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d Mai 2013
Marine Albarùde ‱ Renaud Francou ‱ Daniel Kaplan
“ Si j'ai une information sur vous, vous l'avez aussi.
  Et vous en faites 
 ce qui a du sens pour vous ! ”
d Cahier d'exploration c
Marine Albarùde ‱ Renaud Francou ‱ Daniel Kaplan
“ Si j'ai une information sur
vous, vous l'avez aussi. Et
vous en faites 
 ce qui a du
sens pour vous ! ”
Ont Ă©galement contribuĂ© Ă  ce Livre Blanc :
Louis-David Benyayer, Pierre-Julien Cazaux, Carole Leclerc.
Graphisme et mise en page : Lucas Linares - www.lucaslinares.com
Ce document est mis Ă  disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution 3.0 France
d Cahier d'exploration c
ǘǘ Depuis des décennies, les entreprises et les
administrations se sont dotées de moyens sans cesse
plus performants de capturer, retenir et exploiter les
données relatives à leurs clients et usagers.
Objectifs : concilier massification et personnalisation
de la relation, mieux analyser la relation ( risque, ren-
tabilité  ), optimiser stocks et tarifs, prĂ©voir, faire
évoluer les offres, fidéliser...
En revanche, les individus n’en retirent rien de vrai-
ment perceptible : ni information, ni connaissance, ni
capacités nouvelles. Ils supportent mal cette asymé-
trie. Les pouvoirs publics la contestent Ă©galement. Les
technologies la fragilisent. Il est temps d’explorer une
autre voie.
 ¹
Cette premiÚre édition sera profondé-
ment revue au terme de l'expérimentation
" MesInfos " Ă  laquelle, nous l'espĂ©rons, la
lecture de ce petit ouvrage vous donnera
envie de participer.
MesInfos | Cahier d'exploration
76
Executive summary
Executive Summary
ǘǘ "Si j'ai une donnée sur vous, vous l'avez
aussi. Et vous en faites
 ce qui a du sens pour
vous !" C'est autour de cette idée que, depuis
2012, la Fing et plusieurs partenaires ont engagé
le projet MesInfos : explorer ce qu'il se passerait
si les organisation qui possÚdent des données
personnelles partageaient ces données avec les
individus qu'elles concernent. En un an, nous
avons prouvé que cette idée répondait à de réelles
attentes ; qu'elle pouvait s'incarner dans des
usages trÚs concrets qui bénéficient tant aux indi-
vidus qu'aux organisations ; qu'elle s'explorait
déjà ailleurs et résonnait avec les réflexions de
plusieurs grandes entreprises, gouvernements ou
Ă©quipes de recherche. Ce "Cahier d'exploration"
rend compte de ce travail, sans négliger les nom-
breuses questions, voire les défis, qu'un projet
tel que MesInfos fait apparaĂźtre. Sa publication
annonce la prochaine phase du projet MesInfos :
l'expérimentation sur le terrain.
Depuis des décennies, les entreprises et les
administrations se sont dotées de moyens
sans cesse plus performants de capturer,
retenir et exploiter les données relatives à
leurs clients et usagers. Objectifs : conci-
lier massification et personnalisa­tion,
mieux analyser la relation (risque, rentabi-
lité ), optimiser stocks et tarifs, prĂ©voir,
faire évoluer les offres, fidéliser...
En revanche, les individus n’en retirent rien
de vrai­ment perceptible : ni information,
ni connaissance, ni capacités nouvelles.
Ils supportent mal cette asymé­trie. Les
pouvoirs publics la contestent Ă©galement.
Les technologies la fragilisent. Plusieurs
initiatives la remettent concrĂštement en
question.
MesInfos propose une voie nouvelle, dif-
férente : faire en sorte que les individus
puissent (re)trouver l'usage des données
qui les concernent, Ă  leurs propres fins.
Du point de vue des individus, il s'agit
d'une nouvelle Ă©tape dans l'empowerment
numérique. Du point de vue des entre-
prises et des administrations, il s'agit de
recréer la confiance, de retrouver le sens
de la relation avec leurs clients et usagers,
d'imaginer de nouvelles formes de co-
construction de valeur.
Du point de vue de la société enfin, il s'agit
de sortir par le haut de la tension montante
autour de la vie privée et de l'usage crois-
sant des données personnelles, en combi-
nant protection et mise en capacité d'agir
des individus.
De quelles données
parle-t-on ?
Toutes celles dont l’usage peut fournir une
information utile aux individus, telles que :
ǘǘ  Consommation : ce que j'ai achetĂ©,
oĂč, quand, pour combien
 
ǘǘ  Finances : mes avoirs, mes flux
financiers, leur origine et destination,
consolidés...
ǘǘ  Communication : mes appels, SMS,
messages, publications, commentaires
et autres contributions sur le web et les
réseaux sociaux

ǘǘ  Navigation sur le web : sites visitĂ©s,
requĂȘtes auprĂšs de moteurs de re-
cherche, téléchargements, informa-
tions transmises et recueillies en ligne,
traces

ǘǘ  MobilitĂ© : ma gĂ©olocalisation, mes
itinéraires, les moyens de transport
que j'ai utilisés

ǘǘ  SantĂ© et bien-ĂȘtre : bilans mĂ©dicaux,
mesures personnelles (poids, taille,
tension
), prescriptions, etc., 
ǘǘ  Formation et emploi : diplîmes et
autres preuves de compétence (for-
mations suivies, projets, recomman-
dations) ; itinéraire professionnel, mais
aussi activités associatives, sportives,
culturelles

ǘǘ  Energie : ce que je consomme,
quand, auprĂšs de qui, Ă  cause de quels
appareils...
MesInfos | Cahier d'exploration
98
Executive summary
Pour en faire quoi ?
Mais quels bénéfices les individus pourraient-ils tirer de leurs données ? Au travers d'ate-
liers, de travaux de veille et d'explorations créatives, MesInfos en a identifié plusieurs
dizaines, que nous classons en 6 catégories.
La perspective ouverte par MesInfos ferait ainsi naßtre un marché entiÚrement nouveau,
ouvert aux innovateurs : celui des "services personnels de données".
Comment cela fonctionnerait t-il ?
Les donnĂ©es d'un individu – celles qu'il produit lui-mĂȘme, celles qu'il laisse comme traces
et celles dont les organisations disposent – lui sont accessible au travers d'un "entrepît
personnel de données" (personal datastore) personnel et sécurisé. Celui-ci communique
de maniÚre sûre avec les systÚmes d'information des entreprises et des organisations, qui
s'y sont adaptés, pour obtenir les données relatives à l'individu mais aussi, par exemple,
pour mettre ces données à jour.
Les individus peuvent explorer eux-mĂȘmes leurs donnĂ©es dans leur "entrepĂŽt" ; mais les
usages passeront le plus souvent par des services "tiers" (agrégateurs, comparateurs, or-
ganisateurs, etc.) qui proposeront un bénéfice concret et une interface simple : mesurer
son empreinte carbone et son évolution dans le temps ; obtenir les meilleures proposi-
tions pour préparer un voyage sans dépendre d'une seule agence de voyage ; choisir le
meilleur endroit oĂč s'installer en fonction du mode de vie de sa famille ; gĂ©rer sa vie admi-
nistrative ; prendre soin de sa forme et de sa santé ; faire son bilan de compétences, etc.
Qu'est-ce que ça apporte ?
La valeur du partage des donnĂ©es personnelles avec les individus qu’elles concernent
est Ă  la fois Ă©conomique et sociale. Elle concerne ceux qui dĂ©tiennent aujourd’hui ces
données, les individus, mais aussi l'écosystÚme d'innovation et l'économie en général.
Pour l’économie en gĂ©nĂ©ral
Confiance et efficience

ǚǚ RecrĂ©er de la confiance
ǚǚ Rendre les marchĂ©s plus efficients
Pour les détenteurs de données personnelles
Fidélité, qualité, innovation

ǚǚ Des donnĂ©es de meilleure qualitĂ©
ǚǚ Retrouver le sens de la relation commerciale
ǚǚ Comprendre ce que veulent vraiment les consommateurs :
ǚǚ le vrai “360°”
ǚǚ Inventer de nouveaux services
Pour l’écosystĂšme d’innovation
Nouveaux acteurs et nouveaux services

ǚǚ Les plates-formes personnelles de donnĂ©es
ǚǚ Une opportunitĂ© pour une myriade de services “tiers”
Pour les individus
Commodité, projection et empowerment

ǚǚ Sortird’unesituationde“non-valeur”:l'exploitationsubiedesdonnĂ©es
ǚǚ Une valeur d’usage plutît qu'une valeur marchande
‱‱ SchĂ©ma : 6 "grands domaines d'usage" pour les individus Ă  partir de leurs donnĂ©es
06CONTRIBUTION02CONTROLE
01GESTION
04CONSCIENCE
03CONNAISSANCE
DE SOI
05DECISION
ET ACTION 
MesInfos | Cahier d'exploration
1110
Executive summary
Un sujet qui bouge déjà
Le retour des données personnelles aux individus est bien plus qu'une idée. Depuis long-
temps, les pionniers du "VRM" (Vendor relationship Management), du Quantified Self et
des "coffres-forts numériques" inventent outils et infrastructures pour permettre à l'indi-
vidu de faire usage de ses données. C'est aussi un projet gouvernemental prioritaire au
Royaume-Uni (Midata), une série d'actions fédérales sectorielles aux Etats-Unis (Green
Button, Blue Button), une source de propositions du rapport de Nicolas Colin et Pierre
Collin sur la "fiscalité du numérique" et la base sur laquelle se lancent plusieurs dizaines
de start-ups.
Mais cette perspective devient bien plus puissante si les organisations, publiques ou
privĂ©es, s'engagent elles-mĂȘmes dans son exploration, avec pour objectif d'imaginer les
formes de création de valeur partagée qu'elle peut produire.
DĂ©fis, incertitudes et nouveaux risques
Un projet aussi transformateur fait naturellement Ă©merger de nouveaux risques et incer-
titudes, ainsi que des défis à relever en vue d'un passage à l'échelle.
Le temps de
l'expérimentation
La transformation qu'opĂšre un projet tel
que MesInfos touche au cƓur de la relation
entre les organisations et leurs clients et
usagers, donc de leur marketing, de leur
front office, de leur systĂšme d'informa-
tion, voire de leur culture. Ce changement
profond, complexe, prendra du temps
mais sera difficile Ă  rattraper par ceux qui
viendront ensuite : les entreprises, les in-
novateurs qui auront fait le pari de s'enga-
ger dans cette voie y trouveront la source
d'un avantage compétitif durable.
ǘǘ Pour valider certaines des hypo-
thĂšses et mieux cerner le potentiel comme
les risques que nous mentionnons dans ce
cahier d’exploration, une expĂ©rimentation
“grandeur nature” s'engage en 2013 avec
des partenaires divers : grandes organi-
sations détentrices de données, acteurs
technologiques, start-ups et innovateurs,
chercheurs, et des consommateurs et
citoyens. Il s ‘agira d’apprendre collec-
tivement, pas à pas, tout en s’inscrivant
parmi les pionniers de ce mouvement. Les
enseignements tirés de cette expérimenta-
tion permettront d'alimenter une nouvelle
version de ce cahier d'exploration, consi-
dérablement enrichie.
Marine AlbarĂšde
Renaud Francou
Daniel Kaplan
Pour les individus
A nouveau pouvoir, nouveaux risques ?
ǚǚ Les individus sont-ils intĂ©ressĂ©s Ă  recevoir leurs donnĂ©es ?
ǚǚ Ne vont-ils pas se retrouver de plus en plus enfermĂ©s dans les mĂȘmes
pratiques ?
ǚǚ Y a-t-il de nouveaux risques d’abus et si oui, comment les prĂ©venir ?
ǚǚ Comment outiller les individus pour qu'ils gagnent vraiment en
connaissance et en capacités d'action ?
Pour les détenteurs de données personnelles
Qu’ont-ils à y gagner ?
ǚǚ La transparence est-elle un risque payant ?
ǚǚ Combien ça coĂ»te ? Combien ça rapporte ?
ǚǚ De nouveaux concurrents vont-ils Ă©merger ?
Des défis technologiques
Construire l’autonomie en toute sĂ©curitĂ©
ǚǚ Garantir l'identitĂ© des individus
ǚǚ Assurer la sĂ©curitĂ© des informations
ǚǚ Etablir des standards
Des défis juridiques et politiques
Etablir des garanties, construire une gouvernance
ǚǚ Comment exprimer et faire respecter la volontĂ© des individus ?
ǚǚ Faut-il aller vers une obligation de restitution des donnĂ©es ?
0606
07
08
LE TEMPS DE
L’EXPERIMENTATION
Pages 92 Ă  99
Conclusion
Pages 100 Ă  103
Annexes FAQ - BIBLIOGRAPHIE
Pages 104 Ă  111
0404OU EST LA VALEUR ?
Pages 64 Ă  79
INCERTITUDES ET
NOUVEAUX RISQUES
Pages 80 Ă  91
05
0202
0303
LE “ RETOUR ” DES
DONNEES PERSONNELLES
AUX INDIVIDUS : L’ENJEU
Pages 16 Ă  23
INTRODUCTION
Pages 14 Ă  15
LA PISTE DU PARTAGE
Pages 24 Ă  39
QUELS SERVICES,
POUR QUELS USAGES ?
Pages 40 Ă  63
Sommaire
0101
0000
MesInfos | Cahier d'exploration
1514
Introduction
VoilĂ  tout juste un an, la Fing et un petit
groupe d’entreprises, d’acteurs publics
et de chercheurs décidaient de chercher
ensemble les réponses à ces questions un
peu iconoclastes : le projet MesInfos Ă©tait
nĂ©. Alors que celui-ci s’apprĂȘte Ă  passer Ă 
une nouvelle Ă©tape, celle de l’expĂ©rimenta-
tion, le moment est venu de faire le point
sur cette perspective devenue, en peu de
mois, trĂšs concrĂšte.
L’idĂ©e d’organiser le “ retour ” des donnĂ©es
aux individus qu’elles concernent ne vient
pas de nulle part. L’ouvrage Informatique,
libertés, identités que publiait la Fing en
2010 proposait déjà de transformer le
“ droit d’accùs et de rectification ” de la loi
de 1978 en un “ droit d’accĂšs et de rĂ©cupĂ©-
ration ” des donnĂ©es. En 2011, l’expĂ©dition
de la Fing et la Fondation Télécom sur la
“ Confiance numĂ©rique  ” en faisait une
des pistes d’innovation susceptible de
répondre à la crise de confiance qui oppose
individus et organisations. Aux Etats-Unis,
le “  Project VRM ” animĂ© par Doc Searls
fait de la maütrise et de l’usage de leurs
données par les consommateurs la base
d’une transformation positive, rendant les
marchés plus efficients et la relation de
service plus enrichissante pour toutes les
parties.
Le programme gouvernemental Midata
(  Royaume-Uni  ) et la “ Mydata Initiative ”
américaine, ont achevé de transformer
une idée hétérodoxe en un mouvement
Ă©mergent. Ce mouvement touche aussi
la France, oĂč le rapport de Nicolas Colin
et Pierre Collin sur la fiscalité du numé-
rique envisage que la taxation assise sur
la collecte de donnĂ©es personnelles qu’il
propose, se réduise si les entreprises par-
tagent les données collectées avec les indi-
vidus concernés.
Le temps semble donc venu
de considĂ©rer le “ retour ”
des données personnelles aux
individus comme une hypothĂšse
sérieuse et une perspective
pas si lointaine.
Tout au long de l’annĂ©e 2012, les parte-
naires du projet MesInfos ont multiplié
les ateliers, pris part aux discussions du
“ Project VRM ”, rencontrĂ© les acteurs
britanniques de Midata, échangé avec
des experts, entrepreneurs et chercheurs
de France et d’ailleurs. Leur but Ă©tait
à la fois de préparer une expérimenta-
tion “ grandeur nature ”, et d’explorer de
maniĂšre prĂ©cise “ la piste du partage ” :
quels bénéfices les individus comme les
organisations peuvent-ils en attendre ?
Quels services et outils peut-on imaginer
dans cette perspective  ? Quelle valeur
Ă©conomique et sociale en attendre ? Quels
obstacles faudra-t-il lever  ? Quels risques
faut-il anticiper  ?
Vous tenez entre les mains le produit de ce
travail collectif. Aussi riche et dense soit-il,
il constitue moins un produit fini qu’une
Ă©tape de la rĂ©flexion, qu’un outil de travail.
Au service d’une perspective à laquelle,
aprÚs cette année de travail, nous croyons
plus que jamais : celle de recrĂ©er confiance,
reliance et croissance en rééquilibrant la
relation entre les individus et les organisa-
tions.
00
INTRODUCTION
ǘǘ Que se passerait-il si, demain,
les organisations partageaient les don-
nĂ©es personnelles qu’elles dĂ©tiennent
avec les individus qu’elles concernent,
pour qu’ils en fassent ce que bon leur
semble  ? Quels usages, quelles connais-
sances, quels services, quels risques
aussi, pourraient Ă©merger si les individus
disposaient, non seulement du contrĂŽle,
mais de l’usage de ces donnĂ©es : leurs
finances, leurs achats, leurs déplace-
ments, leurs communications et leurs
relations en ligne, leur navigation web,
leur consommation d’énergie, etc.  ?
ǘǘ La confiance est en crise. Cette
crise ne touche pas seulement les ins-
titutions, mais bien le cƓur de la rela-
tion entre les individus et les organi-
sations. L’importance croissante prise
par les données personnelles dans
l’activitĂ© des organisations y contribue
lourdement. Au-delà des démarches
de protection, qui demeurent indis-
pensables, une autre voie se dessine :
partager avec les individus les données
qui les concernent, pour qu’ils les uti-
lisent Ă  leurs propres fins.
d
CHAPITRE 01
LE RETOUR DES DONNEES
PERSONNELLES   AUX INDIVIDUS : L’ENJEU
01
00    p
05    p
LE “ RETOUR ” DES DONNEES PERSONNELLES AUX INDIVIDUS : L’ENJEU 01MesInfos | Cahier d'exploration
1918
Ce déficit massif de confiance constitue
l’une des sources de la baisse continue de
la fidélité vis-à-vis des entreprises et des
marques. Selon la “ Global CMO Study ”
d’IBM 02
, celle-ci constitue l’un des princi-
paux facteurs d’inquiĂ©tude des directeurs
marketing de grandes entreprises mon-
diales. La collecte et l’utilisation de plus
en plus massive des données personnelles
contribue à la crise. Alors que l’attention
des acteurs semble focalisée sur le poten-
tiel des “ Big Data ”, force est de constater
que les donnĂ©es personnelles, “ pĂ©trole ” de
l’économie contemporaine, sont aussi son
Le dĂ©sĂ©quilibre devient intenable entre, d’un
cÎté, des organisations surinformées (notamment
à propos de leurs clients), suréquipées en outils
dĂ©cisionnels, surprotĂ©gĂ©es et, de l’autre, des
individus dotés de leur seul navigateur web.
poison. C’est en particulier le cas sur l’in-
ternet : d’enquĂȘte en enquĂȘte, les consom-
mateurs affirment que, si leur défiance
vis-Ă -vis de la technologie diminue, elle
s’accroüt vis-à-vis de l’attitude des organi-
sations, de plus en plus systématiquement
soupçonnĂ©es d’abuser des informations
que les consommateurs leur confient. Le
dĂ©sĂ©quilibre devient intenable entre, d’un
cĂŽtĂ©, des organisations surinformĂ©es ( no-
tamment Ă  propos de leurs clients ), surĂ©-
quipées en outils décisionnels, surproté-
gĂ©es et, de l’autre, des individus dotĂ©s de
leur seul navigateur web.
‱‱ Source : Acsel – Caisse des DĂ©pĂŽts, “ BaromĂštre de la confiance des Français dans le numĂ©rique ”, 2011
Risque perçus du commerce en ligneUne crise de la confiance et de la fidélité
La Confiance dans les entreprises et les administrations
‱‱ Source : Edelman TrustBarometerBuisness 		
Gouvernment
En 2012, le “ baromùtre de la confiance ”
du cabinet amĂ©ricain Edelman 01
confirme
un glissement qui semble général,
en France comme ailleurs. PremiĂšres
victimes : les institutions publiques et
les entreprises, qui n’inspirent confiance
qu’à un tiers des individus, loin derriùre
les ONG, les mĂ©dias
 et “ les personnes
comme moi ”, celles dont on Ă©coute
les avis sur les forums, les blogs ou les
réseaux sociaux. Dans les 25 pays étudiés,
27% des consommateurs pensent que les
entreprises “ ont des pratiques ouvertes
et transparentes ”, 32% des pratiques
â€œâ€‰Ă©thiques ”, et 26% pensent qu’elles
â€œâ€‰Ă©coutent les consommateurs ”. S’agis-
sant des administrations, le score est
infĂ©rieur de moitié 
01. http://www.edelman.com/insights/intellectual-­‐property/trust-­‐barometer-­‐2012
02. http: // www-­‐935.ibm.com/services/us/cmo/cmostudy2011/cmo-­‐registration.html
LE “ RETOUR ” DES DONNEES PERSONNELLES AUX INDIVIDUS : L’ENJEU 01MesInfos | Cahier d'exploration
2120
Une enquĂȘte  05
menĂ©e par l’association de
consommateurs anglaise Which  ? ne dit
pas autre chose : 80% des individus disent
se sentir “ assez ” ou “ trĂšs ” concernĂ©s Ă 
propos de leur vie privée en ligne.
Pourtant, malgrĂ© l’inquiĂ©tude qu’ils expri-
ment, les individus donnent l’impression
de ne guĂšre utiliser les outils techniques
et juridiques dont ils disposent pour se
protĂ©ger : c’est ce que l’on nomme, depuis
les annĂ©es 1990, le “ paradoxe de la vie
privĂ©e ” (  privacy paradox  ). Mais, Ă  y
regarder de plus prùs, les individus n’appa-
raissent pas si passifs que ça : ils mesurent
ce qu’ils divulguent en fonction de leur
familiaritĂ© avec l’organisation qui leur
demande de l’information, ils mentent, ils
multiplient les adresses Ă©lectroniques, ils
se mettent en scÚne sur les réseaux sociaux
plutĂŽt qu’ils ne se dĂ©voilent 06

 Bref, ils dé-
veloppent un usage stratégique et tactique
de leurs données. Tourné vers la projection
de soi vers les autres au travers (  notam-
ment  ) des rĂ©seaux sociaux, cet usage
devient en revanche souvent défensif vis-
Ă -vis des organisations.
Une autre voie se dessine
Aujourd’hui, contrairement à ce qui fut
le cas pendant des dĂ©cennies d’informa-
tisation des organisations, les individus
disposent des moyens de capter, stocker,
traiter et Ă©changer beaucoup d’informa-
tion : selon McKinsey 07
, il y avait en 2010
presque autant de données stockées chez
les individus que dans les entreprises !
En premier lieu, les individus se servent de
cette capacité pour discuter ensemble de
ce qu’ils vivent ou Ă©valuer des produits,
pour s’échanger des avis ou des services,
pour partager des biens. L’expĂ©dition
“ Nouvelles approches de la confiance ” de
la Fing et la Fondation TĂ©lĂ©com 08
mettait
ainsi en lumiĂšre l’émergence puissante
d’une confiance “ de pair à pair ”, horizon-
tale. Avec une consĂ©quence majeure : les
clients, les usagers ne sont plus seuls face
aux organisations. En interagissant avec
de multiples sources et interlocuteurs, ils
se forgent un avis hors de toute maĂźtrise
de la part des entreprises concernées. Ils
s’entraident, ils apprennent Ă  dĂ©tourner les
systĂšmes. Ils dĂ©codent le modĂšle d’affaires
d’une entreprise, les systùmes tarifaires, le
fonctionnement des marchés

Ils s’en servent, aussi, pour produire et
exploiter leurs propres données, à leurs
propres fins. Le mouvement du “ Quanti-
fied Self ” (  quantification de soi  ) a donnĂ©
naissance Ă  des centaines de produits et
de services autour, principalement, de la
santĂ©, du bien-ĂȘtre et de la performance
sportive  09
  : la balance communicante
de Withings, les capteurs destinés aux
joggers, des bracelets pour mieux dormir 

‱‱ Photo : Sebastiaan ter Burg
‱‱ 05. Which? General Public Omnibus, January 2012
‱‱ 06. Nous dĂ©veloppions cette idĂ©e dans Informatique, libertĂ©s, identitĂ©s, Fyp Editions, 2010
‱‱ 07. "Big data : The next frontier for innovation, competition, and productivity" http://www.mckinsey.com/insights/mgi/
research/technology_and_innovation/big_data_the_next_frontier_for_innovation
‱‱ 08. http://www.fing.org/?-Nouvelles-approches-de-la-
‱‱ 09. Internet Actu : http://www.internetactu.net/2011/12/01/quantified-self-13-mettre-linformatique-au-service-du-corps/
Les clients comprennent de moins en
moins les gammes et les tarifs des entre-
prises – mais ils savent que l’optimisation
tarifaire sert l’entreprise avant le client.
L’industrialisation de la relation en dĂ©truit
aussi la qualité : qu’il s’adresse Ă  un site
web, à un téléopérateur stressé par le
chronomĂštre ou Ă  un conseiller au regard
rivĂ© sur son Ă©cran, le client sait qu’il parle
toujours à l’Ordinateur. Un interlocuteur
qui sait beaucoup de choses sur lui, mais
ne lui dit pas quoi, qui fait des choix pour
lui sans lui dire pourquoi, et qui ne laisse
gĂ©nĂ©ralement Ă  personne le soin d’intro-
duire du jeu dans le mécanisme.
Les “ Big Data ” (  dans leur utilisation mar-
keting  ) ont poussĂ© la tendance jusqu’à
son paroxysme : pourquoi perdre son
temps Ă  dialoguer avec un consommateur,
puisqu’on sait dĂ©jĂ  tout sur lui ? PrĂ©sentant
les “ 8 lois du Big Data ” dans le magazine
Forbes 03
, le chroniqueur et entrepre-
‱‱ Source : “ Attitudes Ă  l’égard de la protection des donnĂ©es et de l’identitĂ© Ă©lectronique ”, EurobaromĂštre, 2011
neur David Feinleib n’y va pas par quatre
chemins dans ses conseils aux entreprises :
ǚǚ  Loi N° 3 : “ Utilisez des donnĂ©es
plus diverses, pas seulement plus
nombreuses ” – autrement dit, croisez
tous les fichiers possibles.
ǚǚ  Loi N° 4 : “ Les donnĂ©es gardent
leur valeur bien plus longtemps que
vous ne le croyiez ” – autrement dit,
oubliez le droit à l’oubli.
ǚǚ  Loi N° 5 : “ PrĂ©voyez une crois-
sance exponentielle ”, et en particulier
d’ajouter les donnĂ©es issues de “ l’in-
ternet des objets ” aux donnĂ©es venant
des rĂ©seaux sociaux – autrement dit,
des données bien souvent capturées à
l’insu des individus concernĂ©s
Ne nous Ă©tonnons pas, alors, de consta-
ter l’inquiĂ©tude croissante des europĂ©ens,
mesurĂ©e par l’EurobaromĂštre 04
 :
03. http://www.forbes.com/sites/davefeinleib/2012/07/24/big-data-trends ‱
04. http://ec.europa.eu/public_opinion/archives/eb_special_359_340_fr.html ‱
LE “ RETOUR ” DES DONNEES PERSONNELLES AUX INDIVIDUS : L’ENJEU 01MesInfos | Cahier d'exploration
2322
ǘǘ La restauration de la confiance et
de la fidélité ne passe donc pas seulement
par une meilleure protection des données
personnelles. L’enjeu, c’est que les indivi-
dus puissent récupérer et produire leurs
propres données, pour en faire ce qui a du
sens pour eux. Et tout indique que si les
grandes entreprises et les administrations
ne s’engagent pas volontairement dans
cette voie, d’autres le feront pour eux.
 ¹
Enfin, une vague de nouveaux services
propose aux consommateurs de récupérer
les données qui les concernent pour leur
trouver de nouveaux usages :
ǚǚ  Les “ Personal Finance Managers ”
(  PFM  ) rassemblent les donnĂ©es ban-
caires des individus pour leur donner
une vision globale de leurs finances
et leur proposer un ensemble d’outils
pour optimiser la gestion de leur
argent, leur consommation, leur fis-
calité 
ǚǚ  Les “ coffres-forts numĂ©riques ”,
trÚs actifs en France, réunissent dans
un mĂȘme espace les documents admi-
nistratifs d’un individu ou d’un foyer,
ses principaux contrats (  assurance,
garanties
  ), ses factures, et l’aident
Ă  administrer cet ensemble.
ǚǚ  L’application Skerou propose aux
consommateurs de photographier
leurs tickets de caisse et d’en lire le
contenu ( grñce à un outil de recon-
naissance de caractùres ) pour “ mieux
préparer vos listes de courses, suivre
votre budget, garder un Ɠil sur les
promotions. ”
Toutes ces initiatives présentent deux
points communs : elles se dĂ©veloppent
en dehors de (  voire en opposition à  ) la
relation entre les individus et les entre-
prises qui détiennent leurs informations ;
elles remettent en question les cadres de
responsabilitĂ© existants sans, pour l’ins-
tant, en proposer un nouveau.
‱‱Visuel :MarieCoiriĂ©&JulienDefait
ǘǘ Imaginons maintenant que,
demain, les entreprises et les adminis-
trations partagent les données per-
sonnelles qu’elles dĂ©tiennent avec les
individus que ces données concernent,
pour qu’ils en fassent
 tout ce qui a du
sens pour eux : “ Si j’ai une info sur vous,
vous l’avez aussi  ” Comment cela pour-
rait-il se passer  ? A quoi cela pourrait-il
servir  ? Est-ce une idĂ©e sĂ©rieuse  ?
CHAPITRE 0202
d
LA  PISTE DU PARTAGE00    p
05    p
10    p
15    p
La piste du partage
02
MesInfos | Cahier d'exploration
2726
Pers
onal data manage
m
ent
Personal Information
Management services
help the individual
gather, collate, curate
and use information
about their lives
3. Personal data handbacks
Info about my transactions,
behaviours, usage etc (midata)
4. Personal informatics
Information gathered
from my life
2. Information
as a tool
e.g. information
from the market –
what’s available,
what’s possible?
5. P2P info sharing
Peer reviews, chat
communities,
forums etc.
1. ID and claims verification
Providing proofs of claims about
multiple aspects of my life
6. Information ‘from my head’
My goals, plans, priorities,
preferences, constraints,
circumstances etc.
ǚǚ Mobilité :
ma géolocalisation, mes itinéraires, les
moyens de transport que j’ai utilisĂ©s

reliés, par exemple, à des systÚmes
d’information qui m’aident à choisir
les meilleurs modes, Ă  un calculateur
de mon “ empreinte Ă©cologique ” –
mais aussi, pourquoi pas, croisés avec
les données relatives à mes communi-
cations pour imaginer des meilleures
maniùres d’organiser mon temps, mes
rythmes et lieux de travail

