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Trombinoscope "Chercheurs d’humanité"
Chercheurs de sens
(art, religion, philosophie, spiritualité)
11 - de 1901 à 1907
É. G. 01.09.2021
Swâmi Prajnânpad
(1901-1974), brahmane indien héritier des traditions religieuses
hindoues. Études de sciences physiques à l'Université de Calcutta.
découvre les écrits de Freud en 1925 à la bibliothèque de l’université
de Bénarès où il enseigne. Voit dans la psychanalyse la possibilité de
faire un travail de ‟destruction du mental”, première étape vers la voie
de la libération.
Réconcilie science et tradition, approche matérialiste et
spirituelle. Se réfère constamment à l'expérimentation, rejette tout
recours à une autorité quelle qu'elle soit, mais n'hésite pas à utiliser
toutes les méthodes permettant de libérer le disciple de ses blocages
émotionnels.
« Être, c’est être libre d’avoir »
« L’homme vraiment adulte trouve plus de satisfaction à donner qu’à
recevoir. »
« Une action qui mène à l’unité est juste, celle qui mène à la
séparation est mauvaise. »
« Tout change partout et toujours. Faites en sorte de percevoir et
ressentir le changement dans chaque chose. Rien ne vous boulever-
sera quand vous savez que tout est apparence, vous demeurez calme,
serein et désintéressé. »
Jean Guitton
(1901-1999) philosophe et écrivain catholique français. Pétainiste,
prisonnier de guerre, organise dans son camp des rencontres et des
cours, notamment sur la pensée de Bergson. Professeur à l’université de
Montpellier puis à la Sorbonne, membre de l'Académie française.
Sonde tous les chemins possibles de la connaissance humaine pour
accéder au mystère : la réflexion philosophique et théologique, la
psychologie et la science en général, la peinture.
(à François Mitterrand) « Je suis parti de Sartre et c’est l’absurdité de
l’absurdité qui m’oblige à parier pour le mystère; je n’admets pas
d’emblée la survie, mais je saisis que le néant est absurde, non pas tant
pour moi que pour ceux que j’ai aimés. Et pour celui sur qui repose le
destin d’un pays, il me semble qu’il n’y a d’autre solution raisonnable que
le mystère. »
« L’humanité approche d’un point vertigineux où elle aura à faire un
choix radical entre la "métastrophe" et la "catastrophe", la mutation des
consciences et le suicide cosmique. »
Louis Armstrong
(1901-1971), musicien états-unien de jazz. Né d’une mère âgée
de 16 ans dans une famille pauvre de New-Orleans, pris en charge par sa
grand-mère (née esclave) et par une famille pauvre et généreuse d’immi-
grants juifs de Lituanie, les Karnofskys.
Virtuose de la trompette et improvisateur inspiré. Tournées à
succès en Afrique, en Europe et en Asie. D'une musique de folklore afro-
américaine enracinée dans le gospel et le blues traditionnel et enfermée
dans un terroir, fait un courant musical national et populaire à vocation
universelle. Son talent de trompettiste, son charisme, ses qualités
d'homme de scène et sa personnalité généreuse lui valent une renommée
internationale.
« Ce que nous jouons, c'est la vie. »
« Le rang ne confère ni privilège, ni pouvoir. Il impose des
responsabilités. »
« Les musiciens ne prennent pas leur retraite; ils s’arrêtent quand
il n’y a plus de musique en eux. » L. A.
« Une musique qui nous parlait d'une vie déchirée entre la
tentation de succomber et la nécessité de survivre. Et qui doit nous
redonner confiance. » Bertrand Tavernier
Hugh Schonfield
(1901-1988), historien, spécialiste britannique de la Bible, des
manuscrits de la mer Morte et des débuts de l’ère chrétienne.
Premier traducteur juif du Nouveau Testament en anglais (1955),
docteur en littérature sacrée à l’université de Glasgow, auteur de 40
livres.
Fondateur en 1956 de la Communauté des citoyens du monde
(Commonwealth of World Citizens), devenue ensuite la Mondcivitan
Republic, projet de nation extra-territoriale au service de l'humanité,
vouée à la médiation et à l'exemplarité.
Privilégie la conception juive conventionnelle qui rejette la divinité
de Jésus et nie l’historicité de la Résurrection.
Explique comment un mouvement juif "messianique" a pu, afin de
survivre en milieu païen au cours de la Diaspora, se transformer en
une foi qui s'écarta de la mission dévolue au Messie telle que Jésus
lui-même et ses disciples pouvaient la concevoir.
Guiseppe Lanza del Vasto
(1901-1981). Écrivain, poète, artiste, philosophe et militant, de père
sicilien et de mère flamande. En 1936, passe plusieurs mois près de
Gandhi. En juin 1937, en pèlerinage aux sources du Gange dans l'Hima-
laya, reçoit une vision et entend intérieurement « Rentre et fonde ! ».
Fonde en 1948 en France un ordre laïc spirituel, laborieux et non-
violent, ‘L’Arche’, dont les grands axes sont : respect de la nature et de la
vie, refondation sociale (autonomie économique maximale), travail sur soi,
résolution non-violente des conflits, quête spirituelle, dialogue interconvic-
tionnel.
« Rentrez en vous-même et recueillez-vous, faute de quoi vous
n’êtes pas un homme, mais un pantin et un bouchon flottant au fil de
l’eau. Vous pourrez bien par aventure devenir prospère ou célèbre, mais
vous restez un pantin et un bouchon.(…) Suspendez vos occupations
pour un moment, suspendez le cours de vos pensées, écartez vous
(intérieurement) des gens et des choses, (…) détendez vos muscles, vos
nerfs, respirez lentement et profondément et répétez "Je me rappelle, je
me reprends". C’est peu et c’est tout. » ../..
Guiseppe Lanza del Vasto
« Voici les 7 vœux des Compagnons (…) : De nous donner au service
de nos frères, ce qui commence par le travail des mains (…). D’obéir aux
règles et aux disciplines de l’Arche (…). D’assumer la responsabilité de
nos actes, de reconnaître nos torts, de réparer nos fautes, de nous en
corriger nous-mêmes (…). De nous purifier de tout esprit de possession,
de profit et de domination (…). De vivre de façon simple, sobre et propre
(…). De servir la vérité. De n’affliger aucun être humain (…), de défendre
la justice avec les armes de la justice(…) »
« Je crois qu’il faut haïr certaines choses.* Pour ne haïr personne, il faut
haïr les choses. Cela ne veut pas dire que je haïsse les personnes qui les
font. (…) Ils ne savent pas faire autrement, ils ne voient même pas ce
qu’ils pourraient faire. Non, je n’ai jamais eu des haines de classes ou de
nations ou d’espèces. Non. Ou d’hommes, non. » ../..
* Pour Lanza del Vasto, ces choses sont le consumérisme, la mécanisation à
outrance, les mégalopoles, l’agriculture industrielle et chimique, les centrales
nucléaires, la bombe atomique, c’est à dire l’avidité et l’absence de pensée et
d’intériorité.
Voir aussi Lanza del Vasto dans le trombinoscope de la non-violence
Guiseppe Lanza del Vasto
« Ô Dieu de vérité, que les hommes divers nomment de divers
noms mais qui est l’Un, Unique et le Même, qui es Celui qui est, qui es
en tout ce qui est et dans l’union de tous ceux qui s’unissent, qui es
dans la hauteur et dans l’abîme, dans l’infini des cieux et dans l’ombre
du cœur comme une infime semence, nous Te louons, Seigneur, de ce
que Tu nous exauces, car cette prière est déjà exaucée puisqu’en
nous adressant ensemble à Toi, nous élevons notre vouloir, nous
épurons notre désir et nous nous accordons.
Et qu’avons-nous à demander encore si cela est accompli ? Oui,
que demander ? Sinon que cela dure, ô Éternel, le long de notre jour
et de notre nuit ; sinon de T’aimer assez pour aimer tous ceux qui
T’aiment et T’invoquent comme nous ; assez pour aimer ceux qui Te
prient et Te pensent autrement, assez pour vouloir du bien à ceux qui
nous veulent du mal, assez pour vouloir du bien à ceux qui Te renient
ou T’ignorent, le bien de revenir à Toi.
Donne-nous l’intelligence de ta loi, Seigneur, le respect
émerveillé et miséricordieux de tout ce qui vit, l’amour sans revers de
haine, la force et la joie de la paix. Amen. »
Yvonne-Aimée de Malestroit
Yvonne Beauvais (1901-1951), religieuse et mystique française.
Voue sa vie au Christ à l’âge de 9 ans. Après ses études, fait plusieurs
métiers pour venir en aide aux pauvres : travaille comme bonne à tout
faire, vend des dessins, écrit des romans, donne des récitals de pianos.
En 1922, atteinte de la fièvre paratyphoïde. En convalescence
dans la clinique des Sœurs Augustines de la Miséricorde à Malestroit
(Morbihan), a une expérience mystique au cours de laquelle Jésus lui
apparaît et lui parle. Œuvre au couvent des Augustines de 1927 à 1951.
Supérieure en 1935, grande organisatrice, réforme la communauté, crée
une clinique moderne, conçoit le projet novateur d'une Fédération des
Augustines hospitalières, projet qu'elle mène jusqu’au bout malgré les
réticences des autorités ecclésiastiques.
Durant l'Occupation, soigne dans la clinique de Malestroit aussi
bien des blessés allemands que des Résistants, tout en vivant des
prodiges (stigmatisation, xénoglossie, bilocation*). Torturée à Paris par la
Gestapo, échappe mystérieusement de la prison du Cherche-Midi à
Paris. Décorée de la Légion d’Honneur par le général de Gaulle en 1945.
Meurt d’une hémorragie cérébrale.
* Les stigmates sont les marques des plaies du corps de Jésus de Nazareth crucifié qu'ont
portées certaines personnes au cours de leur vie. La xénoglossie est la faculté de parler une
langue étrangère sans l’avoir apprise. On parle de bilocation lorsqu'une personne est aperçue
simultanément en deux lieux distincts.
Karl Popper
(1902-1944), philosophe des sciences (épistémologue) d’origine
autrichienne, né de parents juifs convertis au protestantisme. Installé à
Londres après 1946, devient professeur à la London School of
Economics et y fonde le département de logique et de méthodologie
des sciences.
Invente le concept de réfutabilité comme critère de démarcation
entre science et pseudoscience. Ce critère n’est opératoire que dans
les sciences expérimentales ou d’observation (astronomie, histoire),
pas - actuellement du moins - dans la psychanalyse, l’homéopathie ou
l’astrologie.
Rejetant d’abord la métaphysique comme système irréfutable et
invérifiable, admet par la suite la nécessité de fonder les recherches
scientifiques sur des programmes de recherche métaphysique.
Distingue le monde des phénomènes physico-chimiques, celui
de la conscience, et celui des idées.
« La science est la coopération amicalement hostile entre de
nombreux savants. »
« La science est fille de la métaphysique. »
Marthe Robin
(1902-1981) mystique catholique française. Passe toute sa vie à
Châteauneuf-de-Galaure (Drôme) dans la ferme de ses parents (photo du
bas). Atteinte d’encéphalite léthargique, ou maladie de Von Economo :
affection inflammatoire des centres nerveux. Tombe malade en déc.
1918, paralysie définitive des membres inférieurs à partir de mai 1928.
Ses problèmes de locomotion et une hypersensibilité à la lumière
l’obligent à rester recluse, dans une chambre peu éclairée.
A des visions de Marie à partir de mars 1921 et de Jésus à partir
de déc. 1928. Entend intérieurement "Je t’ai choisie pour ranimer dans
le monde l’amour qui s’éteint". À partir de 1930, n’avale plus aucune
nourriture, hormis la communion aux hosties consacrées, inédie qui
dure jusqu'à sa mort, et porte des stigmates*.
Fondatrice des ‘Foyers de Charité’, 78 à travers le monde, 970
membres dans 40 pays. En 50 années, le nombre de personnes qu'elle
rencontre individuellement est estimé à plus de 100 000 personnes,
dont des centaines de prêtres et de nombreux évêques. Pose des
questions, fait des suggestions, dégage les fausses pistes et laisse la
personne conclure elle-même.
« On ne donne Dieu que par rayonnement. » ../..
* marques des plaies du corps de Jésus de Nazareth crucifié qu'ont portées certaines
personnes au cours de leur vie.
Marthe Robin
Le cofondateur des Foyers de Charité et accompagnateur de
Marthe Robin est le Père Georges Finet (1898-1990). En mai 2020, un
rapport d’une commission indépendante dénonce les abus sexuels
commis par G. Finet (1898-1990), sur des mineures de 10 à 14 ans et
des jeunes femmes en confession (témoignages de 26 femmes pendant
la période 1945-1983) et précise qu’une petite dizaine de pères et
membres des Foyers se sont également révélés être des abuseurs. Le
rapport encourage les Foyers de Charité à poursuivre la réforme de leur
gouvernance.
« À lire également le décalage que pointe la commission d’enquête
entre l’intuition fondatrice de Marthe Robin du rôle des laïcs dans le
renouveau de l’Église et l’organisation pyramidale centrée sur la figure
du "père" que Georges Finet a imposée aux Foyers jusqu’à aujourd’hui,
on peut légitimement se demander si le charisme prophétique de cette
association de fidèles n’a pas été dévoyé et si Marthe Robin n’a pas été,
d’une certaine manière, trahie par son père spirituel. »
(Céline Hoyeau, La Croix, 7 mai 2020)
Photo du bas : Moïse Ndione, Père modérateur de l’Œuvre des Foyers de Charité. Avec
le Conseil International de l’Œuvre, il a missionné la commission d’enquête.
Thérèse Brosse
Née en 1902, Médecin français, psychologue de l’éducation,
spécialiste de l’Inde, expert international.
Confronte les intuitions du Shakta Védanta (Patanjali) sur la
conscience-énergie et les ouvertures sur une conception analogue
de la réalité auxquelles aboutissent des recherches scientifiques de
pointe, en particulier en microphysique et en biologie cellulaire
(Niels Bohr, Erwin Schrödinger, Werner Heisenberg, Eugène
Wigner, Jean-Émile Charon, David Bohm, Brian Josephson,
Lawrence Domash, etc.)
« L’enthousiasme avec lequel la science moderne étudie et
apprécie toutes les données subjectives de la mystique hindoue
laisse supposer qu’elle accréditera peut-être un jour intégralement
la structure énergétique de l’homme que supposent ces traditions
et que nous proposions comme base d’une science de l’ "homme
intégral" ».
Théodore Monod
(1902-2000), scientifique naturaliste, explorateur, philosophe,
théologien et humaniste français. Protestant du courant libéral,
unitarien (courant du christianisme qui ne croit pas à un Dieu
trinitaire ni à la divinité de Jésus, considéré comme prophète) et
paroissien à l'Oratoire du Louvre.
Premier président d'honneur de l‘’Assemblée fraternelle des
chrétiens unitariens’ (AFCU). Se présente comme "chrétien pré-
nicéen", entend par là qu'il accepte tout ce qui a précédé le
"concile" de Nicée en 325, mais aucun des dogmes élaborés
partir de cette date, pas plus que l'organisation étatique et
autoritaire du christianisme.
« Le christianisme ? C’est une bonne idée ! Si l’on l’essayait ?"
En bas : blason de Théodore Monod, précédé de la phrase « Ne porte plus
ta croix, mais plante la pour qu’elle fleurisse »
../..
Théodore Monod
« Je voudrais qu'on travaille à une théologie de la nature. Ce sujet
fut fortement négligé par la pensée chrétienne. Les apologistes ont
abusé d'une description idyllique de la nature. Ils nous ont beaucoup
parlé des petits oiseaux, des papillons, des fleurs ; voilà qui était
charmant !
Cependant, ceux qui connaissent la nature savent qu'elle n'a rien
d'idyllique. Il s'agit d'un monde particulièrement cruel, empli de sang et
de brutalité. (…) Les parasites composent un monde incroyable. Il s'en
trouve partout. Il n'est pas une espèce animale qui ne connaisse ses
parasites externes ou internes. Ces derniers peuvent causer des
ravages physiques considérables, provoquant des souffrances qui ne le
sont pas moins.
Imaginer que tout provient de la volonté d'un Dieu miséricordieux,
compatissant à l'égard de ses créatures, voilà qui paraît difficile à
admettre, quand on contemple la vérité physique de l'affreux spectacle
de la nature. ».
Voir aussi Th. Monod in diaporama Chercheurs et acteurs de non-violence
Théodore Monod
« Le nombre d’éléments qui compose les flagelles* est identique
chez tous les êtres vivants, algues, animaux, tissus de toutes sortes.
Pourquoi ? Je n’en sais rien ! (…) Pourquoi avons-nous 5 doigts ? Pourquoi
une grande majorité de plantes ont-elles 5 pétales ou 5 sépales ? Je ne
sais pas ! »
« L’homme est le seul être vivant qui apprend à ses enfants à
tuer leurs semblables. Le lion n’apprend pas aux lionceaux à tuer des lions
mais des gazelles ou des zèbres. »
« Je n’affirme rien dans ce domaine (de l’éternité), parce que je
ne sais pas. (…) J’ai simplement le droit d’espérer. Vous vous souvenez de
ce que Thoreau a dit avant de mourir ? On le pressait de questions à
propos de ce grand passage, et lui a simplement répondu "One world at
time" (Un monde à la fois). Je ne sais même pas si cet au-delà existe.
Mais j’approche du moment où je vais peut-être savoir. »
« Ma doctrine, c’est la montagne unique que nous gravissons par
des entiers différents. Il vaut mieux ne pas trop lorgner vers le sentier du
voisin. »
* Propulseurs grâce auxquels les cellules flagellées se déplacent
Théodore Monod
« Je ne crois pas au Diable (…) Je crois au mal, oui. Mais ce
qu’il est, je n’en sais rien. Pour mon père*, le mal était endémique. Ce
qui pouvait justifier notre étonnement, c’était le bien. Qu’à l’intérieur du
royaume du mal se soit immiscé le Dieu de l’Évangile, c’est ce qui le
surprenait. »
« On a si bien réagi contre l’hérésie d’Arius qu’il est pratique-
ment impossible de retrouver aujourd’hui les écrits ariens. J’aurais tant
aimé connaître leurs hymnes, leurs cantiques, leurs liturgies (…). »
« Sous prétexte que le Pères en ont décidé ainsi à Nicée, on
ne va tout de même pas enchaîner la pensée chrétienne pour des
siècles. (…) Je ne peux augurer de ce que sera la théologie chrétienne
dans mille ans. Mais j’ai le droit d’espérer que le bon sens l’emportera. »
« Les gens sont souvent scandalisés lorsqu’on leur dit qu’il
faut faire évoluer leur foi. Et pourtant, il est plus que jamais temps de
rebâtir une pensée chrétienne. »
* William Frédéric, dit Wilfred Monod (1868-1943), pasteur et théologien réformé français,
pasteur au temple protestant de l'Oratoire du Louvre à Paris, professeur à la Faculté de
théologie protestante de Paris. Fondateur en 1923, avec Théodore, de la Fraternité spirituelle
des veilleurs. Devise de ce groupe : « Joie, simplicité, miséricorde »
Gustave Thibon
(1903-2001), philosophe et poète français. À 13 ans, arrête ses études,
aide son grand-père à la vigne familiale en Ardèche. Reprenant le domaine
familial à 23 ans, reprend aussi seul ses études (grec, latin, allemand,
biologie, économie, mathématiques, histoire, littérature, théologie,
philosophie).
En 1931, rencontre Mère Marie-Thérèse (du carmel d'Avignon), devient
tertiaire du Carmel. En 1941, avec Louis-Joseph Lebret et Jacques Loew,
promeut les prêtres ouvriers. Avec François Perroux, cofonde le mouvement
‘Économie et Humanisme’. Se lie d’amitié avec Simone Weil qui fait un stage
agricole chez lui, publie les œuvres de la philosophe. De 1942 à 1944,
animateur de l’hebdomadaire Demain qui sert de couverture à une activité de
soutien aux prisonniers.
Porte le souci de l’éternel en l’homme.
« Être dans le vent ː une ambition de feuille morte. »
« Le sens de la vie consiste à être fidèle aux expériences les plus
profondes que l’on a vécues. »
« L’amour : sentir l’être sacré derrière l’être cher. »
« Le bonheur m’a parfois dilaté, mais seule la souffrance m’a grandi. »
« J’aime notre époque, parce qu’elle nous offre à choisir entre la
puissance de l’homme et la faiblesse de Dieu. »
Vladimir Jankélévitch
(1903-1985), philosophe et musicologue français issu d’une famille
d'intellectuels juifs russes qui avait fui les pogroms antisémites. École
Normale Supérieure et agrégation de philosophie. Résistant, professeur
à Lille puis à la Sorbonne.
Son œuvre est centrée autour de trois axes de réflexion :
- métaphysique : le temps, la mort, la précarité de l’existence, la liberté,
l’imprescriptible, etc. « La liberté c'est de rester fidèle à la prise de
conscience elle-même, laquelle (…) est un dynamisme et une
mobilité. »;
- morale de l’intention bienfaisante et du pardon.
