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1.
Jean-Marc Monteil février 2014 Les
Ă©ditions des JOURNAUX OFFICIELS Lâalternance dans lâĂ©ducation No âŻ41114-0007â prixâŻ:âŻ12,90âŻe ISSNâŻ0767-4538â ISBNâŻ978-2-11-120941-1 -:HSMBLB=WU^YVV: www.lecese.fr CONSEIL ĂCONOMIQUE, SOCIAL ET ENVIRONNEMENTAL 9, place dâIĂ©na 75775 Paris CedexâŻ16 TĂ©l.âŻ: 01âŻ44âŻ43âŻ60âŻ00 Cette Ă©tude se situe dans la perspective dâune contribution plus pĂ©dagogique que structurelle de l âa l t e r n a n c e d a n s lâĂ©ducation. Elle se propose de donner du crĂ©dit Ă lâalternance comme une dĂ©marche pĂ©dagogique en mesure dâenrichir pour tous les Ă©lĂšves les contextes dâacquisition de connaissances, et non pas seulement comme une solution rĂ©paratrice. Lâa l te r n a n ce d a n s lâĂ©ducation doit offrir Ă la diversitĂ© des compĂ©tences et des talents et aux trajectoires Ă©ducatives les plus fragiles des perspectives d e r Ă© u s s i t e p l u s nombreuses. LESĂTUDESDUCONSEILĂCONOMIQUE,SOCIALETENVIRONNEMENTAL Diffusion Direction de lâinformation lĂ©gale et administrative Les Ă©ditions des Journaux officiels tĂ©l. : 01 40 15 70 10 www.ladocumentationfrancaise.fr
2.
2014-07 NORÂ : CESL1100007X Vendredi
14 mars 2014 JOURNAL OFFICIEL DE LA RĂPUBLIQUE FRANĂAISE Mandature 2010-2015 â Bureau du 11 fĂ©vrier 2014 Question dont le Conseil Ă©conomique, social et environnemental a Ă©tĂ© saisi par dĂ©cision de son bureau en date du 23 avril 2013 en application de lâarticle 3 de lâordonnance no  58-1360 du 29 dĂ©cembre 1958 modifiĂ©e portant loi organique relative au Conseil Ă©conomique, social et environnemental. Le bureau a confiĂ© Ă la section de lâĂ©ducation, de la culture et de la communication la prĂ©paration dâune Ă©tude intitulĂ©e : L'alternance dans l'Ă©ducation. La section de lâĂ©ducation, de la culture et de la communication, prĂ©sidĂ©e par M. Philippe Da Costa, a dĂ©signĂ© M. Jean-Marc Monteil comme rapporteur. LâALTERNANCE DANS LâĂDUCATION Ătude du Conseil Ă©conomique, social et environnemental M. Jean-Marc Monteil, rapporteur au nom de la section de l'Ă©ducation, de la culture et de la communication
3.
2 âĂ©tude du
Conseil Ă©conomique, social et environnemental Sommaire ââ Introduction 4 ââ Situer lâalternance 6 ââ Lâalternance dans le cadre de lâapprentissage 7 ââ Lâalternance dans le cadre dâune formation scolaire ou universitaire 9 ââ Lâalternance dans le cadre de lâinsertion ou de la rĂ©insertion sociale et/ou professionnelle de jeunes en Ă©chec scolaire ou non 9 ââ Lâalternance dans le cadre de la formation tout au long de la vie 10 ââ Lâalternance pourquoi ? 11 ââ Le contexte scolaire de la formation 12 ââ Vers une Ă©volution des mĂ©thodes pĂ©dagogiques 14 ââ Lâalternance comment ? 16 ââ Lâalternance : du systĂšme scolaire aux dispositifs dâapprentissage 16 ââ Quelques repĂšres pour agir 19 ââ Lâalternance en formation tout au long de la vie 21 ââ La reconnaissance des acquis : un enjeu vital pour la formation tout au long de la vie 23 ââ Conclusion 25
4.
LâALTERNANCE DANS LâĂDUCATION
â 3 Annexes ________________________________________________________ 26 Annexe n° 1 : composition de la section de lâĂ©ducation, de la culture et de la communication ____________________________________ 26 Annexe n° 2 : table des sigles ___________________________________________ 28 Annexe n° 3 : bibliographie _____________________________________________ 29 Annexe n° 4 : scrutin ___________________________________________________ 30 Annexe n° 5 : liste des personnes auditionnĂ©es ___________________________ 31
5.
4 â Ă©tude
DU CONSEIL ĂCONOMIQUE, SOCIAL ET ENVIRONNEMENTAL LâALTERNANCE DANS LâĂDUCATION Introduction Saisi sur la question de la place de lâAlternance dans lâĂducation et par celle, jugĂ©e trop faible, « rĂ©servĂ©e Ă la dĂ©couverte professionnelle dans lâacquisition des connaissances dans le secondaire comme dans le supĂ©rieur », le CESE sâest donnĂ© lâobjectif dâexposer et de souligner certains des enjeux susceptibles dâĂȘtre liĂ©s Ă de telles questions. Cette Ă©tude se situe donc dans la perspective dâune contribution plus pĂ©dagogique que structurelle de lâalternance dans lâĂ©ducation. Ce parti pris suppose quelques incursions dans les contenus des pratiques scolaires, pour interroger leurs consĂ©quences Ă©ventuelles sur le niveau de performance des Ă©lĂšves et pour suggĂ©rer des inflexions en mesure dâamĂ©liorer la performance du systĂšme dans son ensemble. Ilimpliqueaussi,auregarddelapartinsuffisanterĂ©servĂ©eĂ ladĂ©couverteprofessionnelle dans lâacquisition des connaissances, dâexplorer et dâanalyser les conditions, et de cerner les raisons, qui feraient de lâalternance une pratique Ă mĂȘme de faciliter les processus dâapprentissage et de contribuer Ă lâamĂ©lioration des choix dâorientation professionnelle. NĂ©anmoins, il ne sâagira, Ă©videmment, ni de repenser les attendus fondamentaux de lâĂ©cole, ni dâattribuer Ă lâalternance la vertu de pallier les insuffisances relevĂ©es dans les dispositifs de formation. Tout au plus, sâagira-t-il dâĂ©voquer quelques repĂšres pour agir dans la perspective de promouvoir une approche plus intĂ©grative de la formation, de sa composante initiale Ă son expression tout au long de la vie. Par ailleurs, parallĂšlement Ă cette auto-saisine, jugeant que lâalternance est une solution aux difficultĂ©s dâinsertion rencontrĂ©es par les jeunes, le gouvernement a fixĂ©, en octobre 2013, lâobjectif dâatteindre les 500.000 apprentis en 2017, soit 65 000 de plus que fin 2012. Dans ce cadre, le ministĂšre de lâĂ©ducation nationale affiche, lui, la volontĂ© de faire passer le nombre dâapprentis en EPLE de 40 000 Ă 60 000 dâici Ă quatre ans. Partant de lâĂ©noncĂ© de ces objectifs, les inspections gĂ©nĂ©rales (lâIGAS, lâIGA, lâIGEN et lâIGAENR), se sont vues confier, le 23 octobre 2013 une mission conjointe dans le but dâanalyser les « obstacles » qui « entravent le dĂ©veloppement de lâapprentissage ». Il sâagira, notamment, dâĂ©tudier les moyens de dĂ©velopper lâoffre dans la fonction publique et au sein des lycĂ©es professionnels et technologiques. La contribution a pour but de nourrir lâĂ©laboration de la loi sur la formation professionnelle. Une des pistes envisagĂ©es par le gouvernement pour dĂ©velopper lâapprentissage a pour finalitĂ© de mieux intĂ©grer lâalternance dans la stratĂ©gie de gestion prĂ©visionnelle des emplois et des compĂ©tences (GPEC) des grandes et moyennes entreprises « dans le contexte des contrats de gĂ©nĂ©rations ». Il sâagit dâen amĂ©liorer la qualitĂ©, notamment Ă travers une approche renouvelĂ©e de la formation des maĂźtres dâapprentissage et la formalisation des relations entre le jeune et sa famille, le Cen tre de formation des apprentis (CFA) et lâemployeur. Le but ultime Ă©tant de prĂ©venir les ruptures de contrat. BriĂšvement rappelĂ©s, ces quelques Ă©lĂ©ments installent, en quelque sorte, une toile de fond Ă la rĂ©flexion que le CESE ouvre dans le mĂȘme temps sur lâalternance dans lâĂ©ducation. DĂšs lors, si le CESE veut apporter sa propre contribution au traitement de ce sujet (de prĂ©occupations et dâintĂ©rĂȘt trĂšs largement partagĂ©s), il ne peut, au risque de ne rendre quâune pĂąle copie des analyses en cours, confondre totalement son approche avec celles dĂ©finies par ailleurs.
6.
LâALTERNANCE DANS LâĂDUCATION
â 5 Câest pourquoi, dans un contexte aussi vaste dâobservation, il se donne comme objectif decentrersarĂ©flexionetdâorganisersacontributionautourdelâalternanceentenduecomme mode dâaction pĂ©dagogique pour contribuer Ă lâamĂ©lioration de la rĂ©ussite en formation et, corrĂ©lativement, de favoriser lâinsertion professionnelle tant par la voie de la formation scolaire et universitaire que par la voie de lâapprentissage. Au regard de certains chiffres le problĂšme se pose avec une certaine acuitĂ©. Quâon en juge. Chaque annĂ©e, 150 000 jeunes quittent le systĂšme Ă©ducatif sans aucune qualification ; parmi eux 52% Ă©taient sans emploi en 2010, selon lâenquĂȘte «gĂ©nĂ©ration 2007» du centre dâĂ©tudes et de recherches sur les qualifications (CEREQ). Les enfants qui sortent du systĂšme sans diplĂŽme sont, Ă une Ă©crasante majoritĂ©, issus de parents ouvriers (5 enfants dâouvrier pour un enfant de cadre)1 . Au sein de la gĂ©nĂ©ration 2007, 24 000 Ă©lĂšves ont achevĂ© leur scolaritĂ© en 3Ăšme. Le plus haut diplĂŽme obtenu pour les jeunes empruntant la voie professionnelle est le Certificat dâaptitude professionnelle (CAP) ou le Brevet dâĂ©tudes professionnelles (BEP) pour 39 %, le Bac professionnel pour 26 %, le DUT pour 6 %, la licence pour 2 %. Au-delĂ , mĂȘme si lâalternance comprend des filiĂšres de rĂ©ussite, il est Ă noter que la voie professionnelle scolarise surtout les enfants les plus en difficultĂ©s (80 % Ă©taient en retard en 6Ăšme ). Si lâon se penche sur les chiffres de lâapprentissage (436 334 apprentis en 2012) on observe que plus de 40 % des apprentis prĂ©parent un CAP et que 30 % prĂ©parent un baccalaurĂ©at. Enfin, le retard Ă©voquĂ© ci-dessus se traduit par un Ăąge moyen des apprentis qui est passĂ© entre 1986 et 2012 de 17,5 ans Ă 19,2 ans et les filles y sont trĂšs minoritaires2 . En ce qui concerne les personnes handicapĂ©es, en 2011 lâAssociation de gestion du fonds pour lâinsertion professionnelle des personnes handicapĂ©es (AGEFIPH) a aidĂ© 2 563 personnes en contrat dâapprentissage. En 2013, on compte 2418 contrats primĂ©s en apprentissage : sây ajoutent 2 338 contrats de professionnalisation, en augmentation de 20% par rapport Ă 20123 . Ces quelques chiffres suffisent, malheureusement, Ă situer lâampleur du problĂšme. Manifestement, lâĂ©cole rĂ©pond mal Ă lâexigence de rĂ©ussite pour le plus grand nombre. Elle ne parvient pas, notamment, Ă satisfaire les besoins scolaires des enfants les plus Ă©loignĂ©s des codes culturels dominants : la cohorte des sans diplĂŽme est massivement constituĂ©e dâenfants issus de parents ouvriers. Si lâon ajoute que la voie professionnelle concerne les enfants les plus en difficultĂ© sur le plan scolaire et quâils se retrouvent dans le cadre de lâapprentissage, nous avons lĂ un tableau qui interroge nĂ©cessairement les pratiques pĂ©dagogiques Ă lâĂ©cole et leurs prolongements Ă©ventuels hors de lâĂ©cole. Certes, lâon pourrait engager lâĂ©tude dans une voie dâanalyse plus sociologique que pĂ©dagogique. Elle conduirait, en rĂ©vĂ©lant quâĂ©checs et rĂ©ussites sont largement corrĂ©lĂ©s, voire entretiennent des liens de causalitĂ©, avec lâorigine socio-Ă©conomique, Ă en identifier, au niveau macroscopique, les raisons structurelles. Ce nâest pas lâangle choisi. Cette Ă©tude sâattache, plus modestement, Ă identifier et Ă analyser certaines pratiques pĂ©dagogiques susceptibles dâexpliquer, en partie, et en partie seulement, un tel constat et, sur ces bases, Ă proposer lâalternance en Ă©ducation comme une modalitĂ© pĂ©dagogique en mesure de contribuer Ă une amĂ©lioration de la situation. 1 Quand lâĂ©cole est finie...Premiers pas dans la vie active dâune gĂ©nĂ©ration, enquĂȘte 2010, CEREQ 2012 2 LâĂ©tat de lâĂ©cole n°23 p.38-39, MinistĂšre de lâĂ©ducation nationale, DEPP (Ă©dition 2013) 3 Chiffres fournis par lâAGEFIPH.
7.