ǚǚ Energie :
ce que je consomme, quand, auprĂšs de
qui, Ă  cause de quels appareils, afin, par
exemple,d’imaginerlesmoyensdepayer
moins cher, ou de vivre plus “ vert ”.
La liste n’est pas close. Elle n’a pas
de limite intrinsĂšque : toute donnĂ©e
personnelle qui peut présenter un
intĂ©rĂȘt concret pour l’individu qu’elle
concerne, peut avoir vocation Ă 
“ revenir ” vers cet individu.
‱‱ SchĂ©ma : “ The individual as data manager ”, Ctrl-shift 2011
De quelles donnĂ©es parle-t-on  ?
Toutes celles dont l’usage peut fournir une information utile aux individus, telles que :
ǚǚ Consommation :
ce que j’ai achetĂ©, oĂč, quand, pour
combien – mis en relation, par
exemple, avec des informations sur
l’origine, les composants, les carac-
téristiques nutritives ou sanitaires, le
bilan carbone
 et aussi, par exemple,
les garanties en cours qui couvrent dif-
férents produits techniques.
ǚǚ Finances :
mes avoirs, mes flux financiers, leur
origine et destination, consolidés
Ă  partir de tous les Ă©tablissements
auprùs desquels j’ai un compte, mes
polices d’assurance, les dossiers en
cours...
ǚǚ Communication :
mes appels, mes SMS, mes messages,
mes publications, commentaires et
autres contributions sur le web et les
réseaux sociaux

ǚǚ Navigation sur le web :
les sites que j’ai visitĂ©s, mes requĂȘtes
auprĂšs de moteurs de recherche, mes
téléchargements, les informations
que j’ai transmises et recueillies en
ligne, les traces captĂ©es ( jusqu’ici ) Ă 
mon insu

ǚǚ Formation et emploi :
ses diplĂŽmes, mais aussi toutes les
autres preuves de compĂ©tence ( les
formations suivies, les projets menés
à bien, les éloges reçues de ses par-
tenaires ); son itinĂ©raire profession-
nel, mais aussi ses autres activités,
associatives, sportives, culturelles

Ă  mettre en valeur, ou au contraire Ă 
masquer, en fonction de ses interlocu-
teurs et de ses buts.
ǚǚ SantĂ© et bien-ĂȘtre :
bilans médicaux, mesures person-
nelles ( poids, taille, tension
 ), pres-
criptions, etc., que l’on peut, mĂȘme en
l’absence de toute pathologie, croiser
utilement avec ce que l’on sait de son
alimentation et de sa mobilité pour,
par exemple, imaginer les maniĂšres de
vivre une vie plus saine.
La piste du partage
02
MesInfos | Cahier d'exploration
2928
‱‱ Exemple de donnĂ©es anonymes de “ Quantified Self ” collectĂ©es Ă  partir des produits Withings	 	
Source : anonymous data extracted from Withings’products users databases | www.blog.withings.com
Mais que diable peut-on faire Ă  partir
de ses propres donnĂ©es ?
De l’analyse des projets existants en France et ailleurs, comme des ateliers crĂ©atifs
menĂ©s dans le cadre de MesInfos, ressortent six catĂ©gories de bĂ©nĂ©fices ( voir partie 3
pour plus de dĂ©tails ) :
ǚǚ Contrîle :
protéger ses données, savoir ce que
l’on sait de soi pour Ă©ventuellement le
corriger ou le faire supprimer, maitri-
ser ce que l’on transmet ou non

ǚǚ Gestion et commodité :
gĂ©rer ses documents et sa paperasse ;
mettre à jour ses données automati-
quement auprùs des interlocuteurs ;
remplir automatiquement les for-
mulaires en ligne tout en contrĂŽlant
ce qu’on transmet ou non à chaque
entreprise

ǚǚ Connaissance de soi :
suivre l’évolution de ses perfor-
mances sportives ;  comprendre les
mécanismes qui influent sur notre
humeur ou notre santĂ© ; ( se ) raconter
sa semaine au travers des lieux qu’on
a frĂ©quentĂ©s, de ce qu’on a achetĂ© et
de ses pratiques en ligne ; faire son
bilan de compĂ©tences et d’ ”employa-
bilitĂ©â€‰â€ ; se comparer Ă  d’autres sur les
critùres qui comptent pour nous

ǚǚ Conscience :
calculer son empreinte Ă©cologique
et faire des choix pratiques ( énergie,
mobilitĂ©, consommation
 ) pour la
réduire ; réussir à consommer bio ou
â€œâ€‰Ă©thique ” sans y passer des heures ni
payer trop cher

ǚǚ DĂ©cision et action :
comparer des offres en fonction de
son mode de vie ( par exemple, des
tarifs téléphoniques en fonction de
son réel historique de communica-
tions mobiles ), choisir un endroit oĂč
habiter, exprimer ses projets ou ses
intentions d’achat Ă  un marchĂ© et
attendre des propositions venues de
plusieurs fournisseurs ; organiser son
temps et ses déplacements, optimi-
ser sa consommation globale d’éner-
gie, gérer son budget et ses finances,
déclarer ses impÎts en deux clics,
envoyer un CV personnalisé, renégo-
cier des contrats

ǚǚ Contribution :
mettre à disposition ses données de
santĂ© au service d’une Ă©tude clinique
( comme le font les utilisateurs de
PatientsLikeMe ), ses donnĂ©es de
mobilité au bénéfice de cartographies
urbaines dynamiques, sa géolocali-
sation pour alimenter Open Street
Maps

La piste du partage
02
MesInfos | Cahier d'exploration
3130
Entrée des
DONNÉES
personnelles
Partage des
DONNÉES
personnelles
Consultation de
l'ensemble des
DONNÉES
personnelles
souhaitées.
Autorisation de
l'individu donnant
accĂšs Ă  certaines de
ses DONNÉESPRIVÉES PUBLIQUES
ORGANISATIONS
RÉUTILISATEURS
ENTREPRISESSTART-UP
COMMUNAUTÉS
D'INNOVATEURS
DESIGNERS
USAGERS
PLATEFORME
entrepÎt de données
personnelles
INDIVIDUS
SERVICES
disponibles et utile
pour l'individu ou
pour la relation
entre individus et
organisations
Concrùtement, comment cela se passera-t-il ?
Les individus disposeront de moyens qui leur permettront :
ǚǚ  D’accĂ©der Ă  volontĂ© aux informa-
tions dont les entreprises disposent
sur eux.
ǚǚ  De complĂ©ter ces informations
par des donnĂ©es qu’ils auront eux-
mĂȘmes captĂ©es ou entrĂ©es : docu-
ments scannés, capteurs personnels
du Quantified Self, traces de naviga-
tion enregistrées par leur navigateur,
géolocalisation

ǚǚ  Au travers d’un “ entrepît per-
sonnel de donnĂ©es ” ( personal datas-
tore ), d’exploiter ces donnĂ©es pour
leur propre compte.
ǚǚ  D’interagir avec les systùmes
d’information d’autres organisations
en disposant de moyens d’exprimer
d’une maniĂšre non ambiguĂ« leurs
préférences, leurs choix, leurs inten-
tions
 y compris, bien sûr, en matiÚre
de vie privée.
ǚǚ  De publier des “ vues ” sur leurs
informations, par exemple pour se
présenter dans un forum, se valoriser
sur un site d’enchùres, entrer dans un
réseau social, chercher un emploi

L’architecture d’un monde de donnĂ©es
“ vraiment ” personnelles
‱‱ Source : MesInfos – 2012 ( Juliette Maroni )
La piste du partage
02
MesInfos | Cahier d'exploration
3332
Une “ carte ” des usages des donnĂ©es
personnelles par et pour les individus
‱‱ Source : MesInfos – 2012 ( Pierre-Julien Cazaux )
Écosystùme des
services autour
des données
personnelles
Classer Archiver
Visualiser
Mesurer
analyser
Comparer
Partager
Faire des
projets
Exprimer
ses attentes
Se
présenter
sous
différentes
facettes
Mettre
Ă  jour
Choisir
ContrĂŽler
Portabilité
Capter
ĂȘtre
reconnu
en toute
sécurité
Stocker
Se faciliter la vie
MaĂźtriser Se projeter
Mieux se connaĂźtre
ïï€ï­ï©ïźï©ï”ï­ï€Źï€ ïˆïŻï­ï„ï‚ï”ïąïąïŹï„ï€Źï€ ï„ï©ï§ï©ï°ïŻïłïŽï„
ïčïč
ïčïźï„ïČï§ï„ïŽï©ïŁïłï€ ï€šï„ïïŻïČïŽïŠïŻïŹï©ïŻïłï€©
ï—ï©ïŽïšïŽïšï©ïźï§ïłï€Źï€ ï†ï©ïŽïąï©ïŽï€ ï€šï‘ï“ï€©
ïČï„ï„ïźï€ ïąï”ïŽïŽïŻïź
ïï©ïźïŽï€ ï€šïï†ïï€©
ï’ï„ï€ï‚ï„ïĄïŁïŻïźï€Źï€ ï”ïšï”ï­ïąïŽïĄïŁï«
ï‡ïĄïČïŹï©ï«
ïČïĄïŁï«ïï„ïŽïŻïŽ
Les entreprises ou les administrations
adapteront leurs systùmes d’information
pour dialoguer avec les individus par l’in-
termĂ©diaire de ces nouveaux outils :
ǘǘ  Recueillir, mettre à jour et restituer
des données personnelles.
ǘǘ  Faire Ă©voluer leur relation clien-
tĂšle pour interagir avec des usagers
et clients mieux informés et mieux
outillés.
ǘǘ  Proposer des nouveaux choix,
de nouvelles options, des nouveaux
services.
ǘǘ  RĂ©pondre Ă  des appels d’offres ou
des “ appels à propositions ” issus de
consommateurs, isolés ou en groupe.
ǘǘ  Recruter sur des bases plus riches
que le classique CV

Des fournisseurs de services “ tiers ”
proposeront aux individus une gamme
d’outils et de services fondĂ©s sur leurs
données. Activés par les individus et sous
leur contrĂŽle, ces services prendront toutes
sortes de forme :
ǘǘ  Outils et services personnels d’ana-
lyse et de gestion.
ǘǘ  Outils et services de visualisation,
de représentation, de modélisation, de
projection

ǘǘ  Outils et services de comparaison,
de “ matching ”, de mise en relation, de
transaction.
ǘǘ  Outils et services “ majordomes ”,
d’accompagnement, coaching ou dĂ©lĂ©-
gation.
ǘǘ  Outils et services de contrîle, de
suivi, de traçage, de “ portage ” des
donnĂ©esd’unenvironnementĂ unautre.
ǘǘ  Mais aussi, pourquoi pas, des jeux
en rĂ©seau, des rĂ©seaux sociaux d’un
nouveau genre, des espaces collabo-
ratifs pour produire des connaissances
communes
 L’exploration des services
que la restitution des données person-
nelles aux individus rendra possibles ne
fait que commencer.
La piste du partage
02
MesInfos | Cahier d'exploration
3534
nĂ©gocier des conditions d’interaction, pour
apprendre de ces interactions.
La perspective de Doc Searls est celle d’une
â€œâ€‰Ă©conomie de l’intention 11
 ” dans laquelle
les consommateurs cessent d’ĂȘtre des in-
dividus passifs dont on cherche continuel-
lement à capter l’attention, pour exprimer
leurs intentions auprùs d’entreprises qui se
mettent Ă  leur Ă©coute. Economiquement,
cette approche pourrait rendre les marchés
beaucoup plus efficients : au lieu de devoir
“ deviner ” les intentions des consomma-
teurs Ă  partir de systĂšmes de plus en plus
complexes et intrusifs, les entreprises
pourraient en prendre connaissance Ă  la
source, d’une maniĂšre non ambiguĂ«.
En 2011 et 2012, le Forum Economique
Mondial ( WEF, plus communĂ©ment connu
sous le nom “ Forum de Davos ” ) publiait
une série de rapports sur le potentiel
Ă©conomique des donnĂ©es personnelles 12
.
Pour le WEF les données représentent une
“ nouvelle classe d’actifs ”, une “ opportu-
nitĂ© Ă©conomique post-industrielle ”, mais
cette opportunité ne se réalisera pas si le
déséquilibre persiste entre le niveau de
connaissance et d’outillage des organisa-
tions, et celui des individus. Le WEF intro-
duit l’idĂ©e d’un â€œâ€‰Ă©cosystĂšme des donnĂ©es
personnelles ”, dans lequel les donnĂ©es
d’un individu seraient traitĂ©es comme un
capital que celui-ci gĂšrerait et exploiterait
lui-mĂȘme.
Le Royaume-Uni et les
Etats-Unis passent Ă 
l’action
Porté depuis avril 2011 par le gouvernement
britannique et 19 entreprises, le projet
Midata 13
se fixe pour objectif de “ tirer
parti du potentiel économique que repré-
sente, pour les entreprises, le basculement
de leur relation clients d’une approche
unilatérale de collecte des données à
une approche de partage fondée sur une
confiance mutuelle. ” La perspective est
Ă©conomique : d’une part, des consomma-
teurs plus exigeants et mieux en mesure
d’exprimer leurs intentions rendront les
marchĂ©s plus efficients ; d’autre part, un
marché entiÚrement nouveau de services
personnels fondés sur les données des
individus pourrait Ă©merger.
‱‱ 11. Titre de l'ouvrage de Doc Searls (Harvard Business Press, 2012)
‱‱ 12. http://www.weforum.org/issues/rethinking-personal-data
‱‱ 13. https://www.gov.uk/government/policies/providing-better-information-and-protection-
for-consumers/supporting-pages/personal-data
Des “ plates-formes personnelles de
donnĂ©es ” joueront un rĂŽle de pivot entre
les utilisateurs, les détenteurs de données
personnelles et les fournisseurs de services
“ tiers ”.
ǘǘ  Elles sont le premier point de
contact entre l’individu et ses donnĂ©es
et lui fournissent, a minima, les
moyens nécessaires pour contrÎler la
validitĂ©, la circulation et l’usage de ses
informations.
ǘǘ  Elles mettent à disposition des
outils simples d’administration, de
mise Ă  jour, de visualisation, de re-
cherche et d’analyse de ses informa-
tions.
ǘǘ  Elles communiquent avec les
systĂšmes d’information des dĂ©ten-
teurs de donnĂ©es pour obtenir, d’une
maniĂšre sĂ©curisĂ©e, l’accĂšs aux donnĂ©es
qui concernent l’individu.
ǘǘ  C’estauprùsd’ellesquedesservices
“ tiers ” obtiennent les donnĂ©es que les
individus les ont autorisés à utiliser,
dans des conditions précises et véri-
fiables.
Les formes que prendront ces plates-
formes restent encore Ă  prĂ©ciser ( voir
chapitre 5 ). Comment, en effet, proposer
une grande simplicitĂ© d’usage pour les
individus, sans compromettre la sécurité
des données des individus, ni conférer à
l’opĂ©rateur d’une plate-forme un pouvoir
de marché dont il sera naturellement tenté
d’abuser ? Plusieurs modùles s’explorent :
privé ou communautaire, centralisé ou
éclaté, fondé ou non sur un transfert
“ physique ” des donnĂ©es, hĂ©bergĂ© chez
l’utilisateur ou dans le cloud, gĂ©nĂ©raliste
ou spĂ©cialisĂ© ( des plates-formes “ santĂ©â€‰â€,
“ finances ”, “ formation ”
 ), etc.
Une piste qui s’explore
déjà ailleurs
DĂšs 2006, l’AmĂ©ricain Doc Searls propo-
sait le concept de “ VRM ” ( Vendor Rela-
tionship Management, le symétrique cÎté
consommateur du CRM, Customer Rela-
tionship Management ). Doc Searls n’est
pas un inconnu : il est l’un des auteurs
du Cluetrain Manifesto ( 1999 ), texte qui
continue de faire référence sur le mar-
keting et la relation clients Ă  l’ùre numĂ©-
rique 10
. Le message du VRM : “ un client
libre a plus de valeur qu’un client captif. ”
Un client libre dispose d’un niveau d’infor-
mation et d’outillage comparable à celui
des organisations avec lesquelles il est en
relation. Son “ systùme d’information ”
interagit avec celui des organisations pour
partager ( ou non ) des informations, pour
SchĂ©ma de Paul Trevithick, photographiĂ© par Doc Searls © ‱
10. http://www.cluetrain.com/ ‱
La piste du partage
02
MesInfos | Cahier d'exploration
3736
Les deux pays en pointe sur la restitution
des données personnelles aux individus,
Royaume-Uni et Etats-Unis, le sont Ă©gale-
ment sur l’ouverture des donnĂ©es gĂ©rĂ©es
par les administrations publiques ( open
data ). Cela n’a rien de fortuit. L’open data
transforme le droit trĂšs Ă©tabli d’accĂšs aux
documents administratifs ( Freedom of In-
formation Act dans les pays anglo-saxons,
loi de 1978 dite “ CADA ” en France ) en
un droit de réutilisation des données, qui
suppose que celles-ci soient accessibles de
maniĂšre informatique, sur des serveurs.
De la mĂȘme maniĂšre, la restitution aux
individus des données personnelles qui
les concernent transformerait le “ droit
d’accùs et de rectification ” de la loi “ Infor-
matique et libertĂ©s ” ( qui date Ă©galement
de 1978 ), et ses Ă©quivalents dans d’autres
pays, en un droit de récupération et de réu-
tilisation des données.
‱‱ Des participants en plein brainstorm pendant le 1er hackathon du projet Midata, en novembre 2012 | Photo : Mydex
Open Data : le prĂ©cĂ©dent
Les principes du projet Midata
La charte du projet Midata repose sur “ 9 principes centraux ” :
ǘǘ  Les donnĂ©es restituĂ©es aux consom-
mateurs le sont dans des formats réu-
tilisables, lisibles par des machines et
fondés sur des standards ouverts.
ǘǘ  Les consommateurs doivent
pouvoir visualiser, récupérer et stocker
leurs donnĂ©es d’une maniĂšre sĂ»re.
ǘǘ  Les consommateurs doivent
pouvoir analyser, manipuler, intégrer
et partager leurs données  comme ils
l’entendent.
ǘǘ  Un effort de standardisation des
termes, des formats et des données
doit ĂȘtre entrepris, d’une maniĂšre aussi
multisectorielle que possible.
ǘǘ  Les donnĂ©es doivent ĂȘtre mises Ă 
disposition des consommateurs le plus
rapidement possible aprĂšs que ceux-ci
les auront demandées.
ǘǘ  La prioritĂ© est de fournir des
données utilisables et utiles à la prise
de dĂ©cision ou Ă  la conduite d’activitĂ©s
spécifiques.
ǘǘ  Les organisations ne devraient
imposer aucune restriction, placer
aucune barriÚre à la réutilisation des
données.
ǘǘ  Les organisations contribueront à
faire connaĂźtre aux consommateurs
les opportunités et les responsabilités
associées au nouveau pouvoir dont ils
disposent sur leurs propres données.
ǘǘ  Les organisations informeront prĂ©-
cisément les consommateurs sur la
maniÚre dont leurs données ont été
collectĂ©es, sur ce qu’elles reprĂ©sen-
tent, et sur les interlocuteurs Ă  contac-
ter en cas de problĂšme.
Aux Etats-Unis, dans le cadre de la straté-
gie dite de “ Smart Disclosure 14
 ”, l’admi-
nistration Obama multiplie les initiatives
sectorielles de restitution des données aux
individus : Blue Button ( donnĂ©es de santé ),
Green Button ( énergie ), Purple Button
( formation ). Ici, la perspective est celle
de l’empowerment ( mise en capacité ) des
individus, outillés et mis en capacité de
prendre de meilleures décisions, de faire
des choix plus Ă©clairĂ©s, d’exprimer leurs
attentes et aspirations, de prendre en main
leur quotidien comme leur destinée.
Comme au Royaume-Uni, le gouverne-
ment a souhaité stimuler l'écosystÚme
d'innovateurs en lançant un concours pour
le développement d'applications, Apps for
Energy , qui offrait 100 000$ de prix aux
applications innovantes dans le domaine
de l'Ă©nergie.
Parmi les applications récompensées
se trouvent Leafully ( met en Ă©vidence
l'impact de nos décisions/comportements
énergétiques, puis aide ses utilisateurs
à réaliser des économies et réduire leur
empreinte Ă©cologique  ), Melon ( compare
la performance énergétique d'un bùtiment
commercial avec une base de données na-
tionale, permet d'obtenir un label, fournit
des conseils pour améliorer la performance
de l'immeuble), BYI ( permet de suivre et
budgĂ©ter sa consommation facilement )...
14. http://www.whitehouse.gov/blog/2012/03/30/informing-consumers-through-smart-disclosure ‱
La piste du partage
02
MesInfos | Cahier d'exploration
3938
ǘǘ Beaucoup de conditions
semblent donc remplies pour que
les individus deviennent destina-
taires de leurs propres données,
celles qu’ils ont transmises comme
celles qui ont été captées à leur
sujet. Des acteurs gouvernemen-
taux, des grandes entreprises, des
chercheurs et des entrepreneurs
y croient suffisamment pour s’y
engager. L’idĂ©e est Ă  l’ordre du
jour. Reste à lui donner réalité.
 ¹
Le contexte réglementaire va dans le sens de la
récupération des données par les individus
La révision en cours de la directive européenne sur la protection des données per-
sonnelles 15
prĂ©voit, parmi d’autres dispositions, “ un accĂšs facilitĂ© des individus Ă 
leurs propres donnĂ©es et la possibilitĂ© de transfĂ©rer leurs donnĂ©es personnelles d’un
fournisseur de services Ă  un autre. ” Sans aller explicitement jusqu’à la rĂ©utilisation de
leurs données par les individus, la proposition de la Commission européenne installe un
contexte qui la rend possible, voire inéluctable.
π Au Royaume-Uni, Ă  l’issu de la consul-
tation nationale menĂ©e pendant l’étĂ© 2012
autour du projet Midata 16
, le gouverne-
ment s’est donnĂ© le droit d’exiger de cer-
taines entreprises qu’elles mettent à dis-
position de leurs clients les données dont
elles disposent sur eux, dans un format
“ lisible par des machines ”. Trois domaines
sont concernĂ©s : l’énergie, la tĂ©lĂ©phonie
mobile et la banque.
π En France, la mission d’expertise sur
la  “ fiscalitĂ© de l’économie numĂ©rique ”
confiĂ©e au conseiller d’Etat Pierre Collin et
à l’inspecteur des Finances Nicolas Colin,
propose une imposition fondée sur les
données personnelles collectées par les
entreprises du numĂ©rique – et qui devien-
drait dégressive à mesure que ces entre-
prises donneraient plus de contrĂŽle sur ces
donnĂ©es aux individus concernĂ©s, jusqu’à
partager ces données avec eux et leur per-
mettre de s’en servir à leurs propres fins 17
.
15. http://ec.europa.eu/justice/newsroom/data-protection/news/120125_en.html ‱
16. https://www.gov.uk/government/consultations/midata-2012-review-and-consultation ‱
17. http://www.redressement-productif.gouv.fr/rapport-sur-fiscalite-secteur-numerique ‱
ǘǘ Quels bénéfices les utilisateurs
peuvent-ils tirer de leurs propres don-
nĂ©es  ? Quels usages, quelles connais-
sances, quels services, quels risques
aussi, pourraient Ă©merger d’une telle
transformation du paysage  ? Au
travers des projets, des réflexions,
des expérimentations menées dans le
monde, les contours du nouvel â€œâ€‰Ă©co-
systĂšme des donnĂ©es personnelles ”
piloté par les individus commencent à
se dessiner.
03
d
CHAPITRE 03
QUELS SERVICES,
POUR QUELS USAGES ?00    p
05    p
10    p
15    p
20    p
Quels services. Pour quels usages ?
03
MesInfos | Cahier d'exploration
4342
06CONTRIBUTION
Alimenter la
production de
connaissances
collectives
02CONTROLE
Maßtriser ses identités
numériques et ses données
personnelles
01GESTION
Administrer son
quotidien et ses
informations
04CONSCIENCE
Mieux se
connaĂźtre
pour agir
03CONNAISSANCE
DE SOI
Vivre avec ses valeurs
05DECISION
ET ACTION 
Faire les bons
choix, et les
appliquer
Depuis plusieurs années, des services
proposent Ă  leurs utilisateurs de faciliter
la gestion et la protection de certaines de
leurs données personnelles et, parfois, de
leur permettre d’en tirer d’autres bĂ©nĂ©fices
pratiques. Dans la mesure oĂč la plupart des
informations demeurent enfermées dans
les bases de données des entreprises, sans
partage avec les individus, ces services
apparaissent souvent isolés, trÚs spécia-
lisĂ©s, et complexes d’utilisation puisqu’ils
demandent un certain travail à l’utilisateur.
Ces services pionniers nous fournissent
cependant des premiĂšres indications sur la
nature des usages qui pourraient Ă©merger
si, demain, les entreprises et les adminis-
trations partageaient les données dont
elles disposent avec les individus qu’elles
concernent. Nous complétons ces indica-
tions, d’une part, des idĂ©es et projets qui
circulent dans les communautés de cher-
cheurs et d’entrepreneurs actifs sur ce
sujet dans le monde et d’autre part, de
propositions issues des ateliers créatifs
menés par MesInfos en France et des
“ hackathons ” organisĂ©s par Midata au
Royaume-Uni.
On peut ainsi classer ces services dans 6
grandes catĂ©gories :
Quels services. Pour quels usages ?
03
MesInfos | Cahier d'exploration
4544
L’ePortfolio se dĂ©finit comme “ un
dispositif facilitant l’apprentissage
réflexif en permettant à une personne
de collecter, d’organiser et de publier
une sélection de traces de ses appren-
tissages, pour faire reconnaĂźtre, voire
valoriser, ses acquis et planifier ses
apprentissages futurs 19. ” Il s’agit
d’exploiter les capacitĂ©s de l’infor-
matique et des réseaux pour mettre
les individus en capacité de valoriser
et d’enrichir leur capital intellectuel,
professionnel, social et culturel, tout
au long de leur vie. Les fonctions du
ePortfolio associent Ă©troitement la
collecte et l’agrĂ©gation d’informa-
tions, leur analyse réflexive, et la pré-
sentation contrÎlée des facettes de
l’individu qui lui sembleront les mieux
adaptĂ©es Ă  un contexte donné : un CV,
une plaquette, une bio dans un site
communautaire

