2. Plan
Préambule: La dimension identitaire du
vieillissement
1) Les théories du désengagement
2) Les mondes sociaux
3) La déprise
Atelier: Activité et vieillissement
4. Rappel: Représentations et politiques publics
Les
responsables
du
vieillissement
Les vieux (la vieillesse
dépendante)
• Le vieillissement de la
population est un « défi
pour la société », devenir
vieux est « un fardeau pour
les proches », Vieillir, c’est
courir le risque de « tomber
dans la dépendance »… sont
quelques uns des slogans
banals dans les médias et
les politiques publics
Les institutions (la
désinstitutionalisation)
• Les établissements coûtent
chers et créent la
dépendance, ne respectent
pas la dignité des personnes
hébergées, leurs rythmes de
vie, limitent les libertés des
personnes accueillies
(aspect définitif du
placement).
Le désengagement des
familles (cours 7 & 8)
• Mythe de l’abandon des
personnes âgées par leur
famille. Rappel de la
responsabilité des familles à
l’égard des aînés.
• Comment l’individu appréhende-t-il toutes ses transformations liées à la vieillesse ?
6. La dimension identitaire du vieillissement
Dépendant des valeurs et des croyances
associé à son groupe d’appartenance +
comparaisons avec autrui
(« on est toujours le vieux de quelqu’un »)
Catégorisation sociale et stéréotypes
(Ex: Performance limité des aînés au travail
= aucune validité empirique)
Représentations socio-culturelles
(ex: Vieillard comme poids pour la
société/famille)
Les trois composantes de l’identité
8. La théorie de l’activité: Robert Havighurst et Ruth
Albrecht
• Enquête réalisée sur un échantillon de 100 personnes d’une
ville du Middle West américain:
– 1) Les personnes enquêtées manifestent un certain
contentement ;
– 2) D’autre part, cette satisfaction varie très peu avec l’âge et la
position sociale, mais se trouve fortement corrélée par le niveau
d’activité des personnes interrogés.
• Vieillissement réussi = attitude volontariste consistant à
maintenir un niveau élevé d’engagement
– « Il s’agit de compenser la perte de certains rôles antérieurs par
l’intensification d’autres rôles comme celui de citoyen ou par
l’investissement de nouveaux rôles comme celui de grand-
parent, l’adaptation se trouvant facilitée par une qualité qu’il
convient d’entretenir, la « flexibilité des rôles » » [Caradec,
2012:98]
9.
10. La théorie du désengagement (1)
• Elaine Cumming et William Henry proposent une autre vision du
vieillissement: « le vieillissement normal s’accompagne d’un
éloignement ou « désengagement » réciproque de la personne qui
vieillit et des autres membres du système social dont elle fait
partie. » [Caradec, 2012:93].
– Diminution du nombre de rôles sociaux joués par l’individu + baisse de
ses interactions sociales + changement dans la nature de ses relations
(davantage centrées sur les liens affectifs et moins sur la solidarité
fonctionnelle).
• Ainsi, les personnes de plus de 80 ans « apprécient leur existence
désengagée. Elles ont réduit leurs liens avec la vie, ont abandonné
leurs soucis et leurs responsabilités et ont tourné leurs
préoccupations vers elle-mêmes. Elles mènent une existence
tranquille, quelque peu égocentrique, qui leur convient
parfaitement et qui paraît constituer un passage en douceur d’une
vie, qui a été longue, à la mort inévitable. » [Cumming& Henry,
1961]
11. La théorie du désengagement (2)
Les quatre caractéristiques du processus de désengagement [Cumming& Henry, 1961]
Réciproque
•« Séparation à l’amiable » satisfaisante pour les deux
parties, initiée par l’individu ou par la société
•Individu: capacités diminuent, repli sur lui-même et
détachement émotionnel
•Société: retrait progressif des rôles sociaux de
l’individu
Fonctionnel
•Double impératif social
•Renouvellement des générations dans le monde du
travail
•Protection de la société face aux « perturbations
dans des activités essentielles » que pourrait
entraîner le décès de certaines personnes occupant
des fonction importantes (cf: statut de John Mc
Cain, élections américaines 2008)
• Nécessité psychique: confrontation avec la mort entraîne
un détournement des valeurs de réussite personnelle
Irréversible
•« une fois que le repli a commencé, l’établissement
de nouveaux contacts peut devenir plus difficile. Le
fait de ne pas savoir exactement comment se
conduire dans des circonstances inhabituelles amène
à renoncer à ce type de situation, et cette difficulté
peut accélérer le processus de désengagement. »
Universel
•Mais différence hommes/femmes: pour les femmes,
dont le rôle social est d’abord « socio-affectif », le
désengagement consiste en une réduction de leurs
rôles antérieurs ; les hommes, eux, doivent non
seulement renoncer à certains rôles, mais aussi
changer l’orientation « instrumentale » qui est la leur.
