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CULTURE
SPORT
» lire page 3
P
armi ces étrangers, M. Fadul
fait remarquer que 102 940
se sont inscrits avec des cer-
tificats de naissance, 69 997
ont présenté leurs cartes d’identité, 95
164 leurs passeports et 20 345 n’ont
pas présenté de documents. Ils se sont
enregistrés à partir des données bio-
métriques. Le ministre a cependant
précisé que cette particularité « ne
signifiait pas que les dossiers de ces
personnes n’étaient pas complets ».
Jose Ramon Fadul a par ailleurs
rappelé que la première phase du
PNRE a été bouclée. La seconde
phase devra, dit-il, débuter dans
quarante-cinq jours.
» suite page 5
Suite à la fermeture du Programme national de régularisation des étrangers (PNRE)
en République dominicaine le 17 juin dernier, le ministre de l’Intérieur et de la Police
dominicaine, Jose Ramon Fadul, a présenté un bilan de cette activité visant à offrir
des papiers aux différents migrants vivant sur ce territoire. Durant dix-huit mois,
l’immigration dominicaine a enregistré 288 466 inscrits soit environ 78 000 inscrits de
plus que ce qui a été prévu par les autorités.
Le Fort Jacques entre
racket et restauration
Par Dangelo Néard
Et commencent les
hostilités électorales !
LUNDI 22 JUIN 2015 NUMÉRO 22
WWW.LENATIONAL.HT
QUOTIDIEN • 25 gourdesRÉPUBLIQUE D’HAITI
HAÏTI / RÉPUBLIQUE DOMINICAINE
HAÏTI / ÉLECTIONS SOCIÉTÉ
PNRE : le temps des bilanspar Lionel Edouard
« J'ai enfin reçu mon
acte de naissance à
l'âge de 16 ans »
par Vantz Brutus
Les play-offs
débutent ce lundi !
par Gérald Bordes
2. 2 | N0
22 LUNDI 22 JUIN 2015
TRIBUNE
Élections : La pyramide électoraleLa charpente politico-administrative définie par la constitution de 1987, aujourd’hui bicéphale, a jeté les bases
pour l’émergence de nouvelles couches de classes moyennes appelées à prendre en charge la gestion du Pays. Il
faut reconnaître la volonté des constituants dans leur effort d’institutionnaliser différemment l’État. Ils ont défini
un cadre légal facilitant un nombre plus important de citoyens à s’intégrer dans la machine étatique, une manière
aussi de les coopter. Cependant, ils ont tout aussi construit un appareillage administratif surdimensionné par
rapport à la capacité des ressources limitées de l‘État.
L
a structuration économique
du pays ne permet pas
la promotion sociale par
l’entreprenariat. Les catégo-
ries sociales de classes moyennes, à
capacités financières limitées, mena-
cées dans leur existence par l’avidité
des grands groupes familiaux annexés
à de puissants internationaux, ont
vite trouvé refuge dans ce grand appel
démocratique de nouveaux « gestion-
naires publics ». La Politique est dev-
enue un champ d’affaires à moisson-
ner, le terrain des conflits d’intérêts
financiers et de société. Mais aussi
fondamentalement un espace de dia-
logue et d’équilibres instables entre
les maîtres du moment.
La politique est devenue une
arme, un outil, un lieu, un espace
de négociation pour le partage des
avantages sociofinanciers entre
les différentes catégories sociales
: ceux autoproclamés bourgeois ;
ceux qui se plaisent à être perçus
comme bourgeois sans l’affirmer
; ceux qui se font passer pour
des bourgeois ; les détenteurs
du savoir acquis de hautes luttes
dans les tranchées du monde
civilisé ; les laissés pour compte
du savoir acquis sur le tas univer-
sitaire local ; tous ceux qui n’ont
pas fini, mais qui finissent par
décrocher un diplôme universel
à caractère professionnel. Ceux
qui sont partis et qui sont reve-
nus : argentés, diplômés, dével-
oppés, socialisés. Les proprié-
taires : grands, moyens, petits ou
gérants des terres de l’État ; Les
directeurs, maîtresses ou maîtres
d’école à diplômes universitaires,
secondaires ou primaires ; les
grands, moyens, petits commis de
l’État et leurs attachés… Un pays
de classes moyennes enchevê-
trées en catégories multiples,
agrégées d’intérêts individuels et
d’idéologies en soubassement de
couleurs et de références histo-
riques.
Le peuple national haïtien, dans
ces différentes composantes et
surtout sa couche de classes moy-
ennes de progrès, se trouve piégé,
pris en otage, dans un conflit
ouvert entre les différents autres
groupes de classes moyennes et
les divers clans de la « bourgeoi-
sie » dans leur quête de puissance
d’argent et de pouvoir politique.
Dans ce creuset, de contradic-
tions réelles et d’oppositions fac-
tices de ces groupes en quête de
reconnaissance et de légitimité
internationales, vient se déposer
la grande bataille des élections.
Il est venu le temps des regroupe-
ments identitaires de « sak sanble
rasanble » ou de la « fourchette
qui ne peut permettre de boire la
soupe des avantages du pouvoir
». Il faut un grand « kombit », une
combine pour soulever, emporter
la cagnotte électorale. C’est aussi
le temps des grands déchire-
ments, des déchirures entre les
partenaires d’une longue nuit de
débauches politiques. Le jour
s’est levé sur leur impuissance
partagée sur le lit d’un populisme
moderne, deux points zéro (2.0).
Qui s’étonne du nombre élevé de
candidats ? Les candidats eux-
mêmes ! Mais pourquoi sont-ils
candidats ? Ils doivent se faire
hara-kiri. Tous les autres qui se
lamentent sur leur nombre pren-
nent position pour leurs candi-
dats. C’est une position partisane.
Une présélection. Des primaires
quoi. Cela fait développé, mod-
erne, démocratique.
Mais ont-ils oublié qu’il y a des
postes de pouvoir à pourvoir, des
salaires à percevoir, des promess-
es à vendre, des transferts de posi-
tions sociales à réussir, des négo-
ciations restitutoires à mener. Il
faut que le pays des « classes du
pouvoir d’État » soit bien représen-
té. Qui va négocier les mines du
Nord héroïque à la Firmin. Tonton
Nord est bien mort, mais qui sera
son successeur désigné, pointé du
doigt ? Le chanteur désenchanté,
va continuer son métier en se rap-
pelant des cigales qui ont sifflé
tout son quinquennat. Il lui faut
un remplaçant, un successeur.
Comment savoir si ce sera, un prof
chanteur, un maître chanteur, un
maire chanteur, un pasteur chan-
teur. Pas plus qu’un émetteur de
chants de sirènes. Dans tous les
cas la Nation déchantera.
Un des soixante-dix réduits à
cinquante huit prendra la tête du
peloton de l’exécutif d’État. La
tête immergée du collectif pré-
sidentiel gérant les bulletins de
présence des membres du consor-
tium d’Amis de Haïti. Le premier
ou le dernier échelon de la pyra-
mide selon son point de départ ou
d’intérêt. Soixante-dix candidats-
présidents, autant de fractions de
classes moyennes.
Vingt des 262 candidats-séna-
teurs, seront choisis, élus/votés
selon la lecture des résultats. Dix-
sept fois la valeur. Belle mise de
départ. Un sur dix-sept. Le revenu
mensuel divisé par dix-sept équiv-
aut à dix-sept mois de salaire min-
imum. Arithmétique d’explication
justificative d’avoir été choisi par
Dieu dans le rêve d’Adam.
Du profond sommeil du peuple
sortira mon pouvoir incarné de
dire oui et jamais non en son nom.
La deuxième strate de la pyramide
est garnie. Inférieure à la première
mais de loin supérieure en qualité,
aux autres. La Chambre haute. La
« Grande Caisse ». Pas celle des
banques. Celle des résonances.
Cent huit Députés sortiront des
urnes parmi les 1 777 candidats-
députés. Un tirage sans remise.
Un tirage aléatoire basé sur une
stratification par zones et catégo-
ries sociales. Le hasard des votes
s’exprime ainsi en statistiques
mathématiques. Il en est de même
des sondages à résultats à démon-
trer. Les scientifiques analyseront
les résultats et feront ressortir la
justesse des méthodes de calcul.
Nous regrettons les votes électro-
niques. Ô combien faciles à gérer
par des modélisations. Un élu, un
vote. Celui de la grande machine
électrice.
Le troisième palier de la pyramide,
dans la descente vers le peuple,
sera renouvelé. La cinquante-
neuvième marche de l’ascension
socialo-étatique, jure qu’elle ne
sera pas un tombeau blanchi.
Ceux qui prennent sans souffler,
sans prendre souffle devront-ils
être inquiets ?
Cent quarante fois trois sur deux
mille fois trois, a multiplié par
un facteur (x) de délégués de
ville plus les délégués dérivés
des sections communales. Pour
enfin arriver à la Tour de Babel
des Assemblées départementales.
Prière d’aller à toutes les tables de
calculs y compris les logarithmes
pour comprendre comment est
tamisée la base de la pyramide.
Les cartels municipaux. Il ne
s’agit pas d’un lieu commun, d’un
ailleurs, mais de la municipalité
de leur résidence. Une vraie piste
d’atterrissage, et surtout une
immense salle d’attente aux aspi-
rations supérieures. Des maires
en attente de devenir députés,
sénateurs, présidents.
Comprenez bien qu’un maire ne
représente pas son peuple de
votants. Il est le premier parmi
les siens. Dérisoire, surtout quand
on s’éloigne du centre du pouvoir
suprême de l’État. Plus loin de toi
« Seigneur Président » je n’aurai
même pas une moto, mais hélas
une bourrique au pire: « Bali yon
kabrit ». Et je partirai en guerre
contre tous les autres en liberté.
La ville sera propre. Un urbain
sain dans une urbanité saine. Tout
un programme. Mieux un plan
quadriennal.
Enfin, la base. Celle qui permet à
l’artiste de mélanger ses couleurs,
sans confondre ses pinceaux. La
base saine du pays. Le bon grain
à moudre et à réensemencer. La
base revendicative et de progrès.
Arrêtez ! Non ! Simplement la
base de la pyramide des élec-
tions. La plus grande fréquence
de la distribution statistique des
candidats-chefs. Les CASEC et
les ASEC. Pour bien les nommer
: les Conseils d’administrations
des Sections communales et les
Assemblés de Sections commu-
nales.
Personne n’est capable à date de
confirmer le nombre de candidats
inscrits pour ces fonctions. Ce
sera une fonction exponentielle à
deux digits. En langage 2.0. Atten-
dons la confirmation.
3. LUNDI 22 JUIN 2015 N0
22 | 3
ACTUALITÉ
Et commencent
les hostilités
électorales !par Noclès Débréus
S
i le Conseil électoral provisoire
(CEP) croit avoir mis un terme
à toute une série de contesta-
tions de candidats avec la pub-
lication de la liste définitive des agréés
à la course présidentielle, les acteurs
politiques sont loin d’en être satisfaits.