6 â Ă©tude
DU CONSEIL ĂCONOMIQUE, SOCIAL ET ENVIRONNEMENTAL Aborder le sujet sous un tel angle de traitement implique Ă©videmment de sâaccorder sur une dĂ©finition de la notion dâalternance et dâen dĂ©limiter le champ dâapplication. Situer lâalternance Lâalternance est une notion souvent utilisĂ©e pour dĂ©crire des rĂ©alitĂ©s plurielles. Elle Ă©voque aussi bien des dispositifs publics que des modalitĂ©s dâorganisation pĂ©dagogique. Elle dĂ©signe Ă la fois des contenus de politique de formation et/ou des politiques dâemploi, dans le cadre des mesures dâaide Ă lâinsertion. On sâaccordera nĂ©anmoins ici, compte tenu du point de vue adoptĂ©, sur le fait que lâalternance recouvre des formes dâenseigner et dâapprendre qui articulent, ou tendent Ă articuler, une formation dite thĂ©orique, en rĂ©fĂ©rence Ă lâunivers acadĂ©mique et une formation dite pratique, en rĂ©fĂ©rence Ă lâunivers Ă©conomique. Cela quels que soient les lieux autour desquels elle est organisĂ©e. Selon cette dĂ©finition, plusieurs types dâalternance et de contrats peuvent ĂȘtre distinguĂ©s: Lâalternance dans le cadre de lâapprentissage, qui est une formation professionnelle organisĂ©e sous la responsabilitĂ© principale de lâentreprise et vise lâacquisition dâune qualification. Elle peut ĂȘtre Ă©galement mise en place sous la responsabilitĂ© des Ătablissements publics locaux dâenseignement (EPLE) ou des universitĂ©s et des Ă©coles, câest Ă dire sous statut scolaire ou universitaire. En effet, la rĂ©forme Seguin de 1987 a Ă©tendu lâapprentissage Ă lâensemble des niveaux de formation. Ce qui, Ă travers les CFA, a ouvert la voie pour lâenseignement supĂ©rieur. Dans ce cadre : yy Le contrat dâapprentissage permet Ă un jeune de prĂ©parer lâobtention dâun diplĂŽme ou dâune certification sur le support dâun contrat en alternance dans une entreprise dâaccueil. yy Le contrat de professionnalisation permet Ă une entreprise dâembaucher un jeune ou un moins jeune dans le cadre dâun contrat de travail Ă durĂ©e dĂ©terminĂ©e ou indĂ©terminĂ©e afin de lui permettre en fonction des besoins de lâemployeur de suivre en alternance une formation qualifiante, certifiante ou diplĂŽmante. Ces 2 dispositifs sont donc complĂ©mentaires, lâun qui part du jeune cherchant Ă obtenir un diplĂŽme dans le cadre de sa formation initiale, lâautre qui part du besoin de lâentreprise dans le cadre de la formation professionnelle continue. Dans ces 2 contrats de travail, lâentreprise et lâorganisme de formation se partagent la responsabilitĂ© de la formation Ă laquelle ils concourent tous les deux. De mĂȘme, un maĂźtre dâapprentissage ou un tuteur est dĂ©signĂ© pour accompagner le jeune dans sa formation dans lâentreprise. Lâentreprise est un co-acteur de la pĂ©dagogie de lâalternance. Les autres formes dâalternance sont : yy Lâalternance dans le cadre dâune formation scolaire ou universitaire avec une visĂ©e Ă©ducative et professionnalisante ; yy Lâalternance dans le cadre de lâinsertion ou de la rĂ©insertion sociale et/ou professionnelle de jeunes en Ă©chec scolaire ou sans qualification ; yy Lâalternance dans le cadre de la formation tout au long de la vie.
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â 7 Lâalternance dans le cadre de lâapprentissage Lâalternance dans le cadre de lâapprentissage reprĂ©sente la forme la plus ancienne de lâengagement de lâentreprise dans un rĂŽle installĂ© Ă la charniĂšre entre lâemploi et la formation. LiĂ©e primitivement aux formations de niveau V, elle sâest ouverte progressivement aux niveaux supĂ©rieurs pour atteindre aujourdâhui les niveaux III et II voire I de lâenseignement supĂ©rieur. La rĂ©partition des apprentis sur le territoire est, par ailleurs, assez inĂ©gale. En effet, lâĂle-de France fournit 18 % de lâeffectif total dâapprentis (tous niveaux confondus). Elle est suivie par les rĂ©gions RhĂŽne-Alpes (10 %), Provence-Alpes-CĂŽte-Dâazur (8 %) et Pays-de-la-Loire (7 %), soit 25 % du total pour ces trois rĂ©gions. Ce qui est assez cohĂ©rent avec les donnĂ©es dĂ©mographiques. Viennent ensuite les rĂ©gions Bretagne, Centre et Nord-Pas-de-Calais avec un taux de 5 % de lâeffectif total dâapprentis. Les autres rĂ©gions participantĂ unniveaucomprisentre0et4 %4 .PourcequiestdesdĂ©partementsdâoutre-mer, le nombre total dâapprentis en 2011 est de 7 367 auxquels il faut ajouter 5 000 jeunes en alternance au titre du service militaire adaptĂ©5 . Ces quelques chiffres laissent Ă©videmment entendre des stratĂ©gies rĂ©gionales diffĂ©renciĂ©es. Par exemple, on trouve des rĂ©gions oĂč lâapprentissage est prĂ©sent de longue date et permet une bonne insertion professionnelle comme lâAlsace pour cause de statut Alsace-Moselle, les Pays de la Loire et des rĂ©gions qui ont vu lâapprentissage progresser ces derniĂšres annĂ©es comme lâIle de France et RhĂŽne- Alpes. Sous le primat de lâentreprise, lâalternance doit conjuguer les savoirs de la pratique, acquis par lâexercice professionnel, et la pratique des savoirs, acquis Ă lâĂ©cole ou Ă lâuniversitĂ©. Cette exigence relĂšve dâĂ©quilibres subtils entre rĂ©fĂ©rences liĂ©es Ă lâĂ©cole ou Ă lâuniversitĂ© et rĂ©fĂ©rencesliĂ©esauxrĂ©alisationsdanslâentreprise.EllerĂ©clameaussidespĂ©dagogiesadaptĂ©es pour faciliter les transferts des acquis et les adaptations comportementales subsĂ©quentes des apprentis. Elle implique enfin une formation continue pour accompagner les tuteurs dans lâentreprise. Sous le primat scolaire ou universitaire et des CFA lâalternance doit concilier, ou plus exactement rendre complĂ©mentaire, la transmission du savoir acadĂ©mique traditionnel avec la rĂ©alisation de lâinsertion professionnelle. Cette exigence suppose dâabord que la dĂ©marche ne soit pas trop orientĂ©e en direction du versant scolaire. Elle conduit ensuite Ă considĂ©rer lâentreprise comme un espace de qualification professionnelle et non comme un simple creuset de justification dâalternance. Elle implique enfin que les « retours dâalternance » informent les contenus et les pĂ©dagogies des formations initiales et enrichissent les pratiques professionnelles de lâentreprise par les savoirs formalisĂ©s Ă lâĂ©cole ou Ă lâuniversitĂ©. Lâalternance sous « le pilotage » de lâentreprise comme sous « le pilotage » scolaire et universitaire soulĂšve donc lĂ©gitimement un certain nombre de questions. Le traitement de ces questions peut se trouver facilitĂ© par une nouvelle donne liĂ©e Ă la prĂ©sence de lâalternance dans les niveaux supĂ©rieurs de la formation. Cette prĂ©sence contribue, de fait, Ă une amĂ©lioration de son image. Il est, dâailleurs, remarquable que lâaugmentation des effectifs dâapprentis relevĂ©s au 31 dĂ©cembre 2011 soit exclusivement liĂ©e Ă ceux du 4 Tendances nationales et identitĂ©s rĂ©gionales: Ă©lĂ©ments de cadrage pour un diagnostic rĂ©gional de lâapprentissage, net. doc n°104, CEREQ, novembre 2012 5 RepĂšres et rĂ©fĂ©rences statistiques 2013, tableau 5-2, DEPP, ministĂšre de lâĂ©ducation nationale
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DU CONSEIL ĂCONOMIQUE, SOCIAL ET ENVIRONNEMENTAL supĂ©rieur. NĂ©anmoins, comme le souligne un rapport du CEREQ, lâapprentissage dans le supĂ©rieur, sâil contribue Ă donner Ă ce mode de formation une image valorisante, ne joue pas forcĂ©ment le rĂŽle espĂ©rĂ© dâascenseur social, le profil sociologique des apprentis du supĂ©rieur Ă©tant comparable Ă celui des Ă©tudiants sous statut scolaire. Dans le systĂšme Ă©ducatif français, la linĂ©aritĂ© des parcours finalisĂ©s par les concours a depuis toujours entretenu lâopinion selon laquelle les cursus à « ligne brisĂ©e » marqueraient, ou masqueraient, une insuffisance intrinsĂšque des individus. Dans la mesure oĂč les parcours linĂ©aires sont assez largement corrĂ©lĂ©s avec une origine sociale plutĂŽt Ă©levĂ©e et avec les codes culturels les plus vĂ©hiculaires et quâils dĂ©bouchent sur les positions professionnelles les plus en vue, la voie de lâalternance ne bĂ©nĂ©ficie donc pas, dans la reprĂ©sentation dominante de la rĂ©ussite dans lâĂ©ducation, dâun statut particuliĂšrement valorisĂ©. DĂšs lors, « la pratique de lâalternance », institutionnellement installĂ©e avec lâobjectif affirmĂ© dâĂȘtre une charniĂšre entre systĂšme Ă©ducatif et marchĂ© du travail, demeure, en dĂ©pit de ses rĂ©ussites au meilleur niveau de certaines qualifications, encore trop souvent perçue comme une heureuse modalitĂ© corrective ou comme un recours salutaire pour prolonger des parcours scolaires ou universitaires ralentis ou pas totalement rectilignes. La mĂ©connaissance de ces formations joue probablement aussi un rĂŽle dans la perception assez nĂ©gative - ou pour le moins particuliĂšre - de cette voie de formation. Cette « perception française », qui tendrait Ă assimiler la rĂ©ussite de rĂ©fĂ©rence Ă la raretĂ© et Ă la parcimonie, rejaillit sur la valeur accordĂ©e aux diffĂ©rents cursus, quâils soient rĂ©alisĂ©s en apprentissage ou non dâailleurs. Elle contraste avec celle, par exemple, des pays comme lâAllemagne et lâAutriche ou encore comme la Suisse. Ces pays se caractĂ©risent, en effet, par un systĂšme « dual » dans lâapprentissage qui bĂ©nĂ©ficie dâune reconnaissance sociale bien Ă©tablie. Câest pourquoi, la majoritĂ© dâune classe dâĂąge passe par ce systĂšme, reconnu comme la voie normale, et cela, pour tous les secteurs. MĂȘme si de nombreux jeunes de ces pays souhaitent poursuivre des Ă©tudes plus longues et si les entreprises sâinterrogent pour savoir sâil ne serait pas moins coĂ»teux de recruter directement Ă la sortie, les niveaux Ă©levĂ©s du systĂšme Ă©ducatif, ces tendances observĂ©es ne semblent pas porter atteinte Ă lâattractivitĂ© du systĂšme dual. Ă lâexception marquante du Royaume Uni, la majoritĂ© des pays de lâEurope du Nord sont donc tous adossĂ©s Ă une approche plutĂŽt consolidĂ©e de lâalternance en formation en tant que voie de rĂ©ussite. Au Sud de lâEurope, en revanche, lâalternance est peu dĂ©veloppĂ©e et lâapprentissage quasi inexistant. NĂ©anmoins, dans ces pays, la formation sur le tas a depuis longtemps sa propre reconnaissance sociale qui semble satisfaire le champ des mĂ©tiers traditionnels. Une approche internationale (cf. note CĂ©req n° 229 mai 2012) montre que lâancrage de la voie de formation par apprentissage ne va pas nĂ©cessairement de pair avec un faible taux de chĂŽmage des jeunes. En 2009, on observe un taux de chĂŽmage des jeunes de 15 Ă 24 ans infĂ©rieur Ă 20 % dans des pays avec apprentissage (Allemagne 11%) et sans systĂšme dâapprentissage (Japon 9,1%) et des pays avec un taux supĂ©rieur Ă 20 % avec apprentissage (France 22,8 %) ou sans apprentissage (Italie 25,4 %). MĂȘme si les formations en alternance, et en particulier les contrats dâapprentissage, font preuve dâune meilleure performance en matiĂšre dâaccĂšs Ă lâemploi (mais cela diminue avec lâaugmentation du niveau de diplĂŽme), il convientde segarderdâinstallerlâapprentissagecommelamodalitĂ©deformationsusceptible de garantir les conditions qui permettent lâinsertion professionnelle et donc de combattre efficacement le chĂŽmage. En revanche, probablement faut-il sâattacher Ă approfondir ses
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â 9 Ă©ventuelles vertus pour amĂ©liorer la qualitĂ© des formations, quels que soient leur niveau et leur secteur de rĂ©fĂ©rence. En effet, en France, lâeffort de diversification et de promotion de dispositifs en alternance et de lâapprentissage dans ces derniĂšres annĂ©es a eu, comparativement aux pays de langue germanique notamment, des rĂ©sultats plutĂŽt modestes. Cet effort, et son Ă©chec relatif, pour instaurer des liens plus Ă©troits et plus efficaces entre lâemploi et la formation, invite Ă construire, autour de « lâobjet alternance », des coopĂ©rations plus organiques entre formateurs et employeurs, entre professionnels de lâĂ©ducation et professionnels de lâentreprise. Cette Ă©volution pourrait contribuer Ă amĂ©liorer lâinformation des jeunes et de leur famille notamment lors des Ă©tapes dâorientation. Lâalternance dans le cadre dâune formation scolaire ou universitaire Danslecadrescolaireouuniversitaire,lesstagessontlaformelaplususitĂ©edelarelation avec lâentreprise. Ils peuvent ĂȘtre longs et conventionnĂ©s, dâobservation et de dĂ©couverte. Leur principal intĂ©rĂȘt devrait ĂȘtre de nourrir contenus et mĂ©thodes en vigueur dans les cursus des formations initiales dont ils relĂšvent. Dans cet esprit, par la prise de contact avec le milieu de lâentreprise, et au-delĂ dâĂȘtre un passage obligĂ© pour la dĂ©livrance dâun diplĂŽme (dans le cas des stages longs conventionnĂ©s notamment), ils pourraient susciter chez les stagiaires une envie dâapprentissage pour aboutir, sinon Ă une insertion plus rapide, du moins Ă une formation professionnelle un peu plus structurĂ©e. Or, il semble bien que ce sas potentiel souffre parfois dâune approche insuffisamment professionnelle des stages, tant par le systĂšme Ă©ducatif que par lâentreprise en vue de constituer une propĂ©deutique pour « amorcer » la voie de lâapprentissage et/ou valoriser le partenariat entre lâĂ©cole ou lâuniversitĂ© et lâentreprise. NĂ©anmoins, soutenue par une armature pĂ©dagogique un peu plus consistante, parce quâadossĂ©e Ă des relations plus Ă©troites entre les tuteurs ou maĂźtres de stage et les professeurs, cette offre Ă tous les jeunes « dâacculturation par le stage» pourrait ouvrir lâalternance comme alternative, notamment pour ceux, nombreux, qui sont en proie Ă lâincertitude concernant leur orientation. Lâalternance dans le cadre de lâinsertion ou de la rĂ©insertion sociale et/ou professionnelle de jeunes en Ă©chec scolaire ou non MĂȘme si des problĂšmes de nature structurelle sont Ă lâorigine du chĂŽmage des jeunes en France comme en Europe, les difficultĂ©s conjoncturelles liĂ©es Ă la crise les frappent durement. RĂ©ussir son insertion professionnelle en France dĂ©pend, dans une large mesure, de trajectoires scolaires et/ou universitaires linĂ©aires dans des temporalitĂ©s quasi canoniques. Ceux qui peuvent exciper de tels parcours se trouvent, sinon totalement protĂ©gĂ©s, naturellement valorisĂ©s aux yeux dâun employeur potentiel par leurs diplĂŽmes sĂ©lectifs (du CAP spĂ©cifique rare au diplĂŽme des grandes Ă©coles) et dâautant plus lorsquâils ont obtenu
