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DISCUTER LES APPORTS DES NOTIONS SECTEUR
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CAPITALISMES
LA SORTIE DU « NUAGE ROSE » : LA NOTION DE SECTEUR À L’ÉTUDE DES TRANSACTIONS
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■ 1994 – Madagascar : Entretien Christelle, responsable marketing de la filiale Bio-Industrie de l’entreprise Sanofi,
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« C’est un peu comme quand on a un coup de foudre et qu’on se marie avec quelqu’un… euh… Et là en l’occurrence c’est
pas faux. Pourquoi on s’entend, pourquoi on a envie des mêmes choses, pourquoi on fonctionne pareil, pourquoi on se fait
confiance, pourquoi il y a une empathie, une sympathie qui se met en place, ou pas quand on se rencontre, c’est difficile à
expliquer hein. C’est euh… Est-ce que c’est… Euh, que dire ? Pour ce qui est de Pierre M. ça je peux vous dire que c’est
parce qu’on se… on avait vraiment les mêmes euh, les mêmes envies dans la vie [rire] et qu’on voyait la vie de la même
façon, on avait les mêmes valeurs, on avait les mêmes ambitions d’être utiles et pas de… enfin pas de travailler pour soi
mais de travailler pour les autres » (Entretien Christelle)
■ 2008 - Madagascar : Entretien Mélanie, stagiaire au département marketing de l’entreprise Danone.
« Ca a été très simple, c'était transitif. L’ONG ESSOR collabore avec Danone, Danone a dans son sein une entreprise qui
s'appelle Blédina, entreprise qui fait de l'alimentation infantile, donc, l’ONG ESSOR collabore avec Blédina, ce qui était vrai,
et surtout, UNICEF finance l’ONG ESSOR, sur ce projet mais aussi sur d'autres, donc ca sous-entendrait très vite, dans les
journaux et ailleurs, que l'UNICEF finance Blédina. Donc voilà, le chemin a été très rapidement parcouru, et certainement
que, médiatiquement c'est ce qui se serait passé. Et évidemment c'était la principale crainte de l'UNICEF. Tout le reste, les
argumentations de fond, n'ont pas eu de place, aucune place. Ca a été, dans l'objet social même de l'UNICEF, c'est à dire
sa raison d'être, la raison pour laquelle les gens donnent à l'UNICEF, c'est justement cette idée que l'UNICEF est le dernier
rempart derrière les groupes euh... capitalistes, disons le, qui veulent mettre la main sur l'alimentation infantile mondiale.
Donc pour l'UNICEF c'était non négociable, absolument non négociable, c'est son fond de commerce. » (Entretien Mélanie)
L’idée de conjoncture (Michel Dobry)
Réalisation: Maylis Ferry
Bio-industrie
(filiale de Sanofi)
ORSTOM-IRD
Coopération
Scientifique
Capitaliste
UNICEF
Humanitaire
1994 – 1997 La rencontre entre trois personnes
ONG ESSOR
Christelle,
François et Pierre
1994 – 1997
Importance des affinités, l’expression des
affects et la reconnaissance de qualités
personnelles
-> "On était sur un petit nuage rose à trois organismes très différents, qui avaient
réussi à trouver un terrain efficace pour construire, et on nous regardait passer sur
notre petit nuage rose. Voilà c’était un peu ça [rire]." (Entretien Christelle)
-> "C'est un peu compliqué de refaire l'histoire, parce que c'est facile d'enjoliver les
choses d'une certaine manière, mais... Je dirais, pour moi cette histoire là, c'est un
peu... Il y a quelqu'un qui commence la phrase, il y en a un autre qui continue, et le
troisième qui la termine" (Entretien Pierre)
Une rencontre dans une conjoncture de crises
■ Madagascar
1972-1975 : Régime socialiste
->1975 : fin des accords de coopération – départ de l’ORSTOM
 1991 : crise du régime socialiste
-> l’échec de la politique de collectivisation agraire, une situation qualifiée de "jungle économique" (Raison
Jourde, 1991)
-> Mobilisations politiques aux lendemains des élections avec des mouvements peu organisés
■ Coopération:
 Effondrement du budget: passage de 47 milliards de francs en 1994 à 35,2 milliards de francs en
1999.