Les hostilités électorales sont enclen-
chées et le CEP est pressuré de part
et d’autre. Les candidats écartés à la
députation, au sénat, à la présidence
ainsi que 40 plateformes et partis poli-
tiques régulièrement inscrits dans les
registres du CEP, se sont regroupés
sous le label de Collectif des candidats
exclus par le CEP (COCE/CEP). Con-
férence de presse, marche pacifique,
ce collectif presse le CEP à reconsi-
dérer le cas de ses candidats mis en
hors-jeu.
Sous la pression d’un regroupement
de 17 partis politiques et
d’organisations le Conseil électoral
provisoire a enlevé de la liste des
candidats agréés à la présidentielle
Jacky Lamarque, porte-étendard
de la plateforme VERITE, pour
« absence de décharge, de sa
gestion comme coordonnateur du
Groupe de travail sur l’éducation
et la formation (GTEF) ». Le CEP
a également rayé de la liste, Levelt
François « qui a été condamné pour
possession et trafic de crack et de
cocaïne aux États-Unis d’Amérique,
infraction considérée comme crime
transnational ».
Déjà, lors de la période de
contestations, la question de
décharge a été soulevée dans le
cas de monsieur Lumarque, mais
il a eu gain de cause, que ce soit
au Bureau du contentieux électoral
départemental (BECD) ou encore
au BCEN (Bureau du contentieux
électoral national). Il est à noter
qu’aucun des partis et organisations
politiques qui en veulent aujourd’hui
à « l’Homme » de VERITE, ne s’était
porté contestataire de ce dernier.
Jonas Coffy du Parti politique
Ayisyen pou Ayiti, avait contesté
Jacky Lumarque au BCEN après
le verdict du BCED, mais les juges
du tribunal électoral de dernière
instance avait rejeté d’un revers
de la main le recours de Monsieur
Coffy qui, selon les délibérations,
n’a pas été contestataire au procès
par devant le BCED.
À ce sujet, plusieurs questions sont
soulevées. Alors que ces partis
politiques, regroupements ou
organisations avaient la possibilité
de contester Jacky Lumarque par
devant le BCED, ils ne l’ont pas fait,
qu’est-ce qui explique maintenant
qu’ils enjoignent le CEP à rayer le
nom du candidat de la plateforme
VERITE de la liste des agréés
? Faut-il voir dans une lecture
au second degré, un combat à
distance entre René Préval et Jean
Bertrand Arsitide? Car, hormis la
Fusion des sociaux-démocrates et
Alah, les autres groupements qui
s’embarquent dans cette démarche
sont tous de souche Lavalas.
Régissant à ce sujet, le professeur
et politologue, Gracien Jean,
croit qu’il s’agit d’un double jeu
d’intérêts et de positionnement
dans cette entreprise de ces partis
et regroupements. Ce double jeu,
est motivé, dit-il, par des intérêts
s’étendant dans l’immédiat et
dans le futur. Les acteurs agissent
de la sorte en tenant compte de
l’évaluation de leur chance dans le
processus électoral et cherchent à
se positionner ou se repositionner
sur l’arène politique, a commenté
le professeur qui dit voir une crise
de leadership actuellement sur
l’échiquier politique.
C’est d’ailleurs ce qui explique, dit-
il, ce nombre record de candidats
à la présidence (58 agréés sur un
total de 70 inscrits). « Aucun parti
n’est sorti du lot pour se positionner
en leader et proposer une véritable
alternative à la population. Chaque
individu se croit être l’alternative»,
avance-t-il, précisant au passage que
certains candidats se sont présentés
dans la course pour des motifs
financiers, de notoriété et également
en quête de postes ministériels dans
le cadre de la mise en place du
prochain cabinet présidentiel qui
émanera de ces joutes.
Tout le monde dans
ses petits souliers
Le Conseil électoral provisoire vient de réduire le nombre de candidats
pour la présidence. Deux noms sont enlevés de la liste.
Laquestiondedéchargeaencoresoulevéunetonnedediscussions.
Lescampsplacentleurspions.Lesgrandesmanœuvrescommencent.Lesmanitous
traditionnelsvontfaireensortedeseprémunircontreuncoupdusortenplaçantun
hommeàeuxauprèsdechaquecandidatsusceptibledegagnerlacourse.Lemontant
engagé dans la campagne dépendra de l’importance supposée du candidat, mais
l’essentielseradenepasraterentièrementl’arrivéecequisignifierait,sansvolte-face
honteux,douloureuxetaussichèrementpayé,unepériodedevachesmaigrespour
lescinqansàvenir.
Lesjournalistespeuventêtredansleurspetitssoulierspendantcettepériode.Lesmé-
diaspourlaplupartviventdusecteurprivé.Lesecteurprivéesttraversépardifférents
courants. L’objectivité qui est déjà en soi un concept difficile à mettre en pratique,
peutêtretaxéedesubjectivitéselonlapositiondel’observateur.Lesintérêtspartout
se cachent, se dissimulent, se manipulent, et se heurtent, à la fois dans une partie
d’escrime,d’échecs,depoker,dedés,maissurtoutunepartiedecoquins.
L’exercice maintenant c’est d’examiner la liste des 56 candidats et de tenter de la
réduire à une liste disons plus… conforme à une réalité civilisée et démocratique.
Mais là encore l’exercice a trop d’aléas. Il peut difficilement se dégager de pulsions
manipulatrices.
C’est l’électorat qui décidera si on lui laisse cette liberté. Une certaine opinion qu’on
entendc’estqueceneserapasquelqu’undusérailpolitiquequelepeuplechoisira,
ceciencorepourdémontrersonrejetd’unepratiquepolitique.Làoùlebatblessec’est
quedepuis1990,cettemêmepulsionatoujoursportéaupouvoirdespersonnesqui
audépartnefaisaientpaspartiedudécorpolitiquedepremierplanetcevoteadonné
cequ’iladonné.Va-t-onprendrecettefoislachanceavecun««politicien» decarrière
ourestera-t-ondanslemêmejeuavecdesprotagonistesdifférentscommenousavons
tropsouventl’habitudedeledécider?
L’oragedesrapatriementss’avance.Commenousl’avonssoulignédansnotredernier
éditorial,l’Étathaïtienestforcédevoir,d’accueillirceuxqu’ilatoujoursniés,méprisés.
Ilestplusquedanssespetitssoulierslui,dontlafonctionn’ajamaisétédedéfendre
notrepeuple.Ilsejoueaussiunepartied’unjeuinconnuàlafrontière.Quelserason
impactsurlesélectionsàvenir?
ÉditoHAÏTI/ÉLECTIONS
Alors que la campagne électorale n’est pas encore
officiellement lancée, les acteurs politiques semblent
pourtant entrer de plain-pied dans la lutte. L’utilisation
des réseaux sociaux, conférence de presse au quotidien
font partie de la nouvelle stratégie de ces acteurs en
ce temps électoral. Jeux de positionnement. Sit-in.
Contestations. Dénonciations. Les hostilités électorales
prennent définitivement forme bien avant l’ouverture
officiellement des campagnes électorales prévue le 9
juillet pour les législatives et le 24 septembre pour la
présidentielle ainsi que les collectivités territoriales.
» suite de la première page
4. L
ors du Sommet UE-CELAC qui
s’est déroulé à Bruxelles, les 10
et 11 juin dernier, l’Union euro-
péenne et le CARIFORUM ont
signé le Programme Indicatif Régional
(PIR) du 11e FED (Fonds Européen
de Développement). Ainsi, Haïti va
bénéficier directement de nouveaux
programmes régionaux qui cibleront
particulièrement les relations binatio-
nales haïtiano-dominicaines, le com-
merce et l’environnement, a appris
HPN.
Le Programme Indicatif Régional
(PIR) couvre la période 2014-2020.
Il est doté d’une enveloppe de
346 millions d’euros, soit plus du
double de celle allant de la période
2008-2013 (165 millions d’euros),
informe un communiqué de l’UE
parvenu à HPN.
Il vise globalement à financer des
programmes régionaux couvrant
trois secteurs-clés qui sont
premièrement, la coopération et
l’intégration économique régionale,
deuxièmement, le changement
climatique, l’environnement, la
gestion des risques et désastres et
les énergies renouvelables, et enfin
troisièmement, la criminalité et la
sécurité, précise le communiqué.
L’ambassadeur de l’Union euro-
péenne en Haïti, M. Javier Niño
Pérez, a déclaré que « l’Union
européenne, en tant que partenaire
régional majeur, se réjouit de pou-
voir accompagner une dynamique
d’intégration et de coopération
régionale qui se développe. »
Un budget de 102 millions d’euros
est accordé au premier secteur
de concentration du PIR qui est
la coopération et l’intégration
économique régionale.
Le deuxième secteur de concentra-
tion sur le changement climatique,
environnement, gestion des risques
et désastres et énergies renouvel-
ables dispose de 61,5 millions
d’euros.
Enfin, les secteurs de la criminalité
et de la sécurité bénéficient d’une
enveloppe de 44 millions d’euros.
L’UE rappelle qu’Haïti perçoit plus
de 40 % des ressources du FED
destinées à la région Caraïbe, soit
420 millions d’euro sur un total d’1
milliard.
L
es responsables du ministère
de l’Éducation nationale et de
la Formation professionnelle
(MENFP) ont annoncé que les
examens de la 9e
année se tiendront
du 22 au 24 juin prochain, lors d’une
conférence de presse tenue dans les
locaux de ce ministère, le vendredi
19 juin 2015. Près de 200 millions de
gourdes sont alloués à l’organisation
de ces examens, y compris ceux de
l’École nationale d’infirmières (ENI)
et de jardinières d’enfants. Les élèves
de Philo, eux, subiront leurs épreuves
du 29 juin au 1er juillet.
Environ 73 mille candidats
participeront aux examens de
la classe de Philo et 206 330
postulants pour la 9e année
fondamentale (A.F.).
Il convient de souligner que l’Ouest
est le département qui accueillera
le plus grand nombre de candidats
avec un effectif estimé à environ
101 509 participants. Il est suivi du
Nord-ouest avec 11 631 candidats.
S’ensuivent le Nord avec 21 096
participants, l’Artibonite avec
23 589 candidats, le Centre avec
11 071 postulants. Viennent ensuite
les départements de la Grand’Anse
avec 6 269 candidats, du Nord-
est avec 8 069 élèves, du Sud-est,
7 669 prétendants.
Soulignons que le département
des Nippes représente le maillon le
plus faible avec un nombre estimé
à environ 5 183 candidats.
« Le MENFP a déjà pris toutes les
mesures nécessaires en vue de
faciliter le bon déroulement de
ces différents examens », indique
le directeur du BUNEXE (Bureau
national des examens d’État),
Renan Michel. Il rappelle que les
directeurs des établissements ont
déjà retiré les fiches d’examens et
les ont déjà remis à leurs élèves.
Quant aux consignes, il a déclaré
qu’elles demeurent inchangées.
C’est le cas par exemple du port
de l’uniforme qui est toujours
obligatoire aux postulants depuis
tantôt deux ans, ce, pour pouvoir
avoir accès aux centres d’examen.
L’utilisation du téléphone
portable est strictement interdite
dans les centres d’examens en
ce qui concerne les candidats.
