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   LE S           PmE aLLEmanDES
   unE cOmPétitivité à DimEnSiOn
   SOciaLE Et humainE

                                                                                          OSEO
    Isabelle Bourgeois et René Lasserre
    cir a c in te rn ati o na l
                                                                                          pme 2010

                                                                                          Actualité


                                                                                          inTernaTional
Dans l’économie allemande, les PME           reprise du marché mondial dès la fin
jouent un rôle central. Si après la forte    2009, et particulièrement celle de la        2006
récession entraînée par la crise finan-      demande des économies émergentes,
cière mondiale (le PIB avait chuté de        les commandes affluent et la production
4,7 % en 2009), l’économie allemande         reprend. C’est l’ouverture internationale
se redresse rapidement, c’est en effet       de l’économie allemande qui explique
essentiellement dû aux PME, grâce            à la fois la forte exposition aux risques
auxquelles le moteur des exporta-            externes mais aussi l’étonnante capa-
tions redémarre, que l’investissement        cité des entreprises à résister aux chocs
reprend, que l’emploi a été préservé et      qui s’ensuivent.
que, rassurés par un taux de chômage         Les performances économiques de
parmi les plus faibles d’Europe (un peu      l’Allemagne reposent sur ses PME bien
plus de 7 %), les Allemands retrouvent       plus que sur quelques grands groupes
goût à la consommation.
                                             mondialement connus. 25 % d’entre
La plupart des PME a en effet bien           elles sont internationalisées, elles réa-
résisté à la récession, saisissant la        lisent près de 60 % du CA à l’export
crise comme une opportunité pour             de l’économie allemande, elles inves-
gagner encore en compétitivité sur           tissent massivement (la moitié des
les marchés domestique, européen et          investissements privés en RFA) et elles
mondial. La Fédération allemande des         contribuent largement à l’innovation (en
caisses d’épargne, dont les membres          Allemagne, les entreprises contribuent
sont les partenaires financiers tradi-       à hauteur de 70 % aux dépenses de
tionnels des trois quarts des PME, va        R & D). Leurs activités sont créatrices
jusqu’à considérer que l’activité de ces     d’emploi (elles occupent 70 % des
dernières « constitue les fondations         actifs), et elles forment bon an mal an
sur lesquelles s’opère le retour de la       quelque 1,4 million de jeunes apprentis.
croissance ». 1                              Si leurs produits et prestations jouissent
La récession était en effet « importée » :   d’une haute réputation mondiale, c’est
l’économie allemande étant spéciali-         que les PME industrielles allemandes
sée dans les biens d’investissement,         œuvrent essentiellement dans les
c’est la chute brutale de la demande         secteurs globalisés que sont l’automo-
mondiale qui avait ralenti l’activité        bile, l’électrotechnique, la chimie et la
industrielle outre-Rhin, les économistes     construction mécanique.
sont unanimes sur ce point. Or avec la
                                             Plus important encore, les PME sont
                                             garantes de la culture industrielle et,
                                             plus fondamentalement, d’un système
1. Deutscher Sparkassen – und Giroverband,
Diagnose Mittelstand 2010 (www.dsgv.de).     de valeurs sur lequel repose la cohésion
182
                 sociale de l’Allemagne. Leur compéti-               lité (99,7 %) des quelque 3,5 millions
                 tivité qui s’exprime dans la réputation             d’entreprises sont des PME. L’écrasante
                 mondiale du made in Germany n’est                   majorité d’entre elles réalisent un CA infé-
                 que le reflet intime du « modèle » éco-             rieur ou égal à 1 M€ et occupe moins de
                 nomique et social allemand.                         10 salariés. Seulement 10 203 de toutes
                                                                     les entreprises recensées en Allemagne
 OSEO            Les pme, « colonne                                  réalisent un CA supérieur à 50 M€ 2, pla-
                 vertébrale » de                                     fond de CA dans la définition européenne
                                                                     de la PME. 3 Seules 11 293 entreprises
pme 2010         l’économie
                                                                     ont un effectif supérieur à 250 salariés 4.
   Actualité     Quelles que soient les statistiques                 Dans ce groupe, 6 000 occupent entre
                 considérées, outre-Rhin, la quasi-tota              250 et 499 salariés, et 5 000 plus de 500. 5
 inTernaTional

                  TablEau 1
                 En aLLEmagnE, 99,7 % DES EntrEPriSES SOnt DES PmE


                                                                           Total          PME        % de PME
                 Total (2008)                                           3,63 millions  3,62 millions   99,7 %
                 – Entreprises inscrites au registre                    3,55 millions  3,54 millions   99,7 %
                 – Entreprises soumises à la taxe sur le CA             3,14 millions  3,13 millions   99,7 %
                 – Entreprises artisanales                               0,97 million       -            -
                 – Professions libérales                                 1,05 million       -            -
                 CA des entreprises soumises à la taxe sur le CA           5,15 Md€       1,93 Md€      37,5 %
                 Salariés                                              30,01 millions 21,15 millions    70,5 %
                 – dont apprentis                                        1,74 million   1,45 million    83,1 %
                 CA domestique net de la RFA (2007)                                                     47,3 %
                 Source des données : IfM Bonn/DSGV, Diagnose Mittelstand 2010.
                 N.B. : tous secteurs, sauf agriculture.


                 Les critères quantitatifs communé-                   critères qualitatifs dont le premier est
                 ment utilisés pour définir une PME                   le mode de gouvernance induit par
                 (effectif, CA) ne permettent toute-                  la propriété du capital : le patron de
                 fois pas de comprendre ce qui fait la                l’entreprise en est également le pro-
                 réalité d’un ensemble très disparate                 priétaire (ou en contrôle au moins le
                 que les Allemands préfèrent appe-                    capital). Généralement familiales, les
                 ler Mittelstand : « classe moyenne ».                sociétés de personnes prédominent en
                 Elle se définit avant tout par des                   effet en Allemagne.




                                                                     2. Destatis, Statistisches Jahrbuch 2009 (www.
                                                                     destatis.de). L’Office fédéral des statistiques ne
                                                                     précise pas les catégories de CA supérieures.
                                                                     3. Les définitions d’Eurostat et celles en vigueur en
                                                                     Allemagne diffèrent par contre quant à l’effectif : dans
                                                                     le premier cas, une PME a au maximum 249 salariés,
                                                                     dans le second, 499.
                                                                     4. Destatis, op. cit.
                                                                     5. Institut für Mittelstandsforschung, Die Volkswirts-
                                                                     chaftliche Bedeutung der Familienunternehmen, IfM-
                                                                     Materialien, no 172, avril 2007 (www.ifm-bonn.de).
                                                                     Cette étude de référence est une des rares à fournir
                                                                     des données plus précises.
183
 TablEau 2
StatutS DES PmE aLLEmanDES


                                                   Part des entreprises par catégorie de CA (*)
                                                    faible     moyen         fort         Total
                                                     Part des entreprises ayant le statut de…
Nombre d’entreprises (en milliers)                   2 514         514            9        3 037
Sociétés de capitaux, dont…                         10,2 %      38,9 %      48,8 %        15,1 %
                                                                                                                OSEO
– AG et KG a. A. (**)                                0,1 %       0,8 %       8,7 %         0,2 %
– GmbH (**)                                         10,1 %      38,1 %      40,1 %        14,9 %                pme 2010
Sociétés de personnes, dont…                        88,0 %      58,1 %      42,1 %        82,8 %
– KG et GmbH & Co. KG                                2,0 %      13,4 %      37,5 %         4,0 %                Actualité
– OHG et GBR (**)                                    8,4 %       9,7 %       3,2 %         8,6 %
– Entreprises individuelles                         77,6 %      35,0 %       1,4 %        70,2 %                inTernaTional
Autres (par ex. coopératives)                        1,8 %       3,1 %       9,2 %         2,1 %
Source des données : Destatis, statistiques fiscales (taxe sur le CA) ; état : 2005/Klaus-Heiner RÖhl,          2006
« Fiscalité des PME : les effets pervers de réformes de 2008-2009 », in Bourgeois I. (dir.), PME allemandes :
les clés de la performance, CIRAC, 2010.
(*) Faible CA : 500 000 € ; CA moyen : de 500 000 € à 50 M€ ; fort CA : > 50 M€.
(**) N.B. : AG = SA ; KG = société en commandite ; GmbH = sarl ; OHG = société en nom collectif ; GBR =
société de droit civil.


Le second est une excellente solvabi-                    Des pme actives
lité : en 2008, la moitié des PME avait                  dans l’industrie et
un ratio de fonds propres d’au moins                     les services liés
13,9 % (voir infra) ; ce sont ces réserves               Étant donné la complexité des critères
qui leur ont permis de ne pas avoir à                    retenus en Allemagne pour définir les
affronter de restrictions du crédit ban-                 PME, les statistiques varient sensible-
caire durant la récession. Le troisième                  ment selon les sources. Néanmoins,
critère est l’indépendance statutaire et                 dans tous les cas, le nombre des PME
commerciale par rapport à leurs clients,                 recensées est supérieur à trois mil-
ce qui garantit l’autonomie opération-                   lions depuis dix ans. Si les entreprises
nelle et décisionnelle des PME et les                    industrielles stricto sensu (production)
contraint à s’adapter en permanence à                    représentent moins d’un dixième du
un environnement évolutif et hautement                   total, cela est dû à une nomenclature
concurrentiel. Enfin, le quatrième est                   statistique quelque peu en retard sur
leur profond ancrage dans le « terroir »                 l’évolution des activités. En effet, près
et leur culture de travail en réseaux de                 d’un tiers des PME proposent des ser-
partenariats. Ces quatre facteurs conju-                 vices aux entreprises, le plus souvent
gués favorisent la forte réactivité à la                 liées à l’industrie, qu’il s’agisse de
demande du marché qui est si caracté-                    logistique, d’ingénierie ou de presta-
ristique des PME allemandes.                             tions immobilières. L’Allemagne est loin
                                                         d’être désindustrialisée ; son industrie a
                                                         changé de nature : c’est désormais une
                                                         industrie de services.
184
                  TablEau 3
                 StructurE DES EntrEPriSES Par taiLLE DE L’EFFEctiF Et Par
                 SEctEur


                                                       Entreprises               …par nombre de salariés
                                                          Total            0-9      10-49    50-249      > 250
                 Extraction de minéraux                     2 640           1 970       538      112         20
 OSEO            Industrie                                270 277         206 125    45 365   14 989      3 798
                 Eau et énergie                            29 215          24 751     2 972    1 194        298
pme 2010         BTP                                      382 736         348 204    31 636    2 705        191
                 Commerce et entretien auto.              737 182         679 892    48 156    7 772      1 362
   Actualité     Transports et stockage                   128 431         111 286    14 043    2 643        459
                 Gastronomie/hôtellerie                   270 864         258 308    11 011    1 393        152
 inTernaTional   TIC                                      125 329         115 945     7 223    1 772        389
                 Banque et assurance                       60 025          55 944     1 982    1 330        769
                 Immobilier                               297 423         294 048     2 838      472         65
                 Services scientifiques et                459 606         436 380    20 329    2 490        407
                 techniques (dont travailleurs
                 indépendants)
                 Autres services aux entreprises            158 070        142 656       10 630        3 998           877
                 Éducation                                   68 628         58 187        8 568        1 496           377
                 Prestations sociales, Santé                229 921        199 749       21 625        6 860         1 687
                 Arts, divertissement, loisirs               97 340         94 616        2 183          442            99
                 Autres services                            233 553        222 958        8 537        1 715           343
                 Total                                    3 551 240      3 250 928      237 636       51 383        11 293
                 Source des données : Destatis, Statistisches Jahrbuch 2009 / I. Bourgeois (dir.), PME allemandes : les clés
                 de la performance, CIRAC, 2010.


                 Les pme ont grossi                                      extension du marché communautaire
                 au cours de la                                          dans le fil de l’élargissement de l’UE
                 décennie écoulée                                        et montée en puissance des écono-
                                                                         mies émergentes. Ces mutations ont
                 Le nombre des entreprises est resté                     déclenché un important mouvement
                 stable depuis dix ans, mais on observe                  de concentration : aux cours des dix
                 de grands changements dans leur                         dernières années, 7 PME sur 10 en
                 taille. Le socle des PME au CA inférieur                ont racheté une autre ou ont fusionné.
                 à 5 M€ s’est légèrement rétréci, mais                   L’évolution est particulièrement pro-
                 rassemble encore près de 2,3 millions                   noncée dans les branches industrielles
                 d’entreprises. Le nombre des PME                        les plus exportatrices, et donc les
                 au CA compris entre 5 et 50 M€ (les                     plus exposées à la concurrence glo-
                 moyennes) n’a quant à lui pas varié.                    bale : chimie, métallurgie, construction
                 C’est la catégorie supérieure qui a                     mécanique, électrotechnique, méca-
                 grossi au cours de la décennie. 6                       nique de précision. C’est dans ces
                 Cet accroissement en taille est avant                   secteurs aussi que les entreprises
                 tout la conséquence de l’évolution                      ont été à l’évidence les plus affectées
                 du contexte des activités depuis les                    par la chute de la demande mondiale
                 années 1990 : globalisation accélérée,                  en 2008-2009, et où l’activité est tirée
                 numérisation des échanges, stabilité                    aujourd’hui par le redémarrage de
                 monétaire au sein de la zone Euro,                      cette dernière.




                 6. Destatis/IKB Deutsche Industriebank, Unterneh-
                 merthemen, avril 2007.
185
Des pme aux                                          longtemps été leur principale faiblesse :
finances solides                                     le manque de capitaux propres. Dans
                                                     toutes les catégories de PME, le ratio
Si les PME allemandes ont bien résisté               de fonds propres a ainsi considérable-
à la récession, c’est qu’elles avaient               ment augmenté et se situait en 2008 à
accumulé des réserves. Entre 1997                    6,3 % pour les petites (CA inférieur à
et 2004, la rentabilité de toutes les                1 M€), à 17,6 % pour les moyennes (CA
                                                                                                         OSEO
PME s’était accrue de + 44,4 % en                    de 1 à 50 M€) et à 28,2 % pour les
termes nominaux selon la Bundesbank                  grosses (CA de plus de 50 M €) 7. C’est
                                                                                                         pme 2010
(celle des grands groupes de + 11 %                  la raison pour laquelle l’Allemagne n’a
seulement). Dans l’industrie, la hausse              pas connu de credit crunch lors de la               Actualité
a été de + 37,5 % et dans les services               dernière récession ; car si le crédit aux
aux entreprises, de + 40 %. Les PME                  entreprises s’est effectivement ralenti,            inTernaTional
ont su mettre à profit la modération                 c’était   essentiellement     faute    de
salariale de ces années et tirer les                 demande de la part des PME, la                      2006
enseignements de la récession de 2002                Bundesbank, la KfW, les Caisses
pour accroître leur compétitivité et pour            d’épargne ou les CCI allemandes sont
remédier également à ce qui avait                    unanimes sur ce point.




Un ratio de fonds propres fonction de la taille et du
secteur d’activité des entreprises
La valeur médiane du ratio de fonds propres (capitaux propres par rapport au total
bilan) du Mittelstand est passée de 10,8 % en 2006 à 13,9 % en 2008 (dernières don-
nées disponibles). Mais comme toute valeur médiane, ce taux masque une grande
diversité selon la taille de l’entreprise et son secteur d’activité. Les TPE, qui ne des-
servent souvent qu’un marché local, voire de proximité (artisanat, par exemple), pré-
sentent dans l’ensemble un très faible ratio. À l’opposé, à partir d’un CA de 500 000 €,
ce ratio dépasse les 10 %. Dès un seuil de CA de 5 M€, le ratio médian dépasse les
20 %, et se situe à 24,6 % dans la catégorie de 12,5 à 50 M€.
La répartition de ces ratios par secteur d’activité révèle que c’est dans l’industrie, le
secteur qui est aussi le plus ouvert à l’international, que le taux de capitaux propres est
le plus élevé, surtout dans la catégorie des moyennes et grosses PME (CA respective-
ment de 5 à 12,5 M€ et de 12,5 à 50 M€).


   2008 (taux médians)               RFA           BTP         Services   Commerce       Industrie
Médiane Σ Mittelstand                 13,9 %         9,0 %       14,5 %     12,6 %         19,7 %
CA 5-12,5 M€                          20,5 %        12,3 %       25,1 %     18,0 %         25,5 %
CA 12,5-50 M€                         24,6 %        12,4 %       29,4 %     21,7 %         28,9 %
(Source : Fédération allemande des Caisses d’épargne, DSGV).




