UM2, le magazine universitaire au cœur de science vous invite à une plongée au cœur de l'Université Montpellier 2.
Dans ce numéro :
- Dossier : l'UM2 à la pointe du numérique
- Recherche : Jack, le robot-plongeur au service des archéologues, les matériaux de pointe made in UM2 ou encore l'impact du réchauffement climatique sur la biodiversité
- Patrimoine : l'herbier livre ses secrets
- Formation : naissance de la Faculté d'Éducation
- International : l'UM2 construit l'Euroméditerranée
- Au cœur du campus : une résidence d'artiste sur l'art des formes et un magazine télé en direct des campus
Ce rendez-vous trimestriel vous permet de découvrir l'UM2 dans toute sa diversité. Entrez dans les coulisses de l'Université grâce à la rubrique "Au cœur du campus" et faites connaissance avec ceux qui font l'université dans "A l'honneur à l'UM2". Découvrez également le cœur de sciences de l'UM2 en vous plongeant dans "L'écho des labos". Ce magazine vous propose chaque trimestre un focus sur les formations, l'innovation et les relations internationales
1. DISPONIBLE EN TÉLÉCHARGEMENT SUR
Le magazine universitaire au cœur de science
www.univ-montp2.fr
scribd.com/um2_montpellier
Numéro 8
Février 2014
Des matériaux
de pointe nés à l'UM2
La Faculté d'Éducation
forme les enseignants
l'
UM2 à la pointe
du
numérique
Un robot au service
des archéologues
1
Université Montpellier 2 SCIENCES ET TECHNIQUES
N°8 - 02.2014
MONTPELLIER | LANGUEDOC-ROUSSILLON | SUD DE FRANCE
2. Sommaire
4
Dossier
16
Rapprocher les deux rives
L'UM2 à la pointe du numérique
8
Au cœur du campus
18
À l’honneur à l’UM2
Bernard Gil, Docteur Honoris Causa de l’Université Meijo
de Nagoya
Claude Sardet, Prix Rosen de la Fondation pour la
Recherche Médicale
Danielle Laurencin, médaille de bronze CNRS
Sarah Grivot, un nez né à l’UM2
Maxime Derex planche sur l’évolution de la culture
12
20
Innovation
Des matériaux de pointe nés à l'UM2
22
Patrimoine
L'herbier livre ses secrets
Vie des labos
Un robot au service des archéologues
Le réchauffement climatique bouleverse la biodiversité
UM2 N°8 - FÉVRIER 2014
IMPRESSION
Offset Deux Mille (France)
DIRECTEUR DE LA PUBLICATION
Michel Robert
UNIVERSITÉ MONTPELLIER 2
Sciences et Techniques
Place Eugène Bataillon
34095 Montpellier CEDEX 5
Tél. +33 (0)4 67 14 30 30
communication@univ-montp2.fr
www.univ-montp2.fr
RÉDACTRICE EN CHEF
Aline Périault,
aline.periault@univ-montp2.fr
Tél. +33 (0)4 67 14 92 87
A COLLABORÉ À CE NUMÉRO
Philippe Raymond
CONCEPTION & MISE EN PAGE
Olivier Piau, Agropolis Productions
Tirage : 2.500 ex.
Dépôt légal : février 2014
ISSN : 2259-874X
Toute représentation ou reproduction
intégrale ou partielle faite sans le
consentement de l’auteur ou de ses
représentants est illicite (art. A du Code
de la Propriété Intellectuelle).
2
N°8 - 02.2014
Formation
La Faculté d’Éducation, une composante spécialisée
dans la formation des enseignants
Art des formes
En direct des campus
10
International
23
Publications
3. Édito
Innover et préserver
avec le numérique
Le numérique et sa vague d’innovations sont vecteurs de
profonds changements dans les produits, les services et les
usages, la production, les organisations ou les mises en réseaux.
1, 2, 3... taguez !
Le QR code, vous connaissez ?
Ce drôle de carré permet, à partir
de votre téléphone, d'accéder
directement à du contenu
électronique (page Internet, vidéo,
contenu multimédia...) sans
avoir besoin de saisir l'adresse
correspondante.