Il a aussi indiqué que l’usage
des calculatrices programmables
et de tout autre appareil de
communication est formellement
interdit.
Monsieur Michel a en outre déclaré
qu’aucun intrus n’aura accès aux
sièges d’examens, y compris les
agents préposés à la sécurité de
ces centres, sans l’autorisation des
autorités compétentes.
Dans le cas contraire, ils se verront
interpelés et déférés par devant les
autorités judiciaires pour les suites
que requiert la loi.
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Les responsables du ministère de l’Éducation nationale et de la Formation
professionnelle (MENFP) ont enfin mis à l’écart les examens de la classe de la 6e
année fondamentale et ceux de la Rhéto. Maintenant seuls les élèves de la 9e
année
fondamentale (A.F.) et de la classe de philo participent aux examens officiels.
4 | N0
22 LUNDI 22 JUIN 2015
ACTUALITÉ
HAÏTI/COOPÉRATION
Près de 206 330 candidats
aux examens de 9e
année
fondamentale
par Reynold Aris
Haïti va bénéficier de nouveaux
programmes régionaux
Sources : HPN
HAÏTI/EXAMENSDE9EANNÉEFONDAMENTALE
5. Durant cette période, les autorités
dominicaines procéderont à
l’étude des dossiers soumis
pour déterminer les citoyens qui
obtiendront le statut d’immigrant.
Aucune précision n’a été
faite sur le nombre d’haïtiens
inscrits dans le plan. Plus de
300 000, en situation irrégulière,
de l’autre côté de la frontière sont
directement concernés. L’Agence
des Nations Unies pour les réfugiés
avait appelé le gouvernement
dominicain à surseoir sur
l’expulsion des dizaines de milliers
de personnes (la majorité d’origine
haïtienne), dont la citoyenneté a été
remise en question par une décision
de la Cour constitutionnelle du pays
datant de 2013.
Pas de déportation massive
Le ministre haïtien des Affaires
étrangères, vertement critiqué
par les organismes de droits
humains pour sa gestion du
dossier et surtout son manque de
connaissance de cette affaire, a
informé, le vendredi 19 juin, que
la République dominicaine ne
fera pas de déportation massive
d’Haïtiens dans les jours à venir,
soulignant que seuls les sans-
papiers vivant de l’autre côté de
la frontière seront rapatriés. Aussi
a-t-il annoncé que le gouvernement
haïtien a acheminé, le jeudi 18 juin,
une correspondance aux autorités
dominicaines afin de fixer la date
des discussions entre les deux
commissions migratoires pour
l’élaboration d’un protocole de
rapatriement.
Le ministre Renaud se fie aux
déclarations et promesses de son
homologue dominicain, Andres
Navarro, faites récemment lors
d’une rencontre bilatérale déroulée
à l’hôtel Royal Oasis, à Port-au-
Prince. M. Navarro aurait précisé
que seuls les étrangers non-inscrits
dans le PNRE seraient expulsés. Une
déclaration qui contraste avec la
réalité du terrain et avec le discours
tenu la semaine écoulée à l’hôtel
Karibe par le Premier ministre
Haïtien, Évans Paul, qui avait
dénoncé un double langage des
dominicains qui d’un côté disent
qu’il n’y aura pas de déportation et
de l’autre le contraire.
Le chancelier haïtien menace, au
cas où la République dominicaine
violerait son engagement en
effectuant une expulsion massive,
d’user de tous les canaux
diplomatiques afin de porter les
autorités dominicaines à faire
machine arrière. Pourtant, Philippe
Jean Thomas du Garr, avait accusé
le mercredi 17 juin, lors d’une
conférence de presse au Royal Oasis,
le président Martelly d’avoir cassé
l’élan international dans ce dossier,
suite à son intervention lors de la
rencontre de Punta Cana, faisant
croire qu’il s’agissait d’un problème
entre deux États et qu’une solution
sera vite trouvée, minimisant ainsi
l’ampleur du conflit.
La réalité du terrain
Entre-temps,surleterrain,leService
jésuite aux migrants/Solidarite
Fwontalye (SJM-Haïti/SFw) informe
avoir reçu au cours du mois de
juin 2015, au point frontalier de
Malpasse, 106 migrants haïtiens
et/ou d’origine haïtienne. Parmi ces
citoyens déportés par les autorités
dominicaines, le SJM-Haïti/ SFw a
dénombré 56 hommes, 35 femmes
dont 3 qui sont enceintes et 15
enfants dont 6 sont accompagnés
de leurs parents.
À la frontière d’Anse-à-Pitre, le SJM-
Haïti/SFw a observé 220 citoyens
déportés dont 130 hommes, 70
enfants et 20 femmes. Il a reçu à
Belladère 318 personnes dont 149
hommes, 93 femmes et 29 enfants.
Tandis qu’à Cornillon Grand-Bois,
point frontalier non-officiel, le SJM-
Haïti a dénombré 230 personnes
déportées dont 100 hommes, 80
femmes et 50 enfants.
«
Nous pouvons changer ce mal-
heur en opportunité », a déclaré
le directeur exécutif de la Plate-
forme haïtienne de plaidoyer
pour un développement Alternatif
(PAPDA), Camille Chalmers, concer-
nant la déportation des dominicains
d’origine haïtienne et des travail-
leurs haïtiens qui sera effective offi-
ciellement d’ici un mois. Alors que
la PAPDA exprime ses indignations
sur la migration, la déportation et
la situation des réfugiés haïtiens en
République dominicaine, son princi-
pal représentant, Camille Chalmers,
a fait savoir qu’on peut changer les
données, même si le gouvernement
est en retard dans la mise en place
des mécanismes pour recevoir ces
réfugiés, et même si la déportation de
quelques haïtiens venus de la Répub-
lique dominicaine a déjà commencé
de façon officieuse.
Les dirigeants haïtiens, expli-
que Chalmers, n’ont manifesté
aucune volonté politique pour
aider, particulièrement ces travail-
leurs haïtiens, soulignant que la
déportation était prévisible. Car,
dit-il, cette déportation avait été
annoncée depuis 2013 par les
responsables dominicains. Il a
aussi indiqué que l’État haïtien
ne doit en aucun cas recevoir les
réfugiés sans avoir exigé, d’abord,
le rapatriement des patrimoines
des dominicains d’origine haïti-
enne et le transfert de la pension
des travailleurs haïtiens.
De plus, poursuit-il, malgré le
Plan national de régularisation
des étrangers (PNRE), lancé
depuis juin dernier, le gouverne-
ment n’avait montré depuis lors
aucune volonté pour anticiper
cette déportation massive. Bien
que « le PNRE soit un bluff » dit-il.
Cette question de dénation-
alisation, rappelle M. Chalmers,
allait être posée à la réunion de
la CELAC en janvier 2014, à la
Havane, sur la proposition de
Ralph Gonsalves, Premier minis-
tre de Saint-Vincent & Grenadine,
et président de la CARICOM à
l’époque, paradoxalement, le gou-
vernement haïtien demanda le
retrait de ce point de l’agenda de
la réunion. « L’un des principaux
défenseurs des autorités domini-
caines anti-haïtiens... c’est le gou-
vernement haïtien », ajoute-t-il.
Par ailleurs, le professeur Chalm-
ers, voit d’un bon œil la décision
du gouvernement à demander des
rencontres avec la société civile
sur ce sujet, même s’il la trouve
très tardive. Car « le problème
existe depuis deux ans », lâche-t-
il avec un sourire moqueur.
Si le gouvernement veut intégrer
ces travailleurs dans les différents
secteurs du pays, la Papda, sous
cet angle, opte pour le partage
culturel entre les Haïtiens et les
réfugiés (ou expatriés). Selon les
M. Chalmers, la culture de solida-
rité sera un instrument utile pour
la réintégration sociale de ces per-
sonnes dans la famille haïtienne.
« Cette expulsion massive peut
être aussi une occasion pour
stimuler la solidarité et créer des
opportunités économiques à partir
de cet évènement », conclut-il.
LUNDI 22 JUIN 2015 N0
22 | 5
ACTUALITÉ
HAÏTI/RÉPUBLIQUEDOMINICAINE
» suite de la première page
PNRE : le temps des bilanspar Lionel Edouard
Camille Chatlemers. / wordpress.com
Camille Chalmers :
Le PNRE est un bluffpar Bob S. Simon
La Plateforme haïtienne de plaidoyer pour un développement alternatif (PAPDA) a clairement exprimé ses
indignations sur la déportation des apatrides et des travailleurs haïtiens. Pourtant, Camille Chalmers, croit qu’on
peut changer ce drame en opportunité.
6. 6 | N0
22 LUNDI 22 JUIN 2015
ACTUALITÉ
ÉCHO
RD, l'ONU contre
l'expulsion des
apatrides
La population apatride en
République dominicaine est
estimée à plus de 200 000
personnes, les conséquences
de l’expulsion pourraient être
dévastatrices », c’est ce qu’a
estimé Adrian Edwards, porte-
parole du Haut-Commissariat
des Nations Unies pour les
réfugiés (HCR) demandant à
la République dominicaine de
prendrelesmesuresnécessaires
pour empêcher toute expulsion
des « dominicains apatrides »
et pour éviter de créer une
nouvelle crise de réfugiés.
Le HCR a offert son soutien
aux autorités dominicaines
pour identifier et enregistrer
les individus concernés.
Jean-Michaël Mémé,
lauréat du Concours
international
génération bilingue
C’est Jean-Michaël Mémé qui
a remporté le premier Prix
du Concours international
génération bilingue
« Préservons la nature ! »
organisé par l’Alliance française
du Cap en association avec
la 3e édition du programme
génération bilingue proposé
par l’Institut français de
Paris. Mémé a gagné ce prix
pour sa créativité et la qualité
artistique de son affiche.
Il participe à un voyage en
France du 21 au 30 juillet 2015
en compagnie des 50 autres
jeunes gagnants du Concours,
originaire du monde entier. Les
candidats qui ont pris part à ce
concours devaient réaliser une
affiche et créer un slogan sur le
problème de la déforestation
en Haïti, accompagnée d’un
texte en français présentant
le problème et proposant
des solutions pour stopper la
déforestation.
Le BCEC
de Petit-Goâve rend
ses verdicts
Sony Dicette candidat au poste
de maire adjoint et Jean Gisson
candidat au poste de CASEC
pour la troisième section
communale de Petit-Goâve
prendront part aux prochaines
élections. C’est ce qu’a décidé
le Bureau du contentieux
électoral communal de Petit-
Goâve qui a rendu récemment
ses verdicts.
Selon les nouvelles, Pierre Gary
a contesté la candidature de
Sony Dicette pour une affaire
de cocaïne. Jean Baptiste Alain
s’est opposé à la candidature
de Jean Gisson pour absence
de décharge. Le BEC a rejeté
la candidature du citoyen
d’Esperinis Eluid Batistin,
en raison d’une absence de
certificat de décharge.
206 330 candidats
participent ce lundi
aux examens de 9e
A.F
206 330 candidats participent
ce lundi aux examens de 9e A.F.