                                                     7. Finanzgruppe Deutscher Sparkassen – und Giro-
                                                     verband, Diagnose Mittelstand 2010 (www.dsgv.de).
186
                 Et si les grands groupes et les socié-        elles ne réalisent que 20 % du CA total
                 tés par action se plaignent de difficultés    des exportations. On compte, selon les
                 rencontrées auprès des banques com-           sources, entre 300 000 et 400 000 PME
                 merciales pour ouvrir une ligne de            exportatrices. Mais leur activité interna-
                 crédit, il n’en va pas de même des            tionale ne se limite pas au commerce,
                 PME. Elles s’adressent en effet en prio-      car toutes pratiquent au moins une forme
                 rité au réseau des Caisses d’épargne          d’internationalisation : si elles vendent
 OSEO
                 (Sparkassen) qui, avec plus de 13 000         hors des frontières, elles y investissent
                 filiales réparties sur l’ensemble du terri-   aussi, y ont ouvert une succursale ou
pme 2010
                 toire et une part de marché de plus de        pris une participation dans une société
   Actualité     quelque 40 % sur le segment du crédit         étrangère. La Fédération allemande de
                 aux entreprises, est le partenaire établi     l’industrie (BDI) révèle dans une étude 8
 inTernaTional   des PME. Or la proximité avec le client,      que plus des deux tiers des PME indus-
                 les liens de confiance qu’elle permet         trielles ont développé leurs activités à
                 d’établir sur le long terme, sont déci-       l’international : si la moitié d’entre elles
                 sives pour l’accompagnement durable           se contente d’exporter, une sur dix
                 des PME. C’est ainsi que les caisses          investit et un gros quart a engagé des
                 d’épargne estiment que même les 20 %          liens de coopération avec des homolo-
                 de PME qu’elles considèrent comme             gues étrangers.
                 durement affectées par la récession en
                 2009 n’en sont pas moins solvables,           Le degré
                 car foncièrement assises sur des bases        d’internationalisation
                 solides ; seules 5,6 % des PME sont           des pme est fonction
                 condamnées.                                   de leur taille et du
                 Même durant la récession, la structure        secteur d’activité
                 traditionnelle du financement des PME         Pour franchir les frontières, une cer-
                 est donc restée intacte, les entreprises      taine taille est requise, tant en ce qui
                 ayant rationalisé leurs activités et accu-    concerne les ressources humaines que
                 mulé des réserves suffisantes. Tout           le capital-développement. Mais par-
                 au plus rencontrent-elles actuellement        delà ce constat, le facteur déterminant
                 quelques difficultés de trésorerie ; mais     est l’appartenance sectorielle. Dans
                 elles sont assurées du soutien principa-      les services, les entreprises sont géné-
                 lement des caisses d’épargne.                 ralement plus petites, et les activités
                                                               hors des frontières impliquent moins de
                 Des pme très                                  coûts fixes que dans l’industrie. C’est
                 ouvertes au monde                             en partie ce qui explique par exemple
                                                               que la moitié des PME investissant hors
                 Alors que les PME réalisent plus de           d’Allemagne réalisent un CA inférieur à
                 40 % du CA domestique de l’Allemagne,         1 M€.




                                                               8. BDI Mittelstandspanel, 2005 (www.bdi-online.de).
187
 TablEau 4
DEgré D’intErnatiOnaLiSatiOn DES PmE inDuStriELLES aLLEmanDES


              Type de PME                      PME non          Présentes       …dans 1 à        …dans ≥ 4
                                              internatio-       dans l’UE       3 régions         régions
                                               nalisées
Effectif moyen                                      24                43               74              372
CA moyen (en M€)                                   4,1               7,7             13,0             57,6         OSEO
Marge > 5 % du CA (en % des PME)                  27,8              37,5             43,7             42,1
Taux d’exportation (en %)                          –                11,2             28,1             50,9
                                                                                                                   pme 2010
Source des données : IfM, Die Bedeutung der aussenwirtschaftlichen Aktivitäten für den Mittelstand, 2007
(www.ifm-bonn.de)/ I. Bourgeois, op. cit. NB : Calculs de l’institut IfM sur la base du BDI-Mittelstandspanel du   Actualité
printemps 2005. Base : 106 398 PME industrielles.

                                                                                                                   inTernaTional
Répartition géographique                                  phase d’internationalisation de l’éco-
des activités à                                           nomie allemande au cours des années                      2006
l’international                                           du « miracle économique », choisissent
Le premier pas hors d’Allemagne mène                      aujourd’hui des destinations plus loin-
toujours une PME dans un des pays                         taines, notamment les marchés d’Asie.
voisins au sein de l’UE et surtout de                     Mais généralement, toutes suivent plus
la zone euro, la France venant loin en                    ou moins leurs partenaires, reproduisant
tête des destinations. L’acquis com-                      hors d’Allemagne le mode de fonction-
munautaire, la stabilité monétaire, les                   nement en réseaux de partenariats.
faibles distances à parcourir, limitent les               L’exemple le plus parlant de ces choix
risques et les coûts. Les plus grandes,                   de localisation est celui de la constitution
qui avaient souvent déjà étendu leurs                     des grappes d’activité dans la filière auto-
activités en Europe depuis la première                    mobile au sein de l’espace européen.

 TablEau 5
réPartitiOn régiOnaLE DES invEStiSSEmEntS DirEctS SOrtantS Par
granDS SEctEurS


                                                                            UE 15       PECO    a)
                                                                                                      Autres
PME ayant une succursale/filiale hors d’Allemagne b)
Industrie                                                                   71,2 %        29,9 %       43,3 %
Commerce                                                                    95,6 %        36,7 %       10,3 %
Services                                                                    64,5 %         3,3 %       35,9 %
Total                                                                       73,6 %        18,1 %       31,8 %
PME ayant une part de capital dans une société étrangère c)
Industrie                                                                   72,4 %        18,6 %       48,3 %
Commerce                                                                    58,2 %        53,0 %        7,4 %
Services                                                                    83,7 %        18,1 %       18,1 %
Total                                                                         72,2        24,5 %       21,8 %
Source des données : IfM, op. cit. / I. Bourgeois, op. cit. Calculs effectués par l’IfM sur la base de l’enquête
MIND 2005. N.B. Plusieurs réponses possibles. a) Il s’agit des 12 nouveaux états membres ayant rejoint l’UE
depuis 2004 ; b) base : 31 000 PME disposant d’une succursale/filiale hors d’Allemagne ; c) base : 21 000
PME ayant des parts dans le capital d’une société étrangères.
188
                 Une stratégie de                                          première consiste à ouvrir un nouveau
                 croissance organique                                      débouché (export) et/ou à assurer l’ap-
                 hors d’Allemagne et                                       provisionnement (import). Ensuite, pour
                 d’intégration dans                                        garantir la fluidité de la production, elles
                 le nouveau partage                                        ouvrent une succursale ou filiale. Une
                 mondial du travail                                        fois la croissance des activités assurée
 OSEO            Les PME allemandes suivent une stra-                      sur cette base, elles prennent éventuelle-
                 tégie de développement étape par                          ment une participation dans une société
pme 2010         étape hors des frontières nationales. La                  étrangère pour pérenniser leurs activités.

                  TablEau 6
   Actualité
                 LE DEgré D’intErnatiOnaLiSatiOn DES PmE aLLEmanDES Par tyPE
                 D’EngagEmEnt
 inTernaTional

                                                                                        Nombre                    en %
                 PME internationalisées (tous types d’engagement)                       381 000                   29,6
                 – une seule forme d’engagement                                         357 000                   27,8
                 – import/export seulement                                              340 000                   26,4
                 – ID seulement                                                          16 000                    1,2
                 – filiale/succursale seulement                                           8 000                    0,6
                 – part de capital seulement                                              4 000                    0,3
                 – les deux                                                               4 000                    0,3
                 – deux formes d’engagement                                              24 000                    1,9
                 – import/export et ID                                                   24 000                    1,9
                 – import/export et succursale/filiale                                   11 000                    0,8
                 – import/export et part de capital                                       6 000                    0,4
                 – import/export + succursale/filiale + part de capital                   8 000                    0,6
                 Source des données : IfM, op. cit. I. Bourgeois, op. cit. Calculs effectués par l’IfM sur la base de l’enquête
                 MIND 2005 et des statistiques fiscales (taxe sur le CA) 2003 fournies par Destatis en 2005. N.B : le corpus
                 se compose de PME dans l’industrie et les services au CA compris entre 100 000 € et 50 M€, de PME du
                 commerce de détail au CA de 250 000 € à 50 M€ et de PME du commerce de gros au CA de 500 000 €
                 à 50 M€. Le nombre de PME entrant dans chaque rubrique de ce tableau est calculé sur la base des
                 statistiques 2003 sur le CA établi par taille du CA et par secteur d’activité (base : 1 286 023 PME).


                 Leur ouverture au monde a été forcée                      chaîne de valeur, les PME allemandes
                 par la globalisation (et l’insertion des                  se sont montrées proactives, saisis-
                 PECO dans le marché communautaire                         sant ces bouleversements comme une
                 dès le milieu des années 1990). Les                       chance pour réviser leur stratégie.
                 PME en ont d’abord subi les effets sur                    Face à la multiplication de l’offre de
                 le marché domestique sous la forme                        produits de masse, souvent low cost,
                 d’une concurrence intensifiée (arrivée                    en provenance des économies émer-
                 de concurrents et de produits étran-                      gentes, les PME allemandes ont choisi
                 gers), puis de la perte progressive de                    la spécialisation et la concentration
                 leurs principaux clients qui préféraient                  sur un cœur de métier. Elles ont alors
                 acheter désormais leurs biens intermé-                    développé leurs exportations et choisi
                 diaires dans les pays à bas salaires, et                  d’acheter leurs biens intermédiaires (en
                 enfin de la délocalisation de la produc-                  Allemagne ou hors du pays) plutôt que
                 tion par les grands groupes dont elles                    de les produire elles-mêmes. Souvent
                 étaient sous-traitantes. Face à ces                       aussi, elles ont délocalisé tout ou partie
                 mutations qui remettaient en question                     de leur production pour suivre la migra-
                 les positions établies et fractionnaient la               tion de leurs clients stratégiques.
189
 TablEau 7
POurquOi LES PmE aLLEmanDES invEStiSSEnt à L’étrangEr
(mOtivatiOnS cLaSSéES Par imPOrtancE : 1 = trèS imPOrtant ; 5 = SanS
imPOrtancE)



                                                             Industrie       Commerce           Services        Total
Conquérir de nouveaux marchés                                    2,1            2,0                 1,8           1,9
Préserver les positions sur les marchés existants                2,0            1,6                 1,7           1,8   OSEO
Sources d’approvisionnement à prix attractifs                    2,7            3,4                 2,9           2,9
Différentiel salarial avantageux                                 2,9            4,3                 3,3           3,3   pme 2010
Salariés qualifiés                                               3,3            4,1                 3,2           3,4
Environnement de R & D porteur                                   4,5            4,4                 4,1           4,3   Actualité
Subventions                                                      4,3            4,4                 4,3           4,3
Source : KfW, Die Globalisierung des Mittelstands : Chancen und Risiken, 2006 / I. Bourgeois, op. cit. N.B. :           inTernaTional
résultat de deux sondages réalisés en 2004 et 2005 par Creditreform, la KfW et l’institut RWI d’Essen auprès
d’un panel de 9 000 PME ; plusieurs réponses possibles.
                                                                                                                        2006

Ce mouvement, d’abord le propre de                      Les programmes d’aide
l’industrie, s’est rapidement étendu                    à l’internationalisation
aux services liés. Le principal motif de                ont peu d’effet,
ces délocalisations est la conquête de                  les pme préférant
nouveaux marchés et/ou la préserva-                     l’auto-organisation
tion des parts de marché existantes, le                 Pour franchir les frontières, les PME
différentiel salarial n’étant qu’un critère             agissent le plus souvent de leur propre
marginal pour des entreprises dont la                   initiative, effectuant des choix auto-
compétitivité repose sur la spécialisa-                 nomes guidés par l’expérience de
tion dans le segment des moyennes et                    leurs partenaires et concurrents. Peu
hautes technologies, et la réputation de                d’entre elles recourent aux innom-
haute qualité comme de fiabilité.                       brables programmes d’incitation à
L’accélération de la globalisation les a                l’internationalisation (plus de 140) que
ainsi poussées à développer hors d’Al-                  proposent en Allemagne la Fédération,
lemagne leur mode de fonctionnement                     les diverses institutions fédérales, les
en réseaux. Mais toutes ont gardé un                    16 Länder (les états fédérés mènent
ancrage fort dans leur territoire, conser-              leur propre politique de développement
vant leurs effectifs en Allemagne. Au                   économique), les CCI, les chambres
total, en assurant ainsi la pérennité de                de métiers ou celles du commerce
leur activité, en accroissant leur compé-               extérieur. Les mesures proposées
titivité mondiale, les PME ont contribué                (soutien des activités hors du terri-
à stabiliser l’emploi en Allemagne. Ce                  toire, orientation sectorielle, aides
sont en effet les sociétés à capitaux                   par zone géographique) laissent les
(des grands groupes pour la plupart)                    PME largement indifférentes. Elles ne
qui délocalisent les fonctions inten-                   sont visiblement pas adaptées à leurs
sives en main-d’œuvre ; les familiales                  besoins, car seuls les grands groupes
(presque toutes les PME), fidèlement                    y recourent. Souvent, les PME ne les
à leur culture de réseau qui favorise la                connaissent même pas, faute de temps
diffusion des savoirs, développant hors                 pour les prospecter.
d’Allemagne les fonctions intensives en                 Par contre, elles recourent volontiers
savoir.                                                 aux services de veille économique
190
                 des pays d’accueil que proposent les         entreprises qui investissent le plus
                 chambres du commerce extérieur.              dans ce domaine ; un petit tiers seule-
                 Mais leur préférence va de loin à            ment des sociétés moyennes (entre 100
                 l’accompagnement que leur offre une          et 500 salariés) s’impliquent, et seule-
                 institution issue de la société civile       ment un gros dixième des plus petites.
                 et pilotée conjointement par les syn-        Mais depuis le début du millénaire, les
 OSEO            dicats, le patronat et des fédérations       PME montent en puissance : si leur part
                 professionnelles : le Centre de rationa-     dans le total des dépenses de R & D est
pme 2010         lisation et d’innovation des entreprises     restée aux alentours de 13 %, leur part
                 allemandes (Rationalisierungs – und          dans le total des effectifs de R & D s’est
   Actualité     Innovationszentrum der Deutschen             accru, passant à 20 %. En effet, les
                 Wirtschaft). Ce RKW au statut                PME mènent de plus en plus leur R & D
 inTernaTional   d’association, un réseau d’aide à l’auto-    en interne : plus des deux tiers des
                 organisation des PME né à l’origine en       PME industrielles innovantes disposent
                 1921 et recréé en 1951 dans le cadre         de leur propre division de R & D.
                 du Plan Marshall, a pour mission d’ac-       Cet investissement dans la R & D est lui
                 compagner les PME dans leur stratégie        aussi une réponse à la globalisation des
                 de compétitivité, qu’il s’agisse de R & D,   activités et s’accompagne d’une spé-
                 d’organisation ou de modernisation des       cialisation prononcée. Peu connues du
                 qualifications. Son approche « intègre       grand public parce qu’elles consacrent
                 les différentes perspectives de tous les     peu d’énergies à la communication, un
                 acteurs impliqués dans le processus          certain nombre de ces PME proactives
                 économique », à commencer par les            sont ce que les Allemands appellent
                 entreprises, et en y associant les parte-    des « hidden champions » : des leaders
                 naires sociaux et le monde scientifique      européens ou mondiaux incontestés
                 (www.rkw.de).                                sur un segment high-tech extrêmement
                                                              pointu (marché de niche), comme par
                 Les pme allemandes                           exemple les colles pour cartes à puce.
                 sont particulièrement                        Ce sont souvent des PME moyennes au
                                                              CA inférieur à 50 M€, mais à fort effectif
                 innovantes
                                                              (proche de 250), celui-ci étant très hau-
                 Traditionnellement,     en    Allemagne,     tement qualifié. Et ces championnes
                 les deux tiers des dépenses de R & D         discrètes assurent généralement une
                 (elles atteignent au total 2,53 % du PIB     fonction de locomotive dans leurs
                 selon la Commission européenne) sont         réseaux, tirant leurs partenaires
                 imputables au secteur privé (entre-          vers l’excellence et de forts gains de
                 prises). Certes, ce sont les grands          compétitivité.
191
 TablEau 8
DéPEnSES DE r & D DES EntrEPriSES DanS LES PrinciPaux SEctEurS
innOvantS En aLLEmagnE (2006-2009)


                                                                Dépenses de R & D (en Md€)
                                            2006                      2007                 2008                  2009 *)
                                    Total          (en          Total       (en      Total       (en              Total
                                                interne)                 interne)             interne)                     OSEO
Production manufacturière          47 299        37 035         47 770     38 159    51 264     41 001           51 346
– chimie                            9 048          7 066         8 064      6 460     8 297      6 646            8 259    pme 2010
dont production pharma.             5 393          3 648         4 504      3 312     4 666      3 414            4 565
– construction mécanique            4 673          4 255         5 207      4 763     5 535      5 042            5 486    Actualité
– électrotechnique                 10 554          8 267        10 085      8 157    10 800      8 683           10 395
– automobile                       19 799        14 691         20 884     15 610    23 114     17 458           23 714
                                                                                                                           inTernaTional
Services aux entreprises            3 760          3 399         4 399      3 934     4 740      4 107            4 663
Total                              51 980        41 148         53 447     43 035    57 304     46 073           57 404
                                                                                                                           2006
< 250 salariés                      6 559          5 798         4 882      4 309     5 154      4 501            5 077
250-499 salariés                                                 2 563      2 266    51 722     41 296           51 909
≥ 500 salariés                     44 980          35 045       45 573     36 184
Institutions AiF **)                  441             304          428        276       428        276              418
Source des données : Stifterverband für die deutsche Wissenschaft, FUE-Datenreport 2010/I. Bourgeois, op.
cit. *) Dépenses projetées. **) Instituts et centres de recherche appliquée du réseau de l’Arbeitsgemeinschaft
industrieller Forschungsvereinigungen e. V. (AiF).


