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Vendredi 20 juin 2008




Quels sont les enjeux de la vie d'équipe sur le terrain ?



   1) L'association

Si on considère le cas des expatriés dans un contexte étranger d'une mission internationale, le rôle
de ces volontaires, employés ou bénévoles dépasse un simple statut professionnel. Chacun étant
porteur d'une culture, de ses origines et de son propre engagement, les expatriés véhiculent l'image
de leur pays, la culture qui y prévaut ainsi que ses motivations. L'association doit avoir plusieurs
rôle vis-à-vis des expatriés, elle doit répondre au besoin de reconnaissance des volontaires, elle doit
clarifier leur rôle sur le terrain par des définitions de poste et des objectifs communs.

La mise en place d'une organisation par l'assemblage de compétences permet à l'association de
préparer la réussite de la mission et des partenariats qui sont conclus dans un but commun. Les
difficultés rencontrées par les équipes de terrain sont gérées en même temps sur place et par
communication avec le siège social de l'association. Le manque de temps et de personnel permanent
peut avoir des conséquences sur la vie d'équipe des expatriés. Le lien entre les expatriés et leur
responsables compte également dans la stabilité d'une équipe, qui poursuit en même temps les
objectifs de projets et des objectifs personnels.


   2) La mission

Elle est le lieu d'expression des compétences de chacun et la base de réalisation des projets. Bien
qu'étant engagés dans un projet commun, les objectifs et compétences de chacun sont aléatoires. Il
est difficile de croire que l'environnement peut faire varier des compétences professionnelles, mais
l'expérience montre que le stress, les changements de nourriture, de logement et de rythme de vie
ont une influence sur la performance et la qualité du travail. L'exigence associative n'est pas
toujours formulée dans les annonces de missions et la découverte d'une forte activité sur le terrain
peut surprendre les débutants. Il existe également une variation de comportement quand la culture
locale, les habitudes des expatriés déjà présent ouvrent de nouvelles voies dans la vie quotidienne.
Quelques personnes dans l'équipe ont un rôle important dans la gestion des personnes et des risques
induits par la situation hors du pays d'origine. Le chef de mission et l'administration de la mission
sont des points stratégiques de contact et d'évaluation de l'état de stress et des frustrations des
expatriés.


   3) Les personnes

Le recrutement des expatriés pour un terrain donné est une affaire complexe. Si certains diplômes
préparent les personnes à raisonner et travailler, c'est l'expérience en terre étrangère qui révèle les
aptitudes particulières de chacun. Les possibilités d'étendre ses compétences sociales sont décuplées
par le fait que les sociétés dans lesquelles interviennent les ONG sont souvent beaucoup plus axée
sur la communication interpersonnelle et les relations sociales. On apprend par exemple à prendre
plus de temps pour communiquer autour de soi par la parole, a fixer des objectifs par la parole et
être patient dans les déplacements. Un des conseils les plus utile et le moins évident est de porter
plus d'attention aux personnes, même sans objectifs concrets et immédiats. C'est une rareté dans
notre monde occidental qui est perpétuellement en recherche de résultats mesurables et d'efficacité.
L'ouverture et la capacité à observer la société offre des possibilités de comprendre les relations
interpersonnelles, les rythmes et usages locaux. Ce sont de précieuses indications qui se révèlent
importantes dans les relations professionnelles.


    4) La vie d'équipe sur le terrain

Elle est répartie entre les espaces professionnels et la vie communautaire des logements. Dans les
situations les plus paisibles de missions de développement, mes logements sont peu être plus
privatifs du fait des missions longues. Pour les équipes intervenant dans les situations d'urgence et
des pays à haut risques, la vie communautaire est une sécurité. Elle permet à chacun d'être au
contact d'individus rassurants par contraste avec l'anarchie visible d'une période post conflit et des
rencontres agressives de l'extérieur. Les réunions de travail jouent leur rôle fédérateur dans le cadre
de la mission et permet aux membres de l'équipe de se rencontrer. Je pense que ces réunions sont
justifiées par des objectifs de cohésion de l'équipe et de conduite des projets. Un grand nombre de
problèmes peuvent être résolus par des réunions régulières qui permettent d'informer toute l'équipe
de l'avancée des projets.

