1. Plus que des menaces, Haïti passe aux actes dans le dossier de rapatriement
d’Haïtiens vivant illégalement en République dominicaine. Un appel pressant à
l’aide à la communauté internationale est officiellement lancé. Le président Michel
Joseph Martelly l’a explicitement exprimé dans son discours à la Barbade lors du 36e
sommet des chefs d’État et de gouvernement de la Caricom. Dans cette perspective,
une rencontre s’est tenue le lundi 6 juillet, entre le gouvernement haïtien et des
représentants des instances internationales saisies de la question. L’objectif étant
de forcer les autorités dominicaines à négocier un nouveau protocole d’accord de
rapatriement.
» P. 21
» P. 16
» P. 4
SPORT
SOCIÉTÉ
» lire page 3
» suite page 5
Le ministère
de l'Intérieur veut
atténuer les risques
par Reynold Aris
Leslie François
Manigat bien vivant
à l'INAGHEI
par Obed Lamy
Deuxième titre
consécutif pour le
Don Bosco
par Gérald Bordes
A
u terme de ces discussions,
selon une source proche du
journal, les représentants du
Corps diplomatique des dif-
férentes entités sollicitées s’accordent
sur la nécessité pour la République
dominicaine de négocier un protocole
d’accord de rapatriement. Cependant,
le représentant diplomatique des USA
reproche le manque d’information
dont disposent les dirigeants haïtiens
sur le nombre de rapatriés. En cela,
les autorités haïtiennes sont accusées
d’une faible présence sur les points
frontaliers non officiels estimés à 141
environ.
Les Dominicains doivent négocier !
Par Jean Michel Cadet
HAÏTI / INSÉCURITÉ
MARDI 7 JUILLET 2015 NUMÉRO 33
WWW.LENATIONAL.HT
QUOTIDIEN • 25 gourdesRÉPUBLIQUE D’HAITI
ACTUALITÉ
La liste des
victimes s'allonge !
HAÏTI / RÉPUBLIQUE DOMINICAINE / PROTOCOLE DE RAPATRIEMENT
2. 2 | N0
33 MARDI 7 JUILLET 2015
TRIBUNE
C
e rôle majeur dans le renou-
veau de l’idée de démocratie
délibérative ne se comprend
que parce que les idées de
l’éthique de la discussion se sont trou-
vées converger avec des tendances
récentes de la pensée politique améri-
caine, entièrement indépendantes
de la pensée habermassienne. La
plupart de ces tendances remontent
aux Pères fondateurs mêmes de la
Constitution américaine et aux débats
qui ont parfois opposé ceux-ci et
ont resurgi aux Etats-Unis presque
exactement au même moment (le tout
début des années 80); les autres, plus
minoritaires, qui relèvent du fonds
franco-germanique (Rousseau-Marx)
ou anglais (Stuart Mill) de la pensée
politique américaine, étaient réappa-
rues au début de la décennie précé-
dente et ont nourri la pensée des «
radicaux » américains.
Habermas a, pour une bonne part,
incorporé la tradition « constitu-
tionnaliste » américaine à sa propre
pensée ultérieure, notamment dans
Droit et démocratie (1997). Il a consi-
dérablement infléchi à cette occasion
la signification des « tâches » qu’il
avait fixées à une « théorie critique de
la société » à la toute fin de la Théorie
de l’Agir Communicationnel (1987
[1981]), spécialement lorsqu’il exami-
nait les « potentialités de protestation
» (pp. 431-433) et d’« émancipation »
(p. 432) que représentaient les nou-
veaux mouvements sociaux d’alors,
anticipateurs des divers mouvements
alternatifs contemporains, en par-
ticulier « altermondialistes ». Cela
vaut d’autant plus d’être signalé que
ces mouvements mêmes affichent
très fréquemment actuellement une
sympathie pour le complexe d’idées
désigné sous les appellations de
« démocratie délibérative » et de «
démocratie participative ». Habermas
prenait en même temps ses distanc-
es, dans Droit et démocratie et dans
un certain nombre d’autres publica-
tions, avec l’héritage « radical » de
la tradition franco-germanique aux
Etats-Unis, notamment Rousseau et
Marx, dont les idées de laThéorie de
l’Agir Communicationnel et, a for-
tiori, de la génération précédente de
l’Ecole de Francfort, étaient pourtant
a priori les plus proches.
Les idées « constitutionnalistes » des
Pères fondateurs, plus exactement de
certains d’entre eux, comme Madison
et Hamilton, consistent, pour s’en
tenir aux généralités, à faire du débat
argumenté précédant les décisions en
vue du bien commun une exigence
impérative de la vie démocratique,
ce qui est supposé impliquer des
conséquences significatives dans la
manière de concevoir la participation
des citoyens à la vie publique. Elles
ont leur analogue dans la pensée poli-
tique française et allemande qui leur
est contemporaine mais, pour des rai-
sons qui tiennent probablement aux
contingences de l’histoire des idées et
de la sociologie de la connaissance,
elles n’ont pas connu un renouveau
du même ordre en France et en Alle-
magne. Ce contexte de réception
américain est mal connu dans la lit-
térature francophone et il est, à mon
sens, non seulement régulièrement
sous-estimé, mais même parfois
laissé dans un flou considérable par
la philosophie politique américaine
elle-même ou réinterprété à des fins
plus ou moins partisanes (libérales,
républicaines ou radicales). Ce con-
texte, dès lors qu’il est envisagé de
façon non engagée, se révèle pourtant
plein d’enseignements, indépendam-
ment de ce qu’Habermas en a per-
sonnellement tiré. Il me semble utile
d’en dire ici quelques mots en lais-
sant aux spécialistes de l’histoire des
idées le soin d’en dire davantage.
Dans les Notes de 1983, Habermas
énonçait un principe destiné à deve-
nir fameux, le Principe de Discussion
(dit « Principe D ») : « Selon l’éthique
de la discussion, une norme ne peut
prétendre à la validité que si toutes
les personnes qui peuvent être con-
cernées sont d’accord (ou pourraient
l’être) en tant que participants à une
discussion pratique sur la validité
de cette norme » (Habermas, 1996,
p. 87). Si le principe n’est en soi
nullement un principe politique,
on pouvait néanmoins pressentir
d’emblée que ce principe de discus-
sion devait pouvoir s’appliquer à des
normes juridiques, à des lois, à des
règlements divers, etc., autrement
dit être le fondement d’une politique
de la discussion, plus précisément
même d’une politique démocratique
de la discussion ou du discours argu-
menté ou encore d’une « démocratie
discursive », puisqu’il y est question
de la participation à la discussion de
tous ceux qui sont concernés.
De fait, l’écho a été presque immédiat
en sciences politiques puisque, dès
1983, Jon Elster le discutait dans
quelques pages tour à tour laudatives
et critiques de Sour Grapes (1983,
pp. 35-42), puis surtout dans un
article de 1986, « The market and
the forum », qui prolongeait les pages
du livre précédent et qui a été assez
rapidement perçu comme un texte-
phare de cette littérature. Le point
de vue de Jon Elster (1983) était en
quelque sorte « à deux étages ».
Au premier étage, Jon Elster don-
nait à voir dans la vie politique des
sortes d’illustrations, sommaires et
approximatives, de la norme commu-
nicationnelle d’Habermas : dans un
certain nombre de cas (notamment
dramatiques, comme les révolutions,
si l’on suit Elster [1998c]) et quels
que soient leurs motifs profonds
(éventuellement la peur), les hommes
politiques et les citoyens obéissent,
quoi qu’on en dise, non pas toujours
aux pures exigences du marché, i.e.
de la logique coût/bénéfice, mais à
une norme de discussion régulant
un « forum », lequel exige au mini-
mum l’apparence de l’honnêteté et
de la sincérité – le fait de feindre de
se soucier du bien public pouvant,
au demeurant, conduire à le produire
effectivement. Au second étage, se
faisant explicitement l’avocat du
diable, Jon Elster ajoutait aussitôt
comment cette norme de délibéra-
tion pouvait donner lieu à nombre
de « pathologies », en dehors même
de celle que constitue l’apparence
de l’honnêteté et de la sincérité com-
parée aux vertus réelles de l’idéal, en
dépit de ses possibles effets positifs.
A certains égards, il ne s’agissait là
pour Elster que d’évaluer la portée
d’un « cas non standard » parmi
bien d’autres au regard de la Théorie
du Choix rationnel, non seulement
dans sa version étroite (qui identifie
le choix rationnel à un choix avanta-
geux en termes d’intérêts matériels
égoïstes) mais même dans des ver-
sions un peu plus larges. Elster s’est
proposé en effet comme programme
de recherche « au long cours » un
inventaire – aussi systématique que
le permet une démarche inductive
– des énigmes empiriques que doit
affronter la théorie du choix rationnel
dans ses différentes versions. Elster
(1983) lisait donc d’abord Habermas
(1983) en le convertissant en socio-
logue. Le volume de contributions
que Jon Elster (1998a) a réunies
porte la marque de ces questions :
dès lors que, dans une assemblée,
des individus délibèrent, i.e. pèsent
le pour et le contre de différentes
options avant de décider en faveur
de l’une d’elles et que des arguments
sont forgés dans le but de cette évalu-
ation et de ce choix, ces individus sig-
nifient qu’ils semblent disposés à voir
leurs préférences initiales modifiées.
On sort donc d’une logique stricte
de marché, où les individus arrivent
avec leur préférences données et ne
se livrent plus qu’à des négociations
et des marchandages. Elster note lui-
même le rôle indirect d’Habermas
dans les développements internes
(de nature finalement « autocritique
», lui répond Habermas [1997], p.
363) de la TCR : « En grande partie
sous l’influence de Jürgen Habermas,
l’idée que la démocratie tourne autour
de la transformation plutôt que de la
simple agrégation des préférences est
devenue l’une des positions majeures
en théorie de la démocratie » (Elster
[1998b], p. 1).
Elster (1983, 1998a) s’exprimait
donc en sociologue ou en politologue.
Mais, esquissant une philosophie
politique, Jon Elster (1986) en tirait
aussi le principe au plan normatif
d’une distinction entre trois types
de théories politiques selon la place
qu’elles accordent respectivement
au marché et au forum : la première
considère que la vie politique n’est,
au bout du compte, que négociations
entre des intérêts privés, l’Etat ayant
pour charge de préserver les droits
élémentaires de chacun. La seconde
considère que la vie politique est
un mixte de négociation et de com-
munication entre les individus en
vue de rechercher le bien public.
La troisième valorise la participa-
tion en tant que telle des citoyens
à la discussion publique. Certaines
caractérisations d’Elster sont assu-
rément discutables. Le troisième
type de théorie qu’il dégage, notam-
ment, sous le nom de participatoryd-
emocracy et qui renvoie, au-delà de
Pateman, à Rousseau et Mill, pose
particulièrement problème. D’une
part, ce type obéit à une valorisation
moins de la communication que de
la participation, ce qui suppose donc
l’usage implicite d’un autre critère
de démarcation que l’usage de la
simple dichotomie entre « marché »
et « forum ». D’autre part, J. Elster
critique vigoureusement laparticipa-
tory democracy comme fin en soi (il
y voit une conception « narcissique »
de la politique invitant à l’« activisme
politique », p. 121) sans dire un mot
de la justification que l’on peut pour-
tant en faire au nom de ce I. Berlin
appelait la « liberté positive » (i.e. en
gros ce que Benjamin Constant appe-
lait la « liberté des Anciens » et que
Constant croyait retrouver dans la
conception rousseauiste de la liberté
comme autonomie)13. Symétrique-
ment, le jugement d’Elster selon
lequel la politique aurait pour objet
essentiel les matières économiques
(p. 128), ce que reconnaîtraient à
des degrés divers les deux autres
conceptions, ignore les débats sur
la façon dont s’y exprime la valorisa-
tion de la liberté positive. Mais, en
dégageant deux idées différentes du
forum (entre les deux derniers types
de politiques), Elster suggère qu’il
existe deux variantes de la démocra-
tie délibérative, l’une, claire, qui lie la
notion de délibération à la démocra-
tie représentative, l’autre plus prob-
lématique (comme on le verra bientôt
et indépendamment des raisons invo-
quées par Elster), qui la lie à l’idée
de démocratie participative et non
représentative.
