1. Premier jour
Je suis déjà debout avant même que l'avion ne s'immobilise. Mon
iPod se met à jouer une chanson de circonstance.
« I hopped off the plane at LAX with a dream and my cardigan
Welcome to the land of fame excess, am I gonna fit in?
Jumped in the cab,here I am for the first time
Look to my right and I see the Hollywood sign
This is all so crazy »
Je décide d'imiter les premiers pas de Miley Cyrus à LA et
hèle un taxi afin d'aller voir les fameuses lettres blanches.
Une chanson comme guide touristique, ça doit être du jamais vu.
En chemin, je m'arrête sur Hollywood Boulevard pour voir
l'étoile du Roi de la Pop. Le seul artiste dont je m'étais promis
d'un jour voir un concert est mort avant que je ne réalise mon
rêve. L'étoile est une bien maigre consolation.
Après avoir erré jusqu'à apercevoir les lettres d'acier, je loue
2. un pick-up digne d'un rappeur américain couvert de tatouages et
prends la route vers ma première halte : Malibu.
Deuxième jour
Je me lève au petit matin pour profiter de la côte au moment où
elle est la plus paisible. C'est le moment idéal pour le surf.
Mes quelques notions de base me permettent de m'éclater un
petit moment sur les vagues. Après avoir bu la tasse une
dernière fois, je range mon matériel en regrettant de partir
avant d'avoir aperçu les jolies sauveteuses bien connues de la
région.
Je monte dans le pick-up et me mets en route vers les forêts
de Los Padres. Je fais parler la puissance du moteur. Pas trop
quand même, les motards de CHiPs me gâcheraient le reste du
séjour.
Après avoir dépassé Oxnard, je vire à droite et m'enfonce dans
Los Padres. Je les traverse à faible allure afin de profiter au
3. mieux des paysages qui me sont offerts. A la sortie du parc
national, je continue en direction de San Simeon.
J'atteins la ville à la tombée de la nuit. Je gagne une jetée en
bois pour admirer le coucher de soleil au dessus de la mer. Une
famille de pélicans s’est jointe à moi pour profiter du spectacle.
Troisième jour
Je profite de ma matinée à San Simeon. Je déambule sans but
dans la ville afin de m'imprégner de son ambiance et de
simplement profiter du calme d'une petite ville. J’aperçois le
Hearst Castle mais je préfère éviter les hot-spots touristiques.
Mon séjour est placé sous le signe de l’aventure.
Ce n'est que vers midi que je reprends la route. Après trois
heures durant lesquelles je n'avale que de l'asphalte, je
m'arrête affamé à un resto au bord de la route un peu après
Monterey. J'y déguste mon premier vrai hamburger américain.
Même si le gratte-ciel que j'ai dans mon assiette est loin
d'égaler les fameux burgers du Heart Attack Grill de Phoenix,
4. je m’avoue quand même vaincu avant d'avoir fini ne serait-ce que
la moitié. Le 4x4 m’emmène ensuite jusque San Francisco.
A mon hôtel, je m'effondre sur mon lit, épuisé par une longue
route pendant laquelle je n'ai cessé de fredonner.
« If you're going to San Francisco
Be sure to wear some flowers in your hair »
Quatrième jour
Au réveil, je descends à la réception de l'hôtel pour louer un
vélo. Je dévale ensuite les rues en direction du détroit. Là-bas,
je m'engage sur la promenade et pédale vers l'océan avec le
pont du Golden Gate en point de mire.
Après m'être promené pendant quelques heures dans le parc
situé au pied du pont, je retourne vers la marina via Lombard
Street, le boulevard bien connu dont une petite portion est en
forme de serpentin. Arrivé au pied de Hyde Street, je monte
dans un tramway pour gravir la colline en direction du AT&T
5. Park. En me retournant vers la mer, j'aperçois Alcatraz,
petite île perdue au milieu de la baie.
A la tombée de la nuit, j'assiste au match de baseball opposant
les Giants aux Cardinals de Saint Louis. A la fin du match, des
supporters san-franciscains rencontrés dans les tribunes
m'emmènent faire la tournée des bars afin de fêter la victoire
de leur équipe. Durant ce périple, je fais la connaissance d'un
jeune prof d'escalade aux allures d'Indiana Jones.
Cinquième jour
Après avoir déjeuné au Starbucks du coin, le sosie du Pr.
Jones et moi-même prenons la route. La veille, nous avons conclu
un pacte : je le conduis jusqu'à la vallée de la mort et, en
échange, il m'organise une excursion privée dans le parc national
du Yosemite.
Nous abandonnons mon 4x4 après avoir traversé autoroutes
monotones et petits sentiers escarpés. Nous continuons à pied
jusqu’à une falaise à pic. Après une heure d'instructions et plus
6. de deux heures d'escalade, j'arrive au sommet en assez mauvais
état. Mais, le panorama me fait vite oublier mes douleurs
musculaires.
