1. BANQUE AFRICAINE DE DÉVELOPPEMENT
FONDS AFRICAIN DE DÉVELOPPEMENT
DOCUMENT DE STRATÉGIE
D’INTÉGRATION RÉGIONALE
POUR L’AFRIQUE DE L’OUEST 2011-2015
DÉPARTEMENTS RÉGIONAUX – OUEST (ORWA/ORWB)
DÉPARTEMENT DU NEPAD, DE L’INTEGRATION RÉGIONALE ET DU COMMERCE
(ONRI)
MARS 2011
2. i
TABLE DES MATIÈRES
ACRONYMES ET ABRÉVIATIONS
RÉSUMÉ ANALYTIQUE .................................................................................................................i
I. INTRODUCTION.......................................................................................................................1
II. INITIATIVES CONTINENTALES ET AGENDA AFRICAIN ............................................1
2.1 Progrès régionaux vers l’intégration africaine ..................................................................1
2.2 Autres initiatives continentales touchant la région ..........................................................2
III. CONTEXTE RÉGIONAL ET PERSPECTIVES D´AFRIQUE DE L´OUEST...................2
3.1 Contexte politique, économique et social .........................................................................2
3.2 Objectifs stratégiques régionaux.....................................................................................13
3.3 Principaux défis et opportunités......................................................................................13
3.4 Actions et initiatives actuelles.........................................................................................15
3.5 Coordination de l’aide et autres initiatives de développement .......................................15
3.6 Portefeuille régional de la Banque en Afrique de l’Ouest ..............................................16
IV. STRATÉGIE DU GROUPE DE LA BANQUE POUR LA RÉGION.................................16
4.1 Justification de l’intervention du Groupe de la Banque..................................................16
4.2 Piliers stratégiques, produits livrables et cibles ..............................................................17
4.3 Suivi et évaluation...........................................................................................................21
4.4 Questions liées au dialogue régional et national.............................................................21
4.5 Risques potentiels et mesures d’atténuation ...................................................................22
V. GESTION ET EXÉCUTION...................................................................................................23
5.1 Dispositif institutionnel...................................................................................................23
5.2 Partenariats......................................................................................................................23
5.3 Mécanismes internes de suivi et évaluation....................................................................23
VI. CONCLUSION ET RECOMMANDATION .........................................................................23
ANNEXES
Annexe 1 : Matrice indicative des résultats du Document de stratégie d’intégration régionale pour
l’Afrique de l’Ouest.........................................................................................................4
Annexe 2 : Programme indicatif des opérations régionales et études économiques et sectorielles
pour 2011-2015................................................................................................................2
Annexe 3 : Indicateurs macro-économiques de l’Afrique de l’Ouest................................................4
Annexe 4 : Critères de convergence du programme de coopération monétaire de la CEDEAO.......1
Annexe 5 : Comparaison des coûts logistiques et des délais d’exportation (conteneur de 20 pieds)
en Afrique subsaharienne ................................................................................................1
Annexe 6 : Environnement et changement climatique.......................................................................1
Annexe 7 : Corridors de transport de l’Afrique de l’Ouest et exemples d’organisations de gestion
des corridors.....................................................................................................................1
3. ii
Annexe 8 : Processus du DSIR de l’Afrique de l’Ouest pour la sélection des opérations régionales
en deux étapes..................................................................................................................1
Annexe 9 : Le Nigéria : un pôle de croissance en Afrique de l’Ouest...............................................1
Annexe 10 : Projets énergétiques potentiels identifiés dans le DSIR ..................................................1
Annexe 11 : Liste des projets multinationaux du Groupe de la Banque en Afrique de l'Ouest...........2
Annexe 12 : Matrice des interventions des partenaires au développement en faveur de l’intégration
régionale en Afrique de l’Ouest.......................................................................................4
Annexe 13 : Document de stratégie d’intégration régionale 2011-2015 pour l’Afrique de l’Ouest :
Résultats des consultations avec les parties prenantes de la région.................................3
Annexe 14 : Commerce intra-CEDEAO……………………………………………………………..1
Annexe 15: Document de stratégie de l'intégration régionale pour l'Afrique de l'Ouest 2011-2015,
observations du CODE à la réunion du 5 juillet 2011………………………………………………10
DIAGRAMMES
1. Contexte politique, 2009
2 Croissance du PIB réel
3. Moteurs clés de la croissance, 2009
4. PIB par secteur
Tableau A : Doing Business en 2009 et 2010.
ENCADRÉS
1. Utilisation des sociétés à finalité spécifique pour le renforcement des capacités régionales
de mise en œuvre des projets
Le DSIR est fondé sur les analyses et conclusions d’études de référence et a été produit par une équipe menée par M.
Issa Koussoube (spécialiste en chef – économie, ORWB) et M. Ferdinand Bakoup (spécialiste en chef – économie,
ORWA) ; il est le fruit de consultations avec des acteurs régionaux d’Afrique de l’Ouest, y compris la Commission de
la CEDEAO, la Commission de l´UEMOA, les autorités nationales et les institutions non gouvernementales. Ces
consultations ont été menées pendant les missions de préparation du DSIR et de dialogue organisées respectivement du
15 septembre au 5 octobre 2010, et les 11 et 12 novembre 2010.
L’équipe comprenait : M. Mohamed H’Midouche, représentant résident, SNFO ; M. Jacques Moulot, expert en chef de
l’énergie, ONRI ; Mme
El Iza Mohamedou, chef de l’intégration régionale et responsable Commerce, ONRI.2 ; M.
Samuel Ijeh, économiste principal pays, ORWA ; M. Jian Zhang, macro-économiste principal, ONRI.2 ; M. Gabriel
Mougani, économiste financier principal, ONRI.2 ; M. Issiaka Zoungrana, expert principal Renforcement des capacités,
ONRI ; Mme
Alice Nabalamba, statisticienne principale, ESTA ; M. Jean-Pierre Mutsinzi, ingénieur principal en
énergie, ONEC.1 ; F. Soares Da Gama, Économiste pays supérieur, ORWB, ainsi qu’une équipe de consultants. Mme
Moono Mupotola, Chef de division, ONRI.2, a participé à la mission de dialogue.
Le DSIR a bénéficié des orientations générales de MM. J.K. Litse (Directeur, ORWA), F. Perrault (Directeur, ORWB
de l’époque), et A. Rugamba (Directeur, ONRI).
4. i
ACRONYMES ET ABRÉVIATIONS
ABN Autorité du Bassin du Niger
ABR Table ronde des hommes d’affaires d’Afrique
ACBF Fondation africaine pour le renforcement des capacités
ACTT-CN Autorité de coordination du transport en transit du corridor septentrional
ADLG Autorité de développement du Liptako–Gourma
AEC
AFRISTAT
African Economic Community
Observatoire économique et statistique d’Afrique subsaharienne
AGOA Loi sur la croissance et les possibilités économiques en Afrique
APC Aide pour le commerce
APE Accord de partenariat économique
ASS Afrique subsaharienne
BAD Banque africaine de développement
BCEAO Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest
BIDC Banque d’investissement et de développement de la CEDEAO
BM Banque mondiale
BOAD Banque ouest-africaine de développement
BRICS Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud
BRVM Bourse régionale des valeurs mobilières
CAADP Programme intégré pour le développement de l’agriculture en Afrique
CCRE Centre de coordination des ressources en eau de la CEDEAO
CE Commission européenne
CEA Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique
CEDAW Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes
CEDEAO Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest
CEEAC Communauté économique des États de l’Afrique centrale
CER Communauté économique régionale
CEREEC Centre régional pour l’énergie renouvelable et l’efficience énergétique de la CEDEAO
CIEP Cadre d’investissement dans l’énergie propre
CILSS Comité permanent inter-États de lutte contre la Sècheresse dans le Sahel
CIMA Conférence interafricaine des marchés d’assurance
CLSG
COMESA
Côte-d’Ivoire, Libéria, Sierra Leone, Guinée
Marché commun de l’Afrique de l’Est et de l’Afrique australe
CNUCED Conférence des Nations Unies pour le commerce et le développement
CRMA Gestion du risque climatique et adaptation aux changements
CSRC Cadre stratégique de renforcement des capacités
DAU Document administratif unique
DFID Département britannique du développement international
DSIR Document de stratégie d’intégration régionale
DSP Document de stratégie pays
ECOWAP Politique agricole régionale de la CEDEAO
EPIP Évaluation des politiques et institutions d’un pays
FAD Fonds africain de développement
FAP Fonds africain du pétrole
FCCIAO Fédération des chambres de commerce et d’industrie de l’Afrique de l’Ouest
FEM Forum économique mondial
FEWAMA Federation of West African Manufacturers Association (Fédération des associations manufacturières
ouest-africaines)
FMA Fonds monétaire africain
FODETE Fonds de développement des secteurs des transports et de l’énergie de la CEDEAO
FSA Fonds de solidarité africain
GAO Gazoduc de l’Afrique de l’Ouest
GIRE Gestion intégrée des ressources en eau
IAO Institut de l’Afrique de l’Ouest pour la recherche internationale sur l’intégration régionale et les
transformations sociales
ICM Indice de compétitivité mondiale
5. ii
IDE Investissement direct étranger
IMAO Institut monétaire d’Afrique de l’Ouest
INTELCOM Programme de télécommunications inter-États
MAEP Mécanisme africain d’évaluation par les pairs
MCLI Initiative de logistique du corridor de Maputo
NEPAD Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique
OB Organisme de bassin
OCAL Organisation du corridor Abidjan-Lagos
OGC Organisation de gestion d’un corridor
OHADA Organisation pour l’harmonisation en Afrique du droit des affaires
OIT
OMC
Organisation internationale du travail
Organisation mondiale du commerce
OMD Objectif du Millénaire pour le développement
OMVG Organisation pour la mise en valeur du fleuve Gambie
OMVS Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal
ONRI
ONT
Département de l’intégration régionale et du commerce
Obstacles non tarifaires
ONU Organisation des Nations Unies
OPEV Département de l’évaluation des opérations
OR Opérations régionales
ORVP Complexe des programmes pays et régionaux, et des politiques
ORWA Département régional Ouest A
ORWB Département régional Ouest B
PAA Plan d’action pour l’Afrique
PCAE Politique commune d’amélioration de l’environnement
PDC Programme de développement communautaire
PEAO
PIB
Pool énergétique d’Afrique de l’ouest
Produit intérieur brut
PIDA Programme pour le développement des infrastructures en Afrique
PIS Principaux indicateurs sectoriels
PPP Partenariat public-privé
PStP Profil statistique d’un pays
RASCOM Organisation régionale africaine de communication par satellite
SADC Communauté de développement de l’Afrique australe
SCB Renforcement des capacités statistiques
SFS Société à finalité spécifique
SIR Stratégie d’intégration régionale
SLEC Schéma de libéralisation des échanges de la CEDEAO
SMT Stratégie à moyen terme
SWARIP Support to West Africa Regional Integration Program (Soutien au programme ouest-africain
d’intégration régionale)
SYDONIA Système douanier automatisé
TEC Tarif extérieur commun
TIC Technologies de l’information et de la communication
TRIE Transit routier inter-États
TVA Taxe sur la valeur ajoutée
UA Union africaine
UE Union européenne
UEMOA Union économique et monétaire ouest-africaine
UIT Union internationale des télécommunications
USA
WAEMF
Etats-Unis d’Amérique
West Africa Emerging Market Fund
WAPP Système d’échange d’énergie électrique de l’Afrique de l’Ouest (EEEOA)
ZLE Zone de libre échange
ZMAO Zone monétaire de l’Afrique de l’Ouest
6. i
RÉSUMÉ ANALYTIQUE
1. Introduction. Le présent rapport expose la stratégie du Groupe de la Banque (la Banque)
visant à appuyer les efforts d'intégration régionale de l’Afrique de l'Ouest au cours de la période
2011-2015.