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DU CONSEIL ĂCONOMIQUE, SOCIAL ET ENVIRONNEMENTAL un diplĂŽme correspondant Ă un secteur en tension, du marchĂ© du travail. Les jeunes, qui sâĂ©cartent de ce type de trajectoires et qui peinent Ă obtenir un diplĂŽme initial susceptible de leur assurer une protection minimale, rencontrent sur le marchĂ© du travail des obstacles Ă lâobtention dâun emploi. Le risque dâune installation dans la prĂ©caritĂ© et dâune dĂ©rive qui les Ă©loigne durablement du marchĂ© du travail devient alors trĂšs actuel. Afin, de rĂ©pondre aux besoins de ces publics, les partenaires sociaux ont mis en place le contrat de professionnalisation qui combine pĂ©riodes en entreprise et formation. Il sâadresse notamment aux demandeurs dâemploi ĂągĂ©s de 26 ans ou plus et aux jeunes de moins de 26 ans. On dĂ©nombre 173 000 contrats en 2011 dont 81 % en faveur des jeunes de 16 Ă 25 ans. Ces contrats voient leur durĂ©e rĂ©duite (moins dâun an) ainsi que la part rĂ©servĂ©e Ă la formation, laquelle se concentre sur les jeunes ayant pas ou peu de diplĂŽmes (infĂ©rieur au bac). De ce fait, lâobtention dâun diplĂŽme ou titre dâĂtat est lâobjectif le plus frĂ©quent (60 %). Mais, au-delĂ de ces jeunes aux trajectoires scolaires Ă risque, existent aussi ceux qui sont, en quelque sorte, sans trajectoire scolaire. DĂ©pourvus de diplĂŽme, sans emploi, non scolarisĂ©s vivant souvent dans les quartiers dĂ©favorisĂ©s, ils cumulent les dĂ©savantages. Ces trois catĂ©gories de jeunes, les plus armĂ©s acadĂ©miquement, les diplĂŽmĂ©s aux parcours chaotiques en mal dâinsertion, et les laissĂ©s pour compte ne relĂšvent Ă©videmment pas des mĂȘmes modalitĂ©s dâaide Ă lâinsertion. Ceux qui ont quittĂ© le systĂšme scolaire sans avoir acquis les compĂ©tences de base ne peuvent faire lâĂ©conomie de cette acquisition si lâon veut quâils trouvent le chemin de lâemploi et dâune socialisation nĂ©cessaire. Cette acquisition rĂ©clame Ă©videmment dâautres modalitĂ©s pĂ©dagogiques que celles qui ont constituĂ© le contexte de leur Ă©chec. Ceux qui, non dĂ©pourvus de compĂ©tences et/ou de diplĂŽmes, sont en mal dâinsertion et Ă©prouvent la brutalitĂ© de la transition entre le monde de lâĂ©cole et le monde de lâemploi, invitent Ă envisager lâexistence dâun sas dont lâalternance pourrait constituerlâarmature.Enfin,ceuxdontleparcourspermetdefranchirlesprincipalesbarriĂšres Ă lâemploi ne doivent-ils pas ĂȘtre incitĂ©s, dĂšs leur entrĂ©e dans lâemploi, Ă une formation continue dont la modalitĂ© alternante garantirait la confrontation permanente et fĂ©conde des savoirs antĂ©rieurs et des savoirs actuels aux pratiques professionnelles quâils mettent en Ćuvre ? En effet, aujourdâhui, Ă la diffĂ©rence dâhier, lâobsolescence rapide des savoirs et des techniques, quels que soient leur nature et le niveau avec lequel on les aborde, rĂ©clame une disponibilitĂ© et une plasticitĂ© intellectuelle quâil faut, sans aucun doute, entretenir de maniĂšre permanente. Lâalternance dans le cadre de la formation tout au long de la vie Ce thĂšme de la formation tout au long de la vie soulĂšve plusieurs problĂšmes. Lâengagement dans la formation continue tout au long de la vie semble nâentretenir quâun lien tĂ©nu avec le fait dâavoir eu des expĂ©riences de formations alternĂ©es dans le cours de la formation initiale. Les Ă©lĂ©ments dont on dispose ne semblent pas en mesure dâĂ©tablir un lien de causalitĂ© entre les deux. LâexpĂ©rience antĂ©rieure nâest Ă lâĂ©vidence pas une vĂ©ritable propĂ©deutique. Par ailleurs, il semble bien que la voie de la formation tout au long de la vie ne puisse satisfaire ceux qui la frĂ©quentent, ou sont susceptibles de la frĂ©quenter, que si leur parcours
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â 11 peut-ĂȘtre clairement jalonnĂ© par une validation de leurs acquis. Un des indicateurs susceptibles de conforter ce sentiment est Ă trouver dans le fait que ce sont les catĂ©gories socio-professionnelles les plus Ă©levĂ©es qui sont les consommatrices les plus frĂ©quentes de formation en cours de vie active. Or, dĂ©jĂ diplĂŽmĂ©es, leur engagement est un engagement de simple lutte contre lâobsolescence ou dâamĂ©lioration de leur propre contexte culturel et technique au sens le plus large de son expression. DĂšs lors, mĂȘme si lâon peut considĂ©rer la voie de la formation continue tout au long de la vie professionnelle, par la voie de lâalternance, comme favorable Ă lâessor de la promotion sociale, elle nâest clairement pas une voie dominante. Or, aujourdâhui, et plus encore demain, la compĂ©tition Ă©conomique rĂ©clame et rĂ©clamera, de chacun de nous, des compĂ©tences gĂ©nĂ©riques et des compĂ©tences spĂ©cifiques. Il est, en effet, peu contestable que la mobilitĂ© sâinscrit, Ă la fois, dans un nomadisme interprofessionnel de plus en plus actuel et dans des mutations intra-professionnelles accĂ©lĂ©rĂ©es. Dans les deux cas, « lâanticipation formative » implique de fournir aux actifs lâexpertise spĂ©cifique Ă lâexercice actuel de leur mĂ©tier et la culture Ă vocation plus gĂ©nĂ©rale ou pĂ©riphĂ©rique qui leur permettront de rĂ©ussir leurs migrations intra ou inter-professionnelles, volontaires ou contraintes. Câest pourquoi, lâalternance, par son double enracinement dans les savoirs acadĂ©miques et dans les savoirs professionnels, sĂ©rieusement alimentĂ©s par des partenariats et interactions entre les deux univers, pourrait dĂ©tenir une des clĂ©s de la formation comme « outil » privilĂ©giĂ© pour assurer la promotion du plus grand nombre au sein et dans le cadre des nouvelles formes dâorganisations du travail et de pratiques sociales et professionnelles qui se dessinent. SoninstallationaucĆurdela« formationtoutaulongdelavie »,exigedâaborduneveille constante Ă lâendroit des Ă©volutions technologiques et du monde du travail. Elle rĂ©clame ensuite une Ă©coute attentive des besoins des entreprises comme des actifs. Elle doit encore se traduire par une offre de dispositifs de formations, dâaccompagnements et de validations dâacquis, adaptĂ©e aux contextes des personnes engagĂ©es dans ces parcours professionnels continus. Elle suppose enfin, pour contribuer Ă lâĂ©panouissement des individus, dâĂȘtre adossĂ©e Ă la maĂźtrise dâun minimum de savoirs acadĂ©miques et professionnels. Dâune maniĂšre gĂ©nĂ©rale, lâacquisition de connaissances ou de compĂ©tences nouvelles est singuliĂšrement facilitĂ©e si lâon en possĂšde dĂ©jĂ beaucoup et si elles sont cognitivement, convenablement organisĂ©es. Il nây a pas dâapprentissage continu, fut-ce par alternance, sans un socle prĂ©alable de connaissances pour lui donner un sens ! Lâalternance pourquoi ? Envisager lâalternance comme une modalitĂ© pĂ©dagogique, Ă©ventuellement facilitatrice des apprentissages, de lâacquisition des compĂ©tences et de lâamĂ©lioration des conditions de lâinsertion professionnelle, suppose une rĂ©flexion prĂ©alable sur certaines caractĂ©ristiques liĂ©es au systĂšme scolaire, lequel, faut-il le rappeler, est Ă lâorigine de tous les processus de formation. La rĂ©ussite et lâĂ©chec Ă lâĂ©cole sont au cĆur de la prĂ©occupation des parents, des enseignants et des Ă©lĂšves. Comment favoriser la premiĂšre et Ă©viter le second ? Quelles que soient les Ă©poques, cette question court les salles de professeurs, taraude les diffĂ©rents responsables de lâĂ©ducation nationale, prĂ©occupe les milieux Ă©conomiques et sociaux
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DU CONSEIL ĂCONOMIQUE, SOCIAL ET ENVIRONNEMENTAL et, in fine, alimente le dĂ©bat public. En effet, la rĂ©ussite de tous est au cĆur de toutes les ambitions. Mais, des zones dâĂ©ducation prioritaire aux zones sensibles, de lâaffirmation de lieux dâexcellence aux succĂšs des dĂ©rogations Ă la carte scolaire, lâĂ©cole ne cesse de produire des territoires et des espaces distincts. Dans un tel foisonnement, la possibilitĂ© dâaccĂ©der ensemble au savoir apparaĂźt comme un des dĂ©fis les plus cruciaux de notre temps. Comment penser les multiples diffĂ©rences afin de mieux les prendre en compte ? Comment traiter les inĂ©galitĂ©s gĂ©nĂ©rĂ©es par une telle rĂ©alitĂ©Â ? Comment rĂ©futer les discours idĂ©ologiquement saturĂ©s qui, transformant les diffĂ©rences en hĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ©, inspirent les comportements dâexclusion ou dâauto-exclusion ? Toutes ces questions traduisent, sans lâĂ©puiser, le dĂ©calage manifeste entre une ambition trĂšs largement proclamĂ©e Ă lâĂ©galitĂ© des chances et des pratiques qui rendent cet objectif peu accessible en raison dâune reprĂ©sentation trop figĂ©e de la rĂ©ussite scolaire. Faut-il pour autant Ă©pouser le discours dâune dĂ©gradation lente et continue des performances scolaires et alimenter lâidĂ©e de son caractĂšre inĂ©luctable ou bien prendre en compte la variĂ©tĂ© des itinĂ©raires dâĂ©ducation en augmentant la variĂ©tĂ© des dispositifs dâapprentissage ? Cette question rĂ©clame une analyse minimale du contexte scolaire dâenseignement et dâapprentissage pour en faire apparaĂźtre les biais et les insuffisances susceptibles de justifier quâon lâenrichisse Ă©ventuellement par la pratique de lâalternance. Le contexte scolaire de la formation Dans la compĂ©tition scolaire, car câest une compĂ©tition et probablement parmi les plus rudes, mĂȘme si lâon tait souvent son nom, chaque personne nâest pas armĂ©e des mĂȘmes moyens pour lâaffronter. Outre les inĂ©galitĂ©s liĂ©es Ă leurs caractĂ©ristiques intrinsĂšques, les individus ne disposent pas des mĂȘmes atouts sociaux et les rĂšgles du jeu sont telles que les obstacles Ă franchir ne se prĂ©sentent pas, pour tous, sous les mĂȘmes formes. SupĂ©rioritĂ© et infĂ©rioritĂ© manifestes peuvent ainsi ĂȘtre abusivement considĂ©rĂ©es comme des Ă©tats naturels. Dans le mĂȘme temps, le systĂšme scolaire, en conformitĂ© avec le systĂšme social qui lâenglobe, gĂšre des modes dâactions, de pratiques et dâincitations sociales, au cĆur desquels sourd une contradiction. De fait, Ă travers les pratiques Ă©valuatives quâil utilise, il discrimine, hiĂ©rarchise, distingue, rĂ©compense et enfin sĂ©lectionne. Mais Ă©galement, au nom mĂȘme de ces « mĂ©triques », il rĂ©clame, simultanĂ©ment, Ă tous, de lâambition et finalise le discours par le succĂšs. Le systĂšme scolaire semble, comme le systĂšme social, gĂ©rer, tout en la dĂ©plorant, la raretĂ© du succĂšs. Dans le champ social, les places en vue sont rares et la concurrence vive. Dire que le systĂšmescolaireestunsystĂšmecompĂ©titif,câestadmettrelâexistence,socialementnĂ©cessaire, dâattitudes combatives pour obtenir une sanction positive. Or, la compĂ©tition prend surtout son sens lorsque la sanction dâune rĂ©alisation scolaire est extrinsĂšque. En effet, sauf pour une petite minoritĂ© avide de savoir, pour des raisons dâailleurs variables, les activitĂ©s strictement scolaires ne fournissent pas, le plus souvent, les Ă©lĂ©ments dâune sanction intrinsĂšque, câest Ă dire le plaisir Ă©prouvĂ© dans la rĂ©alisation des activitĂ©s. Câest pourquoi, les comportements dâapprentissage sont le plus souvent gouvernĂ©s par les sanctions extrinsĂšques. Si celles-ci traduisent une position de visibilitĂ© sociale positive, alors le plaisir des attributs de la rĂ©ussite (une bonne Ă©valuation par exemple) peut masquer la possible absence de plaisir liĂ©e Ă lâacte dâapprendre. Si, au contraire, la sanction est moins positive, voire nĂ©gative, il ne reste plus au sujet quâĂ puiser dans lâacte dâapprendre les ressources nĂ©cessaires Ă sa satisfaction.