Ces examens se tiennent du 22
au 24 juin. Par contre, ceux de
la Philo se dérouleront du 29
juin au 1er juillet, selon les
précisions de Renan Michel,
Directeur du Bureau national
des examens d’État (BUNEXE).
Tout candidat surpris en
flagrant délit de fraude ou
ayant un comportement
répréhensible verra sa copie
annulée et s’expose à une
interdiction de participer
aux examens pour une durée
pouvant aller jusqu’à quatre
ans, a indiqué monsieur Michel
Informant que 200 millions
de gourdes sont allouées à
l’organisation de ces examens,
y compris ceux de l’École
nationale d’infirmières (ENI).
Petrogaz-Haïti en
quête du pétrole dans
trois départements
La société pétrolière et
gazière, Petrogaz-Haïti, a
débuté vendredi les travaux
d’exploration et de recherches
d’Hydrocarbures en Haïti.
Ces recherches s’effectuent à
Ganthier dans le département
de l’Ouest. Il s’agit de détecter
si les sous-sols haïtiens
contiennent du pétrole. Le
projet estimé à 81 millions de
dollars s’étend sur une période
de cinq ans, ont fait savoir
les responsables de Petrogaz-
Haïti. Selon les informations,
Petrogaz-Haïti a reçu du Bureau
des mines et de l’énergie (BME)
6 permis l’autorisant à explorer
6 sites dans trois départements
du pays à savoir l’Ouest, les
Nippes et la Grand-Anse.
L
ors du Sommet UE-CELAC qui
s’est déroulé à Bruxelles, les 10
et 11 juin dernier, l’Union euro-
péenne et le CARIFORUM ont
signé le Programme Indicatif Régional
(PIR) du 11e FED (Fonds Européen
de Développement). Ainsi, Haïti va
bénéficier directement de nouveaux
programmes régionaux qui cibleront
particulièrement les relations binatio-
nales haïtiano-dominicaines, le com-
merce et l’environnement, a appris
HPN.
Le Programme Indicatif Régional
(PIR) couvre la période 2014-2020.
Il est doté d’une enveloppe de
346 millions d’euros, soit plus du
double de celle allant de la période
2008-2013 (165 millions d’euros),
informe un communiqué de l’UE
parvenu à HPN.
Il vise globalement à financer des
programmes régionaux couvrant
trois secteurs-clés qui sont
premièrement, la coopération et
l’intégration économique régionale,
deuxièmement, le changement
climatique, l’environnement, la
gestion des risques et désastres et
les énergies renouvelables, et enfin
troisièmement, la criminalité et la
sécurité, précise le communiqué.
L’ambassadeur de l’Union euro-
péenne en Haïti, M. Javier Niño
Pérez, a déclaré que « l’Union
européenne, en tant que partenaire
régional majeur, se réjouit de pou-
voir accompagner une dynamique
d’intégration et de coopération
régionale qui se développe. »
Un budget de 102 millions d’euros
est accordé au premier secteur
de concentration du PIR qui est
la coopération et l’intégration
économique régionale.
Le deuxième secteur de concentra-
tion sur le changement climatique,
environnement, gestion des risques
et désastres et énergies renouve-
lables dispose de 61,5 millions
d’euros.
Enfin, les secteurs de la criminalité
et de la sécurité bénéficient d’une
enveloppe de 44 millions d’euros.
L’UE rappelle qu’Haïti perçoit plus
de 40 % des ressources du FED
destinées à la région Caraïbe, soit
420 millions d’euro sur un total d’1
milliard.
HAÏTI/RÉPUBLIQUEDOMINICAINE
Des milliers d'Haïtiens
craignent une expulsion
imminente programmes
régionaux
Sources : AFP
Des Haïtiens font la queue devant le ministère de l’Intérieur à Saint-Domingue, en
République dominicaine, pour régulariser leur situation, le 17 juin 2015. / AFP
7. L
’organisation Amnesty Interna-
tional souligne un manque de
mesures durables pour proté-
ger les droits humains en ce
qui concerne Haïti, dans un rapport
2014-2015 dont a pris connaissance
l’agence en ligne AlterPresse.
Des mesures durables n’ont pas
été mises en place dans le pays
pour éviter les expulsions forcées
de personnes à l’avenir, estime
Amnesty international, dans ce
rapport sur la situation des droits
humains dans plusieurs pays, dont
Haïti.
De plus, aucun recours n’a été offert
par les autorités haïtiennes à ces
victimes d’expulsions forcées.
« La majorité des personnes
déplacées, qui ont quitté les camps,
l’ont fait spontanément ou après
avoir reçu une allocation-logement
pour une période de 12 mois »,
critique le rapport.
Opération mise en place par le
gouvernement, en vue de faciliter le
relogement des familles déplacées
de 6 camps de la capitale dans leurs
quartiers d’origine (16 quartiers), le
projet 16/6 est vu comme un outil
d’instrumentalisation politique et
un mécanisme pour reproduire
les mêmes structures fragiles,
existantes avant le tremblement de
terre du 12 janvier 2010.
En janvier 2015, pas moins de 80
mille personnes étaient encore sans
abri, logées dans des camps, 5 ans
après.
En plus des expulsions dans les
camps, des maisons de plusieurs
propriétaires ont été démolies,
en mai 2014, sur ordre du
gouvernement actuel, au centre de
la capitale Port-au-Prince.
Des centaines de familles se
sont retrouvées sans abri,
rappelle l’organisation Amnesty
International. « La vaste majorité
des personnes touchées n’avaient
pas reçu de préavis suffisant au
sujet de la démolition et seule une
minorité réduite de propriétaires
avaient reçu une indemnisation
au moment de la démolition »,
déplore-t-elle.
Amnesty international pointe
également du doigt, dans son
nouveau rapport 2014-2015, les
menaces et agressions subies par
des défenseurs de droits humains
dans l’exercice de leur métier et
le manque d’indépendance du
système judiciaire.
En ce qui concerne ces actes, dans la
plupart des cas, « les autorités n’ont
pas mené d’enquêtes approfondies
dans un délai raisonnable, ni
fourni des mesures de protection
efficaces », mentionne Amnesty
International.
Jusqu’à date (juin 2015), aucune
information ne circule sur
l’enquête concernant la mort du
coordonnateur de la Plateforme
des organisations haïtiennes de
droits humains (PPOHDH), Daniel
Dorsainvil, et de son épouse Girldy
Larêche.
Un rapport d'Amnesty International fait état
d'un manque de protection des droits humains
Sources : Alterpresse
LUNDI 22 JUIN 2015 N0
22 | 7
ACTUALITÉ
8. 8 | N0
22 LUNDI 22 JUIN 2015
MONDE
ETATS-UNIS
L
armes, chants et dénoncia-
tion du « diable »: l’église de
Charleston, en Caroline du
Sud, a accueilli dimanche ses
paroissiens pour un premier service
religieux depuis le massacre mercredi
dans cette ville des Etats-Unis de neuf
Noirs abattus par un jeune supréma-
tiste blanc.
Cette tuerie raciste, l’une des
pires de l’histoire récente des
Etats-Unis, a choqué une partie de
l’Amérique et relancé les contro-
verses tant sur les tensions racia-
les latentes que sur la législation
des armes à feu ou encore sur la
place du drapeau confédéré du
Sud historique.
Plusieurs centaines de personnes,
blanches et noires, occupaient dès
09H30 (13H30 GMT) les bancs
de l’Emanuel African Methodist
Episcopal Church, la plus vieille
église de la communauté noire de
Charleston, lieu emblématique
pour les droits civiques, et théâtre
du bain de sang mercredi soir pro-
voqué par le jeune Dylann Roof.
Des centaines d’autres fidèles et
badauds, principalement blancs,
étaient aussi massés, faute de
place, à l’extérieur de l’église, d’où
ils pouvaient entendre, grâce à des
hauts-parleurs, le long discours
du pasteur John Gillison et les
chants religieux.
Une chorale de gospel a chanté
plusieurs minutes face à une foule
calme, parfois émue aux larmes.
La cérémonie, très forte en émo-
tions, a été retransmise pendant
près de deux heures par les télévi-
sions américaines.
Le révérend Gillison a maintes fois
fait référence, sans le nommer, à
Dylann Roof, le tueur présumé de
neufs paroissiens noirs, et qui a
été inculpé et maintenu en déten-
tion.
Mercredi, Dylann Roof, 21 ans,
s’était introduit dans une soirée de
lecture biblique de l’église. Après
avoir sagement assisté à une heure
d’étude, le jeune homme s’était
levé et a ouvert le feu, touchant
à plusieurs reprises ses victimes.
Le diable est rentré
Les paroissiens « étaient dans la
maison du seigneur, étudiant ses
paroles, priant les uns avec les
autres », a clamé le dignitaire reli-
gieux. « Mais le diable est aussi
rentré.
Et il a sans aucun doute essayé
de prendre le contrôle. Mais grâce
à Dieu, alléluia (...) il ne pouvait
pas contrôler vos fidèles. Et il ne
pouvait pas s’emparer de votre
église », s’est exclamé M. Gillison.
Le pasteur de la paroisse, Clem-
enta Pinckney, élu démocrate du
Sénat de Caroline du Sud, a été
tué mercredi soir, ainsi que deux
hommes et six femmes, âgés de
26 à 87 ans.
En mémoire aux victimes, les
cloches d’une vingtaine d’églises à
et autour de Charleston ont sonné,
tout comme des dizaines d’autres
aux Etats-Unis.
Samedi déjà, plusieurs manifesta-
tions avaient secoué la Caroline
du Sud.
Des milliers de personnes s’étaient
rassemblées à Columbia, capitale
de l’Etat et siège du parlement
local, devant lequel flotte toujours
le drapeau confédéré, symbole
controversé du sud esclavagiste
des Etats-Unis, défait lors de la
Guerre de sécession (1861-1865).
Les manifestants étaient venus
exiger le retrait de ce drapeau,
qui n’avait pas été mis en berne
en hommage aux victimes après la
tuerie, contrairement au drapeau
fédéral, la bannière étoilée, ou au
drapeau de la Caroline du Sud.
Symbole durable de la fierté et
de l’héritage du Sud pour ses
partisans, le drapeau confédéré
représente le racisme et la théorie
de la suprématie blanche pour ses
détracteurs.
Une autre manifestation s’est
tenue samedi soir, à Charleston,
à l’appel du mouvement « Black
Lives Matter » (« La vie des Noirs
compte »).
La découverte samedi d’un site
internet attribué à M. Roof a égale-
ment fourni un éclairage sur le
massacre. On y voit le jeune Blanc
brûler la bannière étoilée et bran-
dir le drapeau confédéré, mais
surtout, dans un manifeste bourré
dfautes d’orthographe, justifier a
priori son crime par sa haine des
Noirs.
Le FBI a assuré qu’il travaillait
à l’authentification du site, qui,
selon des médias américains,
aurait été ouvert en févier au nom
de Dylann Roof.
Le texte en dit long sur l’état
d’esprit et la motivation du jeune
homme, sorti du système scolaire
après la 3e et chômeur au moment
des faits.
