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BELG4.10 €/LUX4.10€/6.20FS/AUT5.20€/ESP4.20€/ ITA4.20€/ALLE4.90€/PORT(CONT)4.20€/GR4.20€/PAYS-BAS4.20€/ANTILLES-RÉUNION4.00€/RCI2800CFA/SGAL2800CFA/ZONECFA2800/MAROC32DH/TUNISIE4.10DTU/CAN$6,99/USA$6.99/TOM720XPF
3’:HIKMMC=]UX^U[:?m@g@c@b@q";
M 02228 - 2621S - F: 3,90 E - RD
QuentinHoudas
Edition n° 2621 du Nouvel Observateur du 29 janvier au 4 février 2015
BANLIEUES P. 34Comment casser les ghettos
ENQUÊTE P. 56 Un avocat nommé SarkozyCULTURE P. 92 La BD ne paie plus
diplômes
Les
qui donnent
du travail
Lesfilières
gagnantes
Lessalaires
àl’embauche
24PAGES
Oùs’inscrireaprèslebac?
L’OBS/N°2621-29/01/2015
126126
L’OBS/N°2621-29/01/2015
SPÉCIAL DIPLÔMES
LES
DIPLÔMES
QUI DONNENT
DUTRAVAIL
Orientation
L’heure du grand choix a sonné pour
750 000 lycéens de terminale. Avant le 20 mars,
les futurs bacheliers et leur famille doivent
choisir une orientation pour l’enseignement
supérieur. “L’Obs” a enquêté
sur les filières, les métiers et les secteurs
qui mènent à l’emploi. 24 pages
pour trouver sa voie
QUENTINHOUDAS-FABRICEDEMESSENCE-XAVIERROMEDER-AI-ESTELLEBARREYRE-FABRICEDEMESSENCE-NICOLASMATULA-XAVIERROMEDER-PATRICIAMARAIS-BRUNOCOUTIERPAR
VÉRONIQUE
RADIER ET LA
RÉDACTION
DE “L’OBS”
L’OBS/N°2621-29/01/2015
127127SPÉCIALDIPLÔMES
L’OBS/N°2621-29/01/2015
128128
L’OBS/N°2621-29/01/2015
SPÉCIAL DIPLÔMES
 Haut les cœurs ! Avis aux
750 000 lycéens qui
planchent ou s’affolent
en ce début d’année en
pensant à leur bac : pas
de panique. Première-
ment, vous avez toutes les chances
de  réussir cet examen décroché l’an
passé par presque 90% des candidats.
Deuxièmement, vous ne devez pas vous
laisser décourager par la morosité
ambiante et les tristes statistiques du
chômage. N’écoutez pas les oiseaux de
mauvais augure : les diplômes sont loin
d’avoir perdu leur valeur. Et celles et
ceux qui ont la chance de pouvoir
aujourd’hui faire des études supé-
rieures – aux Etats-Unis c’est un luxe
des plus coûteux qui oblige à s’endetter
parfois pour toute une vie – trouveront
leur place dans le monde du travail.
Les études de l’OCDE l’attestent,
détenir un diplôme permet partout
d’échapper au chômage et d’obtenir
les meilleurs emplois. Et puis, à force
de parler des aspects les plus sombres
du monde du travail, nous finissons par
en  donner une image fausse et peu
attrayante. Un sondage Viavoice, réalisé
l’an dernier pour « l’Obs » auprès de
5 000 actifs révélait que, envers et
contre tout, nous sommes 73% à être
heureux au travail. Et 63% d’entre nous
disent même exercer leur métier avec
une « vraie passion ». Seulement, pour
choisir sa voie, il faut remettre en
question les clichés. Ecouter avec pru-
dence les argumentaires de ceux qui
« vendent » leur formation ou leur sec-
teur à l’occasion de salons ou forums.
Depuis plus de quinze ans, « l’Obs »
s’intéresse à ces questions et assure une
veille tant sur les filières et les diplômes
que sur les réalités de l’insertion pro-
« Lavraiecotedesdiplômes »
estuneenquêteoriginaleetfouillée
surl’ensembledesfilièresde
l’enseignementsupérieurdebac+2
àbac+8.Loindesplaquettes
promotionnelles,desdiscours
convenus,ellefaitlepointsur
lesvraiesperformancesetlesatouts
dechaquecursus.Etsurlesstratégies
d’accèsàl’emploi.BTS,DUT,écoles
duweb,d’art,architecture,médecine,
environnement,masters
universitairesendroit,culture,
sciences,doctorats,etc.Sélectivité,
coûtdescursus,meilleures
spécialités,qualitédel’insertion
professionnelle,salaires,toutyest
passéaucrible.Vousydécouvrirez
égalementdesitinérairesmalins
et méconnus,commelesclasses
prépadesuniversitésou
encore les facsdemédecine
les plus accessibles.
« Lavraiecotedesdiplômes2015 »,
8,90 euroschezlesmarchands
dejournaux.Notrebancd’essai
des formationsengestion
et guide des100meilleurs
établissements,« Ecolesde
commerce »sortirale26 février.
Les indispensables
guides de
“l’Obs étudiants”
des métiers et des diplômes qui y
mènent. Puisse-t-il servir de point de
départ aux futurs étudiants, pour se
fixer un objectif, former un projet, enta-
mer un parcours. Etant entendu que,
dans ce domaine, rien ne remplace
jamais l’expérience des métiers réels.
La passion professionnelle ne saurait
être l’exclusivité d’une poignée de
métiers emblématiques, avocat, archi-
tecte, médecin, journaliste… Il faut
ouvrir ses horizons ! Les vocations se
précisent bien souvent chemin faisant
au hasard d’une rencontre, d’un stage,
d’un petit job. Les nombreux témoi-
gnages qui émaillent notre dossier le
démontrent. Ainsi Pierre, jeune ingé-
nieur du BTP embauché par le bureau
d’études d’une PME, tout heureux de
voir ses projets prendre enfin forme
sous ses yeux. Ainsi Hortense qui, après
avoir papillonné dans plusieurs direc-
tions, a trouvé son chemin. Aujourd’hui
docteur en sciences de l’environne-
ment, elle conseille des entreprises sur
l’intégration de la biodiversité au sein
de projets immobiliers. Ainsi Ainissa,
motion designer experte en vidéos
d’animation installée en free-lance, qui
tire joliment son épingle du jeu. Oui,
l’entrée dans le monde du travail est
devenue plus longue, plus compliquée.
Il faut s’adapter, parfois changer
d’orientation en cours de route, renon-
cer aux idées reçues.
Le temps n’est plus où le simple fait
de détenir un diplôme de l’enseigne-
ment supérieur permettait à coup sûr
d’embrasser une belle carrière, mais
pour autant, les nouvelles sont loin
d’être catastrophiques. « Nous avons
mis sur pied un observatoire des jeunes
diplômés, explique Pierre Lamblin,
directeur des études à l’Apec [Associa-
tion pour l’Emploi des Cadres]. Les
débutants mettent plus de temps à se sta-
biliser dans l’emploi, mais il est très ras-
surant de constater que la quasi-totalité
de ceux qui détiennent un bac+5, non
seulement occupent bien un emploi en
quelques années, mais un emploi stable
avec le statut de cadre. »
D’ailleurs, la hausse continue du
niveau des emplois, vers des postes de
techniciens de mieux en mieux formés,
de cadres, se confirme chaque année,
notamment grâce aux travaux du CAS
(Centred’Analysestratégique)surl’ave-
nir de l’emploi et des métiers ou du
Cereq(Centred’EtudesetdeRecherches
sur les Qualifications). Un phénomène
fessionnelle et les attentes des entre-
prises, des métiers, à travers sa collec-
tion de guides, « l’Obs étudiants ». Dans
le présent dossier, vous découvrirez un
panorama des principaux secteurs
d’activité et des attentes qui leur sont
propres, une sorte de bulletin météo
L’OBS/N°2621-29/01/2015
129129SPÉCIAL DIPLÔMES
quin’estbiensûrpaspropreàlaFrance.
Partout sur la planète, le niveau de qua-
lification s’élève, et avec lui les besoins
en jeunes diplômés, besoins accentués
parlestransformationscontinuellesdes
nouvellestechnologiesquelesnouveaux
venus maîtrisent mieux que leurs aînés.
Larévolutiondunumériquedanstous
les métiers et tous les secteurs offre de
réellesopportunitésauxplusjeunes,ces
digital natives (« natifs du numérique »)
qui ont, contrairement à leurs aînés, un
usagenatureletaisédesnouvellestech-
nologies.Onmanqueencoreettoujours
dejeunesdiplômésdanstouslesmétiers
de l’informatique et des nouvelles tech-
nologies. Guy Mamou-Mani, président
duSyntecnumérique,syndicatpatronal
de SSII, explique : « De très nombreux
jeunes se précipitent par exemple vers
les études de santé, mais notre secteur,
qui, lui, crée 7000 emplois par an, offre
de  magnifiques carrières, des métiers
passionnants ! »
Les futurs étudiants doivent être
conscients que le taux de chômage
varie du simple au double selon les sec-
teurs (voir notre tableau). « En chimie,
en biologie, ou encore dans des disci-
plines académiques comme l’histoire, les
jeunesdiplômésontdûcomposeravecles
réalités du marché et comprendre que
leurs études, les compétences qu’ils y ont
acquises pouvaient mener à différents
métiers et emplois auxquels ils n’avaient
pas pensé », explique Pierre Lamblin
de l’Apec. Ainsi, les littéraires peuvent
tirer leur épingle du jeu à condition
d’avoir le sens de l’initiative et de
mettre plusieurs cordes à leur arc. Qui
imaginerait que l’industrie manque
aujourd’hui de candidats, en dépit des
plans sociaux et des fermetures
d’usines à répétition, et qu’on y fait de
belles carrières ? Johann Laurent, à la
tête du master génie électrique et infor-
matique industrielle de Lorient, est
obligé de courir les Salons d’orienta-
tion, à la pêche aux étudiants : « Je leur
explique qu’en venant chez moi ils pour-
ront apprendre à développer des appli-
cations pour les téléphones portables
ou construire des moteurs de bateaux
de course. » Ses promos se casent en
moins d’un mois.
Gare également aux clichés sur les
formations. Les grandes écoles n’ont
pas le monopole de l’excellence. Parmi
les jeunes que nous avons rencontrés,
Spécialité Salairemédianbrut
annueleneuros
Taux
decadres
Taux
deCDI
Taux
d’insertion*
Mathématiques 29500 75% 54% 65%
Physique,sciencesdelaterre 30000 75% 54% 58%
Informatique 31700 82% 96% 90%
Electronique,génieélectrique 31700 82% 75% 73%
SpécialitésIndustrielles 31700 82% 75% 59%
Commerce, 30000 51% 69% 84%
Biologie,sciencesdelaterre 25200 52% 30% 47%
Chimie 30000 62% 30% 49%
Finance,comptabilité,gestion 31000 50% 54% 77%
Scienceshumainesetsociales 28000 38% 25% 79%
Aménagement,urbanisme 21600 32% 18% 64%
Ressourceshumaines 31000 57% 58% 72%
Environnement,écologie 29900 69% 52% 49%
Droit,sciencespolitiques 27000 30% 44% 67%
Economie 23400 47% 40% 56%
Langues 21600 25% 40% 83%
Formation,animation,social 20400 20% 53% 90%
Psycho 19800 48% 25% 78%
Information,communication,journalisme 23000 32% 46% 77%
Les bac+5 de l’université face à l’emploi
SOURCE : APEC JEUNES DIPLÔMÉS 2013, OBSERVÉS EN AVRIL 2014.
Discipline Salairesmoyens TauxdeCDI Tauxdecadres Tauxd’emploi
Ecoles Universités Ecoles Universités Ecoles Universités Ecoles Universités
Gestion,finance 33700 28800 71 60 69 49 73 65
Communication, marketing 29800 27600 73 63 59 41 69 60
Chimie 29600 23900 52 43 79 49 47 60
Biologie,agronomie 27900 23100 39 31 56 44 57 52
Sciencesdel’ingénieur 33000 27600 77 76 92 73 69 63
Informatique 33800 30500 94 85 94 87 90 75
SOURCE : APEC, DIPLÔMÉS 2013 EN AVRIL 2014.
Le match universités-écoles
beaucoup ont obtenu des diplômes
universitaires fort appréciés des
employeurs. En outre, les passerelles se
sont multipliées. On peut aujourd’hui
naviguer d’un cursus à l’autre, de la fac
vers une école ou inversement.
« L’orientation n’est pas un choix sans
retour, rappelle Martine Vanhamme-
Vinck, directrice du CIO du rectorat de
Paris. On peut, tout au long de son par-
cours, infléchir son cursus, lui donner
une autre coloration. » Et faire mouche
à la sortie.
*Occupentouontoccupéunemploidepuisl’obtentiondeleurdiplôme.
L’OBS/N°2621-29/01/2015L’OBS/N°2621-29/01/2015
C
haque année amène sa star de la
Toile, un jeune prodige encore
mineur. Comme Nick D’Aloisio,
cejeuneBritanniquedevenumil-
lionnaire grâce à son appli ache-
tée par Yahoo!, ou l’Américain
Nick Rubin, 16 ans. La sienne permet de
découvrirlepatrimoineetlesrevenusde
chaque élu américain. Si le web n’offre
pas gloire et fortune à tous, il crée des
emploisàlavitessed’unclic,7 000paran
environ. Dans l’e-commerce et les pure
players, ces sociétés directement créées
sur la Toile qui ont grandi comme eBay
ou Amazon, mais aussi au sein d’entre-
prises detous secteurs et destart-upaux
innovationsincessantes :«Leweb,c’estun
étatd’espritqu’onnetrouvenullepartail-
leurs », assure Clément Alteresco. Ce
jeunetitulairedumasterdemanagement
del’innovationdeDauphineenestdéjàà
sa troisième société avec Bureaux-à-par-
tager.com. Un site qui permet aux entre-
prises de rentabiliser les espaces libres
dans leurs locaux, et lui aussi embauche.
EMPLOIS ÀGOGO
W E B
Commerce,marketing,création decontenus, animation desréseaux…
Touslesmétiersexplosentsur internet    !
LISA TELFIZIAN FABRICE DEMESSENCE
Codeurexpert
RYAN DJEBROUNI, DÉVELOPPEUR
Naturellement, c’est sur la Toile
que Ryan, diplômé d’Epitech, s’est
fait remarquer. Grâce à Drupal, un
logiciel dernier cri. « Chez mon
premier employeur, j’allais sur des
forums de discussion, le soir, pour
trouver des solutions à certains
problèmes. De fil en aiguille, j’ai
amélioré les modules et versions
de cet outil, participé à une
convention organisée par
Microsoft France », raconte-t-il.
Recruté par Cellfish Media,
spécialiste des contenus mobiles
(films, musiques à télécharger),
Ryan avait déjà envie de passer
à autre chose. Qu’à cela ne tienne,
l’entreprise lui propose de
travailler sur sa plateforme de
facturation. Un poste stratégique,
pour gérer des échanges
complexes entre les utilisateurs,
les opérateurs et l’entreprise.
« Coder l’interaction spécifique qui
s’établit entre les SFR, Bouygues,
Orange, etc. et Cellfish, alors que
chacun a une plateforme de
paiement différente, est très
excitant », assure-t-il. Et le place
à 40 000 euros après un an
d’expérience.
LESMEILLEURSDIPLÔMES
Bac+2ou3
DUTservicesetréseauxdecommunication,licences
procommerceenligne(Vannes),concepteuret
gestionnairedesitesinternet(Lyon),communications
numériquesete-activités(Perpignan).
Bac+5
Ecolesd’ingénieurs(Epitech,Epita…),decommerce
(Skema),del’internet(42,Hetic,Institutinternational
dumultimédia).
MastersEcotic(Rennes-I/TélécomBretagne),
communicationethypermédia(Savoie),Caweb
(Strasbourg),produitsetservicesmultimédias,langues
etcommerceélectronique(Montbéliard),Geci(Lyon-II),
médiasinformatisésetstratégiesdecommunication
(Sorbonne-Celsa),e-services(Lille-I).
Experts du marketing numérique, busi-
nessdevelopersetcommunitymanagers–
deplusenplusstratégiquesavecledéve-
loppementdesréseauxsociaux–sontles
plus recherchés. Et bien sûr, les déve-
loppeurs informatiques sont rois, créant
les pages des sites, ou travaillant sur les
basesdedonnées,s’occupantdelamain-
tenance des serveurs… Les salaires com-
mencent à 30 000-35 000 euros annuels
pour un jeune bac+5 tout droit sorti de
l’école sur l’ensemble de ces profils, et
grimpenttrèsviteà70 000eurosaubout
de quelques années pour les déve-
loppeurs. « Il est tout à fait possible de
commencer à 45 000 euros sur certains
langages si le jeune diplômé montre sa
capacitéàtravaillerenéquipe,àcréerdela
valeur, à s’autoformer en permanence »,
assureNicolasSadirac,directeurdelatrès
médiatiqueécole42,gratuiteetaccessible
même sans le bac. Et sur le web plus
qu’ailleurs,cesontlesprofilsexpertsmais
aussicréatifsetpassionnésquifontladif-
férence.«Nousleschassonssurdesforums
de discussion à partir de 40 000euros. Ce
sont des jeunes tellement pointus qu’ils
participent à l’évolution des technologies
émergentes », confirme Judith Tripard,
consultante senior chez Clémentine, un
cabinetderecrutementspécialisé.Quand
beau salaire rime avec aventure…
VOUS AIMEZ DÉVELOPPER
VOS RÉSEAUX ?
VENEZ ÉTENDRE
CEUX DE NOS FILIALES
SUR CONTINENTS
Comme nous, vous pensez que les réseaux, quels qu’ils soient, doivent rapprocher les gens ? Rejoignez un groupe qui
invente les réseaux de transports de demain dans plus de 12 pays. Développez des projets stimulants au sein d’un groupe
ouvert sur le monde et au savoir-faire internationalement reconnu.
QUELLE QUE SOIT VOTRE PASSION, À LA RATP, IL Y A UN MÉTIER QUI LUI CORRESPOND.
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L’OBS/N°2621-29/01/2015
132132
L’OBS/N°2621-29/01/2015
SPÉCIAL DIPLÔMES
L
a vie d’artiste ? Il faut souvent
savoir se contenter de l’air du
temps et d’eau fraîche… L’Agence
d’Evaluation de la Recherche et
de l’Enseignement supérieur
(Aeres) révèle en effet que, cinq
ans après leur sortie de l’école, même
les diplômés de l’ENSBA, les célèbres
Beaux-Arts parisiens, gagnent moins de
10 000  euros… par an pour moitié
d’entre eux. Et l’agence de pointer un
manque d’accompagnement des étu-
diants vers l’emploi dans l’ensemble des
46  écoles publiques, l’éparpillement
des établissements de taille trop réduite
pour offrir à leurs diplômés une carte
de visite réputée. « Il faut multiplier les
expériences, construire son réseau,
savoir défendre son travail et maîtriser
l’anglais, confie Louise, étudiante aux
beaux-arts de Bordeaux. C’est le b.a.-ba,
mais tous mes copains ne le font pas. »
Grenoble et Valence ont fusionné pour
créer l’Ecole supérieure d’Art et de
Design (Esad). La section design gra-
phique, très appréciée par les profes-
sionnels, est restée à Valence. Quant au
site de Grenoble, il noue des partena-
riats avec l’université et des écoles d’in-
génieurs comme Grenoble INP. « Notre
école est de plus en plus professionnali-
sante, souligne Jacques Norigeon,
directeur de l’Esad Grenoble-Valence,
même si elle forme avant tout des
artistes. » Julien Prévieux, lauréat du
prix Marcel-Duchamp 2014, y a fait ses
études. Mais le Grenoblois primé ne
doit pas cacher la forêt d’artistes qui
« galèrent ».
Quant aux écoles supérieures d’arts
appliqués, Estienne, Olivier-de-Serres,
les Arts déco (Ensad) ou l’Ecole natio-
nale supérieure de Création indus-
trielle (ENSCI), très prestigieuses, mais
L’IMAGINATION
AUPOUVOIR
A R T S , C R É A T I O N
Danscesmétiersdevocation, ilfautdu talent…
Etunestratégiepour réussir !
CLAIRE FLEURY AI-ESTELLE BARREYRE
LESMEILLEURSDIPLÔMES
Bac+2/+3
BTSartsappliquésdesécolessupérieuresnationales,
licencescréationmultimédia(LaRochelle,Marne-la-Vallée).
Bac+5
Beaux-Arts(Parisetprovince,notammentRennespour
legraphisme),Ensad(Paris),Hear(Strasbourg),ENSCI
(Paris),Esaat(Roubaix),Mopa(ex-SupinfocomArles)et
ArtFx(Montpellier).
Cinéma,audiovisuel:Fémis,lesGobelins,Louis-
Lumière,mastersenaudiovisuel(Paris-I,Poitiers).
Mastersenmanagementculturel :Paris-Dauphine,
Lyon,AvignonetSciences-PoGrenoblenotamment.
difficiles d’accès (à peine 10% de reçus
en moyenne à leurs concours d’entrée),
elles permettent aux plus motivés, à
ceux qui en parallèle multiplient stages,
concours de création, petits jobs dans
le milieu, de tirer leur épingle du jeu.
Cependant, si réputées soient-elles, les
écoles ne garantissent pas l’emploi.
Sauf celles qui, comme les Gobelins,
l’école de l’image de la chambre de
commerce et d’industrie, très cotée,
visent des secteurs où la demande
existe :imagesdesynthèseetanimation.
« Nous ne sommes pas une école artis-
tiquemaiscréative,préciseYvesPortelli,
directeurdesGobelins,etl’entrepriseest
aucœurdenosenseignements. »Lamoi-
tié des 600 étudiants suit le cursus en
alternance, l’autre débourse entre 6 500
et 8 000 euros par an pour des forma-
tions en photographie, animation,
motion design, design interactif ou
impression-fabrication. « Nos étudiants
viennentd’horizonstrèsdivers,maistous
ont, au départ, un univers graphique, un
œil », souligne Yves Portelli. Au final, de
80 à 100% d’entre eux décrochent un
job six mois après leur sortie.
Certaines écoles privées, coûteuses,
jouissent elles aussi d’une bonne recon-
naissance. Martin Kloeckner, 24 ans,
diplômé de l’Esag-Penninghen, a ainsi
passé un semestre à New York « dans le
cadre d’un partenariat avec l’Ecole des
Artsvisuels ».Uneprofesseurremarque
son travail et… l’engage dans son agence
d’architecture intérieure. Au bout d’un
an et demi, faute de visa, Martin rentre
à Paris et passe son diplôme. Embauché
illico à la très branchée agence Jouin-
Manku, il débute à un bon salaire :
3 300  euros brut par mois. Mais les
postesoùl’onnecréerienetoùl’onexé-
cute beaucoup, les missions honteuse-
ment sous-payées, notamment pour les
filles (les milieux créatifs n’échappent
pas au sexisme), et les horaires à ral-
longesanscontrepartiesont,hélas,sou-
vent le lot des débuts de carrière.
Dans les métiers de l’audiovisuel,
s’ajoute l’aléa de la précarité ; en contre-
partie, le travail collectif – un film se
tourne toujours à plusieurs – fait qu’« on
assiste à des effets de promotion »,
expliqueJean-MarcVernier,responsable
133133SPÉCIAL DIPLÔMES
PÔLE UNIVERSITAIRE D’EXCELLENCE
REJOIGNEZ LA FACULTE DE DROIT DE CERGY-PONTOISE
MASTERS
ET AUSSI
LA SEMAINE DU 23 MARS 2015
www.droitucp.fr
As de la vidéoAINISSA VALET,
MOTION DESIGNER
Ainissa Valet n’est pas ingrate.
Elle insiste pour que les
graphistes de Montréal qui
l’ont formée au VJing soient
nommés : « Rémi Vincent et
GPG. » Le VJing ? « Comme le
DJing avec la musique, on joue
avec des vidéos en live. »
La jeune femme, qui a grandi
dans la Mayenne, est donc
devenue VJ au Canada au cours
d’un stage de trois mois.
Mais, avant de projeter ses
vidéos lors de sets et
de soirées, elle a appris
à les réaliser aux Gobelins.
Sortie major de la promotion
2013 de motion design, Ainissa
s’est tout de suite installée
à son compte.
Au quotidien, elle réalise
des images animées pour des
agences de communication :
e-cartes de vœux, publicités
mobiles sur les panneaux
des Abribus… « Le motion
design est un secteur d’avenir »,
estime-t-elle. Pour le studio
Les Vandales, elle a conçu des
projections monumentales
(mapping) et, pour une autre
agence, des vidéos pour le
Printemps Haussmann. Payée
300 euros par jour, elle gagne
entre 2500 et 3000 euros
mensuels. Seul petit regret :
ne plus avoir le temps de créer
des vidéos plus personnelles
pour des sessions de VJing.
de l’enseignement supérieur de la pres-
tigieuse Fémis, école de cinéma
publique. Les copains deviennent des
collègues, un continuum logique quand
on bosse ensemble des jours entiers
durant. L’école forme des créatifs (réa-
lisateurs, scénaristes…), mais aussi des
producteurs et des distributeurs. Eme-
ric Sallon, 27 ans, diplômé en 2013 de
cette dernière filière, après des études
à Sciences-Po, ne regrette pas son
choix. « Je voulais une formation dans
le cinéma axée aussi bien sur l’artis-
tique que sur l’industriel », raconte-t-il.
Aujourd’hui, salarié en CDI chez Ad
Vitam, une société de distribution
indépendante, il gagne 2 000 euros net
par mois.
L’OBS/N°2621-29/01/2015
134134
L’OBS/N°2621-29/01/2015
SPÉCIAL DIPLÔMES
A
encroireleministèredel’Ecolo-
gie, la croissance verte va créer
100 000 emplois dans les années
quiviennent,dont70 000dansla
rénovation du bâti. Belle ambi-
tion mais encore à accomplir.
Aujourd’hui, seuls 140 000  Français
exercent un métier dit « vert » dont la
finalité est la protection de l’environne-
ment et souvent dans des secteurs peu
glamour : traitement des eaux usées,
recyclage des déchets, BTP… « Ce n’est
pas “cui-cui, les oiseaux”, confirme
Gilles Guibaud, responsable du master
ingénierieetgestiondel’eauetdel’envi-
ronnement à Limoges. Avoir la fibre
environnementalenesuffitpas :ilfautdes
compétences et du pragmatisme. »Ainsi,
il n’accepte que des licenciés en chimie,
géologie ou biologie et – succès oblige –
se montre sélectif : 30 étudiants retenus
en master 1, pour 400 dossiers.