Une nouvelle politique                                      disproportionnée. Leur logique adminis-
publique de soutien                                         trative est incompatible avec la gestion
à l’innovation, mieux                                       du temps (ressource clé dans une petite
adaptée aux pme                                             entité) dans une PME.
Les plus actives en la matière sont                         Ce constat a incité les pouvoirs publics à
celles qui bénéficient (plus de la moi-                     lancer un nouveau programme, rassem-
tié des PME industrielles) d’un des                         blant sous un guichet unique les mesures
innombrables programmes d’aide à l’in-                      du gouvernement fédéral s’adres-
novation que proposent la Fédération                        sant aux PME innovantes : Zentrales
ou les Länder, indépendamment ou                            Innovationsprogramm Mittelstand (ZIM).
non de la politique européenne en                           Lancé en juillet 2008, il court jusqu’à la
la matière. Mais ces programmes                             fin 2013. Et dans le cadre des politiques
semblent eux aussi mal adaptés à leurs                      de soutien à la conjoncture 2009/10, les
besoins et modes de fonctionnement,                         moyens alloués ont été augmentés, de
surtout à ceux des entreprises de moins                     sorte que le montant des aides s’élève
de 250 salariés ; c’est ce qui explique                     à 2,2 Md€ sur cette période. L’objectif
que les trois quarts des aides publiques                    de ZIM, qui conjugue politique générale
vont aux grandes entreprises. Outre                         de soutien au Mittelstand et politique
un problème de visibilité, ces pro-                         de soutien à l’innovation technologique,
grammes ont un handicap majeur aux                          est de développer la proximité de la
yeux des PME : leur mise en œuvre est                       R & D avec le marché en promouvant la
d’une extrême complexité et s’accom-                        constitution de réseaux de partenariats,
pagne d’une charge bureaucratique                           y compris transnationaux.
192

                 Les trois modules du programme ZIm
                 (1) ZIM-KOOP : projets de coopération entre plusieurs PME, entre des PME et des
                 centres de recherche appliquée. Dans la limite d’un plafond de 350 000 € par projet, le
                 soutien public s’échelonne entre 35 % et 50 % du coût prévisionnel du projet, le taux
                 maximal étant réservé aux PME de moins de 50 salariés. Les centres de recherche
 OSEO            impliqués se voient, eux, verser jusqu’à 100 % du coût. Gestionnaire : Arbeitsgemeins-
                 chaft industrieller Forschungsvereinigungen ‘Otto von Guericke’ e. V. AiF ;
pme 2010         (2) ZIM-NEMO : projets de constitution de réseaux de six PME au moins. Le soutien
                 est alors destiné aux prestations liées au management et à l’organisation du réseau.
   Actualité     Dans la limite d’un plafond de 350 000 €, les charges salariales du manager de réseau
                 sont subventionnées à hauteur de 70 % la première année, de 50 % la deuxième et de
 inTernaTional   30 % la troisième. Gestionnaire : VDI/VDE Innovation und Technik GmbH ;
                 (3) ZIM-SOLO : projet isolé présenté par une PME et visant le développement de
                 produits, process et prestations techniques innovants. La contribution ZIM couvre
                 dans ce cas entre 25 % et 45 % du coût total (maximum : 350 000 €), les PME est-
                 allemandes continuant de percevoir les subventions les plus élevées. Gestionnaire :
                 EuroNorm GmbH.
                 S’y ajoute, pour les modules (1) et (3), un soutien aux activités de conseil et pres-
                 tations liées au développement du projet (études de marché, veille en matière de
                 brevets, etc.) à proportion de 50 % au maximum des frais engagés (plafond : 50 000 €
                 par projet). Les projets sont sélectionnés par un jury composé de 15 experts issus des
                 milieux scientifiques et économiques.
                 L’ensemble des mesures existant à l’échelon fédéral est consultable sur le portail www.
                 foerderinfo.bund.de



                 Le programme ZIM mise sur la culture                   de 9 500 projets ont été retenus, les
                 de la coopération et du partenariat en                 trois quarts des aides allant à des PME
                 réseaux qui est un des facteurs struc-                 de moins de 50 salariés. 10
                 turels du schéma d’innovation allemand
                 et qui explique la forte implication                   Une approche de
                 des entreprises. Cette approche se                     l’innovation qui ne se
                 conjugue avec celle de la politique des                résume pas à la R & D
                 clusters que mènent la Fédération et                   Indépendamment de tous les pro-
                 les Länder dans le cadre de la politique               grammes       existants,     même      au
                 d’innovation européenne 9. Enfin, ce                   paroxysme de la crise, les PME n’ont
                 programme révèle l’approche du bottom                  pas réduit leurs efforts en matière d’in-
                 up qui caractérise toutes les politiques               novation. La première des raisons est
                 allemandes de soutien à l’innovation et                qu’elles disposaient de suffisamment
                 qui s’exprime dans une logique d’offre :               de réserves pour les poursuivre ; elles
                 les pouvoirs publics se contentent de                  financent en effet 71 % de leurs dépenses
                 mettre à disposition des acteurs pri-                  sur fonds propres (voir page 201 l’ana-
                 vés des moyens pour leur permettre de                  lyse de la KfW).
                 réaliser plus facilement les projets que
                                                                        La deuxième est révélatrice de la straté-
                 ces derniers ont eux-mêmes définis. Ce
                                                                        gie poursuivie par les PME allemandes :
                 programme semble bien répondre à la
                                                                        elles considèrent qu’une adaptation
                 demande des PME : actuellement, plus
                                                                        permanente à l’évolution du contexte de


                 9. I. Bourgeois (dir.), Allemagne : compétitivité et
                 dynamiques territoriales, CIRAC, 2007.                 10. Ministère fédéral de l’Économie (www.bmwi.de).
193
leurs activités est la condition sine qua     des PME allemandes, puisque « la
non de leur compétitivité. Or l’activité de   R & D n’est qu’une composante parmi
veille permanente qu’implique cette atti-     d’autres des processus d’innovation »,
tude est particulièrement développée en       résume l’EFI, ce dernier incluant « les
Allemagne. Structurellement, du fait du       nouveautés techniques, organisation-
polycentrisme des pouvoirs et institu-        nelles, sociales ou autres dont la mise
tions (la RFA fédère 16 états largement       en œuvre est tentée ou couronnée de           OSEO
souverains, notamment en matière bud-         succès ». Cette approche large, holis-
gétaire), la cohésion des décisions est
                                              tique, qui place le facteur humain au         pme 2010
assurée par un flux permanent et omni-
                                              centre du processus, est celle qui pré-
directionnel d’information dans lequel                                                      Actualité
                                              vaut officiellement en Allemagne depuis
les médias d’information générale et
                                              le début du millénaire, et qui a fait éga-
spécialisée jouent un rôle fondamen-                                                        inTernaTional
                                              lement son entrée voici peu dans le
tal. Institutionnellement, les PME sont
                                              tableau de bord de l’innovation de l’UE       2006
informées également par les chambres
consulaires qui sont leur émanation et        (EIS 2008).
assurent la diffusion du savoir, y com-       L’innovation est dès lors la résultante
pris sous la forme de transfert avec les      des efforts de tous les acteurs : les
centres de recherche appliquée. Enfin,        chercheurs, les patrons, mais aussi les
les savoirs circulent « humainement »         syndicats. Elle repose donc sur une
puisque les salons professionnels et          culture collective du changement. Parmi
foire-exposition qui sont profusion sur       les nombreuses institutions impliquées
l’ensemble du territoire allemand offrent     dans ce processus soit en tant qu’ac-
en permanence des plateformes d’infor-        teurs soit en tant qu’observateurs (dont
mation et d’échanges et permettent de         les instituts Fraunhofer, spécialisés
nouer ces relations de confiance sur          dans la recherche appliquée en lien avec
lesquelles reposent les partenariats en
                                              les PME ; www.fhg.de), il en est une qui
affaires.
                                              incarne cette approche dans sa version
Outre-Rhin, ce sont les PME indus-            la plus immédiate : le centre RKW (voir
trielles qui tirent l’innovation. Dans        supra). Ce qui en fait la singularité et
l’industrie en effet, le taux moyen
                                              traduit le caractère partenarial de l’inno-
d’entreprises innovantes est de 58 %
                                              vation dans les entreprises allemandes,
selon l’EFI, une commission d’experts
                                              c’est que les syndicats en sont cofon-
indépendants qui évalue le potentiel
                                              dateurs. Or les syndicats sont aussi
allemand et conseille le gouvernement
                                              institutionnellement impliqués dans la
fédéral. Celle-ci souligne que les PME
                                              marche des affaires comme dans la
« sont déterminantes pour la diffusion
                                              qualification des salariés. Ils forment
large et en profondeur de l’innova-
tion… dans l’économie » (rapport 2008 ;       les représentants des élus des salariés
www.e-fi.de), dans la mesure où elles         élus au Conseil d’établissement présent
sont intégrées dans des réseaux de par-       dans toute entreprise occupant plus de
tenariats et que les plus en pointe tirent    5 salariés ; ces conseils ont un large
ainsi les autres – clients, fournisseurs      pouvoir consultatif dans les décisions
ou partenaires - vers le haut. C’est donc     relatives à l’organisation de la produc-
principalement par les liens commer-          tion, et donc de l’innovation produit ou
ciaux et les échanges entre personnes         process. Autrement dit, directement et
que s’effectue cette diffusion.               indirectement, les syndicats allemands
Le seul critère des dépenses de R & D         accompagnent le changement et, loin
n’est toutefois pas suffisant pour éva-       de le freiner, y participent activement
luer l’ampleur de l’effort d’innovation       dans la plupart des cas.
194
                 Forces et faiblesses                           Cologne) crée un terreau favorable à
                                                                la créativité comme à la productivité,
                 des pme allemandes
                                                                puisqu’elle s’accompagne d’une forte
                 En Allemagne, l’environnement réservé          concentration de main-d’œuvre haute-
                 aux activités est favorable à l’activité       ment qualifiée.
                 des PME et de l’entreprenariat en géné-        L’environnement est d’autant plus
 OSEO            ral. Néanmoins, si les PME jouissent           favorable à la créativité, terreau de l’in-
                 d’une haute considération, les poli-           novation, que les Länder se livrent une
                 tiques, fiscales notamment, restent            concurrence acharnée en matière de
pme 2010
                 encore trop centrées sur les besoins           politique structurelle régionale. Ils sont
   Actualité     des sociétés à capitaux que sont la plu-       en effet largement autonomes pour la
                 part des grands groupes. De même, un           mise en œuvre sur leur territoire des
 inTernaTional   certain nombre de forces propres aux           politiques qu’ils contribuent à définir
                 sociétés de personnes que sont la plu-         à l’échelon fédéral (via leur représen-
                 part des PME risquent aujourd’hui de           tation qu’est le Bundesrat). Cette
                 se transformer en handicaps, ainsi la          concurrence ou confrontation des best
                 délicate question des successions ou le        practices dans les états membres de
                 manque croissant de main-d’œuvre.              la RFA que sont les Länder tire la com-
                                                                pétitivité de l’ensemble de l’Allemagne,
                 polycentrisme des                              puisqu’elle permet de tester sur le
                 activités et diversité des                     terrain des politiques économiques spé-
                 politiques économiques                         cifiques. Parfois, un modèle s’impose à
                 L’Allemagne est une économie indus-            l’ensemble du pays, comme ce fut le
                 trielle ; cela signifie que l’industrie est    cas de la politique de soutien aux PME
                 omniprésente, réunie par grappes d’ac-         lancée par la Bavière dans les années
                 tivité sur l’ensemble du territoire. Ces       1960 et qui a largement inspiré l’actuelle
                 grappes (ou clusters) se sont dévelop-         politique du gouvernement fédéral en
                 pés au fil du temps, trouvant souvent          la matière et incité d’autres Länder à
                 leur origine dans l’histoire de l’industria-   développer la leur. Or la diversité de
                 lisation de l’Allemagne à la fin du XIXe,      ces politiques, qui relèvent toutes d’une
                 une époque où s’étoffait également un          logique d’offre, permet de tenir compte
                 réseau d’infrastructures très denses.          des spécificités locales ou régionales,
                 Le premier facteur structurel de com-          et de limiter ainsi les asymétries dans
                 pétitivité des entreprises allemandes          l’information qui sont le principal handi-
                 est en effet leur concentration sur les        cap des politiques uniformes définies à
                 points nodaux des réseaux de trans-            l’échelon central.
                 ports au maillage étroit. La politique des     Or si on excepte quelques aides spé-
                 clusters, de facture très récente en com-      cifiques, ces politiques officiellement
                 paraison, se contente généralement de          dédiées aux PME se résument en réalité
                 communiquer sur ces partenariats éta-          à un ensemble de politiques cherchant à
                 blis de longue date entre universités,         améliorer le cadre réservé aux activités :
                 centres de recherche appliquée (dont           elles incluent par exemple la politique
                 les innombrables Instituts Fraunhofer)         d’éducation/formation (chaque Land est
                 et entreprises, et de mettre à leur dis-       souverain en la matière), la politique uni-
                 position des moyens dans une logique           versitaire, de recherche et d’innovation,
                 d’offre ; les pouvoirs publics en restent      ou encore la politique structurelle (en
                 absents en tant qu’acteurs. Or cette           matière d’énergie ou de transports par
                 concentration sectorielle (par exemple         exemple). Le gouvernement fédéral pour
                 la construction mécanique dans le              sa part est compétent dans les domaines
                 Bade-Wurtemberg ou les médias à                de l’impôt sur le revenu (auquel sont
195
soumises les sociétés de personnes) ou        disposent de multiples représentations
de l’impôt sur les sociétés (qui frappe       et circuits pour faire entendre leurs voix
les sociétés de capitaux). Quant aux          – et ce, avec une grande continuité.
salaires, ce sont les partenaires sociaux
qui les déterminent en toute autonomie,       Une culture
au niveau de chaque branche, région           entrepreneuriale inscrite
par région. Leur politique salariale diffé-   dans la durée…
                                                                                                 OSEO
renciée sur le sol allemand est dès lors      En Allemagne, la culture de l’entre-
lui aussi un facteur structurel favorable à   preneuriat repose sur un système de                pme 2010
la compétitivité des PME.                     valeurs qui fonde les normes du droit.
                                              La première est la liberté, ici sous la            Actualité
Organisation des                              forme de la libre propriété et de la
entreprises au sein de                        liberté d’entreprendre. Or le « modèle »           inTernaTional
fédérations puissantes
                                              allemand étant construit sur la quête
                                                                                                 2006
Une autre donne structurelle favorise         permanente de l’équilibre entre inté-
la puissance des PME allemandes :             rêts collectifs et particuliers, la liberté
l’auto-organisation de la société.            a pour corollaire des devoirs, en l’oc-
Comme le modèle économique alle-              currence la responsabilité sociale de
mand repose sur l’autonomie ou la             l’entrepreneur. Cet équilibre est inscrit
responsabilité des acteurs, les pou-          dans la Constitution, sous la forme du
voirs publics se contentent de fixer un       principe « propriété oblige » (art. 14, 2
cadre général pour l’activité (et l’intérêt   de la Loi fondamentale). Dès lors qu’un
général). Pour faire valoir leurs intérêts    citoyen use de son bien à des fins
particuliers légitimes, les acteurs éco-      industrielles et commerciales en créant
nomiques s’auto-organisent au sein de         son entreprise, il engage sa responsa-
fédérations. Certaines sont les parte-        bilité vis-à-vis de la société. En tant que
naires établis des gouvernements avec         patron, il donne du travail à ses sala-
lesquels ils définissent conjointement        riés ; employeur et employés forment
les politiques économiques et sociales :      dès lors une communauté ouvrant droit
c’est la « triade décisionnelle » qui asso-   au partage des richesses : sans capi-
cie exécutif, mouvement syndical (DGB)        tal pas de travail (responsabilité du
et patronal (BDA, BDI). Les autres sont       patron) – sans travail pas de capital
des fédérations professionnelles pour         (celle des salariés). Le même principe
la plupart, auxquelles les entreprises        par exemple est au fondement de l’éga-
s’affilient volontiers car elles y trouvent   lité des droits entre travail et capital
conseil, expertise et défense de leurs        telle qu’elle se manifeste aussi au quo-
intérêts. Ces fédérations jouent un rôle      tidien dans la codécision (ou, pour les
primordial dans la définition des poli-       entreprises de plus de 500 salariés, par
tiques étant donné que ce sont elles          la représentation des ces derniers au
qui sont et font la mémoire collective        conseil de surveillance).
des branches ou secteurs comme des            Cette norme et les valeurs qui la sous-
dossiers afférents. Faisant valoir leurs      tendent sont par nature particulièrement
points de vue dans les débats précé-          vivaces dans les entreprises familiales.
dant les prises de décision politiques,       Or 95 % des entreprises allemandes
elles constituent donc un puissant appui      entrent dans cette catégorie 11. Toutes ne
pour les entreprises. Enfin, en tant que      sont pas des PME, comme en attestent
tel, le Mittelstand a lui aussi ses fédéra-   les noms de Bosch, BMW, Metro ou
tions, dont le BVMW qui a récemment
ouvert un bureau à Paris (www.bvmw.
de). Autrement dit : les PME allemandes       11. Institut für Mittelstandsforschung, op. cit.
196
                 Oetker. Mais dans leur écrasante majo-         personne dont la compétence repose
                 rité, les PME sont des familiales, que la      aussi sur le respect de la parole don-
                 famille fondatrice en contrôle le capital      née. Car ne pas la respecter équivaut
                 ou qu’elle dirige la société.                  à violer le « devoir de probité » qui est
                 Le mode de gouvernance que cela                le principe fondateur du droit de la
                 implique est particulièrement struc-           concurrence. Les qualités profession-
 OSEO            turant pour l’activité (et les relations       nelles du collaborateur sont donc aussi
                 sociales), puisqu’il s’inscrit dans la         des qualités citoyennes. Cette norme
                 durée. La priorité du patron-propriétaire      éthique (et les normes de droit qui en
pme 2010
                 est en effet non seulement de dévelop-         découlent) sur laquelle repose la culture
   Actualité     per durablement l’activité pour assurer        des affaires en Allemagne est rarement
                 la transmission du patrimoine, mais            évoquée lorsqu’on analyse les facteurs
 inTernaTional   aussi de pérenniser la culture de l’en-        de compétitivité des PME allemandes
                 treprise dans l’intérêt de ses salariés,       et leur surprenante capacité à innover.
                 clé de sa/leur compétitivité présente          Pourtant, c’est ce facteur humain qui
                 et future. Cette culture établie sur la        explique la proactivité d’entreprises qui
                 logique de l’effort collectif s’accom-         sont foncièrement des organisations
                 pagne d’une structure hiérarchique             apprenantes.
                 plate où chaque collaborateur exerce           On comprend mieux, dès lors, ce qui
                 des responsabilités autonomes, et              pousse les PME à s’engager massive-
                 place sa responsabilité individuelle au        ment dans la formation professionnelle,
                 service du collectif. De ce seul fait, les     voie royale de l’insertion profession-
                 informations circulent plus facilement         nelle, même aujourd’hui ; elles forment
                 au sein de l’entreprise, ce qui facilite la    plus des trois quarts des apprentis et
                 réactivité lors des prises de décision et      les socialisent dans l’entreprise. Et
                 entretient une culture d’innovation ou         elles investissent tout aussi massive-
                 d’adaptabilité au changement.                  ment dans la formation continue, quoi
                                                                qu’en dise l’OCDE ; simplement, elles
                 ...et fondée sur le respect                    recourent essentiellement aux modes
                 des collaborateurs,                            informels d’acquisition des savoirs (non
                 personnes ressources                           pris en compte par l’OCDE), c’est-à-dire
                 Cette approche de l’entrepreneu-               insérés dans les process de production,
                 riat repose sur le respect du salarié,         ce qui permet justement d’adapter en
                 considéré comme un « collaborateur »           permanence produits et prestations
                 (Mitarbeiter), seul terme qu’utilisent les     à une demande par nature évolutive.
                 entreprises allemandes pour désigner           Enfin, c’est la même priorité accordée
                 leurs salariés. C’est là la véritable clé de   aux qualifications qui explique que,
                 la compétitivité des PME allemandes.           même au paroxysme de la récession,
                 Ce collaborateur est considéré comme           elles ont tout entrepris pour conser-
                 une personne, porteuse de qualités pro-        ver leurs potentiels de compétences,
                 fessionnelles. Celles-ci ne se résument        notamment en recourant au chômage
                 pas à une qualification sanctionnée par        partiel.
                 un diplôme (qu’il ait été acquis, comme
                 c’est généralement le cas, par l’appren-
                                                                Ces mêmes atouts
                 tissage dans le système dual, ou dans
                                                                comportent en germe un
                                                                risque de fragilisation
                 un établissement d’enseignement supé-
                 rieur). Il s’agit plutôt d’un ensemble de      Entreprises familiales pour la plupart,
                 savoirs et savoir-faire – le « métier »,       les PME allemandes sont exposées à
                 dans tous les sens du terme - sur lequel       la délicate question des successions ;
                 s’établit la réputation individuelle d’une     sur la période 2010-2014, elle concerne
197
22 000 entreprises par an. À la difficulté   entreprises ne parviennent pas à pour-
que pose le manque d’intérêt à une           voir quelque 400 000 emplois vacants,
reprise de la part des enfants s’ajoute      faute d’ingénieurs et techniciens notam-
un régime fiscal contraignant : la dis-      ment. Or la solution de ce problème ne
position la plus critiquée de la Loi de      réside pas dans une politique spéci-
réforme de l’impôt sur les successions       fique aux PME ; elle relève plutôt de la
entrée en vigueur en 2009 privilégie         politique générale des gouvernements           OSEO
les descendants directs, et leur fait        (Bund et Länder), notamment en ce
obligation de conserver le patrimoine        qui concerne les politiques scolaires et       pme 2010
de l’entreprise pendant plus de 7 ans        universitaires, et aussi la politique fami-
sans procéder à des licenciements            liale afin de permettre aux femmes de          Actualité
importants. Or si cette disposition part     mieux concilier vies familiales et pro-
d’une bonne intention (préservation          fessionnelles, ou encore la politique          inTernaTional
des structures et de l’emploi), elle bride   d’immigration visant une meilleure
l’adaptabilité des PME et donc leur com-     intégration des nouvelles générations          2006
pétitivité. De même, la Loi de réforme       d’origine étrangère. C’est là l’enjeu prin-
de la fiscalité des entreprises entrée en    cipal des débats actuels sur l’adoption
vigueur en 2008, qui visait à réduire la     d’une politique d’immigration choisie
charge fiscale pesant sur les sociétés       par l’Allemagne.
de capitaux, a pour effet indirect d’ac-
croître celle pesant sur les sociétés de
personnes (la majorité des PME). Mais
                                             Conclusion
les fédérations professionnelles se          Ces trois derniers aspects révèlent
sont emparées de ces questions, et les       clairement en quoi consiste, au fond,
débats finiront par déboucher sur une        la politique allemande en faveur des
modification des dispositions litigieuses.   PME : malgré quelques contradictions,
Plus important est le handicap que           elle vise à améliorer le cadre des acti-
représentent les charges administra-         vités pour que puisse s’épanouir le
tives, dont les PME supportent 80 % du       potentiel des entreprises, c’est-à-dire
poids total, estimé par le gouvernement      avant tout des PME. Il en va de la com-
à 30 Md€. Or si le gouvernement fédé-        pétitivité globale de l’Allemagne, étant
ral a récemment adopté trois lois visant     donné le rôle primordial que jouent les
à réduire la paperasse, elles se soldent     PME dans la culture industrielle et la
en réalité par une hausse notable des        cohésion sociale allemandes en tant
charges bureaucratiques. Certes, les         qu’organisations apprenantes insérées
fédérations et les experts portent ces       à la fois dans le « terroir » et dans le
questions dans l’espace public, ce qui       partage mondial du travail. La clé de
amènera les pouvoirs publics à simplifier    leur compétitivité, notamment dans
leur législation, mais d’ici là, le manque   l’industrie, repose sur un système de
à gagner induit par le renseignement de      valeurs et sur la continuité d’une culture
formulaires tasse le potentiel de com-       innovante dont le principal ressort est
pétitivité des PME, organisations où le      la valeur accordée au facteur humain.
facteur temps n’a pas la même valeur         C’est là aussi qu’il faut voir la principale
que dans l’administration publique.          raison pour laquelle les entreprises
Enfin, le handicap majeur que ren-           allemandes se sont montrées jusqu’ici
contrent depuis quelques années les          réfractaires à la mode anglo-saxonne
PME allemandes, et qui gagne actuel-         de la shareholder value et de son orien-
lement en ampleur, c’est le manque           tation court-termiste, peu propice au
cruel de main-d’œuvre qualifiée. Les         développement durable de l’activité.
199

