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SOCIÉTÉ
SPORT
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Champ de Mars, un
véritable foyer sportif
pour les vacanciers
Par Lamy Obed
Haïti rencontre le
Trinidad-et-Tobago
en barrages !
par Gérald BordesP
ar souci de transparence, le
Pnud dit appliquer une poli-
tique de tolérance zéro vis-à-
vis des pratiques interdites,
telles que la fraude, la corruption, la
collusion, les pratiques contraires à
l’éthique et l’obstruction. « Le Pnud
s’est engagé à prévenir, identifier et
sanctionner l’ensemble des actes
frauduleux et de corruption commis
contre le Pnud et les tiers participant
aux activités du Pnud. »
Le Pnud s'est rachetéPar Noclès Débréus
HAÏTI / ÉLECTIONS / IMPRESSION DE BULLETINS
DU VENDREDI 24 AU DIMANCHE 26 JUILLET 2015 NUMÉRO 46
WWW.LENATIONAL.HT
QUOTIDIEN • 25 gourdesRÉPUBLIQUE D’HAITI
ACTUALITÉ
Les partis rejettent
la formule adoptée
HAÏTI / FINANCEMENT DE LA CAMPAGNE
Le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) semble avoir tiré
des leçons après les critiques acerbes essuyées suite à l’attribution sans appel
d’offres du contrat sur les matériels sensibles et non sensibles pour le premier tour
des législatives du 9 août. Pour les élections locales et la présidentielle qui doivent
avoir lieu respectivement les 25 octobre et 27 décembre 2015, l’organisme onusien
veut se racheter en lançant un appel d’offres ouvert qui accorderait la possibilité aux
entreprises nationales et/ou internationales de soumettre leurs dossiers.
La PNH a encore
un plan
Par Évens RÉGIS
2 | N0
46 DU VENDREDI 24 AU DIMANCHE 26 JUILLET 2015
TRIBUNE
Santo Domingo, 21 juillet 2015
Monsieur le Président,
Après avoir pendant quatre-
vingt douze (92) jours porté avec
honneur, respect, conscience et
patriotisme le bicolore national
sur le territoire de Duarte, Sanchez
et Mejia, j’ai l‘honneur de vous le
remettre sans souillure avec dans
ses plis glorieux le sentiment
patriotique d’avoir essayé d’être
utile.
Je vous prie de croire que
la décision de faire ce geste
symbolique n’est ni le fruit d’une
émotion passagère ni le calcul
d’un intérêt quelconque voir d’un
agenda inavouable. L’habitude
des instructions claires, précises,
cohérentes et en harmonie avec les
règles du jeu de la diplomatie et de
la déontologie de l’administration
publique ont fini par faire de moi
de moi (après tout ce temps) un
cadre soucieux dc résultats et qui
tient surtout compte du poids de
la réalité objective des choses et
des rapports.
C’est avec calme, sagesse et
perspicacité que se règlent les
conflits entre États. La gestion
de la relation entre Haïti et
la République Dominicaine
demande de la part des différents
acteurs une attitude raisonnée,
raisonnable et où l’amateurisme
et l’improvisation n’ont pas leur
place. La République Dominicaine
est un voisin avec lequel nous
sommes condamnés par la
géographie à vivre ensemble en
dépit du développement inégal
qu’accompagne un différentiel
marginal d’accès aux biens et
services.
Je vous ai écrit plusieurs lettres
qui sont restées malheureusement
sans réponse et, dans mon dernier
rapport qui date du 14 juillet
dernier, j’ai pris la précaution
do vous renouveler l’urgence
que la diplomatie haïtienne avait
à gérer la crise non seulement
dans la logique de la défense des
intérêts nationaux mais aussi à
toujours privilégier le dialogue
constructif. C’est la responsabilité
de l’Ambassadeur d’Haïti en
République Dominicaine de
veiller à ce qu‘un équilibre
persiste entre le respect de notre
dignité de Peuple, de nos valeurs,
de nos mœurs et coutumes tout
en maintenant ouverte de manière
réaliste la porte du dialogue.
Vous savez pourquoi ? Parce que
pendant que vous lisez ccs lignes:
a) des milliers de nos frères et
sœurs continuent de traverser la
frontière “anba fil” à la recherche
d’un mieux- être;
b) des dizaines de femmes et
d’adolescentes de nationalité
haïtienne donnent naissance
chaque jour à des enfants dans des
centres hospitaliers dominicains;
c) quarante quatre mille trois cent
dix (44310) jeunes fréquentent
les universités d’État ainsi que
des Centres universitaires privés
sans oublier ceux et celles qui,
vivant à la frontière, vont dans des
écoles primaires et secondaires en
territoire dominicain le matin et
retournent en Haïti le soir ;
d) nombreux sont ceux et
celles qui, retournant au pays
volontairement pour toutes sortes
de raison au cours de ces derniers
jours, planifient déjà de revenir
reprendre le “job” qu‘ils avaient
abandonné et ou on les attend;
e) des centaines de milliers
d’hommes, de femmes et d’enfants
continuent de vendre leur journée
de travail dans le secteur agricole,
dans des conditions extrêmement
difficiles, mais ne pensent pas à
revenir au pays;
f) des centaines de milliers
d’autres attendent en vain des
documents promis et qui leur
aurait permis de régulariser leur
statut migratoire.
C’est ça aussi l’autre face de
la réalité que nous avons la
responsabilité de gérer !
En deux cent onze ans on n’a
pas réussi à réduire les écarts
socio-économiques, ni a atténuer
l’épineuse question de couleur. On
n’a pas non plus réussi à donner
à nos concitoyens un acte de
naissance prouvant qu’ils existent
et à créer à l’interne une situation
qui aurait empêché à ces millions
d’Haïtiens et d’Haïtiennes de
laisser le pays a tout prix et parfois
dans n’importe quelle condition.
Si nous n’acceptons pas le fait
qu’il y a un problème, il n’y aura
pas de solution.
Monsieur le Président,
Je comprends Haïti dans la
logique de son passé, dans les
méandres de son histoire, dans
ses faux pas, avec ses humeurs,
ses ambitions mais surtout avec
ses lacunes, ses faiblesses, ses
limites et ses déceptions.
Je connais aussi nos frères et
sœurs avec leur joie de vivre, leur
amour de la Patrie, leur respect
pour les Pères Fondateurs, leur
fierté d’afro-descendants mais
aussi avec leur dédain pour la
vérité et leur attitude souvent
irresponsable dans la gestion de
la res publica.
En utilisant une métaphore que
vous comprendrez, ceux et celles
qui montent le “char” en début
de cortège ne l‘abandonne qu’a la
fin du défilé. En général je fais le
circuit jusqu’à la fin mais, certains
accidents de parcours parfois
m’obligent à changer d’itinéraire
pour éviter tout jugement
regrettable de l’Histoire.
Monsieur le Président,
Le pays attend que vous soyez
ferme et que vous ne soyez
pas prisonnier des rapports du
passé ni de conseils provenant
d’officines suspectes. Le Peuple
vous avait fait confiance en vous
permettant d’accéder à la très
haute magistrature de l’État. Il
compte donc sur Vous.
Je ne suis pas le premier
ambassadeur haïtien en
République Dominicaine à être
rappelé mais j’espère être le
dernier pour éviter que justement,
de l‘autre côté de la frontière.
qu’on ne persiste à croire que si
la déroute de l’intelligence semble
être une constante nationale
l’échec de la politique extérieure
semble l’être aussi.
Je retourne donc chez moi
rejoindre les membres de ma
famille, retrouver la chaleur de
mes relations amicales, renouer
avec cette culture qui m’imprègne
tout en espérant le meilleur pour
Haïti.
Représenter et servir Haïti en
République Dominicaine a été un
grand honneur pour moi.
Recevez, Monsieur le Président,
mes très patriotiques salutations.
Daniel Supplice
NB : Le PIDIH est un échec
Le PIDIH est un échecLettre de l’ambassadeur Daniel Supplice au président Michel Joseph Martelly
DU VENDREDI 24 AU DIMANCHE 26 JUILLET 2015 N0
46 | 3
ACTUALITÉ
Ne pas dire la vérité !
L’ambassadeurd’HaïtienposteenRépubliquedominicaine,DanielSupplice,aétéremplacé
provisoirementparMagalieJeantyMagloirequiassuraitlafonctiondeministreconseiller.
LesdéclarationsdeDanielSupplicesurlacriseactuelleentrelesdeuxpays,principalement
surl’échec du PIDIH(Programmed’identificationetdedocumentationdesimmigrants
haïtiens),n’ontpasétéappréciéesenhautlieuàPort-au-Prince.Ladécisionderemplacer
l’ambassadeurSupplicesuscitecependantpasmalderemous,carilestconsidérédans
beaucoupdesecteursicietenRépubliquedominicainecommeunepersonnalitépouvant
avoirsonpoidsdansletraitementdelacriseaubénéficedel’île.
LesproposdeDanielSuppliceontprisàreversladiplomatiehaïtienneetontétéutilisés
contrenousparlesDominicains.Quandonestambassadeur,ilyadesvéritésqu’onne
doitpasassumer.C’estlegrandtortdeDanielSupplice.
S’ildemeureentenduqu’ilfauttoutfairepourquelaRépubliquedominicainerespecteles
conventionsinternationalesqu’elleasignéesetqu’ilfautsebattrepartoutpourmettreà
laraisonlessecteursracistes,onnepeutcontesterquelacrisemigratoireestsurtoutdue
àl’échecdel’Étathaïtiendanslagestiondesonterritoireetdesapopulationaveccomme
corollairesesrapportsdépendantsaveclesautresÉtats.Unesimplecomparaisonentre
les villes frontalières qui se font face le long de la frontière n’est pas à notre avantage.
Lamauvaisegouvernance,lacorruption,lenon-fonctionnementdenosinstitutions,le
refusdedéfinirunavenircommunonttransformélelieuhaïtienenunnon-vivred’oùla
populationnerêvequedes’échapper.SilaRépubliquedominicainereçoitlegrosdufluxde
ceuxquirecherchentunmieux-vivre,lespaysdel’Amériquelatine,aprèslesdépartements
français de Martinique, Guadeloupe et Guyane, commencent à recevoir leurs flots de
migrantshaïtiens.LespectacledevantleconsulatduBrésilestunconstatsansappel.
LaréalitédesrapportsentrelesÉtatsestavanttoutéconomique.Onnepourraredéfinir
sérieusement les rapports avec notre voisin dominicain qu’avec une relance de notre
productionnationaleetunecréationsignificatived’emplois.
Il y a une énergie dans ce pays, maintenant, qui doit être focalisée sur le choix d’un
personnel politique capable de changer la donne qui n’est pas en ce moment en notre
avantage.Desorganisationsdedéfensedesdroitshumainsonttirélasonnetted’alarme
:leParlementrisque,àlafaveurdecesélections,danscecontextededéliquescencede
nosinstitutions,d’avoirunprofilplusqu’inquiétant.
L’île entière, la Caraïbe et même l’Amérique latine sont menacées par les prochaines
élections.Onpeutbienpratiquerlalanguedebois,manipulerpar-cipar-là,maissinotre
payss’embarqueencoreunefoisdansunegouvernanceboiteusepournepasdirenulle,ce
n’estpasseulementlapopulationhaïtiennequienpayeralesconséquences.
Gary Victor
Édito
Vers la reprise des activités
au service de la radiologie
Par Reynold Aris
HAÏTI/HUEH
Près d’un mois après la grève lancée par les
médecins résidents de l’Hôpital de l’Université
d’État d’Haïti (HUEH), le directeur exécutif du Conseil
d’administration de l’Hôpital, Maurice Mainville Fils,
lors d’une conférence de presse, annonce l’ouverture du
service de la radiologie pour le 25 juillet prochain.
L
es médecins, dit-il, se sont
déjà mis d’accord là-dessus.
« Les chefs de service se sont
préparés et demandent que les
médecins les accompagnent lors de
la reprise des activités à la date sus-
mentionnée », rapporte M. Mainville.
Des cassettes de l’HEUH, informe-t-
il, ont disparu dans des conditions
non encore élucidées. Pour pallier ce
manque, le responsable annonce déjà
l’acquisition de nouvelles cassettes.
« Mais nous devons récupérer celles
qui étaient disponibles au service de
la radiologie », insiste-il.
Le directeur a expliqué que, bien
qu’il s’agisse d’un centre hospitalier
public, il est inconcevable que
ces cassettes soient volées. Dans
une telle situation, affirme-t-il,
le parquet de Port-au-Prince sera
saisi de ce dossier. Toutes les
revendications (administratives et
académiques) seront satisfaites.
Le câble sera opérationnel. Les
toilettes seront disponibles compte
tenu de leurs doléances. Mais les
médecins résidents sont tenus de
respecter les règlements internes de
la résidence hospitalière interdisant
leur entrée en grève, fait-il prévaloir.
Aucune sanction, souligne le
directeur, n’a été prise à leur égard,
arguant que c’est pourquoi cette
pratique persiste.
Le directeur a en outre indiqué
que le chef de ce service restera
à son poste. Car il ne relève pas
des médecins résidents d’exiger la
mise à pied d’un chef de service qui
n’est responsable d’aucune faute
administrative.
Le service de la radiologie figure
parmi l’un des services les plus
performants de l’HUEH, a aussi
fait savoir Maurice Mainville. À
titre d’exemple, soutient-il, cette
structure a réalisé près de 21 mille
577 tests radiographiques de types
divers au cours de l’année 2014. Elle
a en outre réalisé 1 769 examens de
sonographie relatifs à différents cas.
Un examen de radiographie réalisé
à l’HUEH au prix de 600 gourdes
s’effectue ailleurs au prix de 2 000
gourdes. Une situation qui n’est
pas profitable aux petites bourses,
compte tenu de la détérioration des
conditions socio-économiques du
pays.
Selon M. Mainville, durant l’exercice
2013-2014, l’HUEH a accueilli
environ 215 mille 155 patients
avec un taux de décès estimé à 8,47
% pour cette même période. Un
chiffre qui s’avère satisfaisant au
regard d’autres centres hospitaliers,
même dans d’autres pays. Cela, dit-
il, en dépit des mauvaises langues,
un minimum de soins est accordé
aux patients.
Se réjouissant des services de
l’HUEH, le directeur exécutif a
souligné que près de 150 patients
par jour sont auscultés au service
d’urgence de l’HUEH. Ce centre
accueille entre 750 et 900 patients
au service de la clinique externe. Il
a toutefois convenu qu’il importe
aux autorités d’améliorer l’offre et la
prestation de soins compte tenu des
besoins énormes de la population.
Monsieur Mainville a, par ailleurs,
mis l’accent sur l’absence de
bonnes conditions de travail pour
les employés de l’HUEH. Une
situation, selon lui, qui n’épargne
personne.
Le directeur exécutif du Conseil d’administration de l’Hôpital, Maurice Mainville
Fils. / Photo : J. J. Augustin
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NOCLÈS DEBRÉUS,
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STÉPHANIE BALMIR,
EDDY LAGUERRE, KENSON DÉSIR,
REYNOLD ARIS,
SCHULTZ LAURENT JUNIOR
WALTER CAMEAU
PHOTOGRAPHES :
JEAN JACQUES AUGUSTIN, RUBEN CHÉRY
CORRECTEURS :
JEAN ERIC FOUCHÉ, FRANTZ CLERGÉ,
JACKSON JOSEPH
GRAPHISTE : JUNIOR ADME
CARICATURISTE : FRANCISCO SILVA
DISTRIBUTION : PIERRE PAUL EMMANUEL
ADMINISTRATION : RACHELLE COMPÈRE
•••••••••••••
IMPRIMÉ EN HAÏTI PAR
LES ÉDITIONS DES ANTILLES S.A
C’est ce qu’on a pu lire dans le
document présenté par cette
institution sur cet appel d’offres (AO)
public.
Le Pnud entend rendre le processus le
plus transparent possible et garantir
les principes d’équité, selon certaines
clauses insérées dans le document
d’appel d’offres. « L’admissibilité des
soumissionnaires détenus totalement
ou partiellement par le gouvernement
dépendra de l’évaluation et de
l’examen approfondis par le Pnud
de divers facteurs tels que leur
enregistrement en tant qu’entité
indépendante, l’ampleur de la
participation du gouvernement,
la réception de subventions, leur
mandat, l’accès aux informations
dans le cadre du présent AO, ainsi que
d’autres facteurs pouvant créer un
avantage indu par rapport à d’autres
soumissionnaires et entraîner le rejet
final de la soumission », lit-on dans le
document, mentionnant les critères
« qualité et coût » comme base de la
sélection des dossiers.
Attribuer le contrat d’impression
des bulletins pour des élections
législatives à des entreprises
étrangères, comme cette compagnie
basée à Dubaï, dont le nom jusqu’à
présent n’est pas encore révélé, a
été considéré comme un affront par
plus d’un. Cela avait suscité la grogne
de certaines entreprises haïtiennes,
exaspérées du fait qu’aucun appel
d’offres n’avait été lancé, alors qu’elles
pourraient fournir les services
demandés. Même des membres du
Conseil électoral provisoire s’étaient
aussi montrés offusqués quant à
l’octroi de ce marché à une compagnie
indienne basée aux Émirats arabes
unis tandis que, d’un autre côté,
les matériels non sensibles étaient
fournis par Lithotech, une firme
localisée en Afrique du Sud.
Le vice-président du CEP, Pierre
Manigat Junior, qui s’était positionné
en défenseur des entreprises
nationales, avait promis de faire
rectifier le tir pour les élections
locales et la présidentielle. Une telle
démarche semble avoir eu grand effet
car, le Programme des Nations unies
pour le développement, grand gérant
du budget des élections, invite
toutes les entreprises désireuses
de postuler à l’appel d’offres relatif
à l’impression des bulletins pour
l’élection présidentielle de faire
parvenir leurs dossiers au plus tard
le 4 août 2015.
Contrairement au vœu du conseiller
Pierre Manigat Junior qui disait
souhaiter que cet appel d’offres
soit exclusivement réservé aux
entreprises nationales, l’appel à
soumission est ouvert. Rien n’est
donc gagné d’avance pour les
entreprises nationales qui devront
probablement concourir face à des
firmes étrangères.
4 | N0
46 DU VENDREDI 24 AU DIMANCHE 26 JUILLET 2015
ACTUALITÉ
» suite de la première page
Le Pnud s'est rachetéPar Noclès Débréus
DU VENDREDI 24 AU DIMANCHE 26 JUILLET 2015 N0
46 | 5
ACTUALITÉ
» suite de la première page
L
es critères fixés pour la
distribution des 500 millions
de gourdes aux partis,
groupementsetregroupements
politiques engagés dans les élections
pour le financement de la campagne,
bien qu’inspirés du décret électoral en
vigueur, posent problèmes. Certaines
entités politiques ne partagent pas
l’avis du Conseil électoral provisoire
(CEP) et du gouvernement. Leaders
et candidats dénoncent déjà cette
méthode et y voient une ultime
manœuvre du pouvoir pour fausser
le cours des élections.
« Cela ne nous intéresse pas ! »
C’est la réponse de Sauveur Pierre
Étienne à la question de savoir si
l’Organisation du peuple en lutte
(OPL), son parti, est informé de la
formule adoptée par le CEP et le
gouvernement pour distribuer les
fonds destinés au financement de la
campagne électorale. Les manœuvres
dilatoires qui s’opèrent à travers la
distribution de ces fonds frustrent.
Cet argent est un outil politique
entre les mains du pouvoir, pour
Sauveur Pierre Etienne, qui croit
qu’en attribuant aussi tard ces fonds
aux partis politiques, ceux-ci n’auront
pas le temps de les utiliser, alors que
les candidats proches du pouvoir
utilisent les biens de l’État, en toute
impunité et mènent campagne.
« Cette méthode tend à favoriser
encore plus les partis proches du
pouvoir », poursuit M. Pierre Etienne,
qui fait remarquer que les structures
politiques mises en place par le
chef de l’État et son entourage sont
environ une cinquantaine. « C’est
une vaste entreprise d’escroquerie.
S’il voulait donner l’argent pour
la campagne, il l’aurait déjà fait »,
conclut le politologue.
PourJeanAndréVictorduMouvement
patriotique dessalinien (Mopod), la
formule pour le financement de la
campagne électorale est prévue dans
le décret. Cette méthode dégagée par
le gouvernement et le CEP constitue
une violation du décret électoral,
explique l’agronome, qui dénonce en
plus le fait que ces deux entités aient
attendu jusqu’à la dernière minute
pour attribuer les fonds aux partis
politiques.
D’un autre côté, Jean André Victor
explique que le Mopod n’a jamais
reçu d’invitation à discuter autour de
la formule trouvée, contrairement à
ce que rapportent certaines autorités.
Ce regroupement politique, qui se
revendique de l’opposition au pouvoir
Tèt kale, n’aurait pas non plus reçu
d’invitation à déposer ses pièces au
CEP pour bénéficier de ces fonds. Un
argent qui risque de venir très tard,
soutient-il.
Soulignant la lenteur et les nombreu-
ses procédures dans le processus de
décaissement des fonds au ministère
de l’Économie et des Finances qui
peuvent s’échelonner sur deux ou
trois semaines, Jean André Victor
s’interroge sur la possibilité pour les
partis politiques de disposer de cet
argent avant les élections.
Le Fron revolisyonè pou entegrasyon
mas yo (FREM) abonde dans le
même sens. Il n’a pas été informé
de la formule dégagée par le CEP
et le gouvernement pour distribuer
les fonds aux partis politiques.
Si Newton Saint-Juste avoue
que le FREM est prêt à postuler
pour avoir ces fonds comme tous
les autres partis politiques, il
s’inquiète de cette formule qui, dit-
il, favorise les candidats du pouvoir.
« Tout comme ce qui a été prévu dans
le décret électoral est inapplicable
sur ce point, cette formule donne
plus d’argent aux partis politiques
proches du pouvoir. » Autrement dit,
selon Me Newton, c’est le pouvoir qui
en bénéficiera le plus. Non seulement
il dispose des biens de l’État, mais
aussi il possède un nombre élevé
de candidats et de partis politiques,
insiste-t-il.
L’opposant farouche au pouvoir Tèt
kale appelle à cet effet le Conseil
électoral provisoire à faire respecter
les principes d’équité et d’égalité. Ce
serait, poursuit-il, de la responsabilité
du CEP de rétablir l’équilibre en
privant les partis qui utilisent les
biens de l’État du bénéfice des fonds
de campagne.
Tout comme les autres partis
contactés, le FREM ne serait pas
encore invité à remplir les documents
nécessaires pour obtenir les fonds
de campagne. Une rencontre devait
avoir lieu, lundi ou mardi dernier
avec les partis politiques autour de
la question, informe Me Newton qui
souligne qu’elle aurait avorté.
La plateforme Bouclier, réputée
proche du pouvoir, informe ne
pas avoir encore discuté sur
les modalités d’attribution du
financement des partis politiques
par le CEP pour obtenir ces fonds.
Conséquemment, Bouclier n’a pas
encore de position sur la question.
Toutefois, les responsables de cette
équipe croient aussi que l’argent est
venu très tard et va pénaliser les
acteurs engagés dans la campagne
électorale.
À date, le coordonnateur national
de la Plateforme rouge et blanc,
Jodson Leroy, rapporte qu’aucune
invitation formelle du CEP n’a
été adressée au directoire de son
regroupement politique, afin qu’il
vienne déposer les pièces et remplir
les documents nécessaires pour
l’octroi de ces fonds.
Le Parti haïtien Tèt kale (PHTK)
non plus n’est pas encore informé
des nouvelles mesures pour la
distribution des fonds. Madame
Yanick Mézile, qui a été contactée,
explique qu’elle n’est pas au courant
d’une éventuelle invitation du CEP
au directoire de son parti afin de
remplir les formalités en vue de
l’acquisition des fonds.
Elle promet de se référer à la
présidente du parti pour de plus
amples informations avant de se
prononcer officiellement sur la
question.