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â 13 Rien nâassure que lâĂ©cole gĂ©nĂšre « naturellement » ce type de ressources. DĂšs lors, Ă©tant donnĂ© la nĂ©cessitĂ© pour tous les individus dâassurer leur singularitĂ© et leur reconnaissance sociale, il convient de ne pas enfermer tous les Ă©lĂšves dans des situations dâapprentissage oĂč seules prĂ©dominent comme termes de comparaison, les performances obtenues dans les disciplines acadĂ©miques Ă forte valeur sociale. En effet, comment imaginer, compte tenu de la pesante hiĂ©rarchie disciplinaire Ă lâĂ©cole quâune rĂ©ussite en Ă©ducation physique puisse, par exemple, compenser un Ă©chec en mathĂ©matiques ? Cet aspect largement unidimensionnel de la comparaison Ă lâĂ©cole contribue Ă rendre difficile lâĂ©gale dignitĂ© des performances et des apprentissages rĂ©alisĂ©s. Or, le besoin dâune comparaison positive de soi Ă autrui est essentiel pour entretenir la motivation Ă apprendre et Ă apprendre ensemble. Aussi faut-il sâattacher Ă ce que lâĂ©valuation des savoirs et des habiletĂ©s socialement valorisĂ©es Ă lâĂ©cole nâengloutisse pas tous les savoirs et toutes les habiletĂ©s des individus. Câest pourquoi, situer, aussi, lâacquisition des connaissances, et la rĂ©alisation des performances que ces connaissances autorisent, dans dâautres contextes que celui exclusivement scolaire, serait probablement en mesure dâassurer une meilleure rĂ©ussite, laquelle offrirait alors des situations de comparaison plus favorables Ă la construction ou au maintien dâune estime de soi positive. Estime de soi essentielle Ă tout investissement, quelle que soit la nature de cet investissement. En effet, si lâon veut Ă©viter, chez certains, lâĂ©mergence de stratĂ©gies de non comparabilitĂ©, qui conduisent Ă se rĂ©fugier loin des normes et donc dans des comportements incomparables au point de sortir des limites tolĂ©rables de la vie collective, encore faut-il fournir des conditions de comparaison susceptibles de leur assurer une image de soi acceptable. Or, la pression des programmes et la trĂšs puissante hiĂ©rarchie disciplinaire rĂ©duisent trop souvent les espaces de comparaison possibles Ă ceux qui relĂšvent des matiĂšres et activitĂ©s valorisĂ©es par leur puissance sĂ©lective. Cela dâautant que lâabstraction accrue des contenus dâenseignement, notamment dans ces matiĂšres sĂ©lectives, tend Ă Ă©loigner les plus fragiles dâune comprĂ©hension spontanĂ©e et rapide. Cette observation justifierait de pouvoir exemplifier ces contenus dâenseignement dans des activitĂ©s plus directement concrĂštes. Il y a lĂ une vĂ©ritable urgence pour Ă©viter, quâĂ©trangers parmi leurs pairs, certains Ă©lĂšves fuient lâĂ©cole et gagnent, dans le meilleur des cas, les dispositifs confiĂ©s aux travailleurs sociaux, Ă qui on demande de rĂ©soudre dans lâurgence des problĂšmes que lâon a crĂ©Ă©s dans la durĂ©e. Sâil est non seulement lĂ©gitime mais nĂ©cessaire de classer les produits scolaires sur une dimension rĂ©ussite-non rĂ©ussite, il est non moins nĂ©cessaire de ne pas rĂ©duire le producteur Ă son produit. Les catĂ©gorisations initiales ont, en effet, une redoutable inertie et les dynamiques de lâĂ©chec ne sont pas moins puissantes que les dynamiques du succĂšs. Largement intĂ©riorisĂ©e par chacun, la comparaison sociale structure les rapports sociaux sur des bases plus compĂ©titives que coopĂ©ratives. Dans ce cadre, lâidĂ©ologie dominante, qui sature trop souvent les discours de mĂ©taphores guerriĂšres, entretient une confusion grave au sujet de la compĂ©tition. La compĂ©tition, qui, Ă©ventuellement, peut ĂȘtre le champ dâapplication de compĂ©tences acquises, ne doit pas constituer la base sociale de leur acquisition. Que signifie une compĂ©tition quand les jeux sont faits par avance ? Confondre ainsi lâorigine et le terme de lâaction, câest trop souvent dĂ©signer les perdants, en nâĂ©tant pas assurĂ© de la qualitĂ© des vainqueurs. Cela dâautant que la seule anticipation dâune interaction compĂ©titive suffit Ă gĂ©nĂ©rer des reprĂ©sentations nĂ©gatives dâautrui et que, par ailleurs, de nombreux travaux montrent que les situations dâapprentissage structurĂ©es par la coopĂ©ration sont dâune meilleure efficacitĂ©
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DU CONSEIL ĂCONOMIQUE, SOCIAL ET ENVIRONNEMENTAL que les situations dâapprentissage structurĂ©es par la compĂ©tition. Elles ont un effet positif sur plusieurs dimensions du comportement : la motivation, les stratĂ©gies de raisonnement et la perception dâautrui notamment. Le dĂ©bat Ă ouvrir nâest donc pas entre une conception irĂ©niqueetuneconceptionguerriĂšredesrelationsentrelesindividus,dĂ©batvouĂ©Ă nourrirles fonds de commerce idĂ©ologiques, mais entre des attitudes et des stratĂ©gies qui tiennent ou ne tiennent pas compte des conditions les plus favorables Ă lâacquisition des connaissances. Ouvrir lâexpĂ©rience de lâensemble des apprenants Ă des activitĂ©s qui ne relĂšvent pas du seul cadre de rĂ©fĂ©rence scolaire, devrait ainsi enrichir leurs possibilitĂ©s dâexpression et de rĂ©alisation en leur permettant de consolider ou dâacquĂ©rir une image de soi positive et, pour certains, de compenser les effets dĂ©lĂ©tĂšres dâĂ©ventuelles comparaisons nĂ©gatives au sein dâun espace scolaire trĂšs normĂ©. Le contexte scolaire nâest heureusement pas le seul contexte auquel les dynamiques dâapprentissage sont sensibles. Enseigner et apprendre ne relĂšvent en effet pas de la seule capacitĂ© ou expertise Ă prĂ©senter et Ă traiter les savoirs selon une forme unique et supposĂ©e canonique. Si tel Ă©tait le cas, la rĂ©ussite finirait par ĂȘtre attachĂ©e Ă la parcimonie et lâĂ©chec Ă la diversitĂ©. Aussi, faut-il envisager la possibilitĂ© de varier les contextes dâapprentissage pour Ă©viter quâils soient proposĂ©s Ă tous les Ă©lĂšves quels que soient leurs rĂ©sultats scolaires dans le systĂšme sous des formes identiques et trop souvent figĂ©es, qui risquent de favoriser la moindre rĂ©ussite des uns tout en conduisant Ă lâĂ©chec des autres. La diversitĂ© des compĂ©tences, la pluralitĂ© des cultures, la complexitĂ© des parcours, la fragilitĂ© comme la soliditĂ© intellectuelle et sociale des Ă©lĂšves, Ă certains moments de leur trajectoire, ne sauraient donc figer une conception du talent rĂ©duite Ă une seule dimension. Câest parce que lâexigence de qualitĂ© doit sâappliquer Ă tous les niveaux des cursus, des qualificationsetdesperformances,quâilfautaccorderuneattentionparticuliĂšreauxcontextes des pratiques dâenseignement et dâapprentissage. En effet, le contexte de prĂ©sentation dâune tĂąche peut en interdire lâaccĂšs alors mĂȘme que les compĂ©tences pour sa rĂ©alisation sont rĂ©unies. Aussi, ce qui nâest que la consĂ©quence dâune prĂ©sentation inappropriĂ©e peut devenir une difficultĂ© attribuĂ©e Ă lâapprenant lui-mĂȘme. Certes, se montrer capable de traiter une information quel que soit son contexte de prĂ©sentation constitue la forme la plus aboutie de toute performance. NĂ©anmoins, une telle capacitĂ©, assez exceptionnelle, donc rare, nâautorise pas Ă en faire le seul guide pour lâapprentissage. En revanche, la pluralisation des contextes, en augmentant les voies dâaccĂšs aux connaissances, laisse envisager une meilleure rĂ©ussite du plus grand nombre. Il y a lĂ une façon de promouvoir des rĂ©ussites diffĂ©rentes plutĂŽt que de constater des diffĂ©rences de rĂ©ussite. Vers une Ă©volution des mĂ©thodes pĂ©dagogiques De ce point de vue, lâavĂšnement du numĂ©rique, qui est par ailleurs un sujet en soi, constitue, Ă lâĂ©vidence, une opportunitĂ© Ă saisir pour offrir des prĂ©sentations inĂ©dites des diffĂ©rents savoirs et des compĂ©tences Ă acquĂ©rir pour les traiter au sein du cadre scolaire. De nouveaux formats pĂ©dagogiques innovants deviennent, en effet, possibles. Les ressources de lâhyper-texte, les vidĂ©os, lâinfographie, les tutoriels sont autant de supports et de moyens pour permettre des prĂ©sentations variĂ©es des savoirs et augmenter ainsi la probabilitĂ© de leur appropriation par le plus grand nombre. En « offrant » de vĂ©ritables plateformes multimodales pour de nouveaux formats pĂ©dagogiques, le numĂ©rique apparaĂźt comme un moyen privilĂ©giĂ© pour installer de la « variĂ©tĂ©
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â 15 Cette analyse, qui touche aux caractĂ©ristiques des « environnements dâenseignement et dâapprentissage », permet dâentrevoir lâintĂ©rĂȘt quâil peut y avoir Ă sâaffranchir de pratiques pĂ©dagogiques plus ou moins immuables qui ont tendance Ă fonctionner comme des « sĂ©lecteurs de compĂ©tences », tant ils rĂ©clament de conformitĂ© Ă la norme scolaire. Au-delĂ dâune forme dâalternance pĂ©dagogique, par lâemploi du numĂ©rique au sein de lâĂ©cole elle-mĂȘme, lâalternance telle que lâon peut la concevoir Ă travers lâimmersion mesurĂ©e, partielle et temporaire, dans le monde du travail (dans le cadre des stages notamment), constitue, Ă lâĂ©vidence, une rĂ©elle opportunitĂ© pour enrichir et complĂ©ter les contextes scolaires. Câest en cela que lâalternance dans lâĂ©ducation est Ă regarder comme un moyen, parmi dâautres, pour favoriser cet enrichissement contextuel dont la vertu principale est bien celle de rĂ©duire les inĂ©galitĂ©s dâaccĂšs au savoir et Ă son utilisation. Ce type dâanalyse ou dâapproche, que lâon dira contextuel, fournit donc Ă lâalternance, en dehors des prĂ©occupations dâinsertion professionnelle auxquelles on la rattache habituellement, un fondement de nature pĂ©dagogique. Ce fondement peut ĂȘtre confortĂ© par la place que prennent, ou peuvent prendre, les connaissances sociales pour faciliter un apprentissage. En effet, face Ă un problĂšme Ă rĂ©soudre, un apprenant peut disposer de plusieurs registres de rĂ©ponses. Il peut appliquer les Ă©lĂ©ments de connaissance quâil possĂšde et qui sont disponibles en mĂ©moire. Mais il peut aussi utiliser des rĂ©ponses en relation avec des connaissances sociales liĂ©es au problĂšme Ă rĂ©soudre et lui donner alors une signification sociale Ă©ventuellement facilitatrice. Ainsi, et par exemple, confrontĂ© au problĂšme dâĂ©laboration dâun plan de financement par emprunt ou sur fonds propres disponibles, un sujet peut faire appel Ă ses connaissances sur la relation inflation/taux dâintĂ©rĂȘt/valorisation de lâĂ©pargne. Mais, en dĂ©ficit de connaissances spĂ©cifiques, il peut aussi sâappuyer, pour apprĂ©hender le problĂšme, sur une expĂ©rience antĂ©rieure qui lâa conduit Ă utiliser son Ă©pargne au dĂ©triment dâun emprunt et Ă constater que cette opĂ©ration avait Ă©tĂ©, bĂ©nĂ©fique ou pĂ©nalisante. La mobilisation de cette connaissance sociale constitue une aide pour orienter son questionnement et donc faciliter son apprentissage des contenus utiles pour rĂ©soudre ce type de problĂšme. Câest pourquoi, liĂ©es Ă lâexpĂ©rience en situation concrĂšte, les connaissances sociales dont on dispose ne doivent pas ĂȘtre nĂ©gligĂ©es comme facteur pour accompagner les apprentissages. De ce point de vue, lĂ encore, une modalitĂ© pĂ©dagogique dâalternance serait probablement de nature Ă les mobiliser. Acquises dans lâaction, dans un autre univers que celui de lâĂ©cole, elles deviendraient utilisables Ă des fins dâapprentissages rĂ©alisĂ©s au sein mĂȘme de lâĂ©cole. Dans cette perspective, les connaissances Ă acquĂ©rir sont donc aussi Ă concevoir comme spĂ©cifiĂ©es par les formes et les conditions sociales sous lesquelles elles sont mobilisables ou mobilisĂ©es dans lâaction. PrĂ©senter les apprentissages, et les performances et productions auxquelles ils peuvent donner lieu, comme, en partie, dĂ©pendant des contextes et des significations sociales attachĂ©es aux diffĂ©rentes activitĂ©s qui les supportent, ne doit, en aucun cas, faire oublier les limites propres aux individus eux-mĂȘmes. La conscience de ces limites, quelle que soit leur hauteur, nâest pas Ă entendre comme une contrainte,mais, au contraire, comme une vĂ©ritable incitation Ă tenir pleinement compte des contextes et significations sociales. Lâobjectif mĂȘme de lâĂ©ducation nâest-il pas de permettre Ă chacun dâatteindre, au moins, ses propres limites ? Il convient de sâefforcer de proposer les conditions les plus favorables et les plus adaptĂ©es Ă lâexpression de leur Ă©ventuel dĂ©passement.