*NOTE:Voir,parexemple,Baechler(1985),
sur le rôle de la palabre (pp. 320-2) et sur
le caractère lui-même progressivement
de plus en plus délibéré des institutions
démocratiques au cours de l’histoire, la
réforme de la constitution d’Athènes par
Clisthène marquant le franchissement
d’un seuil (pp. 302-3).
Source : Revue européenne
des sciences sociales
Démocratie délibérative, démocratie
débattante, démocratie participativePar Alban Bouvier / 2ème partie
URBANISMEETDROITSHUMAINS
L’idée de démocratie délibérative a des origines, à certains égards, très anciennes puisqu’on pourrait la faire
remonter à la démocratie athénienne, voire même, si l’on suit Jean Baechler, jusqu’aux tribus paléolithiques (au-
delà même du seul contexte européen)*.
3. » suite de la première page
L
a police nous épargne cette fois
de ses promesses pompeuses «
que les bandits seront arrêtés
». Également des annonces
qu’un plan de sécurité est en exécu-
tion. Un plan qui ne serait pas assez
efficace, constate le défenseur de
droits humains Antonal Mortimé,
directeur exécutif au sein de la Plate-
forme des organisations haïtiennes de
droits humains (POHDH).
« Les bandits sont dans la ville»,
c’est un fait. Les prisonniers
évadés de manière spectaculaire
de la prison civile de la Croix-des-
Bouquets sont, pour la plupart,
encore en cavale. Ils sont plus de
400. La police en aurait repris 200,
selon la Direction centrale de la
police judiciaire. Antonal Mortimé
croit que personne ne connaît le
chiffre exact des prisonniers qui
courent les rues du pays.
Cette situation est préoccupante,
surtout dans un contexte
préélectoral où le pays doit, en plus,
faire face à des vagues de rapatriés
en provenance de la République
dominicaine. « Cette insécurité
dont le gouvernement peine encore
à expliquer les origines endeuille
les familles ». Elle serait liée à la
situation de crise généralisée au
sein de l’État, décèle cependant M.
Mortimé.
Les problèmes sécuritaires risquent
de s’aggraver. C’est aussi la lecture
faite par ce militant pour le respect
des droits humains. Le Parlement
est déjà dysfonctionnel. Avec le
mandat du Conseil supérieur du
pouvoir judiciaire qui arrive à
terme le vendredi 10 juillet 2015,
Antonal Mortimé estime que seul
l’exécutif, malgré ses carences de
fonctionnement, devra affronter
certains problèmes majeurs,
dont l’insécurité grandissante qui
disloque notre société. Une autre
cause aggravante. Inquiétant !
Quid des forces de sécurité ?
La fin du mandat de Godson
Orélus, à partir du mois d’août
prochain, est un autre sujet de
préoccupation. En l’absence du
Sénat, le choix de son remplaçant
va revenir au chef de l’État et à
lui seul. Pour Antonal Mortimé,
c’est un tournant important. La
population, soutient-il, devra
veiller à ce qu’il soit remplacé
par une personnalité issue de
l’institution policière.
En outre, le dirigeant de la
POHDH a tenu à attirer l’attention
sur le nombre élevé de policiers
qui accompagnent certains
responsables du gouvernement
et autres personnalités connues.
Par contre, a-t-il fait remarquer,
certaines régions du pays souffrent
d’un manque criant de présence
des forces de l’ordre. La ligne
frontalière, en cette période de
crise, figure en tête de la liste des
zones citées par Antonal Mortimé.
Et le retrait de la Minustah dans
cinq départements géographiques
du pays durant la période électorale
n’arrange en rien la situation. Un
retrait jugé tendancieux. Car,
dans le contexte actuel, une telle
annonce, dit Mortimé, peut inciter
les bandits à semer le trouble dans
le pays. Toutefois, il a insisté sur
le fait que, malgré la présence des
soldats de l’ONU sur le terrain, la
situation sécuritaire du pays n’a
jamais cessé de se dégrader.
Jocelyne Colas, de l’organisation
« Jistis ak lapè (Jilap) », spécialisée
dans la collecte d’information sur
la question sécuritaire du pays,
s’est gardée de tout commentaire
sur des cas récemment enregistrés.
Elle promet la sortie du second
rapport de la Jilap pour l’année
2015, le jeudi 9 juillet. De
nombreux chiffres seront avancés,
explique-t-elle, notamment en ce
qui a trait aux morts par balles.
Des chiffres qui pourraient,
vraisemblablement, dépasser
de loin les 138 morts par balles
enregistrés durant le premier
trimestre de cette année.
MARDI 7 JUILLET 2015 N0
33 | 3
ACTUALITÉ
Le plastique et la cruche
Lessachetsenplastiqueenvahissentlepaysageurbain.Parcestempsdechangement
climatiqueetdemontéedechaleursurunevillepresquedépourvuedecouverturevégé-
tale,onimaginetoutelavasteentreprisequis’organiseautourdel’eau.Desproducteurs
auxacheteursengros,dupetitdétaillantavecsonsacsurlatêteauxconsommateursde
touslessecteurssociaux,leproduitglacénousdonne,encetenfer,quelquesminutesde
fraîcheur.Etc’estunegrâceducieldeboireceliquideindustriellementmisdansdepetits
trucstransparentsetlabelliséspourrégulernotreorganismeaccabléparlachaleur.
Mais les effets de bien-être qu’ils apportent ne nous font pas voir les dégâts que le
plastique provoque sur le paysage urbain. Il est partout : le long des trottoirs, dans
lescaniveaux,devantdesmagasinsautrefoisconnuspourleurpropreté,surlesplaces
publiques, devant les barrières d’entrée de nos universités, dans les entourages de
l’Hôpital général, aux portes de quelques cliniques privées… C’est ce qu’on voit. Du
moins, le Port-au-Princien est journellement exposé à ce silencieux spectacle d’une
maladiesuspicieuseetrampantequineditpasencoresonnom.
Maiscequ’onnevoitpasestpluscatastrophique:endessousdenospieds,dansles
égoutsnonentretenusdepuisdesannées,danscescircuitsnoirsoùnoséboueurs
n’enpeuventplusaveclesodeursetleurspellesarchaïques,danslestunnelsoùnos
photographesn’ontpaslesvêtementsadéquatspourdescendrephotographierle
grandbordel,danslesravinsetautresdénivellementsnaturelsdusol,quelscénario
apocalyptique prépare-t-on ? Sachets plastiques et autres déchets, comme les
préservatifs,yformentunmagma.
Ce n’est pas simplement de la boue. C’est une chaudière bouillante, une soupe
lugubrequi,durantdespériodesdepluie,montre«dequelboiselleestchauffée».
Nosbalaispeuventnousdonnerl’illusiond’êtredanslapropreté.Maisleventrede
lavillepeut,unjour,nousmontrerlafrilositédenosbrouettesdansuneespècede
«boum!»,uneultimepétaradedontonn’avaitpasprévulacapacitédenuisance.
Hésitons deparler d’Hiroshimasouterrain! Que le ciel nous délivre de cette autre
catastrophe!
Maislessachets?Ilsnesontpasassezgrands.Cenesontpasdessacsdechoses.
Onn’apasuneidéedecombiendesachetssontproduitsparjour.Onnesaitrien
du volume de la consommation de la population de la ville qui grandit avec la
destructiondel’économieagricole.Despoubellespourlessachets?Onn’envoitpas.
Quefaitla«Brigadedepolicetouristique»?Quelleestlapolitiqueduministèrede
l’Environnement?
Enfin, qu’on nous délivre du plastique ! Et que l’eau nous soit servie comme dans
descruches!
Le National
Édito
La liste
des victimes
s'allonge !par Lionel Edouard
HAÏTI/INSÉCURITÉ
Le nombre de victimes des actes d’insécurité ne cesse
d’augmenter. Claude Délatour, fils de l’ancien ministre
de la Justice, Calixte Délatour, ainsi qu’un proche du
conseiller électoral Jaccéus Joseph sont tombés sous
les balles assassines des bandits, au cours du week-end
écoulé. La liste n’est pas exhaustive. À chaque meurtre,
le même procédé : les assaillants étaient à bord de
motocyclette.
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ADMINISTRATION : RACHELLE COMPÈRE
•••••••••••••
IMPRIMÉ EN HAÏTI PAR
LES ÉDITIONS DES ANTILLES S.A
Le ministère de l'Intérieur
veut atténuer les risquespar Reynold Aris
T
ester et évaluer les processus
de décisions au sein du Comité
national de gestion des risques
et des désastres (CNGRD),
améliorer la coordination entre les
différentes instances du CNGRD, la
coordination interinstitutionnelle
et internationale sont, entre autres,
les objectifs de cette activité. Le
département des Nippes sera la zone
d’implémentation de cet exercice.
Il vise également à simuler l’approche
et l’impact d’une tempête tropicale
qui se transformera en cyclone de
catégorie 2/3 avant d’atteindre les
côtes de la République d’Haïti, le
25 juillet prochain. Cet ouragan
pourra causer d’énormes dégâts sur
l’ensemble des départements du
pays, particulièrement les départe-
ments des Nippes, de la Grand-Anse,
du Sud, du Sud-Est et de l’Ouest.
Il s’agit pour le gouvernement de
s’assurer d’une capacité de réponse
suite à une éventuelle catastrophe
naturelle durant la saison cyclonique,
a fait savoir le titulaire du MICT, le
docteur Ariel Henry.
Ainsi, l’équipe en place s’est
engagée à réfléchir aux solutions
possibles depuis plusieurs mois
permettant d’arriver à la mitigation
des risques et des désastres. C’est
dans cette perspective que les
autorités ont résolu de mobiliser
l’ensemble du système de la
protection civile du pays. C’est-à-
dire, au niveau départemental des
Nippes, à Miragoâne, on mobilisera
les Centres d’opération d’urgence
départementale (Coud), ceux
d’opération d’urgence communale
(Couc) et ceux qui s’étendent dans
les sections communales (Coul)
de Sillègue et la communauté
internationale.
On va réaliser une opération de
grandeur nature dans la localité
de Sillègue où l’on procédera à
l’évacuation d’un échantillon de
la population estimée à environ
50 personnes qui sont exposés au
passage d’un cyclone.
On les placera dans un abri
provisoire situé dans la troisième
section communale de Petite-
Rivière des Nippes, spécialement
dans le collège Lalane et Pascal.
Cette simulation se déroulera le 9
juillet prochain à compter de onze
heures du matin. Il ne s’agit pas du
passage d’un cyclone réel, précise le
numéro un du MICT, soulignant que
ce simulacre d’ouragan consiste à
tester les capacités de gestion de
l’information et de traitement des
données en vue de les améliorer.