‱‱ Rassembler les traces de ses activitĂ©s
et de ses compétences
Nos parcours professionnels sont de moins
en moins linĂ©aires. Chacun d’entre nous
devra constamment acquérir de nouvelles
compĂ©tences, s’adapter Ă  de nouveaux
contextes, travailler avec de nouveaux
partenaires, passer de projet en projet,
changer de métier ou en exercer plusieurs
Ă  la fois. Formation et travail deviennent de
moins en moins dissociables. Le concept
d’ePortfolio vise à adapter les formes
d’analyse et de prĂ©sentation des compĂ©-
tences individuelles à la réalité contempo-
raine des trajectoires professionnelles.
eportoflio
‱ 19. Source : Europortfolio
La premiÚre fonction indispensable, mais non suffisante, consiste à faciliter la récupé-
ration, l’entrĂ©e, le scan d’informations et de documents, puis leur archivage, leur
classement, leur visualisation simple. Les “ entrepĂŽts personnels de donnĂ©es ” ( personal
datastores ) et autres “ coffres-forts Ă©lectroniques ” fournissent tous ce service de premier
niveau. C’est l’équivalent des classeurs, boĂźtes d’archives, dossiers suspendus et carnets
d’adresses que nous connaissons bien, à ceci prùs qu’il devient possible de rapprocher des
informations qui existaient auparavant dans des univers trĂšs diffĂ©rents : nos photos, par
exemple, avec nos papiers administratifs ou nos factures. A quelles fins ? Nous verrons
par la suite plusieurs exemples de croisement qui, faits Ă  l’initiative et au bĂ©nĂ©fice des
individus, produisent du sens : pensons par exemple à la reconstitution d’un voyage à
partir d’un agenda, de films et de photos, de traces de navigation web et de localisation,
des factures d’hĂŽtel et de restaurant, des coordonnĂ©es des amis rencontrĂ©s... Au-delĂ  de
cette fonction de base, d’autres directions Ă©mergent, dont plusieurs sont dĂ©jĂ  explorĂ©es
par des entreprises innovantes :
‱‱ GĂ©rer ses papiers, ses contrats et
échéances, ses factures, ses garanties...
Les coffres-forts numĂ©riques 18
se posi-
tionnent aujourd’hui sur ce domaine de
gestion du quotidien, en proposant toutes
ces fonctions. Ils rassemblent dans un seul
et mĂȘme espace les documents adminis-
tratifs du foyer, ses contrats, factures, les
organisent et les archivent de façon struc-
turée, et proposent des services supplé-
mentaires : rĂ©cupĂ©ration automatique de
factures auprĂšs des fournisseurs, rappel de
dates clés, visualisation des dépenses, etc.
‱‱ Retrouver le contrîle de ses contenus.
Aujourd’hui, les livres, les films, la musique
“ achetĂ©s ” sur de nombreuses plates-
formes en ligne le sont sous la forme de
licences d’utilisation : dans bien des cas,
rompre le contrat avec les plates-formes
concernĂ©es signifie perdre l’accĂšs Ă  ces
contenus. Il peut en aller de mĂȘme avec
les photos, les vidĂ©os, les textes que l’on
a soi-mĂȘme publiĂ©s sur un rĂ©seau social ou
une autre plate-forme. RĂ©unir ces docu-
ments sur une plate-forme placée sous le
contrîle de l’individu, dans des formats
qui en permettent la récupération locale
et la portabilité, permettrait de retrouver
la maĂźtrise durable des contenus acquis ou
produits par chaque individu.
ǘǘ Des start-ups comme Cozy Cloud pro-
posent des services de "Cloud Personnel",
oĂč l'utilisateur stocke toutes ses donnĂ©es et
exécute des applications qui les valorisent.
1|GESTION : administrer son
quotidien et ses informations
18. Les acteurs français actifs dans son domaine ont crĂ©Ă© une association, l'A-CFN ‱
UNE JOURNEE REUSSIE / CHRONOREVE
Un assistant personnel intelligent qui organise et
optimise l’agenda du quotidien en se fixant pour prioritĂ©
de dégager du temps ou de nourrir les temps morts au
service de ses aspirations et de ses rĂȘves.
Quels services. Pour quels usages ?
03
MesInfos | Cahier d'exploration
4746
‱‱ schĂ©ma : Userstudio ©
| ScĂ©narios fictifs | Workshop Mes INFOS - Services et chaĂźnes de valeur  ? ‱ 14 juin 2012
ChronorĂȘve est un assistant personnel
intelligent qui organise et optimise
l’agenda du quotidien en se fixant
pour priorité de dégager du temps ou
de nourrir les temps morts au service
de ses aspirations et de ses rĂȘves.
L’agenda optimise mon temps pour
trouver des créneaux horaires et des
propositions qui m’aident Ă  rĂ©aliser
ce( s ) rĂȘve( s ). Il se fonde pour cela sur
cinq types de paramùtres :
‱‱ Moi/mes proches/mes contacts
‱‱ Mes  activitĂ©s  ( travail,  course, etc... )
‱‱ Mes contraintes
‱‱ Mes prĂ©fĂ©rences
‱‱ Mes aspirations et mes rĂȘves
Cet agenda, reposant notamment sur
des données de géolocalisation, de
dates, d’agendas partagĂ©s en fonction
de mes cercles relationnels, sait Ă©ga-
lement repérer les opportunités du
moment : par exemple, un crĂ©neau
libre dans l’agenda du mĂ©decin ( qui a
acceptĂ© de me le partager ) qui corres-
pond à une de mes disponibilités. Le
mĂ©decin en bĂ©nĂ©ïŹcie en remplissant
mieux son agenda, et moi en proïŹtant
de ce moment libre. L’agenda est au-
to-apprenant : chaque ïŹn de journĂ©e,
il me demande d’évaluer sa perfor-
mance et ajuste ses propositions en
conséquence. Il me permet ainsi de
mieux gérer mon quotidien en me
faisant gagner du temps, tout en
m’aidant Ă  me projeter et de rĂ©pondre
Ă  mes aspirations.
ChronorĂȘve 20
20. Service fictifs | Workshop Mes INFOS | FING ‱
Quels services. Pour quels usages ?
03
MesInfos | Cahier d'exploration
4948
transmet l’adresse à d’autres ou encore,
d’interrompre toute relation avec un site
sans devoir changer d’adresse... Au-delà,
la gestion par l’individu de ses diffĂ©rentes
identités numériques publiques permet
d’explorer des formes d’ ”hĂ©tĂ©ronymat ”,
c’est-à-dire de pseudonymes durables,
disposant de leur vie propre sur un ou
plusieurs sites, porteurs de confiance, et
pourtant dissociĂ©s de l’identitĂ© civile de
celui ou celle qui l’a créé 22
.
2.3 Simplifier et contrĂŽler
les Ă©changes d’informations
personnelles
Le fait, pour les individus, d’obtenir les
données dont les organisations disposent
sur eux, renforce leur capacité de contrÎle
et de négociation à propos de ces données,
de leur transmission, de leur usage, de leur
contrĂŽle et de leur Ă©ventuel effacement.
OneCub propose par exemple de visua-
liser l'ensemble de ses relations avec les
enseignes pour ĂȘtre en mesure de mieux
contrÎler celles avec qui l'on va décider
d'interagir  -  ou non. Plusieurs concepts
de services et d’outils visent à la fois à
permettre aux individus de choisir quelles
informations ils transmettront ou non Ă 
des tiers qui les leur demandent, et Ă  leur
faciliter la tñche lorsqu’ils font le choix de
partager des informations :
‱‱ NĂ©gociation et contrĂŽle des donnĂ©es
transmises Ă  des tiers.
Plusieurs outils et standards 23
ont été
proposés dans le but de standardiser le
dialogue entre un individu et un service qui
souhaite obtenir des données de sa part
- sans grand succùs pour l’instant, faute
d’adoption de la part des organisations. Les
promoteurs du concept de VRM ( Vendor
Relationship Management ) vont plus loin,
en imaginant que ce serait demain aux or-
ganisations qui réclament des données de
signer ( numĂ©riquement ) la “ charte d’utili-
sation ” de ses donnĂ©es que l’individu leur
propose, plutît que l’inverse.
‱‱ Effacement, correction, de ses donnĂ©es.
Si le “ droit d’accùs et de rectification ”
existe, il reste souvent difficile Ă  appli-
quer. Des services et des intermédiaires
se proposent d’aider les individus à le
mettre en Ɠuvre, en agissant comme leurs
représentants et en allant chercher le plus
loin possible les données répliquées un
peu partout sur l’internet. D’une certaine
maniĂšre, certains services de gestion de
l’e-rĂ©putation ” comme Naymz vont dans
le mĂȘme sens. D’autres comme Garlik vont
plus loin et proposent Ă  la fois de scanner
et rassembler ses données éparpillées
en ligne ( Data Patrol ) et d’alerter en cas
d’usage abusif de donnĂ©es ou d’usurpation
( Garlik Angel ).
‱‱ PrĂ©-remplissage de formulaires
Plusieurs navigateurs et quelques services
spécialisés aident les utilisateurs à emplir
automatiquement des formulaires, sur la
base de ses données - stockées localement
-, pour en finir avec le remplissage répéti-
tif des mĂȘmes informations dans divers
formulaires. Au-delà de leurs bénéfices
en termes de commodité, ces services
peuvent se marier avec d’autres fonctions
destinées à contrÎler les données trans-
mises ou non, voire à aider l’utilisateur à
mentir de maniÚre cohérente auprÚs de
plusieurs entreprises

‱‱ “ Subscribe to me ”
Offrir à des tiers approuvés a priori la pos-
sibilitĂ© de s’abonner Ă  certaines de ses
données, pour leur permettrer de disposer
en permanence des informations Ă  jour. Et
bien sûr, pouvoir révoquer ce droit à tout
instant.
‱ 22. Voir “L’homonyme d’hĂ©tĂ©ronyme”, Internet Actu, 2009
http://www.internetactu.net/2009/07/15/lhomonyme-dheteronyme
‱ 23. En particulier les “Infocards”.
Si l’objectif de MesInfos est de donner aux individus le pouvoir de tirer des bĂ©nĂ©fices
personnels des données qui les concernent, cela passe également par le fait de leur per-
mettre de mieux contrĂŽler ce que d’autres font de ces donnĂ©es. Un ensemble de services
et de concepts Ă©mergent, qui marient Ă©troitement plusieurs prĂ©occupations : sĂ©curitĂ©,
maßtrise de ses données, mais aussi commodité.
2.1 Qui sait quoi sur moi ?
 Des services tels que Privowny permettent
de savoir quelles données les services en
ligne obtiennent de nous, que ce soit de
maniùre explicite ( formulaires ) ou non
( cookies ).
2.2 GĂ©rer ses comptes et
identités numériques
 Conservation sĂ©curisĂ©e de ses identi-
fiants / mots de passe, single sign-on

Des services cherchent Ă  faciliter la gestion
de ses multiples identifiants et codes
d’accùs, sans pour autant les confier à des
tiers, des “ cercles de confiance ” ou des
plates-formes telles que Facebook ( dont le
systÚme Facebook Connect est utilisé par
prùs de 7 millions d’applications et de sites
extĂ©rieurs Ă  Facebook ).
‱‱  IdentitĂ©s fĂ©dĂ©ratives et sĂ©curisĂ©es
Le projet britannique Midata est souvent
associé aux actions du Gouvernement et
de certaines entreprises en matiùre d’Iden-
tity Assurance, qui visent Ă  fournir des
moyens solides et communs pour valider
l’identitĂ© ( ou a minima les droits ) d’un
individu ou d’une organisation lors d’une
transaction numérique. Une organisation
aura par exemple besoin d’ĂȘtre certaine de
l’identitĂ© d’un individu qui lui demanderait
d’accĂ©der aux donnĂ©es personnelles dont
elle dispose sur lui. Dans le cas de services
complexes, qui font appel Ă  plusieurs orga-
nisations indĂ©pendantes, il peut s’avĂ©rer
2|CONTROLE : maĂźtriser ses identitĂ©s
numériques et ses données personnelles
nĂ©cessaire de “ faire passer ” des certificats
d’identitĂ© d’un interlocuteur Ă  un autre.
Se pose alors la question, d’une part, des
standards qui permettront Ă  de nombreux
individus et organisations d’échanger des
certificats et d’autre part 21
, de la transpa-
rence de ces processus pour les individus
concernés.
‱‱  Authentification sans identification
Dans de nombreux cas de la vie courante,
l’affirmation d’un Ă©tat ou d’un droit ne
nĂ©cessite pas d’indiquer Ă©galement son
identité : “ j’ai plus de 18 ans ”, “ j’ai le
permis de conduire ”, “ je suis bien le
dĂ©tenteur de tel moyen de paiement ”...
Plusieurs projets ( dont, apparemment,
IDĂ©Num, mĂȘme si l’on sait encore peu de
choses de l’état actuel du projet ) visent
ainsi Ă  sĂ©parer authentification ( valider
l’authenticitĂ© d’une assertion ) de l’identifi-
cation ( connaĂźtre l’identitĂ© d’une personne
ou d’une entité ).
‱‱  IdentitĂ©s spĂ©cialisĂ©es ou jetables
Il est souvent indispensable de pouvoir se
crĂ©er des “ identitĂ©s ” multiples, durables
ou non, pour gérer de maniÚre étanche
ses relations avec différents interlocu-
teurs, ou son existence publique dans
ces cercles différents. Plusieurs services
permettent ainsi de se créer des adresses
e-mail dédiées aux relations avec un site
particulier, ce qui permet Ă  la fois de
gérer ses messages, de vérifier si le site
21. C’est l’objet de la Kantara Initiative ainsi, Ă  l’échelle française, du projet
IDĂ©Num, rĂ©cemment relancĂ© par le Gouvernement | www.kantarainitiative.org ‱
Quels services. Pour quels usages ?
03
MesInfos | Cahier d'exploration
5150 ‱‱ Photo : Marisa | Un utilisateur de Fitbit attentif à la distance qu’il a parcouru.
‱‱ 24. Service fictifs imaginĂ© lors d'un workshop Mes INFOS | FING - juin 2012
De nombreux appareils et services issus du mouvement “ Quantified self ” per-
mettent de mesurer toutes sortes de paramĂštres physiologiques, de surveiller son
sommeil, le nombre de calories brûlées, sa fréquence cardiaque, le nombre de pas
effectués dans la journée, etc. Chaque utilisateur peut mesurer ses données per-
sonnelles, mais aussi les visualiser, les analyser, et les partager. FitBit propose de
mesurer son activité physique, son alimentation et son sommeil, Withings vend
dans le monde entier une balance et un tensiomÚtre connectés...
QUANTIFIED self 24
Les entreprises utilisent d’abord les donnĂ©es ( personnelles ou non ) pour comprendre
leur environnement, analyser leurs actions passĂ©es, mesurer ce qu’elles ont rĂ©ussi ou
non, se comparer Ă  d’autres, Ă©valuer leurs options. Pourquoi les individus n’en feraient-
ils pas autant, Ă  l’aide de leurs donnĂ©es ? Un grand nombre de services, souvent dĂ©jĂ 
opĂ©rationnels, se proposent ou pourraient se proposer de les y aider :
3|CONNAISSANCE DE SOI  :
savoir pour agir
‱‱ Budget et finances :
À l’aide d’outils de gestion des finances
personnelles ( Personal Finance Managers
ou “ PFM ” ), disposer d’une vision consoli-
dée de son budget et de son patrimoine...
ǘǘ En France, Bankin’ propose à ses utili-
sateurs de récupérer automatiquement les
relevés de leurs comptes dans différentes
banques afin de leur fournir une analyse de
leurs dépenses, de leur notifier les dépasse-
ments de “ seuils de sĂ©curitĂ©â€‰â€, d’évaluer la
pertinence de leur Ă©pargne...
‱‱ Consommation :
Obtenir une “ vision à 360° ” de sa consom-
mation, en récupérant des données chez
tous ses fournisseurs et commerçants,
pour les analyser Ă  sa maniĂšre...
ǘǘ Des startups telles que Custle per-
mettent de visualiser l’ensemble de ses
achats effectués en ligne, mais aussi de
visualiser l’ensemble des commerçants avec
lesquels un individu a une relation. D’autres
proposent Ă  leurs utilisateurs d’évaluer leur
consommation, que cela soit d’un point de
vue budgĂ©taire, “ responsable ” ( écologique,
Ă©thique... ), sanitaire... Ainsi, en scannant
leurs tickets de caisse, les utilisateurs de
Skerou peuvent suivre leur budget, préparer
des listes de courses ou garder un Ɠil sur
certaines promotions.
‱‱ Energie :
ConnaĂźtre et optimiser sa consommation,
pouvoir Ă©valuer des choix alternatifs...
ǘǘ Le projet emPowerMi, issu du premier
Hackathon Midata en Novembre 2012,
promet à l’individu de faire d’importantes
Ă©conomies en matiĂšre d’énergie, en croisant
lui-mĂȘme ses donnĂ©es de consommation
et d’autres relatives à son logement, à sa
situation familiale, etc. Aux Etats-Unis,
plusieurs services ont été développés dans
le sillage du Green Button, parmi lesquels
Plotwatt, qui propose des fonctionnalités si-
milaires, permettant de recevoir des recom-
mandations personnalisĂ©es et d’ĂȘtre averti
en cas de pic anormal de consommation.
ǘǘ Comme au Royaume-Uni, le gouver-
nement a souhaité stimuler l'écosystÚme
d'innovateurs en lançant un concours pour
le développement d'applications, Apps for
Energy, qui offrait 100 000 $ de prix aux ap-
plications innovantes dans le domaine de
l'énergie. Parmi les applications récompen-
sées se trouvent Leafully (met en évidence
l'impact de nos décisions/comportements
énergétiques, puis aide ses utilisateurs
à réaliser des économies et réduire leur
empreinte Ă©cologique), Melon (compare
la performance énergétique d'un bùtiment
commercial avec une base de données na-
tionale, permet d'obtenir un label, fournit
des conseils pour améliorer la performance
de l'immeuble‚
), BYI (permet de suivre et
budgéter sa consommation facilement)...
CROWDJOBBING
Ma culture et mes loisirs comme propulseurs de mes
vélléités de ré-orientation professionnelle.
Quels services. Pour quels usages ?
03
MesInfos | Cahier d'exploration
5352
‱‱ schĂ©ma : Userstudio ©
| Service fictifs imaginĂ© lors d'un workshop Mes INFOS | FING - juin 201225. Service fictifs imaginĂ© lors d'un workshop Mes INFOS | FING - juin 2012 ‱
‱‱ SantĂ© et bien-ĂȘtre :
Se maintenir en forme, connaĂźtre ses capa-
citĂ©s et ses limites, se lancer ( et partager )
des défis...
‱‱ Loisirs et culture :
Evaluer, commenter et partager des avis
sur des films, livres, musiques, sorties, 