Les partis rejettent la formule adoptéePar Lionel Edouard
HAÏTI/FINANCEMENTDELACAMPAGNE
Le Conseil électoral provisoire et le gouvernement ont annoncé via le ministre chargé auprès du Premier
ministre des Questions électorales, Jean Fritz Jean Louis, une formule pour distribuer les 500 millions de gourdes
destinées à financer la campagne électorale. Trente pour cent iront aux 120 entités politiques agréées, 20 %
aux candidats à la présidence inscrits sous la bannière d’un parti, 20 % aux candidats agréés aux municipales et
locales, 10 % aux candidats aux sénatoriales, 10 % aux candidats à la députation et l’autre 10 % aux partis ayant
le plus de candidats féminins, le plus de candidats universitaires et le plus de candidats ayant un handicap. Déjà,
la grogne monte de la classe politique pour dénoncer cette formule qui, affirment certains concernés, favorisent
les candidats pro-pouvoir.
6 | N0
46 DU VENDREDI 24 AU DIMANCHE 26 JUILLET 2015
ACTUALITÉ
T
out est fin prêt, le plan est déjà
établi et testé, a fait savoir M.
Lerebours. La circulation des
véhicules sera réduite, le port
d’arme à feu, la circulation à bord de
motocyclette, la vente des boissons
alcoolisées seront interdits ce jour-
là. Actuellement, informe-t-il, c’est la
phase du renforcement des effectifs
dans les différents départements du
pays qui est en cours. La mise au
point logistique, la formation des
agents sur les comportements qu’ils
devront avoir sont également, selon
le porte-parole, en train d’être peau-
finées.
Ce plan s’exécutera à l’unisson, par
la PNH et la Minustah. Déjà, des
moyens logistiques, comme des
voitures, des motocyclettes, des
lignes téléphoniques d’urgence sont
à la disposition de toutes les unités
spécialisées de ces deux entités,
en vue d’une exécution efficace de
ce plan, a expliqué M. Lerebours.
Certains départements réputés
chauds, notamment l’Artibonite, le
Centre, le Sud, et l’Ouest, verront,
dit-il, leurs effectifs plus que
doublés.
Dorénavant, une mise en garde
est lancée à tous policiers qui
envisageraient d’orienter le vote
des électeurs. Pour un meilleur
contrôle, la population est invitée
à s’habiller de manière très décente
(chemiz anndan pantalon), au
moment des élections. Une ligne
téléphonique spéciale sera aussi
mise à la disposition de chaque
département, pour entrer en
contact avec les observateurs
et coordonnateurs, au cas où le
besoin se ferait sentir. La presse
n’est pas oubliée, un traitement
approprié lui est réservé, et deux
lignes téléphoniques seront mises
également à sa disposition, selon
les autorités policières.
L’inspecteur général Jean St-Fleur,
qui a la charge de coordonner les
activités électorales de cette année,
a, pour sa part, invité les acteurs
impliqués dans le processus, à
divorcer avec les vieilles pratiques
de violence électorale, qui, à
maintes reprises, ont fait sombrer
le pays dans le chaos.
Entre les rassurantes promesses
qu’il y a dans ce plan et la réalité du
terrain, les violons semblent ne pas
s’accorder. La journée du mercredi
a été une journée très sanglante.
Le cas de Pierre Lafond, candidat
à la mairie de Marigot, décédé
dans la matinée du mercredi, a
marqué les esprits. Le même jour,
dans la soirée, c’était au tour de
Chilet Anthony, Jackson Pierre
et Roody Jacques, des partisans,
dit-on, de la plateforme Vérité de
trouver la mort. Ils ont été attaqués
par des individus circulant à bord
de motocyclette, dans la zone de
Christophe Channel, commune de
Carrefour.
Questionné à ce sujet, Frantz
Lerebours a invité les candidats
à orienter de manière positive les
comportements de leurs partisans
et sympathisants, pour enfin ne
plus enregistrer ces cas de violences
et pour que les élections de 2015
soient des élections réussies à tous
les niveaux.
La PNH a encore un planPar Évens RÉGIS
ÉLECTIONS/SÉCURITÉDESÉLECTIONS
Le porte-parole de la Police nationale d’Haïti (PNH), Frantz Lerebours, a présenté jeudi, lors d’une conférence de
presse tenue au commissariat de Port-au-Prince, le plan qui sera adopté lors de la journée électorale du 9 août
prochain. Sur un effectif de 12 000 agents, 9 000 seront déployés sur tout le territoire national, en vue d’assurer la
sécurité de la population.
Le porte-parole de la Police nationale d’Haïti (PNH), Frantz Lerebours.
Photo (archive) : J. J. Augustin
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MONDE
A
ccusé d’avoir été « plumé »
et « embobiné » par l’Iran, le
secrétaire d’État américain
John Kerry a défendu sans
faillir jeudi au Congrès l’accord sur le
nucléaire iranien qui, à ses yeux, est «
un bon compromis » qui mérite d’être
approuvé par les élus, dont beaucoup
y sont hostiles.
Les sanctions ne peuvent pas
seules empêcher l’Iran de se doter
de l’arme nucléaire, a fait valoir le
chef de la diplomatie américaine
devant la commission des Affaires
étrangères du Sénat.
« La vérité c’est que l’accord de
Vienne apporte des moyens plus
solides, plus complets et plus
durables pour limiter le programme
nucléaire iranien que toute autre
alternative », a soutenu M. Kerry.
Si l’accord est validé, il mettra
l’Iran « sous surveillance intense
pour toujours » et gardera le monde
uni pour s’assurer que les activités
nucléaires de Téhéran « restent
entièrement pacifiques », a-t-il
ajouté.
« C’est un bon compromis pour le
monde, un bon compromis pour
l’Amérique, un bon compromis
pour nos alliés et nos amis dans la
région --et il mérite votre soutien »,
a-t-il martelé.
Le regard las derrière ses lunettes,
Kerry a dû faire face à un tsunami
de critiques par les républicains
membres de la commission, où il
était entendu publiquement pour
la première fois depuis la validation
lundi de l’accord par le Conseil de
sécurité de l’ONU.
« On vous a plumés », a lancé le
sénateur Bob Corker, président
de la commission des Affaires
étrangères, estimant que l’accord
traçait « un chemin parfait » pour
l’Iran vers la bombe nucléaire.
« Vous avez franchi un nouveau
seuil dans la politique étrangère des
Etats-Unis » en permettant à un «
Etat qui soutient le terrorisme » de
devenir une puissance nucléaire, a
ajouté l’élu.
« Avec tout le respect que je vous
dois, vous avez été embobinés et le
peuple américain va le payer », a
renchéri le sénateur James Risch.
« Tous ceux qui croient que c’est
un bon compromis ont rejoint en
fait les rangs des personnes les plus
naïves de la Terre », a-t-il estimé.
L’accord peut « disparaître »
L’accord a été conclu le 14 juillet
au terme d’intenses négociations
entre l’Iran et les cinq membres
permanents du Conseil de
sécurité - France, Royaume-Uni,
Chine, Russie, Etats-Unis, plus
l’Allemagne.
Il prévoit une levée progressive
et conditionnelle des sanctions
internationales imposées depuis
2006 à l’Iran, en échange de
garanties que Téhéran ne se dotera
pas de l’arme atomique.
Mais il rencontre beaucoup de
résistance au Congrès américain,
qui est dominé par les républicains
et a 60 jours pour l’examiner.
Le Congrès peut rejeter l’accord,
mais le président Barack Obama
a d’ores et déjà indiqué qu’il y
opposerait son veto.
Kerry a été accueilli à son audition
par une poignée de militants anti-
nucléaire, vêtus de tee-shirts roses
où on pouvait lire « paix avec l’Iran
» et qui ont salué l’accord. « Quel
travail impressionnant! », a lancé
un militant.
Mais il a semblé irrité par
l’agressivité des questions posées
par les élus républicains, tous
présents pour l’audition, y compris
deux prétendants à la Maison
Blanche, Marco Rubio et Rand Paul.
« Cet accord c’est votre accord
avec l’Iran », a affirmé M. Rubio,
en notant que le texte ne résolvait
en rien la question des violations
des droits de l’homme dans la
République islamique.
« Le prochain président n’a aucune
obligation légale ou morale de
respecter (l’accord) (...) qui peut
disparaître quand le président
quittera ses fonctions », a-t-il ajouté.
Les sénateurs démocrates ont
apporté leur soutien au texte en
espérant clairement que l’Iran
respecte bien sa lettre et son esprit.
« Si vous ne respectez pas l’accord,
je peux vous assurer que les
conséquences ne seront pas belles
à voir », a affirmé la sénatrice
Barbara Boxer.
Un millier de personnes ont
manifesté mercredi soir sur
l’emblématique carrefour de Times
Square à New York pour dénoncer
un accord qui menace, selon
elles, la sécurité mondiale et celle
d’Israël, et pour appeler le Congrès
à le rejeter.
Les Américains restent dubitatifs,
puisque 48 % de ceux qui ont
entendu parler de l’accord y sont
défavorables, contre 38 % qui y
sont favorables, et 14 % indécis,
selon un sondage de l’institut Pew.
« Plumé » par l'Iran? Kerry défend sans
faillir au Congrès l'accord avec Téhéran
Sources : afp
Le secrétaire d’État américain, John Kerry ./ Photo par BRENDAN SMIALOWSKI/
AFP
François Hollande s'est entretenu avec le
président iranien Rohani
Sources : AFP
L
e président François Hollande
s’est entretenu avec son homo-
logue iranien Hassan Rohani,
avec lequel il a examiné « les
conditions de la mise en œuvre » de
l’accord sur le nucléaire iranien, a
indiqué l’Élysée jeudi.
« Ils se sont félicités de l’accord
conclu à Vienne le 14 juillet » et
« sont convenus de renforcer la
coopération bilatérale dans ce
nouveau contexte », précise la pré-
sidence de la République dans un
communiqué.
Selon l’Elysée, la visite en Iran de
Laurent Fabius, le ministre fran-
çais des Affaires étrangères, le 29
juillet prochain, « est destinée à
entamer cette évolution ». Fran-
çois Hollande a enfin « souhaité
que l’Iran contribue positivement
au règlement des crises au Moyen-
Orient ».
Au cours de sa visite en Iran,
Laurent Fabius doit notamment
s’entretenir avec le président
Rohani, après la conclusion de
l’accord historique sur le pro-
gramme nucléaire de Téhéran.
Le Conseil de sécurité des Nations
unies a entériné lundi l’accord
signé par l’Iran et les grandes
puissances, ouvrant la voie à la
levée des sanctions internation-
ales qui pesaient depuis 2006 sur
la République islamique.
Le même jour, le vice-chancelier et
ministre allemand de l’Economie,
Sigmar Gabriel, a été le premier
dirigeant occidental à se rendre à
Téhéran depuis la conclusion de
l’accord.
Les présidents iranien et français, Hassan Rohani et François Hollande /Photo
Alain Jocard/AFP/Archives
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MONDE
Accord USA-Iran et ambitions russes attisent
le « grand jeu »des gazoducs au Pakistan
Sources : AFP
L
’accord conclu entre l’Iran et
les grandes puissances sur le
programme nucléaire de la
République islamique a une
portée historique qui dépasse celle
du débat sur ses infimes détails, a
déclaré jeudi le président Hassan
Rohani.
Cet accord, signé la semaine
dernière entre les négociateurs de
Téhéran et ceux des pays dits du
groupe P5+1 (Chine, Etats-Unis,
France, Grande-Bretagne, Russie
et Allemagne) est vivement critiqué
par la frange la plus conservatrice
du pouvoir iranien qui lui reproche
d’empiéter sur la souveraineté
du pays. Visant les opposants à
l’accord, il a déclaré : « A présent,
ils épluchent un à un les articles de
l’accord trouvé à Vienne et la réso-
lution 2231 du Conseil de sécurité
des Nations unies. »
« C’est bien, mais ce qui s’est passé
a beaucoup plus de valeur et a
beaucoup plus d’importance », a-t-il
dit lors d’un discours retransmis à
la télévision.
« Comment pourrait-on être Ira-
nien et ne pas applaudir notre
équipe de négociateurs ? », a-t-il
lancé. L’accord reflète la volonté du
peuple iranien, a-t-il déclaré, et le
bloquer reviendrait à ignorer ce que
le peuple réclamait lorsqu’il a été
élu en 2013.
« C’est une nouvelle page de
l’Histoire. Elle ne s’est pas écrite
lorsque nous avons trouvé l’accord
le 14 juillet à Vienne, elle s’est
écrite le 4 août 2013 lorsque les
Iraniens m’ont élu président. »
Hassan Rohani, comme son homo-
logue américain, Barack Obama,
doit toutefois encore convaincre
pour que l’accord de Vienne puisse
produire ses effets.
Le président iranien doit obtenir
le feu vert du Conseil national de
sécurité et celui du guide suprême
de la révolution, la plus haute
autorité du pays. Barack Obama
doit, lui, convaincre un Congrès
dominé par les républicains dont
certains sont farouchement opposés
à tour accord avec Téhéran.
Le président iranien défend l'accord sur le programme nucléaire
Sources : Reuters
L’accord conclu entre l’Iran et les grandes puissances sur le programme nucléaire
de la République islamique a une portée historique qui dépasse celle du débat
le 23 avril 2015 /REUTERS/Mast Irham/Pool
L
es tractations autour des pro-
jets de gazoducs géants via le
Pakistan, nouveau « grand jeu
» des superpuissances en Asie
centrale, ont redoublé après l’accord
sur le nucléaire iranien et avec les
nouvelles ambitions de la Russie,
selon des proches du dossier.
A Islamabad, la possible prochaine
levée des sanctions contre l’Iran a
été accueillie avec un grand sourire.
Car cette détente, comme les
récents contacts entre Kaboul et
une délégation de talibans en vue
de pourparlers de paix en Afghani-
stan, peut donner un sérieux coup
de fouet aux projets d’autoroutes
gazières reliant l’Asie Centrale au
Moyen Orient via le Pakistan.
Une aubaine pour Islamabad et son
Premier ministre Nawaz Sharif,
élu en 2013 sur la promesse d’en
finir avec la crise énergétique qui
plombe l’économie du pays, et la
vie quotidienne de ses 200 millions
d’habitants abonnés aux coupures
de gaz et courant.
En mars 2013, le projet de gazo-
duc géant IP entre l’Iran, doté des
premières réserves mondiales de
gaz naturel, et le Pakistan avait
pourtant été inauguré en grande
pompe. Mais sans le sou, le Paki-
stan n’a jamais construit sa portion
de ce projet de 7,5 milliards de
dollars, expliquant que les sanc-
tions américaines et européennes
l’empêchaient de lever du capital
pour ces travaux.
Pour le ministre pakistanais du
Pétrole, Shahid Khaqan Abbasi,
l’accord sur le nucléaire iranien
devrait permettre de débloquer la
situation. « La levée des sanctions
devrait nous permettre de respecter
nos engagements et subvenir à nos
besoins énergétiques », se félicite-t-
il dans un entretien à l’AFP.
Mécano et aide chinoise
Téhéran a déjà achevé sa portion
de ce gazoduc de 1 800 km devant
relier ses champs gaziers de South
Pars à Nawabshah, proche du
grand port de Karachi dans le sud
du Pakistan.
Or dans le cadre de son ambitieux
projet de corridor économique de
46 milliards de dollars visant à
relier l’ouest chinois au Moyen-
Orient via le Pakistan, la Chine a
récemment lancé la construction
d’un gazoduc reliant justement
Nawabshah au port pakistanais de
Gwadar, proche de l’Iran.
Une fois ce gazoduc achevé, le
Pakistan pourra le prolonger sur
80 kilomètres à l’ouest pour gagner
l’Iran, si possible avant les élections
générales de 2018, puis à plus
long terme le prolonger au nord-
est jusqu’à la Chine, très intéressée
par ce projet, indiquent des sources
gouvernementales à Islamabad.
Côté Russie, l’ambassade à Islam-
abad a manifesté son intérêt à
soutenir le projet de gazoduc Iran-
Pakistan (IP).
Historiquement proche de l’Inde,
grande rivale du Pakistan, la Russie
se tourne en effet aujourd’hui
davantage vers Islamabad, main-
tenant que Delhi a renforcé sa coo-
pération avec les Etats-Unis. « La
Russie veut montrer à l’Inde qu’elle
a des options dans la région », tout
en trouvant de nouveaux débou-
chés pour ses entreprises militaires
et énergétiques, explique Yury
Barmin, analyste spécialisé dans la
politique russe au Moyen-Orient. Au
cours de la dernière année, Islam-
abad et Moscou ont signé un accord
de coopération militaire, ouvrant
la voie à l’achat d’hélicoptères de
combat russes par Islamabad, tou-
jours preneur en retour d’aide pour
résorber son déficit énergétique.
Les deux pays doivent ainsi « final-
iser » un accord prévoyant la con-
struction par une filiale du géant
russe Rostec d’un gazoduc reliant
Karachi à Lahore, la grande ville de
l’est pakistanais, explique à l’AFP
Mobin Saulat, PDG de l’Inter State
Gas Systems (ISGS), la société pub-
lique en charge des gazoducs au
Pakistan.
« La prochaine étape, c’est le gazo-
duc IP », ajoute-t-il, en précisant
que l’autre projet de d’autoroute
gazière régionale, le TAPI, « viendra
en dernier ».
Duel ou duo franco-russe ?
Le TAPI doit relier les champs
gaziers du Turkménistan au Paki-
stan et à l’Inde via des régions
afghanes en partie contrôlées par
les rebelles talibans, et l’instable
province pakistanaise du Balout-
chistan. Un projet qui nécessite une
stabilité minimale en Afghanistan,
où un espoir au milieu des combats
est né il y a deux semaines avec les
premiers contacts directs en vue de
pourparlers de paix entre Kaboul et
les talibans, facilités par... le Paki-
stan.
Depuis environ un an, le français
Total est pressenti pour piloter le
projet TAPI. Mais la montée en
puissance de la Russie au Paki-
stan pourrait changer les choses. «
Total est sans conteste en tête dans
les pourparlers, mais suivie de la
compagnie russe » Rostec, note le
ministre Abbasi.
Une participation russe au TAPI
permettrait à terme à Moscou, sous
pression en Europe, de connecter
ce pipeline à « d’autres gazoducs
dans l’ancienne Union soviétique
» pour exporter son propre gaz
naturel dans le sous-continent
indien, note M. Barmin.
Mais les choses ne sont jamais
simples. Car le PDG de Rostec, Ser-
gueï Tchemezov, considéré comme
un proche de Vladimir Poutine,
fait lui-même l’objet de sanctions
américaines pour une toute autre
affaire, l’annexion de la Crimée par
la Russie.
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ÉCONOMIE
L'inflation bat son plein dans la zone métropolitaine
Par Therno N. A. Sénélus
J
eudi matin, la Direction des
statistiques économiques (DSE)
del’Instituthaïtiendestatistique
et d’informatique (IHSI), dans
un document qui nous est parvenu au
National, a constaté que l’ensemble
des produits alimentaires ont connu
une hausse de 2,3 %.
Depuis la décote de la gourde, l’IPC
continue de prendre de l’ampleur sur
le marché local au regard de certains
produits locaux et de produits impor-
tés. Entre autres, les prix produits
de première nécessité, du logement,
les dépenses relatives aux soins de
santé, d’habillement, de tissus et de
chaussures subissent une hausse con-
sidérable. Coup d’œil sur ce rapport.
Le document précise que le mois de
juin 2015 a été marqué par une accé-
lération des prix à la consommation.
Ainsi, rassure le prototype, l’IPC qui
se chiffrait à 230,2 en mai est passé à
234,6 au mois de juin, accusant une
augmentation mensuelle de 1,9 % et
un glissement annuel de 8,0 %, contre
respectivement 0,8 % et 6,6 % le mois
précédent.
Selon le rapport, l’augmentation men-
suelle de l’IPC résulte de la hausse de
toutes les fonctions de consommation,
notamment l’alimentation, les bois-
sons et tabac (2,3 %), habillement,
tissus et chaussures (2, 8 %), loyer
du logement, énergie et eau (1,6 %),
aménagement et entretien du loge-
ment (1,4 %), santé (1,9 %), ainsi que
d’autres biens et services (2,9 %).
La variation de la fonction de
l’alimentation, boissons et tabac
provient entre autres du riz (1,3 %),
du maïs moulu et en grain (0,8 %),
de la farine de blé (1,8 %), du corn
flakes(1,4 %), du pain (1,6 %), de la
viande de bœuf (2,7 %), de la viande
de porc (1,8 %), de la viande cabri (2,0
%), du poulet(3,5 %), du poisson frais
(3,0), d’huile comestible (1,8 %), de
la banane (4,8 %), de l’arbre véritable
(6,3 %), du citron (2,3 %), de l’orange
(3,7 %), ainsi que de la chadèque (5,0
%).
L’expansion de la fonction
d’habillement, de tissus et de
chaussures est liée notamment à la
hausse des prix des postes tels que :
tissus (4,3 %), costume, veste univer-
selle (2,8 %), pantalon pour homme
(3,1 %), robe (3,0 %), confection de
vêtements (2,3 %), souliers et tennis
(2,9 %) et sandales (3,4 %).
L’accroissement de l’indice du loyer du
logement, énergie et eau tient exclu-
sivement à l’augmentation du loyer du
logement, du gaz propane et du char-
bon de bois qui ont crû respectivement
de 2,0 %, 0,9 % et 2,3 %.
L’évolution à la hausse observée au
niveau de l’aménagement, équipement
et entretien du logement est consécu-
tive à la hausse des meubles de salon
(2,1 %), de la salle à manger (2,6 %),
du lit (3,2 %), du matelas (5,3 %), du
linge de lit (2,5 %), des rideaux (2,6
%), de la nappe (1,2 %), du réfrigéra-
teur (2,2 %), de l’insecticide (4,0 %) et
du désinfectant (9,4 %).
Le relèvement du niveau de l’indice
de la fonction santé est imputable
essentiellement au renchérissement
des lunettes à verres correcteurs (1,9
%), des honoraires payés aux médecins
(3,1 %) et des frais d’hospitalisation
(2,6 %). Enfin, La croissance de la
fonction « Autres biens et services »
provient surtout du shampoing (4,7
%), du parfum, eau de toilette (7,1
%), de la poudre de toilette (5,7 %)
et des autres produits d’entretien des
cheveux (4,8 %).
Le National s’est entretenu avec dif-
férents marchands de certaines zones
de la capitale au sujet de cette flambée
des prix. Pour Gregory Valbrun, un bou-
langer de Delmas 19, la dépréciation
de la gourde engendre l’accroissement
accéléré des prix des produits.
L’augmentation du prix de la farine,
1,8 du prix normal, va de pair avec
une réduction de l’épaisseur du pain.
Considéré comme un bien de Giffen,
le pain, en dépit de l’augmentation
du prix de la farine, reste et demeure
un produit très prisé, poursuit le bou-
langer qui appelle les gouvernants à se
responsabiliser face à cette situation.
Au premier semestre, les conditions et
le mode de vie des ménages se désagrè-
gent, selon les chiffres publiés jeudi 23
juillet par l’IHSI. La situation semble
néfaste pour la population.
L’on ne doit pas omettre l’effet saisonni-
er sur le commerce. On est à la période
estivale où les activités économiques
ont ralenti considérablement sur le
marché, estime Gisèle Koq, une march-
ande des produits de lessivage : « Les
prix augmentent effectivement, mais
on doit tenir compte de la saison où
pas mal de gens se déplacent çà et là.
Nonobstant, le gouvernement en est
responsable de ce qui se passe avec
le taux de change. » Dans un mois,
rappelle-t-elle, ce sera la réouverture
des classes. L’État doit se décider
maintenant à prendre les mesures qui
s’imposent. Et de s’inquiéter : « Si rien
n’est fait pour combattre la cherté de
la vie, comment vont faire les parents
pour leurs enfants envoyer à l’école ? »
Deux autres vendeuses de matériel
scolaire et de produits cosmétiques
constatent que la dépréciation de la
gourde affecte beaucoup l’offre de
services sociaux de base, les produits
d’habillement et autres. Elles disent
attendre des mesures rassurantes
du gouvernement pour freiner cette
hausse des prix des produits enregis-
trée sur le marché : « Nous attendons
impatiemment une décision positive
des dirigeants du pays pour atténuer,
entre autres, le problème de la crise
alimentaire. »
INDICEDESPRIXÀLACONSOMMATION
Pour tous les secteurs, l’indice des prix à la consommation (IPC) a connu une hausse record de 1,9 %. Alors que la
région métropolitaine est plus affectée par l’inflation au cours du mois de juin dernier avec un taux de 2,0 %.