Renforcement
de la capacité de réponse
Normalement, le passage d’un
cyclone, indique M. Henry, est prévis-
ible. C’est ainsi qu’on parviendra à
apercevoir l’avènement de ce cyclone
simulé dès demain.
Les autorités s’engageront à diffuser
des informations annonçant son pas-
sage. Les responsables continueront
à informer la population via des mes-
sages de prévention. Le 9 juillet sera
le jour « J » du passage de ce cyclone
simulé. Ainsi, les différentes phases
d’alerte du système seront mises en
branle. Elles seront testées afin de
voir au niveau national la réaction des
décideurs face à une grande catastro-
phe. On va commencer à préparer
les modes d’évacuation de la popu-
lation la plus exposée. Les impacts
de ce simulacre, explique M. Henry,
permettront de gérer la catastrophe
et les méthodes à adopter en vue de
les gérer jusqu’au retrait de l’alerte.
Cet exercice terminé, les autori-
tés compétentes se réuniront le
vendredi 10 juillet prochain afin
d’évaluer l’ampleur des dégâts en
déterminant les points faibles et les
points forts des différentes mesures
de prévention prises dans le cadre
de ce cyclone simulé.
De l’avis du ministre, cet exercice
de simulation permettra aussi d’être
prêt à affronter une catastrophe réelle
compte tenu que nous avons déjà
été confrontés à une situation très
critique.
Hormis les décideurs, près de 300
personnes seront mobilisées. Elles
seront présentes sur cinq sites au
niveau des Coun, Coud, Coul, des
abris provisoires et de la commu-
nauté internationale (la Minustah).
De surcroît, des observateurs seront
là afin de contribuer à la réussite de
cette opération qui s’inscrit dans le
cadre de la réduction des dégâts.
De son côté, Alta Jean Baptiste,
directrice de la DPC, a annoncé
le lancement d’un camp d’été
à l’intention des jeunes dans la
commune de Carrefour, le lundi 6
juillet 2015.
Il consiste à informer et sensibiliser
la population aux comportements à
adopter lors d’un cyclone.
Mourad Wabbah, coordonnateur des
Nations unies, a, pour sa part, sou-
ligné que cette simulation s’inscrit
dans un contexte particulier, compte
tenu de la période électorale et du
rapatriement massif des Haïtiens de
la République dominicaine.
Cette situation, à son avis, peut
accroître le risque de vulnérabilité.
Mais il convient par cette initiative
de renforcer les capacités nationales
et internationales en vue de gérer
toute éventuelle crise susceptible de
découler d’un cyclone réel.
En outre, il dit craindre le
désengagement de la Minustah
dans certains départements réputés
chauds en période électorale. Selon
lui, une telle démarche risque
également de compliquer le travail
de la logistique.
4 | N0
33 MARDI 7 JUILLET 2015
ACTUALITÉ
Le ministre de l’Interieur et des Collectivités territoriales, Dr Ariel henry. / Photo :
Ruben Chéry
HAÏTI/SAISONCYCLONIQUE
Le ministère de l’Intérieur et des Collectivités territoriales (MICT), via la Direction de
la protection civile (DPC) et le Centre d’opération d’urgence nationale (Coun), a lancé
officiellement, le lundi 6 juillet 2015, dans les locaux du Coun à Delmas 2, l’exercice
de simulation (Simex) pour la saison cyclonique de 2015. Ce projet est financé par la
Banque mondiale et le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud)
à hauteur de 80 mille dollars américains.
5. » suite de la première page
MARDI 7 JUILLET 2015 N0
33 | 5
ACTUALITÉ
Les Dominicains doivent négocier !par Jean Michel Cadet
HAÏTI/RÉPUBLIQUEDOMINICAINE/PROTOCOLEDERAPATRIEMENT
Les diplomates étrangers estiment
qu’une méconnaissance du
dossier des autorités étatiques
peut entraver le support de la
communauté internationale à Haïti.
Gestion des rapatriés
confiée à OIM et HCR
En prélude à cette réunion, un
comité mixte national, constitué
des membres du gouvernement
et des représentants de la société
civile, a été diligemment créé.
Lequel comité a sollicité l’aide
de la communauté internationale
pour contraindre la République
dominicaine, d’une part, à
respecter le protocole d’accord
de 1999 et, d’autre part, à donner
suite à la révision des termes
de ce protocole contenu dans
un document dont disposent
les dirigeants dominicains. Ce
comité est subdivisé en différentes
commissions sectorielles qui
s’occupent du renforcement
des capacités de l’État sur les
questions relatives à l’accueil,
l’identification et la réinsertion des
rapatriés. Pourtant la communauté
internationale, poursuit notre
source, se dit favorable à ce que
l’Organisation internationale de
la migration (OIM) et le Haut-
Commissariat des Nations unies
pour les réfugiés (UN HCR), jouent
un rôle prépondérant dans cette
affaire. Haïti est invitée, à ce sujet,
à mobiliser des fonds à l’échelle
internationale en faveur de ces
entités dotées, selon les diplomates
étrangers, de l’expérience et de
l’expertise nécessaires pour gérer
ce dossier.
Prenant part à cette rencontre, le
directeur exécutif de la POHDH,
M. Antonal Mortinal, exprime
son désaccord avec la formation
de ces commissions dont il s’est
gardé de faire partie. Il revient,
selon lui, à l’État haïtien de jouer
son rôle à travers ses institutions
compétentes en la matière.
Pointant ainsi du doigt des entités
comme l’Office de la protection
du citoyen, le Fonds d’assistance
économique et sociale (Faes) et
l’Office national de la migration
dont les représentants ont, dit-
il, brillé par leur absence à cette
rencontre.
D’une manière globale, M. Mortimé
affirme son insatisfaction face au
comportement des dirigeants
haïtiens dans ce dossier. « Trop
de lenteur, déplore-t-il, dans
le processus d’indentification,
l’accueil des rapatriés dans la
dignité et leur réinsertion dans la
société. » Toutefois, M. Mortimé
estime judicieuse la recherche d’un
nouveau protocole de rapatriement,
celui de 1999 en vigueur étant
désuet.
Car il portait notamment sur les
migrants haïtiens en situation irré-
gulière en République dominicaine
et sur quatre points frontaliers où
devrait s’effectuer le rapatriement.
Alors que dans le contexte actuel,
les autorités haïtiennes entendent
négocier le rapatriement sur deux
points frontaliers : Malapasse et
Ouanaminthe. Et la déportation con-
cerne à la fois des migrants haïtiens
et des Dominicains d’ascendance
haïtienne dénationalisés par la jus-
tice dominicaine.Apres l’échec du
dialogue binational, constate plus
d’un, les autorités haïtiennes enten-
dent manifestement reconduire le
dossier sur le terrain multilatéral.
Le chef de l’État haïtien a officiel-
lement appelé à l’intervention de
la communauté internationale pour
contraindre les Dominicains à regag-
ner la table des négociations, esti-
mant qu’à défaut d’une force armée,
la diplomatie est la première ligne de
défense d’Haïti.Le directeur exécutif de la POHDH, Antonal Mortinal. Photo : J.J. Augustin
6. Encourager l'implication
des femmes dans la politique
par Evens RÉGIS
6 | N0
33 MARDI 7 JUILLET 2015
ACTUALITÉ
ÉLECTION/PARTICIPATIONDESFEMMES
De concert avec le Programme des Nations unies pour
le développement (Pnud), et la Mission des Nations
unies pour la stabilisation en Haïti (Minustah), l’ONU-
femmes a organisé, le lundi 6 juillet 2015 à l’hôtel
Montana, un atelier de formation en faveur des médias
de la capitale et des villes de province. Le but de cette
rencontre interprofessionnelle a été de sensibiliser les
travailleurs de la presse à la question de genre et de
l’égalité des sexes en Haïti.
L
’ONU-femmes se dit d’abord
préoccupée par le faible pour-
centage de femmes aux com-
mandes dans l’administration
publique, par la quantité anémique
de candidates enregistrée dans le pro-
cessus électoral 2015et par les dis-
criminations multidimensionnelles
dont les femmes font l’objet dans la
société. En tant qu’entité des Nations
unies travaillant pour l’égalité des
sexes et l’autonomisation économique
des femmes, elle se lance avec toute
son énergie dans une campagne de
sensibilisation autour du thème :
« Genre et élection : l’importance de
la participation des femmes ».
Selon les précisions de Jean Claude
Muenda Kabisayi Nyanguila, c’est
une activité qui consiste à échanger
avec les professionnels des médias
sur certains outils qu’ils peuvent
utiliser pendant les campagnes
électorales, pour inclure le droit des
femmes dans les débats politiques
et de société.
La motivation, explique-t-il, vient
par le fait que nous sommes déjà
en période de campagne électorale
et que la plupart des candidats
et candidates vont courir vers les
médias, unique entité ayant le
pouvoir de former et d’informer. Il
n’y a qu’eux, qui peuvent faciliter
à la population de comprendre ce
que les suffrages peuvent faire dans
leur pays. Par contre, ajoute-t-il,
nous les invitons à nous aider, en
essayant de mettre en exergue les
préoccupations qui touchent aux
droits des femmes.
Le représentent résident de l’ONU-
femmes en Haïti, a, de surcroît,
expliqué que la préoccupation
n’est pas uniquement d’inciter les
femmes à participer aux élections,
mais de les inclure définitivement
dans la pratique des débats
sociopolitiques en Haïti toutes les
questions qui ont rapport aux droits
civiques et politiques des femmes.
Des programmes de formation sont
aussi en perspective au bénéfice
des femmes candidates, afin de
les aider à mieux charpenter leur
programme politique, à booster
leur leadership au moment des
campagnes électorales et à échanger
correctement avec la presse, a-t-il
révélé.
Cotty Beauséjour, responsable
de formation à la Minustah,
a, pour sa part, inculqué aux
journalistes quelques techniques
devant leur permettre d’éviter de
marginaliser les candidates lors
des débats électoraux. Il leur a
demandé, entre autres, de statuer
sur les programmes, les parcours
politiques de ces femmes, et sur
ce qu’elles peuvent réellement
apporter comme contribution, au
lieu de faire des commentaires sur
leur maquillage, leur beauté, ou
leur architecture corporelle.
« Il faut expliquer les enjeux
de genre dans vos émissions,
et vos articles », encourage-t-
il. Sensibiliser l’électorat aux
violences électorales spécifiques
contre les femmes, faire ressortir
pourquoi il y a seulement 5 %
de femmes au Parlement, 10 % à
la Police nationale d’Haïti (PNH),
alors qu’on plaide souvent pour
le respect d’un quota de 30 %,
autant de sujets qu’il conseille aux
journalistes d’essayer d’aborder.
À signaler qu’à la fin des assises,
des séances de travaux en ateliers
ont été organisées avec de groupes
de cinq journalistes qui ont
essayé d’apporter, chacun, des
réponses à des questions relatives
à la manifestation de la violence
électorale à l’encontre des femmes,
aux stéréotypes contre les femmes
et à tous les autres défis auxquels
elles font face en faisant de la
politique.
ÉCHO
eFormation des
bureaux de vote :
les partis politiques
convoqués par le CEP
Le Conseil électoral provisoire
(CEP) convoque les partis
politiques à une réunion, ce
mardi 7 juillet, à l’hôtel Montana,
pour discuter de la formation des
bureaux de vote. Cette rencontre se
déroulera dans le cadre de l’article
138 de la loi électorale régissant
le processus de recrutement des
membres des bureaux de vote.