Ses diplômés sont assurés de trouver
leur place sur un marché aux débou-
E N V I R O N N E M E N T
Lesemploisvertspoussentau ralenti,
bien moinsvitequelesvocations
ARNAUD GONZAGUE ÉRIC FLOGNY-PICTURETANK
Maître
des eaux
CYRILLE GUICHOUX, INGÉNIEUR
AU CABINET G2C
Fandespéléologiedanssajeunesse,
cetitulaired’unelicencedegéologie
anaturellementbifurquéversl’un
desélémentsmajeursdusous-sol
terrestre :l’eau.«Maisl’eaudont
jem’occupe,vousn’yfaitespas
vraimentattention :c’estcelleque
vousbuvezenouvrantlerobinet»,
explique-t-ilfièrement.Avecson
mastergestionetingénieriepour
letraitementdeseauxetpour
l’environnementàl’universitéde
Limoges,ilest aujourd’huiingénieur
aucabinetG2C,prèsd’Arras.Cyrille
aparexemplesupervisél’installation
d’unestationd’épuration100%écolo :
unbassinplantéderoseauxdont
lessables,truffésdebactéries,
permettentdepurifierleseauxusées
avantdelesdéverserdans
lesrivières.Unchantierdurable
etéconomiquementviable :
missionaccomplie !
ÉCOLOS ET PROS
LES MEILLEURS DIPLÔMES
Bac+2/3
Licences énergies renouvelables (Corse,
Toulouse-III, Nantes, Belfort-Montbéliard),
valorisation énergétique des déchets ménagers
(Marne-la-Vallée).
Bac+5
Ecoles d’ingénieurs (Ensam, AgroParisTech,
universités de technologie).
Masters ingénierie et gestion de l’eau
et de l’environnement (Limoges), droit et gestion
de l’environnement (Montpellier-I) ; stratégie
de développement durable (Versailles-Saint-
Quentin), ingénierie environnementale (Haute-
Alsace) ; pollutions chimiques et gestion
environnementale (Paris-Sud), environnement
et droit (Rennes-I), génie des environnements
naturels et industriels (Reims), risques
majeurs (Corse), eau (Montpellier-II).
Mastère spécialisé construction
et habitat durables (Arts et Métiers,
Aix-en-Provence).
chés étroits, toujours dépendant des
nouvelles réglementations (en matière
de rejets, de nuisances…). Problème, les
cursus « verts », eux, ont explosé ces
dernières années dans le supérieur et,
comme le regrette une enquête de
l’Apec (Association pour l’Emploi des
Cadres), « la croissance de l’emploi envi-
ronnemental ne suffit pas à absorber le
nombre toujours plus important de
diplômés. » Car les belles déclarations
« durables » des grandes entreprises
contrastent avec la rareté de leurs
embauches. « Nous parvenons à placer
nos toutes petites promos, mais le
domaine n’est pas porteur comme le
croient certains étudiants », prévient
Bénédicte Humblot, responsable du
mastèrespécialisé(bac+6)construction
et habitat durables des Arts et Métiers
à Aix-en-Provence.
De fait, comme l’explique Caroline
Renoux,fondatriceducabinetderecru-
tement Birdeo, « les emplois se trouvent
principalement dans les collectivités ter-
ritoriales et les bureaux d’études, avec
des salaires inférieurs à la moyenne
des cadres, mais la satisfaction au travail
est souvent très élevée ».C’estlecasd’Isa-
belle de Montrichard et Julia Lignères,
deuxdiplôméesdumasterdroitetgestion
de l’environnement (Montpellier-I) et
créatrices d’Ethicalia, un cabinet d’ingé-
nierie du tourisme durable. Elles ont,
par exemple, conseillé la communauté
de communes de Millau Grands
Causses sur la manière d’aménager la
ferme de Roquesaltes et ses 92 hectares
d’espace naturel classés sans endom-
mager son patrimoine culturel et envi-
ronnemental. « Nos besoins financiers
ne sont pas surdimensionnés, aussi nous
sommes arrivées à un niveau de qualité
de vie qui nous convient parfaitement,
avance Isabelle de Montrichard. Nous
vivons notre engagement au quotidien.
C’est un luxe dont nous avons
conscience ! »
L’OBS/N°2621-29/01/2015
135135SPÉCIAL DIPLÔMES
P
ressepapierdéprimée,sitesweben
quête d’un modèle et chaînes
d’infoquiplafonnent…pasfacilede
se frayer un chemin dans les
métiers de l’information. Pour
réussir, les candidats doivent se
démultiplier, manier le texte et l’image,
maîtriserl’artdel’enquêteetlederniercri
de la technologie. Et faire preuve d’un bel
espritd’entreprise.C’estlepariqu’arelevé
Baptiste Cogitore. Après un master en
lettres,cereporterd’images,sortiduCUEJ
de Strasbourg en 2013, a décroché un
contratd’étéàFranceTélévisions.Depuis,
il réalise des reportages à la pige pour le
13-heures et le 20-heures «mais c’est très
aléatoire».Enparallèle,ilpoursuitunpro-
jet personnel : un grand reportage de six
mois en Europe de l’Est (www.bullitour.
eu). Objectif : faire découvrir des pays
«tropsouventvusettraitésd’unbloc,vude
l’Ouest».Avecl’aidedelaville,del’univer-
sité de Strasbourg, de la région, d’une
banque,etencoproductionaveclachaîne
Mordue d’actu
AGATHE MAHUET,
JOURNALISTE
Dèslelycée,AgatheMahuet,25 ans,
avaitlevirusdel’actualité.Bac ES
enpoche,elles’inscritenlicence
d’info-comàlaCathod’Angers.
Une«bonneoption»,vula«variété»
duprogrammeetsonvoletpratique :
«J’aiputrèsvitefairemespremiers
passurleterrain,aveclacaméra.»
C’estenstageàRCFAnjouqu’elle
sepassionnepourlaradio.Reçue
ensuiteauCelsa,àParis,ellese
spécialisedanscettevoie.«Nous
étionsplongésdansdesconditions
detravailquasiréellesetrencontrions
beaucoupdeprofessionnels.Pendant
uneannéedecésure,jesuisaussi
partieenIndepourFrance2 :legenre
d’opportunitéqu’onnepeutavoir
qu’enécole.»Autreprivilège
desétablissementsreconnuspar
laprofession,l’accèsauxconcours
desgrandeschaînesderadio
etdetélévision.Lauréatedu
TremplinRadio-Franceen2013,
Agatheadécrochéuncontrat
d’unan.Depuis,elleassuredes
remplacementsàFrance-Bleu,
France-InfoetFrance-Culture.
«Entreprésentationsetreportages,la
routinen’existepas,etj’aimepouvoir
aborderdessujetstrèsvariés.»
CRÉERSONJOB
J O U R N A L I S M E , É D I T I O N , T R A D U C T I O N
Leslittérairesetlesfanasd’infosdoiventfairepreuve d’initiative
etdepersévérance.Maisla passion déplace desmontagnes
AURÉLIE DJAVADI XAVIER ROMEDER
LESMEILLEURSDIPLÔMES
Bac+2 
BTSédition(Asfored,écoleEstienne).
Bac+5
Esit,IsitetmasterstraductionlabellisésEMT.
MasterséditiondeParis-XIIIetdeMarne-la-Vallée.
Ecolesdejournalismereconnuesparlaprofession(CFJ,
l’ESJLille,l’IPJ,l’EDJdeGrenoble…).
«J’aiputablersurdesmissionsrégulièresdès
le début, je ne m’ennuie jamais.» «Rien que
de l’anglais au français, il y a beaucoup à
faire»,confirmeAgatheThiriez,diplômée
du même master. Elle s’est tournée vers la
gestion de projet, un rôle de coordination
plustechnique.«J’aivoyagéquelquesmois
après mon diplôme, en 2012, mais, dès mon
retour à Londres, l’agence de traduction qui
m’avait accueillie en stage m’a proposé un
CDI.Lemarchéesttrèsdynamiquelà-bas.»
Une effervescence que note Bertrand
Legendre, directeur du master politiques
éditorialesdeParis-XIII.Danssesdernières
promos,quelquesdiplômésontétéembau-
chés outre-Manche pour négocier des
droits étrangers. Les autres doivent élargir
leurhorizonpoursecaserdanscesecteur.
«S’intéresserparexempleauxmutationsdes
jeux vidéo ou des séries télé, car les univers
transmédiassedéveloppent. »Ilseveutopti-
miste :«Lessalairesnesontpasàlahauteur,
mais,avecdeladétermination,lesdiplômés
trouventdutravail.»
Alsace 20.«L’occasiondemeconstruireun
réseau,denouerdescontactsdans21pays.»
LouiseNaert,diplôméedumastertraduc-
tionmultilinguedeLille-III,s’estelleaussi
démenée pour créer son job. Les besoins
sontlà :jamaisautantdenoticestechniques,
dedocumentsadministratifsoudepublici-
tésn’ontrequislesbonssoinsdetraducteurs
professionnels, mais les entreprises
rechignentàrecruterdeslinguistes.Dèsson
stage,Louiseadoncoptépourlefree-lance,
épaulée par un ex-diplômé de son master.
Devisetfacturesn’ontplusdesecretspour
elle,etlescommandessontaurendez-vous.
136
L’OBS/N°2621-29/01/2015
SPÉCIAL DIPLÔMES
HENRI HAMELIN,
DIRECTEUR DE SERVICE ENFANCE, JEUNESSE, ÉDUCATION
Del’achatdematérielpourlescrèchesàlagestiondescantinesscolaires,
enpassantparlesremplacementsd’agents,HenriHamelin,26ans,esten
premièreligne.« C’estàlafoisépuisantetpassionnant.Jenepouvaispas
trouvermieux ! »DirecteurduserviceEnfance,Jeunesse,Educationàlamairie
deCornebarrieu,unepetitecommunede5000habitantsenHaute-Garonne,
ilréaliseunrêvecaressédepuislelycée.Grâceàunelicenced’administration
économiqueetsociale,àParis-II,unmaster1ensciencespolitiquesàTours
suivid’unmaster2collectivitésterritorialesdeToulouse-I-Capitole.Ce
derniermasterétant« articuléautourdudroitetdesfinancespubliques,
ilprépareàdesobjectifsprofessionnelstrèsclairs.»
LEPARCOURS
DUDIPLÔMANT
F O N C T I O N P U B L I Q U E
La cured’austéritén’empêchepaslesrecrutements, maisilfaut avoir
touslesatoutsen main pour entrer dansla carrière
AURÉLIE DJAVADI GUILLAUME RIVIÈRE
LESMEILLEURSDIPLÔMES
Bac+5
Institutsd’étudespolitiques,Institutsdepréparationà
l’administrationgénérale(Ipag),mastersendroitou
financesdescollectivités(Toulouse-I,Lille-I,Paris-II,Cergy,
Bourgogne).
Educateur en chef
V 
oir son enfant devenir fonction-
naire ?Pourbiendesparents,c’est
lerêve.Nonsansraison.Biensûr,
ilyalasécuritédel’emploi.Mais
cen’estpastout.Aupalmarèsdes
métiers offrant la plus grande
satisfaction, les 450 000 cadres du public
comptent parmi les mieux lotis. Gestion-
naires d’un lycée, responsables d’un ser-
vicemunicipal,magistratsouinspecteurs
dufisc,ilsexercentdesmissionsconcrètes,
auservicedubiencommun.
Mathieu Prunier, analyste fiscal pour la
communautéurbainedeMarseilleaprèsun
master finances des collectivités territo-
riales,sedit« passionnéparledébatpublic »,
luiquivoulait« untravailintéressantetqui
[lui]permetted’évoluer ».Heureuxd’appor-
ter sa contribution aux enjeux écono-
miques et financiers de la cité. Franck
Patrouillault,diplômé,lui,dumasterjuriste
conseil des collectivités territoriales à
Panthéon-Assas, préparé en alternance au
service juridique d’un département qui l’a
embauché, a également été reçu au
concours de la chambre régionale des
comptes. Il y enquête sur l’efficacité et le
bien-fondédespolitiquespubliques.
Le hic, c’est que, diète de la dépense
publique oblige, ces emplois se raréfient.
25 000 recrutements chaque année, dont
unebonnepartdefonctionnairesdits« de
catégorie A ou B », les plus qualifiés, c’est
beaucoup…maismoitiémoinsqu'ilyadix
ans. Les collectivités territoriales, où les
départs à la retraite et le transfert de cer-
taines missions et responsabilités créent
des besoins, continuent à proposer
30 000 postes,avecuneappétencepourles
diplômés en gestion, finance, ressources
humaines ou encore les ingénieurs et les
urbanistes.Souvent,ilfautdébutercomme
contractuel, puis décrocher un concours.
Parmi les filières les plus porteuses,
Johanne Saison, directrice de l’Ipag de
Lille-II, cite « les concours d’inspecteur des
Finances,d’attachéterritorialetceuxdesIns-
titutsrégionauxd’administration ».Uncran
en dessous de l’ENA, ces derniers mènent
àdespostesvariés.« Ilpeuts’agirdelages-
tiond’unétablissementscolairecommedela
rédactiondeloisauministèredelaJustice »,
note Jean-Luc Guillemoto, directeur de
l’IRA de Nantes. Comptez 67 places dans
chacundescinqIRAetdixfoisplusdecan-
didats. «  Malgré une ouverture vers les
lettres, l’histoire ou l’économie, nos promo-
tions viennent surtout de droit et sciences
politiques ». Et quel que soit le concours
visé,ilfautunhautniveaudediplômeetdes
compétences précises. « Les jurys se com-
portentdeplusenplusenrecruteurscomme
dansleprivé,aveclesmêmesattentes.Parti-
culièrementrecherchée,laconnaissancedes
marchés publics et des achats », note Jean-
FrançoisLemmet,consultantenressources
humaines.Bref,devenirserviteurdel’Etat,
plusquejamais,çasemérite…
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Exercer demain, dans l’hôtellerie internationale, un métier à
responsabilités, impliquant et passionnant, c’est choisir aujourd’hui
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LOS ANGELES
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MANILLE
MARRAKECH
MAURITIUS
MEXICO
MONTRÉAL
MOSCOU
SALTA
SINGAPOUR
TEL AVIV
TUNIS
138
L’OBS/N°2621-29/01/2015
SPÉCIAL DIPLÔMES
L
es banques, les grands cabinets de
conseil ont beau essuyer le feu des
critiques pour leur rôle dans la
crise financière, les bonus des tra-
ders être mis sous surveillance, les
vocations d’apprentis golden boys,
ou girls, ne tarissent pas. Ainsi, Marion
Monot, 24 ans, assistante en audit finan-
cierchezDeloitte,undesBigFourdusec-
teur, se plaît dans sa mission : « Mon rôle
est de certifier aux actionnaires que les
chiffres publiés par la société sont exacts,
cela peut paraître aride, mais, derrière ces
données, il y a la vie d’une entreprise, les
décisions de ses responsables », explique
cette jeune diplômée de Sciences-Po en
finances et stratégie embauchée à l’issue
de son stage. Elle est bien payée. Chez
Deloitte, les salaires d’embauche s’éche-
lonnentde32 000à43 000 eurosbrutpar
an… Une exception ? Non. Car l’audit, la
banque, la finance ont retrouvé la santé
et offrent encore de belles perspectives
aux débutants. En pleine mutation, ces
spécialités doivent faire évoluer leurs
métiers, tout en compensant de nom-
breux départs à la retraite.
L’Association française des Banques
prévoitainsi40 000recrutementsentre
2015 et 2017, dont deux tiers de candi-
dats de moins de 30 ans. La seule
Sociétégénéraleenembauche1 400par
an, dont la moitié de commerciaux à
bac+2 ou 3, « mais le sésame d’employa-
bilité dans le secteur réside plutôt dans
le bac+5, estime Charles Chabod, res-
ponsable du recrutement à la Banque
palatine, rattachée au groupe BPCE.
Côtéconseil,« nousrecrutons1 000 CDI,
dont 700 jeunes diplômés par an »,
explique Jean-Marc Mickeler, direc-
teur associé des ressources humaines
chez Deloitte. Préférence aux grandes
écoles et aux universités de renom.
Avec un bonus pour ceux qui postulent
munis d’une expérience à l’étranger et
d’un double diplôme, type école de
LEBONFILON
B A N Q U E S , F I N A N C E S
En pleineévolution,cessecteurssonten quête de jeunes
commerciauxetexpertsdu patrimoine. 40 000recrutements
sontprévusd’icià 2017
CAROLINE BRIZARD CONSTANCE DECORDE
LESMEILLEURSDIPLÔMES
Bac+2ou3
BTSetDUTetlicencesencommerce,banques,
métiersdel’assurance.
Bac+5 
MastersCCA,gestiondepatrimoine
(IAEdeClermont-Ferrand,Cergy-Pontoise,Dauphine).
commerce et Sciences-Po. L’assurance
connaît la même évolution, et voudrait
redorer son image un peu terne. En
2015, AXA compte ainsi recruter 5 500
personnes, dont 1 800 jeunes diplômés.
Des commerciaux et spécialistes de ces
métiers, à bac+2 ou 3, mais aussi des
gestionnaires de patrimoine et des spé-
cialistes du webmarketing.
Poursortirdulotetaccéderauxpostes
lesplusprestigieux,ilfautaccumulerles
stages. Un moyen également de trouver
sa voie. «  Cela m’a permis de cerner
Mastersingénieriepatrimoniale(IAEdeCaen),finances
etstratégie,actuariat(EuriaàBrest),InstitutdeStatistique
del’UPMC(Isup,Paris-VI),InstitutdeSciencefinancière
etd’Assurances(Isfa,Lyon-I).
Ecolesdecommerceoud’ingénieurs(Essec,
ESCP,Mines),IEP.
139
L’OBS/N°2621-29/01/2015
SPÉCIAL DIPLÔMES
C
rise oblige, les gestionnaires et les
comptables, veillant à la bonne
santéfinancièredesservices,avec
un œil avisé sur les recettes,
dépenses et économies possibles,
sont accueillis à bras ouverts par
lesrecruteurs.Entête,lesjeunesdiplômés
de l’université à bac +5, notamment les
masterscomptabilitécontrôleaudit(CCA)
ou audit et contrôle, qui permettent de
devenir expert-comptable. Particulière-
ment appréciés dans les grands cabinets
d’audit.Onchercheaussidesbac +2detype
BTSetDUTpouroccuperdespostesd’as-
sistantspaieetcomptablesenentrepriseet
encabinet.Lacriseaparailleursfaitémer-
gerdesbesoinsenspécialistesderecouvre-
ment, «des gestionnaires avec de bonnes
qualités humaines», décrit Romain Wer-
len, directeur senior de la division comp-
tabilité et finance de Page Personnel. Il
pointedessalairesd’embaucheàpartirde
30 000 euros, mais qui peuvent rapide-
ments’envoler,enfonctiondelanotoriété
dudiplôme,jusqu’à35 000,40 000 euros.
Autre piste, les postes en ressources
humaines, et, là encore, c’est le niveau
bac +5quis’impose.Maisuntriestnéces-
saire parmi les nombreuses formations
PRIORITÉAUX
GESTIONNAIRES !
C O M P T A B I L I T É , R E S S O U R C E S H U M A I N E S
Lesasdu plan comptable ou de la grille dessalairessont
indispensablesà la bonne marche desentreprises
BÉATRICE GIRARD
estampilléesRH,quinesontpasunanime-
ment appréciées des recruteurs. Mieux
vautainsiprivilégierlesgrandsclassiques,
et notamment les masters des IAE, ou le
réputémasterCiffopdeParis-II.Enfin,les
métiers du secrétariat ont évolué en
quelques années. Dans les petites struc-
tures, les préférences vont à des profils
polyvalents capables de faire du secréta-
riat, mais aussi un peu de gestion interne
et de comptabilité. Quant au secteur des
assistants de direction, il reste une niche
réservée à des profils haut de gamme.
Candidats non bilingues et non diplômés
d’une grande école type Sciences-Po,
s’abstenir…
progressivement ce qui me passionnait le
plus », reconnaît Marie Germe, 26 ans.
Pendantqu’ellefaisaitl’EISTI,uneécole
d’ingénieurs à Cergy-Pontoise, la jeune
femme a successivement travaillé dans
lafusion-acquisitionauCIC,àlaBanque
de France et dans un cabinet de conseil
à Lyon, avant de se faire embaucher en
novembre2012commeassistanteentre-
prise à la Banque palatine. Autre choix
judicieux :misersurl’alternancecomme
Simon, 27 ans. Après un master d’éco-
nomie et de gestion à Aix, il intègre
Monsieur
Placements
RAYAN BOUADLA,
CONSEILLER EN PATRIMOINE
Rayan Bouadla, 24 ans, est un
pur produit de l’université.
Cet ex-boursier, qui a grandi en
Seine-Saint-Denis entre un père
manutentionnaire et une mère
comptable, ne savait pas trop ce
qu’il voulait faire en décrochant
son bac ES. Le choix s’est opéré
chemin faisant. Pendant son
DUT techniques de
commercialisation, puis sa
licence à la fac de Créteil,
il a toujours travaillé, étudiant
la semaine, vendeur les samedis
et dimanches. « Un rythme un
peu soutenu », reconnaît-il.
Ensuite, il a réfléchi : « J’étais
intéressé par les métiers du
commerce et du marketing,
tout ce qui impliquait des
contacts avec les clients, mais
j’ai choisi la finance parce que
cela ouvrait plus de portes. »
Il fait donc un master en gestion
de patrimoine à l’IAE Gustave-
Eiffel. Et, dès l’obtention de son
master 2, qu’il a effectué en
apprentissage à la BNP,
il décroche un CDI à BNP
Paribas Banque privée, à Paris,
payé 36 000 euros brut annuels.
« J’y conseille mes clients
dans la gestion de leur
patrimoine, j’aime faire vivre
cette relation de confiance »,
dit-il avec chaleur.
Cet entreprenant vient de
s’acheter un petit appartement
à la lisière de Paris.
l’Essecendeuxièmeannée.« J’aidécro-
ché un CDI d’analyste en corporate
finance à la Société générale en octobre
2014 à la suite de mon parcours en alter-
nanceaudépartementfinanceetcontrol-
ling d’un grand groupe industriel fran-
çais. » Les institutions financières sont
aussi friandes de matheux cracks des
probabilités, pour établir, par exemple,
le montant de primes d’assurance : on
les appelle des actuaires. Comme Nico-
las Lesnisse, 24 ans, qui après deux ans
de prépa scientifique a intégré l’Institut
de Science financière et d’Assurances
(Isfa) à l’université Lyon-I. Aujourd’hui
analystederésultatsdeportefeuillechez
AXA,ilexplique :« Jeneconnaissaispas
l’actuariat. C’est un prof de maths en
prépa qui avait bien cerné mon caractère
qui m’en a parlé : j’ai le goût des mathé-
matiques mais aussi celui d’expliquer, ce
qui est nécessaire dans ce métier où nous
faisons beaucoup de présentations »,
résume-t-il. Assuré, en prime, d’une
bonne progression de salaire et des res-
ponsabilités.
LESMEILLEURSDIPLÔMES
BAC+2ou3
BTScomptabilitéetgestion,DUTGEA,licences
managementdesorganisations,métiersdelacomptabilité,
diplômedecomptabilitéetgestion(DCG).
BAC+5
MastersCCA,mastersengestiondesIAE(notamment
deClermont-Ferrand),Ciffop,Mastèreresponsable
managementetDRHdel’IGC,diplômesupérieurde
comptabilitéetdegestion(DSCG),écolesdecommerceou
IEPavecspécialisationRH.
L’OBS/N°2621-29/01/2015
140140
L’OBS/N°2621-29/01/2015
SPÉCIAL DIPLÔMES
LAVOIEROYALE
I N F O R M A T I Q U E
La révolution destechnologiesnumériquescrée encore ettoujoursdesemplois.
Débutantsplusquebienvenus
LISA TELFIZIAN PATRICIA MARAIS
Prince des data
TIMOTHÉE, INGÉNIEUR RÉSEAU
Lapremièrefoisqu’ilestentrédansundatacenter(centrededonnées),stagiaire
del’opérateurdetélécomsNerim,Timothée,23ans,aeulefrissonfaceaux
kilomètresdecâblesrangéssurdesétagèresdansdessallescommedes
cathédralesoùbourdonnaientlaclimetlesserveurs.«J’étaiscollégienlorsde
l’avènementd’internet,etjemedemandaiscommentlesordinateursdumonde
entierpouvaientcommuniquerentreeux»,sesouvient-il.Fascinéparle
transportdesdonnées,àSupinfoLille,iloptedoncpourlaspécialitéréseauet
rechercheunstagedanslestélécoms,«làoùleréseauestroi».Timothéetombe
suruneoffredeCDIdeNerim,unopérateurdefibreoptiquespécialisédansles
servicestrèspointusauxentreprises.«J’aiécritpourdirequeleposteainsique
l’entreprisede160personnescorrespondaiententoutpointàmesattentes,et
Nerimacrééunstagepourmoi.»Aprèslestage,l’embauchealieuennovembre
2014,entre35000et38000eurosannuels.Uneplacedechoixaucœurduréseau.
L
e numérique ? « Une formidable
aventurepourlesjeunes»,s’enthou-
siasme Guy Mamou-Mani, pré-
sidentduSyntecnumérique,lesyn-
dicat patronal du secteur. « Les
entreprises ne se contentent plus
d’un service d’informaticiens pour gérer
leursystèmed’informationetleurparcd’or-
dinateurs, elles numérisent toutes leurs
activitésduprocessdeproductionàlarela-
tionavecleursclients,ellesontbesoind’ex-
perts partout. » Un peu comme si la
colonne vertébrale informatique s’enri-
chissait de terminaisons nerveuses…
autant de nouvelles possibilités pour les
jeunes diplômés. Souvent des fanas,
comme Arnaud Masselin, diplômé en
2013 d’un master d’ingénierie des sys-
tèmesdetélécommunicationetréseauxà
Toulouse :«Lenumérique,c’estlarigueur
maisaussilarecherchepermanentedesolu-
tions, l’ingéniosité. C’est ce qui m’a plu et
m’adéterminéàm’orienterverscedomaine.