Chaque groupe se structure selon au moins deux schémas, l'un est hiérarchique et officiel, l'autre est
informel et relationnel. Les plus habiles dans les relations sociales peuvent se placer
avantageusement dans les deux structures. Une structure informelle peut devenir très influente dans
le déroulement de la mission lorsque ses membres décident de poursuivre leur propres buts. Un chef
de mission peut s'appuyer sur cette structure pour diriger l'équipe.

La vie d'équipe est également un aspect important de la sécurité individuelle des personnes, car une
bonne communication entre chacune d'entre elles permet d'entretenir les relations interpersonnelles.
Ces relations interpersonnelles nourrissent l'attachement, ou au minimum la responsabilité des uns
envers les autres. C'est un type de relation difficile à instaurer par des règlement de sécurité ou des
règles de vie des expatriés.



Dominique Deschamps

http://reporter.co.nr
Dimanche 22 juin 2008




Le stress sur le terrain est générateur de dangers et de problèmes de santé.
Pouvez en donner quelques exemples et quelles seraient les bonnes pratiques pour gérer ce stress.




   1) Terrains d'urgence et terrains de développement.

La notion de terrain d'intervention mérite que l'on détermine les critères qui définissent les types de
projets et la notion de dangerosité du contexte. Par urgence on entend une situation de conflit
ouvert, latent, la fin d'un conflit ou des catastrophes naturelles, climatiques et médicales. Il existe
une étrange scission entre deux domaines d'intervention, celui de l'urgence et celui du
développement. Par développement on entend l'action concertée avec une implication forte des
habitants dans le but de favoriser l'échange technique ou intellectuel. Les situations militaires et
politiques sont généralement plus calmes dans un cadre de développement, ce qui favorise le travail
collaboratif au niveau des projets et des équipes. Avec le type d'intervention d'urgence, les individus
et les équipes sont soumis à de plus fortes charges émotionnelles, la culpabilité peut engendrer une
hyperactivité ou un sentiment d'impuissance. Des faits plus graves pendant les missions peuvent
engendrer un stress plus profond dont les effets perdurent plusieurs années. Le stress post-
traumatique peut survenir lors de la vision de centaines de cadavres mutilés à cause d'un génocide,
de situation répétées de peur pendant les déplacements en zone détruite, ou à la suite d'un assassinat
dans une équipe. Chacun est en fait livré à lui-même dans la gestion du stress. L'expérience de
terrain permet d'analyser plus clairement les dangers inérants aux zones de travail, Les informations
de la presse sont parfois utiles dans le cas ou les déplacements sont dangereux, les radios sont des
moyens de communication rassurants.


   2) Dangers et santé en mission.

Les interventions humanitaires et de développement plongent les expatriés dans des situations
d'éloignement de leur culture. Ils peuvent souffrir de différents états selon la résistance de leur
motivation et l'exposition fréquente à des situations stressantes. L'hyperactivité fait parti des
dangers en mission car la personne cherchant à travailler en permanence n'est pas toujours capable
d'évaluer les risques réels de son comportement. Le danger au sens le plus commun dans les
missions à l'étranger se situe dans les déplacements, car la géographie, les plans de villes sont le
domaine de résidents, pas celui des employé expatriés. L'existence des règles de sécurité n'est pas
remise en cause par les faits réels, mais on s'aperçoit que les enlèvements et meurtres peuvent
intervenir à n'importe quel moment de la journée, les règles de sécurité ne sont pas des protections
efficace, seulement un cadre sécurisant pour les responsables. Je travaille d'ailleurs sur un projet
technologique permettant de signaler les incidents, accidents et agressions par des moyens
autonomes.