 Crises institutionnelles : démission du Ministre de la coopération en 1981, suppression du Ministère de la
coopération en 1998 et fusion au sein du Ministère des affaires étrangères
30.72 32.558 33.362 34.845 36.706 32.085 29.438 27.877 24.686 26.643 23.667
1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000
MAE, Région île de
France, UE, ONG ESSOR
Taf, Danone
Christelle,
François,
Pierre
Coopération
Scientifique
Capitaliste
UNICEF
Humanitaire
1997-2013 « La sortie du nuage rose »: du groupe aux
dynamiques sectorielles
Université d’Antananarivo,
Laboratoire Labasan,
Université de Montpellier,
ORSTOM-IRD
1997-2013 « La sortie du nuage rose »: du groupe aux
dynamiques sectorielles
■ A Madagascar : institutionnalisation de la question de la nutrition
 2004 : Plan d’Action National de Nutrition est approuvé et l'Office National de Nutrition est créé la même année pour le mettre en
œuvre.
 2009, le gouvernement inscrit la nutrition comme l'un des enjeux du Madagascar Action Plan (MAP), document lié au Document
de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (MAP 2007-2012)
■ Dynamique de re-sectorialisation de la coopération française
 Réforme de 1998 : rationalisation et re-légitimation de l’aide autour du »mythe de l’efficacité » (Dimier)
 Un nouvel acteur : la Commission Europénne et de nouveaux gagnants: l’Agence Française de Développement
 A l’échelle micro :
 mise en place de procédures visant à contrôler le budget des coopérant.es
 Les premières frictions : routinisation des rapports entre coopérant.es et bailleurs et retour de la casquette institutionnelle
■ Transactions entre secteurs: l’institutionnalisation (imbrication) des rapports avec les acteurs capitalistes
Partenariat ONG ESSOR-Danone : des affinités aux prémisses d’une institutionnalisation?
 Le développement d’intermédiaires financiers : micro-finance et fonds d’investissements
Des « transactions collusives »? Résurgence de la controverse
du lait maternel et « survivances du passé »
■ Des transactions illégitimes
 Co-financement du programme UNICEF + Sanofi (1994-1997)
 Intervention lors du partenariat avec l’entreprise Danone
 Code de commercialisation des substituts à l’allaitement
maternel signé par le gouvernement malgache
■ L’UNICEF, un acteur dont la réputation repose sur des actions anti-
capitalistes
 Scandale du lait en poudre, 1972
UNICEF, OMS, Code de commercialisation des substituts à
l’allaitement maternel, 1981)
voir Guilbaud, 2017
Logique d’endiguement de l’UNICEF lors des crises de famine au Sahel
Rachat massif des produits nutritionnels à l’entreprise Nutriset
pour garantir une redistribution gratuite
Voir Carémel, 2014, 2015
MAE, Région île de France,
UE
Université d’Antananarivo,
Laboratoire Labasan
Taf, Danone
ORSTOM-IRD
ONG ESSOR
Fond
d’investissement
E &P
Institut de micro-
finance
Coopération
Scientifique
Capitaliste
UNICEF
Humanitaire
La poursuite de la dynamique
Ouverture : questionner l’autonomie
des secteurs
■ Autre caractéristique du secteur : un produit historique, à la trajectoire
potentiellement « chaotique » (Dobry)
■ Délimiter les frontières et le degré d’autonomie d’un secteur est déjà un résultat
en soi (Ambrosetti, 2015)
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valeur des colonies : une imbrication étroite
du politique avec l’économique et
le scientifique
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  • 1. DISCUTER LES APPORTS DES NOTIONS SECTEUR ET DE CHAMP À L’ÉCONOMIE POLITIQUE DES CAPITALISMES LA SORTIE DU « NUAGE ROSE » : LA NOTION DE SECTEUR À L’ÉTUDE DES TRANSACTIONS ENTRE COOPÉRANT.ES, AGRONOMES ET SALARIÉ.ES DE L’INDUSTRIE AGROALIMENTAIRE DANS LE CONTEXTE DE MADAGASCAR (1994 – 2018) Zoé Tinturier (LAM- Science po Bordeaux) – Séminaire économie politique des capitalismes, 12/02/2021
  • 2. Repères chronologiques : une rencontre autour d’un programme de lutte contre la malnutrition et son évolution en entreprise Statut Zone d’instal lation Modalités/type de dispositif Acteurs opérationnels Bailleurs Partenariat Capitaux investis 1994 – 1997 Programme d’aide Zones rurales Transfert de recettes aux ménages  une solution marchande ONG ESSOR, ORSTOM Entreprise Sanofi (fililale Bio-Industrie); ORSTOM UNICEF Sanofi (fililale Bio- Industrie) 1997- 2013 Programme d’aide Antana narivo, Programme d’aide 3 réseaux de vente (ONG, commercial, hotely-zazakely) ONG ESSOR ORSTOM Entreprise Taf UNICEF MAE Région île de France UE -Entreprise Danone (2007-2008) -Université Antananarivo , laboratoire LABASAN 2013- / Entreprise AFD UE Entreprise Taf, ONG ESSOR, Fond d’investissement, institut de micro- finance, association
  • 3. ONG ESSOR, MAE, Région île de France, UE, Fond d’investissement E &P Institut de micro-finance Université d’Antananarivo, Laboratoire Labasan Bio-industrie (filiale de Sanofi), Taf, Danone ORSTOM-IRD Coopération Scientifique Economie capitaliste - agroalimentaire UNICEF Humanitaire Représentation idéal-typique de logiques sectorielles- schéma
  • 4. Comment ces acteurs s’entendent-ils et quels types de rapports sociaux entretiennent-ils alors mêmes qu’ils sont pris dans des logiques sectorielles différentes?