2. Contexte régional. La performance économique de la région s’est traduite par des
améliorations dans la gestion macroéconomique. La récente hausse des prix des matières premières
(notamment du pétrole et des minéraux) a également profité aux pays riches en ressources de
l'Afrique de l’Ouest et a stimulé une croissance plus forte dans la région tout entière. En 2010, la
croissance de 6,2% du PIB réel enregistrée dans la région, était la plus élevée de toutes les CER
africaines. Sur le plan social, il est peu probable que les Objectifs du Millénaire pour le
développement soient atteints dans la région, notamment dans les États fragiles et les pays enclavés.
L’un des facteurs à l’origine des mauvaises conditions sociales de l'Afrique de l’Ouest est le niveau
élevé du chômage, surtout chez les jeunes, qui représentent la majorité de la population (environ les
deux tiers).
3. En dépit de nombreux défis et des réalités régionales, l’intégration a progressé grâce aux
conditions créées par les acquis tels que l’union douanière, la libre circulation des personnes, le
passeport de la CEDEAO, la transformation du Secrétariat de la CEDEAO en une Commission de
la CEDEAO avec un dispositif plus renforcé, auxquelles s’ajoutent la dynamique politique qui
procède de la vision de la CEDEAO, et les richesses naturelles de la région.
4. Stratégie du Groupe de la Banque pour la région. La stratégie de la Banque visant à
appuyer l'intégration régionale en Afrique de l'Ouest repose sur deux piliers, à savoir : i) établir des
liens entre les marchés régionaux et ii) renforcer les capacités pour une mise en œuvre efficace du
programme d'intégration régionale. Cette stratégie s’inspire de la Vision 2020 de la CEDEAO, du
Plan stratégique régional, et des résultats des consultations avec les parties prenantes de la région:
5. Le Pilier I appuiera les investissements dans : i) les infrastructures régionales de transport
(tronçons manquants des réseaux routiers transcôtiers et transsahéliens, la réhabilitation des
corridors routiers prioritaires; navigation fluviale) ; ii) les mesures de facilitation du transport et du
commerce, et iii) la production régionale d’énergie et l'intégration des marchés. Par ailleurs, la
Banque intensifiera son dialogue stratégique sur la mobilisation des ressources pour le transport
ferroviaire.
6. Le Pilier II renforcera les capacités de la CEDEAO/UEMOA, de certaines institutions
régionales et des entités nationales le cas échéant, en vue d’une mise en œuvre plus efficace du
programme d'intégration. Les efforts de la Banque seront principalement orientés vers : i) le
renforcement des capacités d'exécution efficace des politiques et projets régionaux ; ii) le
renforcement des capacités pour l'intégration du secteur financier ; et iii) l'appui aux centres
régionaux de recherche et de formation nécessaires au programme d'intégration.
7. La Banque mènera également un certain nombre d'études visant à élargir la base de
connaissances sur l'intégration régionale en Afrique de l'Ouest.
8. Par ailleurs, la stratégie proposée conduira à de meilleures perspectives pour les secteurs
productifs des économies ouest-africaines et à la création d'emplois, qui constituent des conditions
nécessaires à l’évolution du programme d'intégration et au succès de l’intégration de la région dans
l'économie mondiale.
7. ii
9. Les Départements régionaux pour l'Afrique de l’Ouest A et B, ainsi que le Département de
l’intégration régionale et du commerce de la Banque seront les deux points focaux de la Banque
chargés du suivi de la mise en œuvre du DSIR, avec le soutien actif des bureaux extérieurs. Le
processus de décentralisation en cours renforcera la capacité de la Banque à superviser la mise en
œuvre du DSIR.
10. Recommandation. Les Conseils sont invités à approuver la stratégie proposée dans le
Document de stratégie d'intégration régionale pour l’Afrique de l'Ouest pour la période 2011-2015.
8. 1
I. INTRODUCTION
1.1 Ce rapport présente le cadre d´action
stratégique du Groupe de la Banque africaine
de développement (Banque) en appui à
l’intégration régionale en Afrique de l’Ouest,
région dont les efforts d´intégration des 15
pays1
sont menés par la Communauté
économique des États de l’Afrique de l’Ouest
(CEDEAO). Il ressort que dans l’ensemble,
bien que la CEDEAO ait adopté des protocoles
et politiques en faveur d’une intégration viable,
ce processus ne progresse que lentement.
1.2 Le but de ce Document de stratégie
d´intégration régionale 2011-2015 (DSIR) est
de contribuer à faire avancer l’agenda de
l’intégration et de soutenir les solutions
régionales. Il fournit en particulier un cadre
stratégique pour la sélection et la définition des
priorités des activités analytiques,
opérationnelles et de partenariat de la Banque
visant à soutenir l’intégration régionale en
Afrique de l’Ouest pendant la période 2011-
2015.
1.3 Le DSIR, le premier du genre pour
l’Afrique de l’Ouest, coïncide avec un certain
nombre d’événements importants, qui, pris
collectivement, laissent penser à des ambitions
plus grandes en matière d’intégration régionale
en Afrique de l’Ouest et au niveau de la
Banque. En Afrique de l’Ouest tout d’abord, le
Secrétariat de la CEDEAO est récemment
devenu la Commission de la CEDEAO, avec un
mandat renforcé de promotion de l’intégration
dans la région. Ceci a été suivi par l’adoption,
en juin 2010, de la nouvelle Vision 2020 :
d’une CEDEAO des États à une CEDEAO des
peuples, et plus récemment, d’un Plan
stratégique régional. Ces deux documents
visent à donner un nouvel élan au processus
d’intégration dans la région. Ensuite, au niveau
de la Banque, l’adoption récente de sa Stratégie
d’intégration régionale (SIR) 2009-2012 traduit
l’importance plus grande accordée à
1
Les pays de la région de la CEDEAO sont le Bénin, le Burkina Faso,
le Cap-Vert, la Côte d’Ivoire, la Gambie, le Ghana, la Guinée, la
Guinée-Bissau, le Libéria, le Mali, le Niger, le Nigeria, le Sénégal, la
Sierra Leone et le Togo. Huit de ces pays sont francophones ; cinq sont
anglophones, et deux sont lusophones. En 2010, la population totale de
la région était de 302,69 millions. La région abrite 29,3 % de la
population du Continent
l’intégration. Enfin, ce document reflète un
élargissement du mandat et des ressources
destinées aux opérations régionales dans le
cadre de la reconstitution du FAD-12.
1.4 Le DSIR repose sur i) un certain
nombre d’études de référence dans des
domaines clés de l’intégration régionale
(macroéconomie, corridors de transport, ports,
énergie, gestion des bassins transfrontaliers,
TIC, commerce, et développement du secteur
privé2
; et ii) les missions de préparation et de
consultation effectuées dans la région par la
Banque, telles que l’importante mission de
dialogue menée le 12 novembre 2010 à
Ouagadougou3
.
1.5 À la suite de cette introduction, la
structure du rapport est la suivante : la Section
II décrit les principales initiatives continentales
d’intégration en cours au sein de la CEDEAO.
La Section III analyse les questions
institutionnelles, politiques, économiques,
sociales et environnementales liées à
l’intégration régionale, ainsi que les principaux
défis et opportunités. La Section IV présente la
stratégie d’intégration de la Banque pour la
région durant la période 2011-2015. La Section
V analyse les questions liées à la gestion et à
l’exécution, tels que les mécanismes
institutionnels, les partenariats, ainsi que le
suivi et évaluation. La Section VI propose des
conclusions et recommandations.
II. INITIATIVES CONTINENTALES
ET AGENDA AFRICAIN
2.1 Progrès régionaux vers l’intégration
africaine
La CEDEAO a été créée le 28 mai
1975 pour promouvoir la coopération
économique et l’intégration régionale. En
coordination avec le Plan d’action pour
l’Afrique (PAA) de l’Union africaine (UA), la
CEDEAO conduit et coordonne la mise en
œuvre des programmes du Nouveau partenariat
pour le développement de l’Afrique (NEPAD)
en Afrique de l’Ouest, notamment le
2
Financées par le Fonds fiduciaire japonais.
3
Voir détails en Annexe 17.
9. 2
Programme intégré pour le développement de
l’agriculture en Afrique (CAADP) et le
Programme pour le développement des
infrastructures en Afrique (PIDA). Le PIDA,
qui couvre les besoins d’'investissement en
infrastructure transfrontalière, les politiques et
autres mesures réglementaires accompagnant
ces investissements jusqu'à 2040, est à
approuver par l'Assemblée de chefs d'Etat en
janvier 2012. La CEDEAO sera impliquée dans
le processus de consultation régionale du PIDA
en octobre 2011.
2.2 Autres initiatives continentales
touchant la région
La CEDEAO est activement impliquée
dans d’autres initiatives continentales en cours
ou en gestation, telles que l’Organisation
régionale africaine de communication par
satellite (RASCOM), l’Observatoire
économique et statistique d’Afrique
subsaharienne (AFRISTAT), le Fonds
monétaire africain, le Fonds de solidarité
africain, le Fonds africain du pétrole (en cours
de création), et la Conférence interafricaine des
marchés d’assurance. En collaboration avec le
Groupe d’affaires du NEPAD, la Table ronde
des hommes d'affaires d’Afrique (ABR) et la
Banque, les pays de la CEDEAO participent
aux dialogues sur les politiques afin
d’améliorer le climat des affaires et de
l’investissement en Afrique.
III. CONTEXTE REGIONAL ET
PERSPECTIVES DE L´AFRIQUE DE
L´OUEST
3.1 Contexte politique, économique et
social
3.1.1 Dispositifs institutionnels dans la région
3.1.1.1 Dualité et multiplicité de
l’architecture d’intégration. En Afrique de
l’Ouest, l’architecture institutionnelle est
caractérisée par le clivage entre les pays
anglophones et francophones, et dans une
certaine mesure, les lusophones. En 1994, un
sous-groupe de 8 pays4
a créé l’Union
économique et monétaire ouest-africaine
(UEMOA). Ces pays, à l’exception de la
Guinée-Bissau, partagent le même héritage
français en ce qui concerne leurs systèmes
administratifs et juridiques. Ils ont également
conservé la monnaie commune héritée de
l’indépendance, qui est le Franc CFA. Ils ont
une politique monétaire commune qui est mise
en œuvre par la banque centrale commune, la
Banque centrale des États de l’Afrique de
l’Ouest (BCEAO). Le Trésor français garantie
la convertibilité de la monnaie commune. En
grande partie grâce à ces points communs, les
pays de l’UEMOA ont été en mesure de mieux
progresser en matière d’intégration économique
que le reste de la CEDEAO. Les pays
n’appartenant pas à l’UEMOA, à l’exception
du Cap-Vert, tentent de créer une deuxième
zone monétaire, la Zone monétaire de l’Afrique
de l’Ouest (ZMAO), qui pourrait ensuite
fusionner avec l’UEMOA pour former la zone
monétaire unique de la CEDEAO.
