’Agriculture de l’Elevage et de La Pêche
MECGCC
RPRNF
: Ministre de l’Environnement Chargé de la Gestion des Changements
Climatiques, du Reboisement et de la Protection des Ressources Naturelles
et Forestières
ONAB : Office National du Bois
PAZH : Programme d’Aménagement des Zones Humides
PNUE : Programme des Nations Unis pour l’Environnement
PPL : Projet Pêche Lagunaire
TdR : Thème de Référence
UICN : Union Internationale pour la Conservation de la Nature
UNEP : United Nations Environmental Program
FAP : Forces Armées Populaires
RESUME
EVALUATION DES DIFFERENTES FORMES DE PRESSIONS ANTHROPIQUES SUR LA MANGROVE ET
IMPLICATION POUR UNE GESTION DURABLE
Liste des Sigles et Abréviations
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La Direction Générale des Forêts et Ressources Naturelles (DGFRN) est une structure
étatique dont l’objectif est de protéger et de gérer durablement les ressources forestières béninoises.
Ainsi, le projet « Restauration des Ecosystèmes de Mangroves du Site Ramsar 1017 en République
du Bénin » a été initié par la FAO et piloté par la DGFRN. Le stage nous a permis, non seulement,
d’observer le bon fonctionnement et la bonne organisation de la structure, mais aussi, d’identifier
les principaux freins à la mise en œuvre du projet. La principale difficulté ressortie est la réticence
des populations à participer du fait des multiples projets déjà présents dans le milieu. Les enquêtes
ethnobiologiques et l’analyse diachronique sur les années 1995 à 2010 du couvert des formations de
mangroves ont également permis d’observer les diverses pressions anthropiques exercées sur
l’écosystème et sa réaction à travers sa dynamique spatio-temporelle dans la Commune de Ouidah
au Bénin. Les formes d’exploitation prédominantes de la mangrove sont la pêche et la saliculture.
Ainsi, les ressources les plus sollicitées sont les ressources végétales et halieutiques. Rhizophora
racemosa est l’espèce végétale la plus utilisée (VUt=3,375) alors que Pomadasys jubelini est
l’espèce halieutique la plus utilisée (VUt=4,95). En ce qui concerne la dynamique spatio-temporelle
de l’écosystème, la mangrove a perdu 19,30% de sa superficie de 1995 à 2010. Cette régression est
principalement due aux différentes activités socio-économiques menées dans le secteur d’étude. Son
taux de dégradation sur cette période est estimé à 1,37 ha/an, taux en diminution par rapport à celui
observé dans les périodes précédentes. Les différents projets de restauration de la mangrove ainsi
que les campagnes de sensibilisation ont alors contribué à améliorer la santé de l’écosystème. Des
missions de suivi et d’accompagnement sont cependant nécessaires afin de renforcer l’acquis des
populations et garantir une gestion durable de l’écosystème. A cet effet, un mini-projet est élaboré
dans le but de promouvoir une forme d’exploitation durable des ressources de la mangrove.
Mots clés : Dégradation, gestion, durable, dynamique spatio-temporelle,
EVALUATION DES DIFFERENTES FORMES DE PRESSIONS ANTHROPIQUES SUR LA MANGROVE ET
IMPLICATION POUR UNE GESTION DURABLE
Résumé
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ABSTRACT
The Forest and Natural Resources Executive Direction is public office in charge of the
protection and sustainable management of Benin natural resources. Thereby, the mangrove
restoration Project on Ramsar Site 1017 initiated by FAO is implemented by the FNREM (Forest
and Natural Resources Executive Manager). Our survey in this structure enables us to notice a good
organization. Though, we also remark difficulty in application of a project. In our case the main
trouble is the irritation of some local population again projects becoming oppressive. Ethnobiology
survey and diachronic analysis of the mangrove ecosystem over 1995-2010 years highlight the
various anthropogenic pressures on the ecosystem and its response through spatio-temporal
dynamic in the district of Ouidah in Benin. The frequent use categories of the ecosystem are fishing
and salt production. So, the most used resources are plant and ichtyofauna.. Rhizophora racemosa
is the most used plant (VUt= 3,375) and Pomadasys jubelini is the most used ichtyofauna resource.
Mangrove over 1995-2010 years loses 19.3%. This regression is mainly induced by the human
activities in the survey area. The regression rate is estimated to 1,37 ha/year which appear smaller
than past findings in the same area. Many mangrove restoration project and sensitization campaign
contribute to enhance this ecosystem health. Therefore, there is a need of accompaniment and
following of local population to enhance their experience and ensure durable management of the
ecosystem. So a project is elaborated to promote sustainable exploitation of mangrove resources.
Keyword: Spatio-temporal dynamic, regression, management, sustainable
EVALUATION DES DIFFERENTES FORMES DE PRESSIONS ANTHROPIQUES SUR LA MANGROVE ET
IMPLICATION POUR UNE GESTION DURABLE
Résumé
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INTRODUCTION GENERALE
Contexte du stage
La perte de la biodiversité est un problème d’envergure planétaire. A l’instar du reste du
monde, le Bénin fait face à la destruction de ses biotopes naturels et donc à la disparition
progressive de sa biocénose. En 2012, le pays a été classé par le World Ressources Institute &
Greenpeace, 4e
sur la liste des pays à fort taux de déforestation. La mangrove, biotope particulier
aux services écosystémiques variés et non moins importants (OIBT, 2003) fait partie des
écosystèmes les plus menacés au Bénin.
Conscient de la tendance à la dégradation des ressources naturelles et de l’importance de
leur conservation pour le développement durable, le gouvernement du Bénin a opté pour la création
de l’Ecole Nationale Supérieure d’Aménagement et de Gestion des Aires Protégées pour la
formation des ressources humaines qualifiées en matière de conservation des ressources naturelles
au Bénin. Cette école est officiellement créée par l’arrêté N°2012-615 du MESRS du 06 novembre
2012 et forme des apprenants au grade de Licence Professionnelle en Aménagement et Gestion des
Aires Protégées. La formation est conçue pour donner aux apprenants plus d’aptitude à l’auto-
emploi. C’est ainsi que des sorties pédagogiques et stages sont organisés au profit des étudiants
pour comprendre les réalités du terrain. A cet effet, après cinq semestres de formation dans cette
école, un stage pratique est effectué pour mieux connaître le monde professionnel en vue de rédiger
un mémoire de fin de formation.
Il était donc important pour moi d’effectuer un stage dans des structures m’offrant la
possibilité de vivre les réalités d’une entreprise de gestion des ressources naturelles, de participer à
l’amélioration des performances de cette dernière tout en me permettant de recueillir des
informations valables sur mon thème. Aussi un projet d’activités génératrices de revenus a été
élaboré pour me permettre de m’auto-employer. Le laboratoire de cartographie de l’Université
d’Abomey-Calavi et la Direction Générale (DGFRN) à travers le Projet de Gestion de la Mangrove
représentaient pour moi les institutions appropriées.
Structure du mémoire
La présentation de ce mémoire s’échelonnera en trois chapitres.
Le premier chapitre est une brève présentation des structures de stage.
Le second chapitre présente la problématique, l’approche méthodologique et le milieu
d’étude.
EVALUATION DES DIFFERENTES FORMES DE PRESSIONS ANTHROPIQUES SUR LA MANGROVE ET
IMPLICATION POUR UNE GESTION DURABLE
Résumé
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Le troisième chapitre présente les résultats des enquêtes menées sur le terrain et les travaux
de cartographie effectués.
Le quatrième chapitre présente l’analyse diagnostique de la structure de stage suivi d’une
discussion
Enfin nous terminerons par un mini-projet de gestion durable des ressources de la mangrove.
EVALUATION DES DIFFERENTES FORMES DE PRESSIONS ANTHROPIQUES SUR LA MANGROVE ET
IMPLICATION POUR UNE GESTION DURABLE
Stage en milieu professionnel
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CHAPITRE I : STAGE EN MILIEU PROFESSIONNEL
1.PRESENTATION DES STRUCTURES DE STAGES ET DES
ACTIVITES MENEES
1.1. La DGFRN
1.1.1. Historique et situation géographique de la DGFRN
Dans le but de protéger, de conserver et de gérer durablement les ressources naturelles
forestières et fauniques des colonies d’Afrique Occidentale Française, le service forestier fut créé le
23 juillet 1938 par arrêté N° 2428 du 04-07-1938.
Le service des Eaux –Forêts et Chasse a été créé par le gouvernement général de l’Afrique
Occidentale Française. Il était dirigé par un officier des eaux et forêts du cadre général des colonies.
Cette administration n’a pas intégré la grande famille militaire. Elle ne l’a été qu’à travers la loi
N°77-14 du 25 mars 1977 portant création des Forces Armées Populaires (FAP) du Benin. Cette loi
a commencé à être appliquée grâce à la loi N°81-014 du 10 octobre 1981 qui a été modifiée et
complétée par la loi N°88-006 du 25 avril 1988.
Le 18 Juin 1990, la loi portant création des FAP fut abrogée par la loi N°90-015. Cette
nouvelle loi a entrainé la désaffiliation de l’administration forestière qui, avec le temps, a été
renommée DFRN (Direction des Forêts et des Ressources Naturelles) jusqu’en 2005. Elle
fonctionnait alors sous tutelle du Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche (MAEP).
En 2006, la dénomination de la Direction a été modifiée. Elle est devenue la Direction
Générale des Forets et des Ressources Naturelles (DGFRN). Son personnel travaille désormais sous
la tutelle du Ministère chargé de la Gestion des Changements Climatiques, du Reboisement et de la
Protection des Ressources Naturelles et Forestières (MECGCCRPRNF) suivant l’arrêté
N°2060/MAEP/D-CAB/SGM/DRH/SA du 23 juin 2006. La Direction Générale des Forêts et des
Ressources Naturelles siège près de l’Office National du Bois (ONAB) à PK3, 5, route de Porto-
Novo plus précisément en face de la poste. Elle se trouve en face du Ministère de la Santé.
1.1.2. Objectifs et missions
Les objectifs de la Direction Générale des Forêts et des Ressources Naturelles sont de
reconstituer le domaine forestier national (Conserver durablement des ressources forestières), de
EVALUATION DES DIFFERENTES FORMES DE PRESSIONS ANTHROPIQUES SUR LA MANGROVE ET
IMPLICATION POUR UNE GESTION DURABLE
Stage en milieu professionnel
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satisfaire les besoins de la population en bois, en viandes de chasse, de protéger les ressources zoo
génétique et phytogénétique.
Les missions de la DGFRN se répartissent en fonctions exclusives et en fonctions non
exclusives.
Les fonctions exclusives
Les fonctions exclusives sont:
• l’élaboration et la mise en œuvre de politiques, stratégies et programmes de
développement du secteur forestier ;
• la coordination, la planification et le suivi-évaluation du secteur forestier ;
• l’élaboration et le suivi de l’application des textes législatifs et règlementaires en
matière de forêt et de faune ;
• l’élaboration des plans d’aménagement des domaines classés de l’Etat ;
• la validation préalable des plans d’aménagement forestier et des réserves de faune ;
• l’administration de la mise en œuvre des plans d’aménagement des domaines classés
de l’état ;
• l’orientation, le suivi et le contrôle des acteurs (publics et privés) intervenant dans la
gestion des ressources naturelles ;
• le Développement institutionnel impliquant le renforcement des capacités des
différents acteurs dans leurs rôles ;
• le suivi de la mise en œuvre des conventions et des accords internationaux ratifiés en
matière de forêt et de faune ;
• l’animation d’un cadre de concertation intersectorielle impliquant tous les
intervenants du secteur forestier ;
• l’organisation et l’exécution des activités de police forestière ;
EVALUATION DES DIFFERENTES FORMES DE PRESSIONS ANTHROPIQUES SUR LA MANGROVE ET
IMPLICATION POUR UNE GESTION DURABLE
Stage en milieu professionnel
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• l’élaboration et le suivi de la mise en œuvre de stratégie de financement du secteur
forestier.
Les fonctions non exclusives
Il s’agit de :
• la préservation et la restauration du domaine protégé de l’état ;
• la constitution et le suivi du domaine protégé de l’état ;
• la promotion des filières porteuses des produits forestiers ligneux et non ligneux ;
• l’assistance aux particuliers et aux collectivités locales pour l’élaboration et la mise
en œuvre des plans d’aménagement dans les domaines de la flore et de la faune ;
• l’exécution des travaux relatifs à la conservation et à la gestion des eaux et des sols,
en collaboration avec les services techniques sectoriels ;
• la mise en œuvre d’une stratégie de communication pour la promotion du
changement de comportement en relation avec la direction de la promotion de
l’écocitoyenneté et toutes autres structures habilitées ;
• la mise en œuvre des conventions et accords internationaux ratifiés en matière de
forêt et de faune ;
• l’appui-conseil aux collectivités locales dans le domaine de gestion durable des
forêts, de la faune et des ressources naturelles ;
• la perception des redevances forestières et fauniques ;
• la perception de taxes liées aux ressources naturelles conformément aux dispositions
de lois de finances et autres textes législatifs et réglementaires en vigueur.
1.1.3. Organigramme
La Direction Générale des Forêts et Ressources Naturelles fonctionne sous la tutelle du
Ministère de l’Environnement Chargé de la Gestion des Changements Climatiques du Reboisement
et de la Protection des Ressources Naturelles et Forestières (MECGCCRPRNF). La figure 1
EVALUATION DES DIFFERENTES FORMES DE PRESSIONS ANTHROPIQUES SUR LA MANGROVE ET
IMPLICATION POUR UNE GESTION DURABLE
Stage en milieu professionnel
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présente l’organigramme de la DGFRN. Au total, elle compte trois Directions aux activités
complémentaires.
Figure 1 : Organigramme de la DGFRN
-
- la Direction des Politiques, du Suivi et du Contrôle de l’Exploitation Forestière (DPCEF) ;
- la Direction de la Conservation et de la Promotion des Ressources Naturelles (DCPRN) ;
- la Direction des Services de l’Intendance (DSI) ;
- le Service du Suivi des Accords et Conventions, de l’Information, de l’Education et de la Communication
(SAIEC) ;
- le Service de la Planification, du Suivi-Evaluation, de la Statistique, de la Synthèse et de la Documentation
(SPSES) ;
- le Service de Réglementation, du Contrôle et du Contentieux (SRCC) ;
- le Service d’Appui à la Gestion des Plantations et de la Promotion du Reboisement (SAGPR) ;
- le Service de l’Aménagement des Forêts et de la Protection de la Nature (SAFPN) ;
- le Service de la Promotion des Activités Génératrices de Revenus et des Energies Alternatives(SPGREA) ;
- le Service des Finances (SF) ;
- le Service de la Logistique, du Matériel des Infrastructures et de la Transmission (SLMIT) ;
- le Service de la Passation des Marchés (SPM) ;
- la Division Formation du Personnel (DFP) ;
- la Division Gestion des Carrières du Personnel (DGCP) ;
- la Division Administrative (DA).
1.1.4. La DGFRN et le Projet Mangrove
La DGFRN est en collaboration avec de nombreuses ONG, Institutions nationales et
internationales dont la FAO. Le Projet « Restauration des Ecosystème de Mangroves du Site
EVALUATION DES DIFFERENTES FORMES DE PRESSIONS ANTHROPIQUES SUR LA MANGROVE ET
IMPLICATION POUR UNE GESTION DURABLE
Stage en milieu professionnel
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Ramsar 1017 en République du Bénin » est initié par la FAO et exécuté par la DGFRN. L’objectif
principal de ce projet est la mise en place de mécanismes de gestion durable de la mangrove en vue
de contribuer au bien-être et à la sécurité alimentaire des populations riveraines. Les cibles du projet
sont les populations et les organisations locales des villages pilotes et des communes retenues. Les
bénéficiaires indirects sont essentiellement les populations et organisations locales, les ONG, les
chercheurs, les services techniques, l’Etat et le secteur privé, les organisations régionales et les
universitaires intervenant dans la zone du projet et concernés par la conservation et la gestion
durable des écosystèmes des mangroves. Le projet est prévu pour une durée de 2 ans. La zone
d’intervention concerne le Site Ramsar 1017 qui s’étend sur 47500 ha constitué de deux blocs de
mangroves discontinues à savoir :
 la mangrove du Lac Ahémé (Dépression de SéhouGbato, île de Mitogbodji à Kpétou et le
Nord de la pointe d’Ountoun) ;
 la mangrove de la lagune côtière (Mangrove de Hillacondji à Djegbadji, mangrove de
Djegbadji à Togbin) ;
 la mise en œuvre de ce projet est assurée par une cellule spécialement mise en place au sein de
la DGFRN et il est exécuté selon trois axes que sont :
 le renforcement des capacités institutionnelles, techniques et matérielles des acteurs de la
gestion durable des mangroves ;
 la protection, la régénération et la restauration durables de la mangrove et de terres dégradées
et érodées ;
 l’amélioration de la connaissance des ressources (potentiel, structure, fonctionnement et
meilleures conditions et outils de restauration et de gestion durable).
Ainsi, la DGFRN était le cadre idéal pour le bon déroulement de mes recherches.
Tel que nous l’avons souligné précédemment en dehors de la DGFRN qui nous a accueilli
comme structure de stage, nous avons aussi effectué un stage au LaCarto (Laboratoire de
Cartographie) de l’Université d’Abomey-Calavi.
1.2. LaCarto
Le Laboratoire de Cartographie est un Laboratoire d’étude et de recherche créé au
Département de Géographie et Aménagement du territoire (DGAT) de la Faculté des Lettres, Arts
et Sciences Humaines (FLASH) de l’Université d’Abomey-Calavi (UAC). Le Lacarto a pour
objectifs :
EVALUATION DES DIFFERENTES FORMES DE PRESSIONS ANTHROPIQUES SUR LA MANGROVE ET
IMPLICATION POUR UNE GESTION DURABLE
Stage en milieu professionnel
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- la promotion de la cartographie au Bénin ;
- le renforcement des capacités scientifiques de ses membres ;
- la formation des étudiants de Géographie et des autres facultés, en cartographie
appliquée à l’ordinateur ;
- la formation des enseignants et autres demandeurs en cartographie ;
- l’élaboration et l’exécution des projets de recherche ;
- l’exécution d’études et recherches sur appels d’offre nationaux et/ou internationaux ;
- la mise en réseau des acteurs et des institutions de cartographie du Bénin et de la
sous-région.
Le LaCarto peut accueillir et former des chercheurs stagiaires venant d’autres Universités.
C’est dans ce cadre qu’il m’a été permis d’effectuer un stage dans cette structure afin de bénéficier
de toute l’aide nécessaire dans la réalisation d’une analyse diachronique portant sur mon mémoire.
ACTIVITES MENEES
1.3. Activités menées à la DGFRN
Quatre activités ont marqués le stage à la DGFRN. Il s’agit principalement des activités de :
- reboisement sur les artères principales de la ville de Cotonou ;
- séance d’échange avec les groupements de femmes de la localité de Hiyo ;
- patrouille préventive et répression des exploitants en infraction ;
- archivage et programmation des activités du projet de « Restauration des
Ecosystèmes de Mangroves du Site Ramsar 1017 en République du Bénin ».
Il est important de préciser que des quatre activités, trois sont dans le cadre particulier du
projet de restauration de la mangrove. En effet, seul le reboisement a été mené dans le cadre
général des activités de la DGFRN.
1.3.1. Description des activités
 Reboisement sur les artères principales de la ville de Cotonou
Le reboisement des artères principales de la ville de Cotonou s’est effectué à base de plants
de Khaya senegalensis. La principale voie ayant été reboisée est celle menant à l’avenue
Steinmetz et au Passage à niveau de Notre Dame. Durant ces trois heures de reboisement,
neuf stagiaires de la DGFRN ont planté en tout une centaine de pieds de Khaya senegalensis
à des emplacements prédéfinis et déjà aménagés. L’objectif principal de cette activité est de
EVALUATION DES DIFFERENTES FORMES DE PRESSIONS ANTHROPIQUES SUR LA MANGROVE ET
IMPLICATION POUR UNE GESTION DURABLE
Stage en milieu professionnel
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reverdir la ville de Cotonou et ainsi lutter contre la pollution atmosphérique qui sévit dans
la ville.
 Séance d’échange avec les groupements de femmes de la localité de Hiyo
La localité de Hiyo est située dans l’arrondissement de Djegbadji et est l’un des trois
villages pilotes du projet « Restauration des Ecosystèmes de Mangroves du Site Ramsar
1017 en République du Bénin ». L’Association des Femmes Productrices de Poisson Fumé
(AFPPE) est l’un des groupements concernés par le projet. Au cours de la rencontre
organisée avec ladite association il a été question de :
- planifier les activités de reboisement de la mangrove ;
- confirmer la participation des populations locales au reboisement.
Le reboisement est une activité qui nécessite une programmation minutieuse et demande la
participation des populations locales. Afin de mener à bien cette activité importante pour la réussite
du projet, il est nécessaire d’établir une relation étroite avec les populations en gardant le contact et
en organisant des échanges. La séance ainsi organisée a permis aux femmes d’exprimer leur vision
de la mangrove et leur perception du projet.
- Patrouille préventive et répression des exploitants en infraction
La patrouille préventive et la répression d’exploitants forestiers en infraction est une activité
qui accompagne la restauration de l’écosystème. En effet, il s’agit de sorties visant à
dissuader les délinquants et arrêter ceux pris en flagrant délit d’infraction. Une telle action
nécessite une bonne préparation, une bonne connaissance du terrain et du pragmatisme.