Muni de votre téléphone équipé
d’un appareil photo et d’une
application (gratuite) de lecture
(QR Reader en anglais), Qrafter
(iPhone), Goggles (Android),
QR Code Scanner Pro
(Blackberry), Bing (Windows
Phone), trois étapes suffisent :
1. lancer l'application,
2. photographier le Qrcode,
3. lire le contenu.
De la génération de programmes, compilateurs, images, sons,
jeux et autres « objets numériques » aux nouveaux outils
comme les big-data et les cartographies de connaissances,
cette source d’idées nouvelles pose néanmoins en retour des
questions de nature philosophique, comme abordé par Stéphane Vial selon « comprendre comment le numérique change la perception que l’homme a du monde et de
lui-même », ou d’ordre économique, comme évoqué par Jeremy Rifkin dans « comprendre comment le numérique produit la 3e révolution industrielle ».
L’acquisition d’une culture numérique est devenue indispensable, afin d’appréhender
ces mutations, le rôle de ces interfaces évolutives dans leur lien entre une activité de
pensée et sa matérialisation dans les pratiques au travers d’objets numériques.
Les compétences déployées à l’Université Montpellier 2 lui permettent ainsi de jouer
un rôle central pour innover dans le numérique et avec le numérique, pour diffuser les
savoirs et savoir-faire liés aux nouveaux dispositifs qui en résultent. Elle s’appuie aussi
sur les atouts présents dans notre région : organismes de recherche et autres établissements, start-up créatives, soutien des collectivités, etc.
Une des innovations pédagogiques dues au numérique réside dans le déploiement progressif des « MOOCs » (Massive Online Open Courses, cours en ligne ouverts et massifs) qui sont présentés dans le dossier de ce numéro d’UM2, le magazine universitaire
au cœur de science.
Véritable potentiel pour les universités, ces nouvelles formes d’enseignement exigent
toutefois là aussi une réflexion en amont pour développer des stratégies pédagogiques
concertées et adaptées. Il convient en effet de s’interroger sur l’encadrement des étudiants pour lutter contre l’échec à l’université, la place de ces nouveaux cours au regard
des heures de présence effective, le rôle des enseignants autour de ces outils naissants, ou encore l’anticipation des effets à moyen et long termes sur l’élaboration et la
transmission de la connaissance.
Michel Robert,
Président de l’Université Montpellier 2 - Sciences et Techniques
3
N°8 - 02.2014
4. Dossier
L'
UM2 à la pointe
du
numérique
La révolution numérique
est en marche
Les accès à Internet se démultiplient,
les réseaux sociaux sont devenus incontournables, les terminaux nomades de
type tablette ou mobile explosent : la
révolution numérique est aujourd’hui une
réalité palpable.
Une mutation qui porte un véritable défi
pour les universités : intégrer le numérique au cœur de l’enseignement et de
la recherche.
Véritable pionnière en la matière, l’Université Montpellier 2 développe depuis
de nombreuses années une stratégie
globale de développement du numérique
au service de la pédagogie. En 2012,
l’UM2 a mis en place un comité dédié
aux Technologies de l’Information et de
la Communication pour l’Enseignement
comprenant des représentants de toutes
les composantes pour développer cette
stratégie du numérique en liaison avec
les conseils centraux.
Une stratégie qui a donné lieu à plusieurs
actions phares qui vous sont détaillées
dans ce dossier : MOOC en ligne sur la
plateforme France Université Numérique,
WebTV, opération iPad@Polytech, mise
4
N°8 - 02.2014
en place de plateformes de ressources
numériques…
Aujourd’hui toutes les composantes
d’enseignement de l’établissement exploitent les usages du numérique dans
leurs formation et dans leurs pratiques
pédagogiques. Pour appuyer cette révolution douce et assurer un développement harmonieux du numérique, l'UM2 a
instauré des dispositifs d'accompagnement et de formation des enseignants,
des personnels et des étudiants.