Île-à-Vache :
la compagnie dominicaine Estrella prise à partie par des manifestants
Sources combinées
Conspués par la foule en colère, des employés de la compagnie dominicaine Estrella, chargée de l’aménagement
routier d’un projet touristique fortement contesté dans l’île, ont été forcés d’abandonner les travaux planifiés
dans la localité de « Gros Morne »
L
a situation a failli tourner
au vinaigre en ce début de
semaine pour les agents de
cette compagnie, a rapporté
l’agence de nouvelles en ligne Alter-
Presse. La compagnie est arrivée avec
ses camions et pelleteuses pour tirer
des matériaux de « Gros Morne »,
apprend-on auprès de témoins sur
place. Des familles qui y vivent ont
demandé la cessation des opérations.
Deux pick-up de la police sont inter-
venus pour empêcher que les choses
ne s’enveniment, indiquent encore
les témoins.
Konbit peyizan Ilavach (sigle créole
Kopi), une organisation opposée au
projet touristique du gouvernement
haïtien sur l’île, entend manifester
dans les rues si ces travaux se pour-
suivent. « Ils sont venus détruire
l’environnement sans aucune excuse,
sans rien dire aux familles qui vivaient
sur ces terres. Ils sont venus avec des
agents de la police, pour forcer les
habitants à partir », réagit Louimas
Jeantima, un habitant, des sanglots
dans la voix. La compagnie dispose-
rait cependant d’une autorisation du
Bureau des mines et de l’énergie et
du ministère de l’Environnement pour
exploiter cet endroit. Toutefois, a con-
firmé le correspondant d’AlterPresse,
devant la colère de la population, la
compagnie a cessé ses activités pour
cette journée.
Ce n’est pas la première fois que sont
enregistrées des activités de résistance
des communautés contre ce qu’elles
qualifient de pratiques répressives et
arbitraires qui accompagneraient le
projet « Destination touristique Île-à-
Vache ». L’année dernière, des respon-
sables de l’organisation du mouvement
de résistance au projet touristique
gouvernemental avaient lancé un
appel à tous les organismes de droits
humains en Haïti et d’ailleurs, en vue
de soutenir la mobilisation contre ce
projet qui, selon elle, viserait à expro-
prier les habitantes et habitants de l’île
au profit « d’individus bien souchés
» qu’ils avaient qualifiés de « groupe
mafieux ».
L’arrestation puis l’emprisonnement
du policier Jean Maltunès Lamy, en
mars 2014, dans le cadre de ce mou-
vement de résistance, avait envenimé
une situation déjà tendue résultant
d’une gestion calamiteuse du dossier
par les autorités. Ce jeune policier
originaire de l’Île-à- Vache, marié et
père d’une petite fille - avait écrit à
l’époque Karina W., une Française
originaire de Marseille et proche de
la famille - avait conduit plusieurs
manifestations pour protester contre
des expulsions de cultivateurs dans
le cadre de ce projet gouvernemen-
tal. Une « répression policière » s’était
alors « abattue » sur la zone, dénoncée
par plusieurs organismes de défense
des droits humains.
Lancé le 20 août 2013, le projet tour-
istique « Destination Île-à-Vache »
prévoit la construction d’un aéroport
international avec une piste de 2,6
kilomètres ; la construction de l’axe
routier qui y mène ; le dragage du port,
l’électrification et l’éclairage de toute
la zone environnante ; la construction
de plusieurs hôtels-ressorts (1 000
chambres), de 2 500 villas ; d’un centre
communautaire ; d’une radio commu-
nautaire ; d’un centre d’urgence, ainsi
que la mise en place d’infrastructures
agricoles. Le coût des travaux est de
plus de 230 millions de dollars améri-
cains (1 $ US = 56 gourdes ; 1 euro
= 62gourdes aujourd’hui). Et l’État
haïtien y a déjà investi 10 millions de
dollars en travaux d’infrastructures.
En mai 2012, un arrêté présidentiel
a déclaré « zones de développement
touristique » l’Île-à-vache ainsi que
d’autres îles du pays, rappelle Alter-
Presse. Une pétition avait alors circulé
sur internet demandant au gouverne-
ment Martelly-Lamothe de faire retrait
de l’arrêté du 10 mai 2013 déclarant
l’Île-à-Vache zone touristique.
Ce nouvel incident prouve que la situ-
ation est loin d’être revenue à la nor-
male, comme le laissaient croire des
représentants du pouvoir. Les contes-
tataires semblent avoir repris du poil
de la bête pour dénoncer aujourd’hui
encore « un conflit terrien violent
entre, d’une part, des transnationales
du tourisme et leurs alliés au sein de
secteurs de pouvoir, et d’autre part,
une communauté de petits agriculteurs
et de pêcheurs artisanaux livrée à elle-
même ».
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SOCIÉTÉ
Un boulevard transformé en
un marché à risquesPar Ritzamarum Zétrenne
D
epuislalimitedelapremière
avenue Bolosse, à l’angle
de la ruelle Alerte, jusqu’à
l’église Sainte Bernadette,
à la Cinquième avenue, cette partie
du boulevard Jean-Jacques Dessa-
lines, au sud de la capitale, devient
de plus en plus impraticable. « Il y a
plus d’une décennie. Et personne n’en
parle », a laissé entendre une dame
quifréquentelazonedepuissonjeune
âge. Des automobilistes empruntent
cette voie de moins en moins. Des pié-
tons aussi. La majeure partie de ceux
qui y accèdent sont majoritairement
des résidents de la zone. D’autres y
viennent pour s’acheter des produits
que des marchands, venant d’autres
villes des départements du Sud-Est,
du Sud et de la Grand’Anse, appor-
tent, exposent et vendent à un prix
abordable sur les deux bords de la
route et sur la chaussée.
« C’est un marché public qui ne
fait pas honneur à la capitale », a
lancé un motocycliste qui essaie
de se frayer un chemin dans ce
lieu immonde.
Aux côtés des montagnes
d’immondices, des nappes d’eau
stagnantes et puantes constitu-
ant le décor de ce tronçon de
route, des commerçantes y pas-
sent la journée, exposent leurs
produits, mangent et boivent. À
certains endroits, des moustiques,
des mouches et d’autres insectes
nuisibles tournoient autour des
fruits, des légumes, de la viande et
des vivres exposés sur de petites
tables et des fois à même le sol
boueux sur de vieux tapis usagés
par les marchands. Ils n’ont pas
peur de contracter une maladie.
Selon les affirmations de certains
d’entre eux, leur santé importe
peu moyennant qu’ils trouvent de
l’argent pour prendre soin de leur
famille.
« Que voulez vous que je fasse ?
Où voulez vous que j’aille vendre
mes figue- bananes ? Je ne peux
pas me rendre à la Croix-des-
Bossales. D’ailleurs, c’est un lieu
où des bandits font la loi quand
ils le veulent », explique une dame
au visage ridé par la misère qui
attend patiemment des clients.
« Tisè » est une commerçante.
Elle a 60 ans et vient de Jacmel,
ville située dans le département
du Sud-Est. C’est dans cet espace,
sur le bord du trottoir, dans une
puanteur et une saleté infernale,
qu’elle étale et écoule les vivres
et les fruits qu’elle apporte. Elle y
vient tous les jours dans ce marché
en pleine rue à la troisième avenue
Bolosse. Dans le temps, raconte-
t-elle, la zone ne présentait pas
cette image. En un clin d’œil, a-t-
elle fait savoir, la zone tombe en
décrépitude. Les autorités de la
ville, estime-t-elle, semble avoir
oublié cette zone de la Capitale.
Les gens qui habitent cette partie
du boulevard Jean-Jacques
Dessalines caressent le rêve de
laisser la zone. Ils n’ont pas cessé
de se plaindre de l’état lamentable
dans lequel elle se trouve. De la
première à la cinquième avenue,
c’est le même décor, la même
image et le même scenario. Des lots
d’immondices à chaque coin ; des
nappes d’eau dormante couvrant
toute la chaussée et accueillant
des débris de toute sortes, des
déchets, des fruits et légumes en
décomposition ; des cochons qui
cherchent de quoi s’alimenter
dans la boue et les déchets qui
s’empilent et alourdissent l’air.
Les gens y vivent malgré eux à la
merci du ciel.
« Cela fait plusieurs années depuis
que la chaussée est transformée
en un véritable cours d’eau. Des
fois, pour me rendre en ville, je
suis obligé de prendre des rac-
courcis », explique Jacques, un
homme frisant la cinquantaine,
qui habite à la troisième avenue
depuis plus de vingt ans.
Autrefois, raconte Tipyè, un
vieillard qui vit à l’angle de la
ruelle Alerte, le marché qui
se prolonge aujourd’hui sur la
Grand-Rue n’existait pas. Il se
limitait aux périmètres de l’église
Sainte Bernadette. À présent,
le boulevard Jean-Jacques
Dessalines devient la honte de la
Capitale. Le plus surprenant, c’est
cette voie qu’empruntent tous
ceux qui désirent se rendre dans
les autres villes des départements
du Sud.
Ils ont peur de la zone. Quand
ils y passent, ils verrouillent les
portières de leurs voitures. Vous
pouvez comprendre », explique
« Tipyè ». Il n’y a pas de doute,
dans ces zones du boulevard
Jean-Jacques Dessalines, en plus
de l’insécurité des piétons due à
l’encombrement des trottoirs, la
vie de ceux qui fréquentent le
périmètre semble n’avoir pas de
prix. Les risques sont nombreux.
Cependant, des commerçants
viennent y chercher la vie chaque
jour. Ils veulent se reproduire dans
la société, trouver les moyens
de prendre soin de leur famille,
payer l’écolage de leurs enfants.
Ils sont là tous les jours, livrés à
eux-mêmes dans les conditions les
plus inimaginables. Aussi disent-
ils ne pas espérer grand-chose
des autorités municipales de la
commune.
Boulevard Jean-Jacques Dessalines transformé en marché. / Photo : Joe Étienne Jean-Baptiste
La menace des loups !
Par Gary Victor
Un mort de plus ce matin 22 juillet, à Beadouin dans la localité du bas Cap-
Rouge, commune de Jacmel. Un père de six enfants a été assassiné par balle.
Cette localité, comme beaucoup d’autres, est secouée par la violence à l’approche
des élections prévues pour le 9 août.
La violence pendant les campagnes électorales en Haïti, on en a connu. Mais ces
violences prennent un tour particulier. Auparavant, la violence était le monopole
de l’État, de corps constitués reconnus par les pouvoirs publics. Maintenant
que les armes circulent partout depuis que des pouvoirs délinquants se sont
mis en tête de constituer des gangs à leur solde, la violence vient de partout,
d’une multitude de candidats liés à des secteurs différents ; si bien que quand
des accusations pleuvent pointant du doigt les supposés auteurs des troubles,
on ne sait plus à qui se fier.
La situation est alarmante pour deux raisons. Nous avons déjà tous compris
que notre pays se trouve encore plus mal en point avec une gouvernance
boiteuse et des institutions non fonctionnelles. Alors que n’importe qui croit
pouvoir maintenant, sans préparation aucune, occuper des postes pourtant
de haute responsabilité. Des organisations de droits humains ont attiré notre
attention, preuve à l’appui, sur le fait que des bandits, n’ayons pas peur des
mots, veulent profiter de la déliquescence de toutes nos institutions pour se
faufiler au Parlement.
Avec le spectacle que nous a donné la dernière législature, on ose à peine deviner
ce que sera le panorama politique si on descend plus bas. Le scénario certain
à cent pour cent est l’élection d’un président ne disposant pas de majorité au
Parlement ce qui va permettre aux parlementaires affairistes de négocier gros.
Du déjà-vu. Porte ouverte pour un quinquennat de corruption et de production
niveau zéro.
De nombreux compatriotes, avec la crise haïtiano-dominicaine, ont manifesté le
désir de voir redéfinir nos rapports avec nos voisins. Mais la réalité des rapports
entre les États est économique. Si on ne relance pas la production nationale, si
on ne crée pas des emplois en Haïti, tout ne restera que des vœux pieux.
Mais comment penser à des politiques publiques efficientes si nous ne faisons
pas en sorte d’avoir le personnel politique compétent et soucieux du bien-être
de la nation ?
Nous ne pouvons pas continuer à tolérer des loups dans la bergerie.
Et les loups menacent le Parlement !
EXIT
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46 DU VENDREDI 24 AU DIMANCHE 26 JUILLET 2015
SOCIÉTÉ
À
l’été, la journée commence
très tôt pour certains rési-
dents de la Capitale qui veu-
lent rester en activité durant
les vacances. Entre 5h et 6h a.m.,
filles et garçons, jeunes et vieux sont
déjà sur pied, en tenue de sport, au
Champ- de-Mars, pour se lancer dans
des exercices physiques. Ils provien-
nent de tous les recoins de l’aire mét-
ropolitaine : Carrefour-feuilles, 1re et
2e Avenues, Nazon, Poste-Marchand,
Turgeau.
Certains sont des employés qui
s’adonnent à l’échauffement pour
respirer quelques bonnes bouffées d’air
et dégager le stress, avant d’aborder la
journée harassante de travail. D’autres
sont des athlètes qui travaillent à mus-
cler davantage leurs abdominaux pour
le concours d’admission à la PNH. Ce
sont aussi des femmes obèses, qui vien-
nent brûler leur graisse pour maintenir
la forme. On compte des enfants qui se
défoulent timidement. Pour le reste,
c’est la vieille routine qui se poursuit.
Si les gens les plus aisés se retrouvent
dans les luxueuses salles de sport à
courir sur un tapis, pour ces jeunes
qui n’ont pas de moyens pour se payer
un abonnement en salle, « Champ de
Mars, c’est là où se trouve l’ambiance »
a déclaré Joël, un jeune de Turgeau. En
effet, au Champ- de-Mars, il n’y a pas de
frais, l’horaire est flexible et le sportif
a plus de liberté. Ce site offre aussi la
possibilité de pratiquer les activités en
plein air comme : la marche, la course,
l’aérobic, le football etc.
Fauted’infrastructuresetd’équipements
sportifs, tout ce que l’on croise sur
les lieux est utilisé pour exécuter les
mouvements : montée et descente des
escaliers, ou sauts sur les bancs pub-
lics, lancement sur les balançoires,
escalade entre les poteaux. La réjouis-
sance est manifeste, on s’amuse, c’est
le fou rire entre amis.
Cependant, l’espace n’est pas sécuri-
taire, car « des voleurs piquent nos
trucs », se plaint une demoiselle. De
plus, les groupes entrent assez sou-
vent en conflits, pour le partage du
terrain de foot. Il y a quelque deux
semaines depuis que le ministère de
la Jeunesse des Sports et de l’Action
civique (MJSAC) est intervenu pour
offrir au public des sessions organisées
et animées. « Nous avons remarqué que
les gens pratiquaient le sport de façon
informelle, le Ministère a donc voulu
organiser un sport qui soit plus struc-
turé » rapporte James Alex, moniteur
sportif du MJSAC.
Sans aucune formalité, les participants
ont droit à une séance d’aérobic avec
l’accompagnement d’un des huit monit-
eurs et sous le rythme de la musique
diffusée par la caravane mise sur place
par le Ministère. Cette initiative est très
bien appréciée par les usagers.
La présence de cette marée humaine
sur les places du Champ-de-Mars,
traduit la soif ardente de sports et de
loisirs chez les jeunes dans le pays où
l’offre de services de sport est insuf-
fisante. Quelles sont les actions du
MJSAC dans la mise en œuvre de sa
politique sportive ? Quelle est la place
du sport dans la politique des munici-
palités ? Combien de centres sportifs
y a-t-il dans le pays ? Accorde-t-on des
soutiens financiers aux associations
sportives ? Qui encourage l’excellence
sportive ?
Julien Sainvil, professeur de sociologie
politique à l’UEH a bien compris que
« le sport aide les jeunes à maintenir
leurs corps en forme et à éviter les loi-
sirs malsains comme la drogue, le sexe,
la violence. Il permet aussi de tisser les
liens sociaux entre toutes catégories de
jeunes ».
Présent aussi sur les lieux pour
sa culture physique, il sou-
haite que la démarche du MJSAC
« soit une initiative beaucoup plus
structurée, capable de créer des espa-
ces où les jeunes d’Haïti parviennent
à développer leurs corps, leur esprit,
par le sport, le chant, la danse, pour
la construction d’une jeunesse respon-
sable comme dans un pays où tout le
monde peut s’épanouir physiquement
et mentalement. »
I
l est de ces enfants qui n’ont que
les trottoirs pour demeure. Jud-
erson Toussaint en est un. Il n’a
personne. Il vit son quotidien dans
les rues de la Capitale à la merci des
autres. S’il avait trouvé l’occasion de
parler aux candidats, il leur aurait
demandé de le sortir des rues et
l’envoyer à l’école. C’est son unique
demande. « Lari a pa dous menm, m
ta renmen kite l », avoue-t-il. Mais il
sait que ces gens, à pareille époque,
font fi de la situation des enfants de
son genre. « Leta pa menm panse
avèk nou menm », pense le petit.
Toutefois, il aurait souhaité que les
électeurs fassent le choix de leaders
qui sauront se pencher sur le sort des
enfants de sa catégorie.
Il est né à Gros-Morne, le 28 mai
2003. Le gosse affirme n’avoir
jamais connu ses parents. « On
m’a dit que ma maman et mon père
sont morts depuis mon enfance»,
informe Juderson. Il a grandi
chez son grand père. C’est lui qui
l’a élevé. Mais ce dernier allait
mourir en 2010. Agé seulement de
sept ans, il allait devoir affronter
la vie tout seul. Après trois mois
passés sans succès à chercher un
autre membre de sa famille dans la
commune de Gros- Morne, l’enfant
a décidé un jour de s’arc-bouter
à un bus pour rentrer à Port-au-
Prince. « Je ne savais pas ce que
j’allais faire à la Capitale. J’ai pris
la décision d’y aller parce que je
n’avais pas d’autre alternative »,
explique-t-il.
Depuis 2010, il vit dans les
rues de Port-au-Prince. Dans un
premier temps, il sollicitait l’aide
des marchandes de nourriture
pour dissiper sa faim. Mais,
cela n’a pas été toujours facile
d’avoir la bonne grâce des gens.
Il lui fallait, à tout prix, trouver
quelque chose à faire. « C’était ma
seule option pour ne pas crever
de faim dans les rues », raconte
le môme. Il a donc essayé de
singer les portefaix. Aujourd’hui,
à chaque fois qu’il remplit un
bus de passagers, il gagne entre
5 et 15 gourdes. C’est la somme
exacte pour acheter un pâté ou
tout simplement des « marinad
». De l’eau, il peut en demander
à n’importe qui. « Lè yon moun
achte 5 goud dlo, m fè yo banm
youn », déclare-t-il.
Juderson Toussaint a également
fait savoir qu’il a déjà été l’école
en 4e année fondamentale. Ce
garçon caressait le rêve de devenir
journaliste. « Mais la vie réserve
souvent beaucoup de surprises
», croit-il. Son plus grand rêve
désormais est de retourner à
l’école. « Si m ta jwenn tounen
lekòl, m t’ap kontan anpil »,
déclare-t-il d’un air angoissé.
Chaque matin, Juderson se
réveille, dans les parages de
Portail Léogane, vers 5 heures.
« Lèm fin lave je m, mwen plake nan
yon bis poum al benyen maryani
apre sa poum tounen vin bwase
», informe l’enfant. Il ne trouve
pas avant dix heures le premier «
bwas » qui lui vaudra le pâté du
jour. Très souvent il est victime
dans ces rues. Puisqu’il est petit,
les portefaix adultes l’empêchent
toujours de trouver des « bwas ».
S’il persiste, ils en viennent même
à le tabasser. Pour dormir, le soir,
il doit attendre 10 heures ou
quelque fois onze heures, le temps
pour les chauffeurs de garer leurs
véhicules (camionnettes ou bus)
sur un trottoir pour y passer la
nuit.
Malgré ses difficultés, l’enfant
avoue n’avoir jamais voler les
gens. Pour lui juderson, prendre
ce qui ne lui appartient pas est
un risque. « Depi w nan pran sak
pa pou ou, ou pèdi dwa w, yo ka
touye w », affirme-t-il. Si, dans
les rues, dit-il, il rencontrait un
candidat, la seule chose qu’il lui
demanderait serait de retirer les
enfants des rues ».
Des jeunes et des adultes faisant du sport au Champ de Mars.
Champ de Mars, un véritable
foyer sportif pour les vacanciers
Par Lamy Obed
Au cours de ces vacances d’été, le Champ de Mars accueille tous les matins des
milliers d’individus, de tous horizons et de toutes catégories sociales, pour la
pratique du sport.
« Je demanderais aux candidats
de sortir les enfants des rues »
Par Ritzamarum Zétrenne
HAÏTI/ENFANTSDERUES
Le premier tour des législatives est programmé pour le 9 août prochain. Alors que
des candidats cherchent à trouver un peu de place dans les médias et d’autres
espaces pour augmenter leur popularité, des enfants de rue les appellent à leur
secours. Portrait de Juderson Toussaint, un enfant de rue qui souhaite retourner à
l’école.
DU VENDREDI 24 AU DIMANCHE 26 JUILLET 2015 N0
46 | 17
CULTURE
L'occupation américaine et les larmes de sang
prédites par Hannibal Price (2 de 5)
Par Leslie Péan, 25 juillet 1915
L
es configurations noiristes et
mulâtristes, autant en théorie
qu’en pratique, n’augurent
rien de lumineux pour la
Nation. Le moteur de la liberté est
amputé dès le départ avec l’exclusion
des affaires nationales, autant des
Polonais, des Français révolution-
naires abolitionnistes comme Malet
que des Allemands de Bombardopo-
lis. Les mécanismes de dilapidation
des deniers publics mis en avant
sous Dessalines avec le « Plumez la
poule, mais ne la laissez pas crier »
et sous Pétion avec le « Voler l’État,
ce n’est pas voler » vont être pérenni-
sés, multipliés et complexifiés. D’une
génération à l’autre, les antivaleurs se
transmettent.
En réalité, le problème est plus
grave du fait que notre entende-
ment est perturbé au point de nous
empêcher de distinguer le bien
du mal. La gangrène de la corrup-
tion légitime le manque d’éthique,
rejette les universaux et martèle
que la moralité dépend du con-
texte culturel . Nous acceptons le
mal s’il est fait par un des nôtres,
mais ce même mal est condam-
né s’il est fait par un étranger à
notre groupe. Hannibal Price est
étonné du silence manifesté lors
de l’emprisonnement sans juge-
ment du Noir Brunet Brice pen-
dant onze ans sous le règne du
noiriste Faustin Soulouque et de
l’exécution de son fils Broussain
Brice dit Brice Aîné sous le gou-
vernement noiriste de Domingue-
Rameau.
L’approche épistémologique qui
refuse les règles de moralité et de
civilité est également à la racine
du « Pito nou lèd nou la », et du «
tout voum se do ». Deux approches
délirantes qui font qu’Haïti va
de mal en pis. Convaincu que la
société haïtienne « blanche, jaune
ou noire » avait atteint le fond et
ne pouvait descendre plus bas,
Hannibal Price écrivait : « Il faut
remonter maintenant ou périr.
Avant la fin d’un autre demi-siè-
cle, il faut l’apothéose ou la chute
du rideau, l’auréole de gloire ou la
chute éternelle . »
Le refus de la finance noire
L’inquiétude exprimée par Hanni-
bal Price est évidente. De son
poste d’ambassadeur d’Haïti à
Washington, il dresse l’inventaire
du consensus financier mou qui
nous a étouffés. En effet, les par-
lementaires libéraux avaient mené
des enquêtes extraordinaires sur
les emprunts Domingue-Rameau
de 1874 (15 millions de francs) et
de 1875 (50 millions de francs).