Le CEP invite également les
personnes intéressées pour le
poste de superviseur dans le cadre
des élections de 2015 à soumettre,
dans le plus court délai, leur
dossier.
République
dominicaine :
ce mardi 7 juillet
débutent officiellement
les rapatriements
Les rapatriements des Haïtiens
illégaux vivant en République
d o m i n i c a i n e d é b u t e n t
officiellement ce mardi 7 juillet,
selon la Fondation ZILE. Les
sans-papiers haïtiens n’ont pas
attendu cette échéance pour
retourner volontairement au
pays. Les autorités dominicaines
en ont recensé plus de 31 mille
qui ont laissé de leur plein gré la
République voisine entre le 18
juin et le 1er juillet, a indiqué la
Direction générale de migration
dominicaine. Dans le cadre du
36e sommet de la Caricom qui
s’est ouvert le vendredi 3 juillet,
le président Michel Martelly a
dénoncé le rapatriement violent
d’immigrés haïtiens par les
Dominicains qui se refusent à toute
négociation. Monsieur Martelly
a lancé un appel à la Caricom, à
l’OEA et l’ONU afin de forcer les
dirigeants dominicains à traiter
les ressortissants haïtiens avec
dignité.
Daniel Supplice
ordonne la fermeture
du PIDIH
Le gouvernement n’avait pas
aidé des milliers d’Haïtiens
sans document d’identification
à pouvoir s’inscrire au Plan
national de régularisation des
étrangers (PNRE) vivant en
situation migratoire irrégulière
en République voisine. Le
Programme d’identification et de
documentation des immigrants
haïtiens (PIDIH) lancé en juillet
2014 est défaillant. C’est ce
qu’a admis Daniel Supplice,
ambassadeur d’Haïti en
République dominicaine. « Nous
sommes responsables de ce qui
se passe aujourd’hui avec nos
compatriotes », a admis Daniel
Supplice, précisant que la mise
en œuvre de ce plan n’a pas été
une très bonne idée. « Si nous
ne parvenons pas à identifier nos
citoyens chez nous, je ne vois pas
comment nous pourrons le faire
ailleurs », a-t-il argumenté dans
la presse locale, informant qu’il
a déjà ordonné la fermeture du
programme qui a coûté jusqu’ici
deux millions de dollars à l’État
haïtien.
L'AMH étend
ses tentacules
dans le Nord-Est
L’Association médicale haïtienne
(AMH) a organisé, dimanche,
à Ouanaminthe, une grande
rencontre avec les médecins
pratiquant dans le département du
Nord-Est.Autermedelaréunion,un
comité provisoire avec un mandat
d’un an a été formé en vue de
prendre en charge les destinées de
l’AMH dans le Nord-Est. Implanter
l’Association dans des régions du
pays constitue l’un des objectifs
à atteindre. C’est ce qu’a indiqué
le docteur Greta Roy Clément,
présidente de l’Association,
estimant que cette démarche va
permettre aux médecins d’Haïti de
rester connectés en vue d’offrir
un meilleur service de santé à
la population. L’AMH a organisé
récemment son 63e congrès
annuel sur le thème : « Morbidité,
développement des ressources
humaines et système de soins en
Haïti en 2015 ».
Résurgence
de l'ébola : le MSPP
reste vigilant !
Le ministère de la Santé publique
et de la Population (MSPP) a décidé
de replacer les pays de l’Afrique
de l’Ouest sur la liste des pays à
risque en raison de nouveaux cas
d’ébola au Liberia. Une mesure
qui vise à protéger Haïti de cette
maladie virale sur son territoire,
informe le MSPP, soutenant les
recommandations déjà en vigueur.
Le MSPP rappelle que toute
personne ayant voyagé dans des
pays comme la Sierra Leone et
la Guinée Conakry ne pourra pas
rentrer en Haïti avant une période
minimale de vingt et un jours. Au
cas où un voyageur aurait présenté
des symptômes évocateurs d’ébola,
il doit consulter immédiatement un
médecin afin de protéger sa santé,
son environnement immédiat et le
pays dans son ensemble.
Jean Claude Muenda Kabisayi Nyanguila, représentent résident de l’ONU-
femmes en Haïti. / Photo : Lesly Dorcin
7. T
out va bon train au niveau des
collectivités territoriales, selon
les propos du porte-parole. Le
processus est encore en phase
contentieuse où 245 cas de contes-
tations ont été enregistrés. Après
les verdicts rendus aux niveaux des
Bureaux des contentieux électoraux
communaux (BCEC) et Bureaux des
contentieux départementaux (BCDE),
pas moins de 26 recours ont été
exercés auprès du Bureau de conten-
tieux électoral national (BCEN) qui
doit se constituer incessamment pour
auditionner ces différents cas avant
de statuer. Exception est faite pour le
département du Sud-Est où aucune
des contestations n’est encore enten-
due au niveau du BCEC. Pour cause,
le bâtonnier de l’Ordre des avocats de
ce ressort n’aurait pas reçu, semble-
t-il, ses honoraires et refuserait de
désigner les avocats devant siéger
aux BCEC.
Assassinat d’un membre
du cabinet du conseiller
électoral Jaccéus Joseph
Il y a environ une semaine,
maître Néhémie Joseph, membre
du Conseil électoral provisoire,
avait dénoncé un complot ourdi
contre sa personne et celle de
maître Jaccéus Joseph. Ce lundi,
la conférence hebdomadaire du
CEP a débuté avec une note triste
concernant la mort de l’ingénieur
Wilkenson Bazile, attaché au
service logistique et technique
du conseiller Jaccéus Joseph,
représentant du secteur des droits
humains au sein de l’institution
électorale. Selon des informations
disponibles, la victime qu’on
présente comme étant le cousin
du conseiller Jacceus Joseph,
aurait reçu deux balles au niveau
du cœur alors qu’il revenait
d’un supermarché à Delmas en
compagnie de ses deux enfants
âgés respectivement de quatre et
onze ans.
Interrogé à ce sujet, le porte-
parole du CEP se veut prudent.
« Le CEP n’est pas une instance
de jugement. Il revient à la police
et à la justice de faire la lumière
sur la mort de Wilkenson Bazile»,
a déclaré Frantz Bernadin.
En juin dernier, on se le rappelle,
un employé du CEP a été blessé
par balle alors qu’il se trouvait à
bord d’un véhicule transportant
du matériel destiné aux BEC
(Bureaux électoraux communaux).
Par ailleurs, Frantz Bernadin a
annoncé qu’au courant de cette
semaine le matériel non sensible
sera acheminé vers les différents
départements et qu’un centre
d’appels (Call Center), avec pas
moins de 80 personnes, sera
mis en place sous peu en vue
de permettre aux électeurs de
pouvoir identifier facilement leur
centre de vote en appelant au
centre via des numéros qui seront
communiqués prochainement.
D’un autre côté, le recrutement
du personnel vacataire pour les
législatives du 9 août avance
à grand pas. Le concours de
désignation devrait en principe
avoir lieu au courant de cette
semaine. Pour ce qui concerne
les agents de sécurité électorale,
ils sont plus de cinq mille et
Frantz Bernadin croit bon de faire
appel à l’expérience des anciens
agents ayant collaboré avec le
Conseil lors des précédentes
élections en support aux nouvelles
recrues pour la pleine réussite du
scrutin.
Deux cent quarante-cinq cas
de contestations enregistrésPar Noclès Débréus
MARDI 7 JUILLET 2015 N0
33 | 7
ACTUALITÉ
HAÏTI/ÉLECTIONSCOLLECTIVITÉSTERRITORIALES
Au moment où le Conseil électoral provisoire (CEP) s’active pour arriver à la date
inéluctable du 9 août pour les législatives, au niveau des collectivités territoriales,
les contestations se poursuivent. Deux cent quarante-cinq cas ont été recensés sur
les 41 mille candidats inscrits, selon des informations communiquées par Frantz
Bernadin, porte-parole du CEP, lors d’une conférence de presse tenue ce lundi 6
juillet 2015.
Frantz Bernadin, porte-parole du CEP. /
Photo : Noclès Débréus
8. 8 | N0
33 MARDI 7 JUILLET 2015
MONDE
D
es manifestants contre les
homosexuels ont défilé
lundi dans les rues de Nai-
robi et appelé le président
américain à s’abstenir de plaider pour
le droit à la différence lors de sa visite
fin juillet.
« Nous ne voulons pas Obama
et Obama, nous ne voulons pas
Michelle et Michelle », ont scandé
les manifestants pour marquer
leur refus des couples de même
sexe. « Nous voulons Obama et
Michelle et nous voulons un
enfant! ».
« Il est important pour nous en
tant que Kényans de savoir que
les Etats-Unis ne sont pas Dieu
», a martelé l’organisateur de la
manifestation, le pasteur évangé-
lique Mark Kariuki, alors que la
Cour suprême des Etats-Unis vient
d’autoriser le mariage homosex-
uel.
Le président Obama est le bien-
venu dans « le pays natal de son
père” mais ne devrait “pas parler
de la question gay », a estimé le
responsable religieux.
Cette « Marche de protection de
la famille », qui a rassemblé une
centaine de personnes vêtues de
tee-shirts blancs, intervenait au
lendemain d’une nouvelle diatribe
du vice-président kényan William
Ruto contre l’homosexualité, jugée
« contraire au dessein de Dieu ».«
Nous avons entendu que les Etats-
Unis avaient autorisé les relations
homosexuelles et d’autres choses
dégoûtantes », a déclaré M. Ruto
lors d’une cérémonie religieuse,
selon des propos rapportés par le
journal Daily Nation. « Je veux
vous dire, en tant que dirigeant
chrétien, que nous allons défendre
notre foi et notre pays ».
M. Ruto, qui est actuellement
jugé par la Cour pénale interna-
tionale (CPI) pour crimes contre
l’humanité, avait fait des déclara-
tions similaires en mai, lors de
la visite au Kenya du secrétaire
d’Etat américain John Kerry.
Le vice-président « utilise ce sujet
comme une tactique de diversion,
pour faire oublier les accusations
de corruption et d’accaparement
foncier » qui se sont multipliées
à son encontre ces derniers mois,
a estimé l’avocat Erik Gitari,
directeur de la Commission natio-
nale des droits humains des gays
et lesbiennes.
La manifestation de lundi a été
organisée par l’Alliance évangé-
lique du Kenya, qui réunit plus-
ieurs églises.
L’homophobie progresse dans
de nombreux pays d’Afrique, où
l’homosexualité est souvent pro-
scrite. Au Kenya, elle est interd-
ite depuis la colonisation britan-
nique, mais très rarement sanc-
tionnée.
Venu quatre fois en Afrique subsa-
harienne, Barak Obama se rendra
fin juillet au Kenya pour la pre-
mière fois depuis son entrée en
fonction en 2009. Il poursuivra
ensuite sa visite en Ethiopie.
Des militants de la cause homosex-
uelle soulignent que l’intolérance
et la violence à l’égard des gays
s’étend au Kenya, où des les-
biennes ont été violées et des
homosexuels menacés de mort ou
internés par leur famille dans des
hôpitaux psychiatriques pour les
« guérir ».
Très virulent en Ouganda, « le
mouvement anti-gay progresse de
plus en plus au Kenya, (...) les cas
de discriminations et de violences
sont en hausse en raison de ces
discours homophobes », a déploré
Erik Gitari.