    LE S              PmE aLLEmanDES
    cOmmEnt FinancEnt-ELLES
    LEurS innOvatiOnS ?

                                                                                         OSEO

     Dr Volker Zimmermann                                                                pme 2010
     vol ks w i rts c ha f tl i ch e a b t e il u n g, K fW b a n k e n g r u p p e
     Dépa rtem en t é co no mi q u e, g r o u p e b a n c a ir e K fW                    Actualité


                                                                                         inTernaTional
Introduction                                   ce faire, l’Allemagne est en principe
                                               bien préparée. Comme le montre un         2006
L’Allemagne est un pays qui dispose            grand nombre d’indicateurs, le système
de très peu de matières premières et           d’innovation allemand compte encore
affiche un niveau de vie élevé. En tant        actuellement parmi les plus efficaces
que tel, ce pays ne peut maintenir dura-       au monde (tableau 1). Par le passé,
blement sa richesse et sa prospérité           l’Allemagne avait assuré sa réussite
dans un contexte de concurrence inter-         en se concentrant sur le perfectionne-
nationale, que s’il se différencie de ses      ment de technologies établies et haut
concurrents avec des marchandises              de gamme. Avec cette stratégie, l’Alle-
et des services de qualité supérieure          magne doit cependant faire face à une
apportant aux clients des solutions nou-       concurrence croissante sur les marchés
velles ou meilleures. Pour relever ce          mondiaux. De ce fait, il est nécessaire
défi, il est essentiel de disposer d’un        de redoubler les efforts au niveau de
système d’innovation performant. Pour          l’innovation.

 TablEau 1
inDicES cOncErnant LE SyStèmE D’innOvatiOn DanS un grOuPE DE
PayS DE L’OcDE


                      Dépenses R & D en %    Dépôts de brevets        Emploi dans le
                         du PIB 2008         auprès de l’Office     domaine des hautes
                             (%)               européen des            technologies
                                               brevets 2007         comparé à l’emploi
                                                par million              total 2008
                                                d’habitants                 en %
Allemagne                      2,63              290,70                     46,2
Finlande                       3,73              250,76                     48,0
France                         2,02              132,37                     43,1
Italie                         1,18                86,37                    38,3
Suède                          3,75              298,36                    54,0 a)
Espagne                        1,35                32,62                   33,67
Royaume-Uni                    1,88                89,16                    47,6
USA                            2,76              105,75                 non indiqué
Japon                        3,44 a)             161,67                 non indiqué
Remarque : a) 2007.
Source : EUROSTAT.
200
                 Le dynamisme des entreprises alle-           de créer des innovations : étant donné
                 mandes en matière d’innovation,              leur chiffre d’affaires comparativement
                 inégalé en Europe, est surtout imputable     bas, les coûts fixes liés aux innovations
                 aux activités d’innovation déployées         représentent pour elles un handicap
                 par les petites et moyennes entreprises      particulièrement lourd. De plus, les inno-
                 (tableau 2). Cependant, cette même           vations engendrent des effets externes
                 force d’innovation des PME est freinée       positifs (« spill overs ») qui entraînent un
 OSEO
                 par différents obstacles. Les principaux     rendement pour l’entreprise, inférieur
                 freins à l’innovation, énumérés par les      au rendement macroéconomique.
pme 2010
                 entreprises interrogées, sont les coûts       TablEau 2
   Actualité     élevés des innovations et les difficul-      POurcEntagE D’innOvatEurS
                 tés de financement. D’une part, ceci         Parmi tOutES LES PmE a) DanS
                                                              cErtainS PayS EurOPéEnS (2006)
 inTernaTional   s’explique par le fait que les entre-
                 prises disposent souvent de diverses
                 idées innovantes mais sont obligées                                          Pourcentage
                                                              Allemagne                             46,3
                 d’investir leurs ressources limitées
                                                              Finlande                              40,9
                 dans ceux des projets qui promettent
                                                              France                              28,3 b)
                 les bénéfices les plus élevés. D’autre       Italie                                28,1
                 part, les études économiques indiquent       Suède                                 41,8
                 également que les problèmes de finan-        Espagne                               24,6
                 cement évoqués traduisent un échec           Royaume-Uni                      non indiqué
                 du marché à financer les innovations.        Note : a) selon la définition proposée dans le
                 Ainsi, il est rarement possible pour des     Community Innovation Survey : entreprises de 10 à
                                                              249 salariés b) 2004
                 bailleurs de fonds extérieurs à l’entre-
                 prise d’évaluer le succès potentiel des      Source : European Innovation Scoreboard 2009.

                 projets innovants (« information asy-        Pour analyser la façon dont les petites
                 métrique »), ce qui explique qu’ils sont     et moyennes entreprises allemandes
                 peu disposés à financer de tels projets.     financent leurs projets d’innovation et
                 Ceci vaut particulièrement pour les          pour rechercher des preuves de l’exis-
                 financements de crédits – étant donné        tence d’une défaillance de marché,
                 que le bailleur de fonds, malgré le fait     évoquée auparavant, il fut demandé pour
                 qu’il partage la haute incertitude pesant    la première fois à quelles sources de
                 sur la réussite du projet d’innovation,      financement les PME ont-elles recours
                 ne pourra cependant pas participer           pour leurs projets d’innovations. Cette
                 aux importants bénéfices en cas de           question fut posée dans le cadre de l’en-
                 succès, car il a convenu d’un taux d’in-     quête effectuée en 2009 dans le panel
                 térêt fixe. Par ailleurs, les petites et     des PME de la KfW (cf. encadré). Vous
                 moyennes entreprises, du fait de leur        trouverez ci-dessous une présentation
                 taille, sont défavorisées lorsqu’il s’agit   des principaux résultats de ces analyses. 1



                                                              1. Les réponses des entreprises concernent l’année
                                                              2008. Consulter à ce sujet les informations détaillées
                                                              fournies dans l’ouvrage de Zimmermann, V. (2010),
                                                              Die Finanzierung von Innovationen in kleinen und
                                                              mittleren Unternehmen (Le financement des inno-
                                                              vations des petites et moyennes entreprises).
                                                              Dans : KfW, Creditreform, IfM, RWI, ZEW (éditeur),
                                                              Konjunkturelle Stabilisierung im Mittelstand – aber
                                                              viele Belastungsfaktoren bleiben (Stabilisation de la
                                                              conjoncture pour les PME – cependant de nombreux
                                                              facteurs de contrainte demeurent). MittelstandsMo-
                                                              nitor 2010 – Jährlicher Bericht zu Konjunktur – und
                                                              Strukturfragen kleiner und mittlerer Unternehmen
                                                              (Rapport annuel sur les questions conjoncturelles et
                                                              structurelles concernant les PME) Francfort-sur-le-
                                                              Main, pages 145-171.
201
Résultats empiriques                             d’innovations sont financés au moyen
                                                 de crédits bancaires. Les primes et
de l’enquête sur
                                                 compléments c’est-à-dire des aides
le financement                                   financières non remboursables repré-
des innovations                                  sentent 7 % du financement et les 10 %
                                                 restant se répartissent sur d’autres
Comme on peut le constater dans le
                                                 sources de financement. Ainsi, le finan-         OSEO
graphique 1, le financement des inno-            cement des innovations se différencie
vations est en grande partie réalisé par         nettement du financement des inves-              pme 2010
l’autofinancement (71 % du volume de             tissements dans lequel la proportion de
financement). Seuls 12 % des dépenses            l’autofinancement n’atteint que 48 %.            Actualité


                                                                                                  inTernaTional

KfW-mittelstandspanel                                                                             2006

Le panel des PME de la KfW (KfW-Mittelstandspanel) est jusqu’à aujourd’hui le seul
jeu de données longitudinales représentatif pour les petites et moyennes entreprises
en Allemagne. Celles-ci sont définies comme l’ensemble des entreprises privées ayant
un chiffre d’affaires annuel inférieur à 500 M€. En sont exclus : le secteur public, les
banques et associations ne réalisant pas de profits. L’enquête inclut également des
entreprises de moins de cinq salariés qui représentent environ 82 % des petites et
moyennes entreprises allemandes. Selon cette définition, on compte 3,66 millions de
PME en Allemagne.
Les données sont récoltées dans une enquête réalisée régulièrement par écrit. Cette
enquête réalisée avec le panel des PME de la KfW récolte chaque année des infor-
mations concernant principalement les thèmes suivants : « structure de l’entreprise »,
« emploi et évolution de l’emploi », « développement de l’entreprise », « concurrence,
ventes et internationalisation », « investissements et leur financement », « nouveaux
produits et prestations, innovations », « financement global de l’entreprise », « réussite
de l’entreprise, charges et produits » ainsi que « propriétaire gérant ou associé gé-
rant ». Par ailleurs, les enquêtes individuelles recueillent également des informations
au sujet d’un ensemble de thèmes spécifiques.
L’enquête est réalisée par sondage aléatoire stratifié, dans lequel la répartition par
groupe a lieu par branche, taille des effectifs, région et éligibilité à la promotion. L’utili-
sation de facteurs d’extension permet d’établir des déclarations représentatives, com-
munes à l’ensemble des PME.
L’enquête dans sa 7e version s’est déroulée de mars à juillet 2009. Dans ce cadre,
57 168 entreprises ont reçu un questionnaire et 13 975 parmi elles y ont répondu.
202
                                   Avec un pourcentage de 75 %, ce sont                    souvent pas lieu à cause des coûts
                                   surtout les très petites et les moyennes                fixes liés à une telle demande. Il faut
                                   entreprises (les plus grandes parmi les                 également prendre en compte le fait
                                   PME) qui financent leurs dépenses                       que l’accès aux crédits bancaires, aux
                                   d’innovations au moyen d’autofinan-
                                                                                           primes et aux compléments est plus
                                   cement. Au vu d’autres études qui ont
                                                                                           difficile pour les petites entreprises.
 OSEO                              été menées à ce sujet, dans le cas
                                                                                           Le pourcentage croissant de finance-
                                   des entreprises de moins de cinq sala-
                                                                                           ment des dépenses d’innovations par
pme 2010                           riés, ceci peut s’expliquer par le fait
                                   que les projets d’innovation ne sont                    le biais de crédits bancaires – dans
   Actualité                       souvent que de petite envergure ; en                    le groupe des entreprises comptant
                                   conséquence, la demande de finance-                     jusqu’à 49 salariés – devrait refléter
 inTernaTional                                                                             le fait que plus l’entreprise est grande,
                                   ment externe (tels que des crédits ou
                                   des fonds d’encouragement) n’a ainsi                    plus l’accès aux crédits est facile.