et en garder une trace. Il est ainsi possible,
sur certains sites, de commenter des
contenus via le service Disqus et ainsi de
retrouver toutes ses interventions depuis
une mĂȘme interface
‱‱ Mobilité :
À une Ă©poque oĂč la mobilitĂ© quotidienne
représente un coût croissant en temps
comme en argent, oĂč l’enjeu Ă©cologique
prend une importance déterminante,
pouvoir réfléchir à sa mobilité, se comparer
à d’autre, identifier des choix alternatifs...
Waze pour les automobilistes, Roadify sur
un plus large Ă©ventail de modes de trans-
port, fondent tout ou partie de leur offre
sur les contributions des utilisateurs. Plu-
sieurs services d’ ”information multimo-
dale ” apprennent progressivement à partir
des habitudes de déplacement de leurs
utilisateurs.
‱‱ EmployabilitĂ© et formation :
Sur la base de son “ e-portfolio ” ( voir plus
haut ), rassembler, visualiser, analyser et
partager ses compétences, son profil pro-
fessionnel, ses formations... pour faire son
bilan, Ă©valuer des choix possibles, explorer
de nouvelles opportunités.
Crowdjobbing m’accompagne dans
mon parcours de réorientation profes-
sionnelle. Il s’appuie sur les donnĂ©es
relatives Ă  ma formation, Ă  mon
parcours professionnels comme Ă  mes
activitĂ©s extra-professionnelles ( mes
loisirs, sorties, pratiques culturelles,
activitĂ©s associatives, etc. ) pour me
proposer différents choix de mobilité
pour chaque destination. Il me permet
aussi d’entrer en relation avec des
pairs, afin de partager ces proposi-
tions avec des proches ou des per-
sonnes dans des situations similaires,
dans un processus d’apprentissage
collectif.
CROWDJOBBING 25
Le coach de mobilite
Un coach de mobilitĂ© qui m’aiderait Ă©galement
Ă  optimiser mon assurance.
Quels services. Pour quels usages ?
03
MesInfos | Cahier d'exploration
5554
‱‱ schĂ©ma : Userstudio ©
| Service fictifs imaginĂ© lors d'un workshop Mes INFOS | FING - juin 201226. Service fictifs imaginĂ© lors d'un workshop Mes INFOS | FING - juin 2012 ‱
Si ce domaine reste encore peu développé, son potentiel paraßt également significa-
tif : selon ” l’Observatoire des consommations Ă©mergentes ” de l’ObSoCo, plus d’un
Français sur deux dĂ©clare vouloir “ consommer mieux ” : donner du sens Ă  sa consomma-
tion ( environnement, emploi, lien social, Ă©thique
 ), consommer utile sous contrainte
budgĂ©taire, maximiser la productivitĂ© de chaque euro dĂ©pensĂ© ( qualitĂ© pour la dura-
bilitĂ©, achat malin
 ). En 2012, 53% des Français Ă©taient dĂ©jĂ  engagĂ©s de maniĂšre si-
gnificative dans ces formes de consommation Ă©mergente. Mais il n’est aujourd’hui pas
facile d’accorder ses valeurs Ă  son budget, ses goĂ»ts, ses contraintes et ses habitudes de
consommation, sauf Ă  consacrer de nombreuses heures Ă  lire les emballages, fouiller des
sites web, rĂ©pondre Ă  des longs questionnaires sur son “ empreinte Ă©cologique ”...
Imaginons demain que les individus disposent de leurs donnĂ©es de consommation ( y
compris Ă©nergĂ©tique ) et de mobilitĂ©, parmi d’autres :
4|CONSCIENCE  : 	
vivre avec ses valeurs
‱‱  Il deviendrait plus facile de faire des
choix de consommation sur la base de
ses valeurs ( bio, Ă©quitable, etc. ), sur la
base d’une simple analyse de ses tickets
de caisse et de la recherche automatique
d’équivalents en ligne.
‱‱  Il deviendrait Ă©galement plus aisĂ© de
mesurer son empreinte carbone, d’explo-
rer des moyens de la rĂ©duire ( et pourquoi
pas, de rĂ©duire aussi sa facture d’énergie ),
de suivre ses progrĂšs, de les comparer Ă 
ceux d’autres personnes...
Mon Bilan Vert9 propose un bilan
carbone en temps rĂ©el ainsi qu’une
série de propositions pour émettre
moins de CO2 ou pour “ compenser ”
ces Ă©missions. Un “ coach ” peut aider
Ă  ventiler les objectifs et proposer
des trajectoires raisonnables pour les
atteindre.
Ce service fonctionne Ă  la fois sur la
base de données mesurées par les
consommateurs ( à l’aide de capteurs
de pollution dans leurs téléphones par
exemple ) et de donnĂ©es rĂ©cupĂ©rĂ©es
auprĂšs de fournisseurs d’énergie, opĂ©-
rateurs de transport ou distributeurs.
Il peut ĂȘtre proposĂ© tant par des asso-
ciations de protection de l’environne-
ment que par des entreprises ou des
acteurs publics locaux.
MON BILAN VERT 26
Quels services. Pour quels usages ?
03
MesInfos | Cahier d'exploration
5756
5.2 L’Intentcasting, ou “ l’Economie de l’intention ”
“ Dans une Economie de l’Intention, l’acheteur informe le marchĂ© de son intention d’ache-
ter, et les vendeurs entrent en concurrence pour emporter sa dĂ©cision. ”
Doc Searls, l’inventeur du concept de VRM, rassemble les exemples qui prĂ©cĂšdent
sous une banniùre plus large, celle de l’Intentcasting ( ou “ projection d’inten-
tions ” ). L’idĂ©e Ă©conomique est simple : sur les marchĂ©s numĂ©riques d’aujourd’hui,
il n’existe tout simplement pas de moyen pour la demande, celle des consomma-
teurs, d’exprimer ce qu’elle dĂ©sire. Il en rĂ©sulte des marchĂ©s profondĂ©ment dĂ©sĂ©qui-
librĂ©s et inefficients, oĂč les offreurs sont condamnĂ©s Ă  inventer des moyens toujours
plus complexes, coûteux, intrusifs - et jamais trÚs efficaces - de deviner ce que les
consommateurs peuvent bien vouloir !
Imaginons maintenant qu’un consommateur qui sait ce qu’il veut dispose des
moyens de l’exprimer d’une maniĂšre non Ă©quivoque et de publier son “ intention ” en
direction des offreurs, pour comparer ensuite leurs propositions. Les bénéfices, selon
Doc Searls, seraient multiples : des coĂ»ts marketing rĂ©duits ; une connaissance de
premiÚre main des demandes du marché, sans perdre les bénéfices de la numéri-
sation des Ă©changes ; une plus grande satisfaction des clients, dont les demandes
seraient mieux satisfaites.
Doc searls
5|DECISION ET ACTION  :			
faire les bons choix, et les appliquer
5.1 La comparaison
‱‱ Des marchĂ©s plus transparents :
Alors que les “ comparateurs de prix ” se
voient souvent accusés de manquer de
transparence, les consommateurs eux-
mĂȘmes pourraient comparer entre eux
les propositions qui leur sont faites, ou
les conditions qu’ils ont obtenues auprùs
de chaque fournisseur. Cela rendrait plus
difficile l’application de systùmes tari-
faires “ personnalisĂ©s ” et bien souvent
opaques. Selon le rapport fondateur du
projet Midata 27
, il n’y aurait pas moins
de... 12 millions de tarifs téléphoniques
sur le marchĂ© britannique. RĂ©sultat : 76%
des consommateurs paieraient trop au
regard de leur consommation effective, de
l’ordre de 200 livres ( 234 euros ) par an !
La mĂȘme analyse pourrait probablement
s’appliquer aux voyages, aux tarifs ban-
caires ou des assurances, et à bien d’autres
marchés. Le Wall Street Journal signalait
par ailleurs le cas de plusieurs distribu-
teurs qui affichent en ligne des tarifs dif-
fĂ©rents selon la distance qu’ils Ă©valuent
entre le visiteur et ses points de vente 28
.
Des plates-formes qui faciliteraient la com-
paraison des tarifs effectivement proposés
aux individus pourraient de fait “ dĂ©coder ”
ces dispositifs opaques et concurrencer
effectivement les comparateurs de prix... Ă 
moins que ces derniers ne choisissent eux-
mĂȘmes d’évoluer dans ce sens.
‱‱ EnchĂšres inversĂ©es et achats groupĂ©s :
“ Je recherche actuellement un logement
avec telles caractĂ©ristiques, je suis prĂȘt
Ă  mettre tel prix, faites moi des propo-
sitions ”, “ Nous sommes 10 à vouloir
acheter un robot ménager de tel type, qui
emportera le marché ? ”.
ǘǘ Thumbtack est un service proposant de
mettre des consommateurs directement
en lien avec des professionnels Ă  partir de
critĂšre Ă©tablis mutuellement. L’utilisateur
formule des “ appels d’offres ” ( Requests
for Proposals ) par catĂ©gorie, disponibilitĂ©,
distance, 
 et les professionnels répondants
Ă  ces critĂšres peuvent proposer un prix cor-
respondant Ă  leur prestation. En fonction
de cela, l’utilisateur choisit l’offre qui cor-
respond le mieux Ă  ses besoins.
En définitive, pour les entreprises comme pour les individus, les données servent à prendre
des dĂ©cisions - puis Ă  les Ă©valuer :
27. Better Choices: Better Deals. Consumers Powering Growth”, 2011 ‱
28. http://online.wsj.com/article_email/SB1000142412788732377720457
8189391813881534-lMyQjAxMTAyMDIwMzEyNDMyWj.html ‱
VOYAGEZ tranquille, partez sans risque
S’affranchir des prĂ©occupations de santĂ© lors de son
voyage, grĂące Ă  l’accompagnement d’une communautĂ©
de voyageurs et de locaux, avant et pendant le voyage.
Quels services. Pour quels usages ?
03
MesInfos | Cahier d'exploration
5958
‱‱ schĂ©ma : Userstudio ©
| Service fictifs imaginĂ© lors d'un workshop Mes INFOS | FING - juin 201229. Issu de Doc Searls, The Intention Economy, Harvard Business Press, 2012 ‱
‱‱ Un exemple d’Intentcasting 29
En voyage, vous venez juste d’arriver à San
Diego pour un mariage et quelques jours
de congés. Vous avez oublié la poussette
de vos jumeaux, dont vous avez besoin de
suite. PlutĂŽt que de parcourir les trĂšs nom-
breuses offres commerciales disponibles
sur le web - comme c’était le cas aupara-
vant - vous utilisez votre smartphone pour
lancer un “ appel d’offres ” qui mentionne
votre intention d’acheter une poussette
pour jumeaux dans les 2h qui suivent.
Tous les vendeurs dans la région peuvent
ĂȘtre notifiĂ©s des intentions d’acheter de
potentiels clients, via le service qui gĂšre
ces appels d’offres. En quelques minutes,
vous pouvez avoir des réponses sérieuses
de plusieurs vendeurs : le modùle, le prix,
oĂč et comment vous trouverez l’objet.
Vous faites votre choix et en avertissez le
vendeur retenu. Cette dĂ©cision s’affiche
Ă©galement sur l’agenda de votre smart-
phone, qui vous indique le trajet pour y
aller. Les autres commerçants apprennent
qu’ils n’ont pas Ă©tĂ© retenus mais ils ne dis-
posent pas de votre identité et ne peuvent
pas vous relancer - s’il s’était agi d’un achat
plus important et moins urgent, vous
auriez pu faire jouer la concurrence plus
longtemps...
Vous récupérez aussi la voiture que vous
avez louée pour la semaine, qui possÚde
comme vous l’avez demandĂ© 6 places et a
la possibilitĂ© d’accrocher des vĂ©los. Vous
l’avez choisie via un appel d’offres envoyĂ©
Ă  des agences de location il y a un mois,
quand vous avez préparé votre voyage.
LĂ  encore, contrairement Ă  la situation
passĂ©e, oĂč vous n’auriez pas eu prĂ©cisĂ©-
ment le choix et auriez du vous contenter
d’une voiture aux caractĂ©ristiques proches
mais pas similaire, vous avez eu exacte-
ment le vĂ©hicule et mĂȘme la marque que
vous souhaitiez.
Quels services. Pour quels usages ?
03
MesInfos | Cahier d'exploration
6160
‱‱Photo :Userstudio©
‱‱Photo :Userstudio©
‱‱ ...Ă  une gestion facilitĂ©e
Imaginons maintenant des systĂšmes
d’enchĂšres inversĂ©es dĂ©diĂ©s Ă  l’achat d’un
logement : un service - ou plus probable-
ment un ensemble coordonné de services
- qui permettent aux usagers d’exprimer
leurs besoins, leurs incertitudes, ce qu’ils
seraient prĂȘts Ă  sacrifier en terme de
temps de dĂ©placement, d’énergie, de proxi-
mitĂ© des commerces, etc. L’ ”entrepĂŽt
de donnĂ©es ” du couple facilite Ă  la fois
l’expression de ses besoins, et la mise à
disposition ( éventuellement anonyme, du
moins jusqu’à un certain stade ) des infor-
mations financiĂšres nĂ©cessaires Ă  l’obten-
tion d’un prĂȘt. Il pourra aussi, le moment
venu, transmettre de maniÚre sécurisée
les piÚces administratives aux différents
interlocuteurs ( le vendeur et son notaire,
la banque ).
D’autres services proposeront à notre
couple de lancer un appel d’offre person-
nel à des organismes de financement ;
de présélectionner les maisons qui lui
conviennent vraiment en fonction de ses
goûts, des recommandations de ses amis,
de ses habitudes de consommation Ă©ner-
gĂ©tique ; ou encore d’ĂȘtre “ coachĂ©â€‰â€ quand
il s’agira de jongler avec ses annuitĂ©s de
remboursement.
D’autres processus complexes pourraient
se voir considérablement simplifiés grùce
Ă  de tels services : la prĂ©paration d’un
voyage, l’achat d’une automobile ou d’un
autre produit cher et complexe, un choix
d’orientation scolaire ou professionnelle,
une Ă©tape de vie telle qu’un mariage, une
naissance ou le départ à la retraite...
5.3 La gestion de processus complexes
Lorsque les consommateurs disposeront de leurs données, des services pourront les
aider Ă  gĂ©rer des processus complexes, qui sont aujourd’hui de vĂ©ritables parcours du
combattant : prenons l’exemple d’un couple dĂ©cidĂ© Ă  acquĂ©rir un logement.
‱‱ D’une gestion des processus complexes
longue et délicate...
Durant ce parcours, le couple doit entrer
en relation avec de nombreux acteurs : des
banques qui vont passer ses revenus au
crible de leurs systĂšmes de notation pour
lui proposer ( ou non ) un financement, des
courtiers censés faciliter cette phase de dé-
marchage, des agents immobiliers ou des
particuliers qui proposent un logement, un
tiers de confiance ( le notaire ), mais aussi,
une multitude de micro-dispositifs infor-
mels de type “ bouche à oreille ”. Tout cela,
en tenant compte de paramĂštres extrĂȘme-
ment nombreux : besoin d’une voiture ou
non,  distance entre le lieu d’habitation et
l’école des enfants, proximitĂ© des com-
merces
 Aujourd’hui, le couple se trouve
seul face à cette complexité.
Quels services. Pour quels usages ?
03
MesInfos | Cahier d'exploration
6362
ǘǘ Il ne faut pas beaucoup de
temps pour repérer le vaste poten-
tiel d’usage qui pourrait Ă©merger
de la mise à disposition, au béné-
fice des individus, des données per-
sonnelles qui les concernent. Reste
à réaliser ce potentiel. Cela passe-
ra d’abord par l’économie.
 ¹
‱‱ Images : le projet Urban Mobs de faberNovel et Orange
29. Cet usage met cependant en lumiÚre un risque de "réidentification" qu'il faudra traiter dans les
années à venir. ConcrÚtement, le croisement de données "anonymes" d'un certain degré de précision (une
pathologie, une zone d'habitation, une catégorie de revenus ou d'ùge
) peut permettre de retrouver
l'identitĂ© d'un individu donnĂ© et, de fait, dĂ©voiler Ă  son propos des donnĂ©es trĂšs intimes. ‱
Mettre des données personnelles anonymisées au service de la production de connais-
sances collectives est déjà possible, mais ce potentiel sera décuplé dÚs lors que les indivi-
dus auront leurs donnĂ©es personnelles entre les mains 30
.
6|CONTRIBUTION : 						
Ă  la production de connaissances collectives
‱‱  Des Ă©tudes cliniques gĂ©antes
Dans le domaine de la santé, le réseau de
patients PatientsLikeMe, permet Ă  ses
membres de partager au sein d’une com-
munauté leurs expériences, leurs souf-
frances, leurs trucs
 En partenariat avec
des universités et des organismes de
recherche, PatientsLikeMe s’appuie Ă©ga-
lement sur ses communautés pour mener
avec des laboratoires ( qui le rĂ©munĂšrent )
des Ă©tudes cliniques “ gĂ©antes ”, dont les
résultats sont rendus publics et parfois
publiés dans les plus grandes revues scien-
tifiques.
‱‱ Des Ă©tudes urbaines
Les Ă©tudes urbaines sont friandes de
donnĂ©es : de plus en plus, les acteurs
urbains, outillés par les outils numériques,
s’appuient sur des donnĂ©es ( publiques
ou privĂ©es ) pour gĂ©rer, optimiser les flux,
les services, mais aussi pour connaĂźtre les
usages des citadins. Les données person-
nelles, anonymisĂ©es, peuvent ĂȘtre une
source de connaissance importante.
Présenté en 2008, le projet Urban
Mobs permettait de visualiser le
“ pouls ” de plusieurs villes euro-
péennes lors de grands événements
( concerts, fĂȘte de la musique,
 ),
utilisant les données personnelles de
communication du rĂ©seau d’Orange
pour proposer des visualisations de
ces données.
BlaBlaCar ( prĂ©cĂ©demment nommĂ©e
Comuto ) propose des prĂ©visions de
trafic Ă  partir des offres et demandes
formulées par les voyageurs sur covoi-
turage.fr.
URBAN MOBS et Blabla car
04 d
CHAPITRE 04
OU EST LA VALEUR ?ǘǘ On prĂ©sente souvent les donnĂ©es ( principale-
ment personnelles ) comme le “ nouvel or noir ” de l’écono-
mie contemporaine. Les “ Big Data ”, auxquelles on
associe des perspectives Ă©conomiques qui se chiffreraient
en centaines de milliards 31
, expriment aujourd’hui tout
l’espoir placĂ© dans le potentiel Ă©conomique des donnĂ©es.
Du point de vue des données personnelles, cependant,
les “ Big Data ” se construisent sur la base de l’accumu-
lation et, généralement, du croisement de données à la
fois trÚs nombreuses et trÚs diverses, réalisés à la seule
initiative et au seul bénéfice des organisations - ce qui
conduit aujourd’hui plusieurs spĂ©cialistes Ă  leur opposer
une autre perspective : celle des “ Small Data ”, de “ la
bonne donnĂ©e, au bon moment, au bon endroit ”, et sous
le contrîle des individus 32
.
00    p
05    p
10    p
15    p
MesInfos | Cahier d'exploration Ou est la valeur ?
04
6766
1|Pour l’économie en gĂ©nĂ©ral :
confiance et efficience
‱‱ RecrĂ©er de la confiance
La dynamique d’une Ă©conomie, sa crois-
sance, reposent parmi d’autres facteurs
sur la confiance. La crise dont souffre
aujourd’hui la confiance entre les organisa-
tions et les individus ( voir chapitre 2 ) pùse
sur la consommation, distend les collec-
tifs de travail, rĂ©duit le dĂ©sir d’innover et
l’incitation Ă  investir. Le rĂ©Ă©quilibrage des
relations entre individus et organisations
apparaĂźt donc comme un puissant moyen
de recrĂ©er de la confiance, du moins s’il est
choisi par les organisations plutît qu’im-
posé par les citoyens-consommateurs, par
de nouveaux entrants ou par les pouvoirs
publics.
De mĂȘme, l’inquiĂ©tude actuelle autour des
données personnelles et de la vie privée
pourrait considérablement freiner le déve-
loppement des “ Big Data ”, considĂ©rĂ©es
- pas toujours Ă  tort - comme un moyen
d’une puissance sans prĂ©cĂ©dent d’aller
fouiller l’intimitĂ© et l’inconscient des
individus, de manipuler leurs comporte-
ments ou de prendre pour leur compte des
dĂ©cisions proprement “ indiscutables ”,
puisque prises par des machines hors de
toute dĂ©cision humaine 33
. Sans partage,
sans transparence, sans retour aux indi-
vidus, on peut parier que la résistance
s’organisera vite et que le potentiel Ă©cono-
mique annoncé ne se réalisera pas.
‱‱ Rendre les marchĂ©s plus efficients
DĂ©crivant la motivation Ă©conomique
derriĂšre le concept de VRM, Doc Searls
Ă©crivait : “ Il faut inventer des moyens plus
efficaces de faire communiquer l’offre et la
demande – par exemple en Ă©liminant l’in-
certitude des producteurs, parce que les
clients sauraient leur dire exactement ce
qu’ils veulent. ” On en est encore loin. Alors
que les marchés électroniques sont censés
éliminer les frottements et les coûts de
transaction, il n’existe pas aujourd’hui pour
un individu qui saurait ce qu’il veut de le
faire savoir, et d’obtenir une rĂ©ponse des
offreurs. Seule l’offre dispose des moyens
de s’exprimer, la demande ne peut que
dire “ oui ” ou “ non ”, ou alors donner son
avis dans d’autres forums, en rĂ©pondant Ă 
des enquĂȘtes... Pour pallier ce manque de
communication, l’offre doit alors inventer
des moyens toujours plus puissant de
deviner ce que chaque consommateur
peut bien désirer, et toujours plus intrusif
d’attirer leur intention sur ce qu’elle a à lui
proposer. Parce que la demande ne peut
pas s’exprimer de maniùre directe, il faut
consacrer des ressources de plus en plus
considérables à obtenir et analyser des
données, concevoir et cibler des offres et
des messages, obtenir et consommer de
l’attention - sans pour autant obtenir des
résultats commerciaux extraordinaires, et
en endommageant chaque jour un peu plus
la qualité de la relation avec les consomma-
teurs.
Un tel systĂšme est formidablement inef-
ficace. Il utilise au plus mal le formidable
potentiel du numérique et des réseaux.
RecrĂ©er des moyens pour l’offre et la
demande d’échanger des signaux clairs
et non Ă©quivoques, permettre aux inten-
tions des consommateurs de s’exprimer
( sur le modĂšle de l’intentcasting dĂ©crit
au chapitre 2, par exemple ), rendra donc
les marchés beaucoup plus efficients et
produira par conséquent un surplus écono-
mique considĂ©rable. Restera Ă  le partager :
mais il est plus facile de partager une
valeur nouvelle qu’une pĂ©nurie, surtout si
la confiance est Ă©galement de retour.
‱‱ 33. Antoinette Rouvroy, "Face Ă  la gouvernementalitĂ© algorithmique, repenser le sujet de droit comme puissance",
2011 - http://works.bepress.com/antoinette_rouvroy/43/
31. Dans une étude de 2011, McKinsey avance ainsi le chiffre de 300 milliards de dollars pour le seul secteur de la santé aux
Etats-Unis ; de 100 milliards d’euros grĂące Ă  “l’amĂ©lioration de la productivitĂ© des administrations publiques europĂ©ennes” ; ou
encore, de 600 milliards de dollars de “surplus” gagnĂ©s par les consommateurs grĂące Ă  l’utilisation de services gĂ©olocalisĂ©s. ‱
32. Alan Mitchell, “Big Data, Big Dead End”, 2012 ‱
Ref. p.59
 ”
ǘǘ  Mais qu’est-ce qui pourrait donc
conduire les entreprises Ă  changer de perspec-
tive, à renverser ce qu’elles font depuis 30 ans
- l’accumulation unilatĂ©rale de donnĂ©es indi-
viduelles et de moyens toujours plus puissants
de les exploiter -, pour partager le potentiel des
donnĂ©es avec leurs clients ? Au risque, qui plus
est, de permettre à d’autres entreprises, star-
tups, nouveaux entrants et mĂȘme concurrents
Ă©tablis, de s’adresser Ă  ces clients qui ne sont
plus “ captifs ” et de tirer parti des donnĂ©es dont
ils disposent dĂ©sormais ? Il faut donc explorer
la valeur Ă©conomique que le partage des don-
nĂ©es personnelles avec les individus qu’elles
concernent peut produire, Ă  la fois pour ceux
qui dĂ©tiennent aujourd’hui ces donnĂ©es, pour
les individus, et pour l’économie en gĂ©nĂ©ral.
MesInfos | Cahier d'exploration Ou est la valeur ?
04
6968
‱‱ Des donnĂ©es de meilleure qualitĂ©
La qualité des données contenues dans les
bases marketing des entreprises est notoi-
rement basse et décroßt rapidement dans
le temps. Les consommateurs eux-mĂȘmes
n’ont en effet, gĂ©nĂ©ralement, aucun intĂ©rĂȘt
particulier à en vérifier la pertinence ou à
les tenir à jour, puisqu’elles n’ont aucune
utilitĂ© pour eux. Ils peuvent mĂȘme choisir
délibérément de fournir des données impré-
cises, fausses ou alĂ©atoires 35
. En revanche,
un individu mis en situation d’exploiter
ses données pour son propre compte aura
intĂ©rĂȘt Ă  leur qualitĂ© et leur fraĂźcheur ; et il
pourrait alors permettre aux organisations
avec lesquelles il entretient une relation de
confiance de s’y “ abonner ”, dans des condi-
tions dĂ©finies d’un commun accord et Ă©vi-
demment d’une maniĂšre rĂ©vocable.
‱‱ 35. Caroline Lancelot Miltgen, “Propension Ă  fournir des donnĂ©es personnelles mensongĂšres sur Internet :
une Ă©tude exploratoire”, SystĂšmes d’Information et Management, 2009
‱‱ Encore la confiance... et la fidĂ©litĂ©
Partager avec ses clients les données dont
on dispose sur eux est une maniĂšre, pour
les entreprises, de répondre à la crise
de confiance et, plus profondément, de
redonner un sens Ă  la relation commer-
ciale ( ou, pour les administrations, à la
relation avec les usagers ) : une relation
adulte oĂč chacun Ă  son mot Ă  dire, Ă©coute
et respecte l’autre. Une sorte de retour aux
sources du mot “ commerce ”, celui qui fait
dire que quelqu’un est “ d’un commerce
agrĂ©able ”... Et c’est bien de la qualitĂ©
d’une relation, de la confiance qui la sous-
tend, que naissent fidélité et loyauté. Voilà
pourquoi le “ pape ” du CRM, Don Peppers,
fait lui-mĂȘme du VRM “ la prochaine desti-
nation dans la marche de la technologie 34
 ”
qu’il dĂ©crit depuis 20 ans.
‱‱ Une vraie avance à prendre
Les entreprises qui s’engageront les pre-
miĂšres dans la direction du partage des
données avec leurs clients peuvent en
escompter des bénéfices significatifs en
termes d’image et de rĂ©putation. Plus
important encore, ces bénéfices peuvent
prendre la forme d’un avantage compĂ©titif
durable : le changement nĂ©cessaire pour
passer d’une relation clients monodirec-
tionnelle à un véritable échange sur la base
d’une information partagĂ©e est en effet
important et par conséquent, long et diffi-
cile à imiter. Il nécessite de faire évoluer le
marketing, les systùmes d’information, la
relation clients et une partie de la culture
d’entreprise.
En partant avant les autres, une entreprise
se dote d’une avance que ses concurrents
ne pourront pas rattraper de sitĂŽt.
2|Pour les dĂ©tenteurs de donnĂ©es personnelles :
fidélité, qualité, innovation
‱‱ Inventer de nouveaux services
En ouvrant à des développeurs extérieurs
l’accĂšs Ă  certaines de leurs donnĂ©es et
de certains de leurs logiciels, le Crédit
Agricole ( CAstore ), suivi par Axa Banque,
ont suscitĂ© l’émergence de dizaines d’ap-
plications qui ajoutent de la valeur Ă  leur
relation avec leurs clients. Ces entreprises
montrent la voie, mais sans aller jusqu’au
bout : les consommateurs n’accùdent pas
eux-mĂȘmes Ă  leurs donnĂ©es et surtout, les
services concernés ne peuvent travailler
qu’avec les donnĂ©es ( ou plus prĂ©cisĂ©ment,
les “ interfaces de programmation ”, ou
API ) d’une seule entreprise.
L’éventail des services qui pourraient ĂȘtre
proposés à des individus qui disposeraient
d’un accĂšs Ă  un grand nombre de donnĂ©es
issues des différentes organisations avec
lesquelles ils sont en relation est infini-
ment plus large. Mais ce que montrent le
CrĂ©dit Agricole et Axa Banque, c’est que les
premiers bénéficiaires de cette dynamique
d’innovation peuvent ĂȘtre les entreprises
dĂ©tentrices de donnĂ©es elles-mĂȘmes, au
service de la qualité et de la valeur ajoutée
de leur relation avec leurs clients.
34. http://www.peppersandrogersgroup.com/blog/2010/09/vrm-next-destination-in-techno.html ‱
MesInfos | Cahier d'exploration Ou est la valeur ?
04
7170
Aujourd’hui, une entreprise ne dispose
d’aucun moyen d’obtenir une telle richesse
d’information, et c’est probablement
prĂ©fĂ©rable tant le risque d’abus serait
grand. Demain, le retour aux individus des
informations qui les concernent rend ce
scénario plausible, si les conditions per-
mettant d’éviter les abus sont remplies :
par exemple, en fournissant beaucoup
d’informations mais pas son identitĂ©, en
passant par un “ tiers de confiance 36
” qui se
ferait le représentant du consommateur,
ou encore en incluant des “ marqueurs ” qui
permettraient de vĂ©rifier que l’information
ne circule pas au-delĂ  des destinataires
choisis par l’individu.
Le bénéfice pour les entreprises tient en un
slogan de Doc Searls : “ take guesswork out
of marketing ”, faire Ă©voluer le marketing
d’une technique de divination des inten-
tions du consommateur à une méthode
de dialogue entre un consommateur et
une entreprise placĂ©s sur un plan d’éga-
lité et, désormais, équipés tous deux de
leurs “ systùmes d’information ” respec-
tifs : CRM de l’un, VRM de l’autre. Avec
pour effet de réduire considérablement
la part de la dépense marketing dans la
fonction de coût, comme marque, non pas
de sa moindre importance, mais de sa plus
grande efficacité !
‱‱ 36. La communautĂ© VRM parle plutĂŽt de “quarts de confiance” (Fourth Parties) pour les distinguer des “tiers” actuels,
gĂ©nĂ©ralement rĂ©munĂ©rĂ©s par les entreprises et qui reprĂ©sentent donc leurs intĂ©rĂȘts avant ceux des consommateurs.
‱‱ Comprendre ce que veulent les consom-
mateurs : le vrai “ 360° ”
Le Graal de la “ vision à 360° ” des pra-
tiques et attentes d’un consommateur est
Ă©videmment inatteignable par une orga-
nisation quelle qu’elle soit. Tout au plus
peut-elle espĂ©rer disposer d’une vision
globale de sa relation avec un client, mais
celle-ci ne couvrira qu’un petit cadran de la
vie de cet individu. A l’inverse, un individu
qui se trouverait Ă  la tĂȘte d’une base de
données concernant à la fois ses finances
et sa consommation, sa mobilité et son
logement, sa vie professionnelle et ses
passions, sa santĂ©, etc., s’approcherait
d’assez prùs du fameux “ 360° ”.
Dans un cadre de confiance adéquat, rien
ne l’empĂȘcherait alors de mettre certaines
de ces donnĂ©es Ă  disposition ( temporaire )
d’uneouplusieursentreprises,parexemple
pour leur faire part d’une intention et la
qualifier d’une maniĂšre prĂ©cise. Le cabinet
britannique Ctrl-Shift parle de “ donnĂ©es
personnelles proactives ” ( notre traduc-
tion de Volunteered Personal Informa-
tion ) : qui je suis, ce que j’aime et n’aime
pas, mes intĂ©rĂȘts, projets et intentions,
mes contraintes et capacités... fournies
volontairement mais dans un contexte et
un but précis et explicites.
‱‱ Photo : KatB Photography - Creative Commons
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Mes Infos - Cahier d'Exploration