Ils avaient conclu que le gouver-
nement Domingue-Rameau avait
festoyé et ripaillé jusqu’à l’ivresse
avec ces emprunts et qu’Haïti ne
devait pas ses montants dilapidés
par les bandits alors au pouvoir.
Une partie de ces deux dettes de
1874 et 1875 a été utilisée pour
payer les annuités de la double
dette de l’Indépendance (dette
de 150 millions francs-or et
emprunt de 30 millions de francs-
or). Les parlementaires libéraux
ont refusé d’accepter la finance
noire et ont conclu par le décret
de l’Assemblée nationale du 11
juillet 1877 qu’Haïti ne devait
que 21 millions de francs pour
les emprunts de 1874 et 1875.
D’où les guerres menées par les
financiers occultes entre 1877 et
1915 chargeant à tort et à travers
pour défendre leurs magouilles.
Hannibal Price a vu ses frères
de combat assassinés lors de
la guerre de la rue Pavée entre
bazelaisistes et canalistes du 30
juin au 3 juillet 1879. Il a exam-
iné l’alliance de Boisrond Canal
(mulâtriste) et de Lysisus Salomon
(noiriste) aboutissant à son ban-
nissement le 17 septembre 1879
avec 78 de ses amis, dont Boyer
Bazelais, Edmond Paul, Anté-
nor Firmin, Camille Bruno. Le
champ était libre pour continuer
la strangulation financière refusée
par les libéraux bazelaisistes au
Parlement et permettre au gou-
vernement de Salomon de livrer
la Banque nationale d’Haïti à
l’institution française dénommée
Société générale de crédit industri-
el et commercial. L’effondrement
du projet de modernité était con-
sacré avant même la débâcle des
libéraux à Miragoâne fin 1883.
Hannibal Price est conscient de
l’étroite marge de manœuvre
d’Haïti devant la contrainte extéri-
eure française, allemande, améri-
caine, anglaise avec les multiples
possibilités de dérive que cette
contrainte peut exercer quand au
choix des dirigeants qu’Haïti se
donne. Question récurrente s’il en
est, avec la décision de la com-
munauté internationale d’imposer
à Haïti en 2010 Michel Martelly
comme président ?
La zombification d’Haïti
Hannibal Price aborde la ques-
tion de la décapitalisation mas-
sive d’Haïti « tantôt pour payer
les frais de nos révolutions, tantôt
pour rembourser de prétendus
emprunts à l’étranger qui n’ont
jamais fait rentrer au Trésor que
des obligations publiques déjà
remboursées deux ou trois fois par
des gouvernements ignorants ou
vicieux ». Hannibal Price met le
doigt dans la plaie. En effet, le pre-
mier emprunt d’Haïti à l’étranger
n’a pas fait entrer un sou dans
les caisses nationales. Il s’agit de
l’emprunt de 30 millions de francs-
or contracté en 1825 qui a servi à
payer le premier versement de la
dette de 150 millions de francs-
or connu sous le nom de dette de
l’Indépendance. Hannibal Price
mentionne cette dette comme le
commun des mortels regarde le
soleil. Pas trop longtemps. Insup-
portable. Il détourne son regard
de cette « énorme décapitalisation
pour Haïti » comme en parlera
l’historienne Suzy Castor .
La zombification d’Haïti avec la
dette de l’Indépendance a entravé
tout développement du fait que
la conscience nationale ne l’a
pas pleinement intégrée dans
sa vraie dimension, qui fait de
1804 une illusion. En mainten-
ant l’économie haïtienne dans une
instabilité critique et en détru-
isant le système financier haïtien,
cette dette constitue la matière
première pour l’œuvre de contrôle
d’Haïti au XXe siècle réalisée par
l’occupation américaine. C’est la
destruction de l’œuvre de 1804
sur le champ de bataille financier.
Depuis 1904, l’éditeur Francis T.
Miller du Connecticut Magazine
écrit dans le journal new-yorkais
The Independent qu’Haïti est « la
proie de la finance moderne » . En
effet, l’occupation ouvre la fenêtre
sur la pérennisation du contrôle
financier américain et encourage
en plus l’étalage du fantastique et
de la futilité. Nous y reviendrons.
Le contrôle des finances haïti-
ennes se fait par la City Bank qui
déclare en 1922 dans son journal
« La Banque d’Haïti nous appar-
tient » (Bank of Haiti is ours) . Ce
contrôle se nourrit entre autres de
celui de l’émission monétaire, de
celui des douanes et de la contin-
uation des emprunts comme celui
de 1922 qui servira au finance-
ment de la compagnie JG White
et de la Shada. Il faut y ajouter les
arrangements politiques cosmé-
tiques tels que le Parlement haï-
tien remplacé par le Conseil d’État
dont les membres sont nommés
par la présidence. De ce fait, le
Parlement n’est plus indépendant
même nominalement.
Le pacte social découlant du
mode de financement global de
la société mis en œuvre avec la
double dette de l’Indépendance a
cassé les liens de solidarité, fait
la promotion de l’exclusion de la
paysannerie et ruiné Haïti. Les
recettes élaborées à partir de la
cuisine des fantasmes noiristes
et mulâtristes ont abouti à la bru-
tale réalité des emprunts de 1825,
1875, 1896 et 1910 totalisant un
solde net de 21 millions de dol-
lars d’endettement le 28 juillet
1915. Quand on y ajoute les dettes
internes et la dette flottante de
11 millions de dollars, on obtient
un total de 32 millions de dollars
américains de dettes au débarque-
ment des marines américains le
28 juillet 1915. (À suivre.)
18 | N0
46 DU VENDREDI 24 AU DIMANCHE 26 JUILLET 2015
CULTURE
L'écrivaine Edwidge Danticat a signé son
dernier roman à la librairie La Pléiade
Par Schultz Laurent junior
L’écrivaine Edwidge Danticat était en signature à la librairie la Pléiade le mercredi 22 juillet 2015 dans le cadre
de la parution de son dernier roman « Pour l’amour de Claire ». Salué comme un récit captivant par la presse
internationale, ce roman lève le voile sur la situation dramatique des enfants qui vivent en dehors du cocon
familial.
A
près « Le cri de l’oiseau
rouge », son premier récit,
Edwidge Danticat s’aventure
avec une passion inouïe sur
le chemin de l’écriture. Elle a publié
notamment « La récolte douce des
larmes », « Adieu mon frère », « Le
briseur de rosée », des romans qui ont
été réédités par les Presses nationales
d’Haïti. Cette année, elle récidive en
force chez Grasset en publiant avec
le même enthousiasme son œuvre «
Pour l’amour de Claire ». Ce livre fait
272 pages. Il est disponible dans les
présentoirs de la librairie la Pléiade.
À la quatrième de couverture le
lecteur peut lire le résumé du
livre. « À ville rose, un petit
village côtier au sud de Port-au-
Prince, tout le monde se connaît.
Une embarcation de pêcheur vient
d’être emportée par une gigan-
tesque vague et une enfant, Claire,
a disparu. Elle venait d’avoir sept
ans et de comprendre que son
père, qui l’aimait plus que tout au
monde et qui l’élevait seul depuis
la mort de sa mère en couches,
envisageait de se séparer d’elle
pour la confier à une femme aisée.
Le destin est sans pitié pour les
pauvres, comme en témoigne
cette première histoire d’une série
de récits enchâssés où alternent
passé et présent, portraits nostal-
giques d’un paysage paisible et
scènes hallucinées où se joue la
violence qui ravage Haïti, celle des
hommes comme de la nature : à la
misère, aux fantômes et aux gangs
font écho une chaleur qui fait
éclater les grenouilles des rivières
qui sortent de leur lit et des arbres
qui pourrissent sur pied. Village
rose rappelle le Mercando de
Gabriel Garcia Marquez où il faut
chaque jour faire triompher la vie
sur la mort. »
Danticat est une conteuse hors
pair, selon le Miami Herald. Elle
ne fuit pas devant la brutalité mais
sait faire preuve d’une sensibilité
maîtrisée pour évoquer la beauté
qui entoure toute cette douleur. Ce
récit tient d’une fable, a souligné
le New York Times. Le lecteur est
confronté à des existences mar-
quées par la perte, la rédemption,
la cruauté et la vengeance et dont
l’avenir est dicté par le hasard.
Danticat relate l’histoire de ses
personnages dans une prose lim-
pide qui révèle la similitude de
leurs destins. Pour O, The Oprah
Magazine, c’est une histoire
d’amour haïtienne aux multiples
visages dans laquelle la mer scin-
tillante des Caraïbes est à la fois
amie et ennemie. Dans ces visages
le cœur humain est mis à nu et le
contenu secret de ses cavités est
révélé dans toute sa beauté et son
infinie douleur.
Le roman « Pour l’amour de
Claire » d’Edwidge Danticat est
à découvrir par les lecteurs qui
sont appelés à discerner à trav-
ers ce texte ce qui fait la force et
la faiblesse de cette auteure qui
mérite d’être lue.
Le Théâtre national se prépare pour
la CarifestaPar Carl-Henry PIERRE
Dans le cadre d’une entrevue, Le National s’était rendu au Théâtre national. Le constat est que, là-bas, on fait des
formations sur la danse, la musique, l’art de la scène. Et la grande scène se refait un visage. Car il est en chantier
pour la grande manifestation culturelle « Carifesta » que le pays accueillera du 21 au 30 août 2015.
D
ans le dialogue entre le
directeur du Théâtre nation-
al, monsieur Yves Pénel, et
le Le National, beaucoup
de choses se sont dites. Il nous a
fait savoir qu’il n’y a pas de Théâtre
national en dehors d’une scène con-
fortable et que tout théâtre, essentiel-
lement, nécessite une scène. La loge
duthéâtreainsiquesonameublement
se doivent d’être mis au point. Il a mis
l’accent sur la couverture de la scène,
puisque, en cas de pluie, il ne pourrait
y avoir de spectacle. C’est pourquoi,
selon lui, l’urgence d’un parapet se
fait sentir avant la grande réhabilita-
tion de la toiture. « Il va y avoir sur la
scène le théâtre de la Martinique et le
théâtre d’Haïti », a-t-il déclaré.
« Au cours de la Carifesta, le
Théâtre national présentera des
spectacles à Triomphe et aussi en
son local. Il aura à présenter deux
pièces de théâtre : « Haïti, une
histoire » et « Le rêve de Simbia
», qui sont déjà en préparation. Il
est aussi responsable de toutes les
autres troupes qui auront à gravir
le kiosque de cette manifestation
culturelle. » Yves Pénel parle aussi
d’une dizaine de troupes déjà
choisies et qui ont déjà la pro-
grammation du festival. Il nous
dit que le Théâtre national sera
aussi présent dans les différentes
mises en scène de la Carifesta. Le
directeur ouvre une petite paren-
thèse sur un festival de folklore
appelé Zacatecas qui aura lieu au
Mexique du 26 juillet au 2 août
où le Théâtre national aura à
représenter Haïti, à travers des
spectacles avec une vingtaine de
gens, danseurs, tambourineurs,
chanteurs.
« Quand on parle du Théâtre
national, on ne parle pas du théâtre
de Port-au-Prince. C’est pourquoi
on travaille sur la déconcentra-
tion du Théâtre national dans la
mesure où on est dans un proces-
sus d’implantation d’annexes dans
d’autres villes du pays, et ce, suiv-
ant la demande du Président et du
Premier ministre », a fait savoir
l’intéressé. Il a ajouté qu’il y a
une flopée de jeunes talents dans
les villes de province qu’il faut
prendre en compte et le proces-
sus commence déjà dans les villes
comme les cayes, Cerca Carvajal,
Cap-Haïtien, etc., où il y a des
représentants, des agents envoyés
dans ces lieux. Monsieur Pénel
nous parle d’un budget déposé
qu’il souhaite qu’on prenne enfin
en compte pour rendre effective
la déconcentration du Théâtre
national.
« Inauguré depuis 1986 après la
chute des Duvalier par « La tra-
gédie du roi Christophe » d’Aimé
Césaire sous le nom de Théâtre
national, cet organisme de valori-
sation du théâtre a existé depuis
1982. Il avait à cette époque
le nom de Théâtre de verdure.
Il n’avait pas l’ampleur qu’il a
aujourd’hui. Il était surtout fait de
jeux de cirques, d’animaux, etc. »
Yves Pénel se remémore les années
vertes du Théâtre national avec
Lobo Dyabavadra, Hervé Denis,
Zetok, Gérard Rezil qui étaient
des formateurs et qui étaient là
aussi lors de l’inauguration en
1986. Il nous parle d’une certaine
dégradation du Théâtre national
causée par des chocs, qu’ils soient
écologiques, tel le séisme du 12
janvier 2010, et aussi des chocs
liés aux individus eux-mêmes.
Le directeur profite de l’occasion
pour remercier le président Mar-
telly d’avoir fait choix de lui pour
assurer le renouvellement du
Théâtre national. Monsieur Yves
Pénel souhaite que la manifesta-
tion culturelle de la Carisfesta soit
une totale réussite.
L’écrivaine Edwidge Danticat signe son dernier roman. / Photo : Ruben Chéry
DU VENDREDI 24 AU DIMANCHE 26 JUILLET 2015 N0
46 | 19
CULTURE
La France gaspille 13 millions
d'euros dans un musée du cinémaPar Dangelo Néard (notre envoyé spécial en Europe)
D
ans sa conception et dans
son ambition, cette idée
d’un musée du cinéma est
ce qu’il y a de plus merveil-
leux. En effet, nous sommes nom-
breux à aduler le 7e art. Certains films
ont fait leurs beaux dégâts en nous,
certains ont même influencé notre
mode d’inscription dans le réel, notre
apprentissage du monde.
Pour nous dépatouiller dans la
vie, nous faire une carrure ou
pour faire le beau, le brave, on a
eu recours à beaucoup de strat-
agèmes d’acteurs de la trempe
d’un James Bond, d’un Jean-
Claude Van Damme ou d’un Sil-
vester Stalone.
Ils sont légion les petits garçons à
se nouer une serviette autour du
cou, à courir sur tous les toits du
monde en passe de se jeter dans le
vide parce qu’ils se prennent tout
carrément pour superman.
Et toutes ces femmes adultes qui
cherchent le prince charmant,
vous savez, l’homme beau, grand,
fort, intelligent, riche, séduisant
et gentil. Sans totalement s’en
rendre compte, cet archétype mas-
culin vient des dessins animés,
des séries télévisées et des films
romantiques. C’est tout ça qui
opère et qui surdétermine les
façons dont ces femmes se posi-
tionnent dans le jeu amoureux.
Donc, tous, ceci est la lapalissade
du siècle, nous avons des dettes
envers le cinéma, nous aimons le
cinéma. C’est un art majeur. Cha-
peau aux frères Lumière.
À en faire un musée à
plusieurs millions d’euros
Maintenant comment peut-on
arriver à vouloir mettre au four
13 millions d’euros pour un plat
de musée ? Déjà, parce qu’on est
un pays riche et parce qu’on n’a
rien à faire de la misère du monde,
de la misère qui tue au sein de son
propre État. Et aussi parce qu’on
a besoin de maintenir son hégé-
monie culturelle. Être la patrie de
la culture ou rien. Jusque-là, c’est
pardonnable.
Mais le musée n’a jamais ouvert ses
portes. Peut-on pardonner ça ? Et
pourquoi il n’ouvre pas, ce musée
du cinéma ? Parce que la direction
du centre régional de Charente qui
prévoyait de l’inaugurer en juillet
2004 a changé de mains, est passé
de l’UMP vers le PS. Et on apprend
dans la foulée que « l’équipe en
charge du projet n’avait pas négo-
cié les droits d’exploitation des
œuvres reproduites ». On se croi-
rait dans un pays pauvre.
Et depuis, Pole Image Magelis
(structure de développement des
métiers de l’image en Charente)
qui gère maintenant ce musée-
fantôme a ses deux pieds dans le
même soulier.
Dans cette belle ambiance, alors
que la France donne à beaucoup
d’États, dont la Grèce et Haïti, des
leçons de bonne gestion de ses
ressources, on peut se dire, tim-
idement, un peu comme l’aurait
fait Titeuf, n’est-ce pas l’hôpital
qui se fout de la charité, le fumeur
qui s’enfume, un 6 qui reproche à
un 9 sa façon de cadencer ?
Gary Victor sur l'escalier des désillusions
Par Magdalée Brunache
«
L’escalier de mes désillusions
» de Gary Victor m’a été offert
dans le cadre d’un concours de
lecture. Pendant un peu plus
d’une semaine, j’ai exploré ce texte
captivant dans tous ses contours. Le
narrateur, Carl Vausier, que j’avais
précédemment découvert dans « Mau-
dite éducation », y relate un autre pan
de sa vie correspondant au séisme du
12 janvier.
Alors que la terre s’anime convul-
sivement, Carl est dans l’ignorance
de ce qu’il est advenu de son ex-
femme Jézabel et de sa fille Hanna.
Dans sa hantise de songer à la pos-
sibilité qu’il ait pu les perdre, il va
peu à peu chercher refuge dans
son passé, revisiter des parcelles
d’existences qu’il avait su enfouir
dans les replis de sa mémoire.
De l’enterrement de son père à
la lente agonie de son mariage
avec Jézabel. Ses pensées vont
remonter le fil des évènements qui
l’ont marqué à diverses époques.
Revoir les femmes qui ont peuplé
sa vie l’espace d’une fulgurante
étreinte. Mais surtout celles dont
il fut amoureux, telles Cœur Qui
Saigne et la froide Jézabel.
Des mots qui révèlent un homme
désabusé, dont les illusions se sont
écrasées contre la cruelle réalité,
l’expérience de l’hypocrisie où
cette société se trouve embour-
bée et qu’elle peine à cacher sous
les sourires feints et les conve-
nances. Mais hypocrite, ne l’est-
il pas un peu, comme chacun de
nous ? À travers les lézardes de
sa mémoire, remontent des épi-
sodes, des erreurs de parcours
dont il aurait à rougir fortement
s’ils venaient à être connus.
« L’escalier de mes désillusions »
est un roman bouleversant, tant
par la force et la sincérité des
sentiments du narrateur que par
sa manière de les conter. À trav-
ers lui, s’élèvent de nombreuses
voix, celle de Man Hernande, sa
belle-mère qui traîne à sa suite un
lourd et douloureux passé jusqu’à
celle d’une prostituée, dans un
quelconque bordel en République
dominicaine.
Nombreux de ces récits s’entourent
d’un halo de mystère tenant à la
puissance de la culture vaudou-
esque à laquelle s’adonnent ou
que craignent presque tous les
Haïtiens. Bien que Carl se désig-
ne comme un moderniste et un
homme clairvoyant, l’apparente
franchise de ces narrations
s’interpose à son scepticisme, lui
faisant admettre dans le doute la
possibilité d’une vérité transcen-
dant le domaine de la science, une
vérité qui se cherche à la faveur
de la nuit, dans les rapports avec
les loas.
Assis à côté de Man Hernande
que la douleur a rendue muette,
l’inquiétude pour ses êtres chers
ne cessera de le ronger. Le séisme
vient ébranler les fondements de
sa vie, jetant une lumière crue sur
ses sentiments profonds. Sortira-
t-il grandi de ce quelque chose
qu’apporte souvent un voyage au
fond de soi-même ? À vous de le
découvrir.
Le musee du cinema d’Angoulême.
Voici un pays qui peut s’offrir, en ces temps de crise, une petite gabegie de 13 millions d’euros. Dans le
département de la Charente, entre deux calculs et trois bon rêves, les élus locaux se sont dit : « Et si on se faisait
un petit musée du cinéma ? » Et chose dite, chose faite. L’érection du musée a lieu à Angoulême en 2004, par
contre, jusqu’à cette présente minute de juillet 2015, les portes n’ont jamais été ouvertes au public.
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46 DU VENDREDI 24 AU DIMANCHE 26 JUILLET 2015
DU VENDREDI 24 AU DIMANCHE 26 JUILLET 2015 N0
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SPORT
ÉLIMINATOIRES/MONDIAL2018
Qu'en est-il pour les éliminatoires ?par Gérald Bordes
A
près sa participation à la
Gold Cup et son élimination
en quarts de finale par la
Jamaïque (0-1), la Sélection
nationale senior attend avec
impatience les adversaires qu’elle
devra rencontrer en éliminatoires
du Mondial 2018. Les Haïtiens et
Jamaïcains ont été exempts des deux
premiers tours des éliminatoires.
Ils devront se mesurer avec les
sélections (Saint-Vincent-et-les-
Grenadines, Antigua-et-Barbuda,
Canada, Guatemala, Aruba,
Curaçao, Nicaragua, Grenade,
Belize et Salvador) qui sont issues
de la 2e phase éliminatoire du
Mondial. Le tirage au sort aura
lieu ce samedi 26 juillet à Saint
Petersburg, Russie, à midi (heure
haïtienne). La Sélection nationale
sera l’une des têtes de série. Les
matches aller du 3e tour se joueront
le 4 septembre 2015 et les matches
retour seront prévus pour le 8
septembre de l’année en cours.
Les six meilleures sélections de ce
3e tour seront qualifiées pour le
4e tour. Elles auront sur leur route
les grosses pointures de la zone
telles que : Costa Rica, Honduras,
Mexique, Panama, Trinité-et-
Tobago, États-Unis.
Le 4e tour se jouera du 7 novembre
2015 au 6 septembre 2016. Les
douze sélections seront réparties
en trois groupes de quatre. Les
deux meilleures classées de chaque
groupe disputeront l’hexagonal du
7 novembre 2016 au 10 octobre
2017. Et les trois meilleures de
ces éliminatoires représenteront la
zone au Mondial Russie 2018 tandis
que la sélection qui terminera en
4e position jouera un play-off face
à une sélection du continent Sud-
Américain.
À signaler que le premier tour
a débuté le 23 mars 2015 pour
les matches aller et les matches
retour ont eu lieu le 31 mars
avec la participation de quatorze
sélections. Les sept meilleures ont
rejoint les treize autres sélections
qui ont disputé le 2e tour du 8 au
16 juin 2015.
Les autres confédérations
connaîtront aussi leurs adversaires
Hormis l’Asie pour laquelle le
tirage a déjà eu lieu en février
pour le premier tour et en avril
pour le deuxième tour, les quatre
autres confédérations de la FIFA
connaîtront aussi leurs concurrents.
Il faut signaler que l’Afrique aura
53 associations membres sur
54 parce que le Zimbabwe a été
exclu du fait qu’il n’a pas honoré
ses obligations envers son ancien
sélectionneur, le Brésilien José
Claudinei Georgini. La FIFA a lancé
une procédure disciplinaire et les
délais ont expiré alors que la dette
du Zimbabwe envers le coach n’est
pas encore réglée. Sur 53 pays,
l’Europe aura 52 représentants
dans ces éliminatoires parce que
la Russie est qualifiée d’office. Il
y aura également l’Amérique du
Sud avec ses 10 sélections et 11
pour l’Océanie qui connaîtront
leurs adversaires dans leurs zones
respectives.
LALISTEDESDIFFÉRENTES
ÉTAPESDELAZONE
CONCACAF
PREMIER TOUR (23 ET 31 MARS 2015)
: ANGUILLA, BAHAMAS, BARBADE,
BÉLIZE, BERMUDES, ÎLES VIERGES
BRITANNIQUES, ÎLES CAÏMANS,
CURAÇAO, DOMINIQUE, MONTSERRAT,
NICARAGUA, ST. KITTS-ET-NEVIS,
TURKS-AND-CAICOS ET ÎLES VIERGES
AMÉRICAINES.
SECOND TOUR (8 ET 16 JUIN 2015):
ANTIGUA AND BARBUDA, ARUBA,
CANADA, CUBA, RÉPUBLIQUE
DOMINICAINE, SALVADOR, GRENADE,
GUATEMALA, GUYANA, PORTO RICO,
SAINTE-LUCIE, SAINT VINCENT-ET-
GRENADINES, SURINAME PLUS SEPT
QUALIFIÉES.