Ainsi, lors des patrouilles il a fallu interpeller plusieurs exploitants forestiers avec
promptitude et fermeté. Une arrestation se fait suivant un processus bien défini qu’il est
important de respecter afin d’éviter tout dérapage :
- interpeller l’individu ;
- demander son autorisation (S’il n’est pas en possession de son autorisation, il est
alors considéré comme un délinquant) ;
- stopper et saisir sa machine et/ou son moyen de déplacement ;
- embarquer l’individu et l’emmené au poste.
Cependant, faire usage de violence lors de ces arrestations est prohibé sauf pour se défendre.
EVALUATION DES DIFFERENTES FORMES DE PRESSIONS ANTHROPIQUES SUR LA MANGROVE ET
IMPLICATION POUR UNE GESTION DURABLE
Stage en milieu professionnel
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 Archivage et programmation des activités du projet de « Restauration des
Ecosystèmes de Mangroves du Site Ramsar 1017 en République du Bénin »
L’archivage et la programmation des activités du projet consiste à répertorier toutes les
activités déjà menées jusque là et établir un planning pour les activités à venir. L’archivage est
l’établissement de la chronologie des activités. Outre la chronologie des activités menées, les
partenaires ou tout autre personne ou groupes ayant participé à chaque activité ont également été
répertoriés. L’objectif étant de fournir un rapport complet et fidèle à l’Administration de la DGFRN
(Direction Générale des forêts et Ressources Naturelles) ainsi qu’à la FAO (Food and Agriculture
Organization). La programmation est le planning des activités à venir. Il m’a été permis d’assister à
l’élaboration d’un TdR (Thème de référence) rédigé pour chaque activité prévue. Un TdR permet
de :
- justifier l’activité ;
- présenter l’activité ;
- définir clairement les objectifs ;
- définir les résultats attendus.
Un TdR est en effet, un « mini-protocole de travail ».
1.4. Activités au Laboratoire de Cartographie
Notre stage au LaCarto (Laboratoire de Cartographie) a été marqué par une activité
principale :
- la manipulation des logiciels de Cartographie et de télédétection : cette activité devait
nous permettre de répondre à l’objectif 2. Ainsi, assisté d’un cartographe
expérimenté, il nous a été permis de respecter toutes les étapes de cartographie et de
télédétection afin de réaliser des cartes valables et utilisables pour une analyse
diachronique.
CHAPITRE II : PROBLEMATIQUE, APPROCHE
METHODOLOGIQUE, MILIEU D’ETUDE
1.PROBLEMATIQUE
EVALUATION DES DIFFERENTES FORMES DE PRESSIONS ANTHROPIQUES SUR LA MANGROVE ET
IMPLICATION POUR UNE GESTION DURABLE
Stage en milieu professionnel
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La mangrove est une forêt de palétuviers qui se développent dans les zones intertidales des
régions intertropicales (Blasco, 1991). Elle constitue un des écosystèmes uniques au monde se
développant dans un environnement où seules des espèces précises et caractéristiques s’y trouvent
puisqu’elle subit des influences, à la fois, des océans et de l’interland (Mithathapala, 2008). La
mangrove est présentée dans 112 pays et régions du monde (Bingham et kathiresans, 2001), et
occuperait près de 18 millions d’hectares (Spalding, 1997). Autrefois peu étudiée, la mangrove fait
aujourd’hui objet d’un intérêt scientifique grandissant en raison de son importance écologique et
économique non négligeable (Ndour, 2005). Dans plusieurs régions du monde elle a été reconnue
comme une zone nourricière et d’alimentation pour les poissons (Ngom, 2000 ; Nagelkerken et al.,
2000). La FAO décrit les forêts de mangrove comme un refuge, un lieu de ponte qui aide à la
conservation de nombreuses espèces de reptiles (crocodiles, iguanes), de mammifères et d’oiseaux.
Les mangroves offrent également de nombreux autres services comme la séquestration du carbone,
le filtrage des eaux, la stabilisation du littoral et la protection contre les catastrophes naturelles
(Mcloed et Salm, 2006). Elle est désignée comme la sentinelle verte des côtes (MFF India, 2010).
Outre que, ces forêts procurent d’importants revenus aux populations riveraines ; elles représentent
le fief de nombreuses activités génératrices de revenus. Au Bangladesh et en Inde par exemple, le
miel récolté dans les mangroves est une industrie locale produisant près de 20 tonnes par an et par
hectare (Miththapala, 2008). Dans plusieurs pays, l’élevage de crevette dans les mangroves
constitue un pilier de l’économie nationale (Mcloed et Salm, 2006). Près de 80% des pêches dans
le monde dépendent directement ou indirectement des mangroves (Sullivan, 2005) et selon l’UNEP
une mangrove exploitée durablement pourrait rapporter entre 200000$ et 900000$ par an par km².
Pourtant, aujourd’hui, près de 60km² de forêts de mangrove sont menacés (UNEP-WCMC, 2006).
Au Costa Rica, en Honduras ou au Guatemala les mangroves sont transformées en ferme à crevettes
(FAO, 2007). Dans de nombreux pays de l’Afrique de l’Ouest, l’extraction de sel a entraîné la
destruction de vaste surface de forêts littorales (Bertrand, 1991). L’humanité dans sa lutte pour la
réduction de la pauvreté et la protection de l’environnement ne peut se permettre une telle perte.
Au Bénin, le quart des mangroves a disparu entre 1980 et 2007 (PNUE, 2007). En dépit des
nombreuses actions de restauration entreprises afin d’inverser la tendance, les récentes recherches
révèlent que si rien n’est fait, cet écosystème si précieux disparaitra totalement d’ici 2040
(Anagonou, 2013).
Eu égard à tout ce qui précède, il est important de poursuivre les investigations sur les
différentes pressions anthropiques qui s’exercent sur la mangrove afin de déterminer les causes de
ces dernières et ainsi élaborer des programmes de gestion proactifs et durables.
EVALUATION DES DIFFERENTES FORMES DE PRESSIONS ANTHROPIQUES SUR LA MANGROVE ET
IMPLICATION POUR UNE GESTION DURABLE
Stage en milieu professionnel
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C’est dans cette dynamique que le sujet intitulé « Evaluation des différentes formes de
pressions anthropiques sur les mangroves au Bénin et implication pour une gestion durable » a été
retenu pour les travaux de fin de formation en Licence.
L’objectif principal de cette étude est d’analyser les formes de pressions sur les écosystèmes
de mangroves afin d’inverser la tendance à la dégradation de ces écosystèmes. De façon spécifique,
cette étude vise à :
• déterminer les formes d’utilisation ainsi que la valeur d’usage ethnobiologique des
principales ressources de la mangrove ;
• réaliser une analyse diachronique de l’évolution de la mangrove ;
• faire une analyse diagnostique de la structure de stage et des activités menées au regard
de la conservation des mangroves ;
• proposer un projet de valorisation et de conservation durable de la mangrove.
Les hypothèses de recherche à vérifier sont les suivantes :
• l’importance accordée aux ressources de la mangrove varie suivant les caractéristiques
socio-démographiques des enquêtés ;
• les écosystèmes de mangrove ont significativement régressé en superficie au cours des
quinze (15) dernières années ;
• il existe différentes activités permettant de valoriser la mangrove tout en respectant les
normes écologiques.
EVALUATION DES DIFFERENTES FORMES DE PRESSIONS ANTHROPIQUES SUR LA MANGROVE ET
IMPLICATION POUR UNE GESTION DURABLE
Problématique, approche méthodologique, milieu d’étude
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MILIEU D’ETUDE
1.1. Milieu géographique
Ouidah est une commune du Sud-ouest du Bénin. Elle est limitée au nord par la commune
de Tori-bossito, au Sud par l’Océan Atlantique, à l’Est par la commune d’Abomey-calavi et à
l’Ouest par la commune de Grand-popo. Elle est située entre 2° et 2°15 de latitude Nord et entre
6°15 et 6°30 de longitude Est. Ville côtière de basse altitude, elle couvre une superficie de 364 Km²
et est incluse dans le Site Ramsar 1017.
Figure 2 : Situation des arrondissements du Sud de Ouidah
Sur le plan géomorphologique, la commune de Ouidah est caractérisée par un plateau argilo
sableux du continental terminal. La zone d’étude est quant à elle marquée par un dépôt de sédiments
fluvio-lagunaire actuel ou subactuel. Dans le Sud de la commune, on rencontre des sols sablonneux.
Il s’agit des sols des cordons, des marécages et des mangroves présents dans les arrondissements
d’Avlékété, de Djègbadji, de Houakpè-Daho et dans la partie Sud de Ouidah1 et de Ouidah 2. Les
sols des mangroves et des marécages sont en général des sols hydromorphes, moyennement
organiques, humiques à gley, peu ou pas salés indifférenciés, sur alluvions et matériau alluvio-
colluvial fluviatile. Ces sols sont riches en acides fulviques, peu évolués (Amoussou, 2003). Aussi
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IMPLICATION POUR UNE GESTION DURABLE
Problématique, approche méthodologique, milieu d’étude
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un peu plus au nord de la commune, on rencontre des sols ferralitiques faiblement désaturés,
appauvris, modaux sur sédiments meubles argilo sableux du continental terminal ainsi que des sols
lessivés à tendance podzolique (SERHAU, 1992). Ils sont généralement présents dans les
arrondissements de Savi, de Gakpé et dans la partie Nord de Ouidah 1, 2,3 et 4.
Son relief peu accidenté est essentiellement constitué d’un bas plateau et d’une plaine
côtière subdivisée en plusieurs cordons littoraux. Ceux-ci sont étroits, parsemés de bas-fonds
marécageux, de lacs et lagunes. Les principaux plans d’eau de ce système lacustre et lagunaire
sont : Djessin, Domè, la lagune de Djègbadji et le lac Toho. Ils sont alimentés par les fleuves Mono
et Couffo. La profondeur de ces cours d’eaux varie d’un mètre à trois mètres selon l’endroit.
La commune de Ouidah est exposée à un climat subéquatorial béninien à deux saisons
sèches et deux saisons pluvieuses. La grande saison pluvieuse va d’Avril à juillet et la petite d’Août
à Septembre. Durant ces périodes, la proportion de précipitation varie respectivement entre 40 à 65
% et 18 à 30 %(Boko, 1988). La grande saison sèche va d’Octobre à Novembre et la petite de
Décembre à Mars. La pluviosité détermine le niveau des eaux dans les lacs et les lagunes
influençant ainsi le taux de salinité des écosystèmes de mangrove. Les conditions de la sécheresse
favorisent quant à elles la constitution de l’humus. Les températures sont élevées sans être
excessives, entre 28 et 32°C au maximum, entre 23 et 26°C au minimum. La hauteur d’eau annuelle
varie entre 950 mm et 1150 mm.
La végétation est essentiellement constituée de forêts claires, de palmeraies, de cocoteraies
et de forêts de mangrove. On retrouve également des reliques de forêts sacrées à travers certains
îlots de forêts sacrées comme celles de Kpassè-zoumè et celles d’Avlékété. Les cocoteraies
représentent la végétation du littoral. La zone d’étude qu’est la mangrove constitue l’un des
écosystèmes humides du Site Ramsar 1017 situé au sud-ouest du Benin (Convention Ramsar sur
les zones humides). Elles ne se développent qu’aux rives des lagunes côtières saumâtres en raison
de l’absence d’un delta actif et d’une houle particulièrement violente (Spalding, 1997).
Au point de vue de la diversité en espèces de cet écosystème, on note six espèces
de mangrove courante ; Rhizophora racemosa, Avicennia africana, Avicennia nitida, Dalbergia
escataphyllum, Laguncularia racemosa, Drepanocarpus lunatus (CEDA, 2007). Ces espèces se
-développent sur un substrat sablo vaseux et sont soumises à un régime irrégulier et un milieu
hyposalin. Certaines portions de mangrove atteignent encore 22 mètres de hauts (Spalding, 1997.
La mangrove est une zone à grande diversité faunique.
EVALUATION DES DIFFERENTES FORMES DE PRESSIONS ANTHROPIQUES SUR LA MANGROVE ET
IMPLICATION POUR UNE GESTION DURABLE
Problématique, approche méthodologique, milieu d’étude
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Pour l’avifaune, on dénombre de nombreuses espèces autochtones et des migrateurs
afrotropicales ou paléarctiques
Pour l’ichtyofaune, près de 71 espèces de poissons.
Pour la faune mammalienne, en grande partie composée de mangoustes, de lamantins, de
potamochères et de quelques primates.
Pour les reptiles, ils sont représentés par le python de sebae, le python royal ainsi que les
tortues marines et terrestres.
La faune quant à elle est plus de type aquatique aussi bien d’eau douce que d’eau salée.
Ces caractéristiques climatiques du milieu sont les éléments régisseurs de
l’hydrodynamique des cours et plans d’eau. Ces conditions climatiques, édaphiques, hydrologiques
ainsi que la marée sont importantes pour l’établissement et le bon fonctionnement des forêts de
mangroves.
1.2. Milieu humain
La commune de Ouidah compte 10 arrondissements et 60 villages et quartiers de ville. Les
différents arrondissements sont : Ouidah I, Ouidah II, Ouidah III, Ouidah IV, Avlékété, Djègbadji,
Gakpé, Houakpè-Daho, Pahou et Savi.
Les différents groupes sociolinguistiques et socioculturels rencontrés dans le milieu sont les
Fon 69,8% ; Adja 16,5% ; Yoruba 9,0% ; Bariba 0,5% ; Dendi 0,3%. Les Xwéda, Aîzo et métis
sont considérés comme des groupes apparentés aux Fon et constituent avec ces derniers 80% des
arrondissements ruraux et 60% des arrondissements urbains. Le paysage religieux est dominé par
deux types de religions ; les religions traditionnelles et celles modernes. Les religions traditionnelles
sont polythéistes avec des divinités comme le Legba, le Heviosso/Tchango, Dan ou le Sakpata,
Aussi existe-t-il de nombreuses divinités claniques. Les religions modernes regroupent
essentiellement les courants chrétiens (catholicisme, protestantisme, église évangélique) et l’islam
(CEDA, 2007).
1.2.1. Activités socio-économiques
Les principales activités menées dans la commune de Ouidah sont : l’agriculture, l’élevage,
la pêche, la transformation de divers produits, exploitation de carrière de sable, le tourisme,
l’artisanat et le transport (CEDA, 2007).
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IMPLICATION POUR UNE GESTION DURABLE
Problématique, approche méthodologique, milieu d’étude
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Les activités socio-économiques décrites sont celles menées dans les arrondissements ruraux
principalement.
Agriculture
Dans le nord de la Commune, les principales cultures sont le manioc, le maïs, le niébé, la
tomate, le palmier à huile et le cocotier. Tandis que dans le Sud (Djègbadji, Avlékété, Houakpè-
Daho et le sud de Pahou) ont rencontre surtout des cultures maraîchères.
Elevage
L’élevage est très peu développé. Elle représente plutôt une activité secondaire. Les espèces
élevées sont surtout les bovins, les ovins, les caprins et la volaille.
Pêche
La pêche est omniprésente dans la commune de Ouidah particulièrement dans les
arrondissements côtiers. Les villages côtiers sont scindés en deux, ceux de l’intérieur pratiquent la
pêche continentale et ceux sur la bande sablonneuse la pêche maritime. La pêche est l’activité
principale de ces populations.
Transformation de divers produits
Différents produits sont conçus et transformés dans la commune de Ouidah : la
transformation du manioc en tapioca et gari ; la transformation du vin de palme en alcool (sodabi) ;
des noix de palme et de coco en huile et du fumage de poisson, fabrication artisanale de biscuits et
du pain. La principale activité au Sud de la commune est la production de sel.
Matériels et méthodes
1.3. Matériels
Matériel pour l’analyse diachronique
Le matériel utilisé pour l’étude est :
- Logiciels Idrisi Selva 17.0 pour le traitement numérique des images satellitaires
Landsat
- Arc GIS 10.1 pour les travaux de cartographie et analyses SIG
- GPS pour le contrôle-terrain
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IMPLICATION POUR UNE GESTION DURABLE
Problématique, approche méthodologique, milieu d’étude
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- Tableur Excel pour le traitement des données statistiques
Matériels pour l’enquête ethnobiologique
- Carte du secteur d’étude pour la localisation des villages choisis pour l’étude ;
- GPS pour la prise des coordonnées géographiques ;
- Fiches d’enquête pour les investigations en milieu réel ;
- Appareil photographique pour les prises de vues ;
- Herbier pour faciliter l’identification des espèces par les enquêtés sur le terrain.
- Logiciel minitab pour le traitement statistique
- Tableur excel pour le traitement statistique
1.4. Méthode de collecte et d’analyse des données
1.4.1. Objectif spécifique1
Déterminer les formes d’utilisation ainsi que la valeur d’usage ethnobiologique des principales
ressources de la mangrove.
Hypothèse : L’importance accordée aux ressources de la mangrove varie suivant les
caractéristiques socio-démographiques des enquêtés.
 Echantillonnage et taille de l’échantillon
L’échantillonnage est constitué de trois arrondissements sur les dix de la commune de
Ouidah. Les arrondissements choisis sont ceux d’Avlékété, de Djègbadji et de Houakpè-Daho. Ces
arrondissements font partie des zones où ils existent des forêts de mangrove qui ont fait l’objet
d’une exploitation poussée. Aussi, présentent-ils une certaine diversité en matière de groupes socio-
linguistiques offrant une chance d’entrée en contact avec chacune des ethnies.
Le nombre de personnes à enquêter est déterminé grâce à la formule
n : taille de l’échantillon d’étude, U1-α/2 : valeur de distribution normale pour une valeur de
α=1,96, d : marge d’erreur fixée ici à 10%, P : proportion des ménages qui exploitent les
ressources de la mangrove (cette proportion a été déterminée lors d’une enquête préliminaire sur
30 personnes choisies aléatoirement à qui nous avons posé la question principale « Exploitez
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IMPLICATION POUR UNE GESTION DURABLE
Problématique, approche méthodologique, milieu d’étude
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vous les ressources de la mangrove ? », la proportion de personne P = 0,7 représentant le nombre
de personnes ayant répondu oui à notre question pour les 30 personnes enquêtées lors de
l’enquête préliminaire)
Ainsi la taille de l’échantillon enquêté est de : n=80,64 que nous avons ramenés à 80
personnes
 Enquêtes et principales données collectées :
Les données ont été collectées au moyen des entretiens structurés auprès de différentes
catégories d’acteurs sur la base d’un questionnaire (An1). Les principales données colletées
concernent :
- les formes d’utilisation des terres ;
- les principales activités source de revenus ;
- Les espèces ligneuses, halieutiques et animales collectées par catégories d’usage
(pharmacopée, alimentation, artisanat ou autre).
- Partie ou organe de l’espèce utilisée (appréciation à base d’un score : 1 = peu
utilisée, 2 = moyennement utilisée, 3 = très utilisée)
- Paramètres estimés pour l’enquête ethnobiologique
Les fiches d’enquête sont dépouillées et codifiées manuellement pour un traitement à l’aide
du tableur Excel et du logiciel Minitab. Les principaux indices ethnobiologiques estimés sont :
Taux de réponse (F) : avec F: taux de réponse calculé; S: nombre de personne
ayant donné une réponse positive (Oui) pour l’utilisation de l’organe concerné; N: nombre total de
personnes interviewées. Il indique les organes les plus utilisés pour chaque espèce dans le milieu et
varie de 0 à 100. La valeur 0 indique que l’organe n’est pas utilisé et 100 lorsque l’organe est dit
utilisé par tous les enquêtés.
Valeur d’usage ethnobiologique avec si le nombre utilisation par enquête, i le nombre de
répondants par usage
(Gomez-beloz, 2003)
EVALUATION DES DIFFERENTES FORMES DE PRESSIONS ANTHROPIQUES SUR LA MANGROVE ET
IMPLICATION POUR UNE GESTION DURABLE
Problématique, approche méthodologique, milieu d’étude
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Valeur d’usage totale VU[T] =∑i
P
Vu[k] avec p le nombre de catégories d’usage (Gomez-
beloz, 2003)
1.4.2. Objectif spécifique 2
Réaliser une analyse diachronique de l’évolution de la mangrove
Hypothèse : Les écosystèmes de mangrove ont significativement régressé en superficie au
cours des 15 dernières années
L’étude de l’évolution des mangroves dans le sud du Bénin a été réalisée sur la base de la
comparaison des images satellites de la zone côtière du Sud Bénin. Deux images satellites sont
prises en compte. Un pas de 15 ans est considéré entre ces deux images.
Données utilisées
Les données utilisées pour cette étude sont composées de :
Image Landsat TM, scène (P192 et R052) de 1995 ;
Image Landsat ETM+, même scène (P192 et R052) de 2010.
Ces images ont permis de réaliser les cartes d’occupations du sol de 1995 et 2010 du Sud de
la commune de Ouidah (Partie Est du Site Ramsar 1017).
Paramètres estimés pour l’étude diachronique
Taux d’évolution global (Tg)
Ce taux permet d’évaluer la variation spatiale des unités d’occupation du sol au cours d’une
période donnée (Arouna et al., 2009) ; . Il est calculé à partir de la formule suivante :
Avec DS : Variation de la superficie d’une unité d’occupation du sol entre t1 et t2,
DS = S2 – S1 avec S1 la superficie d’une unité d’occupation du sol à la date t1, S2 la
superficie de la même unité d’occupation du sol à la date t2 ;
St la superficie totale de l’ensemble des unités.