Le Département des Usages du Numérique assure un accompagnement direct
des enseignants « à la demande » et des
sessions de formation sur les usages du
numérique à destination des enseignants
et personnels. En 2013, 200 personnes
ont ainsi été formées sur des thèmes
variés : utilisation des plateformes pédagogiques, conception de ressources
multimédia, animations interactives,
visio et webconférence…
Face à un public exigeant et en constante
évolution, à l’ère de la fameuse « Génération C » (connectée), l’Université
Montpellier 2 se devait de relever ce
défi. Elle y parvient en s’efforçant d’offrir des parcours plus personnalisés, et
en s’ouvrant à d’autres horizons et à
d’autres publics comme l’international
ou la formation tout au long de la vie…
Restons connectés.
David Cassagne,
Vice-président
délégué au numérique
5. A
VEC PLUS d’un millier de
vidéos à son actif, l’UM2 se
positionne comme un leader
dans l’utilisation de l’audiovisuel au
service de la pédagogie. Un patrimoine
numérique qui démultiplie les publics et
booste la diffusion des savoirs.
Comment utiliser au mieux tout le potentiel du numérique pour booster le
rayonnement de l’université ? À l’UM2,
la réponse passe par l’audiovisuel. Mis
au service de la pédagogie, il permet de
mieux diffuser les savoirs et de proposer
des formules d’apprentissages novatrices
et complémentaires des enseignements
traditionnels.
« Le patrimoine numérique de l’université,
ce sont près de 1 150 vidéos réalisées
par l’établissement », souligne Olivier
Agussol, directeur de la Direction du
Système d’Information. À la production,
une équipe de 4 personnes qui mettent
leurs compétences en audiovisuel au service des étudiants et du rayonnement de
l’université. « Nous sommes sollicités par
des enseignants qui souhaitent que leurs
cours soient filmés, par des chercheurs
qui souhaitent rediffuser des conférences
et des congrès scientifiques, mais également pour réaliser des reportages sur
tous les évènements qui marquent la vie
du campus », précise Guilhem Mouton,
responsable du Département des Usages
du Numérique. L’ensemble de ce patrimoine numérique est diffusé sur la WebTV
de l’UM2 qui comptabilise plus de 5 800
visiteurs quotidiens. Mais pour rendre ce
contenu plus visible et en faire profiter
un public encore plus large, les vidéos
made in UM2 sont plébiscitées sur de
nombreux autres canaux de diffusion.
Un patrimoine numérique
d’un millier de vidéos
L’université est présente sur la plateforme France Université Numérique qui
propose des MOOCs (Massive Open Online Courses), des cours en ligne ouverts
à tous. Lancée par le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche en
octobre 2013, cette plateforme permet à
tous les publics d’accéder à des cours variés et de qualité partout dans le monde.
Étudiants et simples internautes peuvent
suivre ces cours de manière interactive et
collaborative, à leur rythme. L’Université
Montpellier 2 fait partie des 10 premiers
établissements qui ont été sélectionnés
pour offrir les premiers MOOCs. Proposé
par deux enseignants de l’IUT de Béziers,
le MOOC « Ville durable : être acteur du
changement » commence début 2014 (lire
encadré p.6). Pour assurer le développement et la création de ces cours, l’UM2
a créé un studio MOOC : une équipe
professionnelle composée de réalisateurs
photo-vidéos, infographistes, informaticiens et ingénieurs en techno-pédagogie qui accompagnent les enseignants
dans la création et la valorisation de leur
MOOC.
L’UM2 pionnière
de l’enseignement numérique
La présence de l’UM2 parmi les premières universités françaises choisies
pour diffuser ses cours sur la plateforme
5
N°8 - 02.2014
10. À l’honneur à l’UM2
Bernard Gil,
Docteur Honoris Causa de
l’Université Meijo de Nagoya
Claude Sardet,
Prix Rosen de la Fondation
pour la Recherche Médicale
Le 29 novembre 2013, Bernard Gil, directeur de recherche au Laboratoire Charles
Coulomb, recevait le titre de Docteur
Honoris Causa de l’Université Meijo de
Nagoya. Cette distinction vient récompenser ses travaux scientifiques dans le
domaine des semi-conducteurs à large
valeur de bande interdite.