3.1.1.2 La deuxième caractéristique de cet
environnement institutionnel est la multiplicité,
comme en témoigne l’existence de quelque 30
organisations régionales, dont beaucoup sont
liées soit à l’UEMOA, soit à la CEDEAO. Ces
deux blocs tendent à avoir les mêmes
structures, et leurs avancées respectives en
matière d’intégration régionale sont inégales.
Bien que les États membres s’efforcent de
surpasser les différences linguistiques et
géopolitiques dans la région, celles-ci
constituent, malgré tout, des obstacles au
processus d’intégration. Pour les surmonter, il
apparaît donc nécessaire de parvenir à
rationaliser et à coordonner efficacement ce
dense réseau d’institutions régionales. La
convergence des politiques entre la CEDEAO
et l’UEMOA reste un défi immense.
3.1.2 Contexte politique et gouvernance
3.1.2.1 Les principes démocratiques, y
compris la démocratie multipartite, prennent
4
Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger,
Sénégal, et Togo.
10. 3
pied en Afrique de l’Ouest5
. Par rapport à la
décennie précédente, le climat politique dans la
région s’est amélioré. (Diagramme 1). Des
élections (législatives et présidentielles) ainsi
que des referenda ont été organisés ou vont
l’être dans les trois quarts des pays membres de
la CEDEAO au cours de la période 2010 à
2012. Des efforts restent nécessaires pour
renforcer la crédibilité des processus et
institutions politiques, la légitimité des résultats
électoraux, ainsi que pour obtenir une
participation plus inclusive de la population et
de la société civile.
3.1.2.2 La CEDEAO a réalisé des progrès
considérables dans la résolution de conflits de
longue date et est intervenue de manière
proactive pour éviter que de nouvelles tensions
n’évoluent en crises déstabilisatrices. Un
nouveau Mécanisme pour la prévention, la
gestion et le règlement des conflits, la
consolidation de la paix et de la sécurité,
comprenant des protocoles sur la démocratie et
la gouvernance, est en place. Ainsi, la
CEDEAO, en accord avec l’UA, avait suspendu
la Guinée, le Niger et la Côte d’Ivoire à la suite
de coup d’État et de répressions de l’opposition
dans ces pays. La Guinée a organisé des
élections démocratiques en fin 2010 et a,
depuis, été réintégrée dans les deux
organisations. Le Niger est également revenu à
la démocratie. Cependant, la région demeure
fragile et des retournements de situation ne sont
pas à exclure. A cet égard, la récente crise des
élections présidentielles en Côte d’Ivoire et ses
répercussions constituèrent des défis politiques
qui avaient fait renaître des inquiétudes pour la
paix et la stabilité au sein de la CEDEAO.
3.1.2.3 En matière de gouvernance, depuis la
création du Mécanisme africain d’examen par
les pairs (MAEP) en 2003, les pays ouest-
africains : Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire,
Ghana, Liberia, Nigeria, Sénégal et Togo ont
adhéré. Certains d’entre eux ont également pris
5
Le Cap-Vert, le Ghana, et le Mali ont ouvert la voie à la
gouvernance démocratique avec l’alternance politique et une
gestion économique prudente. Le Togo et le Bénin, ainsi que les
pays sortant d’un conflit, tels que le Liberia et la Sierra Leone, ont
mené à bien des élections. Cependant, les États fragiles de la région
devront continuer à renforcer la confiance pour maintenir la paix et
consolider les fondations de la démocratie et du développement.
des mesures pour intégrer les processus du
MAEP dans leur gestion du secteur public et
leurs politiques nationales.
Source : Département de la statistique de la
BAD sur base de données du FEM, 2010.
3.1.3 Considérations particulières
3.1.3.1 L’Afrique de l’Ouest est une région
complexe, tant politiquement que
culturellement, du fait de sa diversité de
religions et de dialectes, ainsi que des vestiges
des systèmes coloniaux renforcés par le clivage
linguistique. Au rang des autres caractéristiques
de la région, figurent les abondantes ressources
humaines, territoriales, énergétiques (pétrole et
gaz) et minérales ; la prédominance du Nigeria,
qui représente respectivement 50 et 68 % de la
population et du PIB de la région (voir Annexe
9) ; la taille modeste des autres marchés
nationaux et l’accès limité au marché des trois
pays enclavés (Burkina Faso, Mali et Niger) ;
ainsi que la fragilité6
politique et économique
qui persiste dans la période post-conflit en
raison des niveaux élevés de la pauvreté et des
inégalités sociales (près de 60 % de la
population continue à vivre avec moins de 1
dollar EU par jour).
3.1.3.2 Malgré ces complexités intrinsèques,
la mobilité de la population est relativement
plus facile en Afrique de l’Ouest que dans les
autres régions du continent. Cette situation est
due en partie aux politiques mises en œuvre par
la communauté (adoption de règlementations
encourageant la libre circulation des personnes,
délivrance d’un passeport CEDEAO, etc.), et
pour une autre partie à des facteurs historiques
et culturels, découlant notamment de
6
Six des quinze pays de la CEDEAO sont classés parmi les États
fragiles : Togo, Côte d’Ivoire, Sierra Leone, Liberia, Guinée et Guinée-
Bissau.
11. 4
l´existence des grands empires précoloniaux.
D’une façon générale, le tissu social de la
région est porteur tout à la fois d’opportunités
et de défis pour le processus d’intégration
régionale.
3.1.3.3 Les infrastructures et les ressources
naturelles du Liberia, de la Sierra Leone, de la
Guinée et de la Guinée-Bissau ont souffert des
conflits qui ont affecté ces pays au cours des
deux dernières décennies. Le Cap-Vert, le seul
pays insulaire de l’Afrique de l’Ouest, prend
plus activement7
part aux activités de la
CEDEAO ces dernières années, tout en ayant
des initiatives indépendantes avec l’Union
européenne (UE).
3.1.4 Contexte économique
3.1.4.1 Performances en matière de
croissance. La croissance dans l´espace
CEDEAO a été relativement forte au milieu de
la dernière décennie. Le taux de croissance du
PIB réel était supérieur à 5 % en 2004 et 2005,
et a atteint près de 6 % en 2007, avant de
baisser en 2009 du fait de la crise économique
mondiale. La croissance est repartie á la hausse
en 2010 (Diagramme 2). Le retour de la hausse
des prix des produits de base (en particulier du
pétrole et des minerais) a bénéficié aux pays
ouest-africains riches en ressources naturelles8
et a stimulé la croissance dans l’ensemble de la
région. Celle-ci a enregistré un taux de
croissance du PIB réel de 6,7 % en 2010, taux
le plus élevé parmi les cinq communautés
économiques régionales (CER) de l’Afrique9
.
3.1.4.2 L’investissement direct étranger (IDE)
en Afrique de l’Ouest a naturellement été
affecté par la récente crise économique et
financière. Après plusieurs années de
croissance soutenue, l’afflux d’investissement
en Afrique de l’Ouest a chuté de près de 10 %
entre 2008 et 2009, pour s’établir à 10 milliards
de dollars EU. Les flux d’IDE vers l’Afrique de
l’Ouest sont principalement concentrés sur les
7
Il accueille, en particulier, l’Institut de l’Afrique de l’Ouest pour la
recherche internationale sur l’intégration régionale et les
transformations sociales (IAO) et le Centre régional pour l’énergie
renouvelable et l’efficience énergétique de la CEDEAO (CEREEC).
8
Nigeria, Ghana, Côte d’Ivoire, Niger et Guinée.
9
Rapport annuel 2010, BAD.
secteurs des ressources naturelles (pétrole et
gaz, or, minerai de fer, magnésium, bois) et les
pays riches en ressources.
3.1.4.3 Perspectives économiques. Bien que
les économies africaines aient émergé de la
crise mondiale et que l’expansion devrait se
poursuivre, il subsiste des risques majeurs
quant aux perspectives économiques du
continent. Il y a en particulier des risques liés
aux moteurs de la reprise mondiale (la demande
de minerais et des hydrocarbures) et à la
situation du marché alimentaire mondial. Pour
l’Afrique de l’Ouest, la récente crise politique
en Côte d’Ivoire et les difficultés subséquentes
risquent d’avoir des répercussions au niveau
régional (en particulier dans des pays comme le
Burkina Faso, le Mali et le Niger) en affectant
négativement les transferts financiers, les
investissements, le commerce ainsi que les
réserves de devises de la BCEAO. En revanche,
les effets de rattrapage du processus de retour à
la normale en cours en Côte d’Ivoire pourraient
aider à stimuler les perspectives de croissance.
Source : Département de la statistique de la
BAD, Perspectives économiques africaines,
avril 2011.
3.1.4.4 Performance et gestion
économiques. Les performances économiques
de la région reflètent les progrès en matière de
gestion macroéconomique sur la période 2000-
2009. Malgré des fluctuations dues aux effets
du changement climatique sur l’agriculture,
l’inflation est restée sous contrôle ; la discipline
fiscale a été mitigée ;; l’épargne et
l’investissement, en pourcentage du PIB, ont
progressé ; et la dette extérieure a baissé (voir
Annexe 3). Cependant, la grande diversité des
performances macroéconomiques dans la
12. 5
région constitue un frein à l’intégration et à la
convergence des politiques (voir paragraphe
suivant). En ce qui concerne les opérations
financières de l’État, alors que le Ghana, la
Guinée-Bissau et la Gambie enregistrent des
déficits budgétaires annuels moyens
respectivement à 6,9 %, 6,4 % et 4,4 % du PIB,
le Nigéria, le Niger et le Liberia affichent des
excédents annuels moyens de 1,7 %, 1,6 % et
0,5 %, respectivement. La composition des
recettes et des dépenses publiques reflètent
également d’importantes variations régionales.
Néanmoins, et de manière frappante en 2010,
l’Afrique Centrale et de l’Ouest ont été les
seules régions à dégager un excédent
budgétaire, à hauteur de 2,9 % et 0,6 % du PIB,
respectivement10
. Egalement en 2010, la
situation du compte courant extérieur s’est
améliorée, avec un excédent en hausse de
1,4 % à 4,6 % du PIB.
3.1.4.5 Convergence et harmonisation des
politiques macroéconomiques.