La santé est un sujet important au niveau individuel car j'ai constaté que certains expatriés
deviennent très négligeant sur ce point. Hommes et femmes ont un minimum physiologique
commun qui impose un entretien régulier, sinon quotidien. J'ai vu au Soudan un expatrié de
Médecins Sans Frontières dans un état physique très dégradé. J'ai compris que l'urgence de la
situation dans le pays et son engagement dans l'action qu'il menait lui avait fait oublier l'importance
de sa propre existence. Il avait été blessé par des travaux de creusement de puits et l'un de ses
genoux était recouvert d'un bandeau imbibé de sang coagulé. L'odeur qu'il dégageait n'était pas
seulement du au manque d'hygiène de base, mais surtout à l'infection de la plaie. Ses arguments
pour ne pas signaler son état de santé furent de m'expliquer l'importance des travaux engagés pour
les populations et la peur qu'il avait de ne pas pouvoir revenir après une évacuation sanitaire. Il
avait en fait très peu de contact avec l'équipe du chef de mission basée au Kenya, a Lokichokio. Ces
contacts radio ne permettaient pas aux autres expatriés d'avoir un regard sur sa situation. C'est avec
mon insistance que j'avais pu le faire venir à moi avec son véhicule MSF et ses deux collègues
soudanais. Malgré que je comprenne l'importance du projet de creusement de puits dans les
villages, il m'est apparu plus important de communiqué la situation réelle de santé de cet expatrié
car il n'était pas raisonnable de le laisser continuer dans cet état. L'infection dont il souffrait au
genoux était du au manque de produits désinfectant et l'absence totale de personnel médical dans la
région de Walgak.


   3) Exemples de situation de stress.

L'exemple le plus tenace de situation de stress en mission est celui que j'ai vécu lors de ma première
mission pour Médecins Sans Frontière en Bosnie en 1997. Mon rôle sur le terrain, à Zenica, était de
gérer l'équipe existante et continuer les projets engagés dans la réhabilitation de petits hôpitaux de
province, des évaluation de systèmes d'adduction d'eau dans les villages et des distributions de
produits alimentaires et d'hygiène dans les centres d'hébergement collectifs de personnes déplacées.
Les évaluations pour la réhabilitation des petits hôpitaux, appelé 'ambulantas' étaient réalisées après
un premier travail d'analyse des retours des réfugiés de leu pays d'accueil d'Europe de l'ouest.
Certains villages de Bosnie centrale voyaient une augmentation des retours en 1997 du fait des
difficultés des yougoslaves à vivre en Europe de l'ouest ou simplement les opérations d'aide au
retour organisées par les gouvernements français et allemands.

Le contexte d'après guerre en Bosnie centrale avait laisser de nombreux village abandonnés
totalement par la population, en particulier toute la ligne de front entre l'armée bosniaque et les
croates ainsi que les affrontements entre serbes et musulmans un peu partout dans la région. Le
problème pour les explorations des puits, des captages de source, des systèmes d'adduction d'eau et
des ambulantas résidait dans le fait que les différents assaillants avaient pollués les puits avec des
cadavres, minés les ambulantas et piégé certains captages de source. Le personnel technique que j'ai
pu rencontré sur les coteaux, et les responsables politiques des communes ont toujours pris au
sérieux mes demandes de prudence lors des déplacements, et ils ont confirmé plusieurs fois le
danger de circuler parmi les herbes ou dans les ambulantas endommagées. La vision d'une mine
antipersonel à moins d'un mètre de mes pieds pendant une visite d'évaluation pour la réhabilitation
d'une batisse sur un plateau bosniaque a été le fait le plus marquant de ce séjour humanitaire entre
1997 et 1998.



   4) Bonnes pratiques et gestion du stress.

Je crois que dans de nombreuses situations périlleuses, des personnes ne peuvent plus raisonner
pour prendre des décisions. Des signes de panique apparaissent rapidement quand il s'agit de
changer un planning prévu de longue date à cause d'une agression ou d'une explosion de mine. La
sécurité relative dans laquelle nous vivons en France ne permet pas de se familiariser avec des
situations de ce type. Lorsque des expatriés arrivent dans leur mission, ils pensent naturellement aux
dangers, mais pas aux réactions que peuvent avoir leurs collègues. Il peut y avoir des
comportements extrêmes, comme une panique et une demande d'abandonner la mission, ou au
contraire une tendance à aller vers le danger. Dans un cas comme dans l'autre, la capacité a
raisonner est corrompue par le stress.

Les bonnes pratiques pour la gestion du stress peuvent faire l'objet de discussion d'équipe afin de
communiquer les émotions relatives aux situations vécues ou envisagées. Pour le stress individuel,
certaines personnes peuvent se gérer elles-même grâce à leur capacité d'analyser les situations. Pour
d'autres, la charge de travail et le contexte difficile peuvent devenir une lourde charge émotionnelle.
Les conseils et retours d'expérience sont des sources intéressantes pour comprendre comment des
situations difficiles ont été dépassées, mais je ne pense pas qu'il existe de recettes applicables à tous
et dans toutes les situations.