Le Prix Raymond Rosen de la Fondation
pour la Recherche Médicale, destiné à
des chercheurs en cancérologie, a été
décerné cette année à Claude Sardet de
l'Institut de Génétique Moléculaire de
Montpellier (IGMM) pour l'ensemble de
sa carrière et ses contributions remarquables dans ce domaine.
Ces matériaux sont à la base de la fabrication
d’émetteurs de lumières bleues et blanches,
diodes électroluminescentes (LEDs) qui sont
actuellement de plus en plus utilisées pour
l’éclairage domestique. Ils permettent aussi
de réaliser des lasers bleus, point de départ
de la technologie Blu-ray. Enfin dans le domaine sanitaire les émetteurs de lumière ultraviolette en cours de développement seront
particulièrement précieux pour le traitement
des eaux, l'éradication de certaines bactéries
et de multiples applications médicales.
À plusieurs reprises au cours de sa carrière,
Claude Sardet a contribué à des découvertes
sur les facteurs et processus cellulaires impliqués dans le contrôle de la prolifération
et de la survie des cellules de mammifères.
En dehors de son laboratoire, Claude Sardet
est fortement impliqué dans l'animation de la
communauté scientifique française travaillant sur les bases fondamentales de la cancérogénèse.
Danielle Laurencin,
médaille de bronze CNRS
Chercheuse en chimie moléculaire et
chimie des matériaux à l’Institut Charles
Gerhardt de Montpellier (ICGM), Danielle
Laurencin a reçu la médaille de bronze
2013 du CNRS. Son travail porte sur la synthèse et la caractérisation de matériaux
hybrides organique-inorganique pour des
applications biomédicales.
10
N°8 - 02.2014
Elle s’est notamment penchée sur le développement de nouvelles voies de formulation
de principes actifs contenant du bore, et sur
la mise au point de techniques de caractérisation de ces molécules au sein de matériaux
complexes, en ayant recours en particulier à
la spectroscopie de résonance magnétique
nucléaire (RMN) à l’état solide. La médaille
de bronze récompense le premier travail d'un
chercheur, qui fait de lui un spécialiste reconnu dans son domaine. Cette récompense
représente un encouragement du CNRS à
poursuivre des recherches bien engagées et
déjà fécondes.
11. Sarah Grivot,
un nez né à l’UM2
Maxime Derex planche
sur l’évolution de la culture
Diplômée en 2012 du master Ingénierie
des cosmétiques, arômes et parfums,
Sarah Grivot a été primée au concours
de jeunes parfumeurs du salon Esxence
où le jury lui a décerné le Noise choice
awards.
Doctorant à l’Institut des sciences de
l’évolution de Montpellier (Isem), Maxime
Derex a montré que la capacité d'une
population à innover dépend aussi de sa
taille.
Parfumeur, c’est le métier qui la faisait rêver depuis le collège. Après une licence de
chimie, Sarah intègre donc le master Ingénierie des cosmétiques, arômes et parfums à
l’Université Montpellier 2. Diplôme en poche,
elle effectue un stage chez « Les Parfums
Berdoues » auteurs des célèbres parfums
Chantal Thomas, IKKS, et Jacadi. « C’est là
que j’ai appris qu’il y avait un concours de
jeunes parfumeurs à Milan à l’occasion de la
5e édition du salon Esxence », explique Sarah. Le thème du concours était l’étoile à cinq
branches. « Je me suis inspirée du tableau
de Degas "L’étoile" qui représente une jeune
ballerine sur scène. C’est un pastel dans les
tons ocre, blanc, orange. J’ai imaginé un parfum poudré, avec du caractère ». Une note
de tête composée d’osmanthus, de citron,
mandarine et gingembre, un cœur du parfum
composé de pêche, narcisse et magnolia et
un fond musqué, ambré, poudré qui vaudront
à la jeune parfumeuse d’être plébiscitée par le
jury qui lui décerne le prix des nez. Une belle
performance face à une centaine de concurrents. L’ancienne étudiante occupe désormais un poste de parfumeur junior dans une
société Grassoise, Ipra Fragrances. « C’est
un métier dans lequel je m’épanouis complètement. Le plus beau métier du monde ! ».