L’harmonisation des politiques reste
globalement faible, même si l’UEMOA peut se
prévaloir de progrès plus importants que
l´ensemble plus vaste qu´est la CEDEAO. Dans
la perspective de l’avènement d’une zone
monétaire unique d’ici 2020 lancée par la
CEDEAO, six pays n’appartenant pas à
l’UEMOA ont lancé, en avril 2000, une
initiative visant à mettre en place une deuxième
union monétaire et une autre monnaie
commune (l’Eco) à côté du franc CFA de
l’UEMOA. Le but ultime est d’ensuite
fusionner l’Eco et le franc CFA afin de créer
une monnaie unique stable pour l’ensemble de
l’Afrique de l’Ouest à la date cible. L’Afrique
de l’ouest a donc actuellement trois séries de
critères de convergence11
- une pour
l’UEMOA, une pour la ZMAO et une autre
pour la CEDEAO. La Banque fournit à la
CEDEAO une aide pour l’harmonisation des
trois séries de critères.
3.1.4.6 Les performances des deux blocs ont
été généralement insuffisantes pour la plupart
des principaux critères de convergence. Les
10
Rapport annuel 2010, BAD.
11
Voir Annexe 4 pour les détails sur les critères principaux et
secondaires.
résultats obtenus pour le critère relatif au
financement du déficit budgétaire par la
banque centrale ont été remarquables, les pays
de l’UEMOA s´étant tenus au principe de non-
financement tout au long de la décennie, et la
plupart des pays de la ZMAO ont le plus
souvent atteint leurs objectifs. Par contre, pour
les trois autres critères principaux, les
performances ont été mitigées. Sept des quinze
pays de la CEDEAO ont obtenu des résultats
relativement satisfaisants pour le critère relatif
au ratio du déficit budgétaire par rapport au
PIB, tandis que les autres y ont constamment
failli.
3.1.4.7 En ce qui concerne l’intégration
monétaire, la zone de l’UEMOA a bien
progressé. Cependant, l’intégration au sein de
la ZMAO et de la CEDEAO dans son ensemble
est à peine allé au-delà des intentions
politiques. Diverses évaluations des actions des
pays membres pour satisfaire les critères
montrent un engagement aléatoire et faible vis-
à-vis des programmes. De façon générale, il
semble qu’au sein des pays de l’UEMOA, il
existe une aversion latente au risque d’adhésion
à l’intégration monétaire dans le cadre plus
large de la CEDEAO.
3.1.4.8 Principaux moteurs de la croissance.
S´appuyant sur la l’augmentation de la
production de gaz et de pétrole, le Nigeria, plus
grande économie de l’Afrique de l’Ouest, a
enregistré une croissance de son PIB réel
d’environ 8,1 % en 2010. En outre, le pays
possède la part la plus importante du PIB
régional hors produits de base, suivi par la Côte
d’Ivoire et le Ghana. Les taux de croissance du
Ghana, de la Côte d’Ivoire et du Niger sont
stimulés par les investissements dans les
secteurs pétrolier et minier. Le secteur agricole,
qui est le pilier de la plupart des économies de
la région, s’est lui aussi bien comporté en 2010
grâce à une bonne pluviométrie et aux
politiques mises en œuvre par les pays. La
répartition sectorielle de la croissance montre
cependant que, même si le secteur agricole
demeure important, les services commencent à
occuper une place croissante (Diagramme 4).
Le secteur manufacturier, qui joue un rôle
majeur dans le développement économique et
13. 6
le bien-être social, reste limité et peu
développé. La spécialisation étant faiblement
développée en Afrique de l’Ouest, une
régionalisation des chaînes de valeur est
essentielle pour une croissance soutenue. Mais,
l’un des signaux encourageants est le fait
qu’environ 60 % de l´enveloppe mondiale de
l’exploration minière a été dépensé dans la
seule Afrique depuis 1997, pour l’essentiel
dans la région de la CEDEAO. La demande de
minerais et hydrocarbures, l’IDE, une
pluviosité favorable, ainsi que l’aide au
développement continueront à être les
principaux moteurs de la croissance
(Diagramme 3).
Source : Département de la statistique de la BAD, avril 2011.
3.1.4.9 Intégration financière et
monétaire. Dans l’ensemble, le marché
financier de l’Afrique de l’Ouest est étroit et
peu profond, avec de très faibles interactions
entre les sous-marchés tant de l´UEMOA que
hors-UEMOA. Alors que les pays de
l’UEMOA ont progressé de façon
satisfaisante,12
un des défis clés est d´avancer
l’intégration des marchés financiers au sein de
la CEDEAO. Des efforts seront nécessaires
dans plusieurs domaines, notamment
l’intégration des infrastructures juridiques,
réglementaires et des paiements. L’assistance
fournit par la Banque dans le domaine de
l’intégration du secteur financier complète les
programmes des autres partenaires au
développement, y compris le FMI et la Banque
mondiale. L’intégration avec le seul marché
financier nigérian, étant donné sa taille,
constituera un pas énorme en direction de
l’intégration financière de l’Afrique de l’Ouest.
Conscientes de la situation, les autorités
nigérianes ont fait de l’intégration financière
l’un des piliers de leur Stratégie 2020 pour le
secteur financier. Des actions sont actuellement
en cours pour intégrer la Bourse nigériane des
valeurs et la Bourse régionale de valeurs
mobilières (BRVM) d’Abidjan, avec la Bourse
du Ghana, y compris la cotation croisée
mutuelle et le commerce des valeurs. Le
potentiel d’investissements dans des
portefeuilles transnationaux par les institutions
de la CEDEAO et les particuliers est élevé, en
cas d’intégration des trois principales bourses,
mais le chemin vers une intégration totale est
encore long.
3.1.4.10 La création d’une monnaie unique,
par exemple, a été repoussée à diverses
reprises, avant l’adoption en 2009 de la Feuille
de route pour le programme 2009-2020 de la
monnaie unique de la CEDEAO. Janvier 2015
est maintenant la nouvelle date fixée pour la
réalisation effective de la deuxième union
monétaire, la ZMAO. En dépit de l’engagement
des parties prenantes régionales à cette
initiative ainsi qu’aux calendriers y afférents, la
mise en œuvre de la feuille de route semble
connaître des difficultés liées à la coordination
et à l’insuffisance des capacités de certaines
12
Le sous-groupe possède une banque centrale unique, la BCEAO,
qui dirige la politique monétaire pour l’ensemble du sous-groupe. Il
dispose également d’un unique régulateur bancaire, d’un système de
paiement unifié et d’une bourse régionale, la BRVM. Cependant, des
difficultés demeurent, notamment la lenteur du financement du secteur
privé. Malgré son financement des entités du secteur public, la BRVM
n’a attiré qu’un petit nombre d’entreprises privées depuis le début de
ses activités en 1998. Les autorités de la BRVM envisagent une série de
réformes pour revitaliser sa contribution dans le financement de
l’économie régionale.
14. 7
institutions chargées des activités qui en
découlent.
3.1.5 Commerce
3.1.5.1 Le ratio commerce/PIB de la région
est passé de 45 % en 1981 à 71 % en 2000, puis
68 % en 2008. Les exportations sont très
concentrées dans la région, les 10 premiers
produits représentant généralement plus de
80 % des exportations totales. Malgré
l’ambition de réaliser un marché commun
CEDEAO, l’intensité des échanges intra-
régionaux entre les États membres reste au très
modeste niveau de 10 % des échanges totaux
(20 % pour les pays enclavés)13
. Elle représente
néanmoins une augmentation importante au
cours du temps et place la communauté devant
certaines CER d’Afrique. De plus, le faible
niveau d’échanges intra-régionaux enregistré
est à prendre avec précaution, dans la mesure
où le commerce informel ou non enregistré
domine dans la région, surtout pour les produits
agricoles et de l’industrie légère,
principalement commercialisés par des
femmes. Le volume des échanges intra-
régionaux informels est estimé à environ 15 %
du commerce total14
, et varie de 1,7 % au Mali
à 92 % au Bénin. Il apparaît également que les
échanges commerciaux informels sont plus
intenses dans les pays ayant des frontières
communes avec le Nigeria et le Ghana. Pour
une meilleure connaissance du commerce
informel, la Banque a conseillé à la CEDEAO
de poursuivre ses travaux en cours sur ce
problème structurel.
3.1.5.2 Libéralisation du commerce. La
CEDEAO a lancé un schéma de libéralisation
des échanges (SLEC) en 1990 et prévoyait
d’évoluer vers une union douanière disposant
d’un tarif extérieur commun (TEC) d’ici
2008. Malgré des difficultés de mise en œuvre,
une zone de libre échange (ZLE) a été mise en
place, et les droits de douane sur les produits
des États membres ont été supprimés au sein de
la communauté. Cependant, des procédures
complexes en matière des règles d’origine, de
systèmes et procédures douaniers discordants,
13
L’annexe 14 présente le commerce bilatéral intra-
CEDEAO dans les détails.
14
Sur base d’une étude partielle réalisée par la CEDEAO.
des difficultés liées aux assurances et cautions
de garantie des marchandises en transit, et
autres obstacles non tarifaires (ONT), tels que
des barrages routiers et des demandes de
paiements informels, font obstacle à la
réalisation des objectifs de la ZLE. Les pays de
l’UEMOA ont quant à eux créé leur propre
Union douanière, en adoptant un TEC en
janvier 2000 et une Convention sur le transit
routier inter-États, qui a permis la mise en place
d’un système d’assurance transfrontalier.
L’UEMOA a également avancé dans
l’harmonisation de la fiscalité intérieure avec
une TVA allant de 18 à 20 % et des droits
d’accise. Malgré ces avancées, l’Union
douanière de l’UEMOA est confrontée à des
difficultés de mise en œuvre, ses membres ne
parvenant pas à s’accorder sur le recouvrement
du TEC aux points d’entrée dans la
communauté, et non aux frontières de chaque
pays. Pour dynamiser le commerce intra-
CEDEAO, les ONT qui entravent la libre
circulation des marchandises devraient être
supprimés et les négociations sur le TEC
menées à leur terme. Afin de contenir ces
obstacles, un Observatoire régional des
pratiques anormales a été créé, mais il lui reste
encore un long chemin à parcourir pour faire la
preuve de son efficacité, mais les débuts sont
encourageants.
3.1.5.3 Au plan mondial, l’attention est
actuellement centrée sur le processus d’aide
pour le commerce de l’OMC (ApC) et sur les
accords de partenariat économique (APE) avec
l’UE. Les principaux enjeux de la négociation
avec l’UE ont trait i) à la compensation à court
terme des pays de la CEDEAO pour les
possibles pertes de recettes dues à la réduction
des droits de douane sur les produits de l’UE ;
ii) au statut de la nation la plus favorisée pour
les pays de la CEDEAO ; et iii) au soutien de
l’UE pour le renforcement des capacités de
production des pays de la CEDEAO, afin
d’améliorer leur compétitivité dans l´espace
commercial UE-CEDEAO. Toutefois, la Côte
d’Ivoire et le Ghana ont signé des APE
provisoires avec l’UE.
3.1.5.4 La Loi sur la Croissance et les
opportunités en Afrique (AGOA), promulguée
par les États-Unis, constitue également un
15. 8
processus commercial important qui intéresse
les pays de la CEDEAO. L’implication
croissante de la Chine dans la région, et en
Afrique, est une autre évolution d’importance.
En réponse, la Commission de la CEDEAO
intensifie le dialogue entre la CEDEAO et la
Chine, en organisant notamment des
événements tels que les Forums économiques et
commerciaux Chine-CEDEAO. Ces initiatives
présentent des opportunités et des défis qui
doivent être pris en compte de façon adéquate
tant au niveau national que communautaire.