TROISIÈME TOUR (4 ET 8 SEPTEMBRE
2015): HAÏTI, JAMAÏQUE ET SAINT-
VINCENT-ET-LES-GRENADINES,
ANTIGUA-ET-BARBUDA, CANADA,
GUATEMALA, ARUBA, CURAÇAO,
NICARAGUA, GRENADE, BELIZE ET
SALVADOR.
QUATRIÈME TOUR (7 NOVEMBRE
2015-6 SEPTEMBRE 2016) : COSTA
RICA, HONDURAS, MEXIQUE,
PANAMA, TRINITÉ-ET-TOBAGO,
ÉTATS-UNIS D’AMÉRIQUE ET SIX
QUALIFIÉES.
HEXAGONAL (7 NOVEMBRE 2016-
10 OCTOBRE 2017) : AVEC LES SIX
MEILLEURES SÉLECTIONS.
Le tirage au sort des éliminatoires du Mondial Russie 2018 pour la zone Concacaf aura lieu ce samedi 26 juillet
2015 à Saint Petersburg. À cause de sa position dans le classement mondial janvier 2015 (73e et 8e de la zone
Concacaf ; actuellement 79e mondial et toujours 8e de la zone Concacaf), Haïti était exempte des deux premiers
tours des éliminatoires. Mais, la Sélection nationale senior qui vient d’être éliminée aux quarts de finale de la
XIIIe édition de la Gold Cup, entrera en lice lors du 3e tour en compagnie de son bourreau de la Coupe d’Or, la
Jamaïque et les dix sélections issues du 2e tour. Haïti et la Jamaïque seront considérées comme têtes de série
pour le tirage.
Frantz Bertin et Gyasi Zardes en duel pour le ballon lors de la Gold Cup. / Photo
/Associated Press
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  • 1. » P. 16 » P. 22 »   P. 6 SOCIÉTÉ SPORT » suite page 4 » lire page 5 Champ de Mars, un véritable foyer sportif pour les vacanciers Par Lamy Obed Haïti rencontre le Trinidad-et-Tobago en barrages ! par Gérald BordesP ar souci de transparence, le Pnud dit appliquer une poli- tique de tolérance zéro vis-à- vis des pratiques interdites, telles que la fraude, la corruption, la collusion, les pratiques contraires à l’éthique et l’obstruction. « Le Pnud s’est engagé à prévenir, identifier et sanctionner l’ensemble des actes frauduleux et de corruption commis contre le Pnud et les tiers participant aux activités du Pnud. » Le Pnud s'est rachetéPar Noclès Débréus HAÏTI / ÉLECTIONS / IMPRESSION DE BULLETINS DU VENDREDI 24 AU DIMANCHE 26 JUILLET 2015 NUMÉRO 46 WWW.LENATIONAL.HT QUOTIDIEN • 25 gourdesRÉPUBLIQUE D’HAITI ACTUALITÉ Les partis rejettent la formule adoptée HAÏTI / FINANCEMENT DE LA CAMPAGNE Le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) semble avoir tiré des leçons après les critiques acerbes essuyées suite à l’attribution sans appel d’offres du contrat sur les matériels sensibles et non sensibles pour le premier tour des législatives du 9 août. Pour les élections locales et la présidentielle qui doivent avoir lieu respectivement les 25 octobre et 27 décembre 2015, l’organisme onusien veut se racheter en lançant un appel d’offres ouvert qui accorderait la possibilité aux entreprises nationales et/ou internationales de soumettre leurs dossiers. La PNH a encore un plan Par Évens RÉGIS
  • 2. 2 | N0 46 DU VENDREDI 24 AU DIMANCHE 26 JUILLET 2015 TRIBUNE Santo Domingo, 21 juillet 2015 Monsieur le Président, Après avoir pendant quatre- vingt douze (92) jours porté avec honneur, respect, conscience et patriotisme le bicolore national sur le territoire de Duarte, Sanchez et Mejia, j’ai l‘honneur de vous le remettre sans souillure avec dans ses plis glorieux le sentiment patriotique d’avoir essayé d’être utile. Je vous prie de croire que la décision de faire ce geste symbolique n’est ni le fruit d’une émotion passagère ni le calcul d’un intérêt quelconque voir d’un agenda inavouable. L’habitude des instructions claires, précises, cohérentes et en harmonie avec les règles du jeu de la diplomatie et de la déontologie de l’administration publique ont fini par faire de moi de moi (après tout ce temps) un cadre soucieux dc résultats et qui tient surtout compte du poids de la réalité objective des choses et des rapports. C’est avec calme, sagesse et perspicacité que se règlent les conflits entre États. La gestion de la relation entre Haïti et la République Dominicaine demande de la part des différents acteurs une attitude raisonnée, raisonnable et où l’amateurisme et l’improvisation n’ont pas leur place. La République Dominicaine est un voisin avec lequel nous sommes condamnés par la géographie à vivre ensemble en dépit du développement inégal qu’accompagne un différentiel marginal d’accès aux biens et services. Je vous ai écrit plusieurs lettres qui sont restées malheureusement sans réponse et, dans mon dernier rapport qui date du 14 juillet dernier, j’ai pris la précaution do vous renouveler l’urgence que la diplomatie haïtienne avait à gérer la crise non seulement dans la logique de la défense des intérêts nationaux mais aussi à toujours privilégier le dialogue constructif. C’est la responsabilité de l’Ambassadeur d’Haïti en République Dominicaine de veiller à ce qu‘un équilibre persiste entre le respect de notre dignité de Peuple, de nos valeurs, de nos mœurs et coutumes tout en maintenant ouverte de manière réaliste la porte du dialogue. Vous savez pourquoi ? Parce que pendant que vous lisez ccs lignes: a) des milliers de nos frères et sœurs continuent de traverser la frontière “anba fil” à la recherche d’un mieux- être; b) des dizaines de femmes et d’adolescentes de nationalité haïtienne donnent naissance chaque jour à des enfants dans des centres hospitaliers dominicains; c) quarante quatre mille trois cent dix (44310) jeunes fréquentent les universités d’État ainsi que des Centres universitaires privés sans oublier ceux et celles qui, vivant à la frontière, vont dans des écoles primaires et secondaires en territoire dominicain le matin et retournent en Haïti le soir ; d) nombreux sont ceux et celles qui, retournant au pays volontairement pour toutes sortes de raison au cours de ces derniers jours, planifient déjà de revenir reprendre le “job” qu‘ils avaient abandonné et ou on les attend; e) des centaines de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants continuent de vendre leur journée de travail dans le secteur agricole, dans des conditions extrêmement difficiles, mais ne pensent pas à revenir au pays; f) des centaines de milliers d’autres attendent en vain des documents promis et qui leur aurait permis de régulariser leur statut migratoire. C’est ça aussi l’autre face de la réalité que nous avons la responsabilité de gérer ! En deux cent onze ans on n’a pas réussi à réduire les écarts socio-économiques, ni a atténuer l’épineuse question de couleur. On n’a pas non plus réussi à donner à nos concitoyens un acte de naissance prouvant qu’ils existent et à créer à l’interne une situation qui aurait empêché à ces millions d’Haïtiens et d’Haïtiennes de laisser le pays a tout prix et parfois dans n’importe quelle condition. Si nous n’acceptons pas le fait qu’il y a un problème, il n’y aura pas de solution. Monsieur le Président, Je comprends Haïti dans la logique de son passé, dans les méandres de son histoire, dans ses faux pas, avec ses humeurs, ses ambitions mais surtout avec ses lacunes, ses faiblesses, ses limites et ses déceptions. Je connais aussi nos frères et sœurs avec leur joie de vivre, leur amour de la Patrie, leur respect pour les Pères Fondateurs, leur fierté d’afro-descendants mais aussi avec leur dédain pour la vérité et leur attitude souvent irresponsable dans la gestion de la res publica. En utilisant une métaphore que vous comprendrez, ceux et celles qui montent le “char” en début de cortège ne l‘abandonne qu’a la fin du défilé. En général je fais le circuit jusqu’à la fin mais, certains accidents de parcours parfois m’obligent à changer d’itinéraire pour éviter tout jugement regrettable de l’Histoire. Monsieur le Président, Le pays attend que vous soyez ferme et que vous ne soyez pas prisonnier des rapports du passé ni de conseils provenant d’officines suspectes. Le Peuple vous avait fait confiance en vous permettant d’accéder à la très haute magistrature de l’État. Il compte donc sur Vous. Je ne suis pas le premier ambassadeur haïtien en République Dominicaine à être rappelé mais j’espère être le dernier pour éviter que justement, de l‘autre côté de la frontière. qu’on ne persiste à croire que si la déroute de l’intelligence semble être une constante nationale l’échec de la politique extérieure semble l’être aussi. Je retourne donc chez moi rejoindre les membres de ma famille, retrouver la chaleur de mes relations amicales, renouer avec cette culture qui m’imprègne tout en espérant le meilleur pour Haïti. Représenter et servir Haïti en République Dominicaine a été un grand honneur pour moi. Recevez, Monsieur le Président, mes très patriotiques salutations. Daniel Supplice NB : Le PIDIH est un échec Le PIDIH est un échecLettre de l’ambassadeur Daniel Supplice au président Michel Joseph Martelly
  • 3. DU VENDREDI 24 AU DIMANCHE 26 JUILLET 2015 N0 46 | 3 ACTUALITÉ Ne pas dire la vérité ! L’ambassadeurd’HaïtienposteenRépubliquedominicaine,DanielSupplice,aétéremplacé provisoirementparMagalieJeantyMagloirequiassuraitlafonctiondeministreconseiller. LesdéclarationsdeDanielSupplicesurlacriseactuelleentrelesdeuxpays,principalement surl’échec du PIDIH(Programmed’identificationetdedocumentationdesimmigrants haïtiens),n’ontpasétéappréciéesenhautlieuàPort-au-Prince.Ladécisionderemplacer l’ambassadeurSupplicesuscitecependantpasmalderemous,carilestconsidérédans beaucoupdesecteursicietenRépubliquedominicainecommeunepersonnalitépouvant avoirsonpoidsdansletraitementdelacriseaubénéficedel’île. LesproposdeDanielSuppliceontprisàreversladiplomatiehaïtienneetontétéutilisés contrenousparlesDominicains.Quandonestambassadeur,ilyadesvéritésqu’onne doitpasassumer.C’estlegrandtortdeDanielSupplice. S’ildemeureentenduqu’ilfauttoutfairepourquelaRépubliquedominicainerespecteles conventionsinternationalesqu’elleasignéesetqu’ilfautsebattrepartoutpourmettreà laraisonlessecteursracistes,onnepeutcontesterquelacrisemigratoireestsurtoutdue àl’échecdel’Étathaïtiendanslagestiondesonterritoireetdesapopulationaveccomme corollairesesrapportsdépendantsaveclesautresÉtats.Unesimplecomparaisonentre les villes frontalières qui se font face le long de la frontière n’est pas à notre avantage. Lamauvaisegouvernance,lacorruption,lenon-fonctionnementdenosinstitutions,le refusdedéfinirunavenircommunonttransformélelieuhaïtienenunnon-vivred’oùla populationnerêvequedes’échapper.SilaRépubliquedominicainereçoitlegrosdufluxde ceuxquirecherchentunmieux-vivre,lespaysdel’Amériquelatine,aprèslesdépartements français de Martinique, Guadeloupe et Guyane, commencent à recevoir leurs flots de migrantshaïtiens.LespectacledevantleconsulatduBrésilestunconstatsansappel. LaréalitédesrapportsentrelesÉtatsestavanttoutéconomique.Onnepourraredéfinir sérieusement les rapports avec notre voisin dominicain qu’avec une relance de notre productionnationaleetunecréationsignificatived’emplois. Il y a une énergie dans ce pays, maintenant, qui doit être focalisée sur le choix d’un personnel politique capable de changer la donne qui n’est pas en ce moment en notre avantage.Desorganisationsdedéfensedesdroitshumainsonttirélasonnetted’alarme :leParlementrisque,àlafaveurdecesélections,danscecontextededéliquescencede nosinstitutions,d’avoirunprofilplusqu’inquiétant. L’île entière, la Caraïbe et même l’Amérique latine sont menacées par les prochaines élections.Onpeutbienpratiquerlalanguedebois,manipulerpar-cipar-là,maissinotre payss’embarqueencoreunefoisdansunegouvernanceboiteusepournepasdirenulle,ce n’estpasseulementlapopulationhaïtiennequienpayeralesconséquences. Gary Victor Édito Vers la reprise des activités au service de la radiologie Par Reynold Aris HAÏTI/HUEH Près d’un mois après la grève lancée par les médecins résidents de l’Hôpital de l’Université d’État d’Haïti (HUEH), le directeur exécutif du Conseil d’administration de l’Hôpital, Maurice Mainville Fils, lors d’une conférence de presse, annonce l’ouverture du service de la radiologie pour le 25 juillet prochain. L es médecins, dit-il, se sont déjà mis d’accord là-dessus. « Les chefs de service se sont préparés et demandent que les médecins les accompagnent lors de la reprise des activités à la date sus- mentionnée », rapporte M. Mainville. Des cassettes de l’HEUH, informe-t- il, ont disparu dans des conditions non encore élucidées. Pour pallier ce manque, le responsable annonce déjà l’acquisition de nouvelles cassettes. « Mais nous devons récupérer celles qui étaient disponibles au service de la radiologie », insiste-il. Le directeur a expliqué que, bien qu’il s’agisse d’un centre hospitalier public, il est inconcevable que ces cassettes soient volées. Dans une telle situation, affirme-t-il, le parquet de Port-au-Prince sera saisi de ce dossier. Toutes les revendications (administratives et académiques) seront satisfaites. Le câble sera opérationnel. Les toilettes seront disponibles compte tenu de leurs doléances. Mais les médecins résidents sont tenus de respecter les règlements internes de la résidence hospitalière interdisant leur entrée en grève, fait-il prévaloir. Aucune sanction, souligne le directeur, n’a été prise à leur égard, arguant que c’est pourquoi cette pratique persiste. Le directeur a en outre indiqué que le chef de ce service restera à son poste. Car il ne relève pas des médecins résidents d’exiger la mise à pied d’un chef de service qui n’est responsable d’aucune faute administrative. Le service de la radiologie figure parmi l’un des services les plus performants de l’HUEH, a aussi fait savoir Maurice Mainville. À titre d’exemple, soutient-il, cette structure a réalisé près de 21 mille 577 tests radiographiques de types divers au cours de l’année 2014. Elle a en outre réalisé 1 769 examens de sonographie relatifs à différents cas. Un examen de radiographie réalisé à l’HUEH au prix de 600 gourdes s’effectue ailleurs au prix de 2 000 gourdes. Une situation qui n’est pas profitable aux petites bourses, compte tenu de la détérioration des conditions socio-économiques du pays. Selon M. Mainville, durant l’exercice 2013-2014, l’HUEH a accueilli environ 215 mille 155 patients avec un taux de décès estimé à 8,47 % pour cette même période. Un chiffre qui s’avère satisfaisant au regard d’autres centres hospitaliers, même dans d’autres pays. Cela, dit- il, en dépit des mauvaises langues, un minimum de soins est accordé aux patients. Se réjouissant des services de l’HUEH, le directeur exécutif a souligné que près de 150 patients par jour sont auscultés au service d’urgence de l’HUEH. Ce centre accueille entre 750 et 900 patients au service de la clinique externe. Il a toutefois convenu qu’il importe aux autorités d’améliorer l’offre et la prestation de soins compte tenu des besoins énormes de la population. Monsieur Mainville a, par ailleurs, mis l’accent sur l’absence de bonnes conditions de travail pour les employés de l’HUEH. Une situation, selon lui, qui n’épargne personne. Le directeur exécutif du Conseil d’administration de l’Hôpital, Maurice Mainville Fils. / Photo : J. J. Augustin
  • 4. WWW.LENATIONAL.HT 10, RUE GABART · PÉTION-VILLE EMAIL: INFO@LENATIONAL.HT PUBLICITE@LENATIONAL.HT REDACTION@LENATIONAL.HT (509) 4611-1010 / 3214-5554 PROPRIÉTAIRE : LE NATIONAL. SA DIRECTEUR : JEAN GARDY LORCY DIRECTION ARTISTIQUE : FABRICE LAFLEUR RÉDACTEUR EN CHEF : GARY VICTOR RÉDACTEUR EN CHEF ADJ : HENRI ALPHONSE SECRÉTAIRE DE RÉDACTION : JACQUES DESROSIERS JDESROSIERS@LENATIONAL.HT CONSEILLER À LA RÉDACTION : PIERRE CLITANDRE SECTION ACTUALITÉ : LIONEL EDOUARD SECTION CULTURE : DANGELO NÉARD SECTION ECONOMIE : HENRI ALPHONSE SECTION SPORTS : GERALD BORDES SECTION SOCIÉTÉ : JOE ANTOINE JN-BAPTISTE RÉDACTEURS : NOCLÈS DEBRÉUS, CADET JEAN MICHEL, STÉPHANIE BALMIR, EDDY LAGUERRE, KENSON DÉSIR, REYNOLD ARIS, SCHULTZ LAURENT JUNIOR WALTER CAMEAU PHOTOGRAPHES : JEAN JACQUES AUGUSTIN, RUBEN CHÉRY CORRECTEURS : JEAN ERIC FOUCHÉ, FRANTZ CLERGÉ, JACKSON JOSEPH GRAPHISTE : JUNIOR ADME CARICATURISTE : FRANCISCO SILVA DISTRIBUTION : PIERRE PAUL EMMANUEL ADMINISTRATION : RACHELLE COMPÈRE ••••••••••••• IMPRIMÉ EN HAÏTI PAR LES ÉDITIONS DES ANTILLES S.A C’est ce qu’on a pu lire dans le document présenté par cette institution sur cet appel d’offres (AO) public. Le Pnud entend rendre le processus le plus transparent possible et garantir les principes d’équité, selon certaines clauses insérées dans le document d’appel d’offres. « L’admissibilité des soumissionnaires détenus totalement ou partiellement par le gouvernement dépendra de l’évaluation et de l’examen approfondis par le Pnud de divers facteurs tels que leur enregistrement en tant qu’entité indépendante, l’ampleur de la participation du gouvernement, la réception de subventions, leur mandat, l’accès aux informations dans le cadre du présent AO, ainsi que d’autres facteurs pouvant créer un avantage indu par rapport à d’autres soumissionnaires et entraîner le rejet final de la soumission », lit-on dans le document, mentionnant les critères « qualité et coût » comme base de la sélection des dossiers. Attribuer le contrat d’impression des bulletins pour des élections législatives à des entreprises étrangères, comme cette compagnie basée à Dubaï, dont le nom jusqu’à présent n’est pas encore révélé, a été considéré comme un affront par plus d’un. Cela avait suscité la grogne de certaines entreprises haïtiennes, exaspérées du fait qu’aucun appel d’offres n’avait été lancé, alors qu’elles pourraient fournir les services demandés. Même des membres du Conseil électoral provisoire s’étaient aussi montrés offusqués quant à l’octroi de ce marché à une compagnie indienne basée aux Émirats arabes unis tandis que, d’un autre côté, les matériels non sensibles étaient fournis par Lithotech, une firme localisée en Afrique du Sud. Le vice-président du CEP, Pierre Manigat Junior, qui s’était positionné en défenseur des entreprises nationales, avait promis de faire rectifier le tir pour les élections locales et la présidentielle. Une telle démarche semble avoir eu grand effet car, le Programme des Nations unies pour le développement, grand gérant du budget des élections, invite toutes les entreprises désireuses de postuler à l’appel d’offres relatif à l’impression des bulletins pour l’élection présidentielle de faire parvenir leurs dossiers au plus tard le 4 août 2015. Contrairement au vœu du conseiller Pierre Manigat Junior qui disait souhaiter que cet appel d’offres soit exclusivement réservé aux entreprises nationales, l’appel à soumission est ouvert. Rien n’est donc gagné d’avance pour les entreprises nationales qui devront probablement concourir face à des firmes étrangères. 4 | N0 46 DU VENDREDI 24 AU DIMANCHE 26 JUILLET 2015 ACTUALITÉ » suite de la première page Le Pnud s'est rachetéPar Noclès Débréus
  • 5. DU VENDREDI 24 AU DIMANCHE 26 JUILLET 2015 N0 46 | 5 ACTUALITÉ » suite de la première page L es critères fixés pour la distribution des 500 millions de gourdes aux partis, groupementsetregroupements politiques engagés dans les élections pour le financement de la campagne, bien qu’inspirés du décret électoral en vigueur, posent problèmes. Certaines entités politiques ne partagent pas l’avis du Conseil électoral provisoire (CEP) et du gouvernement. Leaders et candidats dénoncent déjà cette méthode et y voient une ultime manœuvre du pouvoir pour fausser le cours des élections. « Cela ne nous intéresse pas ! » C’est la réponse de Sauveur Pierre Étienne à la question de savoir si l’Organisation du peuple en lutte (OPL), son parti, est informé de la formule adoptée par le CEP et le gouvernement pour distribuer les fonds destinés au financement de la campagne électorale. Les manœuvres dilatoires qui s’opèrent à travers la distribution de ces fonds frustrent. Cet argent est un outil politique entre les mains du pouvoir, pour Sauveur Pierre Etienne, qui croit qu’en attribuant aussi tard ces fonds aux partis politiques, ceux-ci n’auront pas le temps de les utiliser, alors que les candidats proches du pouvoir utilisent les biens de l’État, en toute impunité et mènent campagne. « Cette méthode tend à favoriser encore plus les partis proches du pouvoir », poursuit M. Pierre Etienne, qui fait remarquer que les structures politiques mises en place par le chef de l’État et son entourage sont environ une cinquantaine. « C’est une vaste entreprise d’escroquerie. S’il voulait donner l’argent pour la campagne, il l’aurait déjà fait », conclut le politologue. PourJeanAndréVictorduMouvement patriotique dessalinien (Mopod), la formule pour le financement de la campagne électorale est prévue dans le décret. Cette méthode dégagée par le gouvernement et le CEP constitue une violation du décret électoral, explique l’agronome, qui dénonce en plus le fait que ces deux entités aient attendu jusqu’à la dernière minute pour attribuer les fonds aux partis politiques. D’un autre côté, Jean André Victor explique que le Mopod n’a jamais reçu d’invitation à discuter autour de la formule trouvée, contrairement à ce que rapportent certaines autorités. Ce regroupement politique, qui se revendique de l’opposition au pouvoir Tèt kale, n’aurait pas non plus reçu d’invitation à déposer ses pièces au CEP pour bénéficier de ces fonds. Un argent qui risque de venir très tard, soutient-il. Soulignant la lenteur et les nombreu- ses procédures dans le processus de décaissement des fonds au ministère de l’Économie et des Finances qui peuvent s’échelonner sur deux ou trois semaines, Jean André Victor s’interroge sur la possibilité pour les partis politiques de disposer de cet argent avant les élections. Le Fron revolisyonè pou entegrasyon mas yo (FREM) abonde dans le même sens. Il n’a pas été informé de la formule dégagée par le CEP et le gouvernement pour distribuer les fonds aux partis politiques. Si Newton Saint-Juste avoue que le FREM est prêt à postuler pour avoir ces fonds comme tous les autres partis politiques, il s’inquiète de cette formule qui, dit- il, favorise les candidats du pouvoir. « Tout comme ce qui a été prévu dans le décret électoral est inapplicable sur ce point, cette formule donne plus d’argent aux partis politiques proches du pouvoir. » Autrement dit, selon Me Newton, c’est le pouvoir qui en bénéficiera le plus. Non seulement il dispose des biens de l’État, mais aussi il possède un nombre élevé de candidats et de partis politiques, insiste-t-il. L’opposant farouche au pouvoir Tèt kale appelle à cet effet le Conseil électoral provisoire à faire respecter les principes d’équité et d’égalité. Ce serait, poursuit-il, de la responsabilité du CEP de rétablir l’équilibre en privant les partis qui utilisent les biens de l’État du bénéfice des fonds de campagne. Tout comme les autres partis contactés, le FREM ne serait pas encore invité à remplir les documents nécessaires pour obtenir les fonds de campagne. Une rencontre devait avoir lieu, lundi ou mardi dernier avec les partis politiques autour de la question, informe Me Newton qui souligne qu’elle aurait avorté. La plateforme Bouclier, réputée proche du pouvoir, informe ne pas avoir encore discuté sur les modalités d’attribution du financement des partis politiques par le CEP pour obtenir ces fonds. Conséquemment, Bouclier n’a pas encore de position sur la question. Toutefois, les responsables de cette équipe croient aussi que l’argent est venu très tard et va pénaliser les acteurs engagés dans la campagne électorale. À date, le coordonnateur national de la Plateforme rouge et blanc, Jodson Leroy, rapporte qu’aucune invitation formelle du CEP n’a été adressée au directoire de son regroupement politique, afin qu’il vienne déposer les pièces et remplir les documents nécessaires pour l’octroi de ces fonds. Le Parti haïtien Tèt kale (PHTK) non plus n’est pas encore informé des nouvelles mesures pour la distribution des fonds. Madame Yanick Mézile, qui a été contactée, explique qu’elle n’est pas au courant d’une éventuelle invitation du CEP au directoire de son parti afin de remplir les formalités en vue de l’acquisition des fonds. Elle promet de se référer à la présidente du parti pour de plus amples informations avant de se prononcer officiellement sur la question. Les partis rejettent la formule adoptéePar Lionel Edouard HAÏTI/FINANCEMENTDELACAMPAGNE Le Conseil électoral provisoire et le gouvernement ont annoncé via le ministre chargé auprès du Premier ministre des Questions électorales, Jean Fritz Jean Louis, une formule pour distribuer les 500 millions de gourdes destinées à financer la campagne électorale. Trente pour cent iront aux 120 entités politiques agréées, 20 % aux candidats à la présidence inscrits sous la bannière d’un parti, 20 % aux candidats agréés aux municipales et locales, 10 % aux candidats aux sénatoriales, 10 % aux candidats à la députation et l’autre 10 % aux partis ayant le plus de candidats féminins, le plus de candidats universitaires et le plus de candidats ayant un handicap. Déjà, la grogne monte de la classe politique pour dénoncer cette formule qui, affirment certains concernés, favorisent les candidats pro-pouvoir.