  • 1. d Mai 2013 Marine AlbarĂšde ‱ Renaud Francou ‱ Daniel Kaplan “ Si j'ai une information sur vous, vous l'avez aussi.   Et vous en faites 
 ce qui a du sens pour vous ! ” d Cahier d'exploration c
  • 2. Marine AlbarĂšde ‱ Renaud Francou ‱ Daniel Kaplan “ Si j'ai une information sur vous, vous l'avez aussi. Et vous en faites 
 ce qui a du sens pour vous ! ” Ont Ă©galement contribuĂ© Ă  ce Livre Blanc : Louis-David Benyayer, Pierre-Julien Cazaux, Carole Leclerc. Graphisme et mise en page : Lucas Linares - www.lucaslinares.com Ce document est mis Ă  disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution 3.0 France d Cahier d'exploration c
  • 3. ǘǘ Depuis des dĂ©cennies, les entreprises et les administrations se sont dotĂ©es de moyens sans cesse plus performants de capturer, retenir et exploiter les donnĂ©es relatives Ă  leurs clients et usagers. Objectifs : concilier massification et personnalisation de la relation, mieux analyser la relation ( risque, ren- tabilité  ), optimiser stocks et tarifs, prĂ©voir, faire Ă©voluer les offres, fidĂ©liser... En revanche, les individus n’en retirent rien de vrai- ment perceptible : ni information, ni connaissance, ni capacitĂ©s nouvelles. Ils supportent mal cette asymĂ©- trie. Les pouvoirs publics la contestent Ă©galement. Les technologies la fragilisent. Il est temps d’explorer une autre voie.  ¹ Cette premiĂšre Ă©dition sera profondĂ©- ment revue au terme de l'expĂ©rimentation " MesInfos " Ă  laquelle, nous l'espĂ©rons, la lecture de ce petit ouvrage vous donnera envie de participer.
  • 4. MesInfos | Cahier d'exploration 76 Executive summary Executive Summary ǘǘ "Si j'ai une donnĂ©e sur vous, vous l'avez aussi. Et vous en faites
 ce qui a du sens pour vous !" C'est autour de cette idĂ©e que, depuis 2012, la Fing et plusieurs partenaires ont engagĂ© le projet MesInfos : explorer ce qu'il se passerait si les organisation qui possĂšdent des donnĂ©es personnelles partageaient ces donnĂ©es avec les individus qu'elles concernent. En un an, nous avons prouvĂ© que cette idĂ©e rĂ©pondait Ă  de rĂ©elles attentes ; qu'elle pouvait s'incarner dans des usages trĂšs concrets qui bĂ©nĂ©ficient tant aux indi- vidus qu'aux organisations ; qu'elle s'explorait dĂ©jĂ  ailleurs et rĂ©sonnait avec les rĂ©flexions de plusieurs grandes entreprises, gouvernements ou Ă©quipes de recherche. Ce "Cahier d'exploration" rend compte de ce travail, sans nĂ©gliger les nom- breuses questions, voire les dĂ©fis, qu'un projet tel que MesInfos fait apparaĂźtre. Sa publication annonce la prochaine phase du projet MesInfos : l'expĂ©rimentation sur le terrain. Depuis des dĂ©cennies, les entreprises et les administrations se sont dotĂ©es de moyens sans cesse plus performants de capturer, retenir et exploiter les donnĂ©es relatives Ă  leurs clients et usagers. Objectifs : conci- lier massification et personnalisa­tion, mieux analyser la relation (risque, rentabi- lité ), optimiser stocks et tarifs, prĂ©voir, faire Ă©voluer les offres, fidĂ©liser... En revanche, les individus n’en retirent rien de vrai­ment perceptible : ni information, ni connaissance, ni capacitĂ©s nouvelles. Ils supportent mal cette asymé­trie. Les pouvoirs publics la contestent Ă©galement. Les technologies la fragilisent. Plusieurs initiatives la remettent concrĂštement en question. MesInfos propose une voie nouvelle, dif- fĂ©rente : faire en sorte que les individus puissent (re)trouver l'usage des donnĂ©es qui les concernent, Ă  leurs propres fins. Du point de vue des individus, il s'agit d'une nouvelle Ă©tape dans l'empowerment numĂ©rique. Du point de vue des entre- prises et des administrations, il s'agit de recrĂ©er la confiance, de retrouver le sens de la relation avec leurs clients et usagers, d'imaginer de nouvelles formes de co- construction de valeur. Du point de vue de la sociĂ©tĂ© enfin, il s'agit de sortir par le haut de la tension montante autour de la vie privĂ©e et de l'usage crois- sant des donnĂ©es personnelles, en combi- nant protection et mise en capacitĂ© d'agir des individus. De quelles donnĂ©es parle-t-on ? Toutes celles dont l’usage peut fournir une information utile aux individus, telles que : ǘǘ  Consommation : ce que j'ai achetĂ©, oĂč, quand, pour combien
  ǘǘ  Finances : mes avoirs, mes flux financiers, leur origine et destination, consolidĂ©s... ǘǘ  Communication : mes appels, SMS, messages, publications, commentaires et autres contributions sur le web et les rĂ©seaux sociaux
 ǘǘ  Navigation sur le web : sites visitĂ©s, requĂȘtes auprĂšs de moteurs de re- cherche, tĂ©lĂ©chargements, informa- tions transmises et recueillies en ligne, traces
 ǘǘ  MobilitĂ© : ma gĂ©olocalisation, mes itinĂ©raires, les moyens de transport que j'ai utilisĂ©s
 ǘǘ  SantĂ© et bien-ĂȘtre : bilans mĂ©dicaux, mesures personnelles (poids, taille, tension
), prescriptions, etc.,  ǘǘ  Formation et emploi : diplĂŽmes et autres preuves de compĂ©tence (for- mations suivies, projets, recomman- dations) ; itinĂ©raire professionnel, mais aussi activitĂ©s associatives, sportives, culturelles
 ǘǘ  Energie : ce que je consomme, quand, auprĂšs de qui, Ă  cause de quels appareils...
  • 5. MesInfos | Cahier d'exploration 98 Executive summary Pour en faire quoi ? Mais quels bĂ©nĂ©fices les individus pourraient-ils tirer de leurs donnĂ©es ? Au travers d'ate- liers, de travaux de veille et d'explorations crĂ©atives, MesInfos en a identifiĂ© plusieurs dizaines, que nous classons en 6 catĂ©gories. La perspective ouverte par MesInfos ferait ainsi naĂźtre un marchĂ© entiĂšrement nouveau, ouvert aux innovateurs : celui des "services personnels de donnĂ©es". Comment cela fonctionnerait t-il ? Les donnĂ©es d'un individu – celles qu'il produit lui-mĂȘme, celles qu'il laisse comme traces et celles dont les organisations disposent – lui sont accessible au travers d'un "entrepĂŽt personnel de donnĂ©es" (personal datastore) personnel et sĂ©curisĂ©. Celui-ci communique de maniĂšre sĂ»re avec les systĂšmes d'information des entreprises et des organisations, qui s'y sont adaptĂ©s, pour obtenir les donnĂ©es relatives Ă  l'individu mais aussi, par exemple, pour mettre ces donnĂ©es Ă  jour. Les individus peuvent explorer eux-mĂȘmes leurs donnĂ©es dans leur "entrepĂŽt" ; mais les usages passeront le plus souvent par des services "tiers" (agrĂ©gateurs, comparateurs, or- ganisateurs, etc.) qui proposeront un bĂ©nĂ©fice concret et une interface simple : mesurer son empreinte carbone et son Ă©volution dans le temps ; obtenir les meilleures proposi- tions pour prĂ©parer un voyage sans dĂ©pendre d'une seule agence de voyage ; choisir le meilleur endroit oĂč s'installer en fonction du mode de vie de sa famille ; gĂ©rer sa vie admi- nistrative ; prendre soin de sa forme et de sa santĂ© ; faire son bilan de compĂ©tences, etc. Qu'est-ce que ça apporte ? La valeur du partage des donnĂ©es personnelles avec les individus qu’elles concernent est Ă  la fois Ă©conomique et sociale. Elle concerne ceux qui dĂ©tiennent aujourd’hui ces donnĂ©es, les individus, mais aussi l'Ă©cosystĂšme d'innovation et l'Ă©conomie en gĂ©nĂ©ral. Pour l’économie en gĂ©nĂ©ral Confiance et efficience
 ǚǚ RecrĂ©er de la confiance ǚǚ Rendre les marchĂ©s plus efficients Pour les dĂ©tenteurs de donnĂ©es personnelles FidĂ©litĂ©, qualitĂ©, innovation
 ǚǚ Des donnĂ©es de meilleure qualitĂ© ǚǚ Retrouver le sens de la relation commerciale ǚǚ Comprendre ce que veulent vraiment les consommateurs : ǚǚ le vrai “360°” ǚǚ Inventer de nouveaux services Pour l’écosystĂšme d’innovation Nouveaux acteurs et nouveaux services
 ǚǚ Les plates-formes personnelles de donnĂ©es ǚǚ Une opportunitĂ© pour une myriade de services “tiers” Pour les individus CommoditĂ©, projection et empowerment
 ǚǚ Sortird’unesituationde“non-valeur”:l'exploitationsubiedesdonnĂ©es ǚǚ Une valeur d’usage plutĂŽt qu'une valeur marchande ‱‱ SchĂ©ma : 6 "grands domaines d'usage" pour les individus Ă  partir de leurs donnĂ©es 06CONTRIBUTION02CONTROLE 01GESTION 04CONSCIENCE 03CONNAISSANCE DE SOI 05DECISION ET ACTION 
  • 6. MesInfos | Cahier d'exploration 1110 Executive summary Un sujet qui bouge dĂ©jĂ  Le retour des donnĂ©es personnelles aux individus est bien plus qu'une idĂ©e. Depuis long- temps, les pionniers du "VRM" (Vendor relationship Management), du Quantified Self et des "coffres-forts numĂ©riques" inventent outils et infrastructures pour permettre Ă  l'indi- vidu de faire usage de ses donnĂ©es. C'est aussi un projet gouvernemental prioritaire au Royaume-Uni (Midata), une sĂ©rie d'actions fĂ©dĂ©rales sectorielles aux Etats-Unis (Green Button, Blue Button), une source de propositions du rapport de Nicolas Colin et Pierre Collin sur la "fiscalitĂ© du numĂ©rique" et la base sur laquelle se lancent plusieurs dizaines de start-ups. Mais cette perspective devient bien plus puissante si les organisations, publiques ou privĂ©es, s'engagent elles-mĂȘmes dans son exploration, avec pour objectif d'imaginer les formes de crĂ©ation de valeur partagĂ©e qu'elle peut produire. DĂ©fis, incertitudes et nouveaux risques Un projet aussi transformateur fait naturellement Ă©merger de nouveaux risques et incer- titudes, ainsi que des dĂ©fis Ă  relever en vue d'un passage Ă  l'Ă©chelle. Le temps de l'expĂ©rimentation La transformation qu'opĂšre un projet tel que MesInfos touche au cƓur de la relation entre les organisations et leurs clients et usagers, donc de leur marketing, de leur front office, de leur systĂšme d'informa- tion, voire de leur culture. Ce changement profond, complexe, prendra du temps mais sera difficile Ă  rattraper par ceux qui viendront ensuite : les entreprises, les in- novateurs qui auront fait le pari de s'enga- ger dans cette voie y trouveront la source d'un avantage compĂ©titif durable. ǘǘ Pour valider certaines des hypo- thĂšses et mieux cerner le potentiel comme les risques que nous mentionnons dans ce cahier d’exploration, une expĂ©rimentation “grandeur nature” s'engage en 2013 avec des partenaires divers : grandes organi- sations dĂ©tentrices de donnĂ©es, acteurs technologiques, start-ups et innovateurs, chercheurs, et des consommateurs et citoyens. Il s ‘agira d’apprendre collec- tivement, pas Ă  pas, tout en s’inscrivant parmi les pionniers de ce mouvement. Les enseignements tirĂ©s de cette expĂ©rimenta- tion permettront d'alimenter une nouvelle version de ce cahier d'exploration, consi- dĂ©rablement enrichie. Marine AlbarĂšde Renaud Francou Daniel Kaplan Pour les individus A nouveau pouvoir, nouveaux risques ? ǚǚ Les individus sont-ils intĂ©ressĂ©s Ă  recevoir leurs donnĂ©es ? ǚǚ Ne vont-ils pas se retrouver de plus en plus enfermĂ©s dans les mĂȘmes pratiques ? ǚǚ Y a-t-il de nouveaux risques d’abus et si oui, comment les prĂ©venir ? ǚǚ Comment outiller les individus pour qu'ils gagnent vraiment en connaissance et en capacitĂ©s d'action ? Pour les dĂ©tenteurs de donnĂ©es personnelles Qu’ont-ils Ă  y gagner ? ǚǚ La transparence est-elle un risque payant ? ǚǚ Combien ça coĂ»te ? Combien ça rapporte ? ǚǚ De nouveaux concurrents vont-ils Ă©merger ? Des dĂ©fis technologiques Construire l’autonomie en toute sĂ©curitĂ© ǚǚ Garantir l'identitĂ© des individus ǚǚ Assurer la sĂ©curitĂ© des informations ǚǚ Etablir des standards Des dĂ©fis juridiques et politiques Etablir des garanties, construire une gouvernance ǚǚ Comment exprimer et faire respecter la volontĂ© des individus ? ǚǚ Faut-il aller vers une obligation de restitution des donnĂ©es ?
  • 7. 0606 07 08 LE TEMPS DE L’EXPERIMENTATION Pages 92 Ă  99 Conclusion Pages 100 Ă  103 Annexes FAQ - BIBLIOGRAPHIE Pages 104 Ă  111 0404OU EST LA VALEUR ? Pages 64 Ă  79 INCERTITUDES ET NOUVEAUX RISQUES Pages 80 Ă  91 05 0202 0303 LE “ RETOUR ” DES DONNEES PERSONNELLES AUX INDIVIDUS : L’ENJEU Pages 16 Ă  23 INTRODUCTION Pages 14 Ă  15 LA PISTE DU PARTAGE Pages 24 Ă  39 QUELS SERVICES, POUR QUELS USAGES ? Pages 40 Ă  63 Sommaire 0101 0000
  • 8. MesInfos | Cahier d'exploration 1514 Introduction VoilĂ  tout juste un an, la Fing et un petit groupe d’entreprises, d’acteurs publics et de chercheurs dĂ©cidaient de chercher ensemble les rĂ©ponses Ă  ces questions un peu iconoclastes : le projet MesInfos Ă©tait nĂ©. Alors que celui-ci s’apprĂȘte Ă  passer Ă  une nouvelle Ă©tape, celle de l’expĂ©rimenta- tion, le moment est venu de faire le point sur cette perspective devenue, en peu de mois, trĂšs concrĂšte. L’idĂ©e d’organiser le “ retour ” des donnĂ©es aux individus qu’elles concernent ne vient pas de nulle part. L’ouvrage Informatique, libertĂ©s, identitĂ©s que publiait la Fing en 2010 proposait dĂ©jĂ  de transformer le “ droit d’accĂšs et de rectification ” de la loi de 1978 en un “ droit d’accĂšs et de rĂ©cupĂ©- ration ” des donnĂ©es. En 2011, l’expĂ©dition de la Fing et la Fondation TĂ©lĂ©com sur la “ Confiance numĂ©rique  ” en faisait une des pistes d’innovation susceptible de rĂ©pondre Ă  la crise de confiance qui oppose individus et organisations. Aux Etats-Unis, le “  Project VRM ” animĂ© par Doc Searls fait de la maĂźtrise et de l’usage de leurs donnĂ©es par les consommateurs la base d’une transformation positive, rendant les marchĂ©s plus efficients et la relation de service plus enrichissante pour toutes les parties. Le programme gouvernemental Midata (  Royaume-Uni  ) et la “ Mydata Initiative ” amĂ©ricaine, ont achevĂ© de transformer une idĂ©e hĂ©tĂ©rodoxe en un mouvement Ă©mergent. Ce mouvement touche aussi la France, oĂč le rapport de Nicolas Colin et Pierre Collin sur la fiscalitĂ© du numĂ©- rique envisage que la taxation assise sur la collecte de donnĂ©es personnelles qu’il propose, se rĂ©duise si les entreprises par- tagent les donnĂ©es collectĂ©es avec les indi- vidus concernĂ©s. Le temps semble donc venu de considĂ©rer le “ retour ” des donnĂ©es personnelles aux individus comme une hypothĂšse sĂ©rieuse et une perspective pas si lointaine. Tout au long de l’annĂ©e 2012, les parte- naires du projet MesInfos ont multipliĂ© les ateliers, pris part aux discussions du “ Project VRM ”, rencontrĂ© les acteurs britanniques de Midata, Ă©changĂ© avec des experts, entrepreneurs et chercheurs de France et d’ailleurs. Leur but Ă©tait Ă  la fois de prĂ©parer une expĂ©rimenta- tion “ grandeur nature ”, et d’explorer de maniĂšre prĂ©cise “ la piste du partage ” : quels bĂ©nĂ©fices les individus comme les organisations peuvent-ils en attendre ? Quels services et outils peut-on imaginer dans cette perspective  ? Quelle valeur Ă©conomique et sociale en attendre ? Quels obstacles faudra-t-il lever  ? Quels risques faut-il anticiper  ? Vous tenez entre les mains le produit de ce travail collectif. Aussi riche et dense soit-il, il constitue moins un produit fini qu’une Ă©tape de la rĂ©flexion, qu’un outil de travail. Au service d’une perspective Ă  laquelle, aprĂšs cette annĂ©e de travail, nous croyons plus que jamais : celle de recrĂ©er confiance, reliance et croissance en rĂ©Ă©quilibrant la relation entre les individus et les organisa- tions. 00 INTRODUCTION ǘǘ Que se passerait-il si, demain, les organisations partageaient les don- nĂ©es personnelles qu’elles dĂ©tiennent avec les individus qu’elles concernent, pour qu’ils en fassent ce que bon leur semble  ? Quels usages, quelles connais- sances, quels services, quels risques aussi, pourraient Ă©merger si les individus disposaient, non seulement du contrĂŽle, mais de l’usage de ces donnĂ©es : leurs finances, leurs achats, leurs dĂ©place- ments, leurs communications et leurs relations en ligne, leur navigation web, leur consommation d’énergie, etc.  ?
  • 9. ǘǘ La confiance est en crise. Cette crise ne touche pas seulement les ins- titutions, mais bien le cƓur de la rela- tion entre les individus et les organi- sations. L’importance croissante prise par les donnĂ©es personnelles dans l’activitĂ© des organisations y contribue lourdement. Au-delĂ  des dĂ©marches de protection, qui demeurent indis- pensables, une autre voie se dessine : partager avec les individus les donnĂ©es qui les concernent, pour qu’ils les uti- lisent Ă  leurs propres fins. d CHAPITRE 01 LE RETOUR DES DONNEES PERSONNELLES   AUX INDIVIDUS : L’ENJEU 01 00    p 05    p
  • 10. LE “ RETOUR ” DES DONNEES PERSONNELLES AUX INDIVIDUS : L’ENJEU 01MesInfos | Cahier d'exploration 1918 Ce dĂ©ficit massif de confiance constitue l’une des sources de la baisse continue de la fidĂ©litĂ© vis-Ă -vis des entreprises et des marques. Selon la “ Global CMO Study ” d’IBM 02 , celle-ci constitue l’un des princi- paux facteurs d’inquiĂ©tude des directeurs marketing de grandes entreprises mon- diales. La collecte et l’utilisation de plus en plus massive des donnĂ©es personnelles contribue Ă  la crise. Alors que l’attention des acteurs semble focalisĂ©e sur le poten- tiel des “ Big Data ”, force est de constater que les donnĂ©es personnelles, “ pĂ©trole ” de l’économie contemporaine, sont aussi son Le dĂ©sĂ©quilibre devient intenable entre, d’un cĂŽtĂ©, des organisations surinformĂ©es (notamment Ă  propos de leurs clients), surĂ©quipĂ©es en outils dĂ©cisionnels, surprotĂ©gĂ©es et, de l’autre, des individus dotĂ©s de leur seul navigateur web. poison. C’est en particulier le cas sur l’in- ternet : d’enquĂȘte en enquĂȘte, les consom- mateurs affirment que, si leur dĂ©fiance vis-Ă -vis de la technologie diminue, elle s’accroĂźt vis-Ă -vis de l’attitude des organi- sations, de plus en plus systĂ©matiquement soupçonnĂ©es d’abuser des informations que les consommateurs leur confient. Le dĂ©sĂ©quilibre devient intenable entre, d’un cĂŽtĂ©, des organisations surinformĂ©es ( no- tamment Ă  propos de leurs clients ), surĂ©- quipĂ©es en outils dĂ©cisionnels, surprotĂ©- gĂ©es et, de l’autre, des individus dotĂ©s de leur seul navigateur web. ‱‱ Source : Acsel – Caisse des DĂ©pĂŽts, “ BaromĂštre de la confiance des Français dans le numĂ©rique ”, 2011 Risque perçus du commerce en ligneUne crise de la confiance et de la fidĂ©litĂ© La Confiance dans les entreprises et les administrations ‱‱ Source : Edelman TrustBarometerBuisness Gouvernment En 2012, le “ baromĂštre de la confiance ” du cabinet amĂ©ricain Edelman 01 confirme un glissement qui semble gĂ©nĂ©ral, en France comme ailleurs. PremiĂšres victimes : les institutions publiques et les entreprises, qui n’inspirent confiance qu’à un tiers des individus, loin derriĂšre les ONG, les mĂ©dias
 et “ les personnes comme moi ”, celles dont on Ă©coute les avis sur les forums, les blogs ou les rĂ©seaux sociaux. Dans les 25 pays Ă©tudiĂ©s, 27% des consommateurs pensent que les entreprises “ ont des pratiques ouvertes et transparentes ”, 32% des pratiques â€œâ€‰Ă©thiques ”, et 26% pensent qu’elles â€œâ€‰Ă©coutent les consommateurs ”. S’agis- sant des administrations, le score est infĂ©rieur de moitié  01. http://www.edelman.com/insights/intellectual-­‐property/trust-­‐barometer-­‐2012 02. http: // www-­‐935.ibm.com/services/us/cmo/cmostudy2011/cmo-­‐registration.html
  • 11. LE “ RETOUR ” DES DONNEES PERSONNELLES AUX INDIVIDUS : L’ENJEU 01MesInfos | Cahier d'exploration 2120 Une enquĂȘte  05 menĂ©e par l’association de consommateurs anglaise Which  ? ne dit pas autre chose : 80% des individus disent se sentir “ assez ” ou “ trĂšs ” concernĂ©s Ă  propos de leur vie privĂ©e en ligne. Pourtant, malgrĂ© l’inquiĂ©tude qu’ils expri- ment, les individus donnent l’impression de ne guĂšre utiliser les outils techniques et juridiques dont ils disposent pour se protĂ©ger : c’est ce que l’on nomme, depuis les annĂ©es 1990, le “ paradoxe de la vie privĂ©e ” (  privacy paradox  ). Mais, Ă  y regarder de plus prĂšs, les individus n’appa- raissent pas si passifs que ça : ils mesurent ce qu’ils divulguent en fonction de leur familiaritĂ© avec l’organisation qui leur demande de l’information, ils mentent, ils multiplient les adresses Ă©lectroniques, ils se mettent en scĂšne sur les rĂ©seaux sociaux plutĂŽt qu’ils ne se dĂ©voilent 06 
 Bref, ils dĂ©- veloppent un usage stratĂ©gique et tactique de leurs donnĂ©es. TournĂ© vers la projection de soi vers les autres au travers (  notam- ment  ) des rĂ©seaux sociaux, cet usage devient en revanche souvent dĂ©fensif vis- Ă -vis des organisations. Une autre voie se dessine Aujourd’hui, contrairement Ă  ce qui fut le cas pendant des dĂ©cennies d’informa- tisation des organisations, les individus disposent des moyens de capter, stocker, traiter et Ă©changer beaucoup d’informa- tion : selon McKinsey 07 , il y avait en 2010 presque autant de donnĂ©es stockĂ©es chez les individus que dans les entreprises ! En premier lieu, les individus se servent de cette capacitĂ© pour discuter ensemble de ce qu’ils vivent ou Ă©valuer des produits, pour s’échanger des avis ou des services, pour partager des biens. L’expĂ©dition “ Nouvelles approches de la confiance ” de la Fing et la Fondation TĂ©lĂ©com 08 mettait ainsi en lumiĂšre l’émergence puissante d’une confiance “ de pair Ă  pair ”, horizon- tale. Avec une consĂ©quence majeure : les clients, les usagers ne sont plus seuls face aux organisations. En interagissant avec de multiples sources et interlocuteurs, ils se forgent un avis hors de toute maĂźtrise de la part des entreprises concernĂ©es. Ils s’entraident, ils apprennent Ă  dĂ©tourner les systĂšmes. Ils dĂ©codent le modĂšle d’affaires d’une entreprise, les systĂšmes tarifaires, le fonctionnement des marchĂ©s
 Ils s’en servent, aussi, pour produire et exploiter leurs propres donnĂ©es, Ă  leurs propres fins. Le mouvement du “ Quanti- fied Self ” (  quantification de soi  ) a donnĂ© naissance Ă  des centaines de produits et de services autour, principalement, de la santĂ©, du bien-ĂȘtre et de la performance sportive  09   : la balance communicante de Withings, les capteurs destinĂ©s aux joggers, des bracelets pour mieux dormir 
 ‱‱ Photo : Sebastiaan ter Burg ‱‱ 05. Which? General Public Omnibus, January 2012 ‱‱ 06. Nous dĂ©veloppions cette idĂ©e dans Informatique, libertĂ©s, identitĂ©s, Fyp Editions, 2010 ‱‱ 07. "Big data : The next frontier for innovation, competition, and productivity" http://www.mckinsey.com/insights/mgi/ research/technology_and_innovation/big_data_the_next_frontier_for_innovation ‱‱ 08. http://www.fing.org/?-Nouvelles-approches-de-la- ‱‱ 09. Internet Actu : http://www.internetactu.net/2011/12/01/quantified-self-13-mettre-linformatique-au-service-du-corps/ Les clients comprennent de moins en moins les gammes et les tarifs des entre- prises – mais ils savent que l’optimisation tarifaire sert l’entreprise avant le client. L’industrialisation de la relation en dĂ©truit aussi la qualité : qu’il s’adresse Ă  un site web, Ă  un tĂ©lĂ©opĂ©rateur stressĂ© par le chronomĂštre ou Ă  un conseiller au regard rivĂ© sur son Ă©cran, le client sait qu’il parle toujours Ă  l’Ordinateur. Un interlocuteur qui sait beaucoup de choses sur lui, mais ne lui dit pas quoi, qui fait des choix pour lui sans lui dire pourquoi, et qui ne laisse gĂ©nĂ©ralement Ă  personne le soin d’intro- duire du jeu dans le mĂ©canisme. Les “ Big Data ” (  dans leur utilisation mar- keting  ) ont poussĂ© la tendance jusqu’à son paroxysme : pourquoi perdre son temps Ă  dialoguer avec un consommateur, puisqu’on sait dĂ©jĂ  tout sur lui ? PrĂ©sentant les “ 8 lois du Big Data ” dans le magazine Forbes 03 , le chroniqueur et entrepre- ‱‱ Source : “ Attitudes Ă  l’égard de la protection des donnĂ©es et de l’identitĂ© Ă©lectronique ”, EurobaromĂštre, 2011 neur David Feinleib n’y va pas par quatre chemins dans ses conseils aux entreprises : ǚǚ  Loi N° 3 : “ Utilisez des donnĂ©es plus diverses, pas seulement plus nombreuses ” – autrement dit, croisez tous les fichiers possibles. ǚǚ  Loi N° 4 : “ Les donnĂ©es gardent leur valeur bien plus longtemps que vous ne le croyiez ” – autrement dit, oubliez le droit Ă  l’oubli. ǚǚ  Loi N° 5 : “ PrĂ©voyez une crois- sance exponentielle ”, et en particulier d’ajouter les donnĂ©es issues de “ l’in- ternet des objets ” aux donnĂ©es venant des rĂ©seaux sociaux – autrement dit, des donnĂ©es bien souvent capturĂ©es Ă  l’insu des individus concernĂ©s Ne nous Ă©tonnons pas, alors, de consta- ter l’inquiĂ©tude croissante des europĂ©ens, mesurĂ©e par l’EurobaromĂštre 04  : 03. http://www.forbes.com/sites/davefeinleib/2012/07/24/big-data-trends ‱ 04. http://ec.europa.eu/public_opinion/archives/eb_special_359_340_fr.html ‱
  • 12. LE “ RETOUR ” DES DONNEES PERSONNELLES AUX INDIVIDUS : L’ENJEU 01MesInfos | Cahier d'exploration 2322 ǘǘ La restauration de la confiance et de la fidĂ©litĂ© ne passe donc pas seulement par une meilleure protection des donnĂ©es personnelles. L’enjeu, c’est que les indivi- dus puissent rĂ©cupĂ©rer et produire leurs propres donnĂ©es, pour en faire ce qui a du sens pour eux. Et tout indique que si les grandes entreprises et les administrations ne s’engagent pas volontairement dans cette voie, d’autres le feront pour eux.  ¹ Enfin, une vague de nouveaux services propose aux consommateurs de rĂ©cupĂ©rer les donnĂ©es qui les concernent pour leur trouver de nouveaux usages : ǚǚ  Les “ Personal Finance Managers ” (  PFM  ) rassemblent les donnĂ©es ban- caires des individus pour leur donner une vision globale de leurs finances et leur proposer un ensemble d’outils pour optimiser la gestion de leur argent, leur consommation, leur fis- calité  ǚǚ  Les “ coffres-forts numĂ©riques ”, trĂšs actifs en France, rĂ©unissent dans un mĂȘme espace les documents admi- nistratifs d’un individu ou d’un foyer, ses principaux contrats (  assurance, garanties
  ), ses factures, et l’aident Ă  administrer cet ensemble. ǚǚ  L’application Skerou propose aux consommateurs de photographier leurs tickets de caisse et d’en lire le contenu ( grĂące Ă  un outil de recon- naissance de caractĂšres ) pour “ mieux prĂ©parer vos listes de courses, suivre votre budget, garder un Ɠil sur les promotions. ” Toutes ces initiatives prĂ©sentent deux points communs : elles se dĂ©veloppent en dehors de (  voire en opposition à  ) la relation entre les individus et les entre- prises qui dĂ©tiennent leurs informations ; elles remettent en question les cadres de responsabilitĂ© existants sans, pour l’ins- tant, en proposer un nouveau. ‱‱Visuel :MarieCoiriĂ©&JulienDefait
  • 13. ǘǘ Imaginons maintenant que, demain, les entreprises et les adminis- trations partagent les donnĂ©es per- sonnelles qu’elles dĂ©tiennent avec les individus que ces donnĂ©es concernent, pour qu’ils en fassent
 tout ce qui a du sens pour eux : “ Si j’ai une info sur vous, vous l’avez aussi  ” Comment cela pour- rait-il se passer  ? A quoi cela pourrait-il servir  ? Est-ce une idĂ©e sĂ©rieuse  ? CHAPITRE 0202 d LA  PISTE DU PARTAGE00    p 05    p 10    p 15    p
  • 14. La piste du partage 02 MesInfos | Cahier d'exploration 2726 Pers onal data manage m ent Personal Information Management services help the individual gather, collate, curate and use information about their lives 3. Personal data handbacks Info about my transactions, behaviours, usage etc (midata) 4. Personal informatics Information gathered from my life 2. Information as a tool e.g. information from the market – what’s available, what’s possible? 5. P2P info sharing Peer reviews, chat communities, forums etc. 1. ID and claims verification Providing proofs of claims about multiple aspects of my life 6. Information ‘from my head’ My goals, plans, priorities, preferences, constraints, circumstances etc. ǚǚ Mobilité : ma gĂ©olocalisation, mes itinĂ©raires, les moyens de transport que j’ai utilisĂ©s
 reliĂ©s, par exemple, Ă  des systĂšmes d’information qui m’aident Ă  choisir les meilleurs modes, Ă  un calculateur de mon “ empreinte Ă©cologique ” – mais aussi, pourquoi pas, croisĂ©s avec les donnĂ©es relatives Ă  mes communi- cations pour imaginer des meilleures maniĂšres d’organiser mon temps, mes rythmes et lieux de travail
 ǚǚ Energie : ce que je consomme, quand, auprĂšs de qui, Ă  cause de quels appareils, afin, par exemple,d’imaginerlesmoyensdepayer moins cher, ou de vivre plus “ vert ”. La liste n’est pas close. Elle n’a pas de limite intrinsĂšque : toute donnĂ©e personnelle qui peut prĂ©senter un intĂ©rĂȘt concret pour l’individu qu’elle concerne, peut avoir vocation Ă  “ revenir ” vers cet individu. ‱‱ SchĂ©ma : “ The individual as data manager ”, Ctrl-shift 2011 De quelles donnĂ©es parle-t-on  ? Toutes celles dont l’usage peut fournir une information utile aux individus, telles que : ǚǚ Consommation : ce que j’ai achetĂ©, oĂč, quand, pour combien – mis en relation, par exemple, avec des informations sur l’origine, les composants, les carac- tĂ©ristiques nutritives ou sanitaires, le bilan carbone
 et aussi, par exemple, les garanties en cours qui couvrent dif- fĂ©rents produits techniques. ǚǚ Finances : mes avoirs, mes flux financiers, leur origine et destination, consolidĂ©s Ă  partir de tous les Ă©tablissements auprĂšs desquels j’ai un compte, mes polices d’assurance, les dossiers en cours... ǚǚ Communication : mes appels, mes SMS, mes messages, mes publications, commentaires et autres contributions sur le web et les rĂ©seaux sociaux
 ǚǚ Navigation sur le web : les sites que j’ai visitĂ©s, mes requĂȘtes auprĂšs de moteurs de recherche, mes tĂ©lĂ©chargements, les informations que j’ai transmises et recueillies en ligne, les traces captĂ©es ( jusqu’ici ) Ă  mon insu
 ǚǚ Formation et emploi : ses diplĂŽmes, mais aussi toutes les autres preuves de compĂ©tence ( les formations suivies, les projets menĂ©s Ă  bien, les Ă©loges reçues de ses par- tenaires ); son itinĂ©raire profession- nel, mais aussi ses autres activitĂ©s, associatives, sportives, culturelles
 Ă  mettre en valeur, ou au contraire Ă  masquer, en fonction de ses interlocu- teurs et de ses buts. ǚǚ SantĂ© et bien-ĂȘtre : bilans mĂ©dicaux, mesures person- nelles ( poids, taille, tension
 ), pres- criptions, etc., que l’on peut, mĂȘme en l’absence de toute pathologie, croiser utilement avec ce que l’on sait de son alimentation et de sa mobilitĂ© pour, par exemple, imaginer les maniĂšres de vivre une vie plus saine.
  • 15. La piste du partage 02 MesInfos | Cahier d'exploration 2928 ‱‱ Exemple de donnĂ©es anonymes de “ Quantified Self ” collectĂ©es Ă  partir des produits Withings Source : anonymous data extracted from Withings’products users databases | www.blog.withings.com Mais que diable peut-on faire Ă  partir de ses propres donnĂ©es ? De l’analyse des projets existants en France et ailleurs, comme des ateliers crĂ©atifs menĂ©s dans le cadre de MesInfos, ressortent six catĂ©gories de bĂ©nĂ©fices ( voir partie 3 pour plus de dĂ©tails ) : ǚǚ ContrĂŽle : protĂ©ger ses donnĂ©es, savoir ce que l’on sait de soi pour Ă©ventuellement le corriger ou le faire supprimer, maitri- ser ce que l’on transmet ou non
 ǚǚ Gestion et commodité : gĂ©rer ses documents et sa paperasse ; mettre Ă  jour ses donnĂ©es automati- quement auprĂšs des interlocuteurs ; remplir automatiquement les for- mulaires en ligne tout en contrĂŽlant ce qu’on transmet ou non Ă  chaque entreprise
 ǚǚ Connaissance de soi : suivre l’évolution de ses perfor- mances sportives ;  comprendre les mĂ©canismes qui influent sur notre humeur ou notre santĂ© ; ( se ) raconter sa semaine au travers des lieux qu’on a frĂ©quentĂ©s, de ce qu’on a achetĂ© et de ses pratiques en ligne ; faire son bilan de compĂ©tences et d’ ”employa- bilitĂ©â€‰â€ ; se comparer Ă  d’autres sur les critĂšres qui comptent pour nous
 ǚǚ Conscience : calculer son empreinte Ă©cologique et faire des choix pratiques ( énergie, mobilitĂ©, consommation
 ) pour la rĂ©duire ; rĂ©ussir Ă  consommer bio ou â€œâ€‰Ă©thique ” sans y passer des heures ni payer trop cher
 ǚǚ DĂ©cision et action : comparer des offres en fonction de son mode de vie ( par exemple, des tarifs tĂ©lĂ©phoniques en fonction de son rĂ©el historique de communica- tions mobiles ), choisir un endroit oĂč habiter, exprimer ses projets ou ses intentions d’achat Ă  un marchĂ© et attendre des propositions venues de plusieurs fournisseurs ; organiser son temps et ses dĂ©placements, optimi- ser sa consommation globale d’éner- gie, gĂ©rer son budget et ses finances, dĂ©clarer ses impĂŽts en deux clics, envoyer un CV personnalisĂ©, renĂ©go- cier des contrats
 ǚǚ Contribution : mettre Ă  disposition ses donnĂ©es de santĂ© au service d’une Ă©tude clinique ( comme le font les utilisateurs de PatientsLikeMe ), ses donnĂ©es de mobilitĂ© au bĂ©nĂ©fice de cartographies urbaines dynamiques, sa gĂ©olocali- sation pour alimenter Open Street Maps