« Seul l'amour en effet, inestimable dans sa générosité infinie,
confère une valeur à tout ce qui est. » ;
« Toute action est salissante, mais l’angélisme qui se refuse à l’action
est la pire des hypocrisies. »
- esthétique de l’ineffable : La vie est une ‟mélodie éphémère”, mais le
fait d'avoir vécu cette vie éphémère reste un fait éternel que ni la mort ni
le désespoir ne peuvent annihiler.
Joseph Folliet
(1903-1972), Français, militant catholique, chansonnier, sociologue,
poète, auteur de 65 ouvrages, cofondateur des ‘Compagnons de St
François’, directeur de la ‘Chronique sociale de France’, fondateur avec
Georges Hourdin de l’hebdomadaire La Vie catholique illustrée, devenu
La Vie.
Dénonce la torture pendant la guerre d’Algérie.
Ordonné prêtre en 1968.
« Bienheureux ceux qui savent rire d'eux-mêmes : ils n'ont pas fini
de s'amuser. Bienheureux ceux qui savent distinguer une montagne
d'une taupinière : il leur sera épargné bien des tracas. Bienheureux ceux
qui savent se taire et écouter : ils en apprendront des choses nouvelles.
Bienheureux ceux qui sont assez intelligents pour ne pas se prendre au
sérieux : ils seront appréciés de leur entourage.*»
Dans la même verve, Michel Audiard ajoute « Heureux les fêlés,
car ils laissent passer la lumière ! »
Ces « Béatitudes » qui varient selon les versions, ont été attribuées fréquem-
ment à Joseph Folliet qui les a largement diffusées. En fait, elles sont dues à la
plume du Père Paul Parisot, alors supérieur au Séminaire de Dijon, et qui en mars
1992 était aumônier d'une maison de retraite près de Dijon.
Source : Pierre Lathuilière, ami de Joseph Folliet
Marie-Madeleine Davy
(1903-1999), historienne et philosophe française. Thèse de doctorat
en théologie en 1941. Responsable d’un réseau d’évasion pendant la
Résistance. Rencontre Simone Weil, Louis Massignon, Lanza del Vasto,
Mircea Éliade, Jean Corbin, Nicolas Berdiaev, Henri le Saux, etc.
Se spécialise dans la théologie et la mystique médiévales. Chargée
de cours à l‘’École pratique des hautes études’ (1939-1947) puis chargée
de recherche au CNRS.
Parcourt le monde grâce à des échanges universitaires avec les ex-
pays de l’Est, les U.S.A, les Pays-Bas, reste plus longuement à l'Institut
français de Berlin, au Bedford College de Londres et à l'Université de
Manchester. Auteure de 40 ouvrages. Sa tombe, anonyme, porte ces
simples mots : « Sois heureux, passant ! »
« L’éveil libérateur s’accomplit dans le désert, c’est-à-dire dans le pays
de la soif, de la lecture des signes et de la rencontre. La véritable
rencontre s’effectue au-dedans, et devient expérience. Une indicible
expérience dont l’essentiel est inconnaissable. »
../..
Marie-Madeleine Davy
« La différence entre les hommes se réduit à ceci : la présence
ou l’absence d’expérience spirituelle. (…) Si lumineuse qu’elle soit,
cette expérience n’est pas acquise une fois pour toutes, elle est vouée
à des approfondissements successifs. »
« Qui ne s’est pas rencontré soi-même en soi-même, a-t-il jamais
rencontré Dieu ? Et qui n’a pas rencontré Dieu en soi, s’est-il jamais
rencontré lui-même ? »
« Qu’il s’agisse de l’Orient ou de l’Occident, nous ne sommes
plus à l’époque des maîtres, mais à celle du guru intérieur, de l’Église
intérieure. »
« Si Dieu existe - et comment en douter ? - il ne peut être
qu’unique, mais les hommes prennent divers chemins pour le
rencontrer. L’important est d’éviter la confusion des voies. »
« Il existe une communion secrète entre les êtres ailés. »
Marie-Madeleine Davy
Coordinatrice de l’Encyclopédie des mystiques* :
Tome 1 : Chamanisme, Grecs, Juifs, gnose, christianisme primitif
Tome 2 : Christianisme occidental, ésotérisme, protestantisme, islam
Tome 3 : Égypte, Mésopotamie, Iran, hindouisme, bouddhisme indien
Tome 4 : Bouddhismes tibétain, chinois, japonais, yi king, tch'an, zen
* La mystique ou le mysticisme est ce qui a trait aux mystères, aux
choses cachées ou secrètes1. Le terme relève principalement du domaine
religieux, et sert à qualifier ou à désigner des expériences spirituelles de l'ordre
du contact ou de la communication avec une réalité transcendante non
discernable par le sens commun. Pour certains, la mystique relève d'états
modifiés de conscience. (Wikipédia)
Jean-Claude Bologne (journaliste et enseignant belge né en 1956,
auteur du livre Le mysticisme athée, appelle mysticisme « une expérience de
mise en contact direct et inopiné avec une réalité qui dépasse nos perceptions
habituelles, et qu'on peut ressentir tour à tour comme étant le vide ou l'infini. »
Henry Corbin
(1903-1978) philosophe, traducteur et orientaliste français, élève et
ami de Louis Massignon. Un des premiers à traduire Heidegger, est à la
fois théologien, philologue, historien des religions et orientaliste, et le
découvreur des grandes traditions spirituelles de l'islam iranien.
Franc-maçon initié dans le rite écossais rectifié, spécialiste de l'islam
iranien en général et de la gnose chiite en particulier. Ouvre au regard de
l’Occident la profonde spiritualité des grands mystiques chiites et la
philosophie développée dans l’Orient du monde musulman, en particulier
en Iran, après la mort d’Averroès.
Étudie l’importance du monde imaginaire favorisant l’intuition
libératrice. Un des piliers - avec Carl Gustav Jung et Mircea Eliade, entre
autres - du ‘Cercle Eranos’ de 1949 à 1977. Attaché à ‘l'Institut français
d'Istanbul’ (1939-1945), puis fonde le département d'iranologie à l'Institut
français de Téhéran. En 1954, directeur d'études "Islamisme et religions
de l'Arabie" à ‘l'École Pratique des Hautes Études’ où il succède à son ami
et maître Louis Massignon.
En 1974, fonde un ‘Centre international de recherche spirituelle
comparée’ à l'Université Saint-Jean de Jérusalem où se rencontrent des
spécialistes des trois religions abrahamiques. ../..
Henry Corbin
Prend la succession de Jung aux ‘Rencontres d’Ascona’, ville suisse du Tessin où
se réunissent, plusieurs années, les plus grands spécialistes mondiaux de l’expérience
religieuse.
À travers l'étude détaillée de Sohrawardi (1155-1191) et de la philosophie chiite,
met aussi en lumière l'influence de la pensée religieuse du zoroastrisme ou mazdéïsme
(encore vivante dans certaines communautés en Inde et en Iran) sur l'islam iranien. Fait
connaître les richesses insoupçonnées de la spiritualité irano-islamique, des grands
mystiques chiites et des philosophes iraniens qu'il appelle les "platoniciens de Perse".
Son travail prend l'envergure d'une quête spirituelle et s'étend aux jaillissements des
différentes traditions des communautés "du Livre".
« Ne croyez-vous pas que nous aurions mieux compris le mystère de l’humanité,
si seulement nous nous étions appliqués avec plus de soin à scruter les penseurs de
Chine ou de Perse ? »
« Cette autre part de nous-même qu'est notre " Ange " peut nous soutenir dès ici-
bas si nous savons entendre son appel transformant, au coeur de notre vie la plus
singulière. »
Yeshayahou Leibowitz
(1903-1994), chimiste, philosophe et écrivain israélien né en
Lettonie (alors dans l’empire russe). Études et doctorats à Berlin et à
Bâle. Émigre en Palestine en 1934. Supervise la rédaction de l'Encyclo-
paedia Hebraïca de 1956 à 1972.
Un des intellectuels les plus marquants de la société israélienne, et
l'une de ses personnalités les plus controversées pour ses avis tranchés
sur la morale, l’éthique, la politique, et la religion.
Demande un engagement désintéressé au service de Dieu, opposé
à une foi du charbonnier qui attend des bienfaits divins : récompense,
évitement du châtiment. Pour lui, c’est le caractère volontaire de la
croyance qui distingue celle-ci de la connaissance. On croit aussi parce
qu’on l’a choisi. La foi présuppose une adhésion délibérée, un saut
personnel et subjectif qui permet de franchir les abîmes du doute. Le
‘plus’ de la décision n’intervient pas au terme d’une argumentation, mais
la précède. La croyance n’est pas conclusive, mais inaugurale. À ce titre,
elle s’apparente à l’amour.
Religieux et sioniste, mais combat ardemment le « sionisme
religieux ». Dénonce l’occupation de la Palestine, l’armement nucléaire.
« L’occupation de la Palestine fait perdre son âme au peuple d’Israël. »
Hans Jonas
(1903-1993), philosophe allemand d’origine juive, historien du
gnosticisme.
Fuit l’Allemagne nazie en 1933 pour Londres puis la Palestine.
Décédé à New-York.
Pour lui, Dieu s'est dépouillé de sa toute-puissance pour faire advenir
le monde. Après la Shoah, on ne peut pas croire à un Dieu qui soit à la
fois bon, Tout-puissant et compréhensible. Or, Dieu doit être bon et
compréhensible. Donc il n’est pas Tout-puissant.
Les caractéristiques de Dieu sont qu’il est souffrant, en devenir,
soucieux et dépourvu de puissance.
Le Dieu d'après Auschwitz ne répond pas aux prières, il ne fait pas
de miracle : il nous a légué de manière soucieuse son propre devenir
dont il nous incombe d'assurer la réalisation.
Voir aussi Jonas in trombinoscope « Écologie et altercroissance » (le principe
responsabilité)
Henri Caffarel
(1903-1996), prêtre catholique français, fondateur des
‘Équipes Notre-Dame’, mouvement de spiritualité conjugale qui
compte actuellement 60 000 foyers répartis en 70 pays.
Insiste sur "le devoir de s’asseoir". Fait de la maison de
Troussures (Oise) un Centre international de prière.
« La maison s’écroulera un jour si on ne surveille pas la
charpente. Au foyer où l’on ne prend pas le temps de s’arrêter
pour réfléchir, bien souvent le désordre, matériel et moral,
s’introduit et s’installe insidieusement. (…)
Prenez votre agenda, et comme vous y inscririez un concert
ou une visite à des amis, notez un rendez-vous avec vous-mêmes.
(…) Faites un pèlerinage aux sources de votre amour,
reconsidérez l’idéal entrevu quand vous avez pris la route
ensemble, d’un pas allègre. Renouvelez votre ferveur. Puis
revenez au présent, confrontez idéal et réalité. »
Karl Rahner
(1904-1984), prêtre jésuite allemand, écrivain et professeur de
théologie. Ne pouvant enseigner en Allemagne durant le régime nazi, a une
activité pastorale à Vienne (Autriche).
Reconnu comme l'un des théologiens catholiques les plus éminents
du XXe siècle, expert au concile Vatican II.
Fonde en 1965, avec Yves Congar et Edward Schillebeeckx, la revue
internationale de théologie Concilium.
Affirme, entre autres certitudes, que quiconque mène une vie droite
rejoindra Dieu dans l’éternité quelle que soit sa religion.
Affirme surtout que le mystère de Dieu restera toujours un mystère, et
que cela entraîne une conception de la théologie qui introduit au mystère.
« Je suis persuadé que le christianisme n’est pas une pure doctrine
extrinsèque parachutée sur l’homme, mais qu’il y a, qu’il doit y avoir un
christianisme qui surgit de l’expérience humaine personnelle la plus
intérieure. »
« Il me paraît évident qu’une théologie de l’avenir peut aussi apprendre
quelque chose des religions non chrétiennes. »
« Les dogmes sont comme des lampadaires qui balisent un chemin,
mais il n’y a que les ivrognes qui s’y cramponnent... »
Gabriel Rosset
(1904-1974), enseignant français et fondateur d’association. École
Normale d'instituteurs de Grenoble puis de St-Cloud, professeur chargé de
la formation des futurs instituteurs. Différents postes d’enseignant,
notamment au lycée Lacassagne à Lyon .
Au sein d’un groupe de jeunes étudiants catholiques (les "Tala", qui
vont à la messe), rencontre Antoine Martel et oriente sa vie au service des
autres. En 1950, crée avec Georges Belleville et Henri Tournissou
l’association Foyer Notre-Dame des Sans-Abri (NDSA), en réaction aux
nombreux décès qui touchent des hommes passant la nuit sous les ponts
de Lyon.
Le Foyer passe d’un asile de nuit pour hommes isolés à un
ensemble de réponses, notamment des logements d’urgence, pour
accueillir des familles, lance un programme de construction de logements
de dépannage et de rénovation de locaux vacants. Des actions sont
réalisées par des bénévoles en direction des parents par des ateliers de
puériculture, d’hygiène, travaux de couture et de lingerie, ou d’équilibre du
budget.
En 20 ans, 1 500 logements voient le jour à Lyon et dans sa
banlieue. Pour favoriser la promotion des familles logées dans ces
logements "de transit", le Foyer crée en 1972 une S.A. d'HLM.
Madeleine Delbrêl
(1904-1964), mystique chrétienne française, essayiste et poétesse.
En 1923, son fiancé Jean Maydieu s'éloigne brusquement d'elle pour
rentrer chez les dominicains. Cette séparation la marque profondément :
elle tombe malade et ne se mariera jamais après. S’engage dans le
scoutisme sur conseil de l’abbé Jacques Lorenzo.
Assistante sociale à Ivry-sur-Seine, la seule commune communiste
en 1933, en banlieue ouvrière de Paris. Fonde une communauté de
jeunes femmes dont le but est de rencontrer les gens où ils vivent,
devenir leur ami, les recevoir chez soi, s'entraider, témoigner de sa foi
sans prosélytisme.
« Nous autres gens de la rue nous croyons de toutes nos forces que
cette rue, que ce monde où Dieu nous a mis est pour nous le lieu de notre
sainteté ».
« Milieu athée, circonstance favorable à notre propre conversion. »
Les équipes Madeleine Delbrël sont de petites équipes de quelques personnes,
laïques, célibataires, vivant en communauté, par leur travail et mettant tout en
commun, accueillantes à tous et attentives aux plus démunis.
Yves Congar
(1904-1995), religieux dominicain, un des plus influents théologiens
catholiques du 20ème siècle. Élabore une théologie en prise avec les
problèmes et questions du temps présent, afin de surmonter les
impasses du néo-thomisme. Multiplie les relations avec les théologiens
anglicans, protestants et orthodoxes et comprend que l’unité entre
Églises ne peut se faire par un simple retour à l’Église romaine
Tout d'abord exposé aux soupçons puis aux sanctions de l’autorité
ecclésiale (en 1952), dus à son implication dans le mouvement qui
portera le nom de "nouvelle théologie", est ensuite réhabilité, nommé
expert au concile Vatican II (1962-1965), comme Dominique-Marie
Chenu et Henri de Lubac, et nommé cardinal en 1994.
« Je suis un homme enraciné. Je déteste la rupture d'avec ce qui
nous fonde.(…) La récupération de l'authentique Tradition est la condition
de l'audace ecclésiale. Selon des formules qui n'ont rien de paradoxal,
on pourrait dire que le renouveau dépend du ressourcement et que la
fidélité appelle le prophétisme. Plus on connaît les méandres de
l'histoire, plus on est libre par rapport aux nouveaux absolus. Tout
s'inscrit dans une histoire. »
Kalu Rinpoché
Vajradhâra Kalu Rangjung Kunchab (1904-1989), moine tibétain,
un des plus grands maîtres bouddhistes du 20ème siècle, artisan de la
diffusion en Occident du Dharma (ordre universel cosmique, loi
éternelle).
Exilé en Inde après l’occupation de son pays par la Chine.
Fonde des monastères et centres d’enseignement de la Pleine
Présence - Pleine Conscience dans plus d’une douzaine de pays
(Amériques, Europe, Japon, etc.), notamment des centres de retraite
de 3 ans, 3 mois et 3 jours.
Fait traduire l’Encyclopédie des Connaissances Traditionnelles
dans différentes langues afin qu’elle serve de base à des
programmes d’étude du Dharma.
Fonde les Kagyü Mönlam, grande assemblée annuelle où tous
prient pour l’harmonie du monde, à Bodhgaya (Inde), lieu où le
Bouddha eut sa révélation et dans les divers continents.
Henri-Irénée Marrou
(1904-1977) historien français de l’Antiquité, spécialiste du christianis-
me primitif et de philosophie de l'histoire, enseignant, chercheur, conféren-
cier, pianiste et musicologue. École Normale Supérieure, agrégation
d’histoire, École française de Rome. Enseigne à Nancy, Montpellier et Lyon.
S’engage dans la Résistance avec Témoignage Chrétien, intervient en
faveur des Juifs. De 1945 à 1975, occupe la chaire d’histoire du
christianisme à la Sorbonne, et rédige ses œuvres les plus importantes.
Un des premiers collaborateurs de la collection Sources chrétiennes
(1942), éditant des textes des Pères de l'Église, spécialiste d’Augustin. Ami
d’Emmanuel Mounier et membre du comité de rédaction d’Esprit. Pendant
la guerre d'Algérie, dénonce l'usage de la torture, ce qui lui vaut une
perquisition. Participe à la fondation du SGEN-CFDT. Approuve Vatican II,
méfiant envers les idées de mai 1968.
Évitant le dogmatisme, plaide pour "l’histoire-questions" et pour
l’humilité devant les faits. Déborde d’humour méridional et de bonté.
« La philosophie critique de l’histoire se ramène finalement à la mise
en évidence du rôle décisif que joue, dans l’élaboration de la connaissance
historique, l’intervention active de l’historien, de sa pensée, de sa
personnalité. (…) Le progrès de la connaissance historique fait toujours
éclater les schémas trop simples proposés par les philosophies de
l’histoire. »
Pierre Ganne
(1904-1979), jésuite, théologien et philosophe français. Résistant
pendant l'Occupation, cofondateur des Cahiers du Témoignage chrétien,
appartient à deux réseaux clandestins, à Lyon et à Paris, cache des
enfants juifs et fait du renseignement.
Pendant la crise qui aboutira à la ‟purge de Fourvière” en juin
1950, soupçonné de sympathies marxistes, dénoncé anonymement et
finalement interdit d'enseignement.
Un des principaux représentants du modernisme dans l'Église
catholique romaine de son temps.
Dénonce la « désintégration de la raison depuis le 18ème siècle . La
raison n’était pas naguère la simple rationalité (technique, scientifique,
objectiviste) qu’elle est devenue, mais intelligence, sensibilité et volonté
unies, intelligence sans frontière, impliquant le mystère. Ce qui était
vigueur morale, éthique, s’est décomposé en moralisme.
Mettre en avant des impératifs de la conscience est aujourd’hui
perçu comme de ‟l’affectivité” ou du ‟moralisme”, comportements jugés
‟irrationnels”. »
Jean Gebser
Né Hans Gebser (1905-1973), linguiste, poète et philosophe allemand,
spécialiste de l'évolution de la conscience humaine. Vit en Italie, en France,
en Espagne, élabore la plus grande partie de son œuvre en Suisse.
Professeur à Zurich puis à l'université de Salzbourg. Homme de science et
mystique, voyage en Inde, en Extrême-Orient et en Amérique, rencontre Sri
Aurobindo à Pondichéry et dira ensuite « la conscience supramentale de Sri
Aurobindo et ma conscience intégrale sont les mêmes. »
La prise de conscience du temps est au centre de sa réflexion.
Distingue 5 structures d'apparition successive de la conscience humaine :
1) la structure archaïque, 2) la structure magique, 3) la structure mythique,
4) la structure mentale, 5) l'étape intégrale. À ce stade, qui n'existe que
chez certains adultes, il est possible de percevoir le temps et l'espace
comme un tout intégré. Il s'agit d'une étape de compréhension, d'intégration,
de transparence et de manifestation des structures de conscience anté-
rieures.
Montre que l'homme se trouve aujourd'hui dans une ère de
changement radical, permettant l'éclosion d'une conscience nouvelle qui va
au-delà de la simple rationalité.
« Quand nous naissons, nous pleurons, quand nous mourons, nous
devons sourire. »
Arthur Koestler
Né Artúr Kösztler (1905-1983), romancier, journaliste et essayiste
hongrois, naturalisé britannique. Naît dans une famille juive hongroise, de
langue allemande. Étudie l'ingénierie à l’’École polytechnique de Vienne’,
adhère à la cause sioniste, est journaliste en Palestine.
En 1933, à l'arrivée de Hitler au pouvoir, s'installe à Paris. Couvrant la
guerre d'Espagne pour un journal anglais, emprisonné et condamné à mort
par les Franquistes, échangé contre la femme d'un pilote franquiste,
retenue par les Républicains. Durant la ‘drôle de guerre’, couvre la situa-
tion en France, est arrêté par la police française avec d'autres réfugiés,
interné au stade Roland-Garros puis au camp du Vernet en tant qu' "étran-
ger indésirable". En 1940, dans Darkness at Noon (Le zéro et l’infini),
dénonce les procès et crimes staliniens et, au-delà de ceux-ci, « les
systèmes clos. » S'engage au cours de l'exode dans la ‘Légion étrangère’,
puis dans les services de propagande de l’armée britannique.