Matrice de transition
EVALUATION DES DIFFERENTES FORMES DE PRESSIONS ANTHROPIQUES SUR LA MANGROVE ET
IMPLICATION POUR UNE GESTION DURABLE
Problématique, approche méthodologique, milieu d’étude
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La matrice de transition est une méthode permettant de décrire de manière succincte, sous
forme de matrice carrée les changements d’état des éléments d’un système dans un intervalle de
temps donnée. Cette matrice ne fournit pas de données sur la distribution spatiale des changements,
ni sur les processus et causes ayant abouti aux changements. Elle permet de connaître la proportion
d’affectation d’un type i d’utilisation du sol à un état j réalisés pendant la période d’étude. Elle est
constituée de X lignes et de Y colonnes. Le nombre de lignes de la matrice indique le nombre de
formations végétales et autres unités d’occupation du sol au temps ti ; le nombre Y de colonnes de
la matrice est le nombre de classes converties au temps t1 et la diagonale contient les superficies des
formations végétales demeurées stables. La lecture des transformations se fait donc des lignes vers
les colonnes. Les superficies de ces différentes classes de végétation ont été calculées à partir du
croisement des cartes d’occupation du sol de deux dates à l’aide de la fonction Intersect du logiciel
Arc GIS 10.1.
Taux de conversion
Le taux de conversion d’une classe d’unité d’occupation du sol correspond au degré de
transformation subie par cette classe en se convertissant vers d’autres classes (Arouna, 2012). En
d’autres termes, c’est la quantité de changements observés au niveau d’une unité d’occupation du
sol entre la période d’étude (1995-2010). Il a ainsi permis de mesurer le degré de conversion d’une
unité donnée en d’autres unités d’occupation du sol. Il s’obtient à partir de la matrice de transition
suivant la formule :
Sit : Superficie de l’unité paysagère i à la date initiale t ; Sis : Superficie de la même unité
demeurée stable à la date t1.
Taux moyen annuel d’expansion spatiale
Le taux moyen annuel d’expansion spatiale est la proportion de chaque unité d’occupation
du sol qui change par an.
Bernier (1992)
S1 et S2 : Superficie d’une unité paysagère à la date t1 et t2 respectivement ;
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Problématique, approche méthodologique, milieu d’étude
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t2 – t1 : Nombre d’année d’évolution ; ln = Logarithme népérien ; e = Base du logarithme
népérien (e=2,71828).
1.4.3. Objectif spécifique 3
Faire une analyse diagnostique de la structure de stage et des activités menées au
regard de la conservation des mangroves.
Sur la base de la documentation, des constats faits sur le terrain, à l’observation participante,
aux résultats des analyses, aux enquêtes formelles et informelles avec les responsables à différents
niveaux nous avons procédé en utilisant l’outil Forces – Faiblesses –Opportunités - Menaces
(FFOM) à l'analyse diagnostique des activités menées au regard de la conservation des mangroves
par la structure de stage. A cet effet, nous avons identifié les facteurs internes (forces) et facteurs
externes (opportunités) qui concourent à la restauration et la sauvegarde de la mangrove (Force) et
mis également en exergue les facteurs internes (faiblesse) et facteurs externes (menaces) qui se sont
présentés et empêchent d'atteindre les objectifs de conservation durable de la mangrove.
1.4.4. Objectif spécifique 4
Proposer un projet de valorisation et de conservation durable de la mangrove.
La proposition d’un projet de valorisation et de conservation durable de la mangrove
provient du constat du potentiel écologique et économique que renferme cet écosystème ainsi que
de son importance aux yeux des populations locales. Il s’agit ici de relever toutes les particularités
et richesses de la mangrove (faune, flore, fonctions écologiques, rôle culturel, cultuel, histoires).
Ensuite les présenter dans un plan cohérent et attractif visant à promouvoir cet écosystème sur le
territoire national principalement et en dehors. Nous avons discuté avec les populations locales des
projets d’activités potentiels pouvant permettre de contribuer significativement à la conservation de
la mangrove. Les projets potentiels identifiés sont l’écotourisme, éducation environnementale, la
pisciculture, l’ostréiculture, le reboisement. Nous avons ensuite recueilli les avis des populations sur
la faisabilité sociale, culturelle ainsi que des opportunités économiques et environnementales de ces
projets. Les chances de réussites de chaque projet sont analysées et le projet qui est optimale au
point de vue économique, environnemental, social, culturel et religieux est retenu et a fait l’objet
d’un micro-projet détaillé dans le présent mémoire.
EVALUATION DES DIFFERENTES FORMES DE PRESSIONS ANTHROPIQUES SUR LA MANGROVE ET
IMPLICATION POUR UNE GESTION DURABLE
Problématique, approche méthodologique, milieu d’étude
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CHAPITRE III : RESULTATS
SOUS-CHAPITRE I : RESULTATS D’ENQUETE ETHNOBIOLOGIQUE
1.PERCEPTION DES POPULATIONS DE L’ECOSYSTEME MANGROVE
La figure 3 montre la perception que les populations locales ont de la mangrove. Près de
88,75% des répondants affirment que la mangrove est très importante dans leur vie quotidienne,
pour seulement 2,75% la citant comme pas très importante. Le test d’indépendance Chi² indique en
outre que l’importance accordée à la mangrove n’est aucunement liée aux groupes socio-
linguistiques (Chi-Sq = 5,191; DF = 6; P-Value = 0,520). En effet, toutes les populations riveraines
de la mangrove quelque soit le groupe socio-linguistique auquel elles appartiennent puisent dans les
ressources et services qu’offre la mangrove.
Figure 3 : Niveau d’importance perçue de la mangrove par les populations locales
2.DIVERSITES DES ESPECES EXPLOITEES
2.1. Diversité des espèces végétales exploitées
Six espèces végétales ont été répertoriées comme espèces utilisées dans le milieu. Parmi
elles trois ligneuses, deux herbacées et une fougère, chacune appartenant à une famille différente.
Les espèces utilisées servent à diverses fins: alimentation, pharmacopée, fourrage, bois d'œuvre,
bois de service, bois de feu, commerce, artisanat. 100% des répondants utilisent Rhizophora
racemosa dans au moins un des domaines cités. Avicennia africana est cité par 87,5% des
répondants, 70% utilisent Phœnix réclinata, 32,5% utilisent Acrostichum aureum, 42,5% utilisent
Cyperus articulatus et 13,75% font recours au Paspalum vaginatum dans au moins une des
catégories d’usage (Figure 4).
EVALUATION DES DIFFERENTES FORMES DE PRESSIONS ANTHROPIQUES SUR LA MANGROVE ET
IMPLICATION POUR UNE GESTION DURABLE
Problématique, approche méthodologique, milieu d’étude
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Figure 4 : Fréquence de citation des différentes espèces végétales exploitées
2.2. Diversité des espèces halieutiques exploitées
Au total, huit espèces aquatiques dont quatre appartenant à l’ichtyofaune et quatre crustacés
ont été recensées comme utilisées dans le milieu. Les espèces citées sont utilisées dans quatre
catégories d’usage : l’alimentation, le commerce, la pharmacopée, les pratiques médico-magiques.
97,5% des répondants utilisent Pomadasys jubelini et Salmo trutta dans au moins une des
catégories. Lutjanus agennes est cité par 96,25% des répondants, 90% utilisent Silurus granis,
87,5% utilisent Aratus pisonii et Penaeus duorarum, les plus faibles proportions d’utilisation sont
pour l’huître 66,25% et Ucides cordatus 55% (Tableau 1).
Tableau 1 : Fréquence de citation des espèces animales halieutiques
Noms locaux Noms scientifiques Fréquence de citation
EVALUATION DES DIFFERENTES FORMES DE PRESSIONS ANTHROPIQUES SUR LA MANGROVE ET
IMPLICATION POUR UNE GESTION DURABLE
Problématique, approche méthodologique, milieu d’étude
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Akpavi Pomadasys jubelini 97,5
Wétin Salmo trutta 97,5
Azeguin Lutjanus agennes 96,25
Fen Silurus granis 90
Asson Aratus pisonii 87,5
Degon Penaeus duorarum 87,5
Adakpin Cassostrea gasar 66,25
Agassa Ucides cordatus 55
2.3. Diversité des espèces animales exploitées
Six espèces animales terrestres dont trois reptiles et trois mammifères ont été répertoriées
comme espèces exploitées. Les populations font usage de ces dernières dans quatre catégories :
l’alimentation, la médecine, le commerce, les pratiques médico-magiques. 43,75% des répondants
utilisent Varanus exanthematicus. Python regius est cité par 12,5% des enquêtés. 18,75% utilisent
le Crocodilus cataphractus. 47,5% utilisent le chien sauvage, 36,25% utilisent Felis silvestris
silvestris et seulement 3,75% utilisent les singes, zinwo en langue fon (Tableau 2).
Tableau 2 : Fréquence de citation des espèces animales terrestres
Noms locaux Noms scientifiques Fréquence de citation
Wô 47,5
Vè
Varanus
exanthematicus 43,75
Alouloui Felis silvestris silvestris 36,25
Lô
Crocodilus
cataphractus 18,75
Hon Python regius 12,5
Zinwo 3,75
FORMES D’UTILISATION DE LA MANGROVE
La mangrove est un écosystème d’une grande biodiversité offrant de nombreux services
écosystémiques. Elle est donc le support de nombreuses activités. Au total, sept formes
d’utilisations de la mangrove ont été citées par les enquêtés. La figure 5 nous présente les
fréquences de citation de ces formes d’utilisations.
EVALUATION DES DIFFERENTES FORMES DE PRESSIONS ANTHROPIQUES SUR LA MANGROVE ET
IMPLICATION POUR UNE GESTION DURABLE
Problématique, approche méthodologique, milieu d’étude
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Figure 5 : Proportion d’utilisation de la mangrove
• La collecte des ressources halieutiques : Il s’agit là de la pêche, la chasse au crabe, la collecte
d’huîtres (Photo 1 et 2). C’est la forme d’utilisation dominante (60%). On constate en
parallèle l’adoption par la population dans les villages d’Azizahouè et Houakpè-Kpèvi de la
pisciculture et de l’ostréiculture. Toutefois, ces techniques visant la production plutôt que la
cueillette demeurent encore très peu répandues actuellement.
Photo 1 : Exemple de ressources halieutiques
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IMPLICATION POUR UNE GESTION DURABLE
Problématique, approche méthodologique, milieu d’étude
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Photo 2 : Piège traditionnel à poisson
• La production de sel : elle est la deuxième forme d’utilisation (43,75%), et demande aux
producteurs une forte quantité de bois de feu et de l’espace (Photo 3). Les saliculteurs, afin de
déterminer les emplacements propices à leur activité observent les peuplements de Paspalum
vaginatum qui seraient des indicateurs salins. Ainsi, ils défrichent, l’espace désigné laissant
quelques arbres pour l’ombrage.
Photo 3 : Dispositif de préparation de sel
La collecte de plantes médicinales : C’est la troisième forme d’utilisation identifiée
(11,25%). Elle est, comparativement aux deux premières, très faible parce que peu à peu délaissé
pour l’achat de produits pharmaceutiques modernes. Un tel phénomène traduirait une érosion des
connaissances en pharmacopée des populations. La photo 4 montre une espèce de plante collectée à
des fins médicinales.
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IMPLICATION POUR UNE GESTION DURABLE
Problématique, approche méthodologique, milieu d’étude
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Photo 4 : Exemple de plantes collectées pour des fins médicinales
• La collecte de bois : Selon les enquêtés, elle est une forme d’utilisation actuellement peu
pratiquée (8,75%). En effet dans les villages de Djègbadji, Houakpè-Daho ou encore Avlékété
les interdictions de coupe de bois dans la mangrove sont faites et respectées. Cette situation
amène les populations à s’orienter vers des espèces alternatives en dehors de la mangrove
comme Acacia auriculiformis, et Cocos nucifera pour le bois énergie.
• La collecte de plantes pour l’artisanat : L’artisanat (Confection de nattes de sacs à mains ou
de porte-monnaie) est une activité pratiquée par quelque rares personnes et ne représente
qu’une source secondaire de revenue pour les populations. Ainsi, la collecte de la plante dans
un but artisanal constitue-t-elle une forme d’utilisation secondaire.
• L’agriculture et la chasse : Elles sont faiblement citées soit 1,25% de fréquence de citation.
Il ressort de cette figure que les formes d’utilisations prédominantes sont la collecte des
ressources halieutiques et la production de sel. Les populations riveraines des mangroves sont donc
principalement des pêcheurs et des saliculteurs. Cela traduit alors une forte pression sur les
différentes ressources halieutiques (poisson, crustacées) et une forte dégradation du couvert de la
mangrove. En effet, afin de déterminer les espaces propices à la production de sel, les salicultrices
recherchent les espaces peuplés par Paspalum vaginatum qu’elles défrichent, ce qui entraînent la
dégradation de l’écosystème. Aussi, le test d’indépendance Chi² montre que les formes d’utilisation
citées dépendent du sexe (Chi-Sq = 26,384; DF = 6; P-Value = 0,001). En effet, La collecte des
ressources halieutiques est typique des hommes tandis que la production de sel est typique des
femmes. Ce paramètre est à prendre en compte lors de tout projet de conservation basé sur les
ressources halieutiques ou sur les ressources végétales.
EVALUATION DES DIFFERENTES FORMES DE PRESSIONS ANTHROPIQUES SUR LA MANGROVE ET
IMPLICATION POUR UNE GESTION DURABLE
Problématique, approche méthodologique, milieu d’étude
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VALEUR D’USAGE DES ESPECES EXPLOITEES
2.4. Valeur d’usage des espèces végétales
La figure 6 présente la valeur d’usage totale des espèces végétales exploitées. L’espèce
ayant le potentiel d’usage ethnobotanique le plus élevé est Rhizophora racemosa (VUt=3,38)
principalement dû aux usages faits en bois de service (VU=1,66) et en bois de feu (VU=1,23).
Suivent ensuite Avicennia africana (VUt=1,85) et Phoenix reclinata (VUt=1,43). Les espèces avec
les valeurs d’usage les plus faibles sont les herbacées : Cyperus articulatus (VUt=0,9),
Acrostichum aureum (VUt=0,41) et Paspalum vaginatum (VUt=0,18). Ces différentes valeurs
traduisent le niveau de pression que subissent les espèces végétales exploitées. L’espèce la plus
prélevée est le Rhizophora racemosa..
Figure 6 : Valeur d’usage totale des différentes espèces végétales exploitées
2.5. Valeur d’usage total des espèces halieutiques
La pêche fait partie des activités prépondérantes dans le milieu. Ceci laisse présager une
forte pression sur les ressources halieutiques. La figure 7 présente la valeur d’usage ethnobiologique
totale pour chaque espèce halieutique. Les espèces ayant une forte valeur ethnobiologique sont
Pomadasys jubelini (4,95), Lutjanus agennes (4,8), Salmo trutta (4,77). Outre ces espèces, Silurus
granis (4,5), Penaeus duorarum (4,58), Aratus pisonii (4,43), Crassostrea gasar (3,37) et Ucides
cordatus (2,52). De ces données, il ressort que les populations exercent une forte pression sur les
ressources halieutiques (poisson, crustacés). Les différentes espèces citées constituent la base de
l’alimentation des populations riveraines de la mangrove. Assaisonnement, apport nutritionnel, elles
EVALUATION DES DIFFERENTES FORMES DE PRESSIONS ANTHROPIQUES SUR LA MANGROVE ET
IMPLICATION POUR UNE GESTION DURABLE
Problématique, approche méthodologique, milieu d’étude
-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
sont présentes sous maintes formes dans plusieurs mets. Aussi sont-elles sujettes à un important
commerce. Certaines comme Crassostrea gasar font objet d’exportation. Somme toute, les lacs
Djessin, Domè et la lagune de Djègbadji, regorgent de nombreuses espèces liées à la mangrove et
d’une grande importance pour les populations. Avec l’explosion démographique, phénomène
encore plus visible près de la côte, les différents projets de conservation de la mangrove devrait
tenir compte de ces espèces afin d’éviter d’engendrer un éventuel déséquilibre dans l’écosystème
mangrove.
Figure 7 : Valeur d’usage totale des différentes ressources halieutiques
2.6. Valeur d’usage totale des espèces animales terrestres
Le Tableau 3 présente la valeur d’usage ethnobiologique des différentes espèces animales
terrestres. On observe que la valeur d’usage de ces espèces ne dépasse guère 1, mettant en exergue
la faible importance accordée à ces espèces par la population. Varanus exanthematicus (0,8625) ; le
chien sauvage (0,6125), sont les espèces aux plus forts potentiels. Les espèces comme Felis
silvestris siliestris et le chien sauvage sont des espèces jugées dangereuses et difficiles à capturer.
Par ailleurs le Singe, le Python regius et Crocodilus cataphractus sont des totems ou Vodoun. Bien
qu’interdit que pour les Xwédah, ces espèces ne sont pas assez convoitées par les autres groupes
socio-linguistiques. En effet, les populations riveraines de la mangrove ne sont pas de mœurs
chasseuse et se révèlent plutôt dédaigneuses de ces espèces. A Azizahouè, les autorités locales en
concordance avec les chefs religieux utilisent ces animaux afin de protéger certaines portions de
mangrove.
Tableau 3 : Valeur d’usage totale des espèces animales terrestres
EVALUATION DES DIFFERENTES FORMES DE PRESSIONS ANTHROPIQUES SUR LA MANGROVE ET
IMPLICATION POUR UNE GESTION DURABLE
Problématique, approche méthodologique, milieu d’étude
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Noms locaux
Noms scientifiques Valeur d'usage totale
Vè
Varanus
exanthematicus 0,8625
Wô 0,6125
Alouloui Felis silvestris silvestris 0,4625
Lô
Crocodilus
cataphractus 0,2625
Hon Python regius 0,1625
Zinwo 0,025
COMMENTAIRES DES RESULTATS DE L’ENQUETE
ETHNOBIOLOGIQUE
Nos résultats montrent que divers organes des espèces végétales sont utilisés par les
populations en fonction de leurs besoins socio-économique, alimentaire, culturel et pharmaceutique.
Les fruits, les feuilles, les racines, les écorces et même la plante en entier (cas particulier des
herbacés) font ainsi objet d’utilisation. Les méthodes d’enquêtes ethnobiologiques fournissent des
données quelque peu subjectives, en dépit de ces quelques biais, elles aboutissent à des résultats
assez concluant (Camou-Guerrero et al, 2008). Ainsi, les résultats obtenus du traitement des
informations collectées au travers d’enquête socio-économique et ethnobiologique ont également
permis d’identifier les espèces aux valeurs d’usage les plus élevées. Rhizophora racemosa est
l’espèce végétale ayant la valeur d’usage totale la plus élevée (Figure 6). Elle est souvent utilisée
comme bois de feu et quelque fois comme bois de service. Selon les riverains de la mangrove, les
formations de palétuviers seraient en net progression. Ces résultats infirment ceux de BAMISSO.
(2006), qui a souligné une tendance à la destruction de la mangrove et une dénudation des berges
principalement due aux activités salicoles, aux commerces des bois de mangrove et la chasse au
crabe. Bien que toujours présentes, l’impact négatif de ces différentes activités est réduit par les
nombreuses campagnes de sensibilisations et les reboisements initiés par divers ONG (CREDI,
ECO-ECOLO, ACTION Plus, ECO-BENIN), les institutions internationales ainsi que les initiatives
locales (Sacralisation d’îlots de mangrove, Interdiction de prélèvement par période). Ces données
permettent donc de constater que les formations de mangrove sont en meilleure santé. Toutefois, ces
informations doivent être relativisées car les populations malgré une certaine prise de conscience
expriment dans quelques localités un agacement par rapport aux nombreux projets « sans suite ne
tenant pas forcement compte de leurs intérêts ». Dans la catégorie de l’ichtyofaune, Pomadasys
jubelini est l’espèce au potentiel d’usage le plus élevé (Figure 7). Les ressources halieutiques en
général et Pomadasys jubelini en particulier a une place très importante dans l’alimentation des
populations locales et un fort potentiel économique. Il est donc important qu’en plus des différents
EVALUATION DES DIFFERENTES FORMES DE PRESSIONS ANTHROPIQUES SUR LA MANGROVE ET
IMPLICATION POUR UNE GESTION DURABLE
Problématique, approche méthodologique, milieu d’étude
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projets destinés à reboiser la mangrove, les acteurs de la protection prévoient des actions de
promotion et de vulgarisation de techniques de pisciculture des espèces locales objet de
prélèvement plutôt important.
EVALUATION DES DIFFERENTES FORMES DE PRESSIONS ANTHROPIQUES SUR LA MANGROVE ET
IMPLICATION POUR UNE GESTION DURABLE
Résultats
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SOUS-CHAPITRE II : RESULTAT DE L’ANALYSE DIACHRONIQUE
1. EVOLUTION SPATIO-TEMPORELLE DE LA MANGROVE DANS LE
SUD DE LA COMMUNE DE OUIDAH
Cette partie présente l’évolution spatio-temporelle des différentes unités d’occupation du sol
du Sud de la commune de Ouidah et particulièrement celle de la mangrove sur un intervalle de
temps de 15 ans (1995-2010).
1.1. Etat d’occupation des terres en 1995 et en 2010
En 1995, huit unités d’occupation du sol étaient présentes dans le secteur d’étude. La
physionomie du paysage était dominée par les formations marécageuses et les plans d’eau chacun
d’une superficie respective de 28,57 km² soit 43,09% du secteur étudié et 12,47km² soit 18,80% du
secteur étudié (Tableau 4, Figure 8). Ensuite viennent les plantations (8,28 km²) et les formations de
mangrove (5,58 km² soit 8,42% de la superficie du secteur d’étude). Ces mangroves étaient
présentes le long des plans d’eaux. Aussi constate-t-on qu’elles étaient plus répandues au Sud-Est
de la commune : de Kouvenanvidé à Djègbamè (Figure 8). Les unités les moins représentées
étaient les bandes de plages sablonneuses (4,584 km²), les champs et jachères (4,15km²), les
agglomérations (2,38 km²) et les champs et jachères sous palmeraie (0,30 km²).