                                    G raPhiquE 1                      Graphique 1
                                   SOurcES DE FinancEmEnt,rapport au nombre d'effectifs
                                       Sources de financement, par Par raPPOrt à La taiLLE En EFFEctiFS
                                   (En POurcEntagE du total desDES DéPEnSES D’innOvatiOn FinancéES)
                                       (en pourcentage Du tOtaL dépenses d’innovation financées)



                 Moins de 5                                            75                                           12        2        11



                      5à9                                   60                                       13         11                    15



                    10 à 49                                      65                                       16              8            11



                  50 et plus                                           75                                           10            8             7



                      Total                                           71                                       12             7            10


                               0                   20                       40                 60                    80                             100


                                     Autofinancement                             Crédits bancaires


                                     Primes / Compléments                        Autres

                                   Source : KfW-Mittelstandspanel 2009.


                                   La proportion croissante des dépenses                   l’entreprise est grande, plus elle semble
                                   d’innovation que les entreprises (à                     capable de mettre à disposition suffi-
                                   partir de 5 salariés) financent à l’aide                samment de ressources propres pour
                                   d’autofinancement, indique que plus                     réaliser des projets innovateurs.
203
Intensité et                                          dépenses d’innovation financées par
                                                      des ressources internes à l’entreprise
caractère des
                                                      diminue. À l’opposé, plus les dépenses
efforts d’innovation                                  d’innovation augmentent, plus la part
                                                      financée par des crédits bancaires, les
Le graphique 2 illustre l’utilisation des
                                                      primes et les compléments augmente.
sources de financement en fonction de
l’intensité de l’innovation, i. e. la part
                                                      Ainsi, la part des crédits bancaires du                            OSEO
                                                      groupe ayant la plus forte intensité d’in-
des dépenses d’innovation annuelles
                                                      novation est plus de six fois supérieure à                         pme 2010
par rapport au chiffre d’affaires. Étant              celle du groupe ayant l’intensité d’innova-
donné que la quantité de moyens de                    tion la plus faible. La part constituée par                        Actualité
financement internes disponibles est                  les primes et compléments passe de 1 %
habituellement limitée, plus la charge                jusqu’à 11 % dans le groupe qui indique                            inTernaTional

financière augmente, plus la part des                 la plus forte intensité d’innovation.
                                                                                                                         2006
 GraPhiquE 2
SOurcES DE FinancEmEnt En FOnctiOn DE L’intEnSité DES DéPEnSES
D’innOvatiOn (En POurcEntagE Du tOtaL DES DéPEnSES D’innOvatiOn
FinancéES)




Jusqu'à moins de 1 %                                              89                                  3 1 7




 De 1 à moins de 3 %                                        80                                    7   3    10




 De 3 à moins de 9 %                                        79                                    8   5        8




            9 % et plus                          58                               19            10        13



                          0              20                  40              60              80                    100


                                 Fonds propres                          Crédits bancaires


                                 Primes / Compléments                   Autres
Source : KfW-Mittelstandspanel (2009).

Cependant, l’utilisation des crédits ban-             au chiffre d’affaires annuel. L’intensité
caires et des primes et compléments                   en R & D d’une entreprise peut servir
montre des différences très nettes au                 d’indicateur du contenu technologique
niveau du caractère de l’action d’inno-
                                                      et ainsi d’indicateur de l’insécurité qu’un
vation. Ainsi, le graphique 3 illustre le
financement des dépenses d’innovation                 financier externe ressent vis-à-vis du
en fonction de l’intensité en R & D – i.              succès des innovations que l’entreprise
e. des dépenses en R & D par rapport                  concernée réalise.
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LES PME allemandesune compétitivité à dimension sociale et humaine