Considère que l’humanité a traversé un moment historique
fondamental avec l’invention puis l’utilisation de la bombe atomique à
Hiroshima. Au vu de toutes les horreurs que l’humanité a traversées, il ne
fait aucun doute à ses yeux que l’homme court un grand risque d’un jour ou
l’autre mettre fin à son existence en tant qu’espèce. ../..
Arthur Koestler
Tournant le dos aux romans, s’intéresse à la science et
consacre plus de 25 ans de sa vie à comprendre les sources de la
grandeur et de la médiocrité humaine.
S'étant intéressé à la parapsychologie dès les années 1950, à la
suite d'une expérience vécue lors de son incarcération en Espagne,
devient membre de la Society for Psychical Research.
En 1979, participe au comité de patronage de Nouvelle École,
revue liée à la ‘Nouvelle Droite’. Atteint de la maladie de Parkinson et
de leucémie, met fin à ses jours en 1983 par absorption de médica-
ments, conjointement avec sa troisième épouse Cynthia. Défendait
depuis longtemps l'euthanasie volontaire et était devenu en 1981 vice-
président de l’association ‘Exit’.
« Je vous quitte en toute sérénité avec le timide espoir qu’il
existe un au-delà dépersonnalisé, passant les confins de l’espace, du
temps et de la matière, échappant d’une manière illimitée à notre
intelligence. »
Hans Urs von Balthasar
(1905-1988) jésuite et théologien catholique suisse, grand
admirateur de Goethe. Selon Henri de Lubac, il est « l’homme peut-
être le plus cultivé de son temps ».
Un des premiers théologiens chrétiens (après Origène, mais
avant Marie-Émile Boismard, Pierre Teilhard de Chardin, Léon Bloy,
Joseph Moingt, Lanza del Vasto, l’abbé Pierre, Benoît XVI, etc.) à
remettre en cause la théologie de l’enfer *, sans pour autant la récuser,
par souci d’orthodoxie.
« Un théologien consciencieux ne devrait-il pas malgré tout se
demander ce qu’éprouvent les bienheureux quand ils voient brûler en
enfer leurs frères et leurs sœurs ? (…) Dieu cesse-t-il d’aimer les
damnés ? (…) Ce serait mettre des bornes à la miséricorde ».
* acceptée par St Augustin, Pierre Lombard, Catherine de Sienne, Thomas a
Kempis, Thérèse d’Avila, François de Sales, Jean-Marie Vianney, Jean-Paul II,
etc.
François Varillon
(1905-1978), jésuite et théologien français. Enseignant et aumônier
auprès de lycéens et d'étudiants dans les années 1930, devient après la
Seconde Guerre mondiale aumônier de l‘’Association catholique de la
jeunesse française’. Un des commentateurs les plus pénétrants de la
littérature contemporaine, notamment de Paul Claudel.
Auteur, par ses ouvrages sur la souffrance et l’humilité de Dieu, de
ce que Jean-François Six a qualifié d’une "percée théologique".
Dans ses débats avec Marcel Légaut, défend une conception très
classique du christianisme et de l’approche de Dieu.
« La grandeur de Dieu est de pouvoir tout ce que peut l’amour,
jusqu’à l’effacement de soi dans l’humilité du regard. »
« L’humilité de l’amour donne la clef : il faut peu de puissance pour
s’exhiber, il en faut beaucoup pour s’effacer. Dieu est une Puissance
illimitée d’effacement de soi. »
« Prendre sa croix, c’est marcher, pieds sur le sol, les bras ouverts,
relié au ciel, relié aux autres, porter d’une main la beauté du monde et de
l’autre la souffrance du monde. »
Joseph-Marie Perrin
Michel Perrin (1905-2002), prêtre dominicain et Résistant français.
Aveugle à 11 ans, ordonné prêtre malgré sa cécité avec une dispense du
pape Pie XI. Convaincu de l'importance du rôle des laïcs dans l'Église,
fonde en 1937 avec Juliette Molland (1902-1979) l‘’Union missionnaire des
petites sœurs de sainte Catherine de Sienne’, qui deviendra en 1955
l‘’Union Caritas Christi’.
Dès 1937, les dominicains de Marseille s‘engagent dans le combat
contre le nazisme et l'antisémitisme, organisent régulièrement des
rencontres consacrées au dialogue entre Juifs et Chrétiens. La guerre
venue, diffuse clandestinement les Cahiers du Témoignage chrétien,
organise la fuite de personnes menacées par les nazis. Nommé supérieur
au couvent de Montpellier en 1942, arrêté par la Gestapo en août 1943.
Honoré comme ‘Juste parmi les nations’ en 1999.
Accompagnateur spirituel de Simone Weil, la met en contact avec
Gustave Thibon (qui embauche celle-ci comme ouvrière agricole), avec
Louis-Joseph Lebret, Jacques Loew. A l'intention d'écrire avec elle un livre
sur « les mystiques de toutes les religions », mais le projet n'aboutit pas.
« Notre liberté, c’est de choisir les êtres auprès de qui nous nous
sentons meilleurs. » J.-M. P.
« La distance n’empêchera pas ma dette envers vous de s’accroître avec le temps, de
jour en jour. Car elle ne m’empêchera pas de penser à vous. Et il est impossible de penser à vous
sans penser à Dieu. » Simone Weil
Emmanuel Mounier
(1905-1950), philosophe français. Formation en philosophie à
Grenoble auprès de Jacques Chevalier, agrégation à la Sorbonne.
Ébloui par la pensée de Charles Péguy, dévoré par l’urgence de
rompre avec le «désordre établi».
Fondateur en 1932 la revue Esprit, qui se présente comme
troisième force entre le capitalisme et le marxisme et développe la
conception du "personnalisme". Réunit ‘Refaire la Renaissance’,
groupe d’intellectuels réunis sans barrières de sensibilité politique
ou religieuse : Levinas, Ricœur, de Lubac, Congar, Chenu, etc.
Participe pendant la guerre au journal Combat, emprisonné
par le régime de Vichy.
Dans L’affrontement chrétien, s’attaque à l’atrophie
individualiste et aux conditionnements collectivistes, s’insurge contre
le christianisme contrit et pudibond qu’il compare à une troupe
navrante promise d’avance à la défaite. Renvoyant les timides à
leurs bondieuseries, montre que le chrétien peut assumer le
mouvement de l'histoire sans entrer dans la compromission :
Emmanuel Mounier
« Ces êtres courbes qui ne s’avancent dans la vie que de biais et les
yeux abattus, ces âmes dégingandées, ces peseurs de vertu, ces
victimes dominicales, ces froussards dévotieux, ces héros lymphati-
ques, ces bébés suaves, ces vierges ternes, ces sacs de syllogismes,
ces ombres d’ombres, est-ce là l’avant-garde de Daniel marchant
contre la Bête ? »
Soutient la réconciliation franco-allemande, l’Europe, l’éveil et
la décolonisation de l’Afrique.
L’affirmation de la dignité inaliénable de la personne humaine
dans le courant personnaliste permet de fonder la pensée des droits de
l’homme. Un des premiers philosophes français à avoir intégré la non-
violence dans ses réflexions.
Plaide pour la prise en considération des deux pôles de la vie
personnelle que sont le "dégagement réflexif" et "l’engagement
communautaire", fustige tous les conformismes ambiants, sociaux ou
pédagogiques, invite à un combat pour l’Absolu dans la conscience de
la précarité des fragilités humaines. ../..
Emmanuel Mounier
« Nous appelons personnaliste toute doctrine, toute civilisation
affirmant le primat de la personne humaine sur les nécessités matérielles
et sur les appareils collectifs qui soutiennent son développement. »
« On pourrait presque dire que je n'existe que dans la mesure où
j'existe pour autrui, et, à la limite : être, c'est aimer. »
« La communication est plus rare que le bonheur, plus fragile que
la beauté. »
« Le spirituel commande le politique et l'économique. L'esprit doit
garder l'initiative et la maîtrise de ses buts, qui vont à l'homme par-
dessus l'homme et non pas au bien-être. »
« Par son adaptation au "principe de réalité", l'enfant apprend
l'acceptation du renoncement, l'acceptation d'autrui et l'acceptation de la
lutte ».
«L'âge adulte est l'âge propre de l'adaptation. Mûrir, c'est trouver
sa place dans le monde. »
« La plus grande vertu politique est de ne pas perdre le sens des
ensembles. »
René Voillaume
(1905-2003), prêtre catholique français. Un des premiers
disciples de Charles de Foucauld qu'il découvre par la lecture du livre
de René Bazin à l'âge de 17 ans. S'installe en octobre 1933 comme
Père Blanc avec quatre compagnons dans le Sahara algérien dans un
fortin désaffecté de l'oasis d'El Abiodh Sidi Cheikh afin de vivre de la
spiritualité de Charles de Foucauld et en s'inspirant des chartreux.
Fonde en 1933 la congrégation des ‘Petits Frères de Jésus’
en 1933. Rencontre en 1938 soeur Magdeleine avec laquelle il fonde
les ‘Petites Soeurs de Jésus’ puis en 1947 à Aix en Provence la
première fraternité ouvrière. Fonde en 1956 la congrégation des
‘Petits Frères de l'Évangile’, puis en 1963 celle des ‘Petites Sœurs de
l'Évangile’. Participe au débat des prêtres ouvriers, leur conseillant de
se syndiquer, mais refuse toute lutte des classes.
« Tous les grands contemplatifs chrétiens sont unanimes
dans leur témoignage : quelle que soit la voie spirituelle, l'union à
Dieu est perçue par eux comme réelle, d'une réalité plus existentielle,
plus solide, plus pleine d'être et de certitude que toute autre expé-
rience du monde physique. En ce sens, il est vrai de dire que les
contemplatifs sont les plus réalistes des hommes. »
Viktor Frankl
(1905-1997), neurologue et psychiatre autrichien d’origine
juive.
En 1942, déporté avec sa famille au camp de concentration de
Theresienstadt, puis en 1944 à Auschwitz (son père, sa mère, son
frère et sa femme seront tués dans les chambres à gaz).
Observe avec étonnement que les plus robustes et actifs sont
les premiers à mourir, et que ceux qui paraissaient les plus faibles
résistent beaucoup plus longtemps : « Face à l'absurde, les plus
fragiles avaient développé une vie intérieure qui leur laissait une
place pour garder l'espoir et questionner le sens. (…) Les plus
aptes à survivre étaient les prisonniers qui avaient une tâche à
remplir après leur libération ».
Crée une nouvelle thérapie qu'il nomme logothérapie, prenant
en compte le besoin de sens et la dimension spirituelle de la
personne.
../..
Viktor Frankl
Pendant 25 ans, directeur de la polyclinique neurologique de
Vienne. S’aperçoit que ses patients ne souffrent pas uniquement de
frustrations sexuelles (cf. Sigmund Freud) ou de complexes
d’infériorité (cf. Alfred Adler) mais aussi d’un "vide existentiel". Le vide
intérieur conduit à imiter les autres (conformisme) ou à se plier à leurs
désirs (totalitarisme).
L’exigence fondamentale de l’homme, affirme-t-il, n’est ni
l’épanouissement sexuel, ni la valorisation de soi, mais la plénitude de
sens.
Chacun doit trouver et se donner une raison d’exister, une raison
unique et singulière. On ne répond à la question que pose l’existence
qu’en prenant sa propre vie en main. La responsabilité est l’essence
même de l’existence humaine.
Ne se fie à aucune religion constituée, à aucune Église, mais
renvoie chacun à lui-même. ../..
Viktor Frankl
Trois voies principales peuvent nous révéler le sens de la vie,
nous donner des raisons de vivre :
- Accomplir une œuvre ou une bonne action,
- Faire l’expérience de la bonté, de la vérité, de la beauté, de l’amour,
- Assumer dignement une souffrance inévitable.
En 1955, professeur à l’université de Vienne. Le premier institut
de logothérapie au monde est fondé en 1970 à San Diego en
Californie.
On trouve aujourd’hui des centres et des associations de
logothérapie dans une trentaine de pays.
« L'homme est partout confronté au destin, il a partout l'occasion
de s'accomplir à travers la souffrance. (…) Pleurer atteste de ce
qu'un homme fait preuve du plus grand des courages, celui de
souffrir ».
Dietrich Bonhoeffer
(1906-1945), pasteur luthérien, théologien, essayiste et résistant
au nazisme. Se pose des questions sur la mort et l'éternité à 12 ans,
après la mort de son frère aîné Walter, tué au front en avril 1918. Étudie
la théologie à Tübingen, Rome et Berlin. Disciple de Karl Barth et de
Adolf von Harnack, marqué par Bernanos.
Vicaire à l'Église évangélique allemande de Barcelone, assistant à
l'Université de Berlin, boursier à l'Union Theological Seminary de New
York. Ébranlé par les questions critiques des États-uniens et par la non-
violence de son camarade d'études Jean Lasserre (1908-1983).
Pasteur à Londres de 1933 à 1935. Après son retour en Allema-
gne, rejoint l‘’Église confessante’ (Bekennende Kirche : 7 000 pasteurs
regroupés autour de Martin Niemöller et Karl Barth protestent notam-
ment contre l'introduction dans l’Evangelische Kirche der altpreußischen
Union du "paragraphe aryen" qui prévoit l'exclusion des pasteurs
d'origine juive ou mariés à une juive).
Ses prises de position ne restent pas longtemps ignorées du
régime nazi qui en 1935 lui retire ses droits d'enseigner. Constitue dans
la clandestinité dans la localité de Finkenwalde (aujourd'hui Szczecin) un
séminaire, dissous par la Gestapo en 1937.
../..
Dietrich Bonhoeffer
Prend des contacts avec des officiers allemands opposés au
nazisme. Avec des papiers fournis par l’amiral Wilhelm Canaris, chef de
l'Abwehr (service de renseignements de l'état-major allemand), se rend en
Angleterre, aux États-Unis, à Stockholm.
Arrêté en avril 1943, peu après ses fiançailles avec Maria von
Wedemayer, sous l'inculpation d‘ "affaiblissement du potentiel de guerre de
l'Allemagne". L'influence de Canaris permet son transfert des prisons de la
Gestapo vers une prison moins sévère à Berlin, où il écrit de nombreux
textes, recueillis après guerre dans l'ouvrage intitulé Widerstand und
Ergebung (« Résistance et soumission »).
N'accepte pas la possibilité d'évasion qui lui est proposée. Après
l'attentat de juillet 1944 contre Hitler et la découverte des conjurés (parmi
lesquels Canaris et Bonhoeffer), transféré en octobre 1944 dans les
prisons de la Gestapo, puis déporté au camp de concentration de
Buchenwald. Le 9 avril 1945, Bonhoeffer, Canaris et le général Oster
sont conduits devant la cour martiale, jugés coupables et pendus nus
dans le camp de concentration de Flossenbürg.
../..
Dietrich Bonhoeffer
Dans des lettres majeures de 1944, son constat est simple : le
temps de la religion est terminé.
Le « nouveau monde » auquel il aspire est libérateur car moins
fondé sur la peur infantilisante que peut inspirer le monde religieux. Il est
une expérience existentielle : vivre sa vie terrestre jusqu'au bout, sans se
consoler par un hypothétique au-delà, vivre pour les autres et, dans son
cas, donner volontairement sa vie pour l'avenir de l'Allemagne et de
l'Europe.
« Ce n’est pas l’acte religieux qui fait le chrétien, mais sa
participation à la souffrance de Dieu dans la vie du monde. »
«  La question est de savoir ce qu’est le christianisme et qui est le
Christ, pour nous aujourd’hui. (…) Le temps où l’on pouvait tout dire aux
hommes par des paroles théologiques ou pieuses est passé. (…) Nous
allons au-devant d’une époque totalement non religieuse. (…) Si la religion
n’est qu’un vêtement du christianisme - et ce vêtement lui-même a changé
d’aspects à différentes époques - qu’est-ce donc alors qu’un christianisme
non religieux ? (…) Comment le Christ peut-il devenir le Seigneur des non-
religieux ? Y a-t-il des chrétiens sans religion ? »
« Le Christ ne doit plus être l'objet d'une religion, un objet partiel,
sectoriel, réservé aux gens pieux, mais le Seigneur du monde, pour tous.
Dietrich Bonhoeffer
(…) Jésus n'appelle pas à une religion nouvelle, mais à la vie. (…)
L'homme a appris de venir à bout de toutes les questions importantes
sans faire appel à l'hypothèse Dieu »
« Devant Dieu et avec Dieu, nous vivons sans Dieu »
« Dieu nous fait savoir qu’il nous faut vivre en tant qu’hommes
qui parviennent à vivre sans Dieu. (…)Le Dieu qui est avec nous est
celui qui nous abandonne. On peut dire que l’évolution du monde vers
l’âge adulte, faisant table rase d’une fausse image de Dieu, libère le
regard de l’homme, le dirige vers le Dieu de la Bible qui acquiert sa
puissance et sa place dans le monde par son impuissance. »
« Faire et oser non pas n’importe quoi, mais ce qui est juste.
Non pas planer dans le possible, mais saisir avec courage le réel. Ce
n’est pas dans les fuyantes pensées, mais dans l’action seule qu’est
la liberté. Romps le cercle de tes hésitations anxieuses pour affronter
la tempête des événements, porté seul par la loi de Dieu et par la foi,
la liberté accueillera ton esprit dans la jubilation. »
« Vient le jour où il sera peut-être impossible de parler
ouvertement, mais nous allons prier, nous allons faire ce qui est juste,
et le temps de Dieu viendra. » (Lettre à son filleul)
Bede Griffiths
(1906-1993), né Alan Richard Griffiths. Études en littérature anglaise
et en philosophie au Magdalen College. Anglican, se convertit au
catholicisme dans la suite du cardinal Newman. Moine et prêtre bénédictin
anglais ordonné au sacerdoce en 1940.
Conscient de la nécessaire ouverture de l’Occident et du monde
chrétien à d’autres spiritualités, part en Inde en 1955 à la demande du
moine d’origine indienne Benoît Alapatt pour s’immerger dans une des
cultures religieuses les plus riches du monde. Séjours à Bengalore et au
Kérala. Développe une vie monastique basée sur la tradition indienne,
adopte les vêtements de safran d'un sannyasi indien (ascétique ou moine),
prend le nom sanskrit de swami Dayananda ("bonheur de compassion"),
devient un yogi remarqué.
En 1968, s’installe dans l’ashram de Saccidananda, également
connu sous le nom de Shantivanam, au Tamil Nadu, fondé en 1950 par
Henri Le Saux. Utilise l'anglais, le sanskrit et le tamoul.
Découvre en Inde le rôle du mythe comme mode d’expression de
vérités qui ne peuvent s’énoncer autrement. Auteur de 12 livres sur le
dialogue Hindous-Chrétiens, membre du mouvement Christian Ashram.
../..
Bede Griffiths
« Je voulais faire l’expérience, dans ma propre vie, du mariage de
ces deux dimensions de l’existence humaine, la rationnelle et
l’intuitive, la consciente et l’inconsciente, la masculine et la féminine.
Je désirais trouver le chemin de l’union entre l’Orient et l’Occident. »
« Chaque religion est une manifestation de cette vérité unique qui
trouve des signes et des symboles différents dans diverses traditions
historiques. »
« Le système industriel occidental ne peut qu’aboutir à la
destruction des cultures traditionnelles de l’Orient. Il est pourtant
possible de concevoir un développement qui ne cherche pas à
dominer la nature, mais à collaborer avec elle, comme l’a préconisé le
Mahatma Gandhi, et de créer une culture nouvelle où l’homme et la
nature, la raison et l’intuition, le yin et le yang de la terminologie
chinoise, se retrouvent en harmonie. »
Henri Godin
(1906-1944), prêtre catholique français, un des premiers prêtres-
ouvriers. Dès le séminaire, après avoir été frappé par l'abandon religieux
de la population ouvrière, se donne comme tâche l'évangélisation de la
banlieue rouge de Paris. Ordonné prêtre en 1933 à Paris.
En 1943, pendant la 2ème Guerre Mondiale, fait paraître avec
l'abbé Yvan Daniel le rapport La France, pays de mission ?, qui constate
la forte déchristianisation des milieux ouvriers en France, et dont le
retentissement au sein de l'Église catholique est immense. Souhaite se
consacrer aux jeunes qui ne fréquentent pas l'Église, et crée en ce sens
la "Mission de Paris". Meurt en janvier 1944, asphyxié par les fumées
émanant de son matelas de laine consumé par le chauffage électrique
qu'il avait déposé près de son lit.
Après 1945, des prêtres vivent leur ministère en usine, s’enga-
gent dans les associations, syndicats et même partis politiques. Ils
ressentent leur présence dans ce milieu comme le moyen de vivre les
valeurs évangéliques de partage et de fraternité avec les travailleurs.