Ses travaux lui ont valu une publication dans
la prestigieuse revue Nature. Sous la direction de Michel Raymond (UM2/CNRS) et Bernard Godelle (UM2), Maxime Derex a prouvé
par l'expérience l'hypothèse selon laquelle la
taille d'une population influait directement sur
sa capacité à développer une culture complexe. Plus une population est grande, plus
elle est capable de transmettre des savoirs
et des techniques mais aussi d'innover ; plus
elle est petite, plus elle risque de perdre son
savoir-faire et de régresser.
« Le développement d'outils ou de techniques d'une remarquable complexité a permis à notre espèce de coloniser une gamme
d'environnements plus large qu'aucune autre
espèce de vertébrés n'a pu le faire », explique
l’auteur. Un succès largement attribué à la capacité à améliorer progressivement des traits
culturels (outils, savoir-faire, technologies...)
au fil des générations, un concept connu sous
le nom de culture cumulative. « Il a été proposé, sans que cela puisse être jusqu'ici validé,
que la taille de population joue un rôle dans le
maintien et l’évolution de la culture. L'étude
publiée dans Nature vient de confirmer cette
hypothèse », souligne Maxime Derex.
Référence : Experimental evidence for the influence of
group size on cultural complexity, Nature, Maxime Derex,
Marie-Pauline Beugin, Bernard Godelle & Michel Raymond.
11
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16. International
Rapprocher
les deux rives
ONSTRUIRE
l’Euroméditerranée de la
recherche et de la formation :
un projet ambitieux auquel
l’UM2 apporte une contribution
majeure notamment à travers
divers programmes européens, et
grâce à l’aide active de la Région
Languedoc-Roussillon.
C
vivier d’expertises hors du commun et
une plateforme internationale d’actions
de coopération. Signe de la crédibilité
de ce qu’on appelle désormais le « label
Averroès », c’est à ce réseau que le gouvernement algérien s’est récemment
confié pour placer à l’étranger l’élite de
ses doctorants bénéficiant de bourses
nationales.
En septembre 2008, l’Université Montpellier 2 donnait naissance au programme
Averroès d’échanges académiques entre
l’Europe et le Maghreb, et entrait ainsi
dans la galaxie Erasmus Mundus : des
programmes mis en place par l’Europe
pour « permettre d’initier les échanges
avec les pays hors union européenne »
explique François Henn. Une opportunité largement saisie par l’UM2 sur l’arc
méditerranéen, selon le Vice-président
délégué aux relations internationales :
« aujourd’hui, le réseau Averroès est
en pleine expansion et bénéficie d’une
reconnaissance internationale ».
Un réseau très actif : près de 15 projets
européens Tempus ont récemment vu le
jour en son sein, parmi lesquels trois projets pilotés par l’Université Montpellier 2.
Menés en collaboration avec les ministères et les branches industrielles, ces
projets structurels, créés à la demande
des partenaires Averroès du Sud, sont
complémentaires des échanges universitaires et scientifiques.
Des programmes aux réseaux
Le réseau Averroès ? 65 universités,
5 collectivités territoriales, 16 entreprises et 7 réseaux internationaux sur
les deux rives de la Méditerranée. Un
16
N°7 - 11.2013
Ils sont aussi le signe d’une orientation
nouvelle. « Nous sommes en train de
passer de l’ère des programmes à celle
des réseaux multilatéraux et pérennes :
c’est l’âge de maturité des échanges
internationaux, poursuit François Henn.
Au-delà de la recherche ou de la formation initiale, il faut désormais répondre
aux besoins concrets des pays tiers en
matière d’employabilité des étudiants, de
gouvernance, de formation continue… ».
D’Averroès à Alyssa
Héritier direct du programme Averroès,
le programme d’échanges avec la Tunisie
Alyssa accueille cette année ses premières vagues d’étudiants, d’enseignants
et de chercheurs. Coordonné par l’Université Montpellier 2 et l’Université de
Tunis El Manar, Alyssa donne l’exemple
d’un projet européen mené en totale
coopération. « 80% des bourses ont été
réservées à 9 domaines d’enseignement
définis par nos partenaires de Tunisie en
concertation avec leur ministère. Quant
au processus décisionnel, choix des
thématiques, constitution du consortium,
tout a été piloté collégialement avec Tunis
El Manar » explique Ambar Gonzalez
Bouab, chef de projet Alyssa.