« Obama, premier président noir
des Etats-Unis, évoque l’égalité,
la libération. Ils ont peur qu’il
vienne prêcher l’égalité des droits
ici », a-t-il estimé.
Obama prié de ne pas parler d'homosexualité
lors de sa visite à Nairobi
Sources : voaafrique.com avec AFP
Barack Obama, président des Etats-Unis. / Photo : AFP
Le pape entame à Quito sa tournée sud-américaine
Sources : Reuters
L
e pape François a entamé
dimanche à Quito, capitale de
l’Equateur, une tournée de huit
jours en Amérique du Sud, qui
doit le conduire aussi en Bolivie et au
Paraguay. Lors de la première visite
de son pontificat dans la partie
hispanophone de l’Amérique du
Sud, le pape argentin doit célébrer
des messes à Quito et à Guaya-
quil, avant de s’envoler mercredi
pour la Bolivie. « Je remercie Dieu
de m’avoir permis de revenir en
Amérique latine et d’être ici avec
vous aujourd’hui dans ce beau
pays de l’Equateur », a déclaré le
souverain pontife après un vol de
13 heures depuis Rome.
A sa descente d’avion, le pape a été
accueilli par une bourrasque de
vent qui s’est engouffrée dans sa
robe et a fait s’envoler sa calotte.
Sans se départir de son sourire,
François a descendu les marches
de la passerelle avant de donner
l’accolade au président équatorien
Rafael Correa venu l’accueillir.
Le pape entame son périple sud-
américain en Equateur au moment
où le pays connaît d’importantes
manifestations antigouvernemen-
tales pour protester contre la
hausse des impôts et le style jugé
autocratique de son chef de l’Etat.
Au cours de cette tournée, le Saint-
Père devrait à nouveau porter son
message en faveur de la défense
des défavorisés et de la protection
de l’environnement.
« Des sommets du Chimborazo à
la côte pacifique, de la forêt ama-
zonienne aux îles Galapagos, vous
ne devez jamais perdre l’occasion
de remercier Dieu pour ce qu’il a
fait et ce qu’il continue de faire
pour vous », a déclaré François.
« Ne perdez jamais votre aptitude à
protéger ce qui est petit et simple,
à prendre soin de vos enfants et de
vos personnes âgées, à avoir confi-
ance dans la jeunesse et à rester
émerveillé par la noblesse de votre
peuple et la beauté singulière de
votre pays », a-t-il déclaré.
Après l’Equateur, le pape se rendra
en Bolivie où il s’exprimera pour
les droits des peuples indigènes
avant de visiter la prison de Pal-
masola, l’une des plus violentes
du pays.
Il achèvera sa tournée par le Para-
guay où il rencontrera des mili-
tants sociaux dans cet Etat gan-
grené par la contrebande et les
pratiques financières illicites.
Le pape François à Quito. / Photo: Reuters / Kevin Granja
« Je remercie Dieu de m’avoir permis de revenir en Amérique latine et d’être ici avec vous aujourd’hui dans ce
beau pays de l’Equateur », a déclaré le souverain pontife.
9. MARDI 7 JUILLET 2015 N0
33 | 9
MONDE
F
ace à un Alexis Tsipras victo-
rieux, la France et l’Allemagne
ont trouvé lundi les mêmes
mots pour exiger de lui des
propositions, laissant une mince
chance de négocier le sauvetage d’une
Grèce en état d’urgence financière.
Le pays ne doit sa survie qu’à une
BCE de plus en plus réticente,
qui a certes maintenu lundi à leur
niveau actuel les prêts d’urgence
aux banques grecques, mais en
durcissant les conditions.
Les banques resteront d’ailleurs
fermées au moins jusqu’à
mercredi, tandis que les mesures
de contrôle des capitaux seront
maintenues.
C’est dans cet état d’urgence
financier que le président François
Hollande et la chancelière
Angela Merkel ont tenté à Paris
de montrer une certaine unité
dans leur message au chef du
gouvernement grec.
Mme Merkel a jugé « urgent
» d’avoir des « propositions
tout à fait précises », tandis
que M. Hollande a réclamé des
propositions « sérieuses » de la
part du chef du gouvernement
grec.
Au-delà de leur maigre vocabulaire
commun, M. Hollande et Mme
Merkel n’ont pu dissimuler leurs
divergences, à la veille d’un
sommet de la zone euro de tous
les dangers à Bruxelles.
Le président français, fidèle à la
position conciliatrice que veut
adopter la France, a répété que
la porte restait « ouverte » aux
discussions, et insisté sur la
notion de « solidarité », malgré
le rejet massif par les Grecs de la
dernière mouture des exigences
de leurs créanciers.
Mme Merkel a elle souligné que
cette proposition rejetée par
référendum, à 61,2 % des voix,
était déjà « généreuse ».
Elle a aussi insisté sur le fait qu’il
fallait compter avec « les 18 autres
pays de la zone euro », dont de
nombreux petits pays franchement
hostiles à la campagne anti-
austérité de Syriza.
Pratiquement au même moment,
le tout nouveau ministre des
Finances grec Euclide Stakalotos a
lui jugé que les Grecs « méritaient
mieux » et qu’il ne voulait pas
d’une solution « non-viable ».
Plus sobre dans son expression, il
s’est toutefois montré sur la même
ligne que son prédécesseur, le
bouillant Yanis Varoufakis, dont
la démission surprise a pu nourrir
l’espoir d’un dialogue plus apaisé
entre Européens.
Asphyxie économique
Tandis que les Européens
cherchaient une voix commune,
Alexis Tsipras a lui cherché à
consolider encore sa position,
convoquant les dirigeants des
partis d’opposition ensemble pour
la première fois.
Un texte commun est sorti des six
heures de réunion, à laquelle seul
le parti néonazi Aube dorée ne
participait pas, plaidant pour la
conclusion d’un accord couvrant
les besoins de financement du
pays, accompagné de réformes et
d’efforts budgétaires « justement
répartis ». Les banques resteront
d’ailleurs fermées au moins jusqu’à
mercredi, tandis que les mesures
de contrôle des capitaux seront
maintenues. Cet état d’urgence
financier empêche la banqueroute
immédiate, mais aggrave de jour
en jour l’asphyxie économique.
Les Etats-Unis ont eux aussi tenu à
faire entendre leur voix, appelant
via un porte-parole les dirigeants
européens et Athènes « à se mettre
d’accord sur un ensemble de
réformes et un financement qui
permettent à la Grèce d’être sur
la voie d’une gestion durable de
sa dette, mais aussi de croissance
économique ».
Le FMI, l’un des acteurs majeurs
d’une crise qui dure depuis
2010, a lui choisi la sobriété: «
Nous surveillons la situation de
près et nous nous tenons prêts à
aider la Grèce si on nous en fait la
demande », a déclaré sa patronne
Christine Lagarde.
Le Fonds a pourtant contribué à
entretenir la tension entre Athènes
et ses créanciers en remettant avec
fracas la semaine dernière sur la
table le sujet tabou par excellence:
celui d’une restructuration de la
dette grecque.
Il s’agit à la fois d’une
revendication phare de M. Tsipras,
et d’une ligne rouge pour Mme
Merkel, confrontée à une opniion
publique à bout de patience alors
que la Grèce est sous assistance
financière depuis 5 ans.
Malgré cela, la chancelière ne
va pas aussi loin que certains
responsables européens qui
parlent ouvertement d’une sortie
de la Grèce de la monnaie unique.
L’exaspération à l’égard de la
Grèce est patente chez le ministre
slovaque des Finances Peter
Kazimir qui a jugé dimanche une
sortie de la Grèce de la zone euro
comme « un scénario réaliste ».
Le patron de l’Eurogroupe, le
Néerlandais Jeroen Dijsselbloem,
a quant à lui estimé que la
victoire du non “ne rapproche pas
(l’Europe) d’une solution” avec
Athènes.
La France espère dans cette
constellation jouer les médiateurs,
ce qui explique l’invitation de
Mme Merkel à l’Elysée lundi.
Reste que le temps presse pour
trouver une solution et que
selon une source européenne,
la négociation d’un troisième
programme sur deux ans,
échangeant réformes contre
réduction de dette, comme le
souhaiterait la Grèce, est hors
calendrier.
Le vice-chancelier allemand
Sigmar Gabriel en est déjà à parler
d’une « aide humanitaire » pour
la Grèce examinée par le sommet
européen de mardi.
Alexis Tsipras. / Photo : AFP
Les Européens laissent à Tsipras victorieux
une mince chance de négocier
Sources : AFP
11. MARDI 7 JUILLET 2015 N0
33 | 11
ÉCONOMIE
L'agriculture familiale en Amérique latine
et dans les Caraïbes
Source : AIAF
DÉVELOPPEMENTLOCALDURABLE
S
ur le continent, la démocratie
s’enracine et les mouvements
sociaux et environnemen-
taux montent en puissance.
Enfin, la deuxième Conférence des
chefs d’État de la Communauté des
États latino-américains et caribéens
en janvier 2014 a accordé «la pri-
orité absolue» au développement de
l’agriculture, notamment l’agriculture
familiale et paysanne.
Parallèlement, de nombreux défis
restent encore à relever, notam-
ment la persécution des représent-
ants d’agriculteurs, la faible par-
ticipation des agriculteurs dans les
organisations et les politiques défa-
vorables aux petits producteurs. Ils
ont mentionné les programmes de
développement rural réussis et les
plans de passation des marchés
publics comme étant des moyens
importants d’inverser la courbe, de
même que les politiques en faveur
de la souveraineté alimentaire.
Les principales tendances
Lors du dialogue régional, beau-
coup de participants ont par-
tagé le point de vue selon lequel
l’agriculture familiale ne se limite
pas à ses seules caractéristiques
agricoles, mais elle est plutôt
un mode de vie qui respecte
l’environnement, protège la bio-
diversité, conserve les traditions
culturelles et encourage le dével-
oppement rural. Les agriculteurs
familiaux produisent actuellement
jusqu’à 70 pour cent du panier
alimentaire de base des différents
pays de la région.
Les participants au dialogue ont
souligné que l’agriculture famil-
iale a le potentiel pour accroître
l’offre alimentaire et améliorer les
conditions de vie des populations
rurales les plus vulnérables. Les
agriculteurs familiaux peuvent
également contribuer à l’emploi,
à la conservation des ressources
naturelles et à la biodiversité, à
la préservation des traditions
culturelles, à la diversité multi-
ethnique et à l’éradication de la
pauvreté rurale.
Cependant, comme le dialogue l’a
souligné, cet immense potentiel
n’est actuellement pas pleinement
reconnu par la société et dans les
politiques.
À titre d’exemple, les agriculteurs
familiaux ont un accès limité
à la terre et à l’eau. Cette situa-
tion a été perçue comme étant
une conséquence des modèles de
propriétés foncières très concen-
trées dans de nombreux pays et de
l’utilisation de la terre et de l’eau à
des fins autres qu’agricoles.
La qualité de plus en plus faible et
la disponibilité limitée des sols et
des ressources en eau ont ébranlé
les systèmes de production de
l’agriculture familiale et sont alar-
mantes pour les nombreux agri-
culteurs familiaux sans systèmes
d’irrigation.