En 1954, le pape Pie XII décide d'arrêter l'expérience des
prêtres ouvriers en leur demandant de se retirer des usines. En 1959, les
prêtres marins de la "Mission de la mer" sont condamnés par le Vatican..
Emmanuel Lévinas
(1906-1995), philosophe français d’origine lituanienne, éduqué
dans la tradition juive. Études de philosophie à Strasbourg, Fribourg-
en-Brisgau et Paris. Prisonnier de guerre pendant 5 ans. À partir de
1957, donne des commentaires talmudiques aux Colloques des
Intellectuels Juifs de France.
Sa philosophe est centrée sur la question éthique et sur la
métaphysique d’Autrui.
Pour lui, c’est dans la bonté envers l’autre que le moi s’affirme et
se construit comme être humain. La bonté est la vraie réponse à la
sollicitation du visage de l’autre.
« Le visage, c’est l’identité même d’un être. Le visage dans sa
nudité de visage me présente le dénuement du pauvre et de
l’étranger. » ../..
Emmanuel Lévinas
Définit la morale comme un absolu qui règle l’existence avec une
rigueur implacable et désigne la relation à autrui, ce qu’il nomme la
responsabilité-pour-autrui. Selon lui, la relation à autrui est asymétrique :
la réciprocité des actions ne peut pas être attendu par le sujet, il doit agir
sans savoir ce qu’autrui fera, même si le sujet doit y laisser sa vie.
« Je suis responsable d’autrui sans attendre la réciproque, dût-il
m’en coûter la vie. La réciproque, c’est son affaire. »
Ne cesse de nous dire d’être attentif au visage de l’autre qui est
ouverture vers les chemins infinis du sens. C’est par la vulnérabilité
acceptée dans la rencontre de l’autre que nous avons quelques chances
d’échapper à nos obsessions et à nos clôtures.
Nous convie à un véritable retournement de la démarche
philosophique : « Nous sommes habitués à une philosophie où esprit
équivaut à savoir, c’est-à-dire au regard qui embrasse les choses, à la
main qui les prend et les possède, à la domination des êtres. (…) Dans la
vision que je développe, l’émotion humaine et sa spiritualité commencent
dans le pour-l’autre, dans l’affection par l’autre ».
Émile Pinel
(1906-1985), mathématicien, physicien, biologiste et
thérapeute français.
Modélise mathématiquement le fonctionnement de la
cellule vivante à partir du calcul tensoriel et démontre
l’existence de champs pour expliquer le vivant (champ
physique H1 analogue à celui d’un aimant, champ de
mémoire H2, champ morphogénétique H3).
Démontre ainsi que lorsqu'un individu meurt, sa partie
"matière" meurt, mais pas sa partie "psychique".
Ses travaux ont été repris par Jacqueline Bousquet et
André Bourrée.
Kurt Gödel
(1906-1978), logicien et mathématicien autrichien naturalisé états-
unien. Maître de conférences de l'université de Vienne.
Son théorème d'incomplétude (1930) affirme que n'importe quel
système logique suffisamment puissant pour décrire l'arithmétique des
entiers admet des propositions sur les nombres entiers ne pouvant être ni
infirmées ni confirmées à partir des axiomes de la théorie. Ces proposi-
tions sont qualifiées d'indécidables. Règle 2 problèmes philosophiques :
concevant la cosmologie comme une extension de la relativité restreinte,
montre que le temps n'a pas d'existence objective et que l'espace matériel
de la relativité est un univers optique.
Ses liens avec des professeurs juifs, comme son tuteur de thèse
Hans Hahn, lui causent des problèmes. Fuit l’Autriche en 1940 pour les
États-Unis, devient professeur à l'Institute for Advanced Study de
Princeton. Publie en 1949 les équations de la relativité générale.
Timide, introverti, pessimiste, profondément mystique. Âgé de
70 ans, fait circuler parmi ses amis un document proposant par un
argument formel de logique modale une preuve ontologique de l'existence
de Dieu, inspirée de l'argument d'Anselme de Cantorbéry et de travaux de
Leibniz. Fait aussi des recherches sur la transmigration des âmes,
s'interroge sur l'existence des anges et du diable.
Karl Stern
(1906-1975), médecin et psychiatre juif canadien d’origine
allemande. Fait ses études dans les années 1930 à Munich, à Berlin et à
Francfort avec les plus grands maîtres de l’époque. Pour y échapper à
l’antisémitisme nazi, migre à Londres dès 1938 puis, à la fin de la 2ème
Guerre mondiale, à Montréal où il pratique dans un centre psychiatrique
jusqu’à sa mort en 1975.
Son livre The Pilar of Fire, écrit en Angleterre, publié en 1951 et
traduit en français en 1955 sous le titre Le Buisson ardent, raconte sa
biographie, son chemin d’un judaïsme hérité de son milieu vers l’intério-
risation de la foi juive, puis son cheminement douloureux et lent vers un
christianisme qui professe la divinité du Christ. En tant que psychana-
lyste, ne cesse de tourner sur lui-même un regard lucide sur les raisons,
sentiments, influences pouvant servir de sous bassement à sa
conversion.
« Le Christ a mis au défi, non seulement le chaos apparent de
l'Histoire, mais ce que l'existence de l'individu a d'insignifiant. »
Dans une lettre adressée à son frère Ludwig, décrit avec une
pénétration presque prophétique le danger qui guette l'humanité post-
nazisme et post-marxisme : elle risque, dit-il, de devenir la proie d'un
«pragmatisme rationaliste, une forme de matérialisme non-marxiste »
reposant sur une foi absolue dans la science.
Lucia dos Santos,
Francisco et Jacinta Marto
Lucia dos Santos (1907-2005), Francisco (1908-1919) et Jacinta Marto
(1910-1920), enfants gardiens de troupeaux du village de Fatima (Portugal)
voyants de la Vierge Marie à 6 reprises entre mai et octobre 1917, pendant la
première Guerre mondiale.
En juillet, les enfants reçoivent trois secrets et une vision
que le cardinal Ratzinger, dans un commentaire
théologique, qualifiera plus tard de "symbolique".
Lors de la dernière apparition, 50 000 personnes voient
pendant 10 minutes une sorte de "danse du soleil", non
observée par l’observatoire astronomique.
« Action de Dieu, Seigneur de l'histoire, et coresponsabilité de l'homme, dans sa
dramatique et féconde liberté, tels sont les deux pivots sur lesquels se construit
l'histoire de l'humanité. » conclut sur ce sujet Tarcisio Bertone, Secrétaire de la
Congrégation pour la Doctrine de la foi de l’Église catholique romaine.
Mircea Eliade
(1907-1986), historien des religions, mythologue, philosophe et
romancier roumain. Parle et écrit couramment cinq langues (roumain,
français, allemand, italien et anglais), lit aussi l'hébreu, le persan et le
sanskrit.
Un des fondateurs de l'histoire moderne des religions. Thèse sur le
yoga après un séjour de 3 ans à Calcutta. Professeur-chercheur à Paris
puis à Chicago.
Étudiant les mythes, les rêves, les visions, le mysticisme et l'extase,
élabore une vision comparée des religions, en trouvant des relations de
proximité entre différentes cultures et moments historiques.
Situe la notion du "sacré" au centre de l'expérience religieuse de
l’homme.
Met notamment en lumière le chamanisme, tradition spirituelle et
pratique de sages et guérisseurs des corps et des âmes, connectés à la
nature et aux énergies de l’univers.
../..
Mircea Eliade
« Il est indispensable de reconnaître qu'il n'existe plus de
solution de continuité entre le monde "primitif" ou "arriéré" et
l'Occident moderne. Il ne suffit plus, comme il suffisait il y a un
demi-siècle, de découvrir et d'admirer l'art nègre ou océanien ;
il faut redécouvrir les sources spirituelles de ces arts en nous-
mêmes, il faut prendre conscience de ce qui reste encore de
"mythique" dans une existence moderne, et qui reste tel, justement
parce que ce comportement est, lui aussi, consubstantiel à la
condition humaine, en tant qu'il exprime l'angoisse devant le
Temps. »
« Le chamanisme est la pratique la plus ancienne, celle qui est
la plus proche de l'origine de l'humanité. Elle est donc la plus
proche de la vérité toute nue. »
Dom Robert
Guy de Chaunac-Lanzac (1907-1997), moine bénédictin,
tapissier, peintre et céramiste français. Étudie au collège des Jésuites
de Poitiers, puis à l‘’École nationale des arts décoratifs’ de Paris.
Dessine d'abord des modèles pour la ‘Maison de soieries Ducharne’ à
Paris.
Ses relations avec Jacques Maritain et Maxime Jacob le
conduisent à entrer, en 1930, à l'abbaye d'En-Calcat où il est ordonné
prêtre en 1937. Sa rencontre en 1941 avec Jean Lurçat l'amène à
créer des tapisseries avec l'atelier Tabard à Aubusson. Parti en 1948
pour l'abbaye de Buckfast en Angleterre, revient à l'abbaye d'En
Calcat en 1958 et ne cesse plus de produire. Entre 1942 et 1992,
Frère Robert (il ne signe Dom Robert qu'à partir de 1970) produit près
de 150 cartons originaux
Une nature luxuriante et des couleurs éclatantes, tel est
l’univers poétique de ses tapisseries. Fait partie des peintres
cartonniers de tapisserie les plus prolifiques et admirés du 20ème
siècle.
« Il n'y a qu'une chose qui ne trompe pas, c'est la nature. La
nature, c'est le vrai, le réel.»
Gitta Mallasz
et Hanna Dallos
Gitta Mallasz (1907-1992), de père hongrois et de mère autrichienne.
Dessinatrice, championne de crawl (natation) de Hongrie.
Fait partie d’un groupe de 4 jeunes gens (3 d’origine juive et une
vaguement catholique) en quête d’absolu et de spiritualité, qui se
réunissent pendant le 2ème Guerre mondiale dans une petite maison à
Budaliget, près de Budapest.
Parmi eux, Hanna Dallos (1907-1945), graphiste, graveur et peintre,
lectrice du Tao Te King, des Upanishad, de la Bhagavad Gîtâ, des écrits de
Maître Eckhart.
Le 25 juin 1943, pendant un échange, Hanna avertit « Attention, ce
n’est plus moi qui parle ! ». Commencent alors 17 mois d’enseignement
spirituel (le vendredi à 15 heures) reçu de "maîtres intérieurs" ou
"messagers" et transmis par Hanna sous la forme de 88 entretiens
retranscrits par Gitta.
Celle-ci sauve plus de 100 femmes et enfants juifs à Budapest en
1944. Ses deux amies Hanna Dallos et Lili Strausz ne reviendront pas du
camp de concentration de Ravensbrück. Joseph Kreutzer meurt à la même
époque que sa femme dans un camp en Hongrie.
Photos : Gitta Mallasz jeune et en 1983
Gitta Mallasz, Hanna Dallos, Lili Strausz et Joseph Kreutzer
Réfugiée en France en 1960, Gitta, avec l’aide d’amis parmi
lesquels Marguerite Kardos, publie les entretiens en 1976 sous le
titre Dialogues avec l’ange, qu’elle présente comme "un guide
pratique pour notre époque de transition".
Interrogée lors d’une conférence à ‘l’Institut Jung’ de Zürich sur
l’écart qu’il y a entre les Béatitudes et les Dialogues, elle s’entend
répondre : “Deux mille ans !”
« Nous, les êtres humains, entrons dans une nouvelle époque.
Je sens qu’une nouvelle phase de l’évolution humaine est en train de
commencer.» (Gitta)
« L’évolution humaine ne dépend pas seulement du développe-
ment spirituel (vertical) ou du développement matériel (horizontal),
mais des deux ensemble.» (Lili)
« Il est en tout, partout, en tout lieu, toujours. En bas de la
profondeur, il est aussi. Ta tâche définit ta place. Ta place en Lui.
L’adoration n’est rien d’autre que l’union avec lui.»
« Il ne faut pas rejeter l’ancien, mais s’en détacher et l’utiliser à
une autre fin. » ../..
Photo : Hanna Dallos et Joseph Kreutzer
Paroles de l’ange dites par Hanna Dallos
« Il n’y a pas d’abîmes si sombres, il n’y a pas de falaises si
hautes, il n’y a pas d’égarement si tortueux qui ne soit pas Voie ».
« Ce qui est pour la plante : croissance, est pour l’animal :
mouvement, et pour l’homme : donner.»
«Chaque culte rendu à Dieu, chaque religion ne sont que
cadre. Le cadre limite l’espace.»
«Tout t’est donné si tu ne quittes pas le chemin, car le chemin
est tout.»
«Tout animal sait pleurer, gémir. Sourire, seul l’homme le sait.
C’est la clef. Ne souriez pas seulement lorsque vous êtes de bonne
humeur ! Votre sourire est le sourire créateur ! (…) Bâtissez en
vous la joie rayonnante afin de pouvoir aider.»
«Soyez ivres de Dieu ! C’est cela, le symbole du vin, c’est Son
sang. (…) Avec une soif inextinguible, soyez assoiffés de l’Ivresse
qui seule peut délivrer.»
« Brûlez ! Vivez ! Remplissez-vous de la Lumière. Votre
lumière est nécessaire.» ../..
Photo du milieu : Les notes de l’entretien n° 37 avec Lili
Photo du bas : Gitta Mallasz et Michel Cazenave en 1992
Paroles de l’ange dites par Hanna Dallos
« Le jeûne des jeûnes, c’est l’aide que tu apportes. Le jeûne en
soi n’aide pas. Sais-tu quand il faut jeûner ? Lorsque tu as trop
mangé ! Mais c’est encore mieux si tu ne manges pas trop. Tout cela
est sans importance, mon petit serviteur ! »
« Reconnaître votre tâche, c’est voir apparaître dans sa pureté
votre individualité. Alors vous saurez à quoi vous êtes destinés. (…)
Que chacun de tes actes, chacune de tes tâches soit une véritable
offrande ! (…) Si tu crois en toi-même, c’est en Lui que tu crois. (…)
L’acte est l’éternité présente dans le temps. »
« Celui parmi nous, le "Porteur de Lumière", le tricheur, le
rebelle, le serpent, sera délivré aussi. Personne n’habitera désormais
l’enfer. »
- Schéma du haut : Le monde présenté par l’ange à Anna : le monde créé (minéral,
végétal, animal), l’homme au milieu dans lequel s’unissent l’esprit et la matière,
le monde créateur (la Lumière divine, les archanges et les anges, êtres de Lumière
plus ou moins tamisée)
- Photo du milieu : Lili Strausz
- Photo du bas : Gitta Mallasz, dernier entretien enregistré par Michel Cazenave en 1992
Raymond Abellio
Georges Soulès (1907-1986), écrivain et philosophe gnostique*
français. ‘École polytechnique’ puis ‘Ponts et Chaussées’. Ingénieur des
Ponts. Initialement marxiste, occupe des postes de responsabilité à la
‘SFIO’ avant-guerre puis, durant l'Occupation, au ‘Mouvement social
révolutionnaire’ (MSR) de droite. Fonde et dirige en fin de carrière une
société d'ingénieurs-conseils.
Rencontre en 1943 l’ancien instituteur et guérisseur auvergnat Pierre
de Combas (1893-1950) qui a étudié les mouvements occultes et ésoté-
riques occidentaux. Initié à la Kabbale et à la Bhagavad-Gita, abandonne
l’action politique et prend en 1946 le nom d’auteur de Raymond Abellio.
La tradition hébraïque lui apporte, avec la Kabbale, les éléments du
savoir religieux initiatique, tandis que la phénoménologie de Edmund
Husserl lui permet d’acquérir une méthode prospective et une charpente
méthodique qui manquent aux traditions.
« J’ai reçu la révélation de ma clef numérique de la Kabbale le 5
avril 1946 à 10 heures du matin, le Vendredi saint de cette année-là. La
liste des valeurs ésotériques des nombres m’est venue globalement, sans
nuance. Elle m’est tombée dessus comme un coup de tonnerre. » ../..
* La gnose (du grec gnôsis : connaissance) est un concept philosophico-religieux selon lequel
le déploiement de l'âme passe par une connaissance (expérience ou révélation) directe de la divinité,
et donc par une connaissance de soi.
Raymond Abellio
Son livre Vers un nouveau prophétisme (1947) analyse les
rapports que peuvent et pourraient entretenir, en Occident et au sein de
l’époque moderne, le sacré et le profane, le spirituel et le temporel, la
spiritualité et le politique, le prophétisme et le pouvoir.
Explique La fin de l’ésotérisme (1973) comme accomplissement
de l’ésotérisme, « une recréation vécue au-dedans même de l’être » qui
permet d’entrer « dans cet état de fusion avec l’universel ». « Alors naît
au-delà du Moi banal prétendument distinct et autonome le sentiment
puissant de la globalité et de l’unité, qui est participation de ce Moi lui-
même à l’interdépendance universelle. »
« L’âge noir que nous traversons ne peut être ressenti que comme
un âge de séparation, de division et d’épreuve. »
« Je ne me réclame d'aucun drapeau, d'aucune cause. Indestruc-
tible, tout me touche. Immobile, tout m'atteint. Je frémis sans bouger.
Jusqu'où va ma pensée, je ne sais. »
« Les hommes ne retrouveront le sens du sacré qu'après avoir
traversé tout le champ du tragique. »
Abraham Heschel
(1907-1972), rabbin massorti*, théologien et penseur juif né en
Pologne. Études à Berlin, professeur à Frankfurt.
Fuit le nazisme, trouve refuge en Angleterre puis aux États-Unis.
Professeur d'éthique et de mysticisme juifs au Jewish Theological
Seminary of America, se soucie davantage de spiritualité que de l'étude
critique des textes. S'intéresse particulièrement aux prophètes et à la
façon appropriée pour les Juifs de vivre en accord avec leur foi sans se
couper de la modernité.
Activiste social militant en faveur des droits civiques pour les
populations afro-américaines, aux côtés de Martin Luther King, et contre
la guerre du Viêtnam.
« Telle est la tâche de l'homme : conquérir l'espace et sanctifier le
temps. »
« Le simple fait d'être est une grâce. Le simple fait de vivre est
saint. »
« En ce monde, Dieu n’est pas Dieu si nous ne sommes pas ses
témoins. (…). À travers les paroles du prophète, c’est Dieu qui
s’indigne. »
« Dans une société libre, tous sont impliqués dans ce que font
quelques-uns. Certains sont coupables, mais tous sont responsables. »
* Le courant massorti revendique une loi et une pratique évolutives, adaptées aux contraintes de
la vie moderne tout en conservant un cadre traditionnel notamment quant au culte.
Pedro Arrupe
(1907-1991), jésuite basque espagnol, 28ème Supérieur général de
la ‘Compagnie de Jésus’ (1965-1981). Études en Belgique, aux Pays-Bas
et aux États-Unis. Soigne les blessés à Hiroshima lors de l’explosion de la
bombe atomique.
Mystique, passionné, d’une grande bonté, pousse la ‘Compagnie’ à
prendre sa part dans la lutte sociale en Amérique latine et à s'engager en
faveur des pauvres et des marginaux. Désavoué par le pape Jean-Paul II.
Créateur en 1980 du Jesuit Refugee Service (JRS, Service jésuite
des réfugiés), à l’œuvre dans 40 pays.
« Il y avait chez lui une tension entre l’attention au particulier et à
l’universel. Il était habité par un mouvement très fort vers l’action et, en
même temps, il avait une capacité étonnante de contemplation et de
silence. Dans les moments importants ou même difficiles, il disparaissait
et allait prier. »
Maurice Giuliani sj
André-Marie Talvas
et Germaine Campion
A.-M. T. (1907-1992), prêtre catholique. En 1919, travaille avec son père artisan
chaisier, constate les ravages de l’alcool chez les hommes, les femmes, dans les couples,
dans les familles. En 1927, entre au séminaire, rencontre le père André Guérin (1891-
1972, cofondateur de la ‘JOC’ en France), vicaire à Clichy. Pendant son service militaire à
Versailles, découvre le quartier Pigalle de Paris. Vicaire en paroisse en Bretagne.
En 1937, à Paramet-St-Malo, rencontre Germaine Campion, prostituée dans le
quartier des Halles et malade alcoolique, revenue mourir en Bretagne, promet de
l’accompagner. De retour de captivité en 1941, loue un manoir, ‘le Pont Pinel’, pour
accueillir des femmes en difficulté, avec la participation de Jeanne Grandmougin et de
Germaine Campion.
Avec elles et d’autres, dont Maggy Boire, jociste bretonne, fonde à Paris en 1946 le
mouvement ‘Le Nid’ : rencontre et accueil des femmes prostituées. En 1947, rencontre le
Dr Lecoq, médecin à Saint-Germain-en-Laye, spécialiste en alcoologie. En 1948,
Germaine Campion fait une cure de désintoxication. Avec elle, il crée ‘L’entraide’ qui
devient en 1953 le mouvement ‘Vie Libre’.