Particularité du projet : « c’est le seul en
Tunisie à intégrer 4 Instituts Supérieurs
des Etudes Technologiques (ISET), l’équivalent des IUT français », affirme Henda
El Fekih, Vice-Présidente de l’Université
de Tunis El Manar, et responsable Alyssa
côté tunisien. « L’objectif est de favoriser
l’employabilité de nos étudiants, notamment en valorisant les formations technologiques à bac +3. Et en leur donnant
l’opportunité de découvrir les établissements technologiques européens ».
18. Formation
La
Faculté d’Éducation,
une
dans la
composante spécialisée
formation des enseignants
D
EPUIS la dernière rentrée,
une nouvelle composante a
vu jour au sein de l'UM2, la
Faculté d’Éducation. Sa vocation :
permettre aux enseignants d’acquérir
les compétences nécessaires pour
enseigner et répondre aux défis que
doit relever l’école au quotidien.
La Faculté d’Éducation qui regroupe
les personnels de l’ancien IUFM est une
structure originale car elle est également
une composante de l’École Supérieure du
Professorat et de l’Enseignement Languedoc-Roussillon (ESPE-LR) qui a été créée
au niveau de la Communauté d’Universités et d’Etablissements (COMUE, exPRES) « Sud de France » pour organiser
au niveau régional la formation des enseignants.
Pourquoi une nouvelle composante ? Sa
naissance est consécutive à la loi d’orientation et de programmation pour la refondation de l’école de la République. Cette
dernière a en effet acté la disparition
des IUFM et la mise en place des Écoles
Supérieures du Professorat et de l’Éducation qui ont vu le jour au 1er septembre
2013. La mise en place de ces ESPE s’est
concrétisée au cas par cas, chaque académie bénéficiant d’une certaine autonomie pour le choix du scénario. Avec
cependant un point commun : toutes les
ESPE se sont créées dans le cadre d’un
partenariat entre les universités présentes
dans l’académie et le rectorat. L’offre de
formation proposée par les ESPE a ainsi
été élaborée conjointement par tous les
acteurs participant à la formation des
enseignants.
18
N°8 - 02.2014
Priorité à la professionnalisation
En Languedoc-Roussillon, les 5 universités partenaires (Université Montpellier 1,
Université Montpellier 2, Université Paul
Valéry Montpellier 3, Université de Nîmes
et Université de Perpignan Via Domitia) ont
ainsi opté pour un rattachement de l’ESPE
à la COMUE « Sud de France ». Cette
dernière n’ayant pas vocation à gérer des
ressources humaines, l’UM2 qui dès 2008
avait intégré en son sein l’IUFM de l’Académie de Montpellier, a opté, en accord
avec ses partenaires, pour la mise en
place d’une nouvelle structure : la Faculté
d’Éducation.
Cette nouvelle Unité de Formation et de
Recherche prend sa place dans le paysage
universitaire montpelliérain et rayonne
dans toute la région grâce à son implantation à Carcassonne, Mende, Montpellier, Nîmes et Perpignan. « La spécificité
de la Faculté d’Éducation est la formation
professionnelle des enseignants. Nous
préparons aux concours d’enseignement
bien entendu et nous sommes attachés
à avoir les meilleurs résultats possibles,
mais nous nous efforçons aussi de former
des enseignants de qualité capables de
s’adapter à toutes les exigences de ce métier complexe » déclare Jean-Paul Udave,
20. Innovation
Des
matériaux
de pointe nés à l'UM2
D
ES MATÉRIAUX VERTS
aux matériaux hautes
performances, les chercheurs
de l’Institut Charles Gerhardt
conçoivent toute une gamme de
polymères aux propriétés innovantes.