La gestion du stress m'apparait être une capacité à analyser les risques, c'est à dire de lier des faits à
un danger. Les peurs émergent lorsque l'on ne contrôle pas l'environnement et que l'on croit que
cette perte de contrôle constitue un danger. Pourtant, le risque n'implique pas le danger. Le fait de
perdre le contrôle d'une situation ne présage pas de l'occurrence d'un fait grave. Le danger et le
risque sont des éléments distincts qui existent l'un sans l'autre, malgré que la relation entre la prise
de risque et l'occurrence d'un danger ne soit pas obligatoire.

J'ai en tête l'exemple d'un expatrié d'ATLAS logistique qui gérait la mission d'assistance technique
pour les véhicules de centaines d'ONG. Il a vécu plusieurs années a Zenica et n'a rencontré aucuns
problèmes de sécurité ni de stress. Lorsqu'il est parti cette mission, il m'a dit lui-même qu'il était
étonné que rien de facheux ne lui soit arrivé durant une si longues période. Le danger existait
puisque d'autres expatriés ont eu des accidents, ont subit des vols de véhicules ou des dommages
corporels. Malgré le risque élevé d'un séjour de longue durée et le danger d'un contexte difficile, cet
expatrié n'a pas connu de difficultés. Ce même expatrié est ensuite allé en Guinée pour entamer une
nouvelle mission, il a été attaqué dans son véhicule, à la sortie d'une banque où il avait effectué un
retrait, le premier jour de son séjour. Dans ce cas, pas de stress qui aurait mené à une mauvaise
décision, pas de fatigue ou de négligence, mais une coexistence du risque et du danger. Le danger
existait car la situation économique du pays et le moment de la sortie de la banque sont des facteurs
de risque. Le risque était dans le choix de sortir de la banque sans accompagnement, mais les
quelques centaines de dollars transporté ne semblaient pas justifier une telle consigne. La
conclusion de cet exemple est que l'on ne peut pas présager des actes et des motifs d'attaque de la
part d'une tierce personne, on peut seulement analyser les dangers et décider d'accepter le risque.