« Je n’ai pas le choix (...) J’ai
choisi Charleston parce que c’est
la ville historique de mon Etat et
qui a eu à un moment le ratio le
plus élevé de Noirs par rapport
aux Blancs dans le pays », peut-
on lire.
« Nous n’avons pas de skinheads,
pas de véritable KKK (Ku Klux
Klan), personne ne fait rien d’autre
que de parler sur l’internet.
Quelqu’un doit avoir le courage
de le faire dans le monde réel et
j’imagine que cela doit être moi »,
ajoute l’auteur avant de se lancer
dans une série de diatribes rac-
istes contre les Noirs “stupides et
violents”.
Le drame de Charleston a égale-
ment provoqué la colère du pré-
sident Barack Obama qui a de
nouveau réclamé de légiférer sur
les armes.
Endeuillée, l'église de Charleston
dénonce la tuerie du « diable »Sources : AFP
L’église de Charleston a ouvert ses portes pour un premier service religieux depuis la tuerie de mercredi. / Photo : DAVID GOLDMAN / POOL / AFP
9. LUNDI 22 JUIN 2015 N0
22 | 9
MONDE
ISRAËL/PALESTINE
MEXIQUE
Dix morts lors d'une fusillade près de Monterrey
Sources : AFP
E
n tournée au Proche-Orient,
Laurent Fabius compte relanc-
er les discussions entre Israël
et la Palestine. Le ministre des
Affaires étrangères français reproche
à l’Etat hébreu son occupation de la
Cisjordanie.
Le chef de la diplomatie française
Laurent Fabius a entamé samedi
une tournée au Proche-Orient, où
il veut relancer des négociations
israélo-palestiniennes moribond-
es, en estimant que la poursuite
de la colonisation en Cisjordanie
occupée faisait reculer les espoirs
de paix.
Reprendre les pourparlers israélo-
palestiniens interrompus depuis
plus d’un an sous une égide
internationale et dans un calen-
drier précis: telle est l’ossature
du projet qu’entend défendre le
ministre français au cours de son
quatrième voyage dans la région
depuis 2012. « Il faut que la sécu-
rité d’Israël soit assurée complète-
ment, c’est tout à fait essentiel, » a
annoncé d’emblée Laurent Fabius
au Caire, ajoutant immédiate-
ment: « il faut en même temps que
les droits des Palestiniens soient
reconnus, parce que s’il n’y a pas
de justice, il n’y a pas de paix. Et
de ce point de vue-là, quand la
colonisation avance, la solution
des deux Etats recule ».
Pas d’illusions
Cette dernière phrase, la veille
de son arrivée à Jérusalem, est
un pari risqué pour la réussite de
son périple, en Egypte, en Jor-
danie, dans les Territoires pales-
tiniens puis en Israël, tant le sujet
déclenche d’ordinaire les foudres
de l’Etat hébreu, qui poursuit sa
politique de construction de nou-
veaux logements en Cisjordanie
occupée, y compris à Jérusalem-
Est.
La communauté internationale
considère cette colonisation
comme illégale et un obstacle
majeur à la reprise du processus
de paix. « Ce n’est pas la seule
pierre d’achoppement mais, si
on veut la solution de deux Etats,
la seule praticable, comme le
reconnaissent d’ailleurs les deux
parties, la colonisation, si elle
se développe, risque de rendre
impossible physiquement cette
solution », a développé plus tard
le ministre des Affaires étrangères.
Il doit se rendre dimanche à
Amman, puis à Ramallah, Jéru-
salem et Tel Aviv.
Pour autant, Paris ne se berce
pas d’illusions sur les résultats de
cette tournée. L’idée est de pouss-
er à une reprise des négociations,
mais « on en est loin aujourd’hui
», concède un diplomate français
déplorant une « inertie mortifère
». Le contexte n’est pas favor-
able: le Premier ministre Benja-
min Netanyahu dirige depuis mai
un des gouvernements les plus à
droite de l’histoire d’Israël, une
coalition fragile dont une partie
pousse à l’accélération de la
colonisation, certains ministres
s’étant prononcé contre la solu-
tion à deux Etats.
Côté palestinien, le président
Mahmoud Abbas, affaibli, fait
face à une crise politique et n’a
pu mener à bien la réconciliation
entre son parti le Fatah, au pouvoir
en Cisjordanie, et les islamistes du
Hamas, qui dirigent la bande de
Gaza. L’activisme de la France sur
la question israélo-palestinienne,
qui relève du pré-carré améric-
ain, s’est réveillé après l’échec,
en avril 2014, d’une médiation
de neuf mois du secrétaire d’Etat
John Kerry.
Ne rien faire conduirait
à l’embrasement
L’idée principale, « c’est qu’il
faut que les parties reprennent
les négociations », a martelé
Laurent Fabius au Caire. « Il ne
s’agit pas de faire la paix sans les
parties, il s’agit d’inciter les par-
ties à faire la paix », a-t-il pour-
suivi. « Depuis 40 ans, il y a eu
parfois des négociations mais
elles n’ont jamais abouti, donc
il faut sans doute réfléchir à un
certain nombre d’adaptations de
la méthode », estime le ministre
français. Il a proposé samedi à la
Ligue arabe, qui siège au Caire,
la « création d’un comité interna-
tional de soutien » aux négocia-
tions, comprenant « les membres
permanents du Conseil de sécurité
de l’ONU et des représentants de
l’Union européenne et des pays
arabes ».
« Et puis il faut enfin que, le
moment venu, tout cela soit enté-
riné par la communauté interna-
tionale et pourquoi pas par une
résolution des Nations unies »,
a plaidé le chef de la diploma-
tie française, concluant: « dans
tous les cas nous pensons que
ne rien faire ce serait prendre
le risque de l’enlisement et de
l’embrasement ». Un projet de
résolution nécessite cependant
l’aval des Etats-Unis. Or, une
résolution palestinienne présen-
tée au Conseil de sécurité et
soutenue par la France, prévoy-
ant un accord de paix dans les 12
mois ainsi que le retrait israélien
des Territoires occupés avant fin
2017, avait échoué fin décembre,
certains des membres, dont les
Etats-Unis, ayant voté contre.
« Cela ne sert à rien de proposer
une résolution qui se heurterait
à tel ou tel veto », a ainsi estimé
Laurent Fabius.
Mais Paris veut croire que de
récentes déclarations américaines
assurant que Washington pourrait
réévaluer sa position de soutien
indéfectible à Israël à l’ONU, « est
une ouverture inédite qu’il faut
exploiter ».
Laurent Fabius reproche à l'Etat hébreu
d'empêcher la paix
Sources : LEXPRESS.fr avec AFP
Le ministre des Affaires étrangères
Laurent Fabius. / Photo: afp.com/
FRANCOIS GUILLOT.
D
ix personnes ont été tuées
vendredi lors d’une fusillade
dans un entrepôt de bière,
près de Monterrey, dans le
nord du Mexique, selon les autorités
locales.
Plusieurs hommes armés sont
arrivés à bord de deux véhicules
et ont ouvert le feu sur des per-
sonnes à l’intérieur de ce local,
vers 20h00 GMT, dans la ville de
Garcia, selon le procureur de l’Etat
de Nuevo Leon, Javier Flores.
Les autorités privilégient la piste
d’un règlement de compte entre
deux bandes criminelles selon le
procureur, qui a précisé que sept
kilos de marijuana avaient été
retrouvés sur place.
Sept personnes sont mortes durant
l’attaque et trois ont succombé à
leurs blessures à l’hôpital, selon
M. Flores. Plusieurs des victimes
ont été retrouvées nues ou à
moitié nues, a-t-il précisé.
Des enquêteurs, sous couvert
d’anonymat, ont indiqué que
d’anciens membres du cartel
des Zetas utilisaient ce lieu pour
organiser leur trafic.
La police locale avait dans un
premier temps décrit l’endroit
comme un bar.
La ville de Garcia (145 000
habitants) est le fief du nouveau
gouverneur de l’Etat de Nuevo
Leon, Jaime Rodríguez alias « El
Bronco » (« La grande gueule »).
Jaime Rodríguez est devenu le
premier gouverneur indépendant
de l’histoire du Mexique lors des
élections locales et législatives
du 7 juin dernier. Sa lutte contre
le cartel des Zetas, lorsqu’il était
maire de Garcia, lui a valu une
grande popularité dans la région.
« El Bronco » affirme avoir survé-
cu à cette époque à deux tenta-
tives d’assassinat. Sa fille, alors
âgée de 2 ans, aurait par ailleurs
été brièvement enlevée.
Le leader du cartel des Zetas,
Omar Trevino, alias « Z-42 », a
été arrêté en mars dernier dans la
banlieue de Monterrey.
Son groupe criminel est notam-
ment accusé d’avoir incendié en
2010 le casino de cette ville, pro-
voquant la mort de 52 personnes.
Situé à la frontière avec les
Etats-Unis, le riche Etat indus-
triel de Nuevo Leon est le théâtre
d’affrontements violents entre les
cartels pour le contrôle des routes
de la drogue.
11. LUNDI 22 JUIN 2015 N0
22 | 11
ÉCONOMIE
L
e coût net des enfants est plus
élevé pour le parent qui n’en
a pas la garde, en général le
père, observe France Stratégie
qui propose un système pour “mieux”
partager les charges liées aux enfants.
France Stratégie a publié, jeudi
18 juin, une note de synthèse
consacrée au partage des charges
liées aux enfants après un divorce
ou une séparation.
Il en ressort que les deux parents
perdent en niveau de vie, mais
que le coût net des enfants est
plus élevé pour celui qui n’en a
pas la garde une fois les aides
ajoutées et les impôts déduits.
Un vrai phénomène de société
puisque chaque année plus de
150.000 couples avec enfants
mineurs se séparent, ce qui donne
lieu à un contentieux important
surtout pour déterminer le mon-
tant de la pension alimentaire.
C’est presque toujours le verse-
ment de ladite pension alimen-
taire qui répond aux exigences de
l’article 371-2 du code civil selon
lequel “chacun des parents con-
tribue à l’entretien et à l’éducation
des enfants à proportion de ses
ressources, de celles de l’autre
parent, ainsi que des besoins de
l’enfant”.
Il s’agit bien des charges directe-
ment liées aux besoins vitaux de
l’enfant (nourriture, logement,
etc) et non d’une prestation com-
pensatoire qui permet de “com-
penser la disparité que la rupture
du mariage a créé dans les condi-
tions de vie respective” des deux
ex-époux.
Les pères sont les perdants
Dans les faits, la pension alimen-
taire est en général versée par le
père. En effet, les affaires passées
devant un juge en 2012 ont abouti
à ce que 73% des enfants résident
chez leur mère, 17% en résidence
alternée et 10% chez leur père.
Pour aider à évaluer le montant
de cette prestation, le ministère
de la Justice a établi un barème
indicatif en 2010.