  • 1. 181 LE S PmE aLLEmanDES unE cOmPétitivité à DimEnSiOn SOciaLE Et humainE OSEO Isabelle Bourgeois et René Lasserre cir a c in te rn ati o na l pme 2010 Actualité inTernaTional Dans l’économie allemande, les PME reprise du marché mondial dès la fin jouent un rôle central. Si après la forte 2009, et particulièrement celle de la 2006 récession entraînée par la crise finan- demande des économies émergentes, cière mondiale (le PIB avait chuté de les commandes affluent et la production 4,7 % en 2009), l’économie allemande reprend. C’est l’ouverture internationale se redresse rapidement, c’est en effet de l’économie allemande qui explique essentiellement dû aux PME, grâce à la fois la forte exposition aux risques auxquelles le moteur des exporta- externes mais aussi l’étonnante capa- tions redémarre, que l’investissement cité des entreprises à résister aux chocs reprend, que l’emploi a été préservé et qui s’ensuivent. que, rassurés par un taux de chômage Les performances économiques de parmi les plus faibles d’Europe (un peu l’Allemagne reposent sur ses PME bien plus de 7 %), les Allemands retrouvent plus que sur quelques grands groupes goût à la consommation. mondialement connus. 25 % d’entre La plupart des PME a en effet bien elles sont internationalisées, elles réa- résisté à la récession, saisissant la lisent près de 60 % du CA à l’export crise comme une opportunité pour de l’économie allemande, elles inves- gagner encore en compétitivité sur tissent massivement (la moitié des les marchés domestique, européen et investissements privés en RFA) et elles mondial. La Fédération allemande des contribuent largement à l’innovation (en caisses d’épargne, dont les membres Allemagne, les entreprises contribuent sont les partenaires financiers tradi- à hauteur de 70 % aux dépenses de tionnels des trois quarts des PME, va R & D). Leurs activités sont créatrices jusqu’à considérer que l’activité de ces d’emploi (elles occupent 70 % des dernières « constitue les fondations actifs), et elles forment bon an mal an sur lesquelles s’opère le retour de la quelque 1,4 million de jeunes apprentis. croissance ». 1 Si leurs produits et prestations jouissent La récession était en effet « importée » : d’une haute réputation mondiale, c’est l’économie allemande étant spéciali- que les PME industrielles allemandes sée dans les biens d’investissement, œuvrent essentiellement dans les c’est la chute brutale de la demande secteurs globalisés que sont l’automo- mondiale qui avait ralenti l’activité bile, l’électrotechnique, la chimie et la industrielle outre-Rhin, les économistes construction mécanique. sont unanimes sur ce point. Or avec la Plus important encore, les PME sont garantes de la culture industrielle et, plus fondamentalement, d’un système 1. Deutscher Sparkassen – und Giroverband, Diagnose Mittelstand 2010 (www.dsgv.de). de valeurs sur lequel repose la cohésion
  • 2. 182 sociale de l’Allemagne. Leur compéti- lité (99,7 %) des quelque 3,5 millions tivité qui s’exprime dans la réputation d’entreprises sont des PME. L’écrasante mondiale du made in Germany n’est majorité d’entre elles réalisent un CA infé- que le reflet intime du « modèle » éco- rieur ou égal à 1 M€ et occupe moins de nomique et social allemand. 10 salariés. Seulement 10 203 de toutes les entreprises recensées en Allemagne OSEO Les pme, « colonne réalisent un CA supérieur à 50 M€ 2, pla- vertébrale » de fond de CA dans la définition européenne de la PME. 3 Seules 11 293 entreprises pme 2010 l’économie ont un effectif supérieur à 250 salariés 4. Actualité Quelles que soient les statistiques Dans ce groupe, 6 000 occupent entre considérées, outre-Rhin, la quasi-tota 250 et 499 salariés, et 5 000 plus de 500. 5 inTernaTional TablEau 1 En aLLEmagnE, 99,7 % DES EntrEPriSES SOnt DES PmE Total PME % de PME Total (2008) 3,63 millions 3,62 millions 99,7 % – Entreprises inscrites au registre 3,55 millions 3,54 millions 99,7 % – Entreprises soumises à la taxe sur le CA 3,14 millions 3,13 millions 99,7 % – Entreprises artisanales 0,97 million - - – Professions libérales 1,05 million - - CA des entreprises soumises à la taxe sur le CA 5,15 Md€ 1,93 Md€ 37,5 % Salariés 30,01 millions 21,15 millions 70,5 % – dont apprentis 1,74 million 1,45 million 83,1 % CA domestique net de la RFA (2007) 47,3 % Source des données : IfM Bonn/DSGV, Diagnose Mittelstand 2010. N.B. : tous secteurs, sauf agriculture. Les critères quantitatifs communé- critères qualitatifs dont le premier est ment utilisés pour définir une PME le mode de gouvernance induit par (effectif, CA) ne permettent toute- la propriété du capital : le patron de fois pas de comprendre ce qui fait la l’entreprise en est également le pro- réalité d’un ensemble très disparate priétaire (ou en contrôle au moins le que les Allemands préfèrent appe- capital). Généralement familiales, les ler Mittelstand : « classe moyenne ». sociétés de personnes prédominent en Elle se définit avant tout par des effet en Allemagne. 2. Destatis, Statistisches Jahrbuch 2009 (www. destatis.de). L’Office fédéral des statistiques ne précise pas les catégories de CA supérieures. 3. Les définitions d’Eurostat et celles en vigueur en Allemagne diffèrent par contre quant à l’effectif : dans le premier cas, une PME a au maximum 249 salariés, dans le second, 499. 4. Destatis, op. cit. 5. Institut für Mittelstandsforschung, Die Volkswirts- chaftliche Bedeutung der Familienunternehmen, IfM- Materialien, no 172, avril 2007 (www.ifm-bonn.de). Cette étude de référence est une des rares à fournir des données plus précises.
  • 3. 183 TablEau 2 StatutS DES PmE aLLEmanDES Part des entreprises par catégorie de CA (*) faible moyen fort Total Part des entreprises ayant le statut de… Nombre d’entreprises (en milliers) 2 514 514 9 3 037 Sociétés de capitaux, dont… 10,2 % 38,9 % 48,8 % 15,1 % OSEO – AG et KG a. A. (**) 0,1 % 0,8 % 8,7 % 0,2 % – GmbH (**) 10,1 % 38,1 % 40,1 % 14,9 % pme 2010 Sociétés de personnes, dont… 88,0 % 58,1 % 42,1 % 82,8 % – KG et GmbH & Co. KG 2,0 % 13,4 % 37,5 % 4,0 % Actualité – OHG et GBR (**) 8,4 % 9,7 % 3,2 % 8,6 % – Entreprises individuelles 77,6 % 35,0 % 1,4 % 70,2 % inTernaTional Autres (par ex. coopératives) 1,8 % 3,1 % 9,2 % 2,1 % Source des données : Destatis, statistiques fiscales (taxe sur le CA) ; état : 2005/Klaus-Heiner RÖhl, 2006 « Fiscalité des PME : les effets pervers de réformes de 2008-2009 », in Bourgeois I. (dir.), PME allemandes : les clés de la performance, CIRAC, 2010. (*) Faible CA : 500 000 € ; CA moyen : de 500 000 € à 50 M€ ; fort CA : > 50 M€. (**) N.B. : AG = SA ; KG = société en commandite ; GmbH = sarl ; OHG = société en nom collectif ; GBR = société de droit civil. Le second est une excellente solvabi- Des pme actives lité : en 2008, la moitié des PME avait dans l’industrie et un ratio de fonds propres d’au moins les services liés 13,9 % (voir infra) ; ce sont ces réserves Étant donné la complexité des critères qui leur ont permis de ne pas avoir à retenus en Allemagne pour définir les affronter de restrictions du crédit ban- PME, les statistiques varient sensible- caire durant la récession. Le troisième ment selon les sources. Néanmoins, critère est l’indépendance statutaire et dans tous les cas, le nombre des PME commerciale par rapport à leurs clients, recensées est supérieur à trois mil- ce qui garantit l’autonomie opération- lions depuis dix ans. Si les entreprises nelle et décisionnelle des PME et les industrielles stricto sensu (production) contraint à s’adapter en permanence à représentent moins d’un dixième du un environnement évolutif et hautement total, cela est dû à une nomenclature concurrentiel. Enfin, le quatrième est statistique quelque peu en retard sur leur profond ancrage dans le « terroir » l’évolution des activités. En effet, près et leur culture de travail en réseaux de d’un tiers des PME proposent des ser- partenariats. Ces quatre facteurs conju- vices aux entreprises, le plus souvent gués favorisent la forte réactivité à la liées à l’industrie, qu’il s’agisse de demande du marché qui est si caracté- logistique, d’ingénierie ou de presta- ristique des PME allemandes. tions immobilières. L’Allemagne est loin d’être désindustrialisée ; son industrie a changé de nature : c’est désormais une industrie de services.
  • 4. 184 TablEau 3 StructurE DES EntrEPriSES Par taiLLE DE L’EFFEctiF Et Par SEctEur Entreprises …par nombre de salariés Total 0-9 10-49 50-249 > 250 Extraction de minéraux 2 640 1 970 538 112 20 OSEO Industrie 270 277 206 125 45 365 14 989 3 798 Eau et énergie 29 215 24 751 2 972 1 194 298 pme 2010 BTP 382 736 348 204 31 636 2 705 191 Commerce et entretien auto. 737 182 679 892 48 156 7 772 1 362 Actualité Transports et stockage 128 431 111 286 14 043 2 643 459 Gastronomie/hôtellerie 270 864 258 308 11 011 1 393 152 inTernaTional TIC 125 329 115 945 7 223 1 772 389 Banque et assurance 60 025 55 944 1 982 1 330 769 Immobilier 297 423 294 048 2 838 472 65 Services scientifiques et 459 606 436 380 20 329 2 490 407 techniques (dont travailleurs indépendants) Autres services aux entreprises 158 070 142 656 10 630 3 998 877 Éducation 68 628 58 187 8 568 1 496 377 Prestations sociales, Santé 229 921 199 749 21 625 6 860 1 687 Arts, divertissement, loisirs 97 340 94 616 2 183 442 99 Autres services 233 553 222 958 8 537 1 715 343 Total 3 551 240 3 250 928 237 636 51 383 11 293 Source des données : Destatis, Statistisches Jahrbuch 2009 / I. Bourgeois (dir.), PME allemandes : les clés de la performance, CIRAC, 2010. Les pme ont grossi extension du marché communautaire au cours de la dans le fil de l’élargissement de l’UE décennie écoulée et montée en puissance des écono- mies émergentes. Ces mutations ont Le nombre des entreprises est resté déclenché un important mouvement stable depuis dix ans, mais on observe de concentration : aux cours des dix de grands changements dans leur dernières années, 7 PME sur 10 en taille. Le socle des PME au CA inférieur ont racheté une autre ou ont fusionné. à 5 M€ s’est légèrement rétréci, mais L’évolution est particulièrement pro- rassemble encore près de 2,3 millions noncée dans les branches industrielles d’entreprises. Le nombre des PME les plus exportatrices, et donc les au CA compris entre 5 et 50 M€ (les plus exposées à la concurrence glo- moyennes) n’a quant à lui pas varié. bale : chimie, métallurgie, construction C’est la catégorie supérieure qui a mécanique, électrotechnique, méca- grossi au cours de la décennie. 6 nique de précision. C’est dans ces Cet accroissement en taille est avant secteurs aussi que les entreprises tout la conséquence de l’évolution ont été à l’évidence les plus affectées du contexte des activités depuis les par la chute de la demande mondiale années 1990 : globalisation accélérée, en 2008-2009, et où l’activité est tirée numérisation des échanges, stabilité aujourd’hui par le redémarrage de monétaire au sein de la zone Euro, cette dernière. 6. Destatis/IKB Deutsche Industriebank, Unterneh- merthemen, avril 2007.
  • 5. 185 Des pme aux longtemps été leur principale faiblesse : finances solides le manque de capitaux propres. Dans toutes les catégories de PME, le ratio Si les PME allemandes ont bien résisté de fonds propres a ainsi considérable- à la récession, c’est qu’elles avaient ment augmenté et se situait en 2008 à accumulé des réserves. Entre 1997 6,3 % pour les petites (CA inférieur à et 2004, la rentabilité de toutes les 1 M€), à 17,6 % pour les moyennes (CA OSEO PME s’était accrue de + 44,4 % en de 1 à 50 M€) et à 28,2 % pour les termes nominaux selon la Bundesbank grosses (CA de plus de 50 M €) 7. C’est pme 2010 (celle des grands groupes de + 11 % la raison pour laquelle l’Allemagne n’a seulement). Dans l’industrie, la hausse pas connu de credit crunch lors de la Actualité a été de + 37,5 % et dans les services dernière récession ; car si le crédit aux aux entreprises, de + 40 %. Les PME entreprises s’est effectivement ralenti, inTernaTional ont su mettre à profit la modération c’était essentiellement faute de salariale de ces années et tirer les demande de la part des PME, la 2006 enseignements de la récession de 2002 Bundesbank, la KfW, les Caisses pour accroître leur compétitivité et pour d’épargne ou les CCI allemandes sont remédier également à ce qui avait unanimes sur ce point. Un ratio de fonds propres fonction de la taille et du secteur d’activité des entreprises La valeur médiane du ratio de fonds propres (capitaux propres par rapport au total bilan) du Mittelstand est passée de 10,8 % en 2006 à 13,9 % en 2008 (dernières don- nées disponibles). Mais comme toute valeur médiane, ce taux masque une grande diversité selon la taille de l’entreprise et son secteur d’activité. Les TPE, qui ne des- servent souvent qu’un marché local, voire de proximité (artisanat, par exemple), pré- sentent dans l’ensemble un très faible ratio. À l’opposé, à partir d’un CA de 500 000 €, ce ratio dépasse les 10 %. Dès un seuil de CA de 5 M€, le ratio médian dépasse les 20 %, et se situe à 24,6 % dans la catégorie de 12,5 à 50 M€. La répartition de ces ratios par secteur d’activité révèle que c’est dans l’industrie, le secteur qui est aussi le plus ouvert à l’international, que le taux de capitaux propres est le plus élevé, surtout dans la catégorie des moyennes et grosses PME (CA respective- ment de 5 à 12,5 M€ et de 12,5 à 50 M€). 2008 (taux médians) RFA BTP Services Commerce Industrie Médiane Σ Mittelstand 13,9 % 9,0 % 14,5 % 12,6 % 19,7 % CA 5-12,5 M€ 20,5 % 12,3 % 25,1 % 18,0 % 25,5 % CA 12,5-50 M€ 24,6 % 12,4 % 29,4 % 21,7 % 28,9 % (Source : Fédération allemande des Caisses d’épargne, DSGV). 7. Finanzgruppe Deutscher Sparkassen – und Giro- verband, Diagnose Mittelstand 2010 (www.dsgv.de).
  • 6. 186 Et si les grands groupes et les socié- elles ne réalisent que 20 % du CA total tés par action se plaignent de difficultés des exportations. On compte, selon les rencontrées auprès des banques com- sources, entre 300 000 et 400 000 PME merciales pour ouvrir une ligne de exportatrices. Mais leur activité interna- crédit, il n’en va pas de même des tionale ne se limite pas au commerce, PME. Elles s’adressent en effet en prio- car toutes pratiquent au moins une forme rité au réseau des Caisses d’épargne d’internationalisation : si elles vendent OSEO (Sparkassen) qui, avec plus de 13 000 hors des frontières, elles y investissent filiales réparties sur l’ensemble du terri- aussi, y ont ouvert une succursale ou pme 2010 toire et une part de marché de plus de pris une participation dans une société Actualité quelque 40 % sur le segment du crédit étrangère. La Fédération allemande de aux entreprises, est le partenaire établi l’industrie (BDI) révèle dans une étude 8 inTernaTional des PME. Or la proximité avec le client, que plus des deux tiers des PME indus- les liens de confiance qu’elle permet trielles ont développé leurs activités à d’établir sur le long terme, sont déci- l’international : si la moitié d’entre elles sives pour l’accompagnement durable se contente d’exporter, une sur dix des PME. C’est ainsi que les caisses investit et un gros quart a engagé des d’épargne estiment que même les 20 % liens de coopération avec des homolo- de PME qu’elles considèrent comme gues étrangers. durement affectées par la récession en 2009 n’en sont pas moins solvables, Le degré car foncièrement assises sur des bases d’internationalisation solides ; seules 5,6 % des PME sont des pme est fonction condamnées. de leur taille et du Même durant la récession, la structure secteur d’activité traditionnelle du financement des PME Pour franchir les frontières, une cer- est donc restée intacte, les entreprises taine taille est requise, tant en ce qui ayant rationalisé leurs activités et accu- concerne les ressources humaines que mulé des réserves suffisantes. Tout le capital-développement. Mais par- au plus rencontrent-elles actuellement delà ce constat, le facteur déterminant quelques difficultés de trésorerie ; mais est l’appartenance sectorielle. Dans elles sont assurées du soutien principa- les services, les entreprises sont géné- lement des caisses d’épargne. ralement plus petites, et les activités hors des frontières impliquent moins de Des pme très coûts fixes que dans l’industrie. C’est ouvertes au monde en partie ce qui explique par exemple que la moitié des PME investissant hors Alors que les PME réalisent plus de d’Allemagne réalisent un CA inférieur à 40 % du CA domestique de l’Allemagne, 1 M€. 8. BDI Mittelstandspanel, 2005 (www.bdi-online.de).
  • 7. 187 TablEau 4 DEgré D’intErnatiOnaLiSatiOn DES PmE inDuStriELLES aLLEmanDES Type de PME PME non Présentes …dans 1 à …dans ≥ 4 internatio- dans l’UE 3 régions régions nalisées Effectif moyen 24 43 74 372 CA moyen (en M€) 4,1 7,7 13,0 57,6 OSEO Marge > 5 % du CA (en % des PME) 27,8 37,5 43,7 42,1 Taux d’exportation (en %) – 11,2 28,1 50,9 pme 2010 Source des données : IfM, Die Bedeutung der aussenwirtschaftlichen Aktivitäten für den Mittelstand, 2007 (www.ifm-bonn.de)/ I. Bourgeois, op. cit. NB : Calculs de l’institut IfM sur la base du BDI-Mittelstandspanel du Actualité printemps 2005. Base : 106 398 PME industrielles. inTernaTional Répartition géographique phase d’internationalisation de l’éco- des activités à nomie allemande au cours des années 2006 l’international du « miracle économique », choisissent Le premier pas hors d’Allemagne mène aujourd’hui des destinations plus loin- toujours une PME dans un des pays taines, notamment les marchés d’Asie. voisins au sein de l’UE et surtout de Mais généralement, toutes suivent plus la zone euro, la France venant loin en ou moins leurs partenaires, reproduisant tête des destinations. L’acquis com- hors d’Allemagne le mode de fonction- munautaire, la stabilité monétaire, les nement en réseaux de partenariats. faibles distances à parcourir, limitent les L’exemple le plus parlant de ces choix risques et les coûts. Les plus grandes, de localisation est celui de la constitution qui avaient souvent déjà étendu leurs des grappes d’activité dans la filière auto- activités en Europe depuis la première mobile au sein de l’espace européen. TablEau 5 réPartitiOn régiOnaLE DES invEStiSSEmEntS DirEctS SOrtantS Par granDS SEctEurS UE 15 PECO a) Autres PME ayant une succursale/filiale hors d’Allemagne b) Industrie 71,2 % 29,9 % 43,3 % Commerce 95,6 % 36,7 % 10,3 % Services 64,5 % 3,3 % 35,9 % Total 73,6 % 18,1 % 31,8 % PME ayant une part de capital dans une société étrangère c) Industrie 72,4 % 18,6 % 48,3 % Commerce 58,2 % 53,0 % 7,4 % Services 83,7 % 18,1 % 18,1 % Total 72,2 24,5 % 21,8 % Source des données : IfM, op. cit. / I. Bourgeois, op. cit. Calculs effectués par l’IfM sur la base de l’enquête MIND 2005. N.B. Plusieurs réponses possibles. a) Il s’agit des 12 nouveaux états membres ayant rejoint l’UE depuis 2004 ; b) base : 31 000 PME disposant d’une succursale/filiale hors d’Allemagne ; c) base : 21 000 PME ayant des parts dans le capital d’une société étrangères.
  • 8. 188 Une stratégie de première consiste à ouvrir un nouveau croissance organique débouché (export) et/ou à assurer l’ap- hors d’Allemagne et provisionnement (import). Ensuite, pour d’intégration dans garantir la fluidité de la production, elles le nouveau partage ouvrent une succursale ou filiale. Une mondial du travail fois la croissance des activités assurée OSEO Les PME allemandes suivent une stra- sur cette base, elles prennent éventuelle- tégie de développement étape par ment une participation dans une société pme 2010 étape hors des frontières nationales. La étrangère pour pérenniser leurs activités. TablEau 6 Actualité LE DEgré D’intErnatiOnaLiSatiOn DES PmE aLLEmanDES Par tyPE D’EngagEmEnt inTernaTional Nombre en % PME internationalisées (tous types d’engagement) 381 000 29,6 – une seule forme d’engagement 357 000 27,8 – import/export seulement 340 000 26,4 – ID seulement 16 000 1,2 – filiale/succursale seulement 8 000 0,6 – part de capital seulement 4 000 0,3 – les deux 4 000 0,3 – deux formes d’engagement 24 000 1,9 – import/export et ID 24 000 1,9 – import/export et succursale/filiale 11 000 0,8 – import/export et part de capital 6 000 0,4 – import/export + succursale/filiale + part de capital 8 000 0,6 Source des données : IfM, op. cit. I. Bourgeois, op. cit. Calculs effectués par l’IfM sur la base de l’enquête MIND 2005 et des statistiques fiscales (taxe sur le CA) 2003 fournies par Destatis en 2005. N.B : le corpus se compose de PME dans l’industrie et les services au CA compris entre 100 000 € et 50 M€, de PME du commerce de détail au CA de 250 000 € à 50 M€ et de PME du commerce de gros au CA de 500 000 € à 50 M€. Le nombre de PME entrant dans chaque rubrique de ce tableau est calculé sur la base des statistiques 2003 sur le CA établi par taille du CA et par secteur d’activité (base : 1 286 023 PME). Leur ouverture au monde a été forcée chaîne de valeur, les PME allemandes par la globalisation (et l’insertion des se sont montrées proactives, saisis- PECO dans le marché communautaire sant ces bouleversements comme une dès le milieu des années 1990). Les chance pour réviser leur stratégie. PME en ont d’abord subi les effets sur Face à la multiplication de l’offre de le marché domestique sous la forme produits de masse, souvent low cost, d’une concurrence intensifiée (arrivée en provenance des économies émer- de concurrents et de produits étran- gentes, les PME allemandes ont choisi gers), puis de la perte progressive de la spécialisation et la concentration leurs principaux clients qui préféraient sur un cœur de métier. Elles ont alors acheter désormais leurs biens intermé- développé leurs exportations et choisi diaires dans les pays à bas salaires, et d’acheter leurs biens intermédiaires (en enfin de la délocalisation de la produc- Allemagne ou hors du pays) plutôt que tion par les grands groupes dont elles de les produire elles-mêmes. Souvent étaient sous-traitantes. Face à ces aussi, elles ont délocalisé tout ou partie mutations qui remettaient en question de leur production pour suivre la migra- les positions établies et fractionnaient la tion de leurs clients stratégiques.
