1. LA CHIMIE DU NON
Nul besoin de recourir aux lumières de l’Académie pour éclairer les évidences – ce
d’autant moins que les Seigneurs de l’Intelligence se trompent souvent parce qu’ils
sont en porte à faux avec la pensée profonde du peuple.
Le Non massif a une chimie autrement complexe que les analyses superficielles et
souvent distillées pro domo qu’on veut nous faire avaler comme anesthésiant d’un
échec cuisant.
Il n’a que peu à voir aux questions qui faisaient l’objet du referendum.
Parions que la plupart des électeurs y étaient même profondément indifférents.
Aucune tendance xénophobe n’inspirait le vote.
Ce fut un Non universel par ras le bol.
Le referendum constituait pour le peuple une merveilleuse opportunité de
désavouer le Gouvernement tant dans sa politique générale que particulière.
C’est surtout cette dernière qui avait à tort ou à raison irrité le citoyen et avait
blessé son habitus conservateur.
Ainsi l’électeur répondit à une quatrième question d’autant plus insidieuse qu’elle
n’avait pas été posée : Etes-vous pour ou contre le Gouvernement en place ?
Dans la chimie complexe du Non, nous trouvons de multiples ingrédients.
La curieuse façon de constituer un Gouvernement en marge des réalités électorales
– l’idiot tramway – le grand dogme de la nouvelle intolérante Eglise du « Bocage » –
le poison du LuxLeaks – l’arrogance de certains Ministres qui font comme s’ils
étaient au-delà du bien et du mal – le problème de l’éducation et le mépris des
professeurs – la manière hautaine de faire passer les gens du Non pour des
demeurés, voire des réactionnaires ... – la colère d’avoir été privé de se prononcer
sur la question de la séparation de l’Eglise et de l’Etat ...
L’archevêque avait la tendre attention de céder et il a, faute de patience, signé un
texte permettant de retirer la quatrième question du vote des électeurs.
2. S’il avait sondé le cœur de ses brebis, il n’aurait pas signé.
Il aurait attendu dans la sérénité un quatrième Non massif et il aurait pu pousser un
hosanna !
Et nous l’aurions eu sur les bras pour une éternité.
Mais voilà.
Nos Ministres ne l’entendent pas ainsi.
Ils se disent fiers d’avoir par un échec cuisant fait avancer la démocratie.
C’était touchant de voir le bourgmestre de la Ville applaudir un Bettel abattu qui
n’en revenait pas.
Et ainsi ils repoussent, pour paraphraser un de mes romanciers préférés, l’idée du
désaveu aussi loin que faire se peut ... pratiquement au bout de leurs orteils et ils
refusent de laisser remonter la vérité à la surface de leur faible conscience politique
afin de ne pas tenter le sort qui déteste adapter les événements aux désirs de
l’homme.
Continuez ainsi.
Vous récolterez bientôt et pour très longtemps un nouveau Non massif pire en
conséquences de toutes sortes que celui qui vient de fouetter vos visages
d’innocents.
Gaston VOGEL
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