« Les malades alcooliques, les femmes et les hommes – prostitués, proxénètes et
clients – enfermés dans le ‘milieu’ prostitutionnel m’ont entraîné au cœur de leurs
souffrances insoupçonnées, de leur désespoir. Ils m’ont surtout révélé les richesses, les
puissances de vie, d’action, de re-naissance, de résurrection qui sommeillent en eux. »
René Char
(1907-1988), poète français. Adhère à 22 ans au mouvement
surréaliste, signe un recueil en commun avec André Breton et Paul
Éluard, mais reprend son indépendance en 1934.
Résistant durant la 2ème guerre mondiale sous le nom de capitaine
Alexandre, chef de secteur dans ‘l’Armée secrète’.
Son œuvre témoigne de son insoumission devant les agressions du
monde.
« Au plus fort de l'orage, il y a toujours un oiseau pour nous
rassurer. C'est l'oiseau inconnu. Il chante avant de s'envoler. »
« Celui qui vient au monde pour ne rien troubler ne mérite ni égard,
ni patience. »
« L’impossible, nous ne l’atteignons pas, il nous sert de lanterne. »
« Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque. À te
regarder, ils s'habitueront … Juxtapose à la fatalité la résistance à la
fatalité. Tu connaîtras d’étranges hauteurs.»
« Aller me suffit. » ■

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Chercheurs de sens. — 11. De 1901 à 1907

  • 1. Trombinoscope "Chercheurs d’humanité" Chercheurs de sens (art, religion, philosophie, spiritualité) 11 - de 1901 à 1907 É. G. 01.09.2021
  • 2. Swâmi Prajnânpad (1901-1974), brahmane indien héritier des traditions religieuses hindoues. Études de sciences physiques à l'Université de Calcutta. découvre les écrits de Freud en 1925 à la bibliothèque de l’université de Bénarès où il enseigne. Voit dans la psychanalyse la possibilité de faire un travail de ‟destruction du mental”, première étape vers la voie de la libération. Réconcilie science et tradition, approche matérialiste et spirituelle. Se réfère constamment à l'expérimentation, rejette tout recours à une autorité quelle qu'elle soit, mais n'hésite pas à utiliser toutes les méthodes permettant de libérer le disciple de ses blocages émotionnels. « Être, c’est être libre d’avoir » « L’homme vraiment adulte trouve plus de satisfaction à donner qu’à recevoir. » « Une action qui mène à l’unité est juste, celle qui mène à la séparation est mauvaise. » « Tout change partout et toujours. Faites en sorte de percevoir et ressentir le changement dans chaque chose. Rien ne vous boulever- sera quand vous savez que tout est apparence, vous demeurez calme, serein et désintéressé. »
  • 3. Jean Guitton (1901-1999) philosophe et écrivain catholique français. Pétainiste, prisonnier de guerre, organise dans son camp des rencontres et des cours, notamment sur la pensée de Bergson. Professeur à l’université de Montpellier puis à la Sorbonne, membre de l'Académie française. Sonde tous les chemins possibles de la connaissance humaine pour accéder au mystère : la réflexion philosophique et théologique, la psychologie et la science en général, la peinture. (à François Mitterrand) « Je suis parti de Sartre et c’est l’absurdité de l’absurdité qui m’oblige à parier pour le mystère; je n’admets pas d’emblée la survie, mais je saisis que le néant est absurde, non pas tant pour moi que pour ceux que j’ai aimés. Et pour celui sur qui repose le destin d’un pays, il me semble qu’il n’y a d’autre solution raisonnable que le mystère. » « L’humanité approche d’un point vertigineux où elle aura à faire un choix radical entre la "métastrophe" et la "catastrophe", la mutation des consciences et le suicide cosmique. »
  • 4. Louis Armstrong (1901-1971), musicien états-unien de jazz. Né d’une mère âgée de 16 ans dans une famille pauvre de New-Orleans, pris en charge par sa grand-mère (née esclave) et par une famille pauvre et généreuse d’immi- grants juifs de Lituanie, les Karnofskys. Virtuose de la trompette et improvisateur inspiré. Tournées à succès en Afrique, en Europe et en Asie. D'une musique de folklore afro- américaine enracinée dans le gospel et le blues traditionnel et enfermée dans un terroir, fait un courant musical national et populaire à vocation universelle. Son talent de trompettiste, son charisme, ses qualités d'homme de scène et sa personnalité généreuse lui valent une renommée internationale. « Ce que nous jouons, c'est la vie. » « Le rang ne confère ni privilège, ni pouvoir. Il impose des responsabilités. » « Les musiciens ne prennent pas leur retraite; ils s’arrêtent quand il n’y a plus de musique en eux. » L. A. « Une musique qui nous parlait d'une vie déchirée entre la tentation de succomber et la nécessité de survivre. Et qui doit nous redonner confiance. » Bertrand Tavernier
  • 5. Hugh Schonfield (1901-1988), historien, spécialiste britannique de la Bible, des manuscrits de la mer Morte et des débuts de l’ère chrétienne. Premier traducteur juif du Nouveau Testament en anglais (1955), docteur en littérature sacrée à l’université de Glasgow, auteur de 40 livres. Fondateur en 1956 de la Communauté des citoyens du monde (Commonwealth of World Citizens), devenue ensuite la Mondcivitan Republic, projet de nation extra-territoriale au service de l'humanité, vouée à la médiation et à l'exemplarité. Privilégie la conception juive conventionnelle qui rejette la divinité de Jésus et nie l’historicité de la Résurrection. Explique comment un mouvement juif "messianique" a pu, afin de survivre en milieu païen au cours de la Diaspora, se transformer en une foi qui s'écarta de la mission dévolue au Messie telle que Jésus lui-même et ses disciples pouvaient la concevoir.
  • 6. Guiseppe Lanza del Vasto (1901-1981). Écrivain, poète, artiste, philosophe et militant, de père sicilien et de mère flamande. En 1936, passe plusieurs mois près de Gandhi. En juin 1937, en pèlerinage aux sources du Gange dans l'Hima- laya, reçoit une vision et entend intérieurement « Rentre et fonde ! ». Fonde en 1948 en France un ordre laïc spirituel, laborieux et non- violent, ‘L’Arche’, dont les grands axes sont : respect de la nature et de la vie, refondation sociale (autonomie économique maximale), travail sur soi, résolution non-violente des conflits, quête spirituelle, dialogue interconvic- tionnel. « Rentrez en vous-même et recueillez-vous, faute de quoi vous n’êtes pas un homme, mais un pantin et un bouchon flottant au fil de l’eau. Vous pourrez bien par aventure devenir prospère ou célèbre, mais vous restez un pantin et un bouchon.(…) Suspendez vos occupations pour un moment, suspendez le cours de vos pensées, écartez vous (intérieurement) des gens et des choses, (…) détendez vos muscles, vos nerfs, respirez lentement et profondément et répétez "Je me rappelle, je me reprends". C’est peu et c’est tout. » ../..
  • 7. Guiseppe Lanza del Vasto « Voici les 7 vœux des Compagnons (…) : De nous donner au service de nos frères, ce qui commence par le travail des mains (…). D’obéir aux règles et aux disciplines de l’Arche (…). D’assumer la responsabilité de nos actes, de reconnaître nos torts, de réparer nos fautes, de nous en corriger nous-mêmes (…). De nous purifier de tout esprit de possession, de profit et de domination (…). De vivre de façon simple, sobre et propre (…). De servir la vérité. De n’affliger aucun être humain (…), de défendre la justice avec les armes de la justice(…) » « Je crois qu’il faut haïr certaines choses.* Pour ne haïr personne, il faut haïr les choses. Cela ne veut pas dire que je haïsse les personnes qui les font. (…) Ils ne savent pas faire autrement, ils ne voient même pas ce qu’ils pourraient faire. Non, je n’ai jamais eu des haines de classes ou de nations ou d’espèces. Non. Ou d’hommes, non. » ../.. * Pour Lanza del Vasto, ces choses sont le consumérisme, la mécanisation à outrance, les mégalopoles, l’agriculture industrielle et chimique, les centrales nucléaires, la bombe atomique, c’est à dire l’avidité et l’absence de pensée et d’intériorité. Voir aussi Lanza del Vasto dans le trombinoscope de la non-violence
  • 8. Guiseppe Lanza del Vasto « Ô Dieu de vérité, que les hommes divers nomment de divers noms mais qui est l’Un, Unique et le Même, qui es Celui qui est, qui es en tout ce qui est et dans l’union de tous ceux qui s’unissent, qui es dans la hauteur et dans l’abîme, dans l’infini des cieux et dans l’ombre du cœur comme une infime semence, nous Te louons, Seigneur, de ce que Tu nous exauces, car cette prière est déjà exaucée puisqu’en nous adressant ensemble à Toi, nous élevons notre vouloir, nous épurons notre désir et nous nous accordons. Et qu’avons-nous à demander encore si cela est accompli ? Oui, que demander ? Sinon que cela dure, ô Éternel, le long de notre jour et de notre nuit ; sinon de T’aimer assez pour aimer tous ceux qui T’aiment et T’invoquent comme nous ; assez pour aimer ceux qui Te prient et Te pensent autrement, assez pour vouloir du bien à ceux qui nous veulent du mal, assez pour vouloir du bien à ceux qui Te renient ou T’ignorent, le bien de revenir à Toi. Donne-nous l’intelligence de ta loi, Seigneur, le respect émerveillé et miséricordieux de tout ce qui vit, l’amour sans revers de haine, la force et la joie de la paix. Amen. »
  • 9. Yvonne-Aimée de Malestroit Yvonne Beauvais (1901-1951), religieuse et mystique française. Voue sa vie au Christ à l’âge de 9 ans. Après ses études, fait plusieurs métiers pour venir en aide aux pauvres : travaille comme bonne à tout faire, vend des dessins, écrit des romans, donne des récitals de pianos. En 1922, atteinte de la fièvre paratyphoïde. En convalescence dans la clinique des Sœurs Augustines de la Miséricorde à Malestroit (Morbihan), a une expérience mystique au cours de laquelle Jésus lui apparaît et lui parle. Œuvre au couvent des Augustines de 1927 à 1951. Supérieure en 1935, grande organisatrice, réforme la communauté, crée une clinique moderne, conçoit le projet novateur d'une Fédération des Augustines hospitalières, projet qu'elle mène jusqu’au bout malgré les réticences des autorités ecclésiastiques. Durant l'Occupation, soigne dans la clinique de Malestroit aussi bien des blessés allemands que des Résistants, tout en vivant des prodiges (stigmatisation, xénoglossie, bilocation*). Torturée à Paris par la Gestapo, échappe mystérieusement de la prison du Cherche-Midi à Paris. Décorée de la Légion d’Honneur par le général de Gaulle en 1945. Meurt d’une hémorragie cérébrale. * Les stigmates sont les marques des plaies du corps de Jésus de Nazareth crucifié qu'ont portées certaines personnes au cours de leur vie. La xénoglossie est la faculté de parler une langue étrangère sans l’avoir apprise. On parle de bilocation lorsqu'une personne est aperçue simultanément en deux lieux distincts.
  • 10. Karl Popper (1902-1944), philosophe des sciences (épistémologue) d’origine autrichienne, né de parents juifs convertis au protestantisme. Installé à Londres après 1946, devient professeur à la London School of Economics et y fonde le département de logique et de méthodologie des sciences. Invente le concept de réfutabilité comme critère de démarcation entre science et pseudoscience. Ce critère n’est opératoire que dans les sciences expérimentales ou d’observation (astronomie, histoire), pas - actuellement du moins - dans la psychanalyse, l’homéopathie ou l’astrologie. Rejetant d’abord la métaphysique comme système irréfutable et invérifiable, admet par la suite la nécessité de fonder les recherches scientifiques sur des programmes de recherche métaphysique. Distingue le monde des phénomènes physico-chimiques, celui de la conscience, et celui des idées. « La science est la coopération amicalement hostile entre de nombreux savants. » « La science est fille de la métaphysique. »
  • 11. Marthe Robin (1902-1981) mystique catholique française. Passe toute sa vie à Châteauneuf-de-Galaure (Drôme) dans la ferme de ses parents (photo du bas). Atteinte d’encéphalite léthargique, ou maladie de Von Economo : affection inflammatoire des centres nerveux. Tombe malade en déc. 1918, paralysie définitive des membres inférieurs à partir de mai 1928. Ses problèmes de locomotion et une hypersensibilité à la lumière l’obligent à rester recluse, dans une chambre peu éclairée. A des visions de Marie à partir de mars 1921 et de Jésus à partir de déc. 1928. Entend intérieurement "Je t’ai choisie pour ranimer dans le monde l’amour qui s’éteint". À partir de 1930, n’avale plus aucune nourriture, hormis la communion aux hosties consacrées, inédie qui dure jusqu'à sa mort, et porte des stigmates*. Fondatrice des ‘Foyers de Charité’, 78 à travers le monde, 970 membres dans 40 pays. En 50 années, le nombre de personnes qu'elle rencontre individuellement est estimé à plus de 100 000 personnes, dont des centaines de prêtres et de nombreux évêques. Pose des questions, fait des suggestions, dégage les fausses pistes et laisse la personne conclure elle-même. « On ne donne Dieu que par rayonnement. » ../.. * marques des plaies du corps de Jésus de Nazareth crucifié qu'ont portées certaines personnes au cours de leur vie.
  • 12. Marthe Robin Le cofondateur des Foyers de Charité et accompagnateur de Marthe Robin est le Père Georges Finet (1898-1990). En mai 2020, un rapport d’une commission indépendante dénonce les abus sexuels commis par G. Finet (1898-1990), sur des mineures de 10 à 14 ans et des jeunes femmes en confession (témoignages de 26 femmes pendant la période 1945-1983) et précise qu’une petite dizaine de pères et membres des Foyers se sont également révélés être des abuseurs. Le rapport encourage les Foyers de Charité à poursuivre la réforme de leur gouvernance. « À lire également le décalage que pointe la commission d’enquête entre l’intuition fondatrice de Marthe Robin du rôle des laïcs dans le renouveau de l’Église et l’organisation pyramidale centrée sur la figure du "père" que Georges Finet a imposée aux Foyers jusqu’à aujourd’hui, on peut légitimement se demander si le charisme prophétique de cette association de fidèles n’a pas été dévoyé et si Marthe Robin n’a pas été, d’une certaine manière, trahie par son père spirituel. » (Céline Hoyeau, La Croix, 7 mai 2020) Photo du bas : Moïse Ndione, Père modérateur de l’Œuvre des Foyers de Charité. Avec le Conseil International de l’Œuvre, il a missionné la commission d’enquête.
  • 13. Thérèse Brosse Née en 1902, Médecin français, psychologue de l’éducation, spécialiste de l’Inde, expert international. Confronte les intuitions du Shakta Védanta (Patanjali) sur la conscience-énergie et les ouvertures sur une conception analogue de la réalité auxquelles aboutissent des recherches scientifiques de pointe, en particulier en microphysique et en biologie cellulaire (Niels Bohr, Erwin Schrödinger, Werner Heisenberg, Eugène Wigner, Jean-Émile Charon, David Bohm, Brian Josephson, Lawrence Domash, etc.) « L’enthousiasme avec lequel la science moderne étudie et apprécie toutes les données subjectives de la mystique hindoue laisse supposer qu’elle accréditera peut-être un jour intégralement la structure énergétique de l’homme que supposent ces traditions et que nous proposions comme base d’une science de l’ "homme intégral" ».
  • 14. Théodore Monod (1902-2000), scientifique naturaliste, explorateur, philosophe, théologien et humaniste français. Protestant du courant libéral, unitarien (courant du christianisme qui ne croit pas à un Dieu trinitaire ni à la divinité de Jésus, considéré comme prophète) et paroissien à l'Oratoire du Louvre. Premier président d'honneur de l‘’Assemblée fraternelle des chrétiens unitariens’ (AFCU). Se présente comme "chrétien pré- nicéen", entend par là qu'il accepte tout ce qui a précédé le "concile" de Nicée en 325, mais aucun des dogmes élaborés partir de cette date, pas plus que l'organisation étatique et autoritaire du christianisme. « Le christianisme ? C’est une bonne idée ! Si l’on l’essayait ?" En bas : blason de Théodore Monod, précédé de la phrase « Ne porte plus ta croix, mais plante la pour qu’elle fleurisse » ../..
  • 15. Théodore Monod « Je voudrais qu'on travaille à une théologie de la nature. Ce sujet fut fortement négligé par la pensée chrétienne. Les apologistes ont abusé d'une description idyllique de la nature. Ils nous ont beaucoup parlé des petits oiseaux, des papillons, des fleurs ; voilà qui était charmant ! Cependant, ceux qui connaissent la nature savent qu'elle n'a rien d'idyllique. Il s'agit d'un monde particulièrement cruel, empli de sang et de brutalité. (…) Les parasites composent un monde incroyable. Il s'en trouve partout. Il n'est pas une espèce animale qui ne connaisse ses parasites externes ou internes. Ces derniers peuvent causer des ravages physiques considérables, provoquant des souffrances qui ne le sont pas moins. Imaginer que tout provient de la volonté d'un Dieu miséricordieux, compatissant à l'égard de ses créatures, voilà qui paraît difficile à admettre, quand on contemple la vérité physique de l'affreux spectacle de la nature. ». Voir aussi Th. Monod in diaporama Chercheurs et acteurs de non-violence
  • 16. Théodore Monod « Le nombre d’éléments qui compose les flagelles* est identique chez tous les êtres vivants, algues, animaux, tissus de toutes sortes. Pourquoi ? Je n’en sais rien ! (…) Pourquoi avons-nous 5 doigts ? Pourquoi une grande majorité de plantes ont-elles 5 pétales ou 5 sépales ? Je ne sais pas ! » « L’homme est le seul être vivant qui apprend à ses enfants à tuer leurs semblables. Le lion n’apprend pas aux lionceaux à tuer des lions mais des gazelles ou des zèbres. » « Je n’affirme rien dans ce domaine (de l’éternité), parce que je ne sais pas. (…) J’ai simplement le droit d’espérer. Vous vous souvenez de ce que Thoreau a dit avant de mourir ? On le pressait de questions à propos de ce grand passage, et lui a simplement répondu "One world at time" (Un monde à la fois). Je ne sais même pas si cet au-delà existe. Mais j’approche du moment où je vais peut-être savoir. » « Ma doctrine, c’est la montagne unique que nous gravissons par des entiers différents. Il vaut mieux ne pas trop lorgner vers le sentier du voisin. » * Propulseurs grâce auxquels les cellules flagellées se déplacent
  • 17. Théodore Monod « Je ne crois pas au Diable (…) Je crois au mal, oui. Mais ce qu’il est, je n’en sais rien. Pour mon père*, le mal était endémique. Ce qui pouvait justifier notre étonnement, c’était le bien. Qu’à l’intérieur du royaume du mal se soit immiscé le Dieu de l’Évangile, c’est ce qui le surprenait. » « On a si bien réagi contre l’hérésie d’Arius qu’il est pratique- ment impossible de retrouver aujourd’hui les écrits ariens. J’aurais tant aimé connaître leurs hymnes, leurs cantiques, leurs liturgies (…). » « Sous prétexte que le Pères en ont décidé ainsi à Nicée, on ne va tout de même pas enchaîner la pensée chrétienne pour des siècles. (…) Je ne peux augurer de ce que sera la théologie chrétienne dans mille ans. Mais j’ai le droit d’espérer que le bon sens l’emportera. » « Les gens sont souvent scandalisés lorsqu’on leur dit qu’il faut faire évoluer leur foi. Et pourtant, il est plus que jamais temps de rebâtir une pensée chrétienne. » * William Frédéric, dit Wilfred Monod (1868-1943), pasteur et théologien réformé français, pasteur au temple protestant de l'Oratoire du Louvre à Paris, professeur à la Faculté de théologie protestante de Paris. Fondateur en 1923, avec Théodore, de la Fraternité spirituelle des veilleurs. Devise de ce groupe : « Joie, simplicité, miséricorde »
  • 18. Gustave Thibon (1903-2001), philosophe et poète français. À 13 ans, arrête ses études, aide son grand-père à la vigne familiale en Ardèche. Reprenant le domaine familial à 23 ans, reprend aussi seul ses études (grec, latin, allemand, biologie, économie, mathématiques, histoire, littérature, théologie, philosophie). En 1931, rencontre Mère Marie-Thérèse (du carmel d'Avignon), devient tertiaire du Carmel. En 1941, avec Louis-Joseph Lebret et Jacques Loew, promeut les prêtres ouvriers. Avec François Perroux, cofonde le mouvement ‘Économie et Humanisme’. Se lie d’amitié avec Simone Weil qui fait un stage agricole chez lui, publie les œuvres de la philosophe. De 1942 à 1944, animateur de l’hebdomadaire Demain qui sert de couverture à une activité de soutien aux prisonniers. Porte le souci de l’éternel en l’homme. « Être dans le vent ː une ambition de feuille morte. » « Le sens de la vie consiste à être fidèle aux expériences les plus profondes que l’on a vécues. » « L’amour : sentir l’être sacré derrière l’être cher. » « Le bonheur m’a parfois dilaté, mais seule la souffrance m’a grandi. » « J’aime notre époque, parce qu’elle nous offre à choisir entre la puissance de l’homme et la faiblesse de Dieu. »
  • 19. Vladimir Jankélévitch (1903-1985), philosophe et musicologue français issu d’une famille d'intellectuels juifs russes qui avait fui les pogroms antisémites. École Normale Supérieure et agrégation de philosophie. Résistant, professeur à Lille puis à la Sorbonne. Son œuvre est centrée autour de trois axes de réflexion : - métaphysique : le temps, la mort, la précarité de l’existence, la liberté, l’imprescriptible, etc. « La liberté c'est de rester fidèle à la prise de conscience elle-même, laquelle (…) est un dynamisme et une mobilité. »; - morale de l’intention bienfaisante et du pardon. « Seul l'amour en effet, inestimable dans sa générosité infinie, confère une valeur à tout ce qui est. » ; « Toute action est salissante, mais l’angélisme qui se refuse à l’action est la pire des hypocrisies. » - esthétique de l’ineffable : La vie est une ‟mélodie éphémère”, mais le fait d'avoir vécu cette vie éphémère reste un fait éternel que ni la mort ni le désespoir ne peuvent annihiler.