  • 6. 6 | N0 46 DU VENDREDI 24 AU DIMANCHE 26 JUILLET 2015 ACTUALITÉ T out est fin prêt, le plan est déjà établi et testé, a fait savoir M. Lerebours. La circulation des véhicules sera réduite, le port d’arme à feu, la circulation à bord de motocyclette, la vente des boissons alcoolisées seront interdits ce jour- là. Actuellement, informe-t-il, c’est la phase du renforcement des effectifs dans les différents départements du pays qui est en cours. La mise au point logistique, la formation des agents sur les comportements qu’ils devront avoir sont également, selon le porte-parole, en train d’être peau- finées. Ce plan s’exécutera à l’unisson, par la PNH et la Minustah. Déjà, des moyens logistiques, comme des voitures, des motocyclettes, des lignes téléphoniques d’urgence sont à la disposition de toutes les unités spécialisées de ces deux entités, en vue d’une exécution efficace de ce plan, a expliqué M. Lerebours. Certains départements réputés chauds, notamment l’Artibonite, le Centre, le Sud, et l’Ouest, verront, dit-il, leurs effectifs plus que doublés. Dorénavant, une mise en garde est lancée à tous policiers qui envisageraient d’orienter le vote des électeurs. Pour un meilleur contrôle, la population est invitée à s’habiller de manière très décente (chemiz anndan pantalon), au moment des élections. Une ligne téléphonique spéciale sera aussi mise à la disposition de chaque département, pour entrer en contact avec les observateurs et coordonnateurs, au cas où le besoin se ferait sentir. La presse n’est pas oubliée, un traitement approprié lui est réservé, et deux lignes téléphoniques seront mises également à sa disposition, selon les autorités policières. L’inspecteur général Jean St-Fleur, qui a la charge de coordonner les activités électorales de cette année, a, pour sa part, invité les acteurs impliqués dans le processus, à divorcer avec les vieilles pratiques de violence électorale, qui, à maintes reprises, ont fait sombrer le pays dans le chaos. Entre les rassurantes promesses qu’il y a dans ce plan et la réalité du terrain, les violons semblent ne pas s’accorder. La journée du mercredi a été une journée très sanglante. Le cas de Pierre Lafond, candidat à la mairie de Marigot, décédé dans la matinée du mercredi, a marqué les esprits. Le même jour, dans la soirée, c’était au tour de Chilet Anthony, Jackson Pierre et Roody Jacques, des partisans, dit-on, de la plateforme Vérité de trouver la mort. Ils ont été attaqués par des individus circulant à bord de motocyclette, dans la zone de Christophe Channel, commune de Carrefour. Questionné à ce sujet, Frantz Lerebours a invité les candidats à orienter de manière positive les comportements de leurs partisans et sympathisants, pour enfin ne plus enregistrer ces cas de violences et pour que les élections de 2015 soient des élections réussies à tous les niveaux. La PNH a encore un planPar Évens RÉGIS ÉLECTIONS/SÉCURITÉDESÉLECTIONS Le porte-parole de la Police nationale d’Haïti (PNH), Frantz Lerebours, a présenté jeudi, lors d’une conférence de presse tenue au commissariat de Port-au-Prince, le plan qui sera adopté lors de la journée électorale du 9 août prochain. Sur un effectif de 12 000 agents, 9 000 seront déployés sur tout le territoire national, en vue d’assurer la sécurité de la population. Le porte-parole de la Police nationale d’Haïti (PNH), Frantz Lerebours. Photo (archive) : J. J. Augustin
  • 7. DU VENDREDI 24 AU DIMANCHE 26 JUILLET 2015 N0 46 | 7
  • 8. 8 | N0 46 DU VENDREDI 24 AU DIMANCHE 26 JUILLET 2015 MONDE A ccusé d’avoir été « plumé » et « embobiné » par l’Iran, le secrétaire d’État américain John Kerry a défendu sans faillir jeudi au Congrès l’accord sur le nucléaire iranien qui, à ses yeux, est « un bon compromis » qui mérite d’être approuvé par les élus, dont beaucoup y sont hostiles. Les sanctions ne peuvent pas seules empêcher l’Iran de se doter de l’arme nucléaire, a fait valoir le chef de la diplomatie américaine devant la commission des Affaires étrangères du Sénat. « La vérité c’est que l’accord de Vienne apporte des moyens plus solides, plus complets et plus durables pour limiter le programme nucléaire iranien que toute autre alternative », a soutenu M. Kerry. Si l’accord est validé, il mettra l’Iran « sous surveillance intense pour toujours » et gardera le monde uni pour s’assurer que les activités nucléaires de Téhéran « restent entièrement pacifiques », a-t-il ajouté. « C’est un bon compromis pour le monde, un bon compromis pour l’Amérique, un bon compromis pour nos alliés et nos amis dans la région --et il mérite votre soutien », a-t-il martelé. Le regard las derrière ses lunettes, Kerry a dû faire face à un tsunami de critiques par les républicains membres de la commission, où il était entendu publiquement pour la première fois depuis la validation lundi de l’accord par le Conseil de sécurité de l’ONU. « On vous a plumés », a lancé le sénateur Bob Corker, président de la commission des Affaires étrangères, estimant que l’accord traçait « un chemin parfait » pour l’Iran vers la bombe nucléaire. « Vous avez franchi un nouveau seuil dans la politique étrangère des Etats-Unis » en permettant à un « Etat qui soutient le terrorisme » de devenir une puissance nucléaire, a ajouté l’élu. « Avec tout le respect que je vous dois, vous avez été embobinés et le peuple américain va le payer », a renchéri le sénateur James Risch. « Tous ceux qui croient que c’est un bon compromis ont rejoint en fait les rangs des personnes les plus naïves de la Terre », a-t-il estimé. L’accord peut « disparaître » L’accord a été conclu le 14 juillet au terme d’intenses négociations entre l’Iran et les cinq membres permanents du Conseil de sécurité - France, Royaume-Uni, Chine, Russie, Etats-Unis, plus l’Allemagne. Il prévoit une levée progressive et conditionnelle des sanctions internationales imposées depuis 2006 à l’Iran, en échange de garanties que Téhéran ne se dotera pas de l’arme atomique. Mais il rencontre beaucoup de résistance au Congrès américain, qui est dominé par les républicains et a 60 jours pour l’examiner. Le Congrès peut rejeter l’accord, mais le président Barack Obama a d’ores et déjà indiqué qu’il y opposerait son veto. Kerry a été accueilli à son audition par une poignée de militants anti- nucléaire, vêtus de tee-shirts roses où on pouvait lire « paix avec l’Iran » et qui ont salué l’accord. « Quel travail impressionnant! », a lancé un militant. Mais il a semblé irrité par l’agressivité des questions posées par les élus républicains, tous présents pour l’audition, y compris deux prétendants à la Maison Blanche, Marco Rubio et Rand Paul. « Cet accord c’est votre accord avec l’Iran », a affirmé M. Rubio, en notant que le texte ne résolvait en rien la question des violations des droits de l’homme dans la République islamique. « Le prochain président n’a aucune obligation légale ou morale de respecter (l’accord) (...) qui peut disparaître quand le président quittera ses fonctions », a-t-il ajouté. Les sénateurs démocrates ont apporté leur soutien au texte en espérant clairement que l’Iran respecte bien sa lettre et son esprit. « Si vous ne respectez pas l’accord, je peux vous assurer que les conséquences ne seront pas belles à voir », a affirmé la sénatrice Barbara Boxer. Un millier de personnes ont manifesté mercredi soir sur l’emblématique carrefour de Times Square à New York pour dénoncer un accord qui menace, selon elles, la sécurité mondiale et celle d’Israël, et pour appeler le Congrès à le rejeter. Les Américains restent dubitatifs, puisque 48 % de ceux qui ont entendu parler de l’accord y sont défavorables, contre 38 % qui y sont favorables, et 14 % indécis, selon un sondage de l’institut Pew. « Plumé » par l'Iran? Kerry défend sans faillir au Congrès l'accord avec Téhéran Sources : afp Le secrétaire d’État américain, John Kerry ./ Photo par BRENDAN SMIALOWSKI/ AFP François Hollande s'est entretenu avec le président iranien Rohani Sources : AFP L e président François Hollande s’est entretenu avec son homo- logue iranien Hassan Rohani, avec lequel il a examiné « les conditions de la mise en œuvre » de l’accord sur le nucléaire iranien, a indiqué l’Élysée jeudi. « Ils se sont félicités de l’accord conclu à Vienne le 14 juillet » et « sont convenus de renforcer la coopération bilatérale dans ce nouveau contexte », précise la pré- sidence de la République dans un communiqué. Selon l’Elysée, la visite en Iran de Laurent Fabius, le ministre fran- çais des Affaires étrangères, le 29 juillet prochain, « est destinée à entamer cette évolution ». Fran- çois Hollande a enfin « souhaité que l’Iran contribue positivement au règlement des crises au Moyen- Orient ». Au cours de sa visite en Iran, Laurent Fabius doit notamment s’entretenir avec le président Rohani, après la conclusion de l’accord historique sur le pro- gramme nucléaire de Téhéran. Le Conseil de sécurité des Nations unies a entériné lundi l’accord signé par l’Iran et les grandes puissances, ouvrant la voie à la levée des sanctions internation- ales qui pesaient depuis 2006 sur la République islamique. Le même jour, le vice-chancelier et ministre allemand de l’Economie, Sigmar Gabriel, a été le premier dirigeant occidental à se rendre à Téhéran depuis la conclusion de l’accord. Les présidents iranien et français, Hassan Rohani et François Hollande /Photo Alain Jocard/AFP/Archives
  • 9. DU VENDREDI 24 AU DIMANCHE 26 JUILLET 2015 N0 46 | 9 MONDE Accord USA-Iran et ambitions russes attisent le « grand jeu »des gazoducs au Pakistan Sources : AFP L ’accord conclu entre l’Iran et les grandes puissances sur le programme nucléaire de la République islamique a une portée historique qui dépasse celle du débat sur ses infimes détails, a déclaré jeudi le président Hassan Rohani. Cet accord, signé la semaine dernière entre les négociateurs de Téhéran et ceux des pays dits du groupe P5+1 (Chine, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie et Allemagne) est vivement critiqué par la frange la plus conservatrice du pouvoir iranien qui lui reproche d’empiéter sur la souveraineté du pays. Visant les opposants à l’accord, il a déclaré : « A présent, ils épluchent un à un les articles de l’accord trouvé à Vienne et la réso- lution 2231 du Conseil de sécurité des Nations unies. » « C’est bien, mais ce qui s’est passé a beaucoup plus de valeur et a beaucoup plus d’importance », a-t-il dit lors d’un discours retransmis à la télévision. « Comment pourrait-on être Ira- nien et ne pas applaudir notre équipe de négociateurs ? », a-t-il lancé. L’accord reflète la volonté du peuple iranien, a-t-il déclaré, et le bloquer reviendrait à ignorer ce que le peuple réclamait lorsqu’il a été élu en 2013. « C’est une nouvelle page de l’Histoire. Elle ne s’est pas écrite lorsque nous avons trouvé l’accord le 14 juillet à Vienne, elle s’est écrite le 4 août 2013 lorsque les Iraniens m’ont élu président. » Hassan Rohani, comme son homo- logue américain, Barack Obama, doit toutefois encore convaincre pour que l’accord de Vienne puisse produire ses effets. Le président iranien doit obtenir le feu vert du Conseil national de sécurité et celui du guide suprême de la révolution, la plus haute autorité du pays. Barack Obama doit, lui, convaincre un Congrès dominé par les républicains dont certains sont farouchement opposés à tour accord avec Téhéran. Le président iranien défend l'accord sur le programme nucléaire Sources : Reuters L’accord conclu entre l’Iran et les grandes puissances sur le programme nucléaire de la République islamique a une portée historique qui dépasse celle du débat le 23 avril 2015 /REUTERS/Mast Irham/Pool L es tractations autour des pro- jets de gazoducs géants via le Pakistan, nouveau « grand jeu » des superpuissances en Asie centrale, ont redoublé après l’accord sur le nucléaire iranien et avec les nouvelles ambitions de la Russie, selon des proches du dossier. A Islamabad, la possible prochaine levée des sanctions contre l’Iran a été accueillie avec un grand sourire. Car cette détente, comme les récents contacts entre Kaboul et une délégation de talibans en vue de pourparlers de paix en Afghani- stan, peut donner un sérieux coup de fouet aux projets d’autoroutes gazières reliant l’Asie Centrale au Moyen Orient via le Pakistan. Une aubaine pour Islamabad et son Premier ministre Nawaz Sharif, élu en 2013 sur la promesse d’en finir avec la crise énergétique qui plombe l’économie du pays, et la vie quotidienne de ses 200 millions d’habitants abonnés aux coupures de gaz et courant. En mars 2013, le projet de gazo- duc géant IP entre l’Iran, doté des premières réserves mondiales de gaz naturel, et le Pakistan avait pourtant été inauguré en grande pompe. Mais sans le sou, le Paki- stan n’a jamais construit sa portion de ce projet de 7,5 milliards de dollars, expliquant que les sanc- tions américaines et européennes l’empêchaient de lever du capital pour ces travaux. Pour le ministre pakistanais du Pétrole, Shahid Khaqan Abbasi, l’accord sur le nucléaire iranien devrait permettre de débloquer la situation. « La levée des sanctions devrait nous permettre de respecter nos engagements et subvenir à nos besoins énergétiques », se félicite-t- il dans un entretien à l’AFP. Mécano et aide chinoise Téhéran a déjà achevé sa portion de ce gazoduc de 1 800 km devant relier ses champs gaziers de South Pars à Nawabshah, proche du grand port de Karachi dans le sud du Pakistan. Or dans le cadre de son ambitieux projet de corridor économique de 46 milliards de dollars visant à relier l’ouest chinois au Moyen- Orient via le Pakistan, la Chine a récemment lancé la construction d’un gazoduc reliant justement Nawabshah au port pakistanais de Gwadar, proche de l’Iran. Une fois ce gazoduc achevé, le Pakistan pourra le prolonger sur 80 kilomètres à l’ouest pour gagner l’Iran, si possible avant les élections générales de 2018, puis à plus long terme le prolonger au nord- est jusqu’à la Chine, très intéressée par ce projet, indiquent des sources gouvernementales à Islamabad. Côté Russie, l’ambassade à Islam- abad a manifesté son intérêt à soutenir le projet de gazoduc Iran- Pakistan (IP). Historiquement proche de l’Inde, grande rivale du Pakistan, la Russie se tourne en effet aujourd’hui davantage vers Islamabad, main- tenant que Delhi a renforcé sa coo- pération avec les Etats-Unis. « La Russie veut montrer à l’Inde qu’elle a des options dans la région », tout en trouvant de nouveaux débou- chés pour ses entreprises militaires et énergétiques, explique Yury Barmin, analyste spécialisé dans la politique russe au Moyen-Orient. Au cours de la dernière année, Islam- abad et Moscou ont signé un accord de coopération militaire, ouvrant la voie à l’achat d’hélicoptères de combat russes par Islamabad, tou- jours preneur en retour d’aide pour résorber son déficit énergétique. Les deux pays doivent ainsi « final- iser » un accord prévoyant la con- struction par une filiale du géant russe Rostec d’un gazoduc reliant Karachi à Lahore, la grande ville de l’est pakistanais, explique à l’AFP Mobin Saulat, PDG de l’Inter State Gas Systems (ISGS), la société pub- lique en charge des gazoducs au Pakistan. « La prochaine étape, c’est le gazo- duc IP », ajoute-t-il, en précisant que l’autre projet de d’autoroute gazière régionale, le TAPI, « viendra en dernier ». Duel ou duo franco-russe ? Le TAPI doit relier les champs gaziers du Turkménistan au Paki- stan et à l’Inde via des régions afghanes en partie contrôlées par les rebelles talibans, et l’instable province pakistanaise du Balout- chistan. Un projet qui nécessite une stabilité minimale en Afghanistan, où un espoir au milieu des combats est né il y a deux semaines avec les premiers contacts directs en vue de pourparlers de paix entre Kaboul et les talibans, facilités par... le Paki- stan. Depuis environ un an, le français Total est pressenti pour piloter le projet TAPI. Mais la montée en puissance de la Russie au Paki- stan pourrait changer les choses. « Total est sans conteste en tête dans les pourparlers, mais suivie de la compagnie russe » Rostec, note le ministre Abbasi. Une participation russe au TAPI permettrait à terme à Moscou, sous pression en Europe, de connecter ce pipeline à « d’autres gazoducs dans l’ancienne Union soviétique » pour exporter son propre gaz naturel dans le sous-continent indien, note M. Barmin. Mais les choses ne sont jamais simples. Car le PDG de Rostec, Ser- gueï Tchemezov, considéré comme un proche de Vladimir Poutine, fait lui-même l’objet de sanctions américaines pour une toute autre affaire, l’annexion de la Crimée par la Russie.