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DU CONSEIL ĂCONOMIQUE, SOCIAL ET ENVIRONNEMENTAL Ce rapide dĂ©veloppement de lâinfluence possible des situations sociales et contextuelles dâapprentissage Ă lâĂ©cole, sur la qualitĂ© des apprentissages et des performances, laisse entrevoir un dĂ©calage entre lâĂ©galitĂ© des chances discourue et lâĂ©galitĂ© des chances pratiquĂ©e. En rĂ©duisant lâespace de comparaison aux critĂšres acadĂ©miques les plus vĂ©hiculaires, le caractĂšre plutĂŽt unidimensionnel des activitĂ©s propres Ă lâĂ©cole renforce plus quâil ne gomme les Ă©carts initiaux. Il est, en effet, facile de constater que les rĂ©sultats scolaires se traduisent par « la loi normale dâune courbe gaussienne » comme sâils Ă©taient lâexpression dâun indĂ©passable hasard de diffĂ©rences originelles. Le plus bel exemple nâest-il pas celui constatĂ© au sortir des classes prĂ©paratoires, homogĂšnes Ă lâentrĂ©e et gaussiennes Ă la sortie ? Or, le fondement mĂȘme de lâĂ©ducation Ă lâĂ©cole, qui est censĂ© gouverner le dĂ©passement continu de soi, devrait sâexprimer dans des rĂ©sultats dont une courbe en J traduirait le potentiel exprimĂ© par chacun. Câest une des raisons pour lesquelles on ne saurait ni dĂ©grader les contenus de savoir Ă acquĂ©rir, tout en les faisant Ă©voluer, ni renoncer aux plus hautes exigences, cela quel que soit le secteur et le niveau de formation concernĂ©. En revanche, probablement, convient-il dâimmerger les processus dâacquisition des connaissances Ă lâĂ©cole dans des contextes plus variĂ©s. AncrĂ©e dans des rĂšgles et principes communs, Ă©laborĂ©e conjointement, la pratique de lâalternance entre milieu scolaire et monde du travail devrait permettre de tendre vers la rĂ©alisation dâun tel objectif. Lâalternance comment ? EnvisagerlâAlternanceenĂ©ducationcommeunemodalitĂ©,voireundispositif,susceptible de favoriser des apprentissages efficaces en augmentant la probabilitĂ© dâaccĂ©der aux connaissances indispensables Ă lâautonomie des individus, suppose de considĂ©rer que les principes organisateurs de lâalternance sâappliquent aussi bien aux apprentissages Ă lâĂ©cole quâau cadre de lâapprentissage comme dispositif. On peut alors simplement sâattacher Ă envisager son dĂ©ploiement sur le continuum des formations et de leurs dispositifs. Ătablie sur des fondements dĂ©finis avec rigueur, lâalternance, pratiquĂ©e dans le cours de lâacquisition du socle des connaissances, de compĂ©tences et de culture et poursuivie lors de lâextension de ce socle, prĂ©senterait le double avantage de favoriser les acquisitions et de faire apparaĂźtre lâapprentissage comme une voie naturelle de formation et cela, pour tous les niveauxdequalificationoudediplĂŽme.IlestainsiimaginabledeconsidĂ©rerquâunemeilleure assise originelle des connaissances acquises Ă lâĂ©cole, par la pratique dâune alternance de type propĂ©deutique, rende plus facile lâutilisation et la mobilisation des connaissances indispensables Ă la construction de compĂ©tences et dâhabiletĂ©s professionnelles ultĂ©rieures. Lâalternance : du systĂšme scolaire aux dispositifs dâapprentissage Comme dĂ©jĂ indiquĂ© (cf. supra), lâalternance dans lâunivers scolaire prend la forme de stages qui peuvent ĂȘtre longs et conventionnĂ©s, dâobservation et de dĂ©couverte. Cependant, selon les types et les niveaux dâenseignement, ils peuvent souffrir dâune relative insuffisance de prĂ©paration, aussi bien par le systĂšme Ă©ducatif que par les dispositifs dâaccueil. Câest pourquoi, si lâon veut, Ă la lumiĂšre des Ă©lĂ©ments Ă©voquĂ©s sur lâinfluence de la
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â 17 pluri-contextualisation pour la rĂ©alisation des activitĂ©s de formation, donner Ă lâalternance un contenu opĂ©rant, il convient de penser en des termes nouveaux la nature et la forme des rapports entre lâunivers de lâĂ©cole et celui du monde du travail. Il est dâautant plus important dâapprofondir les relations entre eux quâil sâagira, le plus souvent, pour ceux qui vont « bĂ©nĂ©ficier » dâun stage, de la premiĂšre rencontre avec le monde professionnel. Il convient donc dâen mesurer toute lâimportance. Pour saisir les enjeux attachĂ©s Ă cette premiĂšre expĂ©rience un court dĂ©veloppement, adossĂ© Ă un peu de science, sâimpose. Le monde qui nous entoure apparaĂźt dâune extrĂȘme complexitĂ©. Nous sommes assaillis par des informations nombreuses et de nature variĂ©e. Elles nous viennent aussi bien de nos sens que de notre environnement. Elles rĂ©clament, et imposent, une adaptation permanente aux stimulations, internes comme externes, auxquelles nous sommes en permanence soumis. Or, les possibilitĂ©s intellectuelles dont dispose lâindividu sont fortement contraintes par la capacitĂ© limitĂ©e de son systĂšme de traitement de lâinformation. DĂšs lors, dans lâincapacitĂ© dâallouer toute la qualitĂ© et la quantitĂ© dâattention nĂ©cessaire Ă lâensemble des processus utiles Ă la gestion de la complexitĂ©, liĂ©e Ă la nouveautĂ© notamment, il met en Ćuvre des stratĂ©gies pour organiser la reprĂ©sentation du monde qui lâentoure. Lâune dâentre elles consiste Ă comparer les Ă©lĂ©ments nouveaux auxquels il se trouve confrontĂ© Ă des Ă©lĂ©ments anciens connus. Câest la stratĂ©gie de catĂ©gorisation. Elle permet dâidentifier la nouveautĂ© en la comparant avec des reprĂ©sentations dĂ©jĂ installĂ©es en mĂ©moire. Ătablir des catĂ©gories, câest donc mettre ensemble des objets dont les caractĂ©ristiques sont, oĂč semblent, communes. Ces caractĂ©ristiques ne recouvrent pas nĂ©cessairement les propriĂ©tĂ©s exactes des objets. Leurs caractĂšres communs dĂ©pendent souvent de ce pourquoi nous les mettons ensemble : utilitĂ©, valeur, occurrence dâapparition... Ce processus de catĂ©gorisation est tout Ă fait essentiel Ă la vie des individus. La catĂ©gorisation joue, en effet, un rĂŽle de premier plan. Elle permet de dĂ©couper lâenvironnement, elle favorise le regroupement dâĂ©lĂ©ments jugĂ©s proches ou Ă©quivalents dâun certain point de vue et diffĂ©rents dâun autre point de vue. Elle facilite ainsi la construction de la reprĂ©sentation dâun monde signifiant, explicable et que lâon souhaite prĂ©visible. Elle participe Ă la reconnaissance et la mise en ordre rapide des Ă©vĂ©nements de la vie et constitue la base de rĂ©fĂ©rence pour des prises de dĂ©cisions ultĂ©rieures. Elle est, en rĂ©sumĂ©, dâune remarquable Ă©conomie cognitive. Cependant, comme tout principe actif, elle nâest pas sans effets secondaires, Ă©ventuellement moins bĂ©nĂ©fiques. Notamment lorsquâil sâagit dâidentifier un objet ou une situation à partir dâune information insuffisante ou ambiguĂ«. Des travaux expĂ©rimentaux ont en effet montrĂ© que si un objet ou une situation sont Ă lâorigine de leur perception incorrectement identifiĂ©s, câest Ă dire mal placĂ©s dans une catĂ©gorie, ils le demeurent mĂȘme lorsque la situation ou lâobjet ne prĂȘte plus Ă confusion. Les catĂ©gorisations initiales persistent comme si elles Ă©taient dotĂ©es dâinertie. Cela vaut pour de nombreuses configurations. Un exemple issu de la recherche expĂ©rimentale mĂ©rite dâĂȘtre contĂ©6 . On fait croire, dans un premier temps, Ă des Ă©lĂšves quâils sont ou non trĂšs bons en raisonnement logique puis, ensuite, on leur rĂ©vĂšle que cette Ă©valuation est sans rapport avec leurs capacitĂ©s rĂ©elles. Cette rectification se rĂ©vĂšle vaine. Longtemps aprĂšs, ils continuent Ă se rĂ©fĂ©rer Ă leur premiĂšre Ă©valuation mĂȘme lorsque celle-ci leur Ă©tait dĂ©favorable ! En cas dâinformations ambiguĂ«s ou incomplĂštes, les catĂ©gories initialement construites par 6 Lepper, M.R., Ross,L. Lau, R., Persistanceofinaccurateanddiscreditedpersonalimpression :Afielddemonstration in attributional perseverance. Stanford University, 1978. CitĂ©s par J.P Leyens dans : Sommes nous tous des psychologues ? 1983, Pierre Mardaga, Ă©diteur.