La pension y est calculée comme
une proportion du revenu du
parent non gardien qui dépend
du mode de garde et du nombre
d’enfants. Avec un enfant, son
montant est évalué à 18% des
revenus du parent non gardien
dans le cas d’une garde réduite
(où le parent ne voit quasiment
pas son enfant) ; à 13,5% dans
le cas d’une garde classique (un
week-end sur deux et la moitié des
vacances scolaires) ; et à 9% en
cas de garde alternée. “Ce barème
n’est comme son nom l’indique,
qu’indicatif, insiste Me Laurence
Mayer, avocate au barreau de Paris
spécialisée en droit de la famille.
La cour de cassation a d’ailleurs
sanctionné une décision qui ne
s’était basée que sur le barème
pour déterminer le montant de
la pension”. (Cour de cassation
23 octobre 2013, 1ère chambre
civile) “C’est le travail des conseils
et des juges de gérer leurs dos-
siers avec la minutie nécessaire
pour déterminer les montants
à verser le plus en corrélation
avec la réalité et les possibilités
de chacune des parties”, ajoute
l’avocate. Sachant qu’avec ou sans
enfants, la vie de couple permet
en effet de mettre en commun
revenus et dépenses et de béné-
ficier d’économies d’échelle qui
disparaissent avec la séparation.
Un barème rarement appliqué
par les juges
France Stratégie a comparé les
montants décidés par les juges
avec ceux qui découleraient
d’une application du barème.
L’organisme de réflexion et de
recommandations au gouverne-
ment, rattaché à Matignon, est
parti du postulat que sur les
126.000 décisions rendues par
les juges des affaires familiales en
2012 et qui concernent 200.000
mineurs:
- pour un quart d’entre elles (32%
des enfants), aucune contribu-
tion n’a été fixée (pour la grande
majorité, il s’agit des cas de rési-
dence alternée et de résidence
habituelle chez le père).
- pour l’ensemble des pensions
alimentaires versées, le montant
moyen s’élève à 170 euros par
mois et par enfant.
Mais les auteurs de l’étude ont
remarqué que les montants fixés
par les juges sont en moyenne
légèrement inférieurs à ceux qui
découleraient du barème. Face à
cela, Madhi Ben Jelloul et Pierre-
Yves Cusset proposent trois pistes
pour coller davantage à la réalité:
- de modifier la législation socio-
fiscale pour qu’elle s’adapte mieux
à la situation des parents séparés,
notamment des plus démunis.
“Par exemple, en donnant une part
fiscale au parent non gardien ou
en instaurant des allocations loge-
ment pour le parent non gardien”,
note Pierre-Yves Cusset. L’un des
enjeux serait que les parents non
gardiens puissent exercer leur
droit de visite et d’hébergement
dans de bonnes conditions.
- de modifier la table de référence
pour le calcul des pensions ali-
mentaires pour avoir une méthode
de calcul en cohérence avec un
critère d’équité accepté.
- a minima, de proposer aux juges
et aux parents un outil permettant
de simuler la situation financière
des deux ménages issus de la
séparation, en intégrant l’impact
du système socio-fiscal. France
Stratégie et Etalab ont d’ailleurs
développé un logiciel de micro-
simulation OpenFisca qui répond
à l’ensemble de ces critères. Ce
système applique le barème de la
Chancellerie pour la pension ali-
mentaire mais prenant en compte
les effets des économies d’impôts
et prestations sociales liées aux
enfants.
S’il est consultable en ligne, cet
outil n’est pas vraiment adapté
au grand public en ce sens qu’il
ne permet pas de faire les com-
paraisons nécessaires à chaque
situation, les utilisateurs devant
faire plusieurs manipulationscor-
respondant aux situations de par-
ents en couple, parent divorcé
avec garde, etc. “Pour l’heure,
c’est une sorte de base”, indique
Pierre-Yves Cusset qui s’en est
servi pour détailler un certain
nombre de situations:
Pour un couple où chacun des par-
ents gagne 1,5 Smic et qui a deux
enfants de moins de 14 ans en
garde “classique”, le parent ayant
la garde de l’enfant bénéficie d’un
avantage socio-fiscal de 4.225
euros, alors que le parent non
gardien ne bénéficie que de 557
euros, correspondant à la déduc-
tion de la pension alimentaire de
ses revenus imposables.
Lorsqu’ils vivaient en couple, les
parents consentaient à eux deux
un sacrifice de niveau de vie de
23% par rapport à une situation
sans enfants.
Après la séparation, toujours en
garde classique, ce sacrifice est
de 23% pour le parent gardien et
31% pour l’autre parent.
En garde alternée, il est de 4%
pour le parent bénéficiant de la
pension alimentaire et de pres-
tations sociales ne pouvant faire
l’objet d’un partage (allocation de
rentrée scolaire par exemple), et
de 31% pour l’autre.
Comment fixer la pension
alimentaire pour un enfantSources : challenges.fr
LÉGISLATIONSOCIO-FISCALE
Comment fixer la pension alimentaire pour un enfant.
13. LUNDI 22 JUIN 2015 N0
22 | 13
SOCIÉTÉ
S
elon le maire Anthony
Josaphat, plus d’un millier
d’enfants ne détiennent pas
de documents d’identification
dans sa commune. Une enquête réali-
sée en début d’année a permis d’en
identifier plus de 700 non enregistrés
au bureau de l’État civil de Plaisance
ou sans actes de naissance.
«Unesituationalarmantequibloque
l’accès à l’éducation, à l’obtention
de documents de voyage et qui,
de surcroit, rend les enfants plus
vulnérables à la traite », a déploré
Yves-Gérard Olivier, directeur
adjoint du Projet HPP AKSE qui
apporte un soutien technique à
la mise en place d’une base de
données permettant à la mairie de
mieux orienter ses interventions
futures, ainsi que dans la mise sur
pied d’un comité mixte de suivi
société civile/autorités locales pour
proposer et mettre en œuvre des
solutions structurelles et durables.
Melissa Rosser, directrice du Bureau
de démocratie et gouvernance à
l’USAID s’est félicitée de la synergie
réalisée entre les différents acteurs
étatiques en vue d’offrir un service
qui concoure à la protection des
enfants.
Le représentant du ministère de la
Justice, Me Jean Robert Taccyl a
rappelé à la population de Plaisance
que par décret présidentiel en
date du 16 janvier 2014 (effectif
jusqu’au 16 janvier 2019) toute
personne âgé de 25 mois et plus
doivent obtenir gratuitement leur
acte de naissance.
Il en a profité pour demander aux
parents de porter plainte au Parquet
si jamais un officier d’État civil ou
clercs exigeaient un quelconque
frais. Et pour ceux qui auraient déjà
été victimes d’abus de la part de ces
derniers M. Taccyl les a invités à
venir le voir personnellement pour
porter plainte.
Pour les enfants de moins de 25
mois, il a rappelé aux intéressés
que les frais pour l’obtention de
l’acte de naissance ne doivent, en
aucun cas, dépasser 50 gourdes.
Le représentant du ministère de
la Justice a fait ces déclarations
dans l’espoir de couper court aux
mauvaises pratiques courantes
dans les régions reculées du pays.
Pour marquer son intérêt pour
le projet de promotion du droit
à l’identité M. Sony Aurélien,
représentant du ministère des
Affaires Sociales a révélé qu’il
était lui-même une victime et que
c’est suite à un jugement qu’il a pu
obtenir un document en bonne et
due forme. Il a rappelé que le projet
va continuer jusqu’à ce que chaque
enfant ait un acte de naissance.
Pour les enfants qui reviennent
de la République dominicaine M.
Aurélien a rappelé qu’ils peuvent
aussi pleinement profiter des
dispositions du décret du 16
janvier 2014.Selon l’enquête
mortalité, morbidité et utilisation
des services du ministère de la
Santé publique (EMMUS V, 2012)
les données à l’échelle nationale
révèlent que pour huit enfants sur
dix, la naissance a été enregistrée
à l’État civil.
Cependant seulement 73% des
enfants haïtiens ont effectivement
reçu leur acte de naissance. Et
les communautés rurales sont
beaucoup plus affectées.
Comme causes, les Officiers d’État
civil avancent que le ministère de
la Justice n’envoie pas à temps, ou
en quantité suffisante les registres
et les formulaires de naissances.
Ils dénoncent aussi un personnel
insuffisant ou incompétent et
plaident pour avoir plus de clercs
formés en support.
« J'ai enfin reçu mon acte
de naissance à l'âge de 16 ans »par Vantz Brutus
HAÏTI/PLAISANCE/DROITÀL’IDENTITÉ
Louisemica Similien. / Photo:
Louisemica Similien a obtenu son acte de naissance à l’âge de 16 ans. C’est le maire de la ville qui le lui a remis en
compagnie de représentants du ministère de la Justice, des Affaires Sociales, de plusieurs officiers d’État civil du
département du Nord, des membres de Casec et Asec, des représentants de l’USAID et de HPP AKSE partenaires
de mise en œuvre d’un projet pilote de promotion du « droit à l’identité » dans la commune de Plaisance.
Louisemica fait partie des 200 enfants qui ont reçu, le 18 juin, ce document d’identité grâce à une coordination
accrue entre les différents acteurs impliqués.
14. 14 | N0
22 LUNDI 22 JUIN 2015
SOCIÉTÉ
Diable à morne Tapion :
vérité, mythe ou mensonge ?Par Ritzamarum Zetrenne
Y a-t-il un diable à morne Tapion qui provoque les accidents de la circulation ? Situé à l’entrée de la commune de
Petit-Goâve, morne Tapion est l’un des endroits du pays les plus réputés pour les accidents de la circulation. Les
accidents y sont tellement fréquents qu’on explique cela par l’existence d’un éventuel diable qui sortirait à besoin
pour étancher sa soif de sang. Y a-t-il réellement un diable à morne Tapion ?
1
3 avril 2015. Je suis en bus
pour rentrer à Port-au-Prince.
Arrivé à morne Tapion, la cir-
culation est bloquée. Tout le
monde descend. Voir ce qui se passe
est la seule motivation des passag-
ers. Moi aussi. Une dame est passée à
côté du bus : « mezanmi !! O ! O ! ».
Elle geint. Je comprends tout, surtout
quand elle ajoute : « gade moun ki
gaspiye ». Il y a un accident. Plusieurs
dizaines de blessés. Environ 8 morts.
Tragique.
Face à cette scène, il y a une voix
qui vient détourner toute mon
attention et m’emmène dans un
autre temps : « djab sa a p ap janm
fin bwè san mezanmi ! ». C’est une
quinquagénaire qui a certaine-
ment vu beaucoup d’accidents
de la sorte se produire au morne
meurtrier. Sa déclaration me
rappelle toutes ces fois que l’on
m’a raconté cette histoire quand
j’étais enfant.
Morne Tapion a un diable, et c’est
bien sûr ce dernier qui provoque
autant d’accidents en ce lieu.
Comme tout bon mythe, celui-ci
se renouvelle continuellement
comme pour dire « ce qu’on dit
n’est pas faux ».