  • 16. La piste du partage 02 MesInfos | Cahier d'exploration 3130 EntrĂ©e des DONNÉES personnelles Partage des DONNÉES personnelles Consultation de l'ensemble des DONNÉES personnelles souhaitĂ©es. Autorisation de l'individu donnant accĂšs Ă  certaines de ses DONNÉESPRIVÉES PUBLIQUES ORGANISATIONS RÉUTILISATEURS ENTREPRISESSTART-UP COMMUNAUTÉS D'INNOVATEURS DESIGNERS USAGERS PLATEFORME entrepĂŽt de donnĂ©es personnelles INDIVIDUS SERVICES disponibles et utile pour l'individu ou pour la relation entre individus et organisations ConcrĂštement, comment cela se passera-t-il ? Les individus disposeront de moyens qui leur permettront : ǚǚ  D’accĂ©der Ă  volontĂ© aux informa- tions dont les entreprises disposent sur eux. ǚǚ  De complĂ©ter ces informations par des donnĂ©es qu’ils auront eux- mĂȘmes captĂ©es ou entrĂ©es : docu- ments scannĂ©s, capteurs personnels du Quantified Self, traces de naviga- tion enregistrĂ©es par leur navigateur, gĂ©olocalisation
 ǚǚ  Au travers d’un “ entrepĂŽt per- sonnel de donnĂ©es ” ( personal datas- tore ), d’exploiter ces donnĂ©es pour leur propre compte. ǚǚ  D’interagir avec les systĂšmes d’information d’autres organisations en disposant de moyens d’exprimer d’une maniĂšre non ambiguĂ« leurs prĂ©fĂ©rences, leurs choix, leurs inten- tions
 y compris, bien sĂ»r, en matiĂšre de vie privĂ©e. ǚǚ  De publier des “ vues ” sur leurs informations, par exemple pour se prĂ©senter dans un forum, se valoriser sur un site d’enchĂšres, entrer dans un rĂ©seau social, chercher un emploi
 L’architecture d’un monde de donnĂ©es “ vraiment ” personnelles ‱‱ Source : MesInfos – 2012 ( Juliette Maroni )
  • 17. La piste du partage 02 MesInfos | Cahier d'exploration 3332 Une “ carte ” des usages des donnĂ©es personnelles par et pour les individus ‱‱ Source : MesInfos – 2012 ( Pierre-Julien Cazaux ) ÉcosystĂšme des services autour des donnĂ©es personnelles Classer Archiver Visualiser Mesurer analyser Comparer Partager Faire des projets Exprimer ses attentes Se prĂ©senter sous diffĂ©rentes facettes Mettre Ă  jour Choisir ContrĂŽler PortabilitĂ© Capter ĂȘtre reconnu en toute sĂ©curitĂ© Stocker Se faciliter la vie MaĂźtriser Se projeter Mieux se connaĂźtre ïï€ï­ï©ïźï©ï”ï­ï€Źï€ ïˆïŻï­ï„ï‚ï”ïąïąïŹï„ï€Źï€ ï„ï©ï§ï©ï°ïŻïłïŽï„ ïčïč ïčïźï„ïČï§ï„ïŽï©ïŁïłï€ ï€šï„ïïŻïČïŽïŠïŻïŹï©ïŻïłï€© ï—ï©ïŽïšïŽïšï©ïźï§ïłï€Źï€ ï†ï©ïŽïąï©ïŽï€ ï€šï‘ï“ï€© ïČï„ï„ïźï€ ïąï”ïŽïŽïŻïź ïï©ïźïŽï€ ï€šïï†ïï€© ï’ï„ï€ï‚ï„ïĄïŁïŻïźï€Źï€ ï”ïšï”ï­ïąïŽïĄïŁï« ï‡ïĄïČïŹï©ï« ïČïĄïŁï«ïï„ïŽïŻïŽ Les entreprises ou les administrations adapteront leurs systĂšmes d’information pour dialoguer avec les individus par l’in- termĂ©diaire de ces nouveaux outils : ǘǘ  Recueillir, mettre Ă  jour et restituer des donnĂ©es personnelles. ǘǘ  Faire Ă©voluer leur relation clien- tĂšle pour interagir avec des usagers et clients mieux informĂ©s et mieux outillĂ©s. ǘǘ  Proposer des nouveaux choix, de nouvelles options, des nouveaux services. ǘǘ  RĂ©pondre Ă  des appels d’offres ou des “ appels Ă  propositions ” issus de consommateurs, isolĂ©s ou en groupe. ǘǘ  Recruter sur des bases plus riches que le classique CV
 Des fournisseurs de services “ tiers ” proposeront aux individus une gamme d’outils et de services fondĂ©s sur leurs donnĂ©es. ActivĂ©s par les individus et sous leur contrĂŽle, ces services prendront toutes sortes de forme : ǘǘ  Outils et services personnels d’ana- lyse et de gestion. ǘǘ  Outils et services de visualisation, de reprĂ©sentation, de modĂ©lisation, de projection
 ǘǘ  Outils et services de comparaison, de “ matching ”, de mise en relation, de transaction. ǘǘ  Outils et services “ majordomes ”, d’accompagnement, coaching ou dĂ©lĂ©- gation. ǘǘ  Outils et services de contrĂŽle, de suivi, de traçage, de “ portage ” des donnĂ©esd’unenvironnementĂ unautre. ǘǘ  Mais aussi, pourquoi pas, des jeux en rĂ©seau, des rĂ©seaux sociaux d’un nouveau genre, des espaces collabo- ratifs pour produire des connaissances communes
 L’exploration des services que la restitution des donnĂ©es person- nelles aux individus rendra possibles ne fait que commencer.
  • 18. La piste du partage 02 MesInfos | Cahier d'exploration 3534 nĂ©gocier des conditions d’interaction, pour apprendre de ces interactions. La perspective de Doc Searls est celle d’une â€œâ€‰Ă©conomie de l’intention 11  ” dans laquelle les consommateurs cessent d’ĂȘtre des in- dividus passifs dont on cherche continuel- lement Ă  capter l’attention, pour exprimer leurs intentions auprĂšs d’entreprises qui se mettent Ă  leur Ă©coute. Economiquement, cette approche pourrait rendre les marchĂ©s beaucoup plus efficients : au lieu de devoir “ deviner ” les intentions des consomma- teurs Ă  partir de systĂšmes de plus en plus complexes et intrusifs, les entreprises pourraient en prendre connaissance Ă  la source, d’une maniĂšre non ambiguĂ«. En 2011 et 2012, le Forum Economique Mondial ( WEF, plus communĂ©ment connu sous le nom “ Forum de Davos ” ) publiait une sĂ©rie de rapports sur le potentiel Ă©conomique des donnĂ©es personnelles 12 . Pour le WEF les donnĂ©es reprĂ©sentent une “ nouvelle classe d’actifs ”, une “ opportu- nitĂ© Ă©conomique post-industrielle ”, mais cette opportunitĂ© ne se rĂ©alisera pas si le dĂ©sĂ©quilibre persiste entre le niveau de connaissance et d’outillage des organisa- tions, et celui des individus. Le WEF intro- duit l’idĂ©e d’un â€œâ€‰Ă©cosystĂšme des donnĂ©es personnelles ”, dans lequel les donnĂ©es d’un individu seraient traitĂ©es comme un capital que celui-ci gĂšrerait et exploiterait lui-mĂȘme. Le Royaume-Uni et les Etats-Unis passent Ă  l’action PortĂ© depuis avril 2011 par le gouvernement britannique et 19 entreprises, le projet Midata 13 se fixe pour objectif de “ tirer parti du potentiel Ă©conomique que reprĂ©- sente, pour les entreprises, le basculement de leur relation clients d’une approche unilatĂ©rale de collecte des donnĂ©es Ă  une approche de partage fondĂ©e sur une confiance mutuelle. ” La perspective est Ă©conomique : d’une part, des consomma- teurs plus exigeants et mieux en mesure d’exprimer leurs intentions rendront les marchĂ©s plus efficients ; d’autre part, un marchĂ© entiĂšrement nouveau de services personnels fondĂ©s sur les donnĂ©es des individus pourrait Ă©merger. ‱‱ 11. Titre de l'ouvrage de Doc Searls (Harvard Business Press, 2012) ‱‱ 12. http://www.weforum.org/issues/rethinking-personal-data ‱‱ 13. https://www.gov.uk/government/policies/providing-better-information-and-protection- for-consumers/supporting-pages/personal-data Des “ plates-formes personnelles de donnĂ©es ” joueront un rĂŽle de pivot entre les utilisateurs, les dĂ©tenteurs de donnĂ©es personnelles et les fournisseurs de services “ tiers ”. ǘǘ  Elles sont le premier point de contact entre l’individu et ses donnĂ©es et lui fournissent, a minima, les moyens nĂ©cessaires pour contrĂŽler la validitĂ©, la circulation et l’usage de ses informations. ǘǘ  Elles mettent Ă  disposition des outils simples d’administration, de mise Ă  jour, de visualisation, de re- cherche et d’analyse de ses informa- tions. ǘǘ  Elles communiquent avec les systĂšmes d’information des dĂ©ten- teurs de donnĂ©es pour obtenir, d’une maniĂšre sĂ©curisĂ©e, l’accĂšs aux donnĂ©es qui concernent l’individu. ǘǘ  C’estauprĂšsd’ellesquedesservices “ tiers ” obtiennent les donnĂ©es que les individus les ont autorisĂ©s Ă  utiliser, dans des conditions prĂ©cises et vĂ©ri- fiables. Les formes que prendront ces plates- formes restent encore Ă  prĂ©ciser ( voir chapitre 5 ). Comment, en effet, proposer une grande simplicitĂ© d’usage pour les individus, sans compromettre la sĂ©curitĂ© des donnĂ©es des individus, ni confĂ©rer Ă  l’opĂ©rateur d’une plate-forme un pouvoir de marchĂ© dont il sera naturellement tentĂ© d’abuser ? Plusieurs modĂšles s’explorent : privĂ© ou communautaire, centralisĂ© ou Ă©clatĂ©, fondĂ© ou non sur un transfert “ physique ” des donnĂ©es, hĂ©bergĂ© chez l’utilisateur ou dans le cloud, gĂ©nĂ©raliste ou spĂ©cialisĂ© ( des plates-formes “ santĂ©â€‰â€, “ finances ”, “ formation ”
 ), etc. Une piste qui s’explore dĂ©jĂ  ailleurs DĂšs 2006, l’AmĂ©ricain Doc Searls propo- sait le concept de “ VRM ” ( Vendor Rela- tionship Management, le symĂ©trique cĂŽtĂ© consommateur du CRM, Customer Rela- tionship Management ). Doc Searls n’est pas un inconnu : il est l’un des auteurs du Cluetrain Manifesto ( 1999 ), texte qui continue de faire rĂ©fĂ©rence sur le mar- keting et la relation clients Ă  l’ùre numĂ©- rique 10 . Le message du VRM : “ un client libre a plus de valeur qu’un client captif. ” Un client libre dispose d’un niveau d’infor- mation et d’outillage comparable Ă  celui des organisations avec lesquelles il est en relation. Son “ systĂšme d’information ” interagit avec celui des organisations pour partager ( ou non ) des informations, pour SchĂ©ma de Paul Trevithick, photographiĂ© par Doc Searls © ‱ 10. http://www.cluetrain.com/ ‱
  • 19. La piste du partage 02 MesInfos | Cahier d'exploration 3736 Les deux pays en pointe sur la restitution des donnĂ©es personnelles aux individus, Royaume-Uni et Etats-Unis, le sont Ă©gale- ment sur l’ouverture des donnĂ©es gĂ©rĂ©es par les administrations publiques ( open data ). Cela n’a rien de fortuit. L’open data transforme le droit trĂšs Ă©tabli d’accĂšs aux documents administratifs ( Freedom of In- formation Act dans les pays anglo-saxons, loi de 1978 dite “ CADA ” en France ) en un droit de rĂ©utilisation des donnĂ©es, qui suppose que celles-ci soient accessibles de maniĂšre informatique, sur des serveurs. De la mĂȘme maniĂšre, la restitution aux individus des donnĂ©es personnelles qui les concernent transformerait le “ droit d’accĂšs et de rectification ” de la loi “ Infor- matique et libertĂ©s ” ( qui date Ă©galement de 1978 ), et ses Ă©quivalents dans d’autres pays, en un droit de rĂ©cupĂ©ration et de rĂ©u- tilisation des donnĂ©es. ‱‱ Des participants en plein brainstorm pendant le 1er hackathon du projet Midata, en novembre 2012 | Photo : Mydex Open Data : le prĂ©cĂ©dent Les principes du projet Midata La charte du projet Midata repose sur “ 9 principes centraux ” : ǘǘ  Les donnĂ©es restituĂ©es aux consom- mateurs le sont dans des formats rĂ©u- tilisables, lisibles par des machines et fondĂ©s sur des standards ouverts. ǘǘ  Les consommateurs doivent pouvoir visualiser, rĂ©cupĂ©rer et stocker leurs donnĂ©es d’une maniĂšre sĂ»re. ǘǘ  Les consommateurs doivent pouvoir analyser, manipuler, intĂ©grer et partager leurs donnĂ©es  comme ils l’entendent. ǘǘ  Un effort de standardisation des termes, des formats et des donnĂ©es doit ĂȘtre entrepris, d’une maniĂšre aussi multisectorielle que possible. ǘǘ  Les donnĂ©es doivent ĂȘtre mises Ă  disposition des consommateurs le plus rapidement possible aprĂšs que ceux-ci les auront demandĂ©es. ǘǘ  La prioritĂ© est de fournir des donnĂ©es utilisables et utiles Ă  la prise de dĂ©cision ou Ă  la conduite d’activitĂ©s spĂ©cifiques. ǘǘ  Les organisations ne devraient imposer aucune restriction, placer aucune barriĂšre Ă  la rĂ©utilisation des donnĂ©es. ǘǘ  Les organisations contribueront Ă  faire connaĂźtre aux consommateurs les opportunitĂ©s et les responsabilitĂ©s associĂ©es au nouveau pouvoir dont ils disposent sur leurs propres donnĂ©es. ǘǘ  Les organisations informeront prĂ©- cisĂ©ment les consommateurs sur la maniĂšre dont leurs donnĂ©es ont Ă©tĂ© collectĂ©es, sur ce qu’elles reprĂ©sen- tent, et sur les interlocuteurs Ă  contac- ter en cas de problĂšme. Aux Etats-Unis, dans le cadre de la stratĂ©- gie dite de “ Smart Disclosure 14  ”, l’admi- nistration Obama multiplie les initiatives sectorielles de restitution des donnĂ©es aux individus : Blue Button ( donnĂ©es de santé ), Green Button ( énergie ), Purple Button ( formation ). Ici, la perspective est celle de l’empowerment ( mise en capacité ) des individus, outillĂ©s et mis en capacitĂ© de prendre de meilleures dĂ©cisions, de faire des choix plus Ă©clairĂ©s, d’exprimer leurs attentes et aspirations, de prendre en main leur quotidien comme leur destinĂ©e. Comme au Royaume-Uni, le gouverne- ment a souhaitĂ© stimuler l'Ă©cosystĂšme d'innovateurs en lançant un concours pour le dĂ©veloppement d'applications, Apps for Energy , qui offrait 100 000$ de prix aux applications innovantes dans le domaine de l'Ă©nergie. Parmi les applications rĂ©compensĂ©es se trouvent Leafully ( met en Ă©vidence l'impact de nos dĂ©cisions/comportements Ă©nergĂ©tiques, puis aide ses utilisateurs Ă  rĂ©aliser des Ă©conomies et rĂ©duire leur empreinte Ă©cologique  ), Melon ( compare la performance Ă©nergĂ©tique d'un bĂątiment commercial avec une base de donnĂ©es na- tionale, permet d'obtenir un label, fournit des conseils pour amĂ©liorer la performance de l'immeuble), BYI ( permet de suivre et budgĂ©ter sa consommation facilement )... 14. http://www.whitehouse.gov/blog/2012/03/30/informing-consumers-through-smart-disclosure ‱
  • 20. La piste du partage 02 MesInfos | Cahier d'exploration 3938 ǘǘ Beaucoup de conditions semblent donc remplies pour que les individus deviennent destina- taires de leurs propres donnĂ©es, celles qu’ils ont transmises comme celles qui ont Ă©tĂ© captĂ©es Ă  leur sujet. Des acteurs gouvernemen- taux, des grandes entreprises, des chercheurs et des entrepreneurs y croient suffisamment pour s’y engager. L’idĂ©e est Ă  l’ordre du jour. Reste Ă  lui donner rĂ©alitĂ©.  ¹ Le contexte rĂ©glementaire va dans le sens de la rĂ©cupĂ©ration des donnĂ©es par les individus La rĂ©vision en cours de la directive europĂ©enne sur la protection des donnĂ©es per- sonnelles 15 prĂ©voit, parmi d’autres dispositions, “ un accĂšs facilitĂ© des individus Ă  leurs propres donnĂ©es et la possibilitĂ© de transfĂ©rer leurs donnĂ©es personnelles d’un fournisseur de services Ă  un autre. ” Sans aller explicitement jusqu’à la rĂ©utilisation de leurs donnĂ©es par les individus, la proposition de la Commission europĂ©enne installe un contexte qui la rend possible, voire inĂ©luctable. π Au Royaume-Uni, Ă  l’issu de la consul- tation nationale menĂ©e pendant l’étĂ© 2012 autour du projet Midata 16 , le gouverne- ment s’est donnĂ© le droit d’exiger de cer- taines entreprises qu’elles mettent Ă  dis- position de leurs clients les donnĂ©es dont elles disposent sur eux, dans un format “ lisible par des machines ”. Trois domaines sont concernĂ©s : l’énergie, la tĂ©lĂ©phonie mobile et la banque. π En France, la mission d’expertise sur la  “ fiscalitĂ© de l’économie numĂ©rique ” confiĂ©e au conseiller d’Etat Pierre Collin et Ă  l’inspecteur des Finances Nicolas Colin, propose une imposition fondĂ©e sur les donnĂ©es personnelles collectĂ©es par les entreprises du numĂ©rique – et qui devien- drait dĂ©gressive Ă  mesure que ces entre- prises donneraient plus de contrĂŽle sur ces donnĂ©es aux individus concernĂ©s, jusqu’à partager ces donnĂ©es avec eux et leur per- mettre de s’en servir Ă  leurs propres fins 17 . 15. http://ec.europa.eu/justice/newsroom/data-protection/news/120125_en.html ‱ 16. https://www.gov.uk/government/consultations/midata-2012-review-and-consultation ‱ 17. http://www.redressement-productif.gouv.fr/rapport-sur-fiscalite-secteur-numerique ‱
  • 21. ǘǘ Quels bĂ©nĂ©fices les utilisateurs peuvent-ils tirer de leurs propres don- nĂ©es  ? Quels usages, quelles connais- sances, quels services, quels risques aussi, pourraient Ă©merger d’une telle transformation du paysage  ? Au travers des projets, des rĂ©flexions, des expĂ©rimentations menĂ©es dans le monde, les contours du nouvel â€œâ€‰Ă©co- systĂšme des donnĂ©es personnelles ” pilotĂ© par les individus commencent Ă  se dessiner. 03 d CHAPITRE 03 QUELS SERVICES, POUR QUELS USAGES ?00    p 05    p 10    p 15    p 20    p
  • 22. Quels services. Pour quels usages ? 03 MesInfos | Cahier d'exploration 4342 06CONTRIBUTION Alimenter la production de connaissances collectives 02CONTROLE MaĂźtriser ses identitĂ©s numĂ©riques et ses donnĂ©es personnelles 01GESTION Administrer son quotidien et ses informations 04CONSCIENCE Mieux se connaĂźtre pour agir 03CONNAISSANCE DE SOI Vivre avec ses valeurs 05DECISION ET ACTION  Faire les bons choix, et les appliquer Depuis plusieurs annĂ©es, des services proposent Ă  leurs utilisateurs de faciliter la gestion et la protection de certaines de leurs donnĂ©es personnelles et, parfois, de leur permettre d’en tirer d’autres bĂ©nĂ©fices pratiques. Dans la mesure oĂč la plupart des informations demeurent enfermĂ©es dans les bases de donnĂ©es des entreprises, sans partage avec les individus, ces services apparaissent souvent isolĂ©s, trĂšs spĂ©cia- lisĂ©s, et complexes d’utilisation puisqu’ils demandent un certain travail Ă  l’utilisateur. Ces services pionniers nous fournissent cependant des premiĂšres indications sur la nature des usages qui pourraient Ă©merger si, demain, les entreprises et les adminis- trations partageaient les donnĂ©es dont elles disposent avec les individus qu’elles concernent. Nous complĂ©tons ces indica- tions, d’une part, des idĂ©es et projets qui circulent dans les communautĂ©s de cher- cheurs et d’entrepreneurs actifs sur ce sujet dans le monde et d’autre part, de propositions issues des ateliers crĂ©atifs menĂ©s par MesInfos en France et des “ hackathons ” organisĂ©s par Midata au Royaume-Uni. On peut ainsi classer ces services dans 6 grandes catĂ©gories :
  • 23. Quels services. Pour quels usages ? 03 MesInfos | Cahier d'exploration 4544 L’ePortfolio se dĂ©finit comme “ un dispositif facilitant l’apprentissage rĂ©flexif en permettant Ă  une personne de collecter, d’organiser et de publier une sĂ©lection de traces de ses appren- tissages, pour faire reconnaĂźtre, voire valoriser, ses acquis et planifier ses apprentissages futurs 19. ” Il s’agit d’exploiter les capacitĂ©s de l’infor- matique et des rĂ©seaux pour mettre les individus en capacitĂ© de valoriser et d’enrichir leur capital intellectuel, professionnel, social et culturel, tout au long de leur vie. Les fonctions du ePortfolio associent Ă©troitement la collecte et l’agrĂ©gation d’informa- tions, leur analyse rĂ©flexive, et la prĂ©- sentation contrĂŽlĂ©e des facettes de l’individu qui lui sembleront les mieux adaptĂ©es Ă  un contexte donné : un CV, une plaquette, une bio dans un site communautaire
 ‱‱ Rassembler les traces de ses activitĂ©s et de ses compĂ©tences Nos parcours professionnels sont de moins en moins linĂ©aires. Chacun d’entre nous devra constamment acquĂ©rir de nouvelles compĂ©tences, s’adapter Ă  de nouveaux contextes, travailler avec de nouveaux partenaires, passer de projet en projet, changer de mĂ©tier ou en exercer plusieurs Ă  la fois. Formation et travail deviennent de moins en moins dissociables. Le concept d’ePortfolio vise Ă  adapter les formes d’analyse et de prĂ©sentation des compĂ©- tences individuelles Ă  la rĂ©alitĂ© contempo- raine des trajectoires professionnelles. eportoflio ‱ 19. Source : Europortfolio La premiĂšre fonction indispensable, mais non suffisante, consiste Ă  faciliter la rĂ©cupĂ©- ration, l’entrĂ©e, le scan d’informations et de documents, puis leur archivage, leur classement, leur visualisation simple. Les “ entrepĂŽts personnels de donnĂ©es ” ( personal datastores ) et autres “ coffres-forts Ă©lectroniques ” fournissent tous ce service de premier niveau. C’est l’équivalent des classeurs, boĂźtes d’archives, dossiers suspendus et carnets d’adresses que nous connaissons bien, Ă  ceci prĂšs qu’il devient possible de rapprocher des informations qui existaient auparavant dans des univers trĂšs diffĂ©rents : nos photos, par exemple, avec nos papiers administratifs ou nos factures. A quelles fins ? Nous verrons par la suite plusieurs exemples de croisement qui, faits Ă  l’initiative et au bĂ©nĂ©fice des individus, produisent du sens : pensons par exemple Ă  la reconstitution d’un voyage Ă  partir d’un agenda, de films et de photos, de traces de navigation web et de localisation, des factures d’hĂŽtel et de restaurant, des coordonnĂ©es des amis rencontrĂ©s... Au-delĂ  de cette fonction de base, d’autres directions Ă©mergent, dont plusieurs sont dĂ©jĂ  explorĂ©es par des entreprises innovantes : ‱‱ GĂ©rer ses papiers, ses contrats et Ă©chĂ©ances, ses factures, ses garanties... Les coffres-forts numĂ©riques 18 se posi- tionnent aujourd’hui sur ce domaine de gestion du quotidien, en proposant toutes ces fonctions. Ils rassemblent dans un seul et mĂȘme espace les documents adminis- tratifs du foyer, ses contrats, factures, les organisent et les archivent de façon struc- turĂ©e, et proposent des services supplĂ©- mentaires : rĂ©cupĂ©ration automatique de factures auprĂšs des fournisseurs, rappel de dates clĂ©s, visualisation des dĂ©penses, etc. ‱‱ Retrouver le contrĂŽle de ses contenus. Aujourd’hui, les livres, les films, la musique “ achetĂ©s ” sur de nombreuses plates- formes en ligne le sont sous la forme de licences d’utilisation : dans bien des cas, rompre le contrat avec les plates-formes concernĂ©es signifie perdre l’accĂšs Ă  ces contenus. Il peut en aller de mĂȘme avec les photos, les vidĂ©os, les textes que l’on a soi-mĂȘme publiĂ©s sur un rĂ©seau social ou une autre plate-forme. RĂ©unir ces docu- ments sur une plate-forme placĂ©e sous le contrĂŽle de l’individu, dans des formats qui en permettent la rĂ©cupĂ©ration locale et la portabilitĂ©, permettrait de retrouver la maĂźtrise durable des contenus acquis ou produits par chaque individu. ǘǘ Des start-ups comme Cozy Cloud pro- posent des services de "Cloud Personnel", oĂč l'utilisateur stocke toutes ses donnĂ©es et exĂ©cute des applications qui les valorisent. 1|GESTION : administrer son quotidien et ses informations 18. Les acteurs français actifs dans son domaine ont crĂ©Ă© une association, l'A-CFN ‱