Quel peut-être le point commun entre
une voiture, un avion, une chaise design,
un moule à gâteau et une coque de bateau ? Tous ces objets contiennent des
matériaux polymères made in UM2. Les
chimistes et physico-chimistes de l’équipe
Ingénierie et Architectures Macromoléculaires de l’Institut Charles Gerhardt en ont
fait leur spécialité. Leur talent : définir de
nouvelles macromolécules pour satisfaire
de nouvelles fonctions. Un savoir-faire
couronné par une quarantaine de brevets
déposés ces cinq dernières années par
l’équipe IAM.
L’avenir est aux matériaux verts
Parmi les défis relevés par les chercheurs, la mise au point de matériaux
biosourcés. « Nous utilisons des ressources naturelles pour développer et
optimiser des matériaux polymères qui
peuvent en particulier remplacer des
matières très diverses mais issues de
la pétrochimie », explique Jean-Pierre
Habas. La plupart des matériaux utilisés
à l’heure actuelle sont en effet fabriqués
à partir de ressources pétrolières. Une
filière qui pose de multiples problèmes.
Premièrement : la raréfaction de la res20
N°8 - 02.2014
source fossile est inéluctable, ce qui
engendre dès aujourd’hui un coût de
revient des matériaux pétrosourcés de
plus en plus élevé. « Nous proposons
des alternatives économiquement intéressantes car avec la biomasse nous
ne sommes pas confrontés à une telle
fluctuation du prix de la ressource »,
répond Jean-Pierre Habas. Mais surtout
certains matériaux issus de la filière pétrole contiennent des composés potentiellement toxiques. Ces produits sont
dans le collimateur des autorités européennes qui font la chasse aux polluants
chimiques. Ils sont mis sous l’étroite
surveillance du règlement Reach qui
vise à sécuriser la fabrication et l’utilisation des substances chimiques dans
l’industrie européenne. « Il y a une réelle
attente de produits "verts" performants,
innovants et permettant de respecter
les contraintes environnementales, souligne Jean-Pierre Habas. Les polymères
biosourcés peuvent répondre à ces critères de manière très satisfaisante ».
Des débouchés importants
pour les polymères biosourcés
L’équipe IAM travaille entre autres sur une
gamme de résines fabriquées notamment à partir d’huiles végétales comme
le lin ou les pépins de raisin et déclinée
avec divers durcisseurs. « Nous obtenons
une résine époxy très réactive qui peut
durcir à faible température ». Résultat :
un matériau non toxique, léger et dont
les propriétés mécaniques peuvent être
modulées. Il est ainsi possible de produire des matrices très souples ou inversement des matériaux dotés d’une haute
rigidité mécanique. Une aubaine pour le
secteur automobile qui y voit la possibilité
d’alléger ses véhicules pour diminuer leur
consommation. « Ces polymères peuvent
mimer le comportement des matériaux
pétrosourcés, "époxy biosourcée" n’est
absolument pas synonyme de matériau au
rabais », précise Jean-Pierre Habas.
Les industriels ne s’y trompent pas : les
planchers amovibles de coffre de divers
véhicules de constructeurs automobiles
sont en cours de qualification avec l’emploi de ce nouveau matériau. D’ores et
déjà protégé par des brevets, le concept
fait l’objet de partenariats avec d’autres
grands groupes industriels. Le groupe
Alstom Transport va lui aussi utiliser une
formulation biosourcée développée à
l’Université Montpellier 2 pour fabriquer
des éléments composites de ses futurs
TGV. L’entreprise Corima spécialisée
dans le mobilier de luxe s’intéresse elle
aussi aux matériaux made in UM2, notamment pour fabriquer du mobilier design. Et ce n’est qu’un début : « Pour l’instant les matériaux de type résines époxy
proviennent à 99% du marché de la pétrochimie, explique le physico-chimiste,
il y a un vrai marché et des débouchés
importants pour les matériaux issus de la
biomasse à condition de ne pas négliger
le coût de production ».