Au cours des dernières années,
cette situation est devenue encore
plus urgente, étant donné que la
région a connu des changements
au niveau des précipitations et des
températures, ce qui rend les agri-
culteurs familiaux encore plus vul-
nérables, particulièrement les agri-
culteurs les plus marginalisés. Ils
ne disposent pas toujours des res-
sources nécessaires pour s’adapter
à ce nouveau scénario au moment
opportun, par exemple en utilisant
des techniques d’irrigation appro-
priées, en développant des variétés
résistantes ou en modifiant leurs
calendriers de récolte.
D’autres souffrent du manque
d’assistance technique adéquate
pour apporter les changements
nécessaires. Un autre facteur fai-
sant obstacle aux agriculteurs
familiaux pour exploiter leur
plein potentiel est la faible dis-
ponibilité des sources adéquates
de financement. S’ils existent, les
instruments de crédit ont souvent
recours à des règles et à des con-
ditions inadaptées à la réalité des
agriculteurs familiaux.
Les garanties de prêts par exem-
ple, sont impossibles à obtenir
pour les petits agriculteurs famil-
iaux sans actifs. L’accès au crédit
est encore plus difficile pour les
agricultrices dans la plupart des
pays de la région. Cette situation
contribue à une plus grande pau-
vreté dans les ménages dirigés par
des femmes. Les participants ont
souligné la nécessité d’analyser
les causes sous-jacentes de cette
inégalité. Étant donné que les
jeunes voient peu d’opportunités
dans l’agriculture et que les poli-
tiques ne les ont jusqu’à présent
pas encouragés à rester dans les
zones rurales, de nombreux jeunes
migrent vers les zones urbaines à
la recherche de meilleures oppor-
tunités.
Le dialogue a mentionné que les
politiques et les institutions pub-
liques de l’agriculture familiale
n’ont pas atteint le même niveau
de développement dans tous les
pays de la région. Les pays du cône
Sud sont les plus avancés dans ce
domaine. En revanche, lorsque les
programmes d’exploitations famili-
ales sont en place, ils mettent sou-
vent l’accent sur l’augmentation de
la production au détriment de la
relation avec les consommateurs
et les marchés. En ce moment,
les agriculteurs familiaux dans la
région font face aux coûts élevés
des intrants et aux prix bas pour
leurs produits. Cependant, il a été
souligné que la croissance future
de la population mondiale se
traduira par une augmentation de
la demande alimentaire, du moins
dans le court terme.
Cette situation présente une excel-
lente opportunité pour renforcer
le commerce et les marchés des
produits des agriculteurs famil-
iaux. Toutefois, les participants
ont conditionné cette opportunité
à des programmes et des instru-
ments explicitement tournés vers
les petits agriculteurs familiaux.
Sinon, les grands exploitants agri-
coles, avec leurs ressources plus
importantes, risquent d’être les
seuls à profiter de cette nouvelle
opportunité. Les organisations
d’agriculteurs peuvent permettre
aux agriculteurs de surmonter cer-
tains de ces défis et relever le profil
politique du secteur.
Toutefois, la participation des agri-
culteurs familiaux dans les organ-
isations rurales est faible dans la
plupart des pays de la région. Il a
été observé que la persécution des
représentants d’agriculteurs dans
certains pays a davantage affaibli
ces organisations.
Les réflexions sur l’agriculture
familiale représentent une occa-
sion unique de souligner le rôle
important des agriculteurs famil-
iaux et faire d’eux un pilier essen-
tiel des stratégies pour atteindre
la sécurité et la souveraineté ali-
mentaires et éradiquer la faim et
la malnutrition dans la région.
Dans cette région, la contribution de l’agriculture familiale au développement est de plus en plus reconnue; les
politiques relatives à la sécurité alimentaire et à la nutrition sont de plus en plus courantes et l’indépendance et
l’égalité pour les femmes dans la lutte contre la pauvreté sont encouragées.
plein potentiel. / Photo: www.grain.org
12. 12 | N0
33 MARDI 7 JUILLET 2015
ÉCONOMIE
Six bonnes raisons de protéger les petites
exploitations familiales
Source : Via Campesina
La « multifonctionnalité » des petites exploitations familiales rentre de plus en plus dans le vocabulaire des
politiques agricoles. L’agriculture, on le sait maintenant, est beaucoup plus qu’une activité économique. Et
pourtant les petites fermes – épine dorsale de l’économie rurale – ne sont toujours pas pleinement reconnues.
AGRICULTURE/FERMESFAMILIALES
LES PETITES FERMES
CRÉENT DE L’EMPLOI
Les petites fermes fournissent
l’essentiel de l’emploi rural
dans la quasi totalité des états
européens et sont reconnues
comme « amortisseur social » dans
la crise que nous vivons.
Même si beaucoup de fermes
cumulent plusieurs activités pour
permettre un meilleur revenu11
on remarque que pour toute classe
de surface (de moins de 5 ha à
plus de 100 ha) au minimum 50 %
des exploitants n’ont pas d’autre
source de revenu, ce qui exprime
l’extrême importance de la ferme
pour leur survie.
A l’inverse, des milliers de
travailleurs migrants, saisonniers
ou non, sont issus de ces petites
fermes privées de revenus
suffisants.
LES PETITES FERMES PERMETTENT
L’INSTALLATION DE JEUNES
La production alimentaire
industrielle, mécanisée pour être
plus « compétitive », fournit peu
d’opportunités de travail.
A l’inverse, ce sont les emplois
sur les petites et moyennes
fermes, non délocalisables, qui
fournissent la base de l’activité
économique et sociale locale et
sont ainsi à la base du dynamisme
des territoires. Beaucoup de
jeunes urbains sont attirés par
la production agroécologique de
proximité, qui a du sens pour eux
et la communauté.
LES PETITES FERMES
CONTRIBUENT À LA SÉCURITÉ
ALIMENTAIRE
Au niveau international on estime
que les quelques 500 millions
de petites fermes paysannes
contribuent pour 70 % de la
production de l’alimentation.
Difficile de savoir en Europe quelle
partie de l’alimentation est issue
des petites fermes, en l’absence
de recherche en ce domaine, mais
la contribution est importante et
indéniable du point de vue de
la qualité : un réseau dense de
petites fermes, doté des circuits
commerciaux adaptés, permet
une nourriture variée, fraîche,
meilleure pour la santé, enjeu
majeur en Europe qui compte
plus de 50% de la population en
surpoids et parmi laquelle 20% est
obèse selon l’OMS (Organisation
Mondiale de la Santé), sans
compter les maladies chroniques
liées à l’alimentation telles les
nouvelles allergies ou le diabète.
Les circuits courts de proximité
permettent de mieux valoriser des
produits non calibrés, les consom-
mateurs respectent d’avantage et
jettent moins ces bons légumes
dont ils connaissent l’origine, ce
qui limite le gaspillage.
LES PETITES FERMES ONT UNE
GRANDE CAPACITÉ D’INNOVATION
Dans les années récentes, ce sont
des petites fermes, alliées à des
citoyens urbains, qui ont apporté
les innovations les plus riches dans
les domaines de la production, la
transformation et la distribution
des produits. La défense de
l’agroécologie comme moteur de
la transition énergétique et sociale
vers la souveraineté alimentaire
est une étape nouvelle. D’ailleurs,
ces innovations sont rapidement
copiées par les structures plus
grandes qui voient leur revenu se
dégrader du fait de la volatilité
des marchés.
LES PETITES FERMES FAVORISENT
LA BIODIVERSITÉ
Les grandes structures, sont le
reflet d’une rationalité économique
qui amène des systèmes de
production standardisés : animaux
sélectionnés pour une productivité
maximum hors sol, disparition de
la pâture, affouragement à base
de monocultures industrielles
réduites à deux ou trois espèces,
complément en tourteaux de soja
– importés et majoritairement
OGM.
Tout le contraire des petites fermes
où on peut élever différentes races
et variétés ainsi que pratiquer la
sélection paysanne adaptée aux
conditions locales.
Ce sont les petites fermes qui
génèrent et accroissent la bio-
diversité ! Cette biodiversité
naturelle est cultivée par les pay-
sannes et les paysans depuis des
millénaires, est à la base de la
diversité de notre nourriture et
de nos paysages, à la source des
plaisirs culinaires et une richesse
à ne pas oublier. C’est aussi une
manière plus économe d’organiser
la production agricole.
LES PETITES FERMES SONT
UNE RICHESSE DE LA CULTURE
NATIONALE
La gastronomie variée et riche
de chaque région est intimement
liée à l’identité d’un peuple. Cet
art culinaire s’est développé au
fil de l’histoire en se basant sur
les productions locales adaptées
et fournies par les petites et
moyennes fermes.
Imaginer la vie quotidienne des
citoyens européens, sans les
fromages au lait cru, sans les
préparations traditionnelles,
sans les marchés paysans, sans
fruits locaux, mûrs et goûteux,
condamnés à manger la même
nourriture standardisée des
supermarchés qui envahissent
tous les pays d’ Europe ? Les
petites fermes sont une réponse à
l’attente des citoyens, attachés à
une production locale, de qualité,
produite dans des fermes à taille
humaine.
14. 14 | N0
33 MARDI 7 JUILLET 2015
SOCIÉTÉ
Les nouvelles stars
du web, sur les traces
de « Tidezod »
par Vantz Brutus
I
ls puisent leurs sujets dans la
réalité quotidienne. Ils excellent
dans les jeux de rôle. Ils sont
populaires. Ils sont drôles et n’ont
pas peur de choquer. Ils dépeignent
la réalité sans artifice et sans idéali-
sation. Leurs vidéos sont vues par
des milliers de gens. Ils s’appellent :
Shishie, (Tichat) M. Gue, Frère Renel,
Tidezòd…
Avec l’apparition des réseaux
sociaux, les jeunes ont trouvé de
nouvelles façons pour faire valoir
leur point de vue tout en critiquant
les travers de la société. Grâce aux
gadgets électroniques : ordinateur,
smartphone, tablette numérique,
appareil photo, munis d’option
vidéo ils repoussent les frontières
de la communication, en Haïti.
Le comportement des leaders reli-
gieux, des parents, des enfants, des
écoliers, des Haïtiens d’ici et de la
diaspora, tout est mis sur la toile,
toujours de façon humoristique
pour forcer les internautes à pren-
dre position.
« Aryennafè » pour certains, anti-
dépresseur pour d’autres, il n’en
reste pas moins que des milliers
d’Haïtiens, émigrés à travers le
monde, trouvent dans ces pro-
ductions-vidéos amateurs, le trait
d’union qui les relie avec Haïti. Les
sujets évoqués sont souvent séri-
eux et certains constituent de vrais
freins au développement du pays.
Antoine Talleyrand, plus connu
sous son nom d’artiste « Tidezod »,
explique son attachement depuis
déjà deux ans, à cette forme de
communication. « C’est d’abord
pour le plaisir. Au début je part-
ageais mes vidéos avec des amis
et on rigolait. Mais de plus en plus
de gens s’y intéressaient. Depuis je
les partage sur les réseaux sociaux.
» Sa satisfaction provient du feed-
back reçu du public : «ce qui me
réconforte, ce sont les témoignages
du public, très souvent dans des
commentaires, des fans avouent
que j’ai incarné tel personnage de
leurs familles ».
On comprend donc la popularité de
ces nouveaux artistes, seulement
sur facebook, Antoine compte plus
de 53 mille fans, Shishie en compte
près 40 mille et Frère Renel, un peu
plus de 50 mille.
Ces vidéos sont généralement très
courtes (15 secondes), pour plu-
sieurs raisons : c’est plus facile
pour le téléchargement ainsi que le
visionnement. Ces considérations
sont d’autant importantes qu’Haïti
dispose du débit internet le plus
faible de la région.