  • 10. 10 | N0 46 DU VENDREDI 24 AU DIMANCHE 26 JUILLET 2015 ÉCONOMIE L'inflation bat son plein dans la zone métropolitaine Par Therno N. A. Sénélus J eudi matin, la Direction des statistiques économiques (DSE) del’Instituthaïtiendestatistique et d’informatique (IHSI), dans un document qui nous est parvenu au National, a constaté que l’ensemble des produits alimentaires ont connu une hausse de 2,3 %. Depuis la décote de la gourde, l’IPC continue de prendre de l’ampleur sur le marché local au regard de certains produits locaux et de produits impor- tés. Entre autres, les prix produits de première nécessité, du logement, les dépenses relatives aux soins de santé, d’habillement, de tissus et de chaussures subissent une hausse con- sidérable. Coup d’œil sur ce rapport. Le document précise que le mois de juin 2015 a été marqué par une accé- lération des prix à la consommation. Ainsi, rassure le prototype, l’IPC qui se chiffrait à 230,2 en mai est passé à 234,6 au mois de juin, accusant une augmentation mensuelle de 1,9 % et un glissement annuel de 8,0 %, contre respectivement 0,8 % et 6,6 % le mois précédent. Selon le rapport, l’augmentation men- suelle de l’IPC résulte de la hausse de toutes les fonctions de consommation, notamment l’alimentation, les bois- sons et tabac (2,3 %), habillement, tissus et chaussures (2, 8 %), loyer du logement, énergie et eau (1,6 %), aménagement et entretien du loge- ment (1,4 %), santé (1,9 %), ainsi que d’autres biens et services (2,9 %). La variation de la fonction de l’alimentation, boissons et tabac provient entre autres du riz (1,3 %), du maïs moulu et en grain (0,8 %), de la farine de blé (1,8 %), du corn flakes(1,4 %), du pain (1,6 %), de la viande de bœuf (2,7 %), de la viande de porc (1,8 %), de la viande cabri (2,0 %), du poulet(3,5 %), du poisson frais (3,0), d’huile comestible (1,8 %), de la banane (4,8 %), de l’arbre véritable (6,3 %), du citron (2,3 %), de l’orange (3,7 %), ainsi que de la chadèque (5,0 %). L’expansion de la fonction d’habillement, de tissus et de chaussures est liée notamment à la hausse des prix des postes tels que : tissus (4,3 %), costume, veste univer- selle (2,8 %), pantalon pour homme (3,1 %), robe (3,0 %), confection de vêtements (2,3 %), souliers et tennis (2,9 %) et sandales (3,4 %). L’accroissement de l’indice du loyer du logement, énergie et eau tient exclu- sivement à l’augmentation du loyer du logement, du gaz propane et du char- bon de bois qui ont crû respectivement de 2,0 %, 0,9 % et 2,3 %. L’évolution à la hausse observée au niveau de l’aménagement, équipement et entretien du logement est consécu- tive à la hausse des meubles de salon (2,1 %), de la salle à manger (2,6 %), du lit (3,2 %), du matelas (5,3 %), du linge de lit (2,5 %), des rideaux (2,6 %), de la nappe (1,2 %), du réfrigéra- teur (2,2 %), de l’insecticide (4,0 %) et du désinfectant (9,4 %). Le relèvement du niveau de l’indice de la fonction santé est imputable essentiellement au renchérissement des lunettes à verres correcteurs (1,9 %), des honoraires payés aux médecins (3,1 %) et des frais d’hospitalisation (2,6 %). Enfin, La croissance de la fonction « Autres biens et services » provient surtout du shampoing (4,7 %), du parfum, eau de toilette (7,1 %), de la poudre de toilette (5,7 %) et des autres produits d’entretien des cheveux (4,8 %). Le National s’est entretenu avec dif- férents marchands de certaines zones de la capitale au sujet de cette flambée des prix. Pour Gregory Valbrun, un bou- langer de Delmas 19, la dépréciation de la gourde engendre l’accroissement accéléré des prix des produits. L’augmentation du prix de la farine, 1,8 du prix normal, va de pair avec une réduction de l’épaisseur du pain. Considéré comme un bien de Giffen, le pain, en dépit de l’augmentation du prix de la farine, reste et demeure un produit très prisé, poursuit le bou- langer qui appelle les gouvernants à se responsabiliser face à cette situation. Au premier semestre, les conditions et le mode de vie des ménages se désagrè- gent, selon les chiffres publiés jeudi 23 juillet par l’IHSI. La situation semble néfaste pour la population. L’on ne doit pas omettre l’effet saisonni- er sur le commerce. On est à la période estivale où les activités économiques ont ralenti considérablement sur le marché, estime Gisèle Koq, une march- ande des produits de lessivage : « Les prix augmentent effectivement, mais on doit tenir compte de la saison où pas mal de gens se déplacent çà et là. Nonobstant, le gouvernement en est responsable de ce qui se passe avec le taux de change. » Dans un mois, rappelle-t-elle, ce sera la réouverture des classes. L’État doit se décider maintenant à prendre les mesures qui s’imposent. Et de s’inquiéter : « Si rien n’est fait pour combattre la cherté de la vie, comment vont faire les parents pour leurs enfants envoyer à l’école ? » Deux autres vendeuses de matériel scolaire et de produits cosmétiques constatent que la dépréciation de la gourde affecte beaucoup l’offre de services sociaux de base, les produits d’habillement et autres. Elles disent attendre des mesures rassurantes du gouvernement pour freiner cette hausse des prix des produits enregis- trée sur le marché : « Nous attendons impatiemment une décision positive des dirigeants du pays pour atténuer, entre autres, le problème de la crise alimentaire. » INDICEDESPRIXÀLACONSOMMATION Pour tous les secteurs, l’indice des prix à la consommation (IPC) a connu une hausse record de 1,9 %. Alors que la région métropolitaine est plus affectée par l’inflation au cours du mois de juin dernier avec un taux de 2,0 %. Île-à-Vache : la compagnie dominicaine Estrella prise à partie par des manifestants Sources combinées Conspués par la foule en colère, des employés de la compagnie dominicaine Estrella, chargée de l’aménagement routier d’un projet touristique fortement contesté dans l’île, ont été forcés d’abandonner les travaux planifiés dans la localité de « Gros Morne » L a situation a failli tourner au vinaigre en ce début de semaine pour les agents de cette compagnie, a rapporté l’agence de nouvelles en ligne Alter- Presse. La compagnie est arrivée avec ses camions et pelleteuses pour tirer des matériaux de « Gros Morne », apprend-on auprès de témoins sur place. Des familles qui y vivent ont demandé la cessation des opérations. Deux pick-up de la police sont inter- venus pour empêcher que les choses ne s’enveniment, indiquent encore les témoins. Konbit peyizan Ilavach (sigle créole Kopi), une organisation opposée au projet touristique du gouvernement haïtien sur l’île, entend manifester dans les rues si ces travaux se pour- suivent. « Ils sont venus détruire l’environnement sans aucune excuse, sans rien dire aux familles qui vivaient sur ces terres. Ils sont venus avec des agents de la police, pour forcer les habitants à partir », réagit Louimas Jeantima, un habitant, des sanglots dans la voix. La compagnie dispose- rait cependant d’une autorisation du Bureau des mines et de l’énergie et du ministère de l’Environnement pour exploiter cet endroit. Toutefois, a con- firmé le correspondant d’AlterPresse, devant la colère de la population, la compagnie a cessé ses activités pour cette journée. Ce n’est pas la première fois que sont enregistrées des activités de résistance des communautés contre ce qu’elles qualifient de pratiques répressives et arbitraires qui accompagneraient le projet « Destination touristique Île-à- Vache ». L’année dernière, des respon- sables de l’organisation du mouvement de résistance au projet touristique gouvernemental avaient lancé un appel à tous les organismes de droits humains en Haïti et d’ailleurs, en vue de soutenir la mobilisation contre ce projet qui, selon elle, viserait à expro- prier les habitantes et habitants de l’île au profit « d’individus bien souchés » qu’ils avaient qualifiés de « groupe mafieux ». L’arrestation puis l’emprisonnement du policier Jean Maltunès Lamy, en mars 2014, dans le cadre de ce mou- vement de résistance, avait envenimé une situation déjà tendue résultant d’une gestion calamiteuse du dossier par les autorités. Ce jeune policier originaire de l’Île-à- Vache, marié et père d’une petite fille - avait écrit à l’époque Karina W., une Française originaire de Marseille et proche de la famille - avait conduit plusieurs manifestations pour protester contre des expulsions de cultivateurs dans le cadre de ce projet gouvernemen- tal. Une « répression policière » s’était alors « abattue » sur la zone, dénoncée par plusieurs organismes de défense des droits humains. Lancé le 20 août 2013, le projet tour- istique « Destination Île-à-Vache » prévoit la construction d’un aéroport international avec une piste de 2,6 kilomètres ; la construction de l’axe routier qui y mène ; le dragage du port, l’électrification et l’éclairage de toute la zone environnante ; la construction de plusieurs hôtels-ressorts (1 000 chambres), de 2 500 villas ; d’un centre communautaire ; d’une radio commu- nautaire ; d’un centre d’urgence, ainsi que la mise en place d’infrastructures agricoles. Le coût des travaux est de plus de 230 millions de dollars améri- cains (1 $ US = 56 gourdes ; 1 euro = 62gourdes aujourd’hui). Et l’État haïtien y a déjà investi 10 millions de dollars en travaux d’infrastructures. En mai 2012, un arrêté présidentiel a déclaré « zones de développement touristique » l’Île-à-vache ainsi que d’autres îles du pays, rappelle Alter- Presse. Une pétition avait alors circulé sur internet demandant au gouverne- ment Martelly-Lamothe de faire retrait de l’arrêté du 10 mai 2013 déclarant l’Île-à-Vache zone touristique. Ce nouvel incident prouve que la situ- ation est loin d’être revenue à la nor- male, comme le laissaient croire des représentants du pouvoir. Les contes- tataires semblent avoir repris du poil de la bête pour dénoncer aujourd’hui encore « un conflit terrien violent entre, d’une part, des transnationales du tourisme et leurs alliés au sein de secteurs de pouvoir, et d’autre part, une communauté de petits agriculteurs et de pêcheurs artisanaux livrée à elle- même ».
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  • 12. 12 | N0 46 DU VENDREDI 24 AU DIMANCHE 26 JUILLET 2015 INSERTION DEMANDÉE
  • 13. DU VENDREDI 24 AU DIMANCHE 26 JUILLET 2015 N0 46 | 13 INSERTION DEMANDÉE
  • 14. 14 | N0 46 DU VENDREDI 24 AU DIMANCHE 26 JUILLET 2015 INSERTION DEMANDÉE
  • 15. DU VENDREDI 24 AU DIMANCHE 26 JUILLET 2015 N0 46 | 15 SOCIÉTÉ Un boulevard transformé en un marché à risquesPar Ritzamarum Zétrenne D epuislalimitedelapremière avenue Bolosse, à l’angle de la ruelle Alerte, jusqu’à l’église Sainte Bernadette, à la Cinquième avenue, cette partie du boulevard Jean-Jacques Dessa- lines, au sud de la capitale, devient de plus en plus impraticable. « Il y a plus d’une décennie. Et personne n’en parle », a laissé entendre une dame quifréquentelazonedepuissonjeune âge. Des automobilistes empruntent cette voie de moins en moins. Des pié- tons aussi. La majeure partie de ceux qui y accèdent sont majoritairement des résidents de la zone. D’autres y viennent pour s’acheter des produits que des marchands, venant d’autres villes des départements du Sud-Est, du Sud et de la Grand’Anse, appor- tent, exposent et vendent à un prix abordable sur les deux bords de la route et sur la chaussée. « C’est un marché public qui ne fait pas honneur à la capitale », a lancé un motocycliste qui essaie de se frayer un chemin dans ce lieu immonde. Aux côtés des montagnes d’immondices, des nappes d’eau stagnantes et puantes constitu- ant le décor de ce tronçon de route, des commerçantes y pas- sent la journée, exposent leurs produits, mangent et boivent. À certains endroits, des moustiques, des mouches et d’autres insectes nuisibles tournoient autour des fruits, des légumes, de la viande et des vivres exposés sur de petites tables et des fois à même le sol boueux sur de vieux tapis usagés par les marchands. Ils n’ont pas peur de contracter une maladie. Selon les affirmations de certains d’entre eux, leur santé importe peu moyennant qu’ils trouvent de l’argent pour prendre soin de leur famille. « Que voulez vous que je fasse ? Où voulez vous que j’aille vendre mes figue- bananes ? Je ne peux pas me rendre à la Croix-des- Bossales. D’ailleurs, c’est un lieu où des bandits font la loi quand ils le veulent », explique une dame au visage ridé par la misère qui attend patiemment des clients. « Tisè » est une commerçante. Elle a 60 ans et vient de Jacmel, ville située dans le département du Sud-Est. C’est dans cet espace, sur le bord du trottoir, dans une puanteur et une saleté infernale, qu’elle étale et écoule les vivres et les fruits qu’elle apporte. Elle y vient tous les jours dans ce marché en pleine rue à la troisième avenue Bolosse. Dans le temps, raconte- t-elle, la zone ne présentait pas cette image. En un clin d’œil, a-t- elle fait savoir, la zone tombe en décrépitude. Les autorités de la ville, estime-t-elle, semble avoir oublié cette zone de la Capitale. Les gens qui habitent cette partie du boulevard Jean-Jacques Dessalines caressent le rêve de laisser la zone. Ils n’ont pas cessé de se plaindre de l’état lamentable dans lequel elle se trouve. De la première à la cinquième avenue, c’est le même décor, la même image et le même scenario. Des lots d’immondices à chaque coin ; des nappes d’eau dormante couvrant toute la chaussée et accueillant des débris de toute sortes, des déchets, des fruits et légumes en décomposition ; des cochons qui cherchent de quoi s’alimenter dans la boue et les déchets qui s’empilent et alourdissent l’air. Les gens y vivent malgré eux à la merci du ciel. « Cela fait plusieurs années depuis que la chaussée est transformée en un véritable cours d’eau. Des fois, pour me rendre en ville, je suis obligé de prendre des rac- courcis », explique Jacques, un homme frisant la cinquantaine, qui habite à la troisième avenue depuis plus de vingt ans. Autrefois, raconte Tipyè, un vieillard qui vit à l’angle de la ruelle Alerte, le marché qui se prolonge aujourd’hui sur la Grand-Rue n’existait pas. Il se limitait aux périmètres de l’église Sainte Bernadette. À présent, le boulevard Jean-Jacques Dessalines devient la honte de la Capitale. Le plus surprenant, c’est cette voie qu’empruntent tous ceux qui désirent se rendre dans les autres villes des départements du Sud. Ils ont peur de la zone. Quand ils y passent, ils verrouillent les portières de leurs voitures. Vous pouvez comprendre », explique « Tipyè ». Il n’y a pas de doute, dans ces zones du boulevard Jean-Jacques Dessalines, en plus de l’insécurité des piétons due à l’encombrement des trottoirs, la vie de ceux qui fréquentent le périmètre semble n’avoir pas de prix. Les risques sont nombreux. Cependant, des commerçants viennent y chercher la vie chaque jour. Ils veulent se reproduire dans la société, trouver les moyens de prendre soin de leur famille, payer l’écolage de leurs enfants. Ils sont là tous les jours, livrés à eux-mêmes dans les conditions les plus inimaginables. Aussi disent- ils ne pas espérer grand-chose des autorités municipales de la commune. Boulevard Jean-Jacques Dessalines transformé en marché. / Photo : Joe Étienne Jean-Baptiste La menace des loups ! Par Gary Victor Un mort de plus ce matin 22 juillet, à Beadouin dans la localité du bas Cap- Rouge, commune de Jacmel. Un père de six enfants a été assassiné par balle. Cette localité, comme beaucoup d’autres, est secouée par la violence à l’approche des élections prévues pour le 9 août. La violence pendant les campagnes électorales en Haïti, on en a connu. Mais ces violences prennent un tour particulier. Auparavant, la violence était le monopole de l’État, de corps constitués reconnus par les pouvoirs publics. Maintenant que les armes circulent partout depuis que des pouvoirs délinquants se sont mis en tête de constituer des gangs à leur solde, la violence vient de partout, d’une multitude de candidats liés à des secteurs différents ; si bien que quand des accusations pleuvent pointant du doigt les supposés auteurs des troubles, on ne sait plus à qui se fier. La situation est alarmante pour deux raisons. Nous avons déjà tous compris que notre pays se trouve encore plus mal en point avec une gouvernance boiteuse et des institutions non fonctionnelles. Alors que n’importe qui croit pouvoir maintenant, sans préparation aucune, occuper des postes pourtant de haute responsabilité. Des organisations de droits humains ont attiré notre attention, preuve à l’appui, sur le fait que des bandits, n’ayons pas peur des mots, veulent profiter de la déliquescence de toutes nos institutions pour se faufiler au Parlement. Avec le spectacle que nous a donné la dernière législature, on ose à peine deviner ce que sera le panorama politique si on descend plus bas. Le scénario certain à cent pour cent est l’élection d’un président ne disposant pas de majorité au Parlement ce qui va permettre aux parlementaires affairistes de négocier gros. Du déjà-vu. Porte ouverte pour un quinquennat de corruption et de production niveau zéro. De nombreux compatriotes, avec la crise haïtiano-dominicaine, ont manifesté le désir de voir redéfinir nos rapports avec nos voisins. Mais la réalité des rapports entre les États est économique. Si on ne relance pas la production nationale, si on ne crée pas des emplois en Haïti, tout ne restera que des vœux pieux. Mais comment penser à des politiques publiques efficientes si nous ne faisons pas en sorte d’avoir le personnel politique compétent et soucieux du bien-être de la nation ? Nous ne pouvons pas continuer à tolérer des loups dans la bergerie. Et les loups menacent le Parlement ! EXIT
  • 16. 16 | N0 46 DU VENDREDI 24 AU DIMANCHE 26 JUILLET 2015 SOCIÉTÉ À l’été, la journée commence très tôt pour certains rési- dents de la Capitale qui veu- lent rester en activité durant les vacances. Entre 5h et 6h a.m., filles et garçons, jeunes et vieux sont déjà sur pied, en tenue de sport, au Champ- de-Mars, pour se lancer dans des exercices physiques. Ils provien- nent de tous les recoins de l’aire mét- ropolitaine : Carrefour-feuilles, 1re et 2e Avenues, Nazon, Poste-Marchand, Turgeau. Certains sont des employés qui s’adonnent à l’échauffement pour respirer quelques bonnes bouffées d’air et dégager le stress, avant d’aborder la journée harassante de travail. D’autres sont des athlètes qui travaillent à mus- cler davantage leurs abdominaux pour le concours d’admission à la PNH. Ce sont aussi des femmes obèses, qui vien- nent brûler leur graisse pour maintenir la forme. On compte des enfants qui se défoulent timidement. Pour le reste, c’est la vieille routine qui se poursuit. Si les gens les plus aisés se retrouvent dans les luxueuses salles de sport à courir sur un tapis, pour ces jeunes qui n’ont pas de moyens pour se payer un abonnement en salle, « Champ de Mars, c’est là où se trouve l’ambiance » a déclaré Joël, un jeune de Turgeau. En effet, au Champ- de-Mars, il n’y a pas de frais, l’horaire est flexible et le sportif a plus de liberté. Ce site offre aussi la possibilité de pratiquer les activités en plein air comme : la marche, la course, l’aérobic, le football etc. Fauted’infrastructuresetd’équipements sportifs, tout ce que l’on croise sur les lieux est utilisé pour exécuter les mouvements : montée et descente des escaliers, ou sauts sur les bancs pub- lics, lancement sur les balançoires, escalade entre les poteaux. La réjouis- sance est manifeste, on s’amuse, c’est le fou rire entre amis. Cependant, l’espace n’est pas sécuri- taire, car « des voleurs piquent nos trucs », se plaint une demoiselle. De plus, les groupes entrent assez sou- vent en conflits, pour le partage du terrain de foot. Il y a quelque deux semaines depuis que le ministère de la Jeunesse des Sports et de l’Action civique (MJSAC) est intervenu pour offrir au public des sessions organisées et animées. « Nous avons remarqué que les gens pratiquaient le sport de façon informelle, le Ministère a donc voulu organiser un sport qui soit plus struc- turé » rapporte James Alex, moniteur sportif du MJSAC. Sans aucune formalité, les participants ont droit à une séance d’aérobic avec l’accompagnement d’un des huit monit- eurs et sous le rythme de la musique diffusée par la caravane mise sur place par le Ministère. Cette initiative est très bien appréciée par les usagers. La présence de cette marée humaine sur les places du Champ-de-Mars, traduit la soif ardente de sports et de loisirs chez les jeunes dans le pays où l’offre de services de sport est insuf- fisante. Quelles sont les actions du MJSAC dans la mise en œuvre de sa politique sportive ? Quelle est la place du sport dans la politique des munici- palités ? Combien de centres sportifs y a-t-il dans le pays ? Accorde-t-on des soutiens financiers aux associations sportives ? Qui encourage l’excellence sportive ? Julien Sainvil, professeur de sociologie politique à l’UEH a bien compris que « le sport aide les jeunes à maintenir leurs corps en forme et à éviter les loi- sirs malsains comme la drogue, le sexe, la violence. Il permet aussi de tisser les liens sociaux entre toutes catégories de jeunes ». Présent aussi sur les lieux pour sa culture physique, il sou- haite que la démarche du MJSAC « soit une initiative beaucoup plus structurée, capable de créer des espa- ces où les jeunes d’Haïti parviennent à développer leurs corps, leur esprit, par le sport, le chant, la danse, pour la construction d’une jeunesse respon- sable comme dans un pays où tout le monde peut s’épanouir physiquement et mentalement. » I l est de ces enfants qui n’ont que les trottoirs pour demeure. Jud- erson Toussaint en est un. Il n’a personne. Il vit son quotidien dans les rues de la Capitale à la merci des autres. S’il avait trouvé l’occasion de parler aux candidats, il leur aurait demandé de le sortir des rues et l’envoyer à l’école. C’est son unique demande. « Lari a pa dous menm, m ta renmen kite l », avoue-t-il. Mais il sait que ces gens, à pareille époque, font fi de la situation des enfants de son genre. « Leta pa menm panse avèk nou menm », pense le petit. Toutefois, il aurait souhaité que les électeurs fassent le choix de leaders qui sauront se pencher sur le sort des enfants de sa catégorie. Il est né à Gros-Morne, le 28 mai 2003. Le gosse affirme n’avoir jamais connu ses parents. « On m’a dit que ma maman et mon père sont morts depuis mon enfance», informe Juderson. Il a grandi chez son grand père. C’est lui qui l’a élevé. Mais ce dernier allait mourir en 2010. Agé seulement de sept ans, il allait devoir affronter la vie tout seul. Après trois mois passés sans succès à chercher un autre membre de sa famille dans la commune de Gros- Morne, l’enfant a décidé un jour de s’arc-bouter à un bus pour rentrer à Port-au- Prince. « Je ne savais pas ce que j’allais faire à la Capitale. J’ai pris la décision d’y aller parce que je n’avais pas d’autre alternative », explique-t-il. Depuis 2010, il vit dans les rues de Port-au-Prince. Dans un premier temps, il sollicitait l’aide des marchandes de nourriture pour dissiper sa faim. Mais, cela n’a pas été toujours facile d’avoir la bonne grâce des gens. Il lui fallait, à tout prix, trouver quelque chose à faire. « C’était ma seule option pour ne pas crever de faim dans les rues », raconte le môme. Il a donc essayé de singer les portefaix. Aujourd’hui, à chaque fois qu’il remplit un bus de passagers, il gagne entre 5 et 15 gourdes. C’est la somme exacte pour acheter un pâté ou tout simplement des « marinad ». De l’eau, il peut en demander à n’importe qui. « Lè yon moun achte 5 goud dlo, m fè yo banm youn », déclare-t-il. Juderson Toussaint a également fait savoir qu’il a déjà été l’école en 4e année fondamentale. Ce garçon caressait le rêve de devenir journaliste. « Mais la vie réserve souvent beaucoup de surprises », croit-il. Son plus grand rêve désormais est de retourner à l’école. « Si m ta jwenn tounen lekòl, m t’ap kontan anpil », déclare-t-il d’un air angoissé. Chaque matin, Juderson se réveille, dans les parages de Portail Léogane, vers 5 heures. « Lèm fin lave je m, mwen plake nan yon bis poum al benyen maryani apre sa poum tounen vin bwase », informe l’enfant. Il ne trouve pas avant dix heures le premier « bwas » qui lui vaudra le pâté du jour. Très souvent il est victime dans ces rues. Puisqu’il est petit, les portefaix adultes l’empêchent toujours de trouver des « bwas ». S’il persiste, ils en viennent même à le tabasser. Pour dormir, le soir, il doit attendre 10 heures ou quelque fois onze heures, le temps pour les chauffeurs de garer leurs véhicules (camionnettes ou bus) sur un trottoir pour y passer la nuit. Malgré ses difficultés, l’enfant avoue n’avoir jamais voler les gens. Pour lui juderson, prendre ce qui ne lui appartient pas est un risque. « Depi w nan pran sak pa pou ou, ou pèdi dwa w, yo ka touye w », affirme-t-il. Si, dans les rues, dit-il, il rencontrait un candidat, la seule chose qu’il lui demanderait serait de retirer les enfants des rues ». Des jeunes et des adultes faisant du sport au Champ de Mars. Champ de Mars, un véritable foyer sportif pour les vacanciers Par Lamy Obed Au cours de ces vacances d’été, le Champ de Mars accueille tous les matins des milliers d’individus, de tous horizons et de toutes catégories sociales, pour la pratique du sport. « Je demanderais aux candidats de sortir les enfants des rues » Par Ritzamarum Zétrenne HAÏTI/ENFANTSDERUES Le premier tour des législatives est programmé pour le 9 août prochain. Alors que des candidats cherchent à trouver un peu de place dans les médias et d’autres espaces pour augmenter leur popularité, des enfants de rue les appellent à leur secours. Portrait de Juderson Toussaint, un enfant de rue qui souhaite retourner à l’école.