  • 9. 189 TablEau 7 POurquOi LES PmE aLLEmanDES invEStiSSEnt à L’étrangEr (mOtivatiOnS cLaSSéES Par imPOrtancE : 1 = trèS imPOrtant ; 5 = SanS imPOrtancE) Industrie Commerce Services Total Conquérir de nouveaux marchés 2,1 2,0 1,8 1,9 Préserver les positions sur les marchés existants 2,0 1,6 1,7 1,8 OSEO Sources d’approvisionnement à prix attractifs 2,7 3,4 2,9 2,9 Différentiel salarial avantageux 2,9 4,3 3,3 3,3 pme 2010 Salariés qualifiés 3,3 4,1 3,2 3,4 Environnement de R & D porteur 4,5 4,4 4,1 4,3 Actualité Subventions 4,3 4,4 4,3 4,3 Source : KfW, Die Globalisierung des Mittelstands : Chancen und Risiken, 2006 / I. Bourgeois, op. cit. N.B. : inTernaTional résultat de deux sondages réalisés en 2004 et 2005 par Creditreform, la KfW et l’institut RWI d’Essen auprès d’un panel de 9 000 PME ; plusieurs réponses possibles. 2006 Ce mouvement, d’abord le propre de Les programmes d’aide l’industrie, s’est rapidement étendu à l’internationalisation aux services liés. Le principal motif de ont peu d’effet, ces délocalisations est la conquête de les pme préférant nouveaux marchés et/ou la préserva- l’auto-organisation tion des parts de marché existantes, le Pour franchir les frontières, les PME différentiel salarial n’étant qu’un critère agissent le plus souvent de leur propre marginal pour des entreprises dont la initiative, effectuant des choix auto- compétitivité repose sur la spécialisa- nomes guidés par l’expérience de tion dans le segment des moyennes et leurs partenaires et concurrents. Peu hautes technologies, et la réputation de d’entre elles recourent aux innom- haute qualité comme de fiabilité. brables programmes d’incitation à L’accélération de la globalisation les a l’internationalisation (plus de 140) que ainsi poussées à développer hors d’Al- proposent en Allemagne la Fédération, lemagne leur mode de fonctionnement les diverses institutions fédérales, les en réseaux. Mais toutes ont gardé un 16 Länder (les états fédérés mènent ancrage fort dans leur territoire, conser- leur propre politique de développement vant leurs effectifs en Allemagne. Au économique), les CCI, les chambres total, en assurant ainsi la pérennité de de métiers ou celles du commerce leur activité, en accroissant leur compé- extérieur. Les mesures proposées titivité mondiale, les PME ont contribué (soutien des activités hors du terri- à stabiliser l’emploi en Allemagne. Ce toire, orientation sectorielle, aides sont en effet les sociétés à capitaux par zone géographique) laissent les (des grands groupes pour la plupart) PME largement indifférentes. Elles ne qui délocalisent les fonctions inten- sont visiblement pas adaptées à leurs sives en main-d’œuvre ; les familiales besoins, car seuls les grands groupes (presque toutes les PME), fidèlement y recourent. Souvent, les PME ne les à leur culture de réseau qui favorise la connaissent même pas, faute de temps diffusion des savoirs, développant hors pour les prospecter. d’Allemagne les fonctions intensives en Par contre, elles recourent volontiers savoir. aux services de veille économique
  • 10. 190 des pays d’accueil que proposent les entreprises qui investissent le plus chambres du commerce extérieur. dans ce domaine ; un petit tiers seule- Mais leur préférence va de loin à ment des sociétés moyennes (entre 100 l’accompagnement que leur offre une et 500 salariés) s’impliquent, et seule- institution issue de la société civile ment un gros dixième des plus petites. et pilotée conjointement par les syn- Mais depuis le début du millénaire, les OSEO dicats, le patronat et des fédérations PME montent en puissance : si leur part professionnelles : le Centre de rationa- dans le total des dépenses de R & D est pme 2010 lisation et d’innovation des entreprises restée aux alentours de 13 %, leur part allemandes (Rationalisierungs – und dans le total des effectifs de R & D s’est Actualité Innovationszentrum der Deutschen accru, passant à 20 %. En effet, les Wirtschaft). Ce RKW au statut PME mènent de plus en plus leur R & D inTernaTional d’association, un réseau d’aide à l’auto- en interne : plus des deux tiers des organisation des PME né à l’origine en PME industrielles innovantes disposent 1921 et recréé en 1951 dans le cadre de leur propre division de R & D. du Plan Marshall, a pour mission d’ac- Cet investissement dans la R & D est lui compagner les PME dans leur stratégie aussi une réponse à la globalisation des de compétitivité, qu’il s’agisse de R & D, activités et s’accompagne d’une spé- d’organisation ou de modernisation des cialisation prononcée. Peu connues du qualifications. Son approche « intègre grand public parce qu’elles consacrent les différentes perspectives de tous les peu d’énergies à la communication, un acteurs impliqués dans le processus certain nombre de ces PME proactives économique », à commencer par les sont ce que les Allemands appellent entreprises, et en y associant les parte- des « hidden champions » : des leaders naires sociaux et le monde scientifique européens ou mondiaux incontestés (www.rkw.de). sur un segment high-tech extrêmement pointu (marché de niche), comme par Les pme allemandes exemple les colles pour cartes à puce. sont particulièrement Ce sont souvent des PME moyennes au CA inférieur à 50 M€, mais à fort effectif innovantes (proche de 250), celui-ci étant très hau- Traditionnellement, en Allemagne, tement qualifié. Et ces championnes les deux tiers des dépenses de R & D discrètes assurent généralement une (elles atteignent au total 2,53 % du PIB fonction de locomotive dans leurs selon la Commission européenne) sont réseaux, tirant leurs partenaires imputables au secteur privé (entre- vers l’excellence et de forts gains de prises). Certes, ce sont les grands compétitivité.
  • 11. 191 TablEau 8 DéPEnSES DE r & D DES EntrEPriSES DanS LES PrinciPaux SEctEurS innOvantS En aLLEmagnE (2006-2009) Dépenses de R & D (en Md€) 2006 2007 2008 2009 *) Total (en Total (en Total (en Total interne) interne) interne) OSEO Production manufacturière 47 299 37 035 47 770 38 159 51 264 41 001 51 346 – chimie 9 048 7 066 8 064 6 460 8 297 6 646 8 259 pme 2010 dont production pharma. 5 393 3 648 4 504 3 312 4 666 3 414 4 565 – construction mécanique 4 673 4 255 5 207 4 763 5 535 5 042 5 486 Actualité – électrotechnique 10 554 8 267 10 085 8 157 10 800 8 683 10 395 – automobile 19 799 14 691 20 884 15 610 23 114 17 458 23 714 inTernaTional Services aux entreprises 3 760 3 399 4 399 3 934 4 740 4 107 4 663 Total 51 980 41 148 53 447 43 035 57 304 46 073 57 404 2006 < 250 salariés 6 559 5 798 4 882 4 309 5 154 4 501 5 077 250-499 salariés 2 563 2 266 51 722 41 296 51 909 ≥ 500 salariés 44 980 35 045 45 573 36 184 Institutions AiF **) 441 304 428 276 428 276 418 Source des données : Stifterverband für die deutsche Wissenschaft, FUE-Datenreport 2010/I. Bourgeois, op. cit. *) Dépenses projetées. **) Instituts et centres de recherche appliquée du réseau de l’Arbeitsgemeinschaft industrieller Forschungsvereinigungen e. V. (AiF). Une nouvelle politique disproportionnée. Leur logique adminis- publique de soutien trative est incompatible avec la gestion à l’innovation, mieux du temps (ressource clé dans une petite adaptée aux pme entité) dans une PME. Les plus actives en la matière sont Ce constat a incité les pouvoirs publics à celles qui bénéficient (plus de la moi- lancer un nouveau programme, rassem- tié des PME industrielles) d’un des blant sous un guichet unique les mesures innombrables programmes d’aide à l’in- du gouvernement fédéral s’adres- novation que proposent la Fédération sant aux PME innovantes : Zentrales ou les Länder, indépendamment ou Innovationsprogramm Mittelstand (ZIM). non de la politique européenne en Lancé en juillet 2008, il court jusqu’à la la matière. Mais ces programmes fin 2013. Et dans le cadre des politiques semblent eux aussi mal adaptés à leurs de soutien à la conjoncture 2009/10, les besoins et modes de fonctionnement, moyens alloués ont été augmentés, de surtout à ceux des entreprises de moins sorte que le montant des aides s’élève de 250 salariés ; c’est ce qui explique à 2,2 Md€ sur cette période. L’objectif que les trois quarts des aides publiques de ZIM, qui conjugue politique générale vont aux grandes entreprises. Outre de soutien au Mittelstand et politique un problème de visibilité, ces pro- de soutien à l’innovation technologique, grammes ont un handicap majeur aux est de développer la proximité de la yeux des PME : leur mise en œuvre est R & D avec le marché en promouvant la d’une extrême complexité et s’accom- constitution de réseaux de partenariats, pagne d’une charge bureaucratique y compris transnationaux.
  • 12. 192 Les trois modules du programme ZIm (1) ZIM-KOOP : projets de coopération entre plusieurs PME, entre des PME et des centres de recherche appliquée. Dans la limite d’un plafond de 350 000 € par projet, le soutien public s’échelonne entre 35 % et 50 % du coût prévisionnel du projet, le taux maximal étant réservé aux PME de moins de 50 salariés. Les centres de recherche OSEO impliqués se voient, eux, verser jusqu’à 100 % du coût. Gestionnaire : Arbeitsgemeins- chaft industrieller Forschungsvereinigungen ‘Otto von Guericke’ e. V. AiF ; pme 2010 (2) ZIM-NEMO : projets de constitution de réseaux de six PME au moins. Le soutien est alors destiné aux prestations liées au management et à l’organisation du réseau. Actualité Dans la limite d’un plafond de 350 000 €, les charges salariales du manager de réseau sont subventionnées à hauteur de 70 % la première année, de 50 % la deuxième et de inTernaTional 30 % la troisième. Gestionnaire : VDI/VDE Innovation und Technik GmbH ; (3) ZIM-SOLO : projet isolé présenté par une PME et visant le développement de produits, process et prestations techniques innovants. La contribution ZIM couvre dans ce cas entre 25 % et 45 % du coût total (maximum : 350 000 €), les PME est- allemandes continuant de percevoir les subventions les plus élevées. Gestionnaire : EuroNorm GmbH. S’y ajoute, pour les modules (1) et (3), un soutien aux activités de conseil et pres- tations liées au développement du projet (études de marché, veille en matière de brevets, etc.) à proportion de 50 % au maximum des frais engagés (plafond : 50 000 € par projet). Les projets sont sélectionnés par un jury composé de 15 experts issus des milieux scientifiques et économiques. L’ensemble des mesures existant à l’échelon fédéral est consultable sur le portail www. foerderinfo.bund.de Le programme ZIM mise sur la culture de 9 500 projets ont été retenus, les de la coopération et du partenariat en trois quarts des aides allant à des PME réseaux qui est un des facteurs struc- de moins de 50 salariés. 10 turels du schéma d’innovation allemand et qui explique la forte implication Une approche de des entreprises. Cette approche se l’innovation qui ne se conjugue avec celle de la politique des résume pas à la R & D clusters que mènent la Fédération et Indépendamment de tous les pro- les Länder dans le cadre de la politique grammes existants, même au d’innovation européenne 9. Enfin, ce paroxysme de la crise, les PME n’ont programme révèle l’approche du bottom pas réduit leurs efforts en matière d’in- up qui caractérise toutes les politiques novation. La première des raisons est allemandes de soutien à l’innovation et qu’elles disposaient de suffisamment qui s’exprime dans une logique d’offre : de réserves pour les poursuivre ; elles les pouvoirs publics se contentent de financent en effet 71 % de leurs dépenses mettre à disposition des acteurs pri- sur fonds propres (voir page 201 l’ana- vés des moyens pour leur permettre de lyse de la KfW). réaliser plus facilement les projets que La deuxième est révélatrice de la straté- ces derniers ont eux-mêmes définis. Ce gie poursuivie par les PME allemandes : programme semble bien répondre à la elles considèrent qu’une adaptation demande des PME : actuellement, plus permanente à l’évolution du contexte de 9. I. Bourgeois (dir.), Allemagne : compétitivité et dynamiques territoriales, CIRAC, 2007. 10. Ministère fédéral de l’Économie (www.bmwi.de).
  • 13. 193 leurs activités est la condition sine qua des PME allemandes, puisque « la non de leur compétitivité. Or l’activité de R & D n’est qu’une composante parmi veille permanente qu’implique cette atti- d’autres des processus d’innovation », tude est particulièrement développée en résume l’EFI, ce dernier incluant « les Allemagne. Structurellement, du fait du nouveautés techniques, organisation- polycentrisme des pouvoirs et institu- nelles, sociales ou autres dont la mise tions (la RFA fédère 16 états largement en œuvre est tentée ou couronnée de OSEO souverains, notamment en matière bud- succès ». Cette approche large, holis- gétaire), la cohésion des décisions est tique, qui place le facteur humain au pme 2010 assurée par un flux permanent et omni- centre du processus, est celle qui pré- directionnel d’information dans lequel Actualité vaut officiellement en Allemagne depuis les médias d’information générale et le début du millénaire, et qui a fait éga- spécialisée jouent un rôle fondamen- inTernaTional lement son entrée voici peu dans le tal. Institutionnellement, les PME sont tableau de bord de l’innovation de l’UE 2006 informées également par les chambres consulaires qui sont leur émanation et (EIS 2008). assurent la diffusion du savoir, y com- L’innovation est dès lors la résultante pris sous la forme de transfert avec les des efforts de tous les acteurs : les centres de recherche appliquée. Enfin, chercheurs, les patrons, mais aussi les les savoirs circulent « humainement » syndicats. Elle repose donc sur une puisque les salons professionnels et culture collective du changement. Parmi foire-exposition qui sont profusion sur les nombreuses institutions impliquées l’ensemble du territoire allemand offrent dans ce processus soit en tant qu’ac- en permanence des plateformes d’infor- teurs soit en tant qu’observateurs (dont mation et d’échanges et permettent de les instituts Fraunhofer, spécialisés nouer ces relations de confiance sur dans la recherche appliquée en lien avec lesquelles reposent les partenariats en les PME ; www.fhg.de), il en est une qui affaires. incarne cette approche dans sa version Outre-Rhin, ce sont les PME indus- la plus immédiate : le centre RKW (voir trielles qui tirent l’innovation. Dans supra). Ce qui en fait la singularité et l’industrie en effet, le taux moyen traduit le caractère partenarial de l’inno- d’entreprises innovantes est de 58 % vation dans les entreprises allemandes, selon l’EFI, une commission d’experts c’est que les syndicats en sont cofon- indépendants qui évalue le potentiel dateurs. Or les syndicats sont aussi allemand et conseille le gouvernement institutionnellement impliqués dans la fédéral. Celle-ci souligne que les PME marche des affaires comme dans la « sont déterminantes pour la diffusion qualification des salariés. Ils forment large et en profondeur de l’innova- tion… dans l’économie » (rapport 2008 ; les représentants des élus des salariés www.e-fi.de), dans la mesure où elles élus au Conseil d’établissement présent sont intégrées dans des réseaux de par- dans toute entreprise occupant plus de tenariats et que les plus en pointe tirent 5 salariés ; ces conseils ont un large ainsi les autres – clients, fournisseurs pouvoir consultatif dans les décisions ou partenaires - vers le haut. C’est donc relatives à l’organisation de la produc- principalement par les liens commer- tion, et donc de l’innovation produit ou ciaux et les échanges entre personnes process. Autrement dit, directement et que s’effectue cette diffusion. indirectement, les syndicats allemands Le seul critère des dépenses de R & D accompagnent le changement et, loin n’est toutefois pas suffisant pour éva- de le freiner, y participent activement luer l’ampleur de l’effort d’innovation dans la plupart des cas.
  • 14. 194 Forces et faiblesses Cologne) crée un terreau favorable à la créativité comme à la productivité, des pme allemandes puisqu’elle s’accompagne d’une forte En Allemagne, l’environnement réservé concentration de main-d’œuvre haute- aux activités est favorable à l’activité ment qualifiée. des PME et de l’entreprenariat en géné- L’environnement est d’autant plus OSEO ral. Néanmoins, si les PME jouissent favorable à la créativité, terreau de l’in- d’une haute considération, les poli- novation, que les Länder se livrent une tiques, fiscales notamment, restent concurrence acharnée en matière de pme 2010 encore trop centrées sur les besoins politique structurelle régionale. Ils sont Actualité des sociétés à capitaux que sont la plu- en effet largement autonomes pour la part des grands groupes. De même, un mise en œuvre sur leur territoire des inTernaTional certain nombre de forces propres aux politiques qu’ils contribuent à définir sociétés de personnes que sont la plu- à l’échelon fédéral (via leur représen- part des PME risquent aujourd’hui de tation qu’est le Bundesrat). Cette se transformer en handicaps, ainsi la concurrence ou confrontation des best délicate question des successions ou le practices dans les états membres de manque croissant de main-d’œuvre. la RFA que sont les Länder tire la com- pétitivité de l’ensemble de l’Allemagne, polycentrisme des puisqu’elle permet de tester sur le activités et diversité des terrain des politiques économiques spé- politiques économiques cifiques. Parfois, un modèle s’impose à L’Allemagne est une économie indus- l’ensemble du pays, comme ce fut le trielle ; cela signifie que l’industrie est cas de la politique de soutien aux PME omniprésente, réunie par grappes d’ac- lancée par la Bavière dans les années tivité sur l’ensemble du territoire. Ces 1960 et qui a largement inspiré l’actuelle grappes (ou clusters) se sont dévelop- politique du gouvernement fédéral en pés au fil du temps, trouvant souvent la matière et incité d’autres Länder à leur origine dans l’histoire de l’industria- développer la leur. Or la diversité de lisation de l’Allemagne à la fin du XIXe, ces politiques, qui relèvent toutes d’une une époque où s’étoffait également un logique d’offre, permet de tenir compte réseau d’infrastructures très denses. des spécificités locales ou régionales, Le premier facteur structurel de com- et de limiter ainsi les asymétries dans pétitivité des entreprises allemandes l’information qui sont le principal handi- est en effet leur concentration sur les cap des politiques uniformes définies à points nodaux des réseaux de trans- l’échelon central. ports au maillage étroit. La politique des Or si on excepte quelques aides spé- clusters, de facture très récente en com- cifiques, ces politiques officiellement paraison, se contente généralement de dédiées aux PME se résument en réalité communiquer sur ces partenariats éta- à un ensemble de politiques cherchant à blis de longue date entre universités, améliorer le cadre réservé aux activités : centres de recherche appliquée (dont elles incluent par exemple la politique les innombrables Instituts Fraunhofer) d’éducation/formation (chaque Land est et entreprises, et de mettre à leur dis- souverain en la matière), la politique uni- position des moyens dans une logique versitaire, de recherche et d’innovation, d’offre ; les pouvoirs publics en restent ou encore la politique structurelle (en absents en tant qu’acteurs. Or cette matière d’énergie ou de transports par concentration sectorielle (par exemple exemple). Le gouvernement fédéral pour la construction mécanique dans le sa part est compétent dans les domaines Bade-Wurtemberg ou les médias à de l’impôt sur le revenu (auquel sont