Dominique Deschamps

http://reporteroftheworld.co.nr

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Les Equipes Et Le Stress

  • 1. Vendredi 20 juin 2008 Quels sont les enjeux de la vie d'équipe sur le terrain ? 1) L'association Si on considère le cas des expatriés dans un contexte étranger d'une mission internationale, le rôle de ces volontaires, employés ou bénévoles dépasse un simple statut professionnel. Chacun étant porteur d'une culture, de ses origines et de son propre engagement, les expatriés véhiculent l'image de leur pays, la culture qui y prévaut ainsi que ses motivations. L'association doit avoir plusieurs rôle vis-à-vis des expatriés, elle doit répondre au besoin de reconnaissance des volontaires, elle doit clarifier leur rôle sur le terrain par des définitions de poste et des objectifs communs. La mise en place d'une organisation par l'assemblage de compétences permet à l'association de préparer la réussite de la mission et des partenariats qui sont conclus dans un but commun. Les difficultés rencontrées par les équipes de terrain sont gérées en même temps sur place et par communication avec le siège social de l'association. Le manque de temps et de personnel permanent peut avoir des conséquences sur la vie d'équipe des expatriés. Le lien entre les expatriés et leur responsables compte également dans la stabilité d'une équipe, qui poursuit en même temps les objectifs de projets et des objectifs personnels. 2) La mission Elle est le lieu d'expression des compétences de chacun et la base de réalisation des projets. Bien qu'étant engagés dans un projet commun, les objectifs et compétences de chacun sont aléatoires. Il est difficile de croire que l'environnement peut faire varier des compétences professionnelles, mais l'expérience montre que le stress, les changements de nourriture, de logement et de rythme de vie ont une influence sur la performance et la qualité du travail. L'exigence associative n'est pas toujours formulée dans les annonces de missions et la découverte d'une forte activité sur le terrain peut surprendre les débutants. Il existe également une variation de comportement quand la culture locale, les habitudes des expatriés déjà présent ouvrent de nouvelles voies dans la vie quotidienne. Quelques personnes dans l'équipe ont un rôle important dans la gestion des personnes et des risques induits par la situation hors du pays d'origine. Le chef de mission et l'administration de la mission sont des points stratégiques de contact et d'évaluation de l'état de stress et des frustrations des expatriés. 3) Les personnes Le recrutement des expatriés pour un terrain donné est une affaire complexe. Si certains diplômes préparent les personnes à raisonner et travailler, c'est l'expérience en terre étrangère qui révèle les aptitudes particulières de chacun. Les possibilités d'étendre ses compétences sociales sont décuplées par le fait que les sociétés dans lesquelles interviennent les ONG sont souvent beaucoup plus axée
  • 2. sur la communication interpersonnelle et les relations sociales. On apprend par exemple à prendre plus de temps pour communiquer autour de soi par la parole, a fixer des objectifs par la parole et être patient dans les déplacements. Un des conseils les plus utile et le moins évident est de porter plus d'attention aux personnes, même sans objectifs concrets et immédiats. C'est une rareté dans notre monde occidental qui est perpétuellement en recherche de résultats mesurables et d'efficacité. L'ouverture et la capacité à observer la société offre des possibilités de comprendre les relations interpersonnelles, les rythmes et usages locaux. Ce sont de précieuses indications qui se révèlent importantes dans les relations professionnelles. 4) La vie d'équipe sur le terrain Elle est répartie entre les espaces professionnels et la vie communautaire des logements. Dans les situations les plus paisibles de missions de développement, mes logements sont peu être plus privatifs du fait des missions longues. Pour les équipes intervenant dans les situations d'urgence et des pays à haut risques, la vie communautaire est une sécurité. Elle permet à chacun d'être au contact d'individus rassurants par contraste avec l'anarchie visible d'une période post conflit et des rencontres agressives de l'extérieur. Les réunions de travail jouent leur rôle fédérateur dans le cadre de la mission et permet aux membres de l'équipe de se rencontrer. Je pense que ces réunions sont justifiées par des objectifs de cohésion de l'équipe et de conduite des projets. Un grand nombre de problèmes peuvent être résolus par des réunions régulières qui permettent d'informer toute l'équipe de l'avancée des projets. Chaque groupe se structure selon au moins deux schémas, l'un est hiérarchique et officiel, l'autre est informel et relationnel. Les plus habiles dans les relations sociales peuvent se placer avantageusement dans les deux structures. Une structure informelle peut devenir très influente dans le déroulement de la mission lorsque ses membres décident de poursuivre leur propres buts. Un chef de mission peut s'appuyer sur cette structure pour diriger l'équipe. La vie d'équipe est également un aspect important de la sécurité individuelle des personnes, car une bonne communication entre chacune d'entre elles permet d'entretenir les relations interpersonnelles. Ces relations interpersonnelles nourrissent l'attachement, ou au minimum la responsabilité des uns envers les autres. C'est un type de relation difficile à instaurer par des règlement de sécurité ou des règles de vie des expatriés. Dominique Deschamps http://reporter.co.nr
