L’Assemblée nationale de la République de Guinée accorde une attention particulière à l’APF. Aussi, s’impliquera-t-elle toujours activement dans les travaux de cette instance en vue d’apporter sa contribution à la promotion et à la sauvegarde des nobles idéaux qu’elle incarne dans notre espace linguistique et à travers le monde.
Berne: discours intégral du Chef du parlement guinéen à la 41-me session de l'Apf
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MONSIEUR LE PRESIDENT DE L’ASSEMBLEE PARLEMENTAIRE DE LA
FRANCOPHONIE,
MADAME MICHAEL JEAN, SECRETAIRE GENERALE DE L’ORGANISATION
INTERNATIONALE DE LA FRANCOPHONIE ;
MONSIEUR LE SECRETAIRE GENERAL DE L’ASSEMBLEE PARLEMENTAIRE
DE LA FRANCOPHONIE ;
MESSIEURS LES PRESIDENTS DES ASSEMBLEES NATIONALES ET
SECTIONS DE L’APF ;
MESDAMES ET MESSIEURS LES PARLEMENTAIRES ;
HONORABLES INVITES
MESDAMES ET MESSIEURS
C’est un réel plaisir pour moi de prendre part aux travaux de cette 41ème
Session de
l’Assemblée parlementaire de la Francophonie dont le thème principal porte sur l’ « Education
et la Formation » dans l’espace géopolitique du monde ayant en partage la langue française.
Je saisis cette heureuse occasion pour adresser mes sincères remerciements au Parlement
Suisse ainsi qu’au gouvernement et au peuple de la Confédération Helvétique pour la qualité
de l’accueil qui a été réservée à ma délégation.
L’Assemblée nationale de la République de Guinée accorde une attention particulière à l’APF.
Aussi, s’impliquera-t-elle toujours activement dans les travaux de cette instance en vue
d’apporter sa contribution à la promotion et à la sauvegarde des nobles idéaux qu’elle incarne
dans notre espace linguistique et à travers le monde.
Monsieur le Président,
Le thème central de notre Session est d’une grande importance car, il conditionne la qualité
d’une personne au sein de sa collectivité dont l’avenir en dépend dans une très large mesure.
En effet, l’éducation est l’axe de la socialisation des individus, c’est-à-dire le processus par
lequel ces derniers sont intégrés dans la société au sein de laquelle ils apprennent à accepter la
culture, les valeurs et les normes, gage de tous progrès socio-économiques et culturels. Il s’agit
donc du passage d’un être de l’état d’enfance à son état social.
Ainsi, l’éducation concerne les jeunes qu’elle aide à passer à l’état adulte.
La formation, quant à elle, participe au développement et au renforcement des connaissances
générales, des capacités techniques, culturelles et humaines d’une personne tout au long de sa
vie.
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Comme vous le savez, les changements positifs et durables qui interviennent dans le
comportement et dans les capacités pratiques ou intellectuelles d’un homme ne sont pas
envisageables sans formation, sans perfectionnement, sans apprentissage.
Monsieur le Président,
Tout au long de la Première République qui a duré de 1958 à 1984, l’organisation de la
formation était étalée sur trois étapes:
la première étape allant des études primaires à la fin du premier cycle du secondaire, les
études étaient sanctionnées par le certificat d’études primaires élémentaires et par le
Brevet d’Etudes du Premier Cycle (BEPC) ; ensuite suivait le deuxième cycle du
secondaire qui était sanctionné par le baccalauréat ;
la deuxième étape était consacrée à la formation professionnelle et technique de type A
pour les élèves ayant atteint le niveau BEPC, et de type B pour les élèves ayant atteint le
niveau baccalauréat et qui recevaient une formation adaptée aux besoins du marché de
l’emploi ;
la troisième étape correspondait à la formation universitaire pour les élèves titulaires du
baccalauréat et admis au concours d’accès à l’enseignement supérieur.
S’agissant de l’enseignement technique et de la formation professionnelle, la première
République avait, dès 1963 créé quatre(4) centres d’apprentissage et quatre(4) écoles normales.
Il faut noter qu’en 1962, l’Etat avait déjà créé l’Ecole Nationale des Arts et Métiers (ENAM) et
transformé le Cours normal de Dabadougou en centre d’apprentissage et en école normale
primaire pour la formation des enseignants.
Progressivement, en 1975 on assiste à la création des Instituts Polytechniques Secondaires(IPS),
à la multiplication des écoles normales primaires(ENP).
Le centre d’apprentissage de Bordo, l’école nationale de la santé de Donka et l’école nationale
de comptabilité de Belle-Vue ont fait leur preuve en leur temps. Tandis que les compagnies
minières de Fria, de kamsar et de Kindia ont institué les Ateliers Techniques pour la
formation de leurs ouvriers spécialisés.
Ce système éducatif qui semblait pourtant cohérent et qui a formé tous les cadres qui sont
actuellement en première ligne dans la vie politique, économique et sociale du pays, a été
vivement critiqué par les intéressés dès l’avènement de la transition militaire le 3 Avril 1984, ce
qui conduisit les autorités d’alors à organiser une conférence nationale de l’éducation en Mai
1985 à l’issue de laquelle fut adoptée une déclaration de politique éducative en Septembre
1989.