3.1.6 Climat des affaires et compétitivité
3.1.6.1 Structure du secteur privé. Le
secteur privé national de l’Afrique de l’Ouest
comprend principalement de PME. Le Nigeria
compte la plus forte concentration de grandes
sociétés et on les retrouve surtout dans le
secteur bancaire, les télécommunications et le
secteur industriel. Aussi, 11 des 12 sociétés de
l’Afrique de l’Ouest qui affichent une
capitalisation boursière de plus d’un milliard de
dollars EU, sont des sociétés nigérianes, dont 7
relèvent du secteur bancaire. Sur les 50 plus
grandes sociétés d’Afrique de l’Ouest, 44 sont
également des sociétés nigérianes.
3.1.6.2 Climat des affaires. Il reste beaucoup
à faire pour améliorer le climat des affaires.
Selon le rapport Doing Business 2010 de la
Banque mondiale, plus des deux tiers (11 sur
15) des pays de la CEDEAO se classaient dans
le quintile inférieur des 183 pays évalués ; 3
dans le quatrième quintile et un seul (le Ghana)
dans le troisième – aux alentours de la médiane.
Lorsqu’on compare les seuls pays africains, le
Ghana reste le mieux classé (Tableau A).
Parallèlement aux efforts de réformes réalisés
individuellement par les pays, des initiatives
sont en cours pour harmoniser le droit des
affaires et les procédures au sein de la
CEDEAO afin de faciliter le commerce
transfrontalier. À cet égard, le Traité de
l’OHADA (Organisation pour l’harmonisation
du droit des affaires en Afrique), auquel
participent l’ensemble des pays de l’UEMOA,
ainsi que la Guinée, est remarquable. Avec
l’adoption des Actes uniformes15
, l’OHADA a
15
Acte uniforme portant sur le droit commercial général ; Acte uniforme
relatif au droit des sociétés commerciales et du groupement d’intérêt
apporté une contribution décisive à
l’intégration régionale en transférant
l’élaboration et la mise en application d’un
droit des affaires harmonisé des autorités
nationales à une entité supranationale. Elle a
également permis à la Cour commune de
représenter l’instance judiciaire finale pour les
cas litigieux en droit des affaires, même s’il
subsiste des difficultés en raison de frictions
occasionnelles entre les tribunaux nationaux et
la Cour commune. Prenant appui sur l’initiative
de l’OHADA, la CEDEAO travaille
actuellement à l’harmonisation des droits des
affaires, notamment à l’adoption d’un cadre
régional pour les politiques d’investissement et
d’une politique régionale de concurrence. En
résumé, il est clair que la CEDEAO devrait
intensifier ses efforts en matière
d’harmonisation des affaires dans le but de
promouvoir le secteur privé.
3.1.6.3 Compétitivité. Les facteurs liés à
l’offre, notamment les infrastructures et les
compétences, aggravent les effets du difficile
climat régional des affaires et constituent de
puissants obstacles à la compétitivité. Pour
l’Indice de compétitivité mondiale 2010 (ICM),
le groupe des neuf pays de la CEDEAO16
dans
leur ensemble obtiennent une note moyenne de
3,50, qui les classe 120e
sur 139 pays dans le
quintile inférieur. Le pays le mieux classé est la
Gambie (90e
) mais tous les autres se situent
dans le quartile inférieur. Tous les pays de la
CEDEAO de la liste, à l’exception du Cap-
Vert, sont encore au stade de développement
économique où les « exigences de base » 17
déterminent la compétitivité. La CEDEAO
devrait donc réaliser de meilleures
performances au niveau des exigences de base
pour dynamiser sa compétitivité. Au-delà des
piliers utilisés pour évaluer l’ICM, l’analyse
des facteurs propres à chaque secteur ci-
économique ; Acte uniforme portant organisation des suretés ; Acte
uniforme portant organisation des procédures simplifiées de
recouvrement et des voies d’exécution ; Acte uniforme portant
organisation des procédures collectives d’apurement du passif ; Acte
uniforme relatif au droit de l’arbitrage ; Acte uniforme portant
organisation et harmonisation des comptabilités des entreprises ; Acte
uniforme relatif aux contrats de transport de marchandises par route.
16
Bénin, Burkina Faso, Cap-Vert, Côte d’Ivoire, Gambie, Ghana,
Mali, Nigéria,et Sénégal.
17
Institutions, infrastructures, environnement macroéconomique, santé
et éducation primaire.
16. 9
dessous montre l’ampleur des contraintes qui
entravent la compétitivité dans la région.
3.1.6.4 Transport et logistique. Selon l’indice
de performance de la logistique (IPL), les
services de transport de l’Afrique de l’Ouest
présentent le plus faible niveau de qualité (IPL :
2,19) de toutes les régions de l’Afrique (2,27-
2,73), comme du reste du monde (3,01-3,99).
De plus, les coûts des services de transport sont
beaucoup plus élevés dans les pays enclavés
(voir Annexe 5). En plus de la mauvaise qualité
des infrastructures routières existantes, les
liaisons routières correspondent toujours aux
anciennes routes Nord-Sud du commerce des
matières premières de l´époque coloniale. Les
axes est-ouest qui favoriseraient davantage le
développement du commerce intra-africain
restent insuffisants. Il existe également des
possibilités de restaurer la navigation fluviale
dans le cadre d’un système intégré de transport
de surface.
3.1.6.4.1 Sur les quinze pays de la CEDEAO,
onze possèdent des systèmes ferroviaires,
présentant différents niveaux de capacité et
d’efficacité. A de rares exceptions près, ils ne
sont pas interconnectés et utilisent des
écartements différents.18
Une étude réalisée
avec le soutien de la Banque, sur l’inter-
connectivité ferroviaire (2008) a défini les
priorités pour la construction de 17 lignes
ferroviaires d’interconnexion identifiées dans le
Plan directeur ferroviaire de la CEDEAO et a
indiqué ceux qui pourraient être des candidats à
la participation du secteur privé ou au
partenariat public-privé. Les lignes ont été
retenues selon les critères ci-après : i) viabilité
économique et financière ; ii) faisabilité
technique ; iii) impacts environnementaux et
sociaux potentiels, y compris la réduction de la
pauvreté ; et iv) impacts sexospécifiques
potentiels. Deux de ces lignes (B2, Kaya-Dori-
Niamey) ; et B1, Bamako-Bougouni-
Ouangolodougou) – font aujourd’hui l’objet
d’études de conception détaillées, avec l’appui
de l’UE et d’autres donateurs. Les autorités
régionales mobilisent également des fonds pour
des études détaillées sur d’autres lignes, telles
que Ouangolodougou-Sikasso-Bougouni-
18
Écartement métrique (1 000 mm) ; écartement sud-africain (1 067
mm), et écartement standard (1 435 mm).
Bamako (Côte d’Ivoire-Mali) ; Niamey-Dosso-
Kaura Namoda (Niger-Nigeria) ; et Niamey-
Dosso-Parakou (Niger-Bénin).
3.1.6.4.2 Le transport aérien régional
n’est pas en état de satisfaire la demande
régionale croissante. La mise en œuvre
effective de l’Accord de Yamoussoukro sur la
libéralisation du transport aérien et
l’amélioration de la sécurité devraient
constituer les principaux domaines de
concentration des efforts régionaux.
Tableau A
Doing Business en 2009 et 2010
Pays
Rang
2009
Rang
2010
Évolution
de la
position
(▼)
Afrique de l’Ouest
Bénin 41 41 ►
Burkina Faso 25 26 ▲
Côte d’Ivoire 37 40 ▲
Cap-Vert 24 18 ▼
Ghana 8 6 ▼
Guinée 42 47 ▲
Gambie 23 25 ▲
Guinée-Bissau 49 44 ▼
Libéria 27 30 ▲
Mali 29 28 ▼
Niger 43 42 ▼
Nigéria 15 21 ▲
Sénégal 30 27 ▼
Sierra Leone 26 24 ▼
Togo 35 35 ►
Source : Département de la statistique de la BAD, sur base des
données Doing Business de la BM
3.1.6.4.3 Infrastructures et
fonctionnement des ports. Malgré des
améliorations récentes, la plupart des ports
d’Afrique de l’Ouest ne disposent pas de la
profondeur nécessaire à l’accueil de grands
porte-conteneurs (1 000-2 200 EVP). Plusieurs
pays de la région envisagent d’élargir leurs
ports. Toutefois, étant donné que la région ne
représente qu’environ 1% du trafic mondial des
conteneurs, les investissements portuaires
actuels et futurs doivent être coordonnés et
rationalisés pour éviter une sur-expansion des
capacités qui serait économiquement
préjudiciable. Le rôle croissant que joue le
secteur privé en matière d’investissement dans
les ports et leur gestion en Afrique de l’Ouest,
réduit certainement les risques de
surinvestissement durable.
17. 10
3.1.6.5 En ce qui concerne les TIC, les
systèmes nationaux sont en place, mais peu de
choses le sont au niveau régional. Les
institutions régionales pourraient améliorer
considérablement leur efficacité et productivité
en utilisant les TIC en soutien au commerce,
aux douanes, à l’immigration, aux transports et
à l’énergie. La CEDEAO s´attaque au défi du
développement d’infrastructures TIC
régionales, en i) mettant en œuvre le
programme INTELCOM II, avec la
construction d’infrastructures à large bande et
la pose de câbles sous-marins ; et ii)
harmonisant les politiques des
télécommunications/TIC et les cadres
réglementaires.19
Malgré ces avancées, pour
atteindre un niveau moderne de connectivité,
des investissements importants seront
nécessaires tant de la part du secteur privé que
public. La Banque appuie ces efforts,
notamment par le financement du Projet Main
One de câble sous-marin20
.
3.1.6.6 Le potentiel de production d’énergie
de la région est essentiellement concentré au
Nigeria (pétrole et gaz), Guinée (hydro), Côte
d’Ivoire (pétrole et gaz), Ghana (pétrole et gaz),
Niger (uranium), et Bénin et Togo (hydro) ;
ainsi que dans les bassins hydrographiques
partagés de l’Organisation pour la mise en
valeur du fleuve Gambie (OMVG), de
l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve
Sénégal (OMVS), de la rivière Volta et de
19
Dans le cadre d’INTELCOM II, des études ont été réalisées avec
l’assistance de l’Union internationale des télécommunications (UIT) en
vue de la réalisation des liaisons suivantes : Burkina Faso-Niger,
Burkina Faso-Bénin, et Burkina Faso-Ghana. De plus, une étude a été
entreprise en 2009 avec l’aide de la Banque mondiale afin d’explorer la
possibilité de tirer parti de l’éventuel surplus de capacité de fibres dans
le réseau électrique du Pool énergétique de l’Afrique de l’Ouest
(WAPP) pour améliorer la connectivité de la région. Le WAPP fait
partie du programme de connectivité régionale en Afrique de l’Ouest de
la Banque mondiale. Un financement de l’Union européenne (UE) en
faveur du WAPP a également été obtenu dans le cadre d’un accord de
contribution UE-CEDEAO, et une étude de faisabilité a été réalisée en
vue, entre autres, l’interconnexion des pays suivants : Guinée-Bissau,
Guinée, Mali, Sierra Leone, Liberia et Côte d’Ivoire.