  • 17. DU VENDREDI 24 AU DIMANCHE 26 JUILLET 2015 N0 46 | 17 CULTURE L'occupation américaine et les larmes de sang prédites par Hannibal Price (2 de 5) Par Leslie Péan, 25 juillet 1915 L es configurations noiristes et mulâtristes, autant en théorie qu’en pratique, n’augurent rien de lumineux pour la Nation. Le moteur de la liberté est amputé dès le départ avec l’exclusion des affaires nationales, autant des Polonais, des Français révolution- naires abolitionnistes comme Malet que des Allemands de Bombardopo- lis. Les mécanismes de dilapidation des deniers publics mis en avant sous Dessalines avec le « Plumez la poule, mais ne la laissez pas crier » et sous Pétion avec le « Voler l’État, ce n’est pas voler » vont être pérenni- sés, multipliés et complexifiés. D’une génération à l’autre, les antivaleurs se transmettent. En réalité, le problème est plus grave du fait que notre entende- ment est perturbé au point de nous empêcher de distinguer le bien du mal. La gangrène de la corrup- tion légitime le manque d’éthique, rejette les universaux et martèle que la moralité dépend du con- texte culturel . Nous acceptons le mal s’il est fait par un des nôtres, mais ce même mal est condam- né s’il est fait par un étranger à notre groupe. Hannibal Price est étonné du silence manifesté lors de l’emprisonnement sans juge- ment du Noir Brunet Brice pen- dant onze ans sous le règne du noiriste Faustin Soulouque et de l’exécution de son fils Broussain Brice dit Brice Aîné sous le gou- vernement noiriste de Domingue- Rameau. L’approche épistémologique qui refuse les règles de moralité et de civilité est également à la racine du « Pito nou lèd nou la », et du « tout voum se do ». Deux approches délirantes qui font qu’Haïti va de mal en pis. Convaincu que la société haïtienne « blanche, jaune ou noire » avait atteint le fond et ne pouvait descendre plus bas, Hannibal Price écrivait : « Il faut remonter maintenant ou périr. Avant la fin d’un autre demi-siè- cle, il faut l’apothéose ou la chute du rideau, l’auréole de gloire ou la chute éternelle . » Le refus de la finance noire L’inquiétude exprimée par Hanni- bal Price est évidente. De son poste d’ambassadeur d’Haïti à Washington, il dresse l’inventaire du consensus financier mou qui nous a étouffés. En effet, les par- lementaires libéraux avaient mené des enquêtes extraordinaires sur les emprunts Domingue-Rameau de 1874 (15 millions de francs) et de 1875 (50 millions de francs). Ils avaient conclu que le gouver- nement Domingue-Rameau avait festoyé et ripaillé jusqu’à l’ivresse avec ces emprunts et qu’Haïti ne devait pas ses montants dilapidés par les bandits alors au pouvoir. Une partie de ces deux dettes de 1874 et 1875 a été utilisée pour payer les annuités de la double dette de l’Indépendance (dette de 150 millions francs-or et emprunt de 30 millions de francs- or). Les parlementaires libéraux ont refusé d’accepter la finance noire et ont conclu par le décret de l’Assemblée nationale du 11 juillet 1877 qu’Haïti ne devait que 21 millions de francs pour les emprunts de 1874 et 1875. D’où les guerres menées par les financiers occultes entre 1877 et 1915 chargeant à tort et à travers pour défendre leurs magouilles. Hannibal Price a vu ses frères de combat assassinés lors de la guerre de la rue Pavée entre bazelaisistes et canalistes du 30 juin au 3 juillet 1879. Il a exam- iné l’alliance de Boisrond Canal (mulâtriste) et de Lysisus Salomon (noiriste) aboutissant à son ban- nissement le 17 septembre 1879 avec 78 de ses amis, dont Boyer Bazelais, Edmond Paul, Anté- nor Firmin, Camille Bruno. Le champ était libre pour continuer la strangulation financière refusée par les libéraux bazelaisistes au Parlement et permettre au gou- vernement de Salomon de livrer la Banque nationale d’Haïti à l’institution française dénommée Société générale de crédit industri- el et commercial. L’effondrement du projet de modernité était con- sacré avant même la débâcle des libéraux à Miragoâne fin 1883. Hannibal Price est conscient de l’étroite marge de manœuvre d’Haïti devant la contrainte extéri- eure française, allemande, améri- caine, anglaise avec les multiples possibilités de dérive que cette contrainte peut exercer quand au choix des dirigeants qu’Haïti se donne. Question récurrente s’il en est, avec la décision de la com- munauté internationale d’imposer à Haïti en 2010 Michel Martelly comme président ? La zombification d’Haïti Hannibal Price aborde la ques- tion de la décapitalisation mas- sive d’Haïti « tantôt pour payer les frais de nos révolutions, tantôt pour rembourser de prétendus emprunts à l’étranger qui n’ont jamais fait rentrer au Trésor que des obligations publiques déjà remboursées deux ou trois fois par des gouvernements ignorants ou vicieux ». Hannibal Price met le doigt dans la plaie. En effet, le pre- mier emprunt d’Haïti à l’étranger n’a pas fait entrer un sou dans les caisses nationales. Il s’agit de l’emprunt de 30 millions de francs- or contracté en 1825 qui a servi à payer le premier versement de la dette de 150 millions de francs- or connu sous le nom de dette de l’Indépendance. Hannibal Price mentionne cette dette comme le commun des mortels regarde le soleil. Pas trop longtemps. Insup- portable. Il détourne son regard de cette « énorme décapitalisation pour Haïti » comme en parlera l’historienne Suzy Castor . La zombification d’Haïti avec la dette de l’Indépendance a entravé tout développement du fait que la conscience nationale ne l’a pas pleinement intégrée dans sa vraie dimension, qui fait de 1804 une illusion. En mainten- ant l’économie haïtienne dans une instabilité critique et en détru- isant le système financier haïtien, cette dette constitue la matière première pour l’œuvre de contrôle d’Haïti au XXe siècle réalisée par l’occupation américaine. C’est la destruction de l’œuvre de 1804 sur le champ de bataille financier. Depuis 1904, l’éditeur Francis T. Miller du Connecticut Magazine écrit dans le journal new-yorkais The Independent qu’Haïti est « la proie de la finance moderne » . En effet, l’occupation ouvre la fenêtre sur la pérennisation du contrôle financier américain et encourage en plus l’étalage du fantastique et de la futilité. Nous y reviendrons. Le contrôle des finances haïti- ennes se fait par la City Bank qui déclare en 1922 dans son journal « La Banque d’Haïti nous appar- tient » (Bank of Haiti is ours) . Ce contrôle se nourrit entre autres de celui de l’émission monétaire, de celui des douanes et de la contin- uation des emprunts comme celui de 1922 qui servira au finance- ment de la compagnie JG White et de la Shada. Il faut y ajouter les arrangements politiques cosmé- tiques tels que le Parlement haï- tien remplacé par le Conseil d’État dont les membres sont nommés par la présidence. De ce fait, le Parlement n’est plus indépendant même nominalement. Le pacte social découlant du mode de financement global de la société mis en œuvre avec la double dette de l’Indépendance a cassé les liens de solidarité, fait la promotion de l’exclusion de la paysannerie et ruiné Haïti. Les recettes élaborées à partir de la cuisine des fantasmes noiristes et mulâtristes ont abouti à la bru- tale réalité des emprunts de 1825, 1875, 1896 et 1910 totalisant un solde net de 21 millions de dol- lars d’endettement le 28 juillet 1915. Quand on y ajoute les dettes internes et la dette flottante de 11 millions de dollars, on obtient un total de 32 millions de dollars américains de dettes au débarque- ment des marines américains le 28 juillet 1915. (À suivre.)
  • 18. 18 | N0 46 DU VENDREDI 24 AU DIMANCHE 26 JUILLET 2015 CULTURE L'écrivaine Edwidge Danticat a signé son dernier roman à la librairie La Pléiade Par Schultz Laurent junior L’écrivaine Edwidge Danticat était en signature à la librairie la Pléiade le mercredi 22 juillet 2015 dans le cadre de la parution de son dernier roman « Pour l’amour de Claire ». Salué comme un récit captivant par la presse internationale, ce roman lève le voile sur la situation dramatique des enfants qui vivent en dehors du cocon familial. A près « Le cri de l’oiseau rouge », son premier récit, Edwidge Danticat s’aventure avec une passion inouïe sur le chemin de l’écriture. Elle a publié notamment « La récolte douce des larmes », « Adieu mon frère », « Le briseur de rosée », des romans qui ont été réédités par les Presses nationales d’Haïti. Cette année, elle récidive en force chez Grasset en publiant avec le même enthousiasme son œuvre « Pour l’amour de Claire ». Ce livre fait 272 pages. Il est disponible dans les présentoirs de la librairie la Pléiade. À la quatrième de couverture le lecteur peut lire le résumé du livre. « À ville rose, un petit village côtier au sud de Port-au- Prince, tout le monde se connaît. Une embarcation de pêcheur vient d’être emportée par une gigan- tesque vague et une enfant, Claire, a disparu. Elle venait d’avoir sept ans et de comprendre que son père, qui l’aimait plus que tout au monde et qui l’élevait seul depuis la mort de sa mère en couches, envisageait de se séparer d’elle pour la confier à une femme aisée. Le destin est sans pitié pour les pauvres, comme en témoigne cette première histoire d’une série de récits enchâssés où alternent passé et présent, portraits nostal- giques d’un paysage paisible et scènes hallucinées où se joue la violence qui ravage Haïti, celle des hommes comme de la nature : à la misère, aux fantômes et aux gangs font écho une chaleur qui fait éclater les grenouilles des rivières qui sortent de leur lit et des arbres qui pourrissent sur pied. Village rose rappelle le Mercando de Gabriel Garcia Marquez où il faut chaque jour faire triompher la vie sur la mort. » Danticat est une conteuse hors pair, selon le Miami Herald. Elle ne fuit pas devant la brutalité mais sait faire preuve d’une sensibilité maîtrisée pour évoquer la beauté qui entoure toute cette douleur. Ce récit tient d’une fable, a souligné le New York Times. Le lecteur est confronté à des existences mar- quées par la perte, la rédemption, la cruauté et la vengeance et dont l’avenir est dicté par le hasard. Danticat relate l’histoire de ses personnages dans une prose lim- pide qui révèle la similitude de leurs destins. Pour O, The Oprah Magazine, c’est une histoire d’amour haïtienne aux multiples visages dans laquelle la mer scin- tillante des Caraïbes est à la fois amie et ennemie. Dans ces visages le cœur humain est mis à nu et le contenu secret de ses cavités est révélé dans toute sa beauté et son infinie douleur. Le roman « Pour l’amour de Claire » d’Edwidge Danticat est à découvrir par les lecteurs qui sont appelés à discerner à trav- ers ce texte ce qui fait la force et la faiblesse de cette auteure qui mérite d’être lue. Le Théâtre national se prépare pour la CarifestaPar Carl-Henry PIERRE Dans le cadre d’une entrevue, Le National s’était rendu au Théâtre national. Le constat est que, là-bas, on fait des formations sur la danse, la musique, l’art de la scène. Et la grande scène se refait un visage. Car il est en chantier pour la grande manifestation culturelle « Carifesta » que le pays accueillera du 21 au 30 août 2015. D ans le dialogue entre le directeur du Théâtre nation- al, monsieur Yves Pénel, et le Le National, beaucoup de choses se sont dites. Il nous a fait savoir qu’il n’y a pas de Théâtre national en dehors d’une scène con- fortable et que tout théâtre, essentiel- lement, nécessite une scène. La loge duthéâtreainsiquesonameublement se doivent d’être mis au point. Il a mis l’accent sur la couverture de la scène, puisque, en cas de pluie, il ne pourrait y avoir de spectacle. C’est pourquoi, selon lui, l’urgence d’un parapet se fait sentir avant la grande réhabilita- tion de la toiture. « Il va y avoir sur la scène le théâtre de la Martinique et le théâtre d’Haïti », a-t-il déclaré. « Au cours de la Carifesta, le Théâtre national présentera des spectacles à Triomphe et aussi en son local. Il aura à présenter deux pièces de théâtre : « Haïti, une histoire » et « Le rêve de Simbia », qui sont déjà en préparation. Il est aussi responsable de toutes les autres troupes qui auront à gravir le kiosque de cette manifestation culturelle. » Yves Pénel parle aussi d’une dizaine de troupes déjà choisies et qui ont déjà la pro- grammation du festival. Il nous dit que le Théâtre national sera aussi présent dans les différentes mises en scène de la Carifesta. Le directeur ouvre une petite paren- thèse sur un festival de folklore appelé Zacatecas qui aura lieu au Mexique du 26 juillet au 2 août où le Théâtre national aura à représenter Haïti, à travers des spectacles avec une vingtaine de gens, danseurs, tambourineurs, chanteurs. « Quand on parle du Théâtre national, on ne parle pas du théâtre de Port-au-Prince. C’est pourquoi on travaille sur la déconcentra- tion du Théâtre national dans la mesure où on est dans un proces- sus d’implantation d’annexes dans d’autres villes du pays, et ce, suiv- ant la demande du Président et du Premier ministre », a fait savoir l’intéressé. Il a ajouté qu’il y a une flopée de jeunes talents dans les villes de province qu’il faut prendre en compte et le proces- sus commence déjà dans les villes comme les cayes, Cerca Carvajal, Cap-Haïtien, etc., où il y a des représentants, des agents envoyés dans ces lieux. Monsieur Pénel nous parle d’un budget déposé qu’il souhaite qu’on prenne enfin en compte pour rendre effective la déconcentration du Théâtre national. « Inauguré depuis 1986 après la chute des Duvalier par « La tra- gédie du roi Christophe » d’Aimé Césaire sous le nom de Théâtre national, cet organisme de valori- sation du théâtre a existé depuis 1982. Il avait à cette époque le nom de Théâtre de verdure. Il n’avait pas l’ampleur qu’il a aujourd’hui. Il était surtout fait de jeux de cirques, d’animaux, etc. » Yves Pénel se remémore les années vertes du Théâtre national avec Lobo Dyabavadra, Hervé Denis, Zetok, Gérard Rezil qui étaient des formateurs et qui étaient là aussi lors de l’inauguration en 1986. Il nous parle d’une certaine dégradation du Théâtre national causée par des chocs, qu’ils soient écologiques, tel le séisme du 12 janvier 2010, et aussi des chocs liés aux individus eux-mêmes. Le directeur profite de l’occasion pour remercier le président Mar- telly d’avoir fait choix de lui pour assurer le renouvellement du Théâtre national. Monsieur Yves Pénel souhaite que la manifesta- tion culturelle de la Carisfesta soit une totale réussite. L’écrivaine Edwidge Danticat signe son dernier roman. / Photo : Ruben Chéry
  • 19. DU VENDREDI 24 AU DIMANCHE 26 JUILLET 2015 N0 46 | 19 CULTURE La France gaspille 13 millions d'euros dans un musée du cinémaPar Dangelo Néard (notre envoyé spécial en Europe) D ans sa conception et dans son ambition, cette idée d’un musée du cinéma est ce qu’il y a de plus merveil- leux. En effet, nous sommes nom- breux à aduler le 7e art. Certains films ont fait leurs beaux dégâts en nous, certains ont même influencé notre mode d’inscription dans le réel, notre apprentissage du monde. Pour nous dépatouiller dans la vie, nous faire une carrure ou pour faire le beau, le brave, on a eu recours à beaucoup de strat- agèmes d’acteurs de la trempe d’un James Bond, d’un Jean- Claude Van Damme ou d’un Sil- vester Stalone. Ils sont légion les petits garçons à se nouer une serviette autour du cou, à courir sur tous les toits du monde en passe de se jeter dans le vide parce qu’ils se prennent tout carrément pour superman. Et toutes ces femmes adultes qui cherchent le prince charmant, vous savez, l’homme beau, grand, fort, intelligent, riche, séduisant et gentil. Sans totalement s’en rendre compte, cet archétype mas- culin vient des dessins animés, des séries télévisées et des films romantiques. C’est tout ça qui opère et qui surdétermine les façons dont ces femmes se posi- tionnent dans le jeu amoureux. Donc, tous, ceci est la lapalissade du siècle, nous avons des dettes envers le cinéma, nous aimons le cinéma. C’est un art majeur. Cha- peau aux frères Lumière. À en faire un musée à plusieurs millions d’euros Maintenant comment peut-on arriver à vouloir mettre au four 13 millions d’euros pour un plat de musée ? Déjà, parce qu’on est un pays riche et parce qu’on n’a rien à faire de la misère du monde, de la misère qui tue au sein de son propre État. Et aussi parce qu’on a besoin de maintenir son hégé- monie culturelle. Être la patrie de la culture ou rien. Jusque-là, c’est pardonnable. Mais le musée n’a jamais ouvert ses portes. Peut-on pardonner ça ? Et pourquoi il n’ouvre pas, ce musée du cinéma ? Parce que la direction du centre régional de Charente qui prévoyait de l’inaugurer en juillet 2004 a changé de mains, est passé de l’UMP vers le PS. Et on apprend dans la foulée que « l’équipe en charge du projet n’avait pas négo- cié les droits d’exploitation des œuvres reproduites ». On se croi- rait dans un pays pauvre. Et depuis, Pole Image Magelis (structure de développement des métiers de l’image en Charente) qui gère maintenant ce musée- fantôme a ses deux pieds dans le même soulier. Dans cette belle ambiance, alors que la France donne à beaucoup d’États, dont la Grèce et Haïti, des leçons de bonne gestion de ses ressources, on peut se dire, tim- idement, un peu comme l’aurait fait Titeuf, n’est-ce pas l’hôpital qui se fout de la charité, le fumeur qui s’enfume, un 6 qui reproche à un 9 sa façon de cadencer ? Gary Victor sur l'escalier des désillusions Par Magdalée Brunache « L’escalier de mes désillusions » de Gary Victor m’a été offert dans le cadre d’un concours de lecture. Pendant un peu plus d’une semaine, j’ai exploré ce texte captivant dans tous ses contours. Le narrateur, Carl Vausier, que j’avais précédemment découvert dans « Mau- dite éducation », y relate un autre pan de sa vie correspondant au séisme du 12 janvier. Alors que la terre s’anime convul- sivement, Carl est dans l’ignorance de ce qu’il est advenu de son ex- femme Jézabel et de sa fille Hanna. Dans sa hantise de songer à la pos- sibilité qu’il ait pu les perdre, il va peu à peu chercher refuge dans son passé, revisiter des parcelles d’existences qu’il avait su enfouir dans les replis de sa mémoire. De l’enterrement de son père à la lente agonie de son mariage avec Jézabel. Ses pensées vont remonter le fil des évènements qui l’ont marqué à diverses époques. Revoir les femmes qui ont peuplé sa vie l’espace d’une fulgurante étreinte. Mais surtout celles dont il fut amoureux, telles Cœur Qui Saigne et la froide Jézabel. Des mots qui révèlent un homme désabusé, dont les illusions se sont écrasées contre la cruelle réalité, l’expérience de l’hypocrisie où cette société se trouve embour- bée et qu’elle peine à cacher sous les sourires feints et les conve- nances. Mais hypocrite, ne l’est- il pas un peu, comme chacun de nous ? À travers les lézardes de sa mémoire, remontent des épi- sodes, des erreurs de parcours dont il aurait à rougir fortement s’ils venaient à être connus. « L’escalier de mes désillusions » est un roman bouleversant, tant par la force et la sincérité des sentiments du narrateur que par sa manière de les conter. À trav- ers lui, s’élèvent de nombreuses voix, celle de Man Hernande, sa belle-mère qui traîne à sa suite un lourd et douloureux passé jusqu’à celle d’une prostituée, dans un quelconque bordel en République dominicaine. Nombreux de ces récits s’entourent d’un halo de mystère tenant à la puissance de la culture vaudou- esque à laquelle s’adonnent ou que craignent presque tous les Haïtiens. Bien que Carl se désig- ne comme un moderniste et un homme clairvoyant, l’apparente franchise de ces narrations s’interpose à son scepticisme, lui faisant admettre dans le doute la possibilité d’une vérité transcen- dant le domaine de la science, une vérité qui se cherche à la faveur de la nuit, dans les rapports avec les loas. Assis à côté de Man Hernande que la douleur a rendue muette, l’inquiétude pour ses êtres chers ne cessera de le ronger. Le séisme vient ébranler les fondements de sa vie, jetant une lumière crue sur ses sentiments profonds. Sortira- t-il grandi de ce quelque chose qu’apporte souvent un voyage au fond de soi-même ? À vous de le découvrir. Le musee du cinema d’Angoulême. Voici un pays qui peut s’offrir, en ces temps de crise, une petite gabegie de 13 millions d’euros. Dans le département de la Charente, entre deux calculs et trois bon rêves, les élus locaux se sont dit : « Et si on se faisait un petit musée du cinéma ? » Et chose dite, chose faite. L’érection du musée a lieu à Angoulême en 2004, par contre, jusqu’à cette présente minute de juillet 2015, les portes n’ont jamais été ouvertes au public.
  • 20. 20 | N0 46 DU VENDREDI 24 AU DIMANCHE 26 JUILLET 2015
  • 21. DU VENDREDI 24 AU DIMANCHE 26 JUILLET 2015 N0 46 | 21 SPORT ÉLIMINATOIRES/MONDIAL2018 Qu'en est-il pour les éliminatoires ?par Gérald Bordes A près sa participation à la Gold Cup et son élimination en quarts de finale par la Jamaïque (0-1), la Sélection nationale senior attend avec impatience les adversaires qu’elle devra rencontrer en éliminatoires du Mondial 2018. Les Haïtiens et Jamaïcains ont été exempts des deux premiers tours des éliminatoires. Ils devront se mesurer avec les sélections (Saint-Vincent-et-les- Grenadines, Antigua-et-Barbuda, Canada, Guatemala, Aruba, Curaçao, Nicaragua, Grenade, Belize et Salvador) qui sont issues de la 2e phase éliminatoire du Mondial. Le tirage au sort aura lieu ce samedi 26 juillet à Saint Petersburg, Russie, à midi (heure haïtienne). La Sélection nationale sera l’une des têtes de série. Les matches aller du 3e tour se joueront le 4 septembre 2015 et les matches retour seront prévus pour le 8 septembre de l’année en cours. Les six meilleures sélections de ce 3e tour seront qualifiées pour le 4e tour. Elles auront sur leur route les grosses pointures de la zone telles que : Costa Rica, Honduras, Mexique, Panama, Trinité-et- Tobago, États-Unis. Le 4e tour se jouera du 7 novembre 2015 au 6 septembre 2016. Les douze sélections seront réparties en trois groupes de quatre. Les deux meilleures classées de chaque groupe disputeront l’hexagonal du 7 novembre 2016 au 10 octobre 2017. Et les trois meilleures de ces éliminatoires représenteront la zone au Mondial Russie 2018 tandis que la sélection qui terminera en 4e position jouera un play-off face à une sélection du continent Sud- Américain. À signaler que le premier tour a débuté le 23 mars 2015 pour les matches aller et les matches retour ont eu lieu le 31 mars avec la participation de quatorze sélections. Les sept meilleures ont rejoint les treize autres sélections qui ont disputé le 2e tour du 8 au 16 juin 2015. Les autres confédérations connaîtront aussi leurs adversaires Hormis l’Asie pour laquelle le tirage a déjà eu lieu en février pour le premier tour et en avril pour le deuxième tour, les quatre autres confédérations de la FIFA connaîtront aussi leurs concurrents. Il faut signaler que l’Afrique aura 53 associations membres sur 54 parce que le Zimbabwe a été exclu du fait qu’il n’a pas honoré ses obligations envers son ancien sélectionneur, le Brésilien José Claudinei Georgini. La FIFA a lancé une procédure disciplinaire et les délais ont expiré alors que la dette du Zimbabwe envers le coach n’est pas encore réglée. Sur 53 pays, l’Europe aura 52 représentants dans ces éliminatoires parce que la Russie est qualifiée d’office. Il y aura également l’Amérique du Sud avec ses 10 sélections et 11 pour l’Océanie qui connaîtront leurs adversaires dans leurs zones respectives. LALISTEDESDIFFÉRENTES ÉTAPESDELAZONE CONCACAF PREMIER TOUR (23 ET 31 MARS 2015) : ANGUILLA, BAHAMAS, BARBADE, BÉLIZE, BERMUDES, ÎLES VIERGES BRITANNIQUES, ÎLES CAÏMANS, CURAÇAO, DOMINIQUE, MONTSERRAT, NICARAGUA, ST. KITTS-ET-NEVIS, TURKS-AND-CAICOS ET ÎLES VIERGES AMÉRICAINES. SECOND TOUR (8 ET 16 JUIN 2015): ANTIGUA AND BARBUDA, ARUBA, CANADA, CUBA, RÉPUBLIQUE DOMINICAINE, SALVADOR, GRENADE, GUATEMALA, GUYANA, PORTO RICO, SAINTE-LUCIE, SAINT VINCENT-ET- GRENADINES, SURINAME PLUS SEPT QUALIFIÉES. TROISIÈME TOUR (4 ET 8 SEPTEMBRE 2015): HAÏTI, JAMAÏQUE ET SAINT- VINCENT-ET-LES-GRENADINES, ANTIGUA-ET-BARBUDA, CANADA, GUATEMALA, ARUBA, CURAÇAO, NICARAGUA, GRENADE, BELIZE ET SALVADOR. QUATRIÈME TOUR (7 NOVEMBRE 2015-6 SEPTEMBRE 2016) : COSTA RICA, HONDURAS, MEXIQUE, PANAMA, TRINITÉ-ET-TOBAGO, ÉTATS-UNIS D’AMÉRIQUE ET SIX QUALIFIÉES. HEXAGONAL (7 NOVEMBRE 2016- 10 OCTOBRE 2017) : AVEC LES SIX MEILLEURES SÉLECTIONS. Le tirage au sort des éliminatoires du Mondial Russie 2018 pour la zone Concacaf aura lieu ce samedi 26 juillet 2015 à Saint Petersburg. À cause de sa position dans le classement mondial janvier 2015 (73e et 8e de la zone Concacaf ; actuellement 79e mondial et toujours 8e de la zone Concacaf), Haïti était exempte des deux premiers tours des éliminatoires. Mais, la Sélection nationale senior qui vient d’être éliminée aux quarts de finale de la XIIIe édition de la Gold Cup, entrera en lice lors du 3e tour en compagnie de son bourreau de la Coupe d’Or, la Jamaïque et les dix sélections issues du 2e tour. Haïti et la Jamaïque seront considérées comme têtes de série pour le tirage. Frantz Bertin et Gyasi Zardes en duel pour le ballon lors de la Gold Cup. / Photo /Associated Press