Comme toute ma promo, à peine diplômé,
j’ai été recruté, chez LivingObjects, un édi-
teurdelogicielsdemanagementderéseaux,
celachanged’autresspécialités…»
Les grandes fonctions – réseaux, sys-
tèmesd’information,sécurité–seportent
bien et tous les secteurs recherchent ces
débutants. L’eldorado du moment, c’est le
big data : l’exploitation des colossales
massesdedonnéesbrasséesparlesentre-
prisesetqui,bienexploitées,peuventper-
mettre d’en améliorer tous les rouages, de
la production à la distribution : «Cette
année,nousrecrutonsdes“datamanagers”
qui seront attachés à tous les services»,
explique par exemple Muriel Nicou, res-
ponsable des recrutements chez AXA
France. Sans parler des tablettes et smart-
phones en plein essor, du cloud ou encore
de l’internet des objets (ou objets connec-
tés). Prendre latempérature viale pyjama
des enfants pour alerter du moment où il
fautadministrerleparacétamol,assurerle
maintienàdomiciledepersonnesâgéesou
malades grâce à des boîtiers qui commu-
niquent des informations au corps médi-
cal…«unmarchégigantesque»,assureGuy
Mamou-Mani.Start-upetgrandsgroupes
s’yintéressent,commeLaPosteetsonhub
numérique universel présenté au CES
(ConsumerElectronicsShow)deLasVegas
enjanvier,uneplate-formedanslecloudqui
permet de gérer l’ensemble des objets
connectésd’unfoyer,quelquesoitleursys-
tèmed’exploitation.
Endixans,l’informatiquevientdecréer
plusde700 000emplois,etlesannéesqui
viennents’annoncentpourlemoinsaussi
prometteuses. Les heureux diplômés du
domaine, qu’ils sortent d’un master à la
fac, d’une école d’ingénieurs ou d’une
L’OBS/N°2621-29/01/2015
141141SPÉCIAL DIPLÔMES
VÉRONIQUE RADIER
LESMEILLEURSDIPLÔMES
Bac+2/3
BTSinformatiqueetréseaux ;informatiquedegestion.
DUTstatistiqueetinformatiquedécisionnelle.
Licencessystèmesinformatiquesetlogiciels ;réseaux
ettélécommunications.
Bac+5/6
Ecolesd’ingénieurs(Supélec,TélécomParisTech,
TélécomBretagne,Esiea,Isep,Ensimag,ECE,Efrei,UTT,
UTC…).
MastersMiage(dansvingtuniversités),systèmes
informatiquesintelligentsetcommunicants(Cergy-
Pontoise),Cryptis(Limoges),sécuritédescontenus,des
réseaux,destélécommunicationsetdessystèmes
(Versailles),MBDS(Nice),ingénierielogiciellepourl’internet
(universitéd’Artois),ingénieriestatistiqueetinformatique
delafinance,del’assuranceetdurisque(Paris-Diderot),
réseauxettélécommunications(Paris-Sud/ENSCachan),
cryptologieetsécuritéinformatique(Bordeaux-I).
école spécialisée, non seulement
s’épargnent la moindre démarche pour
trouveremploiàleurgoût,maissevoient
« chassés ». Au point que leurs respon-
sablesdeformationleurconseillentd’évi-
ter de mettre leur CV en ligne s’ils ne
veulent pas être submergés d’offres ! Un
casse-têtepourlesDRH :«Nousrecrutons
100personnespourrépondreànotrecrois-
sancede20%cetteannée,ettouslesmoyens
sont utilisés – relations, écoles, réseaux
sociaux, cooptation, cévéthèques »,
expliqueEricDumartin,DRHdeLinkby-
net, une ESN, entreprise de services
numériques, la nouvelle appellation des
SSII,lesplusgrosemployeursdusecteur.
«Apeinediplômés,nos40étudiantssont
embauchésdansl’industriedutourisme,des
banques, des start-up qui ont grandi et se
structurent,voiredescentralesnucléaires,à
dessalairesquivontde29000à42000 euros
annuels»,seréjouitainsiAndréAoun,res-
ponsable du master ingénierie des sys-
tèmes de télécommunications et réseaux
informatiquesdel’universitéToulouse-III.
«Nous voudrions bien avoir davantage de
candidatsànosfilières,soupireFatihaGas,
directrice du campus parisien de l’école
d’ingénieurs Esiea. La plupart de nos étu-
diantsontlechoixentreplusieursCDIavant
même d’être diplômés.» Et le numérique
s’intéresse désormais même aux bac+2.
« Ils ont beaucoup plus d’offres que voici
quelques années car les entreprises font un
effort pour former après recrutement, elles
nepeuventpastoujourss’offrirdesbac+5»,
remarque Thierry Verdier, fondateur du
cabinetderecrutement1001Talents.Bref,
desouverturesàtouslesniveaux…
L
e droit plaît. Trop. Chaque année
enregistre un nouveau record
d’inscrits dans les universités :
210 000 au dernier recensement.
La Cour des Comptes a même
tiré le signal d’alarme, jugeant les
diplômés trop nombreux et pas tou-
jours bien préparés aux besoins du
marché du travail. Niveau d’accès à la
plupart des métiers : bac+5. Les avocats
représentant la majorité des profes-
sionnels. Il faut réussir, après un bac+4
au minimum, le Capa (certificat d’apti-
tude à la profession d’avocat). Après
quelques années souvent comme asso-
cié, on peut encore y faire de belles car-
rières dans des cabinets généralistes,
traitant des litiges familiaux ou encore
de proximité et pas seulement de
« grandes » affaires, et avec des revenus
moins élevés qu’on ne l’imagine : en
moyenne 2 150 euros brut par mois
pour un débutant. Quant aux juristes
d’entreprise, « nous n’arrivons pas à
PROFESSIONS
DE LOI
D R O I T
Famille, socialou business… Lesjuristesavisés
choisissentavec soin leur spécialité
DèssonarrivéeàSciences-PoParis,découvrantledroit,qu’elleimaginait
commeunematièrearideetpeuattrayante,MaudSchlaffmann-Amprino
s’estpassionnéepourcettediscipline«quitoucheconcrètementà
touslesdomainesdelavie»,famille,travail,santé,etc.Enmaster,elle
choisitledroitjudiciaire,pensantsedirigerverslamagistrature,maisses
stagesluirévèlentunmétiermoins«militant»qu’ellenel’imaginait.
Enstagetoujours,elledécouvrelemétierd’avocatchezEtienneNoël,
spécialistedudroitdesdétenus.Unevéritable«révélation»pourlajeune
fillequi,enparallèledesesétudes,donnaitdescoursenprisongrâceà
l’associationGenepi.AprèsunespécialisationàlaSorbonneen
criminologie,Maudvientd’obtenirsonCapa(certificatd’aptitude
àlaprofessiond’avocat).Aujourd’huicollaboratriceetavocateengagée,
ellepartagesontempsentredeuxcabinets :«J’airarementuneminute
àmoi,parfoisonal’impressionquerienn’avance,etpuis
onarriveàfairebougerleschoses…»
PIA DUVIGNEAU
Juriste militante
MAUD SCHLAFFMANN-AMPRINO, AVOCAT
répondre à la demande ! », sourit Séve-
rine Blum du cabinet de recrutement
Hays. La spécialisation en droit social
est grandement réclamée à cause de la
multiplication des plans sociaux et des
litiges prud’homaux.
Le droit des affaires est lui aussi prisé,
à condition de suivre le parcours ad
hoc, plutôt relevé. Sébastien Turin,
recruté par le groupe DBApparel (Dim,
Playtex…) et coresponsable du comité
des jeunes juristes de l’Association
française des Juristes d’Entreprise
(AFJE) confirme : « J’ai passé un an
à  l’université de Sussex, en Grande-
Bretagne. Cela m’a donné une compé-
tence pour rédiger et superviser sur le
plan juridique les contrats que le groupe
noue avec ses partenaires dans le monde
entier. » Le fin du fin étant encore de
passer un LL.M (Master of Laws), ce
master de droit anglo-saxon – au Qué-
bec par exemple, où le cursus n’est
guère onéreux.
L’OBS/N°2621-29/01/2015L’OBS/N°2621-29/01/2015
J
’adore les enfants. Ils m’apprennent
autant que je leur apprends. Ils sont
dans l’émotion pure, s’exclame Char-
lotteRiou,23ans,professeurstagiaire
verslaCanebière,àMarseille.Onest
toujoursentraindesedire,neserait-ce
qu’en voyant des cailloux sur une plage :
“Tiens !çaseraitbienpourtelleactivitédans
la classe…” » Pour sa première année en
poste,Charlotteaffichecomplet.« Enplus
des vingt-six heures hebdomadaires, je
travailleunequinzained’heuresparsemaine
à préparer mes cours. » Les concours se
passent avec un master 1. Et la période est
propice : 24% de reçus au Capes, 32% au
concours du professorat des écoles. Avec,
en2015, presque 25 000 postes premieret
second degrés confondus, soit +29% par
rapport à 2014. « Les créations d’emplois
dans le cadre de la loi Peillon se conjuguent
aux départs à la retraite prévus de 300 000
enseignants dans les dix années qui
viennent  », résume Jacques Ginestié,
présidentduréseaunationaldesEspe.Les
Tête
chercheuse
HORTENSE SERRET,
CHARGÉE D’ÉTUDES
Embauchéedanslafouléedesathèse
parARP-Astrance,unesociété
deconseil,Hortensetravaillesur
l’intégrationdelabiodiversitédansles
projetsimmobiliers,avecunsalaire
d’ingénieurconfirmé.« Lesvillessont
toujoursenexpansion,explique-t-elle.
Leurdensificationnepeutêtreviable
qu’enaménageantdesespacesverts. »
Aprèsunelicenceensciencesdelavie
àl’UPMC,Paris-VI,elleafaitune
indigestiondechimieetdephysique
quantiqueetsetourneversl’histoire
etlaphilosophiedessciences
enmaster.« J’aialorsenvisagéle
journalisme,etmêmelereportage
deguerre. »AMontréal,aucours
d’unéchange,elletrouvesavoie :
lessciencesdel’environnement.Età
sonretourenFrance,c’estledirecteur
d’ARP-Astrancequiluiinspirelesujet
desathèseaxéesurledéveloppement
soutenableenville…etlarecrute.
« Jecontinueàfairedelarecherche
appliquéeavecunObservatoiredes
JardinsetEspacesvertsd’Entreprises,
oùjegèredesprojetsexpérimentaux,
commel’installation
denichoirsàpollinisateur. »
PROFS
DEMANDÉS !
E N S E I G N E M E N T , R E C H E R C H E
Lesconcoursderecrutementd’enseignantsdu primaire et
du secondairemanquentdecandidats. Comment s’ypréparer
CAROLINE BRIZARD, FABRICE DEMESSENCE
chances de réussite varient, selon la disci-
pline :danslescollègesetlycées,onmanque
de profs en maths, sciences, langues, fran-
çais, dans les écoles, ce sont le Nord ou la
régionparisiennequicherchentdesprofes-
seurs. Les salaires, eux, restent modestes :
1 640 eurosnetparmoispourundébutant.
Devenirenseignantdanslesupérieur,en
revanche, c’est une mission quasi impos-
sible.Apeineplusde3 000postes(en2013),
enbaisserégulière.Avec37candidatspour
uneseulechairedemaîtredeconférences.
Se consacrer à la recherche pure n’est pas
plusaisé.« Aladernièrecampagnederecru-
tement,ilyavait307postesàpourvoir,pour
8 099 candidats admis à concourir, résume
IsabelleLongin,adjointeàladirectiondes
ressources humaines du CNRS, avec un
salaire de départ compris entre 2 200 et
2 600 eurosbrut. »MatthieuRaynal,32ans,
yestentrécommechargéderechercheen
2013. Il travaille sur les catalyseurs, ces
molécules qui accélèrent les réactions
chimiques. «  J’aime l’idée de l’aventure
communedutravailenéquipe,delaconfron-
tation.  » Il comptabilise une dizaine
d’années d’études supérieures  : DUT,
Ensiacet,écoledechimieàToulouse,thèse
à Strasbourg en alternance financée par
l’InstitutfrançaisduPétrole(IFP)et,enfin
deux« post-doc »dansdeslabosàPariset
àTarragone,enEspagne…« Ilfautavoirla
foi »,conclut-ilsimplement.
Les entreprises offrent davantage de
perspectives.« Lesdiplômésd’écolesd’ingé-
nieursfontuneconcurrencesévèreauxtitu-
lairesdethèses »,prévientMohamedHarfi,
expert à France Stratégie, service de pros-
pectiverattachéàMatignon.Lachimie,les
sciences humaines recrutent moins de
chercheurs que l’informatique, le droit,
l’économie,lamécaniqueoul’électronique.
« Nous encourageons les doctorants à être
stratèges de leur carrière, à regarder ce
qu’attendent les entreprises, à infléchir leur
parcoursetàtravaillerenanglais »,conseille
Vincent Mignotte, président de l’Associa-
tionBernard-Gregory(ABG).
144
L’OBS/N°2621-29/01/2015
SPÉCIAL DIPLÔMES
E
ndécembre, le voyage interplané-
taire de la sonde Rosetta puis
l’atterrissageacrobatiquedurobot
Philaesurunecomèteonttenuen
haleine des millions de Terriens.
Unexploitauquelontœuvrédans
l’ombre, depuis plusieurs années, des
bataillons de techniciens, ingénieurs et
autresscientifiquespourmettreaupoint
moteur,fuselageetcalculateurs…auser-
vice de grands groupes ou de PME. L’in-
dustrie n’est pas finie ! Certes, la crise, la
mondialisation sont passées par là,
détruisant des pans entiers d’activité
mais d’autres résistent, conquièrent des
marchés. Et certaines PMI, très dyna-
miques, ont bien du mal à attirer des
recrues,méconnuesqu’ellessontdesétu-
diants. C’est le cas d’Europe Technolo-
gies, installée dans la région nantaise :
« Nous recherchons des ingénieurs, mais
aussi des techniciens dans de nom-
breuses spécialités », explique Christelle
Boutolleau, directrice du département
Composites.
« Nousavonsungrandnombredepostes
àpourvoirdanslesgrandsgroupes,comme
danslesPME,àtouslesniveaux :destech-
niciens comme des cadres et des ingé-
nieurs,quecesoiteninnovation,recherche
et développement, production, mainte-
nance, qualité, logistique…  », confirme
Jérôme Gras, directeur exécutif du cabi-
net Page Personnel. Avec des niveaux de
qualification qui ne cessent de s’élever,
des missions plus complexes : « Nous
voyons de nouveaux métiers apparaître
avec des dimensions internationales et
commerciales fortes. Les ingénieurs qui
maîtrisent l’anglais sont amenés à gérer
descontratsetlescahiersdeschargesavec
lessitesdeproductionsituésàl’étranger. »
En tête des domaines les plus dyna-
miques, le spatial et l’aéronautique. Pour
fairefaceàdescarnetsdecommandessur-
chargés et des cadences de production
L’USINEÀJOBS
I N D U S T R I E
En manquedetechniciensetde cadres, ce secteur
proposedebellescarrières.En particulier dansl’aéronautique,
l’agroalimentaireetla pharmacie
BÉATRICE GIRARD FRANCK TOMPS
LESMEILLEURSDIPLÔMES
Bac+2/3
DUTgénieindustrieletmaintenance,génieélectrique
etinformatique,productique,mesuresphysiques.
BTSmaintenanceindustrielle,contrôleindustriel
etrégulationautomatique.
Licencesélectronique,informatiqueet
communicationsembarquéesappliquéesauxtransports,
véhiculesélectroniquesetgestiondesautomatismes
(Franche-Comté),gestiondelaqualitéetdurisquedans
lesbioindustries(Pierre-et-Marie-Curie),commercialisation
desbiensetservicesindustriels(Bordeaux),métiers
delamicroélectroniqueetdesmicrosystèmes(Grenoble),
systèmesindustrielsautomatisésetmaintenance
(Clermont-I).
Bachelordetechnologie(ArtsetMétiers,Bordeaux
etChâlons-en-Champagne).
Bac+5et6
Ecolesd’ingénieursàvocationindustrielle
(ArtsetMétiers,UTC,GrenobleINP…).
Masterscontrôleetqualité,génieélectrique
etinformatiqueindustrielle(universitédeBretagne-Sud),
formulationetévaluationsensoriellesdes
industriesdesparfums,delacosmétiqueetdel’aromatique
alimentaire(Versailles-Saint-Quentin),responsabilités
etmanagementqualitédanslesindustriesdesanté
(Bordeaux),mécaniqueetrisquesindustriels(UTTroyes),
alimentation,lait,innovation,management,
nutraceutique(Rennes),ingénieriechimique
etagroalimentaire(Nantes).
infernales,lesdonneursd’ordrecherchent
techniciensetingénieursenmaintenance
industrielle, électronique, électrotech-
nique ou automatisme… Scénario quasi
identiquedansl’énergieetlamétallurgie :
« Nousprévoyons100 000recrutementspar
anjusqu’en2025,dont20 000ingénieurset
27 000 techniciens et agents de maîtrise.
Avisauxamateurs,cesbac+2etbac+3,nous
lesaccueillonstous ! »s’exclameFrançoise
Diard, responsable de l’Observatoire des
métiersdelaMétallurgie.
Billel Maati, 26 ans, avec un DUT
génie thermique et énergie et un
diplôme d’ingénieur, n’a pas mis long-
temps à s’en apercevoir : embauché en
septembredernierchezVeritasdansles
vingt-quatre heures qui suivaient l’ob-
tention de son diplôme. « Je réalise des
audits énergétiques pour des bailleurs
sociaux. C’est un métier technique avec
beaucoup de missions de terrain mais
aussi du conseil, pour un salaire d’em-
bauche tout à fait convenable de
35 000 euros par an », raconte-t-il.
Autres bonnes pioches, les industries
agroalimentaire et pharmaceutique.
Malgré les récentes annonces de plans
sociaux chez Sanofi et Pierre Fabre, ce
145
L’OBS/N°2621-29/01/2015
SPÉCIAL DIPLÔMES
Manager-née
RACHEL THIBAULT, CHEF D’ÉQUIPE FABRICATION CHEZ BONGRAIN
Inscriteenfacdebiologie,passionnéeparl’universdeslaiteries,Rachela
confirmésavocationlorsd’unstagedansunefabriquedereblochonpendant
salicence. « J’aidécouvertqu’ilexistaitundiplômetrèsspécialisédansce
domaineetj’aipostuléaumasteralimentation,lait,innovation,management,
nutraceutique(Alimn)cohabilitéparl’agrocampusOuestetl’université
deRennes-I. »Sitôtdiplômée,Rachelaétéembauchéecommechefd’équipe
parlegroupeBongrain.Duhautdeses23ans,ellemanageuneéquipede
30 personnesetsuperviselafabricationdeplusieursfromages.« Jem’occupe
d’un atelier de transformation traditionnelle et d’un autre de produits
ultrafiltrés. Je veille au respect de toutes les procédures sur la chaîne.
J’organise les plannings, je gère des intérimaires et je fais face aux aléas
de production : ma hantise, c’est la panne qui pourrait affecter la qualité
des produits. Un métier sans routine et avec beaucoup d’adrénaline… »
dernier secteur a programmé 10 000
recrutements cette année, dont 20%
concerneront les jeunes diplômés.
« Mêmesil’âged’ordel’industriepharma-
ceutiqueestderrièrenous,ilrestedebelles
perspectives », assure Pierre Tchoreloff
qui dirige le master responsabilités et
management qualité dans les industries
de santé à Bordeaux. « Chacun de mes
diplômés a le choix entre deux ou trois
offresd’emploi. »Lesprofilsrecherchés ?
Un peu les mêmes que dans la plupart
des domaines de l’industrie, des spécia-
listes production, qualité ou mainte-
nance, mais aussi des data managers
capables d’alimenter et gérer d’énormes
bases de données.
Mais voilà, l’usinene fait guère rêver…
Etpourconstituerleurseffectifs,lesres-
ponsables de formation doivent partir à
la pêche aux étudiants dans les salons.
« Je leur explique qu’en venant chez moi
ils pourront apprendre à développer des
applicationspourlestéléphonesportables
ou construire des moteurs de bateaux de
course et que, en plus, ils n’auront pas de
problèmedechômage :tousmesdiplômés
sont casés en un mois  », raconte, par
exemple, Johann Laurent à la tête du
master génie électrique et informatique
industrielle de Lorient. Les Arts et
Métiers, prestigieuse école d’ingénieurs
vient d’ouvrir un bachelor « technolo-
gique » (bac+3), évitant le mot « indus-
triel »...« C’eststrictementlamêmechose,
seulement le mot est plus glamour  »,
confie l’un des responsables de l’école.
Il est aussi approprié à la réalité des
métiers.Ainsi,vêtud’uneblouseblanche,
équipédelunettesetd’uncasquedepro-
tection, Cyril Vallade supervise les auto-
matismes et pilote les procédés de fabri-
cationdansuneusinedugroupeGuerbet,
spécialisé dans les produits de contraste
pourl’imageriemédicale.Sursonordina-
teur,desbasesdedonnéesluipermettent
de surveiller les rendements, et les
grandescuvesettuyauxquicontiennent
leprécieuxliquide.IladécrochéunCDI
au sortir de son master en génie élec-
triqueetindustriel,sansmêmepasserpar
la case recherche d’emploi. Il gagne
3 000 eurosparmoisetespèreprogresser
rapidement.Lessalaires,voilàundernier
malentendu à dissiper. « Si dans l’indus-
trie les bac+5 gagnent moins que dans le
conseil ou la finance en début de carrière,
ils commencent tout de même autour de
35 000 à 40 000 euros par an, avec une
bonne perspective d’évolution », insiste
Jérôme Gras.
L’OBS/N°2621-29/01/2015
146146
L’OBS/N°2621-29/01/2015
D
ans les pays anglo-saxons, on
les appelle les sport scientists. En
France, la dénomination reste à
inventer,maisilsformentdéjàune
corporation bien identifiée. Il y a
Alexandre Marles, «directeur de
la performance» à l’Olympique lyonnais.
MartinBuchheit,sonhomologueduPSG,
auteurdepublicationsscientifiquesremar-
quées.OuencorelestroisJulien–Deloire,
Piscione et Robineau – de la Fédération
françaisederugby,quipréparentlesjoueurs
du XV de France à coups de tests d’effort
complexes ou de simulateurs de mêlée.
Tous sont détenteurs d’un doctorat en
Staps (sciences et techniques des activités
physiquesetsportives).
Des docteurs en Staps, voilà la nou-
veauté.Crééedanslesannées1970,cette
filière avait pour vocation de former
des  enseignants du secondaire. Si le
Capeps (rendu très abordable par les
embauches massives du gouvernement)
DES RESSOURCES
TRÈS HUMAINES
S P O R T S , S O C I A L
En premièreligne del’animation socio-éducative, lessportifs
forméssontdeplusen plusrecherchés
GURVAN LE GUELLEC AÏ ESTELLE BARREYRE Chef
d’équipe
LOÏC LOUIT, PRÉPARATEUR PHYSIQUE
LoïcLouitsaitqu’ilfaitpartied’une
petitecastedeprivilégiés.«Jetravaille
auplushautniveau,avecunsalairede
cadresup,etauprèsdegenspartageant
mavisiondumétier.»Atoutjuste
30 ans,cediplôméd’unmasterStaps
s’occupedepuisl’étédelapréparation
physiquedesrugbymenperpignanais.
PourlebachelierES,rienn’était
pourtantgagné.«J’étaisunélève
moyen.Jemevoyaisprofd’EPS,avec
le risqued’échouer.»Etpuisilyaeu
la révélationduplaisirprisàentraîner.
Etunchangementprofonddansson
rapportauxétudes.Loïcs’estmisàlire
énormémentetàrepensersoncursus
(deuxannéesdeL3,deuxannées
de M1)pourpouvoirtravailler
en parallèle(commeprofd’EPS
vacataire,coachpersonnel,
préparateurphysiquedeclubs
amateurs…),élargirsonchampde
compétencesettravaillersesréseaux.
Sonprochaindéfi :selancerdansune
thèsededoctorat,pourpréparer
l’avenir.«A45ans,j’auraipeut-être
d’autresenviesetd’autresbesoins.»
continued’attirer35%desétudiants,ilne
suffitpasàfournirdesemploisauxnom-
breux passionnés qui se dirigent vers la
filière.Sesresponsablessesontdémenés
pour leur offrir d’autres débouchés.
Depuis 2004, ils peuvent aussi encadrer
desactivitéssportivesendehorsducadre
scolaire,oubienopterpourdenombreux
masters professionnels, à bac+5, menant
à des carrières universitaires ou, pour-
quoi pas, à des postes de préparateurs
physiques auprès des stars du ballon
ovaleouduballonrond.« Ilfauttoutefois
rester prudent, souligne Loïc Louit,
chargé de cours à Toulouse et prépara-
teurphysiqueduclubderugbydePerpi-
gnan(voirencadré).Lesstructuressuscep-
tibles d’embaucher des profils comme le
mien sont peu nombreuses. Trente clubs
pros,lafédération,etlescentresdeforma-
tion. Soit 200 jobs tout au plus. »
Les effectifs en Staps atteignent des
hautshistoriques(53000étudiants,dont
23000 en première année), mais les
diplôméss’insèrentplutôtbien.Seulhic :
des premiers emplois souvent précaires
etsous-payés(25%detempspartiel,dont
beaucoup de saisonniers, et 1400 euros
net de salaire moyen trois ans après l’ob-
tention de la licence). « Nous sommes
concurrencéspardescandidatspossédant
des brevets d’éducateurs sportifs délivrés
parlaministredelaJeunesseetdesSports
[formations payantes de 800  heures
accessibles à bac+0, NDLR], explique
LaurentBeauvais,leprésidentdel’Asso-
ciation nationale des Etudiants en Staps.
Les directeurs de structure sont souvent
issusdecesformationsetpeuventnourrir
despréjugésànotreégard :tropchers,trop
intellos, trop généralistes. »
Autres pistes, les masters en manage-
mentsportif–vented’articlesdesport,ges-
tion d’activités de loisirs ou d’événements
sportifs – ou encore l’activité physique
adaptéeetsanté(Apas).«Depuisquelques
années, le monde médical a pris conscience
decequenouspouvionsluiapporter»,note
Didier Delignières, le président de la
ConférencedesDoyensetDirecteursStaps
(C3D).Descentresdetraitementducancer
auxmaisonsderetraite,lademanded’en-
traîneurssportifsnefléchitpas.