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DU CONSEIL ĂCONOMIQUE, SOCIAL ET ENVIRONNEMENTAL lâindividu tendent donc Ă persister, mĂȘme si, fausses, celui-ci sâest trouvĂ© placĂ© en situation de les rectifier. Cette persistance des catĂ©gories initiales dans le temps, outre quâelle peut laisser entendre que la rĂ©sistance au changement y puise probablement une partie de sa force, doit mobiliser toute la vigilance pĂ©dagogique de ceux en charge de concevoir et dâorganiser les situations dâapprentissage. En effet, des situations insuffisamment dĂ©finies ou ambiguĂ«s peuvent gĂ©nĂ©rer des catĂ©gorisations erronĂ©es, mais qui, hĂ©las, nâen seront pas moins efficaces, au risque dâentraĂźner des consĂ©quences nĂ©gatives inattendues. CequivautĂ lâĂ©colevautĂ©videmmenthorsdelâĂ©cole.Câestpourquoi,au-delĂ desaspects administratifs, rĂ©glementaires et Ă©conomiques attachĂ©s Ă lâapprentissage comme dispositif, et sur lesquels se penche la future loi sur la formation professionnelle, lâalternance doit impĂ©rativement construire sa pratique sur des Ă©changes organiques entre les professionnels du monde du travail et les professionnels de lâenseignement. Il convient, dâabord, de dĂ©finir avec prĂ©cision les conditions dans lesquelles les pratiques dâalternance sont mises en Ćuvre afin dâĂ©viter des catĂ©gorisations erronĂ©es, particuliĂšrement lorsquâil sâagit dâun premier contact avec lâentreprise et plus largement avec un univers professionnel. Il sâagit ensuite, outre le fait de dĂ©finir les exigences de comportement social (travail en Ă©quipe, par exemple),dâidentifierlesprĂ©requisdeconnaissancesnĂ©cessairespourlapratiquedelâactivitĂ© professionnelle, objet ou support de la formation. Cette identification, ou ce repĂ©rage, relĂšve Ă©videmment de lâexpert du domaine. Mais « lâadressage » de ces connaissances rĂ©clame de les situer au regard de lâensemble des acquis de lâapprenant. Câest ici quâun enseignant, de prĂ©fĂ©rence rompu Ă la pratique de lâalternance, doit pouvoir en assurer la description, de telle sorte que le tuteur soit en situation de les rapporter Ă leur possible utilisation dans une activitĂ© finalisĂ©e par une tĂąche professionnelle. Cette dynamique ne relĂšve en rien dâune opposition thĂ©orie/pratique, comme la stĂ©rĂ©otypie dominante sâen empare assez rĂ©guliĂšrement. Elle prend sa source dans le lien indispensable entre « cognition et action », qui nâest ni thĂ©orique, ni pratique mais simplement indispensable Ă tout comportement qui ne serait pas le fruit dâun « pur rĂ©flexe » ! Câest pourquoi la formation professionnelle par alternance requiert, Ă la fois, un encadrement acadĂ©mique et un « encadrement mĂ©tier ». Le premier, pour situer les connaissances impliquĂ©es par les tĂąches professionnelles dans la chaĂźne des connaissances acquises ou Ă acquĂ©rir. Le second, pour les qualifier, amĂ©nager le cadre de leur accueil et proposer le scĂ©nario pertinent pour leur utilisation et leur dĂ©veloppement en fonction de lâobjectif professionnel poursuivi et du contexte professionnel dans lequel ces connaissances pourront sâappliquer, leur donnant ainsi, par lâexpression mĂȘme de leur utilitĂ©, une signification sociale. La transformation des environnements professionnels, lâobsolescence rapide des savoirs et des technologies, lâobĂ©sitĂ© informationnelle et les surcharges intellectuelles quâelle provoque, devraient conduire, de plus en plus, Ă penser et Ă repenser lâorganisation pĂ©dagogique des formations par alternance. Des configurations qui associent plus Ă©troitement, voire organiquement, lâĂ©cole et le monde du travail, Ă travers des partenariats renforcĂ©s, autour du partage dâune culture de la formation, scientifiquement un peu informĂ©e, semblent indispensables pour renouveler, au-delĂ , des Ă©volutions lĂ©gislatives, les ambitions de la formation en gĂ©nĂ©rale et de la formation par apprentissage en particulier. En effet, soutenue par des formations initiales, Ă©quipĂ©es des mĂȘmes principes pĂ©dagogiques, la formation par apprentissage, par la vertu de son rapport Ă lâaction en
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â 19 milieu professionnel, devraient ĂȘtre en mesure dâinflĂ©chir, voire de corriger certaines des trajectoires qui Ă©loignent de nombreux jeunes de la maĂźtrise des connaissances, de la qualification et, in fine, de lâinsertion professionnelle. Certes, lâeffort Ă accomplir nâest pas mince. Cependant, constater le succĂšs trĂšs relatif des nombreuses corrections ou Ă©volutions lĂ©gislatives apportĂ©es au champ de la formation professionnelle, mais aussi parfois aux formations initiales dans le systĂšme acadĂ©mique, devrait conduire Ă rĂ©flĂ©chir Ă des approches plus expĂ©rimentales, câest Ă dire limitĂ©es dans leur pĂ©rimĂštre et dans le temps, avant de promouvoir leur Ă©ventuelle extension. Il y aurait ainsi peu de risques Ă Ă©prouver de nouvelles pratiques pĂ©dagogiques et dâapprentissage. En effet, compte tenu de certaines lacunes actuelles liĂ©es aux formations initiales et des difficultĂ©s rencontrĂ©es par de nombreux jeunes pour rĂ©ussir leur insertion dans le monde du travail, une Ă©valuation un peu serrĂ©e de pratiques nouvelles bien dĂ©limitĂ©es, serait sans doute Ă mĂȘme de fournir de prĂ©cieux enseignements. Quelques repĂšres pour agir Proposer des contextes variĂ©s pour la rĂ©alisation dâune tĂąche dâacquisition ou de production de connaissances, câest augmenter la probabilitĂ© dâune rĂ©alisation efficace. Disposer de rĂ©ponses en relation avec des connaissances sociales qui sont impliquĂ©es par la tĂąche permet de donner Ă cette tĂąche une signification plus concrĂšte pour lâaccomplir avec une plus grande pertinence et une meilleure efficacitĂ©. CatĂ©goriser, câest favoriser lâadaptation Ă un environnement complexe et peu prĂ©visible. Toutefois, cette catĂ©gorisation doit sâopĂ©rer dans des situations, Ă partir dâinformations et de situations clairement dĂ©finies. Dans une rĂ©flexion Ă tendance opĂ©rationnelle, visant Ă installer lâalternance comme facteur Ă©ventuel dâamĂ©lioration des apprentissages Ă lâĂ©cole, et hors de lâĂ©cole, ces trois indications sont fondamentalement complĂ©mentaires. DĂ©cider dâorganiser lâalternance pĂ©dagogique dans les cursus acadĂ©miques, câest donc considĂ©rer lâĂ©ducation rĂ©alisĂ©e dans le seul contexte scolaire comme insuffisante pour favoriser la rĂ©ussite de tous au meilleur niveau des potentialitĂ©s de chacun. Les analyses proposĂ©es (cf. supra) font apparaĂźtre, en effet, le contexte scolaire comme trop unidimensionnel pour mobiliser et nourrir toute la variĂ©tĂ© des compĂ©tences et des profils intellectuels des apprenants. Ce qui conduit inĂ©luctablement Ă promouvoir les profils les plus conformes aux normes en vigueur dans le cadre scolaire. Câest pourquoi, la possibilitĂ© dâune alternance entre ce dernier et le cadre du monde du travail peut offrir une ouverture Ă dâautres contextes que celui de lâĂ©cole. On peut raisonnablement penser que cette confrontation Ă de nouveaux contextes se rĂ©vĂ©lera en mesure de mobiliser dâautres types de rĂ©ponses que celles requises Ă lâĂ©cole, par lâĂ©cole et dâenrichir ainsi le patrimoine comportemental des apprenants. Mais encore faut-il dĂ©finir les contenus de ces contextes, de telle sorte quâils entrent en « correspondance » avec les buts poursuivis par lâĂ©cole. Lâobjectif premier dâune stratĂ©gie dâalternance dans les cursus acadĂ©miques doit avoir pour but de favoriser lâacquisition, la consolidation et lâexploitation de la plupart des connaissances nĂ©cessaires Ă une activitĂ© intellectuelle et comportementale, autonome. Cette recherche de correspondance doit passer par lâamĂ©nagement des « contextes de travail », afin de doter les activitĂ©s rĂ©alisĂ©es
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DU CONSEIL ĂCONOMIQUE, SOCIAL ET ENVIRONNEMENTAL en leur sein dâune vĂ©ritable utilitĂ© sociale, ou perçue comme telle par les apprenants. Il faut, en effet, que les connaissances quâils mobilisent se chargent dâune signification sociale qui leur assure un statut valorisant, condition nĂ©cessaire Ă lâĂ©mergence et au maintien de leur motivation Ă apprendre. Pour cela, « le programme dâalternance » doit faire lâobjet dâune dĂ©finition prĂ©cise, sans confusion ni ambiguĂŻtĂ©. Il importe, connaissant leurs effets dĂ©lĂ©tĂšres, dâĂ©viter les catĂ©gorisations erronĂ©es ou mal installĂ©es. Cela dâautant quâil sâagit de dĂ©couvrir le monde du travail. La persistance dâune mauvaise attribution serait Ă©videmment peu favorable pour dĂ©velopper ou asseoir une future orientation ou motivation professionnelle. De nature Ă dĂ©terminer les reprĂ©sentations que vont se forger les jeunes, cette premiĂšre expĂ©rience au contact du milieu professionnel doit donc faire lâobjet de toutes les attentions. On voit mal, dĂšs lors, comment on pourrait faire lâimpasse sur la mise en place de modalitĂ©s de concertation Ă©troite entre le monde acadĂ©mique et le monde Ă©conomique. Compte tenu des enjeux et de lâintĂ©rĂȘt que laisse entrevoir la pratique de lâalternance, Ă la fois pour les apprentissages rĂ©alisĂ©s Ă lâĂ©cole et pour la qualitĂ© de lâinsertion future dans le monde du travail, un dialogue approfondi sâimpose absolument. On ne saurait laisser encore trop de stages, quelle que soit leur nature, se dĂ©cider sans vĂ©ritable prĂ©paration et sâaccomplir sans autre objectif que celui dâoccuper « le stagiaire. ». Lâapplication de quelques principes simples devrait suffire pour rendre ces temps dâalternance profitables Ă tous, aux « alternants » comme Ă ceux qui les encadrent, tant du cĂŽtĂ© de lâĂ©cole que de lâentreprise, par exemple. Câest ainsi quâune prĂ©sentation des caractĂ©ristiques de lâentreprise (pour poursuivre sur cet exemple) conjointement Ă une prĂ©sentation des cursus, de leur niveau et de leur nature prĂ©cise, suivis par les jeunes, devrait favoriser une transition harmonieuse entre les deux univers. Mais, au-delĂ , ce type dâinteraction devrait aussi participer Ă la construction dâune culture minimale commune entre les professeurs et les tuteurs ou maĂźtres de stage. En effet, comment donner du sens Ă lâalternance si ce qui est fait ici est ignorĂ© lĂ , et rĂ©ciproquement ? Cela impliquerait une formation innovante partagĂ©e entre les uns et les autres.Tout apprentissage rĂ©clame un scĂ©nario pĂ©dagogique. Comment prĂ©senter les connaissances Ă acquĂ©rir ? Comment vĂ©rifier leur acquisition ? Comment sâassurer de leur conservation en mĂ©moire ? Ces questions sont au cĆur des pratiques quotidiennes dâenseignement. Comment repĂ©rer si telle ou telle connaissance est maĂźtrisĂ©e avant de confier la rĂ©alisation dâune tĂąche? Comment prĂ©senter une activitĂ© pour ĂȘtre assurĂ© que la comprĂ©hension de son utilitĂ© sociale soit susceptible de mobiliser des connaissances supposĂ©es acquises ou de susciter une motivation Ă les acquĂ©rir ?Toutes ces questions, et de nombreuses autres, sont au cĆur du processus dâalternance. Câest pourquoi on ne peut aller de lâĂ©cole vers lâentreprise et de lâentreprise vers lâĂ©cole avec pour unique viatique celui de lâidĂ©e que le passage de lâune Ă lâautre suffira Ă lever les obstacles pour des apprentissages plus efficaces parce que finalisĂ©s. La dĂ©marche relĂšve dâune vĂ©ritable concertation incluant les contenus Ă privilĂ©gier, les formes de prĂ©sentation Ă utiliser et les modalitĂ©s dâĂ©valuation Ă employer. Il est Ă©vident quâĂ elles seules, ces exigences rĂ©clament une quantitĂ© de travail non nĂ©gligeable pour ceux qui, par ailleurs, doivent rĂ©pondre, dans leur domaine respectif, aux obligations de leurs charges. La force de lâenjeu justifie cependant que lâon sâattache Ă envisager et Ă soutenir ce type de dĂ©marche. Le conseil national Ă©ducation-Ă©conomie pourrait utilement appuyer une telle dĂ©marche. En effet, incluse dans les cursus initiaux, une premiĂšre expĂ©rience dâalternance revĂȘt une importance particuliĂšre. Par les dynamiques sociales et intellectuelles quâelle est de nature Ă susciter, câest un vĂ©ritable facteur dâaide Ă la rĂ©ussite scolaire, voire Ă la rĂ©ussite tout court, pour un plus grand nombre de personnes. Elle enrichit la capacitĂ© Ă utiliser les