A perte de vue s'étendent lacs, pitons rocheux, forêts touffues
et plaines verdoyantes. Au loin, j'aperçois même un ours se
rouler sur le sol.
Après avoir bivouaqué et redescendu en rappel l'escarpement,
nous regagnons le 4x4. La route à l'est nous emmène vers la
vallée de la mort dans laquelle nous plantons, au bord de la
route, la tente de Jones peu avant le coucher du soleil.
Sixième jour
A l'aube, Jones me réveille. Je sors de la tente et m'installe
confortablement pour profiter du plus beau lever de soleil qu'il
m'ait été donné de voir.
Le soleil s'élève doucement au dessus des montagnes et inonde les
plaines de sa lumière. Ses rayons se reflètent sur les diverses
7. étendues d'eau faisant scintiller le sol. La palette des couleurs
est extrêmement large allant du rose au bleu-gris en passant
par l'orange. Même la nature semble s'être figée pour
contempler le spectacle dans un silence respectueux. Ce paysage
me laisse sans voix et nous restons là, assis côte à côte, à
contempler le film jusqu'à la fin de la séance. C'est à regret
que finalement nous nous levons pour reprendre la route.
Peu avant midi, je dépose Jones tout près d'un refuge pour
randonneurs. Nos chemins se séparent, mais je sais que nous
garderons contact.
Je termine la route qui me sépare de Las Vegas en solitaire,
bercé par la musique folk et country qui passe en boucle à la
radio.
Septième jour
J'arrive à Las Vegas aux alentours de minuit. Les réceptions du
MGM Grand sont heureusement ouvertes toute la nuit. Après
avoir déposé mes bagages dans ma chambre, je redescends au
8. casino et m’assois à une table de poker au milieu d'un groupe de
touristes japonais. Après un peu plus de trois heures de jeu, je
remonte dans ma chambre avec, dans les poches, 400$ subtilisés
à mes adversaires nippons.
La superficie du buffet petit-déjeuner correspond à peu près à
celle de mon supermarché habituel. Le reste de la journée est
consacré au shopping dans les centres commerciaux du Strip.
Le soir, j'assiste à un spectacle du Cirque du Soleil. Ma soirée
se termine au bar assis à boire du bourdon et à plaisanter avec
un groupe de Canadiens fort sympathiques qui se sont fait jeter
du spectacle auquel j’assistais. A 3h du matin, après leur avoir
dit adieu, je remonte dans mon pick-up et entame ma route vers
Los Angeles.
Huitième jour
A un peu moins de 20 miles de LA, je m'arrête sur une aire
d'autoroute pour fermer l'oeil pendant deux heures. Le café
Grande du Starbucks finit de me réveiller. J'entame ma
9. dernière journée en pleine forme. Il reste tellement à faire et
si peu de temps. Je dois faire un tri. Je choisis d’aller voir
l'extrémité ouest de l'ancienne Route 66. Il n'y a pas grand
chose à voir, mais plein d'histoires dont on peut s'imprégner. Je
m’imagine déjà arpentant cette route à moto d’est en ouest.
Le Los Angeles County Museum of Art est la seule étape
culturelle de mon voyage. J'ai choisi le LACMA en raison de sa
collection d'arts américain et amérindien, des collections qu’on ne
voit pas souvent en Europe.
A la nuit tombée, je prends mon dernier repas dans un
restaurant branché de Central LA. Ma nuit se termine dans une
boîte électro-pop bondée. Je profite de cette étape pour brûler
les calories accumulées pendant le voyage et écouter les tubes
qui feront fureur chez nous dans quelques mois.
Dernier jour
Ma nuit dans les boîtes de LA m'a vraiment épuisé. Après avoir
dit adieu à ma conquête nocturne sur la promenade le long de
10. Venice Beach, je rentre cahin-caha à mon hôtel où je boucle ma
valise en quatrième vitesse.
Je n'ai dormi qu'une poignée d'heures depuis ma nuit à la belle
étoile dans la vallée de la mort. Beaucoup trop pour profiter
pleinement de mes derniers instants aux States, mais pas assez
pour empêcher Morphée de me tendre les bras.
Sur le trajet vers l'aéroport, mon cœur se pince et je suis
envahi par la tristesse à l'idée de quitter la Cité des Anges.
Après m'être acquitté d'un ensemble de formalités inutiles, je
m'effondre enfin dans mon siège et tombe dans les bras de celui
que je n'ai que trop repoussé. Mes rêves m'offrent un
kaléidoscope de chaque étape de mon voyage. Cet afflux d’images
n’est interrompu que par l'atterrissage.
Une évidence s'impose alors à moi : je suis parti mais je sais que
j'y retournerai.