12. “Dès 1704, deux rois se disputent la couronne d'Espagne. Philippe V, qui, depuis
1700, règne à Madrid, doit faire face à son rival l'archiduc Charles de Habsbourg
en qui la Grande Alliance des puissances enemies de la France reconnaît Charles III
d'Espagne. Accueilli à Lisbonne dès le 6 mai 1704, celui-ci trouve l'année suivante
une capitale qui lui sera fidèle jusqu'au bout: Barcelone, qui se livre à lui le 9 octobre
1705. Les Espagnes que les Rois Catholiques avaient réunies sous la même
souveraineté paraissent se dissocier.”
Bartolomé Bennassar: Histoire des espagnols.
14. La guerre de succession en Espagne (1700-1713)
Charles d'Autriche Philippe d'Anjou
Aragon
Autriche
Angleterre
Portugal
Pays-Bas
Soutenu parSoutenu par
CastilleCastille
FranceFrance
Soutenu parSoutenu par
La guerre finit
avec le
Traité d'Utrecht
(1713) et
l'arrivée des
Bourbons
15. “La guerre engendre aussi une pression fiscale renforcée qui pèse plus lourdement
sur les régions disputées. Ces contributions de guerre sont d'autant plus mal
supportées qu'elles frappent une population appauvrie et diminuée. (…)
Les décrets de Nueva Planta suppriment notamment les privilèges fiscaux dont
juissent jusque-là les pays de la couronne d'Aragon. (…) Le pays valencien, le premier,
paie l'equivalente, c'est-à-dire l'”équivalent” des taxes supportées par la Castille, après
quoi apparaissent la talla (ou taille, terme aux consonances françaises) à Majorque,
la “contribution unique” en Aragon, enfin le “cadastre” en Catalogne. Dans tous les
cas, il s'agit d'un impôt de répartition,...”
Bartolomé Bennassar: Histoire des espagnols.
16. “La Nueva Planta, c'est une série de décrets qui ont pour objet immédiat de punir
Les vaincus, les partisans de l'archiduc, c'est-à-dire, les sujets de la couronne d'Aragon.
Malgré leurs suppliques, malgré les efforts de l'archiduc devenu empereur, Philippe V
se montre intraitable: il tient à en finir avec les institutions propres à l'Aragon,
incompatibles à ses yeux avec l'idée qu'il se fait de l'autorité monarchique. Dès 1707,
Valence et Aragon sont pourvus d'institutions nouvelles directement mises en place
par l'autorité monarchique: de part et d'autre, un capitaine général aux attributions
les plus larges -militaires, administratives, judiciaires-, et une cour royale, l'audience,
installée respectivement à Valence et Saragosse, dont les magistrats sont nommés par
la couronne. Après la prise de Barcelone, en 1714, les mêmes dispositions
s'appliqueront à la Catalogne et à Majorque. Le territoire catalan est en outre
subdivisé en une douzaine de circonscriptions; à la tête de chacune est nommé un
corregidor, sur le modèle castillan.”
Bartolomé Bennassar: Histoire des espagnols.
17. “Le recrutement de la troupe pose pourtant d'autres problèmes: il se heurte en Espagne
à une forte résistance populaire. Le recours aux étrangers est un remède partiel: il
permet d'entretenir une dizaine de régiments -gardes wallonnes, deux régiments
Italiens, quatre puis six régiments suisses, trois flamands. L'engagement volontaire
assure le recrutement de la cavalerie, mais non celui de l'infanterie qui fait l'objet d'une
véritable répulsion. Pour y remédier, le principe de la conscription obligatoire assorti du
tirage au sort est établi dès 1705... À l'origine, il s'agit de recruter un sur cinq des
appelés, d'où le nom de quintos donné à ces levées.”
Bartolomé Bennassar: Histoire des espagnols.
19. “L'Espagne n'est pas restée à l'écart du grand mouvement européen des Lumières (...).
Dans le domaine intellectuel, ce mouvement répugne aux spéculations théoriques et se
Veut d'un grand pragmatisme. Campomanes déclarait: “L'invention de l'aiguille à coudre
Est plus utile au genre humain que bien des spéculations brillantes. (…) Cependant, la
Principale originalité espagnole réside dans le rôle moteur de l'État comme
Promulgateur de la Ilustración.”
Jordi Canal (dir.): Histoire de l'Espagne contemporaine.
Absolutisme éclairé
L'État, mécène des
érudits sous la
forme de pensions
et d'autorisations
de publication
L'État poussait à
la création dans
chaque ville de
Sociétés économiques
des amis du pays
L'État limite le
pouvoir des
oligarchies urbaines
et de l'Église
1766: L'État saisit
les biens des
Jésuites et va
procéder à la
première vente de
biens du clergé
1798: Nouvelle
vente des biens
du clergé
L'État se fait
entrepreneur
(monopoles de
tabac, mines,...,
manufactures)
Nouvelle
Administration:
Secrétariats d'État
“La Ilustración fournit à la monarchie
un corps d'idées et de conceptions
qui justifient l'accroissement du
pouvoir de l'État au détriment des
pouvoirs traditionnels: Église, haute
Noblesse et oligarchies urbaines.”
Jordi Canal (dir.): Histoire de l'Espagne contemporaine.
20. “La Ilustración ne remet pas non plus en cause la société d'ordres. Noblesse et clergé
sont férocement critiqués, mais il n'est jamais question de supprimer la place qu'ils
occupent dans la société. (…)
L'autre grande limite aux Lumières est l'émergence à partir des années 1770 d'un
mouvement puissant d'anti-Lumières, que l'on appelle l'apologétique, et qui se
transforme à partir de la guerre contre la Convention (1793-1795) en anti-révolution,
puis en contre-révolution au-delà de 1795. (…) Pour la première fois apparaît la devise
“Dieu, patrie et roi!”, que l'on retrouve ensuite pendant la guerre d'Indépendance et
pendant les guerres carlistes. (…) Leur action s'exprime d'abord à travers de
l'Inquisition, sortie de sa torpeur par l'État qui, soucieux d'éviter la contagion
révolutionnaire, lui confie à partir de 1789 la lutte contre les écrits séditieux.”
Jordi Canal (dir.): Histoire de l'Espagne contemporaine.
21. “Les nouvelles institutions culturelles ou éducatives (Sociétés économiques des amisSociétés économiques des amis
du paysdu pays, académies littéraires ou académies militaires), les salonssalons et les tertuliastertulias
favorisaient l'apparition d'une nouvelle sociabilité suscitant ainsi l'émergence d'un
imaginaire politique nouveau. Ce processus est beaucoup moins fort en Espagne que
dans l'Europe du Nord-Ouest...”
Jordi Canal (dir.): Histoire de l'Espagne contemporaine.
Le “bon XVIIIème s.”
Croissance
démographique
soutenue
(de 7,5 millions
en 1715
d'habs. À 11-12
millions vers 1800)
Libéralisation
et renouveau du
commerce atlantique
Forte hausse du prix
des produits agricoles
et de la rente foncière
Les troubles de la fin du siècle
Mauvaises
récoltes
Hausse des
prix
Retour des
épidemies
La guerre contre la France en 1793 puis contre
l'Angleterre à partir de 1796 étrangla le
grand commerce international
Manuel Godoy