En 2010, le secteur d’étude est constitué des unités auparavant présentes. Les formations
marécageuses couvrant 25,21 km² restent largement dominantes, suivent les plantations avec 12,56
km². Suivent les plans d’eau (9,95 km²), les champs et jachères (5,05 km²), la plage sablonneuse
(4,75 km²). En sixième position viennent les mangroves d’une superficie de 4,52 km² soit 6,82 % du
secteur d’étude.
Tableau 4 : Superficies des unités d’occupation du sol (1995_2010)
Unités d'occupation du sol
1995 2010
Bilan (%)
S (km²) P (%) S (km²) P (%)
Plantation 8,28 12,48 12,56 18,95 6,46
Mangrove 5,58 8,42 4,52 6,82 -1,61
Champs et jachères sous palmeraie 0,30 0,45 0,92 1,38 0,93
Champs et jachères 4,15 6,26 5,02 7,57 1,31
Formation marécageuse 28,57 43,09 25,21 38,02 -5,07
Plage sablonneuse 4,58 6,91 4,79 7,23 0,32
Agglomération 2,38 3,58 3,34 5,03 1,45
Plan d'eau 12,47 18,80 9,95 15,01 -3,80
Total 66,30 100,00 66,30 100,00
EVALUATION DES DIFFERENTES FORMES DE PRESSIONS ANTHROPIQUES SUR LA MANGROVE ET IMPLICATION
POUR UNE GESTION DURABLE
Résultats
-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Figure 8 : Unités d’occupation du sol en 1995 et en 2010
EVALUATION DES DIFFERENTES FORMES DE PRESSIONS ANTHROPIQUES SUR LA MANGROVE ET
IMPLICATION POUR UNE GESTION DURABLE
Résultats
-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
1.2. Dynamique des différentes unités d’occupation du sol en
particulier de la mangrove entre 1995 et 2010
La matrice de transition (tableau 5) présente l’évolution spatio-temporelle des formations de
mangrove et des autres unités d’occupation du sol entre 1995 et 2010. Les cellules des lignes et
celles des colonnes représentent respectivement les unités d’occupation du sol de 1995 et de 2010.
Les cellules de la diagonale indiquent les superficies des unités restées inchangées au fil du temps.
La lecture des lignes vers les colonnes permet d’observer les conversions survenues dans le temps.
Tableau 5 : Matrice de transition entre 1995 et 2010
Unités
de 1995
Unités de 2010
Sup. totale
en 1995PL
M
Mgr
C
CJP
C
CJ
F
FM
P
PS
A
AG
P
PE
PL
8,19
0
0
0
0
0
0,07
0
0,01
0
0
0
0,01
0
0 8,28
Mgr
0
4
4,5
0
0
0
0
0
0,90
0
0
0
0
0
0,18 5,58
CJP
0
0
0
0
0,24
0
0,06
0
0
0
0
0
0
0
0 0,30
CJ
0,96
0
0
0
0,68
0
0,813
1
1,43
0
0,21
0
0,06
0
0 4,15
FM
3,33
0
0,02
0
0
4
4,08
2
20,26
0
0
0
0,89
0
0 28,57
PS
0
0
0
0
0
0
0
0
0
4
4,579
0
0
0
0,00 4,58
AG
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
2
2,38
0
0 2,38
PE
0,09
0
0
0
00
0
0
2
2,61
0
0
0
0
9
9,77 12,47
Sup. totale
en 2010 12,56
4
4,52
0
0,92
5
5,02
2
25,21
4
4,79
3
3,34
9
9,95 66,30
Légende : AG= Agglomération ; PE= Plan d’eau ; PS= Plage sablonneuse ; FM= Formation marécageuses ;
CJ= Champs et jachères ; CJP= Champs et jachères sous palmeraie ; Mgr= Mangrove ; PL= Plantation
Le taux de conversion (Tableau 6) permet d’avoir une meilleure compréhension du degré
de conversion d’une unité en chacune des autres. Un pourcentage élevé montre un fort degré de
conversion de l’unité d’occupation du sol.
Tableau 6 : Taux de conversion Tc des unités d’occupation (%)
EVALUATION DES DIFFERENTES FORMES DE PRESSIONS ANTHROPIQUES SUR LA MANGROVE ET
IMPLICATION POUR UNE GESTION DURABLE
Résultats
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Unités d’occupation du sol Tc (%)
Plantation 1,15
Mangrove 19,30
Champs et jachères sous palmeraie 19,46
Champs et jachères 80,42
Formation marécageuse 29,08
Plage sablonneuse 0
Agglomération 0
Plan d'eau 21,63
Il ressort de la matrice que 4,5 km² des forêts de mangrove sont restées inchangés sur les
5,58 km² initiaux. En tout, 1,08 km² de mangrove ont subi une conversion dont 0,9 km² en faveur
des forêts marécageuses et 0,18 km² en faveur des plans d’eau. Le taux moyen annuel d’expansion
spatial (calculé exclusivement pour la mangrove) révèle qu’elle perd 0,014 km²/an. Aussi constate-
t-on que 19,30% des mangroves ont été convertis (Tableau 6).
Au niveau des forêts marécageuses, sur 28,57 km² ; 20,26 km² sont restés inchangés soit un
taux de conversion de 29,08% le reste s’étant convertis en plantation (3,33 km²), en mangrove (0,02
km²), en champs et jachères (4,08 km²) et constructions humaines (0,89 km²). Concernant les plans
d’eau, 9,77 km² sont restés stables sur les 12,47 km² initiaux ; le reste s’étant converti en plantations
(0,09 km²) et en forêts marécageuses (2,61 km²). Les superficies de plantations sont restées en
grande partie stable : 8,19 km² sont restés inchangés sur 8,28 km² initiaux soit un taux de
conversion de 1,15% ; le reste ayant été convertie en champs et jachères (0,07 km²), en formations
marécageuses (0,01 km²) et constructions humaines (0,01 km²). Les champs et jachères par contre
sont restés peu stables : 0,813 km² sur les 4,15 km² initiaux soit un taux de conversion de 80,42%,
le reste converti en plantations, en champs et jachères sous palmeraie, en forêts marécageuses, en
plage sablonneuse, et en constructions humaines. 0,24 km² de champs et jachères sous palmeraie
sont restés stables tandis que 0,6 km² a été transformé en champs et jachères. Par contre les
agglomérations et plages sablonneuses n’ont subi aucune conversion.
En somme, les plantations, champs et jachères, champs et jachères sous palmeraie, plages
sablonneuses et agglomérations ont connu une dynamique évolutive sur la période d’étude. Ceci
aux dépens des autres unités d’occupation que sont les plans d’eau, les forêts marécageuses et la
mangrove. On constate que mis à part les plages sablonneuses, les unités d’occupation ayant connu
une progression de leur superficie sont des unités insérées dans le milieu par des activités humaines.
De façon générale, on peut dire que le milieu subit une anthropisation. Par contre, on constate que la
mangrove bien qu’ayant connu une régression, n’a aucunement été convertie en unité
EVALUATION DES DIFFERENTES FORMES DE PRESSIONS ANTHROPIQUES SUR LA MANGROVE ET
IMPLICATION POUR UNE GESTION DURABLE
Résultats
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« anthropique ». En effet, la régression de la mangrove due aux différentes activités socio-
économiques (Coupe de bois de feu, bois de service : sous-chapitre I) est en faveur des forêts
marécageuses et plan d’eaux.
INTENSITES DE CHANGEMENT DES UNITES D’OCCUPATION DU SOL
EN PARTICULIER DES FORMATIONS DE MANGROVE
La figure 9 présente l’intensité de changement opérée par unité d’occupation du sol.
L’analyse de cette figure montre que les modifications sont d’intensité différente et varie d’une
unité à l’autre.
Légende : AG= Agglomération ; PE= Plan d’eau ; PS= Plage sablonneuse ; FM= Formation marécageuses ; CJ= Champs et
jachères ; CJP= Champs et jachères sous palmeraie ; Mgr= Mangrove ; PL= Plantation
Figure 9: Intensité des changements survenus pour chaque unité d’occupation du sol
Les bandes représentant les formations marécageuses, les champs et jachères et les plans
d’eau présentent toutes des zones de pertes, de gain et de stabilité, chacune couvrant le secteur
d’étude dans des proportions différentes. Par contre, on constate que les agglomérations, les plages
sablonneuses, les plantations et les champs et jachères sous palmeraie ne présentent que des zones
de stabilité et de gain alors que la mangrove est la seule unité d’occupation du sol présentant des
zones de pertes et de stabilité. Ainsi, les formations marécageuses sont les unités d’occupation du
EVALUATION DES DIFFERENTES FORMES DE PRESSIONS ANTHROPIQUES SUR LA MANGROVE ET
IMPLICATION POUR UNE GESTION DURABLE
Résultats
-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
sol où les changements apparus sur 51% du secteur d’étude sont les plus significatifs avec 13% de
perte contre 7% de gain et 31% de stabilité. Suivent les plans d’eau sur 19,5% du secteur d’étude
(4% de perte contre 0,5% de gain avec 15% de stabilité), les plantations sur 19% du secteur d’étude
(0% de perte contre 7% de gain et 12% de stabilité) et les champs et jachères sur 12% du secteur
d’étude (1% de stabilité pour 6% de gain contre 5% de perte). La mangrove quant à elle a subi des
changements d’intensité plus ou moins faibles mais régressifs : 9% sur le secteur d’étude avec une
stabilité de 7%, seulement 2% de perte mais 0% de gain. Viennent enfin les plages sablonneuses
7,5% de changement sur le secteur d’étude (7% de stabilité et 0,5% de gain), les agglomérations sur
5% du secteur d’étude (4% de stabilité et 1% de gain) et les champs et jachères sous palmeraie sur
seulement 1,5% du secteur d’étude.
INTENSITE ET VITESSE DE CHANGEMENT DES UNITES
D’OCCUPATION DU SOL
La figure 10 présente l’intensité et les vitesses de changements des différentes unités
d’occupation des terres. La position du graphe par rapport à la ligne de zone uniforme détermine
l’intensité du changement (à gauche les changements sont dits lents ou dormant, à droite ils sont
rapides ou actifs).
EVALUATION DES DIFFERENTES FORMES DE PRESSIONS ANTHROPIQUES SUR LA MANGROVE ET
IMPLICATION POUR UNE GESTION DURABLE
Résultats
-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Légende : AG= Agglomération ; PE= Plan d’eau ; PS= Plage sablonneuse ; FM= Formation marécageuses ; CJ= Champs et jachères ;
CJP= Champs et jachères sous palmeraie ; Mgr= Mangrove ; PL= Plantation
Figure 10 : Intensité et vitesse de changements des différentes unités d’occupation
Les champs et jachères sont les unités d’occupation du sol ayant eu la vitesse de changement
la plus élevée avec 84% de gain 80% de perte. Ensuite, nous avons les champs et jachères sous
palmeraie (avec 74% de gain et 19% de perte), les plantations (35% de gain et 1% de perte), les
forêts marécageuses (29% de perte et 20% de gain) et les agglomérations (29% de gain).Viennent
après les plans d’eaux ( 22% de perte et 2% de gain).La mangrove quant à elle suit avec 19% de
perte et à peine 0,5% de gain, enfin les plages sablonneuses (4% de gain).
De cette analyse, on retient que les unités aux changements rapides sont les champs et
jachères, les champs et jachères sous palmeraie. Les agglomérations et les plantations subissent
également des changements assez actifs. Concernant la mangrove, les changements observés sont
en grande partie des pertes (19%) et sont lentes.
COMMENTAIRES DES RESULTATS DE L’ANALYSE DIACHRONIQUE
L’évaluation de l’évolution spatio-temporelle du couvert mangrove dans le Sud de la
commune de Ouidah présente une régression de l’écosystème. En effet, la mangrove a perdu sur 15
ans, 19,30% de sa superficie (Tableau 6). La majeure partie de cette superficie perdue a été
convertie en forêts marécageuses et une infirme partie en plan d’eau. Ainsi, la régression de la
mangrove a été en faveur d’un autre écosystème humide contrairement à ce qui a été observé dans
d’autres pays où les forêts littorales ont laissé place à des formations anthropisées (FAO, 2007).
Aussi, la conversion de la mangrove en plan d’eau indique une érosion des berges dénudées. Sa
dégradation est donc également induite en partie par la dynamique des plans et cours d’eau et
l’érosion des berges (Bamisso, 2006). De plus, la vitesse et l’intensité de changement se sont
avérées plutôt faibles. Ceci indique que les efforts de conservation bien qu’éparses et non
coordonnés ont permis de réduire un tant soit peu la pression et ralentir le rythme de dégradation de
la mangrove. Cette amélioration de la situation n’est pas à prendre pour acquis. Le Sud du Bénin est
une région densément peuplée sujette à une pression foncière croissante, véritable menace pour les
ressources forestières (Kaisso et al, 2008). Les besoins de la population iront donc en grandissant et
EVALUATION DES DIFFERENTES FORMES DE PRESSIONS ANTHROPIQUES SUR LA MANGROVE ET
IMPLICATION POUR UNE GESTION DURABLE
Résultats
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la mangrove reste indéniablement une source importante de revenue qu’il est important de
conserver.
EVALUATION DES DIFFERENTES FORMES DE PRESSIONS ANTHROPIQUES SUR LA MANGROVE ET
IMPLICATION POUR UNE GESTION DURABLE
Analyse diagnostique
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CHAPITRE IV: ANALYSE DIAGNOSTIQUE DE LA STRUCTURE DE
STAGE AU REGARD DE LA CONSERVATION DES ECOSYSTEMES
DE MANGROVE.
1.FORCES FAIBLESSES OPPORTUNITES ET MENACES
Le stage que nous avons effectué à la DGFRN au sein du projet de restauration de la
mangrove nous a permis de constater les différents facteurs favorables ou non à la restauration d’un
écosystème en générale et de la mangrove en particulier (Tableau 7).
Tableau 7: Analyse diagnostique des activités du Projet Mangrove
FORCES
- Existence d’une cellule autonome chargée du projet
- Disponibilité de ressources financières
- Existence d’un programme prédéfini
- Bonne gestion des ressources financières et humaines
- Aspect genre pris en compte
- Collaboration avec les populations locales pour les actions de restauration
- Jeunesse et dynamisme du personnel
- Soutien d’une institution internationale intervenant dans la protection de la mangrove
FAIBLESSES
- Absence sur le terrain
- Retard accumulé dans l’exécution des activités
- Absence de collaboration avec d’autres structures de protection de la mangrove
- Manque de personnel
OPPORTUNITES
- Existence de lois, décrets et arrêtés favorables
- Disponibilité de plants pour le reboisement
- Importance reconnue de l’écosystème
- Disponibilité des élus locaux et associations villageoises
EVALUATION DES DIFFERENTES FORMES DE PRESSIONS ANTHROPIQUES SUR LA MANGROVE ET
IMPLICATION POUR UNE GESTION DURABLE
Analyse diagnostique
-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
MENACES
- Agacement des populations au vue des nombreux projets déjà passés
- Mauvaise perception de certaines populations locales par rapport à la mangrove
CONTRAINTES DANS LA MISE EN ŒUVRE DU PROJET
L’exécution du projet fait face à plusieurs contraintes :
 les populations sont attachées aux techniques traditionnelles d’exploitation de la mangrove
(Production de sel traditionnel, utilisation de fours traditionnels) ;
 agacement des populations faces aux nombreux projets précédents restés sans suite ;
 satisfaction des populations locales face à l’amélioration naissante de l’état de la mangrove
d’où une certaines nonchalance à participer au projet .
ANALYSE DES RESULTATS DE DIAGNOSTIC
Le projet « Restauration des Ecosystèmes de Mangroves du Site Ramsar 1017 en
République du Bénin » possède un « potentiel écologique » intéressant et apporterait de nombreux
bénéfices aussi bien directs qu’indirects aux populations locales. Les principales activités
préconisées sont le reboisement et l’insertion de nouvelles techniques d’exploitation des ressources
de la mangrove (Fours Shocore pour le fumage de poisson). Le reboisement effectué dans les
villages pilotes du projet est plutôt récent et les résultats ne seront visibles que d’ici une dizaine
d’année. La promotion des fours Shocore est encore à l’étape fœtale. Le projet est donc en plein
début d’exécution avec des perspectives assez encourageantes. Cependant certaines caractéristiques
sociales du milieu menacent son bon déroulement. L’amélioration progressive de l’état des
formations de mangroves rend les populations « suffisantes » et « lasses » des projets. Ce
comportement quasi général est l’un des facteurs externes ralentissant les actions de restauration
initiées par la structure. Aussi a-t-il réduit le choix des villages pilotes dans le secteur d’étude. Outre
les facteurs externes, certains facteurs internes comme la lenteur dans l’exécution des tâches sur le
terrain ralentissent l’avancée du projet. Ainsi, afin d’assurer le bon déroulement du projet mais
surtout pour éviter un regain d’activités destructrices vis-à-vis de la mangrove, il est important de
poursuivre la sensibilisation et de dynamiser et varier les interventions tout en responsabilisant
progressivement les populations.
EVALUATION DES DIFFERENTES FORMES DE PRESSIONS ANTHROPIQUES SUR LA MANGROVE ET
IMPLICATION POUR UNE GESTION DURABLE
Analyse diagnostique
-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Des différentes analyses menées, les suggestions suivantes sont faites pour améliorer les
actions de restauration :
• promouvoir les cultures hors-sol d’espèces animales halieutiques à grande valeur
alimentaire ;
• faire participer les populations aux choix des sites de reboisement ;
• accorder une aide sociale aux villages favorables aux projets de restauration.
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Mémoire Fadel

  • 1. REPUBLIQUE DU BENIN MINISTERE DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE (MESRS) UNIVERSITE DE PARAKOU ECOLE NATIONALE SUPERIEURE D’AMENAGEMENT ET DE GESTION DES AIRES PROTEGEES (ENSAGAP) OPTION : FAUNE-FLORE Mémoire de fin de formation pour l’obtention de la Licence Professionnelle en Aménagement et Gestion des Aires Protégées EVALUATION DES DIFFERENTES FORMES DE PRESSIONS ANTHROPIQUES SUR LA MANGROVE ET IMPLICATION POUR UNE GESTION DURABLE DANS LA COMMUNE DE OUIDAH AU BENIN Présenté par TANDA Mohamed Cheick Fadel. Superviseur Co-superviseur Prof Madjidou OUMOROU Dr Ir Laurent G. HOUESSOU 1ère Promotion ANNEE ACADEMIQUE : 2014 – 2015 Réalisé par TANDA Mohamed C.F.
  • 2. EVALUATION DES DIFFERENTES FORMES DE PRESSIONS ANTHROPIQUES SUR LA MANGROVE ET IMPLICATION POUR UNE GESTION DURABLE Certification ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- CERTIFICATION Je soussigné, Prof Madjidou OUMOROU, certifie que ce travail a été réalisé sous ma supervision par Mohamed Cheick Fadel TANDA, étudiant à l’Ecole Nationale Supérieure d’Aménagement et de Gestion des Aires Protégées (ENSAGAP) de l’Université de Parakou, Après maintes corrections, je l’autorise à déposer le nombre d’exemplaires exigé par la coordination des études en vue de sa soutenance. Prof Madjidou OUMOROU Maitre de Conférences des Universités, CAMES I Réalisé par TANDA Mohamed C.F.
  • 3. EVALUATION DES DIFFERENTES FORMES DE PRESSIONS ANTHROPIQUES SUR LA MANGROVE ET IMPLICATION POUR UNE GESTION DURABLE Dédicace ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- DEDICACE Je dédie ce travail à : • Mon père TANDA Hilaire • Ma mère TANDA Rafiatou • Ma sœur MAMA Reynath II Réalisé par TANDA Mohamed C.F.
  • 4. EVALUATION DES DIFFERENTES FORMES DE PRESSIONS ANTHROPIQUES SUR LA MANGROVE ET IMPLICATION POUR UNE GESTION DURABLE Remerciements ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- REMERCIEMENTS Avant tout propos je voudrais remercier mon superviseur, le Professeur Madjidou OUMOROU, Maître conférence des Universités (CAMES), Directeur de l’Ecole Nationale Supérieure d’Aménagement et de Gestion des Aires Protégées et mon co-superviseur le Dr Ir Laurent HOUESSOU, pour leurs conseils et leur disponibilité qu’ils ne m’ont pas marchandés pendant la rédaction de cet ouvrage. Je voudrais également remercier l’administration de notre Université, et tous nos enseignants pour toute l’aide qu’ils ont bien voulu nous apporter, la disponibilité et les efforts fournis afin de nous offrir une formation de qualité. Je remercie aussi les responsables du Laboratoire de Cartographie et du Projet de Restauration des Ecosystèmes de Mangrove de la DGFRN, le Dr Ismaïl TOKO et le Commandant Isaac QUENUM pour m’avoir accepté en stage dans leurs structures respectives. Cette expérience fut très enrichissante ; la confiance qu’ils m’ont accordée a été très motivante. Je les remercie de m’avoir permis d’effectuer ces recherches et d’avoir reçu mon travail avec beaucoup d’intérêt. Je remercie Deen NOUROU pour sa disponibilité, son aide et ses conseils. Je remercie Mr Mathias GBOGBANOU, forestier en service à Ouidah, avec qui j’ai travaillé lors des enquêtes ethnobiologiques. Je n’oublie pas Mr Stanislas DJIMADJA, stagiaire à la DGFRN. Merci également à Mon père, à ma mère et à ma sœur pour leur soutien inconditionnel. J’exprime ma profonde gratitude à tous ceux qui, de près ou de loin, ont contribué à la rédaction de ce mémoire. Je n’ai pas pu les citer tous. III Réalisé par TANDA Mohamed C.F.