  • 20. Joseph Folliet (1903-1972), Français, militant catholique, chansonnier, sociologue, poète, auteur de 65 ouvrages, cofondateur des ‘Compagnons de St François’, directeur de la ‘Chronique sociale de France’, fondateur avec Georges Hourdin de l’hebdomadaire La Vie catholique illustrée, devenu La Vie. Dénonce la torture pendant la guerre d’Algérie. Ordonné prêtre en 1968. « Bienheureux ceux qui savent rire d'eux-mêmes : ils n'ont pas fini de s'amuser. Bienheureux ceux qui savent distinguer une montagne d'une taupinière : il leur sera épargné bien des tracas. Bienheureux ceux qui savent se taire et écouter : ils en apprendront des choses nouvelles. Bienheureux ceux qui sont assez intelligents pour ne pas se prendre au sérieux : ils seront appréciés de leur entourage.*» Dans la même verve, Michel Audiard ajoute « Heureux les fêlés, car ils laissent passer la lumière ! » Ces « Béatitudes » qui varient selon les versions, ont été attribuées fréquem- ment à Joseph Folliet qui les a largement diffusées. En fait, elles sont dues à la plume du Père Paul Parisot, alors supérieur au Séminaire de Dijon, et qui en mars 1992 était aumônier d'une maison de retraite près de Dijon. Source : Pierre Lathuilière, ami de Joseph Folliet
  • 21. Marie-Madeleine Davy (1903-1999), historienne et philosophe française. Thèse de doctorat en théologie en 1941. Responsable d’un réseau d’évasion pendant la Résistance. Rencontre Simone Weil, Louis Massignon, Lanza del Vasto, Mircea Éliade, Jean Corbin, Nicolas Berdiaev, Henri le Saux, etc. Se spécialise dans la théologie et la mystique médiévales. Chargée de cours à l‘’École pratique des hautes études’ (1939-1947) puis chargée de recherche au CNRS. Parcourt le monde grâce à des échanges universitaires avec les ex- pays de l’Est, les U.S.A, les Pays-Bas, reste plus longuement à l'Institut français de Berlin, au Bedford College de Londres et à l'Université de Manchester. Auteure de 40 ouvrages. Sa tombe, anonyme, porte ces simples mots : « Sois heureux, passant ! » « L’éveil libérateur s’accomplit dans le désert, c’est-à-dire dans le pays de la soif, de la lecture des signes et de la rencontre. La véritable rencontre s’effectue au-dedans, et devient expérience. Une indicible expérience dont l’essentiel est inconnaissable. » ../..
  • 22. Marie-Madeleine Davy « La différence entre les hommes se réduit à ceci : la présence ou l’absence d’expérience spirituelle. (…) Si lumineuse qu’elle soit, cette expérience n’est pas acquise une fois pour toutes, elle est vouée à des approfondissements successifs. » « Qui ne s’est pas rencontré soi-même en soi-même, a-t-il jamais rencontré Dieu ? Et qui n’a pas rencontré Dieu en soi, s’est-il jamais rencontré lui-même ? » « Qu’il s’agisse de l’Orient ou de l’Occident, nous ne sommes plus à l’époque des maîtres, mais à celle du guru intérieur, de l’Église intérieure. » « Si Dieu existe - et comment en douter ? - il ne peut être qu’unique, mais les hommes prennent divers chemins pour le rencontrer. L’important est d’éviter la confusion des voies. » « Il existe une communion secrète entre les êtres ailés. »
  • 23. Marie-Madeleine Davy Coordinatrice de l’Encyclopédie des mystiques* : Tome 1 : Chamanisme, Grecs, Juifs, gnose, christianisme primitif Tome 2 : Christianisme occidental, ésotérisme, protestantisme, islam Tome 3 : Égypte, Mésopotamie, Iran, hindouisme, bouddhisme indien Tome 4 : Bouddhismes tibétain, chinois, japonais, yi king, tch'an, zen * La mystique ou le mysticisme est ce qui a trait aux mystères, aux choses cachées ou secrètes1. Le terme relève principalement du domaine religieux, et sert à qualifier ou à désigner des expériences spirituelles de l'ordre du contact ou de la communication avec une réalité transcendante non discernable par le sens commun. Pour certains, la mystique relève d'états modifiés de conscience. (Wikipédia) Jean-Claude Bologne (journaliste et enseignant belge né en 1956, auteur du livre Le mysticisme athée, appelle mysticisme « une expérience de mise en contact direct et inopiné avec une réalité qui dépasse nos perceptions habituelles, et qu'on peut ressentir tour à tour comme étant le vide ou l'infini. »
  • 24. Henry Corbin (1903-1978) philosophe, traducteur et orientaliste français, élève et ami de Louis Massignon. Un des premiers à traduire Heidegger, est à la fois théologien, philologue, historien des religions et orientaliste, et le découvreur des grandes traditions spirituelles de l'islam iranien. Franc-maçon initié dans le rite écossais rectifié, spécialiste de l'islam iranien en général et de la gnose chiite en particulier. Ouvre au regard de l’Occident la profonde spiritualité des grands mystiques chiites et la philosophie développée dans l’Orient du monde musulman, en particulier en Iran, après la mort d’Averroès. Étudie l’importance du monde imaginaire favorisant l’intuition libératrice. Un des piliers - avec Carl Gustav Jung et Mircea Eliade, entre autres - du ‘Cercle Eranos’ de 1949 à 1977. Attaché à ‘l'Institut français d'Istanbul’ (1939-1945), puis fonde le département d'iranologie à l'Institut français de Téhéran. En 1954, directeur d'études "Islamisme et religions de l'Arabie" à ‘l'École Pratique des Hautes Études’ où il succède à son ami et maître Louis Massignon. En 1974, fonde un ‘Centre international de recherche spirituelle comparée’ à l'Université Saint-Jean de Jérusalem où se rencontrent des spécialistes des trois religions abrahamiques. ../..
  • 25. Henry Corbin Prend la succession de Jung aux ‘Rencontres d’Ascona’, ville suisse du Tessin où se réunissent, plusieurs années, les plus grands spécialistes mondiaux de l’expérience religieuse. À travers l'étude détaillée de Sohrawardi (1155-1191) et de la philosophie chiite, met aussi en lumière l'influence de la pensée religieuse du zoroastrisme ou mazdéïsme (encore vivante dans certaines communautés en Inde et en Iran) sur l'islam iranien. Fait connaître les richesses insoupçonnées de la spiritualité irano-islamique, des grands mystiques chiites et des philosophes iraniens qu'il appelle les "platoniciens de Perse". Son travail prend l'envergure d'une quête spirituelle et s'étend aux jaillissements des différentes traditions des communautés "du Livre". « Ne croyez-vous pas que nous aurions mieux compris le mystère de l’humanité, si seulement nous nous étions appliqués avec plus de soin à scruter les penseurs de Chine ou de Perse ? » « Cette autre part de nous-même qu'est notre " Ange " peut nous soutenir dès ici- bas si nous savons entendre son appel transformant, au coeur de notre vie la plus singulière. »
  • 26. Yeshayahou Leibowitz (1903-1994), chimiste, philosophe et écrivain israélien né en Lettonie (alors dans l’empire russe). Études et doctorats à Berlin et à Bâle. Émigre en Palestine en 1934. Supervise la rédaction de l'Encyclo- paedia Hebraïca de 1956 à 1972. Un des intellectuels les plus marquants de la société israélienne, et l'une de ses personnalités les plus controversées pour ses avis tranchés sur la morale, l’éthique, la politique, et la religion. Demande un engagement désintéressé au service de Dieu, opposé à une foi du charbonnier qui attend des bienfaits divins : récompense, évitement du châtiment. Pour lui, c’est le caractère volontaire de la croyance qui distingue celle-ci de la connaissance. On croit aussi parce qu’on l’a choisi. La foi présuppose une adhésion délibérée, un saut personnel et subjectif qui permet de franchir les abîmes du doute. Le ‘plus’ de la décision n’intervient pas au terme d’une argumentation, mais la précède. La croyance n’est pas conclusive, mais inaugurale. À ce titre, elle s’apparente à l’amour. Religieux et sioniste, mais combat ardemment le « sionisme religieux ». Dénonce l’occupation de la Palestine, l’armement nucléaire. « L’occupation de la Palestine fait perdre son âme au peuple d’Israël. »
  • 27. Hans Jonas (1903-1993), philosophe allemand d’origine juive, historien du gnosticisme. Fuit l’Allemagne nazie en 1933 pour Londres puis la Palestine. Décédé à New-York. Pour lui, Dieu s'est dépouillé de sa toute-puissance pour faire advenir le monde. Après la Shoah, on ne peut pas croire à un Dieu qui soit à la fois bon, Tout-puissant et compréhensible. Or, Dieu doit être bon et compréhensible. Donc il n’est pas Tout-puissant. Les caractéristiques de Dieu sont qu’il est souffrant, en devenir, soucieux et dépourvu de puissance. Le Dieu d'après Auschwitz ne répond pas aux prières, il ne fait pas de miracle : il nous a légué de manière soucieuse son propre devenir dont il nous incombe d'assurer la réalisation. Voir aussi Jonas in trombinoscope « Écologie et altercroissance » (le principe responsabilité)
  • 28. Henri Caffarel (1903-1996), prêtre catholique français, fondateur des ‘Équipes Notre-Dame’, mouvement de spiritualité conjugale qui compte actuellement 60 000 foyers répartis en 70 pays. Insiste sur "le devoir de s’asseoir". Fait de la maison de Troussures (Oise) un Centre international de prière. « La maison s’écroulera un jour si on ne surveille pas la charpente. Au foyer où l’on ne prend pas le temps de s’arrêter pour réfléchir, bien souvent le désordre, matériel et moral, s’introduit et s’installe insidieusement. (…) Prenez votre agenda, et comme vous y inscririez un concert ou une visite à des amis, notez un rendez-vous avec vous-mêmes. (…) Faites un pèlerinage aux sources de votre amour, reconsidérez l’idéal entrevu quand vous avez pris la route ensemble, d’un pas allègre. Renouvelez votre ferveur. Puis revenez au présent, confrontez idéal et réalité. »
  • 29. Karl Rahner (1904-1984), prêtre jésuite allemand, écrivain et professeur de théologie. Ne pouvant enseigner en Allemagne durant le régime nazi, a une activité pastorale à Vienne (Autriche). Reconnu comme l'un des théologiens catholiques les plus éminents du XXe siècle, expert au concile Vatican II. Fonde en 1965, avec Yves Congar et Edward Schillebeeckx, la revue internationale de théologie Concilium. Affirme, entre autres certitudes, que quiconque mène une vie droite rejoindra Dieu dans l’éternité quelle que soit sa religion. Affirme surtout que le mystère de Dieu restera toujours un mystère, et que cela entraîne une conception de la théologie qui introduit au mystère. « Je suis persuadé que le christianisme n’est pas une pure doctrine extrinsèque parachutée sur l’homme, mais qu’il y a, qu’il doit y avoir un christianisme qui surgit de l’expérience humaine personnelle la plus intérieure. » « Il me paraît évident qu’une théologie de l’avenir peut aussi apprendre quelque chose des religions non chrétiennes. » « Les dogmes sont comme des lampadaires qui balisent un chemin, mais il n’y a que les ivrognes qui s’y cramponnent... »
  • 30. Gabriel Rosset (1904-1974), enseignant français et fondateur d’association. École Normale d'instituteurs de Grenoble puis de St-Cloud, professeur chargé de la formation des futurs instituteurs. Différents postes d’enseignant, notamment au lycée Lacassagne à Lyon . Au sein d’un groupe de jeunes étudiants catholiques (les "Tala", qui vont à la messe), rencontre Antoine Martel et oriente sa vie au service des autres. En 1950, crée avec Georges Belleville et Henri Tournissou l’association Foyer Notre-Dame des Sans-Abri (NDSA), en réaction aux nombreux décès qui touchent des hommes passant la nuit sous les ponts de Lyon. Le Foyer passe d’un asile de nuit pour hommes isolés à un ensemble de réponses, notamment des logements d’urgence, pour accueillir des familles, lance un programme de construction de logements de dépannage et de rénovation de locaux vacants. Des actions sont réalisées par des bénévoles en direction des parents par des ateliers de puériculture, d’hygiène, travaux de couture et de lingerie, ou d’équilibre du budget. En 20 ans, 1 500 logements voient le jour à Lyon et dans sa banlieue. Pour favoriser la promotion des familles logées dans ces logements "de transit", le Foyer crée en 1972 une S.A. d'HLM.
  • 31. Madeleine Delbrêl (1904-1964), mystique chrétienne française, essayiste et poétesse. En 1923, son fiancé Jean Maydieu s'éloigne brusquement d'elle pour rentrer chez les dominicains. Cette séparation la marque profondément : elle tombe malade et ne se mariera jamais après. S’engage dans le scoutisme sur conseil de l’abbé Jacques Lorenzo. Assistante sociale à Ivry-sur-Seine, la seule commune communiste en 1933, en banlieue ouvrière de Paris. Fonde une communauté de jeunes femmes dont le but est de rencontrer les gens où ils vivent, devenir leur ami, les recevoir chez soi, s'entraider, témoigner de sa foi sans prosélytisme. « Nous autres gens de la rue nous croyons de toutes nos forces que cette rue, que ce monde où Dieu nous a mis est pour nous le lieu de notre sainteté ». « Milieu athée, circonstance favorable à notre propre conversion. » Les équipes Madeleine Delbrël sont de petites équipes de quelques personnes, laïques, célibataires, vivant en communauté, par leur travail et mettant tout en commun, accueillantes à tous et attentives aux plus démunis.
  • 32. Yves Congar (1904-1995), religieux dominicain, un des plus influents théologiens catholiques du 20ème siècle. Élabore une théologie en prise avec les problèmes et questions du temps présent, afin de surmonter les impasses du néo-thomisme. Multiplie les relations avec les théologiens anglicans, protestants et orthodoxes et comprend que l’unité entre Églises ne peut se faire par un simple retour à l’Église romaine Tout d'abord exposé aux soupçons puis aux sanctions de l’autorité ecclésiale (en 1952), dus à son implication dans le mouvement qui portera le nom de "nouvelle théologie", est ensuite réhabilité, nommé expert au concile Vatican II (1962-1965), comme Dominique-Marie Chenu et Henri de Lubac, et nommé cardinal en 1994. « Je suis un homme enraciné. Je déteste la rupture d'avec ce qui nous fonde.(…) La récupération de l'authentique Tradition est la condition de l'audace ecclésiale. Selon des formules qui n'ont rien de paradoxal, on pourrait dire que le renouveau dépend du ressourcement et que la fidélité appelle le prophétisme. Plus on connaît les méandres de l'histoire, plus on est libre par rapport aux nouveaux absolus. Tout s'inscrit dans une histoire. »
  • 33. Kalu Rinpoché Vajradhâra Kalu Rangjung Kunchab (1904-1989), moine tibétain, un des plus grands maîtres bouddhistes du 20ème siècle, artisan de la diffusion en Occident du Dharma (ordre universel cosmique, loi éternelle). Exilé en Inde après l’occupation de son pays par la Chine. Fonde des monastères et centres d’enseignement de la Pleine Présence - Pleine Conscience dans plus d’une douzaine de pays (Amériques, Europe, Japon, etc.), notamment des centres de retraite de 3 ans, 3 mois et 3 jours. Fait traduire l’Encyclopédie des Connaissances Traditionnelles dans différentes langues afin qu’elle serve de base à des programmes d’étude du Dharma. Fonde les Kagyü Mönlam, grande assemblée annuelle où tous prient pour l’harmonie du monde, à Bodhgaya (Inde), lieu où le Bouddha eut sa révélation et dans les divers continents.
  • 34. Henri-Irénée Marrou (1904-1977) historien français de l’Antiquité, spécialiste du christianis- me primitif et de philosophie de l'histoire, enseignant, chercheur, conféren- cier, pianiste et musicologue. École Normale Supérieure, agrégation d’histoire, École française de Rome. Enseigne à Nancy, Montpellier et Lyon. S’engage dans la Résistance avec Témoignage Chrétien, intervient en faveur des Juifs. De 1945 à 1975, occupe la chaire d’histoire du christianisme à la Sorbonne, et rédige ses œuvres les plus importantes. Un des premiers collaborateurs de la collection Sources chrétiennes (1942), éditant des textes des Pères de l'Église, spécialiste d’Augustin. Ami d’Emmanuel Mounier et membre du comité de rédaction d’Esprit. Pendant la guerre d'Algérie, dénonce l'usage de la torture, ce qui lui vaut une perquisition. Participe à la fondation du SGEN-CFDT. Approuve Vatican II, méfiant envers les idées de mai 1968. Évitant le dogmatisme, plaide pour "l’histoire-questions" et pour l’humilité devant les faits. Déborde d’humour méridional et de bonté. « La philosophie critique de l’histoire se ramène finalement à la mise en évidence du rôle décisif que joue, dans l’élaboration de la connaissance historique, l’intervention active de l’historien, de sa pensée, de sa personnalité. (…) Le progrès de la connaissance historique fait toujours éclater les schémas trop simples proposés par les philosophies de l’histoire. »
  • 35. Pierre Ganne (1904-1979), jésuite, théologien et philosophe français. Résistant pendant l'Occupation, cofondateur des Cahiers du Témoignage chrétien, appartient à deux réseaux clandestins, à Lyon et à Paris, cache des enfants juifs et fait du renseignement. Pendant la crise qui aboutira à la ‟purge de Fourvière” en juin 1950, soupçonné de sympathies marxistes, dénoncé anonymement et finalement interdit d'enseignement. Un des principaux représentants du modernisme dans l'Église catholique romaine de son temps. Dénonce la « désintégration de la raison depuis le 18ème siècle . La raison n’était pas naguère la simple rationalité (technique, scientifique, objectiviste) qu’elle est devenue, mais intelligence, sensibilité et volonté unies, intelligence sans frontière, impliquant le mystère. Ce qui était vigueur morale, éthique, s’est décomposé en moralisme. Mettre en avant des impératifs de la conscience est aujourd’hui perçu comme de ‟l’affectivité” ou du ‟moralisme”, comportements jugés ‟irrationnels”. »
  • 36. Jean Gebser Né Hans Gebser (1905-1973), linguiste, poète et philosophe allemand, spécialiste de l'évolution de la conscience humaine. Vit en Italie, en France, en Espagne, élabore la plus grande partie de son œuvre en Suisse. Professeur à Zurich puis à l'université de Salzbourg. Homme de science et mystique, voyage en Inde, en Extrême-Orient et en Amérique, rencontre Sri Aurobindo à Pondichéry et dira ensuite « la conscience supramentale de Sri Aurobindo et ma conscience intégrale sont les mêmes. » La prise de conscience du temps est au centre de sa réflexion. Distingue 5 structures d'apparition successive de la conscience humaine : 1) la structure archaïque, 2) la structure magique, 3) la structure mythique, 4) la structure mentale, 5) l'étape intégrale. À ce stade, qui n'existe que chez certains adultes, il est possible de percevoir le temps et l'espace comme un tout intégré. Il s'agit d'une étape de compréhension, d'intégration, de transparence et de manifestation des structures de conscience anté- rieures. Montre que l'homme se trouve aujourd'hui dans une ère de changement radical, permettant l'éclosion d'une conscience nouvelle qui va au-delà de la simple rationalité. « Quand nous naissons, nous pleurons, quand nous mourons, nous devons sourire. »
  • 37. Arthur Koestler Né Artúr Kösztler (1905-1983), romancier, journaliste et essayiste hongrois, naturalisé britannique. Naît dans une famille juive hongroise, de langue allemande. Étudie l'ingénierie à l’’École polytechnique de Vienne’, adhère à la cause sioniste, est journaliste en Palestine. En 1933, à l'arrivée de Hitler au pouvoir, s'installe à Paris. Couvrant la guerre d'Espagne pour un journal anglais, emprisonné et condamné à mort par les Franquistes, échangé contre la femme d'un pilote franquiste, retenue par les Républicains. Durant la ‘drôle de guerre’, couvre la situa- tion en France, est arrêté par la police française avec d'autres réfugiés, interné au stade Roland-Garros puis au camp du Vernet en tant qu' "étran- ger indésirable". En 1940, dans Darkness at Noon (Le zéro et l’infini), dénonce les procès et crimes staliniens et, au-delà de ceux-ci, « les systèmes clos. » S'engage au cours de l'exode dans la ‘Légion étrangère’, puis dans les services de propagande de l’armée britannique. Considère que l’humanité a traversé un moment historique fondamental avec l’invention puis l’utilisation de la bombe atomique à Hiroshima. Au vu de toutes les horreurs que l’humanité a traversées, il ne fait aucun doute à ses yeux que l’homme court un grand risque d’un jour ou l’autre mettre fin à son existence en tant qu’espèce. ../..