20
Le projet, qui consiste à poser 7 000 km de câble à fibre
optique sous-marin qui relie Seixal au Portugal, à Accra au
Ghana et Lagos au Nigeria, avec des unités de connexion aux
îles Canaries, Maroc, Sénégal et Côte d'Ivoire, devra conduire à
une meilleure connectivité régionale et internationale et à la
réduction du coût des communications en Afrique de l'Ouest.
En mai 2009, la Banque a approuvé un prêt du secteur privé
d'un maximum de 60 millions de dollars EU pour contribuer au
financement de ce projet. Le promoteur principal du projet est
Main Street Technologies, une société nigériane.
l’Autorité du Bassin du Niger (ABN). La
région dispose également d’un énorme
potentiel en énergie solaire et éolienne, d’où la
création au Cap-Vert du Centre régional pour
l’énergie renouvelable et l’efficience
énergétique de la CEDEAO (CEREEC).
Malgré ces richesses énergétiques, la
consommation électrique par habitant de la
région est l’une des plus faibles au monde
(moins de 150 kilowattheures par habitant),21
et
le taux d’accès des ménages n’est que de 20 %
(40% en zones urbaines et 6 à 8 % en zones
rurales). La capacité installée actuelle est de
10.640 mégawatts, dont seuls 60 % environ
sont en état de répondre à la demande déjà
comprimée, qui s’élève à quelques 6.500
mégawatts. Environ 56 % de cette capacité
installée se trouve au Nigeria, 17 % au Ghana
et 13 % en Côte d’Ivoire. D’ici 2020, la
demande devrait atteindre 22.000 mégawatts,
ce qui souligne tout le défi énergétique auquel
est confrontée la région. L’amélioration de la
production et l’intégration des marchés auront
d’importantes retombées économiques et
sociales au sein de la région.
3.1.6.7 Il importe donc d’encourager
l’émergence d’un marché énergétique régional
par l´interconnexion des réseaux électriques
nationaux. Cela permettrait à la région de tirer
parti de son potentiel de production d’énergie et
d’accroître son taux de couverture. Les efforts
régionaux en matière de production et
d’interconnexion aideront également à réduire
les coûts énormes de production et de transport
de l’énergie pour des pays dont les capacités
financières restent limitées.
3.1.6.8 Autres facteurs affectant la
compétitivité. Les autres facteurs affectant la
compétitivité de la région sont l’absence de
régime et de sécurité fonciers, et le manque de
prévisibilité et de transparence dans la gestion
des ressources minières. Pour atténuer certaines
contraintes de compétitivité régionale, la
Commission de l’UEMOA met en œuvre, avec
le soutien de donateurs, le programme de mise
21
À titre de comparaison, la consommation d’énergie par
habitant en kilowattheures est d’environ 500 en Afrique subsaharienne,
650 en Asie du Sud, 1 600 en Asie de l’Est et Pacifique, 1 850 au
Moyen-Orient et Afrique du Nord, 2 200 en Amérique latine et
Caraïbes, et 4 500 en Europe et Asie centrale.
18. 11
à niveau, qui vise à renforcer les capacités des
entreprises privées. À ce jour, quelques 115
entreprises privées ont pris part à ce
programme.
3.1.7 Contexte social
3.1.7.1 Le revenu moyen par habitant de la
CEDEAO était de 867 dollars en 2009 – le plus
faible de toutes les régions de l’Afrique.22
En
outre, ce chiffre masque les différences intra-
régionales et l’écart important entre les revenus
urbains relativement élevés et le niveau très bas
des revenus ruraux. Environ 60 % de la
population rurale de la CEDEAO vit avec 1
dollar EU par jour. La région a peu de chances
d’atteindre l’objectif du millénaire pour le
développement (OMD) de réduction de la
pauvreté à 35 % d’ici 2015. C’est en particulier
le cas pour les États fragiles et les pays
enclavés de la région.
3.1.7.2 D’autres manifestations des mauvaises
conditions sociales en Afrique de l’Ouest sont
notamment : une faible espérance de vie (48
ans en 2009), un taux élevé de mortalité
infantile (95,8 pour mille) et un taux élevé de
morbidité infantile (160,7 pour mille). La
région connaît encore une forte incidence de
maladies endémiques, tels que le paludisme, le
choléra, la fièvre typhoïde et la tuberculose. Le
VIH/SIDA représente également un lourd
fardeau, en particulier pour les jeunes et la
population en âge de travailler.23
De plus,
63,6 % de la population de la CEDEAO n’avait
pas d´accès à l’eau potable en 2008. En ce qui
concerne l’éducation, plus de 45 % de la
population adulte est illettrée, contre 39 % en
Afrique sub-saharienne. Au rythme actuel, la
majorité des pays de la CEDEAO risquent de
ne pas réaliser l’OMD de l’éducation
universelle pour les filles et les garçons d’ici
2015.
3.1.7.3 Égalité hommes-femmes. Tous les
États membres de la CEDEAO ont adopté la
Convention des Nations Unies sur l’élimination
22
À titre de comparaison, le revenu par habitant dans la Communauté
de développement de l’Afrique australe (SADC) était de 2 674 dollars
EU ; 1 019 dollars EU dans le Marché commun de l’Afrique orientale
et australe (COMESA), et 1 271 dollars EU dans la Communauté
économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC).
23
En 2007, environ 7,02 millions d’adultes (15-49 ans) d’Afrique de
l’Ouest étaient porteurs du VIH/SIDA.
de toutes les formes de discrimination à l’égard
des femmes (CEDAW), ainsi que d’autres
politiques relatives au genre, qui se trouvent à
différents stades de mise en œuvre avec des
résultats insuffisants ou, au mieux, mitigés.
L’agenda de la CEDEAO pour l’égalité
hommes-femmes comprend trois objectifs
fondamentaux : i) mobiliser les femmes et leur
donner les moyens de participer activement au
processus d’intégration régionale; ii) intégrer la
problématique du genre dans les
préoccupations des institutions et des États
membres de la CEDEAO ; et iii) développer
des réseaux et partenariats avec les organismes
compétents afin d’obtenir un soutien technique
et financier au programme d’intégration de
l’égalité hommes-femmes de la CEDEAO. Les
femmes représentaient 11,6 % des
parlementaires de l’Afrique de l’Ouest au cours
de la période 1997-2008, contre 7,2 % pendant
la décennie précédente (1985- 1996). Plus
marquant encore, les femmes représentaient
20,9 % du nombre total de fonctionnaires des
Etats–une augmentation de 8,3 % par rapport à
la décennie précédente et le pourcentage le plus
élevé après celui de l’Afrique du Sud. Dans le
secteur privé, les femmes représentaient 18 %
des administrateurs et cadres, le pourcentage le
plus élevé du continent. Une récente étude de la
Banque a également montré qu’au Mali, par
exemple, les revenus des femmes appartiennent
davantage aux catégories des revenus faibles,
tandis que les revenus des hommes ont plus de
chance de faire partie des catégories de revenus
élevés24
. Le programme pour l’égalité hommes-
femmes de la CEDEAO a cependant encore un
long chemin à parcourir pour atteindre les
objectifs d’équité entre les genres d’ici 201525
tel que stipulé par le troisième Objectif du
Millénaire pour le développement (OMD3).
3.1.7.4 Un autre facteur qui contribue aux
mauvaises conditions sociales que connaît
l'Afrique de l’Ouest est le niveau élevé du
chômage, surtout parmi les jeunes, qui
24
Banque africaine de développement (2011) ‘‘Genre et emploi
: étude de cas sur le Mali’’;; Complexe de l’économiste en chef,
Volume 1, Numéro 1, 12 avril 2011.
25
L’OMD3 relatif à l’élimination des disparités entre les genres
inclut l’égalité hommes-femmes, l’autonomisation des femmes dans
l’éducation et l’emploi, et leur entière participation à l’économie et à la
prise de décision politique dans la région.
19. 12
constituent la majorité de la population
(environ les deux tiers). Malgré la piètre qualité
générale des statistiques dans la plupart des
pays d'Afrique de l’Ouest, le taux de chômage
est généralement élevé, atteignant 20% au
Nigéria, par exemple2627
. Par ailleurs, la
population active exerce généralement dans le
secteur agricole et dans le secteur informel, qui
se caractérisent par une faible productivité, et
une protection insuffisante des droits des
travailleurs. Selon l'Organisation internationale
du travail (OIT), environ 69,7%; 49,5% et
71,4% respectivement des travailleurs en Côte
d'Ivoire, au Libéria et au Mali des secteurs non
agricoles exercent dans le secteur informel.
S'attaquer au problème de l'emploi exige des
efforts visant à renforcer la base de production
des économies de l’Afrique de l’Ouest, un
objectif auquel l'intégration régionale, que la
Banque se propose de soutenir à travers la
stratégie définie dans le présent document, peut
contribuer.
3.1.8 Environnement et changement
climatique
3.1.8.1 L’écosystème de l’Afrique de l’Ouest
est varié : des mangroves du delta du Niger aux
forêts tropicales le long de la côte, et des zones
de savane ou semi-désertiques jusqu’au désert
du Sahara. La forêt tropicale qui s’étend de la
Guinée au Cameroun en Afrique centrale est
riche en bois précieux et fournit un habitat à de
nombreuses espèces de la flore et de la faune.
Des forêts côtières jusqu’aux savanes,
s’étendent de nombreuses terres arables propres
26
Au Nigeria, la plus grande économie de la région, le taux de
chômage national général était estimé à 19,7% en 2009 ; avec
un taux plus élevé dans la tranche d'âge de 15 à 24 ans, estimé à
environ 41,6%. La réparation du taux de chômage des jeunes
entre les zones rurales et urbaines affichent les chiffres ci-
après : 49,9% dans les zones urbaines et 39,6% dans les zones
rurales. Source : Bulletin d’information du Bureau national des
statistiques du Nigeria No. 476 du 13 juillet 2010, posté sur le
site :http://www.nigerianstat.gov.ng/ext/latest_release/LabourF
orcestat.pdf extrait le 29 août 2011
27
L'enquête Gallup de 2010 a révélé que 19%, 17%, 14%, 20%
et 30% des nigérians employés respectivement i) à temps plein,
ii) comme indépendants, iii) à temps partiel, mais qui ne
veulent pas d'emplois à temps plein, iv) sous-employés, et v)
qui ne font plus partie de la population active, estiment que
c'était le bon moment de trouver un emploi dans la ville ou la
région où ils résident. Les chiffres moyens au sein du continent
étaient de 17%, 16%, 11%, 15% et 40% respectivement.
à l’agriculture commerciale. La région compte
également de nombreuses rivières et bassins
hydrographiques qui traversent plusieurs pays.
Elle est aussi riche en ressources minérales tels
que le pétrole, le gaz, l’or, le minerai de fer,
l’étain, le magnésium et autres. La forte densité
de population le long des côtes et l’intensité de
l’exploitation des ressources exerce une forte
pression sur l’écosystème avec des
dégradations telles que l’appauvrissement des
sols et la déforestation. L’Afrique de l’Ouest
est également confrontée à la pollution et la
dégradation de l´environnement imputables à
l´exploration pétrolière, au torchage du gaz
naturel et à l’extraction minière (Annexe 6).