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â 21 connaissances construites Ă lâĂ©cole en ouvrant leur champ dâutilisation et dâapplication. Ainsi, par la confrontation Ă deux univers de pratiques et de savoirs diffĂ©rents, elle conduit Ă Ă©laborer des connaissances sur les connaissances (des mĂ©ta-connaissances). Ce qui nâest pas un acquis mineur : savoir Ă quoi servent les connaissances dont on dispose constitue, en soi, une vĂ©ritable ressource. Au moment oĂč lâon assiste avec internet Ă la possibilitĂ© dâaccĂ©der aux informations avec une facilitĂ© jamais rencontrĂ©e (avec un simple clic toute demande dâinformation peut trouver une rĂ©ponse), cette ressource mĂ©rite dâĂȘtre dĂ©veloppĂ©e. En effet, lâaisance de cet accĂšs Ă des bases Ă©tendues dâinformations favorise-t-il les apprentissages ? Si ouiĂ quellesconditions ?Dequoifaut-ildisposerpourbĂ©nĂ©ficierdetoutecetteconnaissance devenue si facilement accessible ? Ă lâheure oĂč lâinternet externalise les mĂ©moires, (les donnĂ©es sont aujourdâhui stockĂ©es dans les rĂ©seaux, le clouding), il importe, pour donner un sens Ă la connaissance, de pouvoir la contextualiser en la rapportant Ă une de ses utilisations possibles. Câest ici que les « mĂ©ta connaissances » acquises et nourries par les pratiques alternantes, sont en mesure, en rapportant la connaissance Ă une « expĂ©rience pratique », professionnelle ou non, de lui donner une signification qui la qualifie et permet aux individus de la stocker dans leur propre mĂ©moire. Elle devient ainsi une base disponible pour des usages ultĂ©rieurs, notamment dâapprentissage de connaissances nouvelles. Lâarticulation plus Ă©troite de lâĂ©cole et du monde du travail, avec des frontiĂšres plus ouvertes et des passerelles mieux identifiĂ©es entre formation et emploi, adossĂ©e Ă des pratiques dâalternance scientifiquement informĂ©es, ouvre probablement une voie praticable pour affronter avec bĂ©nĂ©fice les Ă©volutions qui se dessinent. En effet, lâaccĂšs immĂ©diat et direct Ă lâinformation, hors de tout cadre instituĂ©, favorise le traitement de surface et la pratique ludique, en cela il sâoppose clairement Ă celui de lâĂ©cole, comme Ă celui de lâentreprise, qui conduisent Ă emprunter des chemins plus escarpĂ©s et rĂ©clament un vĂ©ritable effort. Or, pour dĂ©velopper les capacitĂ©s dâadaptation et de crĂ©ation des individus, il est indispensable de conjuguer la richesse et la facilitĂ© dâaccĂšs aux flux informationnels avec la prise de distance critique attachĂ©e Ă lâapprofondissement et Ă la structuration nĂ©cessaires de la connaissance acquise et Ă acquĂ©rir Ă lâĂ©cole. Aussi estâil capital de pouvoir, par sa mise en application, rapporter cette connaissance aux rĂ©alitĂ©s de son utilisation dans le monde du travail. Câest ici que lâalternance en Ă©ducation est en mesure de jouer pleinement son rĂŽle de mĂ©diation cognitive et comportementale. Face Ă la difficultĂ© de nombreux jeunes pour trouver un stage, le rapprochement Ă©ducation-entreprise devrait augmenter les choix possibles et rĂ©duire ainsi cette difficultĂ©. Lâalternance en formation tout au long de la vie LeprolongementdâunerĂ©flexionsurlâalternanceenĂ©ducation,aprĂšslaformationinitiale Ă lâĂ©cole et la « formation par apprentissage », conduit naturellement Ă se prĂ©occuper de la formation tout au long de la vie. Dans la mesure oĂč, jusquâalors, les expĂ©riences antĂ©rieures, attachĂ©es Ă lâalternance, semblent ne pas avoir de rĂ©elle influence sur lâengagement dans la formation tout au long de la vie, il convient de sâinterroger sur les raisons susceptibles dâexpliquer un tel phĂ©nomĂšne. On pourrait penser, par exemple, que la formation par apprentissage favorise la constitution dâun socle culturel fonctionnant comme un fond « dâamorçage » pour lâengagement ultĂ©rieur dans une logique de formation tout au long de la vie. Or, les donnĂ©es dont on dispose ne sont, de ce point de vue, pas significatives. Si,
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DU CONSEIL ĂCONOMIQUE, SOCIAL ET ENVIRONNEMENTAL en lâabsence dâĂ©tudes sĂ©rieuses sur le sujet, il sâavĂšre difficile dâapporter spontanĂ©ment une explication Ă cet Ă©tat de fait, on peut nĂ©anmoins risquer une hypothĂšse, qui nâest dâailleurs probablement pas la seule possible. Le peu de pratiques dâalternance pĂ©dagogique dans lâĂ©cole, au moment oĂč sâĂ©laborent les bases de connaissances, et donc leur fond mĂ©moriel, installe les individus dans des rĂ©fĂ©rences attachĂ©es Ă un seul contexte, de surcroit trĂšs normĂ© (cf. supra). Elles jouent, dĂšs lors, le rĂŽle de repĂšre privilĂ©giĂ© au moment de rĂ©aliser des choix de formations ultĂ©rieures. De plus, la relation plutĂŽt univoque entre connaissance scolaire et pratique professionnelle dans les formations par apprentissage, entre en quelque sorte en opposition avec les logiques de formation tout au long de la vie, lesquelles inversent cette relation. En effet, principalement ouverte Ă des adultes, jeunes ou moins jeunes, mais tous pourvus, par construction, dâune expĂ©rience professionnelle, la formation tout au long de la vie conduit Ă Ă©laborer, ou Ă actualiser, des connaissances Ă partir dâinterrogations qui sont dâabord professionnelles. Cette inversion de relation installe une nouvelle donne dans la formation, Ă la fois pour les « formĂ©s » et les formateurs. Les premiers sont, pour certains, en quĂȘte dâune consolidation et dâune reconnaissance de leurs acquis, dâautres recherchent une certification ou un diplĂŽme nouveau, dâautres encore, dans une logique totalement non formelle, visent lâaccroissement dâune culture gĂ©nĂ©rale et/ou scientifique Ă des fins de dĂ©veloppement personnel. NĂ©anmoins, tous sont engagĂ©s sur la base dâune rĂ©fĂ©rence attachĂ©e dâabord Ă leur expĂ©rience professionnelle, laquelle peut ĂȘtre vĂ©cue positivement comme nĂ©gativement mais, dans les deux cas, toujours considĂ©rĂ©e comme indispensable Ă dĂ©passer. Les seconds, confrontĂ©s Ă des populations adultes porteuses dâune culture plutĂŽt Ă©loignĂ©e de la leur, doivent rechercher, sous peine dâĂȘtre inaudibles, des contextes de prĂ©sentation capables de favoriser les mises en correspondance entre les champs notionnels quâils utilisent et les repĂšres opĂ©rationnels de ceux quâils forment. Il y a lĂ , probablement, une contrainte dont on pourrait tirer des enseignements pour faire Ă©voluer les pratiques pĂ©dagogiques aussi bien Ă lâĂ©cole que dans les dispositifs dâapprentissage. Cependant, pour tirer tout le bĂ©nĂ©fice dâune pratique en formation dâadultes actifs, il demeure indispensable dâaborder cette pratique en Ă©tant muni dâun ensemble de connaissances et dâoutils mĂ©thodologiques appropriĂ©s. Sâadresser Ă des adultes au travail, ou engagĂ©s dans une migration professionnelle, nâimpose ni le mĂȘme cadre temporel dâapprentissage ni la mĂȘme distribution calendaire des contenus ni les mĂȘmes ressorts pĂ©dagogiques que ceux employĂ©s dans le cadre dâune offre de formation initiale, Ă lâĂ©cole ou en apprentissage. Le temps plein doit cohabiter avec le temps partagĂ©. On ne doit pas former ceux qui travaillent, et pour qui le temps est une denrĂ©e plus rare, comme ceux qui ont « tout leur temps ». Dans cette perspective, le dispositif dâalternance doit ĂȘtre aussi un dispositif dâalternatives pour rĂ©pondre Ă la variĂ©tĂ© des besoins exprimĂ©s. Ces besoins sont Ă la fois professionnels, personnels et sociaux. Professionnels dâabord, parce quâil sâagit de rĂ©pondre aux exigences dâadaptation Ă des niveaux de responsabilitĂ©s supĂ©rieures pour tous ceux qui en expriment ou en ressentent la nĂ©cessitĂ©. Personnels ensuite, parce quâil sâagit de conforter et de dĂ©velopper lâestime de soi par la reconnaissance des acquis dâune expĂ©rience qui signe, le plus souvent, la qualitĂ© et le sĂ©rieux dâun engagement dans le travail. Sociaux enfin, parce quâil sâagit de favoriser le maintien ou la rĂ©gĂ©nĂ©ration du lien social, en permettant aux diffĂ©rentes gĂ©nĂ©rations de continuer Ă partager les codes attachĂ©s aux nombreuses Ă©volutions scientifiques, technologiques, culturelles et comportementales.
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â 23 Dans des sociĂ©tĂ©s de plus en plus professionnellement nomades, en raison des incertitudes liĂ©es Ă lâemploi, le lien intergĂ©nĂ©rationnel, par essence organisĂ© autour de lâaction et de lâactivitĂ© durablement partagĂ©es se dĂ©lite et, dĂšs lors, le tissu social se dĂ©chire. Lâinstauration et la promotion de la formation tout au long de la vie offrent probablement lâopportunitĂ© de crĂ©er de nouvelles coopĂ©rations productives entre gĂ©nĂ©rations qui, en dĂ©pit de la gĂ©nĂ©rositĂ© des discours tenus, font de plus en plus cruellement dĂ©faut. Dans la formation tout au long de la vie, lâalternance doit ĂȘtre consubstantielle de la diversitĂ© des parcours et des expĂ©riences et alimenter la qualitĂ© des connaissances et leur disponibilitĂ© en les proposant sans hiĂ©rarchie prĂ©Ă©tablie. La sĂ©curisation des parcours professionnels et une certaine forme de stabilitĂ© personnelle en dĂ©pendent. La formation tout au long de la vie, câest une formation sur les chemins de la vie. Et la reconnaissance des acquis doit en jalonner les Ă©tapes en validant conjointement la rĂ©flexion et lâaction, ce que permet une alternance nourrie par lâĂ©gale dignitĂ© des connaissances Ă acquĂ©rir et des connaissances importĂ©es de lâexpĂ©rience professionnelle. La reconnaissance des acquis : un enjeu vital pour la formation tout au long de la vie DĂšs 2006, dans ses conclusions, le Conseil europĂ©en, tenu Ă Bruxelles les 23 et 24 mars, notait que les stratĂ©gies nationales dâapprentissage tout au long de la vie devraient permettre Ă tous les citoyens dâacquĂ©rir les compĂ©tences et les qualifications dont ils ont besoin. Si lâon ajoute Ă cette orientation, la cohabitation des processus de Bologne (harmonisation europĂ©enne des formations supĂ©rieures), de Copenhague (enseignement et formation professionnelle), de Lisbonne (compĂ©tition, croissance et emploi), mĂȘme si ce dernier en raison de la crise a fait lâobjet dâune attention nouvelle, et lâexpĂ©rience ERASMUS, il y a lĂ des repĂšres pour favoriser la rĂ©flexion en direction dâune action plus intĂ©grĂ©e des qualifications professionnelles et de leur reconnaissance acadĂ©mique. Au moment oĂč la mobilitĂ© intra-europĂ©enne, contrainte ou choisie, sâinstalle au sein du marchĂ© du travail il est particuliĂšrement important dâaborder ce type de sujet. Il apparaĂźt de plus en plus nĂ©cessaire de pouvoir conjuguer rĂ©fĂ©rences acadĂ©miques, formation et expĂ©riences professionnelles. DĂšs lors, harmoniser les dispositifs de formation tout au long de la vie et mettre en place des modalitĂ©s de reconnaissance professionnelle, Ă©ventuellement transfĂ©rables, constitue une question majeure pour lâalternance en formation tout au long de la vie. Deux types de certification peuvent y rĂ©pondre : les diplĂŽmes nationaux de type Licence, Master, Doctorat (LMD) et les titres enregistrĂ©s au RĂ©pertoire National des Certifications Professionnelles (RNCP). Le niveau de ces titres est clairement identifiĂ© et rĂ©fĂ©rencĂ© au Cadre EuropĂ©en des Certifications dans la mesure oĂč ils sont constitutifs du RNCP. Câest Ă©videmment un Ă©lĂ©ment important au regard de la mobilitĂ© professionnelle en Europe. Ces modes de reconnaissance ne relĂšvent toutefois pas de la mĂȘme logique. La logique de grade LMD est fondĂ©e sur des critĂšres de type acadĂ©mique tandis que la logique dâenregistrement au RNCP est adossĂ©e Ă lâexistence dâun mĂ©tier et doit donc faire la dĂ©monstration que lâĂ©valuation est pertinente et cohĂ©rente avec les attendus du marchĂ© du travail. Cependant, lâune et lâautre de ces logiques bĂ©nĂ©ficient Ă lâĂ©chelle europĂ©enne