  • 38. Arthur Koestler Tournant le dos aux romans, s’intéresse à la science et consacre plus de 25 ans de sa vie à comprendre les sources de la grandeur et de la médiocrité humaine. S'étant intéressé à la parapsychologie dès les années 1950, à la suite d'une expérience vécue lors de son incarcération en Espagne, devient membre de la Society for Psychical Research. En 1979, participe au comité de patronage de Nouvelle École, revue liée à la ‘Nouvelle Droite’. Atteint de la maladie de Parkinson et de leucémie, met fin à ses jours en 1983 par absorption de médica- ments, conjointement avec sa troisième épouse Cynthia. Défendait depuis longtemps l'euthanasie volontaire et était devenu en 1981 vice- président de l’association ‘Exit’. « Je vous quitte en toute sérénité avec le timide espoir qu’il existe un au-delà dépersonnalisé, passant les confins de l’espace, du temps et de la matière, échappant d’une manière illimitée à notre intelligence. »
  • 39. Hans Urs von Balthasar (1905-1988) jésuite et théologien catholique suisse, grand admirateur de Goethe. Selon Henri de Lubac, il est « l’homme peut- être le plus cultivé de son temps ». Un des premiers théologiens chrétiens (après Origène, mais avant Marie-Émile Boismard, Pierre Teilhard de Chardin, Léon Bloy, Joseph Moingt, Lanza del Vasto, l’abbé Pierre, Benoît XVI, etc.) à remettre en cause la théologie de l’enfer *, sans pour autant la récuser, par souci d’orthodoxie. « Un théologien consciencieux ne devrait-il pas malgré tout se demander ce qu’éprouvent les bienheureux quand ils voient brûler en enfer leurs frères et leurs sœurs ? (…) Dieu cesse-t-il d’aimer les damnés ? (…) Ce serait mettre des bornes à la miséricorde ». * acceptée par St Augustin, Pierre Lombard, Catherine de Sienne, Thomas a Kempis, Thérèse d’Avila, François de Sales, Jean-Marie Vianney, Jean-Paul II, etc.
  • 40. François Varillon (1905-1978), jésuite et théologien français. Enseignant et aumônier auprès de lycéens et d'étudiants dans les années 1930, devient après la Seconde Guerre mondiale aumônier de l‘’Association catholique de la jeunesse française’. Un des commentateurs les plus pénétrants de la littérature contemporaine, notamment de Paul Claudel. Auteur, par ses ouvrages sur la souffrance et l’humilité de Dieu, de ce que Jean-François Six a qualifié d’une "percée théologique". Dans ses débats avec Marcel Légaut, défend une conception très classique du christianisme et de l’approche de Dieu. « La grandeur de Dieu est de pouvoir tout ce que peut l’amour, jusqu’à l’effacement de soi dans l’humilité du regard. » « L’humilité de l’amour donne la clef : il faut peu de puissance pour s’exhiber, il en faut beaucoup pour s’effacer. Dieu est une Puissance illimitée d’effacement de soi. » « Prendre sa croix, c’est marcher, pieds sur le sol, les bras ouverts, relié au ciel, relié aux autres, porter d’une main la beauté du monde et de l’autre la souffrance du monde. »
  • 41. Joseph-Marie Perrin Michel Perrin (1905-2002), prêtre dominicain et Résistant français. Aveugle à 11 ans, ordonné prêtre malgré sa cécité avec une dispense du pape Pie XI. Convaincu de l'importance du rôle des laïcs dans l'Église, fonde en 1937 avec Juliette Molland (1902-1979) l‘’Union missionnaire des petites sœurs de sainte Catherine de Sienne’, qui deviendra en 1955 l‘’Union Caritas Christi’. Dès 1937, les dominicains de Marseille s‘engagent dans le combat contre le nazisme et l'antisémitisme, organisent régulièrement des rencontres consacrées au dialogue entre Juifs et Chrétiens. La guerre venue, diffuse clandestinement les Cahiers du Témoignage chrétien, organise la fuite de personnes menacées par les nazis. Nommé supérieur au couvent de Montpellier en 1942, arrêté par la Gestapo en août 1943. Honoré comme ‘Juste parmi les nations’ en 1999. Accompagnateur spirituel de Simone Weil, la met en contact avec Gustave Thibon (qui embauche celle-ci comme ouvrière agricole), avec Louis-Joseph Lebret, Jacques Loew. A l'intention d'écrire avec elle un livre sur « les mystiques de toutes les religions », mais le projet n'aboutit pas. « Notre liberté, c’est de choisir les êtres auprès de qui nous nous sentons meilleurs. » J.-M. P. « La distance n’empêchera pas ma dette envers vous de s’accroître avec le temps, de jour en jour. Car elle ne m’empêchera pas de penser à vous. Et il est impossible de penser à vous sans penser à Dieu. » Simone Weil
  • 42. Emmanuel Mounier (1905-1950), philosophe français. Formation en philosophie à Grenoble auprès de Jacques Chevalier, agrégation à la Sorbonne. Ébloui par la pensée de Charles Péguy, dévoré par l’urgence de rompre avec le «désordre établi». Fondateur en 1932 la revue Esprit, qui se présente comme troisième force entre le capitalisme et le marxisme et développe la conception du "personnalisme". Réunit ‘Refaire la Renaissance’, groupe d’intellectuels réunis sans barrières de sensibilité politique ou religieuse : Levinas, Ricœur, de Lubac, Congar, Chenu, etc. Participe pendant la guerre au journal Combat, emprisonné par le régime de Vichy. Dans L’affrontement chrétien, s’attaque à l’atrophie individualiste et aux conditionnements collectivistes, s’insurge contre le christianisme contrit et pudibond qu’il compare à une troupe navrante promise d’avance à la défaite. Renvoyant les timides à leurs bondieuseries, montre que le chrétien peut assumer le mouvement de l'histoire sans entrer dans la compromission :
  • 43. Emmanuel Mounier « Ces êtres courbes qui ne s’avancent dans la vie que de biais et les yeux abattus, ces âmes dégingandées, ces peseurs de vertu, ces victimes dominicales, ces froussards dévotieux, ces héros lymphati- ques, ces bébés suaves, ces vierges ternes, ces sacs de syllogismes, ces ombres d’ombres, est-ce là l’avant-garde de Daniel marchant contre la Bête ? » Soutient la réconciliation franco-allemande, l’Europe, l’éveil et la décolonisation de l’Afrique. L’affirmation de la dignité inaliénable de la personne humaine dans le courant personnaliste permet de fonder la pensée des droits de l’homme. Un des premiers philosophes français à avoir intégré la non- violence dans ses réflexions. Plaide pour la prise en considération des deux pôles de la vie personnelle que sont le "dégagement réflexif" et "l’engagement communautaire", fustige tous les conformismes ambiants, sociaux ou pédagogiques, invite à un combat pour l’Absolu dans la conscience de la précarité des fragilités humaines. ../..
  • 44. Emmanuel Mounier « Nous appelons personnaliste toute doctrine, toute civilisation affirmant le primat de la personne humaine sur les nécessités matérielles et sur les appareils collectifs qui soutiennent son développement. » « On pourrait presque dire que je n'existe que dans la mesure où j'existe pour autrui, et, à la limite : être, c'est aimer. » « La communication est plus rare que le bonheur, plus fragile que la beauté. » « Le spirituel commande le politique et l'économique. L'esprit doit garder l'initiative et la maîtrise de ses buts, qui vont à l'homme par- dessus l'homme et non pas au bien-être. » « Par son adaptation au "principe de réalité", l'enfant apprend l'acceptation du renoncement, l'acceptation d'autrui et l'acceptation de la lutte ». «L'âge adulte est l'âge propre de l'adaptation. Mûrir, c'est trouver sa place dans le monde. » « La plus grande vertu politique est de ne pas perdre le sens des ensembles. »
  • 45. René Voillaume (1905-2003), prêtre catholique français. Un des premiers disciples de Charles de Foucauld qu'il découvre par la lecture du livre de René Bazin à l'âge de 17 ans. S'installe en octobre 1933 comme Père Blanc avec quatre compagnons dans le Sahara algérien dans un fortin désaffecté de l'oasis d'El Abiodh Sidi Cheikh afin de vivre de la spiritualité de Charles de Foucauld et en s'inspirant des chartreux. Fonde en 1933 la congrégation des ‘Petits Frères de Jésus’ en 1933. Rencontre en 1938 soeur Magdeleine avec laquelle il fonde les ‘Petites Soeurs de Jésus’ puis en 1947 à Aix en Provence la première fraternité ouvrière. Fonde en 1956 la congrégation des ‘Petits Frères de l'Évangile’, puis en 1963 celle des ‘Petites Sœurs de l'Évangile’. Participe au débat des prêtres ouvriers, leur conseillant de se syndiquer, mais refuse toute lutte des classes. « Tous les grands contemplatifs chrétiens sont unanimes dans leur témoignage : quelle que soit la voie spirituelle, l'union à Dieu est perçue par eux comme réelle, d'une réalité plus existentielle, plus solide, plus pleine d'être et de certitude que toute autre expé- rience du monde physique. En ce sens, il est vrai de dire que les contemplatifs sont les plus réalistes des hommes. »
  • 46. Viktor Frankl (1905-1997), neurologue et psychiatre autrichien d’origine juive. En 1942, déporté avec sa famille au camp de concentration de Theresienstadt, puis en 1944 à Auschwitz (son père, sa mère, son frère et sa femme seront tués dans les chambres à gaz). Observe avec étonnement que les plus robustes et actifs sont les premiers à mourir, et que ceux qui paraissaient les plus faibles résistent beaucoup plus longtemps : « Face à l'absurde, les plus fragiles avaient développé une vie intérieure qui leur laissait une place pour garder l'espoir et questionner le sens. (…) Les plus aptes à survivre étaient les prisonniers qui avaient une tâche à remplir après leur libération ». Crée une nouvelle thérapie qu'il nomme logothérapie, prenant en compte le besoin de sens et la dimension spirituelle de la personne. ../..
  • 47. Viktor Frankl Pendant 25 ans, directeur de la polyclinique neurologique de Vienne. S’aperçoit que ses patients ne souffrent pas uniquement de frustrations sexuelles (cf. Sigmund Freud) ou de complexes d’infériorité (cf. Alfred Adler) mais aussi d’un "vide existentiel". Le vide intérieur conduit à imiter les autres (conformisme) ou à se plier à leurs désirs (totalitarisme). L’exigence fondamentale de l’homme, affirme-t-il, n’est ni l’épanouissement sexuel, ni la valorisation de soi, mais la plénitude de sens. Chacun doit trouver et se donner une raison d’exister, une raison unique et singulière. On ne répond à la question que pose l’existence qu’en prenant sa propre vie en main. La responsabilité est l’essence même de l’existence humaine. Ne se fie à aucune religion constituée, à aucune Église, mais renvoie chacun à lui-même. ../..
  • 48. Viktor Frankl Trois voies principales peuvent nous révéler le sens de la vie, nous donner des raisons de vivre : - Accomplir une œuvre ou une bonne action, - Faire l’expérience de la bonté, de la vérité, de la beauté, de l’amour, - Assumer dignement une souffrance inévitable. En 1955, professeur à l’université de Vienne. Le premier institut de logothérapie au monde est fondé en 1970 à San Diego en Californie. On trouve aujourd’hui des centres et des associations de logothérapie dans une trentaine de pays. « L'homme est partout confronté au destin, il a partout l'occasion de s'accomplir à travers la souffrance. (…) Pleurer atteste de ce qu'un homme fait preuve du plus grand des courages, celui de souffrir ».
  • 49. Dietrich Bonhoeffer (1906-1945), pasteur luthérien, théologien, essayiste et résistant au nazisme. Se pose des questions sur la mort et l'éternité à 12 ans, après la mort de son frère aîné Walter, tué au front en avril 1918. Étudie la théologie à Tübingen, Rome et Berlin. Disciple de Karl Barth et de Adolf von Harnack, marqué par Bernanos. Vicaire à l'Église évangélique allemande de Barcelone, assistant à l'Université de Berlin, boursier à l'Union Theological Seminary de New York. Ébranlé par les questions critiques des États-uniens et par la non- violence de son camarade d'études Jean Lasserre (1908-1983). Pasteur à Londres de 1933 à 1935. Après son retour en Allema- gne, rejoint l‘’Église confessante’ (Bekennende Kirche : 7 000 pasteurs regroupés autour de Martin Niemöller et Karl Barth protestent notam- ment contre l'introduction dans l’Evangelische Kirche der altpreußischen Union du "paragraphe aryen" qui prévoit l'exclusion des pasteurs d'origine juive ou mariés à une juive). Ses prises de position ne restent pas longtemps ignorées du régime nazi qui en 1935 lui retire ses droits d'enseigner. Constitue dans la clandestinité dans la localité de Finkenwalde (aujourd'hui Szczecin) un séminaire, dissous par la Gestapo en 1937. ../..
  • 50. Dietrich Bonhoeffer Prend des contacts avec des officiers allemands opposés au nazisme. Avec des papiers fournis par l’amiral Wilhelm Canaris, chef de l'Abwehr (service de renseignements de l'état-major allemand), se rend en Angleterre, aux États-Unis, à Stockholm. Arrêté en avril 1943, peu après ses fiançailles avec Maria von Wedemayer, sous l'inculpation d‘ "affaiblissement du potentiel de guerre de l'Allemagne". L'influence de Canaris permet son transfert des prisons de la Gestapo vers une prison moins sévère à Berlin, où il écrit de nombreux textes, recueillis après guerre dans l'ouvrage intitulé Widerstand und Ergebung (« Résistance et soumission »). N'accepte pas la possibilité d'évasion qui lui est proposée. Après l'attentat de juillet 1944 contre Hitler et la découverte des conjurés (parmi lesquels Canaris et Bonhoeffer), transféré en octobre 1944 dans les prisons de la Gestapo, puis déporté au camp de concentration de Buchenwald. Le 9 avril 1945, Bonhoeffer, Canaris et le général Oster sont conduits devant la cour martiale, jugés coupables et pendus nus dans le camp de concentration de Flossenbürg. ../..
  • 51. Dietrich Bonhoeffer Dans des lettres majeures de 1944, son constat est simple : le temps de la religion est terminé. Le « nouveau monde » auquel il aspire est libérateur car moins fondé sur la peur infantilisante que peut inspirer le monde religieux. Il est une expérience existentielle : vivre sa vie terrestre jusqu'au bout, sans se consoler par un hypothétique au-delà, vivre pour les autres et, dans son cas, donner volontairement sa vie pour l'avenir de l'Allemagne et de l'Europe. « Ce n’est pas l’acte religieux qui fait le chrétien, mais sa participation à la souffrance de Dieu dans la vie du monde. » «  La question est de savoir ce qu’est le christianisme et qui est le Christ, pour nous aujourd’hui. (…) Le temps où l’on pouvait tout dire aux hommes par des paroles théologiques ou pieuses est passé. (…) Nous allons au-devant d’une époque totalement non religieuse. (…) Si la religion n’est qu’un vêtement du christianisme - et ce vêtement lui-même a changé d’aspects à différentes époques - qu’est-ce donc alors qu’un christianisme non religieux ? (…) Comment le Christ peut-il devenir le Seigneur des non- religieux ? Y a-t-il des chrétiens sans religion ? » « Le Christ ne doit plus être l'objet d'une religion, un objet partiel, sectoriel, réservé aux gens pieux, mais le Seigneur du monde, pour tous.
  • 52. Dietrich Bonhoeffer (…) Jésus n'appelle pas à une religion nouvelle, mais à la vie. (…) L'homme a appris de venir à bout de toutes les questions importantes sans faire appel à l'hypothèse Dieu » « Devant Dieu et avec Dieu, nous vivons sans Dieu » « Dieu nous fait savoir qu’il nous faut vivre en tant qu’hommes qui parviennent à vivre sans Dieu. (…)Le Dieu qui est avec nous est celui qui nous abandonne. On peut dire que l’évolution du monde vers l’âge adulte, faisant table rase d’une fausse image de Dieu, libère le regard de l’homme, le dirige vers le Dieu de la Bible qui acquiert sa puissance et sa place dans le monde par son impuissance. » « Faire et oser non pas n’importe quoi, mais ce qui est juste. Non pas planer dans le possible, mais saisir avec courage le réel. Ce n’est pas dans les fuyantes pensées, mais dans l’action seule qu’est la liberté. Romps le cercle de tes hésitations anxieuses pour affronter la tempête des événements, porté seul par la loi de Dieu et par la foi, la liberté accueillera ton esprit dans la jubilation. » « Vient le jour où il sera peut-être impossible de parler ouvertement, mais nous allons prier, nous allons faire ce qui est juste, et le temps de Dieu viendra. » (Lettre à son filleul)
  • 53. Bede Griffiths (1906-1993), né Alan Richard Griffiths. Études en littérature anglaise et en philosophie au Magdalen College. Anglican, se convertit au catholicisme dans la suite du cardinal Newman. Moine et prêtre bénédictin anglais ordonné au sacerdoce en 1940. Conscient de la nécessaire ouverture de l’Occident et du monde chrétien à d’autres spiritualités, part en Inde en 1955 à la demande du moine d’origine indienne Benoît Alapatt pour s’immerger dans une des cultures religieuses les plus riches du monde. Séjours à Bengalore et au Kérala. Développe une vie monastique basée sur la tradition indienne, adopte les vêtements de safran d'un sannyasi indien (ascétique ou moine), prend le nom sanskrit de swami Dayananda ("bonheur de compassion"), devient un yogi remarqué. En 1968, s’installe dans l’ashram de Saccidananda, également connu sous le nom de Shantivanam, au Tamil Nadu, fondé en 1950 par Henri Le Saux. Utilise l'anglais, le sanskrit et le tamoul. Découvre en Inde le rôle du mythe comme mode d’expression de vérités qui ne peuvent s’énoncer autrement. Auteur de 12 livres sur le dialogue Hindous-Chrétiens, membre du mouvement Christian Ashram. ../..
  • 54. Bede Griffiths « Je voulais faire l’expérience, dans ma propre vie, du mariage de ces deux dimensions de l’existence humaine, la rationnelle et l’intuitive, la consciente et l’inconsciente, la masculine et la féminine. Je désirais trouver le chemin de l’union entre l’Orient et l’Occident. » « Chaque religion est une manifestation de cette vérité unique qui trouve des signes et des symboles différents dans diverses traditions historiques. » « Le système industriel occidental ne peut qu’aboutir à la destruction des cultures traditionnelles de l’Orient. Il est pourtant possible de concevoir un développement qui ne cherche pas à dominer la nature, mais à collaborer avec elle, comme l’a préconisé le Mahatma Gandhi, et de créer une culture nouvelle où l’homme et la nature, la raison et l’intuition, le yin et le yang de la terminologie chinoise, se retrouvent en harmonie. »
  • 55. Henri Godin (1906-1944), prêtre catholique français, un des premiers prêtres- ouvriers. Dès le séminaire, après avoir été frappé par l'abandon religieux de la population ouvrière, se donne comme tâche l'évangélisation de la banlieue rouge de Paris. Ordonné prêtre en 1933 à Paris. En 1943, pendant la 2ème Guerre Mondiale, fait paraître avec l'abbé Yvan Daniel le rapport La France, pays de mission ?, qui constate la forte déchristianisation des milieux ouvriers en France, et dont le retentissement au sein de l'Église catholique est immense. Souhaite se consacrer aux jeunes qui ne fréquentent pas l'Église, et crée en ce sens la "Mission de Paris". Meurt en janvier 1944, asphyxié par les fumées émanant de son matelas de laine consumé par le chauffage électrique qu'il avait déposé près de son lit. Après 1945, des prêtres vivent leur ministère en usine, s’enga- gent dans les associations, syndicats et même partis politiques. Ils ressentent leur présence dans ce milieu comme le moyen de vivre les valeurs évangéliques de partage et de fraternité avec les travailleurs. En 1954, le pape Pie XII décide d'arrêter l'expérience des prêtres ouvriers en leur demandant de se retirer des usines. En 1959, les prêtres marins de la "Mission de la mer" sont condamnés par le Vatican..