  • 5. EVALUATION DES DIFFERENTES FORMES DE PRESSIONS ANTHROPIQUES SUR LA MANGROVE ET IMPLICATION POUR UNE GESTION DURABLE Remerciements ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- TABLE DES MATIERES SOUS-CHAPITRE I : RESULTATS D’ENQUETE ETHNOBIOLOGIQUE.............................................................................30 SOUS-CHAPITRE II : RESULTAT DE L’ANALYSE DIACHRONIQUE.................................................................................40 CHAPITRE V : PROPOSITION DE PROJET DE GESTION DES RESSOURCES DE LA MANGROVE......................................51 RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES..............................................................................................................................I Liste des Figures FIGURE 1 : ORGANIGRAMME DE LA DGFRN............................................................................................................14 FIGURE 2 : SITUATION DES ARRONDISSEMENTS DU SUD DE OUIDAH......................................................................21 FIGURE 3 : NIVEAU D’IMPORTANCE PERÇUE DE LA MANGROVE PAR LES POPULATIONS LOCALES............................30 FIGURE 4 : FRÉQUENCE DE CITATION DES DIFFÉRENTES ESPÈCES VÉGÉTALES EXPLOITÉES........................................31 FIGURE 5 : PROPORTION D’UTILISATION DE LA MANGROVE....................................................................................33 FIGURE 6 : VALEUR D’USAGE TOTALE DES DIFFÉRENTES ESPÈCES VÉGÉTALES EXPLOITÉES.......................................36 FIGURE 7 : VALEUR D’USAGE TOTALE DES DIFFÉRENTES RESSOURCES HALIEUTIQUES..............................................37 FIGURE 8 : UNITÉS D’OCCUPATION DU SOL EN 1995 ET EN 2010..............................................................................41 FIGURE 9: INTENSITÉ DES CHANGEMENTS SURVENUS POUR CHAQUE UNITÉ D’OCCUPATION DU SOL.....................44 FIGURE 10 : INTENSITÉ ET VITESSE DE CHANGEMENTS DES DIFFÉRENTES UNITÉS D’OCCUPATION...........................46 IV Réalisé par TANDA Mohamed C.F.
  • 6. EVALUATION DES DIFFERENTES FORMES DE PRESSIONS ANTHROPIQUES SUR LA MANGROVE ET IMPLICATION POUR UNE GESTION DURABLE Remerciements ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Liste des tableaux TABLEAU 1 : FRÉQUENCE DE CITATION DES ESPÈCES ANIMALES HALIEUTIQUES......................................................31 TABLEAU 2 : FRÉQUENCE DE CITATION DES ESPÈCES ANIMALES TERRESTRES..........................................................32 TABLEAU 5 : MATRICE DE TRANSITION ENTRE 1995 ET 2010....................................................................................42 TABLEAU 6 : TAUX DE CONVERSION TC DES UNITÉS D’OCCUPATION (%).................................................................42 TABLEAU 7: ANALYSE DIAGNOSTIQUE DES ACTIVITÉS DU PROJET MANGROVE........................................................48 TABLEAU 8 : INVESTISSEMENT................................................................................................................................57 TABLEAU 9 : DÉPENSE PRÉVISIONNELLE..................................................................................................................57 TABLEAU 10 : COÛT GLOBAL DU PROJET.................................................................................................................58 TABLEAU 11 : AMORTISSEMENT.............................................................................................................................58 TABLEAU 12 : COÛT DE PRODUCTION.....................................................................................................................59 TABLEAU 13 : QUANTITÉ DE POISSONS DE D’HUÎTRES PRODUITS............................................................................59 TABLEAU 14 : RENDEMENT PRÉVISIONNEL..............................................................................................................60 TABLEAU 15 : CASH FLOW DU PROJET.....................................................................................................................60 TABLEAU 16 : VALEUR ACTUALISÉE NET..................................................................................................................60 Liste des photos PHOTO 1 : EXEMPLE DE RESSOURCES HALIEUTIQUES..............................................................................................33 PHOTO 2 : PIÈGE TRADITIONNEL À POISSON...........................................................................................................34 PHOTO 3 : DISPOSITIF DE PRÉPARATION DE SEL......................................................................................................34 PHOTO 4 : EXEMPLE DE PLANTES COLLECTÉES POUR DES FINS MÉDICINALES..........................................................35 PHOTO 5 : INDIVIDUS DE POMADASYS JUBELINI FRAICHEMENT PÊCHÉS.................................................................52 PHOTO 6 : INDIVIDUS DE LUTJANNUS AGENNES FRAICHEMENT PÊCHÉS..................................................................53 PHOTO 7 : HUÎTRE COLLECTÉE PAR LES BONNES DAMES.........................................................................................53 V Réalisé par TANDA Mohamed C.F.
  • 7. EVALUATION DES DIFFERENTES FORMES DE PRESSIONS ANTHROPIQUES SUR LA MANGROVE ET IMPLICATION POUR UNE GESTION DURABLE Liste des Sigles et Abréviations ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS AFEL : Association des Femmes Exploitantes de la Lagune CEDA : Centre pour l’Environnement et le Développement en Afrique DGFRN : Direction Générale des Forêts et Ressources Naturelles FAO : Food and Agriculture Association GPS : Global Positionner Service LaCarto : Laboratoire de Cartographie MAEP : Ministère de l’Agriculture de l’Elevage et de La Pêche MECGCC RPRNF : Ministre de l’Environnement Chargé de la Gestion des Changements Climatiques, du Reboisement et de la Protection des Ressources Naturelles et Forestières ONAB : Office National du Bois PAZH : Programme d’Aménagement des Zones Humides PNUE : Programme des Nations Unis pour l’Environnement PPL : Projet Pêche Lagunaire TdR : Thème de Référence UICN : Union Internationale pour la Conservation de la Nature UNEP : United Nations Environmental Program FAP : Forces Armées Populaires RESUME
  • 8. EVALUATION DES DIFFERENTES FORMES DE PRESSIONS ANTHROPIQUES SUR LA MANGROVE ET IMPLICATION POUR UNE GESTION DURABLE Liste des Sigles et Abréviations ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- La Direction Générale des Forêts et Ressources Naturelles (DGFRN) est une structure étatique dont l’objectif est de protéger et de gérer durablement les ressources forestières béninoises. Ainsi, le projet « Restauration des Ecosystèmes de Mangroves du Site Ramsar 1017 en République du Bénin » a été initié par la FAO et piloté par la DGFRN. Le stage nous a permis, non seulement, d’observer le bon fonctionnement et la bonne organisation de la structure, mais aussi, d’identifier les principaux freins à la mise en œuvre du projet. La principale difficulté ressortie est la réticence des populations à participer du fait des multiples projets déjà présents dans le milieu. Les enquêtes ethnobiologiques et l’analyse diachronique sur les années 1995 à 2010 du couvert des formations de mangroves ont également permis d’observer les diverses pressions anthropiques exercées sur l’écosystème et sa réaction à travers sa dynamique spatio-temporelle dans la Commune de Ouidah au Bénin. Les formes d’exploitation prédominantes de la mangrove sont la pêche et la saliculture. Ainsi, les ressources les plus sollicitées sont les ressources végétales et halieutiques. Rhizophora racemosa est l’espèce végétale la plus utilisée (VUt=3,375) alors que Pomadasys jubelini est l’espèce halieutique la plus utilisée (VUt=4,95). En ce qui concerne la dynamique spatio-temporelle de l’écosystème, la mangrove a perdu 19,30% de sa superficie de 1995 à 2010. Cette régression est principalement due aux différentes activités socio-économiques menées dans le secteur d’étude. Son taux de dégradation sur cette période est estimé à 1,37 ha/an, taux en diminution par rapport à celui observé dans les périodes précédentes. Les différents projets de restauration de la mangrove ainsi que les campagnes de sensibilisation ont alors contribué à améliorer la santé de l’écosystème. Des missions de suivi et d’accompagnement sont cependant nécessaires afin de renforcer l’acquis des populations et garantir une gestion durable de l’écosystème. A cet effet, un mini-projet est élaboré dans le but de promouvoir une forme d’exploitation durable des ressources de la mangrove. Mots clés : Dégradation, gestion, durable, dynamique spatio-temporelle,
  • 9. EVALUATION DES DIFFERENTES FORMES DE PRESSIONS ANTHROPIQUES SUR LA MANGROVE ET IMPLICATION POUR UNE GESTION DURABLE Résumé ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- ABSTRACT The Forest and Natural Resources Executive Direction is public office in charge of the protection and sustainable management of Benin natural resources. Thereby, the mangrove restoration Project on Ramsar Site 1017 initiated by FAO is implemented by the FNREM (Forest and Natural Resources Executive Manager). Our survey in this structure enables us to notice a good organization. Though, we also remark difficulty in application of a project. In our case the main trouble is the irritation of some local population again projects becoming oppressive. Ethnobiology survey and diachronic analysis of the mangrove ecosystem over 1995-2010 years highlight the various anthropogenic pressures on the ecosystem and its response through spatio-temporal dynamic in the district of Ouidah in Benin. The frequent use categories of the ecosystem are fishing and salt production. So, the most used resources are plant and ichtyofauna.. Rhizophora racemosa is the most used plant (VUt= 3,375) and Pomadasys jubelini is the most used ichtyofauna resource. Mangrove over 1995-2010 years loses 19.3%. This regression is mainly induced by the human activities in the survey area. The regression rate is estimated to 1,37 ha/year which appear smaller than past findings in the same area. Many mangrove restoration project and sensitization campaign contribute to enhance this ecosystem health. Therefore, there is a need of accompaniment and following of local population to enhance their experience and ensure durable management of the ecosystem. So a project is elaborated to promote sustainable exploitation of mangrove resources. Keyword: Spatio-temporal dynamic, regression, management, sustainable
  • 10. EVALUATION DES DIFFERENTES FORMES DE PRESSIONS ANTHROPIQUES SUR LA MANGROVE ET IMPLICATION POUR UNE GESTION DURABLE Résumé ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- INTRODUCTION GENERALE Contexte du stage La perte de la biodiversité est un problème d’envergure planétaire. A l’instar du reste du monde, le Bénin fait face à la destruction de ses biotopes naturels et donc à la disparition progressive de sa biocénose. En 2012, le pays a été classé par le World Ressources Institute & Greenpeace, 4e sur la liste des pays à fort taux de déforestation. La mangrove, biotope particulier aux services écosystémiques variés et non moins importants (OIBT, 2003) fait partie des écosystèmes les plus menacés au Bénin. Conscient de la tendance à la dégradation des ressources naturelles et de l’importance de leur conservation pour le développement durable, le gouvernement du Bénin a opté pour la création de l’Ecole Nationale Supérieure d’Aménagement et de Gestion des Aires Protégées pour la formation des ressources humaines qualifiées en matière de conservation des ressources naturelles au Bénin. Cette école est officiellement créée par l’arrêté N°2012-615 du MESRS du 06 novembre 2012 et forme des apprenants au grade de Licence Professionnelle en Aménagement et Gestion des Aires Protégées. La formation est conçue pour donner aux apprenants plus d’aptitude à l’auto- emploi. C’est ainsi que des sorties pédagogiques et stages sont organisés au profit des étudiants pour comprendre les réalités du terrain. A cet effet, après cinq semestres de formation dans cette école, un stage pratique est effectué pour mieux connaître le monde professionnel en vue de rédiger un mémoire de fin de formation. Il était donc important pour moi d’effectuer un stage dans des structures m’offrant la possibilité de vivre les réalités d’une entreprise de gestion des ressources naturelles, de participer à l’amélioration des performances de cette dernière tout en me permettant de recueillir des informations valables sur mon thème. Aussi un projet d’activités génératrices de revenus a été élaboré pour me permettre de m’auto-employer. Le laboratoire de cartographie de l’Université d’Abomey-Calavi et la Direction Générale (DGFRN) à travers le Projet de Gestion de la Mangrove représentaient pour moi les institutions appropriées. Structure du mémoire La présentation de ce mémoire s’échelonnera en trois chapitres. Le premier chapitre est une brève présentation des structures de stage. Le second chapitre présente la problématique, l’approche méthodologique et le milieu d’étude.
  • 11. EVALUATION DES DIFFERENTES FORMES DE PRESSIONS ANTHROPIQUES SUR LA MANGROVE ET IMPLICATION POUR UNE GESTION DURABLE Résumé ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Le troisième chapitre présente les résultats des enquêtes menées sur le terrain et les travaux de cartographie effectués. Le quatrième chapitre présente l’analyse diagnostique de la structure de stage suivi d’une discussion Enfin nous terminerons par un mini-projet de gestion durable des ressources de la mangrove.
  • 12. EVALUATION DES DIFFERENTES FORMES DE PRESSIONS ANTHROPIQUES SUR LA MANGROVE ET IMPLICATION POUR UNE GESTION DURABLE Stage en milieu professionnel ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- CHAPITRE I : STAGE EN MILIEU PROFESSIONNEL 1.PRESENTATION DES STRUCTURES DE STAGES ET DES ACTIVITES MENEES 1.1. La DGFRN 1.1.1. Historique et situation géographique de la DGFRN Dans le but de protéger, de conserver et de gérer durablement les ressources naturelles forestières et fauniques des colonies d’Afrique Occidentale Française, le service forestier fut créé le 23 juillet 1938 par arrêté N° 2428 du 04-07-1938. Le service des Eaux –Forêts et Chasse a été créé par le gouvernement général de l’Afrique Occidentale Française. Il était dirigé par un officier des eaux et forêts du cadre général des colonies. Cette administration n’a pas intégré la grande famille militaire. Elle ne l’a été qu’à travers la loi N°77-14 du 25 mars 1977 portant création des Forces Armées Populaires (FAP) du Benin. Cette loi a commencé à être appliquée grâce à la loi N°81-014 du 10 octobre 1981 qui a été modifiée et complétée par la loi N°88-006 du 25 avril 1988. Le 18 Juin 1990, la loi portant création des FAP fut abrogée par la loi N°90-015. Cette nouvelle loi a entrainé la désaffiliation de l’administration forestière qui, avec le temps, a été renommée DFRN (Direction des Forêts et des Ressources Naturelles) jusqu’en 2005. Elle fonctionnait alors sous tutelle du Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche (MAEP). En 2006, la dénomination de la Direction a été modifiée. Elle est devenue la Direction Générale des Forets et des Ressources Naturelles (DGFRN). Son personnel travaille désormais sous la tutelle du Ministère chargé de la Gestion des Changements Climatiques, du Reboisement et de la Protection des Ressources Naturelles et Forestières (MECGCCRPRNF) suivant l’arrêté N°2060/MAEP/D-CAB/SGM/DRH/SA du 23 juin 2006. La Direction Générale des Forêts et des Ressources Naturelles siège près de l’Office National du Bois (ONAB) à PK3, 5, route de Porto- Novo plus précisément en face de la poste. Elle se trouve en face du Ministère de la Santé. 1.1.2. Objectifs et missions Les objectifs de la Direction Générale des Forêts et des Ressources Naturelles sont de reconstituer le domaine forestier national (Conserver durablement des ressources forestières), de
  • 13. EVALUATION DES DIFFERENTES FORMES DE PRESSIONS ANTHROPIQUES SUR LA MANGROVE ET IMPLICATION POUR UNE GESTION DURABLE Stage en milieu professionnel ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- satisfaire les besoins de la population en bois, en viandes de chasse, de protéger les ressources zoo génétique et phytogénétique. Les missions de la DGFRN se répartissent en fonctions exclusives et en fonctions non exclusives. Les fonctions exclusives Les fonctions exclusives sont: • l’élaboration et la mise en œuvre de politiques, stratégies et programmes de développement du secteur forestier ; • la coordination, la planification et le suivi-évaluation du secteur forestier ; • l’élaboration et le suivi de l’application des textes législatifs et règlementaires en matière de forêt et de faune ; • l’élaboration des plans d’aménagement des domaines classés de l’Etat ; • la validation préalable des plans d’aménagement forestier et des réserves de faune ; • l’administration de la mise en œuvre des plans d’aménagement des domaines classés de l’état ; • l’orientation, le suivi et le contrôle des acteurs (publics et privés) intervenant dans la gestion des ressources naturelles ; • le Développement institutionnel impliquant le renforcement des capacités des différents acteurs dans leurs rôles ; • le suivi de la mise en œuvre des conventions et des accords internationaux ratifiés en matière de forêt et de faune ; • l’animation d’un cadre de concertation intersectorielle impliquant tous les intervenants du secteur forestier ; • l’organisation et l’exécution des activités de police forestière ;
  • 14. EVALUATION DES DIFFERENTES FORMES DE PRESSIONS ANTHROPIQUES SUR LA MANGROVE ET IMPLICATION POUR UNE GESTION DURABLE Stage en milieu professionnel ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- • l’élaboration et le suivi de la mise en œuvre de stratégie de financement du secteur forestier. Les fonctions non exclusives Il s’agit de : • la préservation et la restauration du domaine protégé de l’état ; • la constitution et le suivi du domaine protégé de l’état ; • la promotion des filières porteuses des produits forestiers ligneux et non ligneux ; • l’assistance aux particuliers et aux collectivités locales pour l’élaboration et la mise en œuvre des plans d’aménagement dans les domaines de la flore et de la faune ; • l’exécution des travaux relatifs à la conservation et à la gestion des eaux et des sols, en collaboration avec les services techniques sectoriels ; • la mise en œuvre d’une stratégie de communication pour la promotion du changement de comportement en relation avec la direction de la promotion de l’écocitoyenneté et toutes autres structures habilitées ; • la mise en œuvre des conventions et accords internationaux ratifiés en matière de forêt et de faune ; • l’appui-conseil aux collectivités locales dans le domaine de gestion durable des forêts, de la faune et des ressources naturelles ; • la perception des redevances forestières et fauniques ; • la perception de taxes liées aux ressources naturelles conformément aux dispositions de lois de finances et autres textes législatifs et réglementaires en vigueur. 1.1.3. Organigramme La Direction Générale des Forêts et Ressources Naturelles fonctionne sous la tutelle du Ministère de l’Environnement Chargé de la Gestion des Changements Climatiques du Reboisement et de la Protection des Ressources Naturelles et Forestières (MECGCCRPRNF). La figure 1
  • 15. EVALUATION DES DIFFERENTES FORMES DE PRESSIONS ANTHROPIQUES SUR LA MANGROVE ET IMPLICATION POUR UNE GESTION DURABLE Stage en milieu professionnel ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- présente l’organigramme de la DGFRN. Au total, elle compte trois Directions aux activités complémentaires. Figure 1 : Organigramme de la DGFRN - - la Direction des Politiques, du Suivi et du Contrôle de l’Exploitation Forestière (DPCEF) ; - la Direction de la Conservation et de la Promotion des Ressources Naturelles (DCPRN) ; - la Direction des Services de l’Intendance (DSI) ; - le Service du Suivi des Accords et Conventions, de l’Information, de l’Education et de la Communication (SAIEC) ; - le Service de la Planification, du Suivi-Evaluation, de la Statistique, de la Synthèse et de la Documentation (SPSES) ; - le Service de Réglementation, du Contrôle et du Contentieux (SRCC) ; - le Service d’Appui à la Gestion des Plantations et de la Promotion du Reboisement (SAGPR) ; - le Service de l’Aménagement des Forêts et de la Protection de la Nature (SAFPN) ; - le Service de la Promotion des Activités Génératrices de Revenus et des Energies Alternatives(SPGREA) ; - le Service des Finances (SF) ; - le Service de la Logistique, du Matériel des Infrastructures et de la Transmission (SLMIT) ; - le Service de la Passation des Marchés (SPM) ; - la Division Formation du Personnel (DFP) ; - la Division Gestion des Carrières du Personnel (DGCP) ; - la Division Administrative (DA). 1.1.4. La DGFRN et le Projet Mangrove La DGFRN est en collaboration avec de nombreuses ONG, Institutions nationales et internationales dont la FAO. Le Projet « Restauration des Ecosystème de Mangroves du Site
  • 16. EVALUATION DES DIFFERENTES FORMES DE PRESSIONS ANTHROPIQUES SUR LA MANGROVE ET IMPLICATION POUR UNE GESTION DURABLE Stage en milieu professionnel ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Ramsar 1017 en République du Bénin » est initié par la FAO et exécuté par la DGFRN. L’objectif principal de ce projet est la mise en place de mécanismes de gestion durable de la mangrove en vue de contribuer au bien-être et à la sécurité alimentaire des populations riveraines. Les cibles du projet sont les populations et les organisations locales des villages pilotes et des communes retenues. Les bénéficiaires indirects sont essentiellement les populations et organisations locales, les ONG, les chercheurs, les services techniques, l’Etat et le secteur privé, les organisations régionales et les universitaires intervenant dans la zone du projet et concernés par la conservation et la gestion durable des écosystèmes des mangroves. Le projet est prévu pour une durée de 2 ans. La zone d’intervention concerne le Site Ramsar 1017 qui s’étend sur 47500 ha constitué de deux blocs de mangroves discontinues à savoir :  la mangrove du Lac Ahémé (Dépression de SéhouGbato, île de Mitogbodji à Kpétou et le Nord de la pointe d’Ountoun) ;  la mangrove de la lagune côtière (Mangrove de Hillacondji à Djegbadji, mangrove de Djegbadji à Togbin) ;  la mise en œuvre de ce projet est assurée par une cellule spécialement mise en place au sein de la DGFRN et il est exécuté selon trois axes que sont :  le renforcement des capacités institutionnelles, techniques et matérielles des acteurs de la gestion durable des mangroves ;  la protection, la régénération et la restauration durables de la mangrove et de terres dégradées et érodées ;  l’amélioration de la connaissance des ressources (potentiel, structure, fonctionnement et meilleures conditions et outils de restauration et de gestion durable). Ainsi, la DGFRN était le cadre idéal pour le bon déroulement de mes recherches. Tel que nous l’avons souligné précédemment en dehors de la DGFRN qui nous a accueilli comme structure de stage, nous avons aussi effectué un stage au LaCarto (Laboratoire de Cartographie) de l’Université d’Abomey-Calavi. 1.2. LaCarto Le Laboratoire de Cartographie est un Laboratoire d’étude et de recherche créé au Département de Géographie et Aménagement du territoire (DGAT) de la Faculté des Lettres, Arts et Sciences Humaines (FLASH) de l’Université d’Abomey-Calavi (UAC). Le Lacarto a pour objectifs :
  • 17. EVALUATION DES DIFFERENTES FORMES DE PRESSIONS ANTHROPIQUES SUR LA MANGROVE ET IMPLICATION POUR UNE GESTION DURABLE Stage en milieu professionnel ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- - la promotion de la cartographie au Bénin ; - le renforcement des capacités scientifiques de ses membres ; - la formation des étudiants de Géographie et des autres facultés, en cartographie appliquée à l’ordinateur ; - la formation des enseignants et autres demandeurs en cartographie ; - l’élaboration et l’exécution des projets de recherche ; - l’exécution d’études et recherches sur appels d’offre nationaux et/ou internationaux ; - la mise en réseau des acteurs et des institutions de cartographie du Bénin et de la sous-région. Le LaCarto peut accueillir et former des chercheurs stagiaires venant d’autres Universités. C’est dans ce cadre qu’il m’a été permis d’effectuer un stage dans cette structure afin de bénéficier de toute l’aide nécessaire dans la réalisation d’une analyse diachronique portant sur mon mémoire. ACTIVITES MENEES 1.3. Activités menées à la DGFRN Quatre activités ont marqués le stage à la DGFRN. Il s’agit principalement des activités de : - reboisement sur les artères principales de la ville de Cotonou ; - séance d’échange avec les groupements de femmes de la localité de Hiyo ; - patrouille préventive et répression des exploitants en infraction ; - archivage et programmation des activités du projet de « Restauration des Ecosystèmes de Mangroves du Site Ramsar 1017 en République du Bénin ». Il est important de préciser que des quatre activités, trois sont dans le cadre particulier du projet de restauration de la mangrove. En effet, seul le reboisement a été mené dans le cadre général des activités de la DGFRN. 1.3.1. Description des activités  Reboisement sur les artères principales de la ville de Cotonou Le reboisement des artères principales de la ville de Cotonou s’est effectué à base de plants de Khaya senegalensis. La principale voie ayant été reboisée est celle menant à l’avenue Steinmetz et au Passage à niveau de Notre Dame. Durant ces trois heures de reboisement, neuf stagiaires de la DGFRN ont planté en tout une centaine de pieds de Khaya senegalensis à des emplacements prédéfinis et déjà aménagés. L’objectif principal de cette activité est de
  • 18. EVALUATION DES DIFFERENTES FORMES DE PRESSIONS ANTHROPIQUES SUR LA MANGROVE ET IMPLICATION POUR UNE GESTION DURABLE Stage en milieu professionnel ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- reverdir la ville de Cotonou et ainsi lutter contre la pollution atmosphérique qui sévit dans la ville.  Séance d’échange avec les groupements de femmes de la localité de Hiyo La localité de Hiyo est située dans l’arrondissement de Djegbadji et est l’un des trois villages pilotes du projet « Restauration des Ecosystèmes de Mangroves du Site Ramsar 1017 en République du Bénin ». L’Association des Femmes Productrices de Poisson Fumé (AFPPE) est l’un des groupements concernés par le projet. Au cours de la rencontre organisée avec ladite association il a été question de : - planifier les activités de reboisement de la mangrove ; - confirmer la participation des populations locales au reboisement. Le reboisement est une activité qui nécessite une programmation minutieuse et demande la participation des populations locales. Afin de mener à bien cette activité importante pour la réussite du projet, il est nécessaire d’établir une relation étroite avec les populations en gardant le contact et en organisant des échanges. La séance ainsi organisée a permis aux femmes d’exprimer leur vision de la mangrove et leur perception du projet. - Patrouille préventive et répression des exploitants en infraction La patrouille préventive et la répression d’exploitants forestiers en infraction est une activité qui accompagne la restauration de l’écosystème. En effet, il s’agit de sorties visant à dissuader les délinquants et arrêter ceux pris en flagrant délit d’infraction. Une telle action nécessite une bonne préparation, une bonne connaissance du terrain et du pragmatisme. Ainsi, lors des patrouilles il a fallu interpeller plusieurs exploitants forestiers avec promptitude et fermeté. Une arrestation se fait suivant un processus bien défini qu’il est important de respecter afin d’éviter tout dérapage : - interpeller l’individu ; - demander son autorisation (S’il n’est pas en possession de son autorisation, il est alors considéré comme un délinquant) ; - stopper et saisir sa machine et/ou son moyen de déplacement ; - embarquer l’individu et l’emmené au poste. Cependant, faire usage de violence lors de ces arrestations est prohibé sauf pour se défendre.