  • 3. Dimanche 22 juin 2008 Le stress sur le terrain est générateur de dangers et de problèmes de santé. Pouvez en donner quelques exemples et quelles seraient les bonnes pratiques pour gérer ce stress. 1) Terrains d'urgence et terrains de développement. La notion de terrain d'intervention mérite que l'on détermine les critères qui définissent les types de projets et la notion de dangerosité du contexte. Par urgence on entend une situation de conflit ouvert, latent, la fin d'un conflit ou des catastrophes naturelles, climatiques et médicales. Il existe une étrange scission entre deux domaines d'intervention, celui de l'urgence et celui du développement. Par développement on entend l'action concertée avec une implication forte des habitants dans le but de favoriser l'échange technique ou intellectuel. Les situations militaires et politiques sont généralement plus calmes dans un cadre de développement, ce qui favorise le travail collaboratif au niveau des projets et des équipes. Avec le type d'intervention d'urgence, les individus et les équipes sont soumis à de plus fortes charges émotionnelles, la culpabilité peut engendrer une hyperactivité ou un sentiment d'impuissance. Des faits plus graves pendant les missions peuvent engendrer un stress plus profond dont les effets perdurent plusieurs années. Le stress post- traumatique peut survenir lors de la vision de centaines de cadavres mutilés à cause d'un génocide, de situation répétées de peur pendant les déplacements en zone détruite, ou à la suite d'un assassinat dans une équipe. Chacun est en fait livré à lui-même dans la gestion du stress. L'expérience de terrain permet d'analyser plus clairement les dangers inérants aux zones de travail, Les informations de la presse sont parfois utiles dans le cas ou les déplacements sont dangereux, les radios sont des moyens de communication rassurants. 2) Dangers et santé en mission. Les interventions humanitaires et de développement plongent les expatriés dans des situations d'éloignement de leur culture. Ils peuvent souffrir de différents états selon la résistance de leur motivation et l'exposition fréquente à des situations stressantes. L'hyperactivité fait parti des dangers en mission car la personne cherchant à travailler en permanence n'est pas toujours capable d'évaluer les risques réels de son comportement. Le danger au sens le plus commun dans les missions à l'étranger se situe dans les déplacements, car la géographie, les plans de villes sont le domaine de résidents, pas celui des employé expatriés. L'existence des règles de sécurité n'est pas remise en cause par les faits réels, mais on s'aperçoit que les enlèvements et meurtres peuvent intervenir à n'importe quel moment de la journée, les règles de sécurité ne sont pas des protections efficace, seulement un cadre sécurisant pour les responsables. Je travaille d'ailleurs sur un projet technologique permettant de signaler les incidents, accidents et agressions par des moyens autonomes. La santé est un sujet important au niveau individuel car j'ai constaté que certains expatriés deviennent très négligeant sur ce point. Hommes et femmes ont un minimum physiologique commun qui impose un entretien régulier, sinon quotidien. J'ai vu au Soudan un expatrié de
  • 4. Médecins Sans Frontières dans un état physique très dégradé. J'ai compris que l'urgence de la situation dans le pays et son engagement dans l'action qu'il menait lui avait fait oublier l'importance de sa propre existence. Il avait été blessé par des travaux de creusement de puits et l'un de ses genoux était recouvert d'un bandeau imbibé de sang coagulé. L'odeur qu'il dégageait n'était pas seulement du au manque d'hygiène de base, mais surtout à l'infection de la plaie. Ses arguments pour ne pas signaler son état de santé furent de m'expliquer l'importance des travaux engagés pour les populations et la peur qu'il avait de ne pas pouvoir revenir après une évacuation sanitaire. Il avait en fait très peu de contact avec l'équipe du chef de mission basée au Kenya, a Lokichokio. Ces contacts radio ne permettaient pas aux autres expatriés d'avoir un regard sur sa situation. C'est avec mon insistance que j'avais pu le faire venir à moi avec son véhicule MSF et ses deux collègues soudanais. Malgré que je comprenne l'importance du projet de creusement de puits dans les villages, il m'est apparu plus important de communiqué la situation réelle de santé de cet expatrié car il n'était pas raisonnable de le laisser continuer dans cet état. L'infection dont il souffrait au genoux était du au manque de produits désinfectant et l'absence totale de personnel médical dans la région de Walgak. 