De même, les diplômés du social, édu-
cateurs ou assistants sociaux sont atten-
dus tant sur le terrain que dans l’enca-
drement de structures, un peu partout
en France.
LESMEILLEURSDIPLÔMES
Bac+2/3
BTSéconomiesocialeetfamiliale,serviceetprestation
sanitaireetsocial.
DUTcarrièressociales.
Licencetravailsocialetconduitedeprojets(Paris-13),
coordinateursdeservicegérontologique(Grenoble,
Provence),responsabledeservicesd’accueildelapetite
enfance(Aurillac,Aix-Marseille),managementdusport
(notammentNice),métiersdelaforme(Toulouse-3,Lille2).
Diplômesd’Etatd’assistantdeservicesocial,d’éducateur
spécialisé.
Bac+5
Masterssportsetsanté(Paris-Descartes,
Montpellier-1,Rennes-2),sportettourisme(Chambéry,
Poitiers,Grenoble,Lyon-2,Toulouse-3),gestiondes
établissementssanitairesetsociaux(Aix-Marseille),
managementdesorganisationsdesanté(IAE
de Pau-Bayonne).
SPÉCIAL DIPLÔMES
L’OBS/N°2621-29/01/2015
147147SPÉCIAL DIPLÔMES
LESMEILLEURSDIPLÔMES
Bac+2ou3
BTSetDUTcommerciaux,licencescommerceenligne
(UBS,Distrisup),commercialisationdesbiensetservices
industriels(Bordeaux),commercegestionnaire
import-export(universitéduMaine,LeMans),bachelors.
Bac+5
Ecolesdecommerce,InstitutduCommerceetdela
Distribution(ICDParisetToulouse),IMDD(Lille-II),masters
decommerceinternational,stratégiecommercialeet
politiquedenégociation(Paris-I),distributionetrelation
client(Paris-IXDauphine).
P
eut-être parce qu’ils touchent à
l’argent, toujours un peu tabou
danslapsychéfrançaise,lesmétiers
de la vente restent entachés d’une
imageunpeucheap.Pasassezintel-
lectuels, pas assez glamour. Un
injuste cliché qui, aujourd’hui encore,
décourage les vocations. Dommage, car,
danslagrisailledumarchédel’emploi,pour
lescommerciaux,enrevanche,lesvoyants
sontauvert :«Prèsd’unquartdesentreprises
interrogées dans notre baromètre prévoient
d’enrecrutercetteannée»,seréjouitVincent
Caltabellotta, directeur de l’Observatoire
permanent de la Fonction commerciale.
A la tête du cabinet CCLD Recrutement,
Lionel Deshors décrit lui aussi un marché
porteur. «Entre turnover et volonté de
gagner des parts de marché, les entreprises
recrutentetpeinentmêmeparfoisàtrouver
descandidats…»
Etceuxquisesententtailléspourlecos-
tumeenprofitent.CommeMaximeTissot.
Diplômé en 2014 du master de l’IMMD,
école interne de l’université Lille-II, il est
recruté en CDI comme chef de produit
junior pour une enseigne de mode avant
même la fin de ses études. «J’analyse les
ventes de la collection homme au quotidien
pour ajuster au mieux l’implantation des
LEBUSINESS
D’ABORD
C O M M E R C E , V E N T E
Cesmétiersinjustementsnobéspermettentde mener
de belles carrières, si on en a le tempérament…
BÉATRICE GIRARD NICOLAS MATULA
Vendeur
en ligne
SÉBASTIEN COCHÉ, COMMERCIAL
SébastienCochéestunvendeur,un
vrai !«J’aitoujoursvoulutravailler
danslecommerce :vendre,fairedu
chiffred’affaires,analyserlesmarges…
et,pourquoipas ?,unjourcréerma
boîte.»BacSenpoche,ils’inscrit
doncenDUTtechdeco.«Messtages
endistributionm’ontconfirméqueje
nevoulaispasêtrechefderayon.Je
préfèretravaillerdansl’e-commerce,
carpourmoic’estl’avenir.»Direction
Vannes,oùlalicenceprocommerce
enligneaboutitàuneembaucheparle
siteLyophilise.com,sociétédevente
derepaslyophilisésetsousvidepour
sportifsetrandonneurs.«Basésà
Lorient,nousfournissonsnotamment
touslesskippeursdesgrandescourses.
Monjobconsisteàboosterlesventes,
eninstallantdesbannièressurle
site,enproposantdespromotions,en
multipliantlesmailingsclients,les
campagnessurlesréseauxsociaux.
Monobjectifestatteint :j’assimiletous
lesrouagesdelastratégiecommerciale
etjegagne2000eurosparmois.»B. G.
de l’énergie et des nerfs solides, pour face
aux objectifs et garder le moral en toutes
circonstances.
Nombreuses sont les entreprises qui
recherchent des jeunes à bac +2/3 pour
remplir leurs carnets de commandes ou
gérer leur clientèle comme les banques
« avec des salaires entre 25 000 et
30 000euros brut par an», souligne Lionel
Deshors.Expérienceduterrainetmaîtrise
deslanguesétrangèresrendenteneffetles
candidats totalement bankable aux yeux
des recruteurs. Comme les diplômés de la
licence pro gestionnaire import-export de
l’universitéduMaine,auMans,quipassent
plusieurs mois au Royaume-Uni pour
menerunemissionexport.«Untiersd’entre
euxdécrochentleurpremierjobsurplaceet
n’ont aucune envie de revenir», signale
Michel Frankel, responsable de la filière.
Danslessociétésdeservicesinformatiques
ou d’ingénierie industrielle, les ingénieurs
commerciaux«débutentà35 000eurosbrut
annuels, qui grimpent facilement à
45 000euros, variables comprises», estime
LionelDeshors.Riend’unjobaurabais…
référencesenboutique.C’estàlafoisuntra-
vail d’équipe et stratégique, que j’apprécie
particulièrement.»Desmétiersoùperson-
nalité et autonomie comptent au moins
autant que le diplôme, pointe l’Observa-
toire.Lecocktailgagnantpourréussir ?Une
bonne dose de psychologie et d’écoute
–vendre, c’est souvent avant tout com-
prendreceuxquel’onsouhaiteconvaincre–,
L’OBS/N°2621-29/01/2015L’OBS/N°2621-29/01/2015
M
ieux valait ne pas être
terrassé par un gros rhume
lorsdesfêtesdefind’année…
Ulcérésparleprojetdeloide
Marisol Touraine, des cen-
tainesdegénéralistesavaient
baissélerideaudeleurcabinet.Plustôt,
les pharmaciens, eux, défilaient aux
côtésdesdentistescontrelaréformedes
professions réglementées. Quant aux
sages-femmes, elles s’enlisaient dans
unegrèvesansfinpourlarevalorisation
de leur statut. Ce blues des blouses
blanchesnedevraitpourtantpasrefroi-
dir les vocations. Les lycéens trouvent
mille attraits aux métiers de la santé,
BESOINDE sOINS 
S A N T É
Emploisgarantisdansla plupart desmétiersde lasantéà condition
deréussir desconcourstrèscourus
BÉRÉNICE ROCFORT-GIOVANNI ROMAIN LAFABRÈGUE/ANDIA
synonymes, à leurs yeux, de prestige, de
revenusattractifsetdesécuritédel’em-
ploi dans un contexte de crise perpé-
tuelle. Non sans raison.
Sans doute, tout n’est pas rose pour
les médecins, mais ces métiers, utiles
s’il en est, offrent encore des perspec-
tives attrayantes. Les généralistes,
devenus une denrée rare, sont chassés
par certaines villes ou régions, prêtes à
financer leurs études contre la pro-
messe d’une installation, comme en
Saône-et-Loire. Consultations, visites à
domicile dans un rayon de 20 kilo-
mètres, semaines de 50 heures, sans
compter l’administratif, Franck Grenot
ne chôme pas mais il est ravi : « J’ai tou-
jours voulu être généraliste dans une
zone semi-rurale. » Et on ne se les dis-
pute pas qu’à la campagne. A Paris,
l’Ordre des Médecins s’inquiète d’une
chute de 30% des effectifs en dix ans.
Quant à ceux que rebutent les semaines
de 57 heures des médecins installés en
libéral, ils peuvent viser le salariat, à
l’Education nationale, dans les maisons
de retraite, les maisons de convales-
cence, les labos pharmaceutiques…
Concernant les spécialistes, ils sont
attendusdansleshôpitauxmaisaussien
libéral,pourpeuqu’ilsciblentdeszones
pastropsaturéesdansleurdomaine :on
L’OBS/N°2621-29/01/2015
149149SPÉCIAL DIPLÔMES
Donneuse
devieMANON RISDORFER, SAGE-FEMME
«Cequimeplaîtleplus,c’est
l’immenseconfiancequelesfemmes
placentenmoi»,expliqueManon
Risdorfer.Savocationn’apasété
émoussée,maislorsqu’elleest
arrivéeauboutdesesétudesà
Clermont-Ferrand,enjuindernier,
Manonaeuunmoment
d’inquiétude :«J’avaispeurd’avoir
faittoutçapourrien.Lesderniers
moissontstressants.Et,dans
l’ensemble,lecursusestultra-
exigeant.»Lesjeunesdiplômés,qui
ontencorebesoind’êtreencadrés
paruneéquipeàleursdébuts,
bataillentpourtrouveruneplaceà
l’hôpital.«J’aidûenvoyerbeaucoup
deCV,passerplusieursentretiens.
J’aifinalementdécrochéuncontrat
detroismoisàl’hôpitaldeMoulins,
oùj’avaisdéjàfaitunstage.»
Aujourd’hui,Manonexercedansun
cabinetàVichy,oùelleremplace
unecollègueencongématernité
etsuitlesgrossessesnon
pathologiquesdeboutenbout,
pourenviron2 000 eurosparmois.
Enpharmacie,lasélectivitéestunpeu
moins forte. Mais à peine. David
Ruczkal, président de l’Association
nationaledesEtudiantsenPharmaciede
France (ANEPF), en quatrième année à
Lille, prévient : « Dès le lycée, il faut
acquérirdesméthodesdetravail.Ensuite,
on doit réviser régulièrement et relier les
différents cours entre eux. » Là aussi, les
perspectives restent bonnes. Oui, les
officines connaissent des difficultés et
ont vu chuter leur chiffre d’affaires
depuis quelques années, mais le revenu
net mensuel des pharmaciens atteint
tout de même 7 671 euros. Un montant
légèrement supérieur à celui qu’ob-
tiennentlesmédecinsspécialistes,selon
une étude de l’Inspection générale des
Finances.François-LoïcPichard,30ans,
pharmacien, vient d’ouvrir une officine
à Angers après cinq ans passés au sein
du service du marketing du laboratoire
Upsa.Ilexplique :« Unpharmacienn’est
pas un distributeur de médicaments. De
nombreux patients viennent nous voir
avantmêmed’avoirconsultéunmédecin.
On doit être à l’écoute et pédagogue. Et il
faut aimer travailler en équipe. »
Le paramédical aussi fait rêver. Les
concours de kiné, pris d’assaut, sont les
plusrecherchés,avecdetoutpetitstaux
de réussite, autour de 5% à peine, bac S
indispensable. Suivent les Instituts de
FormationenSoinsinfirmiers.Lapénu-
ried’infirmièresdecesdernièresannées
a suscité un flux de vocations. Mais,
attention, les épreuves récemment
réformées sont plus exigeantes. Avec
10% de reçus en moyenne. Et gare aux
désillusions. « Ce n’est plus le plein-
emploi comme il y a quatre ou cinq ans.
Lesétablissementsdesantéfontfaceàdes
restrictions de budget, constate Loïc
Massardier, président de la Fédération
nationale des Etudiants en Soins infir-
miers (FNESI). Et, peu à peu, la prise en
charge des maladies chroniques à l’hôpi-
tal va se réduire. L’activité des infirmiers
vadoncsedéplaceràdomicile. »Résultat,
on n’est plus assuré d’être reçu à bras
ouverts dans les hôpitaux. Ainsi Gaël,
diplômé en 2014, raconte : « A la fin de
mes études, on ne me proposait que des
postesd’aide-soignant.J’aifiniparsauter
sur la première place qui s’est présentée :
un hôpital cherchait quelqu’un pour tra-
vailler de jour dans un service d’oncolo-
gie. » En libéral, il ne faut pas avoir peur
des journées à rallonge et des tournées,
mais les besoins sont là, et les rémuné-
rations, un peu plus élevées.
court après les ophtalmos, les psy-
chiatres,lespédiatres…C’estlacompen-
sation pour les carabins qui en ont bavé
durantunmarathondeneufàtreizeans
d’études : à l’arrivée, on se les arrache.
Pourdesrevenustrèsvariablesselonles
spécialités,maisdansl’ensembleconfor-
tables.De3 600 eurosmensuelsenviron
pour les médecins remplaçants à
quelque 16 000 euros pour les anesthé-
sistes en libéral.
Aussi, s’engager dans un long cursus
mêlant enseignements théoriques et
stages pratiques n’effraie pas les jeunes
bacheliers. Plus nombreux tous les ans
à s’inscrire en Paces – 58 000 selon les
derniers chiffres. Une première année
communeauxétudesdesantéquimène
désormais aussi bien à médecine qu’à
pharma ou aux filières dentaire et de
sage-femme et à leurs redoutables
concours.Al’arrivée,deraresélus.Ainsi,
à la rentrée 2015, seuls 7 497 étudiants
continueront en deuxième année de
médecine, 3 097 en pharmacie, 1 198 en
dentaire et 1 011 en maïeutique.
Le concours ne réussit qu’aux bache-
liers scientifiques très motivés et sco-
laires, car c’est du bachotage pur et dur.
« Lapremièreannée,iln’yapasdesecret,
c’est du par cœur, explique Rodolphe
Pellet, vice-président des études médi-
cales de l’Association nationale des
Etudiants en Médecine de France
(ANEMF), en quatrième année à Lyon.
Mais il faut aussi apprendre à se ména-
ger.Ceuxquinedormentquetroisheures
par nuit n’ont aucune chance. » Lui croit
beaucoup aux vertus du tutorat dis-
pensépardesétudiantsdedeuxièmeou
troisième année, une alternative gra-
tuite aux coûteuses prépas privées.
Autre possibilité, se tourner vers l’une
des sept universités qui expérimentent
d’autres modes de sélection (Angers,
Paris-V, Paris-VII, Paris-XIII, Rouen,
Saint-EtienneetStrasbourg),misantsur
l’oral et des parcours adaptés qui per-
mettent à leurs étudiants de ne pas
perdredeuxansencasd’échec,carilest
bien rare de décrocher le concours du
premier coup.
L’OBS/N°2621-29/01/2015
F
in 2014, Sony Pictures voyait ses
mails les plus confidentiels étalés
sur la place publique par des
piratesinformatiques.Poursortir
decepétrin,lafilialecinémadela
multinationale a aussitôt engagé
Judy Smith. Une experte en relations
publiquessicélèbrequ’elleainspiréune
héroïne de feuilleton télé. Oui, les pros
de la pub et de la com sont aujourd’hui
stratégiques pour les entreprises. D’où
une bonne tenue des embauches.
« 5 000 jeunes diplômés devraient être
recrutés en 2015 dans les agences et les
régiesliéesàlacommunication »,indique
ainsi Vincent Leclabart, président de
PROFESSION
STRATÈGE
P U B L I C I T É , C O M M U N I C A T I O N
L’imageestaujourd’huile nerfde la guerrepour lesentreprises.
Maisla compétition faitragedansle secteur…
CAROLINE FRANC QUENTIN HOUDAS
Créatrice
de tendances
PAULINE, DIRECTRICE
DE PRODUCTION
PaulineestentréeàSciences-Po
Rennesavecl’idéededevenir
journaliste.« J’aiétéassezvite
découragéeparlesperspectives. »Elle
optedoncpourlacommunication,
« uneautrefaçondetravaillerdansles
médias ».Elledécrocheunstagechez
GlamMedia,unerégieaméricainequi
l’embauchedanslafoulée.Unanplus
tard,saresponsablelancesapropre
structure :TalentAgencyetlui
proposeunposte.« Jem’occupedes
relationsentrenos“talents”,
spécialistespointusdestendancesdans
leurdomaine,etlesmarquesqui
souhaitentcollaboreraveceux,viades
campagnesdepuboudusponsoring. »
Unmétierquiexige,soulignePauline,
« delapolyvalence,uncertainespritde
synthèsemaisaussidelarapidité,pour
collerauxattentesdechacun ».
D’ailleurs,elleestdéjàprêteàrebondir.
« Lemétierquej’exerceaujourd’hui
n’existaitpasilyaquelquesannéeset
changetouslessixmois.Ilfautsavoir
s’adapter.Maisc’estpassionnant.»
l’Association des Agences-Conseils en
Communication (AACC), dirigeant de
l’agence Australie. Mais pour trouver sa
place au soleil dans ce secteur exigeant,
mieux vaut un diplôme pointu, comme
SupdePub,ouencorelesGobelinspour
lescréatifs.Leslicencesencommunica-
tion sont appréciées, mais pas de profil
type.PierreOrlac’h,directeurassociédu
Groupe Cerise qui prévoit d’intégrer
40 personnes en 2015, explique : « Nos
recrues viennent d’universités, de busi-
nessschoolsoudeSciences-Po.Maîtriser
lesréseauxsociaux,êtrecapabledepasser
très vite d’un support à un autre, savoir
écrire, construire un discours cohérent
sont des prérequis.  » Déborah Sohn,
28 ans, assistante marketing et commu-
nication dans un groupe d’édition sco-
laire s’est heurtée « aux réalités du mar-
ché » après l’obtention d’un master en
marketing et gestion d’événements à
l’EM Strasbourg, une école pourtant
réputée.« Ilm’afallupresqueunanpour
trouver. » Ses missions ? Elle rédige des
communiqués de presse, des plaquettes
LESMEILLEURSDIPLÔMES
Mastersencommunication(Paris-I,Dauphine,
Celsa,Sciences-Po).
IEPParisetprovince.
Mastèresspécialisés.
Iscom(communicationetcréationnumérique)
Parisetprovince.
SupdePub.
etautressupports,répondauxquestions
des journalistes, gère le site internet de
l’entreprise. «  Les frontières entre les
métiers sont de plus en plus poreuses. Il
faut pouvoir s’adapter très vite à toutes
les demandes  », confirme Vincent
Leclabart. Les salaires sont modestes,
autourde2 300 eurosbrutàl’embauche
selonl’AACC,« maispeuventgrimperau
fil de la carrière », assure Pierre Orlac’h.
Surtout,promettentlesdeuxchefsd’en-
treprise, les perspectives d’évolution
sont nombreuses, tant les métiers
changentaugrédesinnovationstechno-
logiques. Morgan Min et Emeline Le
Saout, diplômées d’un master en admi-
nistration et gestion des entreprises de
l’université de Versailles, ont décidé de
créer leur propre agence de relations
presse, Comme une bavarde. «  Après
trois ans à travailler pour d’autres, nous
avions envie d’inventer notre entreprise
idéale, où la hiérarchie ne serait pas un
obstacleàlacréativité.Uneaventurepas-
sionnante, ou pas…, un jour ne ressemble
jamais à l’autre. »
151
L’OBS/N°2621-29/01/2015
SPÉCIAL DIPLÔMES
L
esétudiantsrêventtourismeethori-
zonslointains,lemarchéleurrépond
hôtellerieetrestauration.Avec80%
des emplois niveau CAP ou bac, et
seulement 15% niveau BTS ou
licence, 4% niveau master, selon
l’Institut français du Tourisme. Travailler
danscesecteur,c’estavanttoutsemettreau
servicedesvoyageurs,dansunesallederes-
taurant,unhôtel,unofficedetourismeou
encore vendre des vols et séjours, le plus
souvent en ligne, devant un écran ou un
téléphone.Encuisine,leCAPrestelaréfé-
rence. « J’ai deux diplômes, le bac d’eau
chaude et celui d’eau froide », plaisantait
ainsi le chef Bernard Loiseau. « 40% des
patrons dans l’hôtellerie ont au maximum
unCAP »,rappelleLaurentDucàl’Union
desMétiersetdesIndustriesdel’Hôtelle-
rie. Mais les temps changent. De grandes
chaînes internationales émergent.
Friandesdebacheliersprofessionnels,de
bac+2ou3,souventformésenalternance.
« Unebonnefaçondetestersesenviespro-
fessionnelles,constateGrégoireMetton,en
BTS responsable hébergement et récep-
tionniste dans un Ibis parisien. J’étais
attiréparlacuisine,maissurleterrain,j’ai
adoré la réception, les relations avec les
clients, le plaisir de leur donner une bonne
image. » Accor, son employeur, accueille
ainsi 300  jeunes en alternance chaque
année, 60% sont ensuite embauchés.
« L’avantaged’unegrandestructure,c’estque
LEBONACCUEIL
H Ô T E L L E R I E , T O U R I S M E , R E S T A U R A T I O N
Pour recevoir lesvoyageursdu mondeentier, le secteur embauche
à touslesniveauxetdansde nombreuxpays
STÉPHANIE CONDIS XAVIER ROMEDER
Master chef
MARK SAINT-JULIEN, DIRECTEUR DE RESTAURATION
Markaorientétoutsonparcoursversl’hôtellerie,sapassiondepuisl’enfance,
carsamèreatravaillédansdegrandshôtelsparisiens :« J’aicommencéparune
licenced’économieetgestionenanglaisàParis-Panthéon-Sorbonne,pouravoir
unevisionglobaleetthéorique.Avecdesstagespuisunbreakdansl’hôtellerie :
pendantunan,j’aiétéresponsablerelationclientèleauSofitelScribe,àParis. »
ParcoursquiluiaouvertlesportesduprestigieuxMBAIMHIdel’Essec.
« Uncursusenanglais,généraliste,stratégique,pluridisciplinairemaisaussi
trèspratique.J’aioptépourl’alternance,entantquechefdeprojeten
développementhôtelier,pendantdeuxans,ausièged’Accorquiapayé
maformation. »Engagé,iloccupeaujourd’huiunpostedeterrain :directeur
derestaurationàl’hôtelLeRoiRenéd’Aix-en-Provence.« J’aimelecontact
avecdesclientsdumondeentier,uneéquipeelleaussiinternationale.
C’estaussiunmétierfaitdebeaucoupd’imprévus…»
LESMEILLEURSDIPLÔMES
Bac+2ou3
BTShôtellerie,restauration,tourisme.
Licenceprorestaurationgastronomiqueàvocation
internationale,àCergy,Ecolefrançaisedegastronomie
Ferrandi.
EcoledeSavignac; InstitutPaul-Bocuse; écoles
hôtelières.
Bac+4ou5
Esthua(Angers),IAEdeSavoie,LaRochelleBusiness
SchoolofTourism,MBAIMHIdel’Essec(Cergy-Pontoise)
etMBAdel’Escaet(Aix-en-Provence).
l’onpeutpasserd’uneenseigneàl’autre,d’un
métier à l’autre », souligne Bruno Croiset,
directeur emploi et conditions de travail.
Onpeutytracerdebellescarrières,àl’inter-
national.ValérieBisch-Lamson,présidente
de Tovalea, cabinet spécialisé explique :
« Marriott, Hilton ou Hyatt sélectionnent
desstagiairespourpasser,pendantunan,par
touslesdépartementsd’unmêmehôtel.Avec
une embauche à la clé. » « Un domaine très
demandéparlesjeunes,maisdifficileàinté-
grer, prévient Nora Toussaint, directrice
d’étudesdelalicenceartsettechniquesde
l’hôtellerie de luxe à l’IAE de Nice. Cinq
entretiens sont parfois nécessaires pour
décrocherunstage.Maiscetteexpérienceest
une carte de visite qui ouvre beaucoup de
portes. »Onpeutaussisehisserdirectement
à des postes de managers « avec de solides
connaissances en gestion-management et
une bonne expérience de terrain », précise
DominiqueRéau-DietàLaRochelleBusi-
ness School of Tourism. « Nos étudiants
deviennentconseillersenstratégiedigitaleou
responsables de marché, chargés d’analyser
la conjoncture hôtelière et d’optimiser les
ventes », note Nicolas Graf, directeur du
MBA IMHI (Hospitality Management) à
l’Essec.
L’OBS/N°2621-29/01/2015L’OBS/N°2621-29/01/2015
M
oinsde300 000logementsont
été construits en 2014, c’est le
chiffre le plus bas depuis
quinze ans. «Une crise histo-
rique », constate, morose, la
Fédération nationale des Tra-
vaux publics. Mais la crise n’empêche pas
les embauches. Les entreprises doivent
toujours répondre aux appels d’offres et
compenser de nombreux départs à la
retraite. Des chantiers de plus en plus
complexes,avecdesprixetdesdélaisplus
queserrés,rendentlemanagementdeter-
rain capital, et les jeunes diplômés sont
appelés à la rescousse. Même si les plans
d’embauche sont eux aussi à la baisse, le
BTPprévoyaittoutdemême4 000recru-
tements de cadres en 2014. Et cette année
Bouygues Construction doit engager
400 débutants, à partir de bac+2. Vinci
entre600et900,pourl’essentieldeschefs
dechantier,conducteursdetravaux,ingé-
nieurs d’études ou encore des chargés
d’affaires en développement immobilier.
Très appréciés, ces ingénieurs d’affaires,
avec une double formation technique et
commerciale, sont à même de négocier
LENIVEAUMONTE
B T P
Lebâtimentrecrutemoins,maissur deschantiersdevenusplus
complexeslesingénieursetlestechniciensont toujoursla cote
STÉPHANIE CONDIS BRUNO COUTIER
Homme
de terrain
PIERRE BIZARD, MAÎTRE D’ŒUVRE
Surleschantiersdèssonenfance,
entredesparentsquiaimaient
àretaperdesmaisonsetunoncle
menuisier,PierreBizards’estvite
décidépourlebâtimentpendantses
étudesd’ingénieuràPolytech
Orléans.«J’aiterminéparunstage
deconducteurdetravauxchez
BouyguesConstruction.Maisles
embauchesétaientgeléesfaute
d’activité.»L’occasiondese
questionnersurcequiluiplaît
vraiment :«Jemesuislaisséletemps
delaréflexionetj’aicherchéun
emploisurlesréseauxsociaux,l’Apec,
etc.»Unepetitesociétédel’Essonne,
SDIngénierie,leconvainc :«Dans
unePME,j’aiplusderesponsabilités,
ilyamoinsdehiérarchie,jetravaille
directementavecleclient,surle
terrain.»Ilpilotelestravaux,assure
lesuividuplanning,vérifieplans,
devisetfactures…ilsavoure :«Jene
suispasenfermédansunbureau
d’études,lesprojetsprennentforme
sousmesyeux.»