  • 19. EVALUATION DES DIFFERENTES FORMES DE PRESSIONS ANTHROPIQUES SUR LA MANGROVE ET IMPLICATION POUR UNE GESTION DURABLE Stage en milieu professionnel -----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------  Archivage et programmation des activités du projet de « Restauration des Ecosystèmes de Mangroves du Site Ramsar 1017 en République du Bénin » L’archivage et la programmation des activités du projet consiste à répertorier toutes les activités déjà menées jusque là et établir un planning pour les activités à venir. L’archivage est l’établissement de la chronologie des activités. Outre la chronologie des activités menées, les partenaires ou tout autre personne ou groupes ayant participé à chaque activité ont également été répertoriés. L’objectif étant de fournir un rapport complet et fidèle à l’Administration de la DGFRN (Direction Générale des forêts et Ressources Naturelles) ainsi qu’à la FAO (Food and Agriculture Organization). La programmation est le planning des activités à venir. Il m’a été permis d’assister à l’élaboration d’un TdR (Thème de référence) rédigé pour chaque activité prévue. Un TdR permet de : - justifier l’activité ; - présenter l’activité ; - définir clairement les objectifs ; - définir les résultats attendus. Un TdR est en effet, un « mini-protocole de travail ». 1.4. Activités au Laboratoire de Cartographie Notre stage au LaCarto (Laboratoire de Cartographie) a été marqué par une activité principale : - la manipulation des logiciels de Cartographie et de télédétection : cette activité devait nous permettre de répondre à l’objectif 2. Ainsi, assisté d’un cartographe expérimenté, il nous a été permis de respecter toutes les étapes de cartographie et de télédétection afin de réaliser des cartes valables et utilisables pour une analyse diachronique. CHAPITRE II : PROBLEMATIQUE, APPROCHE METHODOLOGIQUE, MILIEU D’ETUDE 1.PROBLEMATIQUE
  • 20. EVALUATION DES DIFFERENTES FORMES DE PRESSIONS ANTHROPIQUES SUR LA MANGROVE ET IMPLICATION POUR UNE GESTION DURABLE Stage en milieu professionnel ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- La mangrove est une forêt de palétuviers qui se développent dans les zones intertidales des régions intertropicales (Blasco, 1991). Elle constitue un des écosystèmes uniques au monde se développant dans un environnement où seules des espèces précises et caractéristiques s’y trouvent puisqu’elle subit des influences, à la fois, des océans et de l’interland (Mithathapala, 2008). La mangrove est présentée dans 112 pays et régions du monde (Bingham et kathiresans, 2001), et occuperait près de 18 millions d’hectares (Spalding, 1997). Autrefois peu étudiée, la mangrove fait aujourd’hui objet d’un intérêt scientifique grandissant en raison de son importance écologique et économique non négligeable (Ndour, 2005). Dans plusieurs régions du monde elle a été reconnue comme une zone nourricière et d’alimentation pour les poissons (Ngom, 2000 ; Nagelkerken et al., 2000). La FAO décrit les forêts de mangrove comme un refuge, un lieu de ponte qui aide à la conservation de nombreuses espèces de reptiles (crocodiles, iguanes), de mammifères et d’oiseaux. Les mangroves offrent également de nombreux autres services comme la séquestration du carbone, le filtrage des eaux, la stabilisation du littoral et la protection contre les catastrophes naturelles (Mcloed et Salm, 2006). Elle est désignée comme la sentinelle verte des côtes (MFF India, 2010). Outre que, ces forêts procurent d’importants revenus aux populations riveraines ; elles représentent le fief de nombreuses activités génératrices de revenus. Au Bangladesh et en Inde par exemple, le miel récolté dans les mangroves est une industrie locale produisant près de 20 tonnes par an et par hectare (Miththapala, 2008). Dans plusieurs pays, l’élevage de crevette dans les mangroves constitue un pilier de l’économie nationale (Mcloed et Salm, 2006). Près de 80% des pêches dans le monde dépendent directement ou indirectement des mangroves (Sullivan, 2005) et selon l’UNEP une mangrove exploitée durablement pourrait rapporter entre 200000$ et 900000$ par an par km². Pourtant, aujourd’hui, près de 60km² de forêts de mangrove sont menacés (UNEP-WCMC, 2006). Au Costa Rica, en Honduras ou au Guatemala les mangroves sont transformées en ferme à crevettes (FAO, 2007). Dans de nombreux pays de l’Afrique de l’Ouest, l’extraction de sel a entraîné la destruction de vaste surface de forêts littorales (Bertrand, 1991). L’humanité dans sa lutte pour la réduction de la pauvreté et la protection de l’environnement ne peut se permettre une telle perte. Au Bénin, le quart des mangroves a disparu entre 1980 et 2007 (PNUE, 2007). En dépit des nombreuses actions de restauration entreprises afin d’inverser la tendance, les récentes recherches révèlent que si rien n’est fait, cet écosystème si précieux disparaitra totalement d’ici 2040 (Anagonou, 2013). Eu égard à tout ce qui précède, il est important de poursuivre les investigations sur les différentes pressions anthropiques qui s’exercent sur la mangrove afin de déterminer les causes de ces dernières et ainsi élaborer des programmes de gestion proactifs et durables.
  • 21. EVALUATION DES DIFFERENTES FORMES DE PRESSIONS ANTHROPIQUES SUR LA MANGROVE ET IMPLICATION POUR UNE GESTION DURABLE Stage en milieu professionnel ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- C’est dans cette dynamique que le sujet intitulé « Evaluation des différentes formes de pressions anthropiques sur les mangroves au Bénin et implication pour une gestion durable » a été retenu pour les travaux de fin de formation en Licence. L’objectif principal de cette étude est d’analyser les formes de pressions sur les écosystèmes de mangroves afin d’inverser la tendance à la dégradation de ces écosystèmes. De façon spécifique, cette étude vise à : • déterminer les formes d’utilisation ainsi que la valeur d’usage ethnobiologique des principales ressources de la mangrove ; • réaliser une analyse diachronique de l’évolution de la mangrove ; • faire une analyse diagnostique de la structure de stage et des activités menées au regard de la conservation des mangroves ; • proposer un projet de valorisation et de conservation durable de la mangrove. Les hypothèses de recherche à vérifier sont les suivantes : • l’importance accordée aux ressources de la mangrove varie suivant les caractéristiques socio-démographiques des enquêtés ; • les écosystèmes de mangrove ont significativement régressé en superficie au cours des quinze (15) dernières années ; • il existe différentes activités permettant de valoriser la mangrove tout en respectant les normes écologiques.
  • 22. EVALUATION DES DIFFERENTES FORMES DE PRESSIONS ANTHROPIQUES SUR LA MANGROVE ET IMPLICATION POUR UNE GESTION DURABLE Problématique, approche méthodologique, milieu d’étude ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- MILIEU D’ETUDE 1.1. Milieu géographique Ouidah est une commune du Sud-ouest du Bénin. Elle est limitée au nord par la commune de Tori-bossito, au Sud par l’Océan Atlantique, à l’Est par la commune d’Abomey-calavi et à l’Ouest par la commune de Grand-popo. Elle est située entre 2° et 2°15 de latitude Nord et entre 6°15 et 6°30 de longitude Est. Ville côtière de basse altitude, elle couvre une superficie de 364 Km² et est incluse dans le Site Ramsar 1017. Figure 2 : Situation des arrondissements du Sud de Ouidah Sur le plan géomorphologique, la commune de Ouidah est caractérisée par un plateau argilo sableux du continental terminal. La zone d’étude est quant à elle marquée par un dépôt de sédiments fluvio-lagunaire actuel ou subactuel. Dans le Sud de la commune, on rencontre des sols sablonneux. Il s’agit des sols des cordons, des marécages et des mangroves présents dans les arrondissements d’Avlékété, de Djègbadji, de Houakpè-Daho et dans la partie Sud de Ouidah1 et de Ouidah 2. Les sols des mangroves et des marécages sont en général des sols hydromorphes, moyennement organiques, humiques à gley, peu ou pas salés indifférenciés, sur alluvions et matériau alluvio- colluvial fluviatile. Ces sols sont riches en acides fulviques, peu évolués (Amoussou, 2003). Aussi
  • 23. EVALUATION DES DIFFERENTES FORMES DE PRESSIONS ANTHROPIQUES SUR LA MANGROVE ET IMPLICATION POUR UNE GESTION DURABLE Problématique, approche méthodologique, milieu d’étude ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- un peu plus au nord de la commune, on rencontre des sols ferralitiques faiblement désaturés, appauvris, modaux sur sédiments meubles argilo sableux du continental terminal ainsi que des sols lessivés à tendance podzolique (SERHAU, 1992). Ils sont généralement présents dans les arrondissements de Savi, de Gakpé et dans la partie Nord de Ouidah 1, 2,3 et 4. Son relief peu accidenté est essentiellement constitué d’un bas plateau et d’une plaine côtière subdivisée en plusieurs cordons littoraux. Ceux-ci sont étroits, parsemés de bas-fonds marécageux, de lacs et lagunes. Les principaux plans d’eau de ce système lacustre et lagunaire sont : Djessin, Domè, la lagune de Djègbadji et le lac Toho. Ils sont alimentés par les fleuves Mono et Couffo. La profondeur de ces cours d’eaux varie d’un mètre à trois mètres selon l’endroit. La commune de Ouidah est exposée à un climat subéquatorial béninien à deux saisons sèches et deux saisons pluvieuses. La grande saison pluvieuse va d’Avril à juillet et la petite d’Août à Septembre. Durant ces périodes, la proportion de précipitation varie respectivement entre 40 à 65 % et 18 à 30 %(Boko, 1988). La grande saison sèche va d’Octobre à Novembre et la petite de Décembre à Mars. La pluviosité détermine le niveau des eaux dans les lacs et les lagunes influençant ainsi le taux de salinité des écosystèmes de mangrove. Les conditions de la sécheresse favorisent quant à elles la constitution de l’humus. Les températures sont élevées sans être excessives, entre 28 et 32°C au maximum, entre 23 et 26°C au minimum. La hauteur d’eau annuelle varie entre 950 mm et 1150 mm. La végétation est essentiellement constituée de forêts claires, de palmeraies, de cocoteraies et de forêts de mangrove. On retrouve également des reliques de forêts sacrées à travers certains îlots de forêts sacrées comme celles de Kpassè-zoumè et celles d’Avlékété. Les cocoteraies représentent la végétation du littoral. La zone d’étude qu’est la mangrove constitue l’un des écosystèmes humides du Site Ramsar 1017 situé au sud-ouest du Benin (Convention Ramsar sur les zones humides). Elles ne se développent qu’aux rives des lagunes côtières saumâtres en raison de l’absence d’un delta actif et d’une houle particulièrement violente (Spalding, 1997). Au point de vue de la diversité en espèces de cet écosystème, on note six espèces de mangrove courante ; Rhizophora racemosa, Avicennia africana, Avicennia nitida, Dalbergia escataphyllum, Laguncularia racemosa, Drepanocarpus lunatus (CEDA, 2007). Ces espèces se -développent sur un substrat sablo vaseux et sont soumises à un régime irrégulier et un milieu hyposalin. Certaines portions de mangrove atteignent encore 22 mètres de hauts (Spalding, 1997. La mangrove est une zone à grande diversité faunique.
  • 24. EVALUATION DES DIFFERENTES FORMES DE PRESSIONS ANTHROPIQUES SUR LA MANGROVE ET IMPLICATION POUR UNE GESTION DURABLE Problématique, approche méthodologique, milieu d’étude ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Pour l’avifaune, on dénombre de nombreuses espèces autochtones et des migrateurs afrotropicales ou paléarctiques Pour l’ichtyofaune, près de 71 espèces de poissons. Pour la faune mammalienne, en grande partie composée de mangoustes, de lamantins, de potamochères et de quelques primates. Pour les reptiles, ils sont représentés par le python de sebae, le python royal ainsi que les tortues marines et terrestres. La faune quant à elle est plus de type aquatique aussi bien d’eau douce que d’eau salée. Ces caractéristiques climatiques du milieu sont les éléments régisseurs de l’hydrodynamique des cours et plans d’eau. Ces conditions climatiques, édaphiques, hydrologiques ainsi que la marée sont importantes pour l’établissement et le bon fonctionnement des forêts de mangroves. 1.2. Milieu humain La commune de Ouidah compte 10 arrondissements et 60 villages et quartiers de ville. Les différents arrondissements sont : Ouidah I, Ouidah II, Ouidah III, Ouidah IV, Avlékété, Djègbadji, Gakpé, Houakpè-Daho, Pahou et Savi. Les différents groupes sociolinguistiques et socioculturels rencontrés dans le milieu sont les Fon 69,8% ; Adja 16,5% ; Yoruba 9,0% ; Bariba 0,5% ; Dendi 0,3%. Les Xwéda, Aîzo et métis sont considérés comme des groupes apparentés aux Fon et constituent avec ces derniers 80% des arrondissements ruraux et 60% des arrondissements urbains. Le paysage religieux est dominé par deux types de religions ; les religions traditionnelles et celles modernes. Les religions traditionnelles sont polythéistes avec des divinités comme le Legba, le Heviosso/Tchango, Dan ou le Sakpata, Aussi existe-t-il de nombreuses divinités claniques. Les religions modernes regroupent essentiellement les courants chrétiens (catholicisme, protestantisme, église évangélique) et l’islam (CEDA, 2007). 1.2.1. Activités socio-économiques Les principales activités menées dans la commune de Ouidah sont : l’agriculture, l’élevage, la pêche, la transformation de divers produits, exploitation de carrière de sable, le tourisme, l’artisanat et le transport (CEDA, 2007).