3) Exemples de situation de stress. L'exemple le plus tenace de situation de stress en mission est celui que j'ai vécu lors de ma première mission pour Médecins Sans Frontière en Bosnie en 1997. Mon rôle sur le terrain, à Zenica, était de gérer l'équipe existante et continuer les projets engagés dans la réhabilitation de petits hôpitaux de province, des évaluation de systèmes d'adduction d'eau dans les villages et des distributions de produits alimentaires et d'hygiène dans les centres d'hébergement collectifs de personnes déplacées. Les évaluations pour la réhabilitation des petits hôpitaux, appelé 'ambulantas' étaient réalisées après un premier travail d'analyse des retours des réfugiés de leu pays d'accueil d'Europe de l'ouest. Certains villages de Bosnie centrale voyaient une augmentation des retours en 1997 du fait des difficultés des yougoslaves à vivre en Europe de l'ouest ou simplement les opérations d'aide au retour organisées par les gouvernements français et allemands. Le contexte d'après guerre en Bosnie centrale avait laisser de nombreux village abandonnés totalement par la population, en particulier toute la ligne de front entre l'armée bosniaque et les croates ainsi que les affrontements entre serbes et musulmans un peu partout dans la région. Le problème pour les explorations des puits, des captages de source, des systèmes d'adduction d'eau et des ambulantas résidait dans le fait que les différents assaillants avaient pollués les puits avec des cadavres, minés les ambulantas et piégé certains captages de source. Le personnel technique que j'ai pu rencontré sur les coteaux, et les responsables politiques des communes ont toujours pris au sérieux mes demandes de prudence lors des déplacements, et ils ont confirmé plusieurs fois le danger de circuler parmi les herbes ou dans les ambulantas endommagées. La vision d'une mine antipersonel à moins d'un mètre de mes pieds pendant une visite d'évaluation pour la réhabilitation d'une batisse sur un plateau bosniaque a été le fait le plus marquant de ce séjour humanitaire entre 1997 et 1998. 4) Bonnes pratiques et gestion du stress. Je crois que dans de nombreuses situations périlleuses, des personnes ne peuvent plus raisonner pour prendre des décisions. Des signes de panique apparaissent rapidement quand il s'agit de changer un planning prévu de longue date à cause d'une agression ou d'une explosion de mine. La sécurité relative dans laquelle nous vivons en France ne permet pas de se familiariser avec des situations de ce type. Lorsque des expatriés arrivent dans leur mission, ils pensent naturellement aux
  • 5. dangers, mais pas aux réactions que peuvent avoir leurs collègues. Il peut y avoir des comportements extrêmes, comme une panique et une demande d'abandonner la mission, ou au contraire une tendance à aller vers le danger. Dans un cas comme dans l'autre, la capacité a raisonner est corrompue par le stress. Les bonnes pratiques pour la gestion du stress peuvent faire l'objet de discussion d'équipe afin de communiquer les émotions relatives aux situations vécues ou envisagées. Pour le stress individuel, certaines personnes peuvent se gérer elles-même grâce à leur capacité d'analyser les situations. Pour d'autres, la charge de travail et le contexte difficile peuvent devenir une lourde charge émotionnelle. Les conseils et retours d'expérience sont des sources intéressantes pour comprendre comment des situations difficiles ont été dépassées, mais je ne pense pas qu'il existe de recettes applicables à tous et dans toutes les situations. La gestion du stress m'apparait être une capacité à analyser les risques, c'est à dire de lier des faits à un danger. Les peurs émergent lorsque l'on ne contrôle pas l'environnement et que l'on croit que cette perte de contrôle constitue un danger. Pourtant, le risque n'implique pas le danger. Le fait de perdre le contrôle d'une situation ne présage pas de l'occurrence d'un fait grave. Le danger et le risque sont des éléments distincts qui existent l'un sans l'autre, malgré que la relation entre la prise de risque et l'occurrence d'un danger ne soit pas obligatoire. J'ai en tête l'exemple d'un expatrié d'ATLAS logistique qui gérait la mission d'assistance technique pour les véhicules de centaines d'ONG. Il a vécu plusieurs années a Zenica et n'a rencontré aucuns problèmes de sécurité ni de stress. Lorsqu'il est parti cette mission, il m'a dit lui-même qu'il était étonné que rien de facheux ne lui soit arrivé durant une si longues période. Le danger existait puisque d'autres expatriés ont eu des accidents, ont subit des vols de véhicules ou des dommages corporels. Malgré le risque élevé d'un séjour de longue durée et le danger d'un contexte difficile, cet expatrié n'a pas connu de difficultés. Ce même expatrié est ensuite allé en Guinée pour entamer une nouvelle mission, il a été attaqué dans son véhicule, à la sortie d'une banque où il avait effectué un retrait, le premier jour de son séjour. Dans ce cas, pas de stress qui aurait mené à une mauvaise décision, pas de fatigue ou de négligence, mais une coexistence du risque et du danger. Le danger existait car la situation économique du pays et le moment de la sortie de la banque sont des facteurs de risque. Le risque était dans le choix de sortir de la banque sans accompagnement, mais les quelques centaines de dollars transporté ne semblaient pas justifier une telle consigne. La conclusion de cet exemple est que l'on ne peut pas présager des actes et des motifs d'attaque de la part d'une tierce personne, on peut seulement analyser les dangers et décider d'accepter le risque. Dominique Deschamps http://reporteroftheworld.co.nr