1. Résultats d’une Etude Pluricentrique associant les Sociétés Françaises d’
Angéiologie et de Phlébologie et les Médecins du Travail sur les maladies veineuses
chroniques dans le monde du travail.
Introduction.
Les maladies veineuses chroniques sont fréquentes dans nos pays, avec pratiquement une
femme sur deux et un homme sur trois atteints à des stades plus ou moins graves.
Les formes les plus sévères de cette maladie (les ulcères, les troubles trophiques, les
phlébites ..) peuvent être sinon évitées du moins retardées dans leur apparition par des
méthodes simples associant règles hygiéno-diététiques, dépistage de l’insuffisance du retour
veineux à un stade précoce et traitements adaptés , parmi lesquels la compression médicale
( bas, chaussettes ) a démontré son rôle.
Plus de 5 millions de personnes se plaignent de jambes lourdes. Près de 4,4 autres millions
de personnes par an font partis de la population cible globale concernée par le port d’une
compression médicale à type de bas conventionnels (Rapport Haute Autorité de Santé ou
HAS, 2010). Cependant et d’après l’HAS, une analyse complémentaire de certaines données
a mis en évidence que moins de 3 % des patients ayant une affection veineuse chronique,
une thrombose veineuse ou lymphoedème ont un traitement compressif en médecine de
ville.
Ces données bien connues ont incité les Sociétés Françaises d’ Angéiologie et de Phlébologie
à réaliser un travail en collaboration avec plusieurs médecins du travail, sous la houlette d’E.
PHAN CHAN THE (1).
Méthodologie.
Un questionnaire a été établi avec des adaptations en fonction du milieu professionnel
concerné et du sexe, mais avec des questions identiques en ce qui concerne la maladie
veineuse et la connaissance de mesures simples pour tous (questionnaire disponible sur le
site www.angeiologie.fr rubrique groupe de travail/ maladies veineuses chroniques/ veines
au travail).Il a été réalisé par les Dr. A.AFFRE, M.CAZAUBON, JL CHARDONNEAU, JJ.GUEX,
E.PHAN CHAN THE, C.PINARD avec la participation des Dr S.BONCOURT et A.STOLTZ . Les
résultats statistiques ont été analysés par le Pr FA ALLAERT ( Cenbiotech. Dijon).
Les objectifs principaux étaient (i) de décrire en médecine du travail l’exposition aux facteurs
de risque de la maladie veineuse chronique (MVC),(ii) de connaître l’opinion des travailleurs
sur le port de la compression médicale et (iii) d’apprécier leur connaissance sur les mesures
de prévention de la MVC.
Résultats : 476 documents ont été reçus à la date du 15 décembre 2012 provenant de 4
centres de médecine du travail (E.P.C.T,A.A, A.S,S.B) .
2. 55,8% des travailleurs de cette enquête avaient moins de 40 ans et seulement 1,5% plus de
60 ans. 62,5% étaient des femmes. 35,9% étaient en surpoids dont 11,1% d’obèses.75,7%
travaillaient debout (n= 335), avec piétinement pour 30% d’entre eux. 25,7% (n=108)
portaient des charges lourdes plusieurs fois par jour ou tous les jours. 40,0% travaillaient
dans une atmosphère chaude dont 4,2% à plus de 30°.
28,5% d’entre eux reconnaissaient avoir une maladie veineuse chronique (varices ou
varicosités pour 23,6% et formes plus sévères pour 4,9%.
En ce qui concerne leur connaissance et opinions vis-à-vis de la compression élastique,
28,2% - seulement – des travailleurs qui avaient une station debout prolongée, portaient
une compression (n=88).
S’ils savaient quel type de compression ils portaient (bas, chaussette, collants ou mixte),
beaucoup ignoraient la classe de cette compression. Le prescripteur était le plus souvent un
médecin (75,5%), ou un pharmacien (19,1%) et un médecin du travail – seulement- dans
13,2% des cas.
Les porteurs de compression connaissaient bien les objectifs de ce traitement.
Enfin, en ce qui concerne leur connaissance sur les mesures de prévention de la MVC ( son
apparition ou son aggravation) les données diffèrent en fonction du sexe mais aussi de
l’existence ou non d’une maladie veineuse chronique connue.
Tous ces résultats pourront être complétés dans des études ultérieures, éventuellement à
plus grande échelle et permettant une analyse plus fine des résultats en fonction de
l’exposition aux facteurs de risque au travail et d’une meilleure appréciation de la MVC de
chaque travailleur participant à l’étude. Il est à noter que dans le cadre de la réforme sur les
retraites (Loi n° 2010-1330 du 9 novembre 2010 portant réforme des retraites), la station
statique prolongée peut être considérée réglementairement comme un facteur de pénibilité.
Ils montrent cependant, en plus du souhait de coopération pluridisciplinaire entre médecins
du travail, angéiologues, phlébologues , médecins de ville ( et pharmaciens) que la
prévention est encore insuffisamment connue vis-à-vis de la MVC, qu’elle est mieux perçue
par les travailleuses, et aussi qu’il existe des différences entre ceux qui ont déjà une MVC et
les autres.
1. Conditions de travail et espérance de vie sans incapacité. E. Phan Chan The Préventique n°123 juin 2012