LESMEILLEURSDIPLÔMES
Bac+2ou3
BTSbâtiment,économiedelaconstruction,
professionsimmobilièresoufluides-énergies-
environnements.
DUTgéniecivil-constructiondurable.
Licenceproconduitedetravaux,gestiondupatrimoine.
Bac+5
Ecolesd’ingénieurs(ESTP,Ensam,Insa,ESME-Sudria,
Mines,PontsetChaussées,Ensiate).
Mastersgéniecivil,solsetréseauxurbain ;master
enaménagementetpromotionimmobilièredel’Espi.
MastèrespécialiségéniecivileuropéendesPonts
etChaussées.
avec les clients et les banques et de décro-
cherdes appels d’offres.Ou biendes tech-
niciens et ingénieurs études de prix ou
études techniques, comme Mary-Ann
Plouvin chez Eiffage dans les Pyrénées-
Orientales. Cette jeune ingénieure en
travaux publics chiffre le coût de travaux
routiers,delasimplerueàlaquatre-voies.
«Ado, je voulais devenir architecte, urba-
niste,j’avaisenviedeparticiperàl’embellis-
sementdenoslieuxdevie.Enrencontrantdes
architectes, j’ai compris qu’il me fallait un
métier plus technique, avec davantage de
calcul et qui se vive sur le terrain », raconte
cettebrunedynamiqueausourireconfiant.
Danscesecteurassezmacho,ilarrivequ’on
laprennepourlasecrétaire…Maisgrâceà
sondiplômed’ingénieurdesArtsetMétiers,
Mary-Annsesentsûred’elle :« D’autantque
pendant mes trois ans de formation, j’ai pu
occupertouslespostessurunchantier.»Ega-
lementrecherchés,lestechniciensetingé-
nieurs en performance énergétique. «Les
grandsgroupescréentdesdépartementsser-
vices, très porteurs, pour s’occuper de la
maintenance,maisaussidelaclimatisation,
la ventilation-chauffage, car les normes se
multiplient», explique FrédéricRei, direc-
teurseniorchezPagePersonnel.
A noter enfin, la professionnalisation
de l’administration de biens. Les syndics
etgestionnairesd’appartementsoucom-
merces réclament désormais une solide
formation, remarque Isabelle Favre,
directrice académique de l’Ecole supé-
rieure des Professions immobilières
(Espi), « en raison notamment de régle-
mentations plus complexes ».

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  • 2. L’OBS/N°2621-29/01/2015 126126 L’OBS/N°2621-29/01/2015 SPÉCIAL DIPLÔMES LES DIPLÔMES QUI DONNENT DUTRAVAIL Orientation L’heure du grand choix a sonné pour 750 000 lycéens de terminale. Avant le 20 mars, les futurs bacheliers et leur famille doivent choisir une orientation pour l’enseignement supérieur. “L’Obs” a enquêté sur les filières, les métiers et les secteurs qui mènent à l’emploi. 24 pages pour trouver sa voie QUENTINHOUDAS-FABRICEDEMESSENCE-XAVIERROMEDER-AI-ESTELLEBARREYRE-FABRICEDEMESSENCE-NICOLASMATULA-XAVIERROMEDER-PATRICIAMARAIS-BRUNOCOUTIERPAR VÉRONIQUE RADIER ET LA RÉDACTION DE “L’OBS”
  • 4. L’OBS/N°2621-29/01/2015 128128 L’OBS/N°2621-29/01/2015 SPÉCIAL DIPLÔMES  Haut les cœurs ! Avis aux 750 000 lycéens qui planchent ou s’affolent en ce début d’année en pensant à leur bac : pas de panique. Première- ment, vous avez toutes les chances de  réussir cet examen décroché l’an passé par presque 90% des candidats. Deuxièmement, vous ne devez pas vous laisser décourager par la morosité ambiante et les tristes statistiques du chômage. N’écoutez pas les oiseaux de mauvais augure : les diplômes sont loin d’avoir perdu leur valeur. Et celles et ceux qui ont la chance de pouvoir aujourd’hui faire des études supé- rieures – aux Etats-Unis c’est un luxe des plus coûteux qui oblige à s’endetter parfois pour toute une vie – trouveront leur place dans le monde du travail. Les études de l’OCDE l’attestent, détenir un diplôme permet partout d’échapper au chômage et d’obtenir les meilleurs emplois. Et puis, à force de parler des aspects les plus sombres du monde du travail, nous finissons par en  donner une image fausse et peu attrayante. Un sondage Viavoice, réalisé l’an dernier pour « l’Obs » auprès de 5 000 actifs révélait que, envers et contre tout, nous sommes 73% à être heureux au travail. Et 63% d’entre nous disent même exercer leur métier avec une « vraie passion ». Seulement, pour choisir sa voie, il faut remettre en question les clichés. Ecouter avec pru- dence les argumentaires de ceux qui « vendent » leur formation ou leur sec- teur à l’occasion de salons ou forums. Depuis plus de quinze ans, « l’Obs » s’intéresse à ces questions et assure une veille tant sur les filières et les diplômes que sur les réalités de l’insertion pro- « Lavraiecotedesdiplômes » estuneenquêteoriginaleetfouillée surl’ensembledesfilièresde l’enseignementsupérieurdebac+2 àbac+8.Loindesplaquettes promotionnelles,desdiscours convenus,ellefaitlepointsur lesvraiesperformancesetlesatouts dechaquecursus.Etsurlesstratégies d’accèsàl’emploi.BTS,DUT,écoles duweb,d’art,architecture,médecine, environnement,masters universitairesendroit,culture, sciences,doctorats,etc.Sélectivité, coûtdescursus,meilleures spécialités,qualitédel’insertion professionnelle,salaires,toutyest passéaucrible.Vousydécouvrirez égalementdesitinérairesmalins et méconnus,commelesclasses prépadesuniversitésou encore les facsdemédecine les plus accessibles. « Lavraiecotedesdiplômes2015 », 8,90 euroschezlesmarchands dejournaux.Notrebancd’essai des formationsengestion et guide des100meilleurs établissements,« Ecolesde commerce »sortirale26 février. Les indispensables guides de “l’Obs étudiants” des métiers et des diplômes qui y mènent. Puisse-t-il servir de point de départ aux futurs étudiants, pour se fixer un objectif, former un projet, enta- mer un parcours. Etant entendu que, dans ce domaine, rien ne remplace jamais l’expérience des métiers réels. La passion professionnelle ne saurait être l’exclusivité d’une poignée de métiers emblématiques, avocat, archi- tecte, médecin, journaliste… Il faut ouvrir ses horizons ! Les vocations se précisent bien souvent chemin faisant au hasard d’une rencontre, d’un stage, d’un petit job. Les nombreux témoi- gnages qui émaillent notre dossier le démontrent. Ainsi Pierre, jeune ingé- nieur du BTP embauché par le bureau d’études d’une PME, tout heureux de voir ses projets prendre enfin forme sous ses yeux. Ainsi Hortense qui, après avoir papillonné dans plusieurs direc- tions, a trouvé son chemin. Aujourd’hui docteur en sciences de l’environne- ment, elle conseille des entreprises sur l’intégration de la biodiversité au sein de projets immobiliers. Ainsi Ainissa, motion designer experte en vidéos d’animation installée en free-lance, qui tire joliment son épingle du jeu. Oui, l’entrée dans le monde du travail est devenue plus longue, plus compliquée. Il faut s’adapter, parfois changer d’orientation en cours de route, renon- cer aux idées reçues. Le temps n’est plus où le simple fait de détenir un diplôme de l’enseigne- ment supérieur permettait à coup sûr d’embrasser une belle carrière, mais pour autant, les nouvelles sont loin d’être catastrophiques. « Nous avons mis sur pied un observatoire des jeunes diplômés, explique Pierre Lamblin, directeur des études à l’Apec [Associa- tion pour l’Emploi des Cadres]. Les débutants mettent plus de temps à se sta- biliser dans l’emploi, mais il est très ras- surant de constater que la quasi-totalité de ceux qui détiennent un bac+5, non seulement occupent bien un emploi en quelques années, mais un emploi stable avec le statut de cadre. » D’ailleurs, la hausse continue du niveau des emplois, vers des postes de techniciens de mieux en mieux formés, de cadres, se confirme chaque année, notamment grâce aux travaux du CAS (Centred’Analysestratégique)surl’ave- nir de l’emploi et des métiers ou du Cereq(Centred’EtudesetdeRecherches sur les Qualifications). Un phénomène fessionnelle et les attentes des entre- prises, des métiers, à travers sa collec- tion de guides, « l’Obs étudiants ». Dans le présent dossier, vous découvrirez un panorama des principaux secteurs d’activité et des attentes qui leur sont propres, une sorte de bulletin météo
  • 5. L’OBS/N°2621-29/01/2015 129129SPÉCIAL DIPLÔMES quin’estbiensûrpaspropreàlaFrance. Partout sur la planète, le niveau de qua- lification s’élève, et avec lui les besoins en jeunes diplômés, besoins accentués parlestransformationscontinuellesdes nouvellestechnologiesquelesnouveaux venus maîtrisent mieux que leurs aînés. Larévolutiondunumériquedanstous les métiers et tous les secteurs offre de réellesopportunitésauxplusjeunes,ces digital natives (« natifs du numérique ») qui ont, contrairement à leurs aînés, un usagenatureletaisédesnouvellestech- nologies.Onmanqueencoreettoujours dejeunesdiplômésdanstouslesmétiers de l’informatique et des nouvelles tech- nologies. Guy Mamou-Mani, président duSyntecnumérique,syndicatpatronal de SSII, explique : « De très nombreux jeunes se précipitent par exemple vers les études de santé, mais notre secteur, qui, lui, crée 7000 emplois par an, offre de  magnifiques carrières, des métiers passionnants ! » Les futurs étudiants doivent être conscients que le taux de chômage varie du simple au double selon les sec- teurs (voir notre tableau). « En chimie, en biologie, ou encore dans des disci- plines académiques comme l’histoire, les jeunesdiplômésontdûcomposeravecles réalités du marché et comprendre que leurs études, les compétences qu’ils y ont acquises pouvaient mener à différents métiers et emplois auxquels ils n’avaient pas pensé », explique Pierre Lamblin de l’Apec. Ainsi, les littéraires peuvent tirer leur épingle du jeu à condition d’avoir le sens de l’initiative et de mettre plusieurs cordes à leur arc. Qui imaginerait que l’industrie manque aujourd’hui de candidats, en dépit des plans sociaux et des fermetures d’usines à répétition, et qu’on y fait de belles carrières ? Johann Laurent, à la tête du master génie électrique et infor- matique industrielle de Lorient, est obligé de courir les Salons d’orienta- tion, à la pêche aux étudiants : « Je leur explique qu’en venant chez moi ils pour- ront apprendre à développer des appli- cations pour les téléphones portables ou construire des moteurs de bateaux de course. » Ses promos se casent en moins d’un mois. Gare également aux clichés sur les formations. Les grandes écoles n’ont pas le monopole de l’excellence. Parmi les jeunes que nous avons rencontrés, Spécialité Salairemédianbrut annueleneuros Taux decadres Taux deCDI Taux d’insertion* Mathématiques 29500 75% 54% 65% Physique,sciencesdelaterre 30000 75% 54% 58% Informatique 31700 82% 96% 90% Electronique,génieélectrique 31700 82% 75% 73% SpécialitésIndustrielles 31700 82% 75% 59% Commerce, 30000 51% 69% 84% Biologie,sciencesdelaterre 25200 52% 30% 47% Chimie 30000 62% 30% 49% Finance,comptabilité,gestion 31000 50% 54% 77% Scienceshumainesetsociales 28000 38% 25% 79% Aménagement,urbanisme 21600 32% 18% 64% Ressourceshumaines 31000 57% 58% 72% Environnement,écologie 29900 69% 52% 49% Droit,sciencespolitiques 27000 30% 44% 67% Economie 23400 47% 40% 56% Langues 21600 25% 40% 83% Formation,animation,social 20400 20% 53% 90% Psycho 19800 48% 25% 78% Information,communication,journalisme 23000 32% 46% 77% Les bac+5 de l’université face à l’emploi SOURCE : APEC JEUNES DIPLÔMÉS 2013, OBSERVÉS EN AVRIL 2014. Discipline Salairesmoyens TauxdeCDI Tauxdecadres Tauxd’emploi Ecoles Universités Ecoles Universités Ecoles Universités Ecoles Universités Gestion,finance 33700 28800 71 60 69 49 73 65 Communication, marketing 29800 27600 73 63 59 41 69 60 Chimie 29600 23900 52 43 79 49 47 60 Biologie,agronomie 27900 23100 39 31 56 44 57 52 Sciencesdel’ingénieur 33000 27600 77 76 92 73 69 63 Informatique 33800 30500 94 85 94 87 90 75 SOURCE : APEC, DIPLÔMÉS 2013 EN AVRIL 2014. Le match universités-écoles beaucoup ont obtenu des diplômes universitaires fort appréciés des employeurs. En outre, les passerelles se sont multipliées. On peut aujourd’hui naviguer d’un cursus à l’autre, de la fac vers une école ou inversement. « L’orientation n’est pas un choix sans retour, rappelle Martine Vanhamme- Vinck, directrice du CIO du rectorat de Paris. On peut, tout au long de son par- cours, infléchir son cursus, lui donner une autre coloration. » Et faire mouche à la sortie. *Occupentouontoccupéunemploidepuisl’obtentiondeleurdiplôme.
  • 6. L’OBS/N°2621-29/01/2015L’OBS/N°2621-29/01/2015 C haque année amène sa star de la Toile, un jeune prodige encore mineur. Comme Nick D’Aloisio, cejeuneBritanniquedevenumil- lionnaire grâce à son appli ache- tée par Yahoo!, ou l’Américain Nick Rubin, 16 ans. La sienne permet de découvrirlepatrimoineetlesrevenusde chaque élu américain. Si le web n’offre pas gloire et fortune à tous, il crée des emploisàlavitessed’unclic,7 000paran environ. Dans l’e-commerce et les pure players, ces sociétés directement créées sur la Toile qui ont grandi comme eBay ou Amazon, mais aussi au sein d’entre- prises detous secteurs et destart-upaux innovationsincessantes :«Leweb,c’estun étatd’espritqu’onnetrouvenullepartail- leurs », assure Clément Alteresco. Ce jeunetitulairedumasterdemanagement del’innovationdeDauphineenestdéjàà sa troisième société avec Bureaux-à-par- tager.com. Un site qui permet aux entre- prises de rentabiliser les espaces libres dans leurs locaux, et lui aussi embauche. EMPLOIS ÀGOGO W E B Commerce,marketing,création decontenus, animation desréseaux… Touslesmétiersexplosentsur internet    ! LISA TELFIZIAN FABRICE DEMESSENCE Codeurexpert RYAN DJEBROUNI, DÉVELOPPEUR Naturellement, c’est sur la Toile que Ryan, diplômé d’Epitech, s’est fait remarquer. Grâce à Drupal, un logiciel dernier cri. « Chez mon premier employeur, j’allais sur des forums de discussion, le soir, pour trouver des solutions à certains problèmes. De fil en aiguille, j’ai amélioré les modules et versions de cet outil, participé à une convention organisée par Microsoft France », raconte-t-il. Recruté par Cellfish Media, spécialiste des contenus mobiles (films, musiques à télécharger), Ryan avait déjà envie de passer à autre chose. Qu’à cela ne tienne, l’entreprise lui propose de travailler sur sa plateforme de facturation. Un poste stratégique, pour gérer des échanges complexes entre les utilisateurs, les opérateurs et l’entreprise. « Coder l’interaction spécifique qui s’établit entre les SFR, Bouygues, Orange, etc. et Cellfish, alors que chacun a une plateforme de paiement différente, est très excitant », assure-t-il. Et le place à 40 000 euros après un an d’expérience. LESMEILLEURSDIPLÔMES Bac+2ou3 DUTservicesetréseauxdecommunication,licences procommerceenligne(Vannes),concepteuret gestionnairedesitesinternet(Lyon),communications numériquesete-activités(Perpignan). Bac+5 Ecolesd’ingénieurs(Epitech,Epita…),decommerce (Skema),del’internet(42,Hetic,Institutinternational dumultimédia). MastersEcotic(Rennes-I/TélécomBretagne), communicationethypermédia(Savoie),Caweb (Strasbourg),produitsetservicesmultimédias,langues etcommerceélectronique(Montbéliard),Geci(Lyon-II), médiasinformatisésetstratégiesdecommunication (Sorbonne-Celsa),e-services(Lille-I). Experts du marketing numérique, busi- nessdevelopersetcommunitymanagers– deplusenplusstratégiquesavecledéve- loppementdesréseauxsociaux–sontles plus recherchés. Et bien sûr, les déve- loppeurs informatiques sont rois, créant les pages des sites, ou travaillant sur les basesdedonnées,s’occupantdelamain- tenance des serveurs… Les salaires com- mencent à 30 000-35 000 euros annuels pour un jeune bac+5 tout droit sorti de l’école sur l’ensemble de ces profils, et grimpenttrèsviteà70 000eurosaubout de quelques années pour les déve- loppeurs. « Il est tout à fait possible de commencer à 45 000 euros sur certains langages si le jeune diplômé montre sa capacitéàtravaillerenéquipe,àcréerdela valeur, à s’autoformer en permanence », assureNicolasSadirac,directeurdelatrès médiatiqueécole42,gratuiteetaccessible même sans le bac. Et sur le web plus qu’ailleurs,cesontlesprofilsexpertsmais aussicréatifsetpassionnésquifontladif- férence.«Nousleschassonssurdesforums de discussion à partir de 40 000euros. Ce sont des jeunes tellement pointus qu’ils participent à l’évolution des technologies émergentes », confirme Judith Tripard, consultante senior chez Clémentine, un cabinetderecrutementspécialisé.Quand beau salaire rime avec aventure…
  • 7. VOUS AIMEZ DÉVELOPPER VOS RÉSEAUX ? VENEZ ÉTENDRE CEUX DE NOS FILIALES SUR CONTINENTS Comme nous, vous pensez que les réseaux, quels qu’ils soient, doivent rapprocher les gens ? Rejoignez un groupe qui invente les réseaux de transports de demain dans plus de 12 pays. Développez des projets stimulants au sein d’un groupe ouvert sur le monde et au savoir-faire internationalement reconnu. QUELLE QUE SOIT VOTRE PASSION, À LA RATP, IL Y A UN MÉTIER QUI LUI CORRESPOND. Découvrez tous nos métiers sur ratp.fr/carrieres #ratprecrute
  • 8. L’OBS/N°2621-29/01/2015 132132 L’OBS/N°2621-29/01/2015 SPÉCIAL DIPLÔMES L a vie d’artiste ? Il faut souvent savoir se contenter de l’air du temps et d’eau fraîche… L’Agence d’Evaluation de la Recherche et de l’Enseignement supérieur (Aeres) révèle en effet que, cinq ans après leur sortie de l’école, même les diplômés de l’ENSBA, les célèbres Beaux-Arts parisiens, gagnent moins de 10 000  euros… par an pour moitié d’entre eux. Et l’agence de pointer un manque d’accompagnement des étu- diants vers l’emploi dans l’ensemble des 46  écoles publiques, l’éparpillement des établissements de taille trop réduite pour offrir à leurs diplômés une carte de visite réputée. « Il faut multiplier les expériences, construire son réseau, savoir défendre son travail et maîtriser l’anglais, confie Louise, étudiante aux beaux-arts de Bordeaux. C’est le b.a.-ba, mais tous mes copains ne le font pas. » Grenoble et Valence ont fusionné pour créer l’Ecole supérieure d’Art et de Design (Esad). La section design gra- phique, très appréciée par les profes- sionnels, est restée à Valence. Quant au site de Grenoble, il noue des partena- riats avec l’université et des écoles d’in- génieurs comme Grenoble INP. « Notre école est de plus en plus professionnali- sante, souligne Jacques Norigeon, directeur de l’Esad Grenoble-Valence, même si elle forme avant tout des artistes. » Julien Prévieux, lauréat du prix Marcel-Duchamp 2014, y a fait ses études. Mais le Grenoblois primé ne doit pas cacher la forêt d’artistes qui « galèrent ». Quant aux écoles supérieures d’arts appliqués, Estienne, Olivier-de-Serres, les Arts déco (Ensad) ou l’Ecole natio- nale supérieure de Création indus- trielle (ENSCI), très prestigieuses, mais L’IMAGINATION AUPOUVOIR A R T S , C R É A T I O N Danscesmétiersdevocation, ilfautdu talent… Etunestratégiepour réussir ! CLAIRE FLEURY AI-ESTELLE BARREYRE LESMEILLEURSDIPLÔMES Bac+2/+3 BTSartsappliquésdesécolessupérieuresnationales, licencescréationmultimédia(LaRochelle,Marne-la-Vallée). Bac+5 Beaux-Arts(Parisetprovince,notammentRennespour legraphisme),Ensad(Paris),Hear(Strasbourg),ENSCI (Paris),Esaat(Roubaix),Mopa(ex-SupinfocomArles)et ArtFx(Montpellier). Cinéma,audiovisuel:Fémis,lesGobelins,Louis- Lumière,mastersenaudiovisuel(Paris-I,Poitiers). Mastersenmanagementculturel :Paris-Dauphine, Lyon,AvignonetSciences-PoGrenoblenotamment. difficiles d’accès (à peine 10% de reçus en moyenne à leurs concours d’entrée), elles permettent aux plus motivés, à ceux qui en parallèle multiplient stages, concours de création, petits jobs dans le milieu, de tirer leur épingle du jeu. Cependant, si réputées soient-elles, les écoles ne garantissent pas l’emploi. Sauf celles qui, comme les Gobelins, l’école de l’image de la chambre de commerce et d’industrie, très cotée, visent des secteurs où la demande existe :imagesdesynthèseetanimation. « Nous ne sommes pas une école artis- tiquemaiscréative,préciseYvesPortelli, directeurdesGobelins,etl’entrepriseest aucœurdenosenseignements. »Lamoi- tié des 600 étudiants suit le cursus en alternance, l’autre débourse entre 6 500 et 8 000 euros par an pour des forma- tions en photographie, animation, motion design, design interactif ou impression-fabrication. « Nos étudiants viennentd’horizonstrèsdivers,maistous ont, au départ, un univers graphique, un œil », souligne Yves Portelli. Au final, de 80 à 100% d’entre eux décrochent un job six mois après leur sortie. Certaines écoles privées, coûteuses, jouissent elles aussi d’une bonne recon- naissance. Martin Kloeckner, 24 ans, diplômé de l’Esag-Penninghen, a ainsi passé un semestre à New York « dans le cadre d’un partenariat avec l’Ecole des Artsvisuels ».Uneprofesseurremarque son travail et… l’engage dans son agence d’architecture intérieure. Au bout d’un an et demi, faute de visa, Martin rentre à Paris et passe son diplôme. Embauché illico à la très branchée agence Jouin- Manku, il débute à un bon salaire : 3 300  euros brut par mois. Mais les postesoùl’onnecréerienetoùl’onexé- cute beaucoup, les missions honteuse- ment sous-payées, notamment pour les filles (les milieux créatifs n’échappent pas au sexisme), et les horaires à ral- longesanscontrepartiesont,hélas,sou- vent le lot des débuts de carrière. Dans les métiers de l’audiovisuel, s’ajoute l’aléa de la précarité ; en contre- partie, le travail collectif – un film se tourne toujours à plusieurs – fait qu’« on assiste à des effets de promotion », expliqueJean-MarcVernier,responsable
  • 9. 133133SPÉCIAL DIPLÔMES PÔLE UNIVERSITAIRE D’EXCELLENCE REJOIGNEZ LA FACULTE DE DROIT DE CERGY-PONTOISE MASTERS ET AUSSI LA SEMAINE DU 23 MARS 2015 www.droitucp.fr As de la vidéoAINISSA VALET, MOTION DESIGNER Ainissa Valet n’est pas ingrate. Elle insiste pour que les graphistes de Montréal qui l’ont formée au VJing soient nommés : « Rémi Vincent et GPG. » Le VJing ? « Comme le DJing avec la musique, on joue avec des vidéos en live. » La jeune femme, qui a grandi dans la Mayenne, est donc devenue VJ au Canada au cours d’un stage de trois mois. Mais, avant de projeter ses vidéos lors de sets et de soirées, elle a appris à les réaliser aux Gobelins. Sortie major de la promotion 2013 de motion design, Ainissa s’est tout de suite installée à son compte. Au quotidien, elle réalise des images animées pour des agences de communication : e-cartes de vœux, publicités mobiles sur les panneaux des Abribus… « Le motion design est un secteur d’avenir », estime-t-elle. Pour le studio Les Vandales, elle a conçu des projections monumentales (mapping) et, pour une autre agence, des vidéos pour le Printemps Haussmann. Payée 300 euros par jour, elle gagne entre 2500 et 3000 euros mensuels. Seul petit regret : ne plus avoir le temps de créer des vidéos plus personnelles pour des sessions de VJing. de l’enseignement supérieur de la pres- tigieuse Fémis, école de cinéma publique. Les copains deviennent des collègues, un continuum logique quand on bosse ensemble des jours entiers durant. L’école forme des créatifs (réa- lisateurs, scénaristes…), mais aussi des producteurs et des distributeurs. Eme- ric Sallon, 27 ans, diplômé en 2013 de cette dernière filière, après des études à Sciences-Po, ne regrette pas son choix. « Je voulais une formation dans le cinéma axée aussi bien sur l’artis- tique que sur l’industriel », raconte-t-il. Aujourd’hui, salarié en CDI chez Ad Vitam, une société de distribution indépendante, il gagne 2 000 euros net par mois.