  • 5. Avec ou sans les acteurs capitalistes? Deux moments, deux types de rapports ■ 1994 – Madagascar : Entretien Christelle, responsable marketing de la filiale Bio-Industrie de l’entreprise Sanofi, future coopérant.e: « C’est un peu comme quand on a un coup de foudre et qu’on se marie avec quelqu’un… euh… Et là en l’occurrence c’est pas faux. Pourquoi on s’entend, pourquoi on a envie des mêmes choses, pourquoi on fonctionne pareil, pourquoi on se fait confiance, pourquoi il y a une empathie, une sympathie qui se met en place, ou pas quand on se rencontre, c’est difficile à expliquer hein. C’est euh… Est-ce que c’est… Euh, que dire ? Pour ce qui est de Pierre M. ça je peux vous dire que c’est parce qu’on se… on avait vraiment les mêmes euh, les mêmes envies dans la vie [rire] et qu’on voyait la vie de la même façon, on avait les mêmes valeurs, on avait les mêmes ambitions d’être utiles et pas de… enfin pas de travailler pour soi mais de travailler pour les autres » (Entretien Christelle) ■ 2008 - Madagascar : Entretien Mélanie, stagiaire au département marketing de l’entreprise Danone. « Ca a été très simple, c'était transitif. L’ONG ESSOR collabore avec Danone, Danone a dans son sein une entreprise qui s'appelle Blédina, entreprise qui fait de l'alimentation infantile, donc, l’ONG ESSOR collabore avec Blédina, ce qui était vrai, et surtout, UNICEF finance l’ONG ESSOR, sur ce projet mais aussi sur d'autres, donc ca sous-entendrait très vite, dans les journaux et ailleurs, que l'UNICEF finance Blédina. Donc voilà, le chemin a été très rapidement parcouru, et certainement que, médiatiquement c'est ce qui se serait passé. Et évidemment c'était la principale crainte de l'UNICEF. Tout le reste, les argumentations de fond, n'ont pas eu de place, aucune place. Ca a été, dans l'objet social même de l'UNICEF, c'est à dire sa raison d'être, la raison pour laquelle les gens donnent à l'UNICEF, c'est justement cette idée que l'UNICEF est le dernier rempart derrière les groupes euh... capitalistes, disons le, qui veulent mettre la main sur l'alimentation infantile mondiale. Donc pour l'UNICEF c'était non négociable, absolument non négociable, c'est son fond de commerce. » (Entretien Mélanie)
  • 6. L’idée de conjoncture (Michel Dobry) Réalisation: Maylis Ferry
  • 7. Bio-industrie (filiale de Sanofi) ORSTOM-IRD Coopération Scientifique Capitaliste UNICEF Humanitaire 1994 – 1997 La rencontre entre trois personnes ONG ESSOR Christelle, François et Pierre
  • 8. 1994 – 1997 Importance des affinités, l’expression des affects et la reconnaissance de qualités personnelles -> "On était sur un petit nuage rose à trois organismes très différents, qui avaient réussi à trouver un terrain efficace pour construire, et on nous regardait passer sur notre petit nuage rose. Voilà c’était un peu ça [rire]." (Entretien Christelle) -> "C'est un peu compliqué de refaire l'histoire, parce que c'est facile d'enjoliver les choses d'une certaine manière, mais... Je dirais, pour moi cette histoire là, c'est un peu... Il y a quelqu'un qui commence la phrase, il y en a un autre qui continue, et le troisième qui la termine" (Entretien Pierre)
  • 9. Une rencontre dans une conjoncture de crises ■ Madagascar 1972-1975 : Régime socialiste ->1975 : fin des accords de coopération – départ de l’ORSTOM  1991 : crise du régime socialiste -> l’échec de la politique de collectivisation agraire, une situation qualifiée de "jungle économique" (Raison Jourde, 1991) -> Mobilisations politiques aux lendemains des élections avec des mouvements peu organisés ■ Coopération:  Effondrement du budget: passage de 47 milliards de francs en 1994 à 35,2 milliards de francs en 1999.  Crises institutionnelles : démission du Ministre de la coopération en 1981, suppression du Ministère de la coopération en 1998 et fusion au sein du Ministère des affaires étrangères 30.72 32.558 33.362 34.845 36.706 32.085 29.438 27.877 24.686 26.643 23.667 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000