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DU CONSEIL ĂCONOMIQUE, SOCIAL ET ENVIRONNEMENTAL dâun cadre mĂ©thodologique commun qui permet le transfert de crĂ©dits dâun systĂšme de certification national Ă un autre. Une recommandation du Parlement europĂ©en et du Conseil du 18 juin 2009 [Journal officiel C 155 du 8.7.2009], Ă©tablit, en effet, un systĂšme europĂ©en de crĂ©dits dâapprentissage pour lâenseignement et la formation professionnels (ECVET). Ce systĂšme sâapplique Ă tous les acquis obtenus dans les diverses filiĂšres dâenseignement et dâapprentissage, puis transfĂ©rĂ©s, reconnus et capitalisĂ©s en vue de lâobtention dâune certification. Il nâa pas vocation Ă remplacer les systĂšmes nationaux de certification. Il vise simplement Ă optimiser leur comparabilitĂ© et leur compatibilitĂ©. Il peut ainsi permettre aux citoyens europĂ©ens dâobtenir plus facilement la reconnaissance de leurs formations et de leurs savoirs dans un autre Ătat membre. En effet, jusquâalors, la diversitĂ© des systĂšmes nationaux, qui dĂ©finissent les niveaux de certification et leur contenu, ne favorise pas la mobilitĂ© transnationale des apprenants. Ce systĂšmepermettraitderemĂ©dierĂ cettesituationenfacilitantlesmigrationsprofessionnelles Ă travers toute lâEurope. Les Ătats membres sont dâailleurs libres dâadopter la prĂ©sente recommandation et de la mettre en Ćuvre. Câest encore peu ou pas le cas, notamment en France mais pas seulement. Le systĂšme ECVET complĂšte par ailleurs le systĂšme europĂ©en de transfert et dâaccumulation de crĂ©dits (ECTS), qui relie lâenseignement et la formation professionnels et lâenseignement supĂ©rieur. Ce systĂšme permet le transfert dâexpĂ©riences dâapprentissage entre diffĂ©rentes institutions, ce qui assouplit les parcours en vue de lâobtention de diplĂŽmes. Les «objectifs de formation», connaissances, compĂ©tences et savoirs faire Ă acquĂ©rir, sont exprimĂ©s en termes de crĂ©dits. MĂȘme si les Ă©tablissements dâenseignement supĂ©rieur sont des institutions autonomes et si les dĂ©cisions finales demeurent de leurs responsabilitĂ©s, le systĂšme ECTS peut contribuer Ă la reconnaissance des « études » dâune personne entre diffĂ©rentes institutions et systĂšmes Ă©ducatifs nationaux et donc, a fortiori, entre institutions de formation dâun mĂȘme territoire national. La France utilise le systĂšme depuis plusieurs annĂ©es dans le cadre de son enseignement supĂ©rieur universitaire notamment. Comme on peut le constater, le sujet de la validation des acquis en formation tout au long de la vie est une prĂ©occupation dâempan europĂ©en dont il semble important de se saisir. En effet, raisonner sur des processus Ă valeur transnationale pourrait permettre de poser en des termes nouveaux le problĂšme de la validation des acquis dans un dispositif national. Sâattacher Ă rendre comparables ou compatibles des parcours nationaux devrait favoriser la rĂ©flexion sur les Ă©tapes et les contenus nĂ©cessaires pour obtenir une certification selon une modalitĂ© pĂ©dagogique dâalternance. Il conviendrait, notamment, dâenvisager des parcours composites, en fonction des contextes individuels et sur la base dâune Validation des Acquis de lâExpĂ©rience (VAE) cohĂ©rente et pertinente. Cela de telle sorte, que les jurys de VAE puissent donner une validation totale ou partielle fondĂ©e sur les attendus au moment mĂȘme oĂč a lieu lâĂ©valuation et non sur lâadĂ©quation Ă un programme de formation comme seul support de la certification ou de la diplomation. En effet, accorder, comme câest gĂ©nĂ©ralement le cas, une certification ou un diplĂŽme sur la base dâun programme de formation, par nature et par construction, limitĂ© dans le temps, semble difficilement compatible avec lâalternance en formation tout au long de la vie qui est inscrite, elle aussi par nature et par construction, dans une temporalitĂ© non dĂ©finie. Lâun des freins majeurs du dĂ©veloppement de la VAE rĂ©side donc dans les rĂ©fĂ©rentiels supports qui ne permettent pas
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â 25 de situer une expĂ©rience professionnelle, individuelle ou collective, par rapport au contenu « acadĂ©mique » de la certification souhaitĂ©e, ou dĂ©livrĂ©e. En mettant en Ă©vidence lâexistence dâun problĂšme rĂ©current entre « thĂ©orie et pratique », dont on a pu entrevoir, dans les sections prĂ©cĂ©dentes, quâil nâĂ©tait pas neutre au regard des relations entre le monde scolaire et le monde Ă©conomique, cette observation boucle en quelque sorte la logique de cette Ă©tude. Le lien entre la connaissance, ses modes dâacquisition et son utilisation dans lâaction, demeure un des sujets majeurs de la problĂ©matique de la formation quelle que soit la nature de celle-ci. De ce point de vue, et au-delĂ de la formation tout au long de la vie, le dĂ©veloppement de pratiques de rĂ©seau entre les entreprises et les Ă©tablissements de formation concernĂ©s seraitcertainementunbonmoyendedonnerunenouvelleimpulsionpourlareconnaissance acadĂ©mique de lâexpĂ©rience professionnelle. En tout cas, les recommandations et les systĂšmes de transfert au niveau europĂ©en tendent Ă nous y inviter. Conclusion En dĂ©pit de lâimportance qui lui est accordĂ©e dans cette Ă©tude, lâalternance dans lâĂ©ducation ne doit pas ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme la solution pĂ©dagogique pour, tout Ă la fois, combler les lacunes des formations scolaires ou universitaires initiales, rĂ©soudre les problĂšmes liĂ©s Ă lâinsertion professionnelle et rythmer avec bonheur les cheminements de la formation tout au long de la vie. NĂ©anmoins, le constat, trĂšs cruel, dâun nombre trĂšs significatif de jeunes sans diplĂŽme Ă leur sortie du systĂšme Ă©ducatif conduit Ă sâinterroger sur les causes de cette situation et sur les amĂ©liorations Ă envisager pour sâefforcer de rĂ©duire leurs effets. Cela dâautant que cet Ă©chec massif trouve son prolongement dans un chĂŽmage tout aussi massif et qui touche trĂšs majoritairement les jeunes issus de parents de milieux socioĂ©conomiques dĂ©favorisĂ©s. Par ailleurs, le fait que la voie des formations professionnelles concerne trĂšs majoritairement les jeunes qui accusent un retard dĂšs la classe de 6Ăšme, ne constitue pas spontanĂ©ment un argument pour sa valorisation. Câest pourquoi le parti pris de cette Ă©tude a dâabord Ă©tĂ© dâidentifier, dâanalyser puis de suggĂ©rer des pistes pour cerner les raisons susceptibles de contribuer Ă expliquer un tel tableau. Ensuite, sur ces bases, le propos sâest efforcĂ©, certes de maniĂšresuperficielle,dedonnerducrĂ©ditĂ lâalternancecommeunedĂ©marchepĂ©dagogique en mesure, non de rĂ©soudre tous les problĂšmes soulevĂ©s mais dâenrichir pour tous les Ă©lĂšves les contextes dâacquisition des connaissances. En dĂ©pit de ses insuffisances, il nâest donc pas interdit de penser que cette contribution puisse trouver un Ă©cho Ă©ventuellement institutionnel pour alimenter un questionnement plus fonctionnel et qualitatif de la formation, sous toutes ses formes, dans la mesure oĂč chacun sâaccorde Ă la placer au croisement de toutes les prĂ©occupations. En effet, en proposant une plus grande variĂ©tĂ© de possibilitĂ©s pour donner du sens aux apprentissages rĂ©alisĂ©s, par les jeunes et les moins jeunes, lâalternance en Ă©ducation offre Ă la diversitĂ© des compĂ©tences et des talents, mais aussi aux trajectoires Ă©ducatives les plus fragiles, des perspectives de rĂ©ussite plus nombreuses.
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DU CONSEIL ĂCONOMIQUE, SOCIAL ET ENVIRONNEMENTAL Annexes Annexe n° 1 : composition de la section de lâĂ©ducation, de la culture et de la communication 33 PrĂ©sident : Philippe DA COSTA 33 Vice prĂ©sidentes : Claire GIBAULT et Claire GUICHET ââ Agriculture 33 Monique BERNARD ââ Artisanat 33 Monique AMOROS ââ Associations 33 Philippe DA COSTA 33 BĂ©rĂ©nice JOND ââ CFDT 33 Adria HOUBAIRI 33 Xavier NAU ââ CFE-CGC 33 Jean-Claude DELAGE ââ CFTC 33 Bernard IBAL ââ CGT 33 Claude MICHEL ââ CGT-FO 33 Françoise NICOLETTA 33 Ăric PERES ââ Entreprises 33 GeneviĂšve BEL 33 Danielle DUBRAC 33 Sophie DUPREZ ââ Environnement et nature 33 Jacques BEALL
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â 27 ââ Organisations Ă©tudiantes et mouvements de jeunesse 33 Azwaw DJEBARA 33 Claire GUICHET 33 Marie TRELLU-KANE ââ Outre-mer 33 Marie-Claude TJIBAOU ââ PersonnalitĂ©s qualifiĂ©es 33 Rachel BRISHOUAL 33 Claire GIBAULT 33 Marie-Aleth GRARD 33 Laura FLESSEL-COLOVIC 33 Alain TERZIAN 33 GĂ©rard ASCHIERI RattachĂ© administrativement au groupe ââ UNAF 33 Henri JOYEUX 33 Christiane THERRY ââ PersonnalitĂ©s associĂ©es 33 Jean-Marie BELIN 33 Bernard CHAUSSEGROS 33 Anne COURTILLĂ 33 Samira DJOUADI 33 Vladimir MITROFANOFF 33 Jean-Marc MONTEIL 33 Isabelle SEVERINO 33 AgnĂšs VAN ZANTEN
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DU CONSEIL ĂCONOMIQUE, SOCIAL ET ENVIRONNEMENTAL Annexe n° 2 : table des sigles AGEFIPH Association de gestion du fonds pour lâinsertion professionnelle des personnes handicapĂ©es BEP Brevet dâĂ©tudes professionnelles CAP Certificat dâaptitude professionnelle CEREQ Centre dâĂ©tude et de recherches sur les qualifications CESE Conseil Ă©conomique, social et environnemental CFA Centre de formation dâapprentis DEPP Direction de lâĂ©valuation, de la prospective et de la performance DUT DiplĂŽme universitaire de technologie ECTS European credit transfer system ECVET European credit system for vocational education and training EPLE Etablissement public local dâenseignement GPEC Gestion prĂ©visionnelle des emplois et des compĂ©tences IGA Inspection gĂ©nĂ©rale de lâadministration IGAENR Inspection gĂ©nĂ©rale de lâadministration de lâĂ©ducation nationale et de la recherche IGAS Inspection gĂ©nĂ©rale des affaires sociales IGEN Inspection gĂ©nĂ©rale de lâĂ©ducation nationale LMD Licence, Master, Doctorat RNCP RĂ©pertoire national des certifications professionnelles VAE Validation des acquis de lâexpĂ©rience
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LâALTERNANCE DANS LâĂDUCATION
â 29 Annexe n° 3 : bibliographie Lâemploi des jeunes, rapporteur Jean-Baptiste PREVOST, CESE, 26 septembre 2012 Le supĂ©rieur : moteur de la croissance de lâapprentissage en 2010 et 2011, note dâinformation n° 13, 22, DEPP, octobre 2013 Lâenseignement professionnel, Education et Formation n° 75, DEPP, octobre 2007 Promouvoir et dĂ©velopper lâalternance, voie dâexcellence pour la professionnalisation, Rapport au PrĂ©sident de la RĂ©publique, Henri PROGLIO, Documentation française, novembre 2009
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DU CONSEIL ĂCONOMIQUE, SOCIAL ET ENVIRONNEMENTAL Annexe n° 4 : scrutin Ce texte a Ă©tĂ© votĂ© par 25 voix, soit lâunanimitĂ© des conseillers et personnalitĂ©s associĂ©es prĂ©sents : Agriculture Mme BERNARD Artisanat Mme AMOROS Associations M. DA COSTA Mme JOND CFE-CGC M. DELAGE CFDT Mme HOUBAIRI M. NAU CFTC M. IBAL CGT M. MICHEL CGT-FO Mme NICOLETTA M. PERES Entreprises Mmes BEL Mme DUBRAC DUPREZ Organisations Ă©tudiantes et mouvements de jeunesse M. DJEBARA Mme GUICHET Mme TRELLU-KANE PersonnalitĂ©s qualifiĂ©es M. TERZIAN Mme FLESSEL Mme GRARD UNAF M. JOYEUX PersonnalitĂ©s associĂ©es M. BELIN M. MITROFANOFF Mme DJOUADI M. MONTEIL
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â 31 Annexe n° 5 : liste des personnes auditionnĂ©es 33 M. Alain ClĂ©mence professeur de sociologie Ă lâUniversitĂ© de Lausanne (Suisse). 33 M. Yves Lichtenberger directeur du programme « Emploi, Ă©galitĂ© des chances » au Commissariat gĂ©nĂ©ral Ă lâinvestissement. 33 M. Richard Skrzypczak directeur gĂ©nĂ©ral adjoint chargĂ© de la formation Ă la Chambre de commerce et dâindustrie de Versailles.
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Imprimé par la
direction de lâinformation lĂ©gale et administrative, 26, rue Desaix, Paris (15e ) dâaprĂšs les documents fournis par le Conseil Ă©conomique, social et environnemental No de sĂ©rie : 411140007-000314 â DĂ©pĂŽt lĂ©gal : mars 2014 CrĂ©dit photo : shutterstock Direction de la communication du Conseil Ă©conomique, social et environnemental Retrouvez lâintĂ©gralitĂ© de nos travaux sur www.lecese.fr ââ Pour une politique de dĂ©veloppement du spectacle vivant : lâĂ©ducation artistique et culturelle tout au long de la vie ââ Avant-projet de loi dâorientation et de programmation pour la refondation de lâĂ©cole de la RĂ©publique ââ RĂ©ussir la dĂ©mocratisation de lâenseignement supĂ©rieur : lâenjeu du premier cycle ââ La mobilitĂ© des jeunes ââ Les inĂ©galitĂ©s Ă lâĂ©cole DerniĂšres publications de la section de lâĂ©ducation, de la culture et de la communication ââ La stratĂ©gie dâinvestissement social ââ Les consĂ©quences de SolvabilitĂ© II sur le financement des entreprises ââ Le travail Ă temps partiel ââ Internet : pour une gouvernance ouverte et Ă©quitable ââ Favoriser lâaccĂšs pour tous Ă une alimentation de qualitĂ©, saine et Ă©quilibrĂ©e ââ Transitions vers une industrie Ă©conome en matiĂšres premiĂšres ââ Les zones franches urbaines ââ Principe de prĂ©caution et dynamique dâinnovation LES DERNIĂRES PUBLICATIONS DU CONSEIL ĂCONOMIQUE, SOCIAL ET ENVIRONNEMENTAL (CESE)
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Jean-Marc Monteil février 2014 Les
Ă©ditions des JOURNAUX OFFICIELS Lâalternance dans lâĂ©ducation No âŻ41114-0007â prixâŻ:âŻ12,90âŻe ISSNâŻ0767-4538â ISBNâŻ978-2-11-120941-1 -:HSMBLB=WU^YVV: www.lecese.fr CONSEIL ĂCONOMIQUE, SOCIAL ET ENVIRONNEMENTAL 9, place dâIĂ©na 75775 Paris CedexâŻ16 TĂ©l.âŻ: 01âŻ44âŻ43âŻ60âŻ00 Cette Ă©tude se situe dans la perspective dâune contribution plus pĂ©dagogique que structurelle de l âa l t e r n a n c e d a n s lâĂ©ducation. Elle se propose de donner du crĂ©dit Ă lâalternance comme une dĂ©marche pĂ©dagogique en mesure dâenrichir pour tous les Ă©lĂšves les contextes dâacquisition de connaissances, et non pas seulement comme une solution rĂ©paratrice. Lâa l te r n a n ce d a n s lâĂ©ducation doit offrir Ă la diversitĂ© des compĂ©tences et des talents et aux trajectoires Ă©ducatives les plus fragiles des perspectives d e r Ă© u s s i t e p l u s nombreuses. LESĂTUDESDUCONSEILĂCONOMIQUE,SOCIALETENVIRONNEMENTAL Diffusion Direction de lâinformation lĂ©gale et administrative Les Ă©ditions des Journaux officiels tĂ©l. : 01 40 15 70 10 www.ladocumentationfrancaise.fr
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