Peut-être, que l’on s’en doute mais
cela requiert un certain savoir-faire
et un doigté pour réaliser, en si
peu de temps, les trois actes d’un
scénario classique: l’introduction/
exposition, le développement et le
dénouement.
Tidezod poursuit un objectif à la
fois simple et ambitieux: « je veux
mettre les Haïtiens en face de leurs
mœurs, leurs habitudes pour qu’ils
puissent se regarder en face et
décider si nous voulons changer
ou rester comme nous sommes ».
“Pss!! Haut Turgeau!”
“Moto, lagem Pòtay !”
Se déplacer dans un pays comme le nôtre ?... humm !!! Chaque
Haïtien a son propre moyen de locomotion : les bekann, les
chevaux, les « Vitiello » modernisés en « BM double pieds
», les « Bourrik ». Tous « Ecolo » sont, à présent, remplacés
par de vieilles carrosseries ambulantes : nos fameux taxis
ou tap-tap ( bogota) : ORNI( Objets roulants non identifiés )
en état (debri-yete) et plus récemment de ces redoutables
tueurs, malheureusement dangereux et désagréablement
nombreux, : les taxi-moto.
Souvent, timoun kou granmoun, prennent un bon sèso ou
acceptent d’être convertis en sardines dans les ORNI ou sur
les motos. « En veux-tu, en voilà » : des ti rikiki coincés entre
deux gros breng, une mémère jouquée entre le chauffeur
et un parent ou, mieux encore, toute « la familia » de sept
membres (ou plus) avec trois bébés dont un d’entre eux est
fièrement assis avec ses lunettes de soleil sur le « guidon »,
aux anges et totalement inconscient comme son géniteur/
chauffeur, de la dangereuse précarité de sa position ….Se
pa fot mwen
… Il faut bien caser tout le monde, et en kite melem …Les
motos valsent entre les voitures et filent « fyiooouuuuu » dans
une lunette….CcckkKriiiiiisssss….. BooOOOwwww ! Aksidan
! Lobey ! Moun Mouri.
Bien sur chaque « Koukouy » aurait du éclairer son chemin,
surtout quand les responsables de l’ordre sont absents,
inactifs. Réalité tèt chaje, liée au lese grennen, au manque
de formation des chauffeurs ou des policiers devant assurer
l’application des règles… Si les choses sont ainsi maintenant
… et dans cinq ans ? J’imagine mal mes enfants grandir et
vivre dans cet environnement de chauffards deregle, tenaillés
par le « ti kob jounen an ». Essayez donc de les raisonner, ils
vous répliqueront tout simplement que « le colon guettait
votre mère » en continuant leurs routes.
Motos filantes, Bogota-boite-de-sardines, tap-tap !!! On n’en
finirait pas. Que dira-t-on des Kamyon Mac à la face défigurée,
leurs carosseries penchées yon bò, y ap taye yon brodè, prèt
pou chavire ; mais chargées « kou legba » qu’ils sont, plutôt
euuh… Difficile ! Généralement, ils atterrissent, au bout de
nos routes en pente sur les malere Kap chache lavi, nan move
pozisyon, puisque non inspectés, leur défaillance mécanique
est « à couvert », par ce soi-disant service d’inspection
routière qui ne manque pas de venir parader à ces moments-
là. À propos, ce service d’inspection fonctionne-il encore en
Haïti ? J’aimerais bien le savoir.
« Où vons-nous » (comme l’eut à s’écrier l’un de nos modernes
parlementaires) dans ce pays ? Sans respect des règles et
applications des lois qui existent. Oui SVP ! Comment élever
un enfant dans un contexte pareil ?
Le pire est que les premiers à enfreindre les règles sont
toujours les premiers à demander des comptes au système.
Mesye dam, faudrait commencer par apprendre à respecter
les lois de la rue avant de revendiquer !
La dictature des lois ?! Vivement que ce règne arrive…
Transports communs
ou casseroles communes
par Ramona
Antoine Talleyrand, alias « Tidezod ».
HAÏTI/SOCIÉTÉ
15. MARDI 7 JUILLET 2015 N0
33 | 15
SOCIÉTÉ
S
ur nos petits écrans, c’est la
guerre des publicités. Pour
vanter les qualités de tel ou tel
cube. La cousine qui prépare
le dîner à qui le fameux cousin octroie
une note excellente. La dernière pub
en date. Le conseiller qui arrive
comme un cheveu sur la soupe lors
de la préparation d’un dîner, pour
recommander à la future mariée
de se servir d’un cube spécial pour
solidifier son mariage. Idée farfelue.
Ces chefs qui marient leur amour de
cuisinier à l’utilisation d’un cube. Ou
encore ces poulets qui dansent après
avoir été saupoudrés d’un cube qui
fait la concurrence.
Hors de la télévision et des pubs,
les cubes sont omniprésents dans
nos vies. Devrais-je dire dans nos
ventres. Parce que les femmes
haïtiennes ne peuvent s’en passer.
Au moins 8 femmes sur 10 avouent
se servir de cubes pour la cuisson
des mets. Parce que selon elles, ces
petits carrés bourrés de produits
chimiques sont importants pour
leurs différents plats : riz, spaghetti,
omelette, purée... Marianne (nom
d’emprunt) a 46 ans. Pour elle,
un met sans « Maggi » est un met
sans vie. Elle affirme ignorer de
quoi sont faits ces cubes qu’elle
utilise à longueur de journée. Mais
elle s’y accroche. Elle achète les
meilleurs. Parce que certains sont
plus efficaces que d’autres. « M
mete magi nan manje a pou l ka
gou. Lè w pa met magi a, li san
gou ». Répond t-elle d’un sérieux
qui ne peut être questionné. Pour
Marianne, les « Maggi » ne sont pas
dangereux. « M gen 46 ans. M leve
m jwenn y ap sèvi ak magi. M pa ko
konn yon moun ki mouri se magi
k touye l. Li pa bay pyès maladi ».
Les réactions de plusieurs autres
femmes questionnées ne seront pas
différentes. Annie (nom d’emprunt),
utilise les cubes pour la même
raison : relever le goût de leurs
mets. « M mete l pou manje a ka
pi gou. » Et bien sûr, comme Mari-
anne, elle nie toute conséquence
des cubes sur la santé. « Magi pa
bay kansè vre. M jwenn manman
m ap sèvi avè l depi lè m piti. Valè
moun ki manje magi pi k ap mouri
a 112 zan ! ». Une autre question-
née à ce sujet pense pourtant que
tout est question de modération.
« Ou pa met anpil sèlman. Ou sèvi
avè l ak moderasyon ».
Même les adolescentes qui font
leurs premiers pas timides dans
une cuisine utilisent des cubes.
Influence des mamans. Pour celles-
ci, cuisiner quoi que ce soit sans
cube, se révèle un fait insolite.
« Tout sa manman m montre m fè, li
fè m met magi ladann. M pa ka kwit
manje san magi. Depi m pa mete
l, m wè manje a pa bon. Se yon
kesyon abitid. ». En ce qui a trait
aux maladies que les cubes peuvent
engendrer, elle n’a pas de décision
arrêtée comme les autres. « Bon, m
pa ka di wi, m pa ka di non. Men
ou pa ka ap koute sa moun ap di
k ap fè w malad. Sinon ou pa t ap
janm manje. ». Epi, manje magi ou
pa w ap mouri kanmèm, finit-elle
par lâcher dans un rire sournois.
Troubles cardiaques, faiblesse sex-
U
n rapport indique que d’ici
à 2050 les États-Unis pour-
raient être le pays comptant
le plus d’hispanophones,
devant le Mexique et l’Espagne.
Les États-Unis sont-ils en passe de
devenir le premier pays hispano-
phone ? Le Mexique, 121 millions
d’habitants parlant l’espagnol,
occupe toujours la première place
du classement, mais il pourrait bien
être détrôné, révèle El Mundo.
L’Institut Cervantes, organisation
culturelle indépendante, rapporte
que les États-Unis ont désormais
plus de locuteurs espagnols que la
Colombie ou l’Espagne.
Ainsi, parmi les 319 millions
d’Américains, 41 millions ont
pour langue natale l’espagnol et
près de 12 millions sont bilingues.
« Si nous avions ajouté les 9,7
millions d’immigrants en situation
irrégulière, le nombre de potentiels
hispanophones aux États-Unis
atteindrait environ 62 millions »,
déclarel’InstitutCervantes.L’Institut
estime à 559 millions la population
d’hispanophones dans le monde,
dont 470 millions de natifs. Selon le
Bureau de recensement américain,
le pays pourrait comptabiliser plus
de 138 millions d’hispanophones
– soit un tiers de sa population
– en 2050, si la croissance de la
communauté latino-américaine
continue à augmenter à ce rythme.
Les États-Unis dépasseraient alors
le Mexique.
Une préférence
pour l’anglais
Cela fait de nombreuses années que
les États-Unis connaissent un flux
migratoire massif depuis le Mex-
ique. Pour preuve, la moitié des
habitants du Nouveau-Mexique, l’un
des États américains voisins de la
frontière, parlent l’espagnol. La pré-
diction du Bureau de recensement
n’est cependant plus aussi certaine.
La population latino-américaine
augmente toujours, mais nombre
d’entre eux s’expriment couram-
ment en anglais, dévoile le site
Quartz. L’usage de leur langue
natale dans la vie quotidienne tend
à diminuer. Le think tank améric-
ain Pew Research Center montre
d’ailleurs que les jeunes Latinos
préfèrent regarder les nouvelles et
les programmes de divertissement
en anglais.
Les cubes et la santé,
qui s'en occupe ?par Stéphanie Balmir
Les États-Unis, deuxième pays
où l'espagnol est le plus parlépar Sources : Le Point.fr
La majorité des ménages, les cuisinières en particulier utilisent les cubes. Ils sont
nombreux à retenir l’attention de ceux qui les consomment ou pas. Sauf que, tous
ferment les yeux sur les méfaits de ce produit qui peut, à la longue, causer certaines
maladies. L’avis de certaines femmes haïtiennes sur ce produit.
LePoint.fr/Par Sixtine Lys - Photo d’illustration. L’espagnol est la troisième langue la plus utilisée sur Internet, avec un peu
uelle chez l’homme, saignements
vaginaux chez la femme, troubles
uro-génitaux, hypo ou hyperten-
sion, gastrite, troubles du com-
portement chez l’enfant, gonfle-
ment de la prostate entre autres
sont autant de maladies que peu-
vent causer les cubes. Sauf qu’ici,
personne ne se concentre sur la
santé. Tout le monde se nourrit à
qui mieux mieux. Le facteur santé
viendra après avoir comblé une
faim qui ne peut attendre.
Rares sont les familles qui
n’utilisent pas ces cubes dans la
cuisson de leurs aliments. Cepen-
dant, ils ne sont présents à aucun
moment. Ni dans les marchés où
la ménagère fait ses achats. Et
encore moins dans la cuisine où
celle-ci est maitresse et seigneur.
Les restaurants sur qui personne
n’a aucun contrôle, les marchan-
des de nourriture éparpillées dans
tous les recoins de la Capitale en
font également usage. Ce qui ne
laisse pas vraiment la libre déci-
sion aux consommateurs.