En 1994, le pays adopta la lettre de politique de développement de l’éducation qui exprimait
avec force la volonté politique de reforme dans le secteur de l’éducation en opérant des
changements profonds dans le système éducatif touchant notamment à ses finalités, son
contenu et ses structures.
Pour être conforme au thème qui nous est proposé pour le débat général de la 41ème
session de
l’APF, mon propos va se focaliser sur la formation professionnelle qui constitue de nos jours
l’un des secteurs vitaux pour le développement économique et la croissance dans nos pays.
Monsieur le Président,
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L'enseignement technique et professionnel, a pour vocation essentielle, l’approvisionnement du
marché de l’emploi en agents qualifiés et compétents, grâce à la formation initiale, à la
formation continue, à un apprentissage modernisé et performant. Cet enseignement appuie
également le secteur informel. Malheureusement, il est, en Guinée, confronté à un ensemble de
défis et de contraintes, qu’il entend affronter, dans une vision prospective et avec des objectifs
stratégiques adaptés aux réalités et aux contextes changeants d’un monde en pleine mutation,
et qui, de plus en plus, devient un village où les connaissances et les informations s’échangent
et s’influencent réciproquement.
Il s’agit donc de prendre en compte tous les enjeux économiques et sociaux du développement
des compétences qui sont très importants au regard du positionnement de notre pays dans la
sous-région et des secteurs porteurs qui sont divers et nombreux. Ce sont entre autres :
l’agriculture, les mines, l’industrie, l’hydraulique, l’énergie, l’hôtellerie et le tourisme, les
Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (NTIC), etc.
La République de Guinée a connu ces dernières années une grave instabilité institutionnelle et
politique, marquée par un profond déficit démocratique et une situation économique,
particulièrement difficile. Tout ceci a engendré de graves tensions sociales, qui ont empêché de
réaliser des progrès dans la lutte contre la pauvreté et l'analphabétisme, dans le rétablissement
des équilibres macro-économiques, dans le renforcement des efforts de scolarisation pour
toutes les filles et tous les fils du pays et dans le rétablissement d’un système cohérent
d’enseignement technique et professionnel.
Le retour de notre pays à l’ordre constitutionnel a créé un nouveau contexte qui suscite un
immense espoir chez les Guinéens et ouvre de nouvelles perspectives pour le pays qui, durant
de nombreuses années, a souffert de difficultés économiques qui ont considérablement freiné
son développement.
Ainsi, pour réduire la pauvreté et atteindre les objectifs du Document de Stratégie de
Réduction de la Pauvreté (DRSP) et du millénium, il faut à la fois augmenter la croissance
économique et promouvoir une éducation de qualité.
C’est pour cela qu’a été adoptée la lettre de politique de développement de l’enseignement
technique et de la formation professionnelle. Celle-ci s’inscrit dans le cadre de la mise en
œuvre des orientations pertinentes contenues dans les 139 propositions du quinquennat du
Chef de l’Etat et au Plan d’Action Gouvernementale.
Développer la formation professionnelle et technique, est le meilleur moyen d’outiller la
jeunesse en lui offrant les conditions idoines d’employabilité.
Dans le souci de mieux préparer les milliers de jeunes des milieux urbains et ruraux à l'exercice
d'un métier, la mise en œuvre de ces nouvelles orientations stratégiques et opérationnelles
permettra d'augmenter et de diversifier les institutions de formation professionnelle, ainsi que
les filières et les types de formation. Cela permettra de relever tous les grands défis qui
interpellent actuellement le secteur et pour les années à venir, en termes d’emploi, de
formation initiale, de formation continue, de régulation des flux, de formation initiale des
maîtres de l’élémentaire, de modernisation de l’apprentissage et d’appui au secteur informel.
C'est là un facteur essentiel de développement national et de croissance économique qui
s'inscrit dans la stratégie gouvernementale de réduction de la pauvreté.
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Monsieur le Président,
Honorables Invités,
Mesdames, Messieurs,
De tout ce qui précède, il ressort clairement que la Guinée, dès son accession à l’indépendance
s’est dotée méthodiquement d’un système relativement cohérent de formation technique et
professionnelle. Mais celui-ci a été détruit par l’instabilité politique et institutionnelle et le
grave déficit démocratique dont a souffert le pays avant l’avènement de la troisième
République.
En second lieu, il ressort des efforts que le Gouvernement de cette troisième République est
entrain de déployer que le système est reconstitué et qu’il ne lui reste plus qu’à mobiliser les
moyens nécessaires pour le renforcer, ce qui ne sera possible qu’avec une forte implication de
l’Etat, des entreprises et surtout les partenaires techniques et financiers.
Je lance donc un appel aux partenaires techniques et financiers pour un accompagnement de la
Guinée dans les efforts qu’elle est maintenant entrain de déployer pour atteindre le niveau
d’organisation de l’enseignement technique et professionnel de leurs pays respectifs.
Je vous remercie.