  • 10. L’OBS/N°2621-29/01/2015 134134 L’OBS/N°2621-29/01/2015 SPÉCIAL DIPLÔMES A encroireleministèredel’Ecolo- gie, la croissance verte va créer 100 000 emplois dans les années quiviennent,dont70 000dansla rénovation du bâti. Belle ambi- tion mais encore à accomplir. Aujourd’hui, seuls 140 000  Français exercent un métier dit « vert » dont la finalité est la protection de l’environne- ment et souvent dans des secteurs peu glamour : traitement des eaux usées, recyclage des déchets, BTP… « Ce n’est pas “cui-cui, les oiseaux”, confirme Gilles Guibaud, responsable du master ingénierieetgestiondel’eauetdel’envi- ronnement à Limoges. Avoir la fibre environnementalenesuffitpas :ilfautdes compétences et du pragmatisme. »Ainsi, il n’accepte que des licenciés en chimie, géologie ou biologie et – succès oblige – se montre sélectif : 30 étudiants retenus en master 1, pour 400 dossiers. Ses diplômés sont assurés de trouver leur place sur un marché aux débou- E N V I R O N N E M E N T Lesemploisvertspoussentau ralenti, bien moinsvitequelesvocations ARNAUD GONZAGUE ÉRIC FLOGNY-PICTURETANK Maître des eaux CYRILLE GUICHOUX, INGÉNIEUR AU CABINET G2C Fandespéléologiedanssajeunesse, cetitulaired’unelicencedegéologie anaturellementbifurquéversl’un desélémentsmajeursdusous-sol terrestre :l’eau.«Maisl’eaudont jem’occupe,vousn’yfaitespas vraimentattention :c’estcelleque vousbuvezenouvrantlerobinet», explique-t-ilfièrement.Avecson mastergestionetingénieriepour letraitementdeseauxetpour l’environnementàl’universitéde Limoges,ilest aujourd’huiingénieur aucabinetG2C,prèsd’Arras.Cyrille aparexemplesupervisél’installation d’unestationd’épuration100%écolo : unbassinplantéderoseauxdont lessables,truffésdebactéries, permettentdepurifierleseauxusées avantdelesdéverserdans lesrivières.Unchantierdurable etéconomiquementviable : missionaccomplie ! ÉCOLOS ET PROS LES MEILLEURS DIPLÔMES Bac+2/3 Licences énergies renouvelables (Corse, Toulouse-III, Nantes, Belfort-Montbéliard), valorisation énergétique des déchets ménagers (Marne-la-Vallée). Bac+5 Ecoles d’ingénieurs (Ensam, AgroParisTech, universités de technologie). Masters ingénierie et gestion de l’eau et de l’environnement (Limoges), droit et gestion de l’environnement (Montpellier-I) ; stratégie de développement durable (Versailles-Saint- Quentin), ingénierie environnementale (Haute- Alsace) ; pollutions chimiques et gestion environnementale (Paris-Sud), environnement et droit (Rennes-I), génie des environnements naturels et industriels (Reims), risques majeurs (Corse), eau (Montpellier-II). Mastère spécialisé construction et habitat durables (Arts et Métiers, Aix-en-Provence). chés étroits, toujours dépendant des nouvelles réglementations (en matière de rejets, de nuisances…). Problème, les cursus « verts », eux, ont explosé ces dernières années dans le supérieur et, comme le regrette une enquête de l’Apec (Association pour l’Emploi des Cadres), « la croissance de l’emploi envi- ronnemental ne suffit pas à absorber le nombre toujours plus important de diplômés. » Car les belles déclarations « durables » des grandes entreprises contrastent avec la rareté de leurs embauches. « Nous parvenons à placer nos toutes petites promos, mais le domaine n’est pas porteur comme le croient certains étudiants », prévient Bénédicte Humblot, responsable du mastèrespécialisé(bac+6)construction et habitat durables des Arts et Métiers à Aix-en-Provence. De fait, comme l’explique Caroline Renoux,fondatriceducabinetderecru- tement Birdeo, « les emplois se trouvent principalement dans les collectivités ter- ritoriales et les bureaux d’études, avec des salaires inférieurs à la moyenne des cadres, mais la satisfaction au travail est souvent très élevée ».C’estlecasd’Isa- belle de Montrichard et Julia Lignères, deuxdiplôméesdumasterdroitetgestion de l’environnement (Montpellier-I) et créatrices d’Ethicalia, un cabinet d’ingé- nierie du tourisme durable. Elles ont, par exemple, conseillé la communauté de communes de Millau Grands Causses sur la manière d’aménager la ferme de Roquesaltes et ses 92 hectares d’espace naturel classés sans endom- mager son patrimoine culturel et envi- ronnemental. « Nos besoins financiers ne sont pas surdimensionnés, aussi nous sommes arrivées à un niveau de qualité de vie qui nous convient parfaitement, avance Isabelle de Montrichard. Nous vivons notre engagement au quotidien. C’est un luxe dont nous avons conscience ! »
  • 11. L’OBS/N°2621-29/01/2015 135135SPÉCIAL DIPLÔMES P ressepapierdéprimée,sitesweben quête d’un modèle et chaînes d’infoquiplafonnent…pasfacilede se frayer un chemin dans les métiers de l’information. Pour réussir, les candidats doivent se démultiplier, manier le texte et l’image, maîtriserl’artdel’enquêteetlederniercri de la technologie. Et faire preuve d’un bel espritd’entreprise.C’estlepariqu’arelevé Baptiste Cogitore. Après un master en lettres,cereporterd’images,sortiduCUEJ de Strasbourg en 2013, a décroché un contratd’étéàFranceTélévisions.Depuis, il réalise des reportages à la pige pour le 13-heures et le 20-heures «mais c’est très aléatoire».Enparallèle,ilpoursuitunpro- jet personnel : un grand reportage de six mois en Europe de l’Est (www.bullitour. eu). Objectif : faire découvrir des pays «tropsouventvusettraitésd’unbloc,vude l’Ouest».Avecl’aidedelaville,del’univer- sité de Strasbourg, de la région, d’une banque,etencoproductionaveclachaîne Mordue d’actu AGATHE MAHUET, JOURNALISTE Dèslelycée,AgatheMahuet,25 ans, avaitlevirusdel’actualité.Bac ES enpoche,elles’inscritenlicence d’info-comàlaCathod’Angers. Une«bonneoption»,vula«variété» duprogrammeetsonvoletpratique : «J’aiputrèsvitefairemespremiers passurleterrain,aveclacaméra.» C’estenstageàRCFAnjouqu’elle sepassionnepourlaradio.Reçue ensuiteauCelsa,àParis,ellese spécialisedanscettevoie.«Nous étionsplongésdansdesconditions detravailquasiréellesetrencontrions beaucoupdeprofessionnels.Pendant uneannéedecésure,jesuisaussi partieenIndepourFrance2 :legenre d’opportunitéqu’onnepeutavoir qu’enécole.»Autreprivilège desétablissementsreconnuspar laprofession,l’accèsauxconcours desgrandeschaînesderadio etdetélévision.Lauréatedu TremplinRadio-Franceen2013, Agatheadécrochéuncontrat d’unan.Depuis,elleassuredes remplacementsàFrance-Bleu, France-InfoetFrance-Culture. «Entreprésentationsetreportages,la routinen’existepas,etj’aimepouvoir aborderdessujetstrèsvariés.» CRÉERSONJOB J O U R N A L I S M E , É D I T I O N , T R A D U C T I O N Leslittérairesetlesfanasd’infosdoiventfairepreuve d’initiative etdepersévérance.Maisla passion déplace desmontagnes AURÉLIE DJAVADI XAVIER ROMEDER LESMEILLEURSDIPLÔMES Bac+2  BTSédition(Asfored,écoleEstienne). Bac+5 Esit,IsitetmasterstraductionlabellisésEMT. MasterséditiondeParis-XIIIetdeMarne-la-Vallée. Ecolesdejournalismereconnuesparlaprofession(CFJ, l’ESJLille,l’IPJ,l’EDJdeGrenoble…). «J’aiputablersurdesmissionsrégulièresdès le début, je ne m’ennuie jamais.» «Rien que de l’anglais au français, il y a beaucoup à faire»,confirmeAgatheThiriez,diplômée du même master. Elle s’est tournée vers la gestion de projet, un rôle de coordination plustechnique.«J’aivoyagéquelquesmois après mon diplôme, en 2012, mais, dès mon retour à Londres, l’agence de traduction qui m’avait accueillie en stage m’a proposé un CDI.Lemarchéesttrèsdynamiquelà-bas.» Une effervescence que note Bertrand Legendre, directeur du master politiques éditorialesdeParis-XIII.Danssesdernières promos,quelquesdiplômésontétéembau- chés outre-Manche pour négocier des droits étrangers. Les autres doivent élargir leurhorizonpoursecaserdanscesecteur. «S’intéresserparexempleauxmutationsdes jeux vidéo ou des séries télé, car les univers transmédiassedéveloppent. »Ilseveutopti- miste :«Lessalairesnesontpasàlahauteur, mais,avecdeladétermination,lesdiplômés trouventdutravail.» Alsace 20.«L’occasiondemeconstruireun réseau,denouerdescontactsdans21pays.» LouiseNaert,diplôméedumastertraduc- tionmultilinguedeLille-III,s’estelleaussi démenée pour créer son job. Les besoins sontlà :jamaisautantdenoticestechniques, dedocumentsadministratifsoudepublici- tésn’ontrequislesbonssoinsdetraducteurs professionnels, mais les entreprises rechignentàrecruterdeslinguistes.Dèsson stage,Louiseadoncoptépourlefree-lance, épaulée par un ex-diplômé de son master. Devisetfacturesn’ontplusdesecretspour elle,etlescommandessontaurendez-vous.
  • 12. 136 L’OBS/N°2621-29/01/2015 SPÉCIAL DIPLÔMES HENRI HAMELIN, DIRECTEUR DE SERVICE ENFANCE, JEUNESSE, ÉDUCATION Del’achatdematérielpourlescrèchesàlagestiondescantinesscolaires, enpassantparlesremplacementsd’agents,HenriHamelin,26ans,esten premièreligne.« C’estàlafoisépuisantetpassionnant.Jenepouvaispas trouvermieux ! »DirecteurduserviceEnfance,Jeunesse,Educationàlamairie deCornebarrieu,unepetitecommunede5000habitantsenHaute-Garonne, ilréaliseunrêvecaressédepuislelycée.Grâceàunelicenced’administration économiqueetsociale,àParis-II,unmaster1ensciencespolitiquesàTours suivid’unmaster2collectivitésterritorialesdeToulouse-I-Capitole.Ce derniermasterétant« articuléautourdudroitetdesfinancespubliques, ilprépareàdesobjectifsprofessionnelstrèsclairs.» LEPARCOURS DUDIPLÔMANT F O N C T I O N P U B L I Q U E La cured’austéritén’empêchepaslesrecrutements, maisilfaut avoir touslesatoutsen main pour entrer dansla carrière AURÉLIE DJAVADI GUILLAUME RIVIÈRE LESMEILLEURSDIPLÔMES Bac+5 Institutsd’étudespolitiques,Institutsdepréparationà l’administrationgénérale(Ipag),mastersendroitou financesdescollectivités(Toulouse-I,Lille-I,Paris-II,Cergy, Bourgogne). Educateur en chef V  oir son enfant devenir fonction- naire ?Pourbiendesparents,c’est lerêve.Nonsansraison.Biensûr, ilyalasécuritédel’emploi.Mais cen’estpastout.Aupalmarèsdes métiers offrant la plus grande satisfaction, les 450 000 cadres du public comptent parmi les mieux lotis. Gestion- naires d’un lycée, responsables d’un ser- vicemunicipal,magistratsouinspecteurs dufisc,ilsexercentdesmissionsconcrètes, auservicedubiencommun. Mathieu Prunier, analyste fiscal pour la communautéurbainedeMarseilleaprèsun master finances des collectivités territo- riales,sedit« passionnéparledébatpublic », luiquivoulait« untravailintéressantetqui [lui]permetted’évoluer ».Heureuxd’appor- ter sa contribution aux enjeux écono- miques et financiers de la cité. Franck Patrouillault,diplômé,lui,dumasterjuriste conseil des collectivités territoriales à Panthéon-Assas, préparé en alternance au service juridique d’un département qui l’a embauché, a également été reçu au concours de la chambre régionale des comptes. Il y enquête sur l’efficacité et le bien-fondédespolitiquespubliques. Le hic, c’est que, diète de la dépense publique oblige, ces emplois se raréfient. 25 000 recrutements chaque année, dont unebonnepartdefonctionnairesdits« de catégorie A ou B », les plus qualifiés, c’est beaucoup…maismoitiémoinsqu'ilyadix ans. Les collectivités territoriales, où les départs à la retraite et le transfert de cer- taines missions et responsabilités créent des besoins, continuent à proposer 30 000 postes,avecuneappétencepourles diplômés en gestion, finance, ressources humaines ou encore les ingénieurs et les urbanistes.Souvent,ilfautdébutercomme contractuel, puis décrocher un concours. Parmi les filières les plus porteuses, Johanne Saison, directrice de l’Ipag de Lille-II, cite « les concours d’inspecteur des Finances,d’attachéterritorialetceuxdesIns- titutsrégionauxd’administration ».Uncran en dessous de l’ENA, ces derniers mènent àdespostesvariés.« Ilpeuts’agirdelages- tiond’unétablissementscolairecommedela rédactiondeloisauministèredelaJustice », note Jean-Luc Guillemoto, directeur de l’IRA de Nantes. Comptez 67 places dans chacundescinqIRAetdixfoisplusdecan- didats. «  Malgré une ouverture vers les lettres, l’histoire ou l’économie, nos promo- tions viennent surtout de droit et sciences politiques ». Et quel que soit le concours visé,ilfautunhautniveaudediplômeetdes compétences précises. « Les jurys se com- portentdeplusenplusenrecruteurscomme dansleprivé,aveclesmêmesattentes.Parti- culièrementrecherchée,laconnaissancedes marchés publics et des achats », note Jean- FrançoisLemmet,consultantenressources humaines.Bref,devenirserviteurdel’Etat, plusquejamais,çasemérite…
  • 13. + D’INFOS SUR WWW.VATEL.FR Exercer demain, dans l’hôtellerie internationale, un métier à responsabilités, impliquant et passionnant, c’est choisir aujourd’hui une formation reconnue par les plus grands établissements internationaux. Fort d’un enseignement original qui alterne théorie et expérience professionnelle, Vatel forme les cadres opérationnels et les cadres dirigeants de demain. S’OUVRIR AU MONDE & REUSSIR DES TITRES CERTIFIÉS PAR L’ETAT de l’Enseignement du Management de l’Hôtellerie-Tourisme 1ER GROUPE MONDIAL Bachelor’s Degree & Master’s Degree in International Hotel Management Bac+ 3 & Bac +5 / Titres d’Etat niveaux II et I enregistrés au RNCP par arrêté ministériel. Admissions Post-Bac et admissions parallèles. FLASHEZ & RETROUVEZ les réussites de Vatéliens Romain RAPOPORT – Promo 2013 Sales Executive Marriott Champs Elysées***** Paris, France PARIS LYON NÎMES BORDEAUX BRUXELLES SWITZERLAND MADRID ASUNCIÓN BANGKOK BUENOS AIRES HÔ-CHI-MINH CITY HUANGSHAN ISTANBUL KAZAN LOS ANGELES MADAGASCAR MANILLE MARRAKECH MAURITIUS MEXICO MONTRÉAL MOSCOU SALTA SINGAPOUR TEL AVIV TUNIS
  • 14. 138 L’OBS/N°2621-29/01/2015 SPÉCIAL DIPLÔMES L es banques, les grands cabinets de conseil ont beau essuyer le feu des critiques pour leur rôle dans la crise financière, les bonus des tra- ders être mis sous surveillance, les vocations d’apprentis golden boys, ou girls, ne tarissent pas. Ainsi, Marion Monot, 24 ans, assistante en audit finan- cierchezDeloitte,undesBigFourdusec- teur, se plaît dans sa mission : « Mon rôle est de certifier aux actionnaires que les chiffres publiés par la société sont exacts, cela peut paraître aride, mais, derrière ces données, il y a la vie d’une entreprise, les décisions de ses responsables », explique cette jeune diplômée de Sciences-Po en finances et stratégie embauchée à l’issue de son stage. Elle est bien payée. Chez Deloitte, les salaires d’embauche s’éche- lonnentde32 000à43 000 eurosbrutpar an… Une exception ? Non. Car l’audit, la banque, la finance ont retrouvé la santé et offrent encore de belles perspectives aux débutants. En pleine mutation, ces spécialités doivent faire évoluer leurs métiers, tout en compensant de nom- breux départs à la retraite. L’Association française des Banques prévoitainsi40 000recrutementsentre 2015 et 2017, dont deux tiers de candi- dats de moins de 30 ans. La seule Sociétégénéraleenembauche1 400par an, dont la moitié de commerciaux à bac+2 ou 3, « mais le sésame d’employa- bilité dans le secteur réside plutôt dans le bac+5, estime Charles Chabod, res- ponsable du recrutement à la Banque palatine, rattachée au groupe BPCE. Côtéconseil,« nousrecrutons1 000 CDI, dont 700 jeunes diplômés par an », explique Jean-Marc Mickeler, direc- teur associé des ressources humaines chez Deloitte. Préférence aux grandes écoles et aux universités de renom. Avec un bonus pour ceux qui postulent munis d’une expérience à l’étranger et d’un double diplôme, type école de LEBONFILON B A N Q U E S , F I N A N C E S En pleineévolution,cessecteurssonten quête de jeunes commerciauxetexpertsdu patrimoine. 40 000recrutements sontprévusd’icià 2017 CAROLINE BRIZARD CONSTANCE DECORDE LESMEILLEURSDIPLÔMES Bac+2ou3 BTSetDUTetlicencesencommerce,banques, métiersdel’assurance. Bac+5  MastersCCA,gestiondepatrimoine (IAEdeClermont-Ferrand,Cergy-Pontoise,Dauphine). commerce et Sciences-Po. L’assurance connaît la même évolution, et voudrait redorer son image un peu terne. En 2015, AXA compte ainsi recruter 5 500 personnes, dont 1 800 jeunes diplômés. Des commerciaux et spécialistes de ces métiers, à bac+2 ou 3, mais aussi des gestionnaires de patrimoine et des spé- cialistes du webmarketing. Poursortirdulotetaccéderauxpostes lesplusprestigieux,ilfautaccumulerles stages. Un moyen également de trouver sa voie. «  Cela m’a permis de cerner Mastersingénieriepatrimoniale(IAEdeCaen),finances etstratégie,actuariat(EuriaàBrest),InstitutdeStatistique del’UPMC(Isup,Paris-VI),InstitutdeSciencefinancière etd’Assurances(Isfa,Lyon-I). Ecolesdecommerceoud’ingénieurs(Essec, ESCP,Mines),IEP.
  • 15. 139 L’OBS/N°2621-29/01/2015 SPÉCIAL DIPLÔMES C rise oblige, les gestionnaires et les comptables, veillant à la bonne santéfinancièredesservices,avec un œil avisé sur les recettes, dépenses et économies possibles, sont accueillis à bras ouverts par lesrecruteurs.Entête,lesjeunesdiplômés de l’université à bac +5, notamment les masterscomptabilitécontrôleaudit(CCA) ou audit et contrôle, qui permettent de devenir expert-comptable. Particulière- ment appréciés dans les grands cabinets d’audit.Onchercheaussidesbac +2detype BTSetDUTpouroccuperdespostesd’as- sistantspaieetcomptablesenentrepriseet encabinet.Lacriseaparailleursfaitémer- gerdesbesoinsenspécialistesderecouvre- ment, «des gestionnaires avec de bonnes qualités humaines», décrit Romain Wer- len, directeur senior de la division comp- tabilité et finance de Page Personnel. Il pointedessalairesd’embaucheàpartirde 30 000 euros, mais qui peuvent rapide- ments’envoler,enfonctiondelanotoriété dudiplôme,jusqu’à35 000,40 000 euros. Autre piste, les postes en ressources humaines, et, là encore, c’est le niveau bac +5quis’impose.Maisuntriestnéces- saire parmi les nombreuses formations PRIORITÉAUX GESTIONNAIRES ! C O M P T A B I L I T É , R E S S O U R C E S H U M A I N E S Lesasdu plan comptable ou de la grille dessalairessont indispensablesà la bonne marche desentreprises BÉATRICE GIRARD estampilléesRH,quinesontpasunanime- ment appréciées des recruteurs. Mieux vautainsiprivilégierlesgrandsclassiques, et notamment les masters des IAE, ou le réputémasterCiffopdeParis-II.Enfin,les métiers du secrétariat ont évolué en quelques années. Dans les petites struc- tures, les préférences vont à des profils polyvalents capables de faire du secréta- riat, mais aussi un peu de gestion interne et de comptabilité. Quant au secteur des assistants de direction, il reste une niche réservée à des profils haut de gamme. Candidats non bilingues et non diplômés d’une grande école type Sciences-Po, s’abstenir… progressivement ce qui me passionnait le plus », reconnaît Marie Germe, 26 ans. Pendantqu’ellefaisaitl’EISTI,uneécole d’ingénieurs à Cergy-Pontoise, la jeune femme a successivement travaillé dans lafusion-acquisitionauCIC,àlaBanque de France et dans un cabinet de conseil à Lyon, avant de se faire embaucher en novembre2012commeassistanteentre- prise à la Banque palatine. Autre choix judicieux :misersurl’alternancecomme Simon, 27 ans. Après un master d’éco- nomie et de gestion à Aix, il intègre Monsieur Placements RAYAN BOUADLA, CONSEILLER EN PATRIMOINE Rayan Bouadla, 24 ans, est un pur produit de l’université. Cet ex-boursier, qui a grandi en Seine-Saint-Denis entre un père manutentionnaire et une mère comptable, ne savait pas trop ce qu’il voulait faire en décrochant son bac ES. Le choix s’est opéré chemin faisant. Pendant son DUT techniques de commercialisation, puis sa licence à la fac de Créteil, il a toujours travaillé, étudiant la semaine, vendeur les samedis et dimanches. « Un rythme un peu soutenu », reconnaît-il. Ensuite, il a réfléchi : « J’étais intéressé par les métiers du commerce et du marketing, tout ce qui impliquait des contacts avec les clients, mais j’ai choisi la finance parce que cela ouvrait plus de portes. » Il fait donc un master en gestion de patrimoine à l’IAE Gustave- Eiffel. Et, dès l’obtention de son master 2, qu’il a effectué en apprentissage à la BNP, il décroche un CDI à BNP Paribas Banque privée, à Paris, payé 36 000 euros brut annuels. « J’y conseille mes clients dans la gestion de leur patrimoine, j’aime faire vivre cette relation de confiance », dit-il avec chaleur. Cet entreprenant vient de s’acheter un petit appartement à la lisière de Paris. l’Essecendeuxièmeannée.« J’aidécro- ché un CDI d’analyste en corporate finance à la Société générale en octobre 2014 à la suite de mon parcours en alter- nanceaudépartementfinanceetcontrol- ling d’un grand groupe industriel fran- çais. » Les institutions financières sont aussi friandes de matheux cracks des probabilités, pour établir, par exemple, le montant de primes d’assurance : on les appelle des actuaires. Comme Nico- las Lesnisse, 24 ans, qui après deux ans de prépa scientifique a intégré l’Institut de Science financière et d’Assurances (Isfa) à l’université Lyon-I. Aujourd’hui analystederésultatsdeportefeuillechez AXA,ilexplique :« Jeneconnaissaispas l’actuariat. C’est un prof de maths en prépa qui avait bien cerné mon caractère qui m’en a parlé : j’ai le goût des mathé- matiques mais aussi celui d’expliquer, ce qui est nécessaire dans ce métier où nous faisons beaucoup de présentations », résume-t-il. Assuré, en prime, d’une bonne progression de salaire et des res- ponsabilités. LESMEILLEURSDIPLÔMES BAC+2ou3 BTScomptabilitéetgestion,DUTGEA,licences managementdesorganisations,métiersdelacomptabilité, diplômedecomptabilitéetgestion(DCG). BAC+5 MastersCCA,mastersengestiondesIAE(notamment deClermont-Ferrand),Ciffop,Mastèreresponsable managementetDRHdel’IGC,diplômesupérieurde comptabilitéetdegestion(DSCG),écolesdecommerceou IEPavecspécialisationRH.