  • 24. UNE JOURNEE REUSSIE / CHRONOREVE Un assistant personnel intelligent qui organise et optimise l’agenda du quotidien en se fixant pour prioritĂ© de dĂ©gager du temps ou de nourrir les temps morts au service de ses aspirations et de ses rĂȘves. Quels services. Pour quels usages ? 03 MesInfos | Cahier d'exploration 4746 ‱‱ schĂ©ma : Userstudio © | ScĂ©narios fictifs | Workshop Mes INFOS - Services et chaĂźnes de valeur  ? ‱ 14 juin 2012 ChronorĂȘve est un assistant personnel intelligent qui organise et optimise l’agenda du quotidien en se fixant pour prioritĂ© de dĂ©gager du temps ou de nourrir les temps morts au service de ses aspirations et de ses rĂȘves. L’agenda optimise mon temps pour trouver des crĂ©neaux horaires et des propositions qui m’aident Ă  rĂ©aliser ce( s ) rĂȘve( s ). Il se fonde pour cela sur cinq types de paramĂštres : ‱‱ Moi/mes proches/mes contacts ‱‱ Mes  activitĂ©s  ( travail,  course, etc... ) ‱‱ Mes contraintes ‱‱ Mes prĂ©fĂ©rences ‱‱ Mes aspirations et mes rĂȘves Cet agenda, reposant notamment sur des donnĂ©es de gĂ©olocalisation, de dates, d’agendas partagĂ©s en fonction de mes cercles relationnels, sait Ă©ga- lement repĂ©rer les opportunitĂ©s du moment : par exemple, un crĂ©neau libre dans l’agenda du mĂ©decin ( qui a acceptĂ© de me le partager ) qui corres- pond Ă  une de mes disponibilitĂ©s. Le mĂ©decin en bĂ©nĂ©ïŹcie en remplissant mieux son agenda, et moi en proïŹtant de ce moment libre. L’agenda est au- to-apprenant : chaque ïŹn de journĂ©e, il me demande d’évaluer sa perfor- mance et ajuste ses propositions en consĂ©quence. Il me permet ainsi de mieux gĂ©rer mon quotidien en me faisant gagner du temps, tout en m’aidant Ă  me projeter et de rĂ©pondre Ă  mes aspirations. ChronorĂȘve 20 20. Service fictifs | Workshop Mes INFOS | FING ‱
  • 25. Quels services. Pour quels usages ? 03 MesInfos | Cahier d'exploration 4948 transmet l’adresse Ă  d’autres ou encore, d’interrompre toute relation avec un site sans devoir changer d’adresse... Au-delĂ , la gestion par l’individu de ses diffĂ©rentes identitĂ©s numĂ©riques publiques permet d’explorer des formes d’ ”hĂ©tĂ©ronymat ”, c’est-Ă -dire de pseudonymes durables, disposant de leur vie propre sur un ou plusieurs sites, porteurs de confiance, et pourtant dissociĂ©s de l’identitĂ© civile de celui ou celle qui l’a créé 22 . 2.3 Simplifier et contrĂŽler les Ă©changes d’informations personnelles Le fait, pour les individus, d’obtenir les donnĂ©es dont les organisations disposent sur eux, renforce leur capacitĂ© de contrĂŽle et de nĂ©gociation Ă  propos de ces donnĂ©es, de leur transmission, de leur usage, de leur contrĂŽle et de leur Ă©ventuel effacement. OneCub propose par exemple de visua- liser l'ensemble de ses relations avec les enseignes pour ĂȘtre en mesure de mieux contrĂŽler celles avec qui l'on va dĂ©cider d'interagir  -  ou non. Plusieurs concepts de services et d’outils visent Ă  la fois Ă  permettre aux individus de choisir quelles informations ils transmettront ou non Ă  des tiers qui les leur demandent, et Ă  leur faciliter la tĂąche lorsqu’ils font le choix de partager des informations : ‱‱ NĂ©gociation et contrĂŽle des donnĂ©es transmises Ă  des tiers. Plusieurs outils et standards 23 ont Ă©tĂ© proposĂ©s dans le but de standardiser le dialogue entre un individu et un service qui souhaite obtenir des donnĂ©es de sa part - sans grand succĂšs pour l’instant, faute d’adoption de la part des organisations. Les promoteurs du concept de VRM ( Vendor Relationship Management ) vont plus loin, en imaginant que ce serait demain aux or- ganisations qui rĂ©clament des donnĂ©es de signer ( numĂ©riquement ) la “ charte d’utili- sation ” de ses donnĂ©es que l’individu leur propose, plutĂŽt que l’inverse. ‱‱ Effacement, correction, de ses donnĂ©es. Si le “ droit d’accĂšs et de rectification ” existe, il reste souvent difficile Ă  appli- quer. Des services et des intermĂ©diaires se proposent d’aider les individus Ă  le mettre en Ɠuvre, en agissant comme leurs reprĂ©sentants et en allant chercher le plus loin possible les donnĂ©es rĂ©pliquĂ©es un peu partout sur l’internet. D’une certaine maniĂšre, certains services de gestion de l’e-rĂ©putation ” comme Naymz vont dans le mĂȘme sens. D’autres comme Garlik vont plus loin et proposent Ă  la fois de scanner et rassembler ses donnĂ©es Ă©parpillĂ©es en ligne ( Data Patrol ) et d’alerter en cas d’usage abusif de donnĂ©es ou d’usurpation ( Garlik Angel ). ‱‱ PrĂ©-remplissage de formulaires Plusieurs navigateurs et quelques services spĂ©cialisĂ©s aident les utilisateurs Ă  emplir automatiquement des formulaires, sur la base de ses donnĂ©es - stockĂ©es localement -, pour en finir avec le remplissage rĂ©pĂ©ti- tif des mĂȘmes informations dans divers formulaires. Au-delĂ  de leurs bĂ©nĂ©fices en termes de commoditĂ©, ces services peuvent se marier avec d’autres fonctions destinĂ©es Ă  contrĂŽler les donnĂ©es trans- mises ou non, voire Ă  aider l’utilisateur Ă  mentir de maniĂšre cohĂ©rente auprĂšs de plusieurs entreprises
 ‱‱ “ Subscribe to me ” Offrir Ă  des tiers approuvĂ©s a priori la pos- sibilitĂ© de s’abonner Ă  certaines de ses donnĂ©es, pour leur permettrer de disposer en permanence des informations Ă  jour. Et bien sĂ»r, pouvoir rĂ©voquer ce droit Ă  tout instant. ‱ 22. Voir “L’homonyme d’hĂ©tĂ©ronyme”, Internet Actu, 2009 http://www.internetactu.net/2009/07/15/lhomonyme-dheteronyme ‱ 23. En particulier les “Infocards”. Si l’objectif de MesInfos est de donner aux individus le pouvoir de tirer des bĂ©nĂ©fices personnels des donnĂ©es qui les concernent, cela passe Ă©galement par le fait de leur per- mettre de mieux contrĂŽler ce que d’autres font de ces donnĂ©es. Un ensemble de services et de concepts Ă©mergent, qui marient Ă©troitement plusieurs prĂ©occupations : sĂ©curitĂ©, maĂźtrise de ses donnĂ©es, mais aussi commoditĂ©. 2.1 Qui sait quoi sur moi ?  Des services tels que Privowny permettent de savoir quelles donnĂ©es les services en ligne obtiennent de nous, que ce soit de maniĂšre explicite ( formulaires ) ou non ( cookies ). 2.2 GĂ©rer ses comptes et identitĂ©s numĂ©riques  Conservation sĂ©curisĂ©e de ses identi- fiants / mots de passe, single sign-on
 Des services cherchent Ă  faciliter la gestion de ses multiples identifiants et codes d’accĂšs, sans pour autant les confier Ă  des tiers, des “ cercles de confiance ” ou des plates-formes telles que Facebook ( dont le systĂšme Facebook Connect est utilisĂ© par prĂšs de 7 millions d’applications et de sites extĂ©rieurs Ă  Facebook ). ‱‱  IdentitĂ©s fĂ©dĂ©ratives et sĂ©curisĂ©es Le projet britannique Midata est souvent associĂ© aux actions du Gouvernement et de certaines entreprises en matiĂšre d’Iden- tity Assurance, qui visent Ă  fournir des moyens solides et communs pour valider l’identitĂ© ( ou a minima les droits ) d’un individu ou d’une organisation lors d’une transaction numĂ©rique. Une organisation aura par exemple besoin d’ĂȘtre certaine de l’identitĂ© d’un individu qui lui demanderait d’accĂ©der aux donnĂ©es personnelles dont elle dispose sur lui. Dans le cas de services complexes, qui font appel Ă  plusieurs orga- nisations indĂ©pendantes, il peut s’avĂ©rer 2|CONTROLE : maĂźtriser ses identitĂ©s numĂ©riques et ses donnĂ©es personnelles nĂ©cessaire de “ faire passer ” des certificats d’identitĂ© d’un interlocuteur Ă  un autre. Se pose alors la question, d’une part, des standards qui permettront Ă  de nombreux individus et organisations d’échanger des certificats et d’autre part 21 , de la transpa- rence de ces processus pour les individus concernĂ©s. ‱‱  Authentification sans identification Dans de nombreux cas de la vie courante, l’affirmation d’un Ă©tat ou d’un droit ne nĂ©cessite pas d’indiquer Ă©galement son identité : “ j’ai plus de 18 ans ”, “ j’ai le permis de conduire ”, “ je suis bien le dĂ©tenteur de tel moyen de paiement ”... Plusieurs projets ( dont, apparemment, IDĂ©Num, mĂȘme si l’on sait encore peu de choses de l’état actuel du projet ) visent ainsi Ă  sĂ©parer authentification ( valider l’authenticitĂ© d’une assertion ) de l’identifi- cation ( connaĂźtre l’identitĂ© d’une personne ou d’une entité ). ‱‱  IdentitĂ©s spĂ©cialisĂ©es ou jetables Il est souvent indispensable de pouvoir se crĂ©er des “ identitĂ©s ” multiples, durables ou non, pour gĂ©rer de maniĂšre Ă©tanche ses relations avec diffĂ©rents interlocu- teurs, ou son existence publique dans ces cercles diffĂ©rents. Plusieurs services permettent ainsi de se crĂ©er des adresses e-mail dĂ©diĂ©es aux relations avec un site particulier, ce qui permet Ă  la fois de gĂ©rer ses messages, de vĂ©rifier si le site 21. C’est l’objet de la Kantara Initiative ainsi, Ă  l’échelle française, du projet IDĂ©Num, rĂ©cemment relancĂ© par le Gouvernement | www.kantarainitiative.org ‱
  • 26. Quels services. Pour quels usages ? 03 MesInfos | Cahier d'exploration 5150 ‱‱ Photo : Marisa | Un utilisateur de Fitbit attentif Ă  la distance qu’il a parcouru. ‱‱ 24. Service fictifs imaginĂ© lors d'un workshop Mes INFOS | FING - juin 2012 De nombreux appareils et services issus du mouvement “ Quantified self ” per- mettent de mesurer toutes sortes de paramĂštres physiologiques, de surveiller son sommeil, le nombre de calories brĂ»lĂ©es, sa frĂ©quence cardiaque, le nombre de pas effectuĂ©s dans la journĂ©e, etc. Chaque utilisateur peut mesurer ses donnĂ©es per- sonnelles, mais aussi les visualiser, les analyser, et les partager. FitBit propose de mesurer son activitĂ© physique, son alimentation et son sommeil, Withings vend dans le monde entier une balance et un tensiomĂštre connectĂ©s... QUANTIFIED self 24 Les entreprises utilisent d’abord les donnĂ©es ( personnelles ou non ) pour comprendre leur environnement, analyser leurs actions passĂ©es, mesurer ce qu’elles ont rĂ©ussi ou non, se comparer Ă  d’autres, Ă©valuer leurs options. Pourquoi les individus n’en feraient- ils pas autant, Ă  l’aide de leurs donnĂ©es ? Un grand nombre de services, souvent dĂ©jĂ  opĂ©rationnels, se proposent ou pourraient se proposer de les y aider : 3|CONNAISSANCE DE SOI  : savoir pour agir ‱‱ Budget et finances : À l’aide d’outils de gestion des finances personnelles ( Personal Finance Managers ou “ PFM ” ), disposer d’une vision consoli- dĂ©e de son budget et de son patrimoine... ǘǘ En France, Bankin’ propose Ă  ses utili- sateurs de rĂ©cupĂ©rer automatiquement les relevĂ©s de leurs comptes dans diffĂ©rentes banques afin de leur fournir une analyse de leurs dĂ©penses, de leur notifier les dĂ©passe- ments de “ seuils de sĂ©curitĂ©â€‰â€, d’évaluer la pertinence de leur Ă©pargne... ‱‱ Consommation : Obtenir une “ vision Ă  360° ” de sa consom- mation, en rĂ©cupĂ©rant des donnĂ©es chez tous ses fournisseurs et commerçants, pour les analyser Ă  sa maniĂšre... ǘǘ Des startups telles que Custle per- mettent de visualiser l’ensemble de ses achats effectuĂ©s en ligne, mais aussi de visualiser l’ensemble des commerçants avec lesquels un individu a une relation. D’autres proposent Ă  leurs utilisateurs d’évaluer leur consommation, que cela soit d’un point de vue budgĂ©taire, “ responsable ” ( écologique, Ă©thique... ), sanitaire... Ainsi, en scannant leurs tickets de caisse, les utilisateurs de Skerou peuvent suivre leur budget, prĂ©parer des listes de courses ou garder un Ɠil sur certaines promotions. ‱‱ Energie : ConnaĂźtre et optimiser sa consommation, pouvoir Ă©valuer des choix alternatifs... ǘǘ Le projet emPowerMi, issu du premier Hackathon Midata en Novembre 2012, promet Ă  l’individu de faire d’importantes Ă©conomies en matiĂšre d’énergie, en croisant lui-mĂȘme ses donnĂ©es de consommation et d’autres relatives Ă  son logement, Ă  sa situation familiale, etc. Aux Etats-Unis, plusieurs services ont Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ©s dans le sillage du Green Button, parmi lesquels Plotwatt, qui propose des fonctionnalitĂ©s si- milaires, permettant de recevoir des recom- mandations personnalisĂ©es et d’ĂȘtre averti en cas de pic anormal de consommation. ǘǘ Comme au Royaume-Uni, le gouver- nement a souhaitĂ© stimuler l'Ă©cosystĂšme d'innovateurs en lançant un concours pour le dĂ©veloppement d'applications, Apps for Energy, qui offrait 100 000 $ de prix aux ap- plications innovantes dans le domaine de l'Ă©nergie. Parmi les applications rĂ©compen- sĂ©es se trouvent Leafully (met en Ă©vidence l'impact de nos dĂ©cisions/comportements Ă©nergĂ©tiques, puis aide ses utilisateurs Ă  rĂ©aliser des Ă©conomies et rĂ©duire leur empreinte Ă©cologique), Melon (compare la performance Ă©nergĂ©tique d'un bĂątiment commercial avec une base de donnĂ©es na- tionale, permet d'obtenir un label, fournit des conseils pour amĂ©liorer la performance de l'immeuble‚
), BYI (permet de suivre et budgĂ©ter sa consommation facilement)...
  • 27. CROWDJOBBING Ma culture et mes loisirs comme propulseurs de mes vĂ©llĂ©itĂ©s de rĂ©-orientation professionnelle. Quels services. Pour quels usages ? 03 MesInfos | Cahier d'exploration 5352 ‱‱ schĂ©ma : Userstudio © | Service fictifs imaginĂ© lors d'un workshop Mes INFOS | FING - juin 201225. Service fictifs imaginĂ© lors d'un workshop Mes INFOS | FING - juin 2012 ‱ ‱‱ SantĂ© et bien-ĂȘtre : Se maintenir en forme, connaĂźtre ses capa- citĂ©s et ses limites, se lancer ( et partager ) des dĂ©fis... ‱‱ Loisirs et culture : Evaluer, commenter et partager des avis sur des films, livres, musiques, sorties, 
 et en garder une trace. Il est ainsi possible, sur certains sites, de commenter des contenus via le service Disqus et ainsi de retrouver toutes ses interventions depuis une mĂȘme interface ‱‱ Mobilité : À une Ă©poque oĂč la mobilitĂ© quotidienne reprĂ©sente un coĂ»t croissant en temps comme en argent, oĂč l’enjeu Ă©cologique prend une importance dĂ©terminante, pouvoir rĂ©flĂ©chir Ă  sa mobilitĂ©, se comparer Ă  d’autre, identifier des choix alternatifs... Waze pour les automobilistes, Roadify sur un plus large Ă©ventail de modes de trans- port, fondent tout ou partie de leur offre sur les contributions des utilisateurs. Plu- sieurs services d’ ”information multimo- dale ” apprennent progressivement Ă  partir des habitudes de dĂ©placement de leurs utilisateurs. ‱‱ EmployabilitĂ© et formation : Sur la base de son “ e-portfolio ” ( voir plus haut ), rassembler, visualiser, analyser et partager ses compĂ©tences, son profil pro- fessionnel, ses formations... pour faire son bilan, Ă©valuer des choix possibles, explorer de nouvelles opportunitĂ©s. Crowdjobbing m’accompagne dans mon parcours de rĂ©orientation profes- sionnelle. Il s’appuie sur les donnĂ©es relatives Ă  ma formation, Ă  mon parcours professionnels comme Ă  mes activitĂ©s extra-professionnelles ( mes loisirs, sorties, pratiques culturelles, activitĂ©s associatives, etc. ) pour me proposer diffĂ©rents choix de mobilitĂ© pour chaque destination. Il me permet aussi d’entrer en relation avec des pairs, afin de partager ces proposi- tions avec des proches ou des per- sonnes dans des situations similaires, dans un processus d’apprentissage collectif. CROWDJOBBING 25
  • 28. Le coach de mobilite Un coach de mobilitĂ© qui m’aiderait Ă©galement Ă  optimiser mon assurance. Quels services. Pour quels usages ? 03 MesInfos | Cahier d'exploration 5554 ‱‱ schĂ©ma : Userstudio © | Service fictifs imaginĂ© lors d'un workshop Mes INFOS | FING - juin 201226. Service fictifs imaginĂ© lors d'un workshop Mes INFOS | FING - juin 2012 ‱ Si ce domaine reste encore peu dĂ©veloppĂ©, son potentiel paraĂźt Ă©galement significa- tif : selon ” l’Observatoire des consommations Ă©mergentes ” de l’ObSoCo, plus d’un Français sur deux dĂ©clare vouloir “ consommer mieux ” : donner du sens Ă  sa consomma- tion ( environnement, emploi, lien social, Ă©thique
 ), consommer utile sous contrainte budgĂ©taire, maximiser la productivitĂ© de chaque euro dĂ©pensĂ© ( qualitĂ© pour la dura- bilitĂ©, achat malin
 ). En 2012, 53% des Français Ă©taient dĂ©jĂ  engagĂ©s de maniĂšre si- gnificative dans ces formes de consommation Ă©mergente. Mais il n’est aujourd’hui pas facile d’accorder ses valeurs Ă  son budget, ses goĂ»ts, ses contraintes et ses habitudes de consommation, sauf Ă  consacrer de nombreuses heures Ă  lire les emballages, fouiller des sites web, rĂ©pondre Ă  des longs questionnaires sur son “ empreinte Ă©cologique ”... Imaginons demain que les individus disposent de leurs donnĂ©es de consommation ( y compris Ă©nergĂ©tique ) et de mobilitĂ©, parmi d’autres : 4|CONSCIENCE  : vivre avec ses valeurs ‱‱  Il deviendrait plus facile de faire des choix de consommation sur la base de ses valeurs ( bio, Ă©quitable, etc. ), sur la base d’une simple analyse de ses tickets de caisse et de la recherche automatique d’équivalents en ligne. ‱‱  Il deviendrait Ă©galement plus aisĂ© de mesurer son empreinte carbone, d’explo- rer des moyens de la rĂ©duire ( et pourquoi pas, de rĂ©duire aussi sa facture d’énergie ), de suivre ses progrĂšs, de les comparer Ă  ceux d’autres personnes... Mon Bilan Vert9 propose un bilan carbone en temps rĂ©el ainsi qu’une sĂ©rie de propositions pour Ă©mettre moins de CO2 ou pour “ compenser ” ces Ă©missions. Un “ coach ” peut aider Ă  ventiler les objectifs et proposer des trajectoires raisonnables pour les atteindre. Ce service fonctionne Ă  la fois sur la base de donnĂ©es mesurĂ©es par les consommateurs ( à l’aide de capteurs de pollution dans leurs tĂ©lĂ©phones par exemple ) et de donnĂ©es rĂ©cupĂ©rĂ©es auprĂšs de fournisseurs d’énergie, opĂ©- rateurs de transport ou distributeurs. Il peut ĂȘtre proposĂ© tant par des asso- ciations de protection de l’environne- ment que par des entreprises ou des acteurs publics locaux. MON BILAN VERT 26
  • 29. Quels services. Pour quels usages ? 03 MesInfos | Cahier d'exploration 5756 5.2 L’Intentcasting, ou “ l’Economie de l’intention ” “ Dans une Economie de l’Intention, l’acheteur informe le marchĂ© de son intention d’ache- ter, et les vendeurs entrent en concurrence pour emporter sa dĂ©cision. ” Doc Searls, l’inventeur du concept de VRM, rassemble les exemples qui prĂ©cĂšdent sous une banniĂšre plus large, celle de l’Intentcasting ( ou “ projection d’inten- tions ” ). L’idĂ©e Ă©conomique est simple : sur les marchĂ©s numĂ©riques d’aujourd’hui, il n’existe tout simplement pas de moyen pour la demande, celle des consomma- teurs, d’exprimer ce qu’elle dĂ©sire. Il en rĂ©sulte des marchĂ©s profondĂ©ment dĂ©sĂ©qui- librĂ©s et inefficients, oĂč les offreurs sont condamnĂ©s Ă  inventer des moyens toujours plus complexes, coĂ»teux, intrusifs - et jamais trĂšs efficaces - de deviner ce que les consommateurs peuvent bien vouloir ! Imaginons maintenant qu’un consommateur qui sait ce qu’il veut dispose des moyens de l’exprimer d’une maniĂšre non Ă©quivoque et de publier son “ intention ” en direction des offreurs, pour comparer ensuite leurs propositions. Les bĂ©nĂ©fices, selon Doc Searls, seraient multiples : des coĂ»ts marketing rĂ©duits ; une connaissance de premiĂšre main des demandes du marchĂ©, sans perdre les bĂ©nĂ©fices de la numĂ©ri- sation des Ă©changes ; une plus grande satisfaction des clients, dont les demandes seraient mieux satisfaites. Doc searls 5|DECISION ET ACTION  : faire les bons choix, et les appliquer 5.1 La comparaison ‱‱ Des marchĂ©s plus transparents : Alors que les “ comparateurs de prix ” se voient souvent accusĂ©s de manquer de transparence, les consommateurs eux- mĂȘmes pourraient comparer entre eux les propositions qui leur sont faites, ou les conditions qu’ils ont obtenues auprĂšs de chaque fournisseur. Cela rendrait plus difficile l’application de systĂšmes tari- faires “ personnalisĂ©s ” et bien souvent opaques. Selon le rapport fondateur du projet Midata 27 , il n’y aurait pas moins de... 12 millions de tarifs tĂ©lĂ©phoniques sur le marchĂ© britannique. RĂ©sultat : 76% des consommateurs paieraient trop au regard de leur consommation effective, de l’ordre de 200 livres ( 234 euros ) par an ! La mĂȘme analyse pourrait probablement s’appliquer aux voyages, aux tarifs ban- caires ou des assurances, et Ă  bien d’autres marchĂ©s. Le Wall Street Journal signalait par ailleurs le cas de plusieurs distribu- teurs qui affichent en ligne des tarifs dif- fĂ©rents selon la distance qu’ils Ă©valuent entre le visiteur et ses points de vente 28 . Des plates-formes qui faciliteraient la com- paraison des tarifs effectivement proposĂ©s aux individus pourraient de fait “ dĂ©coder ” ces dispositifs opaques et concurrencer effectivement les comparateurs de prix... Ă  moins que ces derniers ne choisissent eux- mĂȘmes d’évoluer dans ce sens. ‱‱ EnchĂšres inversĂ©es et achats groupĂ©s : “ Je recherche actuellement un logement avec telles caractĂ©ristiques, je suis prĂȘt Ă  mettre tel prix, faites moi des propo- sitions ”, “ Nous sommes 10 Ă  vouloir acheter un robot mĂ©nager de tel type, qui emportera le marché ? ”. ǘǘ Thumbtack est un service proposant de mettre des consommateurs directement en lien avec des professionnels Ă  partir de critĂšre Ă©tablis mutuellement. L’utilisateur formule des “ appels d’offres ” ( Requests for Proposals ) par catĂ©gorie, disponibilitĂ©, distance, 