  • 10. MAE, Région île de France, UE, ONG ESSOR Taf, Danone Christelle, François, Pierre Coopération Scientifique Capitaliste UNICEF Humanitaire 1997-2013 « La sortie du nuage rose »: du groupe aux dynamiques sectorielles Université d’Antananarivo, Laboratoire Labasan, Université de Montpellier, ORSTOM-IRD
  • 11. 1997-2013 « La sortie du nuage rose »: du groupe aux dynamiques sectorielles ■ A Madagascar : institutionnalisation de la question de la nutrition  2004 : Plan d’Action National de Nutrition est approuvé et l'Office National de Nutrition est créé la même année pour le mettre en œuvre.  2009, le gouvernement inscrit la nutrition comme l'un des enjeux du Madagascar Action Plan (MAP), document lié au Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (MAP 2007-2012) ■ Dynamique de re-sectorialisation de la coopération française  Réforme de 1998 : rationalisation et re-légitimation de l’aide autour du »mythe de l’efficacité » (Dimier)  Un nouvel acteur : la Commission Europénne et de nouveaux gagnants: l’Agence Française de Développement  A l’échelle micro :  mise en place de procédures visant à contrôler le budget des coopérant.es  Les premières frictions : routinisation des rapports entre coopérant.es et bailleurs et retour de la casquette institutionnelle ■ Transactions entre secteurs: l’institutionnalisation (imbrication) des rapports avec les acteurs capitalistes Partenariat ONG ESSOR-Danone : des affinités aux prémisses d’une institutionnalisation?  Le développement d’intermédiaires financiers : micro-finance et fonds d’investissements
  • 12. Des « transactions collusives »? Résurgence de la controverse du lait maternel et « survivances du passé » ■ Des transactions illégitimes  Co-financement du programme UNICEF + Sanofi (1994-1997)  Intervention lors du partenariat avec l’entreprise Danone  Code de commercialisation des substituts à l’allaitement maternel signé par le gouvernement malgache ■ L’UNICEF, un acteur dont la réputation repose sur des actions anti- capitalistes  Scandale du lait en poudre, 1972 UNICEF, OMS, Code de commercialisation des substituts à l’allaitement maternel, 1981) voir Guilbaud, 2017 Logique d’endiguement de l’UNICEF lors des crises de famine au Sahel Rachat massif des produits nutritionnels à l’entreprise Nutriset pour garantir une redistribution gratuite Voir Carémel, 2014, 2015
  • 13. MAE, Région île de France, UE Université d’Antananarivo, Laboratoire Labasan Taf, Danone ORSTOM-IRD ONG ESSOR Fond d’investissement E &P Institut de micro- finance Coopération Scientifique Capitaliste UNICEF Humanitaire La poursuite de la dynamique
  • 14. Ouverture : questionner l’autonomie des secteurs ■ Autre caractéristique du secteur : un produit historique, à la trajectoire potentiellement « chaotique » (Dobry) ■ Délimiter les frontières et le degré d’autonomie d’un secteur est déjà un résultat en soi (Ambrosetti, 2015) ■ L’histoire, un passage obligé? Période coloniale et mise en valeur des colonies : une imbrication étroite du politique avec l’économique et le scientifique img-1.png (Image PNG, 1471 × 989 pixels) - Redimensionnée ... https://journals.openedition.org/poldev/docannexe/image/114/im..
  • 15. Merci

Hinweis der Redaktion

  1. Dans chacun des deux moments, les deux personnes interrogées