  • 25. EVALUATION DES DIFFERENTES FORMES DE PRESSIONS ANTHROPIQUES SUR LA MANGROVE ET IMPLICATION POUR UNE GESTION DURABLE Problématique, approche méthodologique, milieu d’étude ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Les activités socio-économiques décrites sont celles menées dans les arrondissements ruraux principalement. Agriculture Dans le nord de la Commune, les principales cultures sont le manioc, le maïs, le niébé, la tomate, le palmier à huile et le cocotier. Tandis que dans le Sud (Djègbadji, Avlékété, Houakpè- Daho et le sud de Pahou) ont rencontre surtout des cultures maraîchères. Elevage L’élevage est très peu développé. Elle représente plutôt une activité secondaire. Les espèces élevées sont surtout les bovins, les ovins, les caprins et la volaille. Pêche La pêche est omniprésente dans la commune de Ouidah particulièrement dans les arrondissements côtiers. Les villages côtiers sont scindés en deux, ceux de l’intérieur pratiquent la pêche continentale et ceux sur la bande sablonneuse la pêche maritime. La pêche est l’activité principale de ces populations. Transformation de divers produits Différents produits sont conçus et transformés dans la commune de Ouidah : la transformation du manioc en tapioca et gari ; la transformation du vin de palme en alcool (sodabi) ; des noix de palme et de coco en huile et du fumage de poisson, fabrication artisanale de biscuits et du pain. La principale activité au Sud de la commune est la production de sel. Matériels et méthodes 1.3. Matériels Matériel pour l’analyse diachronique Le matériel utilisé pour l’étude est : - Logiciels Idrisi Selva 17.0 pour le traitement numérique des images satellitaires Landsat - Arc GIS 10.1 pour les travaux de cartographie et analyses SIG - GPS pour le contrôle-terrain
  • 26. EVALUATION DES DIFFERENTES FORMES DE PRESSIONS ANTHROPIQUES SUR LA MANGROVE ET IMPLICATION POUR UNE GESTION DURABLE Problématique, approche méthodologique, milieu d’étude ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- - Tableur Excel pour le traitement des données statistiques Matériels pour l’enquête ethnobiologique - Carte du secteur d’étude pour la localisation des villages choisis pour l’étude ; - GPS pour la prise des coordonnées géographiques ; - Fiches d’enquête pour les investigations en milieu réel ; - Appareil photographique pour les prises de vues ; - Herbier pour faciliter l’identification des espèces par les enquêtés sur le terrain. - Logiciel minitab pour le traitement statistique - Tableur excel pour le traitement statistique 1.4. Méthode de collecte et d’analyse des données 1.4.1. Objectif spécifique1 Déterminer les formes d’utilisation ainsi que la valeur d’usage ethnobiologique des principales ressources de la mangrove. Hypothèse : L’importance accordée aux ressources de la mangrove varie suivant les caractéristiques socio-démographiques des enquêtés.  Echantillonnage et taille de l’échantillon L’échantillonnage est constitué de trois arrondissements sur les dix de la commune de Ouidah. Les arrondissements choisis sont ceux d’Avlékété, de Djègbadji et de Houakpè-Daho. Ces arrondissements font partie des zones où ils existent des forêts de mangrove qui ont fait l’objet d’une exploitation poussée. Aussi, présentent-ils une certaine diversité en matière de groupes socio- linguistiques offrant une chance d’entrée en contact avec chacune des ethnies. Le nombre de personnes à enquêter est déterminé grâce à la formule n : taille de l’échantillon d’étude, U1-α/2 : valeur de distribution normale pour une valeur de α=1,96, d : marge d’erreur fixée ici à 10%, P : proportion des ménages qui exploitent les ressources de la mangrove (cette proportion a été déterminée lors d’une enquête préliminaire sur 30 personnes choisies aléatoirement à qui nous avons posé la question principale « Exploitez
  • 27. EVALUATION DES DIFFERENTES FORMES DE PRESSIONS ANTHROPIQUES SUR LA MANGROVE ET IMPLICATION POUR UNE GESTION DURABLE Problématique, approche méthodologique, milieu d’étude ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- vous les ressources de la mangrove ? », la proportion de personne P = 0,7 représentant le nombre de personnes ayant répondu oui à notre question pour les 30 personnes enquêtées lors de l’enquête préliminaire) Ainsi la taille de l’échantillon enquêté est de : n=80,64 que nous avons ramenés à 80 personnes  Enquêtes et principales données collectées : Les données ont été collectées au moyen des entretiens structurés auprès de différentes catégories d’acteurs sur la base d’un questionnaire (An1). Les principales données colletées concernent : - les formes d’utilisation des terres ; - les principales activités source de revenus ; - Les espèces ligneuses, halieutiques et animales collectées par catégories d’usage (pharmacopée, alimentation, artisanat ou autre). - Partie ou organe de l’espèce utilisée (appréciation à base d’un score : 1 = peu utilisée, 2 = moyennement utilisée, 3 = très utilisée) - Paramètres estimés pour l’enquête ethnobiologique Les fiches d’enquête sont dépouillées et codifiées manuellement pour un traitement à l’aide du tableur Excel et du logiciel Minitab. Les principaux indices ethnobiologiques estimés sont : Taux de réponse (F) : avec F: taux de réponse calculé; S: nombre de personne ayant donné une réponse positive (Oui) pour l’utilisation de l’organe concerné; N: nombre total de personnes interviewées. Il indique les organes les plus utilisés pour chaque espèce dans le milieu et varie de 0 à 100. La valeur 0 indique que l’organe n’est pas utilisé et 100 lorsque l’organe est dit utilisé par tous les enquêtés. Valeur d’usage ethnobiologique avec si le nombre utilisation par enquête, i le nombre de répondants par usage (Gomez-beloz, 2003)
  • 28. EVALUATION DES DIFFERENTES FORMES DE PRESSIONS ANTHROPIQUES SUR LA MANGROVE ET IMPLICATION POUR UNE GESTION DURABLE Problématique, approche méthodologique, milieu d’étude ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Valeur d’usage totale VU[T] =∑i P Vu[k] avec p le nombre de catégories d’usage (Gomez- beloz, 2003) 1.4.2. Objectif spécifique 2 Réaliser une analyse diachronique de l’évolution de la mangrove Hypothèse : Les écosystèmes de mangrove ont significativement régressé en superficie au cours des 15 dernières années L’étude de l’évolution des mangroves dans le sud du Bénin a été réalisée sur la base de la comparaison des images satellites de la zone côtière du Sud Bénin. Deux images satellites sont prises en compte. Un pas de 15 ans est considéré entre ces deux images. Données utilisées Les données utilisées pour cette étude sont composées de : Image Landsat TM, scène (P192 et R052) de 1995 ; Image Landsat ETM+, même scène (P192 et R052) de 2010. Ces images ont permis de réaliser les cartes d’occupations du sol de 1995 et 2010 du Sud de la commune de Ouidah (Partie Est du Site Ramsar 1017). Paramètres estimés pour l’étude diachronique Taux d’évolution global (Tg) Ce taux permet d’évaluer la variation spatiale des unités d’occupation du sol au cours d’une période donnée (Arouna et al., 2009) ; . Il est calculé à partir de la formule suivante : Avec DS : Variation de la superficie d’une unité d’occupation du sol entre t1 et t2, DS = S2 – S1 avec S1 la superficie d’une unité d’occupation du sol à la date t1, S2 la superficie de la même unité d’occupation du sol à la date t2 ; St la superficie totale de l’ensemble des unités. Matrice de transition
  • 29. EVALUATION DES DIFFERENTES FORMES DE PRESSIONS ANTHROPIQUES SUR LA MANGROVE ET IMPLICATION POUR UNE GESTION DURABLE Problématique, approche méthodologique, milieu d’étude ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- La matrice de transition est une méthode permettant de décrire de manière succincte, sous forme de matrice carrée les changements d’état des éléments d’un système dans un intervalle de temps donnée. Cette matrice ne fournit pas de données sur la distribution spatiale des changements, ni sur les processus et causes ayant abouti aux changements. Elle permet de connaître la proportion d’affectation d’un type i d’utilisation du sol à un état j réalisés pendant la période d’étude. Elle est constituée de X lignes et de Y colonnes. Le nombre de lignes de la matrice indique le nombre de formations végétales et autres unités d’occupation du sol au temps ti ; le nombre Y de colonnes de la matrice est le nombre de classes converties au temps t1 et la diagonale contient les superficies des formations végétales demeurées stables. La lecture des transformations se fait donc des lignes vers les colonnes. Les superficies de ces différentes classes de végétation ont été calculées à partir du croisement des cartes d’occupation du sol de deux dates à l’aide de la fonction Intersect du logiciel Arc GIS 10.1. Taux de conversion Le taux de conversion d’une classe d’unité d’occupation du sol correspond au degré de transformation subie par cette classe en se convertissant vers d’autres classes (Arouna, 2012). En d’autres termes, c’est la quantité de changements observés au niveau d’une unité d’occupation du sol entre la période d’étude (1995-2010). Il a ainsi permis de mesurer le degré de conversion d’une unité donnée en d’autres unités d’occupation du sol. Il s’obtient à partir de la matrice de transition suivant la formule : Sit : Superficie de l’unité paysagère i à la date initiale t ; Sis : Superficie de la même unité demeurée stable à la date t1. Taux moyen annuel d’expansion spatiale Le taux moyen annuel d’expansion spatiale est la proportion de chaque unité d’occupation du sol qui change par an. Bernier (1992) S1 et S2 : Superficie d’une unité paysagère à la date t1 et t2 respectivement ;
  • 30. EVALUATION DES DIFFERENTES FORMES DE PRESSIONS ANTHROPIQUES SUR LA MANGROVE ET IMPLICATION POUR UNE GESTION DURABLE Problématique, approche méthodologique, milieu d’étude ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- t2 – t1 : Nombre d’année d’évolution ; ln = Logarithme népérien ; e = Base du logarithme népérien (e=2,71828). 1.4.3. Objectif spécifique 3 Faire une analyse diagnostique de la structure de stage et des activités menées au regard de la conservation des mangroves. Sur la base de la documentation, des constats faits sur le terrain, à l’observation participante, aux résultats des analyses, aux enquêtes formelles et informelles avec les responsables à différents niveaux nous avons procédé en utilisant l’outil Forces – Faiblesses –Opportunités - Menaces (FFOM) à l'analyse diagnostique des activités menées au regard de la conservation des mangroves par la structure de stage. A cet effet, nous avons identifié les facteurs internes (forces) et facteurs externes (opportunités) qui concourent à la restauration et la sauvegarde de la mangrove (Force) et mis également en exergue les facteurs internes (faiblesse) et facteurs externes (menaces) qui se sont présentés et empêchent d'atteindre les objectifs de conservation durable de la mangrove. 1.4.4. Objectif spécifique 4 Proposer un projet de valorisation et de conservation durable de la mangrove. La proposition d’un projet de valorisation et de conservation durable de la mangrove provient du constat du potentiel écologique et économique que renferme cet écosystème ainsi que de son importance aux yeux des populations locales. Il s’agit ici de relever toutes les particularités et richesses de la mangrove (faune, flore, fonctions écologiques, rôle culturel, cultuel, histoires). Ensuite les présenter dans un plan cohérent et attractif visant à promouvoir cet écosystème sur le territoire national principalement et en dehors. Nous avons discuté avec les populations locales des projets d’activités potentiels pouvant permettre de contribuer significativement à la conservation de la mangrove. Les projets potentiels identifiés sont l’écotourisme, éducation environnementale, la pisciculture, l’ostréiculture, le reboisement. Nous avons ensuite recueilli les avis des populations sur la faisabilité sociale, culturelle ainsi que des opportunités économiques et environnementales de ces projets. Les chances de réussites de chaque projet sont analysées et le projet qui est optimale au point de vue économique, environnemental, social, culturel et religieux est retenu et a fait l’objet d’un micro-projet détaillé dans le présent mémoire.
  • 31. EVALUATION DES DIFFERENTES FORMES DE PRESSIONS ANTHROPIQUES SUR LA MANGROVE ET IMPLICATION POUR UNE GESTION DURABLE Problématique, approche méthodologique, milieu d’étude ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- CHAPITRE III : RESULTATS SOUS-CHAPITRE I : RESULTATS D’ENQUETE ETHNOBIOLOGIQUE 1.PERCEPTION DES POPULATIONS DE L’ECOSYSTEME MANGROVE La figure 3 montre la perception que les populations locales ont de la mangrove. Près de 88,75% des répondants affirment que la mangrove est très importante dans leur vie quotidienne, pour seulement 2,75% la citant comme pas très importante. Le test d’indépendance Chi² indique en outre que l’importance accordée à la mangrove n’est aucunement liée aux groupes socio- linguistiques (Chi-Sq = 5,191; DF = 6; P-Value = 0,520). En effet, toutes les populations riveraines de la mangrove quelque soit le groupe socio-linguistique auquel elles appartiennent puisent dans les ressources et services qu’offre la mangrove. Figure 3 : Niveau d’importance perçue de la mangrove par les populations locales 2.DIVERSITES DES ESPECES EXPLOITEES 2.1. Diversité des espèces végétales exploitées Six espèces végétales ont été répertoriées comme espèces utilisées dans le milieu. Parmi elles trois ligneuses, deux herbacées et une fougère, chacune appartenant à une famille différente. Les espèces utilisées servent à diverses fins: alimentation, pharmacopée, fourrage, bois d'œuvre, bois de service, bois de feu, commerce, artisanat. 100% des répondants utilisent Rhizophora racemosa dans au moins un des domaines cités. Avicennia africana est cité par 87,5% des répondants, 70% utilisent Phœnix réclinata, 32,5% utilisent Acrostichum aureum, 42,5% utilisent Cyperus articulatus et 13,75% font recours au Paspalum vaginatum dans au moins une des catégories d’usage (Figure 4).
  • 32. EVALUATION DES DIFFERENTES FORMES DE PRESSIONS ANTHROPIQUES SUR LA MANGROVE ET IMPLICATION POUR UNE GESTION DURABLE Problématique, approche méthodologique, milieu d’étude ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Figure 4 : Fréquence de citation des différentes espèces végétales exploitées 2.2. Diversité des espèces halieutiques exploitées Au total, huit espèces aquatiques dont quatre appartenant à l’ichtyofaune et quatre crustacés ont été recensées comme utilisées dans le milieu. Les espèces citées sont utilisées dans quatre catégories d’usage : l’alimentation, le commerce, la pharmacopée, les pratiques médico-magiques. 97,5% des répondants utilisent Pomadasys jubelini et Salmo trutta dans au moins une des catégories. Lutjanus agennes est cité par 96,25% des répondants, 90% utilisent Silurus granis, 87,5% utilisent Aratus pisonii et Penaeus duorarum, les plus faibles proportions d’utilisation sont pour l’huître 66,25% et Ucides cordatus 55% (Tableau 1). Tableau 1 : Fréquence de citation des espèces animales halieutiques Noms locaux Noms scientifiques Fréquence de citation
  • 33. EVALUATION DES DIFFERENTES FORMES DE PRESSIONS ANTHROPIQUES SUR LA MANGROVE ET IMPLICATION POUR UNE GESTION DURABLE Problématique, approche méthodologique, milieu d’étude ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Akpavi Pomadasys jubelini 97,5 Wétin Salmo trutta 97,5 Azeguin Lutjanus agennes 96,25 Fen Silurus granis 90 Asson Aratus pisonii 87,5 Degon Penaeus duorarum 87,5 Adakpin Cassostrea gasar 66,25 Agassa Ucides cordatus 55 2.3. Diversité des espèces animales exploitées Six espèces animales terrestres dont trois reptiles et trois mammifères ont été répertoriées comme espèces exploitées. Les populations font usage de ces dernières dans quatre catégories : l’alimentation, la médecine, le commerce, les pratiques médico-magiques. 43,75% des répondants utilisent Varanus exanthematicus. Python regius est cité par 12,5% des enquêtés. 18,75% utilisent le Crocodilus cataphractus. 47,5% utilisent le chien sauvage, 36,25% utilisent Felis silvestris silvestris et seulement 3,75% utilisent les singes, zinwo en langue fon (Tableau 2). Tableau 2 : Fréquence de citation des espèces animales terrestres Noms locaux Noms scientifiques Fréquence de citation Wô 47,5 Vè Varanus exanthematicus 43,75 Alouloui Felis silvestris silvestris 36,25 Lô Crocodilus cataphractus 18,75 Hon Python regius 12,5 Zinwo 3,75 FORMES D’UTILISATION DE LA MANGROVE La mangrove est un écosystème d’une grande biodiversité offrant de nombreux services écosystémiques. Elle est donc le support de nombreuses activités. Au total, sept formes d’utilisations de la mangrove ont été citées par les enquêtés. La figure 5 nous présente les fréquences de citation de ces formes d’utilisations.
  • 34. EVALUATION DES DIFFERENTES FORMES DE PRESSIONS ANTHROPIQUES SUR LA MANGROVE ET IMPLICATION POUR UNE GESTION DURABLE Problématique, approche méthodologique, milieu d’étude ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Figure 5 : Proportion d’utilisation de la mangrove • La collecte des ressources halieutiques : Il s’agit là de la pêche, la chasse au crabe, la collecte d’huîtres (Photo 1 et 2). C’est la forme d’utilisation dominante (60%). On constate en parallèle l’adoption par la population dans les villages d’Azizahouè et Houakpè-Kpèvi de la pisciculture et de l’ostréiculture. Toutefois, ces techniques visant la production plutôt que la cueillette demeurent encore très peu répandues actuellement. Photo 1 : Exemple de ressources halieutiques
  • 35. EVALUATION DES DIFFERENTES FORMES DE PRESSIONS ANTHROPIQUES SUR LA MANGROVE ET IMPLICATION POUR UNE GESTION DURABLE Problématique, approche méthodologique, milieu d’étude ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Photo 2 : Piège traditionnel à poisson • La production de sel : elle est la deuxième forme d’utilisation (43,75%), et demande aux producteurs une forte quantité de bois de feu et de l’espace (Photo 3). Les saliculteurs, afin de déterminer les emplacements propices à leur activité observent les peuplements de Paspalum vaginatum qui seraient des indicateurs salins. Ainsi, ils défrichent, l’espace désigné laissant quelques arbres pour l’ombrage. Photo 3 : Dispositif de préparation de sel La collecte de plantes médicinales : C’est la troisième forme d’utilisation identifiée (11,25%). Elle est, comparativement aux deux premières, très faible parce que peu à peu délaissé pour l’achat de produits pharmaceutiques modernes. Un tel phénomène traduirait une érosion des connaissances en pharmacopée des populations. La photo 4 montre une espèce de plante collectée à des fins médicinales.
  • 36. EVALUATION DES DIFFERENTES FORMES DE PRESSIONS ANTHROPIQUES SUR LA MANGROVE ET IMPLICATION POUR UNE GESTION DURABLE Problématique, approche méthodologique, milieu d’étude ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Photo 4 : Exemple de plantes collectées pour des fins médicinales • La collecte de bois : Selon les enquêtés, elle est une forme d’utilisation actuellement peu pratiquée (8,75%). En effet dans les villages de Djègbadji, Houakpè-Daho ou encore Avlékété les interdictions de coupe de bois dans la mangrove sont faites et respectées. Cette situation amène les populations à s’orienter vers des espèces alternatives en dehors de la mangrove comme Acacia auriculiformis, et Cocos nucifera pour le bois énergie. • La collecte de plantes pour l’artisanat : L’artisanat (Confection de nattes de sacs à mains ou de porte-monnaie) est une activité pratiquée par quelque rares personnes et ne représente qu’une source secondaire de revenue pour les populations. Ainsi, la collecte de la plante dans un but artisanal constitue-t-elle une forme d’utilisation secondaire. • L’agriculture et la chasse : Elles sont faiblement citées soit 1,25% de fréquence de citation. Il ressort de cette figure que les formes d’utilisations prédominantes sont la collecte des ressources halieutiques et la production de sel. Les populations riveraines des mangroves sont donc principalement des pêcheurs et des saliculteurs. Cela traduit alors une forte pression sur les différentes ressources halieutiques (poisson, crustacées) et une forte dégradation du couvert de la mangrove. En effet, afin de déterminer les espaces propices à la production de sel, les salicultrices recherchent les espaces peuplés par Paspalum vaginatum qu’elles défrichent, ce qui entraînent la dégradation de l’écosystème. Aussi, le test d’indépendance Chi² montre que les formes d’utilisation citées dépendent du sexe (Chi-Sq = 26,384; DF = 6; P-Value = 0,001). En effet, La collecte des ressources halieutiques est typique des hommes tandis que la production de sel est typique des femmes. Ce paramètre est à prendre en compte lors de tout projet de conservation basé sur les ressources halieutiques ou sur les ressources végétales.
  • 37. EVALUATION DES DIFFERENTES FORMES DE PRESSIONS ANTHROPIQUES SUR LA MANGROVE ET IMPLICATION POUR UNE GESTION DURABLE Problématique, approche méthodologique, milieu d’étude ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- VALEUR D’USAGE DES ESPECES EXPLOITEES 2.4. Valeur d’usage des espèces végétales La figure 6 présente la valeur d’usage totale des espèces végétales exploitées. L’espèce ayant le potentiel d’usage ethnobotanique le plus élevé est Rhizophora racemosa (VUt=3,38) principalement dû aux usages faits en bois de service (VU=1,66) et en bois de feu (VU=1,23). Suivent ensuite Avicennia africana (VUt=1,85) et Phoenix reclinata (VUt=1,43). Les espèces avec les valeurs d’usage les plus faibles sont les herbacées : Cyperus articulatus (VUt=0,9), Acrostichum aureum (VUt=0,41) et Paspalum vaginatum (VUt=0,18). Ces différentes valeurs traduisent le niveau de pression que subissent les espèces végétales exploitées. L’espèce la plus prélevée est le Rhizophora racemosa.. Figure 6 : Valeur d’usage totale des différentes espèces végétales exploitées 2.5. Valeur d’usage total des espèces halieutiques La pêche fait partie des activités prépondérantes dans le milieu. Ceci laisse présager une forte pression sur les ressources halieutiques. La figure 7 présente la valeur d’usage ethnobiologique totale pour chaque espèce halieutique. Les espèces ayant une forte valeur ethnobiologique sont Pomadasys jubelini (4,95), Lutjanus agennes (4,8), Salmo trutta (4,77). Outre ces espèces, Silurus granis (4,5), Penaeus duorarum (4,58), Aratus pisonii (4,43), Crassostrea gasar (3,37) et Ucides cordatus (2,52). De ces données, il ressort que les populations exercent une forte pression sur les ressources halieutiques (poisson, crustacés). Les différentes espèces citées constituent la base de l’alimentation des populations riveraines de la mangrove. Assaisonnement, apport nutritionnel, elles
  • 38. EVALUATION DES DIFFERENTES FORMES DE PRESSIONS ANTHROPIQUES SUR LA MANGROVE ET IMPLICATION POUR UNE GESTION DURABLE Problématique, approche méthodologique, milieu d’étude ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- sont présentes sous maintes formes dans plusieurs mets. Aussi sont-elles sujettes à un important commerce. Certaines comme Crassostrea gasar font objet d’exportation. Somme toute, les lacs Djessin, Domè et la lagune de Djègbadji, regorgent de nombreuses espèces liées à la mangrove et d’une grande importance pour les populations. Avec l’explosion démographique, phénomène encore plus visible près de la côte, les différents projets de conservation de la mangrove devrait tenir compte de ces espèces afin d’éviter d’engendrer un éventuel déséquilibre dans l’écosystème mangrove. Figure 7 : Valeur d’usage totale des différentes ressources halieutiques 2.6. Valeur d’usage totale des espèces animales terrestres Le Tableau 3 présente la valeur d’usage ethnobiologique des différentes espèces animales terrestres. On observe que la valeur d’usage de ces espèces ne dépasse guère 1, mettant en exergue la faible importance accordée à ces espèces par la population. Varanus exanthematicus (0,8625) ; le chien sauvage (0,6125), sont les espèces aux plus forts potentiels. Les espèces comme Felis silvestris siliestris et le chien sauvage sont des espèces jugées dangereuses et difficiles à capturer. Par ailleurs le Singe, le Python regius et Crocodilus cataphractus sont des totems ou Vodoun. Bien qu’interdit que pour les Xwédah, ces espèces ne sont pas assez convoitées par les autres groupes socio-linguistiques. En effet, les populations riveraines de la mangrove ne sont pas de mœurs chasseuse et se révèlent plutôt dédaigneuses de ces espèces. A Azizahouè, les autorités locales en concordance avec les chefs religieux utilisent ces animaux afin de protéger certaines portions de mangrove. Tableau 3 : Valeur d’usage totale des espèces animales terrestres
  • 39. EVALUATION DES DIFFERENTES FORMES DE PRESSIONS ANTHROPIQUES SUR LA MANGROVE ET IMPLICATION POUR UNE GESTION DURABLE Problématique, approche méthodologique, milieu d’étude ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Noms locaux Noms scientifiques Valeur d'usage totale Vè Varanus exanthematicus 0,8625 Wô 0,6125 Alouloui Felis silvestris silvestris 0,4625 Lô Crocodilus cataphractus 0,2625 Hon Python regius 0,1625 Zinwo 0,025 COMMENTAIRES DES RESULTATS DE L’ENQUETE ETHNOBIOLOGIQUE Nos résultats montrent que divers organes des espèces végétales sont utilisés par les populations en fonction de leurs besoins socio-économique, alimentaire, culturel et pharmaceutique. Les fruits, les feuilles, les racines, les écorces et même la plante en entier (cas particulier des herbacés) font ainsi objet d’utilisation. Les méthodes d’enquêtes ethnobiologiques fournissent des données quelque peu subjectives, en dépit de ces quelques biais, elles aboutissent à des résultats assez concluant (Camou-Guerrero et al, 2008). Ainsi, les résultats obtenus du traitement des informations collectées au travers d’enquête socio-économique et ethnobiologique ont également permis d’identifier les espèces aux valeurs d’usage les plus élevées. Rhizophora racemosa est l’espèce végétale ayant la valeur d’usage totale la plus élevée (Figure 6). Elle est souvent utilisée comme bois de feu et quelque fois comme bois de service. Selon les riverains de la mangrove, les formations de palétuviers seraient en net progression. Ces résultats infirment ceux de BAMISSO. (2006), qui a souligné une tendance à la destruction de la mangrove et une dénudation des berges principalement due aux activités salicoles, aux commerces des bois de mangrove et la chasse au crabe. Bien que toujours présentes, l’impact négatif de ces différentes activités est réduit par les nombreuses campagnes de sensibilisations et les reboisements initiés par divers ONG (CREDI, ECO-ECOLO, ACTION Plus, ECO-BENIN), les institutions internationales ainsi que les initiatives locales (Sacralisation d’îlots de mangrove, Interdiction de prélèvement par période). Ces données permettent donc de constater que les formations de mangrove sont en meilleure santé. Toutefois, ces informations doivent être relativisées car les populations malgré une certaine prise de conscience expriment dans quelques localités un agacement par rapport aux nombreux projets « sans suite ne tenant pas forcement compte de leurs intérêts ». Dans la catégorie de l’ichtyofaune, Pomadasys jubelini est l’espèce au potentiel d’usage le plus élevé (Figure 7). Les ressources halieutiques en général et Pomadasys jubelini en particulier a une place très importante dans l’alimentation des populations locales et un fort potentiel économique. Il est donc important qu’en plus des différents
  • 40. EVALUATION DES DIFFERENTES FORMES DE PRESSIONS ANTHROPIQUES SUR LA MANGROVE ET IMPLICATION POUR UNE GESTION DURABLE Problématique, approche méthodologique, milieu d’étude ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- projets destinés à reboiser la mangrove, les acteurs de la protection prévoient des actions de promotion et de vulgarisation de techniques de pisciculture des espèces locales objet de prélèvement plutôt important.