  • 16. L’OBS/N°2621-29/01/2015 140140 L’OBS/N°2621-29/01/2015 SPÉCIAL DIPLÔMES LAVOIEROYALE I N F O R M A T I Q U E La révolution destechnologiesnumériquescrée encore ettoujoursdesemplois. Débutantsplusquebienvenus LISA TELFIZIAN PATRICIA MARAIS Prince des data TIMOTHÉE, INGÉNIEUR RÉSEAU Lapremièrefoisqu’ilestentrédansundatacenter(centrededonnées),stagiaire del’opérateurdetélécomsNerim,Timothée,23ans,aeulefrissonfaceaux kilomètresdecâblesrangéssurdesétagèresdansdessallescommedes cathédralesoùbourdonnaientlaclimetlesserveurs.«J’étaiscollégienlorsde l’avènementd’internet,etjemedemandaiscommentlesordinateursdumonde entierpouvaientcommuniquerentreeux»,sesouvient-il.Fascinéparle transportdesdonnées,àSupinfoLille,iloptedoncpourlaspécialitéréseauet rechercheunstagedanslestélécoms,«làoùleréseauestroi».Timothéetombe suruneoffredeCDIdeNerim,unopérateurdefibreoptiquespécialisédansles servicestrèspointusauxentreprises.«J’aiécritpourdirequeleposteainsique l’entreprisede160personnescorrespondaiententoutpointàmesattentes,et Nerimacrééunstagepourmoi.»Aprèslestage,l’embauchealieuennovembre 2014,entre35000et38000eurosannuels.Uneplacedechoixaucœurduréseau. L e numérique ? « Une formidable aventurepourlesjeunes»,s’enthou- siasme Guy Mamou-Mani, pré- sidentduSyntecnumérique,lesyn- dicat patronal du secteur. « Les entreprises ne se contentent plus d’un service d’informaticiens pour gérer leursystèmed’informationetleurparcd’or- dinateurs, elles numérisent toutes leurs activitésduprocessdeproductionàlarela- tionavecleursclients,ellesontbesoind’ex- perts partout. » Un peu comme si la colonne vertébrale informatique s’enri- chissait de terminaisons nerveuses… autant de nouvelles possibilités pour les jeunes diplômés. Souvent des fanas, comme Arnaud Masselin, diplômé en 2013 d’un master d’ingénierie des sys- tèmesdetélécommunicationetréseauxà Toulouse :«Lenumérique,c’estlarigueur maisaussilarecherchepermanentedesolu- tions, l’ingéniosité. C’est ce qui m’a plu et m’adéterminéàm’orienterverscedomaine. Comme toute ma promo, à peine diplômé, j’ai été recruté, chez LivingObjects, un édi- teurdelogicielsdemanagementderéseaux, celachanged’autresspécialités…» Les grandes fonctions – réseaux, sys- tèmesd’information,sécurité–seportent bien et tous les secteurs recherchent ces débutants. L’eldorado du moment, c’est le big data : l’exploitation des colossales massesdedonnéesbrasséesparlesentre- prisesetqui,bienexploitées,peuventper- mettre d’en améliorer tous les rouages, de la production à la distribution : «Cette année,nousrecrutonsdes“datamanagers” qui seront attachés à tous les services», explique par exemple Muriel Nicou, res- ponsable des recrutements chez AXA France. Sans parler des tablettes et smart- phones en plein essor, du cloud ou encore de l’internet des objets (ou objets connec- tés). Prendre latempérature viale pyjama des enfants pour alerter du moment où il fautadministrerleparacétamol,assurerle maintienàdomiciledepersonnesâgéesou malades grâce à des boîtiers qui commu- niquent des informations au corps médi- cal…«unmarchégigantesque»,assureGuy Mamou-Mani.Start-upetgrandsgroupes s’yintéressent,commeLaPosteetsonhub numérique universel présenté au CES (ConsumerElectronicsShow)deLasVegas enjanvier,uneplate-formedanslecloudqui permet de gérer l’ensemble des objets connectésd’unfoyer,quelquesoitleursys- tèmed’exploitation. Endixans,l’informatiquevientdecréer plusde700 000emplois,etlesannéesqui viennents’annoncentpourlemoinsaussi prometteuses. Les heureux diplômés du domaine, qu’ils sortent d’un master à la fac, d’une école d’ingénieurs ou d’une
  • 17. L’OBS/N°2621-29/01/2015 141141SPÉCIAL DIPLÔMES VÉRONIQUE RADIER LESMEILLEURSDIPLÔMES Bac+2/3 BTSinformatiqueetréseaux ;informatiquedegestion. DUTstatistiqueetinformatiquedécisionnelle. Licencessystèmesinformatiquesetlogiciels ;réseaux ettélécommunications. Bac+5/6 Ecolesd’ingénieurs(Supélec,TélécomParisTech, TélécomBretagne,Esiea,Isep,Ensimag,ECE,Efrei,UTT, UTC…). MastersMiage(dansvingtuniversités),systèmes informatiquesintelligentsetcommunicants(Cergy- Pontoise),Cryptis(Limoges),sécuritédescontenus,des réseaux,destélécommunicationsetdessystèmes (Versailles),MBDS(Nice),ingénierielogiciellepourl’internet (universitéd’Artois),ingénieriestatistiqueetinformatique delafinance,del’assuranceetdurisque(Paris-Diderot), réseauxettélécommunications(Paris-Sud/ENSCachan), cryptologieetsécuritéinformatique(Bordeaux-I). école spécialisée, non seulement s’épargnent la moindre démarche pour trouveremploiàleurgoût,maissevoient « chassés ». Au point que leurs respon- sablesdeformationleurconseillentd’évi- ter de mettre leur CV en ligne s’ils ne veulent pas être submergés d’offres ! Un casse-têtepourlesDRH :«Nousrecrutons 100personnespourrépondreànotrecrois- sancede20%cetteannée,ettouslesmoyens sont utilisés – relations, écoles, réseaux sociaux, cooptation, cévéthèques », expliqueEricDumartin,DRHdeLinkby- net, une ESN, entreprise de services numériques, la nouvelle appellation des SSII,lesplusgrosemployeursdusecteur. «Apeinediplômés,nos40étudiantssont embauchésdansl’industriedutourisme,des banques, des start-up qui ont grandi et se structurent,voiredescentralesnucléaires,à dessalairesquivontde29000à42000 euros annuels»,seréjouitainsiAndréAoun,res- ponsable du master ingénierie des sys- tèmes de télécommunications et réseaux informatiquesdel’universitéToulouse-III. «Nous voudrions bien avoir davantage de candidatsànosfilières,soupireFatihaGas, directrice du campus parisien de l’école d’ingénieurs Esiea. La plupart de nos étu- diantsontlechoixentreplusieursCDIavant même d’être diplômés.» Et le numérique s’intéresse désormais même aux bac+2. « Ils ont beaucoup plus d’offres que voici quelques années car les entreprises font un effort pour former après recrutement, elles nepeuventpastoujourss’offrirdesbac+5», remarque Thierry Verdier, fondateur du cabinetderecrutement1001Talents.Bref, desouverturesàtouslesniveaux… L e droit plaît. Trop. Chaque année enregistre un nouveau record d’inscrits dans les universités : 210 000 au dernier recensement. La Cour des Comptes a même tiré le signal d’alarme, jugeant les diplômés trop nombreux et pas tou- jours bien préparés aux besoins du marché du travail. Niveau d’accès à la plupart des métiers : bac+5. Les avocats représentant la majorité des profes- sionnels. Il faut réussir, après un bac+4 au minimum, le Capa (certificat d’apti- tude à la profession d’avocat). Après quelques années souvent comme asso- cié, on peut encore y faire de belles car- rières dans des cabinets généralistes, traitant des litiges familiaux ou encore de proximité et pas seulement de « grandes » affaires, et avec des revenus moins élevés qu’on ne l’imagine : en moyenne 2 150 euros brut par mois pour un débutant. Quant aux juristes d’entreprise, « nous n’arrivons pas à PROFESSIONS DE LOI D R O I T Famille, socialou business… Lesjuristesavisés choisissentavec soin leur spécialité DèssonarrivéeàSciences-PoParis,découvrantledroit,qu’elleimaginait commeunematièrearideetpeuattrayante,MaudSchlaffmann-Amprino s’estpassionnéepourcettediscipline«quitoucheconcrètementà touslesdomainesdelavie»,famille,travail,santé,etc.Enmaster,elle choisitledroitjudiciaire,pensantsedirigerverslamagistrature,maisses stagesluirévèlentunmétiermoins«militant»qu’ellenel’imaginait. Enstagetoujours,elledécouvrelemétierd’avocatchezEtienneNoël, spécialistedudroitdesdétenus.Unevéritable«révélation»pourlajeune fillequi,enparallèledesesétudes,donnaitdescoursenprisongrâceà l’associationGenepi.AprèsunespécialisationàlaSorbonneen criminologie,Maudvientd’obtenirsonCapa(certificatd’aptitude àlaprofessiond’avocat).Aujourd’huicollaboratriceetavocateengagée, ellepartagesontempsentredeuxcabinets :«J’airarementuneminute àmoi,parfoisonal’impressionquerienn’avance,etpuis onarriveàfairebougerleschoses…» PIA DUVIGNEAU Juriste militante MAUD SCHLAFFMANN-AMPRINO, AVOCAT répondre à la demande ! », sourit Séve- rine Blum du cabinet de recrutement Hays. La spécialisation en droit social est grandement réclamée à cause de la multiplication des plans sociaux et des litiges prud’homaux. Le droit des affaires est lui aussi prisé, à condition de suivre le parcours ad hoc, plutôt relevé. Sébastien Turin, recruté par le groupe DBApparel (Dim, Playtex…) et coresponsable du comité des jeunes juristes de l’Association française des Juristes d’Entreprise (AFJE) confirme : « J’ai passé un an à  l’université de Sussex, en Grande- Bretagne. Cela m’a donné une compé- tence pour rédiger et superviser sur le plan juridique les contrats que le groupe noue avec ses partenaires dans le monde entier. » Le fin du fin étant encore de passer un LL.M (Master of Laws), ce master de droit anglo-saxon – au Qué- bec par exemple, où le cursus n’est guère onéreux.
  • 18. L’OBS/N°2621-29/01/2015L’OBS/N°2621-29/01/2015 J ’adore les enfants. Ils m’apprennent autant que je leur apprends. Ils sont dans l’émotion pure, s’exclame Char- lotteRiou,23ans,professeurstagiaire verslaCanebière,àMarseille.Onest toujoursentraindesedire,neserait-ce qu’en voyant des cailloux sur une plage : “Tiens !çaseraitbienpourtelleactivitédans la classe…” » Pour sa première année en poste,Charlotteaffichecomplet.« Enplus des vingt-six heures hebdomadaires, je travailleunequinzained’heuresparsemaine à préparer mes cours. » Les concours se passent avec un master 1. Et la période est propice : 24% de reçus au Capes, 32% au concours du professorat des écoles. Avec, en2015, presque 25 000 postes premieret second degrés confondus, soit +29% par rapport à 2014. « Les créations d’emplois dans le cadre de la loi Peillon se conjuguent aux départs à la retraite prévus de 300 000 enseignants dans les dix années qui viennent  », résume Jacques Ginestié, présidentduréseaunationaldesEspe.Les Tête chercheuse HORTENSE SERRET, CHARGÉE D’ÉTUDES Embauchéedanslafouléedesathèse parARP-Astrance,unesociété deconseil,Hortensetravaillesur l’intégrationdelabiodiversitédansles projetsimmobiliers,avecunsalaire d’ingénieurconfirmé.« Lesvillessont toujoursenexpansion,explique-t-elle. Leurdensificationnepeutêtreviable qu’enaménageantdesespacesverts. » Aprèsunelicenceensciencesdelavie àl’UPMC,Paris-VI,elleafaitune indigestiondechimieetdephysique quantiqueetsetourneversl’histoire etlaphilosophiedessciences enmaster.« J’aialorsenvisagéle journalisme,etmêmelereportage deguerre. »AMontréal,aucours d’unéchange,elletrouvesavoie : lessciencesdel’environnement.Età sonretourenFrance,c’estledirecteur d’ARP-Astrancequiluiinspirelesujet desathèseaxéesurledéveloppement soutenableenville…etlarecrute. « Jecontinueàfairedelarecherche appliquéeavecunObservatoiredes JardinsetEspacesvertsd’Entreprises, oùjegèredesprojetsexpérimentaux, commel’installation denichoirsàpollinisateur. » PROFS DEMANDÉS ! E N S E I G N E M E N T , R E C H E R C H E Lesconcoursderecrutementd’enseignantsdu primaire et du secondairemanquentdecandidats. Comment s’ypréparer CAROLINE BRIZARD, FABRICE DEMESSENCE chances de réussite varient, selon la disci- pline :danslescollègesetlycées,onmanque de profs en maths, sciences, langues, fran- çais, dans les écoles, ce sont le Nord ou la régionparisiennequicherchentdesprofes- seurs. Les salaires, eux, restent modestes : 1 640 eurosnetparmoispourundébutant. Devenirenseignantdanslesupérieur,en revanche, c’est une mission quasi impos- sible.Apeineplusde3 000postes(en2013), enbaisserégulière.Avec37candidatspour uneseulechairedemaîtredeconférences. Se consacrer à la recherche pure n’est pas plusaisé.« Aladernièrecampagnederecru- tement,ilyavait307postesàpourvoir,pour 8 099 candidats admis à concourir, résume IsabelleLongin,adjointeàladirectiondes ressources humaines du CNRS, avec un salaire de départ compris entre 2 200 et 2 600 eurosbrut. »MatthieuRaynal,32ans, yestentrécommechargéderechercheen 2013. Il travaille sur les catalyseurs, ces molécules qui accélèrent les réactions chimiques. «  J’aime l’idée de l’aventure communedutravailenéquipe,delaconfron- tation.  » Il comptabilise une dizaine d’années d’études supérieures  : DUT, Ensiacet,écoledechimieàToulouse,thèse à Strasbourg en alternance financée par l’InstitutfrançaisduPétrole(IFP)et,enfin deux« post-doc »dansdeslabosàPariset àTarragone,enEspagne…« Ilfautavoirla foi »,conclut-ilsimplement. Les entreprises offrent davantage de perspectives.« Lesdiplômésd’écolesd’ingé- nieursfontuneconcurrencesévèreauxtitu- lairesdethèses »,prévientMohamedHarfi, expert à France Stratégie, service de pros- pectiverattachéàMatignon.Lachimie,les sciences humaines recrutent moins de chercheurs que l’informatique, le droit, l’économie,lamécaniqueoul’électronique. « Nous encourageons les doctorants à être stratèges de leur carrière, à regarder ce qu’attendent les entreprises, à infléchir leur parcoursetàtravaillerenanglais »,conseille Vincent Mignotte, président de l’Associa- tionBernard-Gregory(ABG).
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  • 20. 144 L’OBS/N°2621-29/01/2015 SPÉCIAL DIPLÔMES E ndécembre, le voyage interplané- taire de la sonde Rosetta puis l’atterrissageacrobatiquedurobot Philaesurunecomèteonttenuen haleine des millions de Terriens. Unexploitauquelontœuvrédans l’ombre, depuis plusieurs années, des bataillons de techniciens, ingénieurs et autresscientifiquespourmettreaupoint moteur,fuselageetcalculateurs…auser- vice de grands groupes ou de PME. L’in- dustrie n’est pas finie ! Certes, la crise, la mondialisation sont passées par là, détruisant des pans entiers d’activité mais d’autres résistent, conquièrent des marchés. Et certaines PMI, très dyna- miques, ont bien du mal à attirer des recrues,méconnuesqu’ellessontdesétu- diants. C’est le cas d’Europe Technolo- gies, installée dans la région nantaise : « Nous recherchons des ingénieurs, mais aussi des techniciens dans de nom- breuses spécialités », explique Christelle Boutolleau, directrice du département Composites. « Nousavonsungrandnombredepostes àpourvoirdanslesgrandsgroupes,comme danslesPME,àtouslesniveaux :destech- niciens comme des cadres et des ingé- nieurs,quecesoiteninnovation,recherche et développement, production, mainte- nance, qualité, logistique…  », confirme Jérôme Gras, directeur exécutif du cabi- net Page Personnel. Avec des niveaux de qualification qui ne cessent de s’élever, des missions plus complexes : « Nous voyons de nouveaux métiers apparaître avec des dimensions internationales et commerciales fortes. Les ingénieurs qui maîtrisent l’anglais sont amenés à gérer descontratsetlescahiersdeschargesavec lessitesdeproductionsituésàl’étranger. » En tête des domaines les plus dyna- miques, le spatial et l’aéronautique. Pour fairefaceàdescarnetsdecommandessur- chargés et des cadences de production L’USINEÀJOBS I N D U S T R I E En manquedetechniciensetde cadres, ce secteur proposedebellescarrières.En particulier dansl’aéronautique, l’agroalimentaireetla pharmacie BÉATRICE GIRARD FRANCK TOMPS LESMEILLEURSDIPLÔMES Bac+2/3 DUTgénieindustrieletmaintenance,génieélectrique etinformatique,productique,mesuresphysiques. BTSmaintenanceindustrielle,contrôleindustriel etrégulationautomatique. Licencesélectronique,informatiqueet communicationsembarquéesappliquéesauxtransports, véhiculesélectroniquesetgestiondesautomatismes (Franche-Comté),gestiondelaqualitéetdurisquedans lesbioindustries(Pierre-et-Marie-Curie),commercialisation desbiensetservicesindustriels(Bordeaux),métiers delamicroélectroniqueetdesmicrosystèmes(Grenoble), systèmesindustrielsautomatisésetmaintenance (Clermont-I). Bachelordetechnologie(ArtsetMétiers,Bordeaux etChâlons-en-Champagne). Bac+5et6 Ecolesd’ingénieursàvocationindustrielle (ArtsetMétiers,UTC,GrenobleINP…). Masterscontrôleetqualité,génieélectrique etinformatiqueindustrielle(universitédeBretagne-Sud), formulationetévaluationsensoriellesdes industriesdesparfums,delacosmétiqueetdel’aromatique alimentaire(Versailles-Saint-Quentin),responsabilités etmanagementqualitédanslesindustriesdesanté (Bordeaux),mécaniqueetrisquesindustriels(UTTroyes), alimentation,lait,innovation,management, nutraceutique(Rennes),ingénieriechimique etagroalimentaire(Nantes). infernales,lesdonneursd’ordrecherchent techniciensetingénieursenmaintenance industrielle, électronique, électrotech- nique ou automatisme… Scénario quasi identiquedansl’énergieetlamétallurgie : « Nousprévoyons100 000recrutementspar anjusqu’en2025,dont20 000ingénieurset 27 000 techniciens et agents de maîtrise. Avisauxamateurs,cesbac+2etbac+3,nous lesaccueillonstous ! »s’exclameFrançoise Diard, responsable de l’Observatoire des métiersdelaMétallurgie. Billel Maati, 26 ans, avec un DUT génie thermique et énergie et un diplôme d’ingénieur, n’a pas mis long- temps à s’en apercevoir : embauché en septembredernierchezVeritasdansles vingt-quatre heures qui suivaient l’ob- tention de son diplôme. « Je réalise des audits énergétiques pour des bailleurs sociaux. C’est un métier technique avec beaucoup de missions de terrain mais aussi du conseil, pour un salaire d’em- bauche tout à fait convenable de 35 000 euros par an », raconte-t-il. Autres bonnes pioches, les industries agroalimentaire et pharmaceutique. Malgré les récentes annonces de plans sociaux chez Sanofi et Pierre Fabre, ce
  • 21. 145 L’OBS/N°2621-29/01/2015 SPÉCIAL DIPLÔMES Manager-née RACHEL THIBAULT, CHEF D’ÉQUIPE FABRICATION CHEZ BONGRAIN Inscriteenfacdebiologie,passionnéeparl’universdeslaiteries,Rachela confirmésavocationlorsd’unstagedansunefabriquedereblochonpendant salicence. « J’aidécouvertqu’ilexistaitundiplômetrèsspécialisédansce domaineetj’aipostuléaumasteralimentation,lait,innovation,management, nutraceutique(Alimn)cohabilitéparl’agrocampusOuestetl’université deRennes-I. »Sitôtdiplômée,Rachelaétéembauchéecommechefd’équipe parlegroupeBongrain.Duhautdeses23ans,ellemanageuneéquipede 30 personnesetsuperviselafabricationdeplusieursfromages.« Jem’occupe d’un atelier de transformation traditionnelle et d’un autre de produits ultrafiltrés. Je veille au respect de toutes les procédures sur la chaîne. J’organise les plannings, je gère des intérimaires et je fais face aux aléas de production : ma hantise, c’est la panne qui pourrait affecter la qualité des produits. Un métier sans routine et avec beaucoup d’adrénaline… » dernier secteur a programmé 10 000 recrutements cette année, dont 20% concerneront les jeunes diplômés. « Mêmesil’âged’ordel’industriepharma- ceutiqueestderrièrenous,ilrestedebelles perspectives », assure Pierre Tchoreloff qui dirige le master responsabilités et management qualité dans les industries de santé à Bordeaux. « Chacun de mes diplômés a le choix entre deux ou trois offresd’emploi. »Lesprofilsrecherchés ? Un peu les mêmes que dans la plupart des domaines de l’industrie, des spécia- listes production, qualité ou mainte- nance, mais aussi des data managers capables d’alimenter et gérer d’énormes bases de données. Mais voilà, l’usinene fait guère rêver… Etpourconstituerleurseffectifs,lesres- ponsables de formation doivent partir à la pêche aux étudiants dans les salons. « Je leur explique qu’en venant chez moi ils pourront apprendre à développer des applicationspourlestéléphonesportables ou construire des moteurs de bateaux de course et que, en plus, ils n’auront pas de problèmedechômage :tousmesdiplômés sont casés en un mois  », raconte, par exemple, Johann Laurent à la tête du master génie électrique et informatique industrielle de Lorient. Les Arts et Métiers, prestigieuse école d’ingénieurs vient d’ouvrir un bachelor « technolo- gique » (bac+3), évitant le mot « indus- triel »...« C’eststrictementlamêmechose, seulement le mot est plus glamour  », confie l’un des responsables de l’école. Il est aussi approprié à la réalité des métiers.Ainsi,vêtud’uneblouseblanche, équipédelunettesetd’uncasquedepro- tection, Cyril Vallade supervise les auto- matismes et pilote les procédés de fabri- cationdansuneusinedugroupeGuerbet, spécialisé dans les produits de contraste pourl’imageriemédicale.Sursonordina- teur,desbasesdedonnéesluipermettent de surveiller les rendements, et les grandescuvesettuyauxquicontiennent leprécieuxliquide.IladécrochéunCDI au sortir de son master en génie élec- triqueetindustriel,sansmêmepasserpar la case recherche d’emploi. Il gagne 3 000 eurosparmoisetespèreprogresser rapidement.Lessalaires,voilàundernier malentendu à dissiper. « Si dans l’indus- trie les bac+5 gagnent moins que dans le conseil ou la finance en début de carrière, ils commencent tout de même autour de 35 000 à 40 000 euros par an, avec une bonne perspective d’évolution », insiste Jérôme Gras.