Parmi les autres problèmes figurent l’érosion
des côtes ; la fréquence accrue des sécheresses
et des inondations, vraisemblablement liée au
changement climatique ; l’avancée du désert du
Sahara ; et l’urbanisation croissante
accompagnée de services urbains limités,
notamment sur les côtes.
3.1.8.2 Changement climatique. Du fait de
sa diversité géographique, l’Afrique de l’Ouest
connaît d’importantes variations climatiques.
En 1973, bien avant la création de la CEDEAO,
le Comité permanent inter-États de lutte contre
la sécheresse dans le Sahel (CILSS) a été mis
en place pour investir dans la recherche sur la
sécurité alimentaire et dans la lutte contre la
désertification en vue d´un meilleur équilibre
au Sahel. En 2007, la CEDEAO a élaboré une
stratégie régionale et un plan d’action pour
réduire la vulnérabilité au changement
climatique à travers une meilleure intégration
des politiques liées au changement climatique
dans les programmes de développement
régional. L’UEMOA possède également sa
propre politique, la Politique commune
d’amélioration de l’environnement (PCAE), qui
fournit un cadre aux interventions sectorielles
liées au changement climatique, avec un accent
sur l’industrie, l’agriculture et les forêts,
l’énergie, et l’aménagement du territoire.
3.1.9 Ressources en eaux transfrontalières
3.1.9.1 L’Afrique de l’Ouest possède près de
la moitié des ressources en eaux, rivières, lacs
et bassins hydrographiques transfrontaliers du
continent (28 sur 60), avec un potentiel total
20. 13
estimé à 1 300 milliards de mètres cubes par an.
L’amélioration de la gestion des ressources en
eau transfrontalières peut générer des
avantages économiques considérables. Les
ressources en eaux transfrontalières de la
région offrent des opportunités importantes
pour i) le développement des secteurs,
industriel, agricole et de la pêche ; ii)
l’amélioration de la sécurité alimentaire et de la
gestion durable des ressources ; iii) le
développement de la navigation fluviale dans
le cadre d’un système de transport
multimodal ; et iv) la production
hydroélectrique. À l’exception de la
relativement jeune Autorité du Bassin de la
Volta (créée en 2007), les organismes de
bassins de l’Afrique de l’Ouest ont réalisé ou
sont en train de réaliser un grand nombre de
travaux d’infrastructures hydrauliques.
L’OMVG, l’OMVS et l’Autorité du Bassin du
Niger (ABN) ont commencé à mobiliser des
ressources pour la construction de barrages
hydroélectriques.
3.2 Objectifs stratégiques régionaux
3.2.1 La Vision 2020 de la CEDEAO a pour
but l’approfondissement du processus
d’intégration par la promotion de l’identité et
de la communauté ouest-africaine au sein des
populations. La Vision stipule la « création
d´une région sans frontières, où les populations
vivent, dans la paix, la cohésion et la prospérité
grâce à une bonne gouvernance, et où elles ont
la possibilité d’accéder aux énormes
ressources qui s’y trouvent et d’en tirer profit
grâce à la création d’opportunités de
développement durable et de préservation de
l’environnement ».
3.2.2 Le Plan stratégique régional (2011-
2015) qui résulte de la Vision est basé sur six
piliers stratégiques : i) promouvoir la bonne
gouvernance et la justice ; ii) renforcer les
mécanismes de prévention, gestion et résolution
des conflits ; iii) promouvoir le développement
des infrastructures pour soutenir un
environnement d’affaires compétitif, un
développement durable et la coopération dans
la région ; iv) approfondir l’intégration
économique et monétaire ; v) renforcer la
capacité institutionnelle ; et vi) consolider les
mécanismes d’intégration au marché mondial.
La Commission procède actuellement à
l’élaboration d’un Plan d’action et d’un
Programme Communautaire de développent
(PCD), qui apporteront un appui accru à la mise
en œuvre de la Vision et du Plan stratégique
régional.
3.3 Principaux défis et opportunités
3.3.1 Les deux principaux obstacles à la
réalisation de la Vision et du Plan stratégique
sont l’insuffisance des infrastructures
modernes et la faiblesse des capacités
institutionnelles et humaines des CER de
l’Afrique de l’Ouest. Le manque
d’infrastructures régionales de transport
adaptées (routières, ferroviaires, aériennes et
fluviales) et de systèmes énergétiques, de TIC
et d’approvisionnement en eau et
assainissement constituent des freins majeurs à
l’intégration régionale et à la croissance
économique. En matière de transport routier
notamment, le manque de corridors est-ouest
(horizontaux) a des conséquences négatives
directes sur le commerce intra-régional.
L’amélioration du transport aérien et ferroviaire
constitue également une condition essentielle à
une intégration efficace à long terme. Il est
admis que la faible performance des
mécanismes de mise en œuvre des politiques ;
qui découlent de l’insuffisance des capacités,
est également l’un des facteurs qui ralentissent
l’intégration régionale.
3.3.2 Le troisième obstacle a trait à la
nature fragmentée des marchés de la région.
Il est urgent que les membres de la CEDEAO
mènent à bien le processus de création d’une
ZLE effective. Un quatrième obstacle est lié à
la nécessité de combler l’écart entre la
signature de protocoles par les États membres
et leur mise en œuvre effective, et ce, en dépit
de la mise en place d’unités de la CEDEAO
dans tous les États membres. Les partenaires au
développement et la CEDEAO devront à cet
égard restructurer et renforcer ces unités afin
qu’elles soient des moteurs efficaces de mise en
œuvre du programme d’intégration.
3.3.3 Le cinquième obstacle à l’intégration
de l’Afrique de l’Ouest est la dualité et la
multiplicité de l’architecture de
21. 14
l’intégration. Dans ces conditions, le
Secrétariat technique conjoint mis en place par
la CEDEAO et l’UEMOA continue à éprouver
des difficultés à tirer profit des synergies entre
les deux entités. Le sixième obstacle est la
dérive du ‘tout faire’. La CEDEAO semble en
effet intervenir dans pratiquement tous les
aspects du développement économique et social
de ses États membres. Il serait peut-être
nécessaire de renforcer la sélectivité et de
réfléchir plus aux domaines qui pourraient être
de la responsabilité des États et ceux
nécessitant réellement un fort leadership
régional.
3.3.4 Parmi les autres défis, figure i) la
recherche des voies et moyens d’impliquer de
manière significative le secteur privé et la
société civile dans les efforts d’intégration
régionale, même si la CEDEAO étudie
actuellement comment établir des liens entre les
acteurs du secteur privé et renforcer leur
engagement en faveur du développement d’un
marché régional28
, ii) renforcer la confiance des
pays membres dans l’idée que les avantages
tirés de l'intégration régionale sont
équitablement répartis. Pour atteindre cet
objectif, la CEDEAO et l'UEMOA ont
développé des mécanismes visant à renforcer la
solidarité entre leurs membres. Au sein de
l'UEMOA, par exemple, une taxe
communautaire de solidarité a été instituée pour
financer des projets de développement dans les
pays membres ou dans les régions moins
développés. Des fonds structurels de
l'UEMOA, qui bénéficient de l’appui
donateurs, sont également utilisés pour aider les
pays membres les moins développés. Des
dispositifs similaires existent également au sein
de la CEDEAO et, (iii) la nécessité d’améliorer
les systèmes statistiques dans la région afin de
renforcer la conception et la mise en œuvre des
politiques de développement.
3.3.5 En dépit de ces difficultés et réalités
régionales, il existe un certain nombre
28
Parmi les initiatives importantes figurent le parrainage par la
Commission de Forums des affaires de la CEDEAO périodiques ; la
création du Conseil des entreprises de la CEDEAO, en tant qu’organe
de conseil des chefs d’État et de gouvernement ; et un soutien sous
forme de facilitation aux organisations économiques régionales, telles
que la Fédération des chambres de commerce et d’industrie de
l’Afrique de l’Ouest (FCCIAO) et la Fédération des associations
manufacturières ouest-africaines (FEWAMA).
d’opportunités d’amélioration du processus
d’intégration régionale. D'abord et avant tout,
on observe un degré élevé de volonté
politique. Certains pays ont même introduit
dans leurs constitutions la possibilité d’un
abandon de souveraineté nationale au profit des
institutions régionales. En outre, huit pays de la
CEDEAO (Bénin, Burkina-Faso, Côte d’Ivoire,
Ghana, Liberia, Nigeria, Sénégal et Togo) ont
adopté un passeport régional, permettant la
libre circulation des citoyens à travers les
frontières nationales.
3.3.6 L’Afrique de l’Ouest est une région
riche en ressources, notamment pétrolières et
minérales, qui peuvent être exploitées pour
améliorer l’intégration régionale et la
croissance. On y trouve également plusieurs
champions économiques régionaux émergents,
notamment dans les secteurs des services
financiers et de l’infrastructure. Par exemple,
Ecobank Transnational, établie au Togo, a une
vocation panafricaine et a mis en place des
filiales dans tous les pays de la CEDEAO. Les
principales banques nigérianes ont elles aussi
établi des filiales dans plusieurs pays. Il
convient aussi de mentionner des
investissements transfrontaliers dans des
valeurs mobilières et bons du Trésor. Par
exemple, le Databank Group du Ghana gère un
fonds commun de placement, Epack, avec des
investissements de portefeuille en Gambie, au
Ghana et au Nigeria. Dans le domaine des
infrastructures, les investissements
transfrontaliers impliquant le secteur privé ont
tendance à prendre la forme de PPP. Le Projet
de gazoduc de l’Afrique de l’Ouest en est un
bon exemple : Chevron et Shell y ont conclu un
partenariat avec des entités publiques du
Nigeria, du Bénin, du Togo et du Ghana pour
construire un gazoduc destiné à acheminer le
gaz naturel nigérian vers les trois autres pays.
Dans le secteur des télécommunications,
Globacom, une entreprise privée nigériane,
exerce ses activités au Nigeria et au Bénin et a
obtenu les licences pour mener des activités au
Ghana et en Côte d’Ivoire. Enfin, la région
possède un système d’échanges économiques
transfrontaliers dynamiques (quoique souvent
informels).
22. 15
3.4 Actions et initiatives actuelles
3.4.1 Au niveau politique, la CEDEAO a
accompli des progrès considérables dans la
résolution de conflits de longue date et continue
à agir de manière proactive pour éviter que de
nouvelles tensions n’évoluent en crises
déstabilisatrices. Au niveau institutionnel, une
étape importante a été franchie avec la récente
transformation du Secrétariat de la CEDEAO
en Commission de la CEDEAO, dotée d’un
nouveau mandat et d’un nouveau modèle de
gestion, afin de faire progresser l’agenda de
l’intégration régionale. Sur le plan
macroéconomique et des échanges, les critères
de convergence et l’intégration monétaire se
mettent en place, à un rythme cependant très
lent et irrégulier suivant les blocs. Dans le
cadre de la préparation à la ZLE, les membres
de la CEDEAO ont adopté un régime de TEC à
quatre taux et un cinquième a récemment été
approuvé. Des progrès ont également été
accomplis dans la facilitation du commerce
régional, avec la création de postes frontières
communs, la création et la mise en service d’un
observatoire des pratiques anormales,
contraires à l’esprit d’intégration au sein de la
région, ainsi que la mise en place de
plateformes d’information pour le contrôle des
marchandises en transit.