  • 15. 195 soumises les sociétés de personnes) ou disposent de multiples représentations de l’impôt sur les sociétés (qui frappe et circuits pour faire entendre leurs voix les sociétés de capitaux). Quant aux – et ce, avec une grande continuité. salaires, ce sont les partenaires sociaux qui les déterminent en toute autonomie, Une culture au niveau de chaque branche, région entrepreneuriale inscrite par région. Leur politique salariale diffé- dans la durée… OSEO renciée sur le sol allemand est dès lors En Allemagne, la culture de l’entre- lui aussi un facteur structurel favorable à preneuriat repose sur un système de pme 2010 la compétitivité des PME. valeurs qui fonde les normes du droit. La première est la liberté, ici sous la Actualité Organisation des forme de la libre propriété et de la entreprises au sein de liberté d’entreprendre. Or le « modèle » inTernaTional fédérations puissantes allemand étant construit sur la quête 2006 Une autre donne structurelle favorise permanente de l’équilibre entre inté- la puissance des PME allemandes : rêts collectifs et particuliers, la liberté l’auto-organisation de la société. a pour corollaire des devoirs, en l’oc- Comme le modèle économique alle- currence la responsabilité sociale de mand repose sur l’autonomie ou la l’entrepreneur. Cet équilibre est inscrit responsabilité des acteurs, les pou- dans la Constitution, sous la forme du voirs publics se contentent de fixer un principe « propriété oblige » (art. 14, 2 cadre général pour l’activité (et l’intérêt de la Loi fondamentale). Dès lors qu’un général). Pour faire valoir leurs intérêts citoyen use de son bien à des fins particuliers légitimes, les acteurs éco- industrielles et commerciales en créant nomiques s’auto-organisent au sein de son entreprise, il engage sa responsa- fédérations. Certaines sont les parte- bilité vis-à-vis de la société. En tant que naires établis des gouvernements avec patron, il donne du travail à ses sala- lesquels ils définissent conjointement riés ; employeur et employés forment les politiques économiques et sociales : dès lors une communauté ouvrant droit c’est la « triade décisionnelle » qui asso- au partage des richesses : sans capi- cie exécutif, mouvement syndical (DGB) tal pas de travail (responsabilité du et patronal (BDA, BDI). Les autres sont patron) – sans travail pas de capital des fédérations professionnelles pour (celle des salariés). Le même principe la plupart, auxquelles les entreprises par exemple est au fondement de l’éga- s’affilient volontiers car elles y trouvent lité des droits entre travail et capital conseil, expertise et défense de leurs telle qu’elle se manifeste aussi au quo- intérêts. Ces fédérations jouent un rôle tidien dans la codécision (ou, pour les primordial dans la définition des poli- entreprises de plus de 500 salariés, par tiques étant donné que ce sont elles la représentation des ces derniers au qui sont et font la mémoire collective conseil de surveillance). des branches ou secteurs comme des Cette norme et les valeurs qui la sous- dossiers afférents. Faisant valoir leurs tendent sont par nature particulièrement points de vue dans les débats précé- vivaces dans les entreprises familiales. dant les prises de décision politiques, Or 95 % des entreprises allemandes elles constituent donc un puissant appui entrent dans cette catégorie 11. Toutes ne pour les entreprises. Enfin, en tant que sont pas des PME, comme en attestent tel, le Mittelstand a lui aussi ses fédéra- les noms de Bosch, BMW, Metro ou tions, dont le BVMW qui a récemment ouvert un bureau à Paris (www.bvmw. de). Autrement dit : les PME allemandes 11. Institut für Mittelstandsforschung, op. cit.
  • 16. 196 Oetker. Mais dans leur écrasante majo- personne dont la compétence repose rité, les PME sont des familiales, que la aussi sur le respect de la parole don- famille fondatrice en contrôle le capital née. Car ne pas la respecter équivaut ou qu’elle dirige la société. à violer le « devoir de probité » qui est Le mode de gouvernance que cela le principe fondateur du droit de la implique est particulièrement struc- concurrence. Les qualités profession- OSEO turant pour l’activité (et les relations nelles du collaborateur sont donc aussi sociales), puisqu’il s’inscrit dans la des qualités citoyennes. Cette norme durée. La priorité du patron-propriétaire éthique (et les normes de droit qui en pme 2010 est en effet non seulement de dévelop- découlent) sur laquelle repose la culture Actualité per durablement l’activité pour assurer des affaires en Allemagne est rarement la transmission du patrimoine, mais évoquée lorsqu’on analyse les facteurs inTernaTional aussi de pérenniser la culture de l’en- de compétitivité des PME allemandes treprise dans l’intérêt de ses salariés, et leur surprenante capacité à innover. clé de sa/leur compétitivité présente Pourtant, c’est ce facteur humain qui et future. Cette culture établie sur la explique la proactivité d’entreprises qui logique de l’effort collectif s’accom- sont foncièrement des organisations pagne d’une structure hiérarchique apprenantes. plate où chaque collaborateur exerce On comprend mieux, dès lors, ce qui des responsabilités autonomes, et pousse les PME à s’engager massive- place sa responsabilité individuelle au ment dans la formation professionnelle, service du collectif. De ce seul fait, les voie royale de l’insertion profession- informations circulent plus facilement nelle, même aujourd’hui ; elles forment au sein de l’entreprise, ce qui facilite la plus des trois quarts des apprentis et réactivité lors des prises de décision et les socialisent dans l’entreprise. Et entretient une culture d’innovation ou elles investissent tout aussi massive- d’adaptabilité au changement. ment dans la formation continue, quoi qu’en dise l’OCDE ; simplement, elles ...et fondée sur le respect recourent essentiellement aux modes des collaborateurs, informels d’acquisition des savoirs (non personnes ressources pris en compte par l’OCDE), c’est-à-dire Cette approche de l’entrepreneu- insérés dans les process de production, riat repose sur le respect du salarié, ce qui permet justement d’adapter en considéré comme un « collaborateur » permanence produits et prestations (Mitarbeiter), seul terme qu’utilisent les à une demande par nature évolutive. entreprises allemandes pour désigner Enfin, c’est la même priorité accordée leurs salariés. C’est là la véritable clé de aux qualifications qui explique que, la compétitivité des PME allemandes. même au paroxysme de la récession, Ce collaborateur est considéré comme elles ont tout entrepris pour conser- une personne, porteuse de qualités pro- ver leurs potentiels de compétences, fessionnelles. Celles-ci ne se résument notamment en recourant au chômage pas à une qualification sanctionnée par partiel. un diplôme (qu’il ait été acquis, comme c’est généralement le cas, par l’appren- Ces mêmes atouts tissage dans le système dual, ou dans comportent en germe un risque de fragilisation un établissement d’enseignement supé- rieur). Il s’agit plutôt d’un ensemble de Entreprises familiales pour la plupart, savoirs et savoir-faire – le « métier », les PME allemandes sont exposées à dans tous les sens du terme - sur lequel la délicate question des successions ; s’établit la réputation individuelle d’une sur la période 2010-2014, elle concerne
  • 17. 197 22 000 entreprises par an. À la difficulté entreprises ne parviennent pas à pour- que pose le manque d’intérêt à une voir quelque 400 000 emplois vacants, reprise de la part des enfants s’ajoute faute d’ingénieurs et techniciens notam- un régime fiscal contraignant : la dis- ment. Or la solution de ce problème ne position la plus critiquée de la Loi de réside pas dans une politique spéci- réforme de l’impôt sur les successions fique aux PME ; elle relève plutôt de la entrée en vigueur en 2009 privilégie politique générale des gouvernements OSEO les descendants directs, et leur fait (Bund et Länder), notamment en ce obligation de conserver le patrimoine qui concerne les politiques scolaires et pme 2010 de l’entreprise pendant plus de 7 ans universitaires, et aussi la politique fami- sans procéder à des licenciements liale afin de permettre aux femmes de Actualité importants. Or si cette disposition part mieux concilier vies familiales et pro- d’une bonne intention (préservation fessionnelles, ou encore la politique inTernaTional des structures et de l’emploi), elle bride d’immigration visant une meilleure l’adaptabilité des PME et donc leur com- intégration des nouvelles générations 2006 pétitivité. De même, la Loi de réforme d’origine étrangère. C’est là l’enjeu prin- de la fiscalité des entreprises entrée en cipal des débats actuels sur l’adoption vigueur en 2008, qui visait à réduire la d’une politique d’immigration choisie charge fiscale pesant sur les sociétés par l’Allemagne. de capitaux, a pour effet indirect d’ac- croître celle pesant sur les sociétés de personnes (la majorité des PME). Mais Conclusion les fédérations professionnelles se Ces trois derniers aspects révèlent sont emparées de ces questions, et les clairement en quoi consiste, au fond, débats finiront par déboucher sur une la politique allemande en faveur des modification des dispositions litigieuses. PME : malgré quelques contradictions, Plus important est le handicap que elle vise à améliorer le cadre des acti- représentent les charges administra- vités pour que puisse s’épanouir le tives, dont les PME supportent 80 % du potentiel des entreprises, c’est-à-dire poids total, estimé par le gouvernement avant tout des PME. Il en va de la com- à 30 Md€. Or si le gouvernement fédé- pétitivité globale de l’Allemagne, étant ral a récemment adopté trois lois visant donné le rôle primordial que jouent les à réduire la paperasse, elles se soldent PME dans la culture industrielle et la en réalité par une hausse notable des cohésion sociale allemandes en tant charges bureaucratiques. Certes, les qu’organisations apprenantes insérées fédérations et les experts portent ces à la fois dans le « terroir » et dans le questions dans l’espace public, ce qui partage mondial du travail. La clé de amènera les pouvoirs publics à simplifier leur compétitivité, notamment dans leur législation, mais d’ici là, le manque l’industrie, repose sur un système de à gagner induit par le renseignement de valeurs et sur la continuité d’une culture formulaires tasse le potentiel de com- innovante dont le principal ressort est pétitivité des PME, organisations où le la valeur accordée au facteur humain. facteur temps n’a pas la même valeur C’est là aussi qu’il faut voir la principale que dans l’administration publique. raison pour laquelle les entreprises Enfin, le handicap majeur que ren- allemandes se sont montrées jusqu’ici contrent depuis quelques années les réfractaires à la mode anglo-saxonne PME allemandes, et qui gagne actuel- de la shareholder value et de son orien- lement en ampleur, c’est le manque tation court-termiste, peu propice au cruel de main-d’œuvre qualifiée. Les développement durable de l’activité.
  • 18. 199 LE S PmE aLLEmanDES cOmmEnt FinancEnt-ELLES LEurS innOvatiOnS ? OSEO Dr Volker Zimmermann pme 2010 vol ks w i rts c ha f tl i ch e a b t e il u n g, K fW b a n k e n g r u p p e Dépa rtem en t é co no mi q u e, g r o u p e b a n c a ir e K fW Actualité inTernaTional Introduction ce faire, l’Allemagne est en principe bien préparée. Comme le montre un 2006 L’Allemagne est un pays qui dispose grand nombre d’indicateurs, le système de très peu de matières premières et d’innovation allemand compte encore affiche un niveau de vie élevé. En tant actuellement parmi les plus efficaces que tel, ce pays ne peut maintenir dura- au monde (tableau 1). Par le passé, blement sa richesse et sa prospérité l’Allemagne avait assuré sa réussite dans un contexte de concurrence inter- en se concentrant sur le perfectionne- nationale, que s’il se différencie de ses ment de technologies établies et haut concurrents avec des marchandises de gamme. Avec cette stratégie, l’Alle- et des services de qualité supérieure magne doit cependant faire face à une apportant aux clients des solutions nou- concurrence croissante sur les marchés velles ou meilleures. Pour relever ce mondiaux. De ce fait, il est nécessaire défi, il est essentiel de disposer d’un de redoubler les efforts au niveau de système d’innovation performant. Pour l’innovation. TablEau 1 inDicES cOncErnant LE SyStèmE D’innOvatiOn DanS un grOuPE DE PayS DE L’OcDE Dépenses R & D en % Dépôts de brevets Emploi dans le du PIB 2008 auprès de l’Office domaine des hautes (%) européen des technologies brevets 2007 comparé à l’emploi par million total 2008 d’habitants en % Allemagne 2,63 290,70 46,2 Finlande 3,73 250,76 48,0 France 2,02 132,37 43,1 Italie 1,18 86,37 38,3 Suède 3,75 298,36 54,0 a) Espagne 1,35 32,62 33,67 Royaume-Uni 1,88 89,16 47,6 USA 2,76 105,75 non indiqué Japon 3,44 a) 161,67 non indiqué Remarque : a) 2007. Source : EUROSTAT.
  • 19. 200 Le dynamisme des entreprises alle- de créer des innovations : étant donné mandes en matière d’innovation, leur chiffre d’affaires comparativement inégalé en Europe, est surtout imputable bas, les coûts fixes liés aux innovations aux activités d’innovation déployées représentent pour elles un handicap par les petites et moyennes entreprises particulièrement lourd. De plus, les inno- (tableau 2). Cependant, cette même vations engendrent des effets externes force d’innovation des PME est freinée positifs (« spill overs ») qui entraînent un OSEO par différents obstacles. Les principaux rendement pour l’entreprise, inférieur freins à l’innovation, énumérés par les au rendement macroéconomique. pme 2010 entreprises interrogées, sont les coûts TablEau 2 Actualité élevés des innovations et les difficul- POurcEntagE D’innOvatEurS tés de financement. D’une part, ceci Parmi tOutES LES PmE a) DanS cErtainS PayS EurOPéEnS (2006) inTernaTional s’explique par le fait que les entre- prises disposent souvent de diverses idées innovantes mais sont obligées Pourcentage Allemagne 46,3 d’investir leurs ressources limitées Finlande 40,9 dans ceux des projets qui promettent France 28,3 b) les bénéfices les plus élevés. D’autre Italie 28,1 part, les études économiques indiquent Suède 41,8 également que les problèmes de finan- Espagne 24,6 cement évoqués traduisent un échec Royaume-Uni non indiqué du marché à financer les innovations. Note : a) selon la définition proposée dans le Ainsi, il est rarement possible pour des Community Innovation Survey : entreprises de 10 à 249 salariés b) 2004 bailleurs de fonds extérieurs à l’entre- prise d’évaluer le succès potentiel des Source : European Innovation Scoreboard 2009. projets innovants (« information asy- Pour analyser la façon dont les petites métrique »), ce qui explique qu’ils sont et moyennes entreprises allemandes peu disposés à financer de tels projets. financent leurs projets d’innovation et Ceci vaut particulièrement pour les pour rechercher des preuves de l’exis- financements de crédits – étant donné tence d’une défaillance de marché, que le bailleur de fonds, malgré le fait évoquée auparavant, il fut demandé pour qu’il partage la haute incertitude pesant la première fois à quelles sources de sur la réussite du projet d’innovation, financement les PME ont-elles recours ne pourra cependant pas participer pour leurs projets d’innovations. Cette aux importants bénéfices en cas de question fut posée dans le cadre de l’en- succès, car il a convenu d’un taux d’in- quête effectuée en 2009 dans le panel térêt fixe. Par ailleurs, les petites et des PME de la KfW (cf. encadré). Vous moyennes entreprises, du fait de leur trouverez ci-dessous une présentation taille, sont défavorisées lorsqu’il s’agit des principaux résultats de ces analyses. 1 1. Les réponses des entreprises concernent l’année 2008. Consulter à ce sujet les informations détaillées fournies dans l’ouvrage de Zimmermann, V. (2010), Die Finanzierung von Innovationen in kleinen und mittleren Unternehmen (Le financement des inno- vations des petites et moyennes entreprises). Dans : KfW, Creditreform, IfM, RWI, ZEW (éditeur), Konjunkturelle Stabilisierung im Mittelstand – aber viele Belastungsfaktoren bleiben (Stabilisation de la conjoncture pour les PME – cependant de nombreux facteurs de contrainte demeurent). MittelstandsMo- nitor 2010 – Jährlicher Bericht zu Konjunktur – und Strukturfragen kleiner und mittlerer Unternehmen (Rapport annuel sur les questions conjoncturelles et structurelles concernant les PME) Francfort-sur-le- Main, pages 145-171.
  • 20. 201 Résultats empiriques d’innovations sont financés au moyen de crédits bancaires. Les primes et de l’enquête sur compléments c’est-à-dire des aides le financement financières non remboursables repré- des innovations sentent 7 % du financement et les 10 % restant se répartissent sur d’autres Comme on peut le constater dans le sources de financement. Ainsi, le finan- OSEO graphique 1, le financement des inno- cement des innovations se différencie vations est en grande partie réalisé par nettement du financement des inves- pme 2010 l’autofinancement (71 % du volume de tissements dans lequel la proportion de financement). Seuls 12 % des dépenses l’autofinancement n’atteint que 48 %. Actualité inTernaTional KfW-mittelstandspanel 2006 Le panel des PME de la KfW (KfW-Mittelstandspanel) est jusqu’à aujourd’hui le seul jeu de données longitudinales représentatif pour les petites et moyennes entreprises en Allemagne. Celles-ci sont définies comme l’ensemble des entreprises privées ayant un chiffre d’affaires annuel inférieur à 500 M€. En sont exclus : le secteur public, les banques et associations ne réalisant pas de profits. L’enquête inclut également des entreprises de moins de cinq salariés qui représentent environ 82 % des petites et moyennes entreprises allemandes. Selon cette définition, on compte 3,66 millions de PME en Allemagne. Les données sont récoltées dans une enquête réalisée régulièrement par écrit. Cette enquête réalisée avec le panel des PME de la KfW récolte chaque année des infor- mations concernant principalement les thèmes suivants : « structure de l’entreprise », « emploi et évolution de l’emploi », « développement de l’entreprise », « concurrence, ventes et internationalisation », « investissements et leur financement », « nouveaux produits et prestations, innovations », « financement global de l’entreprise », « réussite de l’entreprise, charges et produits » ainsi que « propriétaire gérant ou associé gé- rant ». Par ailleurs, les enquêtes individuelles recueillent également des informations au sujet d’un ensemble de thèmes spécifiques. L’enquête est réalisée par sondage aléatoire stratifié, dans lequel la répartition par groupe a lieu par branche, taille des effectifs, région et éligibilité à la promotion. L’utili- sation de facteurs d’extension permet d’établir des déclarations représentatives, com- munes à l’ensemble des PME. L’enquête dans sa 7e version s’est déroulée de mars à juillet 2009. Dans ce cadre, 57 168 entreprises ont reçu un questionnaire et 13 975 parmi elles y ont répondu.
  • 21. 202 Avec un pourcentage de 75 %, ce sont souvent pas lieu à cause des coûts surtout les très petites et les moyennes fixes liés à une telle demande. Il faut entreprises (les plus grandes parmi les également prendre en compte le fait PME) qui financent leurs dépenses que l’accès aux crédits bancaires, aux d’innovations au moyen d’autofinan- primes et aux compléments est plus cement. Au vu d’autres études qui ont difficile pour les petites entreprises. OSEO été menées à ce sujet, dans le cas Le pourcentage croissant de finance- des entreprises de moins de cinq sala- ment des dépenses d’innovations par pme 2010 riés, ceci peut s’expliquer par le fait que les projets d’innovation ne sont le biais de crédits bancaires – dans Actualité souvent que de petite envergure ; en le groupe des entreprises comptant conséquence, la demande de finance- jusqu’à 49 salariés – devrait refléter inTernaTional le fait que plus l’entreprise est grande, ment externe (tels que des crédits ou des fonds d’encouragement) n’a ainsi plus l’accès aux crédits est facile. G raPhiquE 1 Graphique 1 SOurcES DE FinancEmEnt,rapport au nombre d'effectifs Sources de financement, par Par raPPOrt à La taiLLE En EFFEctiFS (En POurcEntagE du total desDES DéPEnSES D’innOvatiOn FinancéES) (en pourcentage Du tOtaL dépenses d’innovation financées) Moins de 5 75 12 2 11 5à9 60 13 11 15 10 à 49 65 16 8 11 50 et plus 75 10 8 7 Total 71 12 7 10 0 20 40 60 80 100 Autofinancement Crédits bancaires Primes / Compléments Autres Source : KfW-Mittelstandspanel 2009. La proportion croissante des dépenses l’entreprise est grande, plus elle semble d’innovation que les entreprises (à capable de mettre à disposition suffi- partir de 5 salariés) financent à l’aide samment de ressources propres pour d’autofinancement, indique que plus réaliser des projets innovateurs.
  • 22. 203 Intensité et dépenses d’innovation financées par des ressources internes à l’entreprise caractère des diminue. À l’opposé, plus les dépenses efforts d’innovation d’innovation augmentent, plus la part financée par des crédits bancaires, les Le graphique 2 illustre l’utilisation des primes et les compléments augmente. sources de financement en fonction de l’intensité de l’innovation, i. e. la part Ainsi, la part des crédits bancaires du OSEO groupe ayant la plus forte intensité d’in- des dépenses d’innovation annuelles novation est plus de six fois supérieure à pme 2010 par rapport au chiffre d’affaires. Étant celle du groupe ayant l’intensité d’innova- donné que la quantité de moyens de tion la plus faible. La part constituée par Actualité financement internes disponibles est les primes et compléments passe de 1 % habituellement limitée, plus la charge jusqu’à 11 % dans le groupe qui indique inTernaTional financière augmente, plus la part des la plus forte intensité d’innovation. 2006 GraPhiquE 2 SOurcES DE FinancEmEnt En FOnctiOn DE L’intEnSité DES DéPEnSES D’innOvatiOn (En POurcEntagE Du tOtaL DES DéPEnSES D’innOvatiOn FinancéES) Jusqu'à moins de 1 % 89 3 1 7 De 1 à moins de 3 % 80 7 3 10 De 3 à moins de 9 % 79 8 5 8 9 % et plus 58 19 10 13 0 20 40 60 80 100 Fonds propres Crédits bancaires Primes / Compléments Autres Source : KfW-Mittelstandspanel (2009). Cependant, l’utilisation des crédits ban- au chiffre d’affaires annuel. L’intensité caires et des primes et compléments en R & D d’une entreprise peut servir montre des différences très nettes au d’indicateur du contenu technologique niveau du caractère de l’action d’inno- et ainsi d’indicateur de l’insécurité qu’un vation. Ainsi, le graphique 3 illustre le financement des dépenses d’innovation financier externe ressent vis-à-vis du en fonction de l’intensité en R & D – i. succès des innovations que l’entreprise e. des dépenses en R & D par rapport concernée réalise.