23. Publications
Un primate fossile bouscule l’histoire des Lémuriens et des Loris
On l’appelle Djebelemur. Ce petit primate vivait il y a 50 millions d’années environ. Sa découverte en Tunisie par une équipe franco-tunisienne de l’Institut des sciences de l’évolution de
Montpellier (CNRS, UM2, IRD) et de l’Office national des mines de Tunis pourrait remettre en
question plusieurs hypothèses sur l’origine de certains primates. D’après les paléontologues,
il constituerait une transition vers l’apparition des primates à peigne dentaire, apparus au
moins 15 millions d’années plus tôt. Djebelemur remet donc en question les hypothèses
avancées par la biologie moléculaire.
…Djebelemur, a Tiny Pre-tooth-combed Primate from the Eocene of Tunisia : a Glimpse into the Origin
of Crown Strepsirhines, Laurent Marivaux, Anusha Ramdarshan, El Mabrouk Essid, Wissem Marzougui,
Hayet Khayati Ammar, Renaud Lebrun, Bernard Marandat, Gilles Merzeraud, Rodolphe Tabuce, Monique
Vianey-Liaud, Plos One, 4 décembre 2013
Des scientifiques identifient les aires protégées
les plus irremplaçables dans le monde
Quelles sont les aires protégées les plus importantes pour empêcher l’extinction d’espèces
de mammifères, d’oiseaux et d’amphibiens dans le monde ? Une étude pilotée par le Centre
d’écologie fonctionnelle et évolutive (CNRS, UM1, UM2, UM3, Montpellier SupAgro, Cirad,
IRD, Inra, EPHE) a identifié 78 sites, comprenant 137 aires protégées dans 34 pays. Parmi
eux, deux aires protégées sur le territoire français : le Parc naturel régional de la Martinique
et le Parc national de la Guadeloupe. Cette étude publiée dans la revue Science fournit des
conseils pratiques pour améliorer l’efficacité des aires protégées dans la conservation de la
biodiversité à l’échelle mondiale.
…Protected Areas and Effective Biodiversity Conservation, Soizic Le Saout, Michael Hoffmann,
Yichuan Shi, Adrian Hughes, Cyril Bernard, Thomas M. Brooks, Bastian Bertzky, Stuart H.M. Butchart,
Simon N. Stuart, Tim Badman, Ana S.L. Rodrigues, Science, 15 novembre 2013
Amborella a survécu aux dernières glaciations
au sein de deux refuges
Arbuste endémique de la Nouvelle-Calédonie pouvant atteindre 12 mètres de haut, Amborella
est considéré par les botanistes comme l'ancêtre vivant de toutes les plantes à fleurs, sa lignée
existant depuis plus de 160 millions d'années. En analysant sa génétique et en modélisant sa
niche écologique, des chercheurs des laboratoires « Diversité adaptation et développement
des plantes » et « Botanique et bioinformatique de l’architecture des plantes » (UM2, IRD,
Inra, CNRS, Cirad) ont montré qu’Amborella a survécu aux glaciations du Pléistocène au
sein de deux refuges. Cette étude est la première qui démontre l’existence de ces refuges,
et elle contribue à la réflexion sur la conservation des forêts humides calédoniennes.
…Phylogeography and niche modelling of the relict plant Amborella trichopoda (Amborellaceae) reveal
multiple Pleistocene refugia in New Caledonia, V. Poncet,, F. Munoz, J. Munzinger, Y. Pillon, C. Gomez,
M. Couderc, C. Tranchant-Dubreuil, S. Hamon, and A. de Kochko, Molecular Ecology, décembre 2013
Flore de la France méditerranéenne continentale
Fruit de plus de dix années de collaboration entre Jean-Marc Tison et Philippe Jauzein,
deux botanistes réputés, et le Conservatoire botanique national méditerranéen de
Porquerolles, cet ouvrage publié chez Naturalia Publications constitue la première
synthèse sur l’ensemble des fougères et des plantes à graines ou à fleurs de la France
méditerranéenne continentale. L’herbier de l’UM2 représente une source essentielle pour
cette flore exhaustive sur la région Languedoc-Roussillon, qui intègre également la partie
méditerranéenne de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur.
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N°8 - 02.2014
24. @UMONTP2
Université Montpellier 2 SCIENCES ET TECHNIQUES
MONTPELLIER | LANGUEDOC-ROUSSILLON | SUD DE FRANCE
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