3.4.2 Au niveau sectoriel, on observe un
nombre impressionnant de programmes et
initiatives visant à faire progresser l’agenda de
l’intégration : amélioration des infrastructures,
développement du secteur privé, projets
agricoles, lutte contre la désertification, gestion
des ressources naturelles, gestion des eaux
transfrontalières (la mise en place du Centre de
coordination des ressources en eau de la
CEDEAO chargé de la mise œuvre de la
politique des ressources en eau de l’Afrique de
l’Ouest), changement climatique et protection
de l’environnement, science et technologie,
TIC, éducation, santé, gestion et prévention des
catastrophes, protection des femmes et des
enfants contre la traite et la violence, lutte
contre la drogue et contrôle des armements,
entre autres. Ces initiatives en sont
actuellement à différents stades de mise en
œuvre, mais dans l’ensemble, les progrès sont
peu satisfaisants. Toutefois, le large éventail de
ces activités de la CEDEAO comporte un
risque de dérive de sa mission (voir paragraphe
3.3.3).
3.4.3 Les initiatives phares de la région
comprennent le Système d’échange d’énergie
électrique (EEEAO ou WAPP) et le gazoduc de
l’Afrique de l’Ouest ; le Fonds de
développement et de financement des secteurs
des transports et de l’énergie (FODETE) ;
l’Unité de préparation et de développement des
projets de la CEDEAO pour accélérer la
réalisation des projets d’infrastructures ; et les
organisations de gestion de corridors (OGC)
pour suivre et gérer les corridors routiers.
3.5 Coordination de l’aide et autres
initiatives de développement
3.5.1 Les principaux acteurs sont les
Commissions de la CEDEAO et de l’UEMOA,
le CILSS, l’Autorité de développement du
Liptako–Gourma (ADLG), la BCEAO et les
organismes de bassins. D’autres institutions
régionales travaillent de façon indépendante ou
dans le cadre des blocs de la CEDEAO et/ou de
l’UEMOA, avec les autorités nationales et
d’autres parties prenantes à mobiliser l’appui à
la mise en œuvre des programmes et projets
régionaux.
3.5.2 De nombreux partenaires au
développement sont présents dans l´espace
CEDEAO.29
Leurs domaines d’interventions
couvrent: i) le développement agricole; ii) le
renforcement des capacités ; iii) l’intégration
économique et le commerce ; iv) l’énergie ; v)
les infrastructures ; vi) la consolidation de la
paix et la prévention des conflits ; vii) le
développement du secteur privé ; et viii) la
production de savoir sur les défis et
opportunités de l’intégration régionale. À
l’avenir, la coordination de l’aide à
l’intégration régionale devrait se renforcer.
D’abord, de nouvelles initiatives telles que
l’Unité de préparation et de développement des
projets de la CEDEAO, les Sociétés à finalité
spécifique (SFS) pour la mise en œuvre des
projets régionaux (voir Encadré 1) et le
FODETE-CEDEAO vont se mettre en place.
29
L’annexe 12 fournit de plus amples informations sur les activités
des bailleurs de fonds en faveur de l’intégration régionale en
Afrique de l’Ouest.
23. 16
Ensuite, ce DSIR, le premier de ce type
consacré à la région, ainsi que le cadre établi
avec le Département britannique du
développement international (DFID) pour les
interventions conjointes potentielles,
amélioreront la cohérence, la coordination et
les complémentarités.
3.6 Portefeuille régional de la Banque en
Afrique de l’Ouest
3.6.1 Ce DSIR constituant la première
stratégie de la Banque pour la CEDEAO,
l’expérience est forcément limitée. Même si la
Banque a déjà financé par le passé des
opérations multinationales sans un cadre
stratégique régional solide,30
les retombées de
ces opérations sur le développement ne seront
connues qu’à la suite de l’évaluation que
réalisera le Département de l’évaluation des
opérations (OPEV).
3.6.2 Néanmoins, les récentes discussions
avec les parties prenantes régionales et les
conclusions d’une revue réalisée par le
Complexe des programmes pays et régionaux et
des politiques (ORVP) indiquent que les projets
et programmes régionaux sont généralement
plus difficiles à élaborer et à mettre en œuvre
du fait de leur plus grande complexité et de
leurs coûts de transaction élevés. Les autres
enseignements clés sont l’attention insuffisante
portée à l’économie politique des projets
multinationaux et aux contraintes de capacités.
Il est donc essentiel que la Banque développe
des pratiques opérationnelles mieux adaptées
aux besoins et problèmes particuliers des
opérations régionales. Ce DSIR propose que la
Banque apporte son appui au modèle de SFS,
société détenue conjointement par les pays
participants et un partenaire privé stratégique
(Encadré 1). Les SFS permettront de gagner en
autonomie, de réduire les contraintes de
capacité et d’arriver à un consensus politique
sur les projets d’infrastructures multinationales
dans le secteur énergétique. Pour les autres
projets d’infrastructures multinationales, des
analyses politiques et institutionnelles seront
réalisées dès le stade de la conception pour
30
Voir l’annexe 11 pour des informations détaillées sur les projets en
cours.
aider à réduire les risques liés à la mise en
œuvre et aux résultats.
Encadré 1. Utilisation des Sociétés à finalité spécifiques
pour le renforcement des capacités régionales de mise en
œuvre des projets
Il est unanimement reconnu au sein des pays membres de
la CEDEAO que le rythme de mise en œuvre des projets
d’infrastructures régionales a été d’une lenteur
inacceptable. L’une des raisons profondes en est que le
processus traditionnel d’exécution des projets n’est pas
encore adapté aux besoins régionaux ni à la participation
de plusieurs États. Dans le cadre du DSIR, la Banque
soutiendra les nouvelles initiatives régionales visant à
résoudre ce problème. L’une de ces initiatives, fondée
sur les résultats d’une étude de cas du WAPP, est un
modèle régional connu sous le nom de société à finalité
spécifique (SFS), a
qui doit être, si nécessaire, mis en
place pour faciliter la planification et la mise en œuvre
des projets énergétiques régionaux prioritaires. Les SFS
doivent être structurées comme un partenariat public-
privé (PPP), le capital étant détenu par les compagnies
nationales d’énergie des pays membres du WAPP
intéressés, et un partenaire privé stratégique. La SFS
supervisera la conception, la construction, et la mise en
service des centrales électriques régionales identifiées.
Depuis l’adoption du modèle, il y a environ trois ans, la
première expérience a montré que cinq partenaires privés
stratégiques ont été présélectionnés pour les projets
WAPP à Maria Gleta au Bénin (une centrale de 400
MW) et à Aboadze au Ghana (une centrale de 400 MW).
a
La société à finalité spécifique a été adoptée par
l’Assemblée générale du WAPP en tant que modèle
régional pour l’exécution des projets régionaux
prioritaires ; et cette proposition a été promulguée par les
Chefs d’État et de Gouvernement de la CEDEAO le 18
janvier 2008 lors de la trente-troisième session ordinaire
de l’Autorité des Chefs d’État et de Gouvernement, tenue
à Ouagadougou.
IV. STRATÉGIE DU GROUPE DE LA
BANQUE POUR LA RÉGION
4.1 Justification de l’intervention du
Groupe de la Banque
Le présent DSIR se justifie par les éléments
suivants :
i) La Vision 2020 de la CEDEAO,
qui vise à créer une « CEDEAO
des peuples », basée sur la
création d’un solide marché
régional, permettant des
économies d’échelle dans les
activités économiques et la libre
24. 17
circulation des personnes, des
biens et des services ;
ii) Les priorités stratégiques
d’autres organisations
d’intégration régionale en
Afrique de l’Ouest, ainsi que
celles du NEPAD ;
iii) La nécessité de répondre de
façon appropriée aux difficultés
des États fragiles et des pays
enclavés, qui sont au rang des
défis de l’intégration régionale;
iv) La nécessité d’élaborer une
stratégie répondant aux
principales demandes du secteur
privé, en permettant aux
investisseurs et entrepreneurs
régionaux et étrangers de
contribuer à la croissance
économique en l’Afrique de
l’Ouest ;
v) Les principales stratégies
opérationnelles de la Banque,
dont la SIR, axée sur les
infrastructures régionales et le
renforcement des capacités
institutionnelles sur la période
2009-2012 ; le cadre stratégique
et opérationnelle et la SMT
2008-2012 ;
vi) Les enseignements tirés quant à
la nécessité de développer des
pratiques opérationnelles mieux
adaptées aux exigences de la
gestion des projets régionaux.
Ces pratiques seront testées à
petite échelle dans le cadre de ce
DSIR à l’aide de projets
d’infrastructures énergétiques
qui seront, conçus sous forme de
SFS;
vii) La nécessité de soutenir le
développement des secteurs
productifs des économies de
l’Afrique de l’Ouest et la
création d’emplois ; et
viii) Le DSIR sera guidé par les
principes de complémentarité, de
subsidiarité et de soutien mutuel
avec les DSP nationaux.
4.2 Piliers stratégiques, produits
livrables et cibles
4.2.1 Le DSIR repose sur deux piliers : (i) la
connexion des marchés régionaux et (ii) le
renforcement des capacités. En conformité
avec le Cadre régional de sélection et de
priorisation des opérations régionales, la
sélection des projets sera fondée sur i) des
indicateurs liés aux projets dans les pays
participants ; et ii) les priorités de l’agenda de
l’intégration régionale. Ce processus
contribuera à rationaliser la sélection des
projets et à garantir leur compatibilité avec les
piliers et l’enveloppe des ressources des FAD-
12 et FAD-13, les ressources du secteur privé,
et le co-financement avec d’autres partenaires
au développement. Cet exercice de priorisation
(fiche de résultats) se fera à partir des
évaluations de projet (résultats attendus en
matière de développement et l’état de
préparation) et de la notation des pays (EPIP
des pays participants, leur engagement vis-à-vis
de l’intégration régionale, et la performance du
portefeuille).
4.2.2 Pilier stratégique I : Connexion des
marchés régionaux
4.2.2.1 Pour la connexion des marchés
régionaux en Afrique de l’Ouest, le Pilier I
appuiera les investissements sur : i) les
infrastructures de transport régionales (tronçons
manquants sur les autoroutes transcôtières et
transsahéliennes ; réaménagement des corridors
routiers prioritaires ; navigation fluviale ; et ii)
les mesures de facilitation du transport et du
commerce ; et iii) la production régionale
d’énergie et l'intégration des marchés. Par
ailleurs, la Banque intensifiera son dialogue
stratégique sur la mobilisation des ressources
pour le transport ferroviaire.
4.2.2.2 Corridors routiers. Le développement
de corridors de transport routier performants,
comprenant à la fois des infrastructures
physiques modernes et des systèmes