Un jeune raconte ce que lui a dit
un vieillard concernant morne
Tapion : « un gros serpent est
apparu dans la rue alors qu’un
homme gravit le morne. Ce derni-
er a vite brandi son mouchoir
rouge, pris sa bouteille de rhum
et versé 3 coups par terre. Puis
le serpent est reparti et l’homme
a poursuivi son chemin ». « Cet
homme connait bien le diable du
morne », explique le vieillard au
jeune. Cela dit, les accidents se
produisent parce que les chauf-
feurs ne respectent pas tous le
diable qui habite la montagne.
Histoires vraies ? Anecdotes ? Je
sais seulement que « ces trucs »
marchent ! Beaucoup se rappel-
lent encore quand ils eurent à
escalader morne Tapion pour la
première fois. Cette impression
d’avoir à dire « bonjou tonton djab
» qui débouche sur une soif de
dormir tout le long du voyage. Ou
encore cette envie de crier comme
un fou une fois arrivé au pied du
morne « djab, m pa pè w ».
Le mythe est bel et bien présent
encore aujourd’hui. « Bizarre-
ment beaucoup de ces accidents
se produisent à la période pascale
», m’ont fait remarquer certains
habitants de la zone. « Djab la
gen lè l pou l manje », disent-ils.
Mais est-ce qu’en plein 21e siècle,
l’on doit encore expliquer les
phénomènes par des mythes ? Ne
devrait-on pas de préférence cher-
cher des explications rationnelles
aux phénomènes qui marquent
notre quotidien ? Les mythes
semblent nous décharger de notre
responsabilité dans ce qui arrive.
S’il y a un diable qui provoque
les accidents, aucun haïtien n’est
responsable des victimes du
morne Tapion. Mais, et si c’était
vrai ? Bien sûr que c’est vrai. Il
y a un diable à morne Tapion, du
moins des diables. Voyons ça !
On a déjà mentionné l’accident
du 13 avril de cette année. Mais
on n’en a pas encore mentionné la
cause. Tous ces gens ont été tués
parce qu’un camion voulait dou-
bler un autre. Ils ont finalement
fait une collision. 9 septembre
2014. Un autre accident à morne
Tapion a tué 23 personnes et a
fait 37 blessés. Un bus faisant le
trajet Port-au-Prince/Jérémie a
dévalé une colline puis s’est ren-
versé dans un ravin après que ses
freins aient lâché. L’on sait tous
que ces bus transportent autant
de personnes que de sacs. 7 avril
2012.
Un accident a fait une trentaine
de morts et 40 blessés. Causes
: encore les freins. Le bus qui
devait se rendre à Saint-Louis du
Sud bondé de personnes et de
produits de toute sorte s’est ren-
versé alors qu’il défilait à grande
vitesse. Pas besoin d’en citer plus.
L’essentiel est de constater que
tous ces accidents sont produits
par presque les mêmes causes :
collision, freins, soubresaut…
Alors, je dis oui, oui il y a un
diable. Mais ce diable n’habite pas
morne Tapion. Ce diable habite
les autorités, mais aussi les chauf-
feurs. Ce diable, c’est bien sûr
l’indifférence et la négligence.
Indifférence de nos autorités qui
n’ont jamais pris des mesures pour
diminuer le nombre d’accidents
sur nos routes, pas seulement à
morne Tapion.
Négligence de nos chauffeurs qui
ne vérifient pas leurs camions
avant de prendre la route. Tuez
ce diable, en fait ces diables, et je
parie que morne Tapion ne fera
plus de victimes.
HAÏTI-CIRCULATION
Vue partielle du morne-tapion. / Photo : haiti.ikaly.htZ
Morne tapion.
15. LUNDI 22 JUIN 2015 N0
22 | 15
SOCIÉTÉ
P
ar comparaison aux généra-
tionsprécédentes,l’onnepeut
plus nier ce brusque change-
ment qui s’opère dans la vie
amoureuse des jeunes d’aujourd’hui.
L’on a comme l’impression que tout
est lié aux conjonctures politiques
du pays, et que, trente ans plus tard,
nous sommes en train de vivre ce que
l’on pourrait appeler une véritable «
révolution » sur le plan sentimental,
chambardant ainsi nos mœurs et nos
us d’antan. Les plus conservateurs,
les nostalgiques diront que nous
nous convergeons tout droit vers
l’effritement de nos valeurs, lesquelles
constituaient, jadis, tout ce qui nous
restait de dignité humaine.
Il n’est plus question aujourd’hui
d’écrire des lettres ou des poèmes
pour celui qui souhaite conquérir
le cœur de sa dulcinée. Il sera vu
comme un « mawozo », un pantin,
le jeune qui envisage d’inviter sa
copine à dîner, au cinéma ou à
un quelconque endroit où ils
profiteraient de bons moments
d’intimité. Les bouquets de fleurs,
les cartes de vœux, ne sont plus à
l’ordre du jour, même durant les
périodes de la Saint-Valentin.
À entendre nos aînés, tout est pra-
tiquement beaucoup plus facile
qu’auparavant : « Autrefois, pour
séduire une jeune femme, cela
prenait des mois et même des
années avant d’y parvenir, racon-
te, le visage empreint de nostalgie,
un père de famille d’un certain
âge. Et maintenant, un simple
flirt de quelques heures suffit à
satisfaire des désirs oh combien
éphémères ! ». Sommes-nous plus
habiles dans l’art de la séduction
? Pas certain que les réponses
feront l’unanimité.
Blòdè pa nan bese triye
sa l jwenn li pran
Ce slogan à succès était fredonné
sur toutes les lèvres dans diverses
régions du pays entre la fin de
l’année 2010 et le début de l’année
2011. L’idée est de « jeter ses filets
et de ramasser tout ce qui bouge
». L’essentiel, c’est d’éviter de
rentrer bredouille. Cette concep-
tion des états des choses illustre
quelque peu la perception qui fait
croire que les jeunes sont davan-
tage « pragmatiques » que « pas-
sionnés » dans leurs relations.
Autant dire qu’il est fort difficile
de trouver un couple de jeunes
dont les fondements sont les fruits
d’un amour vrai.
Certains de ces couples ressem-
blent aujourd’hui à des magasins
de « prêt-à-porter » où l’on essaye
des vêtements à longueur de
journée, pour finalement repartir
les mains vides, accusant les prix.
L’endroit ne représente plus un
obstacle pour les retrouvailles.
Quand il n’y en a pas, l’on se crée
un décor. « On s’aime partout
», comme l’a si bien dit Fabien
Marsaud (Grand Corps Malade). À
l’école, à l’église, dans l’enceinte
des universités (ce qui est très
courant), au restaurant, chez
des amis… D’autant plus que «
l’amour a ses maisons que les par-
ents ignorent ».
Aussi la meilleure sanction que
l’on peut infliger à son enfant, est-
elle de l’empêcher de participer à
un « after school zo-kiki », à un «
ti sourit » ; car c’est là que tous
les rêves se réalisent, que tous les
projets se matérialisent, que tous
les désirs sont satisfaits.
La Génération Internet
Avec l’avènement des nouvelles
technologies, nos rapports avec
le monde sont bouleversés, et
particulièrement pour la nou-
velle génération, celle que Jean-
Claude Kaufmann – sociologue et
chercheur au CNRS – appelle la «
Génération Internet ».
Ainsi, avec le pullulement des
sites de rencontre, des réseaux
sociaux, il est presqu’impossible
d’imaginer un couple de jeunes
sans que les amants ne disposent
de l’un de ces comptes ; car, en
lieu et place des promenades
dominicales, des pique-niques…,
c’est l’un des meilleurs outils de
communication leur permettant
de rester en contact en perma-
nence. Pour certains, rien n’existe
en dehors de Facebook ou de
WhatsApp. C’est toute une nou-
velle vie (virtuelle) qui commence
pour eux, et tout se résume à cela :
les selfies, les vidéos, les mentions
« j’aime », les notes audio…
Dis-moi quel est ton statut,
et je te dirai qui tu es
Célibataire ? En couple ? Marié
(e) ? L’on se soigne à bien con-
struire son profil. Et plus l’on est
« disponible », plus l’on augmente
ses chances. C’est l’occasion en or
d’officialiser une relation.
C’est peut-être également une stra-
tégie pour alimenter des rumeurs
(move siyal) ou de susciter des
jalousies… qui sait ? Ce qui est
sûr, ce genre de statut ne passe
pas inaperçu. Aujourd’hui l’amour
chez les jeunes se conçoit d’une
tout autre manière.
Il faut croire que les temps
changent, et forcément l’amour
avec…
L'amour chez les jeunes d'aujourd'huipar Romaric Fils-Aimé
De nos jours, le concept « amour » semble avoir une toute nouvelle connotation, chez les jeunes, que ce qu’il
fut il y a trente ans de cela. Dans les bars, dans les familles, dans certains lieux publics…, ils sont plus d’un à se
plaindre de cette nouvelle vision du sentiment amoureux.
HAÏTI-JEUNESETSENTIMENT
Dans le Sud-est, les Anses-à-Pitres
reçoivent des refugiésPar Pierre-Paul Ancion
E
nviron six cents haïtiens vien-
nent de quitter volontairement
la République dominicaine
pour fuir les agressions des
dominicains. Ces citoyens vivent
actuellement dans des camps à
Tètalo dans la section communale
Boucan Guillaume et à Parc Cadeau
dans l’entrée des Anses-à-Pitres, selon
Ronald Delice, et Frantz Magellan
Pierre-Louis, deux des trois membres
de la commission de coordination de
la Protection civile dans le Sud-est.
« Le département du Sud-est se
prépare à recevoir beaucoup plus de
gens. Cette semaine une délégation
s’est rendue aux Anses-à-Pitres
pour identifier les potentiels abris,
évaluer leur capacité d’accueil.
Cette délégation avait également
pour mission de dénombrer les
réfugiés présents » explique le
secrétaire général de la délégation
du Sud-est, Frantz Magellan Pierre-
Louis.
La Protection civile envisage de
déplacer les 600 réfugiés recensés
aux Anses-à-Pitres, sur la frontière
haitiano-dominicaine pour les loger
à Thiotte, commune éloignée de la
frontière.
Selon Frantz Pierre-Louis, cette
mesure vise à empêcher la proli-
fération de camps d’hébergement
sur la frontière et à décourager les
gens à retourner en République
dominicaine.
Les réfugiés ne reçoivent pas encore
de support de l’État, cependant la
délégation du Sud-est planifie leur
accompagnement. Cette semaine,
une rencontre sera organisée à
l’extraordinaire par la délégation
et les directions départementales
de l’Administration publique pour
bâtir un plan d’accompagnement.
La population des Anses-à-Pitres et
ces réfugiés
Une partie de la population de la
commune des Anses-à-Pitres voit
en la présence de ces 600 citoyens,
une menace. Cette tranche croit
que l’insécurité va connaitre une
hausse dans les prochains jours.
« Dès leur arrivée dans la commune,
il nous faut 125 Gourdes pour
100 pesos et le prix de tous les
produits ont grimpé », commente
un propriétaire de Disco. Selon
Jean Rony, la population a peur de
la venue des rapatriés et réfugiés
dans sa commune.
« Dans les années 1990 une vague
de rapatriés s’est installée dans
une zone aménagée pour eux
qu’on appelle « Réfugié ». Sans
argent, ni profession, ces gens se
sont transformés en producteurs
et marchands de charbon de bois.