  • 41. EVALUATION DES DIFFERENTES FORMES DE PRESSIONS ANTHROPIQUES SUR LA MANGROVE ET IMPLICATION POUR UNE GESTION DURABLE Résultats ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- SOUS-CHAPITRE II : RESULTAT DE L’ANALYSE DIACHRONIQUE 1. EVOLUTION SPATIO-TEMPORELLE DE LA MANGROVE DANS LE SUD DE LA COMMUNE DE OUIDAH Cette partie présente l’évolution spatio-temporelle des différentes unités d’occupation du sol du Sud de la commune de Ouidah et particulièrement celle de la mangrove sur un intervalle de temps de 15 ans (1995-2010). 1.1. Etat d’occupation des terres en 1995 et en 2010 En 1995, huit unités d’occupation du sol étaient présentes dans le secteur d’étude. La physionomie du paysage était dominée par les formations marécageuses et les plans d’eau chacun d’une superficie respective de 28,57 km² soit 43,09% du secteur étudié et 12,47km² soit 18,80% du secteur étudié (Tableau 4, Figure 8). Ensuite viennent les plantations (8,28 km²) et les formations de mangrove (5,58 km² soit 8,42% de la superficie du secteur d’étude). Ces mangroves étaient présentes le long des plans d’eaux. Aussi constate-t-on qu’elles étaient plus répandues au Sud-Est de la commune : de Kouvenanvidé à Djègbamè (Figure 8). Les unités les moins représentées étaient les bandes de plages sablonneuses (4,584 km²), les champs et jachères (4,15km²), les agglomérations (2,38 km²) et les champs et jachères sous palmeraie (0,30 km²). En 2010, le secteur d’étude est constitué des unités auparavant présentes. Les formations marécageuses couvrant 25,21 km² restent largement dominantes, suivent les plantations avec 12,56 km². Suivent les plans d’eau (9,95 km²), les champs et jachères (5,05 km²), la plage sablonneuse (4,75 km²). En sixième position viennent les mangroves d’une superficie de 4,52 km² soit 6,82 % du secteur d’étude. Tableau 4 : Superficies des unités d’occupation du sol (1995_2010) Unités d'occupation du sol 1995 2010 Bilan (%) S (km²) P (%) S (km²) P (%) Plantation 8,28 12,48 12,56 18,95 6,46 Mangrove 5,58 8,42 4,52 6,82 -1,61 Champs et jachères sous palmeraie 0,30 0,45 0,92 1,38 0,93 Champs et jachères 4,15 6,26 5,02 7,57 1,31 Formation marécageuse 28,57 43,09 25,21 38,02 -5,07 Plage sablonneuse 4,58 6,91 4,79 7,23 0,32 Agglomération 2,38 3,58 3,34 5,03 1,45 Plan d'eau 12,47 18,80 9,95 15,01 -3,80 Total 66,30 100,00 66,30 100,00
  • 42. EVALUATION DES DIFFERENTES FORMES DE PRESSIONS ANTHROPIQUES SUR LA MANGROVE ET IMPLICATION POUR UNE GESTION DURABLE Résultats ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Figure 8 : Unités d’occupation du sol en 1995 et en 2010
  • 43. EVALUATION DES DIFFERENTES FORMES DE PRESSIONS ANTHROPIQUES SUR LA MANGROVE ET IMPLICATION POUR UNE GESTION DURABLE Résultats ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 1.2. Dynamique des différentes unités d’occupation du sol en particulier de la mangrove entre 1995 et 2010 La matrice de transition (tableau 5) présente l’évolution spatio-temporelle des formations de mangrove et des autres unités d’occupation du sol entre 1995 et 2010. Les cellules des lignes et celles des colonnes représentent respectivement les unités d’occupation du sol de 1995 et de 2010. Les cellules de la diagonale indiquent les superficies des unités restées inchangées au fil du temps. La lecture des lignes vers les colonnes permet d’observer les conversions survenues dans le temps. Tableau 5 : Matrice de transition entre 1995 et 2010 Unités de 1995 Unités de 2010 Sup. totale en 1995PL M Mgr C CJP C CJ F FM P PS A AG P PE PL 8,19 0 0 0 0 0 0,07 0 0,01 0 0 0 0,01 0 0 8,28 Mgr 0 4 4,5 0 0 0 0 0 0,90 0 0 0 0 0 0,18 5,58 CJP 0 0 0 0 0,24 0 0,06 0 0 0 0 0 0 0 0 0,30 CJ 0,96 0 0 0 0,68 0 0,813 1 1,43 0 0,21 0 0,06 0 0 4,15 FM 3,33 0 0,02 0 0 4 4,08 2 20,26 0 0 0 0,89 0 0 28,57 PS 0 0 0 0 0 0 0 0 0 4 4,579 0 0 0 0,00 4,58 AG 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 2 2,38 0 0 2,38 PE 0,09 0 0 0 00 0 0 2 2,61 0 0 0 0 9 9,77 12,47 Sup. totale en 2010 12,56 4 4,52 0 0,92 5 5,02 2 25,21 4 4,79 3 3,34 9 9,95 66,30 Légende : AG= Agglomération ; PE= Plan d’eau ; PS= Plage sablonneuse ; FM= Formation marécageuses ; CJ= Champs et jachères ; CJP= Champs et jachères sous palmeraie ; Mgr= Mangrove ; PL= Plantation Le taux de conversion (Tableau 6) permet d’avoir une meilleure compréhension du degré de conversion d’une unité en chacune des autres. Un pourcentage élevé montre un fort degré de conversion de l’unité d’occupation du sol. Tableau 6 : Taux de conversion Tc des unités d’occupation (%)
  • 44. EVALUATION DES DIFFERENTES FORMES DE PRESSIONS ANTHROPIQUES SUR LA MANGROVE ET IMPLICATION POUR UNE GESTION DURABLE Résultats ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Unités d’occupation du sol Tc (%) Plantation 1,15 Mangrove 19,30 Champs et jachères sous palmeraie 19,46 Champs et jachères 80,42 Formation marécageuse 29,08 Plage sablonneuse 0 Agglomération 0 Plan d'eau 21,63 Il ressort de la matrice que 4,5 km² des forêts de mangrove sont restées inchangés sur les 5,58 km² initiaux. En tout, 1,08 km² de mangrove ont subi une conversion dont 0,9 km² en faveur des forêts marécageuses et 0,18 km² en faveur des plans d’eau. Le taux moyen annuel d’expansion spatial (calculé exclusivement pour la mangrove) révèle qu’elle perd 0,014 km²/an. Aussi constate- t-on que 19,30% des mangroves ont été convertis (Tableau 6). Au niveau des forêts marécageuses, sur 28,57 km² ; 20,26 km² sont restés inchangés soit un taux de conversion de 29,08% le reste s’étant convertis en plantation (3,33 km²), en mangrove (0,02 km²), en champs et jachères (4,08 km²) et constructions humaines (0,89 km²). Concernant les plans d’eau, 9,77 km² sont restés stables sur les 12,47 km² initiaux ; le reste s’étant converti en plantations (0,09 km²) et en forêts marécageuses (2,61 km²). Les superficies de plantations sont restées en grande partie stable : 8,19 km² sont restés inchangés sur 8,28 km² initiaux soit un taux de conversion de 1,15% ; le reste ayant été convertie en champs et jachères (0,07 km²), en formations marécageuses (0,01 km²) et constructions humaines (0,01 km²). Les champs et jachères par contre sont restés peu stables : 0,813 km² sur les 4,15 km² initiaux soit un taux de conversion de 80,42%, le reste converti en plantations, en champs et jachères sous palmeraie, en forêts marécageuses, en plage sablonneuse, et en constructions humaines. 0,24 km² de champs et jachères sous palmeraie sont restés stables tandis que 0,6 km² a été transformé en champs et jachères. Par contre les agglomérations et plages sablonneuses n’ont subi aucune conversion. En somme, les plantations, champs et jachères, champs et jachères sous palmeraie, plages sablonneuses et agglomérations ont connu une dynamique évolutive sur la période d’étude. Ceci aux dépens des autres unités d’occupation que sont les plans d’eau, les forêts marécageuses et la mangrove. On constate que mis à part les plages sablonneuses, les unités d’occupation ayant connu une progression de leur superficie sont des unités insérées dans le milieu par des activités humaines. De façon générale, on peut dire que le milieu subit une anthropisation. Par contre, on constate que la mangrove bien qu’ayant connu une régression, n’a aucunement été convertie en unité
  • 45. EVALUATION DES DIFFERENTES FORMES DE PRESSIONS ANTHROPIQUES SUR LA MANGROVE ET IMPLICATION POUR UNE GESTION DURABLE Résultats ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- « anthropique ». En effet, la régression de la mangrove due aux différentes activités socio- économiques (Coupe de bois de feu, bois de service : sous-chapitre I) est en faveur des forêts marécageuses et plan d’eaux. INTENSITES DE CHANGEMENT DES UNITES D’OCCUPATION DU SOL EN PARTICULIER DES FORMATIONS DE MANGROVE La figure 9 présente l’intensité de changement opérée par unité d’occupation du sol. L’analyse de cette figure montre que les modifications sont d’intensité différente et varie d’une unité à l’autre. Légende : AG= Agglomération ; PE= Plan d’eau ; PS= Plage sablonneuse ; FM= Formation marécageuses ; CJ= Champs et jachères ; CJP= Champs et jachères sous palmeraie ; Mgr= Mangrove ; PL= Plantation Figure 9: Intensité des changements survenus pour chaque unité d’occupation du sol Les bandes représentant les formations marécageuses, les champs et jachères et les plans d’eau présentent toutes des zones de pertes, de gain et de stabilité, chacune couvrant le secteur d’étude dans des proportions différentes. Par contre, on constate que les agglomérations, les plages sablonneuses, les plantations et les champs et jachères sous palmeraie ne présentent que des zones de stabilité et de gain alors que la mangrove est la seule unité d’occupation du sol présentant des zones de pertes et de stabilité. Ainsi, les formations marécageuses sont les unités d’occupation du
  • 46. EVALUATION DES DIFFERENTES FORMES DE PRESSIONS ANTHROPIQUES SUR LA MANGROVE ET IMPLICATION POUR UNE GESTION DURABLE Résultats ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- sol où les changements apparus sur 51% du secteur d’étude sont les plus significatifs avec 13% de perte contre 7% de gain et 31% de stabilité. Suivent les plans d’eau sur 19,5% du secteur d’étude (4% de perte contre 0,5% de gain avec 15% de stabilité), les plantations sur 19% du secteur d’étude (0% de perte contre 7% de gain et 12% de stabilité) et les champs et jachères sur 12% du secteur d’étude (1% de stabilité pour 6% de gain contre 5% de perte). La mangrove quant à elle a subi des changements d’intensité plus ou moins faibles mais régressifs : 9% sur le secteur d’étude avec une stabilité de 7%, seulement 2% de perte mais 0% de gain. Viennent enfin les plages sablonneuses 7,5% de changement sur le secteur d’étude (7% de stabilité et 0,5% de gain), les agglomérations sur 5% du secteur d’étude (4% de stabilité et 1% de gain) et les champs et jachères sous palmeraie sur seulement 1,5% du secteur d’étude. INTENSITE ET VITESSE DE CHANGEMENT DES UNITES D’OCCUPATION DU SOL La figure 10 présente l’intensité et les vitesses de changements des différentes unités d’occupation des terres. La position du graphe par rapport à la ligne de zone uniforme détermine l’intensité du changement (à gauche les changements sont dits lents ou dormant, à droite ils sont rapides ou actifs).
  • 47. EVALUATION DES DIFFERENTES FORMES DE PRESSIONS ANTHROPIQUES SUR LA MANGROVE ET IMPLICATION POUR UNE GESTION DURABLE Résultats ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Légende : AG= Agglomération ; PE= Plan d’eau ; PS= Plage sablonneuse ; FM= Formation marécageuses ; CJ= Champs et jachères ; CJP= Champs et jachères sous palmeraie ; Mgr= Mangrove ; PL= Plantation Figure 10 : Intensité et vitesse de changements des différentes unités d’occupation Les champs et jachères sont les unités d’occupation du sol ayant eu la vitesse de changement la plus élevée avec 84% de gain 80% de perte. Ensuite, nous avons les champs et jachères sous palmeraie (avec 74% de gain et 19% de perte), les plantations (35% de gain et 1% de perte), les forêts marécageuses (29% de perte et 20% de gain) et les agglomérations (29% de gain).Viennent après les plans d’eaux ( 22% de perte et 2% de gain).La mangrove quant à elle suit avec 19% de perte et à peine 0,5% de gain, enfin les plages sablonneuses (4% de gain). De cette analyse, on retient que les unités aux changements rapides sont les champs et jachères, les champs et jachères sous palmeraie. Les agglomérations et les plantations subissent également des changements assez actifs. Concernant la mangrove, les changements observés sont en grande partie des pertes (19%) et sont lentes. COMMENTAIRES DES RESULTATS DE L’ANALYSE DIACHRONIQUE L’évaluation de l’évolution spatio-temporelle du couvert mangrove dans le Sud de la commune de Ouidah présente une régression de l’écosystème. En effet, la mangrove a perdu sur 15 ans, 19,30% de sa superficie (Tableau 6). La majeure partie de cette superficie perdue a été convertie en forêts marécageuses et une infirme partie en plan d’eau. Ainsi, la régression de la mangrove a été en faveur d’un autre écosystème humide contrairement à ce qui a été observé dans d’autres pays où les forêts littorales ont laissé place à des formations anthropisées (FAO, 2007). Aussi, la conversion de la mangrove en plan d’eau indique une érosion des berges dénudées. Sa dégradation est donc également induite en partie par la dynamique des plans et cours d’eau et l’érosion des berges (Bamisso, 2006). De plus, la vitesse et l’intensité de changement se sont avérées plutôt faibles. Ceci indique que les efforts de conservation bien qu’éparses et non coordonnés ont permis de réduire un tant soit peu la pression et ralentir le rythme de dégradation de la mangrove. Cette amélioration de la situation n’est pas à prendre pour acquis. Le Sud du Bénin est une région densément peuplée sujette à une pression foncière croissante, véritable menace pour les ressources forestières (Kaisso et al, 2008). Les besoins de la population iront donc en grandissant et
  • 48. EVALUATION DES DIFFERENTES FORMES DE PRESSIONS ANTHROPIQUES SUR LA MANGROVE ET IMPLICATION POUR UNE GESTION DURABLE Résultats ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- la mangrove reste indéniablement une source importante de revenue qu’il est important de conserver.
  • 49. EVALUATION DES DIFFERENTES FORMES DE PRESSIONS ANTHROPIQUES SUR LA MANGROVE ET IMPLICATION POUR UNE GESTION DURABLE Analyse diagnostique ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- CHAPITRE IV: ANALYSE DIAGNOSTIQUE DE LA STRUCTURE DE STAGE AU REGARD DE LA CONSERVATION DES ECOSYSTEMES DE MANGROVE. 1.FORCES FAIBLESSES OPPORTUNITES ET MENACES Le stage que nous avons effectué à la DGFRN au sein du projet de restauration de la mangrove nous a permis de constater les différents facteurs favorables ou non à la restauration d’un écosystème en générale et de la mangrove en particulier (Tableau 7). Tableau 7: Analyse diagnostique des activités du Projet Mangrove FORCES - Existence d’une cellule autonome chargée du projet - Disponibilité de ressources financières - Existence d’un programme prédéfini - Bonne gestion des ressources financières et humaines - Aspect genre pris en compte - Collaboration avec les populations locales pour les actions de restauration - Jeunesse et dynamisme du personnel - Soutien d’une institution internationale intervenant dans la protection de la mangrove FAIBLESSES - Absence sur le terrain - Retard accumulé dans l’exécution des activités - Absence de collaboration avec d’autres structures de protection de la mangrove - Manque de personnel OPPORTUNITES - Existence de lois, décrets et arrêtés favorables - Disponibilité de plants pour le reboisement - Importance reconnue de l’écosystème - Disponibilité des élus locaux et associations villageoises
  • 50. EVALUATION DES DIFFERENTES FORMES DE PRESSIONS ANTHROPIQUES SUR LA MANGROVE ET IMPLICATION POUR UNE GESTION DURABLE Analyse diagnostique ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- MENACES - Agacement des populations au vue des nombreux projets déjà passés - Mauvaise perception de certaines populations locales par rapport à la mangrove CONTRAINTES DANS LA MISE EN ŒUVRE DU PROJET L’exécution du projet fait face à plusieurs contraintes :  les populations sont attachées aux techniques traditionnelles d’exploitation de la mangrove (Production de sel traditionnel, utilisation de fours traditionnels) ;  agacement des populations faces aux nombreux projets précédents restés sans suite ;  satisfaction des populations locales face à l’amélioration naissante de l’état de la mangrove d’où une certaines nonchalance à participer au projet . ANALYSE DES RESULTATS DE DIAGNOSTIC Le projet « Restauration des Ecosystèmes de Mangroves du Site Ramsar 1017 en République du Bénin » possède un « potentiel écologique » intéressant et apporterait de nombreux bénéfices aussi bien directs qu’indirects aux populations locales. Les principales activités préconisées sont le reboisement et l’insertion de nouvelles techniques d’exploitation des ressources de la mangrove (Fours Shocore pour le fumage de poisson). Le reboisement effectué dans les villages pilotes du projet est plutôt récent et les résultats ne seront visibles que d’ici une dizaine d’année. La promotion des fours Shocore est encore à l’étape fœtale. Le projet est donc en plein début d’exécution avec des perspectives assez encourageantes. Cependant certaines caractéristiques sociales du milieu menacent son bon déroulement. L’amélioration progressive de l’état des formations de mangroves rend les populations « suffisantes » et « lasses » des projets. Ce comportement quasi général est l’un des facteurs externes ralentissant les actions de restauration initiées par la structure. Aussi a-t-il réduit le choix des villages pilotes dans le secteur d’étude. Outre les facteurs externes, certains facteurs internes comme la lenteur dans l’exécution des tâches sur le terrain ralentissent l’avancée du projet. Ainsi, afin d’assurer le bon déroulement du projet mais surtout pour éviter un regain d’activités destructrices vis-à-vis de la mangrove, il est important de poursuivre la sensibilisation et de dynamiser et varier les interventions tout en responsabilisant progressivement les populations.
  • 51. EVALUATION DES DIFFERENTES FORMES DE PRESSIONS ANTHROPIQUES SUR LA MANGROVE ET IMPLICATION POUR UNE GESTION DURABLE Analyse diagnostique ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Des différentes analyses menées, les suggestions suivantes sont faites pour améliorer les actions de restauration : • promouvoir les cultures hors-sol d’espèces animales halieutiques à grande valeur alimentaire ; • faire participer les populations aux choix des sites de reboisement ; • accorder une aide sociale aux villages favorables aux projets de restauration.