 et les professionnels rĂ©pondants Ă  ces critĂšres peuvent proposer un prix cor- respondant Ă  leur prestation. En fonction de cela, l’utilisateur choisit l’offre qui cor- respond le mieux Ă  ses besoins. En dĂ©finitive, pour les entreprises comme pour les individus, les donnĂ©es servent Ă  prendre des dĂ©cisions - puis Ă  les Ă©valuer : 27. Better Choices: Better Deals. Consumers Powering Growth”, 2011 ‱ 28. http://online.wsj.com/article_email/SB1000142412788732377720457 8189391813881534-lMyQjAxMTAyMDIwMzEyNDMyWj.html ‱
  • 30. VOYAGEZ tranquille, partez sans risque S’affranchir des prĂ©occupations de santĂ© lors de son voyage, grĂące Ă  l’accompagnement d’une communautĂ© de voyageurs et de locaux, avant et pendant le voyage. Quels services. Pour quels usages ? 03 MesInfos | Cahier d'exploration 5958 ‱‱ schĂ©ma : Userstudio © | Service fictifs imaginĂ© lors d'un workshop Mes INFOS | FING - juin 201229. Issu de Doc Searls, The Intention Economy, Harvard Business Press, 2012 ‱ ‱‱ Un exemple d’Intentcasting 29 En voyage, vous venez juste d’arriver Ă  San Diego pour un mariage et quelques jours de congĂ©s. Vous avez oubliĂ© la poussette de vos jumeaux, dont vous avez besoin de suite. PlutĂŽt que de parcourir les trĂšs nom- breuses offres commerciales disponibles sur le web - comme c’était le cas aupara- vant - vous utilisez votre smartphone pour lancer un “ appel d’offres ” qui mentionne votre intention d’acheter une poussette pour jumeaux dans les 2h qui suivent. Tous les vendeurs dans la rĂ©gion peuvent ĂȘtre notifiĂ©s des intentions d’acheter de potentiels clients, via le service qui gĂšre ces appels d’offres. En quelques minutes, vous pouvez avoir des rĂ©ponses sĂ©rieuses de plusieurs vendeurs : le modĂšle, le prix, oĂč et comment vous trouverez l’objet. Vous faites votre choix et en avertissez le vendeur retenu. Cette dĂ©cision s’affiche Ă©galement sur l’agenda de votre smart- phone, qui vous indique le trajet pour y aller. Les autres commerçants apprennent qu’ils n’ont pas Ă©tĂ© retenus mais ils ne dis- posent pas de votre identitĂ© et ne peuvent pas vous relancer - s’il s’était agi d’un achat plus important et moins urgent, vous auriez pu faire jouer la concurrence plus longtemps... Vous rĂ©cupĂ©rez aussi la voiture que vous avez louĂ©e pour la semaine, qui possĂšde comme vous l’avez demandĂ© 6 places et a la possibilitĂ© d’accrocher des vĂ©los. Vous l’avez choisie via un appel d’offres envoyĂ© Ă  des agences de location il y a un mois, quand vous avez prĂ©parĂ© votre voyage. LĂ  encore, contrairement Ă  la situation passĂ©e, oĂč vous n’auriez pas eu prĂ©cisĂ©- ment le choix et auriez du vous contenter d’une voiture aux caractĂ©ristiques proches mais pas similaire, vous avez eu exacte- ment le vĂ©hicule et mĂȘme la marque que vous souhaitiez.
  • 31. Quels services. Pour quels usages ? 03 MesInfos | Cahier d'exploration 6160 ‱‱Photo :Userstudio© ‱‱Photo :Userstudio© ‱‱ ...Ă  une gestion facilitĂ©e Imaginons maintenant des systĂšmes d’enchĂšres inversĂ©es dĂ©diĂ©s Ă  l’achat d’un logement : un service - ou plus probable- ment un ensemble coordonnĂ© de services - qui permettent aux usagers d’exprimer leurs besoins, leurs incertitudes, ce qu’ils seraient prĂȘts Ă  sacrifier en terme de temps de dĂ©placement, d’énergie, de proxi- mitĂ© des commerces, etc. L’ ”entrepĂŽt de donnĂ©es ” du couple facilite Ă  la fois l’expression de ses besoins, et la mise Ă  disposition ( éventuellement anonyme, du moins jusqu’à un certain stade ) des infor- mations financiĂšres nĂ©cessaires Ă  l’obten- tion d’un prĂȘt. Il pourra aussi, le moment venu, transmettre de maniĂšre sĂ©curisĂ©e les piĂšces administratives aux diffĂ©rents interlocuteurs ( le vendeur et son notaire, la banque ). D’autres services proposeront Ă  notre couple de lancer un appel d’offre person- nel Ă  des organismes de financement ; de prĂ©sĂ©lectionner les maisons qui lui conviennent vraiment en fonction de ses goĂ»ts, des recommandations de ses amis, de ses habitudes de consommation Ă©ner- gĂ©tique ; ou encore d’ĂȘtre “ coachĂ©â€‰â€ quand il s’agira de jongler avec ses annuitĂ©s de remboursement. D’autres processus complexes pourraient se voir considĂ©rablement simplifiĂ©s grĂące Ă  de tels services : la prĂ©paration d’un voyage, l’achat d’une automobile ou d’un autre produit cher et complexe, un choix d’orientation scolaire ou professionnelle, une Ă©tape de vie telle qu’un mariage, une naissance ou le dĂ©part Ă  la retraite... 5.3 La gestion de processus complexes Lorsque les consommateurs disposeront de leurs donnĂ©es, des services pourront les aider Ă  gĂ©rer des processus complexes, qui sont aujourd’hui de vĂ©ritables parcours du combattant : prenons l’exemple d’un couple dĂ©cidĂ© Ă  acquĂ©rir un logement. ‱‱ D’une gestion des processus complexes longue et dĂ©licate... Durant ce parcours, le couple doit entrer en relation avec de nombreux acteurs : des banques qui vont passer ses revenus au crible de leurs systĂšmes de notation pour lui proposer ( ou non ) un financement, des courtiers censĂ©s faciliter cette phase de dĂ©- marchage, des agents immobiliers ou des particuliers qui proposent un logement, un tiers de confiance ( le notaire ), mais aussi, une multitude de micro-dispositifs infor- mels de type “ bouche Ă  oreille ”. Tout cela, en tenant compte de paramĂštres extrĂȘme- ment nombreux : besoin d’une voiture ou non,  distance entre le lieu d’habitation et l’école des enfants, proximitĂ© des com- merces
 Aujourd’hui, le couple se trouve seul face Ă  cette complexitĂ©.
  • 32. Quels services. Pour quels usages ? 03 MesInfos | Cahier d'exploration 6362 ǘǘ Il ne faut pas beaucoup de temps pour repĂ©rer le vaste poten- tiel d’usage qui pourrait Ă©merger de la mise Ă  disposition, au bĂ©nĂ©- fice des individus, des donnĂ©es per- sonnelles qui les concernent. Reste Ă  rĂ©aliser ce potentiel. Cela passe- ra d’abord par l’économie.  ¹ ‱‱ Images : le projet Urban Mobs de faberNovel et Orange 29. Cet usage met cependant en lumiĂšre un risque de "rĂ©identification" qu'il faudra traiter dans les annĂ©es Ă  venir. ConcrĂštement, le croisement de donnĂ©es "anonymes" d'un certain degrĂ© de prĂ©cision (une pathologie, une zone d'habitation, une catĂ©gorie de revenus ou d'Ăąge
) peut permettre de retrouver l'identitĂ© d'un individu donnĂ© et, de fait, dĂ©voiler Ă  son propos des donnĂ©es trĂšs intimes. ‱ Mettre des donnĂ©es personnelles anonymisĂ©es au service de la production de connais- sances collectives est dĂ©jĂ  possible, mais ce potentiel sera dĂ©cuplĂ© dĂšs lors que les indivi- dus auront leurs donnĂ©es personnelles entre les mains 30 . 6|CONTRIBUTION : Ă  la production de connaissances collectives ‱‱  Des Ă©tudes cliniques gĂ©antes Dans le domaine de la santĂ©, le rĂ©seau de patients PatientsLikeMe, permet Ă  ses membres de partager au sein d’une com- munautĂ© leurs expĂ©riences, leurs souf- frances, leurs trucs
 En partenariat avec des universitĂ©s et des organismes de recherche, PatientsLikeMe s’appuie Ă©ga- lement sur ses communautĂ©s pour mener avec des laboratoires ( qui le rĂ©munĂšrent ) des Ă©tudes cliniques “ gĂ©antes ”, dont les rĂ©sultats sont rendus publics et parfois publiĂ©s dans les plus grandes revues scien- tifiques. ‱‱ Des Ă©tudes urbaines Les Ă©tudes urbaines sont friandes de donnĂ©es : de plus en plus, les acteurs urbains, outillĂ©s par les outils numĂ©riques, s’appuient sur des donnĂ©es ( publiques ou privĂ©es ) pour gĂ©rer, optimiser les flux, les services, mais aussi pour connaĂźtre les usages des citadins. Les donnĂ©es person- nelles, anonymisĂ©es, peuvent ĂȘtre une source de connaissance importante. PrĂ©sentĂ© en 2008, le projet Urban Mobs permettait de visualiser le “ pouls ” de plusieurs villes euro- pĂ©ennes lors de grands Ă©vĂ©nements ( concerts, fĂȘte de la musique,
 ), utilisant les donnĂ©es personnelles de communication du rĂ©seau d’Orange pour proposer des visualisations de ces donnĂ©es. BlaBlaCar ( prĂ©cĂ©demment nommĂ©e Comuto ) propose des prĂ©visions de trafic Ă  partir des offres et demandes formulĂ©es par les voyageurs sur covoi- turage.fr. URBAN MOBS et Blabla car
  • 33. 04 d CHAPITRE 04 OU EST LA VALEUR ?ǘǘ On prĂ©sente souvent les donnĂ©es ( principale- ment personnelles ) comme le “ nouvel or noir ” de l’écono- mie contemporaine. Les “ Big Data ”, auxquelles on associe des perspectives Ă©conomiques qui se chiffreraient en centaines de milliards 31 , expriment aujourd’hui tout l’espoir placĂ© dans le potentiel Ă©conomique des donnĂ©es. Du point de vue des donnĂ©es personnelles, cependant, les “ Big Data ” se construisent sur la base de l’accumu- lation et, gĂ©nĂ©ralement, du croisement de donnĂ©es Ă  la fois trĂšs nombreuses et trĂšs diverses, rĂ©alisĂ©s Ă  la seule initiative et au seul bĂ©nĂ©fice des organisations - ce qui conduit aujourd’hui plusieurs spĂ©cialistes Ă  leur opposer une autre perspective : celle des “ Small Data ”, de “ la bonne donnĂ©e, au bon moment, au bon endroit ”, et sous le contrĂŽle des individus 32 . 00    p 05    p 10    p 15    p
  • 34. MesInfos | Cahier d'exploration Ou est la valeur ? 04 6766 1|Pour l’économie en gĂ©nĂ©ral : confiance et efficience ‱‱ RecrĂ©er de la confiance La dynamique d’une Ă©conomie, sa crois- sance, reposent parmi d’autres facteurs sur la confiance. La crise dont souffre aujourd’hui la confiance entre les organisa- tions et les individus ( voir chapitre 2 ) pĂšse sur la consommation, distend les collec- tifs de travail, rĂ©duit le dĂ©sir d’innover et l’incitation Ă  investir. Le rĂ©Ă©quilibrage des relations entre individus et organisations apparaĂźt donc comme un puissant moyen de recrĂ©er de la confiance, du moins s’il est choisi par les organisations plutĂŽt qu’im- posĂ© par les citoyens-consommateurs, par de nouveaux entrants ou par les pouvoirs publics. De mĂȘme, l’inquiĂ©tude actuelle autour des donnĂ©es personnelles et de la vie privĂ©e pourrait considĂ©rablement freiner le dĂ©ve- loppement des “ Big Data ”, considĂ©rĂ©es - pas toujours Ă  tort - comme un moyen d’une puissance sans prĂ©cĂ©dent d’aller fouiller l’intimitĂ© et l’inconscient des individus, de manipuler leurs comporte- ments ou de prendre pour leur compte des dĂ©cisions proprement “ indiscutables ”, puisque prises par des machines hors de toute dĂ©cision humaine 33 . Sans partage, sans transparence, sans retour aux indi- vidus, on peut parier que la rĂ©sistance s’organisera vite et que le potentiel Ă©cono- mique annoncĂ© ne se rĂ©alisera pas. ‱‱ Rendre les marchĂ©s plus efficients DĂ©crivant la motivation Ă©conomique derriĂšre le concept de VRM, Doc Searls Ă©crivait : “ Il faut inventer des moyens plus efficaces de faire communiquer l’offre et la demande – par exemple en Ă©liminant l’in- certitude des producteurs, parce que les clients sauraient leur dire exactement ce qu’ils veulent. ” On en est encore loin. Alors que les marchĂ©s Ă©lectroniques sont censĂ©s Ă©liminer les frottements et les coĂ»ts de transaction, il n’existe pas aujourd’hui pour un individu qui saurait ce qu’il veut de le faire savoir, et d’obtenir une rĂ©ponse des offreurs. Seule l’offre dispose des moyens de s’exprimer, la demande ne peut que dire “ oui ” ou “ non ”, ou alors donner son avis dans d’autres forums, en rĂ©pondant Ă  des enquĂȘtes... Pour pallier ce manque de communication, l’offre doit alors inventer des moyens toujours plus puissant de deviner ce que chaque consommateur peut bien dĂ©sirer, et toujours plus intrusif d’attirer leur intention sur ce qu’elle a Ă  lui proposer. Parce que la demande ne peut pas s’exprimer de maniĂšre directe, il faut consacrer des ressources de plus en plus considĂ©rables Ă  obtenir et analyser des donnĂ©es, concevoir et cibler des offres et des messages, obtenir et consommer de l’attention - sans pour autant obtenir des rĂ©sultats commerciaux extraordinaires, et en endommageant chaque jour un peu plus la qualitĂ© de la relation avec les consomma- teurs. Un tel systĂšme est formidablement inef- ficace. Il utilise au plus mal le formidable potentiel du numĂ©rique et des rĂ©seaux. RecrĂ©er des moyens pour l’offre et la demande d’échanger des signaux clairs et non Ă©quivoques, permettre aux inten- tions des consommateurs de s’exprimer ( sur le modĂšle de l’intentcasting dĂ©crit au chapitre 2, par exemple ), rendra donc les marchĂ©s beaucoup plus efficients et produira par consĂ©quent un surplus Ă©cono- mique considĂ©rable. Restera Ă  le partager : mais il est plus facile de partager une valeur nouvelle qu’une pĂ©nurie, surtout si la confiance est Ă©galement de retour. ‱‱ 33. Antoinette Rouvroy, "Face Ă  la gouvernementalitĂ© algorithmique, repenser le sujet de droit comme puissance", 2011 - http://works.bepress.com/antoinette_rouvroy/43/ 31. Dans une Ă©tude de 2011, McKinsey avance ainsi le chiffre de 300 milliards de dollars pour le seul secteur de la santĂ© aux Etats-Unis ; de 100 milliards d’euros grĂące Ă  “l’amĂ©lioration de la productivitĂ© des administrations publiques europĂ©ennes” ; ou encore, de 600 milliards de dollars de “surplus” gagnĂ©s par les consommateurs grĂące Ă  l’utilisation de services gĂ©olocalisĂ©s. ‱ 32. Alan Mitchell, “Big Data, Big Dead End”, 2012 ‱ Ref. p.59  ” ǘǘ  Mais qu’est-ce qui pourrait donc conduire les entreprises Ă  changer de perspec- tive, Ă  renverser ce qu’elles font depuis 30 ans - l’accumulation unilatĂ©rale de donnĂ©es indi- viduelles et de moyens toujours plus puissants de les exploiter -, pour partager le potentiel des donnĂ©es avec leurs clients ? Au risque, qui plus est, de permettre Ă  d’autres entreprises, star- tups, nouveaux entrants et mĂȘme concurrents Ă©tablis, de s’adresser Ă  ces clients qui ne sont plus “ captifs ” et de tirer parti des donnĂ©es dont ils disposent dĂ©sormais ? Il faut donc explorer la valeur Ă©conomique que le partage des don- nĂ©es personnelles avec les individus qu’elles concernent peut produire, Ă  la fois pour ceux qui dĂ©tiennent aujourd’hui ces donnĂ©es, pour les individus, et pour l’économie en gĂ©nĂ©ral.
  • 35. MesInfos | Cahier d'exploration Ou est la valeur ? 04 6968 ‱‱ Des donnĂ©es de meilleure qualitĂ© La qualitĂ© des donnĂ©es contenues dans les bases marketing des entreprises est notoi- rement basse et dĂ©croĂźt rapidement dans le temps. Les consommateurs eux-mĂȘmes n’ont en effet, gĂ©nĂ©ralement, aucun intĂ©rĂȘt particulier Ă  en vĂ©rifier la pertinence ou Ă  les tenir Ă  jour, puisqu’elles n’ont aucune utilitĂ© pour eux. Ils peuvent mĂȘme choisir dĂ©libĂ©rĂ©ment de fournir des donnĂ©es imprĂ©- cises, fausses ou alĂ©atoires 35 . En revanche, un individu mis en situation d’exploiter ses donnĂ©es pour son propre compte aura intĂ©rĂȘt Ă  leur qualitĂ© et leur fraĂźcheur ; et il pourrait alors permettre aux organisations avec lesquelles il entretient une relation de confiance de s’y “ abonner ”, dans des condi- tions dĂ©finies d’un commun accord et Ă©vi- demment d’une maniĂšre rĂ©vocable. ‱‱ 35. Caroline Lancelot Miltgen, “Propension Ă  fournir des donnĂ©es personnelles mensongĂšres sur Internet : une Ă©tude exploratoire”, SystĂšmes d’Information et Management, 2009 ‱‱ Encore la confiance... et la fidĂ©litĂ© Partager avec ses clients les donnĂ©es dont on dispose sur eux est une maniĂšre, pour les entreprises, de rĂ©pondre Ă  la crise de confiance et, plus profondĂ©ment, de redonner un sens Ă  la relation commer- ciale ( ou, pour les administrations, Ă  la relation avec les usagers ) : une relation adulte oĂč chacun Ă  son mot Ă  dire, Ă©coute et respecte l’autre. Une sorte de retour aux sources du mot “ commerce ”, celui qui fait dire que quelqu’un est “ d’un commerce agrĂ©able ”... Et c’est bien de la qualitĂ© d’une relation, de la confiance qui la sous- tend, que naissent fidĂ©litĂ© et loyautĂ©. VoilĂ  pourquoi le “ pape ” du CRM, Don Peppers, fait lui-mĂȘme du VRM “ la prochaine desti- nation dans la marche de la technologie 34  ” qu’il dĂ©crit depuis 20 ans. ‱‱ Une vraie avance Ă  prendre Les entreprises qui s’engageront les pre- miĂšres dans la direction du partage des donnĂ©es avec leurs clients peuvent en escompter des bĂ©nĂ©fices significatifs en termes d’image et de rĂ©putation. Plus important encore, ces bĂ©nĂ©fices peuvent prendre la forme d’un avantage compĂ©titif durable : le changement nĂ©cessaire pour passer d’une relation clients monodirec- tionnelle Ă  un vĂ©ritable Ă©change sur la base d’une information partagĂ©e est en effet important et par consĂ©quent, long et diffi- cile Ă  imiter. Il nĂ©cessite de faire Ă©voluer le marketing, les systĂšmes d’information, la relation clients et une partie de la culture d’entreprise. En partant avant les autres, une entreprise se dote d’une avance que ses concurrents ne pourront pas rattraper de sitĂŽt. 2|Pour les dĂ©tenteurs de donnĂ©es personnelles : fidĂ©litĂ©, qualitĂ©, innovation ‱‱ Inventer de nouveaux services En ouvrant Ă  des dĂ©veloppeurs extĂ©rieurs l’accĂšs Ă  certaines de leurs donnĂ©es et de certains de leurs logiciels, le CrĂ©dit Agricole ( CAstore ), suivi par Axa Banque, ont suscitĂ© l’émergence de dizaines d’ap- plications qui ajoutent de la valeur Ă  leur relation avec leurs clients. Ces entreprises montrent la voie, mais sans aller jusqu’au bout : les consommateurs n’accĂšdent pas eux-mĂȘmes Ă  leurs donnĂ©es et surtout, les services concernĂ©s ne peuvent travailler qu’avec les donnĂ©es ( ou plus prĂ©cisĂ©ment, les “ interfaces de programmation ”, ou API ) d’une seule entreprise. L’éventail des services qui pourraient ĂȘtre proposĂ©s Ă  des individus qui disposeraient d’un accĂšs Ă  un grand nombre de donnĂ©es issues des diffĂ©rentes organisations avec lesquelles ils sont en relation est infini- ment plus large. Mais ce que montrent le CrĂ©dit Agricole et Axa Banque, c’est que les premiers bĂ©nĂ©ficiaires de cette dynamique d’innovation peuvent ĂȘtre les entreprises dĂ©tentrices de donnĂ©es elles-mĂȘmes, au service de la qualitĂ© et de la valeur ajoutĂ©e de leur relation avec leurs clients. 34. http://www.peppersandrogersgroup.com/blog/2010/09/vrm-next-destination-in-techno.html ‱
  • 36. MesInfos | Cahier d'exploration Ou est la valeur ? 04 7170 Aujourd’hui, une entreprise ne dispose d’aucun moyen d’obtenir une telle richesse d’information, et c’est probablement prĂ©fĂ©rable tant le risque d’abus serait grand. Demain, le retour aux individus des informations qui les concernent rend ce scĂ©nario plausible, si les conditions per- mettant d’éviter les abus sont remplies : par exemple, en fournissant beaucoup d’informations mais pas son identitĂ©, en passant par un “ tiers de confiance 36 ” qui se ferait le reprĂ©sentant du consommateur, ou encore en incluant des “ marqueurs ” qui permettraient de vĂ©rifier que l’information ne circule pas au-delĂ  des destinataires choisis par l’individu. Le bĂ©nĂ©fice pour les entreprises tient en un slogan de Doc Searls : “ take guesswork out of marketing ”, faire Ă©voluer le marketing d’une technique de divination des inten- tions du consommateur Ă  une mĂ©thode de dialogue entre un consommateur et une entreprise placĂ©s sur un plan d’éga- litĂ© et, dĂ©sormais, Ă©quipĂ©s tous deux de leurs “ systĂšmes d’information ” respec- tifs : CRM de l’un, VRM de l’autre. Avec pour effet de rĂ©duire considĂ©rablement la part de la dĂ©pense marketing dans la fonction de coĂ»t, comme marque, non pas de sa moindre importance, mais de sa plus grande efficacitĂ© ! ‱‱ 36. La communautĂ© VRM parle plutĂŽt de “quarts de confiance” (Fourth Parties) pour les distinguer des “tiers” actuels, gĂ©nĂ©ralement rĂ©munĂ©rĂ©s par les entreprises et qui reprĂ©sentent donc leurs intĂ©rĂȘts avant ceux des consommateurs. ‱‱ Comprendre ce que veulent les consom- mateurs : le vrai “ 360° ” Le Graal de la “ vision Ă  360° ” des pra- tiques et attentes d’un consommateur est Ă©videmment inatteignable par une orga- nisation quelle qu’elle soit. Tout au plus peut-elle espĂ©rer disposer d’une vision globale de sa relation avec un client, mais celle-ci ne couvrira qu’un petit cadran de la vie de cet individu. A l’inverse, un individu qui se trouverait Ă  la tĂȘte d’une base de donnĂ©es concernant Ă  la fois ses finances et sa consommation, sa mobilitĂ© et son logement, sa vie professionnelle et ses passions, sa santĂ©, etc., s’approcherait d’assez prĂšs du fameux “ 360° ”. Dans un cadre de confiance adĂ©quat, rien ne l’empĂȘcherait alors de mettre certaines de ces donnĂ©es Ă  disposition ( temporaire ) d’uneouplusieursentreprises,parexemple pour leur faire part d’une intention et la qualifier d’une maniĂšre prĂ©cise. Le cabinet britannique Ctrl-Shift parle de “ donnĂ©es personnelles proactives ” ( notre traduc- tion de Volunteered Personal Informa- tion ) : qui je suis, ce que j’aime et n’aime pas, mes intĂ©rĂȘts, projets et intentions, mes contraintes et capacitĂ©s... fournies volontairement mais dans un contexte et un but prĂ©cis et explicites. ‱‱ Photo : KatB Photography - Creative Commons