Ils ont déboisé la localité appelée
Boukara, se sont lancés dans le
vol, maintenant cette zone est
synonyme de banditisme, de misère
», relate Jean Rony.
Celui-ci précise qu’après
l’expérience de ces années-là, la
population des Anses-à-Pitres sou-
haite que leur commune soit tout
simplement un lieu de transit pour
les rapatriés et réfugiés.
Il aimerait que l’État haïtien donne
une réponse politico-économique
à la République dominicaine en
cessant de commercer avec la
RD au profit du renforcement du
commerce avec les autres îles de
la Caraïbe et en facilitant le retour
de la diaspora haïtien, du monde
entier, pour investir dans tous les
aspects de la vie sociale en Haïti.
16. 16 | N0
22 LUNDI 22 JUIN 2015
SOCIÉTÉ
I
l est des choses qui viennent et
qui ne durent guère, mais dont
le court passage attire toujours
le plus grand nombre. Il est des
choses qui changent comme chan-
gent et les jours et les heures…comme
change le temps. Il est des choses atti-
rantes, incitatrices…mais versatiles.
Oui, il est des choses chaud-lapin
qui vous séduisent au premier
regard et vous rejettent plus tard.
De ces choses : une. La mode. Ce
qui nous rend à la mode aujourd’hui
nous fera démoder demain, on le
sait. En dépit de tout, l’on reste
accroc à la mode.
UDe nos jours, en Haïti, les jeunes
cherchent inlassablement du swag.
À côté des multiples couleurs vives,
les plus vives : le skinny. Le pays
se « skinnyse » considérablement.
Adultes, jeunes… presque tout le
monde. À regarder le défilé des
passants chaque jour, à regarder
les élèves… de grâce, pardonnez
à celui qui penserait que le pays a
un embargo sur les tissus. Temps
de la guerre contre les « chemises-
parachutes », les « pantalons patte
fanfan ». Culte du « kole sou kò ».
Le skinny est la mode.
« On est plus beau avec un skinny »,
nous a avoué un jeune qui a refusé
qu’on mentionne son nom. Dans un
pantalon skinny, selon lui, on ne
saurait ne pas attirer l’attention des
autres. Cela dit, beaucoup de jeunes
se « skinnysent » dans l’ultime but
de capter l’attention des autres.
Qu’on objecte que l’on peut tout
aussi bien attirer l’attention avec
un pantalon « patte éléphant »
ou avec un « pied tambour ».
Evidemment ! L’on tournera en
dérision une personne qui aurait
porté de tels vêtements. De ce fait,
les « skinny boys » chercheraient
plutôt à gagner l’admiration des
autres. Et d’ailleurs, « les filles
adorent quand on est skinny »,
ajoute le jeune en souriant à ses
pairs présents lors de l’interview.
Dans les écoles secondaires, il
semble que désormais, ce ne sont
plus les élèves les plus brillants qui
sont les plus connus ou appréciés.
Les skinny boys sont les stars dans
les écoles.
David Léandre est un jeune
couturier qui vit à Bon-Repos, la
Plaine. Il a commencé à coudre à
Petit-Goâve depuis environ une
dizaine d’années.
On lui donne à « skinnyser » un
pantalon ou une chemise fréquem-
ment. Si autrefois on lui donnait
des aunes de toiles pour confection-
ner les vêtements, aujourd’hui on
lui donne que des fripes à rétrécir.
« Ils veulent à tout prix que tous
leurs vêtements soient des skin-
nys, nous informe David, surtout
quand ils ont à participer à un pro-
gramme ».
Le jeune couturier, qui voudrait
lancer sa carrière dans la mode,
s’étonne que « mêmes les jeunes
chrétiens suivent ce courant ». Le
phénomène skinny prend du champ
chaque jour dans le pays. Les jeunes
s’y plongent promptement.
Ils veulent être acceptés par leurs
pairs, trouver l’admiration des
autres, et surtout ils ne voudraient
pas être ridiculisés… ils veulent
bien « paraitre ». Mais dans cette
course au « Paraitre », quelle place
accordent-t-ils à l’« Etre » ?
« Je suis skinny, donc je suis »par Ritzamarum Zetrenne
HAÏTI/MODESKINNY
Depuis quelques temps, le skinny est apparu dans le pays. L’un des maillons de la question du swag, ce style
vestimentaire est devenu la mode. En effet, ils sont nombreux les jeunes à courir après ce nouveau style qui, on
dirait, confirme leur existence désormais.
Skinny Style.
17. LUNDI 22 JUIN 2015 N0
22 | 17
CULTURE
O
n est bien content de l’idée
que l’Etat puisse tempo-
rairement fermer quelques
sites historiques pour les
restaurer, les aménager, améliorer
leurs conditions et s’assurer de leur
pérennité. Cette logique de protec-
tion, de promotion et de conserva-
tion de la mémoire historique est plus
que souhaitable. Elle permettra aux
générations présentes et futures de
trouver des repères et une intelligence
politique dans des lieux laissés par
les ancêtres.
Après la conquête de son
indépendance, l’Etat haïtien avait
bien compris qu’il était dans les
possibilités militaires des états
racistes coloniaux européens de
revenir sur les lieux de leur crime
pour remettre dans les chaines
les fils et filles désormais libres
d’Haïti. Il a donc été bien pensé
par nos leaders de construire
un peu partout dans le pays des
Forts qui avaient pour mission
d’opposer une résistance armée
et stratégiques aux éventuelles
invasions d’armées ennemies.
C’est à l’affut de cette manière
de penser la défense de la
souveraineté d’Haïti que le Fort
Jacques, comme tant d’autres
forts, a été construit.
Le Fort Jacques: hôtel pour
débonnaires prolétaires
Malheureusement depuis plus-
ieurs années, le site du fort est
abandonné aux assauts de tous les
mauvais vents d’Haïti. Placé dans
les hauteurs de Fermathe dans un
climat très frais et très reposant,
beaucoup d’amoureux désœuvrés
en trop plein de fantasmes con-
vertissent systématiquement les
lieux en motel et déchetterie. On
y trouve entre mille petite pilles
d’ordures, des emballages de
capotes à droite et à gauche On y
va rien que pour ça. On s’organise
en bandes, on se trouve quelques
bières au passage, on loue un bus
et hop la caravane du sexe prend
les hauteurs. Sans aucun égard
pour la mémoire et le souffle révo-
lutionnaire du lieu.
Aujourd’hui restauration
disent-ils
Depuis plusieurs mois, le Fort est
fermé. On lit partout restauration
mais on y trouve de restauration
que l’écriture du mot. Le Fort est
dans un sérieux état de délabre-
ment et visiblement l’Etat ne fout
rien si ce n’est écrire en grandes
lettres Interdiction d’entrer pour
restauration.
Aussi, le Fort n’est en rien fermé
comme on ferme un lieu. Des
raketè sont aux aguets aux voies
d’accès. Il suffit de négocier. Entre
50 et 100 gourdes, le tour est joué.
On y a accès. Et on y fait ce qu’on
veut. On peut même y mettre le
feu ou tourner un film X.
A côté de tout ça, danse un certain
excès de zèle des inspecteurs de
l’ISPAN. Paulson Pierre-Philipe,
producteur d’une émission télévi-
sée qui fait la promotion de la lit-
térature contemporaine, se trou-
vait hier dimanche au Fort pour y
tourner son show.
Il n’était pas à l’intérieur du site,
mais un agent de l’ISPAN à la belle
chemise et aux grandes paires de
lunettes qui passait par là comme
hasard, la tête pleine de sa chef-
ferie, lui a bien fait comprendre
qu’il n’a pas accès au Fort pour y
faire quoique soi. Au producteur
de lui dire à raison d’aller dire ça
à ceux qui rançonnent les gens
à l’entrée et aux visiteurs qui
étaient déjà à l’intérieur quand lui
il n’était qu’aux alentours du Fort.
Il faut qu’on arrête de faire dans le
ridicule ici. On n’a pas le droit de
traiter notre mémoire de peuple
dans la propagande, l’excès de
zèle et le rançonnement.
S’il faut restaurer le Fort Jacques
et qu’il faille le fermer pour ça.
Fermons-le pour ça. Restaurons-
le. Arrêtons de mentir, de faire
semblant, arrêtons d’enterrer ce
pays.
Le Fort Jacques entre racket et restauration
Par Dangelo Néard
L’une des entrées du Fort.
L
e jeudi 18 Juin, la police natio-
naleaarrêtépourvandalismele
maestro Géré Roussan et trois
autres membres du groupe
Fresh Style Band. Cette bande à pied
ainsi que plusieurs autres, comme :
Bèl Plezi Band, Relax Band, Baguette
Magique manifestaient à travers les
rues de Jacmel depuis le mercredi 17
Juin pour exiger du comité organisa-
teur de l’édition 2015 du carnaval de
Jacmel, de la direction départemen-
tale du Tourisme et du ministère de
la Culture, la publication des résultats
du concours d’excellence organisé
durant le carnaval et la remise des
primes.
La première journée de manifesta-
tion s’est déroulée sans incident
regrettable, cependant le jeudi 18
Juin la violence s’est emparée des
manifestants en colère. Ceux-ci
ont vandalisé le Centre Conven-
tion de Jacmel, siège de la direc-
tion départementale du Tourisme,
et le lycée des Jeunes Filles, dirigé
par le président du comité du car-
naval 2015.
« La revendication des manifes-
tants est juste cependant, nous
ne pouvons pas tolérer la violence
dont ils ont fait montre. Le centre
Convention, le lycée Célie Lamour
sont des bâtiments publics, ils
n’ont rien à voir avec le carna-
val. Nous devons sécuriser nos
acquis et non les détruire » a, en
substance, commenté le délégué
départemental du Sud-est.
Les proches des citoyens
appréhendés demandent leur
libération. Cependant, l’opinion
de la population est partagée sur
ces arrestations.
wSelon les interventions faites sur
les ondes des stations de radio
de la ville, certains citoyens esti-
ment que la police ne devrait pas
arrêter uniquement des membres
du groupe Fresh Style Band. Pour
d’autres la police ne fait que son
travail.
Notons que le montant des
primes prévus est : deux cent
mille Gourdes pour le premier,
150 mille Gourdes pour le deux-
ième, et 50 mille Gourdes pour le
troisième.
Retirez de vos plans la perspective d’une petite excursion au sein de l’un des plus importants lieux de mémoire
de la résistance à l’esclavage en Haïti. En effet, depuis plusieurs mois, les portes du Fort Jacques sont fermées
aux visites. Sur ce qu’il reste de murs au Fort, on n’arrive à lire en grandes lettres : « Interdiction d’entrer. Le fort
est fermé pour des travaux de restauration. Ceux qui dérogeront à cette règle seront punis par la loi ». Mais dans
la vérité des lieux, on ne voit l’allure d’aucune restauration. Nous sommes de préférence dans une supercherie
publique.
Quatre membres du groupe Fresh Style Band arrêtés
Par Paul Ancion
L’ambiance instituée par une bande à pied.