  • 56. Emmanuel Lévinas (1906-1995), philosophe français d’origine lituanienne, éduqué dans la tradition juive. Études de philosophie à Strasbourg, Fribourg- en-Brisgau et Paris. Prisonnier de guerre pendant 5 ans. À partir de 1957, donne des commentaires talmudiques aux Colloques des Intellectuels Juifs de France. Sa philosophe est centrée sur la question éthique et sur la métaphysique d’Autrui. Pour lui, c’est dans la bonté envers l’autre que le moi s’affirme et se construit comme être humain. La bonté est la vraie réponse à la sollicitation du visage de l’autre. « Le visage, c’est l’identité même d’un être. Le visage dans sa nudité de visage me présente le dénuement du pauvre et de l’étranger. » ../..
  • 57. Emmanuel Lévinas Définit la morale comme un absolu qui règle l’existence avec une rigueur implacable et désigne la relation à autrui, ce qu’il nomme la responsabilité-pour-autrui. Selon lui, la relation à autrui est asymétrique : la réciprocité des actions ne peut pas être attendu par le sujet, il doit agir sans savoir ce qu’autrui fera, même si le sujet doit y laisser sa vie. « Je suis responsable d’autrui sans attendre la réciproque, dût-il m’en coûter la vie. La réciproque, c’est son affaire. » Ne cesse de nous dire d’être attentif au visage de l’autre qui est ouverture vers les chemins infinis du sens. C’est par la vulnérabilité acceptée dans la rencontre de l’autre que nous avons quelques chances d’échapper à nos obsessions et à nos clôtures. Nous convie à un véritable retournement de la démarche philosophique : « Nous sommes habitués à une philosophie où esprit équivaut à savoir, c’est-à-dire au regard qui embrasse les choses, à la main qui les prend et les possède, à la domination des êtres. (…) Dans la vision que je développe, l’émotion humaine et sa spiritualité commencent dans le pour-l’autre, dans l’affection par l’autre ».
  • 58. Émile Pinel (1906-1985), mathématicien, physicien, biologiste et thérapeute français. Modélise mathématiquement le fonctionnement de la cellule vivante à partir du calcul tensoriel et démontre l’existence de champs pour expliquer le vivant (champ physique H1 analogue à celui d’un aimant, champ de mémoire H2, champ morphogénétique H3). Démontre ainsi que lorsqu'un individu meurt, sa partie "matière" meurt, mais pas sa partie "psychique". Ses travaux ont été repris par Jacqueline Bousquet et André Bourrée.
  • 59. Kurt Gödel (1906-1978), logicien et mathématicien autrichien naturalisé états- unien. Maître de conférences de l'université de Vienne. Son théorème d'incomplétude (1930) affirme que n'importe quel système logique suffisamment puissant pour décrire l'arithmétique des entiers admet des propositions sur les nombres entiers ne pouvant être ni infirmées ni confirmées à partir des axiomes de la théorie. Ces proposi- tions sont qualifiées d'indécidables. Règle 2 problèmes philosophiques : concevant la cosmologie comme une extension de la relativité restreinte, montre que le temps n'a pas d'existence objective et que l'espace matériel de la relativité est un univers optique. Ses liens avec des professeurs juifs, comme son tuteur de thèse Hans Hahn, lui causent des problèmes. Fuit l’Autriche en 1940 pour les États-Unis, devient professeur à l'Institute for Advanced Study de Princeton. Publie en 1949 les équations de la relativité générale. Timide, introverti, pessimiste, profondément mystique. Âgé de 70 ans, fait circuler parmi ses amis un document proposant par un argument formel de logique modale une preuve ontologique de l'existence de Dieu, inspirée de l'argument d'Anselme de Cantorbéry et de travaux de Leibniz. Fait aussi des recherches sur la transmigration des âmes, s'interroge sur l'existence des anges et du diable.
  • 60. Karl Stern (1906-1975), médecin et psychiatre juif canadien d’origine allemande. Fait ses études dans les années 1930 à Munich, à Berlin et à Francfort avec les plus grands maîtres de l’époque. Pour y échapper à l’antisémitisme nazi, migre à Londres dès 1938 puis, à la fin de la 2ème Guerre mondiale, à Montréal où il pratique dans un centre psychiatrique jusqu’à sa mort en 1975. Son livre The Pilar of Fire, écrit en Angleterre, publié en 1951 et traduit en français en 1955 sous le titre Le Buisson ardent, raconte sa biographie, son chemin d’un judaïsme hérité de son milieu vers l’intério- risation de la foi juive, puis son cheminement douloureux et lent vers un christianisme qui professe la divinité du Christ. En tant que psychana- lyste, ne cesse de tourner sur lui-même un regard lucide sur les raisons, sentiments, influences pouvant servir de sous bassement à sa conversion. « Le Christ a mis au défi, non seulement le chaos apparent de l'Histoire, mais ce que l'existence de l'individu a d'insignifiant. » Dans une lettre adressée à son frère Ludwig, décrit avec une pénétration presque prophétique le danger qui guette l'humanité post- nazisme et post-marxisme : elle risque, dit-il, de devenir la proie d'un «pragmatisme rationaliste, une forme de matérialisme non-marxiste » reposant sur une foi absolue dans la science.
  • 61. Lucia dos Santos, Francisco et Jacinta Marto Lucia dos Santos (1907-2005), Francisco (1908-1919) et Jacinta Marto (1910-1920), enfants gardiens de troupeaux du village de Fatima (Portugal) voyants de la Vierge Marie à 6 reprises entre mai et octobre 1917, pendant la première Guerre mondiale. En juillet, les enfants reçoivent trois secrets et une vision que le cardinal Ratzinger, dans un commentaire théologique, qualifiera plus tard de "symbolique". Lors de la dernière apparition, 50 000 personnes voient pendant 10 minutes une sorte de "danse du soleil", non observée par l’observatoire astronomique. « Action de Dieu, Seigneur de l'histoire, et coresponsabilité de l'homme, dans sa dramatique et féconde liberté, tels sont les deux pivots sur lesquels se construit l'histoire de l'humanité. » conclut sur ce sujet Tarcisio Bertone, Secrétaire de la Congrégation pour la Doctrine de la foi de l’Église catholique romaine.
  • 62. Mircea Eliade (1907-1986), historien des religions, mythologue, philosophe et romancier roumain. Parle et écrit couramment cinq langues (roumain, français, allemand, italien et anglais), lit aussi l'hébreu, le persan et le sanskrit. Un des fondateurs de l'histoire moderne des religions. Thèse sur le yoga après un séjour de 3 ans à Calcutta. Professeur-chercheur à Paris puis à Chicago. Étudiant les mythes, les rêves, les visions, le mysticisme et l'extase, élabore une vision comparée des religions, en trouvant des relations de proximité entre différentes cultures et moments historiques. Situe la notion du "sacré" au centre de l'expérience religieuse de l’homme. Met notamment en lumière le chamanisme, tradition spirituelle et pratique de sages et guérisseurs des corps et des âmes, connectés à la nature et aux énergies de l’univers. ../..
  • 63. Mircea Eliade « Il est indispensable de reconnaître qu'il n'existe plus de solution de continuité entre le monde "primitif" ou "arriéré" et l'Occident moderne. Il ne suffit plus, comme il suffisait il y a un demi-siècle, de découvrir et d'admirer l'art nègre ou océanien ; il faut redécouvrir les sources spirituelles de ces arts en nous- mêmes, il faut prendre conscience de ce qui reste encore de "mythique" dans une existence moderne, et qui reste tel, justement parce que ce comportement est, lui aussi, consubstantiel à la condition humaine, en tant qu'il exprime l'angoisse devant le Temps. » « Le chamanisme est la pratique la plus ancienne, celle qui est la plus proche de l'origine de l'humanité. Elle est donc la plus proche de la vérité toute nue. »
  • 64. Dom Robert Guy de Chaunac-Lanzac (1907-1997), moine bénédictin, tapissier, peintre et céramiste français. Étudie au collège des Jésuites de Poitiers, puis à l‘’École nationale des arts décoratifs’ de Paris. Dessine d'abord des modèles pour la ‘Maison de soieries Ducharne’ à Paris. Ses relations avec Jacques Maritain et Maxime Jacob le conduisent à entrer, en 1930, à l'abbaye d'En-Calcat où il est ordonné prêtre en 1937. Sa rencontre en 1941 avec Jean Lurçat l'amène à créer des tapisseries avec l'atelier Tabard à Aubusson. Parti en 1948 pour l'abbaye de Buckfast en Angleterre, revient à l'abbaye d'En Calcat en 1958 et ne cesse plus de produire. Entre 1942 et 1992, Frère Robert (il ne signe Dom Robert qu'à partir de 1970) produit près de 150 cartons originaux Une nature luxuriante et des couleurs éclatantes, tel est l’univers poétique de ses tapisseries. Fait partie des peintres cartonniers de tapisserie les plus prolifiques et admirés du 20ème siècle. « Il n'y a qu'une chose qui ne trompe pas, c'est la nature. La nature, c'est le vrai, le réel.»
  • 65. Gitta Mallasz et Hanna Dallos Gitta Mallasz (1907-1992), de père hongrois et de mère autrichienne. Dessinatrice, championne de crawl (natation) de Hongrie. Fait partie d’un groupe de 4 jeunes gens (3 d’origine juive et une vaguement catholique) en quête d’absolu et de spiritualité, qui se réunissent pendant le 2ème Guerre mondiale dans une petite maison à Budaliget, près de Budapest. Parmi eux, Hanna Dallos (1907-1945), graphiste, graveur et peintre, lectrice du Tao Te King, des Upanishad, de la Bhagavad Gîtâ, des écrits de Maître Eckhart. Le 25 juin 1943, pendant un échange, Hanna avertit « Attention, ce n’est plus moi qui parle ! ». Commencent alors 17 mois d’enseignement spirituel (le vendredi à 15 heures) reçu de "maîtres intérieurs" ou "messagers" et transmis par Hanna sous la forme de 88 entretiens retranscrits par Gitta. Celle-ci sauve plus de 100 femmes et enfants juifs à Budapest en 1944. Ses deux amies Hanna Dallos et Lili Strausz ne reviendront pas du camp de concentration de Ravensbrück. Joseph Kreutzer meurt à la même époque que sa femme dans un camp en Hongrie. Photos : Gitta Mallasz jeune et en 1983
  • 66. Gitta Mallasz, Hanna Dallos, Lili Strausz et Joseph Kreutzer Réfugiée en France en 1960, Gitta, avec l’aide d’amis parmi lesquels Marguerite Kardos, publie les entretiens en 1976 sous le titre Dialogues avec l’ange, qu’elle présente comme "un guide pratique pour notre époque de transition". Interrogée lors d’une conférence à ‘l’Institut Jung’ de Zürich sur l’écart qu’il y a entre les Béatitudes et les Dialogues, elle s’entend répondre : “Deux mille ans !” « Nous, les êtres humains, entrons dans une nouvelle époque. Je sens qu’une nouvelle phase de l’évolution humaine est en train de commencer.» (Gitta) « L’évolution humaine ne dépend pas seulement du développe- ment spirituel (vertical) ou du développement matériel (horizontal), mais des deux ensemble.» (Lili) « Il est en tout, partout, en tout lieu, toujours. En bas de la profondeur, il est aussi. Ta tâche définit ta place. Ta place en Lui. L’adoration n’est rien d’autre que l’union avec lui.» « Il ne faut pas rejeter l’ancien, mais s’en détacher et l’utiliser à une autre fin. » ../.. Photo : Hanna Dallos et Joseph Kreutzer
  • 67. Paroles de l’ange dites par Hanna Dallos « Il n’y a pas d’abîmes si sombres, il n’y a pas de falaises si hautes, il n’y a pas d’égarement si tortueux qui ne soit pas Voie ». « Ce qui est pour la plante : croissance, est pour l’animal : mouvement, et pour l’homme : donner.» «Chaque culte rendu à Dieu, chaque religion ne sont que cadre. Le cadre limite l’espace.» «Tout t’est donné si tu ne quittes pas le chemin, car le chemin est tout.» «Tout animal sait pleurer, gémir. Sourire, seul l’homme le sait. C’est la clef. Ne souriez pas seulement lorsque vous êtes de bonne humeur ! Votre sourire est le sourire créateur ! (…) Bâtissez en vous la joie rayonnante afin de pouvoir aider.» «Soyez ivres de Dieu ! C’est cela, le symbole du vin, c’est Son sang. (…) Avec une soif inextinguible, soyez assoiffés de l’Ivresse qui seule peut délivrer.» « Brûlez ! Vivez ! Remplissez-vous de la Lumière. Votre lumière est nécessaire.» ../.. Photo du milieu : Les notes de l’entretien n° 37 avec Lili Photo du bas : Gitta Mallasz et Michel Cazenave en 1992
  • 68. Paroles de l’ange dites par Hanna Dallos « Le jeûne des jeûnes, c’est l’aide que tu apportes. Le jeûne en soi n’aide pas. Sais-tu quand il faut jeûner ? Lorsque tu as trop mangé ! Mais c’est encore mieux si tu ne manges pas trop. Tout cela est sans importance, mon petit serviteur ! » « Reconnaître votre tâche, c’est voir apparaître dans sa pureté votre individualité. Alors vous saurez à quoi vous êtes destinés. (…) Que chacun de tes actes, chacune de tes tâches soit une véritable offrande ! (…) Si tu crois en toi-même, c’est en Lui que tu crois. (…) L’acte est l’éternité présente dans le temps. » « Celui parmi nous, le "Porteur de Lumière", le tricheur, le rebelle, le serpent, sera délivré aussi. Personne n’habitera désormais l’enfer. » - Schéma du haut : Le monde présenté par l’ange à Anna : le monde créé (minéral, végétal, animal), l’homme au milieu dans lequel s’unissent l’esprit et la matière, le monde créateur (la Lumière divine, les archanges et les anges, êtres de Lumière plus ou moins tamisée) - Photo du milieu : Lili Strausz - Photo du bas : Gitta Mallasz, dernier entretien enregistré par Michel Cazenave en 1992
  • 69. Raymond Abellio Georges Soulès (1907-1986), écrivain et philosophe gnostique* français. ‘École polytechnique’ puis ‘Ponts et Chaussées’. Ingénieur des Ponts. Initialement marxiste, occupe des postes de responsabilité à la ‘SFIO’ avant-guerre puis, durant l'Occupation, au ‘Mouvement social révolutionnaire’ (MSR) de droite. Fonde et dirige en fin de carrière une société d'ingénieurs-conseils. Rencontre en 1943 l’ancien instituteur et guérisseur auvergnat Pierre de Combas (1893-1950) qui a étudié les mouvements occultes et ésoté- riques occidentaux. Initié à la Kabbale et à la Bhagavad-Gita, abandonne l’action politique et prend en 1946 le nom d’auteur de Raymond Abellio. La tradition hébraïque lui apporte, avec la Kabbale, les éléments du savoir religieux initiatique, tandis que la phénoménologie de Edmund Husserl lui permet d’acquérir une méthode prospective et une charpente méthodique qui manquent aux traditions. « J’ai reçu la révélation de ma clef numérique de la Kabbale le 5 avril 1946 à 10 heures du matin, le Vendredi saint de cette année-là. La liste des valeurs ésotériques des nombres m’est venue globalement, sans nuance. Elle m’est tombée dessus comme un coup de tonnerre. » ../.. * La gnose (du grec gnôsis : connaissance) est un concept philosophico-religieux selon lequel le déploiement de l'âme passe par une connaissance (expérience ou révélation) directe de la divinité, et donc par une connaissance de soi.
  • 70. Raymond Abellio Son livre Vers un nouveau prophétisme (1947) analyse les rapports que peuvent et pourraient entretenir, en Occident et au sein de l’époque moderne, le sacré et le profane, le spirituel et le temporel, la spiritualité et le politique, le prophétisme et le pouvoir. Explique La fin de l’ésotérisme (1973) comme accomplissement de l’ésotérisme, « une recréation vécue au-dedans même de l’être » qui permet d’entrer « dans cet état de fusion avec l’universel ». « Alors naît au-delà du Moi banal prétendument distinct et autonome le sentiment puissant de la globalité et de l’unité, qui est participation de ce Moi lui- même à l’interdépendance universelle. » « L’âge noir que nous traversons ne peut être ressenti que comme un âge de séparation, de division et d’épreuve. » « Je ne me réclame d'aucun drapeau, d'aucune cause. Indestruc- tible, tout me touche. Immobile, tout m'atteint. Je frémis sans bouger. Jusqu'où va ma pensée, je ne sais. » « Les hommes ne retrouveront le sens du sacré qu'après avoir traversé tout le champ du tragique. »
  • 71. Abraham Heschel (1907-1972), rabbin massorti*, théologien et penseur juif né en Pologne. Études à Berlin, professeur à Frankfurt. Fuit le nazisme, trouve refuge en Angleterre puis aux États-Unis. Professeur d'éthique et de mysticisme juifs au Jewish Theological Seminary of America, se soucie davantage de spiritualité que de l'étude critique des textes. S'intéresse particulièrement aux prophètes et à la façon appropriée pour les Juifs de vivre en accord avec leur foi sans se couper de la modernité. Activiste social militant en faveur des droits civiques pour les populations afro-américaines, aux côtés de Martin Luther King, et contre la guerre du Viêtnam. « Telle est la tâche de l'homme : conquérir l'espace et sanctifier le temps. » « Le simple fait d'être est une grâce. Le simple fait de vivre est saint. » « En ce monde, Dieu n’est pas Dieu si nous ne sommes pas ses témoins. (…). À travers les paroles du prophète, c’est Dieu qui s’indigne. » « Dans une société libre, tous sont impliqués dans ce que font quelques-uns. Certains sont coupables, mais tous sont responsables. » * Le courant massorti revendique une loi et une pratique évolutives, adaptées aux contraintes de la vie moderne tout en conservant un cadre traditionnel notamment quant au culte.
  • 72. Pedro Arrupe (1907-1991), jésuite basque espagnol, 28ème Supérieur général de la ‘Compagnie de Jésus’ (1965-1981). Études en Belgique, aux Pays-Bas et aux États-Unis. Soigne les blessés à Hiroshima lors de l’explosion de la bombe atomique. Mystique, passionné, d’une grande bonté, pousse la ‘Compagnie’ à prendre sa part dans la lutte sociale en Amérique latine et à s'engager en faveur des pauvres et des marginaux. Désavoué par le pape Jean-Paul II. Créateur en 1980 du Jesuit Refugee Service (JRS, Service jésuite des réfugiés), à l’œuvre dans 40 pays. « Il y avait chez lui une tension entre l’attention au particulier et à l’universel. Il était habité par un mouvement très fort vers l’action et, en même temps, il avait une capacité étonnante de contemplation et de silence. Dans les moments importants ou même difficiles, il disparaissait et allait prier. » Maurice Giuliani sj
  • 73. André-Marie Talvas et Germaine Campion A.-M. T. (1907-1992), prêtre catholique. En 1919, travaille avec son père artisan chaisier, constate les ravages de l’alcool chez les hommes, les femmes, dans les couples, dans les familles. En 1927, entre au séminaire, rencontre le père André Guérin (1891- 1972, cofondateur de la ‘JOC’ en France), vicaire à Clichy. Pendant son service militaire à Versailles, découvre le quartier Pigalle de Paris. Vicaire en paroisse en Bretagne. En 1937, à Paramet-St-Malo, rencontre Germaine Campion, prostituée dans le quartier des Halles et malade alcoolique, revenue mourir en Bretagne, promet de l’accompagner. De retour de captivité en 1941, loue un manoir, ‘le Pont Pinel’, pour accueillir des femmes en difficulté, avec la participation de Jeanne Grandmougin et de Germaine Campion. Avec elles et d’autres, dont Maggy Boire, jociste bretonne, fonde à Paris en 1946 le mouvement ‘Le Nid’ : rencontre et accueil des femmes prostituées. En 1947, rencontre le Dr Lecoq, médecin à Saint-Germain-en-Laye, spécialiste en alcoologie. En 1948, Germaine Campion fait une cure de désintoxication. Avec elle, il crée ‘L’entraide’ qui devient en 1953 le mouvement ‘Vie Libre’. « Les malades alcooliques, les femmes et les hommes – prostitués, proxénètes et clients – enfermés dans le ‘milieu’ prostitutionnel m’ont entraîné au cœur de leurs souffrances insoupçonnées, de leur désespoir. Ils m’ont surtout révélé les richesses, les puissances de vie, d’action, de re-naissance, de résurrection qui sommeillent en eux. »
  • 74. René Char (1907-1988), poète français. Adhère à 22 ans au mouvement surréaliste, signe un recueil en commun avec André Breton et Paul Éluard, mais reprend son indépendance en 1934. Résistant durant la 2ème guerre mondiale sous le nom de capitaine Alexandre, chef de secteur dans ‘l’Armée secrète’. Son œuvre témoigne de son insoumission devant les agressions du monde. « Au plus fort de l'orage, il y a toujours un oiseau pour nous rassurer. C'est l'oiseau inconnu. Il chante avant de s'envoler. » « Celui qui vient au monde pour ne rien troubler ne mérite ni égard, ni patience. » « L’impossible, nous ne l’atteignons pas, il nous sert de lanterne. » « Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque. À te regarder, ils s'habitueront … Juxtapose à la fatalité la résistance à la fatalité. Tu connaîtras d’étranges hauteurs.» « Aller me suffit. » ■