  • 22. L’OBS/N°2621-29/01/2015 146146 L’OBS/N°2621-29/01/2015 D ans les pays anglo-saxons, on les appelle les sport scientists. En France, la dénomination reste à inventer,maisilsformentdéjàune corporation bien identifiée. Il y a Alexandre Marles, «directeur de la performance» à l’Olympique lyonnais. MartinBuchheit,sonhomologueduPSG, auteurdepublicationsscientifiquesremar- quées.OuencorelestroisJulien–Deloire, Piscione et Robineau – de la Fédération françaisederugby,quipréparentlesjoueurs du XV de France à coups de tests d’effort complexes ou de simulateurs de mêlée. Tous sont détenteurs d’un doctorat en Staps (sciences et techniques des activités physiquesetsportives). Des docteurs en Staps, voilà la nou- veauté.Crééedanslesannées1970,cette filière avait pour vocation de former des  enseignants du secondaire. Si le Capeps (rendu très abordable par les embauches massives du gouvernement) DES RESSOURCES TRÈS HUMAINES S P O R T S , S O C I A L En premièreligne del’animation socio-éducative, lessportifs forméssontdeplusen plusrecherchés GURVAN LE GUELLEC AÏ ESTELLE BARREYRE Chef d’équipe LOÏC LOUIT, PRÉPARATEUR PHYSIQUE LoïcLouitsaitqu’ilfaitpartied’une petitecastedeprivilégiés.«Jetravaille auplushautniveau,avecunsalairede cadresup,etauprèsdegenspartageant mavisiondumétier.»Atoutjuste 30 ans,cediplôméd’unmasterStaps s’occupedepuisl’étédelapréparation physiquedesrugbymenperpignanais. PourlebachelierES,rienn’était pourtantgagné.«J’étaisunélève moyen.Jemevoyaisprofd’EPS,avec le risqued’échouer.»Etpuisilyaeu la révélationduplaisirprisàentraîner. Etunchangementprofonddansson rapportauxétudes.Loïcs’estmisàlire énormémentetàrepensersoncursus (deuxannéesdeL3,deuxannées de M1)pourpouvoirtravailler en parallèle(commeprofd’EPS vacataire,coachpersonnel, préparateurphysiquedeclubs amateurs…),élargirsonchampde compétencesettravaillersesréseaux. Sonprochaindéfi :selancerdansune thèsededoctorat,pourpréparer l’avenir.«A45ans,j’auraipeut-être d’autresenviesetd’autresbesoins.» continued’attirer35%desétudiants,ilne suffitpasàfournirdesemploisauxnom- breux passionnés qui se dirigent vers la filière.Sesresponsablessesontdémenés pour leur offrir d’autres débouchés. Depuis 2004, ils peuvent aussi encadrer desactivitéssportivesendehorsducadre scolaire,oubienopterpourdenombreux masters professionnels, à bac+5, menant à des carrières universitaires ou, pour- quoi pas, à des postes de préparateurs physiques auprès des stars du ballon ovaleouduballonrond.« Ilfauttoutefois rester prudent, souligne Loïc Louit, chargé de cours à Toulouse et prépara- teurphysiqueduclubderugbydePerpi- gnan(voirencadré).Lesstructuressuscep- tibles d’embaucher des profils comme le mien sont peu nombreuses. Trente clubs pros,lafédération,etlescentresdeforma- tion. Soit 200 jobs tout au plus. » Les effectifs en Staps atteignent des hautshistoriques(53000étudiants,dont 23000 en première année), mais les diplôméss’insèrentplutôtbien.Seulhic : des premiers emplois souvent précaires etsous-payés(25%detempspartiel,dont beaucoup de saisonniers, et 1400 euros net de salaire moyen trois ans après l’ob- tention de la licence). « Nous sommes concurrencéspardescandidatspossédant des brevets d’éducateurs sportifs délivrés parlaministredelaJeunesseetdesSports [formations payantes de 800  heures accessibles à bac+0, NDLR], explique LaurentBeauvais,leprésidentdel’Asso- ciation nationale des Etudiants en Staps. Les directeurs de structure sont souvent issusdecesformationsetpeuventnourrir despréjugésànotreégard :tropchers,trop intellos, trop généralistes. » Autres pistes, les masters en manage- mentsportif–vented’articlesdesport,ges- tion d’activités de loisirs ou d’événements sportifs – ou encore l’activité physique adaptéeetsanté(Apas).«Depuisquelques années, le monde médical a pris conscience decequenouspouvionsluiapporter»,note Didier Delignières, le président de la ConférencedesDoyensetDirecteursStaps (C3D).Descentresdetraitementducancer auxmaisonsderetraite,lademanded’en- traîneurssportifsnefléchitpas. De même, les diplômés du social, édu- cateurs ou assistants sociaux sont atten- dus tant sur le terrain que dans l’enca- drement de structures, un peu partout en France. LESMEILLEURSDIPLÔMES Bac+2/3 BTSéconomiesocialeetfamiliale,serviceetprestation sanitaireetsocial. DUTcarrièressociales. Licencetravailsocialetconduitedeprojets(Paris-13), coordinateursdeservicegérontologique(Grenoble, Provence),responsabledeservicesd’accueildelapetite enfance(Aurillac,Aix-Marseille),managementdusport (notammentNice),métiersdelaforme(Toulouse-3,Lille2). Diplômesd’Etatd’assistantdeservicesocial,d’éducateur spécialisé. Bac+5 Masterssportsetsanté(Paris-Descartes, Montpellier-1,Rennes-2),sportettourisme(Chambéry, Poitiers,Grenoble,Lyon-2,Toulouse-3),gestiondes établissementssanitairesetsociaux(Aix-Marseille), managementdesorganisationsdesanté(IAE de Pau-Bayonne). SPÉCIAL DIPLÔMES
  • 23. L’OBS/N°2621-29/01/2015 147147SPÉCIAL DIPLÔMES LESMEILLEURSDIPLÔMES Bac+2ou3 BTSetDUTcommerciaux,licencescommerceenligne (UBS,Distrisup),commercialisationdesbiensetservices industriels(Bordeaux),commercegestionnaire import-export(universitéduMaine,LeMans),bachelors. Bac+5 Ecolesdecommerce,InstitutduCommerceetdela Distribution(ICDParisetToulouse),IMDD(Lille-II),masters decommerceinternational,stratégiecommercialeet politiquedenégociation(Paris-I),distributionetrelation client(Paris-IXDauphine). P eut-être parce qu’ils touchent à l’argent, toujours un peu tabou danslapsychéfrançaise,lesmétiers de la vente restent entachés d’une imageunpeucheap.Pasassezintel- lectuels, pas assez glamour. Un injuste cliché qui, aujourd’hui encore, décourage les vocations. Dommage, car, danslagrisailledumarchédel’emploi,pour lescommerciaux,enrevanche,lesvoyants sontauvert :«Prèsd’unquartdesentreprises interrogées dans notre baromètre prévoient d’enrecrutercetteannée»,seréjouitVincent Caltabellotta, directeur de l’Observatoire permanent de la Fonction commerciale. A la tête du cabinet CCLD Recrutement, Lionel Deshors décrit lui aussi un marché porteur. «Entre turnover et volonté de gagner des parts de marché, les entreprises recrutentetpeinentmêmeparfoisàtrouver descandidats…» Etceuxquisesententtailléspourlecos- tumeenprofitent.CommeMaximeTissot. Diplômé en 2014 du master de l’IMMD, école interne de l’université Lille-II, il est recruté en CDI comme chef de produit junior pour une enseigne de mode avant même la fin de ses études. «J’analyse les ventes de la collection homme au quotidien pour ajuster au mieux l’implantation des LEBUSINESS D’ABORD C O M M E R C E , V E N T E Cesmétiersinjustementsnobéspermettentde mener de belles carrières, si on en a le tempérament… BÉATRICE GIRARD NICOLAS MATULA Vendeur en ligne SÉBASTIEN COCHÉ, COMMERCIAL SébastienCochéestunvendeur,un vrai !«J’aitoujoursvoulutravailler danslecommerce :vendre,fairedu chiffred’affaires,analyserlesmarges… et,pourquoipas ?,unjourcréerma boîte.»BacSenpoche,ils’inscrit doncenDUTtechdeco.«Messtages endistributionm’ontconfirméqueje nevoulaispasêtrechefderayon.Je préfèretravaillerdansl’e-commerce, carpourmoic’estl’avenir.»Direction Vannes,oùlalicenceprocommerce enligneaboutitàuneembaucheparle siteLyophilise.com,sociétédevente derepaslyophilisésetsousvidepour sportifsetrandonneurs.«Basésà Lorient,nousfournissonsnotamment touslesskippeursdesgrandescourses. Monjobconsisteàboosterlesventes, eninstallantdesbannièressurle site,enproposantdespromotions,en multipliantlesmailingsclients,les campagnessurlesréseauxsociaux. Monobjectifestatteint :j’assimiletous lesrouagesdelastratégiecommerciale etjegagne2000eurosparmois.»B. G. de l’énergie et des nerfs solides, pour face aux objectifs et garder le moral en toutes circonstances. Nombreuses sont les entreprises qui recherchent des jeunes à bac +2/3 pour remplir leurs carnets de commandes ou gérer leur clientèle comme les banques « avec des salaires entre 25 000 et 30 000euros brut par an», souligne Lionel Deshors.Expérienceduterrainetmaîtrise deslanguesétrangèresrendenteneffetles candidats totalement bankable aux yeux des recruteurs. Comme les diplômés de la licence pro gestionnaire import-export de l’universitéduMaine,auMans,quipassent plusieurs mois au Royaume-Uni pour menerunemissionexport.«Untiersd’entre euxdécrochentleurpremierjobsurplaceet n’ont aucune envie de revenir», signale Michel Frankel, responsable de la filière. Danslessociétésdeservicesinformatiques ou d’ingénierie industrielle, les ingénieurs commerciaux«débutentà35 000eurosbrut annuels, qui grimpent facilement à 45 000euros, variables comprises», estime LionelDeshors.Riend’unjobaurabais… référencesenboutique.C’estàlafoisuntra- vail d’équipe et stratégique, que j’apprécie particulièrement.»Desmétiersoùperson- nalité et autonomie comptent au moins autant que le diplôme, pointe l’Observa- toire.Lecocktailgagnantpourréussir ?Une bonne dose de psychologie et d’écoute –vendre, c’est souvent avant tout com- prendreceuxquel’onsouhaiteconvaincre–,
  • 24. L’OBS/N°2621-29/01/2015L’OBS/N°2621-29/01/2015 M ieux valait ne pas être terrassé par un gros rhume lorsdesfêtesdefind’année… Ulcérésparleprojetdeloide Marisol Touraine, des cen- tainesdegénéralistesavaient baissélerideaudeleurcabinet.Plustôt, les pharmaciens, eux, défilaient aux côtésdesdentistescontrelaréformedes professions réglementées. Quant aux sages-femmes, elles s’enlisaient dans unegrèvesansfinpourlarevalorisation de leur statut. Ce blues des blouses blanchesnedevraitpourtantpasrefroi- dir les vocations. Les lycéens trouvent mille attraits aux métiers de la santé, BESOINDE sOINS  S A N T É Emploisgarantisdansla plupart desmétiersde lasantéà condition deréussir desconcourstrèscourus BÉRÉNICE ROCFORT-GIOVANNI ROMAIN LAFABRÈGUE/ANDIA synonymes, à leurs yeux, de prestige, de revenusattractifsetdesécuritédel’em- ploi dans un contexte de crise perpé- tuelle. Non sans raison. Sans doute, tout n’est pas rose pour les médecins, mais ces métiers, utiles s’il en est, offrent encore des perspec- tives attrayantes. Les généralistes, devenus une denrée rare, sont chassés par certaines villes ou régions, prêtes à financer leurs études contre la pro- messe d’une installation, comme en Saône-et-Loire. Consultations, visites à domicile dans un rayon de 20 kilo- mètres, semaines de 50 heures, sans compter l’administratif, Franck Grenot ne chôme pas mais il est ravi : « J’ai tou- jours voulu être généraliste dans une zone semi-rurale. » Et on ne se les dis- pute pas qu’à la campagne. A Paris, l’Ordre des Médecins s’inquiète d’une chute de 30% des effectifs en dix ans. Quant à ceux que rebutent les semaines de 57 heures des médecins installés en libéral, ils peuvent viser le salariat, à l’Education nationale, dans les maisons de retraite, les maisons de convales- cence, les labos pharmaceutiques… Concernant les spécialistes, ils sont attendusdansleshôpitauxmaisaussien libéral,pourpeuqu’ilsciblentdeszones pastropsaturéesdansleurdomaine :on
  • 25. L’OBS/N°2621-29/01/2015 149149SPÉCIAL DIPLÔMES Donneuse devieMANON RISDORFER, SAGE-FEMME «Cequimeplaîtleplus,c’est l’immenseconfiancequelesfemmes placentenmoi»,expliqueManon Risdorfer.Savocationn’apasété émoussée,maislorsqu’elleest arrivéeauboutdesesétudesà Clermont-Ferrand,enjuindernier, Manonaeuunmoment d’inquiétude :«J’avaispeurd’avoir faittoutçapourrien.Lesderniers moissontstressants.Et,dans l’ensemble,lecursusestultra- exigeant.»Lesjeunesdiplômés,qui ontencorebesoind’êtreencadrés paruneéquipeàleursdébuts, bataillentpourtrouveruneplaceà l’hôpital.«J’aidûenvoyerbeaucoup deCV,passerplusieursentretiens. J’aifinalementdécrochéuncontrat detroismoisàl’hôpitaldeMoulins, oùj’avaisdéjàfaitunstage.» Aujourd’hui,Manonexercedansun cabinetàVichy,oùelleremplace unecollègueencongématernité etsuitlesgrossessesnon pathologiquesdeboutenbout, pourenviron2 000 eurosparmois. Enpharmacie,lasélectivitéestunpeu moins forte. Mais à peine. David Ruczkal, président de l’Association nationaledesEtudiantsenPharmaciede France (ANEPF), en quatrième année à Lille, prévient : « Dès le lycée, il faut acquérirdesméthodesdetravail.Ensuite, on doit réviser régulièrement et relier les différents cours entre eux. » Là aussi, les perspectives restent bonnes. Oui, les officines connaissent des difficultés et ont vu chuter leur chiffre d’affaires depuis quelques années, mais le revenu net mensuel des pharmaciens atteint tout de même 7 671 euros. Un montant légèrement supérieur à celui qu’ob- tiennentlesmédecinsspécialistes,selon une étude de l’Inspection générale des Finances.François-LoïcPichard,30ans, pharmacien, vient d’ouvrir une officine à Angers après cinq ans passés au sein du service du marketing du laboratoire Upsa.Ilexplique :« Unpharmacienn’est pas un distributeur de médicaments. De nombreux patients viennent nous voir avantmêmed’avoirconsultéunmédecin. On doit être à l’écoute et pédagogue. Et il faut aimer travailler en équipe. » Le paramédical aussi fait rêver. Les concours de kiné, pris d’assaut, sont les plusrecherchés,avecdetoutpetitstaux de réussite, autour de 5% à peine, bac S indispensable. Suivent les Instituts de FormationenSoinsinfirmiers.Lapénu- ried’infirmièresdecesdernièresannées a suscité un flux de vocations. Mais, attention, les épreuves récemment réformées sont plus exigeantes. Avec 10% de reçus en moyenne. Et gare aux désillusions. « Ce n’est plus le plein- emploi comme il y a quatre ou cinq ans. Lesétablissementsdesantéfontfaceàdes restrictions de budget, constate Loïc Massardier, président de la Fédération nationale des Etudiants en Soins infir- miers (FNESI). Et, peu à peu, la prise en charge des maladies chroniques à l’hôpi- tal va se réduire. L’activité des infirmiers vadoncsedéplaceràdomicile. »Résultat, on n’est plus assuré d’être reçu à bras ouverts dans les hôpitaux. Ainsi Gaël, diplômé en 2014, raconte : « A la fin de mes études, on ne me proposait que des postesd’aide-soignant.J’aifiniparsauter sur la première place qui s’est présentée : un hôpital cherchait quelqu’un pour tra- vailler de jour dans un service d’oncolo- gie. » En libéral, il ne faut pas avoir peur des journées à rallonge et des tournées, mais les besoins sont là, et les rémuné- rations, un peu plus élevées. court après les ophtalmos, les psy- chiatres,lespédiatres…C’estlacompen- sation pour les carabins qui en ont bavé durantunmarathondeneufàtreizeans d’études : à l’arrivée, on se les arrache. Pourdesrevenustrèsvariablesselonles spécialités,maisdansl’ensembleconfor- tables.De3 600 eurosmensuelsenviron pour les médecins remplaçants à quelque 16 000 euros pour les anesthé- sistes en libéral. Aussi, s’engager dans un long cursus mêlant enseignements théoriques et stages pratiques n’effraie pas les jeunes bacheliers. Plus nombreux tous les ans à s’inscrire en Paces – 58 000 selon les derniers chiffres. Une première année communeauxétudesdesantéquimène désormais aussi bien à médecine qu’à pharma ou aux filières dentaire et de sage-femme et à leurs redoutables concours.Al’arrivée,deraresélus.Ainsi, à la rentrée 2015, seuls 7 497 étudiants continueront en deuxième année de médecine, 3 097 en pharmacie, 1 198 en dentaire et 1 011 en maïeutique. Le concours ne réussit qu’aux bache- liers scientifiques très motivés et sco- laires, car c’est du bachotage pur et dur. « Lapremièreannée,iln’yapasdesecret, c’est du par cœur, explique Rodolphe Pellet, vice-président des études médi- cales de l’Association nationale des Etudiants en Médecine de France (ANEMF), en quatrième année à Lyon. Mais il faut aussi apprendre à se ména- ger.Ceuxquinedormentquetroisheures par nuit n’ont aucune chance. » Lui croit beaucoup aux vertus du tutorat dis- pensépardesétudiantsdedeuxièmeou troisième année, une alternative gra- tuite aux coûteuses prépas privées. Autre possibilité, se tourner vers l’une des sept universités qui expérimentent d’autres modes de sélection (Angers, Paris-V, Paris-VII, Paris-XIII, Rouen, Saint-EtienneetStrasbourg),misantsur l’oral et des parcours adaptés qui per- mettent à leurs étudiants de ne pas perdredeuxansencasd’échec,carilest bien rare de décrocher le concours du premier coup.
  • 26. L’OBS/N°2621-29/01/2015 F in 2014, Sony Pictures voyait ses mails les plus confidentiels étalés sur la place publique par des piratesinformatiques.Poursortir decepétrin,lafilialecinémadela multinationale a aussitôt engagé Judy Smith. Une experte en relations publiquessicélèbrequ’elleainspiréune héroïne de feuilleton télé. Oui, les pros de la pub et de la com sont aujourd’hui stratégiques pour les entreprises. D’où une bonne tenue des embauches. « 5 000 jeunes diplômés devraient être recrutés en 2015 dans les agences et les régiesliéesàlacommunication »,indique ainsi Vincent Leclabart, président de PROFESSION STRATÈGE P U B L I C I T É , C O M M U N I C A T I O N L’imageestaujourd’huile nerfde la guerrepour lesentreprises. Maisla compétition faitragedansle secteur… CAROLINE FRANC QUENTIN HOUDAS Créatrice de tendances PAULINE, DIRECTRICE DE PRODUCTION PaulineestentréeàSciences-Po Rennesavecl’idéededevenir journaliste.« J’aiétéassezvite découragéeparlesperspectives. »Elle optedoncpourlacommunication, « uneautrefaçondetravaillerdansles médias ».Elledécrocheunstagechez GlamMedia,unerégieaméricainequi l’embauchedanslafoulée.Unanplus tard,saresponsablelancesapropre structure :TalentAgencyetlui proposeunposte.« Jem’occupedes relationsentrenos“talents”, spécialistespointusdestendancesdans leurdomaine,etlesmarquesqui souhaitentcollaboreraveceux,viades campagnesdepuboudusponsoring. » Unmétierquiexige,soulignePauline, « delapolyvalence,uncertainespritde synthèsemaisaussidelarapidité,pour collerauxattentesdechacun ». D’ailleurs,elleestdéjàprêteàrebondir. « Lemétierquej’exerceaujourd’hui n’existaitpasilyaquelquesannéeset changetouslessixmois.Ilfautsavoir s’adapter.Maisc’estpassionnant.» l’Association des Agences-Conseils en Communication (AACC), dirigeant de l’agence Australie. Mais pour trouver sa place au soleil dans ce secteur exigeant, mieux vaut un diplôme pointu, comme SupdePub,ouencorelesGobelinspour lescréatifs.Leslicencesencommunica- tion sont appréciées, mais pas de profil type.PierreOrlac’h,directeurassociédu Groupe Cerise qui prévoit d’intégrer 40 personnes en 2015, explique : « Nos recrues viennent d’universités, de busi- nessschoolsoudeSciences-Po.Maîtriser lesréseauxsociaux,êtrecapabledepasser très vite d’un support à un autre, savoir écrire, construire un discours cohérent sont des prérequis.  » Déborah Sohn, 28 ans, assistante marketing et commu- nication dans un groupe d’édition sco- laire s’est heurtée « aux réalités du mar- ché » après l’obtention d’un master en marketing et gestion d’événements à l’EM Strasbourg, une école pourtant réputée.« Ilm’afallupresqueunanpour trouver. » Ses missions ? Elle rédige des communiqués de presse, des plaquettes LESMEILLEURSDIPLÔMES Mastersencommunication(Paris-I,Dauphine, Celsa,Sciences-Po). IEPParisetprovince. Mastèresspécialisés. Iscom(communicationetcréationnumérique) Parisetprovince. SupdePub. etautressupports,répondauxquestions des journalistes, gère le site internet de l’entreprise. «  Les frontières entre les métiers sont de plus en plus poreuses. Il faut pouvoir s’adapter très vite à toutes les demandes  », confirme Vincent Leclabart. Les salaires sont modestes, autourde2 300 eurosbrutàl’embauche selonl’AACC,« maispeuventgrimperau fil de la carrière », assure Pierre Orlac’h. Surtout,promettentlesdeuxchefsd’en- treprise, les perspectives d’évolution sont nombreuses, tant les métiers changentaugrédesinnovationstechno- logiques. Morgan Min et Emeline Le Saout, diplômées d’un master en admi- nistration et gestion des entreprises de l’université de Versailles, ont décidé de créer leur propre agence de relations presse, Comme une bavarde. «  Après trois ans à travailler pour d’autres, nous avions envie d’inventer notre entreprise idéale, où la hiérarchie ne serait pas un obstacleàlacréativité.Uneaventurepas- sionnante, ou pas…, un jour ne ressemble jamais à l’autre. »
  • 27. 151 L’OBS/N°2621-29/01/2015 SPÉCIAL DIPLÔMES L esétudiantsrêventtourismeethori- zonslointains,lemarchéleurrépond hôtellerieetrestauration.Avec80% des emplois niveau CAP ou bac, et seulement 15% niveau BTS ou licence, 4% niveau master, selon l’Institut français du Tourisme. Travailler danscesecteur,c’estavanttoutsemettreau servicedesvoyageurs,dansunesallederes- taurant,unhôtel,unofficedetourismeou encore vendre des vols et séjours, le plus souvent en ligne, devant un écran ou un téléphone.Encuisine,leCAPrestelaréfé- rence. « J’ai deux diplômes, le bac d’eau chaude et celui d’eau froide », plaisantait ainsi le chef Bernard Loiseau. « 40% des patrons dans l’hôtellerie ont au maximum unCAP »,rappelleLaurentDucàl’Union desMétiersetdesIndustriesdel’Hôtelle- rie. Mais les temps changent. De grandes chaînes internationales émergent. Friandesdebacheliersprofessionnels,de bac+2ou3,souventformésenalternance. « Unebonnefaçondetestersesenviespro- fessionnelles,constateGrégoireMetton,en BTS responsable hébergement et récep- tionniste dans un Ibis parisien. J’étais attiréparlacuisine,maissurleterrain,j’ai adoré la réception, les relations avec les clients, le plaisir de leur donner une bonne image. » Accor, son employeur, accueille ainsi 300  jeunes en alternance chaque année, 60% sont ensuite embauchés. « L’avantaged’unegrandestructure,c’estque LEBONACCUEIL H Ô T E L L E R I E , T O U R I S M E , R E S T A U R A T I O N Pour recevoir lesvoyageursdu mondeentier, le secteur embauche à touslesniveauxetdansde nombreuxpays STÉPHANIE CONDIS XAVIER ROMEDER Master chef MARK SAINT-JULIEN, DIRECTEUR DE RESTAURATION Markaorientétoutsonparcoursversl’hôtellerie,sapassiondepuisl’enfance, carsamèreatravaillédansdegrandshôtelsparisiens :« J’aicommencéparune licenced’économieetgestionenanglaisàParis-Panthéon-Sorbonne,pouravoir unevisionglobaleetthéorique.Avecdesstagespuisunbreakdansl’hôtellerie : pendantunan,j’aiétéresponsablerelationclientèleauSofitelScribe,àParis. » ParcoursquiluiaouvertlesportesduprestigieuxMBAIMHIdel’Essec. « Uncursusenanglais,généraliste,stratégique,pluridisciplinairemaisaussi trèspratique.J’aioptépourl’alternance,entantquechefdeprojeten développementhôtelier,pendantdeuxans,ausièged’Accorquiapayé maformation. »Engagé,iloccupeaujourd’huiunpostedeterrain :directeur derestaurationàl’hôtelLeRoiRenéd’Aix-en-Provence.« J’aimelecontact avecdesclientsdumondeentier,uneéquipeelleaussiinternationale. C’estaussiunmétierfaitdebeaucoupd’imprévus…» LESMEILLEURSDIPLÔMES Bac+2ou3 BTShôtellerie,restauration,tourisme. Licenceprorestaurationgastronomiqueàvocation internationale,àCergy,Ecolefrançaisedegastronomie Ferrandi. EcoledeSavignac; InstitutPaul-Bocuse; écoles hôtelières. Bac+4ou5 Esthua(Angers),IAEdeSavoie,LaRochelleBusiness SchoolofTourism,MBAIMHIdel’Essec(Cergy-Pontoise) etMBAdel’Escaet(Aix-en-Provence). l’onpeutpasserd’uneenseigneàl’autre,d’un métier à l’autre », souligne Bruno Croiset, directeur emploi et conditions de travail. Onpeutytracerdebellescarrières,àl’inter- national.ValérieBisch-Lamson,présidente de Tovalea, cabinet spécialisé explique : « Marriott, Hilton ou Hyatt sélectionnent desstagiairespourpasser,pendantunan,par touslesdépartementsd’unmêmehôtel.Avec une embauche à la clé. » « Un domaine très demandéparlesjeunes,maisdifficileàinté- grer, prévient Nora Toussaint, directrice d’étudesdelalicenceartsettechniquesde l’hôtellerie de luxe à l’IAE de Nice. Cinq entretiens sont parfois nécessaires pour décrocherunstage.Maiscetteexpérienceest une carte de visite qui ouvre beaucoup de portes. »Onpeutaussisehisserdirectement à des postes de managers « avec de solides connaissances en gestion-management et une bonne expérience de terrain », précise DominiqueRéau-DietàLaRochelleBusi- ness School of Tourism. « Nos étudiants deviennentconseillersenstratégiedigitaleou responsables de marché, chargés d’analyser la conjoncture hôtelière et d’optimiser les ventes », note Nicolas Graf, directeur du MBA IMHI (Hospitality Management) à l’Essec.
  • 28. L’OBS/N°2621-29/01/2015L’OBS/N°2621-29/01/2015 M oinsde300 000logementsont été construits en 2014, c’est le chiffre le plus bas depuis quinze ans. «Une crise histo- rique », constate, morose, la Fédération nationale des Tra- vaux publics. Mais la crise n’empêche pas les embauches. Les entreprises doivent toujours répondre aux appels d’offres et compenser de nombreux départs à la retraite. Des chantiers de plus en plus complexes,avecdesprixetdesdélaisplus queserrés,rendentlemanagementdeter- rain capital, et les jeunes diplômés sont appelés à la rescousse. Même si les plans d’embauche sont eux aussi à la baisse, le BTPprévoyaittoutdemême4 000recru- tements de cadres en 2014. Et cette année Bouygues Construction doit engager 400 débutants, à partir de bac+2. Vinci entre600et900,pourl’essentieldeschefs dechantier,conducteursdetravaux,ingé- nieurs d’études ou encore des chargés d’affaires en développement immobilier. Très appréciés, ces ingénieurs d’affaires, avec une double formation technique et commerciale, sont à même de négocier LENIVEAUMONTE B T P Lebâtimentrecrutemoins,maissur deschantiersdevenusplus complexeslesingénieursetlestechniciensont toujoursla cote STÉPHANIE CONDIS BRUNO COUTIER Homme de terrain PIERRE BIZARD, MAÎTRE D’ŒUVRE Surleschantiersdèssonenfance, entredesparentsquiaimaient àretaperdesmaisonsetunoncle menuisier,PierreBizards’estvite décidépourlebâtimentpendantses étudesd’ingénieuràPolytech Orléans.«J’aiterminéparunstage deconducteurdetravauxchez BouyguesConstruction.Maisles embauchesétaientgeléesfaute d’activité.»L’occasiondese questionnersurcequiluiplaît vraiment :«Jemesuislaisséletemps delaréflexionetj’aicherchéun emploisurlesréseauxsociaux,l’Apec, etc.»Unepetitesociétédel’Essonne, SDIngénierie,leconvainc :«Dans unePME,j’aiplusderesponsabilités, ilyamoinsdehiérarchie,jetravaille directementavecleclient,surle terrain.»Ilpilotelestravaux,assure lesuividuplanning,vérifieplans, devisetfactures…ilsavoure :«Jene suispasenfermédansunbureau d’études,lesprojetsprennentforme sousmesyeux.» LESMEILLEURSDIPLÔMES Bac+2ou3 BTSbâtiment,économiedelaconstruction, professionsimmobilièresoufluides-énergies- environnements. DUTgéniecivil-constructiondurable. Licenceproconduitedetravaux,gestiondupatrimoine. Bac+5 Ecolesd’ingénieurs(ESTP,Ensam,Insa,ESME-Sudria, Mines,PontsetChaussées,Ensiate). Mastersgéniecivil,solsetréseauxurbain ;master enaménagementetpromotionimmobilièredel’Espi. MastèrespécialiségéniecivileuropéendesPonts etChaussées. avec les clients et les banques et de décro- cherdes appels d’offres.Ou biendes tech- niciens et ingénieurs études de prix ou études techniques, comme Mary-Ann Plouvin chez Eiffage dans les Pyrénées- Orientales. Cette jeune ingénieure en travaux publics chiffre le coût de travaux routiers,delasimplerueàlaquatre-voies. «Ado, je voulais devenir architecte, urba- niste,j’avaisenviedeparticiperàl’embellis- sementdenoslieuxdevie.Enrencontrantdes architectes, j’ai compris qu’il me fallait un métier plus technique, avec davantage de calcul et qui se vive sur le terrain », raconte cettebrunedynamiqueausourireconfiant. Danscesecteurassezmacho,ilarrivequ’on laprennepourlasecrétaire…Maisgrâceà sondiplômed’ingénieurdesArtsetMétiers, Mary-Annsesentsûred’elle :« D’autantque pendant mes trois ans de formation, j’ai pu occupertouslespostessurunchantier.»Ega- lementrecherchés,lestechniciensetingé- nieurs en performance énergétique. «Les grandsgroupescréentdesdépartementsser- vices, très porteurs, pour s’occuper de la maintenance,maisaussidelaclimatisation, la ventilation-chauffage, car les normes se multiplient», explique FrédéricRei, direc- teurseniorchezPagePersonnel. A noter enfin, la professionnalisation de l’administration de biens. Les syndics etgestionnairesd’appartementsoucom- merces réclament désormais une solide formation, remarque Isabelle Favre, directrice académique de l’Ecole supé- rieure des Professions immobilières (Espi), « en raison notamment de régle- mentations plus complexes ».