12. L’exemple de l’engagement politique
• « S’engager c’est d’abord poser un acte de participation,
une action tournée vers la et qui implique un
désir d’insertion et d’implication envers celle-ci (Ferrand-
Bechmann, 1992). Cette action peut donc prendre la forme
du bénévolat, défini comme « l’ensemble du travail non
dans une visée altruiste» (Gagnon et
al., 2004: 49), que ce soit dans un groupe ou une
association (engagement bénévole associatif), ou même au
sein de la famille 7. L’engagement peut aussi s’inscrire dans
une visée de changement social et politique (engagement
militant), que ce soit au sein d’un parti, d’un syndicat ou de
groupes de défense des droits. » [Charpentier &Quénart,
2007: 190]
13.
14. Les limites de l’engagement et de
l’activité
• La théorie de l’activité considère les problèmes
rencontrés par les retraités sont des difficultés
d’adaptation individuelle (cf bilan, premier mythe).
• Deux critiques au concept même du désengagement:
– c’est un « concept omnibus », il recouvre plusieurs
dimensions qu’il convient de distinguer si l’on veut repérer
précisément dans quels domaines se produit le
désengagement.
– Il est « objectiviste », ne s’intéressant pas aux significations
que les personnes donnent à leur avancée en âge.
• Il faut donc proposer d’autres critères pour affiner
l’analyse de l’impact de la vieillesse sur l’identité.
16. Les mondes sociaux
• David Unruh, en réalisant une série d’entretiens auprès de
personnes âgés de 62 à 85 ans, met en évidence la notion
de« mondes sociaux »: ce « sont des formes d’organisation
sociales aux contours peu définis, dont les membres ne
sont pas liés par leur coprésence dans un même espace,
mais par le partage de perspectives semblables résultant
d’un centre d’intérêt commun et de la participation aux
mêmes canaux de communication. » [Unurh, 1983 dans
Caradec, 2012:102]
– Divers mondes sociaux: ceux du vélo, de la danse de salon, de
l’art, ou encore des collectionneurs de timbres.
• Ainsi, l’avancée en âge serait marquée par une sériede
désengagement et d’engagement entre les mondes sociaux
et les formes plus classiques d’intégration (familiales,
institutionnels, etc..).
19. Les mondes sociaux et la « pratique de soi »
• La vieillesse est à appréhender, selon Michel
Foucault, comme la « fonction critique « d’une
pratique de soi ». C’est le point d’aboutissement, la
forme la plus haute du souci de soi, le moment de sa
récompense. » [Foucault, 2001:104]
– L’aîné est ainsi « celui qui jouit de lui-même, et le
point auquel arrive la vieillesse, si elle a été bien
préparée par une longue pratique de soi, [c’est
celui] d’un rapport achevé et complet de maîtrise
et de satisfaction à la fois » [Foucault, 2001:105]
21. La déprise (1)
Définition
• La déprise est le « processus de réaménagement de
l’existence qui se produit au fur et à mesure que les
personnes qui vieillissent doivent faire face à des
difficultés accrues » [Caradec, 2012:102]
– Les personnes âgés continuent, par exemple: 1) à
conduire, mais sur des trajets plus courts ; 2) elle jardine
mais sur des surface de plus en plus petites
• La déprise est ainsi une mise en place de stratégies
d’adaptation qui permettent aux personnes de garder
le plus longtemps possibles les engagements les plus
importants pour elles.
– Très grande hétérogénéité de la déprise
• Cf travail de session et parcours de vie de vos sujets.
22. La déprise (2)
La proximité avec la psychologie
Concept psychologique
d’ « Optimisation avec
compensation »
[Baltes, 1997]
Sélection de certains
activités
• Ex: le pianiste Arthur
Rubinstein qui réduit son
répertoire
Optimisation/Investisseme
nt particulier dans ces
activités
•Rubinstein s’entraîne
plus
Compensation (techniques
pour pallier les
déficiences)
•Ex: Rubinstein qui
ralentit le rythme avant
les mouvements rapides
qu’il ne pouvait plus
jouer normalement, afin
d’augmenter le contraste
23. Un exemple de déprise: les aînés et la télévision (1)
24. Un exemple de déprise: les aînés et la télévision (2)
Éléments de
la déprise
Abandon d’activités
extérieures et repli vers
l’espace domestique
• Notamment après la perte
d’un conjoint
Ressource pour
réaffirmer leurs
convictions morales,
soutenir la valeur de leur
existence, se replonger
dans le passé (fonction
nostalgique) Retrait par rapport à la
télévision
• Affaiblissement de l’intérêt
pour le monde