Qu’ils soient cancérigènes ou pas,
les cubes sont adulés des femmes
haïtiennes. Ne parlons pas de cer-
tains hommes qui en font d’autres
usages. Ce qu’il faut bien sûr véri-
fier. En dehors d’une politique san-
itaire et communautaire, chacun
consomme ce qu’il peut. Quand
il le peut. En attendant des solu-
tions qui, peut-être, viendront trop
tard ou jamais, continuons donc
de consommer les cubes en nous
confortant sur ces publicités qui
en font un produit miracle.
16. 16 | N0
33 MARDI 7 JUILLET 2015
SOCIÉTÉ
C’est pour « rappeler aux étudiants
leur source » et « rappeler aux
autres également leur modèle »
que l’INAGHEI a pris l’initiative de
rendre hommage publiquement à
Manigat, un an après sa mort. « On
n’a pas voulu rester indifférents.
On a voulu, pratiquement, en tant
que légataires, héritiers de cette
œuvre qu’il a initiée, commémorer
sa mémoire par des manifestations
culturelles, des conférences,
des chants et autres activités »,
a expliqué le professeur Robert
Joseph, doyen de l’institut. « C’est
comme un devoir de mémoire
envers Leslie F. Manigat, étant
donné que nous nous considérons
comme les héritiers de cette œuvre
immense », a-t-il renchéri.
Manigat dans toutes ses facettes
Il s’agit essentiellement de
camper l’homme, Leslie F. Mani-
gat sous les différentes facettes
de sa vie : l’intellectuel, le pro-
fesseur, l’écrivain et le poli-
tique. Les thèmes retenus pour
les conférences sont choisis par
les conférenciers eux-mêmes, en
fonction de leur compréhension
du personnage, avec aussi des
exposés d’ordre général. Selon
la programmation diffusée dans
la presse, le professeur Patrice
Dumond présentera le lundi
7 juillet « Manigat : Un regard
subjectivo-objectif ». L’historien
Pierre Buteau confèrera, le jeudi
9 juillet, sur « Leslie Manigat :
un intellectuel dans l’espace poli-
tique », pour tenter de concilier
les contradictions entre sa car-
rière intellectuelle fulgurante et
son parcours politique désappoin-
tant. Les responsables ont tenu
à préciser que d’autres séances
peuvent s’ajouter instamment à
ce calendrier.
Les étudiants se mêlent de la partie
avec beaucoup d’enthousiasme.
Ils ont été nombreux à participer
à la cérémonie inaugurale de la
soirée du 26 juin et ils s’engagent à
prendre part à toutes les assises. «
Pour chaque étudiant, Manigat est
un modèle intellectuel », croit Jeff
Morose, le président du comité
des étudiants, impliqué aussi dans
l’organisation de ces activités. De
l’avis de Jean Edwige Petit-Frère,
étudiant en sciences politiques,
ces conférences permettront aux
étudiants de mieux appréhender
non seulement la personnalité,
mais aussi, ses écrits, ses œuvres.
Toutefois, il regrette qu’il n’ait
pas des intervenants à présenter
une analyse critique de Lesly F.
Manigat, contre ceux qui ne font
que l’apologie du personnage,
juste pour établir l’équilibre.
Père fondateur de l’INAGHEI ?
La paternité de l’INAGHEI est
bien souvent attribuée à Manigat,
à tort ou à raison. Robert Joseph,
vingt-cinq 25 ans d’enseignement
à l’institut nous a retracé son
histoire. En vrai, Leslie Manigat
a créé en 1958, alors qu’il était à
la tête du ministère des Affaires
étrangères sous le régime de
François Duvalier, l’École nationale
des hautes études internationales
(ENHI) qui enseignait à cette
époque seulement les relations
internationales pour former
des diplomates haïtiens. Plus
tard, les premiers étudiants
diplômés allaient transformer
l’école en 1974 en l’INAGHEI
sous l’instigation de Gérard
Dorceli, encore en vie. Avec la
coopération canadienne, ils ont
construit le bâtiment, révisé le
programme en y transplantant
la section administrative de la
faculté de Droit et en incluant un
département de gestion, puis de
sciences comptables.
Pour immortaliser Manigat
Décidément l’INAGHEI, ne veut
pas laisser mourir la mémoire
de Manigat. Au terme de cette
quinzaine commémorative, la bib-
liothèque sera baptisée « Biblio-
thèque Leslie François Manigat »,
selon ce qu’a révélé le professeur
Robert Joseph. Une annonce que
les étudiants ont acclamé allègre-
ment. Aussi, est-il envisagé de
placer le buste de Manigat dans
l’immeuble. Un doctorat Honoris
Causa posthume ? Un Centre de
Recherche? Beaucoup de gestes
temporels, pour immortaliser
Manigat.
Leslie François Manigat.
Leslie François Manigat bien vivant à l'INAGHEI
par Obed Lamy
Pour commémorer le premier anniversaire de la mort de Leslie François Manigat, le décanat de l’Institut
national d’Administration de Gestion et des hautes Études internationales (INAGHEI) organise une quinzaine de
manifestations culturelles en son local. Lancées le vendredi 26 juin dernier, date marquant son décès, les activités
consistent entre autres en des conférences et des prestations artistiques.
17. MARDI 7 JUILLET 2015 N0
33 | 17
CULTURE
S
ur la table, il y avait Patrick
Alexis, Philippe Saint-Louis
et Aly Accacia ; ils avaient
préparé un ordre du jour qui
n’a pas été respecté. Ce devrait être
une rencontre sur les problématiques
du rythme compas direct, mais en
fait c’est devenu une rencontre sur
la musique haïtienne. Il y avait plu-
sieurs tendances représentées pour
cette occasion.
Plus d’une cinquantaine de
musiciens, de promoteurs, de
preneurs de son et d’observateurs
ont pris part à cette grande
première, dont l’objectif était
de former une association de
musiciens de compas direct
afin de défendre les intérêts du
rythme créé par feu le maestro
saxophoniste Nemours Jean-
Baptiste le 26 juillet 1955. Nous
sommes à la veille des soixante
ans de l’anniversaire du rythme.
Dans la salle, il y avait plusieurs
grandes têtes de la musique
haïtienne tels que le docteur
Pierre Boncy, musicien parolier,
membre fondateur des Difficiles
de Pétion-Ville et compositeur
du titre à succès « Tigresse »,
Serge Rosenthal et madame,
membre fondateur du groupe Les
Shleu Shleu, le docteur Raynald
Devilmé, membre fondateur du
Tabou Combo, le rappeur K-Libr,
le chanteur Jude Jean du groupe
K-Dans, Philippe Augustin de
Strings, les animateurs Captain
Bill et Richard Devil, etc. Les
preneurs de son et entrepreneurs
Guy Beauvil et Gary Saint-Joie
étaient aussi présents.
Les débats, qui devraient se
dérouler autour d’une association
de musiciens de compas direct,
ont débordé sur d’autres sujets
aussi importants. La majorité
des participants ont posé le
problème de l’association, mais
en ont profité pour soulever des
problèmes personnels.
Shabba, tambourineur au sein
de Djakout number 1, est pour
l’association des musiciens mais
en a profité pour soulever tous
les problèmes qu’il rencontre
dans l’industrie de la musique et
qui ne peuvent se résoudre en un
seul jour. David Dupoux, qui est
aussi favorable à cette association,
a proposée qu’on mette en place
une base de données, ce qui fait
défaut dans la musique en général.
En ce sens, l’animateur Guy Wewe
a dit être en train de préparer
quelque chose du genre.Les par-
ticipants ont énuméré beaucoup
d’exemples qui pourraient inciter
les musiciens à se regrouper en
association, mais il y a encore
des doutes et des conflits à traiter
avant une telle réalisation.
Il y a le grave problème des DJ
qui diffusent de la musique
étrangère, les groupes musicaux
qui n’animent plus des kermesses
et ne jouent plus pour les enfants.
Ce que regrette madame Yolaine
Rosenthal, pour qui le compas
direct est un dialogue corps à
corps.Si l’on en croit certains
intervenants, la demande de
compas direct est encore vivante,
mais les groupes musicaux doivent
changer de stratégies en vendant
aussi leurs musiques dans les res-
taurants dansants, même si des
musiciens croient que le rythme
perd de son charme et risque de
disparaître.
Une autre réunion est prévue pour
le mercredi 8 juillet à Anbyans
Resto Club.
Pour la formation d'un syndicat
de musiciens compas directpar walcam
Patrick Alexis, Philippe Saint-Louis et Aly Accacia
Sous la houlette de Johnny Célicourt, de Patrick Alexis et de Philippe Saint-Louis du Forum Mardi Alternative, a
eu lieu le mercredi 1er juillet une rencontre sur la musique haïtienne au Rendez-Vous Night-Club.
La belle amour humaine est à Anse-à-Fôleur
par Magdalee Brunache
R
ésumer un roman comme
« La belle amour humaine »
de Lyonel Trouillot reviend-
rait à tenter l’exercice farfelu
de définir la complexité des person-
nages évoluant dans cette sphère
romanesque. Mais, comme Thomas
l’a si bien dit, on ne résume pas un
humain.
Alors on peut toujours essayer de
suivre le trajet de Port-au-Prince à
Anse-à-Fôleur à bord de la voiture
de Thomas, se fondre dans la multi-
tude disparate de la ville, se saoul-
er de tous ses bruits, emprunter
la nationale pour atteindre ce
lieudit d’Anse-à-Fôleur où vingt
ans plutôt avait pris naissance
un mystère jamais élucidé. Une
nuit, les deux maisons jumelles de
l’homme d’affaires Robert Montès
et du colonel Pierre André Pierre
brûlèrent sans laisser la chance à
leurs propriétaires de s’enfuir.
Est-ce un accident ? Un crime
collectif ? Dans ce village côtier
du Nord-Ouest, personne n’a rien
vu (du moins le prétendent-ils).
Voilà qu’une vingtaine d’années
plus tard la petite-fille de Robert
Montès survient.
Elle est en quête de réponses,
d’une meilleure compréhension
de l’homme qui fut son père. Son
nom est Anaïse. Un nom d’une
grande saveur tropicale. Mais ne
vous y fiez pas, c’est une Occiden-
tale matérialiste, venue d’une des
grandes capitales du monde.
Tout au long du trajet, les mots de
Thomas vont remplir l’espace clos
de la voiture. Son flux de paroles
nous peint Anse-à-Fôleur, ce lieu
où chaque habitant souffre de la
maladie de la mer, où l’étranger
est reçu avec chaleur et bienveil-
lance.
Là-bas, quelques familles évoluent
dans une fraternité parfaite. Plus
que de l’affabilité, c’est leur amitié
que ces hommes et ces femmes
offrent à l’inspecteur venu de la
capitale suite à l’incendie des «
belles jumelles » et plus tard à
Anaïse.
Un accueil qui les pousse, chacun
à leur tour, à se poser laseule ques-
tion qui compte réellement : Quel
usage faut-il faire de sa présence
au monde ? Doit-on la consacrer
à étendre sa domination sur les
autres comme le firent l’homme
d’affaires et le colonel ? Ou faire
le don de son rire, de sa lumière
intérieure à ceux qui nous
entourent ?
Les deux hommes n’ont jamais
jugé important de faire partie
de ce que l’oncle de Thomas, le
peintre Frantz Jacob, appelle « la
belle amour humaine ». Là réside
peut-être la cause de leur décès.
À Anse-à-Fôleur, leur absence ne
fut pas plus remarquée que leur
présence.
Finalement ce livre est l’histoire
de ces villageois soumis aux
caprices de la mer, loin des préju-
gés de toutes sortes dont Thomas
a souvent fait !